Archive pour février, 2016

Mieux comprendre société et état pour un changement politique profond: Fragments d’une anthropologie anarchiste (avec David Graeber) ~ 2ème partie ~

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, économie, colonialisme, démocratie participative, guerres hégémoniques, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, philosophie, politique et lobbyisme, politique et social, résistance politique, société libertaire, syndicalisme et anarchisme, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , on 29 février 2016 by Résistance 71

“Qui donc sont les réalistes ? Les réalistes je pense, sont les gens mentionnés plus tôt [dans ce livre “L’illusion occidentale de la nature humaine”], qui prennent la culture comme l’état originel de l’existence humaine et l’espèce biologique comme secondaire voire même conditionnelle… La culture est plus ancienne que l’Homo Sapiens, bien plus vieille et la culture était une condition fondamentale du développement biologique de l’espèce. La preuve de la culture dans la lignée humaine remonte à environ 3 millions d’années, tandis que la forme humaine courante remonte à environ quelques centaines de milliers d’années, l’homme actuel moderne ayant environ juste 50 000 ans… Le point critique est que durant ces 3 millions d’années les humains ont évolué biologiquement sous une sélection culturelle. Nous avons été façonnés corps et âme pour une existence culturelle.”

~ Marshall Sahlins ~

 

“Le monde occidental lui-même est une communauté, mais négative et cette négativité est la mort de toute communauté, de toute civilisation.

L’idée ‘blanche’ au terme de laquelle serait d’un côté ‘la nature’, nature que l’on respecte ou non, de l’autre ‘l’humanité’, est une idée ‘décivilisée’.”

~ Robert Jaulin ~

 

“La communauté primitive [originelle] est à la fois une totalité et une unité. Une totalité en cela qu’elle est complète, autonome, entièrement unie, sans cesse attentive à la préservation de son autonomie: une société dans le plein sens du mot. Elle est une unité en cela que son être homogène continue de refuser la division sociale, d’exclure l’inégalité, d’interdire l’aliénation. La société primitive est une totalité singulière en cela que le principe de son unité ne lui est pas extérieur: elle ne permet aucune configuration pour que l’Un se détache du corps social afin de le représenter, afin de lui faire prendre corps comme unité. Voilà pourquoi le critère de non-division de la société est fondamentalement politique: si le chef sauvage n’a pas de pouvoir, c’est parce que la société n’accepte aucunement que le pouvoir soit séparé de son être propre, qu’une division soit établie entre ceux qui commandent et ceux qui obéissent.”

~ Pierre Clastres ~

 

Fragments d’une anthropologie anarchiste

 

Extraits du texte de David Graeber* “Fragments of an Anarchist Anthropology”

2004, Pricly Paradigm Press

 

Analyse et traduction d’extraits: Résistance 71

 

Février 2016

 

Le livre a été traduit en français sous le titre “Pour une anthropologie anarchiste”, Lux, 2006

 

1ère partie

2ème partie

 

La mondialisation et l’élimination des inégalités Nord-Sud

Sur le long terme, la position anarchiste sur la mondialisation est évidente: effacement des états-nations ce qui voudra dire l’élimination des frontières nationales. Ceci est la véritable mondialisation. Tout le reste n’est qu’escroquerie.

[…] Une fois, pendant les manifestations que soulevait la réunion du World Economic Forum (Davos), où les riches prétendaient discuter de moyens de soulager la pauvreté mondiale, je fus invité à engager un de leurs représentants dans un débat radiophonique. La tâche en incomba finalement à un autre activiste, mais j’avais néanmoins préparé pour l’occasion, un programme en trois points qui aurait je le pense résolu l’affaire assez efficacement:

  • Une amnistie immédiate sur la dette internationale
  • Une annulation immédiate de toutes les patentes et autres droits de “propriété intellectuelle” de plus d’un an liés à la technologie
  • L’élimination immédiate de toutes restrictions sur la liberté de voyager et de résider mondialement

Le reste en aurait découlé. Au moment même où le citoyen lambda de Tanzanie ou du Laos, ne se verrait plus interdire le droit de résider et de s’établir par exemple à Minneapolis ou à Rotterdam, le gouvernemnt de chaque pays riche déciderait très certainement qu’il n’y aurait rien de plus important que de trouver un moyen de s’assurer que ces gens préferrent rester chez eux plutôt que de se déplacer pour vivre ailleurs. Ne pensez-vous pas qu’ils trouveraient bien quelque chose ?

Alors vous allez me dire “Mais vos propositions sont complètement irréalistes !…” Certes, mais pourquoi ? Essentiellement parce que ces riches types faisant de belles réunions à l’hôtel Waldorf de Davos, ne voudraient rien entendre, cela ne va pas dans leurs intérêts. C’est pourquoi nous disons qu’ils sont le problème en eux-mêmes.

La lutte contre le travail

La lutte contre le travail a toujours été centrale à l’organisation anarchiste. Je veux dire par là, pas la lutte pour de meilleures conditions de travail ou de plus hauts salaires, non, mais la lutte pour éliminer le travail (salarié) en tant que relation de domination. D’où le slogan de l’Industrial Workers of the World (IWW), le syndicat des ouvriers de l’industrie du monde: “Contre le salariat !” Ceci est bien sûr un objectif de long terme et ce qui ne peut pas êrtre éliminer peut du moins être réduit. Au début du XXème siècle, les “Wobblies” (syndiqués de l’IWW) gagnèrent bien des combats sociaux et contribuèrent grandement à l’adoption de la semaine de 5 jours de travail à 8 heures par jour. La lutte des Wobblies aujourd’hui aux Etats-Unis est la semaine de 4 jours de travail à 4 heures par jour: la “semaine des 16 heures”.

[…] Quels boulots sont donc vraiment nécessaires ?

Pour commencer, il y a bien des travaux dont la disparition ne serait contestée par personne et serait un grand gain pour l’humanité. Considérez dans cette liste les télépublicitaires, les producteurs de “stretch-SUV” et les avocats, juristes d’affaire. Nous éliminerions aussi la totalité de l’industrie publicitaire et du marketing, relation publique, tous les politiciens et leurs personnels, tout ceci sans même aller chercher loin dans les fonctions de la société. L’élimination de l’industie de la publicité réduirait de facto considérablement la production, la distribution et la vente de produits totalement inutiles. L’élimination des inégalités radicales signifierait aussi que nous n’aurions plus besoin des services des millions d’employés actuels à ouvrir et fermer les portes, les forces de sécurité privées, gardiens de prison ou équipes de police spécialisées, sans parler de l’armée. Au-delà de cela, il faudra conduire une recherche. Les financiers, banquiers, assureurs et agents d’investissement sont tous essentiellement des parasites, mais il pourra demeurer quelques fonctions utiles dans ces secteurs d’activité, qui ne pourront pas simplement être remplacés par des logiciels.

[…] Ceci nous amène à une question vitale: “Qui va faire les sales boulots ?” La sempiternelle question qui est toujours lancée à la face des anarchistes. Pierre Kropotkine a pointé il y a bien longtemps à l’absurdité de cette question/argument. Il n’y a en fait aucune raison pour laquelle ces boulots devraient exister. Si on divisait les taches déplaisantes de manière équitable, cela voudrait dire que les top scientifiques et ingénieurs et chirurgiens du monde devraient les faire également. On pourrait alors très facilement concevoir la création très rapide de cuisines auto-nettoyantes et de robots de nettoyage, d’assainissement ou fonctionnant pour le travail minier et ce pratiquement immédiatement.

Démocratie

Ceci pourrait bien donner au lecteur une chance d’apercevoir ce qu’est une organisation anarchiste, ou inspirée par l’anarchisme ; quelques contours du nouveau monde sont en train d’être construits dans la coquille de l’ancien et de montrer ce que la perspective historico-ethnographique que j’ai essayée de développer ici et de voir comment notre science non-existante pourrait y contribuer.

Le premier cycle du nouveau soulèvement mondial, ce que les médias insistent à appeler de manière ridiculement croissante “le mouvement anti-mondialisation”, a commencé avec les municipalités autonomes du Chiapas au Mexique et vint au top avec les asembleas barreales de Buenos Aires et des villes argentines. Il n’y a ni le temps ni l’espace ici pour en expliquer l’histoire complète. Cela a commencé avec le refus des Zapatistes de l’EZLN de prendre le pouvoir et leur tentative de créer un modèle d’autogestion démocratique qui inspirerait le reste du Mexique, leur initiative de créer un réseau international du People’s Global Action ou PGA (Action Global Populaire), qui appela à des journées d’action contre l’OMC à Seattle), contre le FMI (Washington, Prague…) etc… L’effondrement final de l’économie argentine et le révolte populaire qui s’en suivit, qui encore une fois rejeta l’idée qu’on puisse trouver une solution en remplaçant un set de politiciens par un autre. Le slogan du mouvement argentin fut des le départ: Que se vayan todas, qu’ils s’en aillent tous ! Au lieu d’un nouveau gouvernement, ils établirent un vaste réseau d’institutions alternatives, à commencer par les assemblées populaires afin d’organiser chaque voisinage où la seule restriction à la participaton était pour ceux qui appartenaient à un parti politique, il y eut des centaines d’usines occupées par les ouvriers et autogérées par ceux-ci, un système complexe de “troc” et un système de monnaie d’échange alternatif afin de les maintenir opérationnels, bref, une longue variation sur le thème de la démocratie directe. Tout ceci se produisit sous le radar des médias, qui complètement loupèrent la signification de ces grandes mobilisations pour cause d’asservissement corporatiste.

L’organisation de ces actions fut faite pour donner une illustration vivante de ce que pourrait être un monde véritablement démocratique.

[…]

Anthropologie

Chapitre dans lequel l’auteur mord à regret, la main qui le nourrit… (Note de R71: Ce sous-titre existe factuellement dans la version anglaise du livre, ironiquement ou non, Graeber est un peu du genre “pince-sans-rire”… Il sera viré de Yale un an après avoir publié ce livre.)

La question finale, celle que j’ai de mon propre aveu éviter de poser jusqu’ici, est pourquoi les anthropologues n’ont pas éprouvé plus d’affinité avec l’anarchisme jusqu’ici ?

[…] C’est un peu bizarre, parce qu’après tout, les anthropologues sont le seul groupe de scientifiques universitaires qui savent quelque chose au sujet des sociétés sans état existant réellement ; bon nombre d’entre eux ont physiquement vécu dans des endroits du monde où les États ont cessé de fonctionner ou du moins se sont effacés et ont laissé les peuples gérer leurs propres affaires de manière autonome. Si rien d’autre, les anthropologues sont parfaitement au courant de ce que la supposition générale de ce qui serait supposé arriver en l’absence de l’État et qui voudrait que “les gens simplement se massacreraient entre eux !…” est factuellement fausse.

Pourquoi donc ?

Il y a plusieurs raisons. Quelques unes sont compréhensibles.

La discipline que nous connaissons aujourd’hui a été rendue possible par de terribles et horribles schémas de conquête, de colonisation et de meurtre de masse, tout comme d’autres disciplines scientifiques comme la géographie, la botanique, comme aussi les mathématiques, la linguistique ou la robotique, mais les anthropologues, dont le travail tend à connaître personnellement les victimes, ont fini par agoniser sur ces faits et ces façons de faire comme sans doute aucun autre protagoniste n’a pu le faire.

[…] Pour les anthropologues, les résultats ont été bizarrement paradoxaux. Alors que ces scientifiques sont littéralement assis sur de très vastes archives d’expérience humaine, d’expériences sociales et politiques, dont personne d’autre n’a vraiment connaissance, ce corps d’ethnographie comparative est vu comme quelque chose de honteux. Comme je l’ai dit, ce n’est pas traité comme l’héritage commun de l’humanité, mais comme notre sale petit secret. Ce qui est très utile, du moins dans la mesure où jusqu’ici le pouvoir académique est largement constitué de l’établissement des droits de propriété sur une certaine forme de connaissance et de s’assurer que les autres n’y aient pas vraiment accès ; parce que comme je l’ai dit, notre sale petit secret est toujours le notre. Ce n’est pas quelque chose qu’on a besoin de partager avec les autres.

Mais il y a plus. De biens des façons, l’anthropologie semble être une discipline qui semble être absolument terrifiée de son propre potentiel. Elle est par exemple, la seule discipline scientifique qui est en position de faire des généralisations au sujet de l’humanité dans sa globalité, car c’est la seule discipline qui prend de fait en compte toute l’humanité et qui est familière avec les cas d’anomalies (ex: “toutes les sociétés pratiquent le mariage dites-vous ? Et bien cela dépend du comment vous définissez le mariage. Chez les Nayar par exemple….) Et pourtant, elle refuse résolument de le faire.

Je ne pense pas que ceci soit seulement une réaction compréhensible de la “droite” encline à faire de grands arguments au sujet de la nature humaine afin de justifier des institutions sociales particulièrement néfastes et répressives come le viol, la guerre, le libre-marché, le capitalisme etc bien que ce soit sans aucune doute une partie de la raison. C’est partiellement aussi à cause de la taille du sujet, son immensité. Qui a par exemple les moyens et le temps de discuter disons des conceptions du désir ou de l’imagination ou du soi ou de la souveraineté en considérant tout ce que les penseurs chinois, indiens et mulsulmans pensent sur les sujets en plus des canons de la pensée occidentale, sans même parler des conceptions émanant des centaines, des milliers de peuples au travers des îles océaniques, des Indiens des Amériques et autres peuples ? C’est bien trop vaste. Ainsi les anthropologues ne produisent plus de généralisations théoriques et tournent ce travail aux philosophes européens qui n’ont aucun problème à discuter du désir ou de l’imagination ou du soi ou de la souveraineté comme si ces concepts avaient été inventés par les Platon, Aristote, développés par Kant ou le divin marquis et n’avaient jamais été discutés de manière profonde en dehors de l’élite des traditions littéraires européennes et nord-américaines. Là où autrefois les termes théoriques anthropologistes clef étaient des mots comme mana, totem, ou tabou, les nouveaux mots à la mode dérivent tous invariablemet du grec, du latin via le français et un peu d’allemand.

Alors donc que l’anthropologie semble être parfaitement positionnée pour fournir un forum intellectuel pour toutes sortes de conversations planétaires politiques ou autre, il y a une certaine gêne intégrée à le faire.

Il y a ensuite la question politique.

La plupart des anthropologues écrivent comme si leur travail avait une importance politique évidente et d’un ton qui trahit qu’ils pensent que ce qu’ils font est radical et certainement de centre-gauche. Mais en quoi exactement consiste cette politique ? C’est de plus en plus difficile à dire. Les anthropologues ont-ils une tendance à être anti-capitalistes ? Il est certainement difficile d’en trouver qui ont quelque chose de bien à dire du capitalisme. Beaucoup ont pris pour habitude de décrire l’âge actuel comme étant celui de la “fin du capitalisme”, comme si le fait de le dire allait y mettre fin et qu’ils pourraient par ce simple fait précipiter sa disparition. Mais il est aussi difficile de penser à un anthropologue qui aurait récemment fait une quelconque suggestion sur ce que pourrait être une alternative au capitalisme. Alors sont-ils des libéraux ? Beaucoup ne peuvent prononcer ce mot sans un grognement de dédain. Alors quoi ? Aussi loin que je puisse le comprendre, il n’y a qu’un seul sentiment bien partagé à travers le spectre de la profession: celui du populisme. Si rien d’autre, nous ne sommes définitivement pas du côté de qui que ce soit, dans une situation donnée, est ou se targue d’être l’élite. Nous sommes pour les petites gens. Comme en pratique la plupart des anthropologues sont attachés à des universités ou si non terminent avec des boulots comme des consultations en marketing ou des boulots à l’ONU, des positions au sein même de l’appareil de réglementation global, ce qui en revient vraiment à une sorte de constante, une déclaration ritualisée de déloyauté à cette même élite mondiale dont nous-mêmes, en tant qu’universitaires et membres de l’academia, formons clairement (même si de manière admise marginale) une faction.”

[…]

Pour clore son petit livre/essai/manifeste Graeber commente sur l’expérience anarchiste qui ne dit pas son nom parce qu’ancrée dans le mode de gouvernance et la tradition autochtone des participants: Les Zapatistes du Chiapas dans le sud du Mexique, descendants directs des peuples Mayas. Ce qui est une très bonne façon de conclure son discours puisque le plus souvent, c’est ce qu’on voit ou apprend en dernier qui reste.

Graeber écrit son livre en 2004, soient 10 ans après l’avènement des Zapatistes en 1994. Aujourd’hui en 2016, le mouvement anarcho-indigène du Chiapas est dans sa 23ème année d’existence et continue à inspirer de plus en plus mondialement.

Laissons le mot de la fin à David Graeber et au mouvement zapatiste du Chiapas…

Les Zapatistes sont venus essentiellement des communautés de langue Maya Tzeltal, Tzotzil, et Tojolobal, qui se sont établies dans la jungle de Lacandon (NdT: sud-est du Mexique à la frontière guatémaltèque). Ce sont des communautés parmi les plus pauvres et les plus exploitées du Mexique. Les Zapatistes ne s’appellent pas eux-mêmes anarchistes, ni même autonomistes. Ils représentent leur propre voie au sein de cette tradition indienne bien plus vaste, en fait ils essaient même de révolutionner les stratégies révolutionnaires en abandonnant toute notion de parti d’avant-garde saisissant et contrôlant l’état et ses institutions (NdT: ce que prône toutes les factions marxistes… Les Zapatistes ne sont pas des marxistes) ; au lieu de cela combattant pour créer des enclaves libres qui pourraient servir de modèles pour des gouvernements autonomes, permettant ainsi une réorganisation générale de la société mexicaine en un réseau complexe de groupes autogérés se chevauchant les uns les autres et qui pourraient ensuite commencer à discuter la réinvention de la société politique.

Il y eut des divergences d’opinion au sein du mouvement zapatiste quant aux formes de pratiques démocratiques à employer et à promouvoir. La base qui parlait les langues maya poussèrent pour une forme de processus consensuel adopté de leur propre tradition communale, mais reformulée pour être plus radicalement égalitaire. Quelques uns des membres de la faction armée zapatiste parlant espagnol furent très sceptiques sur le fait d’appliquer cela à l’échelle nationale. Finalement, ils se rangèrent derrière la vision de ceux qu’ils “mènent en obéissant” comme le dit si bien le dicton zapatiste. Mais ce qui est remarquable est ce qu’il se passa lorsque les nouvelles de cette rébellion se propagèrent au reste du monde. C’est là où on peut voir à l’œuvre la “machine identitaire” de Leve.

Plutôt qu’une bande de rebelles ayant une vision radicale de transformation démocratique, ils furent immédiatement redéfinis comme une bande d’Indiens Maya demandant l’autonomie indigène. C’est ainsi que les médias internationaux en ont fait le portrait, c’est ce qui était considéré comme important à leur sujet venant de tout le monde, des organisations humanitaires aux bureaucrates mexicains en passant par les contrôleurs des droits de l’Homme de l’ONU. Alors que le temps passait, les Zapatistes, dont la stratégie a été dès le départ dépendante de gagner des alliés dans la communauté internationale, furent forcés de plus en plus de jouer également la carte indigène, sauf en s’arrangeant avec leurs alliés les plus motivés.

Cette stratégie n’a pas été inefficace. Dix ans plus tard (NdT: 22 ans plus tard en 2016..), l’EZLN est toujours là, sans avoir pratiquement dû tirer un coup de feu même si cela est dû au fait que jusque maintenant ils ont minimisé le mot “national” qui est dans leur nom (Ejercito Zapatista de Liberación Nacional ou Armée Zapatiste de Libération Nationale).

[…] Ce que les Zapatistes proposaient de faire était exactement de commencer ce travail difficile qui ignore tant au sujet de “l’identité”: essayer de réussir ce qui forme une organisation, ce qui forme un processus et une délibération, seront requis pour créer un monde dans lequel les gens et les communautés seront acrtuellement libres de déterminer pour eux-mêmes quels types de peuples et de communautés ils désireront être.

Et qu’est-ce qu’on leur a dit aux Zapatistes ?

Ils furent effectivement informés que comme ils étaient Mayas, ils ne pouvaient rien avoir à dire au monde au sujet des processus par lesquels l’identité se forme, se construit, ou au sujet de la nature des possibilités politiques. En tant que Mayas, la seule déclaration politique qu’ils pourraient faire aux autres serait au sujet de leur propre identité maya. Ils pouvaient affirmer leur droit de demeurer Mayas. Ils pouvaient demander d’être reconnus en tant que Mayas ; mais pour un Maya de dire quelque chose au monde qui ne fusse pas seulement un commentaire sur leur propre identité serait simplement inconcevable.

Et qui au final a écouté ce que les Zapatistes avaient à dire ?

Et bien largement une collection d’adolescents anarchistes en Europe et en Amérique du Nord, qui commencèrent bientôt à assiéger les sommets économiques et politiques de cette même élite mondialiste avec laquelle les anthropologues maintiennent une telle alliance difficile et inconfortable.

Mais les anarchistes avaient raison. Je pense que les anthropologues devraient faire bien plus cause commune avec eux. Nous avons des outils dans les mains qui pourraient bien être d’une énorme importance au final pour la liberté humaine. Commençons donc par en faire usage.

Musique, Terre, Chant communion vibratoire pour un changement de paradigme… (suite)

Posted in actualité, altermondialisme, philosophie, résistance politique, sciences et technologies with tags , , , , on 29 février 2016 by Résistance 71

Origine et effets du Solfeggio ainsi que de la fréquence 432 Hz

 

29 Février 2016

 

Source: https://attunedvibrations.com/solfeggio/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Nous avons décidé d’approfondir un peu l’affaire du solfeggio mentionnée dans le dernier billet de Mohawk Nation News. Ce qui nous a intrigué a été de savoir pourquoi Jimi Hendrix accordait sa guitare sur la fréquence de 417 Hz ? Réponse partielle ci-dessous. Puis nous survolons brièvement l’affaire de la “fréquence 432 Hz” et du comment le monde s’est retrouvé en dissonnance avec l’univers.

 

Les six fréquences principales de solfeggio sont:

Ut – 396 Hz – Libèration de la culpabilité et de la peur

Re – 417 Hz – Résolution de situations et facilitation du changement (NdT: celle d’Hendrix…)

Mi – 528 Hz – Transformation et miracles (réparation de l’ADN)

Fa – 639 Hz – Connexion / Relation

Sol – 741 Hz – Expression / Solutions

La – 852 Hz – Retour à l’ordre spirituel

Ce solfeggio furent utilisés dans plus de 150 chants grégoriens médiévaux.

Elles furent mises au point par le moine bédictin Guido d’Arezzo au XIème siècle,. Les syllabes de l’échelle furent tirées d’un hymne à St Jean-Baptiste “Ut Queant Laxis” écrit par Paulus Diaconus.

Les fréquences du solfeggio furent perdues parce qu’à travers l’histoire, des applications d’accord différentes furent utilisées. Les pratiques anciennes pour accorder utilisaient un système dit d’ “intonation juste”. Cette méthode était caractérisée par des intervalles purs entre chaque note qui étaient mathématiquement reliés par des ratios de petits nombres entiers menant à un son plus pur. La pratique d’accord adoptée par les cultures occidentales au XVIème siècle et utilisée aujourd’hui est connue sous le nom des “12 tons de la gamme tempérée”.

D’après Joachim Ernst-Berendt, ces 12 tons de la gamme tempérée désaccordent tous les intervalles consonnants sauf l’octave. Notre gamme moderne peut créer des situations comme penser “dans la boîte”, des émotions réprimées, étouffées, basées sur la peur ou le manque de conscience ; tout ceci tendant ensuite à se manifester au travers de symptomes physiques de “mal-aise” ou malaise/maladie.
Notre gamme musicale contemporaine est désynchronisée en comparaison avec le solfeggio original. Si nous voulons ramenr l’harmonie dans nos vies, nous devons remplacer la gamme musicale dissonnante occidentale par une intrication de relations par intervalles claire et subtile fondée sur la gamme du solfeggio. Refaisons de la musique un outil d’élévation de la nature humaine et une méthode de connexion avec la source.

Réaccordez-vous aux parfaites vibrations

Nikloa Tesla, ce grand génie et père de l’ingénierie électro-magnétique, avait dit: “Si seulement vous reconnaissiez la magnificence des nombres 3, 6 et 9, alors vous auriez en main les clefs de l’univers.” 3, 6 et 9 sont les vibrations fondamentales enracinées dans les fréquences du solfeggio.

Albert Einstein avait dit: “En ce qui concerne la matière, nous avons eu tout faux. Ce que nous avons appelé matière est énergie, dont les vibrations ont été diminnuées afin d’être perceptibles à nos sens. Il n’y a pas de matière.” Tous les êtres matériels vibrent à des rythmes spécifiques et tout a une mélodie. La nature musicale de la matière nucléaire, de l’atome aux galaxies, est finalement reconnue par la science.

Voilà pourquoi les fréquences sont si puissantes. Elles peuvent littéralement vous ramener aux tons originels des sphères célestes et mettre votre corps en équilibre de résonnance. La musique issue du solfeggio est la clef de l’univers. Vous pouvez soit la jeter ou vous pouvez l’utiliser pour trouver cure et harmonie, santé et bien-être. Il suffit de jouer la musique !

De la fréquence 432 Hz

Source: https://attunedvibrations.com/432hz/ (traduction Résistance 71 )

A=432 Hz, alias le “A” de Verdi est une méthode alternative d’accord qui est mathématiquement consistante avec l’univers. La musique basée sur la fréquence de 432 Hz transmet de l’énergie bénéfique parce qu’elle est un ton pur mathématique fondamental dans la nature.

La musique universelle de la géométrie sacrée

D’après Brian T. Collins, musicien et chercheur, la fréquence standard (actuelle) de A=440 Hz ne s’harmonise à aucun niveau correspondant au mouvement cosmique, au rythme ou à la vibration naturels. Les plus grands musiciens tels Mozart et Verdi, fondèrent leur musique sur la fréquence de vibration naturelle de A=432 Hz. Il est vrai que cela ne représente que 8 vibrations par seconde de différence par rapport à l’utilisation devenue standard, mais cette petite différence semble être tout à fait remarquable pour notre conscience humaine.

Il y a un mouvement musical et métaphysique grandissant pour recouvrer l’intégrité optimale de l’industrie de la musique et la spiritualité au travers de la réaccordance sur la fréquence 432 Hz. En Avril 2008, le journaliste hollandais Richard Huisken fonda le comité “Retour à 432 Hz”, affirmant que cet accord original était utilisé dans les cultures anciennes et se trouve dans les instruments de musique anciens tels que les violons Stradivarius.

[…]

Ecoutez en 432 Hz et appréciez de vivre en équilibre

Parce que la fréquence 432 Hz donne une meilleure clarité que la fréquence de 440 Hz aujourd’hui standard, il n’y a pas besoin de jouer aussi fort que la 440 Hz. Ceci veut aussi dire moins de dégâts auditifs, tant que vous êtes raisonnable sur le volume. De plus, il y a également moins de bruit de pression. Des musiciens et chercheurs tel que Coreen Morsink (pianiste et prof de musique), rapporte qu’ils se sentent bien plus calmes, plus heureux et plus relaxés losqu’ils jouent de la musique accordée sur 432 Hz.

[…]

Le compositeur italien Giuseppe Verdi plaça le A a exactement 432 Hz. Il fit cela parce que simplement cette plateforme de fréquence est parfaite pour les voix d’opéra. Jamie Buturff, chercheur en sonoritée et sons, a trouvé que les moines tibétains utilisent cet fréquence pour accorder leurs instruments faits main. Il a mis un CD jouant des cloches tibétaines et a utilisé un tuner Korg pour découvrir que les cloches étaient toutes en harmonie sur une gamme à 432 Hz.

Ce type d’accord musical peut être trouvé dans les différentes cultures et religions du monde ancien. Il semble que son implémentation dans les instruments de musique fut un bon choix. Même encore aujourd’hui, bien des musiciens rapportent des effets positifs après s’être réaccordés sur la fréquence de 432 Hz, comme par exemple une bien meilleure réponse de l’audience publique et un sentiment bien plus relaxé de leurs performances.

Pourquoi avons-nous perdu l’accordement naturel ?

Ceci parce qu’en 1885, il avait déjà été décidé que la fréquence A-440 Hz devait être la fréquence standard d’accord. Un an plus tôt, Giuseppe Verdi avait écrit une lettre à la Commission Musicale du gouvernement italien. Dans sa lettre il écrit:

“Comme la France a adopté une fréquence standard, j’ai conseillé que nous devrions aussi suivre cet exemple et j’ai demandé de manière formelle que les orchestres des villes d’Italie, parmi elles, celui de la Scala de Milan, baissent leur fourchette d’accord de fréquence en conformité avec celle de la France. Si la commission musicale de notre gouvernement, pour des exigences mathématiques, pense que nous devrions réduire notre fourchette de fréquence de 435 Hz à 432 Hz, la différence est si petite, presque imperceptible à l’oreille, alors je m’associe de bon gré avec cette initiative.”

Guiseppe Verdi

Malheureusement, le grand compositeur fut infructueux dans sa tentative. L’ American Federation of Musicians accepta la fréquence A440 comme standard en 1917. Vers 1940, les Etats-Unis introduisirent 440 Hz pour le monde entier et finalement en 1953, elle devint un standard ISO 16.

Il y a une théorie disant que le changement de 432 Hz à 440 Hz fut dicté par le ministre de la propagande nazi Joseph Goebbels et qu’il l’utilisa pour faire penser et ressentir les gens d’une certaine manière et de les rendre prisonniers d’une certaine conscience. La thérorie Goebbels est certainement intéressante, mais la véritable raison du changement vers 440 Hz n’est pas explicitement clarifiée.

[…]

432Hz vous réunit avec l’harmonie universelle

Cette fréquence musicale est connectée à des nombres utilisés pour la construction d’une variété de travaux anciens et d’endroits sacrés, comme les grandes pyramides d’Egypte par exemple. Elle est aussi plus sympathique à nos oreilles. Pour beaucoup de gens, c’est plus doux à l’écoute, amène une plus belle musique et tonalité que celle faire à 440 Hz.

432 Hz est fondée sur la fréquence de la nature, elle génère donc naurellement des effets sains et positifs pour ses auditeurs. Elle amène l’harmonie naturelle et l’équilibre de la 3ème dimension et vous connecte avec une plus haute conscience. L’énergie pure et propre émanant du 432 Hz enlève le blocage mental et ouvre sur un mode de vie plus riche et plus satisfaisant. Beaucoup d’instruments anciens étaient accordés sur la fréquence de 432 Hz. Ceci parce que les anciens savaient que cette fréquence particulière était en relation avec l’univers qui nous entoure. Ne jetez pas leur connaissance. La fréquence 432 Hz naturelle et universelle attend que vous la (re)découvriez.

Musique, Terre, Chant communion vibratoire pour un changement de paradigme…

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Terre et chant

 

Mohawk Nation News

 

26 février 2016

 

url de l’article original:

http://mohawknationnews.com/blog/2016/02/26/earth-song/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Note de R71: Vidéos illustratives des propos tenus ci-dessous de Gilad Atzmon, Jimi Hendrix en section commentaires + une surprise musicale, quand l’expression musicale touche les sommets de l’universel…

Au sujet du Solfeggio et de la fréquence universelle de 432 Hz

La chanson est notre existence. La Terre a donné la vie à tout être vivant naturel. Elle nous reprend lorsque nous mourrons. Tout Ono’ware:geh (NdT: Île de la Grande Tortue / Amérique du Nord) est sacrée. Nous sommes ici pour la maintenir indemne. Blesser notre Mère, c’est nous blesser nous-mêmes. Les gens sur Terre sont tous des esprits ayant une expérience humaine.

Nous chantons notre chanson dès que nous naissons. Nous faisons tous un voyage rituel, marchant dans les traces de nos ancêtres, recréant la création au travers du chant. Notre terre est le premier concept de notre esprit, puis un chant, puis des images qui nous montrent notre existence. Nos langues sont vues et chantées.

Nous nous connectons à l’esprit de notre terre-mère au travers de notre clan et du monde naturel. Tous les êtres vivants sentent notre connexion alors que nous devenons un avec eux. Les premiers peuples ici sur Terre ont eu besoin de se connecter avec l’esprit de la terre et ont eu besoin de créer des clans pour ce faire. Ceux qui n’eurent pas de clans périrent. Nous demeurons connectés à l’esprit de la terre aussi longtemps que nous continuons de communiquer avec tous les êtres vivants sur terre, par ohentokariwa’tekwen.

Si chacun d’enre nous va près d’une mare au crépuscule, nous entendrons la création chanter ses notes dans ses fréquences. Les anciens hébreux appelaient ces notes solfaggio, une version codée des 13 notes de la création.

Toute fréquence travaille avec les autres pour guérir la terre. Dans le monde naturel, lorsqu’une créature est absente, la nature va naturellement fournir une autre créature pour couvrir cette fréquence.

Tout animal, plante, pierre, ruisseau ou petit écoulement a une note qu’ils chantent. Les Kanion’ke:haka (Mohawks) viennent de l’ours, de la tortue et du loup (les trois clans mohawks). L’ensemble de l’Île de la Grande Tortue est une partition musicale.

Ceux qui n’ont pas de clan ici sur terre sont en train de la détruire au nom de “l’économie”. Ils tuent son esprit en essayant de jouer “à dieu”, en essayant de remplacer son esprit par des banques. Nous sommes en train d’assister à la fin de ce cycle en étant les témoins de la “restructuration” financière. Nous, les peuples indigènes du monde, sommes ici pour aider ces gens dénués de clans à se connecter avec l’esprit de notre terre-mère.

Jimi Hendrix fut le seul musicien populaire à comprendre les fréquences du solfaggio. C’est pourquoi il réglait sa guitare sur la fréquence A417hz, qui est une des fréquences mentionnées dans l’ancien testament. Jimi a essayé de nous en apprendre plus lorsqu’il chante:

“if you can just get your mind together, then come across to me. We’ll hold hands and we’ll watch the sunrise from the bottom of the sea. I know, I know, you’re probably going to scream and cry that your little world won’t let you go. But who in your measly little world are you trying to prove that you’re made out of gold and can’t be sold. Are you experienced? Have you ever been experienced? Well, I have.”

“Si vous pouvez juste faire esprit commun, alors traversez vers moi. Nous nous tiendrons par la main et nous regarderons le lever de soleil depuis le fond de la mer. Je sais, je sais, vous allez probablement crier que votre petit monde ne vous laissera pas partir. Qui essayez-vous de convaincre dans votre petit monde mesquin, que vous êtes fait d’or et ne pouvez pas être vendu ? Avez-vous fait l’expérience ? Avez-vous jamais fait l’expérience ? Moi, oui.”

= = =

Étre du temps

 

Gilad Atzmon

 

Traduit de l’album “Refuge” (2007) par Résistance 71

 

La musique ne fais pas de prisonniers

Elle n’en a jamais fait

Entre les mots

Les sens sont cachés

Entre les sens

Les vagues sont façonnées en mélodies

Submergé par les larmes

Chacun en vient à se réaliser

Et la musique prévaut

 

Lorsque j’ai fondé l’Orient House Ensemble en 2000, je n’avais que quelques airs en tête, mais j’avais aussi une grande croyance. J’étais persuadé que la musique était capable de rassembler les gens. J’étais totalement convaincu que la musique pouvait cicatriser les blesseures du passé. J’étais persuadé que la musique était un message de paix. J’étais parfaitement confiant en ce que si des rivaux pouvaient s’accorder dans une chanson, ils pourraient facilement vivre ensemble.

Huit ans plus tard, je dois admettre que je me suis peut-être trompé. Ceci constitue notre 5ème album. Nous avons fait des centaines de concerts dans le monde entier et dans le même temps la paix n’est pas du tout proche. Chaque jour ou peu s’en faut, de nouveaux conflits éclosent. Une fois par semaine, une nouvelle peur est façonnée en un nouvel agenda sinistre enveloppé dans une image de bonté occidentale. Aussi loin que soit concerné mon pays (NdT: Israël), la paix n’avait jamais paru si lointaine.

Le monde devient en fait de plus en plus hostile. Et pourtant nous, L’Orient House Ensemble, avons fait quelque chose, quelque chose qui a une toute petite signification cosmique. Nous avons appris à chanter et à jouer ensemble. Nous n’avions pas prévu d’apprendre, nous ne nous sommes pas éduqués de la sorte. Cela s’est juste produit. Au fil des ans, nos peurs personnelles se sont estompées. Nos insécurités ont fondu. Sans que nous le réalisions, notre musique (NdT: Jazz) s’est transformée en un langage ayant des formes et des couleurs très personnelles. La musique est devenue notre refuge.

J’ai eu tort de regarder la musique comme un messager. J’ai eu tort de me référer à la musique comme une idée ou une idéologie. La musique n’est pas un messager, elle est de fait le message. La musique n’appartient pas à l’Homme. C’est l’inverse, l’Homme appartient à la musique. La musique s’exprime à travers l’humain. La musique émerge lorsque les pensées trépassent, la conscience se désintègre et les idéologies implosent. La musique est le véritable être du temps. Donnez-lui le temps et laissez faire.

Amusez-vous.

Gilad Atzmon

Résistance au colonialisme: Réponse de l’EZLN et du Sup Marcos/Galeano à l’avis de prescription du mandat d’arrêt mexicain à son encontre depuis 1995…

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Pourquoi ne vous auto-prescrivez-vous pas ceci ? [i]

Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN)

Mexique

Au ministère fédéral de la justice du Mexique:

Tout ce temps, les seuls terroristes ont été ceux qui, pour plus de 80 ans, ont si mal gouverné ce pays. Vous êtes simplement l’évier où les génocidaires viennent se laver les mains et ensemble vous avez converti le système judiciaire en une latrine bouchée pathétiquement conçue, le drapeau national en un rouleau de papier toilette réutilisable et le sceau national en un logo fait de malbouffe, fastfood non digérée. Tout le reste n’est que pur théâtre afin de simuler une justice là où il n’y a qu’impunité éhontée, de simuler un “gouvernement institutionnel” là où il n’y a rien de plus que dépossession et répression.

Alors, autoprescrivez-vous ceci: [IMAGE à voir sur l’article original, elle vaut le coup !…]

De 6 pieds sous terre.

Le décédé et regretté (ha!) SupMarcos

(signature)

Pourquoi tant de sérieux ?

J’adhère et souscrit ( et non pas prescrit/expire):

SupGaleano

(signature)

Autorisé par le commandement général de l’EZLN

Subcomandante Insurgente Moisés

(signature)

Mexique

Février 2016

P.S. Alors, ceci veut-il dire que Tampiqueño [ii] est maintenant libre de quitter la communauté et d’aller manger du crabe farci ? Il paiera la facture bien entendu, autrement oubliez. Il est donc libre maintenant de faire ce que tous les autres Mexicains peuvent faire ? C’est à dire que maintenant il est libre d’être exploité, moqué, escroqué, humilié, espionné, extorqué, kidnappé, assassiné et de souffrir toutes ces insultes à son intelligence par ceux qui disent et prétendent gouverner ce pays ? Je dis et demande çà parce que ce sont les seules choses que garantissent les “institutions” à tout citoyen de ce pays qui n’est pas d’en-haut.

[i] Ce communiqué est une réponse de l’EZLN à l’annonce récente faite par le ministère fédéral de la justice du Mexique et son conseil judiciaire qui a conclu que le mandat d’arrêt contre le Subcomandante Insurgente Marcos (d’alors) pour des actions provenant du soulèvement du 1er Janvier 1994, avait expiré (“se prescribe” en espagnol), par le fait de la clause de prescription de 20 ans des crimes dont il était accusé. Les accusations étaient: terrorisme, sédition, mutinerie, rébellion et conspiration.

L’EZLN ici joue sur le double sens du mot “prescribirse” (expire et prescrire). L’autorité judiciaire mexicaine dit que son mandat d’arrêt “se prescribe” (a expiré) et l’EZLN répond, “pourquoi ne pas vous “autoprescribirse” (auto-expirer/prescrire)….cela.”

[ii] “El Tampiqueño” est le nom donné par l’EZLN à la personne que le gouvernement mexicain proclama être en 1995 derrière le Subcomandante Insurgente Marcos.

Source: http://enlacezapatista.ezln.org.mx/2016/02/26/why-dont-you-self-prescribe-this/

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

Mieux comprendre société et état pour un changement politique profond: Fragments d’une anthropologie anarchiste (avec David Graeber) ~ 1ère partie ~

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“La période charnière entre le Paléolithique et le Néolithique est marquée par de nombreux changements de nature différente: environnementaux (réchauffement climatique), sociaux (sédentarisation, explosion démographique locale, apparition du patriarcat, des castes et d’une élite), économiques “quête de nouveaux territoires, domestication des plantes puis des animaux, surplus et stockage des denrées, augmentation du commerce de biens de prestige) et de croyances (apparition des dieux masculins). L’augmentation d’actes de violence et l’apparition de conflits meurtriers sont-elles liées à un ou plusieurs de ces changements majeurs ? L’analyse des données archéologiques enrichie par celle des sources ethnographiques permet d’apporter quelques éléments de réponse à cette question.”

~ Marylène Patou-Mathis (directrice de recherche CNRS) ~

 

“Afin de comprendre la division sociale, nous devons commencer avec la société qui a existé pour l’empêcher.”

~ Pierre Clastres ~

 

“La mise en cause de l’ethnocide est aussi la mise en cause des états coloniaux, laquelle pourrait, aussi, être celle des états européens.”

~ Robert Jaulin ~

 

Fragments d’une anthropologie anarchiste

 

Extraits du texte de David Graeber* “Fragments of an Anarchist Anthropology”

2004, Pricly Paradigm Press

 

Analyse et traduction d’extraits: Résistance 71

 

Février 2016

 

Le livre a été traduit en français sous le titre “Pour une anthropologie anarchiste”, Lux, 2006

 

1ère partie

2ème partie

 

A la page 38 (version anglaise) de l’ouvrage, Graeber dit ceci justifiant de son titre original:

Comme je l’ai fait remarquer, une anthropologie anarchiste n’existe pas vraiment. Il n’y en a que des fragments.

Il est intéressant de noter que la première des choses que définit Graeber dès les premières ligne de son petit opuscule est le terme “anarchisme” et non pas le terme “anthropologie”. Pour ce faire, il utilise un fragment de la définition donné par Pierre Kropotkine pour l’Encyclopedia Britannica en 1910, que nous avons publié sur ce blog en français.

Qu’en est-il donc de l’anthropologie ? Que nous dit Mr Larousse?

anthropologie”: n. sc. f. Étude de l’Homme et des groupes humains, théorie philosophique qui met l’Homme au centre de ses préoccupations.

L’anthropologie a été élaborée en deux théories principales:

  • Structuraliste évolutionniste ayant pour chef de file et maître à penser l’anthropologue français Claude Lévi-Strauss et ses disciples.
  • Marxiste ayant pour chef de file Karl Marx mais surtout Friedrich Engels qui fut plus pointu que son collègue en ce domaine.

Depuis les années 1960, il existe une troisième branche qui a vu le jour en réponse aux paradoxes et insuffisances des deux premières: une anthropologie dite “anarchiste” qui a le mérite de totalement relancer le débat sur les sociétés pré et proto-étatiques et/ou pré-capitalistes. Cette partie est totalement balayée sous le tapis par les deux formes classiques de l’anthropologie pour lesquelles les groupes humains sont soit des sauvages en “cours de développement” pour atteindre une société “mature” représentée par la société étatique, phase ultime du développement sociétal humain (anthropologie structuraliste), soit toujours des “sauvages” évoluant dans des sociétés pré-capitalistes appartenant à la proto-histoire, puisque que l’histoire n’est que celle de la “lutte des classes”, le reste n’existant pas, du moins ne valant pas la peine d’être étudié (anthropologie marxiste).

Le courant d’anthropologie “anarchiste” s’est développé au fil des recherches de terrain et exposés de professeurs/chercheurs comme Marshall Sahlins, Pierre Clastres, Robert Jaulin, l’auteur du livre David Graeber et un courant de la paléoanthropologie emmené par la française Marylène Patou-Mathis. Ce courant novateur explique que les sociétés “primitives” (du latin primere ou “premier”, “originel” et non pas au sens commun péjoratif qui prévaut aujourd’hui) ne sont pas des sociétés “en devenir”, des sociétés “en voie de maturation vers la société étatique modèle”, mais bel et bien des sociétés finies, matures à part entière, des sociétés sans État, c’est à dire pour Pierre Clastres des sociétés contre l’État, des sociétés qui refusent division politique et centralisation du pouvoir, comme Clastres l’a magistralement démontré.

Nous avons extensivement relaté tout ceci sur Résistance 71 et invitons nos lecteurs à consulter nos dossiers sur l’anthropologie politique que nous avons compilés au fil du temps (suivre les liens à cet effet…).

C’est dans ce contexte qu’intervient en 2004, ce petit opuscule éclairant de David Graeber qui est alors assistant professeur d’anthropologie à l’université de Yale aux Etats-Unis. Il est aujourd’hui professeur à la London Schools of Economics.

Graeber commence par dire et demander ceci:

“Comme il y a beaucoup de bonnes raisons sur le pourquoi il devrait exister une anthropologie anarchiste, nous devrions commencer par demander pourquoi il n’y en a pas ou en fait, pourquoi n’y a t’il pas de sociologie anarchiste, d’économie anarchiste, de théorie littéraire anarchiste ou une science politique anarchiste ?”

Pourquoi si peu d’anarchistes dans l’académie universitaire ?

“C’est une question pertinente parce qu’en tant que philosophie politique, l’anarchisme est vraiment en train de percer maintenant. Les mouvements anarchistes ou inspirés par l’anarchisme sont en pleine croissance, partout ; les principes traditionnels anarchistes tels que l’autonomie, l’association volontaire, l’autogestion, l’entre aide mutuelle, la démocratie directe, sont passés de la base organisationnelle au sein du mouvement de globalisation, à jouer le même röle dans les mouvements radicaux de toutes sortes un peu partout.

[…] Et pourtant, ceci n’a trouvé pratiquement aucune réflexion dans le monde académique et universitaire. La plupart des universitaires semblent même n’avoir qu’une vague idée de ce qu’est l’anarchisme ou alors le réfute au moyen des stéréotypes les plus vulgaires. Aux Etats-Unis par exemple, il y a des milliers d’universitaires marxistes d’une sorte ou d’une autre, mais à peine une douzaine se proclamant ouvertement anarchistes.

[…] Les principes de base de l’anarchisme comme l’autogestion, l’association volontaire, l’entre aide mutuelle, se réfèrent à des formes de comportement humain que les anarchistes pensent et assument exister depuis aussi longtemps que l’humanité elle-même. La même chose vaut pour la réjection de l’État et de toutes formes de violences structurelles, d’inégalité ou de domination (anarchisme veut dire “sans dirigeants”).

[…] Ainsi:

  • Le marxisme a eu la tendance à être un discours théorique ou analytique au sujet de la stratégie révolutionnaire.
  • L’anarchisme a eu tendance à être un discours éthique au sujet de la pratique révolutionnaire.

La théorie anarchiste n’est pas impossible

[…] Une théorie sociale anarchiste devrait sciemment rejeter toute trace d’avant-gardisme ; en cela le rôle des intellectuels n’est en aucun cas de former une élite qui peut arriver à des analyses stratégiques correctes pour ensuite mener les masses. Si ce n’est pas cela, alors quoi ? C’est une des raisons pour laquelle j’appelle cet essai “Fragments d’une anthropologie anarchiste”, parce que c’est une des zones où je pense que l’anthropologie est particulièrement bien positionnée pour aider, ce pas seulement parce que la plupart des communautés ne fonctionnant pas dans une économie de marché existantes, s’autogérant dans le monde ont été étudiées par des anthropologues plutôt que par des sociologues ou des historiens. C’est aussi parce que la pratique de l’ethnographie fournit au moins quelque chose faisant office de modèle, concernant une pratique intellectuelle révolutionnaire non avant-gardiste pourrait fonctionner.

[…] En cela, il y a eu une étrange affinité au travers du temps, entre l’anthropologie et l’anarchisme qui est en elle-même signifiante.

Graves, Brown, Mauss, Sorel

Ce n’est pas tant que les anthropologues ont embrassé l’anarchisme ou qu’ils épousaient consciemment les idées anarchistes, mais cela est plus dû au fait qu’ils ont évolué dans les mêmes cercles, leurs idées tendaient à rebondir les unes sur les autres, qu’il y a eu quelque chose au sujet de la pensée anthropologique en particulier, sa conscience très affutée du très grand rayon d’action des capacités humaines, qui lui donna une affinité avec l’anarchisme dès le début.”

S’ensuit un descriptif des idées d’anthropologues comme Frazer, de l’université de Cambridge, Al Brown et du poète anglais Robert Graves. Puis Graeber en vient à parler de Pierre Kropotkine:

“Kropotkine, géographe, explorateur arctique et naturaliste, qui jeta le darwinisme-social sens dessus dessous, tumulte dont celui-ci n’a toujours pas totalement récupéré, en documentant comment les espèces les plus resplendissantes étaient celles qui tendaient à coopérer le plus efficacement. La création de la socio-biologie par exemple fut une tentative de trouver des réponses aux faits naturels donnés par Kropotkine.”

Puis Graeber passe à Marcel Mauss:

“Peut-être que le cas le plus intrigant est celui de Marcel Mauss, contemporain de Radcliffe et de Brown et qui fut l’inventeur de l’anthropologie française. Mauss venait d’une famille de juifs pratiquants et a eu la demie-bénédiction d’être aussi le neveu d’Emile Durkheim, le fondateur de la sociologie française. Mauss était aussi un socialiste révolutionaire.

[…] Son œuvre la plus fameuse fut écrite en réponse à la crise du socialisme qu’il vit dans la réintroduction par Lénine de l’économie de marché dans l’URSS des années 1920. S’il était impossible de simplemebnt se débarrasser de l’économie monétaire de marché, même dans le pays ayant la société la moins monétarisée possible, la Russie, alors peut-être que les révolutionnaires se devaient de voir et d’observer quel type de créature le marché était vraiment et quelle alternative viable au capitalisme pourrait-il y avoir. C’est ainsi que naquît son “Essai sur le don” en 1925, qui argumentait entre autre, que l’origine de tous les contrats est le communisme, un engagement inconditionnel aux besoins d’autrui et ceci malgré la litanie de livres d’économie professant le contraire, il n’y a jamais eu une économie basée sur le troc et que les sociétés ayant réellement existé qui n’emploient pas l’argent ont au lieu de cela été et sont des économies du don dans lesquelles les distinctions que nous faisons actuellement entre l’intérêt et l’altruisme, la personne et la propriété, la liberté et l’obligation, simplement n’existaient et n’existent pas.

Mauss pensait que le socialisme ne pouvait en aucun cas être construit par l’escroquerie de l’État, mais seulement graduellement, depuis la base et qu’il était possible de commencer à construire une nouvelle société fondée sur l’entre aide mutuelle et l’auto-organisation, l’autogestion “dans la coquille de l’ancienne” ; il sentait que les pratiques populaires existantes fournissaient la base à la fois de la critique morale du capitalisme et de courtes visions possibles de ce que pourrait-être la future société. Tout ceci est une position anarchiste classique, pourtant, Mauss ne se considérait pas lui-même comme anarchiste. En fait, il n’a jamais eu beaucoup de bonnes choses à dire à leur sujet. Ceci parce qu’il identifiait sans doute l’anarchisme avec la figure de Georges Sorel, apparemment un anarcho-syndicaliste français antisémite passé à la postérité pour son essai “Réflexions sur la violence”.

[…]

L’anthropologie anarchiste qui existe presque

Bien qu’à la fin, Marcel Mauss ait eu probablement plus d’influence sur les anarchistes que tous les autres combinés. Sans aucun doute parce qu’il était intéressé dans les moralités alternatives, qui ouvraient la voie de penser que les sociétés sans états et sans marchés étaient ce qu’elles étaient parce qu’elles recherchaient activement à vivre de la sorte. Ce qui en nos propres termes veut dire, parce qu’elles étaient anarchistes. Dans la mesure où des fragments d’une anthropologie anarchiste existent déjà, ils dérivent largement de lui.

Avant Mauss, l’assomption universelle avait été que les économies sans argent avaient opéré au moyen du troc et qu’elles essayaient de s’engager dans une attitude de marché économique (c’est à dire d’aquérir des biens et services de consommation utiles à moindre coût pour elles-mêmes et de devenir riches si possible…), mais qu’elles n’avaient pas développer de manières très sophistiquées de le faire. Mauss démontra qu’en fait, de telles économies étaient des “économies du don”. Elles n’étaient pas du tout fondées sur le calcul, mais au contraire, sur le refus de calculer ; elles étaient enracinées dans un système éthique qui rejetait consciencieusement la plupart de ce que nous considérerions comme les principes de base de l’économie. Ce n’était pas du tout à cause du fait qu’elles n’avaient pas encore appris à rechercher le profit au travers des moyens les plus efficaces ; mais ces sociétés auraient trouvé que la base même de la transaction économique, du moins une transaction avec quelqu’un qui n’était pas votre ennemi, à savoir de rechercher le profit, était profondément insultant.

Il est très significatif qu’un des peu nombreux anthropologues ouvertement anarchistes de mémoire récente, un autre Français, Pierre Clastres, devint célèbre pour avoir fait et soutenu le même argument au niveau politique. Il insistait pour dire que les anthropologues n’avaient pas encore dépassé les vieilles perspectives des structuralistes évolutionnistes, qui voyaient l’État primordialement comme une forme plus sophistiquée d’organisation de ce qui précédait ; les peuples sans états, comme ceux d’Amazonie que Clastres avait étudiés, avaient été assumés ne pas avoir atteint un niveau d’évolution tel que celui par exemple des Aztecs ou des Incas. Mais supposons que les Amazoniens n’étaient pas tout à fait ignorant de ce à quoi pourrait ressembler les formes élémentaires du pouvoir d’état, ce que cela voudrait dire que de laisser quelques individus donner aux autres des ordres à suivre, qui ne pourraient nullement être mis en question, puisqu’ils seraient appuyés par la menace de la force, et qu’ils furent pour ces mêmes raisons très déterminés pour que rien de tout cela ne se produise ? Et si ces gens pensaient et considéraient que les fondements fondamentaux de notre science politique étaient moralement objectables ?

Les parallèles entre les deux arguments sont de fait assez époustoufflants. Dans les économies du don, il y a souvent des choses se produisant pour les individus entreprenants, mais tout est arrangé de telle façon que cela ne puisse jamais être utilisé comme une plateforme pour créer des inégalités permanentes de richesse, car tous les types s’agrandissant se terminent tous dans une compétition pour voir qui sera capable de donner le plus. En Amazonie (ou en Amérique du Nord), l’institution du chef dans les sociétés jouait le même rôle sur un plan politique: la position demandait tant d’efforts et récompensait si peu voir pas du tout, elle était si entourée de gardes-fou, qu’il n’y avait aucune place pour le type de personne égomaniaque et assoiffé de pouvoir, car il ne pouvait pas obtenir de pouvoir. Les Amazoniens n’ont peut-être pas littéralement fait rouler une tête de chef dans la sciure chaque quelques années, mais ceci n’est pas une métaphore entièrement inappropriée.

Éclairé de cette lumière, tout ceci est, en un sens réel, la description de sociétés anarchistes.

[…]

Vers une théorie du contre-pouvoir imaginaire

[…] Dans l’objectif de cet essai, je pense que Mauss et Clastres ont réussi, peut-être malgré eux-mêmes, à établir la fondation pour une théorie du contre-pouvoir révolutionnaire.

[…] L’argument de Mauss et de Clastres suggère quelque chose de plus radical encore. Il suggère que le contre-pouvoir, du moins dans son sens le plus élémentaire, existe en fait là où les États et les marchés ne sont même pas présents ; que dans de tels cas, plutôt que d’être personnifié dans des institutions populaires qui se posent elles-mêmes contre le pouvoir des seigneurs ou des rois ou des ploutocrates/oligarques, il est personnifié dans des institutions qui s’assurent qu’aucun type de telle personne ne puisse même jamais émerger. Ce qu’il “contre”, alors, est un potentiel, un aspect latent, ou une possibilité dialectique si vous préférez, au sein même de la société.” —

S’ensuit une liste par Graeber d’exemples de terrain illustrant tout ceci et incluant des résultats d’études anthropologiques en Amazonie, au Nigeria et à Madagascar. Graeber a vécu et étudié les peuples Merina, Vezo et autres de Madagascar. Nous référons le lecteur au livre pour ce segment que nous ne traduirons pas.

Puis, Graeber amène le lecteur sur le terrain de ce que serait, pourrait-être, une société “anarchiste” moderne en analysant l’action “révolutionnaire” et en changeant l’angle de perception de manière particulièrement intéressant :

Faire sauter les murs

“[…] acceptons le fait que les formes d’organisation anarchiste ne ressembleront en rien à l’État. Elles impliqueront une variété infinie de communautés, d’associations, de réseaux, de projets, à toute échelle possible et imaginable, se chevauchant et s’intersectant de toutes les façons possibles et probablement de façon que nous ne pouvons pas (encore) imaginer. Certaines seront relativement locales, d’autres globales. La chose qu’elles auront en commun sera que personne ne se pointera avec des armes pour dire aux autres de la fermer et de faire ce qu’on leur dit de faire. Et çà, dans la mesure où l’anarchisme ne cherche aucunement à saisir le pouvoir au sein de territoires nationaux, le processus de remplacer un système par un autre ne prendra aucunement la forme d’une révolution soudaine et du cataclysme que cela implique, comme la prise de la Bastille ou la prise du Palais d’Hiver, mais elle sera nécessairement graduelle, par la création de formes alternatives d’organisation à l’échelle mondiale, de nouvelles formes de communication, des moyens nouveaux, moins aliénés d’organiser la vie quotidienne, ce qui rendra éventuellement les formes actuelles d’organisation et d’exercice du pouvoir complètement stupides et complètememt à côté de la plaque. Ceci veut également dire qu’il y a une infinité d’exemples d’anarchisme parfaitement viable: pratiquement toute forme organisationnelle compterait pour une dans la mesure où elle ne serait pas imposer par une forme d’autorité quelconque venant “d’en-haut”.

[…] Une révolution mondiale prendra longtemps. Mais il est aussi possible de reconnaître que ceci a déjà commencé. La meilleure façon de mieux faire passer la chose est d’arrêter de penser à la révolution comme une chose, “la” révolution, “le” grand cataclysme libérateur, mais il faut plutôt se demander “qu’est-ce que l’action révolutionnaire ?” Nous pourrions alors suggérer: l’action révolutionnaire est toute action collective qui rejette et donc confronte, quelque forme de pouvoir ou de domination que ce soit et ce faisant, reconstruit les relations sociales, même au sein de la collectivité. L’action révolutionnaire ne cible pas nécessairement le renversement des gouvernements. Des tentatives de créer des communautés autonomes face au pouvoir (en utilisant la définition de Castoriadis: celles que se constituent elles-mêmes, qui font collectivement leurs propres règles ou élaborent leurs propres principes opératoires et qui les réexaminent continuellement), seraient par exemple, pratiquement par définition, des actes révolutionnaires. L’histoire nous montre que l’accumulation continuelle de tels actes peuvent changer pratiquement tout.

[…] Il y a un million de façons différentes de définir le terme “modernité”. Pour certains, cela a à voir avec la science et la technologie, pour d’autres, c’est une question d’individualisme, pour d’autres encore, c’est le capitalisme ou la rationalité bureaucratique, ou l’aliénation, ou un idéal de liberté d’une manière ou d’une autre. Quelque soit la façon dont elle est définie, pratiquement tout le monde s’accorde à penser et à dire que quelque part durant les XVIème, XVIIème et XVIIIème siècles, se produisit une grande transformation en Europe occidentale et dans ses colonies établies outre-mer et qu’à cause de cela, nous sommes devenus “modernes” ; et qu’une fois que nous le fûmes, nous devînmes une créature bien différente de ce qui fut auparavant.

Et si nous virions tout cet appareil ? Et si nous faisions sauter le mur ? Et si nous acceptions que les peuples que Vasco de Gama et Christophe Colomb soi-disant “découvrirent” lors de leurs expéditions coloniales, étaient juste comme nous ? Ou très certainement, juste comme “nous” autant que Vasco de Gama et Colomb le furent jamais ?

Je ne dis pas que rien d’important n’a changé ces 500 dernières années, tout comme je ne dis pas que les différences culturelles ne sont pas importantes. En ce sens, tout le monde, chaque communauté, chaque individu en fait, vit dans son univers propre et unique. Quand je dis “faire sauter le mur”, j’entends par là surtout faire péter ces assomptions arrogantes ne nous ressemblant pas, qui nous disent que nous n’avons rien en commun avec 98% des gens et des peuples qui ont jamais vécu et qu’ainsi nous n’avons pas vraiment besoin de penser à eux. En fait, vraiment, qu’est-ce qui nous rend si spéciaux ? Une fois que nous sommes capables de nous débarrasser de ces assomptions, que nous pouvons au moins entrevoir le fait que nous ne sommes en rien si “spéciaux” comme nous nous plaisons tant à le penser, alors nous pouvons aussi vraiment commencer à penser sur ce qui a vraiment changé et ce qui n‘a pas.

[…] Bien des choses réside dans la question suivante: les historiens occidentaux avaient-ils le droit d’assumer que quoi que ce soit qui a permis aux Européens de déposséder, de subjuguer, d’enlever, de réduire en esclavage et d’exterminer des millions et des millions d’autres êtres humains, fut une marque de supériorité et qu’ainsi, quoi que ce fut, il serait insultant pour les non-Européens de suggérer qu’ils ne l’avaient pas non plus. Il m’apparait qu’il serait bien plus insultant de suggérer que quiconque aurait pu se comporter comme l’ont fait les Européens des XVIème et XVIIème siècles, en dépeuplant de très larges portions des Andes ou du centre du Mexique en réduisant en esclavage et aux travaux forcés des millions de personnes qui moururent dans les mines, ou de kidnapper un nombre imposant d’individus de la population africaine pour les forcer à travailler jusqu’à la mort dans des plantations de sucre, ceci à moins que quelqu’un ait la preuve formelle que ces peuples étaient tout aussi enclins au génocide que ne l’étaient les Européens. De fait, il y a bien des exemples de peuples ayant été dans une telle position de pouvoir occasionner un tel désastre dans des populations à une échelle mondiale, prenons par exemple la dynastie chinoise Ming du XVème siècle, mais elle ne le fit pas, pas vraiment par scrupules, mais pour la simple et bonne raison qu’agir de la sorte ne leur serait même pas venu à l’idée pour commencer.

A la fin, tout dépend le plus bizarrement du monde, de la façon dont on choisit de définir le capitalisme. Bien des auteurs tendent à voir le capitalisme comme un autre accomplissement que les occidentaux assument de manière arrogante avoir inventé et ainsi le définissent (comme le font les capitalistes) comme essentiellement une affaire de commerce et d’instruments financiers. Mais cette volonté effrénée à mettre les considérations de profits bien au-dessus des considérations humaines, ce qui mena les Européens à dépeupler des régions entières de la planète afin de pouvoir mettre une quantité maximum d’argent, d’or ou de sucre sur les marchés, fut certainement quelque chose d’autre. Il me semble que cela mérite un nom à part entière. Ainsi, il me paraît plus judicieux de continuer à définir le capitalisme comme le préfère ses opposants, comme étant fondé sur la connexion entre le système du salariat et un principe de poursuite sans fin du profit pour le profit.

[…]

A suivre…

Colonialisme et Palestine occupée: Torture systémique dans les geôles sionistes…

Posted in actualité, altermondialisme, colonialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, militantisme alternatif, police politique et totalitarisme, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , on 26 février 2016 by Résistance 71

Une raison de plus pour boycotter ? En fallait-il encore ? Celle-là vaut-elle la peine ? C’est la prochaine étape en France: goulag et corvée de bois. La boucle sera bouclée: les escadrons de la mort modernes furent mis en place, testés par la France en Algérie, puis exportés avec notre enseignement « contre-insurrectionnel » à l’université des tortionnaires: La escuela de las Americas (L’école des Amériques, School of the Americas) qui a l’époque sévissait au Panama sous commandement yankee entre 1946 et 1984 lorsqu’elle fut virée du Panama. Elle a depuis été rapatriée à Fort Benning dans l’état de Georgie (pas loin du QG de Coca Cola…) et rebabtisée « Western Hemisphere Institute for Security Cooperation » ou WHISC. Les Israéliens y donnent des cours aussi.

— Résistance 71 —

 

L’usage de la torture dans les prisons israéliennes est érigé en système

Emily Mulder

25 Février 2016

url de l’article en français:

http://www.info-palestine.net/spip.php?article15921

Une enquête conjointe lancée par les groupes de défense des droits israéliens sur les pratiques de la prison Shikma en Israël a révélé – une fois de plus – que les les détenus palestiniens sont victimes de violations « systématiques ».

Des représentants de B’Tselem et HaMoked ont rapporté dans un communiqué mardi les abus systématiques et la torture à l’encontre des prisonniers palestiniens, dans le centre d’interrogatoire de Shikma dans la ville méridionale d’Ashkelon.

Des informations écrites et des témoignages documentés par les groupes israéliens de défense des droits de l’homme, ont mis en évidence que la quasi-totalité des 119 Palestiniens interrogés dans ce site ont subi de la violence physique, la privation de sommeil, les menaces ou l’isolement, un certain nombre de détenus étant soumis à une combinaison de traitements dégradants.

D’autres abus comprennent l’exposition à des températures extrêmes ou l’immobilisation en étant attaché à une chaise à une main et un pied, tandis que 77% des détenus ont été empêchés de voir un avocat pour tout ou partie de leur temps dans le centre de Shikma.

Tandis que c’est l’agence israélienne de sécurité, le Shin Bet, qui mène les interrogatoires, B’Tselem et HaMoked ont déclaré que les conditions dégradantes ont été confirmées par le service pénitentiaire israélien, qui crée « les conditions de détention en fonction du plan d’interrogatoire, destiné à briser le moral d’un détenu. »

Des médecins et psychologues dans Shikma donnent leur « feu vert » aux souhaits des interrogateurs, ramenant souvent, indépendamment de son état, un détenu pour de nouveaux interrogatoires après qu’il ait reçu un traitement physique et mentale pour les blessures causées par les interrogatoires précédents.

Les niveaux supérieurs dans l’armée israélienne ferment les yeux sur les abus commis par des soldats ou des policiers sur les détenus emmenés vers Shikma, et les juges militaires israéliens ont « en réalité donné leur accord » pour la poursuite des mesures abusives à l’encontre des Palestiniens arrêtés.

Citant les acteurs impliqués à tous les stades de l’interrogatoire et de la détention à Shikma, les deux organisations ont déclaré : « Tous participent, sous une forme ou une autre, à divers aspects du traitement cruel, inhumain, dégradant et abusif auquel les détenus palestiniens sont soumis à leur arrivée à Shikma ou ailleurs ».

Israël se sert de de l’Autorité palestinienne pour mener à bien la torture

Parmi l’ensemble des acteurs qui ont facilité ces mesures cruelles et dégradantes contre les détenus palestiniens dans la prison Shikma, se trouvent des interrogateurs de l’Autorité palestinienne.

Sur l’ensemble des cas traités dans le rapport, 39 détenus ont été interrogés par l’Autorité palestinienne avant d’être enlevés par les forces israéliennes.

Adi Awawdeh, un étudiant de 21 ans originaire de la ville de Karmah en Cisjordanie occupée, était l’un d’eux.

« J’ai été arrêté par l’Autorité palestinienne pour une durée d’environ 70 jours », a déclaré Awawdeh dans sa note écrite recueillie par HaMoked et B’Tselem.

« Avec la préventive [Force de sécurité] il y avait la torture physique et mentale. Je souffrais beaucoup. J’étais à l’isolement pendant 40 jours, avec des interrogatoires sans fin. Alors on m’a mis dans ce que nous appelons le réfrigérateur – une petite pièce d’environ 90 cm de large et deux mètres de long.

« Ils vous mettent là pieds nus, avec des vêtements très minces, et vous restez soumis à un courant d’air très froid. Vous vous sentez comme vous si vous étiez dans un réfrigérateur. Les murs et le sol étaient très froid. Vous êtes assis là avec rien, sauf une bouteille d’eau. Il y a pas de toilettes. … J’y suis resté pendant trois jours », a déclaré Awawdeh.

« Les interrogateurs me frappaient avec leurs mains sur tout mon corps. Deux me maintenaient immobilisé tandis que le reste me frappaient. Ils me menaçaient d’agression sexuelle.

« Vous ne pouvez pas rester silencieux. Vous leur dites ce qu’ils veulent entendre et pour qu’ils vous sortent de là. Voilà pourquoi je leur ai dit ce qu’ils voulaient, et pas la vérité. »

Il a poursuivi : « En fin de compte, je suis sorti de là avec une amende et diverses interdictions, et on m’a dit que les juifs allaient venir me chercher. Une semaine plus tard, les Israéliens m’ont arrêté ».

Awawdeh était l’un des 26 détenus à signaler l’utilisation d’enregistrements fournis par l’AP lors des interrogatoires par les israéliens, quatorze disant qu’ils avaient été torturés par l’AP au cours des interrogatoires.

Le porte-parole de la sécurité de l’AP, Adnan Dmeiri a déclaré à Ma’an que depuis qu’il a commencé à travailler pour les forces de sécurité en 1994, il n’était au courant d’aucun cas dans lequel des informations recueillies par les interrogateurs palestiniens auraient été transférées aux services israéliens du renseignement.

B’Tselem et HaMoked ont déclaré qu’en exploitant les rapports des interrogateurs de l’AP, les autorités israéliennes participent indirectement à la torture « en utilisant sciemment des renseignements obtenus grâce à l’utilisation de la torture – souvent cruelle et sévère – par les interrogateurs de l’Autorité palestinienne contre les détenus ».

« Aucune volonté de traiter les problèmes »

Les conclusions de B’Tselem et de HaMoked sur la prison Shikma ont été divulguées dans les prisons israéliennes. Bien que les enquêtes soient officiellement encouragées par l’État, les deux groupes ont déclaré que les organes de l’État ont refusé à plusieurs reprises de reconnaître l’existence d’abus systématiques à l’encontre des détenus palestiniens.

Noga Kadman de B’Tselem a déclaré ce mardi qu’il était essentiel de reconnaître que les cas de torture ou de mauvais traitements sont généralement faussement présentés par les autorités israéliennes comme des incidents isolés.

Ces cas sont souvent ignorés car attribués à des « interrogateurs individuels » qui auraient été contraints d’utiliser de telles tactiques dans des cas « de bombe à retardement », a déclaré Kadman.

« Voilà la terminologie que l’on entend très souvent, qu’il s’agissait d’une sorte de situation désespérée », a ajouté Kadman.

Cependant, Kadman a dit aussi que la torture et les mauvais traitements sont des mesures de « routine » orchestrées par le Shin Bet et soutenues par tous les autres corps de l’État qui sont en contact avec de tels cas.

« Une des choses cohérentes que vous verrez … est le fait que ce soit un régime orchestré. Ce n’est pas une sorte d’initiative individuelle par un geôlier, ou un gardien ou un interrogateur isolé », a ajouté le porte-parole de B’Tselem, Sarit Michaeli. « L’autorisation d’utiliser ce genre de ’mesures spéciales d’interrogatoire’ vient du procureur général ou des niveaux plus élevés dans la hiérarchie. »

Daniel Shenhar, un avocat pour Hamoked et qui a aidé les Palestiniens à porter un nombre incalculable de ces violations devant la justice, a déclaré que les enquêtes militaires sur les violations sont en fin de compte inutiles.

« Nous avons écrit au bureau du procureur général, parlant de la privation de sommeil systématique – qui est commune dans presque tous les interrogatoires – de l’usage de la chaise à cinq pattes qui […] font qu’il est presque impossible de supporter un interrogatoire. Malheureusement, cette porte nous était fermé au nez.

« Il ne semble y avoir aucune volonté de la part des autorités israéliennes de résoudre ces abus érigés en système. »

Sur le même thème :

Prisons israéliennes : 200 moyens de torture utilisés contre les prisonniers palestiniens – 31 octobre 2014
 « Des enfants dans des cages » : Israël est accusé de torture par une ONG israélienne – 2 janvier 2014
 Arafat Jaradat, prisonnier palestinien en Israël, est mort sous la torture – 25 février 2013
 Révélations sur les tortures pratiquées par l’Unité 504 de l’armée israélienne : perversion et cruauté – 26 décembre 2011
 L’utilisation de la torture par Israël – 18 novembre 2011
 Israël recourt toujours à la torture contre les Palestiniens – 28 juin 2009
 La torture dans les prisons de l’Autorité palestinienne – 12 décembre 2008
 Les Autorités israéliennes ont torturé 70 détenus palestiniens jusqu’à la mort depuis 1967 – 27 juin 2008
 Rapport sur la torture à l’encontre des prisonniers palestiniens en Israël – 17 juillet 2007

 

 

 

 

« Meurtre par Décret » la preuve par neuf du crime génocidaire au Canada…

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Meurtre par décret ou le crime génocidaire du Canada

 

Un contre-rapport à la Commission Vérité et Réconciliation

 

Kevin Annett

 

23 Février 2016

 

url de l’article original:

http://itccs.org/2016/02/23/now-available-murder-by-decree-the-crime-of-genocide-in-canada/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

“Meurtre par décret” est la compilation d’archives non censurées sur l’extermination dûment planifiée des enfants autochtones du Canada dans les “pensionnats pour Indiens” assassins. Ce livre est publié en tant que contre-rapport correctif de la mascarade de justice rendue par l’État et l’église connue sous le nom de “Commission Vérité et Réconciliation” (CVR)

Basé sur les témoignages de témoins occulaires et d’une documentation archivale délibérément supprimée ou ignorée par la CVR, “Meurtre par décret” (de son titre anglais “Murder by Decree”) prouve sans l’ombre d’un doute, que le génocide du peuple indigène commença sous la forme d’une campagne religieuse et continue à être une politique gouvernementale au Canada. Cette contre-enquête révèle ces faits époustouflants:

– Plus de la moitié des enfants indiens pensionnaires de ces écoles commencèrent à mourir la première année où furent ouvertes ces institutions gérées par l’église (NdT: trois églises gérèrent principalement ce “programme”: catholique, anglicane et unifiée du Canada)

– Ce très fort taux de mortalité continua sans relâche pendant plus d’un demi-siècle à cause de pratiques délibérées de guerre bactériologique et en accord avec un “quota de décès” mensuel prescrit

– Preuves et évidences de ces crimes et leur nature tout à fait intentionnelle (NdT: ce qui qualifie le terme de “génocide” est l’intentionalité de l’assassinat de masse…) ont été continuellement détruites tant que possible par la Gendarmerie Royale du Canada (GRC) et les églises catholique, anglicane et unifiée du Canada depuis au moins 1960

– Le même génocide continue aujourd’hui et est ciblé sur les femmes et les enfants indigènes et est piloté par des intérêts entrepreneuriaux étrangers qui veulent s’emparer des terres et des ressources natives.

“Meurtre par décret” est publié par l’ International Tribunal for the Disappeared of Canada (ITDC), une coalition internationale de juristes et de groupes de droits de l’Homme. Cet ITDC fut formé en Décembre 2015 pour enquêter sur la disparition de personnes au Canada, pour traduire en justice ceux responsables et empêcher que le Canada ne couvre et lave ses crimes contre l’humanité.

Ce rapport est une réponse à ces crimes et une invective urgente au monde et à tous les Canadiens de ne plus vouloir vivre sous des régimes politiques génocidaires.

Le rapport est publié par les bureaux de l’ITDC de Bruxelles et de Toronto.

Pour plus d’info: disappearedofcanada@gmail.com

Commander ce livre / document de 400 pages d’archives et de témoignages:

https://www.createspace.com/6085632

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Laissez parler Willie Pickton: Révéler la plus grande scène de crime du génocide canadien

Kevin Annett

22 Février 2016

Source: http://kevinannett.com/2016/02/22/let-willie-pickton-speak-revealing-the-bigger-picture-of-canada’s-genocide/

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

“Pickton fut l’homme de paille mis en place pour détourner l’attention, une cible pour la haine populaire, tandis que les véritables assassins s’échappaient. L’arrangement est tentaculaire et orchestré depuis le sommet de la pyramide.”

 – Grant Wakefield, ancien agent des services de renseignement canadien du CSIS et infiltré dans le site de “Piggy’s Palace” où eurent lieu les assassinats, le 4 Août 2011.

“Ce ne sont pas juste nos femmes qui disparaissent. Des familles entières disparaissent, à commencer par les enfants. Nos communautés du nord sont éliminées pour leurs terres par de grosses entreprises transnationales et leurs portes-flingues de la GRC. Ceci n’est que le génocide des pensionnats pour Indiens porté à son étape supérieure.”

– Carol Martin, Vancouver, September 12, 2008

Je n’ai jamais rencontré le supposé tueur en série Willie Pickton, mais lui et moi avons ceci en commun: nous venons tous deux de publier un livre et tous deux sont en train de faire suer les magnats du pouvoir au Canada.

Le livre de Willie: “Pickton in his Own Words”, clâme qu’il a été piégé par la GRC pour les meurtres de douzaines de femmes essentiellement aborigènes. Mon livre, “Murder by Decree: The Crime of Genocide in Canada”, montre que de telles tueries racistes organisées sont endémiques à cette nation et continuent aujourd’hui.

Comme quiconque a travaillé pendant des années dans les rues du centre de Vancouver dans l’East Side, j’ai appris très tôt et en première main de la complicité profonde entre la GRC et la police de Vancouver dans les viols, disparitions et assassinats de femmes locales, essentiellement aborigènes. Ces meurtres ne sont pas plus “hazardeux” ou “sans objectif” que ne l’étaient les assassinats commis par décret de plus de 50 000 enfants autochtones dans les pensionnats pour Indiens. Ce furent en fait des “exécutions ciblées” faites pour éliminer les familles traditionnelles natives afin de voler leurs terres et de parvenir à la complète extermination de leurs nations.

Le Canada fait du mieux qu’il peut pour cacher ces assassinats raciaux et protéger les assassins en série par le moyen d’enquêtes “totalement aseptisées”, menées par les mêmes groupes qui sont responsables de notre propre génocide domestique. Nos deux livres jettent une maudite lumière, celle des feux de la rampe, sur ce grand camouflage.

Mon livre expose la plus évidente de ces mascarades: la soi-disante “Commission pour la Vérité et la Réconciliation” (CVR), qui n’a trouvé personne coupable pour le massacre dans ces pensionnats, en publiant des preuves supprimées par la CVR et qui prouvent que le génocide perpétré au Canada par l’église et l’état était délibéré et institutionnalisé depuis le départ, et que tout ceci a été massivement caché et maquillé. Le livre de Willie Pickton quant à lui, menace de faire dérailler le système contrôlé depuis l’intérieur par le gouvernement de “l’enquête sur les femmes autochtones disparues”. Pickton est en mesure de la faire en sortant de son rôle assigné de bouc émissaire pour l’entreprise du meurtre raciste organisé des Indiens.

Indépendamment de l’implication réelle ou fictive de Willie Pickton dans ces assassinats, il, tout comme moi, est la cible d’une large haine publique et d’une peur incitée par ceux qui ont quelque chose à perdre avec la vérité se faisant jour. Les participants à un crime sont après tout, toujours les témoins les plus dangereux et les plus gênants. Mais aucune peur ne peut plus masquer ces vérités si inconvénientes pour l’establishment:

  1. Des policiers, des procureurs et juges de la couronne ainsi que des politiciens étaient présents aux orgies se tenant au “Piggy’s Palace” où des femmes y furent torturées et assassinées. Ces personnes y étaient aussi “routinièrement” présentes que les “dignitaires en visite” qui enlevèrent et assassinèrent des enfants des pensionnats pour Indiens.
  2. Au moins trois autres sites macabres de larguage de cadavres ont été identifiés à Vancouver, où Dave Pickton a été vu déposer des restes humains: des sites sur lesquels à la fois la police et les médias refusent d’enquêter aussi consciencieusement qu’ils ignorent les 28 charniers dûment documentés de ces sites de fosses communes pour les enfants des pensionnats à travers le Canada
  3. Tout comme pour la couverture du génocide des pensionnats pour Indiens de la CVR, chaque effort fait pour étendre la toile de complicité criminelle au-delà des “loups-solitaires” habituels a été arrêté, stoppé net et supprimé par les tribunaux et la police.
  4. Le décompte “officiel” des corps, que ce soit des enfants des pensionnats pour Indiens ou des femmes aborigènes aujourd’hui, est maintenant volontairement ridiculeusement bas et ce en opposition à toutes les évidences et
  5. Les avocats des familles aborigènes des victimes ont été étroitement mêlés à la police et le gouvernement pour supprimer toute preuve suggérant un crime systémique plus large et non pas une action conjoncturelle et épisodique.

Il est particulièrement remarquable de noter comment uniforme est le schéma de malfaisance officielle et ses obstructions inhérentes que ce soit hier ou aujourd’hui.

Un agent des affaires indiennes de la côte Ouest exprima tout ceci en Janvier 1940 de manière peut-être plus honnête que la plupart des bureaucrates lorsqu’il écrivit après avoir procédé à l’inspection standard suivant les décès d’enfants dans le pensionnat de l’église unifiée d’Ahousaht en Colombie Britannique:

“Comme ceci était sur la propriété de l’église, une attention particulière fut apportée pour éviter une enquête trop approfondie.”   (P.D. Ashbridge aux Indian Affairs, January 17, 1940)

Honnêteté au sommet ou pas, les nations indigènes du Canada sont toujours résolument dans la ligne de mire du gros pognon et de ses complices au sein de l’état comme elles le furent depuis si longtemps. Des investisseurs étrangers ayant des gros intérêts dans les richesses des régions occidentale et septemtrionale du Canada, spécifiquement les cartels chinois, sont la force derrière ce règne de la terreur qui est lâché sur les familles autochtones pour les déposséder de leurs terres et de leurs enfants. La GRC, police montée du Canada, est le porte-flingue de cette mafia et les tribunaux sont en attente afin d’arrondir les angles de cet arrangement, tandis qu’Ottawa et le gouvernement fédéral dissimule et babille sur “la cicatrisation et la réconciliation”.

Pour ces raisons et bien d’autres, le meurtre systématique des femmes natives et des enfants à travers le Canada va continuer, car c’est non seulement une entreprise lucrative mais aussi la clef de l’éradication de cette culture ciblée depuis le temps. Ainsi continuera également la réduction au silence des voix opposées à ce paradigme génocidaire et son narratif officiel. Alors ne vous attendez bien évidemment pas à ce que mon livre et celui de Pickton s’inscrivent sur la liste des meilleures ventes de bouquins du Canada, ni même de survivre à une seconde édition.

Sur Résistance 71 « Hidden no longer », le génocide dans les pensionnats pour Indiens de 1890 à 1996.

Résurgence politique = Terre + Culture ou la formule naturelle de désintoxication de l’idéologie coloniale…

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“Une existence indigène ne peut pas se réaliser sans respecter toutes les facettes de la tradition: culture, spritualité et gouvernement. Les mystiques qui ignorent la politique et vivent leur identité seulement au travers de leurs arts sont tout aussi perdus que les matérialistes dont les vies sont dénuées de spiritualité.”
“Une raison qui fait que nous avons perdu notre voie est que le système de valeur matérialiste courant nous a aveuglé et nous empêche de voir la beauté subtile des systèmes indigènes fondés sur un profond respect de l’équilibre.”
~ Taiaiake Alfred ~

“Toute personne indigène comprend que nous sommes tous intrinsèquement parties d’un système qui n’est pas au-dessus ou en-dehors ou séparé du monde naturel et de sa loi naturelle ; nous faisons partie de la mosaïque de la vie… Il n’y a aucune honte dans la nature et de vivre par la loi naturelle, il n’y a que de la dignité.”
~ Russell Means ~

 

Conversation avec Taiaiake Alfred au festival Hay de Médelin en Colombie

Entretien avec Erika Valero le 28 Janvier 2016

 

url de l’article original:

http://taiaiake.net/2016/02/05/hay-festival-medellin-interview/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Note: Taiaiake Alfred (Ph.D) est professeur de science politique à l’université de Victoria en Colombie Britannique, Canada. Il est Mohawk, clan de l’Ours du territoire de Kanahwake.

 

Taiaiake Alfred sur Résistance 71

 

Comment décririez-vous votre communauté, les Mohawk ?

Je suis quelqu’un qui a grandi dans une réserve indienne, dans un environnement de terre perdue, de pollution et avec tous les problèmes sociaux qui vont avec. Mais en même temps, je viens d’une communauté qui est très fière et aime se battre pour la justice. J’en ai fait ma propre mission dans la vie que de me battre pour notre terre, pour la nettoyer et pour permettre à nos enfants d’être encore plus indigènes que nous de façon à ce que nous soyons de nouveau en équilibre avec le monde naturel.

Au Canada, nous sommes devenus très résistant au colonialisme, nous y avons gagné la réputation d’être une des nations qui recherche toujours la confrontaton, ce qui est vrai. Ils ont essayé de nous retirer notre terre et notre gouvernement.

Les Mohawks sont aussi connus à New York pour être ceux qui travaillent l’acier, qui construisent les grattes-ciel comme les tours jumelles du WTC et autres bâtiments très hauts. Mon père a fait cela, tous mes copains aussi. C’est ce que les gens pensent de nous à New York lorsque vous dites “Mohawk”…

Dans votre travail, vous parlez au sujet de la revitalisation de la jeunesse et de la culture, pouvez-nous nous expliquer ce concept ?

Mon travail consiste en l’observation de chaque nation et de trouver des opportunités pour qu’elle puisse maintenir une connexion avec leurs pratiques ; ou si ces pratiques culturelles sont perdues, nous essayons de trouver des façons pour ces gens de réapprendre des autres tribus. Le modèle de base est celui du “maître et de l’apprenti”, comme pratiqué avec les langues ou les arts. Beaucoup de nos jeunes sont perdus, à cause de la perte de la terre et des assauts racistes répétés sur notre culture. Ils sont natifs, autochtones, mais ils ne savent pas ce que cela veut vraiment dire. Ils ont perdu les connexions avec leurs traditions. Il y a beaucoup de frustration et de colère, donc il y a beaucoup de violence dans nos communautés aussi bien que des violences latérales et des abus de substances (alcool et drogues).

J’ai été très impliqué dans la politique dans ce qui fut appelé la reivindicación de la tierra (NdT: en espagnol dans le texte original, Alfred donne cet entretien en Colombie rappelons-le). Ceci impliqua le processus légal et politique pour récupérer nos terres. Ce fut mon travail lorsque j’ai commencé ce travail il y a plus de 10 ans. Lorsque je suis passé à la revitalisation culturelle, ce fut lorsque nous ramenions notre jeunesse à des pratiques culturelles et de langues sur la terre que nous avions récupérée.

Il y a 12 ans, j’ai commencé à travailler avec une communauté en particulier. Nous avons essayé de comprendre une nouvelle façon d’impliquer les jeunes et de les maintenir motivés, qu’ils aient un but et qu’ils soient fiers d’être indigènes. Il ne s’agit pas de retourner 100 ans ou plus en arrière, mais d’intégrer notre vécu dans la vie moderne, un nouvel équilibre. Cela fait deux ans maintenant et nous avons observé des changements extraordinaires chez ces jeunes et dans leurs familles.

Comment utilisez-vous le conte de tradition orale, la langue et l’art pour ramener les jeunes vers leurs traditions ?

Je fais pas mal de choses différentes, mais c’est toujours le même chemin. J’avais l’habitude d’écrire des choses plus académiques et plus politiques dans ce but, mais maintenant, j’écris plus créativement et narrativement.

Il y a pas mal de gens qui le font en utilisant la langue, mais pour nous c’est plus en parlant à des groupes et en communiquant à leur niveau, ce qu’ils n’ont pas l’habitude d’entendre. A l’école, ils étudient l’histoire et le leadership. C’est très politique. Mais lorsque je vais y faire des cours, je leur parle de la grande Terre, parce que je vis dessus. J’ai souffert ce qu’ils ont souffert. J’essaie de les convaincre que toutes les réponses que le gouvernement leur donne ne vont pas les aider. La seule chose qui va les aider à se sentir entier de nouveau est d’être dans une saine relation de respect avec leur territoire, leur terre, et respecter la vision de leurs ancêtres au sujet du fait d’être indigène.

Quelle est la vision ancestrale d’être indigène ?

C’est très simple. Juste d’être respectueux, durable et d’honorer la relation avec tous les autres éléments du monde naturel ; de ne pas mettre l’humain au-dessus de quoi que ce soit d’autre, de regarder cette relation comme une arme secrète inter-connectée. Les relations qui existent et maintiennent cet équilibre sont sacrées. Les humains sont en bonne santé lorsque l’environnement est en bonne santé, il en va de même pour les animaux. C’est très simple mais très profond dans le même temps.

Il est presque impossible d’avoir cette vision maintenant à cause du capitalisme. Ce système voit tout comme une commodité, une marchandise, ceci inclut les personnes. Il est très difficile d’avoir une vision de respect des uns des autres dans ce contexte. Donc, nous créons ces espaces non-capitalistes où les gens peuvent expérimenter ce que cela veut vraiment dire d’être une personne indigène.

Comment décririez-vous votre travail en tant qu’éducateur ?

Mon travail à l’université de Victoria en Colombie Britannique est d’enseigner le leadership indigène. J’éduque, je forme des leaders au niveau de la maîtrise et du doctorat, ainsi ils peuvent retourner dans leurs communautés avec une connaissance et un baguage culturel. Ces leaders sont déjà dans les deux mondes (indigène et colonial), mais nous sentons qu’ils doivent être responsables de la tradition indigène et non pas d’une autre idée de progrès ou du capitalisme. La plupart des autochtones au Canada sont victimes de la ségrégation, un peu de la même façon que les indigènes d’ici en Colombie. Il n’y a rien pour eux. Ils sont isolés dans des zones climatiques dures et froides ; ils ont le plus souvent été expulsés et relocalisés des bonnes terres (ancestrales) vers des terres marginales de façon à ce que d’autres personnes prennent possession et tirent avantages des resseources naturelles. C’est çà le colonialisme.

Au Canada, l’option donnée à ces gens est de quitter leurs terres et d’aller à l’école, à l’université. Pour moi, c’est une destruction de leur identité nationale et même avec cette option, ils n’y arrivent pas. Ils doivent en plus aller dans la bonne université. Il y a pas mal d’écoles donc nous essayons de nous occuper de leur éducation politique de façon à ce qu’ils puissent tirer le meilleur parti des deux mondes.

Pensez-vous qu’il soit possible de vivre entre deux cultures et d’avoir une vision indigène de la vie dans votre système économique et social actuel ?

C’est très difficile, vous devez faire des sacrifices et vous impliquer. Vous ne pouvez juste pas avoir une vie normale et vous attendre à en avoir le bénéfice. Vous devez sacrifier quelque part du confort et des récomprenses matérielles qui viennent en participant à ce système afin de maintenir cette connexion. C’est du temps et de l’argent, mais c’est possible.

Quand je vais à la chasse, j’emmène parfois des gamins, mes gamins ou d’autres personnes pour maintenir la connexion. Cela coûte de l’argent mais cela vaut le coup parce que vous pouvez avoir une toute autre relation avec ce que vous mangez, avec ce que vous cuisinez et avec la conservation de la viande. On a juste besoin de tirer un élan (orignal) et on a de la viande pour un an pour toute la famille. Nous utilisons des fusils et des munitions qui ne font pas souffrir l’animal. Il y a plusieurs façons de conserver la viande, maintenant nous la congelons essentiellement.

Résistance politique et sociale: Pour que meure le salariat et vive l’autogestion !!…

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« Il en est de même pour le salariat ; car après avoir proclamé l’abolition de la propriété privée et la possession en commun des instruments de travail, coment peut-on préconiser, sous une forme ou sous une autre, le maintien du salariat ? »
~ Pierre Kropotkine ~

 

Les prolétaires peuvent bien crever, l’Etat les digère

 

Fédération Anarchiste

 

23 février 2016

 

url de l’article:

http://famontpellier34.blogspot.jp/2016/02/les-proletaires-peuvent-bien-crever.html

 

Voilà la nouvelle salve du gouvernement contre les prolétaires. C’est ainsi donc que se pose les choses : l’Etat est là pour garantir aux plus riches de le rester, et que celles et ceux qui bossent le fassent toujours plus, pour toujours moins, et avec le sourire !

Il semble qu’il n’y ait pas mieux que la gauche pour mener une politique de droite ! Elle fait en tout cas aujourd’hui de lit de sa petite sœur d’hémicycle. Préparant le terrain pour l’avenir.

La contre révolution violente que nous subissons aujourd’hui n’est pas nouvelle, mais le manque de réponse sociale en face fait que les petits laquais des possédant.e.s s’en donnent à cœur joie.

Dans le monde entier les quelques nantis dictent leurs lois, demandent de faire plier les plus pauvres. Cette guerre n’est pas un petit phénomène national, mais c’est bien une guerre internationale contre les plus démunis qui est lancée depuis des années !

En ce moment, en France, patronat exige, les ministres exécutent ! 60 heures par semaines ? Oui oui oui crie El Khomri ! Des journées de 12 h ? Encore oui ! Des apprentis qui remplacent des emplois ? Ho que oui ! Des conditions de travails qui se dégradent ? Mais oui mon bon patron ! Des licenciements encore facilités ? Oui, cent fois oui !

Soyons clairs : si la Fédération Anarchiste est pour l’abolition du salariat et du travail, elle n’en reste pas moins convaincue que les avancées, même soumises à ce statut, sont importantes et doivent être conquises !

La réaction face à cette contre révolution ne peut être la passivité. Tout ce que nous avions gagné par le passé, nous sommes allé.e.s le chercher par la lutte, la grève, l’insurrection. Et dans l’union la plus large possible des prolétaires.

Ne laissons pas les nantis et leurs affiliés (états, religions, nationalistes, etc…) jouer encore avec nos vies.

La seule réponse qui vaille aujourd’hui est la même qu’hier : l’unité face aux nantis, l’unité dans la grève et l’action. Une utopie ? Peut-être. Une nécessité ? Sans aucun doute possible ! Et ce jusqu’à la mort du salariat ! Et que vive l’autogestion !

Résistance politique et sociale: L’organisation parallèle de la société, une analyse…

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, économie, crise mondiale, démocratie participative, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, philosophie, politique et social, politique française, résistance politique, société libertaire, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , on 24 février 2016 by Résistance 71

« Gaston Leval a recensé 400 collectivités [anarchistes] en Aragon, 900 dans le Levant, 300 en Castille, 30 en Estrémadure, 40 en Catalogne et près de 100 en Andalousie. Comment fonctionnent ces nouvelles structures ? Il faut préciser que ce mouvement [avant 1936 et durant la révolution espagnole] est largement spontané. L’autogestion n’est pas un idéal imposé par les anarchistes, mais plutôt la consécration des mouvements insurrectionnels que les paysans ont mené pendant plus d’un demi-siècle contre le régime de la propriété et l’État en général. L’autogestion est donc l’aspiration de la vaste majorité des paysans. La collectivité avec ses réussites, ses limites et ses échecs, est un exemple de démocratie… Cette forme de démocratie directe s’étend d’ailleurs à toute la vie sociale. Les terres et le matériel agricoles sont réunis en commun sans que l’on confisque les biens des petits propriétaires. L’individualisme est toléré à la condition qu’on ne possède pas plus de terres que l’on est capable de cultiver soi-même… »
~ Olivier Pinalie « La révolution espagnole 1936-39 », 2006 ~

Les collectifs espagnols 1936-39

 

Le “Community Organizing” décortiqué

 

Alternative Libertaire

 

23 Février 2016

 

url de l’article original:

http://www.alternativelibertaire.org/?Le-community-organizing-decortique

 

Pour nombre d’activistes, une question qui reste souvent sans réponse est : comment faire pour mobiliser les gens ? Comment développer des cadres collectifs pour la conscientisation politique ? Les réflexions et expérimentations du community organizing, qui ont cours depuis une centaine d’années, sont un bout de réponse à ce problème (presque) insoluble. La preuve par l’exemple à Grenoble.

Dans l’optique de développer des contre-pouvoirs populaires, le community organizing est une méthode d’action et d’organisation collective qui prend pour point de départ les dominations et les injustices vécues matériellement par les gens, afin de poursuivre trois objectifs.

Le premier objectif, qu’on peut qualifier de pragmatique et réformiste, consiste à considérer le monde « tel qu’il est » et à mener collectivement des luttes sous forme d’action directe afin d’obtenir des améliorations dans les conditions de vie des classes populaires (comme pourrait le faire un syndicat, mais sur des terrains allant du logement à l’éducation en passant par le travail).

Le deuxième objectif, qui est une véritable dynamique d’éducation populaire [1], va se réaliser par le fait que ces luttes menées et gagnées collectivement vont permettre de dépasser un sentiment de fatalité et une exclusion politique réelle. Elles vont par ailleurs être le cadre de développement d’une conscience de classe fondée sur une certaine lecture des antagonismes sociaux.

Le troisième objectif poursuit un projet révolutionnaire : le but est en effet de construire un rapport de force par l’organisation collective de celles et ceux dont le seul pouvoir est leur nombre.

Mis en place et théorisé à partir de la fin des années 1930 par Saul Alinsky [2], le community organizing vient d’outre-atlantique [3]. On retrouve ses principes dans les luttes menées par les ouvriers agricoles californiens autour de César Chavez, et on peut voir des parallèles avec les analyses de Paulo Freire [4]. En France, ces méthodes se développent depuis la fin des années 2000, selon différents modes.

D’un côté, des militantes et militants issu-e-s ou proches des quartiers populaires découvrent le community organizing lors d’un voyage aux États-Unis en 2010. Convaincu-e-s, ils et elles tentent de mettre en œuvre cette approche en France et finissent par créer le Studio Praxis, dont l’une des activités est de former et accompagner les collectifs de quartiers, tels que Stop le contrôle au faciès [5], Zonzon 93 [6] et bien d’autres .

D’un autre côté, des militants, des travailleurs sociaux, désabusé-e-s par les limites de leurs pratiques précédentes, découvrent la pensée de Saül Alinsky et s’y intéressent. Ils et elles partent se former auprès de London Citizens [7], puis créent à Grenoble en 2010 l’association Echo.

En 2012, Echo devient une Alliance citoyenne [8], dont la gouvernance est assurée par ses membres et non plus par les militantes et militants. Ce premier essai inspire la création en 2013 à Rennes de l’association Si on s’alliait [9]. Aujourd’hui, une organisation du même type va démarrer en région parisienne [10]. À noter qu’il existe par ailleurs une organisation internationale, le ReAct [11] (Réseau pour une action collective transnationale), qui vise à regrouper riverains et salarié-e-s contre les multinationales.

L’Alliance citoyenne de l’agglomération grenobloise, pour sa part, a récemment changé de modèle, abandonnant celui pratiqué par London Citizens, qui consistait à s’appuyer avant tout sur les communautés existantes (associations, écoles, cultes, etc.). Elle met désormais en œuvre le modèle pratiqué par Acorn [12], une organisation très puissante en Amérique du Nord (jusqu’à 175 000 membres aux États-Unis en 2010, 70 000 membres actuellement au Canada), dont la méthode consiste à aller rencontrer individuellement les personnes, ce qui permet de toucher les plus éloignées de la vie publique et des cadres collectifs.

Tous ces projets peuvent être comparés à un syndicalisme révolutionnaire multiterrain, dont le socle ne serait pas l’entreprise mais le quartier. Ils sont lancés par des personnes qui cherchent à être dans l’action et à lutter concrètement dans une optique matérialiste et pragmatique, convaincu-e-s que l’action directe est un moyen d’éducation populaire puissant, et que la dénonciation des dominations ne peut être réellement efficace qu’en luttant concrètement contre les actes qu’elles engendrent.

Ces expériences produisent déjà des résultats, mais sont encore au stade de l’expérimentation. Les termes varient (traduit-on « organisation des citoyens », « organisation communautaire », ou encore autre chose ?), les façons de faire également (adhésions individuelles ? adhésions collectives ? les deux ? aucune ?) : la manière d’importer en France cette méthode anglo-saxonne nécessite d’expérimenter, afin d’allier au mieux efficacité et démocratie, radicalité et pragmatisme. À suivre donc…

À l’Alliance citoyenne de l’agglomération grenobloise, la base du travail consiste à faire du porte-à-porte. Quand le conseil de l’Alliance, composé exclusivement de membres, décide d’aller à la rencontre des habitants et habitantes d’un nouveau quartier, il missionne pour cela un organisateur ou une organisatrice (c’est ainsi que sont désignées les personnes qui travaillent pour l’Alliance citoyenne). Il ou elle va alors se lancer dans une période intensive de porte-à-porte. Pendant quatre heures chaque jour, il va frapper à l’ensemble des portes du quartier.

La clef lors de ces rencontres individuelles est de partir des préoccupations des personnes que l’on rencontre, de leurs problèmes concrets et quotidiens. La porte d’entrée est radicalement matérialiste, et à ce stade on considère que toutes les colères sont légitimes. Si une personne est en colère, c’est qu’il y a un sentiment d’injustice, et il n’y a donc pas de jugement à porter sur cette colère.

C’est cette légitimation qui rend la mobilisation possible : elle est en effet aux antipodes des approches auxquelles les personnes sont habituées : d’un côté, la sphère du travail social tend à renvoyer la responsabilité de ses difficultés à la personne (gérez-vous bien votre budget ? vous occupez-vous bien de votre enfant ? etc.), et de l’autre, les groupes politiques sont plus forts en savants discours inappropriables et électoralistes qu’à combattre et obtenir des victoires sur des petites injustices concrètes.

Auto-éducation populaire par l’action et le collectif

Cette première rencontre est déjà en elle-même un moment de conscientisation politique. En effet, lors d’un porte-à-porte réussi, l’organisateur ou l’organisatrice va accompagner la personne en la questionnant, de manière à ce qu’elle fouille le problème dont elle parle (« Et ailleurs c’est comment ? et avant c’était comment ? »), qu’elle recherche et identifie la solution qu’elle aimerait voir mise en œuvre, qu’elle identifie la cause structurelle du problème.

C’est ce qu’on appelle la « verticalisation », par opposition aux colères dites horizontales qui visent les voisins, lesquels n’ont pas plus de pouvoir que nous. Tout cela afin qu’elle prenne conscience du poids de l’injustice sociale dans le fait que ce problème ne soit pas résolu, qu’elle imagine le nombre de personnes qui vivent la même injustice et la force que ce nombre procurerait de se regrouper, et enfin qu’elle imagine comment on pourrait agir collectivement pour que cela change.

Lorsque l’Alliance citoyenne se lance dans un nouveau quartier, l’objectif est d’obtenir rapidement l’engagement d’un maximum de personnes. En devenant membres, ces personnes vont travailler avec l’organisateur ou l’organisatrice à faire connaître auprès de leurs voisins et voisines la dynamique d’organisation en cours. L’organisateur va ainsi chercher à les « mettre en mouvement » au plus vite, afin qu’ils portent au maximum eux-mêmes la structuration de leur quartier. « Peut-on aller voir ensemble les voisins que vous connaissez ? Est-ce que vous auriez le temps d’aller voir de votre côté les autres locataires de votre montée pour leur parler ? »

Petit à petit, un groupe se constitue. Au bout de 4 à 5 semaines, les membres vont se retrouver pour des réunions collectives. Dès les premières réunions, l’organisatrice va proposer des modes de fonctionnement (animation, prise de décision) qui vont permettre d’acquérir ensemble des habitudes démocratiques. Ces pratiques deviendront alors la culture du groupe, seront appropriées par les membres, lesquels ne seront plus jamais naïfs devant les fausses démarches de consultations institutionnelles.

On retrouvera ces pratiques lors des assemblées de quartier, qui réunissent 50 à 100 membres. C’est lors de ces assemblées que les membres décident des actions à mener prioritairement.

Des fenêtres pour tous et toutes !

Lors de l’assemblée d’un quartier, les membres ont décidé de s’atteler au problème des fenêtres vétustes et mal isolées dans certains logements. Ce problème ne concerne pas tous les membres, mais tous se sont mis d’accord pour le traiter ensemble en priorité. On traitera les autres ensuite. Une lettre a déjà été envoyée au bailleur pour demander le remplacement des fenêtres incriminées, mais aucune réponse n’a été obtenue. L’assemblée décide donc de faire une action de pression la semaine suivante.

Un groupe de cinq membres est mandaté par l’assemblée pour préparer l’action. Le jour J, couvertures sur les épaules, de nombreux locataires vont ensemble à l’agence locale du bailleur : « On a froid dans nos appartements, alors aujourd’hui on vient se réchauffer dans votre bureau », expliquent-ils, en réclamant que leurs fenêtres soient isolées. La presse locale est là pour immortaliser la scène. Un responsable arrive , précise qu’il n’apprécie pas la méthode, mais écoute les revendications et promet un rendez-vous avant la fin de semaine.

Un groupe de porte-parole prépare la négociation en faisant des jeux de rôles avec l’organisateur. L’Alliance citoyenne obtiendra finalement l’engagement du bailleur à remplacer en urgence les 75 fenêtres les plus vétustes. Ce type d’actions vise évidemment à obtenir des victoires, mais, par ces victoires, elles visent à développer chez les membres la confiance dans leur capacité à intervenir collectivement et à faire entendre leurs intérêts sociaux sur la place publique.

Alors que d’un côté notre société diabolise le conflit, accusant les fauteurs de trouble de préparer la guerre civile, et que d’un autre côté on ne compte plus celles et ceux que le fatalisme mène à la soumission ou à la désaffection, le community organizing croit en la vertu intégratrice du conflit social. Paradoxalement, c’est en assumant de s’opposer aux institutions que l’on peut reprendre sa place dans la société.

Or se sentir appartenir à une société est un préalable indispensable pour souhaiter vouloir la faire changer.

En commençant par faire du porte-à-porte et prendre en considération les colères des « premiers concernés », le community organizing vise à mobiliser remporter des victoires faisant reculer quelques unes des multiples petites injustices sociales que ces derniers subissent. Par leur expérience au sein de l’Alliance citoyenne et leur participation à des actions très concrètes, les personnes prennent conscience des conditionnements sociaux et des inégalités structurelles qu’ils subissent, et vivent une alternative par la pratique de processus radicalement démocratiques. Les victoires obtenues permettent petit à petit de structurer une organisation de masse et un rapport de force de plus en plus favorable.

Adeline DL (ALParis-Nord-Est)

[1] Sur la notion d’éducation populaire telle que nous l’entendons, voir le dossier d’AL n°252 de juillet-août 2015.

[2] Saul Alinsky (1909-1972) est considéré comme le fondateur du community organizing.

[3] Lire AL n° 252 de juillet-août 2015 : « Le pragmatisme d’outre-Atlantique », par Julien Talpin.

[4] Pédagogue brésilien.

[5] Collectif formé en 2011. stop le controle au facies.

[6] Association basée à Villepinte. zonzon93

[7] Citizens UK est une organisation communautaire basée au Royaume-Uni : citizensuk

[8] Alliance citoyenne 38

[9] Si on s’alliait

[10] Organiser les citoyens idf

[11] ReAct

[12] Acorn USA, fondée en 1970, s’est dissoute en 2010 suite à une campagne de diffamation menée par le Tea Party à son encontre. Acorn. Acorn Canada : Acorn canada.