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Luttes et révolution sociales : La trahison systématique des partis politiques et syndicats (Le Monde Libertaire)

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, économie, crise mondiale, démocratie participative, gilets jaunes, guerres hégémoniques, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, politique et lobbyisme, politique et social, politique française, résistance politique, société des sociétés, syndicalisme et anarchisme, technologie et totalitarisme, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , on 24 mai 2023 by Résistance 71

 

SINE_CGT_1968

Il n’y a pas de hasard

Justhom

16 mai 2023

Url de l’article original :

Lorsque les partis politiques et les syndicats n’ont pas la mainmise sur le déroulement des luttes, disons qu’ils sont débordés par l’ampleur que prennent les manifestations, ils mettent tout en œuvre pour saboter le mouvement et faire en sorte qu’il s’étiole. 

NdR71 : de fait, tous les grands mouvements efficaces de lutte sociale révolutionnaire des révolutions de 1848 en Europe, de la Commune de Paris aux Gilets Jaunes en passant par la révolution des conseils/soviets russes de 1917,  des conseils ouvriers de Bavière en 1918, des conseils ouvriers italiens de 1920, Cronstadt 1921, Espagne/Barcelone 1937, Budapest 1956, les grèves sauvages de 1968 et maintenant la gronde contre la destruction sociale initiée par la “Grande Réinitialisation” de la dictature étatico-marchande technotronique, ont été cassés par les partis politiques socio-démocrates et marxistes autoritaires d’état et les syndicats ou une combinaison de ces trois plus grands traîtres à la révolution sociale de l’histoire. La pourriture systémique politico-étatico-marchande est toujours à la manœuvre aujourd’hui. Toute révolution sociale (forcément) cohérente devra se faire hors de cette merdasse collabo. Apprenons des leçons de l’histoire est cessons de faire confiance aux traîtres qui nous entubent depuis des siècles.

C’est ce qui se passe actuellement avec la lutte que mène le peuple pour refuser la loi mortifère sur les retraites que le gouvernement a fait passer en force (49-3). Depuis maintenant quatre mois, le peuple et les travailleurs(es) sont dans la rue pour protester, refuser et exiger le retrait de cette loi. Au fil des manifestations les cortèges grossissent et fédèrent (les jeunes, les lycéen nes, les étudiant·es, les chômeur·euses, les travailleur·euses de l’industrie, du service public : cheminots, hospitaliers, fonctionnaires, retraité·es, personnes qui ont manifesté pour la première fois…) On peut dire sans se tromper que ce sont plusieurs millions de personnes qui disent NON ! Cette loi fait l’unanimité contre elle et les sondages viennent renforcer ce mécontentement puisque 90 % des Français.es soutiennent cette lutte.

Et ça mon colon, cela ne plaît pas ni aux boutiquiers syndicaux ni aux politicards. Ils voient d’un mauvais œil leur pouvoir s’amoindrir. Ils ne maîtrisent pas, ou mal, les manifestations. Comme on dit, ils prennent le train en marche ou descendent de leur vélo pour se regarder pédaler ! 

C’est pourquoi ils s’ingénient à mettre tout en œuvre pour saper le mouvement contestataire qui vient d’en bas. 

Leur but n’est pas de combattre le système capitaliste qui est la source de tous nos maux mais de l’adapter. Et pour cela, les boutiquiers syndicaux se font les alliés objectifs des partis politiques qui eux n’aspirent qu’à une chose, prendre le pouvoir. (NdR71 : ce qu’ont toujours fait les partis communistes marxistes autoritaires d’état- Italie 1920, Espagne 1937 avec la complicité de certains anarchistes trahissant en entrant au gouvernement espagnol…)

Être calife à la place du calife 

Et quoi de mieux que de s ’appuyer sur le peuple mais, pour cela, il faut maîtriser ses « débordements » et les « canaliser », c’est à cela que s’emploient les boutiquiers syndicaux. Et ce, au nom de l’unité syndicale, pour disent-ils une plus grande efficacité. C’est vrai qu’ils mettent une « ardeur unitaire » à mener le mouvement dans l’impasse.

Il n’y a pas de hasard 

C’est ainsi que la décision qu’ils ont prise le 13 avril 2023 après la dernière grande manifestation du 12 avril, de programmer la prochaine manifestation le 1er Mai (soit 18 jours plus tard) est le début du renoncement. Ils tablent sur l’épuisement du peuple. Tout comme le gouvernement qui espère la lassitude et le fatalisme du peuple.

Et maintenant, après la manifestation du 1er Mai, ne viennent-ils pas de décider en intersyndicale, le 2 mai, de programmer une manifestation le 6 juin (soit 36 jours plus tard !) 

Pourquoi ne pas battre le fer tant qu’il est chaud, appeler à la grève générale et occuper la rue, pratiquer le harcèlement de rue jusqu’à ce que nous soyons débarrassés de ces encombrants. 

Eh bien non, tous ces tarés craignent que le peuple ne prenne son destin en mains sans ces autoproclamés guides.

NdR71 : dans cette veine, la seule arme décisive est la GRÉVE GÉNÉRALE ILLIMITÉE et EXPROPRIATRICE  !! Ce que les compagnons anarchistes contemporains semblent avoir quelque peu oublié… C’est à dire : saisie des moyens de production qui sont immédiatement mis en œuvre par la masse des travailleurs pour subvenir aux besoins de tous et non plus pour enrichir patrons et multinationales… Le but n’est pas de paralyser un pays et de plomber encore plus les masses travailleuses, mais de mettre la machine productive au service des besoins de tous !

Souvenons-nous, et soyons vigilants, il y a 87 ans quasiment jour pour jour ! 

Lors des grandes grèves de 1936, suite aux accords de Matignon des 7 et 8 juin, le mouvement était en plein essor et se poursuivait depuis plusieurs jours alors que les accords étaient signés. Certes, les avancées ne furent pas négligeables : la création des conventions collectives, l’obtention de la semaine de 40 heures, de 13 jours de congés payés plus 2 jours de repos en fin de semaine… Alors pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? 

Que les travailleurs continuent la grève, c’était insupportable pour le Parti communiste français, inféodé à Moscou et autoproclamé « le parti des travailleurs ».

Comment ? La classe ouvrière osait désobéir, défier l’autorité ! 

Le Parti communiste avait pour ambition d’accéder au pouvoir, au plus haut sommet de l’État. C’est dans ce contexte que le chef stalinien Maurice Thorez déclara, le 12 juin 1936 : « Il faut savoir terminer une grève ! » Par ces propos qui niaient la lutte des classes, il portait un coup fatal à la possibilité de transformation profonde la société. C’était évident qu’il ne supportait pas de voir son autorité et son objectif d’accéder au pouvoir remis en cause par les travailleurs. Par contre, se servir des luttes des travailleurs pour y accéder, cela ne le gênait pas. Il lui fallait pour cela une classe ouvrière obéissante et aux ordres.

Plus près de nous, les événements de Mai 68 et les grandes grèves 

Tout comme en 1936, ces événements accompagnés de grandes grèves avaient débouché le 27 mai 1968 sur les accords de Grenelle. Le peuple et les travailleurs avaient obtenu des avancées significatives (augmentation des salaires, des petites retraites (déjà), la reconnaissance de la section syndicale, réduction du temps de travail…).

Georges Séguy, secrétaire général de la CGT, était allé à Billancourt et avait présenté ces accords aux travailleurs de chez Renault, comme une grande victoire. Concrètement, il fallait cesser la grève et les manifestations. Il s’est fait huer. Car les travailleurs voulaient continuer la lutte, prendre leur destin en mains et instaurer une autre société, une société au sein de laquelle ils seraient partie prenante, sans les politicards, sans les boutiquiers syndicaux où ils s’approprieraient les moyens de production (sans le grand patronat).

Sous la pression des travailleur.ses, le Parti communiste français et sa courroie de transmission, la CGT, organisent, le 29 mai, une manifestation qui rassemblera plus de 500 000 personnes avec comme mot d’ordre « le gouvernement populaire », alors que le peuple et les travailleurs refusaient l’idée de gouvernement , symbole de « l’oppression ».

Le lendemain de cette grande manifestation, de Gaulle annonce la dissolution de l’Assemblée nationale et la tenue de nouvelles élections, en juin. Encore une fois, les travailleurs étaient trahis par le Parti communiste et lâchés par la CGT.

A chaque grand mouvement qui part de la base et qui échappe aux politicards et aux boutiquiers syndicaux, ces derniers s’ingénient à casser cet élan révolutionnaire.

Les révolutions inachevées 

En 1936, c’est le PCF qui appelle à « savoir terminer une grève » et dénonce les anarchistes comme des fauteurs de troubles et les responsables du chaos ! 

En 1968, c’est la CGT qui appelle à la reprise du travail contre la volonté des travailleurs. En 2023, c’est l’ensemble des syndicats qui s’emploie à dévoyer la lutte en espaçant la date des manifestations (au nom de l’unité syndicale) et qui préconise « une pause ». 

Ils sont favorables à une rencontre avec le gouvernement de Madame Borne. Alors que, jusqu’à présent, ce dernier les a ignorés et a dit « niet » aux revendications. Ils – CFDT, CGT, FO, CFE-CGC et CFTC – vont s’y rendre en rang d’oignons à cet enterrement de première classe les 16 et 17 mai !

Justhom

Unknown

Société, état, rébellion et insurrection… pensées critiques anarchistes organiques et hors moule… (Monkey Bars)

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L’allure de l’insurrection

Monkey Bars

2009

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

Mai 2023

Cet essai est une tentative de clarification de quelques incertitudes et affirmations au sujet des analyses insurrectionnelles comme étant incompréhensibles, ce espérons-le pour le bénéfice de ceux qui ont été critiques de cette tendance. Nous traiterons aussi ici de quelques sujets émanant des écrits anarchistes et des arguments souvent dogmatiques entretenus entre les factions anarchistes (NdT : ce que nous appelons ici les “guéguerres de clochers”, qui valent aussi pour une frange marxienne moins dogmatique que sa contre-partie autoritaire d’état, mais favorisant aussi une division qui n’a plus lieu d’être quand on s’accorde sur les conclusions et le chemin à emprunter, ce qui doit se faire par-delà toutes les factions politiques systémiques entretenues…). Pas besoin de dire ici que ceci est fait en solidarité de tous les exploités et discriminés, victimes de cette prison appelée “société”, ce sans exception.

Dans le milieu anarchiste souvent masochiste, certaines modes ont émergé invoquant l’insurrection et la guerre sociale. Bien que ces tendances aient été marginalisées et attaquées au sein du milieu, on oublie souvent que ceci n’est en rien nouveau. Beaucoup, si ce n’est tous les anarchistes dans l’histoire, ont été des insurgés croyant que c’était peine perdue pour une vie individuelle ou pour un groupe entier, de se dédier à la planification, l’attente, la trépidation d’une révolution, plus encore d’un révolution anarchiste et encore moins d’une qui aurait un quelconque succès. Une autre tendance, historiquement plus insignifiante mais apparemment prévalante aujourd’hui dans le milieu anarchiste, refuse toute suggestion de militantisme ou de conflit, cherchant simplement à diriger la société dans une direction libertaire jusqu’à ce que les institutions soient transformées. La critique vise la stratégie de ces notions, suggérant que de telles conditions (r)évolutionnaires ne peuvent pas venir du travail d’une poignée d’activistes et qu’il est prétentieux que de penser autrement. De la même manière, les institutions de la société ne vont pas se coucher tranquillement tandis que le peuple les “réforme”. Peut-être que la plus forte des réponses est la plus simple : qu’une vie passée à planifier, attendre la révolution ou elle “changement social” est voué à être insatisfaisant et frustrant, comme une vie de désir contenu voilée de célibat.

Mais, étant donné la fortification d’une éthique du travail occidentale masochiste, beaucoup trouvent du plaisir dans le boulot d’activiste et de travailler vers une révolution ou un changement social dont ils ne voient pas l’ombre. Tandis que de tels activistes (anarchistes, marxistes ou autres) poussent les autres radicaux à mettre de longues heures dans la construction d’institutions durables et de communication avec “le public”, il est évident que de par le petit nombre des mouvements radicaux gauchistes, pour la plupart des gens, un seul boulot est assez. Quand on donne le choix entre attendre une révolution ou travailler pour elle, je ne suis pas sûr de savoir quelle douleur auto-infligée est la meilleure… Ou bien puis-je les mélanger ? Ou devrais-je juste me suicider ?…

Cette critique de l’activisme et de la révolution sociale est bien connue, je vais donc me limiter à ça ici. Aussi, je ne veux pas dégrader les intérêts et les idées de radicaux différents, aussi loin qu’ils soient dignes d’intérêt et non pas des devoirs moraux ou des plateformes politiques. Je ne ferai pas non plus de critique de longue haleine de la sous-culture anarchiste, ces thèmes sont déjà abondamment discutés. Je ne désire en rien attaquer les sous-cultures, qui jouent un rôle intéressant dans l’exploration personnelle et la réalisation de vies plus sûres du malaise et de la grande dépression de la société de masse, moi-même inclus. Pourtant, je recherche les limites du mouvement anarchiste et de la sous-culture, ou de toute autre institution similaire. Ma préoccupation principale ici est d’écrire sur les tendances actuelles dans la pensée et l’écriture insurrectionnelles, dans l’espoir d’y amener une certaine clarté  pour ceux qui sont tombés dans leur mystification. Bien entendu, ceci n’est que ma perspective, et cela va sans nul doute entrer en conflit avec des aspects variés d’autres pièces insurrectionnelles. Ainsi soit-il…

La politique est dans les grandes largeurs un phénomène militaire, elle est gouvernée par la force, mais essentiellement une force de réserve, perçue, potentielle et les peurs et angoisses qu’elles instillent. Foucault a écrit sur l’utopie populaire d’une société démocratique populaire ayant toujours coexisté avec le rêve utopique militaire du contrôle total et de l’ordre, de la surveillance sans effort et de la punition imbriquée dans l’architecture (essentiellement urbaine) de la société. L’anarchisme en tant que philosophie politique n’est pas exempte de cela. La révolution est le moteur militaire de la politique anarchiste. La “société libre” est préservée dans le futur, de manière présumée, par la menace de plus de révolution. L’insurrectionisme met plusieurs pirouettes dans tout ça. D’abord, il veut souvent confronter la nature militaire de la société en général et de reconnaître la nature militaire du conflit au sein de ses institutions. Ceci est un degré de réalisme qui manque souvent à ceux qui échouent de voir le conflit dans la société comme plus que l’activisme. L’utilisation de Sun Tzu n’est ni frivole ni contre-productive. C’est amusant et poétique, mais c’est aussi un réveil pour considérer les véritables dimensions du conflit anarchiste.

Les bons textes insurrectionnels sont presque toujours des suggestions et des idées et non pas des plateformes ni des campagnes politiques. Une des notions clefs est de penser pour et par vous-même et de vraiment penser sérieusement au contexte en tant qu’individu, qu’anarchiste, que collectif et ce à quoi vous devez faire face. Si les gens pensent de manière créative et amène de nouvelles idées et de nouvelles tactiques, nous ne nous en porterons que mieux par rapport à ceux qui attendent que le boulot leur soit mâché par des leaders ou des organisateurs qui planifient tout pour eux ou que chaque action n’est qu’une resucée de la dernière. (Ndt : les manifs encore et encore, de A à B, encadrées par la flicaille qui passent et gazent sur la fin, encre et toujours, pourquoi voulez-vous que quoi que ce soit change ?…). Le problème avec les mobilisations de masse n’est pas le nombre, pas même le nombre de flics en contrôle. C’est leur orchestration de masse, leur nature de spectacle. La poésie et la joie d’une insurrection spontanée sont très rarement trouvées dans une action de masse pré-programmée et planifiée. Souvent donc, les gens retournent chez eux déçus et déprimés.

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Mais si les participants peuvent cesser d’être des participants, oublier la stratégie et la logistique qu’on leur annoncent et sortir du moule de la masse… alors tout un monde de possibilités s’ouvre devant eux. Les rôles sociaux et la division du travail inhérents à l’activisme institutionnalisé se dissocieraient. Pourtant cela ne pourra se produire que quand une action de masse cessera d’exister en tant qu’action de masse et deviendra un carnaval, une émeute, une insurrection. Ou alors cesse d’être quoi que ce soit et devienne mille différentes histoires, mille émotions. Voilà quelle allure doit avoir l’insurrection, vue le plus simplement. C’est un désir de sortir du moule, de faire péter les verrous, les murs de la norme, d’oublier tout acte social, de voir, d’entendre, de ressentir et de savoir des choses qu’on aurait jamais imaginées. C’est là qu’entre en jeu le désir, au grand dam du radicalisme occidental frustré, cette soif inextinguible d’expériences meilleures.

Le terme insurrection peut être mal compris. Autant une insurrection généralisée pour secouer les fondations mêmes de la société pourrait être superbe, elle ne pourrait pas être plus proche d’une révolution et ne peut certainement pas être planifiée. Pourtant, ce sont les moments, les actions ou même les périodes étendues dans lesquelles l’ordre social est suspendu, qui nourrissent nos âmes et nous donnent le goût des rêves. Ceci est similaire en bien des points à l’expérience que certains décrivent après une méditation et il y a sûrement un bon nombre de façon d’y avoir accès. Ceci n’est pas moins radical que de fétichiser une révolution utopique dans un futur distant dans nos esprits ; bien sûr nous seront là si cela se produit. Mais dans le même temps, puisons dans nos vies immédiates, avec toutes les joies et les peines qui vont avec.

La mythologie anarchiste prévalente est de planifier, de préparer et d’attendre la révolution et après celle-ci, parvenir à une liberté complète et débridée. Pourtant, peu de réflexion est donnée à ce que la liberté pourrait vouloir dire, quelles aventures et quelles extases pourraient être poursuivies. Sans suggérer quelque chose d’aussi ridicule qu’une “stratégie” d’apprentissage au sujet de ce que nous pourrions faire de notre liberté, ceci est toujours une préoccupation sensée. Sans expérience et peu de pensée données aux désirs personnels profonds et comment ils se manifestent dans nos relations, comment cette liberté se manifesterait-elle dans des vies émancipées de la société ? (NdT : ici il conviendrait de rajouter l’adjectif “aliénée” à notre sens car l’humain ne peut, de fait, pas vivre sa vie d’humain hors société…) Comment éviteraient-ils de recréer des relations d’aliénation, de domination et d’ennui ?

Ceci n’est pas une lamentation pessimiste sur la futilité de certains rêves libertaires. C’est simplement un avertissement contre l’estampillage non-créatif du terme “anarchiste” sur le même mode d’organisation socio-politique qui a construit les révolutions bourgeoises et “socialistes”. C’est un besoin vital de dépasser les idéologies politiques et de rechercher bien plus profondément ce que la souveraineté et l’auto-détermination pourraient bien signifier pour nous. Tout comme le conflit avec la société (aliénée) pourrait être amené dans le contexte de vie immédiat, ainsi le pourraient aussi nos rêves et nos désirs. On peut poursuivre l’aventure, l’épiphanie, la sagesse et l’extase dans la vie immédiate de manière aussi pressante qu’on poursuit une rupture avec cette société qui écrase ces sensations jusqu’à ce que nous les oublions. Écrire un poème ou grimper à un arbre peuvent mener à autant de joie, de bonheur et de perception qu’une émeute. Ceci ne veut pas dire d’abandonner la destruction créatrice et les actes physiques de rébellion, mais de dire simplement qu’il n’y a pas de dogme concernant ce qui compose une expérience anarchiste.

Ce n’est pas un secret que le milieu anarchiste est fréquemment et dogmatiquement divisé sur des problèmes variés, peut-être même sur chaque problème exprimé. Je ne préconise pas une forme d’harmonie muette ou de compromis pour créer une sorte d’unité insensée dans une sorte de “mouvement”. On peut simplement prendre une perspective différente dans la discussion et la critique des théories et propositions qui circulent. La pensée stratégique, élevée au rang de dogme, peut bien devenir le talon d’Achille des anarchistes. Tant de discussions se déroulent sur le thème de “ce qui est meilleur pour le mouvement”, “qu’est-ce qui est plus efficace ?” Et autre blablabla. Le débat sur l’hypothèse de créer des mobilisations de masse est un simple exemple de cela. Les arguments courants sont inutiles. Entre choisir une expérience de spectacle de masse de rue en une manifestation pré-planifiée et le boulot activiste fade et surfait dans “nos communautés”, la réponse et le choix sont évidents : aucun des deux !

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Heureusement, le non-débat est aussi simple que ses soi-disants deux faces. Beaucoup de bonnes expériences et de relations peuvent provenir de la vie dans une communauté. De la même manière, une action de masse (ou toute perturbation d’importance, que ce soit un festival de rue, une construction ou un blizzard) offre un moule duquel on peut sortir afin de poursuivre sa propre taquinerie, Il suffit de gratter le fin vernis de tout évènement pour voir les possibilités qu’il y a de l’autre côté. Mais même si la plus grande chance de succès réside à passer la mobilisation et à apparaître dans d’autres endroits, cela ne peut pas être élevé en une stratégie dogmatique.

La discussion demande une bonne dose d’hédonisme. S’il y a quelque chose que vous désirez pour une mobilisation, que ce soit des amis, une action spécifique ou de revisiter une de ces belles expériences que vous avez eu auparavant, alors faites-le. Et ne vous sentez aucunement coupable de le faire. Mais n’essayez pas de persuader les autres de le faire pour les mêmes raisons. De la même manière, si vous ne voulez pas y aller et bien n’y allez pas. C’est aussi simple que ça. Et si les gens faisaient ce qu’ils aiment le mieux et ne s’emmerdaient pas les uns les autres, alors peut-être qu’ils n’abandonneraient pas si vite le mouvement anarchiste. Peut-être voudraient-ils rester. La critique constructive est très utile et importante. Le désaccord est sain. Il est bon de penser à la stratégie à employer. Mais la critique ne devrait jamais devenir un dogme, un jugement et des attentes sur le comment les autres doivent se comporter. Nous ne devons jamais être les esclaves d’une stratégie.

Le même argument présenté ci-dessus est fait pour le mode d’écriture des insurgés. Souvent les anarchistes balaient ces écrits parce qu’ils sont soi-disant incompréhensibles. Peut-être que certains le sont, mais la plupart ne demandent pas une grande éducation. Ils peuvent généralement être compris sans lire Nietzsche, Tiqqun, Agamben ou quiconque ils citent. Je dis ça parce que je n’ai pas lu la plupart de ces auteurs / journaux et je comprends les essais que j’ai lus. Ils demandent juste un peu d’imagination pour les lire et y prendre plaisir. Pourtant, des gens peuvent écrire de la poésie cryptique en argot et c’est tout ce qu’ils veulent écrire. Une fois encore, la critique est utile. Mais porter un jugement sur le style d’écriture de quelqu’un est une connerie, spécifiquement si vous ne vous donnez pas beaucoup de chance d’entrer dedans. Ce que j’aime et d’autres personnes également dans ces styles d’écriture, est qu’ils sont décalés du style d’écriture idéologique et programmé de tant de propagande.

Juste parce que la personne moyenne peut lire une forme diluée d’un article sur un sujet donné, ne veut pas dire que cette personne voudra nécessairement le faire. J’aime lire des choses imaginatives, poétiques, marrantes, mystérieuses même, ce même si je ne comprends pas toujours tout. Mais cela ne concerne que moi. Si ce n’est pas votre style, ne le lisez pas. Ne mélangeons pas tout. Beaucoup de gens sont attirés par des lectures faciles avec lesquelles ils se trouvent des affinités, mais aussi qui apportent une intrigue, d’émerveillement et de magie. Si l’anarchie ne comporte pas quelques éléments mystérieux faisant que les gens veulent en savoir un peu plus à son sujet, alors ils retourneront regarder la chaîne 5 de leur télé pourrie.

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Et si le même style d’écriture devient normal et prévisible, alors ce que fut une épiphanie devient une corvée. Je veux être défié, entendre de nouvelles idées, rire, pleurer, sauter, jouer. Ceci ne s’applique pas seulement à l’écriture, la lecture, je veux la même excitation, la même curiosité dans l’art, les actions, les rassemblements, la communication, les informations et tout ce que je peux avoir. Une anarchie qui ne vous fasse pas impliquer votre âme : une anarchie sans politique. Et je ne veut pas juste en entendre parler, je veux la goûter, la savourer. Je veux une orgie dionysiaque de liberté et non pas un culte anarchiste monastique galvaudant le vie présente pour une utopie future. Et si je ne peux pas, alors comme tant d’autres personnes, je quitterai le navire. Beaucoup de personnes “rejoignent” l’anarchie parce qu’elle leur offre quelque chose dont elles ont besoin, ou satisfait quelques désirs pressants et beaucoup aussi la quittent parce qu’elle ne remplit plus aucune fonction. Plutôt que de penser “comment construire le mouvement”, pourquoi ne pas penser au comment nous satisfaire nous et ceux/celles qui nous entourent, au travers de nos relations et de nos actions ?… Arrêtons de penser comme des marchands de tapis et commençons à penser comme des amis et des camarades, compagnons.

Si vous pensiez critiquer ceci parce que “Foucault était maoïste” : Je ne suis pas Foucault. Faisons notre propre collage des choses et apprenons de qui nous voulons apprendre. Aussi, brûlons tous nos jugements, nos idées préconçues et nos idéologies rigides en un de ces grands potlach sauvages et embrassons, rions, luttons et, comme l’a dit un sage un jour, continuons sur le chemin de la grande et sublime conquête du Rien.

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Il n’y a pas de solution au sein du système ! (Résistance 71)

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

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5 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

Société des sociétés organique avec Gustav Landauer

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Réflexion et action directe : anti-politique et anarcho-communisme (J. Eibish & Résistance 71)

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“Qu’est-ce que l’État ? C’est le signe achevé de la division dans la société, en tant qu’il est l’organe séparé du pouvoir politique: la société est désormais divisée entre ceux qui exercent le pouvoir et ceux qui le subissent. La société n’est plus un Nous indivisé, une totalité une, mais un corps morcelé, un être social hétérogène… »
~ Pierre Clastres ~

“Les deux grandes questions incontournables de l’anthropologie politique sont:
1- Qu’est-ce que le pouvoir politique, c’est à dire qu’est-ce que la société ?
2- Comment et pourquoi passe t’on du pouvoir politique non-coercitif au pouvoir politique coercitif, c’est à dire qu’est-ce que l’histoire ?”
~ Pierre Clastres, 1974 ~

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Anti-politique et anarcho-communisme

Jonathan Eibish

2022

~ Traduit de l’anglais par Réistance 71 ~

Mai 2023

Lorsque j’ai décidé il y a cinq ans, de me consacrer de manière compréhensive à la théorie politique de l’anarchisme, il me sembla tout à fait évident d’explorer les concepts de base de ce courant socialiste pluraliste. Car dans l’anarchisme, il y a une pensée théorique indépendante qui doit nécessairement être comprise pour comprendre la connexion entre la morale anarchiste et son mode de vie ainsi que les idées anarchistes concernant l’organisation. C’est pourquoi je me suis posé ces questions : qu’est-ce que les anarchistes entendent en fait par “politique” ? Et, peut-il y avoir une “politique” anarchiste et quel serait son critère ? Le concept “d’anti-politique”, exprime le fait que c’est un champ de tension causé par l’ordre existant de la domination dans lequel les anarchistes agissent toujours en contradiction.

L’État comme relation politique organisée de la domination

Il est frappant que dans tous les courants anarchistes, il y a une critique fondamentale de la décision politique. Ceci a trait à la politique de gouvernement, la bureaucratie d’état, le parlementarisme et les partis politiques. Mais cela se réfère également à la logique politique et au mode d’organisation au sens large. Parce que ce que nous comprenons communément et associons avec la “politique” n’est pas un terrain neutre. Plutôt, les activités des mouvements sociaux qui tendent à être autonomes et auto-organisées sont souvent attribuées et appropriées par l’État. “La politique” prend la forme de la règle politique sous des formes libérales-démocratiques de la société. Ceci veut dire que l’État a émergé comme une relation de domination entre ceux qui gouvernent et ceux qui sont gouvernés et ceci est diffusé, transporté dans toutes les zones potentielles de la société.

Il est de la logique de l’état de réguler, contrôler, sanctionner et capturer toutes les sphères sociales. Si une “sphère privée” y est construite, alors celle-ci est à peine exempte de la domination de l’état, tout comme “l’économie ne peut pas vraiment être pensée comme séparée de l’État et du “loisir”, le côté face de la même pièce du travail salarié.L’étatisme peut être pensé de la même manière que le capitalisme, la relation de domination économique, le patriarcat et les relations de genre faisant de l’anthropocentrisme la relation sociale avec la nature.

En tant que relation de domination, cela s’insinue dans toutes les sphères sociales, mais ce n’est pas total. A ses côtés, résident des formes supprimées, réprimées de comment les humains peuvent s’organiser par eux-mêmes. Ils le font même lorsque l’état est la relation politique de domination. Sur la vaste majorité des activités qui se passent au niveau politique, l’état affirme son monopole ou du moins essaie de les contrôler et de les réguler. De la même manière, quand la plupart des gens pensent à la “politique”, ils l’associent rapidement avec ses structures étatiques et sa logique interne, parce que leur conscience est façonnée par l’idéologie de l’ordre dominant existant. 

FTS

Démocratie radicale ou scepticisme envers la politique ?

Si les anarchistes rejettent la nationalisation de la politique, on pourrait possiblement s’y opposer avec une sorte de politique auto-organisée et autonome, “d’en bas”. Une “démocratie radicale” ou “démocratie de la base” doit être opposée à la règle de l’état et de sa domination, état qui s’affirme faussement comme étant “démocratique”. On pourrait dire que ces approches procèdent à se réapproprier le concept de “politique” et aussi d’intervenir dans ses processus décisionnaires. C’est ce qui se passe lorsque les gens manifestent, s’activent dans des associations, parlent peut-être même aux politiciens et traitent de politique afin d’être capables de la critiquer et de la délégitimiser.

Connectée à ce sujet est la question de savoir quels points de départ existent pour l’organisation d’une société socialiste-anarchiste ? Même s’il y a des arguments plausibles pour cette vision démocratique radicale, j’ai décidé d’utiliser un autre concept politique. Je le décris comme (ultra)-réaliste, gouvernemental et orienté sur le conflit. Par cela j’essaie de faire passer l’idée que le champ politique est toujours au sujet de la lutte pour le pouvoir et que ceux qui y sont impliqués ont des sources de pouvoir très inégales. Ce qui veut dire, comme je l’ai dit avant, que le terrain politique n’est jamais neutre dans la règle d’ordre existante. En fait, ses conditions sont déjà façonnées par la domination politique.

En d’autres termes : comme cela nous apparaît être en politique aujourd’hui, il n’y a quasiment pas de place pour les positions anarchistes. S’ils amènent dans la sphère politique des aspirations sociales-révolutionnaires, ils sont marginalisés et diabolisés. Si les anarchistes tentent de travailler de manière pragmatique pour des améliorations graduelles, ils sont ignorés ou totalement encadrés. Ces effets ne devraient pas être sous-estimés, tout comme le cas de bon nombre de gens de gauche qui ont trouvé la 100ème secte politique, ont rejoint des partis politiques malgré leur inconfort en leur sein, ou se désespèrent de la politique et ne veulent être efficaces que culturellement ou dans leur propre style de vie par exemple. D’une perspective anarchiste, cela vaut la peine de demeurer continuellement sceptique au sujet de faire de la politique.

Les raisons de l’inconfort politique 

Incidemment, ce fut, entre autres choses, la dispute au sujet du concept de politique en soi qui donna naissance à l’anarchisme en tant que courant politique indépendant. Vers la mi-XIXème siècle, le mouvement socialiste de la base devint politisé. Ceci se produisit d’abord par l’appropriation de ses demandes d’amener une politique sociale d’état. De plus, les politiciens de partis communistes et social-démocrates cherchèrent à imposer leurs propres demandes en tant que leaders et à régner par la réforme politique ou la révolution politique. Troisièmement, des mouvements autonomes, auto-organisés ainsi que des zones auto-gouvernées furent sujets à une brutale répression au cours d’une période de renforcement de l’état-nation moderne.  Ainsi, ils prirent des formes organisationnelles qui furent légalisées dans l’ordre bourgeois et y furent assignés. Les anarchistes résistèrent à cette politisation du socialisme en insistant sur les principes organisationnels d’autonomie, de décentralisation, de fédéralisme et de volontarisme et en travaillant à un changement social compréhensif par la révolution sociale.

En plus de l’historique, il y a d’autres raisons sur le pourquoi il est important d’être sceptique de la politique d’une perspective anarchiste. Ceci concerne l’observation déjà faite de la tendance aux mouvements sociaux auto-organisés et autonomes de se retrouver encore et toujours appropriés par ou assignés à la politique d’état. Nous savons cela des manifestants qui ont un sentiment de satisfaction émancipatrice après avoir marché dans les rues en signe de protestation avec d’autres personnes. Une manif’ a du sens si des gens ayant les mêmes vues s’y rencontrent, échangent des idées, se sentent forts ensemble ou vont à la confrontation. Mais en eux-mêmes, ces mouvements ne génèrent que trop rarement une véritable pression sur ceux qui détiennent le pouvoir.

Un anarchisme pluraliste

Au sein de l’anarchisme, il y a de bien différentes traditions, perspectives, points de vue, expériences et pratiques. C’est pour cela qu’il y a des controverses et des disputes toujours vivaces parmi les anarchistes. Bien des positions de personnes qui se nomment anarchistes peuvent ennuyer et énerver d’autres anarchistes. Parce qu’elles existent ne veut pas dire qu’elles puissent être mises sur un pied d’égalité parce qu’alors elles demeurent des opinions arbitraires, ce qui n’est pas suffisant pour pratiquer une critique sociale fondamentale et pour construire des alternatives qui fonctionnent. Quoi qu’il en soit, on ne peut pas non plus nier que l’anarchisme est pluraliste. Sans doute parce que si l’anarchisme était homogénéisé et centralisé par un leader politique, ce ne serait qu’un courant politique parmi tant d’autres. Mais l’anarchisme est qualitativement différent des autres approches socialistes mais aussi de la gauche radicale. Cette différence s’explique là encore par la compréhension de la politique.

Les anarchistes individualistes (NdT : tendance Max Stirner, Henry David Thoreau) critiquent la règle politique essentiellement parce qu’elle restreint l’auto-détermination des individus, ce à quoi ils s’opposent. Les besoins et les désirs des individus ne peuvent être définis que par eux-mêmes. Ils ne veulent pas que quiconque représentent leurs intérêts. Le mutualiste (NdT : tendance proudhonienne) approche le but de l’auto-organisation, par exemple dans les voisinages, les circuits économiques régionaux etc et se fait l’avocat des coopératives et des entreprises collectives. Dans l’anarcho-syndicalisme (NdT : tendance CNT / AIT), la politique est clairement opposée à l’organisation et la lutte dans la sphère économique. Au lieu de parvenir à des réformes politiques au travers de l’état, le but est de traiter les intérêts directement contre les propriétaires du capital et d’utiliser les syndicats pour arranger l’organisation fondamentale pour l’autogestion d’une forme de société libertaire socialiste. L’anarchisme communal, ou anarcho-communisme (NdT : tendance Kropotkine, Goldman, Malatesta) tend à vouloir partager la vie entre gens pensant de même et, au delà de la politique, d’anticiper expérimentalement la venue de la nouvelle société dans des scènes alternatives ou des projets de communes.

Par contraste, l’insurrectionisme anarchiste assume que les anarchistes ne devraient produire aucune vision et que plutôt toute forme de domination se doit d’être attaquée en permanence sans avoir le besoin de narratifs “politiques” alternatifs. La tendance insurrectionnelle a émergé comme l’inversion de l’anarcho-communisme. Selon moi, il s’est développé comme résultat de l’expérience de l’échec des affirmations anarchistes, le désillusionnement avec l’échec de la révolution sociale et de la répression brutale subie par les mouvements socialistes libertaires.

NdR71 : Ce qu’Eibish appelle ici “l’anarchisme insurrectionnel” n’est qu’une resucée de la “propagande par le fait” populaire au sein du mouvement anarchiste à la fin du XIXème et début XXème siècles et essentiellement abandonnée depuis. Cette stratégie ressurgit cycliquement dans l’histoire en fonctions des conditions sociales et de la frustration émanant d’un sentiment de statu quo politique… C’est la partie la plus facilement manipulable par l’État pour générer le ressentiment populaire contre l’anarchie. Ne pas confonde “la propagande par le fait” et l’auto-défense, deux choses complètement différentes. En ce sens, le Black Bloc par exemple, est ambivalent, il peut être un outil de “propagande par le fait” et/ou un outil (très efficace) d’auto-défense… On ne peut évoquer cet aspect sans évoquer le toujours épineux sujet du “peuple en arme”. Nous avons traité de ce sujet qui est, surtout en cette période historique des plus troubles, un des sujets les plus importants qui ne pourra plus être ignoré longtemps…

Les traditions, perspectives et pratiques des tendances anarchistes variées sont initialement intéressantes en elles-mêmes. Nous ne devrions pas regarder leur catégorisation de manière trop étroite, parce que dans les scènes anarchistes, elles se mélangent de différentes façons. Ceci n’est pas mauvais et peut être très enrichissant. Aussi différents que les anarchistes soient et pensent, ils ont une chose en commun dans leur compréhension de la politique et cela mène à la poussée vers l’autonomie, c’est à dire le rejet de la domination avec la mise en place simultanée de relations et institutions égalitaires, libertaires et solidaires.

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Le vide politique en anarchisme

Mais la critique radicale de la politique et de son rejet dans l’anarchisme créent aussi deux problèmes théoriques. Le premier, si le terrain politique est complètement négligé, les approches anarchistes tendent à devenir des fins en elles-mêmes. La révolte peut devenir une fin sans but (NdT : d’où l’importance d’avoir élaboré une “conscience politique” solide…), qui peut être utilisée pour satisfaire des besoins de rébellion, mais qui demeurent un anti-réflexe et ne peuvent pas dépasser la domination. Le centre autonome ne peut être que sous-culturel et un projet d’habitat devient une meilleure façon de vivre dans un voisinage embourgeoisé. Le syndicalisme de la base est instrumentalisé par des groupes politiques ou masque ses contradictions internes. Les pratiques d’aide mutuelle s’arrêtent à la gestion de la misère sociale ou a ne servir que ses propres intérêts. Des individus subversifs ne font juste que tourner autour de leur auto-découverte.

Le second est qu’il y a la question du comment une forme de société socialiste-libertaire peut-être organisée politiquement ? Comment les communautés auto-organisées se forment-elles et comment s’inter-connectent-elles entre elles ? Comment les consensus sont-ils formés ? Comment se prennent les décisions et comment peuvent-elles être soutenues par le plus de monde possible ? Si les anarchistes veulent rendre justice à leurs propres demandes et créer des réalités alternatives pré-figuratives, ces questions n’émergent pas de manière conclusive et dans le sens d’un brouillon abstrait d’un nouvel ordre social. Elles sont plutôt des fondations essentielles pour développer des mouvements sociaux émancipateurs et des structures alternatives. Les anarcho-communistes en particulier, s’occupent de ces questions. (NdT : Résistance 71 est un collectif anarcho-communiste et nous confirmons ce que dit ici le compañero Jonathan, c’est toujours une tentative et le cœur de l’affaire vient de la non-coercition, un système  ne s’impose pas par la force, il ne peut que s’imposer par le respect et son efficacité prouvée de terrain dans la complémentarité de la diversité des associations libres…). Je vais donc maintenant mettre plus de lumière sur l’anti-politique anarcho-communiste. Je voudrais aussi dire ici par avance que le problème politique ne peut pas non plus être vraiment résolu de cette manière.

L’anti-politique des groupes anarcho-communistes

Même au sein de l’anarcho-communisme, plusieurs déclarations sont faites sur la politique. Par exemple, Johann Most fait une amère critique du politiser et Joseph Peukert rejette aussi la “politique” de manière abrupte. Pierre Kropotkine se demande comment les relations politiques socialistes-libertaires peuvent être conçues aux côtés et en opposition à la relation politique de domination de l’État. Le communisme est la relation économique alternative, tandis que l’anarchie est supposée être le mode de relation politique sans domination. D’après cette conception, la fédération de communes autonomes décentralisée est le modèle d’organisation politique pour la forme désirable de société. (NdT : une “fédération”, “confédération” qui ne serait évidemment pas un proto ou crypto-état) Le fait que différentes communautés puissent s’organiser sans devenir exclusives, homogènes et hiérarchiques est fondé sur des expériences historiques, qui forment le point de départ de la vision de la forme socialiste-libertaire de la société. Les anarchistes peuvent décrire une telle utopie concrète et réelle sans la graver dans le marbre ou croire en un plan infaillible qui n’existe pas et ne peut pas exister. Ils ont aussi besoin d’une telle vision s’ils veulent montrer des alternatives à l’ordre existant et s’ils veulent réaliser leurs idées et pas seulement en scenarios et en projets.

Parce que l’anarcho-communisme est au sujet de la totale révolution sociale de la forme de la société, il insiste sur la promotion, le développement de la conscience politique et l’organisation, ce plus que toutes les autres tendances anarchistes. Alors même qu’il y a un scepticisme prononcé sur le politique dans l’anarcho-communisme, il est aussi le plus politique de toutes les tendances anarchistes dans ses organisations. Entre autres, les anarcho-communistes se réfèrent aux groupes politiques de l’extrême-gauche et se comparent à ceux-ci, ils acceptent les différences graduelles des politiciens, veulent montrer une certaine direction à prendre pour les mouvements sociaux ; l’anarchisme communiste entre en territoire politique avec ces assomptions de base, même si cela n’implique pas la politique d’état. Mais si l’État est compris en un sens plus large comme relation politique de domination, une contradiction surgit ici. Comment la politique autonome anarcho-communiste diffère vraiment par exemple, de l’approche marxiste, qui critique aussi la domination politique, mais pour cette même raison une politique réformiste et/ou révolutionnaire est poursuivie ?

NdR71 sur l’anarcho-communisme : Si l’auteur est toujours empreint de confusion sur ces questions, c’est qu’il n’a pas bien saisi et fait des faux-sens dans son interprétation de l’anarcho-communisme. L’anarcho-communiste refuse toute forme d’état ou d’institutions centralisées. Il prône et développe les associations libres, associées en communes libres, fonctionnant sur l’entraide et selon le slogan du “A chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins”. Il élabore un système de coopération qui abolit également le rapport marchand et donc l’argent et toute forme de “troc” et donc aussi de salariat, on arrête de mettre une étiquette de prix sur tout ce qui nous entoure, y compris “l’heure de travail” et la vie humaine !..

Le marxiste dépend d’un parti centralisé qui saisit le pouvoir par voie électorale ou par la violence révolutionnaire. Le parti centralise le politique et l’économique et ne remet pas en cause le rapport marchand qu’il ne fait que “socialiser” de manière incomplète ne pouvant être que pervertie. Pour le marxiste, le prolétariat saisit les moyens de production et de pouvoir que le parti gère avec ses cadres. Le marxiste se complet dans un “capitalisme d’état” en attendant la “disparition” de celui-ci dans un futur plus lointain que proche… L’anarcho-communiste change totalement le rapport et la relation sociale en construisant une société sans état, sans parti, sans rapport marchand et sans argent ni salariat. Il s’oppose aussi en cela à l’anarcho-collectiviste (tendance Bakounine), qui fonctionne sans État mais ne pense pas que l’argent et le rapport marchand doivent disparaître dans l’immédiat, ce à quoi l’anarcho-communiste répond : État et rapport marchand / argent doivent disparaître de paire, pourquoi se débarrasser de l’un et attendre pour l’autre ? Cela n’a absolument aucun sens et ne peut que nuire à l’harmonie sociale…. L’anarcho-communisme est la société des sociétés telle qu’envisagée par Gustav Landauer dans le sillage de Pierre Kropotkine, la société humaine organique rayonnant dans toute la splendeur de la complémentarité de sa diversité bien comprise. Le marxiste s’inféode à une nouvelle relation de domination, l’anarcho-communiste s’émancipe avec la société. L’anarcho-communisme est une voie à deux sens, de l’individu à la société et de la société à l’individu en relation osmotique et complémentaire ; le marxisme est une voie à sens unique où l’individu est effacé devant le parti, ses cadres “avant-gardistes” et la société sous un nouveau rapport de domination. “Le prolétariat utilisera sa suprématie politique pour centraliser tous les instruments de production dans les mains de l’État…” (Marx, “Manifeste du Parti communiste”, 1848, 2ème chapitre). Marx y définit aussi l’état communiste comme étant “le prolétariat comme classe dirigeante”… Comment peut-on éprouver une quelconque confusion entre l’anarcho-communisme et le marxisme si l’analyse est complète ?… [fin de note]

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Accusations contre l’action sur le terrain politique

Certains anarchistes accusent donc l’anarcho-communisme de n’être en fait qu’un autre courant politique de la gauche. Ses activistes se considéreraient anti-autoritaires, mais au bout du compte sous-estimeraient le fait que le modèle social pour lequel ils poussent ne serait au mieux qu’un meilleur ordre de réglementation, mais ne serait pas du tout l’abolition de toute règle ; et en fait avec l’anarcho-communisme la logique politique ne serait finalement pas “de gauche”, mais toujours dans les catégories de l’esprit de l’ordre dirigeant. 

Je considère ces accusations être fausses, parce que je suis convaincu que de bonnes relations sociales alternatives existent déjà et que nous pouvons les étendre et travailler avec. Au lieu de cette fiction de “société libérée”, nous devrions nous aligner sur la vison d’une utopie faisable et concrète, orienter nos luttes autour d’elle et essayer de progresser toujours plus en tant que minorité radicale. De mon point de vue, les humains sont des animaux sociaux qui ne peuvent que se développer et se déterminer comme personnes spéciales, individuellement, dans la société. Les institutions ne sont pas des structures de domination per se, c’est un fait social établi que les gens développent des institutions, c’est pourquoi leur façonnement est important. (NdR71 : toute institution centralisée, privée ou étatique ne peut être que structure de domination de par le rapport hiérarchique intrinsèque. Une institution est une infrastructure qui ne peut refléter que son environnement… La commune libre serait une “institution” en tant qu’infrastructure sociale échappant au rapport de coercition, elle ne pourrait donc avoir qu’une influence positive, nous sommes en cela d’accord avec Eibish )

[…]

Devenir capable d’agir en contradictions

Ceci me ramène à mes questions initiales : Qu’est-ce que les anarchistes entendent par politique ? Comment la gèrent-ils ? Peut-il vraiment y avoir une politique autonome allant au-delà du cadre de relation politique de domination et qui n’est pas phagocytée par l’État ? Malheureusement, je ne peux pas répondre à ces questions de manière conclusive. Ceci est due à mon approche non-dogmatique par laquelle je trouve plus important de poser plus de questions et de discuter plus avant que de donner des réponses définitives ou de formuler des définitions fixes. Ainsi donc, je désirerais partager mes questions avec quiconque est intéressé et les encourager d’y penser également.

Je pense qu’il est vrai qu’il y a une contradiction théorique dans l’anarcho-communisme quand, d’un côté, il est utilisé pour entrer le champ politique et d’un autre côté, la critique anarchiste de la décision politique demeure en lui. 

NdR71 : il n’y a pas de contradiction quand on pense hors de la “boîte” étatico-marchande, quand la décision politique, le pouvoir, est réintégré dans le corps social, hors institutions coercitives, car à terme, on ne peut pas échapper au “pouvoir”, à la capacité et au besoin de prendre des décisions dans une communauté, une société sans pouvoir n’existe pas ; ce qu’il y a en revanche, ce sont des sociétés à pouvoir non-coercitif et des sociétés à pouvoir coercitif. La grande question historico-anthropologico-politique est de savoir pourquoi passe t’on d’un pouvoir non-coercitif somme toute naturel pour l’humanité de -1,8 millions d’années jusqu’à il y a quelques 5000 ans, à un pouvoir coercitif, d’abord en alternance, puis “définitif” par construction au moyen de l’état et d’institutions garde-chiourmes d’un système de domination par le plus petit nombre et ceci est-il irrémédiablement irréversible sachant que tout construction humaine, car c’est de cela qu’il s’agit ici, peut se déconstruire avec plus ou moins de perte et fracas selon les circonstances ? Rien n’est inéluctable dans une construction sociale, il est toujours possible de changer de relation, à tout moment, on ne dit pas que c’est facile, on dit que c’est tout à fait possible… encore faut-il le vouloir et pour le vouloir, d’abord en être conscient. [fin de note]

Malgré le fait que cette contradiction est aussi présente dans les autres tendances anarchistes bien que cela soit souvent ignoré de façon romantique ou balayé d’un revers de la main, la question demeure de savoir si c’est si mal que ça. Ceci n’est pas du à une quelconque anomalie de la pensée anarchiste. Cela surgit plutôt du cadre des conditions d’un certain ordre de domination, aux côtés duquel et au delà duquel il y a aussi des conditions sociales désirables que les anarchistes puissent aussi positivement se référer.

En bref, la domination et la liberté existent simultanément. Si cela n’était pas le cas, les anarchistes n’auraient pas à combattre pour quoi que ce soit d’autre. Ceci est vrai même s’ils devaient se consacrer essentiellement à la destruction des stuctures de domination. Si aucun changement désirable n’était possible, les anarchistes resteraient rhétoriques ou ils fusionneraient avec des groupes politiques et feraient de la politique pour une clientèle spécifique ; ou ils sombreraient dans le nihilisme, qui est une conclusion absurde. Même si ces signes de décomposition sont présents, je suis convaincu que les gens peuvent être par principe investis du pouvoir de déterminer leurs propres vies et pour se battre pour une société socialiste libertaire qui continuera à être défiée et développée par l’anarchie.

Finalement, il devrait être question de savoir comment les anarchistes peuvent être capables d’agir en contradictions afin de briser le cadre de l’ordre de la domination, de créer des communautés auto-organisées et d’y créer des relations ainsi que des institutions égalitaires, libertaires et solidaires. Cela est-il possible et comment le faire devra être discuter ailleurs sur la base d’exemples particuliers. Pour l’anarcho-communisme, les pensées et actions de gens comme Emma Goldman et Errico Malatesta peuvent inspirer. Dans leurs textes et biographies, je vois une motivation et une implication continues d’amener des groupes différents eux aussi marginalisés, opprimés, exploités dans un projet social révolutionnaire commun. Ce faisant, ils connectent différents champs de lutte, tentent de relier des points de vue anarchistes divergents et prennent des positions claires sur des problèmes bien spécifiques.

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NdR71 : Jonathan Eibish a aussi écrit sur le thème de l’anarchisme individualiste. Nous comprenons que ces textes éparses font partie de sa thèse de doctorat sur la théorie politique de l’anarchisme. Ci-dessous nous avons traduit la conclusion de la partie :

“L’anti-politique dans l’anarchisme individualiste” (2022) sans traduire le corps du texte, afin de sensibiliser sur les deux parties fondamentales de l’approche anarchiste de la société et des rapports de pouvoir et surtout tenter de faire comprendre qu’ils sont complémentaires et non pas antagonistes. Quoi que l’on fasse politiquement, tout par de l’individu, de sa conscience politique, de sa morale et de la façon dont il/elle interagit avec sa réalité, elle-même une réalité sociale collective. L’individu politiquement éveillé et actif rayonne sur ses extérieurs et s’associe volontairement, en retour l’association volontaire influe sur les individus la composant, la rendant plus vaste et compréhensive, supérieure à la somme de ses individus. Tout est là…

=> Conclusion (de Eibish sur l’anarchisme individualiste) :

En terme politique, cela veut d’abord dire : commencer à changer les choses avec soi-même et son propre environnement. C’est dans ce contexte que nous nous connaissions et là où nous faisons l’expérience de notre efficacité, ce qui est crucial pour transformer nos propres vies en ce changement que nous voulons voir pour le monde. Pour ce faire, nous ne devons pas discuter pompeusement de la révolution ou affirmer que les conditions pour un changement radical et émancipateur sont absentes, parce qu’elles sont toujours là ou ne le seront jamais.

En termes d’organisation, deuxièmement, cela veut dire organiser sur la base de relations sociales tangibles dès que possible. Ceci ne veut pas dire être amis avec tous les camarades, mais de développer des affinités avec eux. C’est donc une question de façonner activement les relations en accord avec sa demande, de communiquer de manière sensible, et de se traiter les uns les autres avec respect. Même les grands mouvements sociaux ne sont aussi forts que les individus qui les composent et leur capacité à s’unifier directement, à se faire confiance et à coopérer les uns avec les autres ; ceci ne tombe pas du ciel, c’est activement encouragé.

Troisièmement, un scepticisme au sujet de la décision politique peut être dérivée de l’anarchisme individualiste, ce qui est en fait approprié et peut bien être justifié. Les actions ne “réussissent” pas seulement si elles peuvent être utilisées pour exercer une pression sur l’Etat pour qu’il se sente obliger d’émettre des réformes en pratique. Les actions directes parlent d’elles-mêmes et ont un effet immédiat sur les choses que l’on veut critiquer et changer. Ceci demande que les individus agissent activement, volontairement, respectivement et consciemment, c’est à dire de manière auto-déterminée. Ceci anticipe ce que les anarchistes dans leur ensemble luttent pour : une forme de société dans laquelle tout le monde vit dans les conditions qui les aident à déterminer et à façonner leurs vies par eux-mêmes. Que l’action résultante soit alors appelée “action politique” ou pas n’est pas important. La chose vitale est de s’éloigner du mode nationalisé d’action politique.

NdR71 : manifestement, J. Eibish est plus à l’aise pour analyser l’anarchisme individualiste que l’anarcho-communisme vu plus haut… 

Pour nous, Il n’y a pas d’antagonisme entre anarchisme individualiste et anarcho-communisme, il y a complémentarité qui doit être bien comprise. Tout part de l’individu pour y retourner par le truchement du collectif, de la capacité unique de l’individu de dire NON ! et de librement s’associer. Ce rayonnement passe des individus aux collectifs qui en retour agissent sur les individus pour que la société résultante soit plus grande que la somme des individus qui la composent. Là réside la force organique de l’anarchie. Le marxiste de parti a une mentalité de ruche, qui sacrifie l’individu à l’autel d’un collectif dirigé par une nomenklatura “avant-gardiste” donc élitiste à vocation dogmatique et coercitive. L’anarcho-communiste fonde son communisme sur les communes d’individus volontairement associées se perfectionnant les unes les autres par le truchement de la relation individuelle et collective. C’est une voie à deux sens qui met l’individu au cœur du communisme et non pas qui assujettit l’individu à un nouveau mode de domination collectiviste pseudo-communiste. L’anarcho-communisme est en adéquation avec la nature, il est la vie ; le marxisme institutionnel en est la négation, il est l’autre côté de la même pièce étatico-marchande du capitalisme et n’est que mort et putréfaction. Le choix est indéniablement vite fait pour quiconque réfléchit critiquement et donc radicalement (sur la racines des choses…).

= = =

“Obéir, non ! Et gouverner ? Jamais !”
~ F. Nietzsche (Le gai savoir #33) ~

“Là où cesse l’État, c’est là que commence l’Homme, celui qui n’est pas superflu : là commence le chant de ce qui est nécessaire, la mélodie unique et irremplaçable. Là où cesse l’État — regardez donc mes frères ! Ne les voyez-vous pas, l’arc-en-ciel et les ponts du surhumain ?”
~ Friedrich Nietzsche, “De la nouvelle idole” ~

L’état n’est pas quelque chose qui peut être détruit par une révolution, mais il est un conditionnement, une certaine relation entre les êtres humains un mode de comportement humain, nous le détruisons en contractant d’autres relations, en nous comportant différemment.
~ Gustav Landauer ~

Lecture complémentaire importante de ce texte de Jonathan Eibish :

“Le communisme anarchiste”, Sam Dolgoff, traduit par Résistance 71

Il n’y a pas de solution au sein du système ! (Résistance 71)

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

+

5 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

Société des sociétés organique avec Gustav Landauer

TLPARP

GL sur R71 cobra

Les piliers de la 3ème guerre mondiale, G5G, contre nous, les peuples (Résistance 71)

Posted in 3eme guerre mondiale, actualité, altermondialisme, autogestion, coronavirus CoV19, crise mondiale, démocratie participative, gilets jaunes, guerres hégémoniques, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, politique et social, politique française, réchauffement climatique anthropique, résistance politique, santé et vaccins, science et nouvel ordre mondial, sciences et technologies, société des sociétés, technologie et totalitarisme, terrorisme d'état, Union Europeenne et nouvel ordre mondial with tags , , , , , , , , , , , , , , on 10 mai 2023 by Résistance 71

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Palestine occupée : Résistance unifiée

Les piliers de la 3ème guerre mondiale en cours, guerre de 5ème génération contre les peuples et voie de sortie

Résistance 71

10 mai 2023

Dans un article récent que nous avons publié le 24 avril dernier, “3ème guerre mondiale en cours : guerre de 5ème génération -G5G – contre les peuples, petit aperçu de notre réalité”, nous avions esquissé un historique des guerres et les fondations de la guerre en cours contre nous, les peuples du monde, menée par le système étatico-marchand dans sa phase capitaliste terminale auto-destructrice et sa caste d’oligarques le servant.

Il suffit de regarder autour de soi, dans n’importe quelle société du monde occidental  et/ou industrialisé pour se rendre compte des effets pervers et destructeurs des politiques sciemment mises en place par l’oligarchie pour nous mener là où elle le désire et où le système a besoin d’aller : le Nouvel Ordre Mondial et la Grande Réinitialisation dont le Forum Economique Mondial (FEM) / Davos est le grand architecte suivant une idéologie bien précise eugéniste et transhumaniste devenue quasi religieuse depuis le XIXème siècle.

Les piliers sur lesquels s’appuient cette idéologie génocidaire sont les suivants :

  • Destruction des économies : locale et mondiale par la manipulation bancaire, monétaire, les taux d’intérêt, inflation, scarcité et autres artifices de crise fabriqués.
  • Destruction des sociétés : sur un plan culturel, ethnique, démographique à grand renfort d’idéologie immigra-sioniste sauvage, renforcée par les guerres incessantes menées par l’occident forçant des populations entières à migrer, se déplacer pour fuir la destruction apportée par l’occident violent, dominateur et colonialiste, d’idéologie de destruction des sociétés et leur mode de fonctionnement naturel comme la reproduction en détruisant les rapports naturels homme-femme via des idéologies de genre et transgenre destructrices, ceci allant de paire avec la destruction des rapports familiaux, des rapports naturels de personnes adultes procréant pour le développement de l’humanité, la survie de l’espèce. Culture de l’abrutissement, de l’analphabétisme et de la pensée unique.
  • Contrôle de l’énergie : des ressources, fluctuation artificielle de la rareté, fluctuation artificielle des prix ; promotion de l’idéologie religieuse et frauduleuse du réchauffement climatique anthropique pour un nouveau capitalisme vert destructeur de nos vies et modes de subsistance.
  • Contrôle de la nourriture : des engrais (crise induite via transports, guerres, industrie chimique), des semences (OGM) et des quotas agricoles, fausses pandémies animales ou artificiellement provoquées. Contrôle artificiel des imports/exports, scarcité induite menant pas à pas à la famine généralisée.
  • Contrôle des populations : crises fabriquées, guerres, ouverture des vannes du flot migratoire artificiel, pandémies fabriquées, empoisonnement (chimique, GMO, fausses vaccinations arme biologique à ARNm, épidémies de promiscuité par les flots migratoires incontrôlés de gens malades (tuberculose, typhus etc…), implication de Big Pharma avec les gouvernements… Poussée pour le tout numérique, CNI numérique, QR codes, monnaie virtuelle, internet des choses, le tout connecté et donc traçable dans des villes 15min-goulag.
  • Notez que ces trois derniers piliers sont tout droit issus du NSSM 200 de Henry Kissinger des années 70… La planification moderne du marasme en cours date d’une cinquantaine d’année à peine.

Tout ceci est planifié de longue date et se mettait en place de manière structurelle de toute aussi longue date, ce qui leur manquait était la technologie, la caste oligarchique la possède aujourd’hui et la science tronquée des modèles informatiques et la poussée technologique (communication avec la 4, 5G, les OGM, l’IA, la nanotechnologie, etc) se fait non pas dans le sens d’une amélioration de nos vies, mais dans le sens de la mise en place d’une grille de contrôle technotronique planétaire, d’un goulag technotronique sous couverts de plandémies, de pseudo agenda vert de lutte contre cette escroquerie de “réchauffement anthropique” et de protection anti-“terroriste”, alors que la terreur est le seul business des états et de leurs commanditaires de la haute finance, à tous les échelons de la société. Sciences détournées, tronquées, biaisés et pseudo-sciences sont les outils de notre mise en esclavage actuelle et future.

Que faire ?

Une fois compris et pleinement réalisé cette dure réalité qui nous confronte, il est essentiel aussi de comprendre que la pourriture oligarchique qui mène le système étatico-marchand dans sa énième mutation dictatoriale ne s’arrêtera pas en chemin. Ils ne se réveilleront pas un beau matin se disant “allez ça suffit on arrête, on est vraiment trop méchants avec ces pauvres gens !…” Ils iront jusqu’au bout et ils ne s’arrêteront que quand NOUS, les peuples, les arrêterons et pas avant.

Nous ne les arrêterons pas en votant, en mettant d’autres baltringues au pouvoir, ni en réformant ce système déjà bien au-delà de toute rédemption possible. Nous devons reprendre le pouvoir et le rediluer dans le corps social, là où il est le plus soluble et le plus efficace pour le seul bien commun de l’humanité, nous devons ouvrir les esprits et œuvrer en tout et pour tout afin de mettre en place la coopération des associations libres, la confédération des communes libres à pouvoir non coercitif.

Tout commence par DIRE NON ! Refuser d’obéir, leur retirer notre consentement comme nous retirons le tapis de dessous les pieds d’un tyran. Il est vital de comprendre que le système fonctionne parce que nous Y CONSENTONS ! Le prochain système en gestation fonctionnera de la même manière : PAR NOTRE CONSENTEMENT ! En disant NON ! Assez est assez ! ¡YA BASTA! en nombre, haut et fort et remplaçons notre consentement systémique par une action libre associative avec nos pairs, court-circuitant institutions et entités commerciales mortifères, et ce sera la fin de partie pour l’oligarchie et le système qui la crée en permanence pour le servir.

Dire NON ! Commence avec ces petites choses de la vie quotidienne : refuser les injections ARNm, refuser les smart phones, refuser d’utiliser toute cette merdasse électronique de contrôle plus avant, QR code, etc, refuser le tout numérique, la 5G, l’internet des choses, refuser les CNI numérique, le fric numérique, refuser les OGM, les piles au lithium, le paradigme capitaliste vert en marche suivant cette escroquerie prouvée au CO2, douter de tout, tout vérifier et ne jamais donner son consentement aux nouvelles technologies qu’on nous impose, etc, etc. Ce n’est en rien pour “notre bien”, comprenez-ça une fois pour toute !

La chose la plus importante à comprendre et à intégrer dans nos réflexions et nos actions est celle-ci : ILS ONT BESOIN DE NOUS POUR FONCTIONNER… NOUS N’AVONS EN RIEN BESOIN D’EUX POUR LE FAIRE !

Prenez l’affaire par le bout que vous voulez, analysez en long en large et en travers, vous en viendrez inéluctablement à cette même conclusion.

La seule question importante et pertinente qui en dérive est donc celle-ci :

QU’ATTENDONS-NOUS ??…

Devenons S.olidaires U.nis P.ersévérants R.éflechis A.ctifs / S.U.P.R.A Résistants

A bas l’État ! A bas la marchandise ! A bas l’argent ! A bas le salariat !

Vive La Commune Universelle de notre humanité enfin réalisée !

Il n’y a pas de solution au sein du système ! (Résistance 71)

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

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5 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

Société des sociétés organique avec Gustav Landauer

Stoppourriture

Personne ne nous sauvera, seuls nous pouvons le faire et personne d’autre
Pas de deus ex machina, comprendre notre réalité est la clef…

TLPARP

Réflexion politique critique : Faux-sens sur l’anarchisme (Sam Dolgoff)

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, crise mondiale, démocratie participative, gilets jaunes, guerres hégémoniques, militantisme alternatif, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, philosophie, politique et social, politique française, résistance politique, société des sociétés, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , on 23 avril 2023 by Résistance 71

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“Qu’est-ce que l’État ? C’est le signe achevé de la division dans la société, en tant qu’il est l’organe séparé du pouvoir politique: la société est désormais divisée entre ceux qui exercent le pouvoir et ceux qui le subissent. La société n’est plus un Nous indivisé, une totalité une, mais un corps morcelé, un être social hétérogène… »
~ Pierre Clastres ~

“Les deux grandes questions incontournables de l’anthropologie politique sont:
1- Qu’est-ce que le pouvoir politique, c’est à dire qu’est-ce que la société ?
2- Comment et pourquoi passe t’on du pouvoir politique non-coercitif au pouvoir politique coercitif, c’est à dire qu’est-ce que l’histoire ?”
~ Pierre Clastres, 1974 ~

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Faux-sens sur l’anarchisme

Sam Dolgoff*

1986

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

Avril 2023

Ceci est un passage de son livre : “Fragments : A memoir”, 1986

(*) Sam Dolgoff (1902~1990) : né en URSS (Biélorussie), il émigre avec ses parents aux Etats-Unis en 1905. Peintre en bâtiment de profession. Devient socialiste révolutionnaire après sa rencontre avec Gregory Maximov, qui devient son ami et mentor. Il passe sa vie à la compréhension théorique et pratique de l’anarchisme. Son équivalent francophone serait Gaston Leval. Tous deux ont profusément écrits sur les expériences anarchistes au cours de la révolution espagnole de 1936-39. Dolgoff est l’auteur d’un excellent livre compilation “Les collectifs anarchistes, l’autogestion des travailleurs dans la révolution espagnole de 1936-39” (1974), il a aussi écrit sur “L’illusion du Parti socialiste” en 1960, sur la révolution cubaine (1974), sur l’anarchisme et la société moderne (1977) et sur l’anarchisme et la technologie (1986). Nous aimons particulièrement son style simple, efficace, ancré dans la réalité et s’adressant au commun des mortels et non pas à une “élite” intellectuelle “avant-gardiste”. A lire de paire avec Gaston Leval. Deux auteurs d’une actualité brûlante qui mettent en perspective réaliste et viable l’approche anarchiste organique de l’organisation sociale pour sortir du marasme absolu et terminal dans lequel nous sommes présentement engagés avec l’organisation sociale de la domination étatico-marchande.

L’anarchisme n’est pas un individualisme anti-social absolu

L’anarchisme ne connote pas une liberté individuelle absolue, irresponsable et anti-sociale, qui viole les droits des autres et rejette toute forme d’organisation et d’auto-discipline. La liberté individuelle absolue ne peut être atteinte qu’en isolation (dans la mesure où cela est possible : “Ce qui rend vraiment la liberté impossible et la supprime tout en rendant l’initiative impossible c’est l’isolation, qui nous rend impuissant.Errico Malatesta, Life and Ideas, Freedom Press, p. 87)

L’anarchisme est synonyme de termes comme “socialisme libre” ou “anarchisme social”. Comme l’implique le terme “social”, l’anarchisme est l’association libre de gens vivant ensemble et coopérant dans des communautés libres. L’abolition de l’État et du capitalisme, l’autogestion des activités de travail par les travailleurs eux-mêmes, la distribution en fonction des besoins, l’association libre, sont les principes qui, pour toutes tendances socialistes, constituent l’essence même du socialisme.

Pour se distinguer des différences fondamentales sur le comment et quand ces objectifs seront réalisés, ainsi qu’en provenance des individualistes anti-sociaux, Pierre Kropotkine et les autres penseurs anarchistes ont défini l’anarchisme comme “l’aile gauche du mouvement socialiste”. L’anarchiste russe Alexeï Borovoï a déclaré que la bonne base de l’anarchisme dans une société libre, est l’égalité de tous ses membres dans une organisation libre. L’anarchisme social pourrait être défini comme le droit égal à être différent.

L’anarchisme n’est pas la liberté illimitée ni la négation de la responsabilité

Dans les relations sociales entre les personnes, certaines normes sociales volontaires devront être acceptées, comme l’obligation de remplir les conditions d’un accord librement accepté. L’anarchisme n’est pas un “non gouvernement”. L’anarchisme est l’auto-gouvernement (ou son équivalent d’auto-administration). Ceci veut dire auto-discipline. L’alternative à l’auto-discipline est l’obéissance forcée de dirigeants sur leurs sujets. Pour éviter ceci, les membres de chaque association font eux-mêmes et librement les règles de leur association et s’accordent pour suivre les règles fixées par eux-mêmes. Ceux qui refusent de les honorer après les avoir librement acceptées et ne remplissent pas leur part de responsabilité dans cet accord volontaire se verront refuser les bénéfices que procurent l’association. (NdT : à terme, ces personnes n’auront plus d’autre choix que de partir pour trouver un accord qui leur conviendrait mieux, ou, comme on va le voir plus loin, si suffisamment nombreux, faire sécession…)

Le droit de faire sécession

Les sanctions pour violations de l’accord sont contre-balancées par le droit inaliénable de faire sécession. Le droit pour des groupes ou des individus de choisir leurs propres formes d’association est, d’après Bakounine, le plus important des droits politiques. L’abrogation de ce droit mène directement à la réintroduction de la tyrannie. Vous ne pouvez pas faire sécession depuis la cellule d’une prison. La sécession ne va pas paralyser l’association. Les personnes ayant un intérêt commun fort vont coopérer (NdT : observons l’oligarchie du système actuel, leurs intérêts financiers et politiques communs les font coopérer au plus haut degré malgré la concurrence de marché qui parfois les anime…), ceux qui risquent plus de perdre en faisant sécession vont compromettre leurs différences. Ceux qui ont peu ou rien en commun avec la collectivité ne vont pas blesser la communauté associative en faisant sécession, mais vont au contraire, éliminer une source de frictions internes, promouvant ainsi une meilleure harmonie générale.

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La différence essentielle entre l’anarchisme et l’État

La grande différence entre le concept anarchiste d’une autorité commune librement acceptée en échange de services et qui représente l’administration des choses, diffère fondamentalement de l’autorité de l’État, qui lui domine et dirige sur ses sujets, le peuple. Exemple : réparer ma télévision : l’autorité du technicien expert s’arrête lorsque la réparation est effectuée. La même chose se produit lorsque je suis d’accord pour repeindre l’atelier du technicien. L’échange réciproque de biens ou de services est une relation coopératrice limitée, non personnelle, ce qui exclut automatiquement toute forme de dictature. Au contraire de l’État qui est un appareil de gouvernement qui intervient en tout et pour tout et interfère dans tous les aspects de ma vie, ce, de ma naissance à ma mort et où je suis obligé d’obéir à toute loi, tout décret, de subir un harcèlement constant, une abrogation de mes droits (NdT : devenus à ce stade, de petits privilèges accordés temporairement et révocables à tout moment, c’est ce que nous constatons constamment de nos jours…), un emprisonnement potentiel voire même la mort en certains cas.

Des gens peuvent librement faire sécession d’un groupe ou d’une association, même organiser la leur. Mais ils ne peuvent pas échapper à la juridiction de l’État. S’ils arrivent finalement à s’échapper dans un autre état, alors ils sont immédiatement soumis à la juridiction du nouvel état où ils se trouvent.

Remplacer l’État

Les concepts anarchistes ne sont pas concoctés artificiellement par les anarchistes. Ils sont dérivés de tendance déjà au travail. Kropotkine, qui a formulé la sociologie de l’anarchisme, insista sur le fait que la conception anarchiste de la société libre est fondée sur “ces données qui sont déjà fournies par l’observation de la vie dans le temps présent.Les théoriciens anarchistes se sont limités à suggérer l’utilisation de tous les organismes utiles de l’ancienne société afin de construire une nouvelle. Que “les éléments de la nouvelle société se développent déjà dans l’effondrement de la société bourgeoise” (Marx), ceci est un principe fondamental partagé par toutes les tendances du mouvement socialiste.  L’écrivain anarchiste Colin Ward résume admirablement biien ce point : “Si vous voulez construire la nouvelle société, tous les matériaux nécessaires sont déjà disponibles”.

Les anarchistes cherchent à abolir et remplacer l’État, non pas par le chaos, mais avec les formes naturelles spontanées d’organisation qui ont émergé à chaque fois que l’entraide et l’intérêt commun par la coordination et l’auto-gouvernement sont devenus nécessaires. Cela jaillit de l’inévitable interdépendance de l’humanité et la volonté d’harmonie. Cette forme d’organisation est le “fédéralisme”. Une société sans ordre est inconcevable. Mais l’organisation de l’ordre n’est pas le monopole exclusif de l’État. Le fédéralisme est une forme d’ordre social qui précéda l’usurpation de la société par l’État et qui lui survivra.

Il n’y a pratiquement pas de forme d’organisation qui, avant d’être usurpée par l’État, ne fut pas fédéraliste par nature. On pourrait remplir des volumes de la simple liste de vastes réseaux de fédérations et de confédérations locaux, régionaux, nationaux et internationaux, embrassant la totalité de la vie sociale. La forme fédérée de l’organisation rend pratique pour tous les groupes et fédérations de bénéficier de l’unité et de la coordination tout en exerçant l’autonomie au sein de leur sphère, étendant ainsi le champ de leur liberté. Le Fédéralisme, synonyme d’accord libre, est l’organisation de la liberté. Comme l’avait dit Proudhon : “Celui qui parle de liberté sans parler de fédéralisme, ne dit rien.”

NdR71 : Ceci dit, nous pensons que le fédéralisme à la sauce proudhonienne est très ambigu. Il suffit de lire le livre de Proudhon : “Du principe fédératif” pour comprendre que Proudhon demeure très proche, trop proche de fait, d’entités organisationnelles étatiques qu’il voudrait voir “réformées”. Sam Dolgoff est ici beaucoup plus clair et semble avoir mieux compris le principe fédératif. Nous avons dit par ailleurs et pensons toujours que Proudhon est le maillon faible de la chaîne anarchiste. Il se doit d’être lu et étudié, comme Marx, il n’a pas dit que des conneries, mais il en a dit pas mal quand même… Voir l’anarchisme et l’englober dans une sorte de “néo-proudhonisme” à la sauce “woke” XXIème siècle serait la pire des erreurs à faire ! C’est pourtant là que s’enferme et gesticule la “gauche bobo” collaboratrice du système à l’insu de son plein gré, tentant de mener le système dans cette dimension, toute pilotée qu’elle est par l’oligarchie en place…
A Résistance 71, nous n’employons jamais le terme de “fédéralisme” devenu ambigu et synonyme de confusion politique. Notre concept est emprunté à Gustav Landauer et sa société des sociétés organique.

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Après la révolution

La société est un vaste réseau de travail coopératif interconnecté et toutes les institutions profondément enracinées qui fonctionnent de manière efficace maintenant continueront de fonctionner pour la simple raison que l’existence même de l’humanité dépend de cette cohésion interne. Ceci n’a jamais été remis en question par quiconque. Ce dont on a besoin, est l’émancipation des institutions autoritaires sur la société et de l’autoritarisme au sein des organisations elles-mêmes. Par dessus tout, elles doivent être infuser d’un esprit révolutionnaire et de la confiance en la capacité créatrice des gens, du peuple. Kropotkine, en faisant émerger la sociologie de l’anarchisme, a ouvert une zone de recherche fertile qui a été largement négligée par les scientifiques sociaux qui passent leur temps à cartographier de nouvelles zones pour le contrôle d’état.

Les anarchistes furent principalement concernés par les problèmes immédiats de la transformation sociale auxquels on devra faire face dans chaque pays après la révolution sociale. Ce fut pour cette raison que les anarchistes ont essayé de faire émerger des mesures pour répondre aux problèmes pressants qui vont le plus probablement émerger pendant ce que le penseur révolutionnaire anarchiste italien Errico Malatesta a appelé “une période de réorganisation et de transition”. Un résumé de la discussion de Malatesta de quelques unes des questions les plus importantes suit.

Les problèmes cruciaux ne peuvent pas être évités en les repoussant aux calendes grecques, à cette époque aussi lointaine qu’aléatoire quand les masses auront totalement compris et seront convaincues de l’anarcho-communisme. Nous, les anarchistes, devons avoir nos solutions si nous ne voulons pas jouer le rôle de “vieux ronchons inutiles et politiquement impuissants”, tandis que des autoritaires moins scrupuleux mais plus réalistes saisissent le pouvoir. Anarchie ou pas, le peuple doit manger et avoir les nécessités de base de la vie. Les villes doivent être approvisionnées et les services vitaux ne peuvent pas être interrompus. Rien ne peut se faire en un jour.

L’organisation de la société anarcho-communiste sur une grande échelle ne peut se faire que graduellement, les conditions matérielles le permettant et avec les masses se persuadant elles-mêmes des bénéfices à être gagnés alors qu’elles deviennent graduellement psychologiquement accoutumées aux changements radicaux dans leur mode de vie. Comme le communisme libre et volontaire (le synonyme de Malatesta pour anarchisme) ne peut pas être imposé, Malatesta a insisté sur la nécessité de la coexistence de formes économiques variées : collectiviste, mutualiste, individualiste, sous condition qu’il n’y ait pas exploitation d’autrui. Malatesta fut confiant que l’exemple réussi des collectifs libertaires attireront les autres dans l’orbite de la collectivité.. en ce qui me concerne, je ne crois pas qu’il y ait “une” solution à la question sociale, mais sans doute mille solutions différentes changeantes, de la même manière que l’existence sociale est différente dans le temps et dans l’espace.

[Errico Malatesta, Life and Ideas, edited by Vernon Richards, Freedom Press, London, pp. 36, 100, 99, 103–4, 101, 151, 159]

L’anarchisme “pur” est utopie

L’anarchisme “pur” est défini par le penseur et écrivain anarchiste George Woodcock comme étant “le groupe d’affinité souple et flexible qui n’a pas besoin d’organisation formelle et qui propage les concepts anarchistes au moyen d’un réseau invisible de contacts personnels et d’influences intellectuelles.” Woodcock argumente que l’anarchisme “pur” est incompatible avec les mouvements de masse comme l’anarcho-syndicalisme par exemple parce qu’ils ont besoin d’organisations stables précisément parce qu’il bouge dans un monde qui n’est que partiellement gouverné par des idéaux anarchistes,,, et fait des compromis avec les situations au jour le jour…

[L’anarcho-syndicalisme] doit maintenir l’allégeance des masses [de travailleurs] qui ne sont que de très loin au courant du but final de l’anarchisme. [Anarchism, pp. 273–4]

Si ceci est vrai, alors l’anarchisme est une utopie, parce qu’il n’y aura jamais un temps où tout le monde sera un anarchiste “pur” et parce que l’humanité devra toujours faire “des compromis avec la situation au jour le jour”. Cela ne veut pas dire que l’anarchisme rejette les “groupes d’affinité”. En fait, c’est précisément parce que la variété infinie d’organisations volontaires qui sont formées, dissoutes et reconstruites en accord avec les fluctuations conjoncturelles et individualistes, reflètent les préférences individuelles, qu’elles constituent la condition indispensable d’une société libre.

Mais les anarchistes insistent sur ce que la production, la distribution, l’échange communicatif et autre indispensable qui doivent être coordonnés à une échelle mondiale dans notre monde moderne indépendant, doivent être fournis sans coup férir par des organisations “stables” et ne peuvent pas être laissés aux humeurs fluctuantes des individus. Il y a des obligations sociales que chaque individu sain de corps et d’esprit doit remplir si il ou elle s’attend à jouir des bénéfices du travail collectif. Ceci devrait être axiomatique que de telles associations “stables” indispensables, organisées de manière anarchiste, ne sont pas des déviations. Elles constituent l’essence de l’anarchisme pour qu’il soit viable en tant qu’ordre social.

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Cartographier le chemin vers la liberté

Les anarchistes ne sont pas des êtres naïfs attendant l’installation de a société parfaite composée d’individus parfaits qui auraient miraculeusement mué de leurs préjudices et biais induits et dépassés leurs habitudes dès le “jour d’après la révolution”. Nous ne nous préoccupons pas  de ce à quoi ressemblera la société dans un futur lointain lorsque le paradis sur terre aura enfin été atteint. Mais nous sommes concernés par dessus tout, par la direction que prend le développement humain. Il n’y a pas d’anarchisme “pur”. Il n’y a que l’application de principes anarchistes aux réalités de la vie sociale. Le seul et unique but de l’anarchisme est de propulser la société dans une direction anarchiste.

Vu de cette manière, l’anarchisme est un guide pratique viable et crédible de l’organisation sociale. Autrement vu, il est voué à demeurer dans les rêves utopiques et ne peut en aucun cas devenir une force vive, vivante et organique.

= = =

“Là où cesse l’État, c’est là que commence l’Homme, celui qui n’est pas superflu : là commence le chant de ce qui est nécessaire, la mélodie unique et irremplaçable. Là où cesse l’État — regardez donc mes frères ! Ne les voyez-vous pas, l’arc-en-ciel et les ponts du surhumain ?”
~ Friedrich Nietzsche, “De la nouvelle idole” ~

Lectures complémentaires :

Sam Dolgoff sur Résistance 71

“Le communisme anarchiste”, Sam Dolgoff, PDF

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Il n’y a pas de solution au sein du système, n’y en a jamais eu et ne saurait y en avoir ! (Résistance 71)

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

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5 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

Société des sociétés organique avec Gustav Landauer

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Zapatistes du Chiapas, Mexique et racines indigènes… Une communauté en armes (Tikva Honig-Parnass, PDF)

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, colonialisme, crise mondiale, démocratie participative, gilets jaunes, guerres hégémoniques, militantisme alternatif, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, philosophie, politique et social, résistance politique, société des sociétés, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , on 17 avril 2023 by Résistance 71

Unknown

Résistance 71

17 avril 2023

Si tu es venu ici pour m’aider,
Tu perds ton temps…
Mais si tu es venu parce que
Ta libération est liée à la mienne,
Alors, travaillons ensemble.
Groupe d’activistes aborigènes, Queensland, Australie, 1970

EZLN_Chiapas_Une-communaute-en-armes-tikva-honig-parnass
PDF à lire et diffuser sans aucune modération

TLPARP

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Territoires zapatistes… Terre et Liberté !

Une communauté en armes et en rébellion, les racines indigènes de l’EZLN zapatiste, Chiapas, Mexique 2/2 (Tikva Honig-Parnass)

Posted in 3eme guerre mondiale, actualité, altermondialisme, autogestion, colonialisme, crise mondiale, démocratie participative, guerres hégémoniques, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, philosophie, politique et social, résistance politique, société des sociétés, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , on 8 avril 2023 by Résistance 71

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“Vous devriez tous disparaître, pas seulement parce que vous représentez une aberration historique, une négation de l’humain et une cruauté cynique, mais aussi parce que vous êtes une insulte à l’intelligence. Vous et votre système nous rendez possibles, vous nous faites grandir. Nous sommes votre alter-ego, votre frère siamois opposé. Pour nous faire disparaître, vous devez disparaître…”
~ Communiqué zapatiste lors de l’intronisation du président mexicain Ernesto Zedillo, 1er décembre 1994 ~

Une communauté en armes, les racines indigènes de l’EZLN

Tikva Honig-Parnass*

2019

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

Avril 2023

1ère partie

2ème partie

(*) Née et élevée dans une famille ultra-sioniste dans la pré-Palestine de 1948, elle fut secrétaire du parti de gauche Mapam (parti unifié des travailleurs) et membre du parlement de la Knesset entre 1951 et 1954. Elle rompt définitivement avec le sionisme en 1960 et devient activiste politique et écrivain pro-palestinienne. Elle travaille avec le mouvement Matzpen et publie plusieurs livres dont “Between the Lines” (2007), titre homonyme de la revue qu’elle a créée avec le Palestinien Toufik Haddad.

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Chiapas, Mexique et Amérique latine : le radicalisme anti-capitaliste

Incidemment, le soulèvement zapatiste se fit le jour où les accords du NAFTA furent confirmés. Cela représentait symboliquement

Cela représentait symboliquement l’anti-capitalisme et anti-impérialisme profondément ancrés que le Chiapas partageait avec “d’autres peuples indigènes du Mexique et ailleurs en Amérique Latine », que le Chiapas partageait avec “d’autres peuples indigènes du Mexique et ailleurs en Amérique Latine”, comme le fit remarquer Cleaver. C’était un cri de rage contre le capitalisme en tant que tel, et pas seulement contre les formes spécifiques proéminentes dans l’ère de l’économie dite néo-libérale ou contre ses effets sur les seuls peuples indigènes.

En même temps, ils avaient suffisamment bien compris son potentiel désastreux pour eux-mêmes qui étaient la première cible de ces politiques de dépossession.

La compréhension du but du capitalisme à éliminer la résistance indigène et la vie communale est présentée dans une lettre du Subcomandante Marcos adressée à l’écrivain et supporteur John Berger en décembre 1993, moins de un mois avant le soulèvement :

“Le néolibéralisme se déguise en défense de la souveraineté qui a été vendue en dollars sur le marché international… Ces peuples indigènes irritent la logique de modernisation du néo-mercantilisme. Leur rébellion, leur défi, leur résistance, leur résilience les irrite. L’anachronisme de leur existence au sein d’un projet de mondialisation, projet politico-économique qui, bientôt, va décider que les pauvres, tous les gens en opposition, c’est à dire la vaste majorité de la population sont des obstacles.

Une excellente source pour apprendre au sujet du radicalisme politique du peuple du Chiapas et de leurs leaders au moment du soulèvement est l’entretien d’Augusta Dwyer avec les leaders militants indigènes pour la revue “Socialist Review” (SWP GB). Dans cet entretien, qui eut lieu quelques mois après le soulèvement de janvier 1994, les militants expriment leur implication totale dans une guerre contre le capitalisme et ses manifestations dans l’expression du néolibéralisme économique comme celui du NAFTA.

Ils citent Marcos disant après la capture d’une station de radio lors du soulèvement : “L’accord de libre-échange [NAFTA] est l’arrêt de mort des peuples indigènes du Mexique, qui sont périssables pour le gouvernement de Carlos Salinas de Gortari. Nous nous soulevons donc en armes contre cet arrêt de mort.

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NdR71 : de la même manière, aujourd’hui en 2023, l’ensemble des institutions étatico-marchandes livrent une guerre sans merci aux peuples de la terre à grand renfort d’armes biologiques (SRAS-CoV2 / COVID, injections ARNm), d’empoisonnement chimique, de guerres perpétuelles, de crises économiques provoquées et dévastatrices, de pénuries fabriquées en tout domaine. En cela nous sommes tous des Zapatistes et l’heure est venue pour les peuples de la terre de se soulever en armes contre l’arrêt de mort pris par le système à notre encontre. Nous sommes en état de légitime défense permanent face à l’État et à la marchandise dominants et exploiteurs nous agressant tout azimut. Se défendre PHYSIQUEMENT devient une obligation quasi survivaliste…

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Les activistes indigènes interviewés insiste sur la fausse conscience partagée par la classe laborieuse, qui dans les grandes largeurs, a accepté des idéologies trompeuses et de fausses promesses en ce qui concerne le système capitaliste. Et donc, “l’énorme défi que présente le soulèvement à la toile soigneusement tissée de la répression et du mensonge par le gouvernement et le refus d’accepter ces conditions plus avant, devraient être une inspiration pour tous les socialistes où qu’ils soient.

Ils argumentent qu’ils ne sont pas seulement un mouvement “indigène ou ethnique”. Leurs objectifs et leurs stratégies sont adressés “à toute la classe laborieuse et à ceux qui sont opprimés, réprimés.”, tout en insistant dans le même temps sur la plus brutale des oppressions au Chiapas et autres communautés indigènes au Mexique et en Amérique Latine : “la distribution des terres est largement biaisée pour favoriser les riches et les puissant éleveurs de bétail ; ceci représente une vieille tradition de plusieurs siècles de discrimination contre les peuples indigènes et la pauvreté dans sa très vaste majorité.

De la même manière, leurs demandes ciblant le gouvernement ne furent pas limitées aux seuls peuples indigènes : “Les demandes zapatistes pour la terre, un habitat décent, des écoles, des cliniques, des salaires décents, l’égalité, la liberté, la justice, des élections saines et un gouvernement transitoire, sont simples et pourtant révolutionnaires.” Elles “exposent le grand fossé entre les riches et les pauvres, le contrôle des salaires qui fait du travailleur mexicain un des moins bien payés au monde, tout autant que la corruption et l’hypocrisie qui sont les marques de fabrique du parti politique qui a monopolisé le pouvoir pendant des décennies.

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Résistance et construction durant les années de négociation

La décennie qui suivit le soulèvement de 1994 fut témoin d’un dialogue intermittent entre l’EZLN et le gouvernement fédéral mexicain.. Les Zapatistes demandèrent l’autonomie complète du Chiapas, des droits sur la terre dans d’autres endroits du pays et la démolition en règle des accords du NAFTA et autres politiques néolibérales, ainsi que la demande pour des droits véritablement démocratiques pour tous les citoyens mexicains. Mais ces demandes n’étaient pas faites pour n’être mises en place qu’au Mexique.

La Première Rencontre Intercontinentale de 1996 organisée par les Zapatistes, convoqua plus de 3000 activistes de plus de 400 pays à se réunir et discuter, entre eux, de la nature du néolbéralisme et des luttes menées contre lui. De cela émana le Congrès National Indigène (CNI), qui, durant les années de négociation, fut consulté au sujet de l’introduction de changements dans la constitution qui amélioreraient considérablement la condition des peuples indigènes.

Dans le même temps, le mouvement de solidarité avec le Chiapas en Amérique Latine grandissait. Ce mouvement joua un rôle central dans le soutien constant des Zapatistes, les défendant contre les attaques incessantes de l’armée mexicaine et leur permettant de continuer leur projet égalitaire autonome. Les attaques par l’armée mexicaine allaient continuer pendant des années, persistant jusqu’à aujourd’hui sans être jamais mentionnées dans la presse occidentale.

Après presque une décennie de fausses négociations avec l’état, la cassure inévitable se produisit. Le 1er janvier 2003, les Zapatistes du Chiapas décidèrent d’abandonner “la politique de la demande est avec elle, tout contact avec l’état mexicain”. En lieu et place, ils choisirent de se concentrer sur la construction de leur propre autonomie, des formes horizontales d’auto-gouvernement au sein de leurs propres territoires et par leurs propres moyens.

Le 9 août 2003, les Zapatistes annoncèrent l’établissement des Conseils de Bon Gouvernement (Juntas de Buen Gobierno), chacun basé dans les caracoles (escargots) ou centres administratifs des zones rebelles. Un total de cinq caracoles furent créés, chacun avec son propre conseil de bon gouvernement et chacun responsable de sa propre Municipalité Rebelle Autonome Zapatiste (MAREZ)

Chaque Caracol possède trois niveaux de gouvernement autonome : la communauté, la municipalité et le conseil de bon gouvernement. Les deux premiers sont fondés sur une base populaire d’assemblées volontaires. Les décisions prises par chacun des cinq conseils de bon gouvernement sont basées sur des lignes de conduite préalablement déterminées au niveau de la communauté. Les membres du conseil sont élus, mais avec l’intention d’avoir le plus de participants possibles dans ces conseils au fil des années sur le principe de la rotation.

Chaque Caracol possède ses propres systèmes éducatif, de santé et de justice, ainsi que des coopératives produisant du café, créant des objets d’artisanat et du bétail, entre autres choses. Toutes les décisions sont prises en accord avec des lignes de conduite préalablement décidées par les assemblés volontaires au niveau de la communauté, “un modèle révolutionnaire pour organiser un auto-gouvernement” d’après le Comité de Soutien au Chiapas (CSC), une organisation basée à Oakland en Californie.

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Émancipation et dignité des femmes dans les Caracoles rebelles

Le défi de l’égalité pour les femmes a trouvé une acceptation et un soutien de l’EZLN et de ses leaders. La prise de la ville de San Cristobal de Las Casas, le ville la plus importante occupée par l’EZLN en 1994, fut commandée par la Comandante Ana Maria et une autre figure de proue du mouvement était la Comandante Ramona, qui fut la toute première zapatiste envoyée à Mexico-City pour représenter le mouvement dans les négociations avec le gouvernement mexicain.

Les femmes ont été traitées en véritables égales au point que beaucoup de femmes ont un statut d’officier et tant les hommes que les femmes doivent porter la responsabilité du travail et du combat de manière égale. Quand les femmes se sont organisées dans des douzaines de comités pour produire un code des droits des femmes, le leadership de l’EZLN composé de leaders Mayans, le CCRI-CG, a adopté le code à l’unanimité.

Cette “loi révolutionnaire des femmes” a inclus les droits de toutes les femmes “sans regard pour la race, couleur ou affiliation politique”, à participer à la lutte “de toute manière que dicte leur désir et leur capacité”. Ceci inclut le droit “de travailler et de recevoir un juste salaire”, le droit de “décider du nombre d’enfants qu’elles auront et prendront soin”, le droit de “participer aux affaires de la communauté et d’avoir des charges si elles sont élues librement et démocratiquement”, le droit (avec les enfants) “de toute première attention en matière de nutrition et de santé”, le droit “de choisir leur partenaire et de ne pas être obligée de se marier”, le “droit de ne pas subir de violence domestique de la part de proches ou d’étrangers. Le viol et la tentative de viol seront sévèrement punis.”, le droit “d’occuper des postes de leadership au sein de l’EZLN et de tenir un haut rang d’officier dans les forces armées révolutionnaires” et finalement “tous les droits et obligations que donnent les lois et les règlements révolutionnaires.”

Aujourd’hui, des femmes participent à tous les niveaux du gouvernement et sont à la tête de coopératives et de structures économiques. Elles forment une grande partie des rangs de l’EZLN et prennent de hautes positions dans le commandement militaire.

Faisant face à la politique néolibérale qui a établi la dépossession et l’extraction agressive des ressources de leurs territoires, les Caracoles rebelles ont fonctionné lentement, silencieusement et efficacement pour plus de deux décennies. Leurs stratégies allèrent plus loin, plus profond et personnifiaient une culture que l’État fut obligé de reconnaître et surtout de respecter.

Ainsi, le 24 février 2016, un juge fédéral du Mexique a admis qu’il n’avait pas d’autre choix que d’accepter que l’affaire judiciaire entre l’État et l’EZLN ne pouvait pas aller plus loin. Les accusations de terrorisme, de sédition, d’émeutes, de rébellion et de conspiration enregistrés sous une plainte par le Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI) en 1994 contre le Subcomandante Insurgente Marcos et les leaders indigènes de la résistance étaient nulles et non avenues : le statut de la date butoir ayant été dépassé.

Les conclusions de Gonzalez Casanova furent larges : “Plus qu’une idéologie sur le pouvoir du gouvernement de et par les peuples, les caracoles construisent et expriment une culture du pouvoir émanant de 500 ans de résistance des peuples indiens des Amériques.” Les caracoles du Chiapas sont au centre du mouvement indigène de toute l’Amérique Latine.

Le Mexique et l’Amérique Latine

Les Zapatistes du Chiapas ne sont pas surgis de nulle part, mais sont apparus dans une région où les mouvements sociaux indigènes luttant pour la terre contre le racisme et la discrimination furent très présents depuis les années 1970, plus d’une décennie avant l’avènement de l’EZLN, comme grande partie du mouvement de résistance du Chiapas. Les Zapatistes furent d’abord inspirés par leur militantisme résolu et avec le temps, devinrent eux-même un modèle pour eux.

Poussant à renforcer la lutte unifiée indigène, le peuple Maya du Chiapas développait des réseaux de coopération et de lutte conjointe avec d’autres communautés mexicaines luttant pour le retour des terres volées, une éducation et de l’eau potable parmi d’autres besoins notoires et contre l’oppression de masse commise par la classe dirigeante du PRI au service absolu des monopoles multinationaux.

Au Mexique et à travers toute l’Amérique Latine, les communautés indigènes ont été exposées à l’attaque du trafic de la drogue par les cartels, les gangs criminels, les gardes de sécurité privés des corporations, des entreprises multinationales, ainsi que  par les forces de sécurité étatiques comme la police et l’armée. Les leaders indigènes de la résistance organisée ont souvent été assassinés dans un effort de supprimer tout obstacle aux projets du pillage de leurs territoires.

De manière intéressante, les mouvements indigènes latinos furent durement touchés par la chute des gouvernements de centre-gauche de la “marée rose” entre les années 2000 et 2005, ce qui en un sens a permis toujours plus de résistance locale. Les mouvements ont persisté dans la construction de leurs communautés de telles façons qu’elles s’adaptent constamment aux requis de défense toujours changeants contre les massacres qui leur étaient infligés quotidiennement.

Quelques unes des communautés les plus affectées ont trouvé un système de garde-fou qui est soumis au peuple, développant des structures de pouvoir communal en parallèle de celles de l’état, mais opérant de manière bien différente de celles de l’état. Comme dit plus haut, le rôle de l’EZLN fut largement celui d’une force de défense militaire jusqu’à la décision prise par les communautés indigènes de prendre les armes.

D’autres communautés en Amérique latine ont adopté la culture politique synthétisée par les Zapatistes dans leur expression de “diriger en obéissant” (mandar obedeciendo). Ces systèmes se sont vus ancrés dans des pratiques communautaires qui doivent même être différenciées des partis de gauche et des syndicats, car ceux-ci “sont toujours marqués par une tentation sous-jacente de devenir le véritable pouvoir, construit à l’image de l’État.”, comme l’écrit Raúl Zibechi.

Au contraire de ces formes, la structure de ces gardes-fou indigènes dans les communautés a été fondée sur des principes similaires de ceux des caracoles du Chiapas, elle vise à maintenir les membres de la communauté comme les preneurs de décision qui exercent leur pouvoir en contrôlant leurs représentants choisis [NdT : sur une base de rotation pour impliquer la totalité de la communauté politiquement…] Chaque assemblée de communauté choisit 10 gardes et un coordinateur. Un second coordinateur est ensuite choisi le Comité Régional Clandestin (CRC) et un troisième des Conseils de Bon Gouvernement (CBG)

La région de Colombie du Cauca du Nord par exemple, a 3500 gardes indigènes, correspondant au conseil de gouvernement local. La participation dans les groupes de défense est volontaire et n’est pas payée et les voisinages dans chaque communauté aident dans la logistique et dans la maintenance dub lopin de terre familial de chaque garde et parfois accomplissent les taches de base comme semer et récolter les cultures.

“Ces pratiques et procédures, nous dit Zibechi, visent à éviter de faire l’erreur de distribuer le pouvoir à des institutions qui sont des rouages efficaces de la machine d’état.” Qui empêcherait toute autonomie de la base dans la prise de décision. De fait, l’échec des conseils communaux au Venezuela démontre les conséquences d’une telle erreur de distribution du pouvoir décisionnaire : à cause de leur dépendance au financement de l’état, les conseils sont partie intégrante de la structure organisationnelle de l’état et aident à sécuriser son pouvoir plutôt que de le transcender.

Dans le temps, ils sont devenus plus homogènes et ont perdu leur indépendance. Bien qu’il y ait une forte culture égalitaire dans les voisinages au Venezuela, une culture d’horizontalité et d’absence de hiérarchie, la contradiction entre la base populaire et le leadership a été résolue par des directives qui mettent des limites et contrôlent les espaces égalitaires.

Bien d’autres cas indiquent que l’intervention de gouvernements, même de services sociaux “bien pensants” et de bons “projets de développement”, a eu pour conséquence la perte d’indépendance de la communauté. D’un autre côté, il y a des contre-exemples comme la Guardia Indigena, le cœur du pouvoir du peuple Nasa qui a été à l’avant-garde du mouvement indigène en Colombie.

Zibechi dépeint le Chiapas zapatiste comme un remarquable exemple d’un système social totalement horizontal. Les caracoles sont “le seul cas en Amérique Latine ou autonomie et auto-gouvernement sont exprimés à trois niveaux différents avec la même logique d’assemblée en rotation des communautés.” Le modèle zapatiste de démocratie d’en bas (à gauche) demeure vivant et actif jusqu’à aujourd’hui, 30 ans plus tard. A juste titre, ils attribuent leur succès au fait que depuis le départ ils ont été déterminés de garder une complète déconnexion d’avec l’État et ses institutions, incluant les partis politiques de la “gauche” mexicaine, qui ont soutenu les gouvernements néolibéraux (NdT : comme partout ailleurs dans le monde, la gauchiasse étatique de partis et de syndicats inféodés, des marxistes aux socialos, n’a fait que trahir encore et toujours les peuples et la révolution sociale…).

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Au-delà du cadre marxiste

Le Chiapas et la plupart des mouvements indigènes d’Amérique Latine ont été à l’avant-garde de la lutte révolutionnaire mondiale contre le capitalisme et sa forme actuelle “d’accumulation par dépossession”. Ces mouvements ont été une réponse à un type différent “d’exploitation” que celui de la classe laborieuse qui est associée à la valeur ajoutée produite par le travail.

Ici, nous sommes les témoins d’entières communautés indigènes qui sont les cibles de l’extraction. Elles sont les victimes de massacres quotidiens commis par leurs “employeurs directs”, les industries d’extraction et les cartels de la drogue que les gouvernements impérialistes locaux ont soutenu. Le besoin d’une défense continue de leurs vies et de leurs terres a fait croître le pouvoir communal personnifié par les caracoles et le système social de démocratie d’en bas, ancré profondément dans la tradition indigène.

Les mouvements indigènes ont été les moyens courageux de confrontation de cette guerre totale qui est livrée contre eux. Ils continuent de servir de puissante ressource pour la mobilisation d’une résistance continuelle et déterminée qu’ils ont mené contre l’économie néolibérale. [NdT : qui n’est quelle phase conjoncturelle de l’oppression capitaliste dans son ensemble, le capitalisme n’étant qu’un avatar historique du système marchand qu’il faut impérativement mettre à bas…]

Les Zapatistes, qui sont devenus un avec les communautés du Chiapas, n’étaient en rien similaires aux mouvements de guérilla qui importèrent de l’extérieur une version du marxisme, qu’ils tentaient d’inculquer aux gens en supervisant sa mise en place d’en haut. Ces mouvements de guérilla visaient à changer le système socio-politique en occupant le pouvoir d’état dans une révolution future menée par le parti des travailleurs.

Au lieu de cela, les indigènes zapatistes ont combiné l’autodéfense avec une résistance résolue, qui, avec la lutte latino-américaine, peuvent créer des fissures dans le système capitaliste.

De nombreuses tendances de la gauche marxiste se sont souvent focalisées sur le court soulèvement du Chiapas en 1994, mais n’ont pas engagé le mouvement zapatiste plus loin que de commémorer cette date. Elles n’ont pratiquement jamais parlé des années avant et après ce soulèvement. Elles ne l’ont pas vu non plus comme un projet unifié, des années de résistance tout en construisant dans le même temps un Chiapas autonome.

Le projet au Chiapas de “la démocratie d’en bas [à gauche]”, le système horizontal de prise de décision de la communauté, n’ont pas été reconnus comme une lutte “révolutionnaire” contre le capitalisme. Ni du reste n’ont été considérées comme révolutionnaire la résistance quotidienne démontrée par les groupes de résistance des mouvements indigènes à travers l’Amérique Latine et leurs tentatives de suivre le Chiapas dans la construction des caracoles.

Les mouvements de résistance indigènes utilisent la seule armure disponible : les sages stratégies autonomes de la “démocratie d’en bas” et la cohésion des communautés. C’est un combat pour leur vie même en tant qu’individus et communautés, tout en ciblant directement les forteresses du capitalisme et de l’impérialisme, les multinationales et spécifiquement ces industries d’extraction soutenues par les Etats-Unis. Ceci en fait d’admirables frères et sœurs de notre lutte partagée, qui mérite bien plus qu’une franche solidarité.

Si tu es venu ici pour m’aider,
Tu perds ton temps…
Mais si tu es venu parce que
Ta libération est liée à la mienne,
Alors, travaillons ensemble.
Groupe d’activistes aborigènes, Queensland, Australie, 1970

Le texte complet en PDF :

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¡Viva Zapata!

“Vous et votre système avez peur parce qu’ils disent qu’alors que nous passons, les pauvres vont se soulever et demander rétribution pour toutes les fautes et malveillances commises contre eux. Vous avez peur parce que vous comprenez et reconnaissez que les conditions de vie de la majorité des Mexicains, pas seulement celles des peuples indigènes, sont très mauvaises et pourraient bien mener à la rébellion.”
~ SCI Marcos, 5 mars 2001 ~

“Ce qui caractérise l’esprit de la société, c’est l’unification des concepts humains, l’esprit social constructeur est une compréhension du Tout dans un universel vivant ; c’est en cela que la société humaine, dans son collectif pensant et agissant, est organique, contrairement à l’État, mécanisme de l’aliénation et de la coercition. En passant du mode organisationnel étatique à celui de la société des sociétés, l’humanité passe du non-esprit à l’esprit retrouvé, de la mort à la renaissance sociale. Elle passe de l’éphémère à l’universel. La réalité sociale du vivant est présente en nous à chaque instant, ainsi que l’esprit communal que nous devons laisser émerger de nouveau.”
~ Résistance 71, “Manifeste pour la société des sociétés”, 2017 ~

Lectures complémentaires :

Il n’y a pas de solution au sein du système ! (Résistance 71)

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

+

5 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

Société des sociétés organique avec Gustav Landauer

5 textes pour comprendre et éradiquer le colonialisme

« Païens en terre promise, décoder la doctrine chrétienne de la découverte », Steven Newcomb, 2008

« Comprendre le système de l’oppression coloniale par mieux le démonter », Steven Newcomb

« Comprendre le système de l’oppression coloniale pour mieux le démonter », Peter d’Errico

« Effondrer le colonialisme », Résistance 71

« Nous sommes tous des colonisés ! », Résistance 71

“Nous distinguons trois grandes stratégies ces dix dernières années :

  • La stratégie que nous appelons “le Feu”, qui se réfère à l’action militaire, à la préparation, aux batailles, aux mouvements militaires
  • La stratégie que nous appelons “La Parole”, qui se réfère aux réunions, aux dialogues, aux communiqués, qu’il y ait une parole ou un silence organisé, qui est l(‘absence de parole.
  • La stratégie qui est la colonne vertébrale de tout ce qui précède, celle de “L’Organisation”, le processus organisationnel développé dans le temps par les communautés zapatistes.

Ces stratégies, le feu et la parole, articulées autour d’une organisation populaire, sont ce qui marque ces dix années de vie publique zapatiste et de l’EZLN entre 1994 et 2004.”
~ EZLN, 2008 ~

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L’esprit communard qui tétanise l’oligarchie et son système souffle de nouveau après les Gilets Jaunes (2018-2020), le puissant mouvement de 2023… Prélude à la révolution sociale qui vient ! (Résistance 71)

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TLPARP

Résistance 71

26 mars 2023

Il y a deux ans, en mars 2021, nous avions publié ce tract dont les points clefs sont toujours on ne peut plus d’actualité aujourd’hui.

1871-2021 :Esprit communard, de la Commune aux Gilets Jaunes

L’esprit communard est universel contre l’oppression et la domination systémique des peuples. Il s’est réveillé dans la grande grève sauvage de 1967-8, trahie par les syndicats et partis politiques alliés historiques et nécessaires du système étatisé et de nouveau avec le souffle puissant des Gilets Jaunes de 2018 à 2020.

Toute négociation avec quelque gouvernement que ce soit est vaine et futile, une perte de temps qui ne joue que pour le système et son oligarchie en place. L’heure est venue d’enfin comprendre qu’il n’y a pas et ne saurait y avoir de solution au sein du système ! la seule voie est celle du BOYCOTT de tout ce qui provient de ce système étatico-marchand dégénéré et criminel.

Le seul slogan viable à appliquer est celui-ci :
A bas l’État ! A bas la marchandise ! A bas l’argent ! A bas le salariat !
Ce qui résoudra d’emblée ce faux problème des « retraites » de cette fausse société où tout est faux, truqué, biaisé et manipulé !

Mettons en place la société des sociétés de notre humanité enfin réalisée, passons à l’âge politique adulte et agissons de manière responsable dans les associations libres de communes émancipées se confédérant entre elles. Ceci constitue l’antidote à la pourriture qui gangrène nos vies de trop longue date .

Solidarité Union Persévérance Réflexion Action (directe), devons S.U.P.R.A résistants à la machine étatico-marchande qui mute sous nos yeux en dictature technotronique, dernière étape du cycle de domination d’un capitalisme qui se meurt.

Vive la Commune Universelle !

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Conjoncture politique : ras le bol, autodéfense et changement de paradigme politique… Quelques réflexions sur l’insurrection (collectifs Do or Die et Résistance 71)

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Texte intéressant publié il y a 20 ans. Nous commentons sous notre traduction. Le débat est on ne peut plus d’actualité par les temps qui courent de plus en plus vite …
~ Résistance 71 ~

Quand sera t’il temps pour l’insurrection ?

Do or Die (collectif)

2003

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

J’ai une théorie : à chaque fois que le gouvernement ou quelque corporation / entreprise commet un acte de destruction envers la nature ou l’humanité, si à chaque fois qu’un pétrolier pollue une côte, ou qu’une multinationale pille et détruit un endroit sauvage, si à chaque fois qu’ils le font, je prends ma colère et la place dans un certain compartiment de mon cerveau, alors lorsque vient le temps de l’insurrection, je serai capable d’accéder à ces morceaux de colère que j’ai stockés au fil du temps.

Ainsi, je passe mes journées à tenter patiemment et continuellement d’arrêter la folie qui dirige les gouvernements et les entreprises et chaque jour qui passe, j’entends de nouvelles atrocités commises. Je vais dans une énième manif encadrée d’un point A à un point B, crie quelques slogans, puis en fin de journée, j’ouvre de nouveau ce compartiment spécial et y range la colère de ces quelques nouvelles atrocités, tout cela dans l’anticipation qu’un jour, j’aurai besoin de cette colère pour mettre à bas l’Empire.

Mais une nouvelle peur m’a submergé. Je ressens ma colère m’appelant de l’intérieur de ce compartiment. J’entends les portes se déverrouiller de l’intérieur et cette nouvelle question terrible se fait jour :

Comment vais-je savoir quand sera venu le temps de l’insurrection ?

Sera-ce la prochaine fois qu’une rivière ou un lac sont détruits après avoir été inutilement pollués ? Ou lorsque les entreprises bûcheronnes auront détruit un nouvel-écosystème et chasser les peuples natifs de la terre ancestrale ?

Est-ce le temps de l’insurrection ?

Ou sera-ce lorsqu’un gouvernement ou l’OTAN ou l’ONU bombardent un pays et assassinent des dizaines de milliers de personnes ? Ou quand une autre multinationale est complice de l’assassinat de tribus indigènes pour que de nouvelles zones de la terre puissent être sauvagement pillées ?

Est-ce alors le temps de l’insurrection ?

Quand votre usine locale exporte une autre cargaison d’armes faites et destinées à tuer des gens comme vous et moi ? Si les entreprises continuent de polluer intensément, si l’écologie est mise de côté pour le seul profit ? Si certaines personnes œuvrent de façon à mettre en péril les vies d’une multitude de superbes animaux et de plantes de notre planète ? 

Est-ce alors le temps de l’insurrection ?

Ou alors continuons-nous à simplement faire des manifs, envoyer des pétitions en espérant que le système comprenne ses fautes et change de lui-même, ou en espérant une future révolution quand nous aurons les masses de notre côté et que nous pourrons corriger les choses ? Devons-nous espérer cela alors que le système, lui, continue son entreprise de destruction de tout, nous, la planète, jusqu’à un tel niveau qui verra le monde ne plus être un bon endroit pour vivre quand nous aurons enfin décidé de faire physiquement quelque chose à ce sujet ?

Devons-nous continuer à attendre et attendre encore jusqu’à ce que les choses viennent au point critique sans doute de non-retour ? Sera-ce alors temps pour l’insurrection ?

Ou sera t’il trop tard ?…

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Zomia.. des siècles d’insurrection pacifique…

NdR71 : le 1er janvier 1994, les Zapatistes du Chiapas au Mexique tracèrent la ligne dans le sable contre les gouvernements fédéraux et provinciaux mexicains et le système étatico-marchand dans sa phase destructrice finale appelée “néo-libéralisme”. Ils crièrent au monde un ¡Ya Basta! Ou “Ça suffit !” qui résonne toujours plus encore aujourd’hui 29 ans plus tard. Les Zapatistes ont montré au monde depuis cette date historique la manière, devant être adaptée selon besoins et circonstances et pour laquelle ils s’étaient préparés dans la clandestinité pendant 10 ans, de changer le paradigme politico-social, de fonctionner de manière horizontale, décentralisée et non-coercitive, tout en se protégeant d’attaques potentielles d’un système de plus en plus aux abois. Ils ont démontré depuis près de trente ans, la qualité d’un fonctionnement social où le peuple dirige et le gouvernement obéit.

« Chiapas, feu et parole d’un peuple qui dirige et un gouvernement qui obéit » (PDF)

« La Sixta » (PDF)

Zomia existe en Asie sur un très grand territoire traversant les frontières fictives de 7 pays entre la Thaïlande, la Laos, le Vietnam la Birmanie / Myanmar, la Chine méridionale, le nord de l’Inde et une partie du Pakistan dont elle se moque bien ; une zone grande comme à peu près l’Europe et où vivent plus de 100 millions de personnes hors état et hors institutions (cf les recherches de l’anthropologue James C. Scott traduites sur R71…), non pas des gens attendant “la civilisation”, mais les descendants de gens qui ancestralement, ont fui les basses-terres étatiques du servage, de la conscription et de la taxation pour vivre libre dans les hautes terres incontrôlables par l’État, quel qu’ils soit, chinois ou autre, en plus des peuples locaux des hauts-plateaux.

ZOMIA(PDF)

« L’art de ne pas être gouverné » et « Les formes quotidiennes de la résistance paysanne » (James C. Scott)

« Insurrection et Utopie » (Dr Bones)

« Du Chiapas aux Gilets Jaunes, unification de la rébellion contre le système étatico-marchand »

Tract Gilets Jaunes « Tout le pouvoir aux ronds-points ! » (PDF)

La question demeure : quand assez est-il assez ?… L’insurrection vient quand des groupes de personnes politiquement conscientes et convergeant complémentairement vers le même but, tracent la ligne dans le sable et disent ouvertement, irrémédiablement et durablement : ¡Ya Basta! / Ça suffit !
Ceci dit, nous ne voyons pas nécessairement l’insurrection comme étant un acte de violence. L’insurrection est un acte de négation de la voie nihiliste étatico-marchande et de sa relation de domination institutionnalisée, une poussée dans un changement radical de la relation sociale, d’un retour à nos racines humaines ancestrales et naturelles de coopération et d’entraide, de la mise en place d’une relation interconnectée des associations libres à l’échelle planétaire. Une fois mise en place et fonctionnelle, l’auto-défense des zones émancipées deviendra une nécessité temporaire. Les peuples du monde sous le joug et l’agression systémiques étatico-marchands sont en état permanent de légitime défense. La légtitime défense n’est pas une action de violence, elle est un réflexe  inhérent à la survie. Il est nécessaire de bien comprendre que l’État et la relation marchande sont élitistes par nature, fondés sur un rapport de domination et d’oppression nécessitant une coercition de tous les instants, coercition induite, organisée, institutionnalisée, cela constitue la construction sociale appelée “violence”. L’inversion accusatoire systémique disant que les manifestants mécontents sont “violents” fonctionne par lavage de cerveau sémantique, elle  montre une fausse réalité, celle d’institutions victimes. La réalité est inverse : les peuples ne font que se défendre contre l’agression permanente, plus ou moins intense selon les conjectures, menée contre eux. Ceci dit, en l’état actuel des choses, organiser des zones de combats de rues contre les chiens de garde du système, c’est aller au casse-pipe sans conscience politique. L’idée est d’organiser d’abord les associations libres localement et de manière interconnectée, de court-circuiter le rapport de domination étatico-marchand, pour enfin avoir réellement quelque chose à défendre de la violence institutionnelle tout en attirant toujours plus de sympathie des foules indécises. Comme toujours, la problématique est de ne pas mettre la charrue avant les bœufs. Lâcher prise de la fange systémique et créer l’alternative émancipatrice à défendre, une ZAD régional, puis “nationale”, puis planétaire, des dizaines de milliers de “Chiapas” du monde librement associés et connectés hors rapports étatiques et marchand, hors salariat et hors de cette imbécilité sans nom de la “valeur d’échange” totalement anti-naturelle. Tout part de l’individu conscient, de son association avec ses semblables, des associations libres communicantes et du rayonnement vers le collectif. Individu et collectif ne sont pas antithétiques, ils sont complémentaires. L’État soumet coercitivement l’individu à sa puissance collective fictive pseudo-légale, anti-naturelle, l’entreprise soumet coercitivement l’individu au “marché” et ses “lois” bidouillées et fictives et nous font croire que l’individu doit servir “la ruche”. L’individualiste forcené refuse et craint le collectif qui doit la personnalité dans sa coercition sociale. L’humain est grégaire, l’individu a besoin des autres, mais dans une relation harmonieuse d’entraide et de coopération, ce que nous avons fait durent des centaines de milliers d’années jusqu’à il y a environ 5000 ans où l’humanité a pris le mauvais virage. Une fois compris cela, corriger la course des évènements, par les individus conscients, passe de la possibilité à une nouvelle réalité. Rien n’est inéluctable, sauf la mort et tout ce qui est construit peut-être déconstruit. L’État, la marchandise, l’argent, le salariat ne le sont aucunement et ne sont en aucun cas “ce qu’on peut faire de mieux pour l’humanité”, bien au contraire ! Il suffit d’en prendre conscience pleinement pour agir…
Il suffit de dire NON ! Et d’agir en conséquence. Cela passe par dire NON ! Aux petites choses imposées du quotidien, ces choses qui nous mènent directement à la mise en esclavage dans la société dystopique de la dictature technotronique tant voulue par la clique d’oligarques psychopathes dégénérés du haut de la pyramide coercitive.
La véritable question n’est pas “quand est venu le temps de l’insurrection ?” Mais plutôt “Qu’est-ce que l’insurrection ?” Nous avons posé quelques bases et jalons que nous pensons solides de réponse dans ces quelques lignes. Qu’en pensez-vous ?…
Tout commentaire bienvenu !
Vive la Commune Universelle de notre humanité enfin réalisée !

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Emiliano Zapata et le peuple en arme assumant son auto-défense

Il n’y a pas de solution au sein du système, n’y en a jamais eu et ne saurait y en avoir ! (Résistance 71)

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

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5 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

Société des sociétés organique avec Gustav Landauer

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Réformes des retraites et turpitudes étatico-marchandes : seul un Front Uni des associations libres hors État, marchandise et institution nous mènera à l’émancipation finale… (Résistance 71 avec Sam Dolgoff)

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, crise mondiale, démocratie participative, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, politique et social, politique française, résistance politique, société des sociétés, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , on 17 mars 2023 by Résistance 71

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Tout le pouvoir aux ronds-points !

Suite à notre publication récente du “Manifeste anarchiste contre la guerre” de 1915, nous avons traduit ce remarquable petit texte de Sam Dolgoff datant de 1935 soient 20 ans plus tard. En 1935, Mussolini et Hitler sont au pouvoir, le communisme autoritaire d’état est stalinien, bientôt ce sera l’avènement du “Front Populaire” en France et ailleurs, et le début de la révolution sociale espagnole, qui sera écrasée à partir de 1937 par une coalition étatiste fasciste (Franco, Mussolini, Hitler), marxiste autoritaire d’état (Staline) sous le regard et la non-intervention complice de la république française alors sous front populaire dit socialiste et d’une Grande-Bretagne dont la famille royale soutient le fascisme.
Sam Dolgoff a participé à la révolution sociale espagnole, il a écrit un excellent petit bouquin sur les collectifs anarcho-communistes aragonais et de Levant, “The anarchiste collectives”, 1974. Dans le texte ci-dessous, il met les points sur les “i” et prévoit ce qui va historiquement suivre, il était d’une très grande lucidité politique et si une fois de plus, ce texte paraît tant d’actualité, c’est parce que là encore… rien n’a changé, ou plutôt, ce qui a été changé de manière purement cosmétique, l’a été pour qu’en fait rien ne change jamais…
Il va quand même falloir que la masse se rende compte un jour de sa naïveté et son inconscience politique qui la rend systématiquement complice des pires conneries et atrocités d’un pouvoir étatico-marchand aujourd’hui devenu totalement fou parce que la logique interne du système est à la destruction finale… Aujourd’hui, la “réforme de retraites” du Bozo Macron, ne fait que répondre à la logique implacable du désespoir oligarchique de se maintenir au pouvoir. Le système doit passer par l’annihilation et la réification de tout pour muter dans sa phase suivante transhumaniste. Il ne sert à rien de défiler dans les rues et de courir derrière le statut quo oligarchique qui ne peut plus se faire. Le seul et véritable Front Uni ne eut venir que du lâcher-prise politique et de la mise en place des associations volontaires hors État, hors marchandise, hors argent et hors salariat.
Tout le reste n’est que pisser dans un violon !
~ Résistance 71 ~

AuroreSocieteEmancipee

“Hitler a peut-être perdu la guerre, mais le fascisme mon ami, il l’a gagnée…”
(George Carlin)

Front Uni

Sam Dolgoff

1935

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 =~

Février 2023

Le triomphe du fascisme en Allemagne, en Italie, en Bulgarie et l’influence croissante de ce mouvement dans le monde, la menace persistante d’une autre guerre mondiale, ont choqué des millions de travailleurs, partout, à comprendre que leur espoir pour un futur meilleur est en danger. La défaite des travailleurs dans les pays fascistes leur ont appris la nécessité d’une action unie contre le danger commun. Ainsi donc, la question du Front Uni est devenue très importante dans la crise actuelle. Quel devrait être le but du Front Uni ? Comment y parvenir ? Sans une réponse claire à ces questions cruciales, toutes tentatives d’union seront vouées à l’échec. Le fascisme et la guerre seront la conséquence directe d’un tel échec.

Il est évident que le fascisme ne sera pas exterminé par une série de pieuses résolutions, mais qu’il demande la plus drastique des actions de la part des masses prolétariennes et paysannes (NdT : les paysans sont aussi des prolétaires…). Seule une puissance suffisamment grande pour déraciner la dictature militaire, pour exproprier les industries, annihiler quiconque se retranche dans les vieilles institutions et outils de la terreur capitaliste, sera capable d’extirper la menace fasciste. Le régime de la force par excellence ne ploiera que sous la force supérieure de la révolution sociale. A la contre-révolution doit être opposés les grands pouvoirs que seule la révolution sociale puisse générer. Ceci doit être le but du Front Uni. Toute politique, chaque action entreprises doivent être orientées sur la base de la préparation du terrain pour la révolution sociale.

En n’appliquant pas ce standard, les seconde et troisième Internationales ont clairement démontré leur banqueroute totale face à la période la plus cruciale de l’histoire du mouvement révolutionnaire. Elles appellent les masses à s’unir avec les maîtres de la bourgeoisie “démocrate” afin de lutter contre le fascisme. Ils pressent les travailleurs à lutter épaule contre épaule avec la démocratie impérialiste française. Ce slogan étant basé sur la supposition stupide que les pays  bourgeois-démocrates, redevant à leur tradition démocratique, ne suivront pas l’exemple de l’Allemagne ni de l’Italie.

Les libertés conquises par les masses au cours de siècles de lutte doivent être préservées et étendues. C’est la “démocratie” bourgeoise qui est un obstacle à une expansion plus avant de la liberté dans la vie socio-économique de l’humanité. Voilà pourquoi la démocratie capitaliste se doit d’être transcendée par le mouvement socialiste. Liberté, Égalité, Fraternité doivent toujours être mis en place par la révolution sociale.

Le fascisme n’est pas un phénomène accidentel : il est la forme prise par un capitalisme en décomposition se raccrochant désespérément à son pouvoir et donc se résolvant à la terreur et à la dictature. C’est un développement qui se produit dans tous les pays capitalistes, les démocratiques inclus. Parce qu’ils furent les maillons faibles de la chaîne capitaliste, l’Italie, l’Allemagne, la Bulgarie etc ont capitulé en premier. Les pays “démocratiques” vont maintenant capituler et leurs traditions démocratiques sont balayées par le puissant courant réactionnaire fasciste.

La France est mûre pour le fascisme. Les Croix de Feu et autres organisations fascistes, avec l’assistance du gouvernement, n’attendent qu’une guerre pour consolider leur pouvoir et établir une variété française de fascisme. Le gouvernement est noyauté d’influences fascistes. Bien des pontes de l’armée sont des fascistes. Appeler les travailleurs et les paysans à faire une “guerre sainte” contre les pays fascistes avec cet appareil d’état semi-fasciste n’est qu’appeler à la militarisation de la France.

La théorie suicidaire du moindre mal est fondée sur la foi en une démocratie capitaliste. L’application de cette théorie à l’Allemagne fut en grande partie responsable de la montée fasciste. La logique de front uni en France est vouée à mener à la même capitulation devant les demandes objectives d’une économie capitaliste en décomposition.

En appelant pour un Front Uni, ni les communistes ni les socio-démocrates ne remplissent les pré-requis nécessaires pour une véritable action révolutionnaire. Ils ne sont ni idéologiquement ni tactiquement capables de mener la classe travailleuse dans la direction d’une lutte militante efficace. Le principe même de soutenir la démocratie bourgeoise est une négation de la lutte des classes et de la révolution sociale. La lutte de classe veut dire pour nos soi-disants leaders [de gauche] la lutte des partis politiques pour le pouvoir d’état. Les masses, trompées par cette chimère d’une coalition pacifique avec la bourgeoisie, des résolutions n’ayant aucun sens et des actions parlementaires n’en ayant pas plus, ont permis à leurs organisations économiques de devenir les ballons de foot des politiciens. Volées de leur initiative, ignorantes des principes et tactiques révolutionnaires, les travailleurs sont rendus incapables de lutter contre le fascisme et de prévenir, d’empêcher la guerre.

Le Front Uni de l’opportunisme entre les patriotes sociaux de 1914 et les nouveaux patriotes sociaux de 1935 est le type même de Front Uni qui mène droit dans le mur les travailleurs et donnera une victoire certaine aux fascistes. Seulement dans le processus de lutte pour des objectifs révolutionnaires clairement établis, peuvent l’expérience et l’aspect militant indispensables des masses opprimées être développées et le pouvoir nécessaire généré pour l’effort suprême. Construire le Front Uni des organisations de travailleurs et de paysans par l’action révolutionnaire militante, lutter pour la révolution sociale, ceci, imprégné des principes et de l’esprit de l’anarcho-communisme, sont les taches du mouvement révolutionnaire.

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Il y a un an, nous publiions ce texte en deux parties de Sam Dolgoff sur Résistance 71 :

https://resistance71.wordpress.com/2022/02/14/reflexions-sur-le-changement-de-paradigme-a-venir-le-communisme-anarchiste-sam-dolgoff/ (à lire et diffuser sans modération)

Notre page “Gustav Landauer et la société organique” :

https://resistance71.wordpress.com/gustav-landauer-et-la-societe-organique/

Il n’y a pas de solution au sein du système ! (Résistance 71)

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

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5 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

Société des sociétés organique avec Gustav Landauer

Le_Reveil

R71_slogan