La grande loi du changement
Solutions anti-coloniales pour une décolonisation de l’empire
Taiaiake Alfred Ph.D
Professeur de Sciences Politiques à l’université de Victoria, BC, Canada, membre du clan de l’ours de la nation Mohawk
Extraits du livre “Wasase, voies indigènes d’action et de liberté” (2005, seconde édition 2009)
~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~
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“Pour les Indiens, normes et lois sont inhérentes à l’ordre naturel et ne sont pas imposées de l’extérieur. L’État est un concept totalement étranger…”
~ Len Sawatsky ~
“Les chasseurs-cueilleurs avaient la liberté de s’occuper de leurs familles et de leurs proches, de vivre selon la loi naturelle, sans conflit. Il n’y a pas de conflit dans la loi naturelle ; le mal n’existe pas.”
~ Russell Means ~
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1ère partie
2ème partie
Vieilles racines sur Terre
Un aspect très important de la “motivation” est la dédication au but ultime de toute politique et de toute action: la réalisation de la paix. Du point de vue de la perspective philosophique d’Onkwehonwe, la politique et les mouvements sociaux sont parties intégrantes d’un bien plus grand champ d’action de lutte qui génère des relations sensées qui réfléchissent l’impératif fondamental indigène de rechercher la vie et l’harmonie par dessus toutes les formes de mort et de destruction. Dans les différentes cultures Onkwehonwe, les objectifs de la vie humaine sont définis comme la volonté de rechercher à comprendre les enseignements spirituels de base et de façonner sa vie afin de personnifier ces valeurs qui émergent du respect de ces principes fondamentaux tels que l’honneur, l’éthique du courage, l’inter-dépendance, le besoin de partager, l’humilité, la nécessité du respect, la liberté et l’inévitabilité de la lutte. Ces principes et valeurs Onkwehonwe sont le cadre de la paix et ils sont enracinés dans la vision de la loi naturelle mondiale partagée par tous les peuples autochtones. Les philosophies qui émergent de ces éléments sont les véritables voies pour la réaffirmaion d’une coexistence pacifique. Ces Onkwehonweneha sont les véritables visions alternatives aux visions capitaliste, communiste, aborigéniste et toutes autres façons de penser et de se comporter qui ont émergées des cultures européennes et par extension, euro-américaines.
La spiritualité et la culture de nos ancêtres sont préservées par des gens qui ont consacré leurs vies à maintenir les voies anciennes, la connaissance des cérémonies qui a donné à nos ancêtres un tel pouvoir, existent toujours dans nos communautés. Le défi qui se présente à nous, est celui de nous avancer sur le chemin de ces enseignements et de marcher sur ces chemins autochtones.
“Ce qui est le plus important est ce qui se trouve ici, dans mon cœur”, nous dit Oren Lyons, gardien de la tradition de la nation iroquoise Onondaga.
Ce qui nous amène à une des questions les plus vivides dans la communauté Onkwehonwe aujourd’hui: Devez-vous parler une langue indigène pour vraiment être un indigène ?
La vaste majorité Onkwehonwe ne parle pas les langues ancestrales et la fluidité dans les langues natives parmi les populations autochtones de l’Île de la Grande Tortue est en sérieux déclin de manière générale. Ceci est un fait indéniable. Ces gens ne sont-ils donc pas Onkwehonwe ? (NdT: le professeur Taiaiake Alfred parle et communique en Mohawk mais ne le parle pas couramment de son propre aveu, il y travaille néanmoins et veille à ce que ses enfants soient multilingues, incluant leurs langues natives paternelle et maternelle). Pour le dire d’une manière différente: parler une langue native est-il la caractéristique définitive pour être Onkwehonwe ? Le colonialisme a tout fait pour que nous perdions nos langues et pour nous déculturer et nous forcer à nous “assimiler” dans la culture euro-américaine, en ce sens, la langue est la preuve prima facie de l’indigénisme, mais:
- Les façons de voir le monde et de construire des systèmes de valeurs ne sont pas uniquement contenues dans les langages parlés…
- Les langues sont en évolution constante. Nos ancêtres ne s’exprimaient pas de la même façon qu’aujourd’hui même dans la langue native (NdT: il en va de même du français et de toute autre langue vivante, le français d’aujourd’hui est bien différent de celui du XVème siècle)
- Si la langue est tellement une caractéristique de la culture Onkwehonwe, comment alors expliquer que ceux d’entre nous qui ont volontairement œuvré avec les colonisateurs, qui ont signé des traités “abandonnant” des millions de km2 de nos terres ancestrales aux colons et qui ont fait la guerre à leurs propres frères et sœurs, qui ont travaillé avec l’envahisseur pour décimer la terre et piller les ressources pour le profit, étaient tous des gens unilingues, parlant les langues autochtones ?
[…]
La perte du langage est un indicateur de stress social et apparaît dans le contexte d’une certaine matrice politico-économique. La domination d’une langue sur une autre est une manifestation simple de la domination politique, sociale et économique d’un groupe sur un autre; ceci explique la domination globale de la langue anglaise, associé avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni et qui domine une myriade d’autres langues dans le monde.
[…]
La domination de la pensée européenne réfléchie dans son hégémonie sur les autres langues européennes peut et doit être mise au défi et le schéma doit être inversé si nous sommes sérieux sur notre objectif de réaffirmer l’existence des identités Onkwehonwe face à l’homogénisation de la culture impérialo-capitaliste… Ainsi, l’impérialisme est de manière inhérente un processus d’homogénisation culturelle et politique. Il s’ensuit donc qu’agir contre l’empire en régénérant la culture au travers de la renaissance des langues autochtones devient nécessairement anti-impérialiste (NdT: Il en va de même en France par exemple avec le Breton, le Provençal, le Basque, le Corse, le Catalan, la Langue d’Oc, le Picard etc…).
De fait, reconquérir la faculté de s’exprimer dans nos langues ancestrales Onkwehonwe pour réorganiser et recadrer nos existences est peut-être l’action la plus radicale et la plus subversive que puisse faire un guerrier Onkwehonwe.
Au delà de tout cela, au delà des langues utilisées pour exprimer des perspectives culturelles, des croyances et des valeurs, nous devons considérer l’importance des histoires (traditionnelles), des cérémonies et des rituels pour la régénération des existences autochtones authentiques.
[…]
Quelles sont les bases de ce système spirituel Onkwehonwe de croyances et de philosophie ? Elles sont simples, comme précédemment dit: inter-dépendance, cycles de changement, équilibre, lutte et enracinement. Il n’y a rien d’unique dans les enseignements de la Lodge, de la Longue Maison ou Hogan ou au travers de l’utilisation du tabac et de l’herbe fine. Du monde entier, les chants et danses indigènes nous disent les mêmes choses. Où que ce soit, les gens étant toujours connectés avec la terre et vivant en harmonie avec la nature, les enseignements sont les mêmes. Les cérémonies font plus que nous connecter à une tradition particulière ou une communauté, elles nous connectent avec la Terre et à notre véritable existence naturelle en tant qu’êtres humains.
[…]
Dans toutes nos nations maintenant, il y a une jeunesse qui commence sa vie d’activiste politique dans une position bien plus forte que les générations précédentes. Cette jeunesse parle sa langue autochtone, elle connaît son histoire, elle est éduquée à la fois dans les valeurs traditionnelles et les valeurs euro-américaines, lui donnant une connaissance des deux systèmes et de plus en plus cette jeunesse se libère de l’acool et de la drogue qui furent un problème destructeur pour les générations précédentes. Cette jeunesse mue de sa peau coloniale et se dédie de plus en plus à une lutte anti-impérialiste.
Note des traducteurs: S’ensuit ici dans le livre le transcript d’un entretien que le professeur Alfred a eu avec quelques jeunes autochtones (Brandon, Mika, Chris, Shana et Marilyn).
Voici quelques extraits lumineux de la conversation:
Brandon: “…La raison principale pour laquelle les autochtones boivent c’est parce qu’ils ont des problèmes qu’ils n’arrivent pas à gérer. J’ai tant de membres de ma famille qui ne peuvent pas en sortir. Ils ne peuvent pas juste sortir de la réserve. Quand je vois ces gens dans la rue, cela me motive d’autant plus de faire quelque chose de ma vie.”
Mika: “Je pense que pour nous libérer, nous devons nous lier avec les autres indigènes dans le monde entier, parce que nous devons faire face aux mêmes sortes de problèmes tels que le racisme et les problèmes liés à la terre. Nous devons analyser ce qu’ils font et travailler avec eux, parce que vous ne pouvez pas le faire en tant que nation, vous devez le faire de manière globale et gérer la situation ensemble. Cela rend plus fort.”
Chris: “L’auto-gouvernance ou de quelque manière qu’on veuille l’appeler, ne doit pas être financée par le gouvernement fédéral et ne doit pas répondre à une personne plus élevée, qui est une personne non-autochtone. Nous devons avoir quelque chose d’organisé par nous-mêmes, par nos propres gens. Nos gens éduqués doivent cogiter quelque chose avant que nous puissions bouger vers une auto-gouvernance, une auto-gestion. Ce qu’il se passe maintenant, est que nous demandons au gouvernement blanc de nous le donner. C’est nul, parce que dès lors nous leur devons des comptes. C’est pas vraiment ce que nous voulons he ?”
Shana: “Il y a une véritable poussée de la base pour la souveraineté, la liberté et l’émancipation du gouverneent qui nous opprime… Il se doit d’y avoir des gens qui retournent vers les communautés pour essayer de faire la différence, pour se renforcer de nouveau…”
Marilyn: “Les gens doivent apprendre à vivre sans la loi sur les Indiens (Indian Act). La dépendance en cette loi est bien trop grande. Beaucoup trop pensent que “c’est de là que proviennent nos droits…” C’est ce genre de chose qui perpétue la dépendance envers le gouvernement canadien. Nous avons des droits parce que nous sommes ici, point barre. Nous sommes sur ces terres depuis bien plus longtemps que quiconque d’autre. Nous devrions commencer par nous débarrasser de l’Indian Act et ensuite nous allier à travers le pays afin de ne plus agir en entités séparées. C’est la clef pour faire les demandes et de ne plus avoir à suivre leurs règles.”
Voilà l’esprit de la nouvelle génération Onkwehonwe. Claire d’esprit et vraiment, vraiment intelligente. Ils sont impatients, non pas seulement à l’encontre de la société coloniale blanche, mais aussi de leur propre leadership et de leurs organisations. Ils savent quelles sont les priorités et ils ne prendront aucun non-sens pour réponse. Le défi est de combiner l’énergie et la force de cette jeune génération avec la sagesse collective des personnes plus âgées qui ont la culture, la connaissance et l’expérience stratégique et tactique.
[…]
Il y a une logique dans l’injustice contenue dans l’analyse complète de l’histoire, de l’économie et de la politique que nous appelons “colonialisme”. Il y a aussi une logique à parvenir à la justice. C’est la logique de parvenir à vaincre l’intention génocidaire de l’impérialisme avec la persévérance et la survie continue de nos nations autochtones, outre-passant sa destruction culturelle avec nos existences sociales et culturelles revitalisées et en nous opposant à son imposition d’une isolation affaiblissante, en rétablissant des connexions cruciales qui renforcent et alimentent nos peuples.
En termes concrets, cela veut dire que les gens doivent parvenir au partage d’une véritable préoccupation du futur de nos nations, en dehors du fait du penser comment l’idée de la nation de leur peuple promeut leurs propres intérêts personnels et doivent construire une vision alternative qui peut offrir un échappatoire à la guerre interminable qui a empoisonnée les relations et les psychées des deux côtés de la division entre les peuples Onkwehonwe et colons… Les différents chemins existant pour la réconciliation du colonialisme échouent sur bien des fronts, de manière plus importante, comme moyen de résoudre de manière satisfaisante les injustices du colonialisme dans les cœurs et esprits des jeunes générations des leaders Onkwehonwe.
[…]
Les colons vont devoir grandir au-delà de leur arrogance culturelle et apprendre à devenir pluralistes dans leur vision du monde. Pour Onkwehonwe, cela veut dire générer une capacité de gouvernance, une auto-suffisance économique et des réformes sociales internes.
Un espace intellectuel et social doit être créé pour la paix. Dans la Grande Loi de la Paix rotinoshonni (des 6 nations iroquoises), Kaianereko:wa, il y a une référence à l”espace nettoyé” entre le village et la forêt, entre la maison et la famille, la sécurité et l’espace dangereux de la liberté. Avant qu’aucun accord ou réconciliation ne puisse se produire, il doit y avoir une connexion entre les gens, il doit y avoir une démonstration de respect et l’amour doit être généré. Alors et seulement alors, peuvent les “problèmes et intérêts” respectifs être discutés et sincèrement résolus. Voilà ce que veut dire une promesse de coexistence.
[…]
Nous devons dépasser les contraintes et limites éthiques de l’héritage judéo-chrétien de l’empire, qui nous ont mis sur un chemin d’auto-centralisation et de compétition violente entre les peuples divisés au sujet de la folie de leur propre “supériorité”. Nous devons en tant que race, espèce unique (humaine), reconnaître et transcender l’éthique primitive qui est devenue si destructrice alors qu’elle a fusionné avec les moyens technologiques de domination et d’armement avancé des empires modernes. Nous devons aller dans un sens qui va accepter l’inter-dépendance de tous les peuples et de tous les êtres. Existant en dehors de l’empire, les spiritualités autochtones peuvent devenir les fondations des cultures de responsabilité universelle et de respect dont on a besoin pour parvenir à une coexistence pacifique et assurer notre survie sur Terre…
Reconnaître que la violence est la fondation même du pouvoir de l’État et que cette violence est implicitement exprimée au travers de toutes les institutions, nous devons reconnaître que la paix sociale n’est pas une situation bénigne.
[…]
Onkwehonwe qui raisonne au sein du cadre de la mentalité dominante et voit au travers de l’objectif de leurs cultures colonisées sont rendus incapables de se défendre eux-mêmes de l’annihilation. Sans briser les psychologies de l’impérialisme et la mentalité coloniale, l’organisation de toute résistance est futile !
[…]
Si le pouvoir légal et politique que l’État et les colons possèdent sur Onkwehonwe est fondé sur la complicité, alors la première question que devrait avoir un peuple recherchant sa liberté est la suivante: “L’État est-il capable et a t’il la volonté d’utiliser la violence pour mettre en application des lois et des politiques existantes, au delà de l’intimidation de quelques individus et de petits groupes isolés ?” Si l’État est confronté à une large action collective, un mouvemement de grande amplitude, intensif et coordonné, de la part des peuples autochtones pour que ceux-ci réoccupent leurs terres et reprennent leurs droits et libertés, la réponse sera ‘non’.” L’objectif politique devrait être de forcer une crise politico-sociale sur deux fronts:
- La disjonction entre la conscience politique de la société coloniale et les réalités du pouvoir d’État
- Le conflit moral entre les identités contemporaines des colons et le renouvellement forcé du besoin de l’utilisation d’une violence colonisatrice explicite. Le conflit psychologique résidant entre la perception par les colons de vivre dans une société paisible, sécure, stable et démocratique et les scènes de violence de la répression ouverte des peuples autochtones.
[…]
Le seul espoir pour les peuples indigènes de survivre comme nations est dans le pouvoir de mouvements en dehors des structures politiques établies et au delà des chemins donnés par la loi d’état et les politiques gouvernentales (NdT: Ce qu’Alfred appelle “l’anarcho-indigénisme”). Ces temps appellent pour une génération de nouveau pouvoir par de nouveaux moyens. L’un de ceux-ci est de parvenir à gagner un pouvoir économique et ainsi les moyens de base pour influencer la loi et la politique. Un autre, à moins d’avoir accès immédiat à la terre et de pouvoir générer un pouvoir économique, est de nous réorganiser nous-mêmes pour forcer un changement au travers du pouvoir de manifestation de notre volonté collective de (sur)vivre. L’homme blanc a fait les règles depuis un bon moment: assimilez-vous ou auto-détruisez-vous. Il est plus que temps de changer les règles du jeu.
[…]
La décolonisation, pour résumer, est le processus de découvrir la vérité dans un monde créé du mensonge… Dans une réalité coloniale, notre lutte prend forme avec toutes les formes existantes de pouvoir politique et dans ce combat, nous amenons notre seule véritable arme: la puissance de la vérité…
A terme, le mouvement zapatiste du Mexique, que je tiens comme le mouvement Onkwehonwe le plus efficace et commandable, est illustratif de ma vision de transformation et de régénération. Ce mouvement zapatista a commencé en 1984, lorsque six personnes furent impliquées dans la mission stratégique de protéger les populations autochtones du Chiapas dans le sud du Mexique. Ils organisèrent la protection des populations Maya contre la répression des milices métisses qui servaient les intérêts des grand propriétaires terriens. Les Zapatistes essayèrent d’organiser leur résistance sur des principes marxistes mais échouèrent. Ce ne fut pas avant d’avoir mélangé ces idées étrangères avec un mouvement catholique appelé la “théologie de la libération” (NdT: qui vit le jour en pratique dans les années 1970 au moment de la répression généralisée anti-gauche radicale en Amérique du sud sous l’égide de l’opération Condor de la CIA) et des idées culturelles indigènes, qu’un nouveau mouvement, capable de s’attirer le soutien des populations Maya du sud du Mexique, vit le jour. Ce nouveau mouvement était pragmatique et enraciné, il reconnaissait le besoin absolu de fonder les luttes indigènes sur les vérités autochtones articulés de manière indigène dans les langues locales. Il fut aussi signifiant que les populations Maya du Chiapas furent éveillées par un leader charismatique (NdT: Le Subcommandante Insurgente Marcos qui n’a jamais été un chef, tout au plus un porte-parole, sans aucun pouvoir exécutif. Il a agi en “chef de guerre” traditionnel).
L’interaction de ces deux facteurs, les racines culturelles autochtones et la réénergisation par un leader extérieur, a mené à ce qui est le seul mouvement d’ampleur a succès de résurgence indigène, de liberté et de changements politico-sociaux de ces trente dernières années.
Plutôt que de se décider a détruire ou remplacer l’État ou d’éjecter les colons, le but final devrait être formulé comme celui de la réalisation en termes positifs de la création d’une nouvelle société. Ceci est la libération par la transformation.
L’Île de la Grande Tortue a connu cela dans le passé, la réminiscence d’un grand mouvement par le chef de guerre Shawnee Tecumseh et son frère, le prophète Tenskwatewa au début du XIXème siècle.
* *NdT: Nous avons émis des idées similaires sur Résistance 71 en disant qu’il n’y avait aucune solution au sein du système quel qu’il soit et que nous devions nous concentrer sur la création d’un contre-pouvoir populaire, sûrement auto-gestonnaire, ignorer l’État et toutes les institutions, qui tomberaient comme un fruit trop mûr une fois le contre-pouvoir en marche. Retirons notre consentement, refusons de servir, organisons le contre-pouvoir entre nous, la main dans la main avec nos frères indigènes du monde entier, libérés du joug colonial, à tout jamais. C’est çà l’émancipation véritable !
En tant que peuples relevant le défi de confronter l’impérialisme, nous devrions nous nourrir de ce qu’a dit Gandhi à la fin de sa vie, lorsqu’il a dit aux gens que pour lui, après tout ce qu’il avait traversé, le bonheur résidait dans “l’effort et non pas dans le résultat”. Ceci est la marque du grand guerrier spirituel et c’est l’esprit que nous devons avoir alors que nous luttons pour régénérer nos peuples, car de tous temps et dans toutes les nations, être un guerrier, c’est vivre une vie de lutte pour la liberté et la dignité.
Il est donc grand temps de chanter nos chants de guerre et de continuer notre voyage.
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Notre dossier « Colonialisme et luttes indigènes »