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Texte inspirateur : La déclaration de guerre de l’EZLN et du Chiapas au gouvernement mexicain et au capitalisme du 1er janvier 1994 : la première déclaration de la jungle de Lacandon, Mexique (EZLN)

Posted in 3eme guerre mondiale, actualité, altermondialisme, autogestion, colonialisme, crise mondiale, démocratie participative, guerres imperialistes, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, politique et social, résistance politique, société des sociétés, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , on 6 juillet 2022 by Résistance 71

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“Le cri des opprimés, des pauvres et des exploités n’est pas toujours juste, mais si vous ne l’écoutez pas, vous ne saurez jamais ce qu’est vraiment la justice…”
~ Howard Zinn ~

“D’après Marcos, de nos jours, la planète est le champ de bataille de la quatrième guerre mondiale (la troisième ayant été la “guerre froide”). Le but de cette guerre est la conquête du monde entier au moyen du marché. Les armes y sont essentiellement financières, bien que des millions de personnes soient estropiées ou tuées à chaque moment. Ceux qui mènent cette guerre veulent faire converger toute la planète vers une grande entreprise planétaire unique ayant la Banque Mondiale, le FMI, l’OMC, l’OCDE et le président des Etats-Unis comme comité directeur…”
~ Ziga Vodovnik, Ph.D sciences sociales, université de Llubjana, Slovénie ~

-[]- Voir notre note sous le texte (Résistance 71) -[]-

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Première déclaration de la jungle de Lacandon

1er janvier 1994

Déclaration de guerre de l’EZLN

“Aujourd’hui nous disons : “Assez est assez !” (¡Ya Basta!)

Au peuple du Mexique

Traduction de Résistance 71

Juillet 2022

Frères et sœurs mexicains,

Nous sommes le produit de 500 ans de lutte : d’abord contre l’esclavage, puis durant la guerre d’indépendance contre l’Espagne menée par des insurgés, puis pour éviter d’être absorbés par l’impérialisme nord-américain, puis pour promulguer la constitution et expulser l’empire français de notre sol, puis plus tard la dictature de Porfirio Diaz nous a refusé la juste application des lois de réforme et le peuple s’est rebellé et des leaders comme Pancho Villa et Emiliano Zapata ont émergé, des pauvres, tout comme nous. On nous a refusé la plus élémentaire des préparations de façon à ce qu’ils puissent nous utiliser comme chair à canon et piller la richesse de notre terre. Ils ne se préoccupent pas si nous n’avons rien, absolument rien, pas même un toit au dessus de nos têtes, pas de terre, pas de travail, pas de service de santé, pas de nourriture ni d’éducation. Nous ne pouvons pas non plus librement et démocratiquement élire nos représentants politiques ; il n’y a pas non plus d’indépendance des étrangers, ni n’y a t’il de paix et de justice pour nous et nos enfants.

Mais aujourd’hui, nous disons assez est assez !

Nous sommes les héritiers des véritables bâtisseurs de notre nation. Les dépossédés, nous sommes des millions et appelons donc nos frères et sœurs à rejoindre cette lutte et de la reconnaître comme la seule voie, ainsi nous ne mourrons pas de faim à cause de l’insatiable ambition d’une dictature vieille de 70 ans et menée par une clique de traîtres qui ne représentent que des groupes les plus conservateurs et les plus corrompus. Ce sont les mêmes qui se sont opposés à Hidalgo et Morelos, les mêmes qui ont trahi Vincente Guerrero, les mêmes qui ont vendu la moitié de notre pays à un envahisseur étranger, les mêmes qui ont importé un prince européen pour diriger notre pays, les mêmes qui ont formé la dictature “scientifique” Porfiriste, les mêmes qui se sont opposés à l’expropriation pétrolière, les mêmes qui ont massacré les cheminots en 1958 et les étudiants en 1968, les mêmes qui aujourd’hui nous prennent tout, absolument tout.

Pour prévenir que tout ce qui précède ne continue et comme dernier espoir, après avoir essayé d’utiliser des moyens légaux fondés sur la constitution, nous nous tournons vers l’article 39 de notre constitution qui nous dit : “La souveraineté nationale essentiellement et originellement réside dans le peuple. Tout pouvoir politique émane du peuple et son but est d’aider le peuple. Le peuple a, à tout moment, le droit inaliénable d’altérer et de modifier sa forme de gouvernement.

Ainsi, en accord avec notre constitution, nous déclarons ce qui suit à l’armée fédérale mexicaine, le pilier de la dictature mexicaine dont nous souffrons, monopolisée par un système de parti unique emmené par Carlos Salinas de Gortari, le chef de l’exécutif fédéral maximum et illégitime qui détient le pouvoir aujourd’hui.

En accord avec cette déclaration de guerre, nous demandons que tous les autres pouvoirs de la nation se fassent l’avocat de la restauration de la légitimité et de la stabilité de la nation en renversant le dictateur.

Nous demandons aussi que les organisations internationales et la Croix Rouge Internationale surveillent et régulent nos combats de façon à ce que nos efforts soient validés tout en protégeant les populations civiles. Nous déclarons que maintenant et toujours, nous sommes soumis à la convention de Genève en formant l’Ejecito Zapatista de Liberaciòn Nacionale (EZLN) comme notre bras armé dans notre lutte de libération. Nous avons le peuple mexicain de notre côté, nos combattants insurgés aiment le drapeau tricolore de notre nation qui est hautement respecté. Nous utilisons les couleurs rouge et noire sur nos uniformes comme symbole de nos travailleurs en grève. Notre drapeau est imprimé des lettres suivantes : “EZLN” pour Armée Zapatiste de Libération Nationale (AZLN) et nous portons toujours notre drapeau au combat.

D’emblée, nous rejetons tout effort et volonté de nous disgracier et de nous calomnier en nous accusant d’être des trafiquants de drogue, des narco-guerillas, des voleurs ou toutes autres insultes qui pourraient être utilisées par nos ennemis. Notre lutte suit la constitution que nous respectons pour son appel à la justice et à l’égalité.

Ainsi, en accord avec cette déclaration de guerre, nous donnons à nos forces militaires de l’EZLN les ordres suivants :

Premièrement : Avancez jusqu’à la capitale du pays en submergeant les forces armées fédérales mexicaines tout en protégeant dans notre avancée les populations civiles et en permettant aux habitants des zones libérées d’élire librement et démocratiquement leurs propres autorités administratives.

Deuxièmement : Respectez la vie de nos prisonniers et transférez les blessés à la Croix Rouge Internationale.

Troisièmement : Mettez en place des jugements rapides contre les soldats de l’armée fédérale mexicaine et de la police politique qui ont reçu une formation ou ont été payés par des étrangers, accusés d’être des traîtres à notre pays et contre tous ceux qui ont réprimé et maltraité la population civile, qui ont volé ou tenté de commettre des crimes contre le bien du peuple.

Quatrièmement : Formez de nouvelles troupes avec les Mexicains démontrant un intérêt à rejoindre notre lutte, incluant ceux des soldats ennemis qui se tournent vers nous sans nous avoir combattu et promettant de recevoir des ordres du commandement général de l’EZLN.

Cinquièmement : Nous demandons la rédition sans conditions des quartiers généraux de l’ennemi avant même que nous ne commencions tout combat, ce afin de sauver des vies humaines.

Sixièmement : Mettez un terme au pillage de nos ressources naturelles dans les zones contrôlées par l’EZLN.

Au peuple du Mexique,

Nous, les hommes et les femmes, souverains et libres, sommes conscients que cette guerre que nous avons déclarée est notre dernière possibilité, mais qu’elle est aussi juste. Les dictateurs mettent en application une guerre génocidaire non déclarée contre notre peuple, ce depuis bien des années. Ainsi, nous demandons votre participation, votre décision de soutenir ce plan qui lutte pour la terre, l’habitat, le travail, la nourriture, la santé, l’éducation, l’indépendance, la liberté, la démocratie, la justice et la paix. Nous déclarons que nous ne cesserons de lutter jusqu’à ce que les demandes de base de notre peuple aient été remplies en formant un gouvernement pour notre pays qui est libre et démocratique.

REJOIGNEZ LES FORCES INSURGEES DE L’ARMEE ZAPATISTE DE LIBERATION NATIONALE.

Le commandement général de l’EZLN.

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Notes de Résistance 71 :

Cette première déclaration zapatiste de la jungle de Lacandon fut suivie par cinq autres, plus élaborées que celle-ci, contenant des préambules et scindées en plusieurs parties. Chacune des déclarations suivantes analysent et enrichit les précédentes.

La seconde déclaration fut émise le 10 juin 1994, six mois après la première. Comparée à la première, la seconde déclaration fait 8 pages.

La troisième déclaration de 6 pages fut émise en janvier 1995.

La quatrième date du 1er janvier 1996, elle fait 10 pages et est divisée en un préambule et trois parties.

La cinquième déclaration fait 12 pages et fut émise en juillet 1998. Elle contient un court préambule et 6 parties.

La sixième et courante déclaration fut émise en juin 2005 et est connue sous le vocable de référence de “la Sixta” par les Zapatistes. Elle est essentiellement la plus aboutie au fil du temps et n’a pas nécessité d’amendements depuis 17 ans maintenant. Elle est loin de la première déclaration (de guerre) traduite ci-dessus. Elle est l’aboutissement politico-social de 11 ans de lutte et de réalisations de terrain, de succès et d’échecs, d’analyse et d’éducation de la génération zapatiste suivante. La Sixta est une analyse et un déni du système étatico-marchand, de son bras armé néoliberal et une fenêtre ouverte sur la réalisation factuelle de la société des sociétés libre et émancipée. La Sixta est le texte moderne le plus abouti pour une compréhension et une action directe politiques émancipatrices. C’est un document historique qui n’est pas fait pour rester dans les tiroirs, mais pour être adapté et vivre dans sa chair sociale organique à l’échelle planétaire.

Vous pouvez la lire sur Résistance 71 ainsi que la télécharger ici, ainsi que la comparer avec la 1ère publiée ci-dessus…

Ce qu’il est essentiel de comprendre est que le monde zapatiste incluant tous les mondes n’est pas un “produit fini”, une révolution achevée et (déjà) sclérosée, il est organique et en perpétuel mouvement et évolution constante. La société zapatiste est propre à son environnement socio-culturel et il est évident que leur mode de fonctionnement ne peut en aucun cas être directement appliqué à toute autre société, il contient néanmoins des éléments de gouvernance universels à l’humain qui peuvent être repris comme structure sociale tout en adaptant la forme à une société particulière.

Si seuls les Zapatistes peuvent faire du zapatisme, nous pouvons, à leur instar, tous fonctionner dans une société horizontale non hiérarchisée et non-autoritaire. Il suffit de le vouloir une fois la réalité oppressive bien appréhendée. Rappelons-nous toujours que le pouvoir est inhérent à la société humaine. Il n’y a pas de société sans pouvoir. Nous devrons toujours prendre des décisions pour le bien commun et les mettre en application. Le but n’est pas d’abolir le pouvoir, ceci est impossible à réaliser, car il n’y a pas de société sans pouvoir, mais de mettre un terme au règne du pouvoir coercitif et de faire retourner la société humaine dans un monde de fonctionnement horizontal non-coercitif  qui est conforme à sa nature profonde (cf Pierre Clastres). 

Nous avons adressé ce sujet dans deux essais (2017 et 2019), compilés dans ce PDF : “Du chemin de la société vers son humanité réalisée” (2020), à (re)lire et aussi à diffuser au grand large sans aucune modération. 

Voir également notre page essentielle : Textes fondateurs pour un changement politique ainsi que notre page sur les “communes libres zapatistes”.
Et cette compilation : « Chiapas, feu et parole d’un peuple qui dirige et d’un gouvernement qui obéit ! »

Vive la Commune Universelle de notre humanité enfin réalisée !

A bas l’État ! A bas la marchandise ! A bas l’argent ! A bas le salariat !

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« C’est notre conviction et notre mode de pratique que
pour se rebeller et lutter, aucun leader, patron, messie,
ou sauveur n’est nécessaire. Pour lutter, les gens ont besoin
d’un sens de la honte, d’un peu de dignité et de beaucoup
d’organisation, Pour le reste, cela sert le collectif… ou pas. »

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¡YA BASTA!

Commission Sexta Zapatiste : ¡Communiqué contre toute guerre!

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COMMISSION SEXTA ZAPATISTE
Mexique,

le 9 mars 2022


DIMANCHE 13

À la Sexta nationale et internationale,
À celles et ceux qui ont signé la Déclaration pour la vie,
Aux personnes honnêtes du monde entier,

En accord avec quelques personnes, groupes, collectifs, organisations et mouvements de Slumil
K’Ajxemk’Op, les communautés zapatistes ont convenu de convoquer des mobilisations et des manifestations contre TOUTES LES GUERRES capitalistes actuellement en cours dans plusieurs endroits de la planète. Pas seulement en Ukraine. Aussi en Palestine, au Kurdistan, en Syrie, sur les territoires Mapuche et autochtones de toute la planète et là où tant et tant de processus libertaires sont attaqués, poursuivis, assassinés, réduits au silence, perturbés.

En réponse à cet appel, nous avons convenu de participer aux mobilisations du dimanche 13 mars 2022 et de continuer les actions contre les guerres que le système perpétue dans le monde entier.
Nous proposons donc de démarrer une campagne mondiale contre les guerres du capital, quelle que soit leur géographie. D’organiser des concerts, des rencontres, des festivals, des réunions, etc. En bref, les arts contre les guerres.

Nous appelons toutes les personnes honnêtes, les groupes, les collectifs, les organisations et les mouvements au Mexique et dans le monde à se joindre aux activités pour exiger l’arrêt des guerres à partir du dimanche 13, à leur rythme et à leur manière et en préservant leur indépendance et leur autonomie.
Pour leur part, les communautés zapatistes se manifesteront, le dimanche 13 mars 2022, dans leurs Caracoles, dans les chefs-lieux municipaux de San Cristóbal, Yajalón, Palenque, Ocosingo, Las Margaritas, Altamirano et dans les communautés situées le long de la route, avec plusieurs milliers de zapatistes.

Contre toutes les guerres : tous les arts, toutes les résistances, toutes les rébellions !
Depuis les montagnes du Sud-Est mexicain,
Commission Sexta zapatiste,
Mexique, mars 2022.

= = =

Textes fondateurs pour un changement de paradigme politique

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5ème assemblée du Conseil National Indigène et Conseil Indigène de gouvernement, déclaration conjointe de janvier 2021

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Déclaration conjointe de la 5ème assemblée du Conseil National Indigène (CNI) et du Conseil Indigène de Gouvernement (CIG)

 

CNI / CIG

 

Janvier 2021

 

Source :
https://www.lavoiedujaguar.net/Declaration-de-la-Cinquieme-Assemblee-conjointe-du-Congres-national-indigene-et

 

À l’Armée zapatiste de libération nationale
Aux peuples du monde
Aux personnes qui luttent sur les cinq continents
Frères, sœurs, compañer@s,

Frères et sœurs du monde entier, nous vous saluons, nous qui conformons le Congrès national indigène. Nous sommes des peuples et des communautés qui habitaient déjà nos terres et nos territoires avant l’imposition de ce qu’on appelle l’État mexicain, nous avons non seulement notre propre langue et notre façon de nous habiller, mais aussi une forme de gouvernement, une façon de voir, de comprendre et de vivre le monde différente de celle du monde capitaliste, qui voit tout comme une marchandise. Nous sommes des peuples qui aiment la terre, les montagnes, les eaux, les collines, les oiseaux et tous les êtres vivants qui habitent notre mère la terre. Pour nous la vie est sacrée, nous la vénérons. Au cours des ans, les donneurs d’ordres, ceux qui ont pour but de dominer et d’exploiter, ont voulu en finir avec nous, détruire notre culture et notre territoire. Nous sommes une histoire de dépossession, de résistance et de rébellion, et aujourd’hui, après plus de cinq cents ans de conquête et de guerre, nous sommes en danger d’extinction, avec le monde entier.

Frères et sœurs zapatistes, frères et sœurs aîné·e·s, comme toujours vos paroles et vos initiatives créent une lumière d’espoir et un chemin pour nos peuples. Les mégaprojets, les sociétés transnationales, le crime organisé en coordination avec le gouvernement nous envahissent toujours plus pour exploiter et détruire notre territoire, pour détruire la vie. Les paroles mensongères de López Obrador et sa soi-disant Quatrième Transformation cherchent à créer un mur qui cache la guerre qui fait rage contre les peuples et la vie de la Terre Mère, à nous isoler et à nous présenter comme les adversaires du progrès, accusation que les gouvernements antérieurs ont déjà utilisée mais qui prend aujourd’hui un tour plus destructeur. Notre parole, notre réalité, la guerre que nous vivons ne parvient pas à tous les cœurs auxquels elle devrait parvenir, car non seulement nous défendons notre territoire, mais avec lui nous défendons la vie de la Terre Mère et l’avenir de l’humanité. Toute la force du capital, de l’État et du crime organisé s’exerce sur nos peuples, nous divisant, nous dépossédant, nous menaçant, nous emprisonnant, nous assassinant.

Nous, Front des peuples en défense de la terre et de l’eau des État de Morelos, Puebla et Tlaxcala qui fait partie du CNI-CIG, nous vivons la même guerre de mégaprojets que vivent nos frères et sœurs sur tout le territoire national. Le Projet intégral de Mort appelé Projet intégral Morelos a été imposé principalement pour bénéficier aux compagnies minières, en dehors de toute légalité : il ignore et en viole les recours judiciaires suspensifs, utilise la Garde nationale pour réaliser la construction de l’aqueduc et imposer des consultations indigènes qui violent nos droits fondamentaux. L’enquête sur le meurtre de Samir, loin d’aboutir, met en évidence la relation qui existe entre les services du procureur général de l’État et le crime organisé. En résumé, nous vivons la même guerre d’extermination que le reste de nos compañer@s du CNI et d’autres peuples, villes et secteurs frères. Cependant, l’attaque du grand capital et du gouvernement et l’assassinat de notre frère Samir ne mettent pas fin à notre résistance, au contraire, nous continuerons à lutter jusqu’à ce que la vie triomphe de la mort, avec nos armes les plus puissantes : la dignité, la résistance et la rébellion.

L’imposition du Train maya, qui s’accompagne de la construction de quinze centres urbains, du Corridor interocéanique Salina Cruz – Coatzacoalcos, qui prévoit dix corridors urbano-industriels, de l’Aéroport international de Mexico – Parc écologique Lac Texcoco et du Projet intégral Morelos, vise à réorganiser le pays en fonction des intérêts économiques du grand capital. Il est également très grave qu’on projette de construire, au profit de diverses entreprises étrangères, trois centrales thermoélectriques — dont l’une est déjà achevée —, un réseau de gazoducs et un mégacentre de stockage de combustible dans le bassin du Río Santiago, au sud de Guadalajara, qui, de plus, se trouve dans l’une des régions les plus polluées du pays ; s’y ajoute le projet du Canal Centenario, auquel travaille actuellement la Garde nationale, visant à connecter les fleuves San Pedro et Santiago au Nayarit. L’exploitation minière à ciel ouvert menace également des centaines de territoires de peuples indigènes en utilisant la même formule, procédé de division, de dépossession et de destruction de nos communautés.

Tous ces projets sont précédés d’infrastructures routières et hydrauliques, d’un grand nombre de parcs éoliens et photovoltaïques, ainsi que de centrales hydroélectriques, thermoélectriques et de centrales à gaz qui envahissent illégalement les territoires de nos peuples et dont beaucoup n’ont même pas d’autorisation d’impact environnemental ; ils prévoient l’occupation de milliers et de milliers d’hectares et le changement d’usage des terres des ejidos, des communautés et des peuples indigènes, sans tenir compte de l’autodétermination des peuples sur leur territoire.

Ces grands mégaprojets et toute la dépossession et l’exploitation provoquées par le modèle extractiviste du gouvernement fédéral sont protégés par la militarisation de tout le pays et de la sécurité publique, qui, selon les paroles trompeuses de López Obrador, a maintenant avancé alors que sous les gouvernements précédents une grande partie de la société y était opposée, sans que disparaissent le précédent et la situation réelle de violation systématique des droits de l’homme par les contingents militaires, souvent en collusion avec le crime organisé. La guerre contre les peuples pour imposer des mégaprojets est évidente quand l’armée se voit confier des travaux comme le Train maya ou l’aéroport de Santa Lucia, projets auxquels nous nous opposons catégoriquement.

Dans tout ce processus de recolonisation de nos territoires, l’Institut national des peuples indigènes, une imposition de plus du mauvais gouvernement de la Quatrième Transformation, a effectué les tâches que réalisait l’ancien indigénisme du régime du PRI : médiatiser, manipuler, fragmenter, diviser nos peuples et nos communautés, servir le contremaître en poste, valider ses mégaprojets, se prêter à de fausses cérémonies officialistes qui offensent notre Terre Mère et participer aux stratégies de contre-insurrection et à la prétendue « ingénierie des conflits ». Face à cela, la communauté otomi habitant Mexico a occupé les installations de cet institut pour exiger, au-delà du droit légitime au logement, le respect et la reconnaissance de l’autodétermination des peuples sur leur territoire.

La pandémie de Covid-19 est, comme l’a dit le gouvernement menteur de López Obrador, « tombée à pic » pour imposer les mégaprojets et la militarisation du pays ; la majorité de la population étant démobilisée, la pandémie contribue elle aussi à la guerre d’extermination contre nos peuples, chez lesquels les services de santé et les moyens économiques sont très limités et dans de nombreux cas nuls.

Nous voyons qu’il s’agit d’une crise globale et civilisationnelle jamais vue auparavant qui oblige l’humanité entière à détruire ce système capitaliste et patriarcal actuel, responsable de la destruction de la nature, qui se base sur l’exploitation et la dépossession sans cesse croissantes de millions et de millions d’êtres humains. Un système qui, pour générer profits et richesses, s’appuie sur le crime organisé, sur les guerres, sur les épidémies et les pandémies.

C’est pourquoi, en tant que Congrès national indigène – Conseil indigène de gouvernement et en tant que Front des peuples pour la défense de la terre et de l’eau des États de Morelos, Puebla et Tlaxcala, réunis en cette Cinquième Assemblée conjointe du Congrès national indigène et du Conseil indigène de gouvernement, nous adoptons les accords suivants :

ACCORDS

Un. Nous, peuples, organisations, collectifs et personnes du monde entier, souscrivons à la Déclaration pour la vie émise par l’Armée zapatiste de libération nationale, en nous engageant à renforcer nos luttes pour la défense de la vie dans nos territoires et en ouvrant l’écoute, l’organisation et la parole à nos sœurs et frères du Mexique et du monde entier qui luttent contre ce système capitaliste et patriarcal dans le but de le faire disparaître.

Deux. À participer directement, selon les critères que nous avons définis dans cette assemblée, par une délégation du CNI-CIG et du FPDTA-MPT, au côté de l’EZLN, à la tournée en Europe proposée par nos sœurs, frères, compañer@s de l’EZLN et du monde entier de juillet à octobre 2021 et, dans la mesure de nos possibilités, à celles qui seront réalisées ultérieurement en Asie, en Afrique, en Océanie et en Amérique.

Trois. À mener des actions pour la vie, contre les mégaprojets et en mémoire de notre frère Samir Flores Soberanes du 19 au 21 février, à deux ans de son lâche assassinat. À lancer un appel à nos frères et sœurs et aux compañer@s du Mexique et du monde entier pour qu’ils mènent des actions aux mêmes dates.

Quatre. Nous exigeons l’arrêt des attaques et du harcèlement des communautés zapatistes ; la libération immédiate de nos frères Fredy García Ramírez, porte-parole de l’organisation Codedi d’Oaxaca, et Fidencio Aldama, membre de la tribu yaqui ; ainsi que la liberté de nos frères Adrian Gomez Jimenez, German López Montejo et Abraham López Montejo, membres de l’organisation La Voz Verdadera del Amate, Marcelino Ruiz Gomez, membre de Viniketik en Resistencia, ainsi que celle d’Osman Alberto Espinales Rodríguez et de Pedro Trinidad Cano Sanchez, injustement emprisonnés dans les prisons de San Cristóbal de Las Casas et de Comitán, au Chiapas ; halte à l’assassinat de nos frères du Cipog-EZ ; présentation en vie du frère Sergio Rivera Hernández, membre de l’organisation MAIZ dans la Sierra Negra de Puebla, des 43 étudiants d’Ayotzinapa et de tous les disparus et disparues.

Respectueusement

Janvier 2021.

Pour la reconstitution intégrale de nos peuples
Plus jamais un Mexique sans nous

Congrès national indigène – Conseil indigène de gouvernement

Front des peuples en défense de la terre et de l’eau des États de Morelos, Puebla et Tlaxcala

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Lectures complémentaires :

Ricardo Florès Magòn (Textes choisis)

Chiapas, feu et parole d’un peuple qui gouverne et un gouvernement qui obéit

Réseau de Résistance et de Rébellion International du Chiapas aux Gilets Jaunes

Raoul Vaneigem : « Appel à la vie contre la tyrannie étatique et marchande » (extraits)

Résistance 71 : Du chemin de la société vers son humanité réalisée

 

Et pendant ce temps là… la guerre de l’eau continue de faire rage… (CNI-EZLN)

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, colonialisme, crise mondiale, démocratie participative, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, politique et social, résistance politique, société des sociétés, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , on 4 décembre 2020 by Résistance 71

La guerre de l’eau fait rage, marchandisation à l’extrême de la vie sur cette planète. Plus que grand temps de dire NON ! Ensemble !
Solidarité, Entraide, Coopération, Fraternité
A bas la marchandise et l’État ! Vive la Commune Libre de notre humanité réalisée !
~ Résistance 71 ~

POUR LA VIE ET CONTRE L’ARGENT

LE CNI-CIG ET L’EZLN APPELLENT À LA SOLIDARITE AVEC LE FRONT DES PEUPLES EN DÉFENSE DE LA TERRE ET DE L’EAU DES ÉTATS DE MORELOS, PUEBLA ET TLAXCALA.

Novembre 2020

Source du communiqué en français :

http://enlacezapatista.ezln.org.mx/2020/11/30/pour-la-vie-et-contre-largent-le-cni-cig-et-lezln-appellent-a-la-solidarite-avec-le-front-des-peuples-en-defense-de-la-terre-et-de-leau-des-etats-de-morelos-puebla/?utm_source=feedburner&utm_medium=email&utm_campaign=Feed%3A+EnlaceZapatista+%28Enlace+Zapatista%29

Au peuple du Mexique,

Aux peuples du monde,

A la Sexta nationale et internationale,

Aux médias,

Nous, Congrès national indigène – Conseil indigène de gouvernement et EZLN, dénonçons la lâche expulsion des compañeros du campement en résistance de San Pedro Apatlaco, dans l’État du Morelos, perpétrée par la Garde nationale à l’aube du 23 novembre dans le but de reprendre illégalement la construction du conduit qui détourne l’eau de la rivière Cuautla vers la centrale thermoélectrique de Huexca.

Avec quel cynisme le gouvernement néo-libéral, qui prétend diriger ce pays, obéit à ses patrons qui sont le grand capital, avec quel cynisme les forces armées, sous les ordres du contremaître, agressent les peuples pour livrer l’eau du Cuautla, volée aux villages paysans de la région d’Ayala, aux entreprises qui profitent du Plan Intégral Morelos (PIM), telles que Elecnor et Enagasa, à qui on a donné en concession le gazoduc ; Bonatti et Abengoa, entreprises de construction du gazoduc et de la centrale thermoélectrique à Huexca ; et celles qui profiteront de la consommation de gaz, comme Saint Gobain, Nissan, Burlington, Continental et Gas Natural del Noreste.

Avec le PIM, les forces armées et le gouvernement néo-libéral, utilisant des survols militaires, progressent dans la répression et l’imposition de l’infrastructure énergétique en s’appuyant sur la destruction et la spoliation du territoire des peuples originaires afin de rendre possible, au prix du sang des nôtres comme le compañero Samir Flores Soberanes, l’exploitation de la nature. Tout cela pour que les patrons du capital transnational détruisent les monts avec leurs concessions minières et qu’ils s’emparent de l’eau au bénéfice des corridors industriels de Cuautla, Yecapixtla, Cuernavaca et de toute la région, dans les États de Morelos, Puebla et Tlaxcala. Avec quel cynisme et quelle impunité le contremaître, qui doit diriger le gouvernement fédéral, ordonne de piétiner le soi-disant état de droit, violant les 8 suspensions judiciaires des chantiers de l’aqueduc destiné à voler l’eau polluée par la centrale thermoélectrique de Huexca, ainsi que deux autres suspensions de plus contre le gazoduc sur les flancs du volcan sacré Popocatepetl, et contre la pollution du fleuve Cuautla, dans le cadre du Projet intégral Morelos.

Au vu de ce qui a été dit antérieurement et au vu de la tension croissante et de la violation de l’état de droit, nous rendons le mauvais gouvernement fédéral et le mauvais gouvernement de l’État du Morelos responsables de toute agression ou attentat perpétré contre les compañeros et compañeras qui luttent et résistent contre ce mégaprojet mortifère. Nous appelons tout particulièrement à la solidarité avec le Front des peuples en défense de la terre et de l’eau des États de Morelos, Puebla et Tlaxcala.

Bien à vous,

Novembre 2020.

Pour la reconstitution intégrale de nos peuples

Jamais plus un Mexique sans Nous

Congrès national indigène – Conseil indigène de gouvernement

Armée zapatiste de libération nationale

Mexique, novembre 2020

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A lire aussi:

6ème déclaration de la forêt de Lacandon

Viva Zapata !

Chiapas, feu et parole d’un peuple qui dirige et d’un gouvernement qui obéit

Unification de la rébellion contre le système étatico-capitaliste

Zone Autonome Temporaire

Tintin Vive la Révolution !

Le Rojava de l’intérieur avec « Lutte Anarchiste »

et aussi…

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

+

4 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

2021, les tribulations d’un zapatiste en zapatie… le monde et la vie ! (SCI Galeano)

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, colonialisme, crise mondiale, démocratie participative, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, politique et social, résistance politique, société des sociétés, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , on 19 octobre 2020 by Résistance 71

 


« On ne peut pas être neutre dans un train en marche »
~ Howard Zinn ~

 

Pour la vie, les Zapatistes parcoureront les 5 continents
“Le regard et la distance à la porte”


SCI Galeano


Octobre 2020


Source en français:
https://www.lavoiedujaguar.net/Cinquieme-partie-Le-regard-et-la-distance-a-la-porte


Supposons qu’il soit possible de choisir, par exemple, le regard. Supposons que vous pouvez vous libérer, ne serait-ce qu’un moment, de la tyrannie des réseaux sociaux qui imposent non seulement ce qu’on regarde et ce dont on parle, mais aussi comment regarder et comment parler. Donc, supposons que vous relevez les yeux. Plus haut : de ce qui est local à ce qui est régional ou à ce qui est national ou à ce qui est mondial. Vous regardez ? Oui, un chaos, un fouillis, un désordre. Alors supposons que vous êtes un être humain, enfin, que vous n’êtes pas une application numérique qui, à toute vitesse, regarde, classifie, hiérarchise, juge et sanctionne. Alors vous choisissez ce que vous regardez… et comment regarder. Il se pourrait, c’est une supposition, que regarder et juger ne soient pas la même chose. Ainsi, vous ne faites pas que choisir, vous décidez aussi. Changer la question « ça, c’est mal ou bien ? » en « qu’est-ce que c’est ? ». Bien sûr, la première question conduit à un débat agréable (il y a encore des débats ?). Et ensuite au « ça, c’est mal — ou bien — parce que je le dis ». Ou, peut-être, il y a une discussion sur ce qu’est le bien et le mal, et de là, des arguments et des citations avec notes de bas de page. C’est vrai, vous avez raison, c’est mieux que de recourir à des « likes » et des « pouces en l’air », mais je vous ai proposé de changer de point de départ : choisir la destination de votre regard.

Par exemple : vous décidez de regarder les musulmans. Vous pouvez choisir, par exemple, entre ceux qui ont perpétré l’attentat contre Charlie Hebdo ou ceux qui marchent maintenant sur les routes de France pour réclamer, exiger, imposer leurs droits. Vu que vous êtes arrivé jusqu’à ces lignes, il est très probable que vous penchiez pour les « sans-papiers ». Bien sûr, vous vous sentez aussi dans l’obligation de déclarer que Macron est un imbécile. Mais, omettant ce rapide coup d’œil ver le haut, vous regardez à nouveau les plantons, campements et manifestations des migrants. Vous vous demandez leur nombre. Ils vous semblent beaucoup, ou peu, ou trop, ou assez. Vous êtes passé de l’identité religieuse à la quantité. Et alors vous vous demandez ce qu’ils veulent, pourquoi ils luttent. Et là, vous décidez si vous recourez aux médias ou aux réseaux pour le savoir… ou vous les écoutez. Supposons que vous pouvez leur demander. Vous leur demandez quelle est leur croyance religieuse, combien ils sont ? Ou vous leur demandez pourquoi ils ont abandonné leur terre et décidé d’arriver à des terres et des cieux où il y a une autre langue, une autre culture, d’autres lois, d’autres façons ? Il se peut qu’ils vous répondent d’un seul mot : guerre. Ou peut-être qu’ils vous détaillent ce que ce mot signifie dans leur réalité à eux. Guerre. Vous décidez d’enquêter : guerre où ? Ou mieux : pourquoi cette guerre ? Alors ils vous submergent d’explications : croyances religieuses, disputes territoriales, pillage des ressources ou, purement et simplement, stupidité. Mais vous ne vous en tenez pas là et vous demandez à qui profite la destruction, le dépeuplement, la reconstruction, le repeuplement. Vous trouvez des références à plusieurs corporations. Vous enquêtez sur ces corporations et découvrez qu’elles sont dans différents pays et qu’elles fabriquent non seulement des armes, mais aussi des autos, des fusées interplanétaires, des fours à micro-ondes, des services de livraison, des banques, des réseaux sociaux, du « contenu médiatique », des vêtements, des portables et des ordinateurs, des chaussures, des aliments bio et non bio, des compagnies maritimes, des ventes en ligne, des trains, des chefs de gouvernement et de cabinets, des centres de recherche scientifique et pas scientifique, des chaînes d’hôtels et de restaurants, des fast food, des lignes aériennes, des centrales thermoélectriques et, bien sûr, des fondations d’aide « humanitaire ». Donc vous pourriez dire que c’est l’humanité ou le monde entier qui est responsable.

Mais vous vous demandez si le monde ou l’humanité ne sont pas responsables, aussi, de cette manifestation, de ce planton, de ce campement de migrants, de cette résistance. Et vous en venez alors à conclure que, peut-être, c’est probable, éventuellement, le responsable est un système intégral. Un système qui produit et reproduit de la douleur à ceux qui l’infligent et à ceux qui la subissent.

Maintenant vous tournez votre regard vers la manif qui parcourt les chemins de France. Supposons qu’ils soient peu, très peu, que c’est seulement une femme qui porte son pichito. Ça vous importe, maintenant, sa croyance religieuse, sa langue, ses habits, sa culture, ses façons ? Ça vous importe que ce soit seulement une femme qui porte son pichito dans ses bras ? Maintenant oubliez la femme un moment et centrez votre regard seulement sur le bébé. Est-ce que ça importe si c’est un garçon ou une fille ou un·e autre ? La couleur de sa peau ? Peut-être découvrez-vous, maintenant, que ce qui importe, c’est sa vie.

Maintenant, allez plus loin, après tout vous êtes déjà arrivé jusqu’à ces lignes, alors quelques-unes de plus ne vous feront pas de mal. Enfin, pas beaucoup de mal.

Supposez que cette femme vous parle et que vous avez le privilège de comprendre ce qu’elle dit. Vous croyez qu’elle exigera que vous lui demandiez pardon de la couleur de votre peau, de votre croyance religieuse ou non, de votre nationalité, de vos ancêtres, de votre langue, de votre genre, de vos façons ? Vous vous hâtez de lui demander pardon de ce que vous êtes ? Vous attendez qu’elle vous pardonne pour retourner à votre vie ayant réglé le problème ? Ou qu’elle ne vous pardonne pas pour vous dire : « bon, au moins j’ai essayé et je me repens sincèrement d’être qui je suis » ?

Ou vous craignez qu’elle ne vous parle pas, qu’elle vous regarde seulement en silence, et que vous sentiez que ce regard vous demande : « Toi, qu’est-ce que tu veux ? »

Si vous arrivez à ce raisonnement-sentiment-angoisse-désespoir, alors, désolé, vous êtes incurable : vous êtes un être humain.

Une fois établi que vous n’êtes pas un bot, répétez l’exercice dans l’île de Lesbos, au détroit de Gibraltar, dans le Pas-de-Calais, à Naples, au Río Suchiate, au Río Bravo.

Maintenant tournez votre regard et cherchez Palestine, Kurdistan, Euskadi et Wallmapu. Oui, je sais, ça fait un peu tourner la tête… et ce n’est pas tout. Mais dans ces endroits il y a des gens (beaucoup ou peu ou trop ou assez) qui luttent aussi pour leur vie. Mais il s’avère qu’ils conçoivent la vie comme inséparablement liée à leur terre, à leur langue, leur culture, leurs façons d’être. À ce que le Congrès national indigène nous a appris à appeler « territoire », et qui n’est pas seulement un morceau de terre. N’avez-vous pas envie que ces personnes vous racontent leur histoire, leur lutte, leurs rêves ? Oui, je sais, ce serait peut-être mieux pour vous de recourir à Wikipédia, mais ça ne vous donne pas envie de l’entendre directement et d’essayer de le comprendre ?

Revenez maintenant à ce qui est entre le Río Bravo et le Río Suchiate. Approchez-vous d’un endroit qui s’appelle « le Morelos ». Un nouveau zoom de votre regard sur la commune de Temoac. Approchez-vous maintenant de la communauté d’Amilcingo. Vous voyez cette maison ? C’est la maison d’un homme qui de son vivant se nommait Samir Flores Soberanes. Devant cette porte, il a été assassiné. Son crime ? S’opposer à un mégaprojet qui signifie la mort pour la vie des communautés auxquelles il appartient. Non, je ne me suis pas trompé dans ma phrase : Samir est assassiné parce qu’il défendait non sa vie individuelle, mais celle de ses communautés.

Qui plus est, Samir a été assassiné parce qu’il défendait la vie de générations auxquelles on ne pense pas encore. Parce que pour Samir, pour ses compañeras et compañeros, pour les peuples originaires regroupés dans le CNI et pour nous autres, femmes, hommes, femmes-hommes zapatistes, la vie de la communauté n’est pas quelque chose qui se passe seulement dans le présent. C’est, surtout, ce qui viendra. La vie de la communauté est quelque chose qui se construit aujourd’hui, mais pour l’avenir. La vie dans la communauté est quelque chose qui se lègue. Vous croyez que le compte est réglé si les assassins — intellectuels et matériels — demandent pardon ? Vous pensez que sa famille, son organisation, le CNI, nous tous·toutes, nous serons satisfaits si les criminels demandent pardon ? « Pardonnez-moi, je l’ai montré aux tueurs pour qu’ils procèdent à son exécution, je n’ai jamais su tenir ma langue. Je tâcherai de me corriger, ou pas. Je vous ai demandé pardon, maintenant retirez votre planton et on va terminer la centrale thermoélectrique, parce que sinon, on va perdre beaucoup d’argent. » Vous supposez que c’est ce qu’ils espèrent, ce que nous espérons, que c’est pour ça qu’ils luttent, que nous luttons ? Pour qu’ils demandent pardon ? Pour qu’ils déclarent : « Excusez, oui, nous avons assassiné Samir et, au passage, avec ce projet, nous assassinons vos communautés. Allez, pardonnez-nous. Et si vous ne nous pardonnez pas, eh bien, ça nous est égal, le projet doit se réaliser » ?

Et il s’avère que ceux-là mêmes qui demanderaient pardon pour la centrale thermoélectrique sont les mêmes du Train mal nommé « maya », les mêmes du « couloir transisthmique », les mêmes des barrages, des mines à ciel ouvert et des centrales électriques, les mêmes qui ferment les frontières pour empêcher la migration provoquée par les guerres qu’eux-mêmes alimentent, les mêmes qui persécutent le Mapuche, les mêmes qui massacrent le Kurde, les mêmes qui détruisent la Palestine, les mêmes qui tirent sur les Afro-Américains, les mêmes qui exploitent (directement ou indirectement) les travailleurs dans n’importe quel coin de la planète, les mêmes qui cultivent et glorifient la violence de genre, les mêmes qui prostituent l’enfance, les mêmes qui vous espionnent pour savoir ce qui vous plaît et vous le vendre — et si rien ne vous plaît, alors ils font que ça vous plaise —, les mêmes qui détruisent la nature. Les mêmes qui veulent faire croire, à vous, aux autres, à nous, que la responsabilité de ce crime mondial en marche est la responsabilité de nations, de croyances religieuses, de résistances au progrès, de conservateurs, de langues, d’histoires, de modes de vie. Que tout se synthétise en un individu ou une individue (ne pas oublier la parité de genre).

Si vous pouviez aller dans tous ces coins de cette planète moribonde, que feriez-vous ? Bon, nous ne le savons pas. Mais nous, femmes, hommes, femmes-hommes zapatistes, nous irions apprendre. Bien sûr, nous irions aussi danser, mais une chose n’exclut pas l’autre, je crois. Si cette opportunité se présentait, nous serions prêt·e·s à tout risquer, tout. Non seulement notre vie individuelle, mais aussi notre vie collective. Et si cette possibilité n’existait pas, nous lutterions pour la créer. Pour la construire, comme s’il s’agissait d’un navire. Oui, je sais, c’est une folie. Quelque chose d’impensable. À qui viendrait à l’esprit que le destin ce ceux qui résistent à une centrale thermoélectrique, dans un tout petit recoin du Mexique, pourrait concerner la Palestine, le Mapuche, le Basque, le migrant, l’Afro-Américain, la jeune environnementaliste suédoise, la guerrière kurde, la femme qui lutte autre part sur la planète, le Japon, la Chine, les Corées, l’Océanie, l’Afrique mère ?

Ne devrions-nous pas plutôt aller, par exemple, à Chablekal, au Yucatán, au local de l’Equipo Indignación, et leur reprocher : « Eh ! Vous avez la peau blanche et vous êtes croyants, demandez pardon ! » ? Je suis presque sûr qu’ils répondraient : « Pas de problème, mais attendez votre tour, parce que pour l’instant nous sommes occupé·e·s à accompagner ceux qui résistent au Train maya, ceux qui subissent des spoliations, la persécution, la prison, la mort. » Et ils ajouteraient :

« De plus nous devons répondre à l’accusation du pouvoir suprême que nous sommes financés par les Illuminati dans le cadre d’un complot interplanétaire pour bloquer la 4T [1]. » Ce dont je suis sûr, c’est qu’ils utiliseraient le verbe « accompagner », et non les verbes « diriger », « commander », « mener ».

Ou nous devrions plutôt envahir les Europes au cri de « rendez-vous, visages pâles ! », et détruire le Parthénon, le Louvre et le Prado et, au lieu de sculptures et de peintures, remplir tout de broderies zapatistes, en particulier de masques zapatistes — qui, soit dit en passant, sont efficaces et très jolis —, et, au lieu de pâtes, de fruits de mer et de paellas, imposer la consommation de maïs, cacaté et yerba mora, au lieu de vins et de bières, pozol obligatoire, et pour ceux qui sortent dans la rue sans passe-montagne, amende ou prison (oui, au choix, car il ne faut pas non plus exagérer), et nous écrier : « Et vous, les rockers, marimba obligatoire ! Et dorénavant rien que des cumbias, pas question de reggaeton (c’est tentant, pas vrai ?). Et toi, Panchito Varona et Sabina, les autres aux chœurs, démarrez avec Cartas Marcadas, et en boucle, même si “nos den las diez, las once, las doce, la una, las dos y las tres…” [2] et vite, parce que demain faut se lever tôt ! Tu entends, toi, un autre toi, ex-roi poudre-d’escampette, fiche la paix à ces éléphants et mets-toi à cuisiner ! Soupe de courge pour toute la cour ! » (je sais, ma cruauté est exquise) ?

Maintenant, dites-moi : vous croyez que le cauchemar de ceux d’en haut, c’est qu’on les oblige à demander pardon ? Ce qui peuple leurs rêves de choses horribles, ce ne serait pas qu’ils disparaissent, qu’ils n’importent plus, qu’on n’en tienne pas compte, qu’ils soient rien, que leur monde s’effrite presque sans faire de bruit, sans que personne ne s’en souvienne, ne leur érige de statues, de musées, de cantiques, de jours de fête ? Ce ne serait pas que la possible réalité les fasse paniquer ?

C’est une des rares fois où feu le SupMarcos ne s’est pas servi d’une métaphore cinématographique pour expliquer quelque chose. Parce que, vous n’êtes censés le savoir ni moi vous le raconter, mais le défunt pouvait évoquer les étapes de sa courte vie chacune en référence à un film. Ou accompagner une explication sur la situation nationale ou internationale d’un « comme dans tel film ». Bien sûr, plus d’une fois il a dû arranger le scénario pour qu’il colle avec la narration. Comme la plupart d’entre nous n’avaient pas vu le film en question, et qu’on ne captait pas avec des portables pour consulter Wikipédia, ben, on le croyait. Mais ne sortons pas du sujet. Attendez, je crois qu’il l’a laissé écrit sur un de ces papiers qui saturent le coffre aux souvenirs… Il est là ! Voici :

« Pour comprendre notre détermination et la taille de notre audace, imaginez que la mort est une porte qu’on franchit. Il y aura des spéculations multiples et variées sur ce qu’il y a derrière cette porte : le ciel, l’enfer, les limbes, le rien. Et des dizaines de descriptions de ces options. La vie pourrait alors être conçue comme le chemin menant à cette porte. La porte, la mort, quoi, serait ainsi un point d’arrivée… ou une interruption, l’impertinente coupure de l’absence blessant l’air de la vie.

On arriverait à cette porte, donc, du fait de la violence de la torture et de l’assassinat, de l’infortune d’un accident, de la pénible entre-ouverture de la porte lors d’une maladie, de la fatigue, du désir. C’est-à-dire que, bien que la plupart du temps on arrive à cette porte sans le désirer ni le vouloir, il serait aussi possible que ce soit un choix.

Chez les peuples originaires, aujourd’hui zapatistes, la mort était une porte qui surgissait presque au début de la vie. Les enfants s’y confrontaient avant l’âge de cinq ans et la franchissaient entre fièvres et diarrhées. Ce que nous avons fait le 1er janvier 1994, ça a été d’essayer d’éloigner cette porte. Bien sûr il fallait être disposé à la franchir pour y arriver, bien que nous ne le désirions pas. Depuis, tout notre effort a consisté, et consiste à éloigner cette porte le plus possible. “Allonger l’espérance de vie”, diraient les spécialistes. Mais d’une vie digne, ajouterions-nous. L’éloigner jusqu’à la mettre sur le côté, mais beaucoup plus loin sur le chemin. C’est pour ça que nous avons dit au début du soulèvement : “pour vivre, nous mourons”. Parce que si nous ne léguons pas la vie, c’est-à-dire le chemin, alors pourquoi vivons-nous ? »

Léguer la vie.

C’est précisément ce qui préoccupait Samir Flores Soberanes. Et c’est ce qui peut synthétiser la lutte du Front des peuples en défense de l’eau et de la terre du Morelos, de Puebla et de Tlaxcala dans sa résistance et sa rébellion contre la centrale thermoélectrique et le soi-disant « Projet intégral Morelos ». À leur exigence d’arrêter et d’annuler un projet de mort, le mauvais gouvernement répond en argumentant qu’on perdrait beaucoup d’argent.

Là, dans le Morelos, on a la synthèse de la confrontation actuelle dans le monde entier : argent versus vie. Et dans cet affrontement, dans cette guerre, aucune personne honnête ne devrait être neutre : ou avec l’agent, ou avec la vie.

[Note de R71 : Rappelons ici la phrase si puissante d’Howard Zinn et titre de son autobiographie en anglais : « On ne peut pas être neutre dans un train en marche… » Clin d’œil de Marcos/Galeano ?]

Ainsi, nous pourrions conclure, la lutte pour la vie n’est pas une obsession chez les peuples originaires. C’est plutôt… une vocation… et une vocation collective.

D’accord. Salut et que nous n’oublions pas que pardon et justice ne sont pas la même chose.

Depuis les montagnes des Alpes, où il se demande qu’envahir en premier : l’Allemagne, l’Autriche, la Suisse, la France, l’Italie, la Slovénie, Monaco, le Lichtenstein ? Nan, c’est une blague… ou bien pas ?

Le SupGaleano, qui s’exerce à son gribouillis le plus élégant.

Mexique, octobre 2020.

= = =

Lectures complémentaires :

6ème déclaration zapatiste de la forêt de Lacandon

Ricardo Flores Magon, textes choisis 

Chiapas, feu et parole d’un peuple qui dirige et d’un gouvernement qui obéit

Du Chiapas aux Gilets Jaunes…

James C. Scott « L’art de ne pas être gouverné »

 

Reprise 8 : Appel à la solidarité du Conseil National Indigène (Mexique)

Posted in actualité, altermondialisme, colonialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, pédagogie libération, politique et social, résistance politique, société des sociétés, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , on 8 septembre 2020 by Résistance 71

 

 

Agression contre les communautés zapatistes, le Conseil National Indigène appelle à la solidarité

 

CNI

 

27 août 2020

 

url de l’article en français:

https://www.lavoiedujaguar.net/Agression-contre-des-communautes-zapatistes-le-Congres-national-indigene

 

Aux peuples du Mexique et du monde,

Le Conseil indigène de gouvernement – Congrès national indigène (CNI-CIG) dénonce la lâche attaque des membres du groupe paramilitaire appelé Organisation régionale des caféiculteurs d’Ocosingo (Orcao) qui, le samedi 22 août aux environs de 11 heures du matin, ont volé et brûlé les installations du Centro de Comercio Nuevo Amanecer del Arcoiris situé sur le site connu comme « croisement » de Cuxuljá, Commune autonome Lucio Cabañas, à l’intérieur de la municipalité officielle d’Ocosingo, Chiapas.

L’organisation paramilitaire Orcao a maintenu depuis des années une pression, et une violence constante sur les communautés zapatistes ; c’est le cas dans la Commune autonome Moisés Gandhi, pour arrêter l’organisation autonome, pour privatiser les terres qui ont coûté la lutte et l’organisation des peuples originaires bases d’appui zapatistes, pour terroriser et menacer les compañeros et compañeras qui depuis le bas ont parié sur l’espoir. C’est le cas aussi des diverses agressions contre les compañeros du Congrès national indigène qui furent violentés et séquestrés par les paramilitaires de l’Orcao, les « Chinchulines » et des gens du parti Morena [1].

Nous dénonçons la guerre qui, depuis le haut, se déploie contre l’organisation des communautés zapatistes en même temps que d’en haut les mauvais gouvernements cherchent à imposer, dans tout le pays, les mégaprojets de mort auxquels nous nous opposons et nous opposerons, parce que nous ne sommes pas disposés à renoncer à nos territoires et à permettre la destruction que nous promettent les puissants.

Nous rendons responsables de ces faits l’organisation paramilitaire Orcao, le parti Morena, le gouvernement de l’État (du Chiapas) et le gouvernement fédéral qui n’ont pas cessé de semer la violence dans la région pour frapper non seulement nos frères et sœurs des communautés bases d’appui de l’EZLN, mais aussi tous les peuples qui rêvons la lutte pour la vie, pour guérir notre Terre mère et cesser qu’elle soit privatisée, pour que ne reviennent jamais plus les patrons capitalistes et les mauvais gouvernements sur les territoires autonomes zapatistes et que cette lumière continue à fleurir sur les territoires des peuples originaires du CNI-CIG et de toute l’humanité.

Nous lançons un appel aux compañer@s des réseaux d’appui et de résistance et rébellion pour qu’ils se prononcent et se mobilisent contre la guerre d’extermination qui s’intensifie dangereusement contre nos frères et sœurs des peuples zapatistes qui nous enseignent à ne jamais cesser de semer rébellion et espoir.

Bien à vous,

Pour la reconstruction intégrale de nos peuples

Jamais plus un Mexique sans nous

Congrès national indigène – Conseil indigène de gouvernement

Texte d’origine :

Congreso Nacional Indígena

24 août 2020.

Résistance politique et anti-coloniale: Zapatistes « Nous avons brisé l’encerclement »…

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, colonialisme, crise mondiale, démocratie participative, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, politique et social, résistance politique, société des sociétés, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , , , , on 4 septembre 2019 by Résistance 71

Le mouvement zapatiste du Chiapas est unique et ne peut être copié, mais il est possible de s’inspirer de ce grand succès d’une pédagogie des opprimés qui a radicalement transformé sa réalité sociale pour affirmer son être et son humanité vraie.
Il en va pour nous comme pour eux devant la mascarade et le mensonge perpétuels de la société étatico-capitaliste qui nous est imposée et écrions-nous enfin: ¡Ya basta!… « Ça suffit ! » Quelque textes complémentaires essentiels à lire sous l’article pour nous mener pas à pas vers l’émancipation finale dans la société des société dans une convergence d’un Réseau de Résistance et de Rébellion International.

~ Résistance 71 ~

 

 

Et nous avons brisé l’encerclement

 

Communiqué du Comité clandestin révolutionnaire indigène
Commandement général de l’Armée zapatiste de libération nationale

Mexique

EZLN

 

17 août 2019.

 

Source de l’article en français:

https://www.lavoiedujaguar.net/Et-nous-avons-brise-l-encerclement

 

Au peuple du Mexique,

Aux peuples du monde,

Au Congrès national indigène – Conseil indigène de gouvernement,

À la Sexta nationale et internationale,

Aux réseaux de soutien et de résistance et rébellion,

Hermanos, hermanas et hermanoas [1],
Compañeras, compañeros et compañeroas,

Voici notre parole, la même qu’hier, qu’aujourd’hui et que demain car c’est une parole de résistance et de rébellion.

En octobre 2016, il y a presque trois ans, lors de leur vingtième anniversaire, les peuples frères organisés dans le Congrès national indigène, main dans la main avec l’EZLN, se sont engagés à passer à l’offensive dans la défense du territoire et de la terre-mère. Poursuivis par les forces du mauvais gouvernement, les caciques, les entreprises étrangères, les criminels et les lois, comptant les morts, les agressions et les moqueries, nous, les peuples originaires, les gardiens de la terre, avons décidé de passer à l’offensive et d’étendre notre parole et notre action de résistance et de rébellion.

Avec la formation du Conseil indigène de gouvernement (CIG) et la désignation de sa porte-parole, Marichuy, le Congrès national indigène (CNI) s’est donné pour tâche d’apporter, aux frères et sœurs de la campagne et de la ville, la parole d’alerte et d’organisation. L’EZLN est aussi passée à l’offensive dans sa lutte de la parole, de l’idée et de l’organisation.

Pour nous, le moment est maintenant venu de rendre des comptes au CNI-CIG et à sa porte-parole. Ce sera à leurs peuples de dire si nous avons tenu nos engagements. Mais pas seulement à eux. Nous avons aussi un engagement auprès des organisations, des groupes, des collectifs et des personnes en tant qu’individus (particulièrement de la Sexta et des réseaux [2], mais pas seulement), qui, au Mexique et dans le monde, s’inquiètent pour les peuples zapatistes et dont le cœur, dans leur temps, géographie et manière, continue de battre avec le nôtre, sans qu’importe la distance kilométrique, sans qu’importent les murs et les frontières, ni l’encerclement qu’on nous impose. Nous ne nous sommes pas fait d’illusions avec l’arrivée d’un nouveau gouvernement. Nous savons que le Grand Chef n’a pas d’autre patrie que celle de l’argent et qu’il dirige le monde et la majorité de ses grandes propriétés qu’on appelle « pays ».

Nous savons aussi que la rébellion est interdite, tout comme sont interdites la dignité et la rage. Mais dans le monde entier, dans ses recoins les plus oubliés et méprisés, il y a des êtres humains qui résistent à être dévorés par la machine et qui ne se rendent pas, ne se vendent pas et n’abandonnent pas. Nombreuses sont leurs couleurs, nombreux sont leurs drapeaux, nombreuses sont les langues qui les habillent, et gigantesques sont leur résistance et leur rébellion.

Le Grand Chef et ses contremaîtres construisent des murs, des frontières et des rideaux de fer pour tenter d’endiguer ce qu’ils disent être un mauvais exemple. Mais ils n’y arrivent pas car la dignité, la colère, la rage, la rébellion ne peuvent être ni endiguées ni enfermées. Même s’ils se cachent derrière leurs murs, leurs frontières, leurs rideaux de fer, leurs armées et leurs polices, leurs lois et leurs décrets, tôt ou tard, cette rébellion viendra leur demander des comptes. Et il n’y aura ni pardon ni oubli.

Nous savions et nous savons que notre liberté ne serait l’œuvre que de nous-mêmes, les peuples originaires. Avec le nouveau contremaître du Mexique, la persécution et la mort ont elles aussi continué : en à peine quelques mois, une dizaine de compañeros du Congrès national indigène – Conseil indigène de gouvernement, des militants sociaux, ont été assassinés. Parmi eux, un frère très respecté par les peuples zapatistes : Samir Flores Soberanes, abattu après avoir été montré du doigt par le contremaître qui, de plus, poursuit les mégaprojets néolibéraux qui font disparaître des peuples entiers, détruisent la nature et convertissent le sang des peuples originaires en bénéfice du grand capital.

C’est pour cela que, en l’honneur des frères et sœurs qui sont morts, qui sont persécutés et qui sont portés disparus ou en prison, nous avons décidé de nommer « Samir Flores est vivant » la campagne zapatiste qui culmine aujourd’hui et que nous rendons publique :

Après des années de travail silencieux, malgré l’encerclement, malgré les campagnes mensongères, malgré les diffamations, malgré les patrouilles militaires, malgré la Garde nationale, malgré les campagnes de contre-insurrection déguisées en programmes sociaux, malgré l’oubli et le mépris, nous avons grandi et nous sommes devenus plus forts.

Et nous avons brisé l’encerclement

Nous sommes sortis sans en avoir demandé la permission et nous sommes maintenant de nouveau avec vous, frères, sœurs et hermanoas, compañeros, compañeras et compañeroas. L’encerclement gouvernemental est resté derrière nous, il n’a servi et ne servira à rien. Nous poursuivons des routes et des chemins qui n’existent ni sur les cartes ni pour les satellites et qui se trouvent seulement dans la pensée de nos plus anciens.

Avec nous, les zapatistes, dans nos cœurs chemine aussi la parole, l’histoire et l’exemple de nos peuples, de nos enfants, de nos anciens, hommes et femmes. En dehors, nous avons trouvé une maison, de la nourriture, une écoute et une parole. Nous nous sommes compris comme seulement se comprennent ceux qui partagent la même douleur, mais aussi la même histoire, la même indignation, la même rage.

Nous avons compris que, non seulement les rideaux et les murs ne servent qu’à la mort, mais que l’achat-vente de consciences par les gouvernements est chaque fois plus inutile. Ils ne nous trompent plus, ils ne nous convainquent plus, aujourd’hui ils s’oxydent, se brisent, échouent.

C’est ainsi que nous sommes sortis. Le Grand Chef est resté derrière, en pensant que son encerclement, nous maintenait enfermés. De loin, nous avons vu ses arrières faits de Gardes nationales, de soldats, de policiers, de projets, d’aides et de mensonges. Nous y sommes allés et nous sommes revenus, nous sommes entrés et nous sommes sortis. Nous l’avons fait dix, cent, mille fois et le Grand Chef surveillait sans nous regarder, confiant en la peur que sa peur provoquait.

Les assiégeurs se sont retrouvés comme une tache de saleté, eux-mêmes cernés dans un territoire aujourd’hui plus étendu, un territoire qui répand la rébellion.

Herman@s, compañer@s,

Nous nous présentons face à vous avec de nouveaux caracoles et un plus grand nombre de communes autonomes rebelles zapatistes dans de nouvelles zones du Sud-Est mexicain.

Nous aurons aussi maintenant des centres de résistance autonome et rebelle zapatiste. Dans la majorité des cas, ces centres seront aussi la base de caracoles, de conseils de bon gouvernement et de communes autonomes rebelles zapatistes.

Bien que lentement, et comme cela doit être comme son nom l’indique [3], les cinq caracoles originaux se sont reproduits après quinze ans de travail politique et organisationnel ; et les communes autonomes rebelles zapatistes et leurs conseils de bon gouvernement ont dû eux aussi faire des petits et être attentifs à ce qu’ils grandissent. Il y aura maintenant douze caracoles et leurs conseils de bon gouvernement.

Cette croissance exponentielle, qui nous permet aujourd’hui de sortir de nouveau de l’encerclement, est due à deux choses :

La première, et la plus importante, c’est le travail politique organisationnel et l’exemple des femmes, des hommes, des enfants et des anciens bases d’appui zapatistes. Et plus particulièrement remarquable, celui des femmes et des jeunes zapatistes. Des compañeras de tout âge se sont mobilisées pour parler avec d’autres sœurs organisées ou pas. Les jeunes zapatistes, sans abandonner leurs goûts et leurs préférences, ont appris des sciences et des arts, et ils l’ont ainsi transmis à de plus en plus de jeunes. La majorité de cette jeunesse, principalement des femmes, assument des charges qu’elles imprègnent de leur créativité, de leur ingéniosité et de leur intelligence. Nous pouvons donc dire, sans peine et avec fierté, que non seulement les femmes zapatistes vont de l’avant, comme l’oiseau Pujuy, pour nous montrer le chemin afin de ne pas nous perdre, mais qu’en plus elles sont à nos côtés pour ne pas dévier, et sur nos arrières pour ne pas prendre de retard.

L’autre, c’est la politique gouvernementale destructrice de la communauté et de la nature, particulièrement celle de l’actuel gouvernement autonommé « Quatrième Transformation ». Les communautés traditionnellement partidistes [4] ont été blessées par le mépris, le racisme et la voracité de l’actuel gouvernement, et elles sont passées du côté de la rébellion ouverte ou clandestine. Celui qui pensait que sa politique de contre-insurrection faite d’aumônes diviserait le zapatisme et achèterait la loyauté des non-zapatistes en favorisant la confrontation et le découragement, a donné les arguments qui manquaient pour convaincre ces frères et sœurs que ce qui est important c’est de défendre la terre et la nature.

Le mauvais gouvernement a pensé et pense que les gens attendent et ont besoin de charité monétaire.

Maintenant, les peuples zapatistes et bien d’autres peuples non zapatistes, tout comme les peuples frères du CNI dans le Sud-Est mexicain et dans tout le pays, lui répondent et lui démontrent qu’il a tort.

Nous comprenons que l’actuel contremaître s’est formé dans les rangs du PRI et dans la conception « indigéniste » selon laquelle les originaires aspirent à vendre leur dignité et à cesser d’être ce qu’ils sont, et que l’indigène est une pièce de musée, un artisanat multicolore qui permet au puissant de cacher la grisaille de son cœur. C’est pour cela qu’il s’attache à ce que ses murs-trains (celui de l’Isthme et le mal nommé « maya ») incorporent au paysage les ruines d’une civilisation, pour le plus grand ravissement des touristes.

Mais nous, les originaires, nous sommes vivants, rebelles et en résistance ; le contremaître prétend maintenant remettre au goût du jour l’un de ses caporaux, un avocat qui un jour a été indigène, et qui maintenant, comme tout au long de l’histoire mondiale, se consacre à diviser, persécuter et manipuler ceux qui un jour ont été ses semblables. Le responsable de l’INPI [5], se polit tous les jours la conscience à la pierre ponce afin d’éliminer toute trace de dignité. Il pense qu’ainsi il blanchit sa peau et que sa raison devient celle du Grand Chef. Le contremaître le félicite et il se félicite : pour essayer de contrôler les rebelles, il n’y a rien de mieux qu’un repenti, converti par un salaire en une marionnette de l’oppresseur.

Durant ces maintenant plus de vingt-cinq ans, nous avons appris.

Au lieu de gravir les échelons des postes du mauvais gouvernement ou de nous convertir en une mauvaise copie de ceux qui nous humilient et nous oppriment, notre intelligence et notre savoir se sont tournés vers notre propre croissance et notre propre force.

Grâce aux sœurs, aux frères, aux hermanoas du Mexique et du monde qui ont participé aux rencontres et aux pépinières d’idées auxquelles nous les avons convoqué·e·s en ce temps-là, notre imagination et notre créativité, tout comme notre connaissance, se sont ouvertes et sont devenues plus universelles, c’est-à-dire plus humaines. Nous avons appris à regarder, à écouter et à parler l’altérité, sans moquerie, sans jugement, sans étiquette. Nous avons appris qu’un rêve qui n’englobe pas le monde entier est un petit rêve.

Ce que nous diffusons maintenant publiquement, c’est le fruit d’un long processus de réflexion et de recherche. Des milliers d’assemblés communautaires zapatistes, dans les montagnes du Sud-Est mexicain, ont pensé et cherché d’autres chemins, modes et temps. En défiant le mépris du puissant qui nous traite d’ignorants et d’imbéciles, nous avons utilisé l’intelligence, la connaissance et l’imagination.

Ici, nous nommons les nouveaux centres de résistance autonome et rebelle zapatiste. Il s’agit de onze nouveaux centres, plus les cinq caracoles originaux, cela fait seize. Plus les communes autonomes originales, qui sont au nombre de vingt-sept, au total avec les centres zapatistes, cela fait quarante-trois.

Noms et localisation des nouveaux caracoles et communes autonomes :

1. Nouveau caracol, son nom : Collectif le cœur de graines rebelles, mémoire du compañero Galeano. Son conseil de bon gouvernement s’appelle : Sillage de l’histoire, pour la vie de l’humanité. Sa base est à La Unión, terre récupérée, à côté de l’ejido San Quintín, là où se trouve la caserne militaire du mauvais gouvernement. Municipalité officielle d’Ocosingo.

2. Nouvelle commune autonome, qui s’appelle : Espoir de l’humanité, sa base est à l’ejido de Santa María. Municipalité officielle de Chicomuselo.

3. Autre commune autonome, qui s’appelle : Ernesto Che Guevara, sa base est à El Belén. Municipalité officielle de Motozintla.

4. Nouveau caracol, son nom : Digne spirale qui tisse les couleurs de l’humanité en mémoire de celles et ceux qui sont tombés. Son conseil de bon gouvernement s’appelle : Graine qui fleurit avec la conscience de celles et ceux qui luttent pour toujours. Sa base est à Tulan Ka’u, terre récupérée. Municipalité officielle d’Amatenango del Valle.

5. Autre nouveau caracol. Son nom est : La Graine rebelle qui fleurit. Son conseil de bon gouvernement s’appelle : Nouvelle aube en résistance et rébellion pour la vie et l’humanité. Sa base se trouve à Poblado Patria Nueva, terre récupérée. Municipalité officielle d’Ocosingo.

6. Nouvelle commune autonome, qui s’appelle : Semant la conscience pour récolter des révolutions pour la vie. Sa base est à Tulan Ka’u, terre récupérée. Municipalité officielle d’Amatenango del Valle.

7. Nouveau caracol. Son nom est : Honneur à la mémoire du compañero Manuel. Son conseil de bon gouvernement s’appelle : La Pensée rebelle des peuples originaires. Sa base est à Dolores Hidalgo, terre récupérée. Municipalité officielle d’Ocosingo.

8. Autre nouveau caracol. Son nom est : Résistance et Rébellion un nouvel horizon. Son conseil de bon gouvernement s’appelle : La Lumière qui fait briller le monde. Sa base est au Poblado Nuevo Jerusalén, terre récupérée. Municipalité officielle d’Ocosingo.

9. Nouveau Caracol, qui s’appelle : Racine des résistances et rébellions pour l’humanité. Son conseil de bon gouvernement s’appelle : Cœur de nos vies pour le nouveau futur. Sa base se trouve dans l’ejido Jolj’a. Municipalité officielle de Tila.

10. Nouvelle commune autonome s’appelant : 21 Décembre. Sa base se trouve à Ranchería K’anal Hulub. Municipalité officielle de Chilón.

11. Nouveau caracol, qui s’appelle : Jacinto Canek. Son conseil de bon gouvernement s’appelle : Fleur de notre parole et lumière de nos peuples qui se reflète pour tous. Sa base se trouve dans la communauté du Cideci-Unitierra. Municipalité officielle de San Cristóbal de Las Casas.

Nous en profitons pour inviter la Sexta, les réseaux, le CNI et les personnes honnêtes à venir et, avec les peuples zapatistes, à participer à la construction des centres de résistance autonome et rebelle zapatiste, que ce soit en fournissant des matériaux et un soutien économique, que ce soit en martelant, en coupant, en chargeant, en orientant et en passant du temps avec nous, ou de la forme et de la manière qui vous semble convenir. Dans les prochains jours, nous rendrons public un écrit dans lequel nous expliquons comment, quand et où vous pouvez vous inscrire pour participer.

Herman@s et compañer@s,

Nous convoquons le CNI-CIG pour nous rencontrer et connaître le travail pour lequel nous nous sommes engagés, partager les problèmes, les difficultés, les coups, les évanouissements, mais aussi les graines qui donnent la meilleure récolte de la lutte et celles qui ne donnent plus les meilleures récoltes, mais qui nous amènent à tout le contraire, pour que nous ne le fassions plus. Nous nous rencontrerons avec ceux qui font réellement des efforts dans l’organisation de la lutte pour parler des bonnes récoltes et des mauvaises aussi. Concrètement nous vous proposons la réalisation collective, dans l’un des caracoles, de ce qui pourrait s’appeler forum en défense du territoire et de la terre mère, ou comme vous voudrez l’appeler, ouvert à toutes les personnes, groupes, collectifs et organisations qui s’obstinent dans cette lutte pour la vie. La date que nous vous proposons est durant le mois d’octobre 2019, les jours qui vous conviendront le mieux. De cette manière, nous mettons à votre disposition l’un des caracoles pour que se fasse la réunion ou l’assemblée du CNI-CIG aux dates que vous déciderez.

À la Sexta et aux réseaux, nous vous appelons pour commencer d’ores et déjà l’analyse et la discussion pour la formation d’un Réseau international de résistance et de rébellion, pôle, noyau, fédération, confédération ou comme vous l’appellerez, fondé sur l’indépendance et l’autonomie de ceux qui la forment, renonçant explicitement à toute hégémonie et à homogénéiser, où la solidarité et le soutien mutuels soient inconditionnels, où l’on partage les expériences bonnes et mauvaises de la lutte de chacun, et où l’on travaille dans la diffusion des histoires d’en bas à gauche.

Pour cela, comme zapatistes que nous sommes, nous convoquerons des réunions bilatérales avec les groupes, collectifs et organisations qui travaillent dans leurs géographies. Nous ne ferons pas de grandes réunions. Dans les prochains jours nous annoncerons le comment, quand et où de ces réunions bilatérales que nous vous proposons. Bien sûr, à ceux qui accepteront en prenant en compte leurs calendriers et géographies.

À ceux qui font de l’art, de la science et de la pensée critique leur vocation et leur vie, nous vous inviterons à des festivals, rencontres, pépinières, fêtes, échanges ou comme ça s’appellera. Nous vous ferons connaître le comment, le quand et le où cela pourrait se faire. Cela inclut le CompArte et le Festival de ciné « Puy ta Cuxlejaltic », mais pas seulement. Nous pensons faire des CompArte spécifiques selon chaque art. Par exemple : théâtre, danse, arts plastiques, littérature, musique, etc. Se fera aussi une autre édition du ConSciences, peut-être en commençant par les sciences sociales. Des pépinières de la pensée critique se réaliseront, peut-être en commençant avec le thème de la Tempête.

Et, spécialement à ceux qui marchent avec douleur et rage, avec résistance et rébellion et sont poursuivi·e·s :

Nous convoquerons à des rencontres de familles d’assassiné·e·s, disparu·e·s, et enfermé·e·s, tout comme des organisations, des groupes et des collectifs qui accompagnent leur douleur, leur rage et leur recherche de vérité et de justice.

Elle aura comme unique objectif qu’ils se connaissent entre eux et qu’ils échangent non seulement des douleurs mais aussi et surtout leurs expériences dans cette recherche. Les peuples zapatistes, nous nous limiterons à être vos hôtes.

Les compañeras zapatistes convoqueront une nouvelle Rencontre de femmes qui luttent, selon le moment, le lieu et les modalités qu’elles décideront et elles vous le feront savoir quand elles le voudront et par le moyen qu’elles décideront. Nous vous prévenons une bonne fois pour toutes que ce ne sera que pour les femmes, c’est la raison pour laquelle nous ne pouvons pas vous donner plus d’informations jusqu’à ce qu’elles le disent.

Nous verrons s’il est possible de faire une réunion d’otroas, avec l’objectif qu’ils·elles partagent, en plus de leurs douleurs, les injustices, les persécutions et toutes les autres saloperies qu’on leur fait, leurs formes de lutte et leur force. Les peuples zapatistes, nous nous limiterons à vous accueillir.

Nous verrons s’il est possible d’organiser une rencontre des groupes, collectifs et organisations défendant les droits de l’homme, selon la forme et les modalités qu’ils décideront. Les peuples zapatistes, nous nous limiterons à être vos hôtes.

Compañer@s et herman@s,

Nous sommes là, nous sommes zapatistes. Pour qu’on nous regarde, nous nous sommes couvert le visage ; pour qu’on nous nomme, nous avons nié notre nom ; nous avons parié le présent pour avoir un futur, et, pour vivre, nous sommes morts. Nous sommes zapatistes, majoritairement indigènes de racines mayas, nous ne nous vendons pas, nous ne nous rendons pas et nous n’abandonnons pas.

Nous sommes rébellion et résistance. Nous sommes une de ces nombreuses masses qui abattront les murs, un de ces nombreux vents qui balayeront la terre, et une de ces nombreuses graines desquelles naîtront d’autres mondes.

Nous sommes l’Armée zapatiste de libération nationale.

Depuis les montagnes du Sud-Est mexicain,
au nom des hommes, des femmes, des enfants et des anciens,
bases d’appui zapatistes, et du Comité clandestin révolutionnaire indigène
Commandement général de l’Armée zapatiste de libération nationale,
sous-commandant insurgé Moisés,
Mexique, août 2019.


SCI Moisés

Source et texte d’origine :

Enlace Zapatista.

Notes

[1] Frères, sœurs et, en même temps, « sœurs-frères » (note de “la voie du jaguar”).

[2] Réseaux de soutien, de résistance et de rébellion, NdT.

[3] Caracol signifie « escargot » en espagnol, NdT.

[4] Liées et organisées par les partis politiques électoraux, NdT.

[5] Institut national des peuples indigènes, NdT.

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Lectures complémentaires:

Chiapas-Feu-et-Parole-dun-Peuple-qui-Dirige-et-dun-Gouvernement-qui-Obeit

Ricardo_Flores_Magon_Textes_Choisis_1910-1916

Manifeste pour la Société des Sociétés

Effondrer le colonialisme

6ème_déclaration_forêt.lacandon

Paulo_Freire_La_pedagogie_des_opprimes

 

Gilets Jaunes !… D’autres combattants pour l’émancipation périssent, solidarité internationale suite au communiqué sur l’assassinat de membres du CNI au Mexique… (EZLN)

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, colonialisme, crise mondiale, démocratie participative, France et colonialisme, gilets jaunes, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, militantisme alternatif, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, politique et lobbyisme, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , , , , on 7 Mai 2019 by Résistance 71

En accord avec le Réseau de Résistance et de Rébellion International (3RI) mis en place par les Zapatista du Chiapas, nous réitérons ce que nous avons dit à maintes reprises:

« L’avenir de l’humanité passe par les peuples occidentaux émancipés de l’idéologie et de l’action coloniales, se tenant debout, main dans la main avec les peuples autochtones de tous les continents pour instaurer l’harmonie de la société des sociétés sur terre. Il n’y a pas de solutions au sein du système, n’y en a jamais eu et n’y en aura jamais ! »

Gilets Jaunes, Zapatistes du Chiapas, Communes Libres d’Oaxaca et du Rojava, peuple de Zomia, Palestiniens, peuples africains opprimés, Amérindiens, Kanaks, Aborigènes d’Australie, Maoris et tous les peuples colonisésMême combat !

Parce que nous sommes tous colonisés!

Lâchons prise des antagonismes induits et mettons en place la société des sociétés, celle des communes libres confédérées ayant abandonné la dictature étatico-marchande pour enfin devenir une humanité achevée, non aliénée, émancipée du chaos de la division.

~ Résistance 71 ~

 

 

Communiqué du CNI-CIG et de l’EZLN sur le lâche enlèvement et l’assassinat de compañeros du conseil populaire indigène Emiliano Zapata de la province mexicaine de Guerrero

 

EZLN, CNI, CGI

 

6 mai 2019

 

Source:

http://enlacezapatista.ezln.org.mx/2019/05/05/communique-from-the-cni-cig-and-the-ezln-on-the-cowardly-kidnapping-and-murder-of-companeros-from-the-emiliano-zapata-popular-indigenous-council-of-guerrero-2/?utm_source=feedburner&utm_medium=email&utm_campaign=Feed%3A+EnlaceZapatista+%28Enlace+Zapatista%29

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Le Congrès National Indigène (CNI), le Conseil de Gouvernement Indigène (CGI) et l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN) condamnent avec rage et douleur l’enlèvement et les assassinats de José Lucio Bartolo Faustino, membre du CGI de la communauté indigène Nahua de Xicotlán et de Modesto Verales Sebastián, délégué du CNI de Nahua. Tous deux faisaient partie du Conseil Indigène Populaire Emiliano Zapata qui est membre du CNI-CGI. Le crime a été commis par des groupes paramilitaires du cartel de la drogue qui opèrent depuis la municipalité de Chilapa de Alvarez et qui sont protégés par l’armée mexicaine ainsi que par les polices municipales et d’état.

Le 4 mai à 15H00, nos compañeros étaient à une réunion avec d’autres membres des conseils à Chilpancingo, Guerrero. Sur le chemin du retour vers leur communauté, ils furent enlevés et assassinés par ces groupes liés au narco-trafic qui agissent en toute impunité et sous la totale protection du mauvais gouvernement qui prétend adresser les demandes de sécurité et de justice des communautés indigènes. Ces communautés dénoncent depuis bien longtemps la manière dont le criminel Celso Ortega exerce et déchaîne la violence contre elles. Il convient de dire que les communautés ont depuis des années organisés leur propre police afin de pouvoir résister à la violence, l’extorsion, les menaces et la culture de la drogue qui sont imposés par deux entités criminelles dans la région de Los Ardillos et de Los Rojos. Ces deux groupes narco-criminels contrôlent les présidences des conseils municipaux de toute la région et sont protégés à la fois par l’armée mexicaine et les polices municipales et fédérales. A un moment ils parvinrent même à faire élire un de leurs leaders comme président du congrès de l’état de Guerrero.

Nous tenons pour responsables les trois niveaux de mauvais gouvernement pour ce crime lâche et odieux car ils sont coupables d’avoir réprimé notre peuple dans l’organisation de la défense de ses territoires. Nous tenons aussi pour responsable le mauvais gouvernement pour la sécurité de nos frères et sœurs des conseils indigènes.

En tant que CNI-CGI et EZLN nous envoyons toutes nos condoléances et notre solidarité vers les familles des compañeros assassinés et nous partageons avec elles la motivation de continuer sur la voie de l’autonomie et de la dignité que nos compagnons assassinés ont si vaillamment représentées. Ils sont des exemples pour toutes et tous.

Nous dénonçons sans réserve aucune l’intensification de la répression néolibérale contre les peuples, nations et tribus originels qui ne consentent en rien à ce projet de mort dans l’état de Guerrero et de fait dans tout le Mexique, ainsi que la violence utilisée pour nous imposer ces projets et la répression, les enlèvements, les disparitions et les assassinats de ceux d’entre nous qui ont décidé de semer les graines d’un nouveau monde depuis les espaces géographiques indigènes que nous sommes et où nous vivons.

Nous demandons justice pour nos compañeros

Dans l’attente…

Mai 2019

Pour la totale reconstructions de nos peuples

Plus jamais un Mexique sans nous

National Indigenous Congress

Indigenous Governing Council

Zapatista Army for National Liberation

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Lectures complémentaires:

Paulo_Freire_Extension ou Communication

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Effondrer-les-empires-coloniaux-par-apostasie-collective-de-jo-busta-lally

3ri-et-societe-des-societes-du-chiapas-zapatistes-aux-gilets-jaunes-en-passant-par-le-rojava-fevrier-2019

Paulo_Freire_La_pedagogie_des_opprimes

Aime_Cesaire_Discours_sur_le_colonialisme

Chiapas-Feu-et-Parole-dun-Peuple-qui-Dirige-et-dun-Gouvernement-qui-Obeit

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James-C-Scott-Contre-le-Grain-une-histoire-profonde-des-premiers-etats

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Manifeste pour la Société des Sociétés

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Comprendre-le-systeme-legal-doppression-coloniale-pour-mieux-le-demonter-avec-steven-newcomb1

Effondrer le colonialisme

40ans_Hommage_Pierre_Clastres

6ème_déclaration_forêt.lacandon

confederalisme_democratique

Païens en terre promise, décoder la doctrine chrétienne de la découverte

 

Réseau de Résistance et de Rébellion International: Lettre de soutien aux Zapatistes du Chiapas

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, colonialisme, crise mondiale, démocratie participative, gilets jaunes, guerres imperialistes, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, résistance politique, société des sociétés, société libertaire, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , on 22 janvier 2019 by Résistance 71

Les nations natives interpellent et bousculent le représentant de l’entité coloniale « Canada » appelé « premier ministre » , Justin Trudeau, lors d’une réunion publique ; le soutien international pour la lutte d’émancipation zapatiste du Chiapas mexicain qui nous donne une leçon de fonctionnement de société organique non-pyramidale depuis un quart de siècle, ne fait que croître.
Le mouvement des Gilets Jaunes n’est que partie du grand mouvement d’émancipation et de libération  international qui commence à déployer ses ailes.
Nous sommes tous inter-reliés. Leur combat est le notre, le notre est le leur.

Debout les damnés de la terre !
Solidarité ! Union ! Persévérence ! Réflexion ! Action ! (SUPRA)
Pour que vive la société des sociétés que les zapatistes appellent « le monde dans les mondes », la fin programmée de l’État !
Vive la Commune !

~Résistance 71 ~

Six textes fondamentaux pour nous aider à  y parvenir, ensemble, à  lire, relire et diffuser sans aucune modération:

 


« Planter l’arbre de demain…
Voilà ce que nous voulons faire. »
SCI Marcos, 1999

 

Lettre internationale de solidarité et de soutien  à la résistance et à l’autonomie zapatistes 

 

janvier 2019

 

samedi 19 janvier 2019

 

Source:

https://www.lavoiedujaguar.net/Lettre-internationale-de-solidarite-et-de-soutien-a-la-resistance-et-l

 

Nous, universitaires, intellectuels, artistes, activistes et personnes de bonne volonté, ainsi qu’organisations, associations et collectifs de divers pays, manifestons notre solidarité et notre soutien à l’EZLN — Ejército Zapatista de Liberación Nacional — en un moment crucial de son histoire ; nous répudions l’actuelle campagne de désinformation, mensonges et calomnies qui se développe à son encontre au Mexique et au-delà.

Pour nous, tout comme pour de nombreuses personnes dans le monde, la lutte zapatiste constitue un exemple de résistance, de dignité, de cohérence et de créativité politique. Il y a vingt-cinq ans, son « ¡Ya basta ! » fut un événement de grande portée et l’une des premières réactions marquantes face à la globalisation néolibérale, ouvrant la voie à la critique d’un modèle dont le triomphe paraissait alors absolu et définitif. Ce fut aussi, et c’est encore aujourd’hui, l’expression de la lutte légitime des peuples indiens contre la domination et le mépris subis durant des siècles, et pour l’exercice de leur droit à l’autonomie. L’autogouvernement populaire que les zapatistes ont mis en œuvre à travers leurs Conseils de bon gouvernement constitue un exemple de démocratie réelle et radicale susceptible de nourrir des aspirations largement partagées à travers le monde, et digne d’être étudié dans toutes les facultés de sciences sociales de la planète. La construction de l’autonomie zapatiste représente la recherche constante, honnête et critique d’un projet alternatif et émancipateur essentiel pour affronter les défis d’un monde qui paraît s’enfoncer sans cesse davantage dans une profonde crise à la fois économique, sociale, politique, écologique et humaine.

Nous exprimons notre préoccupation face à la situation que connaissent les communautés zapatistes et les peuples indiens du Mexique, du fait de la multiplication des projets miniers, touristiques, agro-industriels, d’infrastructures ou autres, qui affectent leurs territoires et leurs modes de vie, ainsi que l’ont dénoncé le Congrès national indigène et le Conseil indigène de gouvernement. En ce moment précis, nous nous inquiétons tout particulièrement des grands projets promus par le nouveau gouvernement mexicain, tel que le Couloir transisthmique, la plantation d’un million d’hectares d’arbres destinés à la filière agro-industrielle et le mal nommé « Train maya », récemment dénoncé comme une humiliation et une provocation par le sous-commandant Moisés, porte-parole de l’EZLN.

Outre les effets dévastateurs pour l’environnement, de ce projet comme du développement touristique massif qu’il entend déclencher, nous relevons l’empressement avec lequel les travaux du « Train maya » ont été lancés, le 16 décembre 2018, sous couvert d’un pseudo-rituel à la Terre Mère, dénoncé par le porte-parole zapatiste comme une offense intolérable. Nous nous inquiétons que se prépare ainsi une nouvelle attaque contre les communautés indiennes et qu’ait été tenu pour nul le caractère obligatoire de la consultation réelle, préalable, libre et informée, prévu par la convention 169 de l’OIT et la Déclaration de l’ONU sur les peuples originaires, ce qui revient à violer les engagements internationaux pourtant ratifiés par le Mexique.

Nous partageons le rejet exprimé par l’EZLN face à des grands projets qui affectent gravement les territoires autonomes et les formes de vie des peuples indiens, en particulier des peuples mayas qui habitent le sud-est du Mexique.

Nous dénonçons par avance toute agression contre les communautés zapatistes, soit directement de la part de l’État mexicain, soit à travers des groupes « civils », armés ou non armés.

Nous rendons le gouvernement mexicain responsable de toute confrontation qui pourrait survenir dans le cadre de la mise en œuvre de ces grands projets, qui correspondent à un modèle suranné de « développement », insoutenable et destructeur, décidé depuis les sommets du pouvoir et en violation ouverte des droits des peuples originaires.

Nous appelons les personnes généreuses à surmonter l’actuelle désinformation concernant aussi bien l’expérience zapatiste que les grands projets mentionnés, et à demeurer en alerte face au risque d’agressions contre les communautés zapatistes et les peuples originaires du Mexique.

Signataires :

Arundhati Roy (écrivaine, Inde)

Raoul Vaneigem (écrivain, Belgique)

Pablo Gonzalez Casanova (sociologue, Universidad Nacional Autónoma de México, Mexique)

Juan Villoro (écrivain, Mexique)

Winona Laduke (dirigeante indienne, USA)

Immanuel Wallerstein (sociologue, Yale University, New Haven, USA)

Paul Leduc (cinéaste, Mexique)

Giorgio Agamben (philosophe, Italie)

Gustavo Esteva (UniTierra-Oaxaca, Mexique)

Silvia Federici (professeure, Hofstra University, Hempstead, USA)

Raúl Zibechi (écrivain et journaliste, Uruguay) 

Havin Güneser (International Initiative Freedom for Abdullah Öcalan – Peace in Kurdistan)

Ignacio Ramonet (journaliste et écrivain, France)

Marcos Roitman (sociologue, professeur Universidad Complutense, Madrid, Espagne)

Isabelle Stengers (philosophe, Université libre de Bruxelles, Belgique)

Gilberto López y Rivas (anthropologue, UNAM, Mexique)

Michael Löwy (philosophe et sociologue, CNRS, Paris, France)

Carlos Fazio (journaliste et enseignant, UNAM, Mexique)

Raj Patel (écrivain et professeur, University of Texas, USA)

Toni Negri (philosophe, Paris, France)

Carlos Marentes (dirigeant syndical, Sindicato de Trabajadores Fronterizos, USA)

Bertha Navarro (productrice de cinéma, Mexique)

Hugo Blanco Galdos (directeur de Lucha Indígena, Pérou)

Barbara Zamora (avocate, Mexique)

Martin Almada (prix Nobel alternatif de la paix 2002, Paraguay)

David Graeber (anthropologue, London School of Economics, Royaume-Uni)

Arturo Escobar (professeur, Universidad del Valle, Cali, Colombie ; University of North Carolina, USA)

Carolina Coppel (productrice de cinéma, Mexico)

Eduardo Viveiros de Castro (anthropologue, Universidade Federal, Rio de Janeiro, Brésil)

Deborah Danowsky (philosophe, Pontifica Universidade Catolica, Rio de Janeiro, Brésil)

Paulina Fernandez (professeure de sciences politiques, UNAM, Mexique)

Paul Theroux (écrivain, USA)

Fernanda Navarro (philosophe, UNAM, Mexique)

Raúl Fornet-Betancourt (écrivain et professeur, Aachen, Allemagne)

Claudia von Werlhof (professeure, université d’Innsbruck, Autriche)

George Caffentzis (philosophe, University of Southern Maine, Portland, USA)

Miguel Altieri (professeur, University of California, Berkeley, USA)

Beatriz Aurora (peintre, Mexique)

Serge Latouche (économiste, professeur université Paris-Sud, France)

Carlos W. Porto Gonçalves (géographe, Universidade Federal, Río de Janeiro, Brésil)

Chukki Nanjundaswamy (dirigeante paysanne, KRRS, La Via Campesina, Inde)

Baramee Chaiyarat (dirigeant paysan, Assembly of the Poor, La Via Campesina, Thaïlande)

Jan Douwe van der Ploeg (professeur, Wageningen University, Hollande)

Saturnino « Jun » Borras Jr. (professeur, Institute of Social Sciences, Hollande)

Marthin Hadiwinata (dirigeant de Traditional Fisherfolk Union, Indonésie)

Carmen Castillo (cinéaste, Chili-France)

Boaventura de Sousa Santos (professeur, Universidad de Coimbra, Portugal)

Daniel Giménez Cacho (comédien, Mexique)

William I. Robinson (sociologue, professeur, University of California, Santa Barbara, USA)

Claudio Lomnitz (anthropologue, Columbia University, New York, USA)

Collectif d’artistes Chto Delat (Russie)

Bonga (compositeur-interprète, France)

Alain Damasio (écrivain, Marseille, France)

Serge Quadruppani (écrivain et traducteur, France)

Maguy Marin (chorégraphe, Lyon, France)

Surnatural Orchestra (groupe musical, France)

Serge Pey (poète, Toulouse, France)

Sylvie Glissant (directrice de l’Institut du Tout-Monde, France)

Fabien Cohen (secrétaire général de France Amérique latine, France)

Mireille Fanon-Mendès France (présidente de la Fondation Frantz Fanon International)

Eric Alliez (philosophe, Kingston University, Londres, Royaume-Uni, et université Paris-8, France)

Anselm Jappe (philosophe, France/Italie)

Eleni Varika (professeure, université Paris-8, France)

Christian Laval (sociologue, professeur, université Paris-Nanterre, France)

Pierre Dardot (philosophe, chercheur, université Paris-Nanterre, France)

Pierre Sauvêtre (enseignant-chercheur, université Paris-Nanterre, France)

Judith Revel (philosophe, professeure, université Paris-Nanterre, France)

Rémy Toulouse (éditeur, La Découverte, Paris, France)

Loïc Blondiaux (professeur de sciences politiques, université Paris-1, France)

Yvon Le Bot (sociologue, Paris, France)

Michel Wieviorka (sociologue, Paris, France)

Geneviève Azam (économiste, Toulouse, France) 

Barbara Glowczewski (anthropologue, directrice de recherches, CNRS, Paris, France)

François Cusset (professeur d’études américaines, université Paris-Nanterre, France)

François Gèze (éditeur, Paris, France)

Christophe Bonneuil (historien, directeur de recherches, CNRS, Paris, France)

Josep Rafanell i Orra (psychologue et écrivain, Paris, France)

Ludivine Bantigny (historienne, Université de Rouen-Normandie, France)

Gilles Rivière (anthropologue, directeur d’études, EHESS, Paris, France)

Irène Bellier (anthropologue, directrice de recherches, CNRS, France)

Thomas Coutrot (économiste, ancien porte-parole d’Attac-France, France)

Alain Musset (géographe, directeur d’études, EHESS, Paris, France)

Jean-Claude Bonne (historien de l’art, directeur d’études, EHESS, Paris, France)

Jérôme Baschet (historien, EHESS, Paris, France)

Éric Michaud (historien de l’art, directeur d’études, EHESS, Paris, France)

Houari Touati (directeur d’études, EHESS, Paris, France)

Jacques Revel (historien, EHESS, Paris, France)

Philippe Minard (historien, professeur, université Paris-8 et EHESS, France)

María Stavrinaki (enseignante-chercheuse, université Paris-1 Sorbonne, France)

Jean-Louis Tornatore (professeur, Université de Bourgogne, France)

Alessandro Stella (historien, directeur de recherches, CNRS, Paris, France)

François Jarrige (historien, Université de Bourgogne, France)

Carlo Vercellone (économiste, professeur, université Paris-8, France)

Philippe Corcuff (professeur de sciences politiques, Institut d’études politiques, Lyon, France)

Alexis Chaussalet (Attac-France, Paris, France)

Franck Gaudichaud (professeur, Université de Grenoble, coprésident de France Amérique latine)

Marc Hatzfeld (anthropologue, Durban, Corbières, France) 

Guillaume Faburel (enseignant-chercheur, université Lyon-2, France)

Régine Plas (professeure, université Paris-Descartes, France)

Géronimo Diese (scientifique-activiste, France)

Marc Tomsin (éditeur, Rue des Cascades, Paris, France)

Johan Badour (éditeur, Divergences, Paris, France)

Aline Pailler (journaliste, ancienne députée au Parlement européen, Ariège, France)

Alexandre Escudier (chercheur, Fondation nationale des sciences politiques, Paris, France)

Gil Bartholeyns (enseignant-chercheur, Université de Lille, France)

Thomas Golsenne (enseignant-chercheur, Université de Lille, France)

Élise Lowy (sociologue, revue EcoRev’, Paris, France)

Anna Fontes (professeure, université Sorbonne nouvelle Paris-3, France)

Vanessa Manceron (anthropologue, CNRS, Paris, France)

Karine Parrot (juriste, professeure, université de Cergy-Pontoise, France)

Patricia Pol (enseignante-chercheuse, université Paris-Est Créteil, France)

Françoise Escarpit (journaliste, Bordeaux, France)

Sylvia Pérez-Vitoria (socio-économiste, Paris, France)

Paul Ariès (directeur de la revue Les Zindigné(e)s, France)

Béatrice Bonne (traductrice, Paris, France)

Annick Stevens (philosophe, Université populaire de Marseille, France)

Jean-Michel Guillon (chercheur, université Paris-Sud, Orsay, France)

Brice Bonfanti (poète-œuvrier, Grenoble, France)

Bertrand Meunier (photographe, Tendance Floue, Paris, France)

Jacques Kebadian (cinéaste, Paris, France) 

Nicolas Défossé (cinéaste, Paris, France)

Jean-François Galotte (cinéaste, Colombes, France)

Claudine Baschet (comédienne, Paris, France)

François-Xavier Drouet (cinéaste, Faux-la-Montagne, France)

Christine Pellicane (directrice de compagnie, Paris, France)

Philippe Maymat (comédien, Paris, France)

Aïda Kebadian (peintre, Paris, France)

Yannick Reix (directeur du Café des images, Caen, France)

Christian Valdelièvre (producteur, France-Mexique) 

Christian Mahieux (Réseau syndical international de solidarité et de lutte, France)

Stéphane Enjalran (Union syndicale Solidaires, France)

Verveine Angeli (Union syndicale Solidaires, France)

Cybèle David (fédération SUD Éducation, France)

Nara Cladera (fédération SUD Éducation, France)

Éric Decamps (fédération SUD Rail, France)

Raphaël Millon (Solidaires Jeunesse et Sports, France)

Marc Tzwangue (Union syndicale SUD Industrie, France)

Yann Renoult (SUD Éducation 93, France)

Élodie Douvry (SUD Éducation 93, France)

Hortensia Ines (SUD Éducation 66, France)

Valérie Duguet (SUD Éducation 87, France)

Marco Candore (artiste, Paris, France)

Franssou Prenant (cinéaste, Paris, France) 

Dominique Dou (écrivaine, Paris, France)

Christian Carez (photographe, Beersel, Belgique)

Claire Doyon (cinéaste, Paris, France)

Éric Premel (cinéaste, ancien directeur du Festival de cinéma de Douarnenez, France)

Valentin Schaepelynck (enseignant-chercheur, université Paris-8, France)

Chloé Maillet (professeure d’histoire de l’art, ESBA, Angers, France)

Christine Lapostolle (professeure, École européenne supérieure d’arts de Bretagne, France)

Kristina Solomoukha (artiste et professeure, EESAB, Rennes et EnsAD, Paris, France)

Francesca Cozzolino (enseignante-chercheuse, EnsAD, Paris, France)

Gaelle Hauptmann (artiste, Quimper, France)

Jean Rochard (producteur de musique, Paris, France)

Jean-Baptiste Vidalou (écrivain, France)

Régis Hébette (directeur du théâtre L’Échangeur, Bagnolet, France)

Claire Moyrand (écrivaine, Paris, France)

Guillaume Lasserre (critique d’art, Paris, France)

Émile Ouroumov (directeur du centre d’art BBB, Toulouse, France)

Benjamin Landsberger (producteur exécutif, Maisons-Laffitte, France)

Stéphane Kayler (médias audiovisuels, Paris, France)

Paolo Codeluppi (artiste et photographe, Bagnolet, France)

Maryline Brustolin (galeriste d’art, Paris, France)

Dominique Mathieu (artiste, Paris, France)

Caroline Simpson Smith (directrice adjointe du Théâtre-Sénart, Lieusaint, France)

Laurence Loutre-Barbier (éditrice, Fage, Lyon, France)

Vivianna Mélo Saint-Cyr (psychologue, Paris, France)

David Benassayag (éditeur et directeur de centre d’art, Cherbourg, France)

Yves Raynaud (graphiste, Villiers-sur-Morin, France)

Hélène Roux (sociologue, université Paris-1, France)

Willy Gianinazzi (historien, Paris, France)

Maud Pérez-Simon (professeure, université Sorbonne nouvelle Paris-3, France)

Violaine Delteil (socio-économiste, université Sorbonne nouvelle Paris-3, France) 

Patrick Dieuaide (université Sorbonne nouvelle Paris-3, France)

Odile Henry (sociologue, université Paris-8, France)

Vicente Romero (enseignant-chercheur, université Paris-8, France)

Guillaume Goutte (correcteur de presse, CGT, Paris, France)

Angeles Alonso Espinosa (anthropologue, Paris, France)

David Scemla (avocat, Paris, France)

Marie-Christine Callet (Paris, France)

Nadine Verdier (Attac-France, Cahors, France)

Michèle Plantain (Attac-France, Noyelles-sur-Selle, France)

Marc Saracino (fondateur du festival de cinéma Résistances, Foix, France)

Marie-Luce Rauzy (éditrice, EHESS, Marseille, France)

Davide Gallo Lassere (chercheur, université Paris-Nanterre, France)

Fabrice Flipo (philosophe, Paris, France)

Pierre Bance (éditeur, Paris, France)

Pierre Rousset (activiste, Europe solidaire sans frontières, France)

Gustave Massiah (économiste, Initiatives pour un autre monde, France)

Laura Voilqué (association La Ligne d’horizon, Paris, France)

Ladislas de Monge (Villon, France)

Claude Micmacher (architecte, Réseau français des écocentres, Périgueux, France)

Jocelyne Cambuzat (Limoges, France)

Omar Kezouit (Attac-Paris, France)

Pascal Girard (enseignant, Vanves, France)

Marcel Caucheteux (Attac-France, Lille, France)

Dolores Vázquez-Salvadores (professeure d’espagnol, Paris, France)

Arnaud Tomès (professeur de philosophie, Strasbourg, France)

Néstor Vega Salazar (Paris, France)

Lise Bouzidi Vega (Paris, France)

Violeta Salvatierra (études chorégraphiques, université Paris-8, France)

Jacqueline Balvet (Attac-France, Gard, France)

Christian Godeux (Cévennes, France)

Pierre Mallet (marin, Marseille, France)

Matías Possner (Grupo Chiapas, Autriche)

Pablo Campoy (politologue, Hollande)

Didier Harpagès (enseignant, Hondschoote, France)

Guy Michel (enseignant, Sauvian, France)

Christian Ferrié (professeur de philosophie, Strasbourg, France)

Suzanne Hildebrandt (politologue, Strasbourg, France)

Stéphane Douailler (philosophe, professeur, université Paris-8, France) 

Anouk Anglade (étudiant, université Paris-8, France)

Blandine Gravelin (université Paris-1, France)

Rozenn Milin (journaliste, Landunvez, France)

Yolaine Puche (employée, Tours, France)

Raphaël Guesuraga (enseignant, Saint-Leu-la-Forêt, France) 

Vasiliki Zachari (chercheur, EHESS, Paris, France)

Alizé Lacoste Jeanson (anthropologue, Bordeaux, France)

Nicolas Flesch (écrivain, Paris, France)

Garance Tefnin (Saint-Alban-des-Hurtières, France)

Gécile Menard (directeur de collège, Paris, France)

Catherine Gégout (ex-conseillère municipale, Paris, France)

Gabriel Gau (conseiller municipal, Paris, France)

Fany Gaillanne (conseillère municipale, Paris, France)

Marie-Christine Haensler Dussel (Attac-Valenciennes, Marly, France)

Jean-Michel Armagnac (Agen, France)

Ani Kebadian (Paris, France)

Jacques Voilqué (Paris, France)

Sylvie Poignant (Paris, France)

Jeanne Dacenko (Paris, France)

Joseph Dekkers (Paris, France)

Renaud Tefnin (Yvignac La Tour, France)

Moira Gey Smith (architecte, Paris, France)

Julien Grimaud (enseignant, Dunkerque, France)

Amélie Benassayag (Argenton-sur-Creuse, France)

Jean Robert (écrivain et architecte, Cuernavaca, Mexique)

Ofelia Medina (comédienne, Mexique)

Begonia Lecumberri (activiste, Mexique) 

Mercedes Olivera (anthropologue, CESMECA, Mexique)

Eduardo Matos Moctezuma (archéologue, Mexique)

Marina de Tavira (comédienne, Mexique)

Sylvia Marcos (professeure, UNAM, Mexique)

Cristina Rivera-Garza (écrivaine, Mexique)

Julieta Egurrola (comédienne, Mexique)

Elmer Mendoza (écrivain, Mexique)

Alicia Castellanos (anthropologue, UAM, Mexique)

Antonio Ortuño (écrivain, Mexique)

Jorge Alonso (chercheur et professeur, CIESAS-Occidente, Guadalaraja, Mexique)

Fernando Matamoros (BUAP, Puebla, Mexique)

Sergio Tischler (BUAP, Puebla, Mexique) 

Rocío Noemi Martínez (historienne de l’art, Mexique)

Joani Hocquenghem (écrivain, Oaxaca, Mexique)

Peter Rosset (professeur, ECOSUR, Mexique)

Ronald Nigh (professeur, CIESAS, Mexique)

Omar Felipe Giraldo (professeur, ECOSUR, Mexique)

Henry Veltmeyer (professeur, Universidad Autónoma de Zacatecas, Mexique)

Darcy Tetreault (professeur, Universidad Autónoma de Zacatecas, Mexique)

Katharine Crocker Blake (entrepreneure, Chiapas, Mexique)

Raúl Delgado Wise (professeur, Universidad Autónoma de Zacatecas, Mexique)

Benjamín Cann (dramaturge, Mexique)

Brian Nissen (peintre, Mexique)

Nadia Baram (photographe, Mexique)

Francisco Hinojosa (écrivain, Mexique)

Jordi Soler (écrivain, Mexique)

María René Prudencio (dramaturge, Mexique)

Daniela Rea (journaliste, Mexique)

Álvaro Enrigue (écrivain, Mexique)

Javier Ledesma (éditeur, Mexique)

Oscar Benassini (éditeur, Mexique)

Nayeli García (chercheuse, COLMEX, Mexique)

Luis de Tavira (directeur de théâtre, Mexique)

Alberto Villarreal (directeur de théâtre, Mexique)

Raquel Araujo Madrea (directrice de théâtre, Mexique)

Marcela Turati (journaliste, Mexique)

Raúl Silva (journaliste, Mexique)

Amelia Hinojosa (galeriste d’art, Mexique)

Liliana García (historienne, Mexique)

Lorena Mata (enseignante, Mexique)

Natalia Beristáin (cinéaste, Mexique)

Pedro de Tavira (comédien, Mexique)

Stefanie Weiss (comédienne, Mexique)

Carlos Mendoza (philosophe et théologien, Mexique)

Yael Weiss (éditrice et traductrice, Mexique)

Pablo Reyna (chercheur, Mexique)

Ana Lydia Flores Marín (Universidad Iberoamericana, Mexique)

Alejandra Rangel (promotrice culturelle, Mexique)

Antonio Gritón (artiste plastique, Mexique)

Diego Enrique Osorno (journaliste, Mexique)

Alma Karla Sandoval (écrivaine, Mexique)

Naief Yehya (écrivain, Mexique)

Rubén Marín (journaliste, Mexique)

Paloma Robles (journaliste, Mexique)

Luciana Kaplan (cinéaste, Mexique)

Carlos Chimal (écrivain, Mexique)

Luz Emilia Aguilar Zínser (critique de théâtre et chercheuse, Mexique)

Carlos Amorales (artiste plastique, Mexique)

Daniel Aguilar Ruvalcaba (artiste plastique, Mexique)

Carmen Boullosa (écrivaine, Mexique)

Maya Goded (photographe, Mexique)

Guillermo Quijas (éditeur, Mexique)

Gerardo Herrera Corral (physicien, Mexique)

Emiliano Ruiz Parra (journaliste, Mexique)

Verónica Gerber Bicecci (écrivaine, Mexique)

Mónica del Villar (chercheuse et éditrice, Mexique)

Jaime Bernardo Díaz Díaz (ethnologue, Mexique)

Giovanna Zacarías (comédienne, Mexique)

Emiliano Monge (écrivain, Mexique)

Malely Linares Sánchez (enseignante, UNAM, Mexique)

Gerardo Alatorre Frenk (chercheur, Universidad Veracruzana, Mexique)

Samir Delgado (poète, Tren de los Poetas, Mexique)

Valeria Luiselli (écrivaine, Mexique)

Luisa Riley (documentaliste, Mexique)

Guillermo Espinosa Estrada (écrivain, Mexique)

Jorge Comensal (écrivain, Mexique)

Perla Yadira Coronado (universitaire, Mexique)

Rubén Luna Castillo (universitaire, Mexique)

Ma. Eugenia Sánchez Díaz de Rivera (universitaire, Mexique)

Eduardo Almeida Acosta (universitaire, Mexique)

Raúl Delgado Wise (sociologue, Mexique)

Inés Durán Matute (universitaire, Mexique)

Rodrigo Camarena González (universitaire, Mexique)

Carlos López Beltrán (écrivain et philosophe, Mexique)

Carmen Díaz Alba (professeure, Mexique)

Raúl Romero (sociologue, Mexique)

Francisco Morfín (philosophe de l’éducation, Mexique)

Raúl Arvizu (directeur général pour l’Amérique latine d’Ocean Future Societies, Mexique)

Rodrigo Navarro (Ocean Future Societies, Mexique)

Oralba Castillo Nájera (professeure, UAEM, Cuernavaca, Morelos)

Norma Domínguez Quezada (professeure, Cuernavaca, Morelos)

Margarita Armella Delachica (professeure, Cuernavaca, Morelos)

Luz María Goribar del Río (thérapeute, Cuernavaca, Morelos)

Laura Bustos Hernández (Cuernavaca, Morelos)

María de Lourdes Lara (Cuernavaca, Morelos)

Tania Violeta Dávila Ramírez (psychologue, Cuernavaca, Morelos)

Aurora Suárez (Cuernavaca, Morelos)

Servando Gaja (enseignante, Cuernavaca, Morelos)

Martha Mata (anthropologue, Cuernavaca, Morelos)

Carolina Domínguez Quezada (sociologue, Cuernavaca, Morelos)

Coline Pla (études latinoaméricaines, Cuernavaca, Morelos)

Ignacio López Guerrero (metteur en scène, Cuernavaca, Morelos)

Cristina del Carmen Vargas Bustos (thérapeute, Cuernavaca, Morelos)

Javier Ávila Aguirre, S.J. (Chihuahua, Mexique)

Francisco Stockton Leal (Chihuahua, Mexique)

Luis Aragón (Chihuahua, Mexique)

Ricardo Ruiz Suárez Estrada (Chihuahua, Mexique)

Roberto Carlos Robles Campos (Chihuahua, Mexique)

Gloria Ilsel Loera Romero (Chihuahua, Mexique)

Horacio Lagunas Cerda (anthropologue, Chihuahua, Mexique)

Juan Jaime Loera González (Chihuahua, Mexique)

Irma Henze (psychanalyste, Chihuahua, Mexique)

Itzel Cervantes (Chihuahua, Mexique)

Isabel Saldivar Ayala (Chihuahua, Mexique)

Citlali Quintana Sapien (Chihuahua, Mexique)

Patricia Martínez Escarza (Chihuahua, Mexique)

Alma Rosa Dozal Estrada (Chihuahua, Mexique)

Horacio Almanza Alcalde (Chihuahua, Mexique)

Brenda Govea Medina (Chihuahua, Mexique)

Georgina Gaona Pando (Chihuahua, Mexique)

Tatiana Amor Aderman (Chihuahua, Mexique)

Aline González Espinosa (Cuernevaca, Mexique)

Óscar Ocampo Ayala (Cuernevaca, Mexique)

Alma Sánchez Sanjz (Cuernevaca, Mexique)

Carmen Jurado (Cuernevaca, Mexique)

Diana Villalobos Díaz (Chihuahua, Mexique)

María Elena Orozco (anthropologue, UPN, Chihuahua, Mexique)

Susana Navarrete López (anthropologue, Chihuahua, Mexique)

Pablo Ortiz Gurrola (Chihuahua, Mexique)

Adriana Alcaraz (Chihuahua, Mexique)

Julika Bond (enseignante, Mexique)

Rodrigo Rey Rosa (écrivain, Guatemala)

Edith Lopez Ovalle (artiste plastique, Guatemala/Mexique)

Jorge Fondebrider (écrivain, Argentine)

Vanda Ianowski (enseignante, Universidad Nacional del Comahue, Argentine)

Vivian Scheinsohn (archéologue, Argentine) 

Juan Wahren (Universidad de Buenos Aires, Argentine)

Miguel Teubal (écrivain, Buenos Aires, Argentine)

Bárbara Belloc (écrivaine et éditrice, Argentine)

Teresa Arijón (poète, Argentine)

Alcira Cuccia (écrivaine, Argentine)

Martín Caparrós (écrivain, Argentine)

Eduardo Nash (HIJOS, Argentine)

Nicolás David Falcoff (musicien, Argentine)

Guillerima Acosta (musicien, Argentine)

Néstor Augusto López (revue Herramienta et Comunizar, Buenos Aires, Argentine)

Luis Menéndez Bardamu (sociologue, Universidad de Buenos Aires, Argentine)

Irene del Sol (pédiatre, Universidad de Buenos Aires, Argentine)

Carlos Gamerro (écrivain, Argentine)

Javier Capera (directeur de la revue FAIA, Argentine)

Patricio Pron (écrivain, Argentine)

Edgardo Cozarinsky (écrivain, Argentine)

Daniel Vidal (peintre, Argentine)

Luis Altieri (peintre, Argentine)

Miguel Vitagliano (écrivain, Argentine)

Sergio Chéjfec (écrivain, Argentine)

Marcela Claudia Lafon (Neuquén, Argentine)

Luis Daniel Hocsman (chercheur et professeur, CONICET, Argentine)

Valentin Val (indépendant, Argentine/Mexique)

Hilda Imas (employée, GCBA, Buenos Aires, Argentine)

Lucia Scrimini (Buenos Aires, Argentine)

Jorge Aulicino (poète, Argentine)

René Vasco Irurzun (Argentine)

Neka Jara (Argentine)

Maba Jara (Argentine)

Juan Sotelo (Buenos Aires, Argentine)

Pablo René Pons (Argentine)

Vilma Almendra (Pueblos en camino, Colombie)

Emmanuel Rozental (Pueblos en camino, Colombie)

Claudia Isabel Serrano Otero (Universidad del Cauca, Popayán, Colombie)

Claudia Liliana Meza Romero (Bogotá, Colombie)

Patricia Botero (professeure, Universidad de Antioquia, Medellín et Universidad de la Tierra Manizales, Manizales, Colombie)

Carlos Arango Calad (psychologue, Universidad del Valle, Cali, Colombie)

Derly Constanza Cuetia Dagua (Pueblo Nasa et Pueblos en Camino, Cauca, Colombie)

Dora María Yagarí González (Medellín, Colombie)

Héctor Abad Faciolince (écrivain, Colombie)

Diógenes Díaz (anthropologue, Colombie)

Valentina Díaz (collectif Hierba, Colombie)

Elba Mercedes Palacios (collectif Sentipensar Afrodiaspórico, Colombie)

Oscar Olivera (Guerrerxs del Agua, Cochabamba, Bolivie)

Marcela Olivera (Guerrerxs del Agua, Cochabamba, Bolivie)

Natali Olivera (Guerrerxs del Agua, Cochabamba, Bolivie)

Camila Olivera (Guerrerxs del Agua, Cochabamba, Bolivie)

Marcelo Rojas (Guerrerxs del Agua, Cochabamba, Bolivie)

Freddy Beltrán (Guerrerxs del Agua, Cochabamba, Bolivie)

Roberto Escóbar (Guerrerxs del Agua, Cochabamba, Bolivie)

Max Fuentes (Guerrerxs del Agua, Cochabamba, Bolivie)

Aleida Liendo (Guerrerxs del Agua, Cochabamba, Bolivie)

Pavel López Flores (CIDES-UMSA, La Paz, Bolivie)

Grimaldo Rengifo Vázquez (Programa Andino de Tecnologías Campesinas, Lima, Pérou)

Gladys Faiffer Ramírez (Programa Andino de Tecnologías Campesinas, Lima, Pérou)

Jorge Agurto (directeur de Servindi, Pérou)

David Roca Basadre (journaliste, Pérou)

Alonso Cueto (écrivain, Pérou)

Malena Martinez Cabrera (cinéaste, Pérou/Autriche)

Sara Santacruz Vinueza (sociologue, Quito, Équateur)

Nitram (hip-hop autonome rebelle, Quito, Équateur)

Ana Vera (Surkuna, Équateur)

Catherine Walsh (professeure, Universidad Andina Simón Bolívar, Équateur)

Natalia Sierra (professeure et chercheuse, Équateur)

Miriam Lang (Universidad Andina Simón Bolívar, Quito, Équateur)

Manuel Bayón (géographe, Équateur)

Fredi Casco (artiste, Asunción, Paraguay)

Ticio Escobar (critique culturel, Asunción, Paraguay)

Roberto Marquez (directeur du groupe musical Illapu, Chili)

Adrian Arancibia (poète, Chili)

Andrés Figueroa Cornejo (journaliste, Resumen Latinoamericano et Kaos en la Red, Chili)

Bruno Montané (poète, Chili/Espagne)

Milton Fornaro (écrivain, Uruguay)

Eric Nepomuceno (écrivain, Brésil)

Peter Pál Pelbart (philosophe, Pontificale Universidad Catolica, São Paulo, Brésil)

Amarildo Ferreira Júnior (professeur, IFRR, Boa Vista, Brésil)

Bruno Delbecchi (journaliste, Salvador de Bahia, Brésil)

Inácio Neutzling (Instituto Humanitas Unisinos, Sao Leopoldo, Brésil) 

Pedro de Assis Ribeiro de Oliveira (sociologue, professeur, Juiz de Fora, Brésil)

Salvador Schavelzon (professeur, Universidad de São Paulo, Brésil)

Lia Pinheiro Barbosa (professeure, Universidade Estadual do Ceará, Brésil)

André Langer (sociologue, Faculdade Vicentina, Curitiba, Brésil) 

Maria Clara Lanari Bo (éducatrice, Rio de Janeiro, Brésil)

Francis Pacheco da Silva (professeur, Estado do Rio Grande do Sul, Viamão, Brésil)

Patricia Rios Brandi (Porto Alegre, Brésil)

Alexander Panez Pinto (collectif LEMTO/UFF, Brésil)

Emiliano Teran Mantovani (Observatorio de Ecología Política, Caracas, Venezuela)

Francisco Javier Velasco (anthropologue, OEP, Caracas, Venezuela)

Liliana Buitrago Arévalo (chercheuse, OEP, Caracas, Venezuela)

Juan M. Planas (sociologue, OEP, Caracas, Venezuela)

Alberto Barrera Tyszca (écrivain, Venezuela)

Samantha Hargreaves (directrice de WoMin African Alliance, Afrique du Sud)

Kirk Helliker, (professeur, Rhodes University, Afrique du Sud)

Richard Pithouse (professeur, Academic University of the Witwatersrand, Afrique du Sud)

Marjorie Jobson (activiste, Khulumani Support Group, Afrique du Sud)

Patrick Bond (professeur, University of the Witwatersrand, Afrique du Sud)

Britt Baatjes (professeure et chercheuse, Port Elizabeth, Afrique du Sud)

Patrick Chan (coopérativiste, Afrique du Sud)

Anne Harley (chercheuse, Paulo Freire Project, University of KwaZulu-Natal, Afrique du Sud)

Ben Cousins (professeur, University of the Western Cape, Afrique du Sud)

Ruth Hall (professeure, University of the Western Cape, Afrique du Sud)

Fatma Alloo (écrivaine, Zanzíbar, Tanzanie)

Elaine Hsiao (International Union for the Conservation of Nature, Rwanda)

Somayeh Khajvandi (sociologue, Kurde d’Iran installée en France)

Behrouz Safdari (traducteur, Kurde d’Iran installé en France)

Farzan Nasr (traducteur et artiste, Ispahan, Iran)

Amin Bozorgian (sociologue, iranien installé en France)

Shalmali Guttal (directrice de Focus on the Global South, Thaïlande et Inde)

Pravin Mote (dirigeant d’All Inde Forum of Forest Movements, Inde)

Devjit Nandi (dirigeant d’All Inde Forum of Forest Movements, Inde)

Ashlesha Khadse (coordination d’Amrita Bhoomi Center, La Via Campesina, Inde)

Ashish Kothari (activiste, Kalpavriksh Environmental Action Group, Inde)

Avijit Chatterjee (activiste des droits indigènes, Inde)

Jai Sen (directeur d’Inde Institute for Critical Action, Inde)

Abha Bhaiya (activiste féministe, Jagori Rural Charitable Trust, Inde)

Kamal Mitra Chenoy (professeur, Jawaharlal Nehru University, Inde)

Laksmi A. Savitri (professeure, University of Gadjah Mada, Indonésie)

Natrin Chaonsri (activiste, Thai Poor Act, Thaïlande)

Lapapan Supamanta (activiste, Rural Initiatives for Community and Ecology Association, Thaïlande)

Mary Ann Manahan (chercheuse activiste, Marcha Mundial de Mujeres, Philippines)

Corazon Valdez Fabros (avocate, International Peace Bureau, Philippines)

Sang-Gyoon Kim (documentaliste, Corée du Sud)

Sadaharu Oya (professeur, Hokkai-Gakuen University, Japon)

Yoann Moreau (anthropologue, École des Mines, Yagisawa, Japon)

Freya Higgins-Desbiolles (professeure, University of South Australia, Australie)

Bernard Duterme (sociologue, directeur du CETRI – Centre tricontinental, Belgique)

Geert Carpels (Wodeck, Belgique)

Mieke Krul (Virginal-Samme, Belgique)

Ariane Vaneigem (Braine, Belgique)

Fanchon Daemers (artiste-musicienne, Spa, Belgique)

Anne Hustache (Bruxelles, Belgique)

Philippe Delsupehe (Bruxelles, Belgique)

Jean Delsupehe (Bruxelles, Belgique)

Caroline Delsupehe (Bruxelles, Belgique)

Stephan Peleman (Rumst, Belgique)

Isabelle Privé (Lessines, Belgique)

Jean-Marie Hoppe (Lessines, Belgique)

Thérèse Dubrule (Lessines, Belgique)

Michel et Michèle Meli (Olignies, Belgique)

Daniel Betche (Lessines, Belgique)

Brigitte Tack (Linkebeek, Belgique)

Chiara Vaneigem (Mons, Belgique)

Antoine Boute (écrivain, Bruxelles, Belgique)

Eleni Konstantinidou (Thessalonique, Grèce)

Ivan Akimov (musicien, Kesmarok, Slovaquie)

Ovidiu Tichindeleanu (écrivain, IDEA, Roumanie)

Vyacheslav Azarov (Union des anarchistes d’Ukraine, Ukraine)

Andrii Ishchenko (historien, coordinateur du syndicat Zahist Pratzi, Ukraine)

Oleg Yasinsky (journaliste, Ukraine-Chili)

Andriy Manchuk (journaliste, Ukraine)

Vladimir Mironenko (peintre et journaliste, Biélorussie)

Olzhas Kozhakmet (journaliste, Kazakhstan)

Boris Kagarlitsky (directeur de l’Institute for Globalisation Studies and Social Movements, Russie)

Andrey Konstantinov (scientifique, Russie)

Marina Stepanova (scientifique, Russie)

Vladimir Khazanov (Russie)

Mikhaïl Smirnov (enseignant Russie)

Svyatoslav Konstantinov (étudiant, Russie)

Artem Kirpichenok (historien et journaliste, Russie)

Rustem Safronov (journaliste, agence Sputnik, Russie)

Nikita Sutyrin (documentaliste, Russie)

Nika Dubrovsky (peintre et activiste, Russie)

Rosalba Icaza (professeure et chercheuse, Hollande)

Rolando Vazquez (professeur et chercheur, Hollande)

Jennifer C. Franco (chercheuse, TransNational Institute, Hollande)

Ulli Röding (Red Ya Basta Netz, Allemagne)

Ingrid Marek (assistante sociale, Allemagne)

Peter Clausing (coordinateur de Companer@s de México del Sur AC, Allemagne)

Miriam Boyer (activiste, Mexique via Berlin, Allemagne)

Piran Azad (médecin, Allemagne)

Christian Arnsperger (professeur, Université de Lausanne, Suisse)

Olivier de Marcellus (activiste, Suisse)

Johanna Jacobi (professeure, Université de Bern, Suisse)

Vasna Ramasar (professeure, Lund University, Suède)

Harris Charalambides (avocat, Chypre)

Tomás Ibáñez (professeur, Universidad Autónoma de Barcelone, Espagne)

Santiago López Petit (philosophe, Universidad de Barcelona, Espagne)

Teresa Niuvo (activiste, Catalogne)

Carlos Taibo (professeur de sciences politiques, Universidad Autónoma de Madrid, Espagne)

Miguel Amorós (historien, Barcelone, Espagne)

Pepe Mejía (journaliste et activiste social, Madrid, Espagne)

Jaime Pastor (politologue et éditeur de Viento Sur, Espagne)

Joaquin Valdivielso (philosophe, professeur, Universitat de les Illes Balears, Espagne)

Federico Demaria (chercheur, Universidad Autónoma de Barcelone, Espagne)

Emmánuel Lizcano (Universidad Nacional de Educación a Distancia, Madrid, Espagne)

Claudio Cattaneo (professeur, Universidad Autónoma de Barcelone, Espagne)

Daniela Del Bene (chercheuse, Universidad Autónoma de Barcelone, Espagne)

Arnim Scheidel (professeur, Universidad Autónoma de Barcelone, Espagne)

Ines Morales Bernardos (étudiante, Universidad de Cordoba, Espagne)

Olga Clavería Iranzo (arts graphiques, Ségovie, Espagne)

Teresa González de Chávez Fdez (îles Canaries, Espagne)

Ana Miranda (europarlementaire, Bloque Nacionalista Galego, Espagne)

Rocío Paula Martínez Oliart (libraire, Madrid, Espagne)

Paula Canal (agent littéraire, Espagne)

Marina Garcés (philosophe, Espagne)

Juan Cruz (écrivain, Espagne) 

Frederic Amat (peintre, Espagne)

María Grazia Macchia (libraire, Madrid, Espagne)

Giuseppe Maio (éditeur, Madrid, Espagne) 

Hector Zamora (artiste plastique, Lisbonne, Portugal)

Jorge Pinto (professeur, Universidade de Lisboa, Portugal)

Aldo Zanchetta (animateur social, Lucques, Italie)

Brunella Zanchetta (animatrice, Lucques, Italie)

William Otchere-Darko (étudiant, Universitá di Milan-Bicocca, Italie)

Federico Venturini (activiste, Italie)

Alessio Ciacci (promoteur social, Italie)

Salvatore Palidda (professeur, Universitá degli Studi, Genova, Italie)

Angelo Baracca (physicien, professeur, Universitá di Firenze, Italie) 

Vittorio Sergi (professeur, Universitá degli Studi di Urbino, Italie)

Gianfranco Crua (Carovane Migranti, Italie)

Patrizia Peinetti (Carovane Migranti, Italie)

Silvana Botassis (docteur, Milan, Italie)

Roberto Bugliani (écrivain, La Spezia, Italie)

Andrea Vento (enseignante, Pise, Italie)

Serena Campani (enseignante, Pise, Italie)

Adele Cozzi (Bologne, Italie)

Mauro Rubichi (animateur social, Livourne, Italie)

Francesca Martinez Tagliavia (professeure, Scuola de Belle Arti, Palerme, Italie)

Ugo Zamburru (psychiatre, Centro Cultural Caffè Basaglia, Turin, Italie) 

Ornella Granito (président de Caffè Basaglia, Turin, Italie)

Ferdinando Scianna (photographe, Italie)

Marco Bassani (Italie)

Gianni Monti (Potere al Popolo, Assemblea Beni Comuni/Diritti, Florence, Italie)

Elisa Patrizia Frediani (Lucques, Italie)

Simone Ferrari (Italie)

Gaia Capogna (Roma, Italie)

Alessio Ciacci (écologue, Lucca, Italie)

Suna Di Gino (Italie)

Patrick Bresnihan (professeur, Trinity College, Irlande)

Laurence Cox (professeur, National University of Ireland Maynooth, Irlande)

Cecilia Brunson (galeriste d’art, Londres, Royaume-Uni)

Adnan Celik (chercheur, University of Sussex, Royaume-Uni)

Nicholas Hildyard (analyste activiste, The Corner House, Royaume-Uni)

Anna Harris (psychologue, Royaume-Uni)

Larry Lohmann (analyste activiste, The Corner House, Royaume-Uni)

Keith Hyams (professeur, University of Warwick, Royaume-Uni)

Raymond Bryant (professeur, King’s College of London, Royaume-Uni)

Anthony Ince (professeur, Cardiff University, Royaume-Uni)

Michel Pimbert (professeur, University of Coventry, Royaume-Uni)

Stefano Portelli (chercheur, University of Leicester, Royaume-Uni)

Natalia Paszkiewicz (professeure, University of Bath, Royaume-Uni)

Emily Caruso (directrice de Global Diversity Foundation, Royaume-Uni)

Carlotta Molfese (chercheuse, Plymouth University, Royaume-Uni)

Alice Taherzadeh (chercheuse, Cardiff University, Royaume-Uni)

Hung-Ying Chen (chercheur, Durham University, Royaume-Uni)

Ana Cecilia Dinerstein (professeure, Bath University, Royaume-Uni)

Nina I. Moeller (chercheuse, University of Manchester, Royaume-Uni)

Sarah Sexton (analyste activiste, The Corner House, Royaume-Uni)

Peter Newell (professeur, University of Sussex, Royaume-Uni)

Regina Hansda (chercheuse, Newcastle University, Royaume-Uni)

Leonidas Oikonomakis (anthropologue, Durham University, Royaume-Uni)

Erik Swyngedouw (professeur, University of Manchester, Royaume-Uni)

Richard White (professeur, Bath Spa University, Royaume-Uni)

Siobhan McGrath (professeure, Durham University, Royaume-Uni)

Eurig Scandrett (Queen Margaret University, Edinburgh, Écosse)

Malú Huacuja del Toro (écrivaine, New York, USA)

Enzo Traverso (professeur, Cornell University, USA)

John Gibler (poète et journaliste, USA)

Walter Mignolo (professeur, Duke University, USA)

Francisco Goldman (écrivain, USA/Guatemala)

Peggy Rivage-Seul (professeure, Berea College, Berea, USA)

Anu Sharma (professeure, Wesleyan University, Middletown, USA)

Frédéric Neyrat (philosophe, University of Wisconsin-Madison, USA)

Laura Weigert (professeur, Rutgers University, New Brunswick, USA)

Nelson Maldonado-Torres (professeur, Rutgers University, New Brunswick, USA)

Rubén Martínez (écrivain, USA)

John Oakes (éditeur, OR Books, USA)

Philip McMichael (professeur, Cornell University, USA)

Richard Stahler-Sholk (professeur, Eastern Michigan University, USA)

Ángel Luis Lara (professeur, State University of New York, USA)

Kathleen McAfee (professeure, San Francisco State University, USA)

John Vandermeer (professeur, University of Michigan, USA)

Tomás Alberto Madrigal (travailleur de la santé, USA)

Matt Meyer (secrétaire général d’International Peace Research Association, USA)

Rudolph Bell (historien, Rutgers University, New Brunswick, USA)

Margaret Cerullo (sociologue, Hampshire College, USA)

MaryAnne Tenuto (coordination de Chiapas Support Committee, USA)

Jack Kloppenburg (professeur, University of Wisconsin, USA)

Elizabeth Fitting (professeure, Dalhousie University, Canada)

David Homel (écrivain, Canada)

Haroon Akram-Lodhi (professeur, Trent University, Canada)

Tony Weis (professeur, University of Western Ontario, Canada)

Susanna Hecht (professeure, University of California UCLA, USA)

Arnoldo García (poète, Chiapas Support Committee, USA)

Susannah R. McCandless (directrice de Global Diversity Foundation North America, USA)

Melanie Bush (professeure, Adelphi University, USA)

Anne Petermann (directrice de Global Justice Ecology Project, USA)

Adam Jadhav (étudiant, University of California at Berkeley, USA)

Dianne Rocheleau (professeure, Clark University, USA)

Luis Malaret (professeur, Community College of Rhode Island, USA)

Peter Swift (étudiant, University of Wisconsin, USA)

Emma McDonell (étudiant, Indena University, USA)

Isabel Castillo (codirectrice de River Road Unitarian Universalist Congregation, USA)

Ivette Perfecto (professeure, University of Michigan, USA)

Leslie Gross-Wyrtzen (étudiant, Clark University, USA)

Ashwani Vasishth (professeur, Ramapo College, USA)

Joe Parker (professeur, Pitzer College, USA)

Stefan Ali (avocat, Columbus, Ohio, USA)

Jared Sacks (Columbia University, New York, USA)

Isaac Butler-Brown (professeur de musique, Wesleyan University, Middletown, USA)

Kate Gilbert (étudiant, Wesleyan University, Middletown, USA)

Alice Markham-Cantor (écrivaine, USA)

J.P. Sapinski (professeur, Université de Moncton, Canada)

Leah Temper (chercheuse, McGill University, Canada)

Bob Thomson (activiste, Peoples’ Social Forum, Canada)

Deborah Barndt (professeure, York University, Toronto, Canada)

Bengi Akbulut (professeur, Concordia University, Canada)

Elisa Brilli (professeur, University of Toronto, Canada)

Didier Méhu (historien, Université Laval, Québec, Canada)

Sylvie Poirier (anthropologue, Université Laval, Québec, Canada)

Marcel Sévigny (Fabrique d’autonomie collective, Pointe-Saint-Charles, Montréal, Canada)

Angela Miles (Toronto Women for a Just and Healthy Planet, Toronto, Canada)

Stephan Dobson (York University, Toronto, Canada)

Carla Bergman (écrivaine, Vancouver, Canada)

Francis Dupuis-Déri (professeur de sciences politiques, Université du Québec à Montréal, Canada)

Joanne Robertson (écrivain et protecteur de l’eau, Sault Ste. Marie, Canada)

Dave Bleakney (Canadian Union of Postal Workers, Ottawa, Canada)

Claude Rioux (éditeur, Éditions de la rue Dorion, Montréal, Canada)

Arthur Clark (physicien, Calgary Centre for Global Community, Calgary, Canada)

Justin Podur (York University, Toronto, Canada)

Mike Antoniades (Toronto, Canada)

Solomon Thompson (psychologue, York University, Canada)

Organisations et collectifs :

Réseau syndical international de solidarité et de lutte

Union syndicale Solidaires (France)

Fédération SUD Éducation (France)

Union syndicale Solidaires 66 (France)

Comités syndicalistes révolutionnaires (France)

Attac-France, France

Association Terre et Liberté pour Arauco, Wallmapu (France)

Collectif Guatemala (Paris, France)

Club Communal de Tarnac (France)

Radio Zinzine (Aix-en-Provence, France)

Comité de rédaction de la revue EcoRev’ (France)

Association La Ligne d’horizon – Les Amis de François Partant (France)

Collectif Questions de classe(s) – revue N’Autre école (France)

Collectif Résistance 71 (Internationaliste)

Jeunes Écologistes (France)

Compagnie de théâtre Tamèrantong ! (Paris, France)

Compagnie de théâtre Jolie Môme (Saint-Denis, France)

Compagnie de théâtre du Timon (Paris, France)

Compagnie de théâtre Izidoria (Lyon, France)

Compagnie de théâtre La Bad’j (Saint-Denis, France)

Compagnie de danse Djab (Marseille, France)

Compagnie Tatcha (Nantes, France)

Compagnie musicale Mohein (Bordeaux, France)

Compagnie de théâtre Débrid’arts (Aix-en-Provence, France)

Compagnie de théâtre Désordinaire (Montreuil, France)

Mouvement de libération du Kurdistan (représentation en Amérique latine)

Universidad de la Tierra (Puebla, Mexique)

Centro Social Ruptura de Guadalajara (Mexique)

Collectif Paso Doble de Apoyo al CIG (Morelos, Mexique)

Red Morelense de Resistencia y Rebeldía en apoyo al CIG (Mexique)

Comisión de Solidaridad y Defensa de los Derechos Humanos, AC (Chihuahua, Mexique)

CECADDHI, AC (Chihuahua, Mexique)

Collectif Pirata Tlahuicas (Cuernavaca, Mexique)

Collectif la Flor de la Palabra (Cuernavaca, Mexique)

Collectif #artecorreomigrante (Chihuahua, Mexique)

Red de apoyo al CIG de Chihuahua (Mexique)

Consejo Civico de Organizaciones Populares e Indígenas de Honduras (Copinh, Honduras)

HIJOS (Guatemala)

Movimiento Campesino de Nicaragua

HIJOS (Mar de Plata, Argentine)

Asamblea Comarcal Contra el Saqueo (Lago Puelo, Provincia de Chubut, Argentine)

Frente Popular Dario, Santillan, Corriente Nacional de Argentine

Asamblea Vecinal de Puerto Pirámides (Chubut, Patagonie, Argentine)

Asamblea en Defensa del Territorio de Puerto Madryn (Puerto Madryn, Argentine)

Fundaciòn Uñopatun (Provincia Rio Negro, Argentine)

Página Web Comunizar (Argentine)

Radio communautaire El Grito (Traslasierra, Córdova, Argentine)

Después de la deriva (programme de radio, Buenos Aires, Argentine)

Semillero de experiencias autónomas anticapitalistas (Argentine)

Collectif La Fogata (Buenos Aires, Argentine)

Arte x Libertad (Rosario, Argentine)

Mestizas (Rosario, Argentine)

Unión Solidaria de Comunidades (Pueblo Diaguita Cacano, Santiago del Estero, Argentine)

Sociedad Civil Coheju (Gran Buenos Aires, Argentine)

Grupo de Apoyo a la Sexta Declaración del EZLN (Rosario, Argentine)

Casa de la Memoria (Rosario, Argentine)

Radio La Colectiva (Buenos Aires, Argentine)

Collectif Familiares y Amigxs de Luciano Arruga (Argentine)

Radio Zona Libre (Argentine)

Coordinadora Andina de Organizaciones Indígenas (Équateur)

Ecuarunari (Équateur)

Guerrerxs del Agua (Fundación Abril, Escuela Andina del Agua, Cochabamba, Bolivie)

Alianza Territorial Mapuche (pays mapuche au Chili)

Observatorio de Ecología Política de Venezuela (Caracas, Venezuela)

CRY-GEAM (Defensa de la Naturaleza, Barrancabermeja, Colombie)

Red Latina sin Fronteras

Minga del Pensamiento (Colombie)

Creapaz (Colombie)

La Matria (Colombie)

Mala Hierba (Colombie)

Comunativa (sud-ouest de Colombie)

Organización de Mujeres Campesinas e Indígenas (Conamuri, La Via Campesina, Paraguay)

Movement for National Land Reform (La Via Campesina, Sri Lanka)

Focus on the Global South (Thaïlande)

Woman Health (Philippines)

Sindicato de Trabajadores Fronterizos (La Via Campesina, USA)

Food First/Institute for Food and Development Policy (USA)

Chiapas Support Committee (USA)

Kesaj Tchavé (groupe musical, Slovaquie)

Sindicato Labrego Galego (Espagne)

Solidaridad Directa con Chiapas (Zurich, Suisse)

Moins !, journal romand d’écologie politique (Vevey, Suisse)

Εκδόσεις των ξένων (Éditions des Étrangers, Grèce)

Kaffeekollektiv Aroma Zapatista eG (Allemagne)

Projekt Knotenpunkt Schwalbach am Taunus, Red Ya Basta Netz Deutschland et Ya Basta Rhein-Main (Allemagne)

Gruppe BASTA (Allemagne)

Global Diversity Foundation (Royaume-Uni)

Friends of the Landless Association (Finlande)

NGO Action from Ireland (Irlande)

Afrika Kontakt (Danemark)

Internationalt Forum (Danemark)

Bizilur, Asociación para la Cooperación y el Desarrollo de los Pueblos (País Vasco)

Collectif CaféZ (Liège, Belgique)

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Analyse politique: réflexions sur le mouvement de la pensée, sa critique et ce que cela signifie pour la transformation de la réalité sociale humaine

Posted in actualité, altermondialisme, colonialisme, gilets jaunes, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, politique et social, résistance politique, société des sociétés, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , on 8 janvier 2019 by Résistance 71

Réflexions très intéressantes de Georges Lapierre, mais qui nous laisse sur notre faim quant à son ton pessimiste. Il pose de bonnes questions, voit et expose certaines contradictions, mais ne fait qu’un constat sans offrir de solutions potentielles.
Nous pensons que la réalité zapatiste, si elle se base sur une réalité objective de l’exploitation et de l’oppression exercées par le monde marchand, ne peut-être que traitée dans ce contexte précis au moyen des ressorts culturels ambiants et disponibles. La méthodologie de détail zapatiste leur est propre et ne peut pas être « exportée », car elle ne fonctionnerait sans doute pas dans un contexte culturel différent, mais la méthodologie générale, elle, est transférable. La solution à notre sens, est dans l’immersion des humains dans leur diversité culturelle pour mettre en application un schéma universel de fonctionnement organique de la société, c’est en cela que la société humaine est appelée à transformer la réalité d’exploitation marchande en une réalité de sociétés non hiérarchiques, non pyramidales, embrassant leur diversité pour ne former qu’un grand tout coopératif à l’échelle planétaire, chaque sociétés transformant la réalité d’exploitation avec les moyens disponibles au sein de leur culture, potentiellement aidée par d’autres dans un élan solidaire ; le tout formant une société des sociétés fonctionnant organiquement comme une gigantesque ruche à l’échelle planétaire dans laquelle chaque rayon posséderait sa propre individualité socio-culturelle non uniforme.
Beaucoup peut et devrait être dit sur ce sujet, le mouvement des GJ étant une réponse socio-culturelle à une réalité oppressive à la fois objective et subjective.
Il est temps de commencer aussi à réfléchir aux aspects et buts de la transformation que nous mettons en place dans nos sociétés respectives. Les Zapatistes ont pris une certaine avance en ce domaine, ils ne doivent pas être copiés, mais ils peuvent nous aider à mieux comprendre la méthodologie de la transformation.
Ce qui est à notre sens essentiel et qui est toujours un « non-dit » est cette période cruciale de leur développement: celle qui vit la méthodologie de la transformation se mettre en place avant l’action, la décennie se formation clandestine que les Zapatistes entreprirent entre 1983 et 1994. Il serait bon que ceux toujours en vie qui y participèrent donnent au monde un aperçu de leur méthodologie de la conscience politique. Le livre du grand éducateur brésilien Paulo Freire « La pédagogie des opprimés » que nous avons récemment traduit en français et publié en pdf, fut sans aucun doute un élément clef de la compréhension de la réalité de l’oppression, mais le partage de leur méthodologie de la transformation serait sans aucun doute bienvenu pour le monde en lutte pour l’émancipation.

~ Résistance 71 ~

 

 

Mexique 2018

Le mouvement de la pensée et sa critique

 

Georges Lapierre

 

2 janvier 2019

 

Source: https://www.lavoiedujaguar.net/Notes-anthropologiques-XXVIII

 

Finalement Hegel ne connaît qu’un seul monde : seul le monde occidental est valide à ses yeux ; la civilisation chrétienne se trouve à la pointe du progrès, elle est à la pointe du mouvement universel de la pensée : la pensée s’objectivant, devenue visible, étant à elle-même son propre objet, c’est le mouvement universel de l’aliénation de la pensée, l’idée se donnant à voir avant de se réaliser [2]. Karl Marx aussi ne connaît qu’un seul monde, le monde capitaliste : le capital s’engendrant lui-même à travers l’activité marchande pour connaître sa propre limite avec le surgissement et l’existence du prolétariat. Hegel et Marx sont tous deux des philosophes chrétiens dans la mesure même où ils restent tous les deux attachés à une certaine idée de « l’homme en devenir », et, à mon sens, cette idée est chrétienne. Hegel et Marx ne connaissent qu’un seul monde, le monde occidental, chrétien et capitaliste. Nous pouvons toujours supposer que les zapatistes connaissent deux mondes, un monde qui n’est ni occidental, ni chrétien, ni capitaliste — c’est le monde indien originel et préhispanique — et le monde occidental, chrétien et capitaliste. Le monde indien originel et préhispanique se trouve à l’intérieur et comme englobé par le monde marchand, chrétien et occidental, ce qui explique la position ambiguë dans laquelle se trouvent les zapatistes. Ils sont contraints de reprendre l’idée chrétienne de « l’homme en devenir ». Le devenir de l’homme dépend de la fin de sa soumission, en fait de la fin du système-monde capitaliste. Les zapatistes se déterminent face au monde dominant auquel ils se confrontent.

Cependant je me pose la question suivante : sont-ils assimilés, intégrés et soumis au monde dominant au point de ne pouvoir envisager leur libération qu’avec la fin du système capitaliste ? Ils ne pensent pas rompre avec lui, mais s’engager dans un mouvement ou processus plus général, appelons-le révolutionnaire, aboutissant à la fin du capitalisme. Pour les zapatistes, ces deux positions, rupture et engagement révolutionnaire, ne s’opposent pas. On peut fort bien rompre avec le monde dominant et construire une autre société reposant sur la communalité tout en s’engageant dans un mouvement plus général d’émancipation des travailleurs qui mettrait fin au système capitaliste. Le chevauchement de ces deux positions est source de confusion et d’ambiguïté. Pourtant je dois reconnaître qu’il n’est plus possible d’échapper à cette confusion : rompre avec le système capitaliste débouche fatalement sur la confrontation. Il s’agit, non seulement de retrouver, construire ou reconstruire un mode de vie opposé à celui induit par le capitalisme, mais encore faut-il s’organiser pour faire face au monde dominant. Dans cet affrontement, nous retrouvons « l’homme en devenir » cher à Georg Wilhelm Friedrich Hegel comme à Karl Marx. Est-ce retomber dans la pensée chrétienne et faire le jeu d’un monde dont on cherche la fin ?

Une idée qui revient toujours ou qui est revenue d’une manière lancinante ces dernières années dans les déclarations du subcomandante Moisés, porte-parole des zapatistes, est celle d’organisation. S’organiser, c’est déjà rompre avec le monde dominant, c’est déjà marquer une rupture et cette rupture appelle un affrontement : on s’organise pour s’affronter à un monde ; inversement, s’affronter au monde qui nous domine appelle une organisation. Ce double mouvement déclenché par l’affrontement et voulu par la guerre n’échappe pas à l’ambiguïté et à la contradiction : devons-nous prendre les mêmes armes que le monde dominant et faire nôtre sa conception du monde pour mieux le combattre ? Vieille question ! Je pense que nous ne pouvons combattre victorieusement ce qui nous domine si pleinement qu’en arrivant à construire autre chose, une autre société, une autre forme d’organisation sociale, parfaitement opposée à celle qui nous domine. La tâche paraît impossible et pourtant c’est bien ce qui se cherche actuellement.

D’une certaine façon, les marxistes, en suivant le développement logique de Karl Marx, le théoricien, sont revenus au commencement, quand se met en branle le mouvement de la pensée. Ils sont revenus à la naissance de l’État, à ce moment clé de la séparation à l’intérieur de la société entre ceux qui ont la pensée dans sa dimension sociale et universelle, les clercs, et ceux qui forment la société réelle — ceux qui étaient prolétaires dans la société bourgeoise, et qui deviennent ceux qui travaillent dans une société théocratique. Nous retrouvons la société théocratique dite encore socialiste, ayant comme finalité sa propre existence, sa propre réalisation. Ce point de vue, qui possède un fond émotionnel et religieux important et central, a la vie dure. En s’immisçant dans le mouvement universel de l’aliénation de la pensée pour le retourner contre lui-même, les marxistes ne mettent pas fin à l’aliénation de la pensée, ils reviennent seulement à son commencement, ils ratent la marche et se retrouvent en bas de l’escalier. Ils ratent la marche parce qu’ils ne prennent pas en compte l’autre partie de la réalité, la pensée non aliénée des communautés humaines qui se sont constituées ou qui se construisent en marge du mouvement universel de l’aliénation de la pensée, en marge du monde capitaliste et fatalement en opposition avec lui, ou encore qui ont résisté avec une certaine persévérance à son envahissement.

Les zapatistes ont été amenés à s’organiser pour la guerre, à prévoir une sorte d’état-major — c’est le Comité clandestin révolutionnaire — prenant des initiatives en vue de l’affrontement et de la lutte ; et nous pouvons alors nous demander si ce Comité révolutionnaire ne se présente pas comme un embryon d’État, tel que pouvait le concevoir Karl Marx. Les zapatistes s’en défendent et ils ont fait en sorte de séparer la pensée stratégique de la pensée sociale qui revient aux communautés. Selon moi, tout l’intérêt du mouvement zapatiste se trouve là, dans cet entre-deux et surtout dans l’intelligence de cette opposition entre ceux qui possèdent la pensée stratégique et les zapatistes sans qualité, mais qui résistent et construisent un autre monde. La pratique constante de la démocratie participative (un aller-retour constant entre le Comité clandestin et les assemblées communales) a, jusqu’à présent, évité une séparation entre état-major et communautés qui aurait des conséquences catastrophiques. Qu’ils le veuillent ou non, les zapatistes nous offrent en ces temps troublés une proposition d’organisation qui n’est pas à rejeter, loin de là. C’est une position qui n’est pas facile à tenir surtout dans les conditions exacerbées que nous connaissons en Europe. Mais qui, pourtant, commence à voir le jour en inventant les nouvelles conditions de son existence et de son développement.

Ce que j’appelle l’État théocratique a une longue histoire et, s’il est souvent critiqué, il revient sans cesse sur le devant de la scène comme une idée tenace et obsessionnelle. Il est ce qui lie le disparate, ce qui unifie le divers, ce qui transcende le particulier, il est la clé de voûte qui assemble et maintient fermement entre eux les différents éléments d’une construction pour ne former qu’un seul édifice, pour ne former qu’une seule société des différents « vivre ensemble », des différentes cultures qui la composent. Il est l’expression de l’intérêt supérieur du tout dominant l’intérêt des parties. C’est l’idée. Et l’histoire universelle peut être vue comme l’histoire de l’expérimentation de cette idée et comme l’histoire de sa critique. Il est possible que nous arrivions au moment où l’expérimentation de l’idée — l’histoire universelle de l’expérimentation de l’idée, ce que Hegel nomme la phénoménologie de l’esprit — débouche sur sa critique.

Il est même possible de saisir l’activité marchande dans cette optique du mouvement universel de la pensée cherchant à unifier, autour d’une conception universelle de l’humain, ce qui se trouvait séparé. Elle en serait un moment qui, montrant ses limites, demanderait à être remplacé par un développement d’une ampleur plus grande. Quelles sont les limites sur lesquelles achoppe ce mouvement d’unification ? Karl August Wittfogel, dans son livre [3] sur le despotisme oriental, suggère qu’elles se trouvent dans la capacité des États à diviser toujours plus du travail. C’est une idée intéressante et bien argumentée dans ce livre paru en anglais en 1957 et qui annonce avec un certain à-propos la fin du régime communiste en Union soviétique. Nous pouvons appréhender le devenir du « capital » transcendant les États-nations dans cette perspective du mouvement universel de la pensée et de sa critique tel qu’il apparaît dans la description faite par Wittfogel des sociétés hydrauliques. C’est ainsi que, de nos jours, l’activité capitaliste multinationale dépasse et supplante les États-nations, qui, n’étant plus alors qu’une courroie de transmission de cette volonté transnationale, deviennent les garants de la dette contactée par eux auprès des institutions financières. Des nations tout entières se trouvent désormais sous le joug du capital. Dans ces conditions, il s’avère particulièrement urgent de savoir enfin ce qu’est le capital.

Dans cette optique du mouvement universel de l’aliénation de la pensée, où placer les zapatistes et leur lutte anticapitaliste ? Font-ils partie, à leur insu, du mouvement universel de la pensée dans le monde et leur critique ne serait que la critique de l’état imparfait d’un pouvoir n’ayant pas encore réussi à intégrer toute la diversité du monde, toutes les aspérités (comme les peuples indiens), tous les laissés-pour-compte ? La fin du capitalisme qu’ils préconisent ne serait pas réellement la fin du capital, la fin de l’idée dans sa quête d’universalité, mais seulement la fin de son insuffisance du moment. Leur critique ne serait que l’expression de la mue du Léviathan, le moment où celui-ci change de peau pour parfaire son œuvre d’universalisation.

Ce mouvement de l’aliénation de la pensée tendant et s’élevant vers l’Un, faisant fi de la diversité des nations, des peuples et des cultures, non seulement connaît des limites qui lui sont propres, qui lui sont intérieures, et que signale Wittfogel, il se heurte aussi à des obstacles et des freins qui lui sont pour ainsi dire extérieurs, dans le sens où ils n’émanent pas de lui : la résistance des nations, des peuples et des cultures à ce mouvement englobant et unificateur qui cherche à les emporter. C’est cette résistance qui freine peu à peu l’élan unificateur et finit par le bloquer dans un grand craquement et échauffement de la machine lancée à toute vitesse. Alors la diversité reprend goût à la vie et fleurit à nouveau sur un sol dévasté. La fin des civilisations avec ces traces d’incendie léchant les murs des palais ou des observatoires célestes constitue toujours une énigme pour les historiens, que ce soit la fin du monde maya, dans les profondeurs de la forêt Lacandone quelque temps avant la conquête, ou celle de la civilisation mycénienne, dans les profondeurs du temps à la fin du XIIIe siècle (avant J.-C.). Et puis, le mouvement reprend :

« Il serait faux d’interpréter le siècle suivant, le XIIe siècle en termes de déclin seulement, mais il s’agit bien de la fin d’une époque, avec ses aspects négatifs aussi bien que positifs. En effet l’effondrement du système palatial marque aussi celui du carcan mental : au-delà de la dégradation réelle du niveau de vie — surtout pour les plus riches, car les humbles avaient peu à perdre hormis leur existence — il a permis le cheminement sourd des idées nouvelles, qui se traduisent par la diversification des styles céramiques, les modifications de l’habitat, l’adoption d’autres techniques, les changements de coutumes funéraires et vont déboucher à long terme sur une civilisation entièrement nouvelle. [4] »

Dans cette grande fresque historique, les zapatistes sont ils ceux qui mettent le feu aux poudres et incendient les palais ? Les forces vitales écrasée, et tordues par le mouvement universel de l’aliénation de la pensée, se redresseront alors et retrouveront toute leur vigueur, pour un temps, le temps d’une floraison, avant que reprenne le cours de l’histoire sur une autre échelle. Dans cette citation, les deux historiennes, Claude Mossé et Annie Schnapp-Gourbeillon, évoquent le renouveau de la civilisation grecque après le creux des siècles obscurs. Pourtant ces siècles dits « obscurs » qui séparent la civilisation mycénienne de « l’avènement de la polis », ne sont « obscurs » que pour les historiens qui ont bien peu d’éléments archéologiques à se mettre sous la dent (ou sous la plume). Cette absence de matière, si elle peut bien signifier la fin d’un pouvoir constitué comme pouvoir séparé, ne signifie pas pour autant la fin du monde et de toute civilisation. Il s’agit peut être tout simplement d’une liberté fondée sur la diversité et reposant sur la non-aliénation de la pensée qui reprend le dessus. D’ailleurs, un peu plus loin, les deux historiennes sont amenées à suggérer l’existence d’une société à « big men » : « Pour en revenir aux “siècles obscurs”, l’idée d’une société à “big men”, fondée sur l’instabilité et la compétition entre chefs rivaux, pourrait correspondre aux données archéologiques. [5] » Elles remarquent en effet que les tendances à la désagrégation entre les groupes sont constantes, le chef devant soutenir en permanence son rang en offrant des cadeaux et en organisant des réjouissances de plus en plus ruineuses, que son rival et ennemi s’efforce d’égaler — le perdant étant celui qui ne peut plus rendre.

D’un point de vue stratégique, nous nous trouvons face à deux réponses possibles selon la position dans laquelle nous sommes : si nous faisons partie d’une communauté de pensée, et cela concerne aussi bien la bande que le clan, une tribu ou un peuple, le mouvement universel de la pensée imposant son devenir se présente alors comme une force contraignante, extérieure et étrangère, contre laquelle nous sommes amenés à résister et à lutter — l’existence de fait de la bande, d’une tribu ou d’un peuple, l’existence de fait d’une communauté de pensée autre représente une critique réelle du monde dominant, la seule véritable critique ; nous pouvons aussi faire partie du monde dominant, de la civilisation occidentale, chrétienne et marchande, y être intégrés au point où ce qui pouvait se présenter comme extériorité, comme aliénation, est intériorisé pour devenir notre propre pensée, notre propre point de vue sur le monde et son devenir. Toutefois, il arrive que, partageant le point de vue dominant, le point de vue de l’individu, nous nous montrions critiques de ce qui existe, critiques du capitalisme — qui est alors perçu comme un moment, destiné à disparaître, du mouvement universel de l’aliénation de la pensée, c’est le point de vue de Marx et, plus généralement, du marxisme. C’est la critique d’un moment de la pensée au nom de son universalité (ou de son universalisme), au nom de son devenir.

J’ai pris le parti de la pluralité, le parti de la pluriversalité contre celui de l’universalité. Les forces unificatrices apparaissent bien souvent comme une solution à notre misère, ainsi la cause de la maladie devient-elle son remède. Il y a toujours, d’un côté, ceux qui ont la pensée et, de l’autre, ceux qui sont exclus ou se sentent exclus de l’universel, les travailleurs, par exemple. Ces écartés de l’universel représentent la pierre d’achoppement du mouvement de la pensée. Il s’agit de les inclure ou, du moins, qu’ils en aient le sentiment, celui de se trouver partie prenante du mouvement universel de la pensée. Ce rôle fut réservé à l’Église catholique autrefois, il est dévolu à l’Église protestante aujourd’hui. Il y a aussi la solution révolutionnaire : que les travailleurs, que les exclus de la pensée, se saisissent de l’esprit dans son ampleur sociale pour devenir eux-mêmes les artisans du mouvement universel de la pensée. C’est sans doute ce qui se passe actuellement dans ce que l’on appelle le premier monde, quand les salariés deviennent partie prenante du monde créé par les marchands au point de s’identifier avec eux. Le piège. Avancer jusqu’au bord de ce piège, sans y tomber… Tel serait le défi de notre époque.

Le Comité clandestin révolutionnaire zapatiste se trouve exactement à cette croisée du chemin entre critique véritable du monde capitaliste — et cette critique véritable du monde capitaliste est faite et réalisée par les communautés indiennes qui constituent la base du mouvement zapatiste — et une fausse critique du capital dans lequel ils ne voient qu’un moment, destiné à disparaître, du mouvement universel de la pensée. À n’en pas douter, c’est là une position des plus ambiguës : avoir une intelligence aiguë de la réalité tout en gardant un point de vue que je qualifierai de chrétien, c’est celui de Marx : saisir dans le mouvement universel de la pensée son point critique sans le critiquer pour autant. Il consiste principalement à s’appuyer sur une insatisfaction réelle décelée dans la société afin de la transformer dans le sens voulu par le mouvement universel de la pensée, dans le sens voulu par l’Histoire.

Il y avait bien comme un goût de socialisme dans l’État-providence mexicain, un socialisme imparfait, bancal, générant plus de déception que de satisfaction, pourtant il y avait l’idée, ce qui n’était déjà pas si mal. Le sabordage de l’État mexicain par lui-même dans les années 1980, optant sans restriction pour l’activité capitaliste, a apporté trouble et inquiétude dans la société. Le moment pouvait être venu de donner une orientation véritablement socialiste à un État partagé entre socialisme et barbarie. Échec. La société mexicaine et métisse n’a pas répondu à cet appel, même si les années de transition furent particulièrement difficiles et sanglantes. « Llegó la hora para nosotros los pueblos zapatistas y lo miramos que estamos solos. Se los digo claro compañeras y compañeros bases de apoyo, compañeros y compañeras milicianos y milicianas, así lo vemos, estamos solos como hace veinticinco años. [6] » C’est que la société mexicaine se trouve sur le plan complexe et confus de la réalité et non sur celui, simplifié, de l’idéologie. La société mexicaine a été trompée, dans combien de temps s’en rendra-t-elle compte ?

Tout espoir est-il perdu ? À mon sens, oui. Le socialisme, en devenant une idéologie, semble avoir perdu de sa consistance comme réalité. Il n’est plus d’actualité, semble-t-il. Il est bien toujours une réalité (parmi d’autres) de la société mexicaine, un mode d’être toujours présent, et dont nous pouvons déceler la survivance dans la vie sociale et politique des communautés zapatistes et dans l’idéologie et le comportement des leaders. Même hors de l’organisation sociale propre aux zapatistes, ce mode d’être ensemble existe bel et bien, je l’ai côtoyé souvent, mais il semble avoir perdu ses assises. L’homo hierarchicus, dans le sens apporté par Louis Dumont [7], celui qui se dévoue à l’ensemble et qui a sa place assignée une bonne fois pour toutes dans la société, a bien été une réalité des sociétés préhispaniques, un mode d’être qui a dû se perpétuer comme fondement dédaigné de la société coloniale (mais pas toujours des curés) puis de la société mexicaine. En se sabordant vers la fin du XXe siècle, l’État ouvrait sur cette possibilité : recouvrer cette réalité négligée et dépréciée, construire une société socialiste « en bas et à gauche ». Une théocratie qui ne serait pas imposée d’en haut, mais qui prendrait sa source dans ce terreau historique et fondateur de la civilisation mésoaméricaine revu et réactualisé à travers la théologie de la libération. Il se peut d’ailleurs qu’Andrés Manuel López Obrador ait réussi à capter cette part de réalité reposant sur le dévouement à la cause sociale que s’étaient réservée jusqu’à présent les zapatistes (et quelques personnalités indiennes et théologiques que nous retrouvons aujourd’hui dans le gouvernement de López Obrador).

Nous commençons à peine à percevoir la complexité de la situation dans laquelle se trouvent les zapatistes : comment échapper au mouvement d’unification qui emporte tout sur son passage tout en le reconnaissant, tout en reconnaissant l’universel ? Lui donner une autre orientation qui ne serait plus capitaliste, mais socialiste ? Mais ne serait-ce pas retomber dans des schémas connus et convenus ? Peut-on faire du neuf avec de l’ancien ? Je dirai que les zapatistes se trouvent à la croisée des hésitations, pourtant l’expérience zapatiste n’est pas abstraite, elle repose sur une pratique. La construction d’une autonomie sociale à l’intérieur de la société mexicaine est une réalité, ce n’est pas une idéologie, et cette réalité se confronte au jour le jour à une autre réalité, celle de la société marchande et individualiste qui étale son ventre de conquistador repus et impitoyable sur tout le Mexique, du Chiapas à Chihuahua.

Marseille, 2 janvier 2019

Georges Lapierre

Notes

[1] Bridges (Lucas), Aux confins de la terre. L’auteur parle des Onas, une tribu, aujourd’hui disparue, de la Terre de Feu.

[2] Avant de se réaliser comme idée (c’est la naissance du concept), pour Karl Marx, Hegel ne peut être qu’un idéaliste, que l’homme de l’Idée.

[3] Wittfogel (Karl August), Le Despotisme oriental. Étude comparative du pouvoir total, Minuit, Paris, 1964. Première édition : Yale University Press, New Haven, 1957.

[4] Mossé (Claude) et Schnapp-Gourbeillon (Annie), Précis d’histoire grecque. Du début du deuxième millénaire à la bataille d’Actium, Armand Colin, Paris, 1999, p. 91.

[5] Mossé et Schnapp-Gourbeillon, 1999, p. 99.

[6] Subcomandante Moisés, déclaration du Comité clandestin révolutionnaire, 1er janvier 2019.

[7] « Deux configurations s’opposent immédiatement, qui caractérisent les sociétés traditionnelles et la société moderne. Dans les premières comme par ailleurs dans La République de Platon, l’accent est mis sur la société dans son ensemble — comme Homme collectif. L’idéal se définit par l’organisation de la société en vue de ses fins — et non en vue du bonheur individuel. Il s’agit avant tout d’ordre, de hiérarchie : chaque homme en particulier doit contribuer à sa place à l’ordre global et la justice consiste à proportionner les fonctions sociales par rapport à l’ensemble. » (Dumont, Louis, Homo hierarchicus. Le système des castes et ses implications, Gallimard, Paris, 1966.)

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