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Repenser l’apocalypse… D’un monde des mondes à la société des sociétés, un manifeste indigène anti-futuriste (Indigenous Action Media)

Posted in 3eme guerre mondiale, actualité, altermondialisme, colonialisme, crise mondiale, documentaire, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, militantisme alternatif, philosophie, politique et social, résistance politique, société des sociétés, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , on 11 Mai 2024 by Résistance 71

Plus on lit ce texte et plus il nous fait réfléchir… A diffuser comme antidote à la toxicité étatico-marchande arrivant à son summum de nuisance et de destruction mais aussi à sa fin programmée dans sa propre existence.
~ Résistance 71 ~

“De la même façon qu’il y a une mondialisation néolibérale, il y a aussi une mondialisation de la rébellion.”
“Se battre contre le capitalisme dans sa phase néolibérale, c’est se battre pour l’humanité.”
~ 6ème déclaration zapatiste, 2005 ~

“Après avoir souffert au-delà de la souffrance, la nation rouge se relèvera de nouveau et ce sera alors une bénédiction pour un monde devenu bien malade. Un monde empli de promesses brisées, d’égoïsme et de séparations. Un monde se languissant de lumière. Je vois une époque de sept générations lorsque toutes les couleurs de l’humanité se rassembleront sous l’arbre sacré de la vie et la terre entière redeviendra de nouveau un cercle unique. Ce jour là, il y aura ceux parmi les Lakota qui porteront la connaissance et la compréhension de l’unité parmi tous les êtres vivants et les jeunes gens blancs viendront vers ceux de mon peuple pour leur demander de leur dispenser leur sagesse. Je salue la lumière dans tes yeux, là où réside l’univers entier. Car quand tu es au centre de toi-même et que je suis également en cet endroit en mon sein, alors nous sommes un.”
~ Tasunke Witko, Crazy Horse, Cheval Fou, chef de guerre Oglala, Sioux ~

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…Ceci est une transmission depuis un futur qui n’existera jamais, d’un peuple qui n’existe pas…

Repenser l’apocalypse : un manifeste indigène anti-futuriste

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“La fin est proche. Ou est-elle venue et repartie auparavant ?
~ un ancêtre ~

Indigenous Action Media

Mars 2020

Traduit de l’anglais par Résistance 71

Mai 2024

Pourquoi peut-on imaginer la fin du monde et pas celle du colonialisme ?

Nous vivons le futur d’un passé qui n’est pas le notre.

C’est une histoire de fantasmagories utopiques et d’idéalisation apocalyptique.

C’est un ordre social global pathogène de futurs imaginés, fondé sur le génocide, la mise en esclavage, l’écocide et la ruine totale.

Quelles conclusions devons-nous apporter à un monde construit d’ossements et de métaphores vides de sens ? Un monde de fins fétichisées calculées parmi la fiction collective de spectres virulents. De tomes religieux à un spectacle scientifique fictionnalisé, chaque ligne du temps imaginée, construire de manière si prévisible ; un commencement, un milieu et ultimement, une fin.
Inévitablement dans ce narratif, il y a un protagoniste combattant un Autre ennemi (une appropriation générique d’une spiritualité africaine / haïtienne, un zombie) et attention : ce n’est ni vous ni moi. Tant de gens sont avidement prêts à être les derniers survivants d’une “Zombies Apocalypse”. Mais ce sont des métaphores interchangeables, ce zombie / Autre, cette apocalypse.

Ces métaphores vides, cette linéarité, n’existent que dans les langues de cauchemars, elles sont parties de l’imagination d’apocalypse et d’une impulsion.

Cette “façon de vivre”, cette “culture”, est une domination qui consomme tous ses propres bénéfices. C’est un ré-agencement économique et politique pour être dans le moule d’une réalité reposant sur les piliers de la concurrence, de la propriété et du contrôle à la poursuite du profit et de l’exploitation permanente. Il professe la “liberté”, pourtant son fondement, sa fondation se situe sur un sol volé alors que sa structure même est construite par des vies volées.

C’est cette “culture” qui doit toujours avoir un Autre Ennemi, à blâmer, à réclamer, à affronter, à réduire en esclavage, à assassiner. Un ennemi sous-homme que n’importe quel et toute forme de violence extrême n’est pas seulement permise d’utiliser contre, mais attendue. Si elle n’a pas d’Autre immédiat, elle se dépêche d’en fabriquer un. Cet Autre n’est pas créé de la peur mais sa destruction en émane. Cet Autre est constitué d’axiomes apocalyptiques et de misère permanente. Cette autre chose, cette maladie weitko, est peut-être le mieux symptomatisé dans son plus simple stratagème :

Ils sont sales, ne méritent pas de vivre. Ce sont des incapables, des bons à rien fainéants. Ils sont aléatoires. Ce sont des non-croyants, des païens. Ils n’ont aucune valeur. Ils sont faits pour notre bénéfice. Ils détestent notre liberté. Ce sont des ignorants, des ignares. Ce sont des nègres, des indigènes, des pédés. Ce sont des moins que rien. Ils sont contre nous, jusqu’à ce que finalement, ils n’existent plus. Dans ce constant mantra de violence recadrée, c’est eux ou vous. C’est l’Autre qui est sacrifié pour une continuité immortelle et cancéreuse. C’est l’Autre qui est empoisonné, qui est bombardé, laissé en silence sous les ruines et les gravas. Cette façon de n’être pas, qui a infecté tous les aspects de notre vie, qui est responsable de l’annihilation de nombreuses autres espèces, de l’empoisonnement de nos océans, de l’air, de la terre, les coupes franches et abattage de forêts entières, l’incarcération de masse, la possibilité technologique d’une guerre apocalyptique et tous les problèmes de pollution, ceci est la politique mortifère du capitalisme, c’est une pandémie.

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« Cher colonisateur, ton futur est fini. » (un ancêtre)

Une fin qui est venue auparavant

L’invasion physique, mentale, émotionnelle et spirituelle de nos terres, corps et esprits pour s’installer et exploiter, est le colonialisme. Des navires ont fait voile sur des vents empoisonnés et des marées écarlates à travers les océans ont poussé d’un souffle court et l’impulsion au sondage, des millions et des millions de vies furent éteintes avant même qu’ils puissent nommer leur ennemi. 1492, 1918, 2020…

Les couvertures infectées de variole en guerre biologique, le massacre généralisé de notre membre de la famille le bison des grandes plaines, la ruine des rivières donneuses de vie, l’incendie d’une terre immaculée, les marches forcées, les traités scélérats, l’emprisonnement dans les camps / réserves, l’éducation coercitive par l’abus, le viol et la violence. Le train train quotidien post guerre, post-génocide, l’humiliation post-coloniale des forts et notre lent suicide de masse sur l’autel du capitalisme : travail, salaire, impôt, loyer, boire, manger, dormir, baiser, se reproduire, prendre sa retraite et mourir. C’est sur le bord de la route, en vente dans les marchés indiens, servir les boissons au casino, refaire le stock. De bons Indiens derrière, vous.

Ce sont les cadeaux de destinées manifestes infestées et infectieuses. C’est cet imaginaire futur que nos geôliers voudraient nous faire perpétuer, nous faire prendre part. L’imposition sans pitié de ce monde mort fut motivé par une utopie idéalisée comme Charnel House, ce fut “pour notre bien”, imposer un autre passé et avec lui, un autre futur.

Ce sont les idéaux apocalyptiques des abuseurs, des tortionnaires, des racistes et du système patriarcal. La foi aveugle doctrinaire de ceux qui ne peuvent voir la vie qu’au travers d’un prisme, un caleïdoscope cassé d’une guerre total et sans fin.

C’est une apocalypse qui colonise notre imagination et détruit notre passé et notre futur simultanément. C’est une lutte pour dominer le sens et toute l’existence de l’humain. C’est le futurisme du colonisateur, du capitaliste. C’est en même temps chaque futur qui fut jamais volé par le pilleur, le va t’en guerre et le violeur.

Ça a toujours été une question d’existence et de non-existence. C’est l’apocalypse actualisée. Et avec la seule certitude d’avoir une fin mortifère, le colonialisme est un fléau une peste bubonique.

Nos ancêtres comprirent que cette façon d’être ne pouvait pas être raisonnée ni qu’on ne pouvait négocier avec elle. Que cela ne pouvait pas être tempéré ni récupéré. Ils avaient compris que cet apocalypse n’existe qu’en absolus.

Nos ancêtres ont rêvé contre la fin du monde

Bien des mondes sont partis avant celui-ci. Nos histoires traditionnelles sont étroitement imbriquées avec la fabrique même de la naissance et de la fin des mondes. Au travers de ces cataclysmes, nous avons appris bien des leçons qui ont façonné qui nous sommes et comment nous devons nous comporter les uns avec les autres. Nos façons d’être  sont informées en trouvant l’harmonie par et de la destruction des mondes. L’ellipse. Naissance. Mort. Renaissance.

Nous avons une méconnaissance des histoires sur les histoires du monde qui fait partie de nous. C’est la langue du cosmos, il parle en prophéties longuement gravées dans les cicatrices d’où rêvèrent nos ancêtres. C’est la danse des fantômes (Ghostdance), les 7 feux, la naissance du bison blanc, la 7ème génération, ce sont les 5 soleils, ceci est écrit dans la pierre près d’Oraibi et au-delà. Ces prophéties ne sont pas juste prédictives, elles ont aussi été des diagnostiques et des instructions.

Nous sommes les rêveurs rêvés par nos ancêtres. Nous avons traversé tout le temps entre les respirations de nos rêves. Nous existons en unité avec nos ancêtres et les générations non-nés. Notre futur tient dans nos mains. C’est notre mutualité et notre inter-dépendance. C’est notre famille. Ce sont les plis de nos mémoires, consciemment pliées par nos ancêtres. C’est notre temps-rêve collectif et c’est maintenant. Autrefois, demain, hier.

L’imagination anti-coloniale n’est pas une réaction subjective aux futurismes coloniaux, c’est un futur anti-occupation. Nos cycles de vies ne sont pas linéaires, notre futur existe sans temps. C’est un rêve, vierge, non-colonisé.

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Ceci est l’anti-futur indigène

Nous ne sommes pas préoccupées de la façon dont nos ennemis nomment leur monde mort ni comment ils nous reconnaissent ou voient ces terres. Nous ne sommes pas préoccupés à refaire leurs façons de gérer, de contrôler ou d’honorer leurs accords ou traités morts. Ils ne seront pas obligés de terminer la destruction que leur monde a jeté sur nous. Nous ne les supplions pas de mettre un terme à toutes les pollutions, car ceci est la conclusion de leur impératif apocalyptique et leur vie est construite sur la mort de la Terre-Mère. Nous enterrons l’aile droite et l’aile gauche ensemble sous cette terre qu’ils sont si avides de consumer (NDT : et de consommer…). La conclusion de la guerre idéologique de politiques coloniales est que les peuples indigènes perdent toujours, à moins que nous nous perdions nous-mêmes.

Les capitalistes et les colonisateurs / colons ne vont pas nous mener vers les futurs morts.

L’idéalisation apocalyptique est une prophétie auto-réalisatrice. C’est le monde linéaire finissant de l’intérieur. La logique apocalyptique existe dans une zone émotionnellement, spirituellement, mentalement morte, qui se cannibalise aussi elle-même. La mort se lève pour consumer toute vie.

Notre monde vit quand leur monde cesse d’exister.

En tant qu’anti-futuristes indigènes, nous sommes la conséquence de l’histoire du futur du colonisateur. Nous sommes la conséquence de leur guerre contre la Terre-Mère. Nous ne permettrons pas au spectre du colon, aux fantômes du passé de hanter les ruines de ce monde. Nous sommes l’actualisation de nos prophéties. Nos prophéties devenues réalité. Ceci est le ré-émergence du monde des cycles. Ceci est notre cérémonie.

Entre des ciels silencieux. Le monde respire de nouveau et la fièvre tombe.

La terre est tranquille, attendant que nous écoutions.

Quand il y a moins de distractions, nous allons à l’endroit d’où nos ancêtres ont émergé, ainsi que leur voix, notre voix.

Il y a ici un chant plus vieux que les mots, il guérit plus profondément que la lame du colonisateur puisse jamais couper.

Et là, notre voix. Nous fûmes toujours des guérisseurs. Ceci est la toute première médecine.

Le colonialisme est un fléau, une peste bubonique, le capitalisme est une pandémie. Ces systèmes sont anti-vie, ils ne se soigneront jamais. Nous ne permettrons pas que ces systèmes malades, pourris, corrompus, récupèrent. Nous croîtrons et continuerons de croître.

Nous sommes les anticorps

Addendum:

Dans notre passé / votre futur, ce furent les attaques non-linéaires, non-systémiques sur une infrastructure vulnérable comme les commodités de carburant, les couloirs de transport, la grille énergétique, les systèmes de communication et plus, qui rendirent le colonialisme d’occupation impossible sur ces terres.

  • Notre organisation est cellulaire, elle ne demande aucun mouvement formel
  • La cérémonie fut/est notre libération, notre libération fut/est cérémonie
  • Nous honorons nos enseignements sacrés, nos ancêtres et les générations à venir
  • Nous n’avons pris crédit de rien. Nous n’avons pas issus de communiqués. Nos actions furent et sont notre propagande
  • Nous avons célébré la mort de la solidarité gauchiste et son romantisme myope et apocalyptique
  • Nous n’avons rien demandé aux capitalistes et aux colons occupants

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“En se présumant eux-mêmes inconsciemment d’avoir de droit un pouvoir mental de juger les “païens”, les chrétiens furent capables d’affirmer que les Indiens n’avaient pas le droit de continuer de vivre leur mode de vie libre et indépendant. Sur la base biblique que le peuple élu possède la tâche providentielle de soumettre la Terre et d’exercer une domination sur tout être vivant, les chrétiens se considéraient eux-mêmes comme un peuple élu ayant l’obligation divine de “sauver” les païens et leurs nations en les subjuguant, ce qui fut référé par le doux euphémisme de les “civiliser”. Ceci devait être accompli en brisant les nations païennes pour ensuite tourner leurs membres en des individus chrétiens qui deviendraient, par le moyen d’une assimilation graduelle, soit des sujets d’une monarchie chrétienne européenne ou des citoyens d’un état européen chrétien. De ce point de vue, les païens sont destinés par dieu à être sauvés et réduits à la “civilisation” européenne chrétienne.”
~ Steven Newcomb, 2008 ~

“La révolution anarchiste est aujourd’hui la révolution naturelle, celle qui ne peut pas se laisser dériver ou confisquer par des groupes, factions ou partis, classes ou autorités.”
~ López Arangó ~

Enfance ruinée
Génération non-née
Demain, espoir temps
(Haïku, Resistance 71)

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Textes connexes à lire et diffuser sur le sujet :

« Du chemin de la société vers son humanité réalisée » (Résistance 71)

« Kaianere’kowa, la Grande Loi de la Paix » des nations Haudenosaunee, XIIème siècle

« Païens en terre promise, décoder la doctrine chrétienne de la découverte » (Steven Newcomb)

« Effondrer le colonialisme » (Résistance 71)

« La voie Lakota et l’aventure Crazy Horse / Cheval Fou » (Joseph Marshall)

« Nous sommes tous des colonisés » (Résistance 71 )

Compilation pour une société des sociétés (Gustav Landauer)

Ericco Malatesta, écrits choisis

3 textes sur le peuple en arme

« EZLN, Chiapas, une communauté en arme » (Tikva Honig-Parnass)

« Si vous avez oublié le nom des nuages, vous avez oublié votre chemin » (Russell Means)

« Un manifeste indigène », Taiaiake Alfred (Mohawk)

« Wasase, La grande loi du changement » Taiaiake Alfred

« Echange et pouvoir de la chefferie indienne » (Pierre Clastres)

« Chiapas, feu et parole d’un peuple qui dirige et un gouvernement qui obéit » (EZLN)

« L’heure de la Commune des Communes a sonné ! » (Pierre Bance)

« Entretien avec des anarchistes du Rojava » (TA)

« Du Chiapas aux Gilets Jaunes en passant par le Rojava » (Résistance 71)

« Le communisme anarchiste » Sam Dolgoff

« L’art de ne pas être gouverné » James C. Scott

« L’après-histoire ou la révolution par le don » (Zénon)

« Effondrer le colonialisme par apostasie collective » (Jo Busta Lally)

DECF

Testament politique et vibratoire de trois Riens (PDF)

Posted in actualité, altermondialisme, pédagogie libération, philosophie, politique et social, résistance politique with tags , , , , , , on 8 avril 2024 by Résistance 71

jungleBorneo3

Résistance 71

8 avril 2024

Nous encourageons la lecture et la diffusion de ce remarquable PDF créé à l’unisson spirituel de trois grands résistants uniques et à la complémentarité symbiotique : Jo, Zénon et Rien. Tout y est dit avec verve, truculence, authenticité et véracité radicales . L’heure sonne pour le retranchement dans une lutte organique qui mènera l’humanité à la victoire ultime de sa réalisation ontologique contre toutes les dictatures et impostures étatico-marchandes en futile ère-rance. Un texte pour nous accompagner sur ce sentier lumineux de l’amour fraternel universel :

Texte en format PDF à lire et diffuser sans modération : 

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Bérézina (Zénon)

Posted in actualité, altermondialisme, pédagogie libération, philosophie, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , on 31 mars 2024 by Résistance 71

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Bérézina

Compagnon, lève-toi et marche,
Et que la douleur t’enhardisse.
Poursuis ton chemin sans relâche
Avant que le blizzard t’engourdisse.

Vas et ne te retourne pas,
Avance quoiqu’il arrive :
La mort poursuit pas à pas
Les regards à la dérive.

Certains ont mangé leur cheval
Et d’autres leurs camarades
Au cours de l’ignoble cavale
Des fantômes à la parade.

Tu oscilles en permanence
Entre la démence et l’oubli.
Tu pries le ciel dans un silence
Que l’humilité anoblit

De t’épargner comme à la France
L’humiliation et le naufrage,
Les illusions et la souffrance
Des ambitions d’un autre âge.

Il est temps de rendre les armes
Aux serpents cracheurs de venin.
Leurs ordres ont coûté trop de larmes
Aux veuves et aux orphelins.

Retrouve ta femme et ton fils,
La douceur de ton foyer.
Rien ne mérite le sacrifice
De tout un peuple fourvoyé.

Tu gagneras la paix du cœur,
L’amour, la grâce et l’harmonie.
Tu seras l’unique vainqueur
Du vieil Empire à l’agonie.

Zénon – 3 mars 2024

Le poème en PDF: Zenon_Berezina

De la Bérézina…

Nakba1

À la Nakba…

Nakba2

Revisiter la pensée politique de Jean-Jacques Rousseau : Rousseau un anti-Lumières (Camille Mordelynch)

Posted in actualité, démocratie participative, documentaire, gilets jaunes, militantisme alternatif, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, philosophie, politique et social, politique française, résistance politique, société des sociétés, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , on 18 mars 2024 by Résistance 71

“Hobbes prétend que l’Homme est naturellement intrépide et ne cherche qu’à attaquer et combattre. Un philosophe illustre [Montesquieu] pense au contraire et Cumberland et Pufendorf l’assurent aussi, que rien n’est si timide que l’homme dans l’état de Nature, et qu’il est toujours tremblant et prêt à fuir au moindre bruit qui le frappe, au moindre mouvement qu’il aperçoit.”

“Le premier qui, ayant enclos un terrain, s’avisa de dire : ‘ceci est à moi’ et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d’horreurs n’eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : Gardez-vous bien d’écouter cet imposteur ; vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous et que la terre n’est à personne.”

~ Jean-Jacques Rousseau, “Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes”, novembre 1753 ~

Recadrer la pensée politique et la vision de Rousseau hors moule propagandiste : une analyse des plus intéressantes de Camille Mordelynch, prof de philo, et une interprétation réaliste de la pensée du philosophe politique genevois, qui a eu le mérite d’anticiper les problèmes inhérents au système de gouvernance représentatif mis en place par la révolution française et ce plus de 30 ans avant sa réalisation.
~ Résistance 71 ~

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Jean-Jacques Rousseau, un anti-Lumières

Camille Mordelynch

Professeure de philosophie

Extrait du livre “Sagesse rebelle, la philosophie entre en rébellion”, compilation dirigée par Camille Mordelynch aux éditions des Livres Noirs

Reçu via courriel mars 2024

Rousseau naît à Genève au XVIIIème siècle, siècle où le progressisme des Lumières se diffuse, entendant faire triompher le rationalisme contre l’obscurantisme religieux, le progrès scientifique contre l’attachement aux vieilles traditions superstitieuses. Mais qualifier Rousseau de penseur des Lumières, au-delà de la seule proximité temporelle, est un contre sens : Rousseau est à bien des égards un anti-Lumières, qui ne partage pas l’enthousiasme pour la modernité libérale et cette foi en une avancée de l’humanité portée par la floraison des savoirs.

Contre l’idée de progrès

Rousseau admet la notion de progrès, l’idée selon laquelle l’humanité a progressé ; mais il est soucieux de savoir ce qui a progressé. Selon lui, le progrès des sciences et des arts, autrement dit de la technique, a eu des contreparties dont la philosophie doit s’emparer pour en donner une résonance morale. Rousseau les expose lorsqu’il répond à un concours organisé par l’académie de Dijon en 1750, autour de la question “le rétablissement des sciences et des arts a t’il contribué à épurer les mœurs ?” : injustices sociales, inégalités, luxe superficiel, gout de l’argent, sont selon lui ce qui s’inscrit en négatif du progrès technique.

Dans son discours, Rousseau soutient une critique morale et politique : l’avancée des savoirs ne s’est pas accompagnée d’un progrès des mœurs, bien au contraire ; il a induit une dépravation morale, masquée par de nouvelles mœurs policées. Le développement des sciences et des arts a engendré le déclin des valeurs morales, a éloigné les hommes de la vertu en répandant le luxe, l’égoïsme, l’hypocrisie, au détriment de la traditionnelle simplicité, du courage, de l’héroïsme guerrier de l’Antiquité.

Sur le plan politique, l’intérêt pour les sciences et les arts, qui s’apparente à du divertissement, détourne l’homme de ses préoccupations pour sa liberté, amollit sa conscience civile. Rousseau exprime ainsi, dès son temps, une critique de la modernité originale, sur fond de conservatisme moral, expliquant sa préférence pour la cité guerrière de Sparte, face aux raffinements d’Athènes. Sa critique de la modernité converge avec sa pensée politique, mais ne donne pas lieu à un conservatisme politique : violent avec les grandes monarchies européennes, Rousseau estime qu’elles sont le symbole de l’écrasement des peuples. Son esprit démocratique l’invite à formuler, à l’heure où le régime représentatif l’emporte,  un projet que l’on pourrait qualifier de démocratie directe.

Pour le comprendre, il faut saisir le mouvement de son livre majeur “Du contrat social” (1762). Rousseau, en contractualiste, estimant que l’État est né d’un contrat implicite passé entre les hommes, se représente le passage de l’homme d’un état de nature à la société. Le contrat social est un instrument abstrait qui aide à comprendre comment pourrait se former un gouvernement à partir de la fiction méthodologique de l’état de nature, un état pensé antérieur à toute société, mais qui n’a aucune réalité historique. Dans celui-ci, Rousseau conçoit l’homme comme suivant son instinct, son appétit, ses impulsions : sa liberté est entière, n’ayant pour limite que celle des contraintes biologiques, et non la coexistence avec d’autres sphères autonomes, car l’homme sauvage ne se préoccupe pas de ses semblables. Il vit, selon Rousseau, relativement isolé, indépendant des autres, bien qu’il se trouve dans un état de “bonté” originelle.

Sur ce point, la pensée de Rousseau a été largement caricaturée, réduite au mythe du “bon sauvage”. Si cela a pu se faire, c’est que l’homme à l’état de nature, se caractérise par deux sentiments majeurs : l’amour de soi et la pitié. L’amour de soi est le sentiment qui nous dispose favorablement envers nous-mêmes et nous pousse à pourvoir à nos besoins, tandis que la pitié est un sentiment naturel qui incite l’homme à aider son prochain. La pitié nous transporte à la place de celui qui souffre : c’est un sentiment obscur et vif chez l’homme sauvage, mais qui deviendra moindre chez l’homme civil. Cette pitié va susciter chez l’homme une forme de comportement moral inconscient : il se comporte favorablement vis à vis d’autrui ; mais même si ses attitudes peuvent avoir l’apparence des bonnes actions, cela ne le rend encore ni bon ni mauvais.

En effet, pour que son comportement soit moral, il faudrait que l’homme sauvage puisse avoir connaissance du bien et du mal, savoir qu’elles en sont les exigences (ce qu’est une vertu, un vice, une action moralement bonne…) Or, à ce stade,  il ne le sait pas encore. A l’état de nature, l’homme n’a pas les connaissances nécessaires pour pouvoir porter un jugement de valeur sur son action. Il vit simplement dans un état d’innocence qui le rend compassionnel naturellement ; à ce stade, il n’a pas été perverti par l’individualisme social.

Cela n’advient qu’avec l’état civil, au moment du pacte social où la nature humaine change. Rousseau nomme “perfectibilité” cette capacité de l’homme à se changer lui-même. Il fait partie du principe qu’il n’y a pas de nature humaine immuable : l’homme est au contraire un être perfectible, qui a modifié sa nature en passant de l’état de nature à l’état civil.

Rousseau reconnaît ainsi chez l’homme la disposition à échapper à ses déterminisme naturels (il n’est pas contraint par la nature à mener une existence déterminée comme celle de l’animal), et en fait un être fondamentalement libre : il a la possibilité de devenir autre, supposant ainsi une certaine plasticité. L’homme est toujours capable d’évoluer en bien ou en mal, comme en témoignent les changements qu’il connaît au moment de son entrée dans l’état civil. En société, la pitié naturelle décline et l’amour de soi se change en forme pervertie, l’amour propre qui rend les individus narcissiques. L’amour propre est une production sociale : c’est l’amour factice qui n’est pas inhérent à l’homme naturel, mais qui découle des relations sociales. Il émerge quand l’homme se met à se comparer aux autres : l’individu ne s’aime plus lui-même en cherchant à satisfaire ses besoins, selon ce qui était l’amour de soi, mais il tient compte du regard d’autrui et s’aime au moyen de l’approbation des autres, cherchant ainsi à se donner une valeur supérieure aux autres, entrant dans des rapports de domination.

L’homme, dans la société, devient ainsi jaloux, envieux et calculateur ; d’où l’intérêt de l’éducation, dont Rousseau soutiendra une une conception originale et avant-gardiste dans son “Emile ou l’éducation”. Néanmoins, écrit le philosophe du “Contrat social” : “Quoi qu’il se prive dans son état de plusieurs avantages qu’il tient de la nature, il en regagne de si grands, ses facultés s’exercent et se développent, ses idées s’étendent, ses sentiments s’ennoblissent, son âme toute entière s’élève à tel point,  que si les abus de cette nouvelle condition  ne le dégradaient souvent au dessous de celle dont il est sorti, il devrait bénir sans cesse l’instant heureux qui l’en arracha pour jamais, et qui, d’un animal stupide et borné, fit un être intelligent et un homme.

La citation qui ferait dire à Rousseau que l’homme naît bon, mais que c’est la société qui le corrompt, n’est jamais écrite comme telle dans son œuvre : si la société a altéré l’homme en pervertissant par bien des aspects sa nature primitive, elle est aussi le lieu de son accomplissement, de sa marche en avant naturelle, le faisant passer d’un animal sauvage à un être civilisé, capable d’exploiter et de développer ses aptitudes et compétences. Ceux qui ont voulu faire de Rousseau l’apologiste du bon sauvage se sont fourvoyés.

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Il est très difficile de réduire à l’obéissance celui qui ne cherche point à commander, et le Politique le plus adroit ne viendrait pas à bout d’assujettir des hommes qui ne voudraient qu’être libres.”
~ Jean-Jacques Rousseau, “Discours sur l’origine des inégalités parmi les hommes”, 1753 ~

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Rousseau_contrat_social

Rousseau politique

La préoccupation politique de Rousseau porte sur les conditions de légitimité du contrat social. Quand l’homme passe à l’état civil (sûrement pour des raisons de sécurité, de raréfaction des ressources, il en vient à devoir s’associer aux autres). On fait face à un problème : il faut trouver une forme d’association qui, bien qu’elle soumette les hommes à un pouvoir politique, leur permette de conserver leur liberté naturelle. Rousseau cherche à savoir à quelle condition l’homme peut accepter de renoncer à son indépendance de l’État de nature. Il faut d’abord exclure la possibilité d’un pouvoir incarné par une personne, car si le pouvoir est personnel, s’il est aux mains d’un seul individu, cela produit des rapports de domination qui portent atteinte à la liberté. Il faut donc trouver une autre forme de dependance capable de conserver la liberté : un pouvoir politique impersonnel, de sortir que personne ne soit contraint d’obéir à un autre et que, pour reprendre les termes mêmes de Rousseau, “chacun se donnant à tous, ne se donne à personne”. Ce pouvoir politique impersonnel se manifeste pour Rousseau dans la loi qui doit, selon lui, devenir l’expression de ce qu’il appelle la volonté générale. Celle-ci n’est pas la somme des volontés particulières, mais l’ensemble des volontés que chacun exprime en tant que consulté sur un sujet d’intérêt général, autrement dit, l’ensemble des volontés qui tiennent compte du bien commun.

Mais pour qu’un tel intérêt général existe, il faut qu’à l’origine tout le monde aliène une quantité égale de liberté, que chacun cède la même part de liberté à l’association. L’égalité est la condition du commun. Rousseau tient vraiment à la construction d’un pouvoir collectif à égalité,  de sorte qu’aucun des membres ne puisse vouloir dominer les autres. L’auteur se montrera par ailleurs vigilant quant à cette idée d’égalité politique, vouée à rester à l’état de chimère sans la diminution des inégalités socio-économiques. Il faut un certain nombre de réformes économiques pour contrebalancer le pouvoir des classes dominantes, suivant ce que le philosophe écrit dans “Le projet de constitution de la Corse” : “Il faut que tout le monde vive et que personne ne s’enrichisse. C’est là le principe fondamental de la prospérité de la nation.

Donc, pour que la loi devienne l’expression de la volonté générale, il faut concrètement que les citoyens participent à égalité à l’élaboration de celle-ci. Pour Rousseau, “la puissance législative appartient au peuple et ne peut appartenir qu’à lui.” Autrement dit, écrit-il encore : “Le peuple soumis aux lois doit en être l’auteur”, car c’est là le seul moyen pour que les citoyens consentent à y obéir sans avoir l’impression de renoncer à leur liberté. Rousseau a l’intuition que “l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite à soi-même est liberté.” : pour accepter le pacte social qui les conduit à s’associer tout en conservant leur liberté, les citoyens doivent donc participer à l’écriture des lois auxquelles ils se soumettront. C’est ce qui fait que Rousseau est hostile à l’idée de la représentation. Tant qu’on est représenté, on ne peut pas être libre, puisqu’on délègue notre pouvoir de décision à autrui.

Nous ne sommes plus alors autonomes, d’après l’étymologie grecque du terme, autos-nomos, c’est à dire que nous ne sommes plus notre propre loi. Rien ne pourrait nous assurer, par ailleurs, que la volonté des représentants soit fidèle à la volonté générale : “Le peuple ne peut avoir des représentants, parce qu’il lui est impossible de s’assurer qu’ils ne substituent point leurs volontés aux siennes”. C’est donc une des thèses majeures du “Contrat social”, dont l’écho résonne aujourd’hui plus que jamais : “la souveraineté du peuple ne peut être représentée.Rousseau anticipe l’escroquerie qui se présente et qui persiste encore aujourd’hui : la démocratie représentative est une contradiction dans les termes. Mais comment le philosophe envisage t’il dans les faits, l’instauration de ce régime où le peuple voterait ses propres lois ?..

Pour Rousseau, le seul régime légitime auquel le Contrat Social réserve le nom de république — res publica, la chose du peuple — est celui où le peuple peut constituer une assemblée et ratifier les lois. Or, si le peuple souverain détient le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif, lui, doit être au main d’un gouvernement, lui, strictement subordonné au peuple, qui prendrait la forme d’une aristocratie élective pour appliquer les lois à des cas particuliers. Le gouvernement est distinct du peuple pour ne pas que les considérations particulières et concrètes, propres au pouvoir exécutif qui est du côté de l’intérêt particulier, menace l’intérêt commun du pouvoir législatif dont il n’est qu’un auxiliaire, et qui doit demeurer l’expression de la volonté générale. Pour s’en assurer, Rousseau pense la présence d’un “législateur”, un “sage instituteur”, qui ressemble à un homme providentiel, capable d’accompagner le peuple dans sa libération. Le législateur, cette figure qui apparaît comme quelque peu mythique, éduque les volontés, sert de guide au corps social et donne aux peuples les moyens de faire des lois juste.

Mieux vaut la liberté et les dangers que la paix qui rend esclave

Rousseau met donc en place tout un agencement institutionnel pour que la démocratie, l’idée selon laquelle la souveraineté appartient au peuple, soit possible. Mais l’auteur n’est pas naïf : il sait que le gouvernement, bien que soumis au peuple souverain, tentera d’abuser de son pouvoir et d’en usurper la supériorité. Le pouvoir exécutif contient, en germe, sa dégénérescence despotique. C’est la pente inéluctable de tout gouvernement, qui rompt alors le contrat social : c’est ce que Rousseau appelle la mort du corps politique. Le philosophe est pris dans cette tension qu’il résout difficilement au sujet des moyens à mettre en œuvre pour brider la tendance du gouvernement à s’affranchir de son statut d’organe périphérique. C’est pourquoi Rousseau nous dit qu’en démocratie “le citoyen doit s’armer de force et de conscience et répéter chaque jour de sa vie au fond de son cœur ce que disait un vertueux Palatin dans la diète de Pologne : “Malo periculosam libertatem quai quietum servitium (Mieux vaut la liberté et les dangers que la paix qui rend esclave).

Ce qu’il faut retenir, en tout cas, de l’idéal rousseauiste, c’est que la souveraineté ne s’exerce pas sur le peuple mais  PAR le peuple et de façon absolue. La radicalité de sa pensée, dans la dénonciation du progressisme et de notre mode de gouvernance actuel, trente ans avant la révolution française, l’avait à l’époque socialement condamnée. Aujourd’hui, elle est indispensable pour comprendre que le citoyen croit vivre dans une démocratie dont il est pourtant complètement absent. A nous de retrouver notre conscience politique révolutionnaire en réinvestissant cet héritage.

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NdR71 : laissons la parole à Jean-Jacques Rousseau qui écrivait ceci en 1752, soit 37 ans avant la révolution française, en conclusion de son “Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes”  (seconde partie):

“… au milieu de tant de Philosophie, d’humanité, de politesse et de maximes sublimes, nous n’avons qu’un extérieur trompeur et frivole, de l’honneur sans vertu, de la raison sans sagesse, et du plaisir sans bonheur. Il me suffit d’avoir prouvé que ce n’est point là l’état originel de l’homme et que c’est le seul esprit de la société et l’inégalité qu’elle engendre, qui changent et altèrent ainsi toutes nos inclinations naturelles.
J’ai tâché d’exposer l’origine et le progrès de l’inégalité, l’établissement et l’abus des Sociétés politiques, autant que ces choses peuvent se déduire de la Nature de l’homme par les seules lumières de la raison et indépendamment des dogmes sacrés qui donnent à l’autorité souveraine la Sanction du Droit Divin. Il suit de cet exposé que l’inégalité étant presque nulle dans l’État de Nature, tire sa force et son accroissement du développement de nos facultés et des progrès de l’esprit humain et devient enfin stable et légitime par l’établissement de la propriété et des lois. Il suit encore que l’inégalité morale, autorisée par le seul droit positif est contraire au Droit Naturel, toutes les fois qu’elle ne concourt pas en même proportion avec l’inégalité Physique. […] Il est manifestement contre la loi de la Nature, de quelque manière qu’on la définisse, qu’un enfant commande à un vieillard, qu’un imbécile conduise un homme sage et qu’une poignée de gens regorge de superfluités, tandis que la multitude affamée manque du nécessaire.”

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Il n’y a pas de solution au sein du système, n’y en a jamais eu et ne saurait y en avoir ! (Résistance 71)

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

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5 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

Société des sociétés organique avec Gustav Landauer

JJRousseau_CS

Plus que jamais : Étatisme, illusion du choix et de la « démocratie » (Centre pour une Société sans État – C4SS)

Posted in 3eme guerre mondiale, actualité, altermondialisme, autogestion, économie, colonialisme, crise mondiale, documentaire, gilets jaunes, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, philosophie, politique et social, politique française, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , on 23 février 2024 by Résistance 71

L’analyse ci-dessous est basée sur une pensée libertarienne, qui pense que l’état doit s’effacer devant le marché qui s’auto-régulerait par “nature” ; ce qui est un leurre total, car une fois en place, le marché par le truchement du rapport marchand et monétaire, n’est régit que par le taux de profit, que Marx a parfaitement analysé jusqu’à se crise finale.
Ceci dit, il y a de bonnes idées chez les libertariens, qui les rapprochent jusqu’à un certain point, des anarchistes. Nous pensons que le “marché” et le capitalisme ne peuvent aller que dans le sens du contrôle monopolistique à terme et que tout cela, en tant que création humaine, contre-nature, doit disparaître avec l’État, son concept et ses institutions. Pour que cela se fasse de manière réaliste, il nous faut changer d’attitude et de rapports sociaux entre nous, ignorer le système et construire l’alternatif ici et maintenant, localement en se confédérant dans le souci de la coopération complémentaire de notre diversité, hors état, hors institutions, hors marchandise, hors argent et hors salariat. Tout le reste n’est que vain réformisme d’un système fondé sur le rapport dominant/dominé.
~ Résistance 71 ~

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“Les deux grandes questions incontournables de l’anthropologie politique sont:
1- Qu’est-ce que le pouvoir politique, c’est à dire qu’est-ce que la société ?
2- Comment et pourquoi passe t’on du pouvoir politique non-coercitif au pouvoir politique coercitif, c’est à dire qu’est-ce que l’histoire ?”
~ Pierre Clastres, 1974 ~

“Obéir, non ! Et gouverner ? Jamais !”
~ F. Nietzsche (Le gai savoir #33) ~

L’étatisme et l’illusion du choix

Sebastian A. Stern

31 janvier 2013

Source : https://c4ss.org/content/16714

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

L’état est cette entité qui affirme un monopole légitime de la violence utilisée dans un territoire donné, d’après Max Weber. Les perspectives hobbesienne, rousseauiste et lockiste disent que l’état a surgi d’un monde de chaos par le truchement d’un contrat social qui donne le pouvoir à une classe dirigeante, bien entendu pour le bien des peuples.

Chose amusante, personne ne peut pointer le moment précis où l’état a surgi. Peut-être fut-ce das un endroit comme Çatalhöyük (ca. 7500 BC) ou Sumer (ca. 2900 BC)— où une société stratifiée fut structurée sur la base de la puissance, la force et la doctrine religieuse. Les premières monarchies, premiers empires et républiques, dérivent leur pouvoir de la violence et de la légitimité de l’inévitable erroné. Les droits inaliénables étaient inconnus, si vous blasphémiez dieu ou un de ses bureaucrates temporels du Vatican, au sein du Saint empire romain, vous pouviez être excommunié et un quelconque blaireau pouvait vous tuer sans craindre de représailles. Le gouvernement est la direction de certains hommes (sic) sur d’autres, rien de plus. Tel est le notre, qui pour archive, fut construit sur le travail des esclaves justifié par un sens profond de foi dans l’arbitrage de la suprématie blanche, Et dans un certain sens, ceci est toujours le cas.

Les électeurs placent leur espoir dans des dieux-rois appelés “présidents”, espérant que ces sociopathes les soulagent de leur servitude

Une caractéristique unique de l’état est l’impôt ou l’extraction forcée de propriété pour être utilisée d’une façon dont la victime ne le ferait pas elle-même. Quand d’autres groupes prennent votre propriété (ou votre argent, ce qui est égal à du temps plus de l’énergie), cela s’appelle du vol. Les biens sociaux comme les routes, les écoles et la santé publique peuvent être le mieux fournis par le marché. L’état a très peu intérêt de fournir un produit de qualité parce qu’il n’a pas de concurrence. Les projets qui demandent beaucoup de capitaux (NdT : là est une des faiblesses libertariennes, ne pas concevoir la gratuité…) ne sont pas mieux gérés par l’état à cause de la diffusion de la responsabilité et l’opacité bureaucratique. L’impôt est une extorsion de fond à main armée, un vestige du tribut payé par un groupe soumis à des armées de conquête, d’après David Graeber et son livre / traité “Dette, les premières 5000 années” (2011)

La seule façon où nous justifions l’Impôt est pour arracher les profits monopolistes “gagnés” (volés) par la classe qui a pris le contrôle de la machinerie de l’état (les capitalistes). Mais la redistribution n’adresse pas la racine du problème : le privilège protégé par l’état qui a été donné à la classe du capital politiquement connectée (NdT : parce qu’elle a simplement, au cours du temps, eut la possibilité d’acheter les rouages politiques du système et d’y placer ses agents corrompus y menant sa politique pour ses intérêts). On ne doit pas mélanger le capitalisme et le libre-marché, qui a existé sous des formes variées (incluant le véritable échange libre, gratuit des économies du don telles qu’étudiées par Marcel Mauss) au travers de l’histoire humaine.

Bien que controversé, le schéma présent, le capitalisme d’état, n’existe que depuis le début de la période de l’ère moderne. Pour paraphraser Gary Chartier dans son “Marchés et non pas capitalisme”, ce système est une symbiose entre la grosse entreprise (transnationale) et le gouvernement, où le lieu de travail est dirigé par un individu appelé “le patron”. Il n’est pas inévitable que nous devions vivre dans un système où il y a plus de logements vides que de gens sans logis, ou qu’il puisse y avoir une tele chose qu’une classe travailleuse en permanence appauvrie. (NdT : si, car c’est dans le “génome” du rapport marchand fondé sur la valeur et le profit…)

Les électeurs mettent leur espoir en des dieux-rois appelés aujourd’hui présidents, s’attendant à ce qu’ils les hissent hors de leur servitude. Le plus marrant est que ces dirigeants proviennent de la même classe d’une “élite”, qui a essentiellement la même idéologie que es anciens maîtres. Il y a des exceptions, des présidents issus de milieu modeste, mais ils sont devenus riches avant leur intronisation et ont tous mis en place des politiques favorisant les élites. On ne peut pas devenir “président” sans s’être vendu aux intérêts de la haute finance et de la haute entreprise à cause en partie des coûts des campagnes électorales. Einstein disait que l’insanité était de faire et refaire la même chose en s’attendant à des résultats différents.

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“L’État, c’est ainsi que s’appelle le plus froid des monstres froids et il ment froidement et le mensonge que voici sort de sa bouche: ‘Moi, l’État, je suis le peuple !’… Là où le peuple existe encore, il ne comprend pas l’État et il le hait comme un mauvais œil et comme un pêché contre les coutumes et les droits… L’État, lui, ment dans tous les idiomes du bien et du mal ; et quoi qu’il dise, il ment et ce qu’il possède il l’a volé. Tout est faux en lui, il mord avec des dents volées, lui qui mord si volontiers. Fausses sont même ses entrailles… ‘Sur Terre il n’est rien de plus grand que moi: je suis le doigt qui crée l’ordre, le doigt de dieu’, voilà ce que hurle ce monstre…” (Friedrich Nietzsche)

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Qu’en est-il des pauvres ?

Ne disant rien du colonialisme et de l’impérialisme, la litanie d’états et de politiques à l’origine de tant de la destitution du monde, le capitalisme demande la fonctionnalité de la pauvreté. Quelqu’un doit faire le sale boulot, aller dans les armées et se soumettre aux autres en échange de salaires toujours diminuant.

L’état providence, la filet de sécurité sociale accordé aux pauvres ne couvre que les nécessités de base, le fameux “opium du peuple” marxien, quelque chose qui voudrait menacer le privilège capitaliste conféré par l’état (Marx était un fin analyste et critique mais un pathétique solutionneur de problème, la violence d’état ne peut pas trouver de remède en augmentant son pouvoir…) Soutenir l’état-providence est rationnel sur des bases de realpolitik, mais pas comme fin en soi. Mais la question plus profonde est celle-ci : pourquoi y a t’il tant de pauvres qui travaillent alors qu’une classe entière de personnes n’a pas besoin de travailler et se retrouve incroyablement riche ?

Jesus n’a pas créé l’état-providence dans un acte de bienveillance. Les dirigeants ont soudoyé la population dans une logique structurelle fonctionnaliste : pour maintenir le système en vie et acheter leur allégeance. Dans les années 1870, Otto von Bismarck rendit infirme le mouvement socialiste allemand en offrant une concession palliative disant “mon idée était d’acheter, de corrompre la classe laborieuse ou plutôt devrais-je dire, de les gagner à la cause, pour qu’elle regarde l’état comme une institution sociale existant pour le but de l’intérêt de son bien-être.” Jusqu’ici’`a aujourd’hui, les opprimés croient dur comme fer que l’état est là pour s’occuper d’eux, de les protéger. La réalité est que l’état brise les jambes des pauvres et leur donne des béquilles payées par leurs impôts.

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Les historiens et les économistes aux gages de l’État nous ont enseigné, sans doute, que la commune de village, étant devenue une forme surannée de la possession du sol, forme qui entravait les progrès de l’agriculture, dut disparaître sous l’action des forces économiques naturelles. Les politiciens et les économistes bourgeois ne cessent de le répéter jusqu’à nos jours ; et il y a même des révolutionnaires et des socialistes — ceux qui prétendent être scientifiques — qui récitent cette fable convenue, apprise à l’école.

-[]- « Eh bien, jamais mensonge plus odieux n’a été affirmé dans la science. Mensonge voulu, car l’histoire fourmille de documents pour prouver à qui veut les connaître — pour la France, il suffirait presque de consulter Dalloz — que la commune de village fut d’abord privée par l’Etat de toutes ses attributions ; de son indépendance, de son pouvoir juridique et législatif ; et qu’ensuite ses terres furent, ou bien tout bonnement volées par les riches sous la protection de l’Etat, ou bien directement confisquées par l’Etat…
~ Pierre Kropotkine ~

La violence d’état

La violence d’état est proférée comme la solution aux conséquences d’inventions passées de l’état comme celles-ci :

  1. La création d’une entité légale appelée entreprise à responsabilité limitée, qui absout les capitalistes de tous crimes et protège leurs richesses personnelles des pénalités judiciaires. L’état a récemment décidé de donner à ces “personnes” légales le droit de parole. Les entreprises sont immortelles et bénéficient de très larges avantages fiscaux. Les riches paient des cacahuètes en impôt sur les gains de capital, l’homme du commun casque un impôt sur le revenu bien plus disproportionné. Les corporations furent à l’origine enregistrées légalement pour construire des ponts et des travaux publics puis devaient être démantelées, les corporations modernes perdurent, recherchant insatiablement toujours plus de profits sans se préoccuper des conséquences sociales, de la “responsabilité fiduciaire”. Ce type de comportement insensible caractérise la psychopathie. (NdT : les entreprises étant considérées comme des “personnes”, elles ne peuvent être que psychopathes, ce qui sied parfaitement au système inique et criminel en place…)
  2. Les états subventionnent les entreprises politiquement connectées comme Wal-Mart, Monsanto, Halliburton, Lockheed-Martin, Goldman Sachs et Exxon-Mobil (NdT : il en va de même dans tous les pays de manière plus ou moins dissimulée…). Ces entreprises externalisent leurs échecs économiques sur les contribuables (NdT : gardent les bénéfices privés et “socialisent” les pertes, les font payer aux fonds publics), incluant l’utilisation disproportionnée des routes, de la recherche gouvernementale et de brevets monopolistes (qui privent les peuples de l’accès aux formes génériques vitales de médicaments par exemple, NdT : comme récemment avec l’hydroxychloroquine et l’ivermectine durant la “plandémie” COVID-19)).
  3. Affaiblir et coopter les syndicats ouvriers, supprimer activement les modes de production détenus par les travailleurs (coopératives ouvrières ou agricoles). Dans des élections précédentes aux Etats-Unis, Romney et Obama favorisèrent le pillage entrepreneurial malgré la preuve massive que les entreprises, usines, propriétés des travailleurs sont bien plus efficaces (pas de coûts de gestion et les travailleurs y ont un intérêt à augmenter les revenus lorsqu’ils partagent les bénéfices)
  4. De fausses agences régulatrices comme la FDA, l’EPA, l’USDA et la SEC qui protègent la corruption sous le couvert de la “protection” du consommateur / contribuable. Ce ne sont que des renards gardant le poulailler constituées des mêmes individus qui ont travaillé auparavant dans l’industrie supposément régulée. Le phénomène connu sous le vocable de “capture régulatrice” et les fameuses “portes tourniquets” facilitant le passage du gros business aux agences régulatrices gouvernementales et inversement…
  5. Et n’oublions pas : l’impérialisme, la conscription et le meurtre de masse. La CIA, le complexe militaro-industriel, le FBI, la NSA, le DHS, TSA et la DEA. Bref, toute cette machinerie étatico-sociale de “providence” qui sait ce qui est le mieux pour VOUS.
  6. Le renforcement du monopole sur la fabrication et diffusion d’une monnaie de singe, dont la valeur dérive de la capacité future du gouvernement à l’impôt. Cette monnaie est dévaluée en en imprimant toujours plus, ce qui transfère le pouvoir d’achat de ceux qui ont cet argent en dernier à ceux qui la reçoive avant même qu’elle ne circule (l’effet Cantillon). Dans ce cas, les membres (privés) de la banque de la réserve fédérale en sont les bénéficiaires. Ceci constitue un impôt invisible.

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L’illusion du choix et les élections présidentielles

L’épique bataille électorale mise en scène tous les quatre ans n’est faite que pour juxtaposer deux candidats présidentiels (NdT : tous deux adoubés par le système étatico-marchand et ses hautes sphères politico-financières…) comme des opposés polaires, comme Zeus et Hadès. Mais n’oublions jamais qu’ils sont frères en oligarchie. Alors que des guerres rhétoriques sont combattues et achetées avec le fric du gros business, les véritables problèmes de fond ne sont jamais soulevés parce que les deux équipes ont toutes deux intérêt dans le statu quo étatique.

Aucun des deux candidats ne mettra quelque réserve que ce soit au sujet du siècle écoulé d’impérialisme américain qui donne à l’empire maintenant quelques 700 bases militaires dans le monde entier ou que ce pays dépense plus que les 19 dépensiers suivants combinés, sur le système militaro-industriel et de la sécurité dont profite les membres du congrès. En lieu et place, ils vont se chamailler sur des queues de cerises comme de savoir qui a le droit de se marier avec qui. Dans un système anarchiste, ll “mariage” existe en dehors des institutions, les couples, quels qu’ils soient n’ont pas besoin de la validation de l’état pour se déclarer légitime.

L’état-entreprise-corporation est l’institution dominante de la modernité. La logique de la nécessité et de l’inévitabilité de l’État repose sur bien des tropismes non validés. Ces suppositions et assomptions doivent être recherchées et interrogées ou des intellectuels courtisans et des experts-démagogues nous distraieront en permanence en réarrangeant les chaises longues sur le pont du Titanic. (NdT : Ah ce bon vieux réformisme omni-présent…) […]

Toujours les médias gonflent l’affaire en disant que nous “allons assister à l’élection la plus importante de l’histoire”. Ceux qui étudient effectivement l’histoire de la politique comprennent que des plateformes se sont mélangées et ont triangulé, se déplaçant sans cesse dans la direction de l’étatisme. Il peut y avoir une polarisation de la “gauche” et de la “droite”, mais toutes deux ont des caractéristiques essentiellement autoritaires (d’état). Par exemple, les deux candidats à la présidence américains vont toujours être en faveur de la loi National Defense Authorization Act – qui dépouille les Américains de leur droit à un jury de leurs pairs et permet une détension indéfinie dans le temps (NdT : identique à ce que l’entité sioniste appelle la “détention administrative”, des Palestiniens sont en détention administrative depuis des années, sans avoir de droit à voir leur famille, à un avocat, ne sont en fait accusé de rien si ce n’est d’être palestinien etc, etc..) Plus encore, les deux partis politiques sont tenus de suivre les diktats du secteur financier, au pouvoir et cartélisé de manière privée par la Réserve Fédérale (NdT : qui, à l’instar d’une entreprise comme Federal Express, n’a de “fédérale” que le nom…)

[…]

Obama est un président militariste. Par exemple, il a ordonné l’assassinat par drone de Anouar al-Aulaqi (un citoyen américain vivant au Yémen), en septembre 2011. La CIA tua son fils de 16 ans deux semaines plus tard. Il n’y a pas eu de procès, de quelconque procédure légale. Les président a décidé unilatéralement l’assassinat d’un citoyen américain sur un sol étranger.

Si quelqu’un tue une autre personne, ce serait un crime haineux. Quand l’état tue quelqu’un, c’est toujours pour le bien et souvent cela demeure un secret pour des raisons supposées de “sécurité nationale”, NdT : appelée en France la “raison d’état”.

[…]

Pourquoi devrions-nous donner encore plus de pouvoir aux types avec les flingues et en attendre qu’ils résolvent nos problèmes ? Nous avons besoin de solutions à l’échelle humaine. Nous devons creuser à la racine du problème, qui est l’état marchand capitaliste lui-même ou tout système économique ou le pouvoir d’état protège les affirmations de propriété illégitime et crée une rareté artificielle pour protéger ses bénéfices. L’État est ce qui rend le capitalisme (mais pas les “marchés”) possible.

L’état et la classe capitaliste ne sont pas des forces antagonistes et les Etats-Unis ne sont en rien proche de quelque libre-marché que ce soit. Le gros business déteste rien de plus que les marchés libres authentiques, les capitalistes préfèrent le mercantilisme. A moins que vous ne soyez un membre de la classe dirigeante, vous devriez faire tout ce qui est en votre pouvoir pour amener un paradigme moins violent et non-étatique, parce que l’État a une vilaine tendance à mettre certains personnes dans des camps et on ne sait jamais qui sera le prochain…

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“L’objectif est le peuple, la société, la communauté, la liberté, la beauté, la joie de vivre.”
~ Gustav Landauer 1911 ~

« Anarchisme: Le nom donné à un principe de théorie et de conduite de la vie sous lequel la société est conçue sans gouvernement, l’harmonie dans une telle société étant obtenue non pas par la soumission à la loi ou par l’obéissance à l’autorité, mais par les consentements libres conclus entre des groupes territoriaux et professionnels variés, librement constitués pour les fonctions simples de production et de consommation et également pour la satisfaction d’une variété infinie de besoins et d’aspirations d’être civilisé. Dans une société développée selon ces lignes de conduite, les associations volontaires qui commencent déjà à couvrir tous les secteurs de l’activité humaine, prendraient une plus grande extension pour finir par se substituer elles-mêmes pour l’état et de ses fonctions. »
– Pierre Kropotkine (début de la définition de l’anarchisme qu’il écrivit pour la 11ème édition de L’Encyclopedia Britannica, 1910) –

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Lire notre page « Illusion démocratique »

Il n’y a pas de solution au sein du système, n’y en a jamais eu et ne saurait y en avoir ! (Résistance 71)

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

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Société des sociétés organique avec Gustav Landauer

colonialisme_final

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Anarchie_Vaincra

Pier Paolo Pasolini : Grand artiste critique et politique du XXème siècle… Des écrits et une œuvre qui lui valurent un assassinat politique (Résistance 71 et JBL1960 – PDF)

Posted in actualité, altermondialisme, documentaire, guerres hégémoniques, ingérence et etats-unis, média et propagande, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, philosophie, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , on 13 février 2024 by Résistance 71

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Scritti corsiri / Écrits corsaires (Extraits choisis)

Pier Paolo Pasolini

1975

Compilés par Résistance 71, PDF Jo

Février 2024

Avant propos de R71 : A l’instar de Guy Debord, qu’il complète parfaitement à notre sens, Pier Paolo Pasolini et son œuvre à la fois écrite et cinématographique demeurent des plus pertinents en ces temps de décadences et déchéances totales, par leurs critiques radicales de la société du spectacle pour l’un et société de consommation, nouveau fascisme, pour l’autre.

Pour mieux comprendre, résumons d’abord la question de qui était Pier Paolo Pasolini (1922-1975) ?

Né à Bologne en 1922, il grandira sous l’ère fasciste mussolinienne Il fait des études peu remarquables, mais est attirée très tôt par l’écriture et la poésie. Il écrit un recueil de poèmes remarqué en langue du Frioul et s’affirme contre la “dictature pétrarquesque lyrique de la langue italienne”. Avide lecteur, il découvre Antonio Gramsci qui l’amène au marxisme. Pasolini se revendiquera toujours communiste, naviguera dans la sphère du Parti Communiste Italien (PCI), mais en sera toujours un électron libre, refusant le dogme et fut aussi mis à l’écart suite à la divulgation de son homosexualité, ce qui gêna le parti.

Pasolini continue d’écrire non seulement de la poésie, mais aussi des romans, des essais politiques, il contribue par ses analyses et essais à la ferveur de la presse italienne d’alors en publiant régulièrement dans différents journaux bien établis comme Il Corriere Della Sera, Il Mondo ou Il Tempo. Il navigue également dans le milieu artistique et du cinéma même s’il ne réalisera son premier film que vers 40 ans. A la Cinecitta de Rome, il devient scénariste, notamment de Franco Rossi et de Mauro Bolognini et collabore avec Federico Fellini sur divers projets. A partir de cette époque et par ses rencontres, Pasolini prend conscience, à l’encontre du dogme marxiste et à l’instar de la pensée anarchiste, de la portée révolutionnaire de ce que Marx et Engels appelaient le “Lumpenproletariat” ou sous-prolétariat. Il voit dans le petit peuple du sous-prolétariat urbain une certaine relation ascétique à la vie, une certaine humilité naturelle qui lui rappelle les sociétés proto-chrétiennes. A partir de là, Pasolini ne peut plus être en phase avec un marxisme orthodoxe. Son premier film en 1961, “Accatone”, réalisé à l’âge de 39 ans alors qu’il est déjà un écrivain, poète et scénariste connu, reflète cet état d’esprit et de fascination. Il y met en scène le petit peuple de la magouille de rue remarquablement incarné par son acteur fétiche Franco Citti. Le film défraya la chronique et fut classée dans la “chaste Italie” comme “film immoral”, parce qu’il mettait en scène le réel dont on ne pouvait, ne devait pas parler, ce peuple de la rue, de la misère et de l’incertitude faisant tache dans une Italie se voulant progressiste.

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Dès lors, tous les films de Pasolini défrayèrent la chronique. Il revisite de manière crue et dépouillée la tragédie grecque avec Œdipe roi en 1967, Médée en 1970. S’il attaque sans cesse l’église et son hypocrisie, qui lui vaut une condamnation par le Vatican et bien des déboires avec la critique, Pasolini comprend néanmoins la spiritualité profonde chrétienne hors dogme qu’il respecte et encense. En 1964, il réalise ce que le Vatican soi-même sanctionnera comme “le meilleur film jamais réalisé sur la vie de Jésus” : “L’évangile selon St Matthieu” (1964), qui ne retient des évangiles que le Christ subversif et révolutionnaire, celui qui entre autre, chasse les marchands et les monnayeurs du temple.

Dans les quelques années qui précédèrent sa mort tragique, assassiné brutalement sur une plage de Rome par une nuit de novembre 1975, Pasolini se fait plus présent, plus agressif envers ce qu’il juge le fascisme suprême moderne : la société de consommation et ses turpitudes, corruptions et déchéances induites de la société humaine avilie. Il écrit des articles lucides et critiques dans la presse, attaque les partis politiques mafieux, dénonce la corruption, critique les communistes marxistes orthodoxes et le dogme du PCI. Il est manifestement au courant de certaines des opérations du Gladio, armée secrète de l’OTAN et de la stratégie de la tension menée alors en Italie. Certains de ses derniers entretiens font de lui sans aucun doute une cible puisqu’il refuse de se taire.

Puis en 1975, il réalisera son dernier film, classé comme le plus subversif et controversé de l’histoire du cinéma, adaptation du roman du Marquis de Sade : “Les 120 journées de sodome”, que Pasolini contextualise dans la république fasciste de Salo à la fin de la seconde guerre mondiale. Le film, toujours aujourd’hui des plus choquants, est une critique acerbe de la société italienne et de la société moderne au grand large, de son hypocrisie et de l’inéluctabilité de la persistance de la déchéance et de la dépravation tant que ses piliers demeurent, piliers clairement explicités dans le film par la présence des quatre commanditaires, oligarques, sadiques et voyeurs, symboles d’une société en décrépitude finale.

Il sera brutalement assassiné en bande organisée par une nuit de novembre 1975 sur la plage d’Ostia à Rome. L’habituel bouc émissaire en la personne d’un jeune homosexuel sera mis en place, ne pouvant malgré tout cacher l’assassinat politique dont fut victime Pasolini.

Les extraits que nous publions ci-dessous sour format PDF, est un recueil qu’on peut considérer comme testamentaire de ses écrits dans la presse italienne moins d’un an avant son assassinat.

On peut considérer Pasolini comme un excellent complément à la lecture de Guy Debord et la critique de la société du spectacle. Il est toujours subversif et essentiel aujourd’hui tant par ses écrits que par son cinéma conceptuellement et esthétiquement unique.

A (re)découvrir pour mieux comprendre notre réalité et en comprenant que c’est parce que rien n’a changé bien au contraire, que nous trouvons toujours Pasolini, Debord et autres critiques contemporains toujours autant et bien tristement d’actualité.

Dans ces ultimes essais, Pasolini ne parle pas de cinéma mais de la société, du fascisme moderne, de la religion, de l’église, de la sexualité en nous mettant sur la piste d’une résurrection possible pour l’humanité. Pasolini n’est pas un nihiliste, c’est un penseur de l’action et un acteur de la pensée. Il fut incontestablement un des grands artistes éclectiques du XXème siècle. Nous pensons que l’heure est venue de le faire (re)découvrir par ses écrits et ses films. Pasolini a toujours bien des choses à nous dire depuis la tombe…

Bonne lecture !

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“Si Pier Paolo Pasolini avait quelque chose à nous léguer, ce serait une myriade de “non” grinçants, tendres ou messianiques, le goût, amer, de la lutte contre tout ce qui nous fait nous contenter d’”être” ce à quoi cherche à nous réduire le “nouveau Pouvoir”.”
~ Philippe Gavi, Robert Maggiori, préface du livre ~

“Et c’est ainsi qu’en Italie, lorsque Aldo Moro était prisonnier de Potere Due (loge P2), il n’a pas été détenu dans un bâtiment plus ou moins introuvable, mais simplement dans un bâtiment impénétrable.”
~ Guy Debord, 1988 ~

NdR71 : gardez toujours présent à l’esprit en lisant, que Pasolini est un marxiste gramscien, non dogmatique, spirituel, mais marxiste néanmoins. 50 ans plus tard, il est devenu évident que la (r)évolution sociale sera aussi une (r)évolution spirituelle. Pasolini l’avait bien senti même en traversant les années de plomb italiennes, qui lui furent fatales.

Il avait un grand respect pour le message christique mais fustigeait l’église, traîtresse à sa parole. Voir et apprécier à ce sujet son superbe film “L’évangile selon Saint Matthieu” (1964), à notre sens, le meilleur film jamais réalisé sur le message christique, ce qui est également l’avis du… Vatican, qui l’a pourtant beaucoup combattu de son vivant.

Le PDF de nos extraits des « Écrits corsaires » de Pier Paolo Pasolini
dans une vraiment superbe réalisation de Jo :

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Pier Paolo Pasolini
Poète, romancier, scénariste, chroniqueur, essayiste, cinéaste
et pourfendeur du nouveau fascisme : la société de consommation

Analyse et réflexion : l’utopie marxiste (M. Korn)

Posted in actualité, altermondialisme, documentaire, militantisme alternatif, pédagogie libération, philosophie, politique et social, politique française, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , on 8 février 2024 by Résistance 71

« […] périsse le gouvernement révolutionnaire plutôt qu’un principe ! Et j’avance ferme, frappant à bras raccourci sur les dominateurs. Quelle monstruosité sociale, quel chef-d’œuvre de machiavélisme, que ce gouvernement révolutionnaire ! Pour tout être qui raisonne, gouvernement et révolution sont incompatibles, à moins que le peuple ne veuille constituer ses fondés de pouvoirs en permanence d’insurrection contre lui-même, ce qu’il est absurde de croire…”
~ Jean-François Varlet, 1804 ~

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L’utopie marxiste

M. Korn

1925

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

Février 2024

La réalisation de l’idéal socialiste est passé au delà de la sphère des rêves et de la propagande théorique , se rapprochant de nous et devenant notre prochaine tache vitale. Et, si c’est important de clarifier la question de ce qui serait les voies les plus directes à considérer et la meilleure manière d’assurer la victoire, il est encore plus important de considérer ce qui devra être fait après la victoire pour que les résultats de la révolution durent et, plus important encore, de rendre certain qu’ils incluent une augmentation du bien-être des gens et de leur bonheur. A cet égard, la plupart des socialistes (je veux dire à la fois les socialistes d’état de toute orientation et les anarchistes) se sont accordés avec le slogan de “la dictature du prolétariat” s’attendant à ce que le reste se résolve de lui-même. Ils pensent ce slogan vouloir dire que les travailleurs sont ceux qui gouvernent la vie sociale, qu’ils deviennent les constructeurs de leurs propres vies, que sous la “dictature du prolétariat”, il n’y aura personne pour exploiter leur travail et qu’ils n’auront plus de maîtres. Est-ce la réalité et que veut véritablement dire ce slogan ?..

Ces mots de “dictature du prolétariat” implique une ambigüité : une dictature est toujours le pouvoir illimité d’une personne ou de quelques personnes. Comment peut-on alors imaginer la dictature d’une classe entière ? De la seule façon possible : par cette classe gouvernant au moyen de ses représentants, avec la règle donc exercée non pas par la classe mais par quelqu’un ou quelques uns parlant pour elle, par quelqu’un élu par cette classe ou par quelqu’un pensant avoir acquis le droit d’agir pour les travailleurs. (NdT : un “président” ou secrétaire général d’un parti émergeant d’un politburo par exemple…)

En un mot, après la révolution, un nouveau pouvoir vient pour mener la société, le pouvoir du Parti socialiste ou une de ses factions les plus influentes et ce pouvoir prend en charge l’organisation des vies de la classe ouvrière. La partie du prolétariat sympathisant avec le parti au pouvoir jouira de privilèges politiques et économiques et le reste sera non seulement incapable d’influencer le cours des choses, mais souffrira aussi de restrictions de leur liberté et de leurs initiatives. A cet égard, la “dictature du prolétariat” est aussi fictive que “le pouvoir du peuple” dans l’état dit démocratique moderne. Et toute critique contre le gouvernement représentatif du système, le pouvoir de la majorité, le système parlementaire etc… et tout aussi applicable à cette soi-disant “dictature du prolétariat”. […]

Mais d’où vient cette notion de “dictature du prolétariat” ? C’est un vieux concept et ce serait une grave erreur que de croire qu’il surgisse de la vie réelle et de l’expérience de la révolution russe. Elle n’a qu’une origine littéraire et n’est mentionnée seulement que dans la théorie marxiste telle qu’elle fut proclamée dans les années 1840.

C’est bien connu, le marxisme fonde sa compréhension de l’histoire humaine sur l’idée que celle-ci est une lutte entre différentes classes qui luttent pour la domination et la gouvernance de la société, l’importance acquise prenant place grâce au développement technologique et à la croissance des forces productives de la société, donnant des classes spécifiques de manière inhérente à chaque moment de ce développement. Par exemple, lorsque la société vit essentiellement des produits de l’agriculture et que son industrie et son commerce sont mal développés, c’est la classe des grands propriétaires terriens qui règne et opprime la classe des paysans serfs. Ensuite, après le développement de l’industrie urbaine, alors émerge une classe bourgeoise qui exploite la classe du travailleur salarié. Et à chaque époque, le pouvoir politique est entre les mains de la classe qui possède le contrôle économique.

Donc, à présent, la bourgeoisie gouverne toute la vie politique en Europe et en Amérique. Mais maintenant, le prolétariat semble remplacer la bourgeoisie et, en conséquence, le pouvoir politique passe entre ses mains et de ce point de vue, l’État sert les intérêts de la nouvelle classe dominante et la protège. Ce régime est la dictature du prolétariat. Une objection pourrait être immédiatement faite contre cette construction théorique : comment la victoire du prolétariat peut-elle être considérée comme un changement de classe dirigeante ? Qui cette nouvelle classe va t’elle gouverner, sachant que la révolution a élevé la classe la plus humiliée et opprimée et que donc, elle a détruit toute règle de classe ? Les marxistes ont deux réponses à cela : une fondamentale et une existentielle. 

La fondamentale est : oui, les classes ont été éliminées par la victoire du prolétariat et comme l’État est toujours l’agent de la classe dirigeante, l’État s’élimine de lui-même. Ainsi, le futur appartient à la société anarchiste. Mais comment ceci peut-il s’accorder avec la pratique étendue de la social-démocratie, spécifiquement du bolchévisme russe ? Et là, nous arrivons à l’autre réponse, l’existentielle. Cela provient de l’idée marxiste de la révolution socialiste.

La littérature marxiste n’abonde pas en descriptions de projets futurs : leur peur de l’utopie est trop grande pour cela. Mais ce que nous savons montre clairement que la réalisation du socialisme est supposée être étendue sur une nouvelle période historique. Durant cette période, les classes existent toujours et l’exploitation capitaliste aussi, bien qu’elle soit réduite et aménagée en faveur du prolétariat. Le gouvernement favorise le prolétariat et rend la situation de plus en plus difficile pour la bourgeoisie. L’industrie devient de plus en plus nationalisée et passe entre les mains de l’état. C’est ce que Lénine a appelé le “capitalisme d’état”, nécessaire à la “période transitoire”. A l’aube du marxisme, Marx et Engels proposèrent un certain nombre d’étapes dans leur “Manifeste du parti communiste” (NdT : intéressant de noter qu’en 1925, l’auteur a déjà escamoté le mot “parti” du titre de l’ouvrage de Marx, nous avons ici corrigé cette “erreur”. Marx n’a pas écrit de “Manifeste communiste” mais le “Manifeste du Parti communiste”, différence sémantique de toute première importance quant au sens donné…), que l’État devra prendre en cette période. Et 50 ans plus tard, Kautsky dans sa “Révolution sociale”, a aussi mis en place un plan de mesures, comme des impôts progressifs sur les grosses fortunes et les biens et possessions, des mesures anti-chômage, la nationalisation des grandes propriétés etc… en un mot, un programme qui n’a rien à voir avec le socialisme et qui est virtuellement identique aux programmes minimum contemporains sociaux-démocrates et des partis radicaux.

“La dictature du prolétariat” est le régime politique transitoire lorsque le socialisme n’existe pas encore et lorsqu’il existe, disent les marxistes, il prendre une forme politique non-gouvernementale.. Ceci est très plaisant à entendre et tout aussi improbable de se produire ; il est de plus impossible que cela se réalise si le futur prend la forme façonnée par les marxistes. Ils justifient le despotisme du pouvoir d’état par la circonstance du fait que le capitalisme n’est pas encore éliminé et promettent la liberté dès que le socialisme n’aura plus d’ennemis. Mais qu’est-ce que cela veut dire ? En réalité, ce n’est pas seulement le véritable soutien du capitalisme, mais que tous les socialistes d’orientation dissidente du parti au pouvoir seront aussi considérés comme ennemis. De ce point de vue, le triomphe total du socialisme, disons en Russie, demande l’élimination au sens large non seulement des populations à la mentalité bourgeoise, mais aussi de tous les Menchéviques, socialistes révolutionnaires, anarchistes, syndicalistes, sans doute même de l’opposition au sein même du Parti communiste lui-même et de tous les résidents mécontents des villages et des villes. En résultat de cette purge sans précédent (NdT : idée qui sera réalisée plus tard par Staline, ce texte paraît en 1925..), le pays paraîtra comme une bande de fonctionnaires gouvernementaux ayant une masse de gens intimidés et sans voix en dessous d’eux. Et ce moment précis sera choisi pour l’élimination de l’État ! (NdT : ce qui ne risque pas d’arriver, vu que l’état demeurera l’outil rendant possible cet état de fait de domination, le faisant perdurer dans le temps pour les privilèges une fois de plus du plus petit nombre…)

D’abord, qui va l’éliminer ? Aucun gouvernement n’a jamais abandonné son pouvoir autrement que sous la pression : le pouvoir a toujours été modifié par des révolutions ou la peur de révolutions. S’est-il déjà produit qu’un gouvernement au faîte de son pouvoir économique et politique, un gouvernement jouissant d’un tel pouvoir que tout despote en rêverait (en plus en toute absence d’opposition…) d’un seul coup d’un seul abandonnerait ce pouvoir de manière tout à fait volontaire ?… Ceci est de toute évidence impossible. La liberté totale après un esclavagisme total est en général une transition difficile à imaginer, mais même en en admettant la possibilité, cela demande une révolte, une révolution politique. Mais la théorie marxiste ne permet en rien cela : une telle révolution, disent-ils, est impossible là où il n’y a plus de classes et bien sûr, ils ne seront pas d’accord pour dire que la propriété d’état n’est rien d’autre qu’une typique gouvernance de classe sur un prolétariat dont on loue les services. Bref, le fameux “bond du monde de la nécessité vers le monde de la liberté” est impossible à imaginer. Ceci n’est rien d’autre qu’une distraction, une diversion, qui agit de la même manière que les illusions de paradis et de bonheur après la mort.

En réalité, l’extension des fonctions gouvernementales pendant la soi-disante période transitoire ne peut mener à rien d’autre qu’à l’atrophie de toute initiative sociale et donc, plus cela durera et au moins de chances il y aura de réaliser l’idéal de la vie communale libre. Pourquoi dans la vie quotidienne, si une personne désire marcher dans une direction, ne commence t’elle jamais par marcher dans la direction opposée, alors qu’en politique ceci paraît non seulement possible, mais en fait tout à fait naturel ?… C’est probablement parce que nous croyons aux mots, aux paroles sans jamais vraiment réfléchir à leur véritable sens (NdT : comme quand on escamote un mot important du titre d’un ouvrage ?…) et aussi parce qu’une si vague notion comme celle de “période transitoire”, soulage des êtres humains paresseux de devoir réfléchir sur la nécessité de rechercher des chemins nouveaux et non conventionnels.

Sur le chemin vers notre idéal, il y aura bien entendu des périodes qui pourraient être transitoires, mais d’abord, elles devront toujours ajouter quelque chose à l’égalité et la liberté déjà accomplies par la société et ne devront pas nous divertir en quoi que ce soit. De plus, dans nos activités, nous devons nous référer sans cesse à notre but final plutôt qu’à de vagues périodes intermédiaires. Plus nous insistons sur la réalisation de ce but et plus nos idées se réaliseront et également au plus court sera toute période transitoire possible.

= = =

Il n’y a pas de solution au sein du système, n’y en a jamais eu et ne saurait y en avoir ! (Résistance 71)

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

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5 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

Société des sociétés organique avec Gustav Landauer

Anarchie_Vaincra

Sortir de la spirale infernale étatico-marchande : l’abolition et l’extinction de l’état et du rapport marchand (Camillo Berneri)

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Texte bien pensé de Berneri, qui nous ramène aussi à l’essence de cette affaire qui est la trahison de la révolution sociale par Marx et Engels dès lors qu’ils publient leur “Manifeste du Parti Communiste” en 1848, que bien des marxistes l’aient transformé sémantiquement et frauduleusement en “Manifeste Communiste”… Marx et Engels ont écrit un manifeste de parti politique, celui du Parti communiste et ont par là ouvert grande la porte pour tous les capitalismes d’état marxistes qui s’en suivirent, léniniste et autres.
Rappelons qu’ils écrivent ceci dans le “manifeste” en section I :
“Cette organisation des prolétaires en une classe et en conséquence en un parti politique, est continuellement dérangée par la concurrence entre les travailleurs eux-mêmes. Mais elle se lève toujours, plus forte, plus ferme, plus puissante. Elle force la reconnaissance législative d’intérêts particuliers des travailleurs en prenant avantage sur les divisions de la bourgeoisie.”
Puis en section II, ils disent ceci concernant les mesures que prendront les prolétaires une fois la suprématie achevée, dans une liste de 10 points :

“2. Un impôt sur le revenu progressivement lourd ou graduel

5. Centralisation du crédit dans les mains de l’état au moyen d’une banque nationale ayant un capital d’état et un monopole exclusif.

6. Centralisation des moyens de communication et de transport dans les mains de l’état.

7. Extension des usines et instruments de production possédés par l’état…”

Ceci met bien en lumière que Marx et Engels n’avaient aucune vision politique de l’abolition de l’état et de l’argent / salariat, qu’ils ne remettaient pas en cause sur un plan pratique, la relation marchande, ne tentant que de la réformer pour plus de “justice sociale” au sein d’un système fondamentalement oppresseur. Alors certes Marx a nuancé certains aspects de tout cela dans de futurs écrits, mais il n’a jamais critiqué son “manifeste” qu’il a même “canonisé” dans la préface ultérieure d’une édition allemande de l’ouvrage en disant en substance que son “Manifeste du parti communiste” était un document historique dont on ne pouvait changer une virgule. Contradiction quand tu nous tient !… Si la critique de l’économie politique de Marx est une grande contribution à la pensée critique humaine, la “science” du matérialisme historique et ses errances politiques douteuses dans ses “solutions pratiques” doivent être prises avec les pincettes nécessaires. Marx aurait-il soutenu Lénine ? Probablement pas à la fin de sa vie, mais son “manifeste du Parti communiste” lui a ouvert grande la porte. Au contraire, l’émancipation viendra de notre changement de relation avec l’État, les institutions et la marchandise. Ignorons-les et bâtissons l’alternative, ensemble ; celle d’une confédération des associations et communes libres hors État, hors marchandise, hors argent et hors salariat… A chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins, le tout dans une organisation non coercitive et non hiérarchisée.
Qu’on se le dise !
~ Résistance 71 ~

QuintetA

L’abolition et l’extinction de l’État

Camillo Berneri

1978

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

Janvier 2024

Alors que nous, les anarchistes, désirons l’extinction de l’État par la révolution sociale et la constitution d’un ordre confédéral autonome, les léninistes désirent la destruction de l’état bourgeois et plus encore, la conquête de l’état par le “prolétariat”. “L’état prolétaire” comme il l’appelle, est un demi-état puisque l’état complet est l’état bourgeois détruit par la révolution sociale. Et même ce semi-état mourra, d’après les marxistes, de mort naturelle.

Cette théorie de l’extinction de l’État qui est la base du livre de Lénine ‘L’état et la révolution” est un dérivé de Lénine des propos d’Engels qui dit dans son “Anti-Dühring” :

Le prolétariat saisit le pouvoir de l’état et d’abord transforme les moyens de production en propriété d’état. Ce faisant, il n’est plus le prolétariat, il annihile la différence d classe et les antagonismes de classe et par conséquent il annihile l’état en tant qu’état. La société telle qu’elle fut et telle qu’elle est présentement est mise en marche par les antagonismes de classes, elle avait besoin de l’état, c’est à dire d’une organisation de la classe exploiteuse ayant pour but de maintenir les conditions externes de la production, en particulier avec une vue de maintenir par la force la classe exploitée des des conditions d’oppression demandées par le mode existant de production (esclavage, servage, salariat).

L’état était le représentant de toute la société, sa synthèse dans une forme visible, mais il ne l’était que dans la mesure où il était l’état d’une classe qui représentait en son temps, la société entière : l’état de citoyens qui possédaient des esclaves dans l’antiquité, l’état de la noblesse féodale au moyen-âge, l’état de la bourgeoisie à notre époque. Mais en devenant le véritable représentant de toute la société, il se rend superflu. Dès qu’il n’y a plus de classe sociale pour maintenir en oppression, dès que les conflits d’intérêts et les excès sont abolis dans le même temps que la domination de classe et la lutte pour l’existence individuelle qui est fondée sur la vieux chaos de la production duquel ils résultent, il n’y a plus rien à réprimer et une force toute spéciale de répression, l’État, devient alors inutile.

La première action par laquelle l’État se confirme comme le représentant de toute la société dans la réalité, prenant possession des moyens de production au nom d cela société, devient en même temps le dernier acte de l’État en tant qu’état. L’intervention du pouvoir d’état dans les relations sociales devient superflu dans un domaine après l’autre, pour finit par s’évanouir de son propre chef. Le gouvernement du peuple est remplacé par l’administration des choses et le contrôle du processus de production. L’état n’est pas “aboli”, simplement il s’´´évanouit, s’estompe. C’est de ce point de vue que nous devons juger l’expression : ‘un état populaire libre’ aussi pour son intérêt éphémère de discussion que pour son inadéquation scientifique définitive, c’est aussi de ce point de vue que les affirmations de ceux qu’on appelle anarchistes et qui désirent que l’État soit aboli du jour au lendemain, doivent être jugées.

Entre l’Etat d’aujourd’hui et l’Anarchie de demain, il y aurait un semi-état. L’état qui meurt est “l’état comme état”, c’est à dire l’état bourgeois. C’est dans ce sens qu’on doit prendre la phrase qui au premier abord semble être en contradiction avec la proposition de l’état socialiste : “prendre possession des moyens de production au nom de la société, qui devient du même fait le dernier acte de l’État.” Prise littéralement hors contexte, cette phrase signifierait que la socialisation économique et l’extinction de l’État se fassent de manière temporellement simultanée. Aussi, pris littéralement et hors du contexte, la phase relatant au prolétariat se détruisant lui-même en tant que prolétariat dans l’action de saisie du pouvoir de l’état pourrait indiquer le manque de besoin d’un “état prolétaire”.

En réalité, Engels, sous l’influence d’un “style didactique”, s’exprime de manière inopportune. Entre l’état bourgeois d’aujourd’hui et le socialisme anarchiste de demain, Engels reconnaît toute une chaîne d’ères successives durant lesquelles l’État et le prolétariat demeurent. C’est pour faire un peu de lumière sur l’obscurité dialectique qu’il ajoute l’allusion finale aux anarchistes ‘qui désirent que l’État soit aboli du jour au lendemain., c’est à dire qui ne permettent pas une période transitoire en regard de l’État, dont l’intervention selon Engels lui-même, devient superflue “dans un domaine après l’autre”, c’est à dire graduellement.

Il me semble que a position léniniste sur le problème de l’État coïncide exactement avec celle prise par Marx et Engels quand on interprète l’esprit des écrits de ces derniers sans se laisser tromper par l’ambiguîté de certaines tournures de phrases.

BPKM
Trouvez l’intrus…

NdR71 : pour nous et la vaste majorité des anarchistes, Marx et Engels ont trahi la révolution sociale avec leur “Manifeste du Parti Communiste” de 1848 dans lequel il est clairement dit noir sur blanc que l’État prend tout en charge… ce qui fut une porte grande ouverte, mais pouvait-il en être autrement ? au capitalisme d’état de toutes les tendances marxistes léniniste, trotskiste, staliniste, castriste, maoïste, titiste et autres… mis en place historiquement et qui assassina sur tous les continents les embryons des véritables révolutions sociales qui se mettaient en place des conseils ouvriers italiens de 1920 à ceux de mai 1967-8 en passant par Cronstadt 1921, l’Espagne 1937 et Budapest 1956… -[]-

L’État est, dans la pensée politique marxiste, léniniste, l’instrument politique temporaire de socialisation, temporaire dans la véritable essence de l’Etat, c’est à dire celle d’un organisme de domination d’une classe par une autre. L’état socialiste, en abolissant les classes, se suicide. Marx et Engels étaient des métaphysiciens qui en vinrent souvent à schématiser les processus historiques par amour de système.

“Le prolétariat” qui saisit l’état, lui donnant la propriété complète des moyens de production et se détruisant lui-même tout comme l’état en tant qu’état est une fantasmagorie métaphysique, une hypothèse politique d’abstractions sociales.[1]

Ce n’est pas le prolétariat russe qui a saisi le pouvoir de l’état, mais plutôt le parti bolchévique qui n’a pas détruit du tout la classe prolétarienne et a en revanche créé un capitalisme d’état, une nouvelle classe bourgeoise (NdT : plus tard la fameuse Nomenklatura), toute une série d’intérêts liés à l’état bolchévique qui tend à se préserver eux-mêmes en préservant l’état.

L’extinction de l’état est de plus en plus loin en URSS où l’interventionnisme statique est plus grand et oppresseur et où les classes ne disparaissent pas.

Le programme léniniste de 1917 incluait ces points : la discontinuité de la police et de l’armée, l’abolition de la bureaucratie professionnelle, élections pour toutes positions et fonctions publiques, révocabilité de tous les officiels et fonctionnaires, égalité des salaires des bureaucrates et des travailleurs, le maximum de démocratie, concurrence paisible entre les partis au sein des soviets (assemblées populaires des travailleurs), abolition d cela peine de mort. Aucun de ces points du programme ne fut mis en place.

Nous avons un gouvernement de l’URSS, une oligarchie (nomenklatura) dictatoriale. Le Comité Central de 19 membres domine le Parti Communiste de l’Union Soviétique (PCUS), qui a son tour règne et domine sur l’URSS (NdT : et plus tard ses satellites politiques du pacte de Varsovie)

Tous ceux qui ne sont pas de “loyaux sujets” sont accusés d’être des contre-révolutionnaires. La révolution bolchévique a engendré un gouvernement saturnal qui déporte Riazano, le fondateur de L’Institut Marx et Engels, au moment où il prépare l’édition complète et originale du “Capital”, qui condamne la mort de Zinoviev, président de la ligue communiste internationale, Kameniev et beaucoup d’autres parmi les meilleurs propagateurs du léninisme, qui exclut du parti, puis exile, expulse de l’URSS un “Duce” comme Trotsky, qui pour faire bref est contre 80% des supporteurs du léninisme.

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(NdT : le même Trotsky, patron de l’armée rouge qui écrasa la Commune Libre de Cronstadt en 1921 et mena une guerre sans merci aux anarchistes ukrainiens de Makhno entre 1918 et 1923, anarchistes qu’il fit massacrer, exécuter sommairement ou déporter, qui ordonna, au téléphone, l’exécution de son « ami » anarchiste Voline, fait prisonnier avec des partisans de Makhno en Ukraine… Trotsky une autre pourriture sans nom du capitalisme d’état, soutenu et financé par Wall Street alors que Lénine l’était par la City de Londres via des banques allemandes. La seule différence réside en ceci : Lénine voulait cantonner le capitalisme d’état et le consolider en Russie, Trotsky voulait l’exporter sur le monde, mais tous deux étaient des socialistes autoritaires d’état…)

En 1920, Lénine vantait les vertus de l’auto-critique au sein du Parti Communiste et parlait “d’erreurs” reconnues par le “parti” et non pas le droit des citoyens de dénoncer ces erreurs, ou ces choses qui pour lui semblaient être du parti au sein du gouvernement. Quand Lénine était dictateur, quiconque faisait tanguer le rafiot en dénonçant les mêmes erreurs que Lénine reconnaîtrait a posteriori risquait ou fut exposé à l’ostracisme, la prison et/ou la mort. Le soviétisme bolchévique fut une atroce farce, même pour Lénine qui se targuait du pouvoir quasi divin de Comité Central du PCUS sur toute l’URSS en disant : “Aucune question importante que ce soit de discipline politique ou en rapport avec l’organisation, n’est décidée par une institution étatique dans notre république sans une directive émanant de Comité Central du parti…

Quiconque dit “état prolétarien” dit “capitalisme d’état” ; quiconque dit “dictature du prolétariat” dit “dictature du Parti Communiste” ; quiconque dit “gouvernement fort” dit “oligarchie tsariste de politiciens”.

Léninistes, trotskistes, bordighistes, centristes, ne sont divisés que par de différentes idées tactiques. Tous les bolchéviques, quelque soit la faction dont ils viennent, sous des soutiens de la dictature politique et du socialisme d’état. Tous sont unis par la formule : “dictature du prolétariat” une expression ambigüe qui correspond à celle, jacobiniste, du “peuple souverain” . Quoi que soit le jacobinisme, il est certain de causer une déviation de la révolution sociale et quand elle dévie, alors “l’ombre d’un Bonaparte” plane sur elle.

On doit être complètement aveugle pour ne pas voir que le bonapartisme de Staline n’est en fait que l’horrible et bien vivante ombre de la dictature léniniste.

Notes :

[1] Hypostasis: in theology this word is equivalent to ‘nuance,’ thus the father, son and holy ghost are three hypostases of a single divine substance Here the proletariat’s act of seizing power is a hypostasis which contains several magic processes: destruction of the state and the proletariat.

[2] Saturnal: an allusion to the myth of Saturn who ate his own children. The Party devoured, Trotsky, then Stalin, then Krushchev etc.

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Il n’y a pas de solution au sein du système, n’y en a jamais eu et ne saurait y en avoir ! (Résistance 71)

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

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5 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

Société des sociétés organique avec Gustav Landauer

Il était une fois la révolution coproduction R71 et JBL1960 030723

Révérence (Zénon)

Posted in actualité, altermondialisme, militantisme alternatif, philosophie, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , on 8 janvier 2024 by Résistance 71

“On ne peut pas être neutre dans un train en marche.” (Howard Zinn)

“Il n’y a pas et ne saurait y avoir de solution au sein du système.” (Résistance 71)

“Le repentir est le retour à l’instant qui a précédé le mauvais choix.” (Simone Weil)

“Le courage est le meilleur meurtrier, le courage qui agresse : il tue même la mort, car il dit : ‘c’était ça la vie ? Allons encore une fois.’ Mais dans un tel adage retentit toute la musique du jeu. Que celui qui a des oreilles entende.” (Friedrich Nietzsche – Ainsi parlait Zarathoustra -)

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Révérence

« Si tu veux vaincre le monde entier, vaincs-toi toi-même. »
~ Dostoïevski – Les Possédés ~

Sous le joug nazi durant la seconde guerre mondiale, les juifs, les tziganes, les communistes et les résistants pouvaient espérer s’en sortir tant qu’ils n’étaient pas dans le train. Une fois embarqués,c’était trop tard : le processus était mené à terme. Comme l’aurait dit Mark Twain, « l’Histoire ne se répète pas, elle rime ». Nous observons aujourd’hui l’essor d’un totalitarisme qui, bien qu’inédit dans sa forme, s’inscrit dans la continuité d’une idéologie malthusienne restée profondément ancrée dans l’esprit de la caste dirigeante. Et cette fois, nous sommes déjà tous à bord du train.

Comme je l’écrivais en février 2017, le web est une arme insidieusement dirigée contre les peuples. Si son apparente innocuité nous a laissé deux décennies durant l’illusion que nous pouvions l’utiliser contre ses promoteurs, sa véritable vocation se dévoile désormais au grand jour : « identité » et monnaies numériques, fichage, flicage, contrôle absolu de tous les aspects de notre existence et, in fine, auxiliaire indispensable à notre élimination.
Toutes les crises, tous les faux drapeaux, toutes les guerres et les opérations psychologiques n’ont été que prétextes à étendre son emprise. Le système aura même réussi à enfermer dans cette nasse l’immense majorité des opposants au mondialisme. À entretenir l’espoir qu’une résistance virtuelle serait opérative. À faire croire que Trump, Musk, ou bien l’émergence d’un modèle « multipolaire » menaçaient le projet du nouvel ordre mondial, malgré l’alignement de tous les pays et de toutes les figures publiques à l’agenda 2030 et aux objectifs du forum de Davos.
La toute relative liberté d’expression que nous avons connue durant ces années était un mal nécessaire aux marionnettistes pour précipiter le grand basculement. Les gouvernants n’ont cessé au cours de l’Histoire d’organiser leur propre opposition dans la fameuse dialectique hégélienne (thèse-antithèse-synthèse), autre nom de la triangulation maçonnique. L’entité ou le groupe qui prétendra nous libérer de l’emprise mondialiste sera le faux-nez des architectes de la future gouvernance globale.
Le conflit actuel au Moyen-Orient relève du même mécanisme. « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». La trigonométrie entre judaïsme, christianisme et islam est un lointain héritage babylonien. La potentielle extension de cette guerre impliquerait les nations occidentales et musulmanes dans une mise en scène de la réalisation de la prophétie de Gog et Magog, prémices à la présentation du « Machia’h » et à l’avènement du Nouvel Âge.
Il n’y aura donc aucun véritable sauveur à l’horizon. Nous n’avons que notre conscience pour nous guider dans les ténèbres. Que notre boussole morale pour nous indiquer jusqu’à quel degré d’avilissement nous sommes prêts à descendre dans un espoir parfaitement vain de survie matérielle. Car quelle que soit notre propension à fuir cette réalité, nous nous trouvons face à la perspective de notre disparition individuelle et collective. Les transhumanistes nous présentent un (prétendu) choix faustien de l’immortalité dans la matière. Toute la question de notre époque se résume donc dans notre conception de la vie en général et de notre rapport à la mort en particulier.
La peur de mourir a été à l’origine du développement de tous les royaumes, tous les pouvoirs, toutes les religions. La promesse de nous en préserver ou la garantie d’un salut dans l’au-delà, la base de toutes les servitudes et toutes les formes d’aliénation. La seule vraie liberté consiste au contraire non seulement dans l’acceptation de la mort, mais aussi en sa perception comme la meilleure conseillère que nous ayons ici-bas, car c’est à l’aune de celle-ci que nous pouvons estimer la valeur de nos pensées, de nos paroles et de nos actes. Le pouvoir est capable de nous embastiller, d’empoisonner à petit feu chacun d’entre nous, de distiller dans l’esprit des foules les venins de la convoitise et l’avidité. Il peut nous torturer jusqu’à briser notre personnalité ou nous mettre à mort si ses stipendiaires le décident.
Mais il existe en chaque Être une dimension que la pire dictature ne saurait atteindre ni soumettre : notre capacité à retrouver intérieurement notre demeure éternelle. Le monde qui se profile menace de broyer jusqu’à notre nature humaine.
Ce péril est aussi le plus grand défi d’évolution qui se soit jamais présenté : ou demeurer attachés à l’existence matérielle et disparaître par où nous aurons cru nous sauver, ou nous souvenir de qui nous sommes et nous reconnaître en d’autres dimensions. Ce dilemme a toujours constitué l’enjeu de l’incarnation. Mais il atteint aujourd’hui son point culminant, car le train dans lequel nous sommes ne fera jamais demi-tour.
Les machinistes n’ont au contraire pas d’autre choix que d’accélérer pour espérer atteindre le terminus. Des évènements cycliques dont ils ont connaissance les poussent à foncer à marche forcée dans l’espoir d’en garder la maîtrise, et c’est précisément la raison pour laquelle le train déraillera avant d’atteindre sa destination. Car des siècles de mainmise incontestée ont fait oublier à ces brillants architectes que plus un système de contrôle est sophistiqué, plus il devient vulnérable. Le matérialisme et l’arrogance dont ils font preuve ne pourront que causer leur perte. Libre à nous de les accompagner dans l’abîme ou de nous extraire de la cage mentale en laquelle nous aurons tout ce temps cru être enfermés.
Le champ magnétique terrestre évolue sous l’influence du Soleil. Ce phénomène se manifeste déjà dans le comportement des animaux, dans notre activité cellulaire et nos interactions avec les autres. Les individus les plus sensibles et les plus conscients sauront s’adapter à ce nouvel environnement, tandis que les autres participeront à leur insu à leur propre destruction.
L’heure est venue de faire nos adieux à ce monde finissant. À tout ce en quoi nous avions cru, à nos habitudes, à l’illusion de la forme. Il s’agit d’un deuil nécessaire à la guérison. Les peurs et les souffrances sont à la mesure de l’attachement. Il en va de la mort comme de la naissance : le lâcher-prise est la clef de la délivrance.

Zénon – décembre 2023

Le texte en format PDF réalisé par Jo :

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“Notre combat n’est plus de survivre dans une société de prédateur, mais de vivre parmi les vivants.” (Raoul Vaneigem)

“Il n’y a pas harmonie là où l’on fait violence aux contraires pour les rapprocher ; non plus là où on les mélange ; il faut trouver le point de leur unité.” (Simone Weil)

“Si l’Homme agit pour gouverner parfaitement l’empire, je vois qu’il n’y réussira pas. L’empire est comme un vase divin auquel l’homme ne doit pas travailler. S’il y travaille, il le détruit ; s’il veut le saisir, il le perd.” (Lao Tseu, Tao Te King, XXIX)

“Qu’il est tranquille l’esprit du sage ! Il est le miroir de l’univers et de tous les êtres. Le vide, la tranquillité, le détachement, l’insipidité, le silence, le non-agir sont le niveau de l’équilibre de l’univers, la perfection de la voie et de la vertu.” (Tchouang Tseu – La voie du ciel -)

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Résistance 71 : Les 10 PDF les plus téléchargés en 2023

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, démocratie participative, gilets jaunes, média et propagande, militantisme alternatif, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, philosophie, politique et social, politique française, résistance politique, société des sociétés, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , on 31 décembre 2023 by Résistance 71

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“L’objectif est le peuple, la société, la communauté, la liberté, la beauté, la joie de vivre.”
~ Gustav Landauer 1911 ~

Aujourd’hui est subversif tout individu qui pose des questions, qui remet en cause les thèses et versions « officielles » des faits.
Comme l’avait si bien analysé George Orwell il y a plus de 70 ans déjà : « Dans un monde de mensonge et de supercherie, dire la vérité est un acte révolutionnaire. » Nous en sommes toujours là… bien tristement.
Face à la tyrannie et aux mensonges tout azimut de la société étatico-marchande et ses institutions iniques et criminelles, rechercher, dire, publier la vérité est l’acte le plus subversif qui soit, celui qui véritablement terrifie l’oligarchie du pouvoir usurpé. Depuis juin 2010, Résistance 71 est sur ce chemin et tient bon la barre contre vents et marées, grâce à vous, compagnons de lutte lecteurs et diffuseurs. 2024 ne sera pas le moment de mollir.
Gardons le cap et ensemble pavons le chemin d’une nouvelle société, celle des associations et communes libres confédérées, qui passe par une compréhension subversive de notre réalité pour la transformer définitivement et efficacement… Nous sommes tous des opprimés ayant besoin d’une pédagogie émancipatrice, pas un hasard sans doute si les PDF de Paulo Freire le grand éducateur brésilien sont largement en tête des téléchargements pour 2023 en deux langues différentes… Ayons foi en l’humanité, aidons-là à notre humble niveau à triompher de la malfaisance ambiante planifiée en faisant péter les verrous de la connaissance. Les textes que vous avez choisi en 2023 y contribuent grandement, merci à tous de lire et de diffuser au grand large !
Bonne lecture à toutes et à tous en 2024 !

Résistance 71

31 décembre 2023

Les 10 PDF les plus téléchargés en 2023.
Notre bibliothèque PDF qui contient 349 publications depuis notre coopération avec Jo pour la création de PDF en 2016. Cette page est aussi la 3ème plus visitée du blog, derrière la page des « articles de Résistance 71 » et la page de Gustav Landauer.

En 2023 vous avez le plus téléchargé :

1- « La pédagogie des opprimés », Paulo Freire, en arabe

2- « La pédagogie des opprimés », Paulo Freire, en français

3- « SRAS-CoV-2 / COVID19, injections ARNm et l’attaque nano-biotechnologique sur l’humanité » (Karen Kingston)

4- « Le véritable Anthony Fauci, Bill Gates, Big Pharma et la guerre mondiale contre la santé publique » (Robert F.Kennedy Jr)

5- « Un monde sans cancer, l’histoire de la vitamine B17 » (G. Edward Griffin)

6- « Le manifeste pour la société des sociétés » (Résistance 71)
et quasi ex-aequo : « Gustav Landauer, compilation sur le chemin de la société organique de notre humanité réalisée »

7- « Contre les guerres de l’avoir, la guerre de l’être » (Collectif Guerre de Classe)

8- « Au sujet d’un 11 septembre nucléaire » (Veterans Today)

9- « 1973-2023 : Hommage à Bruce Lee, artiste de la vie et grand penseur du XXème siècle » (compilation traductions Résistance 71)

10- « L’éducation comme pratique de la liberté », Paulo Freire

A lire aussi : Les 10 articles les plus lus en 2023

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Entre la pensée et la pratique subversives,
il ne doit pas y avoir l’épaisseur d’un cheveu…

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