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L’État contre l’autonomie des institutions, une analyse sur les zones autonomes zapatistes du Chiapas et les communes libres du Rojava avec Pierre Bance (PDF)

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Résistance 71

22 janvier 2022

Il y a quelques jours nous publiions ce texte essentiel d’Errico Malatesta « Les deux routes » dans lequel l’anarchiste italien, en 1921, année de la répression sanglante de la commune de Cronstadt par le pouvoir capitaliste d’état bolchévique et en prémisse de ce qui arriverait aux communes libres espagnoles 15 ans plus tard, expliquait les deux chemins empruntés par le socialisme et pourquoi le chemin vers l’anarchie était la seule possibilité émancipatrice pour la société humaine.
En complément de ce texte, nous publions ci-dessous sous sa forme pdf mise en page par l’auteur, Pierre Bance, une excellente analyse moderne de mise en parallèle de deux sociétés actuelles tentant de mettre en place l’émancipation de l’imposture étatico-marchande qui nous est imposée depuis des siècles. Ces deux sociétés en question sont la société zapatiste du Chiapas et la société du confédéralisme démocratique (CD) de la région du Rojava, cette zone sous stress géopolitique impérialiste depuis 2011 comprise entre les entités étatiques syrienne et turque et soumise à une guerre de contrôle territorial depuis plus de 10 ans.
A Résistance 71, depuis le départ, nous soutenons les Zapatistes du Chiapas et avons soutenu et soutenons encore le CD tel que préconisé et envisionné par Abdullah Öcalan à la fin des années 90, début des années 2000. Depuis 2016, bien des choses se sont produites au Rojava qui font questionner son évolution et nous avons émis bien des réserves sur le projet dès lors qu’il a été manifestement approprié par l’empire anglo-américano-sioniste dans sa mise en place de terrain du « contrat social du Rojava », sorte d’entité proto-étatique n’ayant plus, en apparence, grand chose à voir avec le CD d’Öcalan et la confédération des communes libres.
Pierre Bance dans le texte ci-dessous, fait une remarquable analyse-synthèse de cette évolution, et remet certaines pendules à l’heure en replaçant l’affaire dans son contexte géopolitique et en faisant un parallèle avec la société zapatiste du Chiapas dans le sud-est mexicain. Une excellente analyse à lire, relire et à faire circuler au grand large pour nous aider à comprendre le chemin à suivre par delà les aléas géopolitiques du moment. Ce texte est le meilleur que nous ayons lu sur le sujet depuis un bien long moment. Merci à Pierre pour ce superbe effort de synthèse tout à fait réussie.
Définitivement un texte à lire et diffuser parmi les Gilets Jaunes !

Le texte de Pierre Bance « Autonomie des institutions Chiapas, Rojava »
Format PDF
Autonomie des institutions Chiapas-Rojava – Fédéchose n° 190 – page 31-35

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Gardons toujours présent à l’esprit ceci :

Il n’y a pas de solution au sein du système, n’y en a jamais eu et ne saurait y en avoir ! (Résistance 71)

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

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4 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

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Gilets Jaunes: vision pour une société émancipée planétaire… 25 ans de Chiapas Zapatiste en exemple à adapter

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Gilets Jaunes !… Le monde nous observe…

Réseau de Rébellion et Résistance International

 

Vingt-cinq ans d’insurrection zapatiste : 

« C’est une forme de démocratie réelle, radicale »

 

19 mars 2019, par Jérôme Baschet

 

Source:

https://www.lavoiedujaguar.net/Vingt-cinq-ans-d-insurrection-zapatiste-C-est-une-forme-de-democratie-reelle

 

Le 1er janvier 1994, jour d’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange nord-américain (Alena), commençait le soulèvement zapatiste dans le sud du Mexique. Communes autonomes, conseils de bon gouvernement, assemblées régionales, propriété collective des terres : Jérôme Baschet revient pour Rapports de force, site d’information pour les mouvements sociaux, sur cette expérience longue de vingt-cinq ans.

Quelle est la part du Chiapas qui est contrôlée par les zapatistes, et comment cela se passe-t-il avec les structures de l’État mexicain ?

L’expérience zapatiste se déploie dans la moitié orientale du Chiapas, qui est une région où la population indienne est très largement majoritaire. Cela représente une superficie équivalente à celle d’une région comme la Bretagne, ce qui n’est pas tout à fait négligeable en termes d’extension territoriale. Il faut cependant préciser qu’il ne s’agit pas d’un territoire homogène, car des zapatistes y cohabitent avec des non-zapatistes. Il y a donc coexistence sur le même territoire de deux systèmes politiques. Les communes autonomes zapatistes et les régions zapatistes avec leurs conseils de bon gouvernement sont totalement dissociées des structures administratives et politiques de l’État mexicain. Les communes n’en reçoivent aucun financement et n’ont aucun contact avec elles. Mais ces deux systèmes politiques coexistent, le plus souvent sans trop de tensions au niveau des villages et des communes.

Cependant, depuis vingt-cinq ans, l’État fédéral mexicain a déployé contre l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) toute la batterie des politiques contre-insurrectionnelles : interventions directes de l’armée en 1994 et 1995, paramilitarisation massive avec déplacement de population et massacres dans les années 1995-2000, division des communautés et création artificielle de conflits internes, programmes assistancialistes à visée clientéliste, incitations d’autres groupes ou organisations à attaquer les zapatistes et à s’emparer de leurs terres, etc. Pour ce dernier exemple, cela a conduit à l’assassinat de Galeano à La Realidad en 2014.

Les zapatistes ont résisté à tout cela durant vingt-cinq ans, et aujourd’hui, ils ont en outre annoncé qu’ils s’opposeraient fermement aux grands projets de développement mis en place — dans un déni total des droits des peuples indiens — par le nouveau gouvernement fédéral supposément progressiste. Ils ont affirmé très clairement, lors de l’anniversaire des vingt-cinq ans du soulèvement de 1994, qu’ils résisteraient à ces projets dès lors que ceux-ci s’attaqueraient aux territoires indiens, et notamment zapatistes, comme c’est le cas du si mal nommé « Train maya », destiné au tourisme.


Société des Sociétés

Que sont et comment fonctionnent les conseils de bon gouvernement ? Est-ce une forme de démocratie directe intégrant plus ou moins de fédéralisme en plus de l’autonomie ?

Les conseils de bon gouvernement sont les instances régionales de l’autonomie zapatiste. Elles en constituent le « troisième niveau », puisque l’autonomie s’organise d’abord au sein des villages, dont l’instance principale est l’assemblée communautaire. Puis ensuite au niveau des communes, chacune rassemblant des dizaines de villages. Enfin, la région englobe de trois à sept communes. Son étendue est du même ordre que celle d’un département français. Il y a cinq conseils de bon gouvernement dans les territoires zapatistes, siégeant chacun dans un centre régional dénommé « caracol » (escargot).

Les conseils de bon gouvernement, tout comme les conseils municipaux autonomes, sont élus pour trois ans, pour des mandats non renouvelables et révocables à tout moment. Ils interagissent pour l’élaboration des décisions avec une assemblée régionale, mais les principaux projets qui ne font pas l’objet d’un ample accord au sein de l’assemblée régionale sont renvoyés en discussion dans tous les villages, pour recueillir avis, amendements, oppositions, avec mission pour l’assemblée suivante d’élaborer une synthèse de toutes les remontées rapportées par les délégués des villages. Cela implique parfois plusieurs allers-retours avant l’adoption d’un projet.

L’autonomie est donc un mode de fonctionnement politique qui se construit par en bas, à partir des villages, puis par fédération ou coordination de ceux-ci au niveau des communes, puis des communes au niveau des régions. C’est une forme de démocratie réelle, radicale, fondée sur un principe de « déspécialisation » de la politique et de participation de tous aux instances décidant des affaires communes. Elle implique cependant — et cela nécessairement dès lors que l’on dépasse un niveau strictement local — des formes de délégation. Cependant, ces formes de délégation maintiennent le primat des assemblées et s’emploient à déjouer les risques de dissociations entre ceux qui assument temporairement des charges politiques et le reste des habitants de ces territoires.

Peut-on considérer que c’est une révolution politique et sociale ? Qu’en est-il de sa dimension économique ?

Les zapatistes préfèrent le vocabulaire de la rébellion à celui de la révolution. Parce qu’ils veulent se démarquer d’une conception classique de la révolution qui était étroitement liée à la conquête du pouvoir d’État et la centralité de celui-ci comme instrument de la transformation sociale et économique. Et ils ont bien raison de s’en dissocier car cette conception-là de la révolution a montré, au cours du vingtième siècle, son tragique échec. Cela dit, si vous construisez une réalité collective qui se déploie en sécession complète vis-à-vis des structures de l’État, que vous défendez un mode de vie échappant largement aux catégories fondamentales du capitalisme, et dont l’objectif, nullement limité à la dimension locale, entend lutter contre le capitalisme pour contribuer à sa destruction, alors il ne serait pas tout à fait absurde de prétendre qu’il s’agit d’une dynamique de type révolutionnaire.

S’agissant du domaine productif, les zapatistes entendent défendre une agriculture paysanne revitalisée par les pratiques agroécologiques : rejet des pesticides chimiques, défense des semences natives, prise en compte des enjeux écologiques, etc. Cela veut dire qu’ils produisent eux-mêmes l’essentiel de leur alimentation traditionnelle, à base de maïs, haricots rouges et courges, à quoi s’ajoutent les animaux de basse-cour et divers produits comme le riz, les fruits ou le miel. Il s’agit de formes d’autosubsistance qui se développent sur des terres dont la propriété est collective et l’usage familial. À cela il faut ajouter une capacité à soutenir l’autonomie collective, grâce aux dizaines de milliers d’hectares de terres récupérées en les reprenant aux grands propriétaires, lors du soulèvement de 1994. Ces terres sont la base matérielle de l’autonomie. C’est grâce à elles et aux travaux collectifs qui y sont accomplis que peuvent être couverts les besoins du système de santé, tout comme ceux qu’entraîne l’exercice de l’autogouvernement et de la justice autonome.

La capacité de produire par soi-même se développe aussi dans le cadre de coopératives artisanales dans les domaines du textile, de la cordonnerie, la charpenterie, la ferronnerie ou les matériaux de construction. Enfin, le Chiapas est une importante zone de production de café : les familles zapatistes disposent de petites parcelles dont la production est commercialisée à travers des coopératives et, surtout, des réseaux de distribution solidaires qui se sont organisés dans plusieurs pays d’Amérique et d’Europe. C’est un soutien très important que l’on peut ainsi apporter aux familles zapatistes car, en complément des cultures d’autosubsistance, c’est ce qui leur assure de modestes apports monétaires leur permettant d’acheter les produits de première nécessité qu’elles ne produisent pas.

Quelle est la place de l’EZLN aujourd’hui dans la révolution zapatiste, sachant que tout commence par une insurrection armée le 1er janvier 1994 ?

Il faut bien comprendre que le nom même de l’EZLN (Armée zapatiste de libération nationale) est trompeur. Il y a bien une dimension militaire qui s’est manifestée lors du soulèvement armé du 1er janvier 1994, qui n’a pas disparu, et a été rappelé lors de la célébration des vingt-cinq ans. Mais la partie militaire est nettement minoritaire au sein de l’EZLN. La très large majorité de ses membres sont des civils qui vivent dans les villages rebelles du Chiapas. Plus largement, la trajectoire de l’expérience zapatiste a consisté à mettre de côté les armes au profit de formes politiques civiles. Par contre, l’absence d’un accord de paix avec le gouvernement mexicain n’a pas permis d’y renoncer complètement. L’essentiel de l’expérience zapatiste, en particulier à partir de 2003, tient à la construction de l’autonomie dans les territoires rebelles du Chiapas. Cette expérience-là est entièrement civile. Elle se développe à côté de la structure militaire de l’EZLN, au point que ceux qui ont des responsabilités au sein de celle-ci ne peuvent y prendre part.

Le zapatisme est un peu passé en dessous des radars depuis dix ans. A-t-il encore une portée en tant que source d’inspiration ou modèle ? Que représente-t-il au Mexique ?

Pour être un peu plus précis, on a surtout entendu parler du zapatisme entre 1994 et 2001, du soulèvement armé à la marche vers Mexico en passant par la Rencontre intercontinentale pour l’humanité et contre le néolibéralisme. Ensuite, entre 2001 et 2012, les médias en ont très peu parlé, avec une longue phase de silence des zapatistes eux-mêmes entre 2009 et 2012. Pourtant, le silence des médias, voire des zapatistes eux-mêmes ne signifiaient pas que cette expérience avait cessé d’exister ni que de nombreuses personnes du monde entier continuaient à s’y intéresser. Depuis 2013, on en parle davantage me semble-t-il, car les zapatistes ont multiplié les initiatives nationales et internationales.

En 2013, ils ont organisé, en guise de bilan de vingt ans de construction de l’autonomie, la « Petite École zapatiste » qui a permis à plus de cinq mille personnes de se rendre dans les villages rebelles pour mieux comprendre le fonctionnement de leur autonomie. En 2014, ils ont organisé le Festival mondial des rébellions et des résistances contre le capitalisme. En 2015, ils ont convoqué un séminaire international sur « La pensée critique face à l’hydre capitaliste », puis, en 2016 et 2017, ils ont organisé d’autres rencontres internationales consacrées aux arts et aux sciences. En 2017, ils ont contribué, conjointement avec le Congrès national indigène, à la formation d’un Conseil indien de gouvernement au niveau national, qui s’est efforcé en vain de présenter sa porte-parole comme candidate indépendante lors de l’élection présidentielle de 2018.

Donc, oui : l’expérience zapatiste représente une source d’inspiration plutôt qu’un modèle, au Mexique et au-delà. Du moins, pour tous ceux qui pensent qu’il ne peut y avoir de solution au désastre actuel qu’à partir du moment où l’on cherche à sortir du système capitaliste, et qu’un anticapitalisme conséquent doit se construire par le biais d’une autre politique qui renonce à la centralité des formes d’organisation étatiques.

Pourquoi n’y a-t-il pas eu de contagion de cette rébellion au reste du Mexique depuis vingt-cinq ans ? N’est-ce pas un échec du mouvement ?

Il faut noter que les horizons de lutte des zapatistes ne sont pas seulement nationaux, mais aussi planétaires. Il faudrait donc parler aussi d’un échec au niveau planétaire. Mais cet échec n’est pas celui des zapatistes : il est le nôtre, à tous et toutes. Tant que le capitalisme n’aura pas disparu de notre planète, les zapatistes auront en effet échoué. Et nous tous avec eux. Mais où, sur cette planète, peut-on rencontrer un ample territoire où les gens ont construit des formes d’autogouvernement populaire, parviennent à résister aux attaques des forces liées aux intérêts du capital, et maintiennent des formes de vie et d’organisation autodéterminées ? Hormis le Chiapas et le Rojava, ainsi que des expériences d’autonomie telles que les ZAD, je ne vois pas.

Il est certain que la contagion de l’autonomie que les zapatistes s’efforcent de susciter n’a pas été jusqu’à présent à la hauteur de ce qu’on pourrait, autant qu’eux, souhaiter. Il ne faudrait cependant pas minimiser les avancées. Les zapatistes ont largement incité à la création du Congrès national indigène, qui rassemble de nombreuses luttes des peuples indiens du Mexique. Leur exemple est très important pour le développement d’autres formes d’autonomie. Par exemple, celle des autorités communautaires du Guerrero, ou celle de la commune de Cherán dans l’État du Michoacán qui depuis 2011 a réussi à s’auto-organiser pour repousser les assauts des narcotrafiquants.

Les zapatistes ont montré qu’une autre voie de transformation radicale était possible. C’est celle qu’ils dénomment autonomie et qui associe autogouvernement populaire et formes de vie autodéterminées. Elle ne demande qu’à croître partout où la dévastation provoquée par l’hydre capitaliste se fait de plus en plus flagrante et où toutes les solutions traditionnelles ont montré leurs limites ou leurs impossibilités. Cet esprit de l’autonomie n’est peut-être pas si éloigné de ce qui s’exprime dans les courants les plus novateurs des gilets jaunes, tels qu’on peut les voir à l’œuvre notamment dans la récente Assemblée des assemblées convoquée, fin janvier, à Commercy.

= = =

Six textes fondamentaux pour nous aider à  y parvenir, ensemble, à  lire, relire et diffuser sans aucune modération:

 

Analyse politique: Une ferme, un monde, une guerre, la nécessité d’un réseau de résistance internationale (EZLN)

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, écologie & climat, économie, colonialisme, crise mondiale, démocratie participative, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, police politique et totalitarisme, politique et social, résistance politique, société libertaire, technologie et totalitarisme, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , on 7 octobre 2018 by Résistance 71

Ci-dessous, nous aidons à diffuser ce qui est sans aucun doute la meilleure récente analyse politico-économique de la situation actuelle du monde, ancrée dans une réalité historique objective. 

En cela cette analyse, qui nous vient, comme souvent par sa profondeur et sa clarté, des montagnes du sud-est mexicain et de sa zone en rébellion zapatisite, est tout à fait complémentaire de la fin de notre “Manifeste pour la société des sociétés”  (2017), où nous énonçons à partir de la page 32 la “Tyrannie moderne et fin d’un système anti-naturel corrompu”. Ces deux textes peuvent être lus en parallèle et en ressource complémentaire s’auto-alimentant.

Ceci nous amène à reformuler, en accord avec un Réseau de Résistance et de Rebellion international, la nécessité absolue de coordonner nos efforts au-delà des frontières fictives, pour que triomphe enfin  la cause du bien commun et de l’émancipation de la société humaine sur notre planète.

Écoutons l’analyse, la voix qui nous viennent du Chiapas, elles sont vitales !

¡Ya Basta!

Mitakuye Oyasin

~ Résistance 71 ~

 


SCI Moisés & Galenao

 

Une ferme, un monde, une guerre, peu de probabilités

 

SCI Moisès et Galeano (EZLN)

 

4 octobre 2018

 

url de l’article en français:

https://www.lavoiedujaguar.net/Une-finca-un-monde-une-guerre-peu-de-probabilites

 

Participation de la Commission Sexta de l’EZLN à la rencontre des réseaux de soutien au Conseil indigène de gouvernement et à sa porte-parole. Août 2018.

(Version complétée)

Pour des raisons de temps, la participation zapatiste n’a pas été complète. Nous vous avons promis que nous vous enverrions ensuite ce qui manquait : voici la version originale qui comprend des parties de la transcription plus ce qui n’a pas été dit. De rien, il n’y a pas de quoi.

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Première partie

Sous-commandant insurgé Galeano

Bonjour, merci d’être venus, d’avoir accepté notre invitation et de partager votre parole avec nous.

Commençons par expliquer notre façon de faire notre analyse et notre évaluation.

Nous commençons par analyser ce qui se passe dans le monde, puis nous descendons à ce qui se passe sur le continent, puis nous descendons à ce qui se passe dans le pays, puis dans la région et ensuite localement. Et de là, nous trouvons une initiative et nous commençons à passer du local au régional, au national, au continent et au monde entier.

Selon notre pensée, le système dominant dans le monde est le capitalisme. Pour nous l’expliquer, à nous et aux autres, nous utilisons l’image d’une ferme.

Je vais demander au sous-commandant Moisés de nous le décrire.

Sous-commandant insurgé Moisés

Bon, alors, compañeros, compañeras, nous avons demandé à des compañeros et des compañeras arrière-grands-pères et arrière-grands-mères qui étaient en vie — certains sont encore en vie. Voici ce qu’ils nous ont dit, ce qui nous a amenés à penser — c’est ce que nous disons aujourd’hui — que les riches, les capitalistes, veulent faire du monde leur finca. (Note de R71: en espagnol “finca” peut vouloir dire, “domaine”, “propriété”, par extension “domaine agricole”, “ferme” ou aussi le terme de “latifundia” se référant à la grande propriété terrienne…)

Il y a le finquero, le propriétaire terrien, le maître de milliers d’hectares de terre, et ça sans être là, parce que le patron a son contremaître qui s’occupe de la finca, et puis ce contremaître s’adresse à son mayordomo qui est celui qui va exiger qu’on travaille sa terre ; et ce contremaître, sur l’ordre du patron, doit trouver quelqu’un d’autre qu’on appelle le caporal qui est celui qui veille sur la finca, sa maison. Ensuite, ils nous ont raconté que dans les fincas on fait des choses différentes : il y a des fincas d’élevage de bétail, de café, de canne, où on fait du sucre, de maïs et de haricots. Alors, ils le combinent, ils combinent ces activités ; c’est-à-dire, dans une finca de dix mille hectares, il y a de tout, du bétail, de la canne à sucre, des haricots, des champs de maïs. Donc, toute leur vie, les gens y circulent, y travaillent — ce que nous appelons les ouvriers agricoles ou les manœuvres, les gens qui souffrent là.

Celui qui est contremaître, il complète son salaire en volant le patron sur ce que produit la finca. Autrement dit, en plus de ce que le patron, le finquero, lui paye, le contremaître en profite pour voler. Par exemple, si dix génisses et quatre taurillons sont nés, le contremaître ne rend pas de comptes exacts, mais dit au patron que seulement sont nés cinq génisses et deux taurillons. Si le patron s’aperçoit de l’arnaque, il chasse le contremaître et en met un autre à la place. Mais le contremaître vole toujours quelque chose, autrement dit c’est ce qu’on appelle la corruption.

Ils nous racontent que quand le patron n’est pas là et que le contremaître est celui qui reste, quand le contremaître veut partir aussi, alors il cherche quelqu’un de ceux qu’il a là, qui soit aussi salaud que lui, aussi exigeant, quoi ; alors pendant qu’il va faire son petit tour, il laisse quelqu’un en charge, c’est-à-dire il cherche son ami qu’il va laisser à sa place pour ensuite revenir et reprendre son poste de contremaître.

Et alors nous voyons ceci, que le patron n’est pas là, le patron est ailleurs ; le contremaître, c’est ainsi que nous l’appelons, que l’appellent les pays ou les peuples comme nous disons, parce que nous voyons que ce n’est plus un pays, c’est le Peña Nieto comme nous disons, le contremaître. Le mayordomo, nous disons que ce sont les gouverneurs, et les caporales les maires. C’est structuré de la façon dont ils vont dominer, quoi.

Nous voyons aussi que ce contremaître, ce mayordomo et ce caporal sont ceux qui exigent des gens. Et là, dans la finca, les arrière-grands-parents nous disent qu’il y a un magasin, ils appellent ça une tienda de raya — c’est ce qu’ils nous ont dit — ça veut dire que le magasin est là où on s’endette ; alors les exploités qui sont là, les ouvriers ou ouvrières comme on les appelle, ils ont pris l’habitude d’aller y acheter leur sel, leur savon, ce dont ils ont besoin, c’est-à-dire qu’il ne se servent pas d’argent ; le patron a là sa boutique et c’est là qu’ils s’inscrivent, parce qu’ils ont besoin du sel, du savon, de la machette, de la lime ou de la hache, alors ils achètent là, ils ne vont pas payer avec de l’argent mais avec leur force de travail.

Et les arrière-grands-parents nous racontent que leur vie, celle des femmes comme celle des hommes, c’est qu’on leur donne juste de quoi manger aujourd’hui pour que demain ils continuent à travailler pour le patron, et c’est ainsi qu’ils ont passé toute leur vie.

Et ce que disent nos arrière-grands-parents, nous l’avons vérifié, parce que lorsque nous nous sommes soulevés en 1994, lorsque nous avons pris les fincas pour chasser ces exploiteurs, nous avons trouvé des contremaîtres et des gens acasillados, ils nous ont dit qu’ils ne savaient pas ce qu’ils allaient faire, parce ce que maintenant où vont-ils trouver leur sel, leur savon, maintenant que leur patron n’est plus là. Ils nous ont demandé maintenant qui va être le nouveau patron, parce qu’ils veulent y aller, parce qu’ils ne savent pas quoi faire, parce que où ils vont trouver leur savon, leur sel.

Alors nous leur avons dit : maintenant vous êtes libres, travaillez la terre, elle est à vous, comme avec le patron qui vous a exploités, maintenant vous allez travailler, mais c’est pour vous, pour votre famille. Mais alors ils résistent, ils disent non, cette terre est au patron.

C’est là que l’on a vu qu’il y a des gens qui sont réduits en esclavage. Et s’ils ont leur liberté, alors ils ne savent pas quoi faire, parce qu’ils ne savent qu’obéir.

Et ce dont je vous parle, c’est d’il y a cent ans, plus de cent ans, parce que ce sont nos arrière-grands-parents qui nous le racontent — l’un d’eux a plus ou moins cent vingt-cinq, cent vingt-six ans maintenant parce qu’on a parlé avec ce compañero il y a plus d’un an.

Donc on a ça, et c’est ce qui va arriver. Aujourd’hui, nous pensons que le capitalisme est comme ça. Il veut transformer le monde en finca. Autrement dit, ce sont les hommes d’affaires transnationaux : « Je vais à ma finca La Mexicana », selon ses envies ; « Je vais à ma finca La Guatemalteca, La Hondureña », ainsi de suite.

Et le capitalisme va commencer à organiser selon son intérêt, comme nos arrière-grands-parents nous racontent que dans une finca il y a de tout, du café, du bétail, du maïs, des haricots, et dans une autre, non, c’est juste de la canne pour en tirer la mélasse, et dans une troisième encore autre chose. C’est comme ça qu’ils nous ont organisés, chacun des finqueros.

Il n’y a pas de bon patron, ils sont tous mauvais.

Bien que nos arrière-grands-parents nous racontent qu’il y en a de bons — disent-ils —, quand on se met à l’analyser, à y penser, à l’observer, juste parce qu’on est moins maltraités, alors nos arrière-grands-parents disent qu’ils sont bons, car ils ne sont pas battus, mais être exploités, exploitées, on n’y coupe pas. Dans d’autres fincas, en plus de se crever au travail, si on n’en fait pas plus, on reçoit des coups de trique.

Alors nous pensons que tout ce qui leur est arrivé est ce qui va nous arriver, mais maintenant non seulement à la campagne, mais aussi en ville. Parce que ce n’est pas le même capitalisme qu’il y a cent ans, deux cents ans, son mode d’exploitation est maintenant différent et ce n’est pas seulement dans les campagnes qu’il exploite aujourd’hui mais aussi dans la ville. Et son exploitation change de mode, disons-nous, mais c’est toujours de l’exploitation. Comme si c’était la même cage fermée, mais de temps en temps elle est repeinte, comme si elle était neuve, mais c’est la même.

Quoi qu’il en soit, il y a des gens qui ne veulent pas la liberté, ils sont déjà habitués à obéir et veulent juste un changement de patron, de contremaître, qu’il ne soit pas si vache, qu’il exploite autant les gens mais les traite bien.

Alors ne perdons pas ça de vue parce que c’est ce qui arrive, ce qu’ils commencent déjà à faire.

C’est ce qui attire notre attention : est-ce qu’il y a d’autres gens, hommes et femmes, qui eux aussi voient, pensent, estiment que c’est ce qu’ils vont nous faire ?

Et que vont faire ces frères et ces sœurs ? Est-ce qu’ils se contentent d’un changement de contremaître ou de patron, ou est-ce que ce qu’ils veulent c’est la liberté ?

C’est ce que j’ai à vous expliquer parce que c’est ce qui vient avec ce que nous pensons et voyons avec les compañeros, compañeras, en tant qu’Armée zapatiste de libération nationale.

Sous-commandant insurgé Galeano

Donc ce que nous voyons au niveau mondial est une économie prédatrice. Le système capitaliste avance de manière à conquérir des territoires, en détruisant au maximum. En même temps, la consommation est portée aux nues. Il semble que le capitalisme ne se préoccupe plus de savoir qui va produire les choses, ça c’est les machines qui s’en chargent, mais il n’y a pas de machines qui consomment des marchandises.

En réalité, cette exaltation de la consommation cache une exploitation brutale et un pillage sanguinaire de l’humanité qui n’apparaissent pas dans l’immédiateté de la production moderne des marchandises.

La machine automatisée au maximum qui fabrique sans intervention humaine des ordinateurs ou des téléphones portables fonctionne non pas sur le progrès scientifique et technologique mais sur le pillage des ressources naturelles (la destruction/dépopulation nécessaire et la reconstruction/restructuration de territoires) et sur l’esclavage inhumain de milliers de petites, petites et moyennes cellules d’exploitation de la main-d’œuvre humaine.

Le marché (ce gigantesque magasin de marchandises) contribue à ce mirage de la consommation : les marchandises semblent au consommateur « étrangères » au travail humain (c’est-à-dire à son exploitation) ; et l’une des conséquences « pratiques » est de donner au consommateur (toujours individualisé) l’option de se « rebeller » en choisissant tel ou tel marché, telle consommation ou telle autre, de refuser une consommation spécifique. Vous ne voulez pas consommer de la malbouffe ? Pas de problème, les produits alimentaires bio sont aussi en vente, un peu plus chers. Vous ne buvez pas les sodas de cola bien connus parce qu’ils sont mauvais pour la santé ? Pas de problème, l’eau en bouteille est commercialisée par la même compagnie. Vous ne voulez pas consommer dans les grandes chaînes de supermarchés ? Pas de problème, la même entreprise fournit la boutique du coin de la rue. Et ainsi de suite.

Il organise donc la société mondiale entre autres en donnant, en apparence, la priorité à la consommation. Le système fonctionne avec cette contradiction (parmi d’autres) : il veut se débarrasser de la main-d’œuvre parce que son « usage » présente plusieurs inconvénients (par exemple, il a tendance à s’organiser, à protester, à arrêter le travail, à faire des grèves, à saboter la production, à s’allier les un·e·s les autres) ; mais en même temps il a besoin de la consommation des marchandises par cette marchandise « spéciale ».

Même si le système vise à « automatiser », l’exploitation de la main-d’œuvre est pour lui fondamentale. Peu importe combien de biens de consommation il envoie à la périphérie du processus productif, ou combien il étire la chaîne de production de façon à faire croire (à « faire semblant ») que le facteur humain est absent : sans la marchandise essentielle (la force de travail), le capitalisme est impossible. Un monde capitaliste sans exploitation, où seule la consommation prévaut, c’est de la science-fiction, des élucubrations sur les réseaux sociaux et des rêves paresseux d’admirateurs des kamikazes de la gauche aristocratique.

Ce n’est pas l’existence du travail qui définit le capitalisme, mais la caractérisation de la capacité de travail comme une marchandise à vendre et à acheter sur le marché du travail. Ce qui veut dire qu’il y en a qui vendent et il y en a qui achètent ; et, surtout, qu’il y a ceux qui n’ont d’autre choix que de se vendre eux-mêmes.

La possibilité d’acheter la force de travail repose sur la propriété privée des moyens de production, de circulation et de consommation. La propriété privée de ces moyens est au cœur même du système. Par-dessus cette division en classes (la possédante et la dépossédée), pour la cacher, on a construit toutes les simulations juridiques et médiatiques et aussi les preuves dominantes : la citoyenneté et l’égalité juridique ; le système pénal et policier, la démocratie électorale et les divertissements (choses de plus en plus difficile à différencier) ; les néo-religions et la neutralité supposée des technologies, des sciences sociales et des arts ; le libre accès au marché et à la consommation ; et les absurdités (plus ou moins élaborées) comme « le changement est en soi-même », « chacun est l’architecte de son propre destin », « à mauvaise fortune bonne figure », « ne donne pas un poisson à celui qui a faim, apprends-lui à pêcher » (« et vends-lui la canne à pêche »), et les tentatives maintenant à la mode d’« humaniser » le capitalisme, de le rendre bon, rationnel, désintéressé, light.

Mais la machine veut des profits et elle est insatiable. Il n’y a pas de limite à sa gloutonnerie. Et la recherche du profit n’a ni éthique ni rationalité. Si elle doit tuer, elle tue. Si elle a besoin de détruire, elle détruit. Même si c’est le monde entier.

Le système avance dans sa reconquête du monde. Peu importe ce qui est détruit, ce qui reste ou ce qu’il y a en trop : c’est jetable tant qu’on obtient le profit maximal le plus vite possible. La machine revient aux méthodes qui lui ont donné naissance — c’est pourquoi nous vous recommandons de lire L’Accumulation originelle du capital — c’est-à-dire la conquête de nouveaux territoires par la violence et la guerre.

Avec le néolibéralisme, le capitalisme a en quelque sorte laissé en suspens une partie de la conquête du monde et il a maintenant à la compléter. Dans son développement, le système « découvre » que de nouvelles marchandises sont apparues et que ces nouvelles marchandises se trouvent sur le territoire des peuples originaires : l’eau, la terre, l’air, la biodiversité ; tout ce qui n’est pas encore abîmé se trouve sur le territoire des peuples originaires et c’est ce qu’il veut. Quand le système cherche (et conquiert) de nouveaux marchés, ce ne sont pas seulement des marchés de consommation, d’achat et de vente de marchandises, il cherche aussi et surtout et tente de conquérir des territoires et des populations afin d’en tirer le plus possible, peu importe qu’ensuite il laisse derrière lui un désert, héritage et trace de son passage.

Lorsqu’une compagnie minière envahit un territoire des peuples originaires, sous le prétexte de « créer des emplois » pour la « population autochtone » (j’te jure que c’est comme ça qu’ils nous appellent), elle ne fait pas que proposer aux gens de quoi acheter un nouveau téléphone cellulaire dernier cri, elle rejette aussi une partie de cette population et anéantit (dans toute l’extension du mot) le territoire où elle opère. Le « développement » et le « progrès » offerts par le système cachent en fait qu’il s’agit de son propre développement et de son propre progrès ; et surtout ils cachent le fait que ce développement et ce progrès sont obtenus au prix de la mort et de la destruction des populations et des territoires.

C’est sur quoi se fonde la prétendue « civilisation » : ce dont les peuples originaires ont besoin, c’est de « sortir de la pauvreté », c’est-à-dire qu’ils doivent être payés. Alors on propose des « emplois », c’est-à-dire des entreprises qui « embauchent » (exploitent) les « aborigènes » (j’te jure, c’est ce qu’ils disent).

« Civiliser » une communauté originelle, c’est convertir sa population en main-d’œuvre salariée, c’est-à-dire ayant la capacité de consommer. C’est pourquoi tous les programmes de l’État se proposent « l’intégration de la population marginalisée à la société ». Et, par conséquent, les peuples autochtones ne veulent pas le respect de leur temps et de leur mode de vie, mais une « aide » pour « placer leurs produits sur le marché » et « trouver un emploi ». En résumé : l’optimisation de la pauvreté.

Et par « peuples originaires », nous entendons non seulement ceux que l’on appelle à tort les « indigènes », mais tous les peuples qui, à l’origine, s’occupaient des territoires subissant aujourd’hui les guerres de conquête, comme le peuple kurde, et qui sont soumis par la force aux prétendus États nationaux.

Ce qui est appelé « forme de nation » de l’État est né avec la montée du capitalisme comme système dominant. Le capital avait besoin de protection et d’aide pour sa croissance. L’État ajoute alors à sa fonction essentielle (la répression) celle de garant de ce développement. Bien sûr, on disait alors que c’était pour imposer des normes à la barbarie, « rationaliser » les relations sociales et « gouverner » pour tous, « servir d’intermédiaire » entre dominateurs et dominés.

La « liberté » était la liberté d’acheter et de vendre (se vendre) sur le marché ; l’« égalité » servait la cohésion de la domination en homogénéisant ; et la « fraternité », eh bien, nous sommes tous frères et sœurs, le patron et l’ouvrier, le finquero et le péon, la victime et le bourreau.

Puis on a dit que l’État national devait « réguler » le système, le mettre à l’abri de ses propres excès et le rendre « plus équitable ». Les crises étaient le produit de défauts de la machine, et l’État (et le gouvernement en particulier) était le mécanicien efficace toujours prêt à corriger ces imperfections. Bien sûr, au long terme, il s’est avéré que l’État (et le gouvernement en particulier) faisait partie du problème, pas de la solution.

Mais les éléments fondamentaux de cet État-nation (police, armée, langue, monnaie, système juridique, territoire, gouvernement, population, frontière, marché intérieur, identité culturelle, etc.) sont aujourd’hui en crise : les polices ne préviennent pas le crime, elle le commettent ; les armées ne défendent pas la population, elles la répriment ; les « langues nationales » sont envahies et modifiées (c’est-à-dire conquises) par la langue dominante des échanges ; les monnaies nationales sont indexées sur les monnaies qui monopolisent le marché mondial ; les systèmes juridiques nationaux sont subordonnés aux lois internationales ; les territoires s’étendent et se contractent (et se fragmentent) en fonction de la nouvelle guerre mondiale ; les gouvernements nationaux subordonnent leurs décisions fondamentales aux diktats du capital financier ; les frontières varient dans leur porosité (ouvertes au trafic des capitaux et des marchandises et fermées aux personnes) ; les populations nationales « se mélangent » avec celles venant d’autres États, etc.

En même temps qu’il « découvre » de nouveaux « continents » (c’est-à-dire de nouveaux marchés pour l’extraction de marchandises et pour la consommation), le capitalisme est confronté à une crise complexe (dans sa composition, son étendue et sa profondeur), qu’il a lui-même produite par son ardeur prédatrice.

C’est une combinaison de crises :

L’une est la crise environnementale qui s’abat sur le monde entier et qui est aussi produite par le développement du capitalisme : l’industrialisation, la consommation et le pillage de la nature ont un impact environnemental qui altère déjà ce qu’on appelle « la planète Terre ». Le météore « capitalisme » est déjà tombé, et il a radicalement modifié la surface et les entrailles de la troisième planète du système solaire.

L’autre est la migration. Des territoires entiers sont paupérisés et détruits et les gens sont forcés à émigrer, cherchant où vivre. La guerre de conquête, qui est l’essence même du système, n’occupe plus des territoires et leur population, mais classe cette population sous la rubrique « restes », « ruines », « décombres », et ces populations meurent ou émigrent vers la « civilisation », qui, il ne faut pas l’oublier, fonctionne sur la destruction des « autres » civilisations. Si ces gens ne produisent pas ou ne consomment pas, ils sont excédentaires. Ce qu’on appelle le « phénomène migratoire » est produit et alimenté par le système.

Et une autre crise — sur laquelle nous nous trouvons d’accord avec divers analystes du monde entier — est l’épuisement des ressources qui font marcher « la machine » : les énergétiques. Ce qu’on appelle les derniers « pics » des réserves de pétrole et de charbon, par exemple, sont déjà tout proches. Ces énergies s’épuisent et sont très limitées, leur remplacement prendrait des millions d’années. L’épuisement prévisible et imminent rend stratégiques les territoires disposant de réserves énergétiques — quoique limitées. Le développement des sources d’énergie « alternatives » est trop lent pour la simple raison qu’il n’est pas rentable, c’est-à-dire que l’investissement n’est pas remboursé rapidement.

Ces trois éléments de cette crise complexe mettent en question l’existence même de la planète.

La crise terminale du capitalisme ? Pas le moins du monde. Le système a montré qu’il est capable de surmonter ses contradictions et même de fonctionner avec et dans celles-ci.

Note de R71: Nous sommes tout à fait d’accord avec cette dernière remarque de Marcos/Galeano. C’est ce que nous avons exprimé avec notre métaphore du changement de coquille de l’empire Bernard l’Ermite…

Ainsi, face à ces crises provoquées par le capitalisme lui-même, qui provoque la migration, provoque des catastrophes naturelles, qui s’approche de la limite de ses ressources énergétiques fondamentales (en l’occurrence le pétrole et le charbon), il semble que le système tente un repli vers l’intérieur, comme une anti-mondialisation, pour pouvoir se défendre contre lui-même et il utilise la droite politique comme garante de ce repli.

Cette apparente contraction du système est comme un ressort qui se rétracte pour se dilater ensuite. En réalité, le système se prépare à une guerre. Une autre guerre. Une guerre totale : partout, tout le temps et par tous les moyens.

On construit des murs juridiques, des murs culturels et des murs matériels pour essayer de se défendre contre les migrations qu’ils ont eux-mêmes provoquées ; on tente de refaire la carte du monde, de ses ressources et de ses catastrophes, pour que la gestion des premières assure le maintien du fonctionnement du capital et que les secondes n’affectent pas trop les centres où le Pouvoir se regroupe.

Selon nous, ces murs continueront à proliférer jusqu’à ce que soit construit une sorte d’archipel « d’en haut » où, sur des « îles » protégées, se trouvent les maîtres, disons, ceux qui ont la richesse ; et tous les autres, nous nous retrouvons hors de ces archipels. Un archipel avec des îles pour les patrons, et avec des îles différenciées — comme les fincas — ayant des tâches spécifiques. Et, bien loin, les îles perdues, celles des jetables. Et en pleine mer, des millions de barques errant d’une île à l’autre, à la recherche d’un lieu d’accostage.

Science-fiction de fabrication zapatiste ? Googlez « Bateau Aquarius » et jugez à quel point ce que nous décrivons diffère de la réalité. L’Aquarius s’est vu refuser la possibilité d’accoster un port par plusieurs nations européennes. Pour quelle raison ? La cargaison mortelle qu’il transporte : des centaines de migrants de pays « libérés » par l’Occident au cours de guerres d’occupation et de pays gouvernés par des tyrans avec l’aval de l’Occident.

« L’Occident », symbole de la civilisation autoproclamée, avance, détruit, puis se retire et ferme, pendant que le grand capital continue son négoce : il a fabriqué et vendu les armes de destruction, il fabrique et vend aussi les machines pour la reconstruction.

Et ceux qui prônent ce retrait, c’est la droite politique en plusieurs endroits. C’est-à-dire, les contremaîtres « efficaces », ceux qui contrôlent la peonada et assurent le profit du finquero… bien que plus d’un, une, un·, vole une partie des génisses et taurillons. Et, en plus, ils « fouettent » trop leur population acasillada respective.

Tous ceux qui sont en trop : ou ils consomment, ou il faut les anéantir ; il faut les pousser de côté ; ce sont — comme nous disons — les jetables. Ils et elles ne comptent même parmi les « victimes collatérales » de cette guerre.

Ce n’est pas que quelque chose est en train de changer, c’est que ça a déjà changé.

Et maintenant utilisons la comparaison avec les peuples originaires parce que, pendant longtemps, dans la phase précédente du développement du capitalisme, les peuples originaires ont été comme oubliés. Auparavant, nous prenions l’exemple des enfants indigènes, qui étaient les non-nés parce qu’ils naissaient et mouraient sans que personne ne les compte, et ces enfants non nés habitaient dans ces régions, par exemple dans ces montagnes qui n’intéressaient personne auparavant. Les bonnes terres (les planadas, on les appelle, les plaines) ont été occupées par les fincas, par les grands propriétaires terriens, et ils ont poussé les indigènes dans les montagnes, et maintenant il s’avère que ces montagnes ont des richesses, des marchandises que le capital veut aussi, et donc il n’y a nulle part où aller pour les peuples originaires.

Note de R71: A ce sujet lire notre traduction mise en PDF du livre de James C Scott “L’art de ne pas être gouverné”.

Ou ils se battent et défendent, même jusqu’à la mort, ces territoires, ou y n’a pas le choix, bien sûr. Car il n’y aura pas de bateau pour les recueillir quand ils navigueront par tous les temps sur les eaux et les terres du monde.

Une nouvelle guerre de conquête des territoires des peuples originaires est en cours, et le drapeau brandi par l’armée d’invasion porte aussi parfois les couleurs de la gauche institutionnelle.

Ce changement de la machine qui concerne la campagne ou les « zones rurales » et qui ressort d’une analyse même superficielle, se produit également dans les villes ou dans les « zones urbaines ». Les grandes villes ont été réaménagées ou sont en cours de réaménagement, après ou pendant une guerre sans merci contre leurs habitants marginaux. Chaque ville contient beaucoup de villes, mais une seule ville centrale : celle du capital. Les murs qui entourent cette ville sont constitués de lois, de plans d’urbanisation, de policiers et de groupes d’intervention.

Le monde entier se fragmente ; les murs prolifèrent ; la machine avance dans sa nouvelle guerre d’occupation ; des centaines de milliers de personnes découvrent que le nouveau foyer que la modernité leur a promis est une barque en haute mer, le bas-côté d’une autoroute ou un centre de détention pour « sans-papiers » surpeuplé ; des millions de femmes apprennent que le monde est un immense club de chasse où elles sont la proie à capturer, l’enfance est alphabétisée en tant que marchandise sexuelle et main-d’œuvre ; et la nature présente la note en chiffre rouge de la dette prolongée qu’a accumulée le capitalisme au cours de sa brève histoire comme système dominant.

Bien sûr, il manque ce que disent les femmes qui se battent, ceux et celles d’en bas (pour qui, au lieu du glamour des placards entrouverts d’en haut, il y a mépris, persécution et mort), celles qui passent la nuit dans les banlieues populaires et le jour à travailler dans la capitale, les migrant·e·s qui se souviennent que ce mur n’a pas été là de tout temps, les proches des disparu·e·s, assassiné·e·s et emprisonné·e·s qui n’oublient ni ne pardonnent, les communautés rurales qui découvrent qu’elles ont été trompées, les identités qui découvrent leurs différences et passent de la honte à l’orgueil, et tous, toutes les jetables qui comprennent que leur destin n’a pas à être l’esclavage, l’oubli ou la mort.

Parce qu’une autre crise, qui passe inaperçue, est l’émergence et la prolifération de rébellions, de noyaux humains organisés qui défient non seulement le Pouvoir, mais aussi sa logique perverse et inhumaine. Diverse dans son identité, c’est-à-dire dans son histoire, cette irruption apparaît comme une anomalie du système. Cette crise-là ne compte pas pour les lois de la probabilité. Ses possibilités de persister et de s’approfondir sont minimes, presque nulles. C’est pour ça qu’ils ne comptent pas dans les comptes d’en haut.

Pour la machine, il n’y a pas de quoi s’inquiéter des rébellions. Ils sont peu nombreux, peu nombreuses, au mieux ils arrivent à 300.

Il est certain que cette vision du monde, la nôtre, est incomplète et qu’il y a une très forte probabilité pour qu’elle soit erronée. Mais c’est ainsi que nous voyons le système dans le monde entier. Et de cette évaluation, découle ce que nous voyons et évaluons aux niveaux continental, national, régional et local.

(À suivre)

= = =

Lectures complémentaires:

la-sixta

Païens en terre promise, décoder la doctrine chrétienne de la découverte

confederalisme_democratique

Manifeste pour la societe des societes

Effondrer le colonialisme

Comprendre-le-systeme-legal-doppression-coloniale-pour-mieux-le-demonter-avec-steven-newcomb1

Comprendre-le-systeme-legal-de-loppression-coloniale-pour-mieux-le-demonter-avec-peter-derrico1

 

Vision zapatiste de l’histoire et symbiose politique…

Posted in 3eme guerre mondiale, actualité, altermondialisme, autogestion, écologie & climat, colonialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, politique et lobbyisme, politique et social, résistance politique, société libertaire, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , on 24 février 2017 by Résistance 71

En traduisant ce texte, on s’est dit qu’on aurait pu l’écrire, bien sûr pas en rapport au contexte zapatiste du Chiapas, mais en rapport à la symbiose de pensée et d’analyse historico-politique… Vous verrez que, sans aucune concertation, même certaines expressions utilisées, résumant la seule conclusion politique qui s’impose à toute personne politiquement éveillée aujourd’hui, sont identiques.
Traduire ce texte nous a particulièrement touché, ceux qui nous lisent régulièrement sauront pourquoi et dans la pseudo-tourmente dans un verre d’eau que suscite ou tente de susciter le grand cirque électoral franchouillard qui bat son plein, nous ne voyons qu’une seule chose à faire, pour quelque temps, c’est de faire silence, comme les zapatistes l’avaient fait en décembre 2012. Le silence pour se faire entendre !
Méditez et faites circuler ce texte, dans cette pourriture de contexte électoral et de climat politique délétère, il en vaut la peine.

A bientôt… (nous répondrons à tout commentaire si nécessaire), jusque là… le silence est d’or…

~ Résistance 71 ~

 

A lire:

« 6ème déclaration zapatiste de la forêt de Lacandon »

Notre dossier « EZLN Chiapas »

 

marcos2

 

Les murs au dessus les fissures en bas

(Et à gauche)

 

Février 2017

 

url de l’article:

http://enlacezapatista.ezln.org.mx/2017/02/16/the-walls-above-the-cracks-below-and-to-the-left/?utm_source=feedburner&utm_medium=email&utm_campaign=Feed%3A+EnlaceZapatista+%28Enlace+Zapatista%29

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

La tempête sur notre chemin

Pour nous, en tant que zapatistes ordinaires, la tempête, la guerre, fait rage depuis des siècles. Elle est arrivée sur nos terres avec les mensonges de la civilisation dominante et sa religion. A cette époque, l’épée et la croix ont saigné notre peuple à blanc.

Avec le temps, l’épée s’est modernisée et la croix a été détrônée au profit de la religion du capital, mais cela a continué à demander notre sang en offrande à leur nouveau dieu: l’argent.

Nous avons résisté, nous résistons toujours du reste. Nos rébellions se déplacèrent entre les forces variées du pouvoir. Ces forces, venant toujours d’en haut, nous demandèrent de lutter et de mourir pour les servir. Elles demandèrent obéissance et soumission sous le déguisement de notre libération. Comme celles qui ont dit et disent toujours qu’elles luttent, qu’elles vinrent et viennent pour dirigier. Il y a eu de supposées indépendances et fausses révolutions, celles passées et celles à venir.

Depuis lors, ceux d’en-haut ont bifurqué et continuent de le faire afin de gouverner, mal, ou tenter de le faire. Dans le présent et le passé, leur proposition continue d’être la même: que nous offrions notre sang, tandis qu’ils dirigent ou prétendent de le faire.

Avant et maintenant, ils oublient ceux d’entre nous qui n’oublient pas.

Et toujours, hier et aujourd’hui, la femme est en bas, même dans les collectifs que nous formions et formons.

Mais alors que ces agendas passèrent, ils n’apportèrent pas seulement douleur et mort à notre peuple. En étendant sa domination, le pouvoir a créé des nouveaux liens fraternels dans la tragédie.

Nous avons vu lorsque l’ouvrier et le paysan sont devenus un avec notre douleur, écrasés sous les quatre roues du carrosse du capital.

Alors que le pouvoir avançait sur son chemin dans le temps, ceux d’en-bas furent plus nombreux, élargissant la base sur laquelle le pouvoir a et est le pouvoir. Nous avons vu que nous étions rejoints par des enseignants, des étudiants, des artisans, des gens du monde des affaires, des professions libérales et ceux ayant des noms différents mais des soucis identiques.

Mais ce ne fut pas assez. Le pouvoir est un espace exclusif, discriminatoire et sélectif. Ainsi des différences diverses furent aussi ouvertement persécutées ; par couleur, race, préférence sexuelle, genre, certaines personnes furent expulsées de la terre promise et de l’enfer, donné comme résidence permanente.

Ensuite vinrent les jeunes, les enfants et les anciens. Le pouvoir a alors converti les agendas que l’on tient comme cause de persécution. Tous ceux d’en-bas sont coupables: d’être une femme, un enfant, un jeune, un adulte, un ancien ou un humain.

Mais, en étendant l’exploitation, le déplacement, la répression et la discrimination, le pouvoir a aussi étendu la résistance… et la rébellion.

Nous avons vu alors et maintenant les têtes levées de bien des muchas, muchos, muchoas. Toutes différentes, mais si similaires dans leur rage et leur refus.

Le pouvoir ne sait ce qu’il est que lorsqu’il est agité devant ceux qui travaillent. Il en a besoin. Il a répondu et répond à chaque rébellion en achetant ou en trompant quelques uns et en emprisonnant ou assassinant beaucoup. Il n’a pas peur de leurs demandes: c’est leur exemple qui le terrifie. Pourtant ce ne fut pas assez. Ayant dominé les nations, le pouvoir du capital a cherché à écraser toute l’humanité sous son joug pesant.

Même cela ne fut pas assez. Le capital essaie mantenant de gérer la nature, de la dominer, de la domestiquer, de l’exploiter. C’est à dire en fait de la détruire. L’avancée destructrice du capital, toujours au moyen de la guerre, a démoli les premiers seigneuries et royaumes. Sur leurs ruines il a construit les nations.

Plus tard, il a dévasté les nations et sur leurs ruines il a érigé un nouvel ordre mondial: le marché. Le monde entier est devenu un gigantesque hangard de commoditités (NdT: grand garage à la spéculation généralisée et institutionnalisée…). Tout peut-être acheté et vendu: l’eau, le vent, la terre, les plantes, les animaux, les gouvernements, la connaissance, le plaisir, le désir, l’amour, la haine, les humains,

Mais ce ne sont pas seulement des commodités qui sont échangées sur le grand marché du capital. “La liberté économique” n’est qu’une illusion qui ne fait que simuler un accord mutuel entre ceux qui vendent et ceux qui achètent. En réalité, le marché est fondé sur la dépossession et l’exploitation. L’échange alors n’est que celui de l’impunité. La justice est transformée en une grotesque caricature et à son échelle, l’argent pèse toujours bien plus que la vérité. La stabilité de cette tragédie appelée capitlaisme dépend de la répression et du manque de respect.

Mais ceci ne fut pas non plus suffisant. Il n’est pas possible de dominer le monde si on ne domine pas les idées. L’imposition religieuse a été intensifiée et a atteint les arts et les sciences. Des philosophies et des croyances ont émergées et émergent toujours comme des modes éphémères. Les sciences et les arts ont cessé d’être quelque chose de distinctement humain et ont été placés sur les étagères du supermarché mondial.

La connaissance est devenue propriété privée tout comme le récréatif et le plaisir.

Ainsi, le capital s’est consolidé dans son rôle de gigantesque machine à confettis, utilisant non seulement l’humanité dans sa globalité comme matière première de sa production de commodité, mais aussi l’art, la connaissance et… la Nature. La destruction de la planète, les millions de gens déplacés, la montée incessante du crime, le chômage, la pauvreté, la faiblesse des gouvernements et les guerres à venir ne sont pas des produits de l’excès du capital, ou une erreur de parcours, un détour du système qui avait promis l’ordre, le progrès, la paix et la prospérité.

Non, toutes ces tragédies sont l’essence même du système.

Il se nourrit d’elles, il croît à leurs dépends.

La destruction et la mort sont le carburant de la grande machine du Capital.

Toutes tentatives de “rationaliser” ou “d’humaniser” ses fonctions furent, sont et seront futiles. L’irrationalité et l’inhumanité en sont des parties essentielles. Il n’y a pas de réparation possible du système. Il n’y en a pas eu avant et il il n’y a aucun moyen maintenant de mitiger son chemin criminel.

Le seul moyen d’arrêter cette machine est de la détruire.

Dans la guerre mondiale actuelle, la dispute se situe entre le système et l’humanité. Voilà pourquoi la lutte anti-capitaliste est une lutte pour l’humanité.

Ceux qui essaient toujours de “réparer” ou de “sauver” le système ne font en fait que nous proposer un suicide collectif, comme un sacrifice posthume au pouvoir.

IL N’Y A PAS DE SOLUTION AU SEIN DU SYSTEME (NdT: en espagnol et en anglais dans le texte orginal !!…)

-[]- Dans le texte original espagnol: “Pero en el sistema no hay solución.” Et en anglais: “In the system there is no solution”… –[]-

Ni le sentiment d’horreur, de condamnation, de résignation n’est suffisant, ni l’espoir que le pire est passé et que les chose ne peuvent qu’aller mieux.

Non… Ce qui est certain, c’est que les choses ne peuvent être que pire.

Pour toutes ces raisons et en addition à ce que chacun d’entre nous peut ajouter de nos agendas particuliers, de nos zones géographiques et culturelles, nous devons résister, nous rebeller, dire NON, lutter et nous organiser.

C’est pourquoi nous devons faire se lever le vent d’en-bas avec résistance et rébellion, avec organisation.

C’est seulement alors que nous pourrons survivre. Seulement là sera t’il possible de vivre et seulement à ce moment là, avions-nous dit il y a 25 ans, pourrons-nous voir que… “Lorsque se calme la tempête, lorsque pluie et feu laissent la terre en paix, le monde ne sera plus le monde, mais quelque chose de beaucoup mieux.”

-*-

La guerre et les murs intérieurs et extérieurs

Provoquée par l’appât du gros pognon, l’intention d’en-haut est de faire payer ceux qui souffrent du cauchemar ambiant pour le marasme actuel. Les frontières ne sont plus justes des lignes déssinées sur des cartes et des points de passage douanier, mais des murs d’armées et de police, de ciment et de briques, de lois et de persécutions. Dans le monde d’en-haut, la chasse à l’homme augmente et elle est célébrée par des compétitions clandestines: qui expulse, incarcère, emprisonne, assigne à résidence et assassine le plus, gagne.

Comme nous le disons maintenant depuis plus de 20 ans, la mondialisation néolibérale n’a pas du tout amené le village mondial, mais plutôt la fragmentation et la dfissolution des soi-disants “états-nations”. Alors et aujourd’hui, nous appelons ce processus par le nom qui le dessert le mieux: “la guerre mondiale” (la 4ème en ce qui nous concerne…)

La seule chose qui a été mondialisée de fait c’est le marché, avec lui… la guerre.

Pour ceux qui font fonctionner la machine et donnent vie à la terre, les frontières continuent d’exister et continuent d’être ce qu’elles ont toujours été: des prisons. (NdT: tandis que la caste oligarchique elle, vit dans un monde totalement transnational où les flux de personnes privilégiées et de capitaux ne connaissent plus aucune restriction. Les restrictions en revanche s’abattent toujours plus sur nous, les gens d’en-bas de cette pyramide mortifère à abattre…)

Il y a deux décennies, notre assertion de cette réalité avait provoqué bien des sourires et des moqueries de la part de l’intelligentsia internationale, engoncée qu’elle était dans ses vieux dogmes éculés.

Ces mêmes personnes aujourd’hui n’en finissent plus de bégayer devant la dure réalité des choses, ou ils recommandent de suivre de vieilles recettes, ou ils bougent dans un endroit plus à la mode qui, au travers d’une élaboration théorique complexe, parvient à cacher la seule vérité existante: ils n’ont absolument aucune idée de ce qui est en train de se passer, encore moins de ce qui va arriver, ni ce qu’a amené le cauchemar en cours…

Ils s’en lamentent. La pensée d’en-haut leur avait promis un monde sans frontières et le résultat est en fait une planète remplies de ces tranchées chauvines.

Le monde n’a pas été transformé en une gigantesque métropole sans frontières, mais plutôt en un vaste océan en état de tempête perpétuelle. Dans cet océan, des millions de déplacés (qui sont regroupés par le pinceau magique des médias en “immigrants”) dérivent sur de frêles embarcations, attendant d’être sauvés par le colossal vaisseau du grand capital.

Non seulement il ne les sauvera pas, mais le grand capital est la cause première de la tempête qui menace l’existence de l’humanité entière.

Sous le déguisement glauque du nationalisme fasciste, les temps les plus rétrogrades sont de retour, clâmant privilèges et attentions. Fatigué de gouvernenr depuis l’ombre où il se tenait, le grand capital démantèle les mensonges de “citoyenneté” et “d’égalité” et fait prévaloir loi et marché.

Le drapeau de “liberté, égalité et fraternité” avec lequel s’est drapé le capitalisme dans sa conversion en système mondial dominant n’est plus qu’un vieux lambeau, jeté d’en haut dans la poublelle de l’histoire.

Finalement, le système bat les masques et montre son vrai visage et sa vocation réelle. “La guerre toujours, la guerre partout” peut se lire sur la proue du fier navire qui navigue sur cette mer de sang et de merde. C’est l’argent et non pas l’intelligence artificielle qui combat l’humanité dans cette bataille décisive: celle de la survie.

Personne n’est en sécurité. Pas plus le capitaliste national naïf qui a rêvé de la grosse récompense qui était offerte par l’ouverture des marchés, que le conservateur de la classe moyenne survivant entre le rêve d’être puissant et la réalité d’être membre du troupeau à son tour.

Puis la classe des travailleurs de la ville et de la campagne qui se trouve de manière croissante dans des conditions de plus en plus difficiles, si c’est même encore possible.

Et, pour faire le tour de cette image apolcalyptique, les millions de déplacés et migrants qui s’entassent aux frontières et qui sont soudain devenus aussi réels que les murs que les gouvernements et les criminels construisent pas à pas.

Dans la géographie mondiale des médias de masse et des réseaux sociaux, les fantômes déplacés et nomades sans noms ni visages, ne sont que des statistiques qui ne font qu’identifier leur place.

Le calendrier ? Juste le lendemain d’après la promesse de la fin de l’histoire, de la déclaration solennelle de la suprémacie du système qui devait garantir le bien-être de tous ceux qui travaillaient à son établissement, de la victoire sur “l’ennemi communiste” qui cherchait à restreindre la liberté, imposer des dictatures et créer la pauvreté, de l’éternelle promesse d’éternité qui annulerait toutes les généalogies. Le même calendrier qui annonça hier que l’histoire du monde ne faisait que commencer. Et en fait, non ; ceci n’était que le prélude au plus effrayant des cauchemars.

Le capitalisme, système du monde est en train de s’effondrer et les grands capitaines, maintenant désespérés, ne peuvent plus se figurer où aller. Voilà pourquoi ils se replient dans les repaires d’où ils somt sortis,

Ils offrent l’impossible: le salut local moyennant la catastrophe globale. Et toute cette connerie est très bien acceptée parmi la classe moyenne qui est en train de se confondre avec ceux plus bas en termes de ses revenus, mais qui aspire à compenser ses besoins économiques non satisfaits avec l’authentification de race, de culture chrétienne, de couleur et de sexe. Le salut venant d’en-haut est anglo-saxon, blanc, mâle et chrétien.

Bon, ceux qui vivent des miettes tombées de la table du grand capital observent désespérément, alors que des murs sont érigés tout autour d’eux également. Et le pire est qu’ils ont l’intention de mener l’opposition à cette politique de guerre. Ici nous voyons la droite intellectuelle faire des gestes contraires et tentant timidement des manifestations ridicules. Parce que non, la mondialisation ne fut aucunement le triomphe de la liberté. Ce fut et est toujours l’âge contemprain de la tyrannie et de l’esclavage.

Les nations ne sont plus des nations, bien que leurs gouvernements respectifs ne l’aient pas encore remarqué. Leurs dfrapeaux et leurs emblèmes sont en lambeaux et décolorés ; détruits par la mondialisation venue d’en-haut, malade du parasitisme du capital et ayant la corruption comme seul signe d’identité, les gouvernements nationaux essaient dans une futile et inepte hâte, de se protéger et de tenter la reconstruction impossible de ce qu’ils furent à une époque.

Dans les compartiments scellés sous vide, créés par leurs murs et leurs contrôles de frontières, douaniers et policiers, le système drogue les secteurs moyens de la société à grand renfort de l’opium d’un nationalisme réactionnaire nostalgique, fait de xénophobie, de racisme rampant, de sexisme et d’homophobie comme plan ultime de salut.

Les frontières se multiplient au sein même de tous les territoires. Pas seulement ceux qui sont dessinés sur des cartes, mais aussi et par dessus tout, ceux qui sont érigés par la corruption et le crime devenus gouvernements. La grande récompense post-moderne n’était rien d’autre qu’une baudruche gonflée de la finance et du capital ; et la réalité des choses est venue la faire péter: des millions de personnes déplacées par la grande guerre remplissent l’espace terrestre et maritime, ils s’entassent aux frontières et contrôles douaniers et commencent à fissurer les murs déjà érigés ainsi que de ceux encore en construction. Encouragés auparavant par le grand capital, les fondamentalismes trouvent du bon terreau de croissance pour leurs propositions d’unification: “de la terreur naîtra une seule façon de penser: la notre.” Après s’être repus de dollars, la bête qu’est le terrorisme menace la maison même de ses créateurs. (NdT: ce qui est voulu par le NOM ne l’oublions jamais: Ordo ab Chao telle est la devise !…)

C’est la même chose aux Etats-Unis et en Europe occidentale ou dans la Russie néo-tsariste: la bête gigote et essaie de se protéger, puis elle vante (pas seulement là) la pire des stupidités et de l’ignorance et, par ses marionnettes de gouvernement, synthétise sa proposition: “Retournons vers le passé.”

Mais non, l’Amérique ne sera pas grande de nouveau. Plus jamais ! Le système non plus et ce dans sa totalité. Il importe peu ce que font ceux d’en-haut. Le système est déjà arrivé au point de non-retour !…

[…]

Depuis le sud-est mexicain


Subcomandante Insurgente Moisés.


Subcomandante Insurgente Galeano.


Mexique,

Le 14 février 2017 (le jour de nos morts)

 

marcos2

Communiqué EZLN et Conseil National Indigène janvier 2017

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, colonialisme, démocratie participative, guerres imperialistes, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , , on 11 janvier 2017 by Résistance 71

Décision politique très intéressante dans un contexte politique mexicain très particulier.
Notre position: cela peut s’avérer être une expérience intéressante, mais cela peut aussi être la source de l’infiltration, de la discorde et de la destruction étatique, l’histoire nous enseigne que toutes les expériences anarchistes d’accoquinage avec l’État et ses institutions se sont mal terminées. Nous sommes donc sceptiques et prudents, mais en même temps avons une grande confiance dans l’analyse et l’action (praxis) zapatiste. A suivre donc avec intérêt dans le courant de cette année…

~ Résistance 71 ~

 

Et elle a tremblé, rapport depuis l’épicentre

 

EZLN &CNI

 

10 janvier 2017

 

url de l’article en français:

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Aux Peuples Originaires du Mexique

À la Société Civile du Mexique et du Monde

À la Sexta Nationale et Internationale

Aux Médias de Communication Libres

Frères, sœurs

Le moment des peuples est venu, de semer ce que nous sommes et de nous reconstruire. Le moment est venu de passer à l’offensive et voici l’accord qui se dessine sous nos yeux, dans les individus, dans les communautés, dans les peuples, dans le Congrès National Indigène ; le temps est venu que la dignité gouverne ce pays et ce monde et qu’à son passage fleurisse la démocratie, la liberté et la justice.

Nous annonçons que lors de la deuxième étape du Ve CNI, nous avons minutieusement évalué les résultats de la consultation des peuples que nous sommes, le Congrès National Indigène, qui a eu lieu les mois d’octobre, novembre et décembre 2016, résultats qui de toutes les manières, formes et langues qui nous représentent dans la géographie de ce pays, nous émettons les accords des assemblées communales, des terres collectives, des collectifs, municipales, intermunicipales et régionales, qui une fois de plus nous amène à comprendre et assumer avec dignité et révolte la situation que traverse notre pays, notre monde.

Nous saluons les messages de soutien, d’espoir et de solidarité qu’ont envoyés des intellectuels, des collectifs et des peuples qui reflètent l’espérance face à notre proposition que nous avons nommé « Que Tremble la Terre Jusque dans Ses Entrailles » et que nous avons rendue publique lors de la première étape du Ve CNI, nous saluons également les voix critiques, nombre d’entre elles avec des arguments fondemmentalement racistes, qui reflètent une indignation rageuse et le mépris à la pensée qu’une femme indigène prétende non seulement concourrir à l’élection présidentielle, mais envisager de changer réellement, depuis en-bas, ce pays endolori.

À eux tous, nous disons qu’en effet tremble la terre et nous avec elle, et que nous prétendons secouer la conscience de la nation, qu’en effet nous prétendons que l’indignation, la résistance et la rébellion figurent sur les bulletins électoraux de 2018, mais que notre intention n’est d’entrer en rien en compétition avec les partis et toute la classe politique qui nous doit encore beaucoup ; chaque mort, chaque disparu, chaque prisonnier, chaque expulsion, chaque répression et tout le mépris. Ne vous méprennez pas sur nous, nous ne prétendons pas rivaliser avec eux parce que nous ne sommes pas les mêmes, nous ne sommes pas leurs discours mensonger et pervers.

Nous somme la parole collective d’en-bas et à gauche, celle qui secoue le monde lorsque la terre tremble avec des épicentres d’autonomie, et qui nous rend si orgueilleusement différents que :

  1. Alors que le pays est submergé de peur et de terreur qui naissent des milliers de morts et de disparus, dans les municipalités de la montagne et de la côte du Guerrero, nos peuples ont créé les conditions pour la sécurité et la véritable justice ; à Santa Maria Ostula, Michoacan, le peuple Nahua s’est uni à d’autres communautés indigènes afin de maintenir la sécurité entre les mains des peuples, où l’épicentre de la résistance est l’assemblée communale de Ostula, garante de l’étique d’un mouvement qui a imbibé les municipalités de Aquila, Coahuayana, Chinicuila et Coalcomán. Sur le plateau purépecha la communauté de Cheran a démontré que par l’organisation, en sortant les politiciens de leurs structures du mauvais gouvernement et en exerçant leurs propres formes de sécurité et de gouvernement on peut non seulement construire la justice, mais aussi comme dans d’autres géographies du pays depuis en-bas, depuis la rébvellion se reconstruisent de nouveaux pactes sociaux, autonomes et justes, et nous ne cesserons pas de construire depusi en-bas, la vérité et la justice, niée pour les 43 étudiants de l’école normale d’Ayotzinapa, Guerrero, disparus, pour les 3 compagnons étudiants qui ont été assassinés et pour les compagnos nblessés, tous par le narco-gouvernement mexicain et ses forces répressives.

Pendant ce temps, les mauvais gouvernements criminalisent la lutte sociale, la résistance et la rébellion, persécutant, traquant, faisant disparaître, emprisonant et assassinant des hommes et des femmes accomplies qui luttent pour des causes justes.

  1. Alors que la destruction gagne tous les coins du pays, sans connaître de limites, éloignant l’appartenance à la terre et au sacré, le peuple Wixarika, avec les comités de défense de la vie et de l’eau de l’altiplano de la région de San Luis Potosi ont démontré que peuvent être défendus un territoire, son envoirronement et équilibres, en se basant sur la reconnaissance que nous ne formons qu’un avec la nature, avec une vision sacrée qui renouvelle chaque jour les liens ancestraux avec la vie, la terre, le soleil et les ancêtres, incluant 7 municipalités sur le territoire sacré cérémonial de Wirikuta à San Luis Potosi.
  2. Alors que les mauvais gouvernements déforment les politiques de l’État en matière éducative en la mettant au service des entreprises capitalistes afin que ça cesse d’être un droit, les peuples originaires créent des écoles primaires, des collèges, des lycées et des universités avec leurs propres systèmes éducatifs, basés sur la protection de note terre mère, la défense du territoire, la production, les sciences, les arts, sur nos langues et bien que la majorité des ces processus se développent sans soutien d’aucun niveau du mauvais gouvernement, ils sont au service de toutes et tous.
  3. Alors que les médias de communication à gages, porte-voix de ceux qui prostituent chacun des mots qu’ils répandent et qu’ils trompent les peuples du champ et de la ville en les endormant, faisant passer pour des déliquants ceux qui pensent et défendent ce qui leur appartient et sont toujours présentés commes des méchants, des vandales, des inadaptés. Alors que ceux qui vivent de l’ignorance et de l’aliénation sont présentés comme socialement bons, et ceux qui oppriment, répriment, exploitent et spolient sont toujours les bons, ceux qui méritent d’être respectés et qui gouvernent pour se servir. Et pendant que cela se passe, les peuples ont créé elurs propres médias de communication élaborant diverses formes afin que la conscience ne soit pas occulté par les mensonges que les capitalistes imposent, les utilisant en plus pour renforcer l’organisation d’en-bas, où naît la parole vraie.
  4. Alors que la « démocratie » représentative des partis politiques est devenue une façon de moquer la volonté populaire, où les votes s’achètent et se vendent comme une marchandise de plus et se manipulent par la pauvreté dans laquelle les capitalistes maintiennent les sociétés des champs et des villes, les peuples originaires continuent à prendre soin et à renforcer des formes de consensus et des assemblées en tant qu’organes de gouvernement où la voix de toutes et tous deviennent des accords profondément démocratiques, incluant des régions entières à travers des assemblées concernant les accords d’autres assemblées et ceux-ci à leur tour surgissant de la volonté profonde de chaque famille.
  5. Alors que les gouvernements imposent leurs décisions bénéficiant à quelques-uns, supplantant la volonté collective des peuples, criminalisant et réprimant ceux qui s’opposent à leurs projets de mort qu’ils imposent sur le sang de nos peuples, comme pour le Nouvel Aéroport de la Ville de Mexico, feignant de consulter pendant qu’ils imposent la mort, nous, peuples originaires, possédons les manières et les formes constante de consultation préalable, libre et informée pour des sujets, grands ou petits.
  6. Alors qu’à travers leurs privatisations les mauvais gouvernements remettent la souveraineté énergétique du pays à des intérêts étrangers et que les hausses du prix de l’essence dénoncent le mensonge capitaliste qui trace uniquement des voies inégalitaires, et que la réponse rebelle des peuples indigènes et non-indigènes du Mexique, que les puissants ne pourront ni occulter ni faire taire ; nous, les peuples, faisons front et luttons pour arrêter la destruction de nos territoires par le fracking, les parcs éoliens, les mines, les puits de pétrole, les gazoducs et les oléoducs dans des états tel le Veracruz, le Sonora, le Sinaloa, La Basse Californie, le Morelos, l’Oaxaca, le Yucatan et tout le territoire national.
  7. Alors que les mauvais gouvernements imposent une alimentation toxique et transgénique à tous les consommateurs des champs et des villes, les peuples Mayas maintiennent une lutte infatigable afin d’arrêter la culture de transgéniques dans la péninsule du Yucatan et dans tout le pays afin de conserver la richesse génétique ancestrale, qui, en plus, représente notre vie et l’organisation collective et la base de notre spiritualité.
  8. Alors que la classe politique ne fait que détruire et promettre, nous, les peuples, construisons non pour gouverner mais pour exister dans l’autonomie et la libre détermination.

Nos résistances et rébellions constituent le pouvoir d’en-bas, elles n’offrent ni promesses ni bons mots, mais des processus réels de transformation radicale où toutes et tous participent et qui sont tangibles dans les diverses et gigantesques géographies indigènes de cette antino. C’est pourquoi en tant que Congrès National Indigène, réuni pour ce Ve Congrès, 43 peuples de ce pays, nous nous sommes ACCORDÉS pour nommer un Conseil Indigène de Gouvernement avec des représentants, hommes et femmes, de chacun des peuples, tribus et nations qui le composent. Et que ce conseil se propose de gouverner ce pays. Et qui aura comme voix une femme indigène du CNI, c’est à dire ayant du sang indigène et une connaissance de sa culture. C’est à dire qui aura comme porte-parole une femme indigène du CNI qui sera candidate indépendante à la présidence du Mexique lors des élections de l’année 2018.

C’est pour ça que le CNI, en tant que Maison de Tous les Peuples, nous sommes les principes qui configure l’étique de notre lutte et dans laquelle tiennent tous les peuples origianires de ce pays, ces principes auxquels se réfèrent le Conseil Indigène de Gouvernement sont :

Obéir et non commander

Représenter et non supplanter

Servir et non se servir

Convaincre et non vaincre

Descendre et non monter

Proposer et non imposer

Construire et non détruire

C’est ce que nous avons inventé et réinventé non par goût, mais comme l’unique forme que nous avons de continuer à exister, c’est à dire ces nouveaux chemins sortis de la mémoire collective de nos propres formes d’organisation, qui sont les produits de la résistance et de la révolte, du faire front chaque jour à la guerre qui n’a jamais cessé et qui n’a jamais pu en finir avec nous. Dans ces formes il n’a pas seulement été possible de tracer la voie pour la reconstitution intégrale des peuples, mais aussi de nouvelles formes plus civilisées, des espoirs collectifs qui deviennent communautaires, municipales, régionales, d’état et qui apportent des réponses précises aux problèmes réels du pays, loin de la classe politique et de sa corruption.

Depuis ce Ve Congrès National Indigène nous appelons les peuples originaires de ce pays, aux collectifs de la Sexta, aux travailleurs et travailleuses, fronts et comités de lutte du champ et des villes, à la communauté étudiante, intellectuelle, artistique et scientifique, à la société civile non organisée et à toutes les personnes de coeur à serrer les rangs et passer à l’offensive, à démonter le pouvoir d’en-haut et nous reconstituer non seulement comme peuple, mais aussi comme pays, depuis en-bas et à gauche, à nous unir en une seule organisation où la dignité sera notre dernier mot et notre première action. Nous vous appelons à nous organiser et arrêter cette guerre, à ne pas avoir peur de nous construire et de nous semer sur les ruines laissées par le capitalisme.

C’est ce que nous demande l’humanité et notre mère qui est la terre, en cela nous découvrons qu’est venu le temps de la dignité rebelle que nous matérialiserons en convoquant une assemblée constitutive du Conseil Indigène de Gouvernement pour le Mexique au mois de Mai 2017 et dès ce moment-là, nous jeterons des ponts aux compañeros et compañeras de la société civile, lesmédias de communication et les peuples originaires afin de faire trembler la terre jusque dans ses entrailles, vaincre la peur et récupérer ce qui appartient à l’humanité, à la terre et aux peuples, pour la récuppération des territoires envahits ou détruits, pour le retour des disparus du pays, pour la liberté de toutes et tous les prisonniers politiques, pour la vérité et la justice pour les assassinés, pour la dignité du champ et de la ville. C’est à dire, n’ayez aucun doute, nous y allons pour tout, après tout nous savons que nous avons face à nous peut-être la dernière chance, en tant que peuples originaires et en tant que société mexicaine, de changer pacifiquement et radicalment nos propres formes de gouvernement, en faisant que la dignité soit l’épicentre d’un monde nouveau.

Depuis Oventik, Territoire Zapatiste, Chiapas, Mexique

Plus Jamais un Mexique Sans Nous

Congrès National Indigène

Armée Zapatiste de Libération Nationale

Et pendant ce temps là dans les communautés zapatistes…

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ARMÉE ZAPATISTE DE LIBÉRATION NATIONALE.

Mexique.

12 Mai 2016

url de l’article en français:

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Aux Compañer@s de la Sexta:

A qui de droit:

Compañeroas, compañeros et compañeras:

Maintenant nous allons vous parler un peu de comment vont les communautés zapatistes où résistent et luttent les bases de soutien.

Ce que nous allons vous relater maintenant vient des rapports des propres compañeras et compañeros zapatistes, responsables dans les villages, responsables de commissions (par exemple santé, éducation, jeunes etc.), autorités autonomes et responsables organisateurs. Mais avec les Comp@s du Comité nous l’avons vérifié pour voir si ce ne sont pas des mensonges, ou s’ils ne les changent pas pour que ça paraisse bien et cacher ce qui ne va pas. Le travail de ces écrits, ce n’est pas de dire des mensonges à nos comp@s de la Sexta, ni à ceux qui soutiennent et sont solidaires. Ni à vous, ni à eux, ni à elles, ni à personne d’autre.

Si nous n’avançons pas correctement, nous le disons clairement, non pas pour que vous vous sentiez plus tristes que vous ne l’êtes à cause de tout ce qui se passe là-bas, dans vos géographies et dans vos calendriers. Nous le disons car c’est notre manière de vous rendre des comptes, c’est-à-dire de vous informer, et que vous sachiez si nous prenons le chemin que nous vous avions dit, ou bien si en fait nous sommes passés à autre chose, peut-être en répétant les mêmes vices que nous critiquons.

Mais si nous avançons correctement, et bien nous voulons aussi que vous le sachiez, pour qu’ainsi vous vous réjouissiez avec le cœur collectif que nous sommes.

Comment savons-nous si nous avançons correctement ou non ? Et bien pour nous, femmes et hommes zapatistes, c’est très simple : les peuples parlent, les peuples commandent, les peuples font, les peuples défont. Au moment où quelqu’un prend le mauvais chemin, rapidement le collectif lui donne comme qui dirait sa remontée de bretelles, et ou il se corrige, ou il prend la porte de sortie.

C’est ça notre autonomie : le chemin c’est le nôtre, c’est nous qui le prenons, nous qui faisons les bons choix, nous qui nous trompons, nous qui nous corrigeons.

En résumé nous vous disons la vérité, car vous devez en avoir vraiment marre des mensonges et en être lassés. Et bien qu’elle fasse parfois mal, la vérité soulage toujours.

C’est à dire que nous ne voulons pas faire comme les mauvais gouvernements qui se sont beaucoup maquillé ces derniers jours, soit-disant pour faire plaisir au visiteur de passage, pour qu’il ne voit pas ce qu’il se passe en bas[1]. Mais ce maquillage n’a servi qu’à démontrer combien les gouvernements sont faux. Vous croyez vraiment que n’importe qui de modérément intelligent ne verrait pas la réalité? Qu’il se manifeste ou pas par rapport à cette réalité, et la forme avec laquelle il le fait, c’est autre chose, et c’est son problème.

Bon, en un peu de mots. Ce que nous vous racontons maintenant vient en complément de ce qui a déjà été expliqué dans les livres de la Petite École Zapatiste. Si vous n’avez pas assisté à la Petite École Zapatiste, que ce soit en communauté ou extra-muros, ou bien si vous ne connaissez pas ce que disent les livres de texte, et bien nous vous recommandons de les lire. Á l’intérieur, vous allez apprendre comment s’est déroulé le processus de construction de l’autonomie.

Ce qu’il se passe là, c’est nouveau, ce sont des nouvelles choses qui apparaissent, c’est à dire que ça n’existait pas il y a un ou deux ans :

  • La croissance zapatiste se maintient. Il y a de plus en plus de jeunes hommes et jeunes filles qui rentrent.
  • Pour ce qui est de la santé, les compañeras et les compañeros sont sur le bon chemin. Ce qu’on voit, c’est que dans leurs cliniques autonomes il y a moins de personnes qui arrivent car le travail de prévention a beaucoup augmenté, grâce aussi au suivi que procurent les promoteurs de santé autonome. C’est à dire que les gens sont moins malades. Dans les cliniques zapatistes autonomes, ceux qui arrivent de plus en plus fréquemment ce sont les gens des partis politiques.
  • Pour ce qui est de l’éducation, pour l’éducation primaire c’est pareil. Mais maintenant il y a une nouvelle exigence des communautés: le collège et le lycée. Dans certaines zones il y a un collège, mais pas partout. Maintenant, il y a des jeunes hommes et des jeunes femmes qui demandent l’éducation supérieure. Ils ne veulent pas des ateliers, mais des études supérieures dans les Sciences et dans les Arts. Mais pas des études selon le mode capitaliste des universités institutionnelles, mais des études selon notre mode. Sur ce point on a encore beaucoup à faire.
  • Pour ce qui est de l’économie, sans vous raconter ce qui existe déjà et qui se maintient en termes de travaux collectifs et individuels (milpa, haricot, plants de café, volaille, banane, mouton, bétail, boutique, miel d’abeille, potager, achat et vente de bétail, et autres types de produits), ce qu’on a constaté c’est que leur production a augmenté, ce qui a amélioré l’alimentation et la santé, surtout chez les jeunes et les enfants.
  • Dans certaines zones les promoteurs de santé autonome sont déjà en train de se former en échographie, en étude de laboratoire, en consultation générale, en odontologie et en gynécologie. De plus des campagnes de santé préventive sont réalisées dans les régions. Dans une zone, avec les bénéfices obtenus par le travail collectif, du bétail, du matériel de laboratoire et des appareils d’échographie ont déjà pu être acquis. Ils ont déjà des compañeros et compañeras formés à l’usage de ces appareils, produit de l’enseignement réciproque entre promoteurs de santé d’un caracol à l’autre, c’est-à-dire qu’ils se sont donnés des cours entre eux -mêmes. Et une autre clinique-hôpital est déjà en construction, pour qu’à partir de maintenant on puisse y faire de petites chirurgies, comme cela se fait déjà à la Realidad ou à Oventik.
  • Pour ce qui est du travail de la terre, les collectifs de milpa [culture de maïs et de plantes associées] et de bétail se sont beaucoup développés. Avec les bénéfices, en plus de se procurer des appareils et des médicaments pour les cliniques, ils se sont acheté un tracteur.
  • Pour le commerce, les épiceries coopératives ont obtenu leur indépendance économique, et ont maintenu des prix bas pour les familles zapatistes. Cela c’est possible car il n’y a personne qui s’enrichit sur la hausse des produits de consommation de base.
  • Dans les boutiques autonomes, il n’y pas de vêtements de marques exclusives ni les dernières modes pour s’habiller, mais il ne manque ni les naguas [jupes traditionnelles], habits, blouses, pantalons, chemises, chaussures (la majorité fabriquées dans les cordonneries autonomes), ni de ce que chacun utilise pour couvrir ses parties intimes.
  • Dans les collectifs de production et de commerce, ce sont les compañeras qui ont le plus avancé. Il y a quelques années, une quantité résultant du travail collectif de la comandancia, des comités et des insurgé-e-s, (oui, nous aussi nous travaillons pour produire et obtenir de l’argent), a été destinée à chaque municipalité autonome, pour que les compañeras bases de soutien la travaillent en collectif dans ce qui serait décidé par elles-mêmes.

Et il se trouve qu’elles s’en sont sorties meilleures administratrices que les hommes, car dans une municipalité les compañeras ont non seulement mis en place avec succès un collectif de bétail, mais maintenant elles sont tellement avancées qu’elles mettent leurs vaches «à partager» dans d’autres villages avec des collectifs de femmes («à partager» disent les zapatistes, quand ce qui a été obtenu se partage en deux, et que cette moitié est donnée à une autre «partie » ).

  • Il s’est passé la même chose avec les épiceries coopératives: elles en sont déjà à faire des prêts aux autres collectifs de région ou aux villages, et même à des compañeras
  • Toutes les municipalités autonomes effectuent un travail collectif de milpa, et d’autres ont du bétail. Toutes les régions ont un travail collectif qui donne des bénéfices. Par exemple, lors de la dernière célébration, les régions ont coopéré pour la vache qu’ils ont mangé durant la fête et pour les musiciens.
  • La grande majorité des villages effectuent des travaux collectifs. Dans certains villages, les hommes ne travaillent pas en collectif mais les compañeras si, et il y a des villages où se sont 2 collectifs, un collectif de compañeros et un collectif de compañeras. Individuellement tous luttent pour aller bien, et ils ont réussi à aller de l’avant et s’en sortir. Tant les milicien-e-s que les insurgé-e-s travaillent dans des collectifs de production pour subvenir à leurs besoins et soutenir les villages.
  • Dans le caracol d’Oventik, il ont déjà une tortilleria Nous ne savons pas combien coûte actuellement le kilo de tortilla dans vos géographies, mais à Oventik il est à 10 pesos le kilo. Et elles sont de maïs, pas de farine industrielle. Les transports publics font même des voyages spéciaux pour aller y acheter leurs tortillas. Dans la zone de Los Altos au Chiapas, là oú se trouve le caracol d’Oventik, on ne produit pas de maïs. Le maïs est produit dans les régions de la Selva et est commercialisé entre les collectifs de zone, pour que les familles zapatistes aient du maïs à bon prix et sans intermédiaires. Pour ça, on utilise des camions qui ont été donnés aux Conseils de Bon Gouvernement par des personnes bien attentionnées dont on ne va pas dire le nom, mais elles et nous savons de qui il s’agit.
  • Dans beaucoup de villages zapatistes, environ 50% travaille en collectif, et le reste en individuel. Dans d’autres, la majorité travaille en individuel. Bien que l’on promeuve le travaille collectif, le travail individuel qui n’exploite pas d’autres individus est respecté. Tant dans le travail collectif que dans le travail individuel, non seulement ils se maintiennent, mais en plus ils progressent.
  • Suivant chaque endroit, c’est comme cela que s’organisent les travaux collectifs. Il y a des collectifs dans les villages, et dans certains, il y a des collectifs d’hommes, des collectifs de femmes et des collectifs de jeunes. Il y a des collectifs de région ou de commune. Il y a des collectifs de zone ou de Conseil de Bon Gouvernement. Quand un collectif est plus avancé, il soutient les autres collectifs qui sont plus en retard. Ou bien, comme dans certaines régions, le travail collectif de production alimentaire est destiné aux internats qui existent pour les écoles secondaires autonomes.

-*-

Tout ce que nous vous racontons sur ces avancées ne vient pas du commandement zapatiste, c’est-à-dire que ce n’est pas sorti de la tête de quelques-uns, mais provient des réunions de partage entre les villages eux-mêmes.

Lors de ces réunions de partage, ils se racontent leurs travaux, leurs avancées, leurs problèmes et  leurs erreurs. De là sortent de nombreuses et de nouvelles idées qu’ils échangent entre eux. En d’autres mots, les compañeros et compañeras s’apprennent les uns les autres.

Et on vous dit bien sûr que nous, en tant que commandants, nous apprenons aussi, et beaucoup, de nos compañeras et compañeros zapatistes.

C’est terrible et merveilleux ce que nous regardons et ce que nous écoutons, ça l’est tellement que nous ne savons pas ce qui va ressortir de toute cette avancée.

Nous ne vous parlons pas pour le moment du réarmement des paramilitaires, de l’augmentation des patrouilles militaires, aériennes et terrestres, et de tout ce que font les mauvais gouvernements pour essayer de nous détruire. Nous ne vous donnons pas plus de détails, parce que nous savons bien que pour vous non plus ce n’est pas facile, que vos résistances et rébellions endurent des agressions tous les jours, à toutes heures et de toutes parts. Et que, quoi qu’il en soit, vous restez rebelles et en résistance.

Mais nous savons que vous savez que tout ce que nous vous racontons se déroule au milieu des agressions, des attaques, des harcèlements, des calomnies et des silences complices. Au milieu d’une guerre, donc.

Et bien que lors des périodes sombres, comme celle qu’on subit en ce moment, surgissent des « commerçants de l’espoir », nous, l@s zapatistes, nous ne nous laissons pas emporter par les balivernes ecclésiales, séculières ou laïques de soi-disant « nouveaux constituants » qui veulent « nous sauver » et qui ont recours aux mêmes vieilles méthodes de coercition qu’ils disent critiquer, et qui mentent sur de soi-disant soutiens de l’EZLN, tandis qu’ils tentent de rééditer l’histoire avec le soutien d’ « avant-gardes » obsolètes, qui ne sont plus depuis longtemps à la hauteur de leur propre héritage.

L’EZLN ne soutien aucune vente de bijoux de pacotille. Nous sommes en 2016, pas en 1521, réveillez-vous.

-*-

Compas de la Sexta, Frères et Sœurs du Congrès National Indigène :

De toutes nos forces, et au milieu de toutes ces turpitudes, nous les femmes et les hommes zapatistes nous nous préparons au pire, pour ce qui arrive.

Nous n’avons pas peur. Pas parce que nous sommes téméraires, mais parce que nous avons confiance en nos compañer@s.

C’est comme si, face à la tempête qui secoue déjà les ciels et les sols du monde, les bases de soutien zapatistes avaient grandi. Que c’est maintenant que brille le plus leur habilité, leur sagesse, leur imagination et leur créativité.

En réalité ce que cherche ces paroles, plus que d’informer ou de rendre des comptes, c’est de vous embrasser, vous tous, vous toutes et touzes, et vous rappeler qu’ici, dans ce recoin du monde, vous avez des compas qui ne vous oublient pas, malgré les distances entre les calendriers et les géographies.

Mais tout ne va pas bien. Pour être clair, il faut vous dire qu’il y a un défaut que nous voyons : les femmes zapatistes sont en train d’avancer plus que les hommes. C’est-à-dire que ça n’avance pas au même rythme.

Le temps où l’homme était le seul à rapporter la paye pour la maison s’estompe de plus en plus. Maintenant, dans certaines zones, les collectifs de femmes donnent du travail aux hommes. Et ils sont nombreux, les foyers zapatistes où la femme est celle qui va donner de l’argent à l’homme pour qu’il s’achète tant sa chemise que son pantalon, son bandana et puis son peigne, pour qu’il soit bien bel homme, lors des prochaines activités que nous annoncerons bientôt.

Parce que, peut-être que nous sommes sales, laids et mauvais, mais en tous cas : nous sommes bien peignés.

Depuis les montagnes du sud-est mexicain.

Sous-commandant Insurgé Moisés. Sous-commandant Insurgé Galeano.

Mexique, février 2016.

Du Carnet de Notes du Chat-Chien :

Fragment de la conversation entre quelques partidistes et quelques zapatistes :

Partidistes : En tant qu’EZLN, vous ne recevez pas de programme du gouvernement comme Procampo, Prospera, Nuevo Amanecer de los Ancianos?

Zapatistes : Non.

Partidistes : En tant qu’organisation, qui les subventionne?

Zapatistes : Nous sommes organisés et nous avons des bases de soutien qui travaillons ensemble et nous gouvernons, et nous avons des travaux collectifs et avec ça nous obtenons des ressources économiques pour soutenir notre résistance.

Partidistes : -Et de quelle manière nous en tant que société civile pouvons-nous nous organiser, et comment pouvez-vous nous conseiller, nous guider et nous enseigner ?

Zapatistes : Faites-vous votre idée de la situation avec les médias libres ou avec le Congrès National Indigène. Nous nous ne sommes pas là pour dire et pour décider comment vous allez vous organiser ni pour donner un nom à votre organisation. Que le peuple pense et décide quoi faire et comment il va s’organiser.

Partidistes : Que devons-nous faire?

Zapatistes:  Notre idée est de faire tomber le système capitaliste.

-*-

Rapport sur la discussion tenue, un matin très tôt du mois de février, entre celui qu’on appelle Sous-commandant Insurgé Moisés et le dénommé SupGaleano :

SupMoy : Le rapport dit qu’il y a des menaces de mort et que le gouvernement veut attaquer les caracoles pour en finir une fois pour toutes avec le zapatisme, que c’est parce qu’ils font mauvaise impression aux gouvernements.

SupGal : …

SupMoy : Qu’ils nous cherchent toi et moi pour nous tuer.

SupGal : « Nous tuer » ? C’est pas plutôt « nous arrêter » ?, « nous capturer » ?

SupMoy: Non, le rapport dit, « pour les tuer ».

SupGal : Ptain d’sa mère, et pourquoi moi ? Ça c’est du racisme-colonialiste-hétéro-patriarcal-eurocentré. Si c’est toi le porte-parole, c’est toi qui prends. Moi je suis que le dernier bastion du machisme zapatiste, et t’as vu qu’on est en franc déclin. En plus, pourquoi la violence ? Avant, ils disaient seulement « arrêter », « convocation », « détention », maintenant « tuer ». Et en plus moi je suis déjà mort plusieurs fois, ils ne me le prennent pas en compte ? C’est bon, qu’ils le classifient et mettent « mission accomplie ». Mais ne change pas de sujet, je te dis qu’il ne faut pas mettre dans le communiqué l’histoire des collectifs de femmes.

SupMoy : Et pourquoi non?

SupGal: Ben parce que si on le dit on va avoir des problèmes avec le genre masculin. Toute une tradition de films de Pedro Infante et de chansons de José Alfredo Jiménez risquent de disparaître. Toi tu es d’accord avec le fait que disparaissent des cultures ancestrales ? Non, n’est-ce pas ?

SupMoy: Ben comme disait le défunt : les dés sont jetés, parce que je l’ai déjà mis.

SupGal: Comment?!! Et la solidarité de genre?

SupMoy : Vaut mieux que tu réfléchisses à quoi faire pour que les hommes se motivent plus et fassent avancer leurs collectifs.

SupGal: Ok, ok, ok. On a besoin de retourner à nos racines, comme on dit. Je vais faire un programme spécial pour Radio Insurgente. Rien de Games of Thrones ni rien de rien ; que des chansons du grand camarade et dirigeant, premier du nom, roi de Garibaldi, père des dragons, et seigneur des sept lieux : Pedro Infante.

SupMoy: Hahahahahaha. Ils ne vont pas te le diffuser. C’est une compañera qui s’occupe de la programmation.

SupGal: P’tain d’sa mère, maudite loi révolutionnaire des femmes! Et de José Alfredo Jiménez?

SupMoy: Uuy ! De lui encore moins.

SupGal: Mmh… Les Bukis alors ?…  Les Téméraires ?… Brindis?… Los Tigres del Norte? Piporro?

La discussion a continué jusqu’à ce que le chat-chien, se faisant les ongles, conclue : ouaf-miaou.

C’était tôt le matin, il faisait très froid et, malgré le fait qu’une ombre se dressait sur la face de la terre, une petite lumière réchauffait le mot « résistance ».

J’atteste sur l’honneur de genre.

Note : Cet écrit a été réalisé sur un logiciel libre de traitement de textes à code source ouvert, avec un système d’exploitation GNU/Linux sous distro UBUNTU 14.04 LTS, sur un ordinateur de la marque très célèbre et très select « La Migaja Z.A. de C.V. de R.L » (note : « Z.A » ce sont les initiales de « Zapatiste Autonome » ; « C.V » de « Coopération Virtuelle » ; « R.L. » de « Rébellion Ludique »), modèle « Deus Ex Machina 6.9 », reconstruit (c’est-à-dire qu’il s’est cassé, mais qu’on l’a remonté comme un casse-tête) au Département de Haute Technologie Alternative Zapatiste (DATAZ, de par ses initiales en espagnol). Ok, ok, ok, au final ça donne une figure géométrique tridimensionnelle que nous appelons « KEKOSAEDRO » -parce que personne ne sait ce que c’est-, et il y a quelques câbles et quelques vis qui nous sont restés dans les mains, mais il marche bien… jusqu’à ce qu’il ne marche plus. « UBUNTU », en langue zoulou, signifie aussi « Je suis parce que nous sommes ». Dîtes « OUI » au logiciel libre. ¡Fuck Microsoft, Apple and so forth (if you know what I mean)! ¡Linux rules!

[1]Référence à la visite du pape François au Chiapas durant le mois de février 2016.

Résistance au colonialisme: Réponse de l’EZLN et du Sup Marcos/Galeano à l’avis de prescription du mandat d’arrêt mexicain à son encontre depuis 1995…

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, colonialisme, démocratie participative, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, militantisme alternatif, N.O.M, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, police politique et totalitarisme, politique et lobbyisme, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , on 27 février 2016 by Résistance 71

Pourquoi ne vous auto-prescrivez-vous pas ceci ? [i]

Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN)

Mexique

Au ministère fédéral de la justice du Mexique:

Tout ce temps, les seuls terroristes ont été ceux qui, pour plus de 80 ans, ont si mal gouverné ce pays. Vous êtes simplement l’évier où les génocidaires viennent se laver les mains et ensemble vous avez converti le système judiciaire en une latrine bouchée pathétiquement conçue, le drapeau national en un rouleau de papier toilette réutilisable et le sceau national en un logo fait de malbouffe, fastfood non digérée. Tout le reste n’est que pur théâtre afin de simuler une justice là où il n’y a qu’impunité éhontée, de simuler un “gouvernement institutionnel” là où il n’y a rien de plus que dépossession et répression.

Alors, autoprescrivez-vous ceci: [IMAGE à voir sur l’article original, elle vaut le coup !…]

De 6 pieds sous terre.

Le décédé et regretté (ha!) SupMarcos

(signature)

Pourquoi tant de sérieux ?

J’adhère et souscrit ( et non pas prescrit/expire):

SupGaleano

(signature)

Autorisé par le commandement général de l’EZLN

Subcomandante Insurgente Moisés

(signature)

Mexique

Février 2016

P.S. Alors, ceci veut-il dire que Tampiqueño [ii] est maintenant libre de quitter la communauté et d’aller manger du crabe farci ? Il paiera la facture bien entendu, autrement oubliez. Il est donc libre maintenant de faire ce que tous les autres Mexicains peuvent faire ? C’est à dire que maintenant il est libre d’être exploité, moqué, escroqué, humilié, espionné, extorqué, kidnappé, assassiné et de souffrir toutes ces insultes à son intelligence par ceux qui disent et prétendent gouverner ce pays ? Je dis et demande çà parce que ce sont les seules choses que garantissent les “institutions” à tout citoyen de ce pays qui n’est pas d’en-haut.

[i] Ce communiqué est une réponse de l’EZLN à l’annonce récente faite par le ministère fédéral de la justice du Mexique et son conseil judiciaire qui a conclu que le mandat d’arrêt contre le Subcomandante Insurgente Marcos (d’alors) pour des actions provenant du soulèvement du 1er Janvier 1994, avait expiré (“se prescribe” en espagnol), par le fait de la clause de prescription de 20 ans des crimes dont il était accusé. Les accusations étaient: terrorisme, sédition, mutinerie, rébellion et conspiration.

L’EZLN ici joue sur le double sens du mot “prescribirse” (expire et prescrire). L’autorité judiciaire mexicaine dit que son mandat d’arrêt “se prescribe” (a expiré) et l’EZLN répond, “pourquoi ne pas vous “autoprescribirse” (auto-expirer/prescrire)….cela.”

[ii] “El Tampiqueño” est le nom donné par l’EZLN à la personne que le gouvernement mexicain proclama être en 1995 derrière le Subcomandante Insurgente Marcos.

Source: http://enlacezapatista.ezln.org.mx/2016/02/26/why-dont-you-self-prescribe-this/

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

Résistance politique: Puissant message d’union de l’EZLN (Chiapas, Mexique)

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, écologie & climat, économie, colonialisme, crise mondiale, démocratie participative, guerres hégémoniques, militantisme alternatif, N.O.M, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, philosophie, politique et social, résistance politique, société libertaire, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , on 5 janvier 2016 by Résistance 71

Ceci constitue un des textes les plus politiquement puissants que nous ayons traduit ces derniers mois, il rassemble quasiment point par point ce que nous pensons sur la méthodologie du changement de paradigme politique. Les Zapatistes du sud-est mexicain l’ont fait. Ils nous appellent, nous les peuples du monde, à faire de même et à nous unir, ce que nous avons dit sans relâche ici même.

L’avenir de l’humanité passe par les peuples occidentaux émancipés de l’idéologie colonialiste, se tenant côte à côte avec leurs frères des peuples et nations originels des cinq continents, pour lancer et façonner la société des sociétés, les confédérations d’associations libres autonomes, hors état et hors capitalisme, entités criminelles, parasites et totalement obsolètes.

Il suffit de dire NON ! ASSEZ !… ¡YA BASTA!

Imprimez ce texte, passez-le sous word, pdf, diffusez-le sans aucune modération. Rares sont les déclaration d’une telle puissance politique aujourd’hui. Merci de diffuser.

— Résistance 71–

 

Paroles de l’EZLN en ce 22ème anniversaire du commencement de la guerre contre l’oubli

1er janvier 2016

url de l’article original:

http://enlacezapatista.ezln.org.mx/2016/01/01/palabras-del-ezln-en-el-22-aniversario-del-inicio-de-la-guerra-contra-el-olvido/

~ Traduit de l’espagnol par Résistance 71 ~

Bonne soirée, bonjour compañero et compañera bases de soutien de l’Armée Zapatiste de Liberation Nationale (EZLN), compañero/as miliciens et miliciennes, rebelles, responsables régionaux et locaux, autorités des trois niveaux de gouvernement autonome, compañero/as promoteurs des différentes zones de travail, compañeros et compañeras du sixième (appel) international et à tous ceux présents.

Compañeras et compañeros, nous sommes ici pour célébrer aujourd’hui le 22ème anniversaire du commencement de la guerre contre l’oubli.

Depuis plus de 500 ans, nous avons enduré la guerre que les puissants de différentes nations, de différentes langues, couleurs et croyances, ont mené contre nous afin de nous annihiler.

Ils voulaient nous tuer, que ce soit en tuant nos corps ou en tuant nos idées.

Mais nous résistons.

En tant que peuples originels, en tant que gardiens de la terre-mère, nous résistons.

Pas seulement ici et pas seulement notre couleur, qui est la couleur de la terre.

De tous les coins de la terre qui ont souffert dans le passé et qui souffrent toujours maintenant, il y a eu et il y a toujours des peuples rebelles et dignes qui ont résisté, qui résistent contre la mort imposée d’en haut.

Le 1er janvier 1994, il y a 22 ans, nous avons rendu public notre “¡Ya Basta!”, “Assez !” que nous avions préparé dans un digne silence pendant une décennie.

En réduisant au silence notre douleur, nous préparions son cri.

Notre parole, à cette époque, vint du feu.

Afin de réveiller ceux qui dormaient.

De faire se lever les morts.

Pour faire revenir à la raison ceux qui s’étaient conformés et qui avaient abandonné.

Pour se rebeller contre l’histoire.

Pour la forcer à dire ce qu’elle avait réduit au silence.

Pour révéler l’histoire de l’exploitation, des meurtres, des dépossessions, du manque de respect en oubliant que cela se cachait derrière l’histoire d’en haut.

Cette histoire de musées, de statues, de livres et de monuments au mensonge.

Avec la mort de notre peuple, avec notre sang, nous avons stupéfié un monde résigné à la défaite.

Ce ne fut pas seulement des mots. Le sang de nos compañeros tombés dans ces 22 années fut ajouté au sang de ceux des années précédentes, des décennies et des siècles.

Nous avons alors dû choisir et nous avons choisi la vie.

C’est pourquoi, alors et maintenant, afin de vivre, nous mourrons.

Notre parole d’alors était aussi simple que notre sang repeignant les murs des rues des villes où ils nous manquent de respect aujourd’hui comme alors.

Et cela continue:

L’étendard de notre lutte fut nos 11 demandes: terre, travail, nourriture, santé, éducation, logement décent, indépendance, démocratie, liberté, justice et paix.

Ces demandes constituèrent ce qui nous fit nous révolter en armes car ce furent ces choses que nous, le peuple originel et la vaste majorité du peuple de ce pays et du monde entier, ont besoin.

De cette manière, nous avons commencé notre lutte contre l’exploitation, contre la marginalisation, l’humiliation, le manque de respect, l’oubli et toutes les injustices que nous avons vécu et qui furent causées par le mauvais système (colonial).

Parce que nous ne sommes utiles aux riches et aux puissants que comme leurs eslcaves afin qu’ils deviennent de plus en plus riches et que nous devenions de plus en plus pauvres.

Après avoir vécu pendant si longtemps sous cette domination et pillage perpétuel nous avons dit:

ASSEZ ! ICI S’ARRETE NOTRE PATIENCE !

Et nous avons vu que nous n’avions pas d’autre choix que de prendre les armes pour tuer ou pour mourir pour une juste cause.

Mais nous ne fûmes pas seuls.

Nous ne le sommes pas non plus maintenant.

Au Mexique et dans le monde, la dignité est descendue dans les rues et a demandé un espace pour la parole.

Nous comprîmes.

Dès ce moment, nous avons changé la forme de notre lutte. Nous étions et sommes toujours une oreille attentive et ouverte sur le monde, parce que depuis le départ nous savions qu’une lutte juste du peuple est pour la vie et non pas pour la mort.

Mais nous avons nos armes à nos côtés, nous ne nous en sommes pas débarrassés, elles seront avec nous jusqu’à la fin.

Parce que nous voyons que là où notre oreille fut un cœur ouvert, le dirigeant a utilisé sa parole mensongère ainsi que son cœur fourbe et ambitieux contre nous.

Nous avons vu que la guerre d’en haut continuait.

Leur plan et objectif furent et est toujours de nous faire la guerre jusqu’à ce qu’ils puissent nous exterminer. C’est pourquoi au lieu de répondre à nos justes demandes, ils préparèrent et préparent, firent et font la guerre avec leurs armes modernes, entraînent et financent les escadrons paramilitaires, donnent et distribuent des miettes de leur butin prenant avantage de la pauvreté et de l’ignorance de certains.

Ces dirigeants d’en haut sont stupides. Ils pensent que ceux qui étaient d’accord pour écouter seraient aussi d’accord pour se vendre, se rendre et abandonner.

Ils ont eu tort alors.

Ils ont tort maintenant.

Parce que, nous, les Zapatistes savons très bien que nous ne sommes pas des mendiants ou des bons-à-rien qui espèrent que tout va simplement s’arranger de soi-même.

Nous sommes un peuple qui a de la dignité, de la détermination et la conscience de combattre pour la véritable liberté et la justice pour tous et ce quelque soit la couleur, la race, le genre, la croyance, le calendrier ou la géographie.

C’est pourquoi notre lutte n’est pas locale, régionale ni même nationale. Elle est universelle.

Parce que les injustices, les crimes, les dépossessions, le manque de respect et l’exploitation sont universels.

Mais aussi telle est la rébellion, la rage, la dignité et le désir profond de toujours faire mieux.

C’est pourquoi nous avons compris qu’il était nécessaire de bâtir notre vie nous-mêmes, avec autonomie.

Sous les menaces majeures, le harcèlement militaire et paramilitaire et les provocations constantes du mauvais gouvernement, nous avons commencé à former notre propre système de gouvernance, notre autonomie, avec notre propre système d’éducation, notre propre système de santé, notre propre communication, notre façon de nous occuper et de travailler avec notre terre-mère, notre propre politique en tant que peuple et notre propre idéologie sur le comment nous voulons vivre en communautés, avec une autre culture.

Là où d’autres espèrent que ceux d’en haut vont résoudre les problèmes de ceux d’en bas, nous les Zapatistes ont commencé à construire notre liberté comme elle est semée, construite, là où elle pousse, c’est à dire, d’ici, d’en bas…

Mais le mauvais gouvernement essaie de détruire et de mettre fin à notre lutte et notre résistance avec une guerre qui change en intensité comme elle change de politique mensongère, avec ses mauvaises idées, ses mensonges, utilisant les médias pour les propager et en donnant des miettes aux communautés indigènes où les zapatistes vivent afin de les diviser et d’acheter la conscience des gens à très bon marché, mettant ainsi en place leur plan de contre-insurrection.

Mais la guerre qui vient d’en haut, compañeras et compañeros, frères et sœurs, est toujours la même: elle n’amène que mort et destruction.

Les idées et les drapeaux peuvent bien changer avec qui est en charge, mais les guerres d’en haut détruisent toujours, tuent toujours, ne sèment jamais rien d’autre que la terreur et le désespoir.

Au milieu de cette guerre, nous avons dû marcher vers ce que nous voulions.

Nous ne pouvions pas nous assoir et attendre la compréhension de ceux qui ne comprennent même pas qu’ils ne comprennent pas.

Nous ne pouvions pas nous assoir et attendre pour que le criminel d’en haut se répudie lui-même et son histoire et se convertisse, repentant, en une bonne personne.

Nous ne pouvions pas nous assoir et attendre pour qu’une très grande liste de promesses qui seront oubliées quelques minutes après avoir été faites, ne se réalisent jamais.

Nous ne pouvions pas attendre pour l’autre, différent, mais avec la même douleur et la même colère, de nous regarder et en nous regardant, de voir.

Nous ne savions pas comment le faire.

Il n’y avait pas de livre, pas de manuel ou de doctrine qui nous ont dit que faire afin de résister et simultanément, de construire quelque chose de nouveau, de meilleur.

Peut-être pas parfait bien sûr, peut-être différent, mais toujours à nous, à notre peuple, les femmes, les hommes, les enfants, les anciens qui, dans leur cœur collectif, couvrent le drapeau noir avec une étoile rouge à cinq branches et les lettres qui leur donnent non seulement un nom, mais aussi un but, une destinée: EZLN.

Alors nous avons recherché dans notre histoire ancestrale, dans notre cœur collectif et au travers des hoquets, des faiblesses et des erreurs, nous avons construit ce que nous sommes et ce qui non seulement nous fait continuer à vivre et à résister, mais aussi nous élève dignifiés et rebelles.

Pendant ces 22 années de lutte et de résistance, de rébellion, nous avons continué à construire une autre forme de vie, nous nous sommes gouvernés nous-mêmes en tant que peuple, que collectif que nous sommes, en accord avec les sept principes de diriger en obéissant, construisant un nouveau système et une autre forme de vie en tant que peuples originels.

Un système où le peuple commande et le gouvernement obéit.

Et nous voyons, depuis notre cœur simple, que ceci correspond à la manière la plus saine, parce qu’elle est née et grandit du peuple lui-même. C’est le peuple qui donne ses opinions, discute, pense, analyse, fait des propositions et décide ce qui est le mieux pour tout le monde, suivant en cela l’exemple de nos ancêtres.

Comme nous l’expliquerons plus en détail plus tard, nous voyons bien que la négligence et la pauvreté règnent dans les communautés partidista (les suiveurs de partis politiques) ; elles sont gérées par la fainéantise et le crime, brisant la vie communautaire, déchirée fatalement et irrémédiablement.

Se vendre au mauvais gouvernement n’a non seulement pas résolu leurs problèmes de base, mais leur a donné encore plus d’horreurs à gérer. Là où avant il y avait la faim et la pauvreté, il y avait maintenant la faim, la pauvreté et le désespoir. Les communautés partistada sont devenues des foules de mendiants qui ne travaillent pas, qui ne font qu’attendre le prochain programme d’aide du gouvernement (mexicain), c’est à dire, la prochaine saison électorale.

Ceci ne figure bien sûr pas dans quelque rapport d’état fédéral ou de gouvernement municipal que ce soit, mais c’est la vérité de terrain et peut se voir dans les communautés partidista: celles des paysans fermiers qui ne savent plus comment travailler la terre, vivant dans des blocs de ciment avec des toits en tôles d’aluminium, vides parce qu’on ne peut pas manger le ciment ni le métal, des communautés qui n’existent que pour recevoir l’aumône, les miettes du gouvernement.

Peut-être que dans nos communautés il n’y a pas de maisons en ciment ou de télévisions numériques ou des camions tous neufs, mais nos gens savent très bien comment travailler la terre. La nourriture est sur toutes les tables, les habits qu’ils portent, les médicaments qu’ils utilisent, la connaissance qu’ils acquièrent, la vie qu’ils mènent sont LES LEURS, ainsi que leur connaissance et le produit de leur travail. Cela ne provient de personne d’autre.

Nous pouvons dire ceci sans honte aucune: Les communautés zapatistes ne sont pas seulement mieux qu’elles ne l’étaient il y a 22 ans, mais leur qualité de vie est bien meilleure que dans celles qui se sont vendues aux partis politiques de toutes couleurs et rayures possibles.

Avant, afin de savoir si quelqu’un était zapatiste, il suffisait de chercher un grand mouchoir rouge ou une cagoule noire.

Maintenant, il suffit de voir s’ils travaillent la terre, s’ils s’occupent de leurs cultures. S’Ils étudient les sciences et la technologie, s’ils respectent les femmes que nous sommes, si leur regard est direct et clair, s’ils savent que c’est le collectif qui dirige. S’ils voient le travail du gouvernement autonome zapatiste en rébellion comme un service et non pas comme un business ; si vous leur demandez quelque chose qu’ils ne savent pas, ils vous répondent: “je ne sais pas… encore…” Si lorsque quelqu’un se moque d’eux en disanrt que les Zapatistes n’existent plus ou qu’ils sont peu nombreux, ils répondent: “ne vous inquiétez pas, nous serons plus nombreux, cela prendra un peu de temps, mais nous serons bien plus nombreux” ; si leurs regards observent loin dans les calendriers et les géographies ; s’ils savent que demain se plante aujourd’hui.

Nous reconnaissons bien évidemment qu’il y a encore beaucoup à faire, nous devons nous organiser mieux et nous organiser plus.

C’est pourquoi nous devons faire un encore plus grand effort pour nous préparer à porter plus efficacement et plus extensivement le boulot de nous gouverner nous-mêmes, parce qu’au pire, le sytème capitaliste va revenir nous chercher.

Nous devons savoir comment le confronter. Nous avons déjà 32 ans d’expérience dans la lutte de rébellion et la résistance.

Et nous sommes devenus ce que nous sommes.

Nous sommes l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (NdT: EZLN est l’acronyme espagnol pour Ejercito Zapatista de Liberación Nacional).

C’est ce que nous sommes bien qu’ils ne nous nomment pas.

C’est ce que nous sommes même s’ils nous oublient par le silence et la calomnie.

C’est ce que nous sommes bien qu’ils ne nous voient pas.

C’est ce que nous sommes par nos pas, notre chemin, dans notre origine et dans notre destinée.

Nous regardons ce que nous étions auparavant et ce qui est maintenant.

Une nuit sanglante, pire qu’avant si c’est possible, s’étend au monde.

Le dirigeant n’est pas seulement programmé pour continuer à exploiter, à réprimer, à maltraiter et à déposséder, mais il est déterminé à détruire le monde entier si ce faisant il peut en tirer un profit quelconque, de l’argent, un salaire.

Il est clair que le pire est à venir pour nous tous.

Les multimillonnaires de quelques pays continuent leur objectif de piller les ressources naturelles du monde entier, tout ce qui nous donne la vie comme l’eau, la terre, les forêts, les montagnes, les rivières, l’air et tout ce qu’il y a sous le sol: l’or, le pétrole, le gaz, l’uranium, l’ambre, le soufre, le carbone et autres minéraux et minerais.

Ils ne considèrent pas la terre comme une source de vie, mais comme un business par lequel ils peuvent tout transformer en commodités et donc en argent, et en faisant cela ils vont totalement nous détruire tous.

Le mal et ceux qui le porte ont un nom, une histoire, une origine, un calendrier, une géographie: c’est le système capitaliste.

Aucune importance de quelle couleur ils le peignent, quel nom ils lui donnent, de quelle religion ils le déguisent, quel drapeau ils lèvent… C’est le système capitaliste.

C’est l’exploitation de l’humanité entière et de la totalité du monde que nous habitons.

C’est le manque de respect et le dénigrement pour tout ce qui est différent et ce qui ne se vend pas, n’abandonne pas, ne se laisse pas corrompre.

C’est le système qui persécute, incarcère, assassine.

Il vole.

A la tête de ce sytème, il y a des figures qui émergent, se reproduisent, grandissent et meurent: les sauveurs, les leaders, les caudillos, les candidats, les gouvernements (d’état), les partis politiques qui offrent leurs solutions toutes prêtes.

Ils offrent des recettes, comme une autre commodité, pour résoudre les problèmes.

Peut-être qu’il y a encore quelqu’un quelque part qui croit toujours que d’en haut, là où les problèmes sont créés, viendront aussi les solutions.

Peut-être y a t’il quelqu’un qui croit en des sauveurs locaux, régionaux, nationaux, mondiaux.

Peut-être y a t’il ceux qui espèrent toujours que quelqu’un va faire ce que nous devons faire nous-même.

Ce serait bien n’est-ce pas ?

Tout serait si facile, si confortable, ne demanderait pas beaucoup d’efforts. Cela voudrait dire de lever la main, remplir un papier, choisir un nom, mettre le papier dans l’urne, applaudir, crier des slogans, s’affilier à un parti politique et voter pour en virer un et le remplacert par un autre.

Peut-être, disons-nous, nous les Zapatistes, nous pensons, nous sommes ce que nous sommes.

Ce serait bien si les choses étaient comme çà, mais elles ne le sont pas.

Ce que nous avons appris en tant que Zapatistes, et sans que personne ou quoi que ce soit ne nous le disent, sauf notre propre voie en tant qu’enseignant, est que personne, absolument personne ne va venir nous sauver, nous aider, résoudre nos problèmes, soulager notre douleur ou nous amener la justice dont nous avons besoin et que nous méritons.

Il n’y a que ce que nous faisons nous-mêmes, tout le monde dans son propre calendrier et agenda et géographie, en nom collectif, de par la pensée et l’action de tout à chacun individuellement et collectivement, en accord avec sa propre origine et destinée, qui compte.

Nous avons aussi appris en tant qe Zapatistes que ceci n’est possible qu’avec organisation.

Nous avons appris qu’il est bon si une personne se mette en colère.

Mais si plusieurs personnes, beaucoup de personnes se mettent en colère, une lumière s’allume dans un coin du monde et sa lueur peut être vue, pour un moment à travers la surface entière de la terre.

Mais nous avons aussi appris que si ces colères s’organisent entre elles… Ah ! Alors nous n’avons pas qu’un flash momentané qui illumine la surface de la terre.

Alors ce que nous avons est un murmure, comme une rumeur, une secousse qui commence gentiment et croît de plus en plus forte.

C’est comme si le monde allait donner naissance à un autre, un meilleur, plus juste, plus démocratique, plus libre, plus humain… ou humana.. ou humanoa.

C’est pourquoi aujourd’hui nous commençons notre parole avec un mot d’un passé déjà lointain, mais qui continue d’être nécessaire, urgent, vital: Nous devons nous organiser, nous préparer à lutter pour changer cette vie, pour créer un autre mode de vie, une autre manière de nous gouvernenr en tant que peuples et êtres humains.

Parce que si nous ne nous organisons pas, nous serons tous réduits en esclavage.

On ne peut rien croire du capitalisme. Absolument rien. Nous avons vécu sous ce système depuis des centaines d’annés et nous avons souffert sous ses quatre roues: l’exploitation, la répression, la dépossession et le mépris. Maintenant, tout ce que nous avons est notre confiance en les uns les autres, en nous-mêmes. Et nous savons comment créer une nouvelle société, un nouveau système de gouvernement, la vie juste et digne que nous désirons tous.

Maintenant plus personne n’est en sécurité de la tempête que l’hydre capitaliste va déchaîner pour détruire nos vies, pas les autochtones, les fermiers paysans, ouvriers, enseignants, femmes au foyer, intellectuels ou travailleurs en général, parce qu’il y a beaucoup de gens qui travaillent pour survivre leur vie quotidienne, certains avec un patron, d’autres sans, mais tous ceux qui sont pris dans l’étreinte du capitalisme.

En d’autre termes, il n’y a pas de rédemption au sein du capitalisme.

Personne ne va nous mener, nous devons nous mener nous-mêmes, penser ensemble au comment nous allons résoudre chaque situation.

Parce que si nous pensons qu’il va y avoir quelqu’un qui va nous guider, et bien nous avons déjà vu comment ils nous mènent ces derniers siècles passés sous le système capitaliste ; cela n’a pas marché pour nous, les pauvres, pas du tout. Cela a marché pour eux, oui, parce qu’ils sont juste là assis et attendent que l’argent leur tombe dans le bec.

Ils ont dit à tout le monde “votez pour moi”, “je vais me battre pour mettre fin à l’exploitation” et dès qu’ils s’installent derrière le burlingue où ils peuvent engranger du fric sans rien faire, ils oublient automatiquement tout ce qu’ils ont dit et commencent à créer encore plus d’exploitation, pour vendre le peu qui reste des richesses de leurs pays. Ces vendus sont des hypocrites parasites et inutiles, des bons à rien.

Voilà pourquoi, compañeros et compañeras, la lutte n’est pas finie, on ne vient juste que de commencer. On ne s’y est mis que seulement depuis 32 ans, 22 ans publiquement.

C’est pourquoi nous devons mieux nous unir, mieux nous organiser afin de construire notre bateau, note maison, c’est à dire notre autonomie. C’est ce qui nous sauvera de la grande tempête capitaliste qui pointe à l’horizon. Nous devons renforcer nos différentes zones de travail et nos tâches collectives.

Nous n’avons pas d’autre chemin possible que celui de nous unir et de nous organiser pour lutter et nous défendre de la grande menace qu’est le système capitaliste. Parce que le capitalisme criminel qui menace toute l’humanité ne respecte absolument personne: il va nous balayer toutes et tous indépendamment de notre race, religion, ou parti politique. Ceci nous a été démontré par bien des années de mauvais gouvernement, de menaces, de persécutions, d’incarcérations, de torture, de “disparitions” et d’assassinats de gens des peuples des campagnes et des villes du monde entier.

Voilà pourquoi nous disons, compañeros, compañeras, enfants, jeunes gens, vous la nouvelle génération êtes le futur de notre peuple, de notre lutte et de notre histoire ; mais vous devez comprendre que vous avez à la fois une tâche et une obligation: celles de suivre les traces de nos premiers compañeros, de nos anciens, de nos parents, grands-parents et de tous ceux qui ont commencé cette lutte.

Ils ont déjà tracé un bout de chemin, maintenant c’est votre travail de le suivre et de garder le cap. Mais nous ne pourrons faire cela qu’en nous organisant génération après génération, en comprenant cette tâche à effectuer et en nous organisant en conséquence pour y parvenir et en continuant tout ceci jusqu’à la fin de notre lutte.

Vous, les jeunes, êtes une part très importante de nos communautés, c’est pour cela que vous devez participer à tous les niveraux de travail de notre organisation et dans tous les domaines de notre autonomie. Laissons chaque génération continuer de nous mener vers notre destinée de démocratie, de liberté et de justice, tout comme nos premiers compañeros et compañeras nous enseignent maintenant.

Compañeros et compañeras, tous, nous sommes sûrs qu’un jour vous parviendrez à ce que nous voulons: tout pour chacun et rien pour nous, c’est à dire notre liberté. Aujhourd’hui, notre lutte est d’avancer pas à pas. Nos armes de lutte sont notre résistance, notre rébellion et notre parole honnête, qu’aucune montagne ni frontière ne peuvent bloquer. Elles vont atteindre les oreilles et les cœurs des frères et des sœurs partout dans le monde !

Chaque jour qui passe, il y a plus de gens qui comprennent que la cause de notre lutte contre la grave situation d’injustice que nous vivons est le système capitaliste dans notre pays et dans le monde entier.

Nous savons également qu’au travers de notre lutte il y a eu et il y aura des menaces, de la répression, des persécutions, de la dépossession, des contradictions et de la moquerie des trois niveaux du mauvais gouvernement. Mais nous devons savoir que le mauvais gouvernement nous hait parce que nous sommes sur la bonne voie, s’il commençait à nous applaudir alors nous saurions que nous avons dévié de notre lutte.

Nous ne devons pas oublier que nous sommes les héritiers de plus de 500 ans de lutte et de résistance, le sang de nos ancêtres coulent dans nos veines, ce sont eux qui nous ont donné l’exemple de la lutte et de la rébellion, le rôle de gardien de notre terre-mère, de laquelle nous sommes nés, sur laquelle nous vivons et à laquelle nous retournerons.

_*_

Compañeros et compañeras Zapatistas

Compañeros et compañeras, compañeroas de la Sixième:

Frères et sœurs:

Ce sont nos premiers mots en ce tout début de nouvelle année.

Plus de paroles et de pensées viendront vers vous.

Petit à petit nous vous montrerons une fois de plus notre regard, notre cœur collectif.

Pour l’heure nous terminerons en vous disant que pour respecter le sang et l’honneur de nos compañeros, il n’est pas suffisant de se souvenir, d’être en deuil, de pleurer, de prier, nous devons plutôt continuer de travailler aux tâches qu’ils nous ont laissé, de créer en pratique le changement que nous voulons tous.

Il n’est pas temps maintenant de battre en retraite, d’être découragés ou fatigués ; nous devons être encore plus fermes dans notre lutte, pour maintenir la parole et l’exemple que nos premiers compañeros nous ont laissés: n’abandonnez pas, ne vous laissez pas acheter, ne pliez pas !

C’est pourquoi, compañeros et compañeras, ce jour important est le temps pour nous de réaffirmer notre volonté dans la lutte, d’aller de l’avant quoi qu’il en coûte et quoi qu’il arrive, sans laisser le système capitalisre détruire ce que nous avons gagné et le peu que nous avons été capables de construire en travaillant pendant ces 22 années: notre liberté !

DEMOCRATIE!

LIBERTE!

JUSTICE!

Depuis les montagnes du sud-est mexicain

Pour le comité clandestin révolutionnaire indigène – Commandement Général de l’Armée Zapatiste de Libération Nationale

Subcomandante Insurgente Moisés

Subcomandante Insurgente Galeano.

Mexique, le 1er Janvier 2016.

Communiqué de l’EZLN, Chiapas, Mexique

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, colonialisme, démocratie participative, guerres hégémoniques, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, police politique et totalitarisme, politique et lobbyisme, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , , on 5 août 2015 by Résistance 71

ARMÉE ZAPATISTE DE LIBÉRATION NATIONALE

Mexique

Communiqué

 

25 juin 2015.

 

Source: http://enlacezapatista.ezln.org.mx/2015/07/08/armee-zapatiste-de-liberation-nationale-mexique/

 

A la Sexta nationale et internationale :

Comme nous le savons tous déjà, les mauvais gouvernements combinent les fraudes à la violence. Peu importe qu’ils soient de tel ou tel parti, celui qui dirige cherche toujours à se maintenir au pouvoir au dépens de ceux d’en bas. Les plaintes n’ont pour lui aucune valeur, il se rend sourd, d’ailleurs il va jusqu’à payer les médias vendus pour qu’au contraire, ils lui racontent des choses agréables à entendre.

Avant, c’était l’époque de Juan Sabines Guerrero, celui qu’ils disaient qu’il était vraiment de la gauche des partis politiques, et les membres des partis progressistes venaient même le voir pour recevoir des prix, et “l’homme politique légitime” [Lopez Obrador, candidat de gôche, NdT] venait crier avec ferveur : “Vive Juan Sabines !”. Ce Juan Sabines Guerrero a tout arrangé pour que celui à qui revienne le pouvoir après lui soit le “blond de service”, Manuel Velasco Coello [surnommé “Velasco le visage pâle”, NdT], vu que tous les deux appartiennent aux familles qui, avec quelques autres, se répartissent entre elles les charges politiques au Chiapas. Juan Sabines Guerrero a volé, il a effectué des actes frauduleux, et a distribué la violence autour de lui.

Aujourd’hui Velasco fait pareil. Il y a à peine quelques jours, il organisait une grande fraude électorale, violant les propres lois de ceux d’en haut, et maintenant il prépare les choses afin que les prochaines élections aient lieu dans le sang de ceux d’en bas.

Apparemment mentir n’est pas suffisant pour les gouvernants d’en haut. Ils veulent aussi réprimer, emprisonner, assassiner.

En ce moment, ils répriment les instituteurs “démocratiques” [dissidence syndicale du syndicat national des travailleurs de l’éducation, inféodé au gouvernement, NdT] qui ne font que répéter que la réforme éducative en question est un mensonge. Parce qu’en fait, c’est une réforme du patron contre les travailleurs. Le but n’est pas d’améliorer l’éducation, mais de la rendre plus mauvaise. Et ceux qui la mettent en place ne savent même pas à quoi ressemblent les écoles, ils ne savent même pas comment on enseigne. Comme le gouvernement n’aime pas dire la vérité, et bien il ment. Mais comme plus personne ne croit le gouvernement, et bien il réprime.

Ils n’ont aucune honte, au point que le chargé de l’Education du gouvernement est un assassin alcoolique, qui dit une chose un jour et le lendemain dit son contraire. Comment quelqu’un qui ne sait même pas parler peut-il mettre en place une réforme éducative ? Lui il s’appelle Emilio Chuayffet, et il fait partie des assassins d’Acteal. Celui qui se mettait des cuites et racontait des conneries une fois qu’il était soûl. Rien n’a changé, c’est pareil qu’avant.

Pas juste au Chiapas. Dans le Oaxaca, au Guerrero et dans d’autres Etats, pareil, les mauvais gouvernements cherchent à masquer la réalité à base de coups, de gaz lacrymogènes, de coups de feu et de menaces.

On peut tous se rendre compte aujourd’hui que s’il n’y a pas des gens assassinés, frappés et incarcérés, leurs élections “démocratiques” ne les satisfont pas. Et tous les membres des partis politiques, qui se battent pour avoir leur « nonos », et qui ne se souviennent même pas qui a été assassiné, qu’il s’appelait Antonio Vivar Díaz et qu’il était instituteur, ni de ceux qui ont été frappés, ni des incarcérés.

Les gouvernements d’en haut se maintiennent au pouvoir grâce à la tromperie et à la répression.

Mais le sang des instituteurs n’est pas suffisant pour Manuel Velasco au Chiapas. Il veut aussi boire le sang indigène des communautés.

Malgré les dénonciations déjà faites par les organisations des droits humains, Velasco continue à pousser ses paramilitaires à aller attaquer les compas bases de soutien zapatistes.

C’est ce qui est en train de se passer dans la municipalité d’Ocosingo, Chiapas, où les 3 niveaux de gouvernement s’accordent pour mener des provocations : Enrique Peña Nieto, Manuel Velasco et Octavio Albores. Ces gouvernements sont ceux qui sont derrière les paramilitaires de Pojkol.

La communauté de Pojkol elle-même, dont ils sont originaires, a refusé de les soutenir, mais ils continuent à nous attaquer. Les indiens membres des partis politiques disent n’avoir aucun pouvoir sur ces paramilitaires, et qu’ils reçoivent leurs ordres du président municipal d’Ocosingo et du gouvernement de l’Etat, à Tuxtla Gutierrez. C’est de là qu’ils reçoivent leurs armes, leurs équipements, leurs véhicules, et les ordres d’attaquer les bases de soutien.

Il y a quelques heures, il vient de se passer cela :

Caracol “Résistance jusqu’à une nouvelle aurore”. Conseil de Bon Gouvernement “Le Chemin du Futur”. La Garrucha, Chiapas, Mexico 24 juin 2015.

Dénonciation publique

A l’opinion publique :

Aux médias alternatifs autonomes, ou quel que soit leur nom :

Aux adhérent.e.s de la sexta nationale et internationale :

Aux organismes des droits humains honnêtes :

Sœurs et frères du peuple du Mexique et du monde :

Nous dénonçons à nouveau les actions contre nous des groupes paramilitaires de l’ejido Pojkol, du quartier Chiquinibal, Municipalité de Chilón, et des 21 personnes appartenant au même groupe paramilitaire provenant de la communauté del Rosario, municipalité officielle d’Ocosingo, Chiapas.

Les faits :

Ce 24 juin 2015, 28 paramilitaires sont arrivés dans le hameau del Rosario Municipalité Autonome de San Manuel où vivent nos bases de soutien de l’EZLN ce mercredi, à 8h05. Ces paramilitaires qui sont en train d’envahir notre terre récupérée viennent de l’ejido Pojkol, du quartier Chikinibal. Ils sont arrivés à bord d’un véhicule Nissan sans plaques d’immatriculation et de 8 motocyclettes, et des 28 paramilitaires, 8 d’entre eux portaient des armes à feu de calibre 22.

A 10h05, une camionnette blanche de la marque RAM dépourvue de plaques d’immatriculation arrive avec deux hommes á bord : un ingénieur et un ranchero du nom de Guadalupe Flores, qui vit dans la ville d’Ocosingo, Chiapas, et qui était propriétaire du terrain avant 1994. Les 28 paramilitaires de Pojkol et les 21 paramilitaires del Rosario se sont alors réunis avec les deux personnes qui venaient d’arriver ; après cette réunion, ils ont commencé à mesurer le terrain, soi-disant pour y construire un temple, et aussi d’autres parties afin d’y construire des maisons, et après cela, le ranchero a remis des documents aux mains du groupe paramilitaire, qui seraient les soi-disant plans du terrain récupéré.

A 13h26, ils ont tiré 10 coups de feu à l’arrière de la maison d’un compañero Base de soutien afin d’intimider la population.

A 13h27, 8 paramilitaires de Pojkol sont entrés dans la maison d’un compañero base de soutien, mais ils n’ont trouvé personne sur place parce que le propriétaire de la maison était déjà parti pour éviter l’affrontement. 23 minutes plus tard, ils sont entrés dans la maison d’un autre compañero. Il était 13h50. Ils ont détruit la maison du compañero base de soutien, lui ont volé toutes ses affaires et même le toit de la maison composé de 12 tôles de 3.5mm et 2 poules, 4 poussins, 20 œufs, 2 haches, 2 panneaux solaires, 2000 pesos en monnaie, 2 machettes, une enregistreuse, 100 mètres de tuyaux et 150 kilos de haricots. Toutes ces affaires, qui appartenaient au compañero base de soutien, ils les ont chargées dans la camionnette du soi-disant ingénieur, et cette camionnette est repartie en direction de Pojkol, emportant toutes ces affaires volées vers là ou ils sont repartis en compagnie des 28 personnes de Pojkol.

Vu les faits, nous autres, autorités du conseil de bon gouvernement, voyons bien que ces personnes, l’un simulant être ingénieur et l’autre ex-propriétaire du ranch, sont en fait les conseillers de ces groupes paramilitaires.

Il est aussi clair pour nous que le mauvais gouvernement essaie de nous attaquer de pleins de façons différentes, ils s’est déjà passé différents évènements et ce sont les mêmes paramilitaires qui nous avaient tué un taureau reproducteur, détruit des maisons, détruit notre boutique collective, volé nos affaires, répandu des herbicides sur le pré nous appartenant où se trouvait le bétail collectif de la municipalité de San Manuel, tiré des coups de feu et laissé des cartouches usagées et des inscriptions sur le sol disant “territoire pojkol”, le mois d’août 2014 dernier. Ce sont les mêmes paramilitaires qui avaient débarqué le 10 mai 2015, lorsque l’un d’entre eux qui s’appelle Andrés a tiré sur une petite fille base de soutien.

C’est la 3e dénonciation que nous faisons, dans la première et la deuxième tous ces faits ont été décrits en détail.

Ces groupes de personnes, préparées et financées par les mauvais gouvernements fédéral, étatique et municipal sont venus plusieurs fois nous provoquer avec leur stratégie de contre-insurrection. Les mauvais gouvernements pensaient qu’on allait tomber dans leurs pièges, et qu’ils pourraient faire tremper nos mains dans le sang de nos frères indigènes qui vont mal dans leur tête, cela parce qu’ils sont payés et que leur mauvaise conscience a été salie par le mauvais système capitaliste.

Nous, nous disons clairement que nous n’allons pas rester les bras croisés tandis que nos bases de soutien se retrouvent soumises à des agressions de toutes sortes employées contre nous par le mauvais gouvernement. Nous avons très clairement annoncé que nous allons défendre nos terres, parce que c’est en elle que nous naissons, c’est en elle que nous vivons et c’est en elle que nous mourrons, et ce quel qu’en soit le prix.

Frères et sœurs, nous allons continuer à dénoncer ce qui va se passer. Nous espérons que vous soyez attentifs et vigilants quant à ce qui pourrait survenir au sujet de nos compañeros et nos compañeras bases de soutien. Nous rendons directement responsables le gouvernement fédéral, le gouvernement de l’Etat du Chiapas et le gouvernement municipal de tout ce qui pourrait arriver, et aussi que ce sont eux les responsables directs, car ce n’est pas la première fois que nous dénonçons les agissements de ce groupe de personnes.

Bien à vous.

Autorités du Conseil de Bon Gouvernement en exercice.

Jacinto Gómez Pérez, Colosio Pérez Lorenzo, Nely Núñez Sánchez, Alex López Álvarez

Donc c’est ça la situation, compañeras et compañeros de la Sexta :

Selon nos observations, ce dont il s’agit ce n’est pas que le mauvais gouvernement ne nous prête pas attention, trop occupé qu’il est à faire ses déclarations et à répandre ses mensonges ; mais bien que ce soit le mauvais gouvernement lui-même qui donne les ordres. Si non, comment vous expliquez que, bien qu’ils aient les noms de tous les criminels, ceux-là se promènent armés devant les autorités et que personne ne leur dit rien ? C’est qu’il s’agit de leurs employés. Et les paramilitaires le disent clairement eux-mêmes : que personne ne peut rien leur faire, parce que le gouvernement de Velasco les protège et les paie.

Bien, ce sont les informations que nous vous donnons pour le moment compañer@s. Tout reste identique : d’en haut, viennent les mensonges, les coups, le mépris et l’exploitation.

D’en bas ce qui doit surgir, c’est l’organisation. Pour la vie, pas pour provoquer un bain de sang, car c’est ce que veulent les contremaîtres, les majordomes et les caporaux du système dans lequel nous vivons, et que c’est les ordres qu’ils reçoivent de leurs patrons, le capitalisme néo-libéral.

Depuis les montagnes du sud-est mexicain.

Sous-commandant insurgé Moisés.

Mexique, juin 2015.

Résistance politique: Visions d’espoir et de destruction en Amérique Centrale (Dean Henderson)

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, écologie & climat, économie, CIA et traffic de drogue, colonialisme, démocratie participative, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, militantisme alternatif, N.O.M, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, police politique et totalitarisme, politique et lobbyisme, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , , , , on 20 juillet 2015 by Résistance 71

¡Ya Basta!

 

Dean Henderson

 

15 Juillet 2015

 

url de l’article original:

http://hendersonlefthook.wordpress.com/2015/07/15/ya-basta/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Ma compagne et moi-même sommes juste revenus d’un mois de périple à travers le sud du Mexique, le Guatémala et le Bélize. Comme d’habitude, ceci fut moins des vacances qu’un parcours du combattant rempli de moments d’euphorie et de profonde tristesse.

Du bon côté des choses, les Zapatistes (EZLN) ont établi six zones autonomes où le gouvernement mexicain est occupé à construire de nouvelles lignes à haute tension, des écoles, des sytèmes d’eau potable et de drainage des eaux usées. Malgré n’avoir tiré que quelques coups de feu pendant leur siège de cinq grandes municipalités du Chiapas en 1994 en réponse à la mise en place des accords nord-américians de libre échange (NAFTA), la critique profonde, efficace et cohérente de l’EZLN du capitalisme néo-libéral a payé de véritables dividendes pour le peuple.

Leur message a résonné dans le monde entier alors qu’ils se retiraient dans la jungle de Lacandon. Après le massacre d’Ocosingo par l’armée mexicaine qui assassina 80 personnes, l’opinion publique mondiale s’est renforcée derrière ces rebelles à très vaste majorité indigènes (NdT: peuples descendants directement des Mayas), ce qui força le passage des accords de San Andreas.

D’un autre côté la Guatemalan National Revolutionary Unity (UNRG), qui vît le jour après le coup d’état de la CIA contre le nationaliste Jacobo Arbentz Guzman en 1954 au profit de l’entreprise américain United Fruit Company (aujourd’hui Chiquita dont les gros actionnaires étaient les frères Dulles, dont l’un était… le directeur de la CIA de l’époque), qui opérait dans les plateaux du nord-guatémaltèque depuis plus de 40 ans. L’UNRG luttait dans une guerilla contre les tristement célèbres “sept familles” qui possédaient 80% des terres arables du pays.

En 1996, les rebelles, en grande majorité de nations Maya, ont signé des accords de paix avec le gouvernement guatémaltèque. Et pourtant, quelques 20 ans plus tard, la même oligarchie demeure fermement en place tandis que la plupart des Guatémaltèques semblent être plus pauvres que jamais. Le président Otto Perez Molina est un diplômé de l’École des Amériques, incubatrice des escadrons de la mort des Etats-Unis (NdT: créés par la France lors de la bataille d’Alger en 1957 et dont les cadres de l’armée française enseignèrent les techniques à l’Escuola de las Americas gérée par le Pentagone et alors basée au Panama. Elle est aujourd’hui de retour dans l’état de Georgie, pas très loin de QG de Coca Cola… coïncidence ou pas ?…), qui a servi dans les sanguinaires Kaibiles entraînés par les israéliens et qui fut le directur du renseignement militaire guatémaltèque (bref, un bon larbin/bourreau du système). Il contrôle aussi (pour services rendus à l’empire…) la plus grosse brasserie du pays: Gallo.

En parallèle d’une pauvreté dévastatrice et d’une énorme disparité de revenus, se déroule une vaste pollution de ce qui était auparavant des lacs pristines au Guatémala ainsi que son réseau de rivières. Même le lac Atilan, autrefois un paradis des nations Kachiket et Tzutzil et de quelques hippies occidentaux, est maintenant une zone contaminée et le poisson ne peut plus y être mangé.

Mais il se passe des choses au Guatémala. Le vice-président a été viré sur accusations de corruption lorsque nous visitions le pays, des protestations grondent autour d’un mouvement qui cible ses demandes en attaquant les oligarques et le Volcan Fuego tremble. Avec 38% de la population guatémaltèque étant en dessous de l’âge de 14 ans, quelque chose doit et va se produire…

Le Bélize demeure un havre de transition des cargaisons de drogues pour la couronne britannique. Les familles des triades chinoises, fidèles à la couronne britannique au travers de leur histoire maçonique durant les guerres de l’opium, possèdent pratiquement toutes les affaires inhérentes ensemble avec des familles escrocs brahmanes d’Inde. Des expatriés continuent à acheter les terres, les Mennonites produisent presque toute la nourriture et les Mayas, Créoles et Garifuna se tapent tout le boulot et n’arrivent pas à joindre les deux bouts.

Le gouvernement a reçu des fonds de Petro Caribe du Vénézuéla, une initiative pour aider la région qui commença sous feu le président Hugo Chavez, mais l’argent est le plus souvent détourné par le gang de la drogue qui semble gouverner le Bélize, qui jusqu’en 1981 était connu sous le nom de Honduras Britannique. La reine Elisabeth II figure sur tous les billets du Dollar de Bélize.

Noua avons commencé notre boucle depuis Cancun et sommes retourné au Mexique via Chetumal. Les gens de la péninsule du Yucatan semblent être en meilleure condition qu’avant, mais la crise environnementale n’a pas épargné la Riviera Maya. Les plages de Cancun à Tulum sont recouvertes d’algues après que des années durant des égoûts furent déversés directement dans la Mer des Caraïbes.

Nous avons rencontré des gens très intéressants tout au au long de notre voyage, avons expérimenté une excellente cuisine et avons eu la chance de demeurer avec le superbe peuple Maya pendant près d’un mois ; mais la pauvreté, la corruption et la destruction de l’environnement dont nous fûmes les témoins demeureront dans nos cœurs et nos esprits et ne pourront que nous propulser dans la bataille ici, à la maison, dans le ventre même de la bête.

Ils sont en train de tuer les pauvres, ils sont en train de tuer la Terre-Mère.

Ya Basta!