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Communes libres confédérées et société des sociétés… Petit à petit l’idée fait son chemin…

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, écologie & climat, crise mondiale, démocratie participative, gilets jaunes, militantisme alternatif, pédagogie libération, philosophie, politique et social, politique française, résistance politique, société des sociétés, société libertaire, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , on 21 décembre 2019 by Résistance 71


Vive la Commune !

 

Le moment communaliste ?

 

Elias Boisjean

 

13 décembre 2019

 

url de l’article: https://www.revue-ballast.fr/le-moment-communaliste/

 

Les traductions de Murray Bookchin se multiplient, les biographies et les essais qui lui sont consacrés commencent à former une pile plus qu’honorable. Peu connu de son vivant, le théoricien étasunien, usuellement présenté comme le « père » de l’écologie sociale, a depuis peu le vent en poupe au sein de la gauche. Mais cet intérêt n’est pas sans poser question : convoqué pour son projet révolutionnaire « municipaliste libertaire » (ou « communaliste »), le risque est certain, par la grâce du prélèvement, d’assister à la domestication de son œuvre. De passer, en clair, d’un appel à renverser le capitalisme à l’intégration citoyenniste à l’ordre local et national existant

Une décennie après son décès dans le Vermont, voici que la presse militante hexagonale se saisit de la théorie intégrale qu’il a léguée : « une nouvelle politique », disait Bookchin, à laquelle il consacra sa vie entière. En 2014, Reporterre loue ainsi sa « pensée essentielle » (quelques mois plus tôt, Besancenot et Löwy faisaient part, dans l’ouvrage Affinités révolutionnaires, de leur admiration pour le « pionnier » qu’il fut1). L’année suivante, Ballast s’entretient avec sa veuve, l’essayiste Janet Biehl, et creusera, jusqu’à ce jour, la question communaliste. À l’été 2016, Le Monde diplomatique salue le penseur « visionnaire ». Fin 2018, L’Humanité le qualifie de « défricheur » et Le Média se demande si le municipalisme libertaire ne serait finalement pas « la solution ». En mars 2019, le mensuel CQFD s’interroge de savoir qui « a une meilleure perspective à offrir » que le municipalisme bookchinien2 et l’émission Hors-Série, évoquant Bookchin au mois de novembre dernier, prévient : « [L]e voici désormais (presque) partout : son heure est venue. »

Si l’on doit aux éditions Atelier de création libertaire d’avoir introduit ses écrits en France à partir des années 1980, il a bel et bien fallu attendre le mitan des années 2010 pour que Murray Bookchin suscite l’attention de la gauche française — voire européenne. Le 1er décembre 2019, l’initiative Faire Commune éclot à Paris : « Il s’agit d’affirmer notre “droit à la ville”. Dans ce droit, il y a l’idée d’une vie bonne, d’une vie juste et digne, où l’entraide est une clé de voûte. » Elle invoque une « organisation non-capitaliste de la vie », se réclame ouvertement du communalisme et se réfère à Bookchin, au Rojava syrien et au Chiapas zapatiste. Le même jour, l’ancien footballeur Vikash Dhorasoo, en sa qualité de candidat aux élections municipales de 2020, en appelle au communalisme sur un célèbre plateau de télévision de France 2 — auprès d’une figure de la France insoumise et au nom de la liste Décidons Paris !, qui convoque également pour « lignée » le Rojava.

L’air du temps

Cette percée soudaine ne procède nullement du hasard. Affaire de terrain, d’abord. La révolution du Rojava, amorcée en 2012, a propulsé le penseur sur le devant de la scène. C’est qu’Abdullah Öcalan, théoricien du mouvement révolutionnaire kurde et cofondateur incarcéré du PKK, a lu Bookchin du fond de sa prison et fait savoir que ses analyses avaient pesé sur les siennes propres. Mieux : elles contribuèrent à la mutation du Parti des travailleurs du Kurdistan, troquant son marxisme-léninisme indépendantiste contre l’autonomie communaliste3. « Je suis heureux qu’[Öcalan] trouve matière, dans mes idées sur le municipalisme libertaire, à aider à penser un futur corps politique kurde. […] Mon espoir est que le peuple kurde puisse un jour établir une société libre et rationnelle qui permettra à son éclat de s’épanouir à nouveau », écrivit Bookchin en 2004. À l’instar de l’enthousiasme soulevé par l’insurrection zapatiste au sein du mouvement altermondialiste dans les années 1990, le Rojava a su rallier à sa cause une partie de la gauche internationale (marxiste et anarchiste, pour l’essentiel). Le « nouveau socialisme4″ kurde, ou « confédéralisme démocratique », repose sur l’abolition du patriarcat et du marché capitaliste, l’écologie et le pouvoir communal décentralisé ; il s’est ainsi désancré du Moyen-Orient pour devenir, après le trotskysme ou le guévarisme, une proposition philosophique et politique dont l’universalisation invite à la discussion. Le soulèvement des gilets jaunes, salué du Rojava, a enfoncé le clou : à la faveur d’un enracinement militant antérieur, le municipalisme libertaire est apparu dans la Meuse, à Commercy (puis lors de l’Assemblée des assemblées, en charge de coordonner le mouvement). S’il importe de ne pas forcer le trait5, reste que cela fut perçu par la gauche de transformation sociale comme le signe, moins lointain, d’un chantier politique à investir.

Affaire idéologique, aussi — posons ici trois axes. Un : la prise de conscience du péril écologique en cours, annoncé par Bookchin depuis les années 1950, a rebattu les cartes : l’avenir n’est plus un horizon mais une menace. Planète ravagée, extinction de masse des espèces ; voilà maintenant que l’air se vend en bouteille. Par sa défense d’une écologie « sociale » et son rejet de l’environnementalisme et d’une écologie mystique, romantique et réactionnaire, Bookchin offre des outils à notre époque : contre les « petits gestes » et les survivalistes, il pose que « l’avenir de la vie sur la planète dépend de l’avenir de nos sociétés », c’est-à-dire du capitalisme et de son dépassement par la voie révolutionnaire. Deux : la débâcle du communisme d’État, l’incapacité anarchiste à gagner le grand nombre, la prise de pouvoir néolibérale et les déculottées réformistes (de Mitterrand à Tsípras) ont laissé hagards celles et ceux qui escomptent en finir avec les inégalités de classes et les oppressions sexistes et racistes qu’elles nourrissent. La centralisation léniniste aura, balancier oblige, généré son contraire : l’air du temps radical est désormais aux foyers, à la sécession, aux îlots, aux oasis, aux archipels, aux brèches, aux interstices, à l’ici-et-maintenant. Fragmentation des grands récits, funérailles des solutions globales.

Tout en rejetant avec la dernière énergie le totalitarisme révolutionnaire et ses pouvoirs productivistes bureaucratiques, Bookchin a combattu la « tyrannie de l’absence de structure » et la haine des institutions, le mépris des programmes et l’aventurisme, le culte de l’action et le primat du rêve, l’hégémonie de Foucault sur la théorie critique et l’éloge existentiel du way of life, la glorification de l’esthétique et de l’éphémère. Jusqu’au dernier d’entre ses jours, il a tenu à rappeler que toute politique d’émancipation est affaire de masses et d’organisation. Lutter par le bas sans jamais s’isoler du grand nombre ni avancer sans savoir où cela nous mènera : un équilibre théorique et pratique aujourd’hui singulier, offrant en outre une feuille de route accessible à qui le souhaite. Trois : l’aspiration démocratique des citoyens ordinaires et la défiance subséquente à l’endroit des « élites » et des « oligarques » des quatre coins de la planète a ravivé, aux côtés de la percée populiste « de gauche », la critique de la démocratie représentative. Des occupations de places au RIC réclamé par nombre de gilets jaunes, l’exigence est unanime : la politique doit revenir à la base. « Les mots de l’expression “démocratie représentative” se contredisent mutuellement », affirmait Bookchin dès les années 1980. Le communalisme, pour partie héritier de la cité d’Athènes, tombe alors à pic.

Aller à la source

Au lecteur soucieux de la biographie du penseur, un copieux ouvrage existe aux éditions L’Amourier : Écologie ou catastrophe, la vie de Murray Bookchin. Au lecteur que le temps contraint, nous renvoyons aux présentes colonnes. Disons ici seulement ceci : né en 1921, disparu en 2006, celui que l’Internationale situationniste qualifiait en son temps de « crétin confusionniste » (une « erreur », nous confiera Raoul Vaneigem à l’été 2019) fut tour à tour militant communiste orthodoxe, trotskyste et anarchiste. Puis le natif du Bronx, enfant d’une famille ouvrière juive russe, de marquer ses distances avec l’anarchisme pour achever de structurer son vaste projet politique : le municipalisme libertaire, ou communalisme. La synthèse d’une vie de militantisme et de réflexion — pour ce faire, Bookchin affirma puiser dans « le meilleur du marxisme et de l’anarchisme ». Du premier, il conserva la rationalité et le désir d’appréhender systémiquement le monde ; du second, sa perspective fédéraliste et sa critique de l’État comme des hiérarchies.

Tel était, selon ses propres mots, l’objectif alloué au communalisme : « remplacer l’État, l’urbanisation, la hiérarchie et le capitalisme par des institutions de démocratie directe et de coopération ». Bookchin imagina toutes les étapes nécessaires à l’avènement d’une révolution sociale — entendu que celle-ci gisait sous les ruines de l’Espagne, de Moscou ou du Chili. Ainsi s’énoncent-elles à grands traits : créer des pôles municipalistes locaux (réceptifs, au besoin, aux spécificités culturelles du territoire) ; mettre en place des assemblées démocratiques (règle majoritaire, pleine liberté d’expression) ; travailler à leur extension par des revendications audibles du tout-venant ; généraliser l’éducation populaire ; s’emparer des mairies ; mailler le pays et articuler l’intégralité des communes nouvellement autogouvernées ; instituer un Congrès de délégués — ou « Commune des communes confédérées » — afin de centraliser ce qui doit l’être ; s’armer ; exproprier les possédants par la municipalisation de l’économie ; vider l’État — c’est-à-dire le « système professionnel de contrainte sociale » — de sa légitimité régulatrice et donc de sa puissance ; le renverser au terme d’un probable affrontement final et s’engager, en parallèle de la création d’une nouvelle Internationale, dans le plein déploiement du communisme libertaire écologiste. On en trouvera le détail dans la présente revue.

Bookchin citoyenniste ?

Note de Résistance 71: voir notre récente publication sur “L’impasse citoyenniste” (2001), pas vraiment de hasard n’est-il pas ?… Le communalisme libre ne peut pas s’établir dans un système étatique qui est son antithèse. Il doit de fait le remplacer, Le communalisme n’est pas une réforme de l’État et des institutions, c’est son remplaçant total, le pouvoir retrouvant sa place dilué qu’il dit être dans le peuple qui décide et agit par et pour lui-même.

En 2019, le mensuel Silence, qui œuvre à la promotion de la non-violence et à l’« élaborations d’utopies », présente Bookchin comme sa « grande source d’inspiration ». La même année, Pablo Servigne, chef de file de la collapsologie et sympathique partisan d’une réhabilitation de la « spiritualité » en politique, invite à le « lire et relire ». Extinction Rebellion, porte-drapeau de la non-violence verte, des soins énergétiques et des bulles régénératrices, le cite à son tour dans l’une de ses lettres d’information. Au mois de novembre paraît un Guide du municipalisme, sous-titré Pour une ville citoyenne, apaisée, ouverte : il est coordonné par le parti Barcelona en común (lui-même composé de militants de Podemos, de la Gauche unie et alternative ou de l’Initiative pour la Catalogne Verts), coécrit par la fille de Bookchin et la mairesse de Barcelone, Ada Colau, et parrainé, en France, par Commonspolis (« un think-do tank au service des réseaux et cultures pour le changement […] [et la] transformation non-violente des conflits par la construction de politiques citoyennes »). L’Institut de la concertation et de la participation citoyenne promeut quant à lui le municipalisme dans le cadre des élections françaises de 2020 : citant Bookchin, il enjoint à renforcer le pouvoir des citoyens (« notamment par le biais de dispositifs ambitieux de concertation publique et de dialogue entre les parties prenantes »), accroître « la cohésion de notre société », refonder la démocratie et débattre « avec une exigence d’ouverture et de bienveillance ». Aux côtés d’Europe Ecologie – Les Verts, les Groupes d’action municipalistes écologistes et sociaux (GAMES) se revendiquent mêmement du théoricien étasunien et, se présentant comme « une plateforme citoyenne, créative et collaborative », aspirent tout autant à présenter des listes en 2020.

Empruntons à Frédéric Lordon la définition qu’il formule du citoyennisme puisqu’elle épuise ce qu’il convient d’en dire. « [Q]ui débat pour débattre, mais ne tranche rien, ne décide rien et surtout ne clive rien. Une sorte de rêve démocratique cotonneux précisément conçu pour que rien n’en sorte. » Et craignons la citoyennisation de Bookchin — crainte partagée, du reste, par l’essayiste et agriculteur Floréal M. Romero dans son récent ouvrage Agir ici et maintenant : sous couvert de communalisme, l’accession aux mairies apparaît comme un simple « recyclage de la social-démocratie ». Il ne fait pourtant aucun doute que Bookchin misait sur l’échelon électoral municipal (et seulement lui) pour permettre aux assemblées de mettre la main sur villes et villages. Seulement voilà : c’était un levier, non une fin en soi. Dans l’une des préfaces qu’il rédigea à La Société à refaire, Bookchin nota qu’il ne saurait être question de se « born[er] à une simple pratique électorale« 6. « La seule solution qui existe, c’est de le détruire [le capitalisme], car il incarne tous les maux — des valeurs patriarcales à l’exploitation de classe », écrivait-il encore. L’entreprise communaliste ne souffre d’aucune équivoque sitôt qu’on lit l’auteur avec le soin nécessaire : abolition du capitalisme, des classes sociales, du critérium de la croissance, de l’État, de la police, de l’armée, de la propriété privée des moyens de production, des hiérarchies au sein de l’espèce humaine (de genre et de race) et de la domination de cette dernière sur l’ensemble du monde animal et végétal. Il y a fort à parier que des espaces de dialogue « participatifs », « concertés » et, pour les plus ambitieux d’entre eux, « éthiques » n’y suffiront pas. Pas plus que l’économie sociale et solidaire, le commerce équitable et les seuls circuits courts coopératifs chers à nos municipalistes.

Le pouvoir, donc les armes

Prenons la France et ses bientôt 67 millions d’habitants. Les effectifs de la Police nationale ? 150 000 hommes et femmes, à peu de choses près. La gendarmerie ? 100 000. L’armée de terre ? Plus de 110 000. La puissance de feu — dont il n’est plus à démontrer qu’elle frappera les partisans de la justice et de l’égalité sitôt qu’ils représenteront une menace substantielle pour l’ordre capitaliste — apparaît ainsi dans toute sa netteté. Le Chili du libéral Piñera tire à balles réelles ; la France du libéral Macron crève des yeux, arrache des mains, moleste pompiers et lycéens : cela sans même le début d’une richesse répartie ou d’un semblant de déprivatisation. Une ZAD ne tient que tant que la troupe se tient à l’extérieur ; un président trop volontaire se voit sans délai refroidi et remplacé par son plus fidèle lieutenant (disons Compaoré). Toute proposition anticapitaliste dont le préambule ne dénoue pas la question des forces armées s’avère par conséquent nulle et non avenue. Lénine, lequel avait au moins pour lui d’aligner logiquement deux idées, n’écrivait pas en vain, à la veille de la prise du pouvoir des bolcheviks, qu’il faudra instaurer pour la survie de la révolution le « remplacement de la police par une milice populaire » — laquelle ne ferait « qu’un avec l’armée » (autrement dit : « armement général du peuple substitué à l’armée permanente »).

Que soutient la doctrine communaliste en l’espèce ? Dans Un autre futur pour le Kurdistan ?, l’essayiste Pierre Bance a souligné l’inflexion de Bookchin : sa stratégie du pourrissement progressif de l’État (années 1970) évolua en stratégie de la confrontation (années 1990). Entendre qu’il faudra affronter le pouvoir étatique à chaque avancée communale, tout en s’échinant à le tenir à distance autant qu’il est possible, ceci jusqu’à la grande bataille révolutionnaire. Le « second » Bookchin n’en doutait plus : le déploiement démocratique constituera une menace aux yeux de l’État et ce dernier attaquera (« [J]e ne crois pas non plus que la bourgeoisie va abdiquer volontairement son statut, encore moins sa mainmise sur la société ! », lançait-il en 1996). En l’absence de forces d’autodéfense, l’expérience communaliste se trouverait dès lors « à [s]a merci ». D’où l’impératif, explicitement formulé par sa compagne et exégète Janet Biehl, de « former une milice pour remplacer la police et l’armée » dans tous les secteurs passés sous le contrôle des assemblées. Une milice (ou « garde civique », pour employer un terme moins négativement connoté à l’heure qu’il est) entièrement aux ordres de la population et dotée d’officiers élus. La tension entre les communes et l’État, lit-on dans Le Municipalisme libertaire, est même « désirable » : à mesure que le communalisme s’étendra au sein des frontières nationales, accumulant par là même force pouvoir (un « pouvoir parallèle », un « contre-pouvoir » : un « pays dans le pays », résume Roméro), l’État, progressivement délégitimé, sera conduit à réagir. Le face-à-face qui s’ensuivra certainement déterminera qui de la révolution démocratique ou de l’ordre statocapitaliste l’emportera.

Note de Résistance 71: Tout mouvement de résistance et de substitution durable à l’État a réarmé le peuple : EZLN au Chiapas, les sections armées du Rojava et d’Oaxaca, comme le furent les sections parisiennes de la révolution française (fonctionnant elles dans un état républicain mais dont elles voulaient s’affranchir…) et bien entendu la Commune de Paris, qui ne survive pas à la phase insurrectionnelle dans un contexte de guerre ouverte et de siège de la ville par l’ennemi prussien qui réarma l’armée française vaincue à Sedan, pour que l’État fasse le sale boulot de massacrer les Communards… Au contraire, la première mesure de l’état contre-révolutionnaire est de désarmer le peuple car il en a peur. Il est bien triste de le dire, mais là où l’antagonisme étatico-capitaliste règne, seul un peuple en arme peut se faire écouter. L’histoire l’a prouvé encore et encore…

Ce que Bookchin nommait « vider l’État » mérite alors toute notre attention : une insurrection frontale, estimait-il, est condamnée à l’échec au regard des effectifs répressifs en présence. Il faut donc, par le patient processus communaliste, saper « matériellement et moralement » l’ensemble des institutions étatiques afin, le jour venu, de provoquer sa chute « sans trop de difficultés ». « Que le peuple dispose ou non du pouvoir repose finalement sur la question de savoir s’il dispose d’armes », assurait Bookchin, liant ainsi, fidèle à son inspiration grecque, la démocratie populaire à l’autodéfense. En 1995, dans From urbanization to cities, il en précisait les contours : « [U]ne garde civile composée de patrouilles tournantes, à des fins de police, et des contingents militaires bien entraînés pour répondre aux menaces extérieures. »

On peut ne pas suivre Bookchin dans l’ensemble de ses développements (Biehl elle-même estime qu’il est préférable de construire le communalisme sans remettre en cause l’État-nation7) ; on gagne à discuter ses thèses et leur application géographique et temporelle ; on a même toute latitude de balayer son œuvre d’un revers de la main ; on ne saurait, en revanche, enrôler Bookchin sans saisir la cohésion d’ensemble de sa doctrine. Qui, on l’a compris, ne barguigne pas : intégrer un conseil municipal, voire diriger une ville, n’est d’aucun secours si cela ne participe pas d’une transformation globale sans « compromis avec cet ordre social ». Donc de la fin du règne capitaliste au profit d’une « société communiste libertaire ». Rien moins.

Notes:

1-auteurs marquent toutefois de claires distances avec Bookchin sur trois points : sa technophilie, son idéalisation d’Athènes et son « culte du localisme ». Le dernier mériterait d’être discuté : contrairement à ce qu’affirment Löwy et Besancenot, Bookchin n’était pas favorable à l’autarcie économique des communes — bien au contraire.↑

2-Si Bookchin a proposé la conceptualisation systémique la plus aboutie du municipalisme, marquant par là même le terme de son empreinte, il n’est pas l’inventeur de ce dernier (on le trouve par exemple chez un certain Jules Ferry dans les années 1860). Il est manifeste que, de par le monde, ce signifiant est également mobilisé sans se référer à Bookchin. L’essayiste québécois Jonathan Durand Folco affirme ainsi que le municipalisme bookchinien « n’est pas la seule vision possible » du municipalisme — et qu’il remonte, comme idée, à l’Antiquité. Le présent texte traitera uniquement du municipalisme libertaire tel que théorisé par Bookchin.↑

3-On pourra lire, pour de plus amples développements, Un autre futur pour le Kurdistan ? de Pierre Bance, aux éditions Noir & Rouge (2017).↑

4-Selon la formule de Cemil Bayik, cadre du PKK. Pour une vue d’ensemble de l’expérience révolutionnaire menée au Rojava, on lira avec profit Comprendre le Rojava dans la guerre civile syrienne de Raphaël Lebrujah (Éditions du Croquant, 2018) et La Commune du Rojava (Syllepse, 2017). Pour un examen attentif du PKK, on lira Öcalan et le PKK de Sabri Cigerli et Didier Le Saout (Maisonneuve & Larose, 2005).↑

5-En février 2019, l’un des gilets jaunes de Commercy, connu pour son implication dans le mouvement, nous confiait à ce propos : « Le terme “municipalisme libertaire” n’est plus employé à Commercy, on préfère parler d’assemblées populaires — ce qui revient au même. On s’en fiche des mots, on les met en pratique ! On s’en fiche que ça soit bookchinien ou non, on ne veut pas plaquer des idéologies pré-existantes sur les pratiques qu’on expérimente. »↑

6-Ce que reconnaît sans détour Faire Commune, affirmant fin 2019 que « le communalisme ne se réduit pas aux municipales ».↑

7-Ainsi qu’elle le formule dans Écologie ou catastrophe, la vie de Murray Bookchin (ou encore dans Le Municipalisme libertaire, Écosociété, 1998–2013), l’État de droit centralisé permet à ses yeux d’homogénéiser les avancées progressistes sur l’ensemble du territoire national, donc de les imposer également aux espaces historiquement réactionnaires. Elle affirme en outre que l’État, réduit à ses seuls travers par Bookchin et l’ensemble des anarchistes, demeure la structure la mieux à même d’affronter la globalisation marchande et le péril écologique.↑

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Lectures complémentaires:

Impasse_Citoyenniste

Voline_La_synthese_anarchiste

Murray_Bookchin_Ecoute_Camarade

Murray_Bookchin_Le_municipalisme_libertaire

Guy_Debord_La_societe_du_spectacle

Charles_Mcdonald_Anthropologie_Conferences-Causerie-et-Analyses

Charles-Macdonald_Anthropologie_de_l’anarchie

Michel_Bakounine_La_Commune_de_Paris_et_la_notion_detat

Paulo_Freire_Extension ou Communication

Leducation-comme-pratique-de-la-liberte_Paulo_Freire_1965

Pierre_Kropotkine_L’anarchie-dans-l’evolution-socialiste-2eme-edition-1892

Pierre_Kropotkine_La_Commune_de_Paris_PDF

 

 

Il n’y a pas de solution au sein du système, n’y en a jamais eu et ne saurait y en avoir !

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

+

4 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

 

Résistance politique et changement de paradigme: Réalité historique de la fin de l’État et fenêtre d’ouverture sur le confédéralisme démocratique et l’écologie sociale…

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“Les humains ne seront pas unifiés par la domination, mais comme des frères sans domination: an-archie. Ainsi le slogan doit demeurer: sans domination…”

“Les socialistes ne peuvent pas éviter la lutte contre la propriété foncière de la terre. La lutte pour le socialisme est une lutte pour la terre ; la question sociale est une question agraire.”

“L’État est une condition, une certaine relation entre les individus, un mode de comportement ; nous le détruisons en contractant d’autres relations, en nous comportant différemment les uns envers les autres… Nous sommes l’État et nous continuerons à être l’État tant que nous n’aurons pas créé les institutions qui forment une véritable communauté (société).”

“L’objectif de la société des sociétés est les gens, la société, la communauté, la liberté, la beauté et la joie de vivre. Cet appel au socialisme s’adresse aux Hommes d’action qui veulent y débuter.”

~ Gustav Landauer ~

 

Raison créativité et liberté ou le modèle communaliste

 

Eléanor Finlay*

 

11 février 2017

 

url de l’article original:

https://roarmag.org/essays/communalism-bookchin-direct-democracy/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

(*) Eleanor Finlay est doctorante en anthropologie de l’université du Massachussetts, Amherst

“Que le XXIème siècle devienne l’époque la plus radicale ou la plus réactionnaire… va dépendre en grande partie du type de mouvement social et de programme que les radicaux sociaux créent de leur richesse théorique, organisationnelle et politique, qui fut accumulée ces deux derniers siècles… La direction que nous sélectionnerons déterminera le futur de notre espèce pour les siècles à venir.”

Murray Bookchin, The Communalist Project (2002)

Après l’élection de Donald Trump, des images dévastatrices et des souvenirs des première et seconde guerre mondiales inondèrent nos esprits. L’anti-rationalisme, la violence raciste, la politique du bouc émissaire, la misogynie et l’homophobie ont été lâchés depuis la marge de la société et amenés dans la politique quotidienne.

Dans le même temps, l’humanité se trouve dans une course contre la montre à la vie à la mort. Le trouble impensable qu’est le changement climatique devient maintenant une réalité (NdT: pas pour des raisons anthropiques, lorsque réchauffement – ou refroidissement – il y a, les causes sont essentiellement naturelles, la part de l’Homme dans ces évènements se produisant depuis des milliads d’années, est infinitésimale. Ceci ne veut bien entendu pas dire qu’il ne faut pas se préoccuper des problèmes de pollutions dont nous sommes responsables… mais laissons le CO2 de côté, il n’est ni une pollution, ni une production humaine affectant la planète… Nous nous devions ici d’interjecter car nous n’endorsons aucunement tout discours sur le “changement climatique anthropique”. Ce désaccord n’enlève en rien la pertinence politique des propos de Mlle Finlay par ailleurs.) et rien n’est entrepris par nos instances pour mitiger la catastrophe. Alors que la petite et paradoxale ère du républicanisme américain touche à sa fin, l’expérience de la nature en une créature si créative et consciente que l’humanité arrive à un tournant critique.

Précisément parce que ces cauchemards sont devenus réalité, il est maintenant temps de faire décisivement face à la tâche de créer un système politico-économique libre et juste. Pour la sauvegarde de l’humanité et en fait de toute vie sur terre, nous devons contre-balancer le fascisme aujourd’hui personnalisé par le capitalisme d’état-nation et mettre à jour tout un complexe de problèmes sociaux, économiques, politiques et écologiques tous imbriqués et interdépendants les uns des autres. Mais comment ?

Comme solution à la situation présente, un nombre croissant de gens dans le monde proposent le “communalisme”: le remplacement du capitalisme, de l’état et de la hiérarchie sociale par la ville, le village, les voisinages, réunis en assemblées et en fédérations.
Le communalisme est une idée vivante, organique, qui se construit sur un riche héritage de mouvements socio-politiques historiques.

La Commune du Rojava aux Zapatistes

Le terme de communalisme (libertaire) a émergé du soulèvement des Parisiens en 1871 dans le mouvement qui fut connu sous le nom de “Commune de Paris” et qui fut ravivé à la fin du XXème siècle par le philosophe politique américain Murray Bookchin (1931-2006). Le mot “communalisme” est souvent utilisé de manière interchangeable avec le mot “municipalisme”, ou “municipalisme libertaire” (un terme aussi inventé par Bookchin) et aussi le “confédéralisme démocratique” (inventé plus récemment par le leader emprisonné du parti des Travailleurs Kurdes, PKK, Abdullah Ocalan).

Bien que chacun de ces termes essaie de décrire une démocratie directe de face à face, le communalisme insiste plus sur ses dimensions organiques et vécues. Les communautés civiques en face à face, appelées “communes” historiquement, sont plus que simplement une structure ou un mode de gestion. Elles sont plutôt des communautés sociales et ethniques unifiant des groupes culturels et sociaux divers. La vie communale est un bien en soi.

Il y a d’inombrable précédents historiques qui modèlent les principes institutionnels et éthiques du communalisme. Les communautés tribales à petite échelle fournissent bien des exemples. En Amérique du Nord, la Confédération des Six Nation Haudenosaunee (Iroquoises) a gouverné la région des Grands Lacs par une démocratie directe confédérée pendant plus de 800 ans (NdT: contrairement à ce que laisse entendre l’auteure de ces lignes, cette confédération existe toujours aujourd’hui, nos lecteurs sont au courant de nos relais constants par nos traduction de Mohawk Nation News, traditionnellement ancrés dans la Grande Loi de la Paix, Kaiane’re:kowa dont nous avons traduit en français les 117 wampums/articles). Sur les côtes du Panama, la nation Kuna continue de gérer un archipel d’îles vibrant économiquement. Avant la dévastation amenée par l’esclavage et la colonisation, le peuple Igbo du Delta du fleuve Niger pratiquait une forme hautement cosmopolite de gestion communale. Encore plus récemment, dans la province du Chiapas au Mexique, le mouvement zapatiste de l’EZLN a réinventé les assemblées politiques pré-colombiennes au travers de centaines de municipios autonomes et cinq grandes capitales régionales appelées les Caracoles (escargots) dont les volutes spiralées symbolisent la connexion et la réunification des villages.

Les prédécesseurs des communalistes ont aussi émergés depuis de grandes communautés urbaines. De l’Athènes classique aux villes-états médiévales d’Italie et d’Europe, la démocratie directe s’est trouvée aussi chez elle en ville. En 2015, le mouvement politique de Barcelone “Barcelona en Comú” a gagné la mairie de Barcelone, basé sur un vaste collectif d’assemblées de voisinages richement étagé. Aujourd’hui, ils sont le premier parti siégeant au conseil municipal et continuent de décider leurs politiques et leurs plateformes au travers d’assemblées. En Syrie septentrionnale, le Mouvement de la Liberté Kurde a établi le confédéralisme démocratique, un réseau d’assemblées et de conseils populaires qui gouvernent avec le parti d’Union Démocrate ou PYD.

Ceci ne sont que quelques exemples parmi un grand nombre de traditions politiques qui attestent de “la grande richesse théorique, organisationnelle et politique”, qui est à notre disposition afin de rendre le pouvoir au peuple contre l’autoritarisme forcené qui nous est imposé.

Pouvoir, administration et citoyenneté

L’institution la plus fondamentale du communalisme est l’assemblée populaire. Elles se produisent de manière régulière au cours de rassemblements communaux ouverts à tous les adultes au sein d’une municipalité donnée, comme une ville, un village ou un district (canton) ; le but est de discuter, de débattre et de prendre des décisions au sujet d’affaires qui concernent la communauté dans sa totalité.

Afin de comprendre comment fonctionne une assemblée populaire, on doit d’abord comprendre la distinction subtile mais cruciale entre l’admnistration et le pouvoir décisionnaire politique. L’administration comprend des taches et des plans en rapport à l’exécution des décisions politiques prises. L’administration d’un projet particulier peut prendre quelques décisions mineures, comme par exemple quelle sorte de pierres utiliser pour construire un pont.

Le pouvoir, d’un autre côté, réfère à la capacité de faire une politique et de prendre des décisions majeures, comme par exemple de construire ou non un pont. Dans le communalisme, le pouvoir réside dans le corps collectif, tandis que de plus petits conseils mandatés expressement sont délégues pour l’exécution des décisions prises collectivement. Des experts comme les ingénieurs, ou les praticiens de santé publique jouent un röle important dans les assemblées populaires en informant les citoyens, mais c’est le corps collectif lui-même qui a le pouvoir de prendre de fait les décisions.

Avec cette distinction très claire entre l’administratif et le pouvoir, la nature du leadership individuel change dramatiquement. Les leaders cultivent le dialogue et exécute la volonté de la communauté. Les Zapatistes expriment ceci au travers du terme de “cargo”, ce qui veut dire avoir la charge ou le poids de la réalisation. Les membres du conseil exécutent la volonté de leur communauté, le leadership veut dire “obéir et non pas commander, représenter et non pas supplanter, descendre et non pas monter.”

Une deuxième distinction critique entre la politique pilotée par des professionnels de la politique et le communalisme est la notion de citoyenneté. En utilisant le terme de “citoyen”, les communalistes contredisent volontairement la notion restrictive et vide de tout sens de la citoyenneté invoquée dans les états-nations modernes. Dans les sociétés communales, la citoyenneté est conférée à chaque adulte qui vit au sein de la municipalité. Chaque adulte qui vit au sein de la municipalité a le pouvoir de participer directement, de voter et de participer à tour de rôle aux taches administratives. En fait, cette idée radicale de citoyenneté est fondée sur la résidence et sur les relations de face à face dans la communauté.

Les assemblée populaires sont une tradition vivante qui sont apparues encore et toujours au cours de l’histoire. Il faut ici faire une pause pour considérer les ressources conceptuelles que nous a laissées le démocratie athénienne classique. Il est clair que cette société était loin d’être parfaite, Tout comme le reste du pourtour de la Méditerranée à cette époque, Athènes a été construite sur le dos des esclaves et des femmes au foyer. Quoi qu’il en soit, la démocratie athénienne jusqu’à aujourd’hui est l’exemple historique le mieux documenté d’une auto-gestion communale directe (NdT: la documentation de la gestion des collectifs anarchistes espagnols de 1936 à 1939 est aussi très abondante et utile, cf Gaston Leval, Sam Dolgoff et Diego Abad de Santillan).

Agora: La place publique ou la maison où l’assemblée populaire se tient. L’agora est l’endroit de notre identité publique, là où nous allons pour prendre des décisions, pour soulever des problèmes et nous engager dans des discussions publiques.

Ekklesia: L’assemblée générale, une communauté de citoyens.

Boule: Le corps administratif de 500 citoyens qui tourne une fois par an.

Polis: La ville elle-même. Mais là encore, le terme réfere non pas à une communauté matérielle mais à une communauté multiple, richement peuplée, organique et matérielle. La polis est une entité et une personne par et pour elle-même.

Paeida: L’éducation politique et éthique continue que chacun suit, atteint afin de parvenir à la vertu et/ou l’excellence.

La vision clef de la démocratie classique arthénienne est que l’assemblée politique est un corps organique. Bien plus qu’une simple structure ou faisceau de mécanismes, le communalisme est une véritable synergie d’éléments et d’institutions qui mène à un type particulier de communauté et de processus. Pourtant les assemblées seule n’épuisent pas la politique communale. De la même manière que les communautés sont socialement, économiquement, écologiquement inter-dépendantes, une véritable société libre et éthique doit s’engager dans un robuste dialogue inter-communal, celui-ci menant à des associations libres inter-communes. La confédération permet aux communautés autonomes de s’évaluer et de s’ajuster en vue d’une coordination au niveau régional.

La confédération est différente de la démocratie représentative parce qu’elle est fondée sur des délégués révocables à tout moment par les communautés dont ils dépendent plutôt que sur des représentants individuels qui ont un pouvoir. Les délégués sont des porte-parole et n’ont aucun pouvoir. Ils ne peuvent pas prendre de décision pour la communauté. Ils ramènent les propositions dans leurs assemblées. Des chartes articulent les principes éthiques d’une confédération et définissent les attentes pour chaque membre. De cette façon, les communautés ont une base pour se tenir elles-mêmes et les autres responsables. Sans principes clairs, base d’un débat pour des actions de raison, d’humanisme et de justice, il ne peut y avoir de succès politique.

Note de R71: Nous intervenons ici pour ajouter comme cité plus haut, que la plus vieille charte confédérale au monde, unissant 6 nations amérindiennes (les 6 nations iroquoises des Seneca, Oneida, Onondaga, Cayuga, Tuscarora et Mohawk) et toujours en activité aujourd’hui, Kaianerekowa ou la Grande Loi de la Paix, date du XIIème siècle. Dans l’époque pré-invasion européenne, jusqu’à 58 nations amérindiennes étaient regroupées et suivaient volontairement la “charte” iroquoise. L’arrivée des européens à complètememt changer la donne, mais quoiqu’il en soit et malgré de multiples tentatives des Anglais et des Français de faire entrer en conflit les Iroquois les uns contre les autres, les nations iroquoises ne se sont pas combattues entre elles depuis le XIIème siècle. Kaianerekowa est la loi de la terre sur Onowaregeh (l’Île de la Grande Tortue) et aussi loin que la société traditionnelle iroquoise est concernée, les Européens ont brisé cette loi de longue date et n’ont AUCUNE LEGITIMITE sur les terres ancestrales autochtones. Le système confédéral fonctionne, il fonctionne même très, très bien ! Nous devrions en tirer les conclusions qui s’imposent d’elles-mêmes !…

Dans le Mouvement pour la Liberté Kurde du Rojava dans le nord de la Syrie, le Contrat Social est fondé sur les piliers du féminisme, de l’écologie, de l’économie morale et de la démocratie directe. Ces principes résonnent au travers de tout le mouvement, liant entre elles diverses organisations et communautés sur la base partagée du multi-culturalisme radical, de la bonne direction écologique et du féminisme.

Une société libre

Il n’y a pas de plan de marche à suivre pour un mouvement municipaliste/communaliste. Sans aucun doute, la réalisation de telles communautés politiques ne peut venir que d’un changement fondamental de notre fabrique sociale, culturelle et économique. Les attitudes de racisme, de xénophobie, qui ont alimenté la montée virulente des fascismes aujourd’hui dans des endroits comme les Etats-Unis, doivent être combattues au moyen d’un humanisme radical qui célèbre la diversité ethnique, culturelle et spirituelle. Depuis des millénaires, l’oppression sexiste a dénigré des valeurs et formes sociales attribuées aux femmes. Ces attitudes doivent être supplantées par une éthique égalitaire et une sensibilité d’entraide. (NdT: dans les sociétés traditionnelles nord-américaines, comme dans la confédération Haudenosaunee, mais pas seulement loin s’en faut, les conseils de femmes et d’anciens ont une importance capitale. Les conseils des femmes nomment les chefs, qui comme dans toute société traditionnelle ancestrale n’ont pas de pouvoir, ne commandent pas mais représentent les décision prise par les conseils. Elles ont aussi le pouvoir de révoquer les chefs errants et dérogeant à la charte et sont expressément consultés en prévention de conflits armés…)

La liberté ne peut pas non plus venir sans stabilité économique. Le capitalisme ainsi que toutes les formes d’exploitation économique doivent être abolis et remplacés par des sytèmes de production, de consommation et de distribution pour utilisation nécessaire et de plaisir plutôt que pour la vente et le profit. Les vastes ceintures de béton de nos cités industrielles “modernes”, doivent être réduites en des espaces urbains ayant un sens, étant vivables et durables. Nous devons gérer les problèmes urbains avec une grande attention pour un meilleur développement, une meilleure égalité personnifiant ainsi les espaces urbains.

De la même manière que des individus ne peuvent pas être séparés d’une comunauté politique au sens large de laquelle ils font partie, la société humaine ne peut pas être séparée de notre contexte au sein du monde naturel. La politique coopératrice, humaniste du communalisme fonctionne ainsi main dans la main avec une sensibilité écologique radicale qui reconnaît l’humain comme un être unique, partie intégrante et consciente de la nature.

Tout en gérant nos propres besoins et désirs, nous avons la capacité de penser hors de la boîte et d’être orientés vers le futur. La Confédération Haudenosauné (iroquoise) appelle ceci le “principe de la 7ème génération”. D’après ce principe, toute délibération politique doit être faite pour la communauté actuelle, incluant les animaux et la communauté écologique locale au sens large et toute décision prise doit l’être en pensant à l’impact que la ou des décisions aura sur la 7ème génération.
Bien qu’une petite illustration de tous les changements sociaux dont nous aurions besoin aujourd’hui excède de loin le sujet de ce bref essai, le grand travail de Murray Bookchin et d’autres socioécologistes fournissent de riches discussions au sujet de la signification d’une démocratie directe et d’une société écologique. Pour le mouvement des verts, celui de l’anti-mondialisme, d’Occupy Wall Street et les mouvements des Indignados d’Espagne et du Chili, les idéaux communalistes ont aussi joué un grand et croissant rôle dans les luttes sociales et politiques dans le monde. C’est un mouvement en pleine croissance.

Le communalisme n’est en aucun cas une idéologie rigide, froide et dure, mais plutôt un corps d’idées cohérent et en perpétuel mouvement, construit sur un cœur fondamental de principes et d’institutions. C’est, par définition, un processus, ouvert et adaptable à virtuellement une infinité de contextes culturels, historiques et écologiques. En fait, des précédents historiques du communalisme dans la démocratie tribale primordiale et les assemblées de villes et de villages, peuvent être trouvés dans pratiquement tous les coins de la terre.

L’ère de la politique d’état menée par des professionnels est arrivée à sa fin. Seule la démocratie de la base populaire menée à une échelle mondiale peut s’opposer avec succès au futur dystopique qui nous attend. Tous les outils nécessaires sont disponibles. Une énorme richesse de ressources s’est accumulée au cours des luttes politico-sociales de l’humanité. Avec cette richesse, avec le communalisme, nous pourrons reforger le monde sur le potentiel raisonnable de l’humanité, sur sa créativité et sa liberté.

 

= = =

 

Textes à lire sur le sujet:

 “L’appel au Socialisme”, Gustav Landauer, 1911

3 textes fondamentaux pour un changement de paradigme politique:

 

Bonne lecture !

N’oubliez pas le week-end prochain…

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Foire à l’autogestion 8 et 9 Juin à la parole errante… Allons-y nombreux !

 

Rendez-vous à la 2e édition de la Foire à l’autogestion les 8 et 9 juin 2013 à La Parole errante – La Maison de l’arbre 9, rue François Debergue 93100 Montreuil

Débattre, se rencontrer et vivre l’autogestion !

 

Visionnez ces petits clips vidéos de 30 à 50 secondes… Truculents et suggestifs !

 

« On a beau fouiller les quatre saisons, on a rien trover de plus poétique que l’autogestion ! »

 

http://www.autrefutur.net/On-a-beau-fouiller-les-quatre

Résistance politique ici et maintenant…

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De la résistance à l’autogestion, le 14 mai à Paris

 Alternative Libertaire

 

3 Mai 2013

 

url de l’article:

http://www.alternativelibertaire.org/spip.php?article5325

 

Pendant combien de temps va-t-on encore continuer à nous prendre pour des imbéciles ?

Quand on entend qu’il faut se serrer la ceinture et accepter l’austérité alors que les riches continuent de s’enrichir et que, depuis 20 ans, les actionnaires n’ont pas cessé de s’engraisser sur le dos des travailleurs-euses…

Quand on sait que la fraude fiscale représente entre 60 et 90 milliards d’euros et qu’on voit éclater au grand jour les magouilles et les scandales où se croisent les hommes politiques et les plus grosses fortunes…

Quand on nous promet le changement et qu’en même temps on continue à pourchasser les Rroms, à faire la chasse aux immigré-es, à laisser faire les patrons qui licencient à tour de bras…

Quand on voit un gouvernement soi-disant de « gauche » inscrire dans la loi l’une des pires attaques contre les droits des travailleurs-euses : le fameux « Accord national interprofessionnel » imposé par le MEDEF et une CFDT complice…

Face à cela, l’alternative est simple. Soit on s’écrase et on subit l’exploitation patronale, en laissant la rue aux parades réactionnaires et aux milices fascistes. Soit on se bouge pour répondre à l’austérité par la solidarité, pour lutter contre la loi du plus riche et résister à l’offensive capitaliste avec, en ligne de mire, la reprise en main de l’économie et la transformation de la société.

Parce que nous sommes persuadé-es qu’on ne peut pas attendre un changement venu « d’en haut », parce que nous croyons que c’est par nos résistances et par nos luttes que nous pourrons renverser le rapport de force actuel, parce que nous pensons que c’est par en bas que se construira une société réellement démocratique et égalitaire, nous vous invitons à venir discuter et débattre avec nous le mardi 14 mai, à 20h, au local d’Alternative libertaire.

Meeting le 14 mai, 20h, au 92, rue d’Aubervilliers, Paris 19e (métro Stalingrad, Riquet ou Marx-Dormoy)

 

Et ensuite…

Ne ratez pas la 2e Foire à l’autogestion à Montreuil, les 8-9 juin

Forums, débats, ateliers pratiques, stands, guinguette, cinéma, théâtre, espace enfants…

Une centaine de structures participantes.

www.foire-autogestion.org

*  *  *  *  *  *  *  *  *

Programme de la Foire à l’Autogestion 2013:

 

Samedi 8 juin

Lieu : la Parole errante à Montreuil (9 rue François-Debergue, métro Croix-de-Chavaux).

Stands, buvette, restauration, animation musicale avec Johnny Montreuil, cycle cinéma, vidéos, ateliers, débats… Une centaine de structures participantes.

10 h : Ouverture de la Foire à l’autogestion

10 h-19 h : Espaces permanents

● Village du logiciel libre, avec les associations Parinux, la coopérative Cliss XXI (Liévin)…
● Espace enfants avec, cette année : la construction collective d’une cabane proliférante
● Répar’Café sur le thème du petit électroménager : apprenez à réparer vous-mêmes, plutôt que de dépendre du SAV de Darty !
● Atelier Récup’ : apprenez à recycler utilement (et artistiquement) les objets de la vie quotidienne (quelques exemples ici). 
● Atelier d’écriture collective d’un scénario de jeu. Ou comment mettre en place une activité de loisir imaginatif autogérée à travers l’exemple de l’écriture de scénarios. Organisé par la Mare aux diables sur son stand, 20 participant-e-s max. S’inscrire ici.
● Atelier d’autoréparation de vélo, avec l’association Cyclofficine (Ivry-sur-Seine), accueil auto-réparation air-huile, avec mise à disposition de l’outillage de base pour apprendre à réparer soi-même sa bicyclette. Toute la philosophie Do it yourself tient sur deux roues !
● Atelier vidéo : venez avec votre caméra (même un simple appareil photo numérique) et apprenez les bases du cadre vidéo avec Holistic Productions ; 5 à 8 participant-e-s max. S’inscrire ici.

11 h-13 h : forum « Éducation et pédagogie alternative »

Comment sortir de l’école de la reproduction sociale ? L’éducation : au service de qui ? de quoi ? Pour quels savoirs et quels programmes ?

Débat avec :

● Charlotte Nordmann, auteure de La Fabrique de l’impuissance (éd. Amsterdam, 2008) ;
● Un intervenant du Lycée autogéré de Paris

11 h-13 h : Atelier : Créer son propre fanzine

Par Bernard (Autre Futur) ; max. 10 participant-e-s. S’inscrire ici.

12 h-14 h : Débat : Retour critique sur l’autogestion yougoslave (1950-1990)

L’expérience ambiguë de « l’autogestion socialiste » en Yougoslavie a, dans les années 1960 et 1970, fait couler beaucoup d’encre dans les courants anticapitalistes cherchant une alternative au modèle soviétique. De par les rapports conflictuels qu’elle a révélé avec l’État et avec l’économie de marché, l’expérience de l’autogestion yougoslave n’a pas fini de nous apporter d’utiles enseignements.

● Catherine Samary (auteure de Le marché contre l’autogestion, l’expérience yougoslave, La Brèche, 1988) ;
● Vladimir Fisera (auteur de Prague, la révolution des conseils ouvriers, Seghers, 1978).

11 h-14 h : ciné-débat : Douce France, la saga du mouvement beur, de Mogniss Abdallah et Ken Fero, 77 min, IM’Média, 1993.

Synopsis : Des affrontements des Minguettes à la Marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983, de Rock against Police à la lutte contre la double peine, de la lutte des ouvriers arabes dans l’usine Talbot-Poissy au mouvement étudiant de 1986 et aux lois Pasqua… Ce documentaire retrace les temps forts du « mouvement beur » des années 1980. Trente ans après la marche de 1983, ce film est l’occasion d’en faire un état des lieux, de revisiter les mémoires d’un certain nombre d’acteurs et d’exposer la diversité des options prises dans la lutte contre le racisme. Voir des extraits.

Projection suivie d’un débat avec :

● Mogniss Abdallah, coréalisateur du film ;
● Éric Louis, participant à Convergence 84, la « deuxième Marche », en 1984.

14 h-17 h : Atelier : Initiation à l’autodéfense féministe

Un stage axé sur la prévention des situations d’agression et la mise en pratique de défenses physiques simples. Possibilité d’adapter le contenu du stage à la demande des participantes.

Organisé par Irène (AL Orléans) ; max. 20 participantes (non mixte). Pas de tenue de sport nécessaire. S’inscrire ici.

14 h-16 h : Forum : « Auto-organisation et lutte des travailleurs migrants »

Avec, entre autres :

● Bernard Gilles (bureau confédéral CNT-SO) ;
un-e militant-e du syndicat du Nettoyage CNT-SO, qui évoquera la défense des droits des migrants et ses difficultés propres (barrière du langage, racisme…) ;
● Michael Hoare (Comité pour l’avenir des foyers), qui nous parlera de l’enjeu de la rénovation des foyers de travailleurs migrants, et de la lutte des résidents pour le maintien d’espaces de solidarité collective ;
● un délégué du Foyer de travailleurs migrants du Centenaire, qui évoquera l’expérience de ce foyer montreuillois autogéré de facto.

14 h-16 h : Débat : la noblesse des biffins, c’est le recyclage

Traqués par la mairie de Paris, les biffins (chiffonniers) s’auto-organisent contre la misère. Débat avec :

l’Association des marchés économiques locaux individuels et organisés du recyclage (Amelior), qui fédère 200 biffins en région parisienne.

15 h-17 h : Présentation du livre Syndicalistes et libertaires. Une histoire de l’UTCL (1974-1991)

Raconter l’action de l’Union des travailleurs communistes libertaires (UTCL) dans le syndicalisme des années 1970-1980, c’est raconter la période de « l’insubordination ouvrière » de l’après Mai 68, la lutte contre le recentrage de la CFDT, l’émergence des gauches syndicales, l’irruption des coordinations de grévistes, la formation des SUD… A travers les pratiques du petit groupe d’ouvriers turbulents qui formait l’UTCL, on s’interrogera sur la portée révolutionnaire du syndicalisme d’action directe. Débat avec :

Théo Rival (AL Orléans), auteur du livre ;
● plusieurs anciennes et anciens de l’UTCL.

16 h-18 h : Débat : le logement alternatif, c’est possible. L’exemple du Mietshaüser Syndikat

En Allemagne, il existe une tradition de lieux alternatifs et ouverts dans lesquels s’épanouit une culture alternative. Ces Hausprojekte, terme que l’on pourrait traduire en français par « maisons autogérées », sont à la fois des lieux de vie et d’activités collectives et politiques. Pour renforcer leur indépendance, une structure associative basée à Fribourg, le Mietshaüser Syndikat a imaginé un montage juridique et financier original qui fait sortir de manière définitive les bâtiments du marché immobilier spéculatif. En France, cette initiative a inspiré la création du CLIP, qui se bat pour la propriété d’usage, contre la propriété marchande. Débat avec :

un-e représentant-e du Mietshaüser Syndikat ; 
● un-e représentant-e du CLIP.

17 h-19 h : ciné-débat : Le Champ commun, ensemble on va plus loin, de Marie-Josée Desbois, 26 min, 2012.

Synopsis : La toute jeune coopérative Le Champ commun a ouvert en 2010 une épicerie et un bar-café-concert à Augan (Morbihan). Fort de 96 associés, un groupe de 8 salariés travaille pour créer une alimentation générale de qualité et un lieu de rencontre et de culture en milieu rural. Leur devise : « Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ».

Projection suivie d’un débat sur l’auto-organisation de circuits de production, de transformation et de distribution alternatifs, avec :

● Consom’Solidaires,
● la coopérative Le Champ commun,
● la coopérative Minga,
● l’association Andines,
● la coopérative TerraUna.

17 h-19 h : forum « Lutte contre les licenciements et reprise des entreprises »

Avec, entre autres :

● Gérard Cazorla (CGT-Fralib), qui évoquera la lutte des salarié-e-s de l’usine de Gémenos pour la reprise de la production ;
● Laurent Lacoste (Solidaires-Industrie), qui évoquera la campagne pour le droit de veto des CE sur les licenciements collectifs ;
● Une militante d’une entreprise en lutte pour la reprise par ses salarié-e-s ;
● Yannis Androulidakis (revue grecque Rocinante), qui parlera de la « proto-autogestion » dans les entreprises récupérées en Grèce.

18 h-20 h : débat : Le sport (collectif) pour populariser les pratiques autogestionnaires

Avec :

● Nicolas Kssis, militant à la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT) et rédacteur à So Foot ;
● Wally Rosell, auteur d’Éloge de la passe, changer le sport pour changer le monde, Éditions libertaires, 2012.

Au terme du débat, rendez-vous sera donné pour une mise en pratique le lendemain matin, avec un match de foot à 7.

21h-22h : Théâtre : Side in/Side out, avec Tom Nanty (compagnie Un jour aux rives)

A la sortie de sa performance de dragking, Tom retrouve le calme de sa loge. Une voix le renvoie aux galères quotidiennes de sa situation de banlieusard. Tom nous fait alors partager ses réflexions sur les inégalités sociales, les travers de l’urbanisme et l’élitisme culturel, pendant qu’il se change après son spectacle et poursuit la transition d’homme en femme. Un dossier sur le spectacle ici. Suivre l’événement sur les réseaux sociaux ici.

Dimanche 9 juin

Lieu : la Parole errante à Montreuil (9 rue François-Debergue, métro Croix-de-Chavaux).

Stands, buvette, animation musicale, vidéos, ateliers, débats… Une centaine de structures participantes.

9 h : match de football à 7

Rendez-vous à 9 heures, « à la fraîche », sur le terrain de foot de proximité Espoir, dans la cité de l’Espoir, à 5 minutes à pieds du site de la Foire à l’autogestion.

Le football à 7 est une version non compétitive du football, davantage fondée sur le jeu, avec équipes mixtes (hommes-femmes, jeunes-vieux…), qui se joue en 2 x 25 minutes, éventuellement même auto-arbitré.

● L’encadrement sera assuré par Nicolas Kssis (FSGT) Wally Rosell (FA).

10 h : ouverture de la Foire à la Parole errante

10 h-19 h : Espaces permanents

● Village du logiciel libre, avec les associations Parinux, la coopérative Cliss XXI (Liévin)…
● Espace enfants avec, cette année : la construction collective d’une cabane proliférante
● Répar’Café sur le thème du petit électroménager : apprenez à réparer vous-mêmes, plutôt que de dépendre du SAV de Darty !
● Atelier Récup’ : apprenez à recycler utilement (et artistiquement) les objets de la vie quotidienne (quelques exemples ici). 
● Atelier d’écriture collective d’un scénario de jeu. Ou comment mettre en place une activité de loisir imaginatif autogérée à travers l’exemple de l’écriture de scénarios. Organisé par la Mare aux diables sur son stand, 20 participant-e-s max. S’inscrire ici.
● Atelier d’autoréparation de vélo, avec l’association Cyclofficine (Ivry-sur-Seine), accueil auto-réparation air-huile, avec mise à disposition de l’outillage de base pour apprendre à réparer soi-même sa bicyclette. Toute la philosophie Do it yourself tient sur deux roues !
● Atelier vidéo : venez avec votre caméra (même un simple appareil photo numérique) et apprenez les bases du cadre vidéo avec Holistic Productions ; 5 à 8 participant-e-s max. S’inscrire ici.

11 h-12 h : L’expérience du Centre autogéré Espace noir, de Saint-Imier (Suisse)

La pratique du centre socio-culturel Espace noir de Saint-Imier, dans le Jura Suisse historique. Nous verrons comment les principes de socialisation du pouvoir, de l’information, de la communication et d’autres principes liés au savoir, à la culture d’entreprise, à la constitution de réseaux, sont appliqués au quotidien par un centre autogéré.

● Par Yves Deconinck (formateur), qui prépare un livre sur cette initiative.

11 h-13 h : forum « Luttes rurales et défense des terres agricoles péri-urbaines »

La« zone à défendre » de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) est devenue emblématique du slogan « Résister, c’est créer ». Mais ce n’est pas le seul endroit où l’on s’oppose à la destruction des terres agricoles pour de grands projets inutiles. On peut également citer la résistance au projet Europa City, porté par Auchan à Gonesse (Val-d’Oise) ou à la ferme des Bouillons à Mont-Saint-Aignan (Seine-Maritime). Un forum organisé par les Amis de la Confédération paysanne, avec :

Blaise Martin, Collectif pour le Triangle de Gonesse (www.cptg.fr) ; 
Rémy Querbouet, Alternatifs, Collectif d’opposants NDDL ;
un-e représentant-e de la ferme des Bouillons à Mont-Saint-Aignan.

11 h-14 h : ciné-débat : Lorraine-Cœur d’acier : une radio dans la ville de Jean Serres et Alban Poirier , 72 min, 1982

Créée par la CGT en vue de la grande manifestation des sidérurgistes le 23 mars 1979, Paris Radio LCA ne s’est pas cantonné à l’action syndicaliste. Passées les premières semaines d’antenne, les journalistes Marcel Trillat et Jacques Dupont ont choisi de faire tourner leurs micros. Politiques de tout bord, habitants du bassin, femmes d’ouvriers, travailleurs immigrés et même enfants de la cité de fer ont participé à l’aventure LCA. L’antenne était régulièrement brouillée par les forces de l’ordre mais, pendant plus d’un an de lutte, elles ne sont pas venues à bout des habitants du bassin de Longwy qui faisaient bloc pour défendre la radio… Voir un extrait.

Projection suivie d’un débat avec :

Michel Olmi, sidérurgiste, secrétaire de l’UL-CGT de Longwy de 1974 à 1980 ;
● Daniel Cano, de l’association Minga, de Longwy.

12 h-14 h : Rencontre : Monter une entreprise autogérée

Créer une coopérative de production, c’est bien ; lui appliquer une éthique égalitaire et autogestionnaire, c’est mieux. Partage d’expériences, conseils, échanges, avec les coopératives du réseau REPAS :

● la scierie coopérative Ambiance Bois (Creuse),
● la filature coopérative Ardelaine (Ardèche),
● l’épicerie coopérative Le Champ commun (Morbihan),
● la coopérative de communication La Navette (Creuse),
● la boulangerie coopérative La Conquête du pain (Montreuil),
● et d’autres encore…

14 h-16 h : forum « Féminisme et auto-organisation: enjeux et pratiques d’émancipation  »

Le Planning 93 et la bibliothèque grenobloise Antigone présenteront la façon dont ils articulent en pratique féminisme et autogestion, et les implications politiques, dans les contextes où ils agissent. Cela permettra de lancer le débat, qui occupera l’essentiel de la durée du forum. Avec :

● Corinne Mélis (Planning familial 93) ;
● Cécilia (bibliothèque Antigone, Grenoble) ;
● François (bibliothèque Antigone, Grenoble).

14 h-17 h : Atelier : prendre la parole sans prendre le pouvoir

On explorera les comportements et cadres de pensée qui peuvent entraver la libération de la parole, créer des frustrations, de l’aliénation et favoriser les jeux de pouvoir dans un groupe ; et on verra ceux qui favorisent la coopération, l’entraide, la décrispation sur les enjeux de pouvoir/territoire.

Par Adeline (AL), Pascal (LAP) et Jean-Pierre (FRAP) ; max. 15 participant-e-s. S’inscrire ici.

14 h-17 h : Débat sur les monnaies locales et théâtre de l’Opprimé

Avec Michel Lepesant (MOC Drôme) ;
● Création d’une saynète selon la méthode du théâtre de l’Opprimé.

15 h-17 h : Rencontre : L’autogestion… ça ne marche pas toujours !

Débat organisé par le Syndicat unique du bâtiment et des travaux publics (SUBTP-CNT) de la Région parisienne.

Au printemps 2010, le SUBTP-CNT se lance dans l’aventure coopérative avec ses deux camarades travailleurs-coopérateurs en fondant La Belle équipe, une coopérative ouvrière de production dans tous les corps d’état du bâtiment. Il s’agit d’un outil nouveau pour les camarades qui retroussent leurs manches et souhaitent vivre dignement de leur métier, comme pour le syndicat qui peut mettre en pratique ses discours et ses valeurs. La coopérative est fondée sur des statuts clairs, qui placent le syndicat comme légataire en cas de défaillance d’un membre, et lui interdisent de compter des actionnaires non producteurs en majorité, ce qui limite à un seul en l’espèce. Cette coopérative s’insère dans la vie syndicale avec ses actions de formation aux métiers et à la sécurité sur le chantier, avec le placement de militants licenciés pour fait syndical … et reçoit en retour l’appui juridique, pédagogique, logistique et relationnel du SUBTP-CNT. Cette coopérative est depuis fin 2012 en sommeil.

Le SUBTP-CNT propose, en présence de camarades travailleurs-coopérateurs, une intervention et un retour critique sur les points suivants :
a) Histoire et chronologie du projet de la Belle Équipe ;
b) Activités de la Belle Équipe et relations entre les travailleurs-coopérateurs et le syndicat; rôle du syndicat ;
c) Avancement et évolution de la scop (formation, travail sur les chantiers…) ;
d) Analyses et retours critiques sur la mise en sommeil de la scop ;
e) Perspectives pour la création, le développement et la pérennité de nouvelles coopératives dans le bâtiment.

15 h-18 h : Atelier: Brasser sa bière soi-même

« Pensez global, buvez local ! », « Brasser sa bière, un acte révolutionnaire ! » Démonstration pratique, de façon intermittente, sur trois heures, avec :

● la microbrasserie montreuilloise Zymotic, qui désaltèrera la Foire cette année !

17 h-19 h : forum « Autogestion et projet de société »

Comment concevoir une économie postcapitaliste, placée entre les mains des producteurs et des consommateurs ? Selon quels critères décider de qu’il faut produire et comment le répartir ? Autant de questions qui bouleversent les codes actuels de l’économie et notre système de pensée. On cassera donc les codes pour repenser quelques idées fondamentales avec :

● Anselm Jappe, universitaire, un des théoriciens de la « nouvelle critique de la valeur » ;
● Clément Homs, de la revue Sortir de l’économie.

 

Résistance politique: Esquisse d’un modèle de société juste et égalitaire…

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Organisons la convergence pour un autre futur

 

Pierre Bance

 

Avril 2013

 

Url de l’article original:

http://www.autrefutur.net/Organisons-la-convergence-pour-un

 

Voici le mois de mai. Celui de la Commune et des espoirs déçus. Celui de la grève générale et du rêve général de 68. La révolution paraît si loin… Dans un premier texte ici publié en septembre 2012, Pierre Bance a lancé un appel « Pour un projet anarchiste de la convergence », « anarchiste » entendu comme essence du communisme (http://www.autrefutur.net/Pour-un-p…). Dans le présent texte, il explique pourquoi la convergence ne peut se résoudre que dans une organisation nouvelle, autre chose qu’un parti politique, autre chose qu’un syndicat bureaucratique. Quand le monde change, il faut changer nos catégories de pensées pour concevoir un support efficace de l’émancipation et de la libération, pour qu’un autre futur ne soit pas qu’un songe dont s’accommodent la domination et l’aliénation de l’État et du capital.

Comme le précédent, ce texte n’engage pas le site un Autre futur mais en alimente la raison d’être : favoriser l’échange entre toutes les composantes anticapitalistes, syndicalistes, libertaires, anti-autoritaires, autogestionnaires du mouvement ouvrier et révolutionnaire.

 

=  =  =

Texte de Pierre Bance, syndicaliste, journaliste indépendant

Les révolutionnaires sont enfants de Sisyphe. Un Sisyphe heureux, sans fatalisme. Un échec, dix échecs ne les désespèrent pas. Le texte « Pour un projet anarchiste de la convergence » est venu s’échouer ici en septembre 2012. D’autres avant connurent le même sort [1]. D’autres suivront. Á force de frotter les silex de la mémoire des vaincus, la plaine finira par s’embraser. Alors, la flamme émancipatrice ne sera qu’un feu de paille si rien n’est prévu pour l’entretenir car on ne combat pas les légions capitalistes en ordre dispersé mais avec une autre intelligence de l’ordre garantissant autonomie et efficacité. Autrement dit, si l’appel à la convergence est à renouveler sans répit, « il nous manque une force organisatrice dotée d’une pensée politique capable de donner un sens à l’action » [2]. Et qui sera le cratère d’où naîtra la société communiste. C’est l’objet de cette deuxième contribution.

Ceux qui donneront vie à cette ambition ne sont pas des personnes indéterminées qui spontanément, par l’effet d’un événement soudain, décideraient de s’associer. Seuls des militants syndicaux, politiques, associatifs sont en mesure de mettre en branle le processus de rencontres et de débats sur un tel projet. Ils se connaissent, ils ont de l’expérience, ils ont agi ensemble, ils partagent plus d’accords que de désaccords ; il ne leur reste plus qu’à se débarrasser de leurs préjugés idéologiques. S’ils ne bougent pas, c’est que la volonté n’existe pas et chacun continuera de jouer les figurants sur une scène où l’État et le capital poursuivent leur exploitation sans perturbations durables. La gauche anticapitaliste restera prise au piège de la démocratie parlementaire qui lui ôte toute légitimité à prétendre changer la société.

Si une volonté convergente existe, la question de l’organisation surgira puisqu’elle en sera l’aboutissement, le prolongement, le support vivant. Ce texte en propose une esquisse.

Préliminaires

Avant d’envisager la forme et le fonctionnement de l’organisation, il convient d’en fixer les parties prenantes et la problématique de départ.

Les parties

L’union se fera avec tous ceux qui se retrouvent dans les idées d’autonomie des unités de base, de démocratie directe, d’autogestion, de fédéralisme.

Participeront des personnes physiques, des syndicats, des groupes politiques, des associations, des passeurs d’idées, divers collectifs dans une fédération locale d’un type nouveau impliquant la volonté non d’en prendre le pouvoir mais de se fondre dans un ensemble de singularités au fur et à mesure qu’elle se construit, se fortifie.

Plutôt que s’allier sur le plus petit dénominateur commun telles les unions de la gauche, sera recherché tout ce qui est commun, chacun s’efforçant pour apprécier sereinement une idée, une prise de position, une action… de mettre à distance ses opinions, ses présupposés, ses ressentiments. La confiance devra vaincre la culture de la méfiance, mortel héritage des dogmatismes.

La problématique

L’histoire récente montre qu’il est aussi illusoire de s’unir dans un parti sur le modèle social-démocrate ou léniniste que dans un mouvement aux liens si lâches que, récupéré par les partis, les religions, les États, il se réduit à des forums ponctuels. Qu’il est, en fin de compte, ridicule de prétendre révolutionner le monde sans être capables d’en présenter un vecteur efficace portant une alternative crédible.

Alors, comment concevoir une union assez structurée pour ne pas se déliter au moindre grippage ou avec le temps, suffisamment organisée pour peser dans les luttes politiques ou sociales, véritablement consciente de sa vocation à mener vers un autre futur, et qui préserve l’autonomie de chacune de ses composantes ?

Renversons les schémas habituels de raisonnement : c’est parce ses membres préserveront les autonomies locales que l’organisation fédérée sera pérenne, efficace et révolutionnaire. L’autonomie sera la garantie de la solidarité comme dans la société future la liberté sera garante de l’ordre.

Fédéralisme

Autonomie locale et fédéralisme charpentent cette alliance pour l’autogestion que ses ennemis jugent improbable.

L’union locale préfiguration de la commune

Une union locale des diversités sera l’unité de base de l’organisation de la convergence, préfigurant la commune de la société sans État.

Son champ territorial se liera à la densité de la population et aux ressources militantes. Elle couvrira le quartier d’une grande ville, ailleurs un département.

Sa compétence ne se limitera pas à la politique et au social, mais s’étendra aussi à l’économie et à la culture. Aucune expression de la vie ne lui sera interdite.

Déjà, dans bien des endroits, des groupes unitaires sont constitués pour une lutte, une action, un objectif à long terme. Ils vivent ou se maintiennent au travers de liens plus ou moins serrés au gré des circonstances. L’union locale transformera ses relations informelles en relations permanentes et regroupera les activités dispersées.

Chaque union locale aura ses propres statuts et s’organisera comme elle l’entend. Là réside l’essence de l’autonomie. Une autonomie qui n’aura de portée et d’efficience que si elle se fédère avec d’autres autonomies.

Le fédéralisme

Les unions locales se fédèrent entre elles et définissent leurs ententes territoriales jusqu’au plan national et international pour mener des réflexions, engager des luttes, résoudre les problèmes qui concernent cette aire géographique. La liberté d’association doit permettre toutes combinaisons fédératives utiles à l’autogestion, notamment au travers de regroupements fédéraux professionnels, économiques, culturels, etc. qui s’inséreront dans la confédération des autonomies.

Dans chaque fédération, l’autonomie des unions locales sera prépondérante, aucune fédération ne pourra imposer une décision collective à des unions locales participantes ou tierces. Seul leur sera demandé de ne pas entraver la décision collective. Dans un autre futur, les communes résoudront des conflits plus difficiles, imaginons le cas d’une commune qui refuse le passage obligé d’une route sur son territoire.

Du bouillonnement fédératif surgira une vraie vie sociale ou chacun, individuellement et en groupe, s’impliquera dans la décision qui le concerne. L’entrelacement confédéral constituera une force en mesure de contraindre l’État et le capital avant que le premier ne devienne superflu, l’autre sans objet. Cette ambition organisationnelle n’est pas plus démesurée que celle des associations professionnelles, des bourses du travail, des groupements ouvriers divers et des syndicats qui s’unirent en confédération au tournant des 19e et 20e siècles. Une histoire qui nous apprend qu’il ne suffit pas de se fédérer pour se prémunir d’un pouvoir bureaucratique si l’on ne met pas en place des outils qui assurent la démocratie directe.

Démocratie directe

Les unions locales, leurs diverses fédérations, la confédération des autonomies ne vaudront que si elles ne reproduisent pas les pratiques autoritaires et la professionnalisation du mandat présentées, par les apparatchiks, comme des gages d’efficacité alors qu’elles se révèlent être des obstacles aux objectifs de responsabilité, de solidarité, d’émancipation, de libération.

Les outils de la démocratie directe protègent des dérives bureaucratiques, encouragent l’initiative, font vivre et durer les autonomies fédérées. On en donnera un aperçu sachant que d’autres instruments sont possibles, tel le tirage au sort comme mode de désignation, d’autres à imaginer.

► L’assemblée générale de l’union locale est l’expression première de la démocratie directe. Instance délibérative de base de la confédération, elle est souveraine, en ce sens que ses décisions ne peuvent être contestées que par elle-même. Chaque personne physique ou groupement représenté participe aux débats et aux choix selon les modalités qu’elle s’est fixées. Aux divers échelons fédératifs, les décisions sont prises par des assemblées générales d’unions locales représentées par des délégués mandatés. Pour les grandes assemblées générales, les unions locales inventeront des modes de représentation qui préserveront les principes de la démocratie directe. Les moyens modernes de communication faciliteront la tenue d’assemblées générales sans déplacement, la prise de décision par des référendums soumis à tous les adhérents, parfois à tous les habitants concernés comme dans la future fédération des communes libres.

► Le mandat des délégués, quel que soit le niveau de mandatement, sera précis, c’est-à-dire que le délégué mandataire devra respecter les prescriptions de l’assemblée générale mandante soit impérativement, soit dans les limites qu’elle aura définies. Ce mandat est révocable à tout moment dans les formes où il a été donné.

► Toutes les charges de représentation et les tâches administratives, dans toutes les instances de la confédération, seront soumises à rotation. Un délégué ne pourra cumuler des mandats dans la fédération des communes ; il ne pourra non plus cumuler son mandat avec celui d’une organisation extérieure à la confédération. Les missions sociales qui exigent un exercice à temps plein ne devront être attribuées que pour des périodes déterminées non renouvelables. Ainsi seront évités la professionnalisation politique, le leader charismatique, la personnalisation médiatique. Les permanents techniques inévitables à partir d’un certain degré de développement ne devront tenir aucun mandat politique dans la structure fédérale qui les emploie.

Directe, la démocratie permettant à chacun de participer à la décision est, finalement, une chose assez simple et c’est ce qui gêne bureaucrates et politiciens. C’est peut-être aujourd’hui que, partout dans le monde, ses outils sont les plus revendiqués, les plus utilisés pour répondre à l’envie de liberté individuelle et d’autonomie collective. Quand les États et le capital, pour résoudre leur énième crise, étranglent les plus faibles, ce n’est pas rêver qu’en appeler à la responsabilité de chacun, à la nécessité de s’unir au-delà des choix philosophiques, des pures affinités, pour se défendre au quotidien, pour en finir avec la domination et l’aliénation. S’organiser car l’émeute et la révolution spontanée comme l’indignation citoyenne et la « subversion » électorale sont par avance condamnées à l’écrasement par les tenants de l’ordre ou à la récupération par des organisations politiques réinstallant l’oppression étatique.

Les gardiens des dogmes diront que tout cela n’est qu’utopie et en prendront prétexte pour ne pas bouger croyant tenir une vérité qui scelle la division. Les intelligents assèneront leurs abstractions et leur hermétisme pour dénier toute validité scientifique à un projet simpliste. Sur un autre mode, les sceptiques en souligneront l’imprécision et l’imperfection, ils auront raison, ce n’est qu’une esquisse dont il leur appartient d’affiner et d’affirmer le trait. Les initiés diront ne rien apprendre, mais que font-ils ? Les pessimistes afficheront leurs inquiétudes, légitimées par le passé, quant aux blocages pratiques et idéologiques, faut-il pour autant renoncer ? Chacun peut trouver un motif pour ne pas croire en la convergence et à son organisation. Chacun sait qu’avec le maintien du statu quo, c’est l’ensemble du mouvement anticapitaliste, libertaire, anti-autoritaire et autogestionnaire qui se condamne à l’impuissance éternelle.

 

Résistance politique: Autogestion et créations désobéissantes…

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« Nous n’avons pas de problème avec la désobéissance civile mais avec l’obéissance… »

— Howard Zinn —

La solution pour la société existe en elle-même, elle est aussi vieille que l’humanité: solidarité, égalité, autogestion et confédération des communes libres complémentaires en dehors de toute structure institutionnelle étatique ou privée à vocation forcément autoritaire, parasitaire et oppressive. Des brouillons ont déjà été ébauchés, il suffit de reprendre là où la Commune de Paris de 1871 l’avait laissé, en améliorant bien évidemment. La nature humaine n’est pas guerrière et destructrice, elle est humanitaire et solidaire. Il suffit de dépoussiérer pour retrouver la bonne attitude et virer la fange qui pourrit la société: le capitalisme et son cerbère de toujours: l’État.

Regardons en nous-même pour y voir le reflet des luttes des peuples indigènes que nous avons colonisés depuis plus de 500 ans. Nous avons beaucoup à apprendre, car la « démondialisation » passe par la décolonisation et la décolonisation passe forcément par notre décolonisation. Nous, les peuples occidentaux, avons été colonisés par l’oligarchie en place.. Le combat anti-colonialiste des nations et peuples colonisés est le notre. Lorsque nous aurons compris cela. Le grand chambardement pourra commencer… d’abord avec un changement d’attitude des peuples occidentaux.

Pas _ pas nous y arrivons…

— Résistance 71 —

 

Résistances destructrices, créations désobéissantes

 

 

Le Monde Libertaire

 

 

11 Avril 2013

 

url de l’article:

http://www.monde-libertaire.fr/anticapitalisme/16347-resistances-destructrices-creations-desobeissantes

 

Qui n’a jamais brisé un ordinateur à coups de marteau, qui n’a jamais jeté des piles de journaux aux quatre vents, qui n’a jamais crevé les pneus des camionnettes transportant ces journaux lors d’une action syndicale, celui-là comprendra moins que d’autres l’action des luddites, ces briseurs des nouveaux métiers à tisser et à tricoter, « machines odieuses », voleuses de pain, qui affamèrent hommes, femmes et enfants, tous « chair à usines », au début du XIXe siècle en Angleterre.

Les luddites et le grand chambardement

La Colère de Ludd donne une excellente description de cette révolte ouvrière contemporaine de la naissance du capitalisme et de l’industrialisation de l’Angleterre. En dépit du peu d’informations directes, si ce n’est les fiches de police, les chansons ouvrières et les courriers luddites adressés aux patrons, aux magistrats et aux policiers, le mouvement luddite est assez bien cerné par l’auteur, Julius Van Daal ; en dépit également des maigres informations pour cause de l’omerta complice de la population. Bien que quelques-uns n’échappèrent pas à la corde, il faut dire en effet que peu de luddites furent dénoncés et déférés devant les tribunaux tant ils surent se protéger de la répression et des mouchards.

Comme un policier demandait à un luddite mourant des renseignements dénonçant ses compagnons, ce dernier demanda à l’inquisiteur : « Savez-vous garder un secret ? » L’inquisiteur répondit par l’affirmative. Le luddite lui dit alors : « Moi aussi. » Et il mourut.

Les luddites ne furent pas les rétrogrades destructeurs refusant le progrès technique que les vainqueurs veulent bien faire d’eux ; ils furent au contraire des précurseurs sur nombre d’idées. La conclusion de l’auteur est à cet égard d’une grande clarté.

Oui, les luddites et des poètes comme Shelley ou Byron eurent une bonne longueur d’avance sur tous ceux qui pensent prévoir l’avenir des sociétés.

Les luddites sans doute échouèrent : « Peu d’observateurs pondérés auraient parié sur le succès de l’insurrection. »

« La suite des événements, où l’État fera d’ailleurs preuve d’une grande maîtrise dans son déchaînement réactionnaire même, nous donne à penser qu’un tel succès aurait nécessité quelque péripétie prodigieuse, quelque improbable intervention de la Providence, tant le rapport de force était visiblement défavorable aux rebelles. C’est ce constat de faiblesse et d’atomisation qui les contiendra dans l’expectative ou la prudence, après qu’ils eurent fait montre de tant d’audace, et les retiendra de déferler sur le Parlement et les palais des grands… » (p. 180).

Si les luddites furent défaits, leur combat contribua à créer ce que l’on nommera plus tard la « conscience de classe » d’une classe ouvrière se formant en parallèle à la naissance du capitalisme avec la figure du prolétaire moderne solidaire de ses compagnons de lutte.

Conscience de classe et solidarité semblent de nos jours en perdition, grignotées, corrodées, rongées par l’atomisation ouvrière et l’évolution de ce capitalisme et de ce que l’on nomme la globalisation.

Les luddites furent ces saboteurs magnifiques qui frappèrent au cœur la pratique capitaliste et qui seront, par la suite, imités de par le monde.

Les luddites furent vaincus, entre autres raisons parce qu’un fossé se creusa entre eux et le camp réformateur et démocratique qui réprouvait le bris des machines et les diverses violences qui accompagnaient les actions. Également, et surtout, parce que les forces répressives furent plus que démesurées ; donnée importante sur laquelle il faudrait quand même s’attarder longuement. Ajoutons, pour finir, que la donne sociale se modifia avec la chute de Napoléon et la fin des guerres extérieures.

Ainsi, les luddites anticipèrent, en acte, le projet ouvrier de grève générale et d’expropriation, autrement dit le grand chambardement.

De tous les grands chambardements sociaux de l’Histoire, aucun ne perdura, vaincu par la répression, détourné de l’authenticité de ses débuts ou corrompus par le goût immodéré du pouvoir des uns et par la perversion d’un capitalisme aux multiples visages qui a maintenant mondialisé sa domination et qui se décline en de multiples catastrophes comme la perte de la souveraineté alimentaire et la famine, la destruction des écosystèmes, la dilapidation de la biodiversité, etc.

Pratiques de démondialisation

Et, pour la première fois dans notre histoire − s’il respecte la directive européenne de 1994 −, le paysan ne peut plus replanter le grain qu’il a récolté. Directive ignoble, non suivie par une association comme Kokopelli et par quelques autres qui ont pris le contre-pied de cette illégitime loi en y désobéissant.

Aussi, une « démondialisation » − qui se répandrait silencieusement − s’est mise en branle avec la résistance des exploités et des dominés ; une « démondialisation » qui ouvre des « brèches », comme l’écrit John Holloway dans son Crack capitalism.

C’est du moins la thèse que développe Bénédicte Manier dans Un million de révolutions tranquilles.

Révolutions ? Peut-être pas au sens habituel, mais actions radicales car elles partent de la base, se passent de l’État et du secteur privé capitaliste. Il s’agit dès lors d’inventer rapidement des solutions pour répondre à la demande populaire et à ses difficultés.

Ainsi, l’auteur nous cite ces paysans indiens, sur des terres asséchées, qui retrouvent des techniques anciennes d’irrigation et de distribution de l’eau − savoirs détruits par le colonialisme et méprisés par le pouvoir actuel qui les harcèlent ; paysans qui ont réussi à faire reverdir leur contrée.

Ainsi l’organisation de femmes pauvres, en Inde toujours, qui se lancent sans argent ou presque dans la fabrication de galettes de lentilles et qui réussissent leur autonomie financière.

Ainsi ces autres femmes, souvent analphabètes, venues de plusieurs pays pour un stage dans le collège aux pieds nus de Tilonia, en Inde encore, et qui repartent avec un statut d’ingénieures capables alors de promouvoir l’énergie solaire dans leur propre village.

Ainsi ces multiples coopératives, de toutes sortes et en tous lieux, créées à partir d’entreprises jugées non rentables mais qui restent viables quand elles sont gérées « en sortant d’une logique du profit à court terme ». Il s’agit alors de répartir la richesse autrement et de construire une économie tournée vers les besoins de la population (nous savons, bien sûr, que les coopératives ne datent pas d’aujourd’hui et que certaines ont eu le temps de s’écarter des principes fondateurs).

Ainsi, en nombre infini, seraient les activités de culture maraîchère et de jardinage, la plupart du temps autogérées par des femmes ; femmes détentrices traditionnellement des savoirs agricoles, mais écartées de la propriété légales de ces terres.

Ainsi les circuits courts, présents dans nos propres villages français, initiés par les associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (amap).

Ainsi les nouveaux jardiniers urbains, comme à Detroit aux États-Unis, ville en grande partie abandonnée par l’industrie automobile, où ont été aménagés friches, terrasses, toits et plates-bandes, pour la culture des légumes jusqu’à l’autosuffisance.

Ainsi ces citoyens qui se réapproprient le droit de battre monnaie.

Ainsi ces autres qui, pour habiter ensemble, autoconstruisent des écovillages ou, par exemple dans le département de l’Isère, l’écohameau de La Chabeaudière, où vivent d’ailleurs certains de nos amis.

Ainsi les cliniques gratuites nord-américaines, les maisons médicales autogérées de Belgique et les médecins aux « pieds nus » ailleurs.

 

Un mouvement qui se défie des décideurs

Bénédicte Manier cite dans une note le concept des trois « s » de Gandhi : swaraj, l’autogouvernance citoyenne des villages, swadeshi, l’autosuffisance économique locale, et sarvodoya, le bien-être collectif. Remarque judicieuse dans cet ouvrage que de mettre l’accent sur la préoccupation d’un Gandhi qui ne fut pas uniquement un activiste de la non-violence.

Dans ce monde, viennent de surgir une volonté d’initiatives nouvelles et une capacité d’innovation sociale portées par une société civile qui découvre sa force − le tout largement ignoré du grand public −, une force cependant en butte aux tracasseries administratives auxquelles il faudra bien encore désobéir.

La caractéristique de ce mouvement planétaire va de pair avec une organisation qui ne fait plus confiance ni aux partis, ni aux syndicats, ni à l’État, ni au secteur privé, mais qui s’organise horizontalement et sans hiérarchie, court-circuitant le monde politique à l’aide des nouvelles techniques de communication.

On assiste donc aujourd’hui à l’émergence d’une société post-mondialisée : ce qu’Edgar Morin décrit comme des « forces de résistance, de régénération, d’invention, de création » qui se multiplient mais qui sont « dispersées, sans liaison, sans organisation, sans centre, sans tête ». Nous n’allons pas trop nous plaindre de ce dernier manque.

Mais, me direz-vous, oui, vous les révolutionnaires impatients, vous qui voulez transformer le monde en un clin d’œil : « Toutes ces actions ne sont que remède sur jambe de bois. »

Certes, nous pouvons le penser, mais nous serions bien aveugles si nous ne constations pas que l’impasse économique que nous vivons a contribué à répandre l’idée qu’un autre système économique était possible et nécessaire et que, devant cette prise de conscience, de nouvelles aspirations se font jour et se transforment en actes.

Il s’agirait tout simplement de changer la vie. Et pour donner encore la parole à un poète, écoutons Paul Éluard qui dit : « Un autre monde existe, il est dans celui-ci. »

 

André Bernard

 

Sources :

 

Bénédicte Manier, Un million de révolutions tranquilles, Les liens qui libèrent, 2012, 326 p.

Julius Van Daal, La Colère de Ludd, L’insomniaque, 2012, 288 p.

John Holloway, Crack capitalism, 33 thèses contre le capital, Libertalia éd., 2012, 462 p.

Développons la résistance politique et sociale: Foire à l’autogestion de Toulouse… Visions sur la construction du contre-pouvoir autogestionnaire…

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Foire à l’autogestion de Toulouse, du 29 avril au 5 mai 2013

 

Alternative Libertaire

 

Le 23 Mars 2013

 

url: http://www.alternativelibertaire.org/spip.php?article5276

 

Après Montreuil l’année dernière (et encore cette année), à Toulouse d’organiser sa Foire à l’Autogestion. Moments de rencontres de débats, de retour sur expériences, avec comme point central l’autogestion.

 

Ce sera au parc des sports du Bazacle et à Utopia. Débats, ateliers, musique, théâtre, animations, espace foire, librairie, restauration et buvette… Le programme détaillé est sur www.bazaraubazacle.org

Entrée libre et participation libre et nécessaire pour les spectacles.

LUNDI 29 AVRIL :

A L’UTOPIA : 20h projection de LIP, l’imagination au pouvoir. Débat animé par Roland Mérieux et des syndicalistes toulousains.

Il y a quarante ans, déjà, les ouvrières et ouvriers de l’entreprise LIP furent confrontés à la fermeture de leur usine. Loin de baisser les bras ils-elles décident de relever le défit autogestionnaire. Passant de l’autogestion des luttes à celle de la mise en pratique économique au travers d’une coopérative ouvrière, les LIP ont ouvert la voie vers une mise en mouvement qui fait écho actuellement. En effet, aujourd’hui encore, les ouvriers de certaines entreprises victime de la gestion libérale de l’économie, se posent la question, de gérer par eux même leur outil de travail et pour certains passent à l’acte !

MERCREDI 1er MAI

10H – 13H : MANIF (animée par la BATUCASOL)

Repas

A partir de 14h : Espace d’échanges et de savoirs avec tenue de stands associatifs, syndicats, librairie, expos et réparation vélos avec Vélorution

15H – 17H : « Histoire de l’autogestion et mouvements populaires » Table ronde

Après midi : Foot auto-géré avec la FSGT (Fédération Sportive Gymnique du Travail) Apportez vos équipements de sport pour rejoindre les équipes sur place.

17H-19H : Atelier : Auto-gestion et Éducation : L’éducation est un enjeu central. Au travers des bourses du travail, des université populaires ou de pédagogie émancipatrices, de nombreuses expérimentations éclosent partout dans le monde. Nous vous proposons de discuter éducation avec Gilbert Dalgalian, auteur de « Reconstruire l’éducation ou le désir d’apprendre ». Il abordera plus particulièrement la question du statut de l’élève, l’adaptation des structures éducatives aux enfants, la nécessité de repenser l’évaluation.

17h – 19h : Atelier : Projection de 2 films sur des expériences d’autogestion au Portugal (SCOP autogérées) avec débat. Escola veut dire école en Portugais, détourné en ES.COL.A ou Espace Collectif Autogéré, ce court métrage témoigne de l’expérience de la Fontinha, une école publique de Porto abandonnée, puis occupée et ré-ouverte au quartier et à ses habitants, jusqu’à son évacuation par les autorités. Suite à cette éviction et en solidarité avec la Fontinha, l’immeuble municipal de la rue de São Lazaro à Lisbonne, abandonné depuis 12 ans, est occupé le 25 avril 2012 et auto géré en assemblées ouvertes au public durant 1 mois. Si un bâtiment occupé peut déranger beaucoup de monde, 5000 abandonnés, comme à Lisbonne ou à Porto, en dérangent bien plus. Dans un pays acculé par la crise et ses misères sociales, où les pouvoirs publics laissent pourrir leur patrimoine par manque de moyen mais aussi pour satisfaire les gros bailleurs et maintenir pression foncière, la réappropriation de ces toits et de leur autogestion par tout un chacun est plus que jamais d’actualité.

Animation avec Sylviane Blanquart autour de l’orgue de barbarie (chant de lutte)

Repas

19h30 Musique de rue avec Brancaleone

Théâtre de la Brique Rouge, soirée : « Ta Limania Xena » musiques populaires de Grèce avec projection documentaire « Grèce générale » et petit débat.

JEUDI 2 MAI

A l’Utopia

à 20h30, projection de « Les Femmes de la Bruckman » en Argentine. Débat animé par Maxime Quijoux auteur du livre « Néo libéralisme et autogestion, l’expérience Argentine », éditions IHEAL et Guillaume de Gracia, auteur du livre L’Horizon Argentin aux éditions de la CNT. Le Chaos économique, social et institutionnel qu’a connu l’Argentine, en 2000, a donné cours à l’initiative autogestionnaire à partir « d’entreprises récupérées » par des travailleurs et travailleuses. Ce phénomène ne s’est pas cantonné qu’à ces entreprises mais a touché des pans entiers de la société Argentine qui aurait pu déboucher sur le développement d’une société alternative au système libéral défaillant. Pourtant après 6 mois d’expérience autogestionnaire et un mot d’ordre populaire « que se vayan todos » destiné aux élites corrompues, celles-ci sont revenues aux commandes du pays. Que pourrait-on tirer de cet échec ? Retrouvez Maxime Quijoux sur les ondes de radio Mon Païs dans l’émission « fréquences latines » le 1er mai entre 20h et 22h.

Au Bazacle

17h-19h : Atelier : Grands projets inutiles (film Notre Dame des landes)

Repas

Festival débattons dans les rues : Soirée de lancement du festival Débattons dans les rues

Festival expérimental d’éducation populaire désobéissante et festive et pis aussi avec de l’humour. Ce festival qui dure une dizaine de jours aura lieu fin mai sur Toulouse. Pendant la soirée : des concerts, de la bouffe, à boire et surtout, toutes les infos sur le festival …

VENDREDI 3 MAI

A partir de 14h : Espace d’échanges et de savoirs avec tenue de stands associatifs, syndicats, bouquins, expos et réparation vélos avec Vélorution

17h-19h : Atelier : Logement et autogestion animé par des militants des squats, associations et syndicats. Situation du logement en France et en particulier sur Toulouse. La Dynamique des luttes des squats sur la ville ces dernières années. Présentation du livre de Florence Bouillon : « le squat problème social ou lieu d’émancipation ? »

17h-19h : Atelier : Santé et autogestion. Faire de l’autogestion entre professionnels de santé est une chose, mais prolonger cette dynamique à destination des accueillis en est une autre !

Repas

21h : Cie le Périscope « Les Forains »

Musique festive : Sale Pierrot ou Ca peut plaire à ta mère

SAMEDI 4 MAI

10h – 13h : Atelier pratique d’autodéfense par et pour les femmes afin d’élargir nos capacité d’action face aux agressions rencontrées dans les espaces publics, privés et professionnels.

11h -14h : atelier Médias et politique

Repas

A partir de 14h : Espace d’échanges et de savoirs avec tenue de stands associatifs, syndicats, bouquins, expos et réparation vélos avec Vélorution

14h- 16h : Atelier : Auto-organisation dans les luttes des Femmes

14h-16h : Atelier : Les coopératives / Communautés aux Etats Unis. Les Etats Unis sont plus connus comme le champion du système capitaliste que pour ses alternatives collectives autogérées. Pourtant, dès leur naissance, des utopistes socialistes ont tenté d’édifier des espaces autogérés. A la fin du 19ième et au début du 20ième, ce sont des éléments socialistes et libertaires du prolétariat de ce pays qui ont construit des communautés autogérées, intégrant l’activité économique, l’éducation et le logement dans un même espace. Qu’en est-il à l’heure actuelle ? Débat présenté par Ronald Creagh, auteur de Utopies américaines, expériences libertaires du XIXe siècle à nos jours.

14h-16h : Atelier : La Coopérative intégrale : Un modèle d’autogestion et auto-organisation locale pour l’actuelle époque de transition et de sortie du capitalisme. Principes de base et historique. Etat des lieux en Catalogne et reste de l’Espagne, à Nantes et Toulouse. Quels sont les acteurs qui participent aux différents projets ? De quelle façon le modèle s’adapte-t-il aux conditions locales ?

15H : spectacle Jeune Public de 3 à 10 ans (marionnettes) « Anatole a disparu » par la Cie « Des mains et des pieds »

Après midi musique de rue avec Brancaleone

Après midi : Atelier cirque jeune public, parade, animation avec Arts Maniacs

16H – 18H : Atelier : Les SCOPS en région à partir de 3 expériences concrètes : Net Sol Eco (nettoyage à la Reynerie), Les Verreries d’Albi et Epurnature (épuration des eaux,..) avec 2 Diaporamas

16H-18H : Atelier : Municipalités : pouvoir ou contre pouvoir, entre élu-e-s et action citoyenne, quelle pratique autogestionnaire ?

18H30 : spectacle « Les Usines sur les planches ». Ce spectacle NH3 a été créé à partir de textes poétiques écrits par des salariés de AZF,SNPE, auxquels se sont rajoutés ceux des SANOFI, MOLEX et dernièrement JOB et AIR France.

Repas

Musique festive : Sale Pierrot ou Ca peut plaire à ta mère

DIMANCHE 5 MAI

A partir de 14h : Espace d’échanges et de savoirs avec tenue de stands associatifs, syndicats, bouquins, expos et réparation vélos avec Vélorution

15h Table ronde : autogestion des luttes, quelles convergences ? avec la participation de travailleurs de Molex, Freescale, Sanofi, Job, de la Fonderie de Fumel, de la santé, des intermittents et précaires,…….

Après midi : Atelier cirque jeune public, parade, animation avec Arts Maniacs

Restauration

18h Apéro concert avec la fanfare les Belles gambettes

PENDANT LES 4 JOURS

Tenue d’une buvette auto-gérée (permettra de financer l’opération).

Nous proposons 2 types de restauration : 
 Cuisine nomade Caracol : bio végétarienne (dispose d’une charrette cuisine) Prix libres 
 Cuisine de Jako. Il avait assuré le Bazar de l’an dernier

Voici ci-dessous les signataires du Bazar au Bazacle et de la Foire à l’autogestion :

Bazar au Bazacle : CMCAS EDGDF, Théâtre de la Brique Rouge, Théâtre du Roseau, Cie Lazzi Théâtre, Cie Arts Maniacs, Cie Jeux de Mômes, Droit au Logement (DAL), ATTAC, SUD culture Solidaires, TV Bruits, Radio FMR, Solidaires 31, Batucasol.

Le Collectif Foire à l’autogestion : Les Alternatifs, Alternative libertaire, Association pour l’Autogestion, Comités syndicalistes révolutionnaires, Coordination des Groupes Anarchistes, Fase, Fédération anarchiste, ETM 31, le Maquis, Mouvement des Objecteurs de Croissance, Nouveau Parti Anticapitaliste.

Avec la participation cette année : des Compagnies le Périscope, Des mains et des pieds, des groupes Ta Limania Xena, les Sales Pierrot, les « Ca peut plaire à ta mère », Artistes en liberté, Batucasol, Brancaleone Featuring Rita Macedo, la Fanfare des Belles gambettes, des Collectifs GPS (Groupement pour la défense du travail social), Collectif « Grève des femmes » 31, Fédération Sportive Gymnique du Travail, Faire Face, CREA, Clandé, Chapelle, Myris, le GAF, Vélorution, NH3 les usines sur les planches, Collectif 31 Notre Dame Des Landes, des salarié-es des SCOP (Net Sol Eco, Verreries d’Albi, Case Santé, Imprimerie 34, Avanti Popolo, Epurnature) et de Molex, Freescale, Sanofi, ex-Job,la Fonderie de Fumel….les cuisines de Caracol et de Jako, des librairies…, Théatre itinérant de la cabane et son chapiteau, d’Utopia.

Solution autogestionnaire: une fois de plus les Espagnols nous montrent la voie…

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, économie, crise mondiale, démocratie participative, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, politique et social, résistance politique, société libertaire, syndicalisme et anarchisme with tags , , , , , , , , , , , , , , on 17 février 2013 by Résistance 71

Nous l’avons dit et le répèterons sans relâche: l’autogestion est non seulement possible et la solution au marasme étatico-capitaliste mondial, mais elle a été et est encore une réalité… Il suffit de la généraliser et d’en faire le véritable contre-pouvoir qui rendra de facto le modèle actuel caduc.

— Résistance 71 —

 

Usines récupérées et autogestion dans la nouvelle réalité espagnole

 

José Luis Carretero Miramar

 

Décembre 2012

 

url de l’article original en français:

http://www.autrefutur.net/Usines-recuperees-et-autogestion

 

Traduction en français d’un article éclairant sur la situation dans l’État espagnol et le renouveau des perspectives autogestionnaires dans ce pays. La version originale en castillan a été publiée le 20 décembre sur le site d’ICEA sous le titre de « Fábricas recuperadas y autogestión en la nueva realidad de España ».

Par José Luis Carretero Miramar (Traduction du castillan par Richard Neuville)

Avec la situation de crise financière et économique, l’Etat espagnol a commencé à réduire très sérieusement sa voilure. Ainsi la fermeture d’entreprises et les licenciements se sont succédé –et continue à se succéder- laissant une traînée de chômeurs. Dans la fièvre de protestations et de résistance, la transformation sociale (avec l’autogestion comme élément central) s’exprime avec force dans l’horizon en Espagne.

Il y a à peine cinq ou six ans, parler d’entreprises récupérées ou de coopérativisme en Espagne aurait été manier des concepts non seulement marginaux sinon profondément éloignés des intérêts et expériences de la grande majorité de la population. Dans le cadre de la société de la bulle financière, la consommation débridée et la « fête » de la jeunesse, personne n’envisageait -ou seulement des groupes réduits ou très localisés géographiquement- la nécessité de travailler par soi-même dans une perspective horizontale ou éloignée du modèle capitaliste.

Marinaleda ou Mondragón étaient des expériences autogestionnaires de dimension globale, mais ce qui est sûr, c’est que l’immense majorité de la population hispanique restait profondément éloignée des valeurs qui les sous-tendaient.

Cependant, il n’en fut pas toujours ainsi. Sans devoir remonter aussi loin que les collectivisations, qui surgirent au cours de la guerre civile de 1936-39 (qui couvraient une grande partie de l’industrie, des services et l’agriculture de la zone républicaine), dans le scenario de la Transition espagnole du franquisme à la démocratie, dans les années 70, l’expérience de récupération d’entreprises par ses travailleurs à joué un rôle marquant.

C’était des temps de crise, de fractures et de grands mouvements populaires. C’est au cours de cette période qu’émergèrent des expériences comme celle de Númax, une usine de matériel électrodomestique autogérée par les ouvriers en réponse à la tentative de fermeture illégale de la part des patrons, dont l’expérience est restée incarnée dans deux films documentaires Joaquím Jordá : Númax vit et 20 ans ce n’est pas rien.

Certaines des expériences de ces années ont survécu malgré tout jusqu’à aujourd’hui, comme l’entreprise barcelonaise Mol Mactric, capable de réaliser aujourd’hui les châssis d’une ligne du Metro de Barcelone, le train et des centaines de machines industrielles pour des entreprises comme General Motors ; ou l’imprimerie Gramagraf, occupée il y a 25 ans, et qui aujourd’hui appartient au groupe éditorial coopératif Cultura 03.

Mais la transition s’est achevée. Et, elle a produit un grand fiasco. Les principes essentiels du régime franquiste ont été maintenus dans ce qui a consisté en une simple réforme politique qui a intégré le pays dans le cadre de l’Union européenne et de l’OTAN, et qui si elle a concédé certaines libertés publiques, n’a pas remis en cause les mécanismes essentiels de répartition du pouvoir économique et social. Les grands mouvements populaires ont périclité et le « désenchantement » et le cynisme se sont substitués à l’expérimentation et à la lutte. Les propositions autogestionnaires n’ont pourtant jamais disparu mais elles ont été reléguées dans un espace purement marginal.

Et, il en fut ainsi pendant que la société de la bulle financière et sa consommation débridée et irresponsable est restée de vigueur. Comment ? Fondée sur le crédit et la surexploitation du travail des immigrés et des jeunes, grâce à la précarisation des conditions de travail et la conformité d’une législation relative au statut d’étranger, l’activité dissimulée et sans droits s’est (de fait) développée.

A l’arrivée de la crise financière et économique actuelle, les structures se modifiaient et tout évoluait : l’explosion du taux de chômage atteignant des niveaux extrêmes jamais vus précédemment dans la société espagnole et la dégradation rapide du tissu productif et entrepreneurial -à l’éclatement de la bulle immobilière- ont généré une situation radicalement nouvelle qui a impliquée le début de grandes transformations économiques mais également socioculturelles.

Le chômage et une nouvelle pauvreté contraignaient de larges couches de la population vers l’économie dissimulée et l’encaissement des maigres subsides d’un Etat de Bien-être, qui n’est jamais parvenu à se développer en Espagne à un niveau équivalent à celui des pays centraux de l’Europe.

Les extrêmes (plus précisément, extrémistes) ajustements, mis en œuvre par les pouvoirs publics face au déclenchement de la crise de la dette externe générée par la socialisation des dettes privées des entités financières, ont provoqué l’effet qu’il fallait attendre : l’Etat espagnol est devenu un gigantesque champ de ruines économiques où les fermetures d’entreprises se sont succédé et où de larges secteurs de la population ont commencé à être exclus de l’activité productive.

C’est dans ce contexte que les succès du 15 mai de 2011 ont éclaté et que le « Mouvement des Indignés » a fait irruption avec force et que les premières tentatives massives de résistance se sont exprimées face au processus de décomposition sociale imposé par les dynamiques néolibérales de l’UE et les gouvernements espagnols.

Dès lors, l’architecture politique de la société est redevenue un élément débattu et discuté publiquement. La politique a récupéré une certaine centralité dans les conversations quotidiennes et dans l’esprit d’une majorité de la population. Parler maintenant de mobilisations, de résistance ou de transformation sociale (avec l’autogestion comme élément central) est redevenue possible.

Déjà, dans les mois précédents, en plein déploiement de la crise, les germes et les semences de cette nouvelle situation s’étaient développés. Et, le recours à la récupération d’entreprises par leurs travailleurs était redevenu crédible.

En ce sens, au tout début de la crise, près de 40 entreprises avaient été récupérées par les travailleurs et remises en fonctionnement sous statut coopératif, comme l’affirme la Confédération de Coopératives de Travail Associé (COCETA). Parmi celles-ci, nous pouvons relater des expériences comme celle de l’entreprise de robotisation Zero-Pro de Porriño (Pontevedra – NdT : Galice) ou celle de meubles d’agencement de cuisine Cuin Factory en Vilanova i la Geltrú (Barcelone), dans laquelle l’ancien chef a participé activement à la transformation en coopérative et, où tous les travailleurs se sont attribué un salaire égalitaire de 900 euros. L’entreprise métallurgique Talleres Socar à Sabadell (NdT : Banlieue de Barcelone) a également été mise en autogestion avec l’appui du propriétaire et reconvertie dans la coopérative Mec 2010.

Mais probablement, l’initiative la plus frappante et connue aura été la mise en marche par les ex-employé-e-s du journal à tirage national Público, qui a arrêté d’être édité en version papier le 23 février 2012, laissant 90 % de ses travailleurs à la rue. Ces derniers ont constitué la coopérative Más Público, qui tente d’obtenir un soutien social et financier pour continuer à publier le journal en version mensuelle.

Cependant, et malgré toutes ces expériences, on ne peut pas considérer que la voie de la récupération d’entreprises soit devenue quelque chose de naturel ou développée : les travailleurs, dans les situations de fermeture, continuent massivement à se satisfaire des prestations sociales que leur propose un Etat du Bien-être de plus en plus faible et contesté. Les difficultés liées au statut juridique des coopératives dans le droit espagnol, tout comme la quasi-absence de prévisions par rapport à la Loi d’adjudication, associée à une certaine passivité alimentée par des décennies d’univers spéculatif et conformiste, constituent probablement des freins à la stratégie de récupération.

Ce qui assurément paraît de plus en plus évident, c’est le recours croissant au coopérativisme de la part de beaucoup de chômeurs qui, devant la situation d’anomie productive et d’absence d’expectatives pour retrouver un emploi, recourent à la possibilité de capitaliser une prestation de licenciement pour créer des entreprises autogérées. Les exemples sont innombrables (comme celui de la coopérative d’électricité renouvelable Som Energía, créée en décembre 2010) et, dans certains cas, ils démontrent des liens évidents avec les mouvements sociaux (comme ceux relatifs à la mise en œuvre d’expériences créées à l’image ou ressemblante à la Coopérative Intégrale Catalane, ou bien celles du milieu libertaire, comme celle de l’imprimerie graphique Tinta Negra – Encre Noire). Effectivement, entre janvier et mars 2012, 223 nouvelles coopératives ont été créées dans l’Etat espagnol.

Il n’y a pas de doutes. De nouveaux chemins sont en train d’être parcourus (NdT : tracés) par la société espagnole. Et, parmi ceux-ci, le chemin de l’autogestion commence à être de plus en plus courant.

Article espagnol:

http://iceautogestion.org/index.php?option=com_content&view=article&id=511%3Afabricas-recuperadas-y-autogestion-en-la-nueva-realidad-de

 

Émancipation sociale: L’autogestion est la voie de la sagesse…

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Excellente présentation du Groupe Louise Michel, qui reconfirme s’il en était besoin, que l’autogestion dans les communes libres fédérées est la voie du futur pour une société égalitaire et donc libre. Sans égalité (sociale et politique), ni fraternité (entr’aide mutuelle, compassion et coopération), aucune liberté n’est possible, jamais !

Voici ce que dit Proudhon dans son ouvrage à redécouvrir de 1863: « Du principe fédératif »: « Voilà tout le système, dans la confédération, les unités qui conforment le corps politique ne sont pas des individus, citoyens ou sujets; ce sont des groupes, donnés a priori par la nature et dont la taille moyenne ne dépasse pas celle d’une population rassemblée sur un territoire de quelques centaines de kilomètres carré. Ces groupes sont eux-mêmes de petits états, organisés démocratiquement sous la protection fédérale et dont les unités sont les citoyens. »

En conclusion de ce fascinant petit livre, Proudhon, visionnaire, nous dit ceci (en 1863 ne l’oublions pas !…):

« Ainsi, la réduction et la péréquation de l’impôt ne peuvent pas être obtenues sous un pouvoir à haute pression, puisque pour réduire et égaliser l’impôt, il faudrait commencer par le décentraliser ; ainsi la dette publique ne se liquidera jamais, elle augmentera toujours plus ou moins rapidement aussi bien sous une république unitaire que sous une monarchie bourgeoise ; ainsi le débouché extérieur, qui devrait apporter à la nation un surcroît de richesse, est annulé par la restriction du marché intérieur, restriction causée par l’énormité des taxes; ainsi les valeurs, prix et salaires ne se régulariseront jamais dans un milieu antagonique où la spéculation, le trafic et la boutique, la banque et l’usure l’emportent de plus en plus sur le travail. Ainsi enfin, l’association ouvrière restera une utopie, tant que le gouvernement n’aura pas compris que les services publics ne doivent être ni exécutés par lui-même, ni convertis en entreprises privées et anonymes, mais confiés à forfait et par baux à terme à des compagnies d’ouvriers solidaires et responsables. Fini l’immixtion du pouvoir dans le travail et les affaires, plus d’encouragements au commerce et à l’industrie, plus de subventions, plus de concessions, plus de prêts et d’emprunts, plus de pots-de-vins, plus d’actions de jouissances ou industrielles, plus d’agiotage: de quel système pouvez-vous attendre de pareilles réformes si ce n’est du système fédératif ? »

La gestion directe des communes est partie prenante d’un système fédératif ou quelque soit le nom qu’on lui donne. C’est l’avenir incontestable de l’humanité, commençons ensemble à bâtir une société égalitaire et libre…

— Résistance 71 —

 

Gestion directe de nos communes

Pour que personne ne décide à notre place

 

Groupe Louise Michel de la Fédération Anarchiste

 

L’alternance politicienne entre la droite et la gauche, avec leurs alliés de tout le spectre de la « démocratie » parlementaire, nous a clairement démontré combien les politicards font preuve d’efficacité, lorsqu’il s’agit de favoriser les profiteurs qui s’engraissent sur notre dos.

Au nom d’une gestion réaliste de notre vie commune, ils nous imposent une économie de plus en plus libérale où la société est cogérée par les « décideurs » : représentants des multinationales, du patronat, leaders d’opinions, responsables des partis dit politiques et de certains syndicats. Ceux-ci tiennent bien serrées dans leurs mains les rênes de l’économie, gèrent le capital, et cherchent à travers la « politique » à contrôler totalement notre existence. On veut nous faire croire que ce mode de gestion est le seul possible et qu’à défaut de pouvoir lutter contre le capitalisme, il faut se contenter de le gérer le mieux possible.

Attention !

La globalisation croissante de l’économie est en train de dissoudre les intérêts des populations locales dans ceux des cartels financiers internationaux. Cette concentration du pouvoir économique mondial s’accompagne d’une centralisation du pouvoir politique qui amène de fait une nouvelle forme de totalitarisme qui, si nous n’y prenons garde, risque de balayer à terme toute forme de démocratie ! Oublier l’histoire, c’est se condamner à la revivre. Devrons-nous attendre en moutons résignés l’avènement d’une dictature souhaitée par certains aujourd’hui, ou choisirons-nous la voie de la responsabilité et de l’égalité ?

La lutte pour la gestion directe

Que personne ne décide à notre place ! Organisons la solidarité et l’entraide entre les habitants de nos communes contre les affairistes. Préparons-nous à remplacer l’État, institution parasite et étouffante, par une organisation fédéraliste des différents secteurs de la société. Demain, gérons nous-mêmes, directement, nos cités et notre travail. Supprimons les inégalités sociales et économiques.

Après l’échec à l’Ouest, à l’Est, au Sud et au Nord de toutes les doctrines autoritaires (coloniales, démocratiques, dictatoriales ou théocratiques), luttons pour une société libertaire ; débarrassons-nous des gouvernants et des patrons.

Les principes

Les principes de gestion directe communale telle que les libertaires la conçoivent sont clairs.

Ils supposent :

 

• Le fédéralisme, agent de coordination en remplacement de l’État, qui est un agent de coercition du système capitaliste.

• Des assemblées générales souveraines.

• Le mandatement impératif des délégués.

• La révocabilité des délégués élus.

• Des Comités de quartier et par thèmes transversaux (culture, éducation, transports…)

• Une socialisation des services avec des décisions prises par un collège comprenant :

– Les usagers de ce service.

– Les citoyens de la commune.

– Les personnes travaillant à faire fonctionner ce service.

Nous nous démarquons de cette démocratie participative mise à la mode – comme par hasard – à la veille des élections. Chrétiens progressistes, marxistes modernistes, et certains écologistes, ne vous proposent que d’améliorer l’information et la consultation des citoyens sur des décisions qu’ils auront déjà prises. L’utilisation du terme « gestion directe » indique clairement qu’il faut inverser complètement le processus d’élaboration des décisions afin que NOUS restions maîtres de notre avenir.

La gestion directe… Pour quoi faire ?

La participation à la gestion d’une commune n’a d’intérêt pour un citoyen que si elle transforme ses conditions d’existence. Gérer en commun une municipalité, alors que celle-ci conserve ses structures étatiques et les inégalités économiques, consisterait pour les citoyens à gérer eux-mêmes leur propre asservissement, leur propre misère. Ce qui caractérise les structures étatiques ce sont :

• La hiérarchisation des responsabilités et des décisions.

• L’assujettissement de tous à quelques-uns.

• Les inégalités sociales et économiques.

• L’existence d’une classe dirigeante privilégiée.

Demain, si dans la commune gérée directement, il reste des différences économiques ou sociales, il se reconstituera une nouvelle classe dirigeante, qui défendra par tous les moyens ses privilèges. Les anarchistes pensent contrairement aux marxistes avec leur période de transition, qu’il faut supprimer immédiatement tous les privilèges de classe sans exception.

Les citoyens se demandent ce qu’ils peuvent gagner à la gestion directe de leur commune. Ils pèsent les avantages et les inconvénients qui en résulteront pour eux et dont le principal est la responsabilité : c’est celui qui les fait le plus réfléchir car celle qu’ils assureront dans leur commune engagera celle de leurs conditions de vie.

Nous touchons ici au problème humain, celui des hommes et des femmes devant la responsabilité, celui de la quiétude qui résulte d’une certaine servilité, surtout lorsqu’elle s’assortit de conditions d’existence, morales et économiques, acceptables.

Il est possible d’avancer des raisons solides qui peuvent nous convaincre que les citoyens auraient intérêt à gérer eux-mêmes directement leur commune. Il y a la maîtrise de leur cadre de vie, de leur environnement ; une meilleure gestion des services au public, qui plutôt que d’être gérés en fonction de leur rentabilité financière ou électorale, le seraient réellement en fonction de leur utilité sociale déterminée par tous…

Agir au lieu d’élire

Nous ne pouvons pas nous contenter de dénoncer, de critiquer et d’émettre des principes, sans proposer des moyens concrets de mettre ces principes en œuvre.

Au niveau communal, il est possible d’organiser des contre-pouvoirs, en mettant en place des assemblées parallèles de citoyens élaborant des contre-propositions à la gestion municipale. Dès aujourd’hui nous nous battons pour :

• Les transports gratuits pour tous ;

• La gratuité de la santé de proximité ;

• Un accès libre et gratuit à tous les espaces et services culturels (bibliothèque, salles de réunion, de répétition…) ;

• La réquisition des logements vides et leur gestion directe par des représentants des habitants révocables ;

• Le contrôle de tous les projets d’urbanisme par des comités transversaux et de quartiers révocables ;

• Etc.

Nous pouvons aussi investir les réunions publiques des conseils municipaux issus du système électoral par des délégués révocables avec mandats impératifs, faisant valoir la volonté des habitants. Mais nous ne voulons pas reproduire l’erreur qui consisterait à se présenter sur les listes électorales pour se faire élire sans mandats impératifs et sans révocabilité, se serait essayer d’imposer nos principes par le haut.

Anarchistes, nous pensons que le seul pouvoir possible est celui de la base, et l’expérience nous a démontré que même les meilleurs d’entre nous ne peuvent exercer un pouvoir sur les autres sans se faire ronger et anéantir par celui-ci. Le pouvoir est maudit, c’est pourquoi nous sommes anarchistes !

Innover dans la continuité

Déjà les communes révolutionnaires qui nous ont précédées : Paris 1793 et 1871, Goulaï Polie 1917, Kronstadt 1921, Espagne 1936… se basant sur la gestion directe de la commune par ses citoyens, permirent l’éclosion d’idées d’organisation, que se soit sur le ravitaillement, la santé, l’éducation ou l’organisation du travail qui, si elles ont été pour la plupart reprises et accommodées par les dirigeants centralistes, n’ont pu dans le contexte étatiste, atteindre le degré d’efficacité qu’elles avaient dans ces communes. Ne citons entre autres que l’école publique laïque pour tous (Paris 1871), la réquisition et répartition des logements vacants (Kronstadt 1921), les systèmes de santé socialisés accessibles à tous (Espagne 1936)…

Tout cela nous montre que la gestion directe d’une commune, si ce n’est pas une idée nouvelle, c’est le moyen le plus efficace d’une politique dynamique portée vers l’avenir car conçue et appliquée par tous.

 

=  =  =

 

Groupe Louise Michel

dans Le Monde Libertaire

http://www.federation-anarchiste.org/ml/numeros/1228/article_10.html

Une bouffée d’air pur ?… La Foire à l’Autogestion du 22 au 24 Juin 2012 à Paris et Montreuil…

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, économie, crise mondiale, démocratie participative, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, philosophie, politique et social, politique française, résistance politique, société libertaire, syndicalisme et anarchisme with tags , , , , , , , , , , , , , , , on 7 juin 2012 by Résistance 71

La Foire à l’Autogestion Paris, Montreuil du 22 au 24 Juin 2012

 

Par Résistance 71

 

Le capitalisme n’en finit plus d’agoniser. Il est de notre devoir de mettre fin a sa misère, qui elle ne fait que surenchérir sur la misère des peuples.

Nous l’avons dit ici et le répeterons sans cesse : Il n’y a pas de solutions au sein du système !

Il faut en sortir et retrouver les fondements de la nature humaine faits de solidarité, de compassion, de coopération et d’entr’aide mutuelle à petite et à grande échelle. Ceci ne sont pas de vains mots et il y a un moyen très puissant de mettre tout ceci en pratique pour en faire un contre-pouvoir légitime et organique, nous ne cesserons de le dire: l’autogestion.

Nous vous invitons à la Foire à l’Autogestion 2012 qui aura lieu à Paris et Montreuil (93) du 22 au 24 Juin.

Informez-vous plus avant sur ce qui représente le seul salut pour l’humanité pour qui la vie en société n’est pas (seulement) une question de survie, mais d’évolution progressiste.

Souvent moquée, toujours combattue âprement par le capitalisme et son garde-chiourme l’État au nom des privilèges du petit nombre à conserver et au nom du consensus du statu quo oligarchique, l’autogestion sera perçue et comprise dans un futur pas si lointain comme LA seule solution viable pour une émancipation sociale véritable.

Informons-nous ! Allons écouter les acteurs de l’autogestion, échangeons des idées et ensemble développons la société égalitaire et viable du futur.

L’autogestion représente le souffle de la vie par opposition au capitalisme mortifère qui ne représente que division, haine, exploitation, mort et destruction planétaire.

 

Choisissons la vie, choisissons l’autogestion !

 

Renseignement, vidéos, liens, contacts sur ces liens:

http://www.federation-anarchiste.org/spip.php?article1047

et http://www.foire-autogestion.org/

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Communiqué de la Fédération Anarchiste:

22, 23 et 24 Juin, au Lycée Autogéré de Paris (Paris XVeme) et a la Parole Errante (Montreuil)

mercredi 6 juin 2012

Simple piqure de rappel : La Foire a l’Autogestion, c’est dans seulement deux semaines !

Ca se tiendra les 22, 23 et 24 Juin, au Lycée Autogéré de Paris (Paris XVeme) et a la Parole Errante (Montreuil).

Retrouvez le programme et toutes les infos sur le site officiel :

http://www.foire-autogestion.org/