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Luttes et révolution sociales : La trahison systématique des partis politiques et syndicats (Le Monde Libertaire)

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SINE_CGT_1968

Il n’y a pas de hasard

Justhom

16 mai 2023

Url de l’article original :

Lorsque les partis politiques et les syndicats n’ont pas la mainmise sur le déroulement des luttes, disons qu’ils sont débordés par l’ampleur que prennent les manifestations, ils mettent tout en œuvre pour saboter le mouvement et faire en sorte qu’il s’étiole. 

NdR71 : de fait, tous les grands mouvements efficaces de lutte sociale révolutionnaire des révolutions de 1848 en Europe, de la Commune de Paris aux Gilets Jaunes en passant par la révolution des conseils/soviets russes de 1917,  des conseils ouvriers de Bavière en 1918, des conseils ouvriers italiens de 1920, Cronstadt 1921, Espagne/Barcelone 1937, Budapest 1956, les grèves sauvages de 1968 et maintenant la gronde contre la destruction sociale initiée par la “Grande Réinitialisation” de la dictature étatico-marchande technotronique, ont été cassés par les partis politiques socio-démocrates et marxistes autoritaires d’état et les syndicats ou une combinaison de ces trois plus grands traîtres à la révolution sociale de l’histoire. La pourriture systémique politico-étatico-marchande est toujours à la manœuvre aujourd’hui. Toute révolution sociale (forcément) cohérente devra se faire hors de cette merdasse collabo. Apprenons des leçons de l’histoire est cessons de faire confiance aux traîtres qui nous entubent depuis des siècles.

C’est ce qui se passe actuellement avec la lutte que mène le peuple pour refuser la loi mortifère sur les retraites que le gouvernement a fait passer en force (49-3). Depuis maintenant quatre mois, le peuple et les travailleurs(es) sont dans la rue pour protester, refuser et exiger le retrait de cette loi. Au fil des manifestations les cortèges grossissent et fédèrent (les jeunes, les lycéen nes, les étudiant·es, les chômeur·euses, les travailleur·euses de l’industrie, du service public : cheminots, hospitaliers, fonctionnaires, retraité·es, personnes qui ont manifesté pour la première fois…) On peut dire sans se tromper que ce sont plusieurs millions de personnes qui disent NON ! Cette loi fait l’unanimité contre elle et les sondages viennent renforcer ce mécontentement puisque 90 % des Français.es soutiennent cette lutte.

Et ça mon colon, cela ne plaît pas ni aux boutiquiers syndicaux ni aux politicards. Ils voient d’un mauvais œil leur pouvoir s’amoindrir. Ils ne maîtrisent pas, ou mal, les manifestations. Comme on dit, ils prennent le train en marche ou descendent de leur vélo pour se regarder pédaler ! 

C’est pourquoi ils s’ingénient à mettre tout en œuvre pour saper le mouvement contestataire qui vient d’en bas. 

Leur but n’est pas de combattre le système capitaliste qui est la source de tous nos maux mais de l’adapter. Et pour cela, les boutiquiers syndicaux se font les alliés objectifs des partis politiques qui eux n’aspirent qu’à une chose, prendre le pouvoir. (NdR71 : ce qu’ont toujours fait les partis communistes marxistes autoritaires d’état- Italie 1920, Espagne 1937 avec la complicité de certains anarchistes trahissant en entrant au gouvernement espagnol…)

Être calife à la place du calife 

Et quoi de mieux que de s ’appuyer sur le peuple mais, pour cela, il faut maîtriser ses « débordements » et les « canaliser », c’est à cela que s’emploient les boutiquiers syndicaux. Et ce, au nom de l’unité syndicale, pour disent-ils une plus grande efficacité. C’est vrai qu’ils mettent une « ardeur unitaire » à mener le mouvement dans l’impasse.

Il n’y a pas de hasard 

C’est ainsi que la décision qu’ils ont prise le 13 avril 2023 après la dernière grande manifestation du 12 avril, de programmer la prochaine manifestation le 1er Mai (soit 18 jours plus tard) est le début du renoncement. Ils tablent sur l’épuisement du peuple. Tout comme le gouvernement qui espère la lassitude et le fatalisme du peuple.

Et maintenant, après la manifestation du 1er Mai, ne viennent-ils pas de décider en intersyndicale, le 2 mai, de programmer une manifestation le 6 juin (soit 36 jours plus tard !) 

Pourquoi ne pas battre le fer tant qu’il est chaud, appeler à la grève générale et occuper la rue, pratiquer le harcèlement de rue jusqu’à ce que nous soyons débarrassés de ces encombrants. 

Eh bien non, tous ces tarés craignent que le peuple ne prenne son destin en mains sans ces autoproclamés guides.

NdR71 : dans cette veine, la seule arme décisive est la GRÉVE GÉNÉRALE ILLIMITÉE et EXPROPRIATRICE  !! Ce que les compagnons anarchistes contemporains semblent avoir quelque peu oublié… C’est à dire : saisie des moyens de production qui sont immédiatement mis en œuvre par la masse des travailleurs pour subvenir aux besoins de tous et non plus pour enrichir patrons et multinationales… Le but n’est pas de paralyser un pays et de plomber encore plus les masses travailleuses, mais de mettre la machine productive au service des besoins de tous !

Souvenons-nous, et soyons vigilants, il y a 87 ans quasiment jour pour jour ! 

Lors des grandes grèves de 1936, suite aux accords de Matignon des 7 et 8 juin, le mouvement était en plein essor et se poursuivait depuis plusieurs jours alors que les accords étaient signés. Certes, les avancées ne furent pas négligeables : la création des conventions collectives, l’obtention de la semaine de 40 heures, de 13 jours de congés payés plus 2 jours de repos en fin de semaine… Alors pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? 

Que les travailleurs continuent la grève, c’était insupportable pour le Parti communiste français, inféodé à Moscou et autoproclamé « le parti des travailleurs ».

Comment ? La classe ouvrière osait désobéir, défier l’autorité ! 

Le Parti communiste avait pour ambition d’accéder au pouvoir, au plus haut sommet de l’État. C’est dans ce contexte que le chef stalinien Maurice Thorez déclara, le 12 juin 1936 : « Il faut savoir terminer une grève ! » Par ces propos qui niaient la lutte des classes, il portait un coup fatal à la possibilité de transformation profonde la société. C’était évident qu’il ne supportait pas de voir son autorité et son objectif d’accéder au pouvoir remis en cause par les travailleurs. Par contre, se servir des luttes des travailleurs pour y accéder, cela ne le gênait pas. Il lui fallait pour cela une classe ouvrière obéissante et aux ordres.

Plus près de nous, les événements de Mai 68 et les grandes grèves 

Tout comme en 1936, ces événements accompagnés de grandes grèves avaient débouché le 27 mai 1968 sur les accords de Grenelle. Le peuple et les travailleurs avaient obtenu des avancées significatives (augmentation des salaires, des petites retraites (déjà), la reconnaissance de la section syndicale, réduction du temps de travail…).

Georges Séguy, secrétaire général de la CGT, était allé à Billancourt et avait présenté ces accords aux travailleurs de chez Renault, comme une grande victoire. Concrètement, il fallait cesser la grève et les manifestations. Il s’est fait huer. Car les travailleurs voulaient continuer la lutte, prendre leur destin en mains et instaurer une autre société, une société au sein de laquelle ils seraient partie prenante, sans les politicards, sans les boutiquiers syndicaux où ils s’approprieraient les moyens de production (sans le grand patronat).

Sous la pression des travailleur.ses, le Parti communiste français et sa courroie de transmission, la CGT, organisent, le 29 mai, une manifestation qui rassemblera plus de 500 000 personnes avec comme mot d’ordre « le gouvernement populaire », alors que le peuple et les travailleurs refusaient l’idée de gouvernement , symbole de « l’oppression ».

Le lendemain de cette grande manifestation, de Gaulle annonce la dissolution de l’Assemblée nationale et la tenue de nouvelles élections, en juin. Encore une fois, les travailleurs étaient trahis par le Parti communiste et lâchés par la CGT.

A chaque grand mouvement qui part de la base et qui échappe aux politicards et aux boutiquiers syndicaux, ces derniers s’ingénient à casser cet élan révolutionnaire.

Les révolutions inachevées 

En 1936, c’est le PCF qui appelle à « savoir terminer une grève » et dénonce les anarchistes comme des fauteurs de troubles et les responsables du chaos ! 

En 1968, c’est la CGT qui appelle à la reprise du travail contre la volonté des travailleurs. En 2023, c’est l’ensemble des syndicats qui s’emploie à dévoyer la lutte en espaçant la date des manifestations (au nom de l’unité syndicale) et qui préconise « une pause ». 

Ils sont favorables à une rencontre avec le gouvernement de Madame Borne. Alors que, jusqu’à présent, ce dernier les a ignorés et a dit « niet » aux revendications. Ils – CFDT, CGT, FO, CFE-CGC et CFTC – vont s’y rendre en rang d’oignons à cet enterrement de première classe les 16 et 17 mai !

Justhom

Unknown

« Contre la merde du capital ! » entretien de Francis Cousin sur Radio Lorraine Enragée

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FTS

Résistance 71

22 mai 2023

Excellent entretien de Francis Cousin sur Radio Lorraine Enragée. A écouter et diffuser. Il est toujours intéressant de noter pour nous quand nous écoutons Cousin, que nous somme parfaitement en phase avec ses conclusions et le chemin à suivre, bien que nous y soyons parvenus par un chemin différent. Cousin est un marxien (pas marxiste) dans la ligne des pré-socratiques, Hegel, Marx après un petit crochet anarchiste. Nous venons d’une ligne de pensée purement anarchiste, qui peut parfois croiser celle de Marx-Engels sur certains points. Nous sommes des non-marxistes, non marxiens ayant lu certains textes de Marx et Engels pour pouvoir en faire la critique le cas échéant : « Les manuscrits de 1844 », « Le manifeste du parti communiste » (que nous voyons et comprenons comme le texte de la trahison de Marx et Engels en regard de la révolution sociale, texte qui ouvrit toute grande les portes à tous les lénino-trotskismes et autres capitalistes autoritaires d’état de la planète), « La question juive », « Critiques du programme de Gotha et d’Erfurt », « L’origine de l’état et de la famille ». Nous pensons que l’analyse de Marx des rouages du capitalisme est très pointue et inégalée, mais que l’analyse devenue dogmatique du déterminisme historique des modes de production gérant le devenir de l’humanité de manière linéaire et soi-disant inéluctable est un réductionnisme qui mène à des impasses dont Marx lui-même n’a jamais pu vraiment se dépêtrer (cf les questions de l’État et de la « dictature du prolétariat », qui sont essentiellement des questions POLITIQUES, que le marxisme a réduit à des questions économiques suivant la sacro-sainte loi « immuable » de la « baisse du taux de profit », qui est juste dans un contexte particulier, auquel peut et doit échapper le politique…).
Nous pensons qu’il n’y a pas antagonisme, mais complémentarité entre la pensée et l’analyse de Marx et Engels et celles d’anarchistes comme Bakounine, Kropotknie, Proudhon, Landauer, Malatesta, Goldman, Reclus, Guillaume et même Stirner et Thoreau. La vérité n’est pas dans un camp au détriment de l’autre, elle est distillée au gré des réflexions des deux mouvements, elle réside dans la complémentarité et demande souplesse et flexibilité et non pas dogmatisme et guéguerre de clochers, pour faire avancer la révolution sociale. Francis Cousin dans cet entretien revient deux ou trois fois sur un aspect important de la compréhension : « L’être intelligent discute avec tout le monde », quelque soit la « couleur politique ». Prenons un exemple particulier : depuis fin 2019 et la crise fabriquée du COVID-19 et de la distribution forcée des armes biologiques à ARNm masquées sous forme de « vaccins sûrs et efficaces » en 2020, les seules voix de raison qui se sont élevées contre cette tyrannie sanitaire eugéniste, aujourd’hui prouvée, sont les voix de cette droite dite « patriote », dans tous les pays occidentaux, droite souvent assimilée au « fascisme », ce souvent à tort. Durant toute cette période qui dure toujours aujourd’hui, nous nous sommes toujours sentis plus proches des portes-parole médiatiques de ces mouvements (Stew Peters, Alex Jones, Joe Rogan etc pour les anglophones…) que de toute la fange de cette gauchiasse bobo, woke, totalement assujettie à la pensée unique du Nouvel Ordre Mondial de la dictature marchande, qui au mieux n’a pipé mots, au pire a poussé à la peur, l’hystérie collective et les injections à ARNm mortifères, se rendant complice de facto de ce crime génocidaire contre l’humanité toujours en cours aujourd’hui.

Nous ne sommes pas forcément d’accord avec tout ce que dit Cousin ci-dessous, mais nous soutenons sa démarche et celle du collectif Guerre de Classe qu’il anime. En fait nos désaccords n’ont que bien peu d’importance devant le potentiel qu’ouvre nos conclusions communes et les désaccords doivent être balayées sous le tapis de la futilité de la superficialité sur lequel nous nous essuyons les pieds. La preuve de la complémentarité universelle à l’œuvre est que nos deux collectifs soient parvenus aux mêmes conclusions en y arrivant par deux chemins différents… en apparence, mais peut-être pas si différents que ça après tout. Si synthèse dialectique il doit y avoir, elle vient de cette complémentarité, de la fusion des segments d’analyse correcte de part et d’autre pour une réunification du Tout dans la complémentarité de notre diversité. La révolution sociale sera plus grande que la somme de ses parties. Nous faisons le chemin en avançant, pas à pas, avec la certitude de réaliser au final notre humanité profonde vraie, organique, au delà de toutes les chapelles idéologiques et religieuses, hors État, hors marchandise, hors argent et hors salariat !
Merci à Francis Cousin et ses compagnons de lutte !

Vive la Commune Universelle de notre humanité enfin réalisée !
Dans l’esprit de Cheval Fou

Il n’y a pas de solution au sein du système, n’y en a jamais eu et ne saurait y en avoir ! (Résistance 71)

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

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5 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

Société des sociétés organique avec Gustav Landauer

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Société, état, rébellion et insurrection… pensées critiques anarchistes organiques et hors moule… (Monkey Bars)

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L’allure de l’insurrection

Monkey Bars

2009

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

Mai 2023

Cet essai est une tentative de clarification de quelques incertitudes et affirmations au sujet des analyses insurrectionnelles comme étant incompréhensibles, ce espérons-le pour le bénéfice de ceux qui ont été critiques de cette tendance. Nous traiterons aussi ici de quelques sujets émanant des écrits anarchistes et des arguments souvent dogmatiques entretenus entre les factions anarchistes (NdT : ce que nous appelons ici les “guéguerres de clochers”, qui valent aussi pour une frange marxienne moins dogmatique que sa contre-partie autoritaire d’état, mais favorisant aussi une division qui n’a plus lieu d’être quand on s’accorde sur les conclusions et le chemin à emprunter, ce qui doit se faire par-delà toutes les factions politiques systémiques entretenues…). Pas besoin de dire ici que ceci est fait en solidarité de tous les exploités et discriminés, victimes de cette prison appelée “société”, ce sans exception.

Dans le milieu anarchiste souvent masochiste, certaines modes ont émergé invoquant l’insurrection et la guerre sociale. Bien que ces tendances aient été marginalisées et attaquées au sein du milieu, on oublie souvent que ceci n’est en rien nouveau. Beaucoup, si ce n’est tous les anarchistes dans l’histoire, ont été des insurgés croyant que c’était peine perdue pour une vie individuelle ou pour un groupe entier, de se dédier à la planification, l’attente, la trépidation d’une révolution, plus encore d’un révolution anarchiste et encore moins d’une qui aurait un quelconque succès. Une autre tendance, historiquement plus insignifiante mais apparemment prévalante aujourd’hui dans le milieu anarchiste, refuse toute suggestion de militantisme ou de conflit, cherchant simplement à diriger la société dans une direction libertaire jusqu’à ce que les institutions soient transformées. La critique vise la stratégie de ces notions, suggérant que de telles conditions (r)évolutionnaires ne peuvent pas venir du travail d’une poignée d’activistes et qu’il est prétentieux que de penser autrement. De la même manière, les institutions de la société ne vont pas se coucher tranquillement tandis que le peuple les “réforme”. Peut-être que la plus forte des réponses est la plus simple : qu’une vie passée à planifier, attendre la révolution ou elle “changement social” est voué à être insatisfaisant et frustrant, comme une vie de désir contenu voilée de célibat.

Mais, étant donné la fortification d’une éthique du travail occidentale masochiste, beaucoup trouvent du plaisir dans le boulot d’activiste et de travailler vers une révolution ou un changement social dont ils ne voient pas l’ombre. Tandis que de tels activistes (anarchistes, marxistes ou autres) poussent les autres radicaux à mettre de longues heures dans la construction d’institutions durables et de communication avec “le public”, il est évident que de par le petit nombre des mouvements radicaux gauchistes, pour la plupart des gens, un seul boulot est assez. Quand on donne le choix entre attendre une révolution ou travailler pour elle, je ne suis pas sûr de savoir quelle douleur auto-infligée est la meilleure… Ou bien puis-je les mélanger ? Ou devrais-je juste me suicider ?…

Cette critique de l’activisme et de la révolution sociale est bien connue, je vais donc me limiter à ça ici. Aussi, je ne veux pas dégrader les intérêts et les idées de radicaux différents, aussi loin qu’ils soient dignes d’intérêt et non pas des devoirs moraux ou des plateformes politiques. Je ne ferai pas non plus de critique de longue haleine de la sous-culture anarchiste, ces thèmes sont déjà abondamment discutés. Je ne désire en rien attaquer les sous-cultures, qui jouent un rôle intéressant dans l’exploration personnelle et la réalisation de vies plus sûres du malaise et de la grande dépression de la société de masse, moi-même inclus. Pourtant, je recherche les limites du mouvement anarchiste et de la sous-culture, ou de toute autre institution similaire. Ma préoccupation principale ici est d’écrire sur les tendances actuelles dans la pensée et l’écriture insurrectionnelles, dans l’espoir d’y amener une certaine clarté  pour ceux qui sont tombés dans leur mystification. Bien entendu, ceci n’est que ma perspective, et cela va sans nul doute entrer en conflit avec des aspects variés d’autres pièces insurrectionnelles. Ainsi soit-il…

La politique est dans les grandes largeurs un phénomène militaire, elle est gouvernée par la force, mais essentiellement une force de réserve, perçue, potentielle et les peurs et angoisses qu’elles instillent. Foucault a écrit sur l’utopie populaire d’une société démocratique populaire ayant toujours coexisté avec le rêve utopique militaire du contrôle total et de l’ordre, de la surveillance sans effort et de la punition imbriquée dans l’architecture (essentiellement urbaine) de la société. L’anarchisme en tant que philosophie politique n’est pas exempte de cela. La révolution est le moteur militaire de la politique anarchiste. La “société libre” est préservée dans le futur, de manière présumée, par la menace de plus de révolution. L’insurrectionisme met plusieurs pirouettes dans tout ça. D’abord, il veut souvent confronter la nature militaire de la société en général et de reconnaître la nature militaire du conflit au sein de ses institutions. Ceci est un degré de réalisme qui manque souvent à ceux qui échouent de voir le conflit dans la société comme plus que l’activisme. L’utilisation de Sun Tzu n’est ni frivole ni contre-productive. C’est amusant et poétique, mais c’est aussi un réveil pour considérer les véritables dimensions du conflit anarchiste.

Les bons textes insurrectionnels sont presque toujours des suggestions et des idées et non pas des plateformes ni des campagnes politiques. Une des notions clefs est de penser pour et par vous-même et de vraiment penser sérieusement au contexte en tant qu’individu, qu’anarchiste, que collectif et ce à quoi vous devez faire face. Si les gens pensent de manière créative et amène de nouvelles idées et de nouvelles tactiques, nous ne nous en porterons que mieux par rapport à ceux qui attendent que le boulot leur soit mâché par des leaders ou des organisateurs qui planifient tout pour eux ou que chaque action n’est qu’une resucée de la dernière. (Ndt : les manifs encore et encore, de A à B, encadrées par la flicaille qui passent et gazent sur la fin, encre et toujours, pourquoi voulez-vous que quoi que ce soit change ?…). Le problème avec les mobilisations de masse n’est pas le nombre, pas même le nombre de flics en contrôle. C’est leur orchestration de masse, leur nature de spectacle. La poésie et la joie d’une insurrection spontanée sont très rarement trouvées dans une action de masse pré-programmée et planifiée. Souvent donc, les gens retournent chez eux déçus et déprimés.

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Mais si les participants peuvent cesser d’être des participants, oublier la stratégie et la logistique qu’on leur annoncent et sortir du moule de la masse… alors tout un monde de possibilités s’ouvre devant eux. Les rôles sociaux et la division du travail inhérents à l’activisme institutionnalisé se dissocieraient. Pourtant cela ne pourra se produire que quand une action de masse cessera d’exister en tant qu’action de masse et deviendra un carnaval, une émeute, une insurrection. Ou alors cesse d’être quoi que ce soit et devienne mille différentes histoires, mille émotions. Voilà quelle allure doit avoir l’insurrection, vue le plus simplement. C’est un désir de sortir du moule, de faire péter les verrous, les murs de la norme, d’oublier tout acte social, de voir, d’entendre, de ressentir et de savoir des choses qu’on aurait jamais imaginées. C’est là qu’entre en jeu le désir, au grand dam du radicalisme occidental frustré, cette soif inextinguible d’expériences meilleures.

Le terme insurrection peut être mal compris. Autant une insurrection généralisée pour secouer les fondations mêmes de la société pourrait être superbe, elle ne pourrait pas être plus proche d’une révolution et ne peut certainement pas être planifiée. Pourtant, ce sont les moments, les actions ou même les périodes étendues dans lesquelles l’ordre social est suspendu, qui nourrissent nos âmes et nous donnent le goût des rêves. Ceci est similaire en bien des points à l’expérience que certains décrivent après une méditation et il y a sûrement un bon nombre de façon d’y avoir accès. Ceci n’est pas moins radical que de fétichiser une révolution utopique dans un futur distant dans nos esprits ; bien sûr nous seront là si cela se produit. Mais dans le même temps, puisons dans nos vies immédiates, avec toutes les joies et les peines qui vont avec.

La mythologie anarchiste prévalente est de planifier, de préparer et d’attendre la révolution et après celle-ci, parvenir à une liberté complète et débridée. Pourtant, peu de réflexion est donnée à ce que la liberté pourrait vouloir dire, quelles aventures et quelles extases pourraient être poursuivies. Sans suggérer quelque chose d’aussi ridicule qu’une “stratégie” d’apprentissage au sujet de ce que nous pourrions faire de notre liberté, ceci est toujours une préoccupation sensée. Sans expérience et peu de pensée données aux désirs personnels profonds et comment ils se manifestent dans nos relations, comment cette liberté se manifesterait-elle dans des vies émancipées de la société ? (NdT : ici il conviendrait de rajouter l’adjectif “aliénée” à notre sens car l’humain ne peut, de fait, pas vivre sa vie d’humain hors société…) Comment éviteraient-ils de recréer des relations d’aliénation, de domination et d’ennui ?

Ceci n’est pas une lamentation pessimiste sur la futilité de certains rêves libertaires. C’est simplement un avertissement contre l’estampillage non-créatif du terme “anarchiste” sur le même mode d’organisation socio-politique qui a construit les révolutions bourgeoises et “socialistes”. C’est un besoin vital de dépasser les idéologies politiques et de rechercher bien plus profondément ce que la souveraineté et l’auto-détermination pourraient bien signifier pour nous. Tout comme le conflit avec la société (aliénée) pourrait être amené dans le contexte de vie immédiat, ainsi le pourraient aussi nos rêves et nos désirs. On peut poursuivre l’aventure, l’épiphanie, la sagesse et l’extase dans la vie immédiate de manière aussi pressante qu’on poursuit une rupture avec cette société qui écrase ces sensations jusqu’à ce que nous les oublions. Écrire un poème ou grimper à un arbre peuvent mener à autant de joie, de bonheur et de perception qu’une émeute. Ceci ne veut pas dire d’abandonner la destruction créatrice et les actes physiques de rébellion, mais de dire simplement qu’il n’y a pas de dogme concernant ce qui compose une expérience anarchiste.

Ce n’est pas un secret que le milieu anarchiste est fréquemment et dogmatiquement divisé sur des problèmes variés, peut-être même sur chaque problème exprimé. Je ne préconise pas une forme d’harmonie muette ou de compromis pour créer une sorte d’unité insensée dans une sorte de “mouvement”. On peut simplement prendre une perspective différente dans la discussion et la critique des théories et propositions qui circulent. La pensée stratégique, élevée au rang de dogme, peut bien devenir le talon d’Achille des anarchistes. Tant de discussions se déroulent sur le thème de “ce qui est meilleur pour le mouvement”, “qu’est-ce qui est plus efficace ?” Et autre blablabla. Le débat sur l’hypothèse de créer des mobilisations de masse est un simple exemple de cela. Les arguments courants sont inutiles. Entre choisir une expérience de spectacle de masse de rue en une manifestation pré-planifiée et le boulot activiste fade et surfait dans “nos communautés”, la réponse et le choix sont évidents : aucun des deux !

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Heureusement, le non-débat est aussi simple que ses soi-disants deux faces. Beaucoup de bonnes expériences et de relations peuvent provenir de la vie dans une communauté. De la même manière, une action de masse (ou toute perturbation d’importance, que ce soit un festival de rue, une construction ou un blizzard) offre un moule duquel on peut sortir afin de poursuivre sa propre taquinerie, Il suffit de gratter le fin vernis de tout évènement pour voir les possibilités qu’il y a de l’autre côté. Mais même si la plus grande chance de succès réside à passer la mobilisation et à apparaître dans d’autres endroits, cela ne peut pas être élevé en une stratégie dogmatique.

La discussion demande une bonne dose d’hédonisme. S’il y a quelque chose que vous désirez pour une mobilisation, que ce soit des amis, une action spécifique ou de revisiter une de ces belles expériences que vous avez eu auparavant, alors faites-le. Et ne vous sentez aucunement coupable de le faire. Mais n’essayez pas de persuader les autres de le faire pour les mêmes raisons. De la même manière, si vous ne voulez pas y aller et bien n’y allez pas. C’est aussi simple que ça. Et si les gens faisaient ce qu’ils aiment le mieux et ne s’emmerdaient pas les uns les autres, alors peut-être qu’ils n’abandonneraient pas si vite le mouvement anarchiste. Peut-être voudraient-ils rester. La critique constructive est très utile et importante. Le désaccord est sain. Il est bon de penser à la stratégie à employer. Mais la critique ne devrait jamais devenir un dogme, un jugement et des attentes sur le comment les autres doivent se comporter. Nous ne devons jamais être les esclaves d’une stratégie.

Le même argument présenté ci-dessus est fait pour le mode d’écriture des insurgés. Souvent les anarchistes balaient ces écrits parce qu’ils sont soi-disant incompréhensibles. Peut-être que certains le sont, mais la plupart ne demandent pas une grande éducation. Ils peuvent généralement être compris sans lire Nietzsche, Tiqqun, Agamben ou quiconque ils citent. Je dis ça parce que je n’ai pas lu la plupart de ces auteurs / journaux et je comprends les essais que j’ai lus. Ils demandent juste un peu d’imagination pour les lire et y prendre plaisir. Pourtant, des gens peuvent écrire de la poésie cryptique en argot et c’est tout ce qu’ils veulent écrire. Une fois encore, la critique est utile. Mais porter un jugement sur le style d’écriture de quelqu’un est une connerie, spécifiquement si vous ne vous donnez pas beaucoup de chance d’entrer dedans. Ce que j’aime et d’autres personnes également dans ces styles d’écriture, est qu’ils sont décalés du style d’écriture idéologique et programmé de tant de propagande.

Juste parce que la personne moyenne peut lire une forme diluée d’un article sur un sujet donné, ne veut pas dire que cette personne voudra nécessairement le faire. J’aime lire des choses imaginatives, poétiques, marrantes, mystérieuses même, ce même si je ne comprends pas toujours tout. Mais cela ne concerne que moi. Si ce n’est pas votre style, ne le lisez pas. Ne mélangeons pas tout. Beaucoup de gens sont attirés par des lectures faciles avec lesquelles ils se trouvent des affinités, mais aussi qui apportent une intrigue, d’émerveillement et de magie. Si l’anarchie ne comporte pas quelques éléments mystérieux faisant que les gens veulent en savoir un peu plus à son sujet, alors ils retourneront regarder la chaîne 5 de leur télé pourrie.

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Et si le même style d’écriture devient normal et prévisible, alors ce que fut une épiphanie devient une corvée. Je veux être défié, entendre de nouvelles idées, rire, pleurer, sauter, jouer. Ceci ne s’applique pas seulement à l’écriture, la lecture, je veux la même excitation, la même curiosité dans l’art, les actions, les rassemblements, la communication, les informations et tout ce que je peux avoir. Une anarchie qui ne vous fasse pas impliquer votre âme : une anarchie sans politique. Et je ne veut pas juste en entendre parler, je veux la goûter, la savourer. Je veux une orgie dionysiaque de liberté et non pas un culte anarchiste monastique galvaudant le vie présente pour une utopie future. Et si je ne peux pas, alors comme tant d’autres personnes, je quitterai le navire. Beaucoup de personnes “rejoignent” l’anarchie parce qu’elle leur offre quelque chose dont elles ont besoin, ou satisfait quelques désirs pressants et beaucoup aussi la quittent parce qu’elle ne remplit plus aucune fonction. Plutôt que de penser “comment construire le mouvement”, pourquoi ne pas penser au comment nous satisfaire nous et ceux/celles qui nous entourent, au travers de nos relations et de nos actions ?… Arrêtons de penser comme des marchands de tapis et commençons à penser comme des amis et des camarades, compagnons.

Si vous pensiez critiquer ceci parce que “Foucault était maoïste” : Je ne suis pas Foucault. Faisons notre propre collage des choses et apprenons de qui nous voulons apprendre. Aussi, brûlons tous nos jugements, nos idées préconçues et nos idéologies rigides en un de ces grands potlach sauvages et embrassons, rions, luttons et, comme l’a dit un sage un jour, continuons sur le chemin de la grande et sublime conquête du Rien.

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Il n’y a pas de solution au sein du système ! (Résistance 71)

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

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5 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

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Manifeste pour la Société des Sociétés

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Société des sociétés organique avec Gustav Landauer

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Réflexion et action directe : anti-politique et anarcho-communisme (J. Eibish & Résistance 71)

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, crise mondiale, démocratie participative, gilets jaunes, guerres hégémoniques, militantisme alternatif, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, philosophie, politique et social, politique française, résistance politique, société des sociétés, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , on 14 mai 2023 by Résistance 71

“Qu’est-ce que l’État ? C’est le signe achevé de la division dans la société, en tant qu’il est l’organe séparé du pouvoir politique: la société est désormais divisée entre ceux qui exercent le pouvoir et ceux qui le subissent. La société n’est plus un Nous indivisé, une totalité une, mais un corps morcelé, un être social hétérogène… »
~ Pierre Clastres ~

“Les deux grandes questions incontournables de l’anthropologie politique sont:
1- Qu’est-ce que le pouvoir politique, c’est à dire qu’est-ce que la société ?
2- Comment et pourquoi passe t’on du pouvoir politique non-coercitif au pouvoir politique coercitif, c’est à dire qu’est-ce que l’histoire ?”
~ Pierre Clastres, 1974 ~

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Anti-politique et anarcho-communisme

Jonathan Eibish

2022

~ Traduit de l’anglais par Réistance 71 ~

Mai 2023

Lorsque j’ai décidé il y a cinq ans, de me consacrer de manière compréhensive à la théorie politique de l’anarchisme, il me sembla tout à fait évident d’explorer les concepts de base de ce courant socialiste pluraliste. Car dans l’anarchisme, il y a une pensée théorique indépendante qui doit nécessairement être comprise pour comprendre la connexion entre la morale anarchiste et son mode de vie ainsi que les idées anarchistes concernant l’organisation. C’est pourquoi je me suis posé ces questions : qu’est-ce que les anarchistes entendent en fait par “politique” ? Et, peut-il y avoir une “politique” anarchiste et quel serait son critère ? Le concept “d’anti-politique”, exprime le fait que c’est un champ de tension causé par l’ordre existant de la domination dans lequel les anarchistes agissent toujours en contradiction.

L’État comme relation politique organisée de la domination

Il est frappant que dans tous les courants anarchistes, il y a une critique fondamentale de la décision politique. Ceci a trait à la politique de gouvernement, la bureaucratie d’état, le parlementarisme et les partis politiques. Mais cela se réfère également à la logique politique et au mode d’organisation au sens large. Parce que ce que nous comprenons communément et associons avec la “politique” n’est pas un terrain neutre. Plutôt, les activités des mouvements sociaux qui tendent à être autonomes et auto-organisées sont souvent attribuées et appropriées par l’État. “La politique” prend la forme de la règle politique sous des formes libérales-démocratiques de la société. Ceci veut dire que l’État a émergé comme une relation de domination entre ceux qui gouvernent et ceux qui sont gouvernés et ceci est diffusé, transporté dans toutes les zones potentielles de la société.

Il est de la logique de l’état de réguler, contrôler, sanctionner et capturer toutes les sphères sociales. Si une “sphère privée” y est construite, alors celle-ci est à peine exempte de la domination de l’état, tout comme “l’économie ne peut pas vraiment être pensée comme séparée de l’État et du “loisir”, le côté face de la même pièce du travail salarié.L’étatisme peut être pensé de la même manière que le capitalisme, la relation de domination économique, le patriarcat et les relations de genre faisant de l’anthropocentrisme la relation sociale avec la nature.

En tant que relation de domination, cela s’insinue dans toutes les sphères sociales, mais ce n’est pas total. A ses côtés, résident des formes supprimées, réprimées de comment les humains peuvent s’organiser par eux-mêmes. Ils le font même lorsque l’état est la relation politique de domination. Sur la vaste majorité des activités qui se passent au niveau politique, l’état affirme son monopole ou du moins essaie de les contrôler et de les réguler. De la même manière, quand la plupart des gens pensent à la “politique”, ils l’associent rapidement avec ses structures étatiques et sa logique interne, parce que leur conscience est façonnée par l’idéologie de l’ordre dominant existant. 

FTS

Démocratie radicale ou scepticisme envers la politique ?

Si les anarchistes rejettent la nationalisation de la politique, on pourrait possiblement s’y opposer avec une sorte de politique auto-organisée et autonome, “d’en bas”. Une “démocratie radicale” ou “démocratie de la base” doit être opposée à la règle de l’état et de sa domination, état qui s’affirme faussement comme étant “démocratique”. On pourrait dire que ces approches procèdent à se réapproprier le concept de “politique” et aussi d’intervenir dans ses processus décisionnaires. C’est ce qui se passe lorsque les gens manifestent, s’activent dans des associations, parlent peut-être même aux politiciens et traitent de politique afin d’être capables de la critiquer et de la délégitimiser.

Connectée à ce sujet est la question de savoir quels points de départ existent pour l’organisation d’une société socialiste-anarchiste ? Même s’il y a des arguments plausibles pour cette vision démocratique radicale, j’ai décidé d’utiliser un autre concept politique. Je le décris comme (ultra)-réaliste, gouvernemental et orienté sur le conflit. Par cela j’essaie de faire passer l’idée que le champ politique est toujours au sujet de la lutte pour le pouvoir et que ceux qui y sont impliqués ont des sources de pouvoir très inégales. Ce qui veut dire, comme je l’ai dit avant, que le terrain politique n’est jamais neutre dans la règle d’ordre existante. En fait, ses conditions sont déjà façonnées par la domination politique.

En d’autres termes : comme cela nous apparaît être en politique aujourd’hui, il n’y a quasiment pas de place pour les positions anarchistes. S’ils amènent dans la sphère politique des aspirations sociales-révolutionnaires, ils sont marginalisés et diabolisés. Si les anarchistes tentent de travailler de manière pragmatique pour des améliorations graduelles, ils sont ignorés ou totalement encadrés. Ces effets ne devraient pas être sous-estimés, tout comme le cas de bon nombre de gens de gauche qui ont trouvé la 100ème secte politique, ont rejoint des partis politiques malgré leur inconfort en leur sein, ou se désespèrent de la politique et ne veulent être efficaces que culturellement ou dans leur propre style de vie par exemple. D’une perspective anarchiste, cela vaut la peine de demeurer continuellement sceptique au sujet de faire de la politique.

Les raisons de l’inconfort politique 

Incidemment, ce fut, entre autres choses, la dispute au sujet du concept de politique en soi qui donna naissance à l’anarchisme en tant que courant politique indépendant. Vers la mi-XIXème siècle, le mouvement socialiste de la base devint politisé. Ceci se produisit d’abord par l’appropriation de ses demandes d’amener une politique sociale d’état. De plus, les politiciens de partis communistes et social-démocrates cherchèrent à imposer leurs propres demandes en tant que leaders et à régner par la réforme politique ou la révolution politique. Troisièmement, des mouvements autonomes, auto-organisés ainsi que des zones auto-gouvernées furent sujets à une brutale répression au cours d’une période de renforcement de l’état-nation moderne.  Ainsi, ils prirent des formes organisationnelles qui furent légalisées dans l’ordre bourgeois et y furent assignés. Les anarchistes résistèrent à cette politisation du socialisme en insistant sur les principes organisationnels d’autonomie, de décentralisation, de fédéralisme et de volontarisme et en travaillant à un changement social compréhensif par la révolution sociale.

En plus de l’historique, il y a d’autres raisons sur le pourquoi il est important d’être sceptique de la politique d’une perspective anarchiste. Ceci concerne l’observation déjà faite de la tendance aux mouvements sociaux auto-organisés et autonomes de se retrouver encore et toujours appropriés par ou assignés à la politique d’état. Nous savons cela des manifestants qui ont un sentiment de satisfaction émancipatrice après avoir marché dans les rues en signe de protestation avec d’autres personnes. Une manif’ a du sens si des gens ayant les mêmes vues s’y rencontrent, échangent des idées, se sentent forts ensemble ou vont à la confrontation. Mais en eux-mêmes, ces mouvements ne génèrent que trop rarement une véritable pression sur ceux qui détiennent le pouvoir.

Un anarchisme pluraliste

Au sein de l’anarchisme, il y a de bien différentes traditions, perspectives, points de vue, expériences et pratiques. C’est pour cela qu’il y a des controverses et des disputes toujours vivaces parmi les anarchistes. Bien des positions de personnes qui se nomment anarchistes peuvent ennuyer et énerver d’autres anarchistes. Parce qu’elles existent ne veut pas dire qu’elles puissent être mises sur un pied d’égalité parce qu’alors elles demeurent des opinions arbitraires, ce qui n’est pas suffisant pour pratiquer une critique sociale fondamentale et pour construire des alternatives qui fonctionnent. Quoi qu’il en soit, on ne peut pas non plus nier que l’anarchisme est pluraliste. Sans doute parce que si l’anarchisme était homogénéisé et centralisé par un leader politique, ce ne serait qu’un courant politique parmi tant d’autres. Mais l’anarchisme est qualitativement différent des autres approches socialistes mais aussi de la gauche radicale. Cette différence s’explique là encore par la compréhension de la politique.

Les anarchistes individualistes (NdT : tendance Max Stirner, Henry David Thoreau) critiquent la règle politique essentiellement parce qu’elle restreint l’auto-détermination des individus, ce à quoi ils s’opposent. Les besoins et les désirs des individus ne peuvent être définis que par eux-mêmes. Ils ne veulent pas que quiconque représentent leurs intérêts. Le mutualiste (NdT : tendance proudhonienne) approche le but de l’auto-organisation, par exemple dans les voisinages, les circuits économiques régionaux etc et se fait l’avocat des coopératives et des entreprises collectives. Dans l’anarcho-syndicalisme (NdT : tendance CNT / AIT), la politique est clairement opposée à l’organisation et la lutte dans la sphère économique. Au lieu de parvenir à des réformes politiques au travers de l’état, le but est de traiter les intérêts directement contre les propriétaires du capital et d’utiliser les syndicats pour arranger l’organisation fondamentale pour l’autogestion d’une forme de société libertaire socialiste. L’anarchisme communal, ou anarcho-communisme (NdT : tendance Kropotkine, Goldman, Malatesta) tend à vouloir partager la vie entre gens pensant de même et, au delà de la politique, d’anticiper expérimentalement la venue de la nouvelle société dans des scènes alternatives ou des projets de communes.

Par contraste, l’insurrectionisme anarchiste assume que les anarchistes ne devraient produire aucune vision et que plutôt toute forme de domination se doit d’être attaquée en permanence sans avoir le besoin de narratifs “politiques” alternatifs. La tendance insurrectionnelle a émergé comme l’inversion de l’anarcho-communisme. Selon moi, il s’est développé comme résultat de l’expérience de l’échec des affirmations anarchistes, le désillusionnement avec l’échec de la révolution sociale et de la répression brutale subie par les mouvements socialistes libertaires.

NdR71 : Ce qu’Eibish appelle ici “l’anarchisme insurrectionnel” n’est qu’une resucée de la “propagande par le fait” populaire au sein du mouvement anarchiste à la fin du XIXème et début XXème siècles et essentiellement abandonnée depuis. Cette stratégie ressurgit cycliquement dans l’histoire en fonctions des conditions sociales et de la frustration émanant d’un sentiment de statu quo politique… C’est la partie la plus facilement manipulable par l’État pour générer le ressentiment populaire contre l’anarchie. Ne pas confonde “la propagande par le fait” et l’auto-défense, deux choses complètement différentes. En ce sens, le Black Bloc par exemple, est ambivalent, il peut être un outil de “propagande par le fait” et/ou un outil (très efficace) d’auto-défense… On ne peut évoquer cet aspect sans évoquer le toujours épineux sujet du “peuple en arme”. Nous avons traité de ce sujet qui est, surtout en cette période historique des plus troubles, un des sujets les plus importants qui ne pourra plus être ignoré longtemps…

Les traditions, perspectives et pratiques des tendances anarchistes variées sont initialement intéressantes en elles-mêmes. Nous ne devrions pas regarder leur catégorisation de manière trop étroite, parce que dans les scènes anarchistes, elles se mélangent de différentes façons. Ceci n’est pas mauvais et peut être très enrichissant. Aussi différents que les anarchistes soient et pensent, ils ont une chose en commun dans leur compréhension de la politique et cela mène à la poussée vers l’autonomie, c’est à dire le rejet de la domination avec la mise en place simultanée de relations et institutions égalitaires, libertaires et solidaires.

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Le vide politique en anarchisme

Mais la critique radicale de la politique et de son rejet dans l’anarchisme créent aussi deux problèmes théoriques. Le premier, si le terrain politique est complètement négligé, les approches anarchistes tendent à devenir des fins en elles-mêmes. La révolte peut devenir une fin sans but (NdT : d’où l’importance d’avoir élaboré une “conscience politique” solide…), qui peut être utilisée pour satisfaire des besoins de rébellion, mais qui demeurent un anti-réflexe et ne peuvent pas dépasser la domination. Le centre autonome ne peut être que sous-culturel et un projet d’habitat devient une meilleure façon de vivre dans un voisinage embourgeoisé. Le syndicalisme de la base est instrumentalisé par des groupes politiques ou masque ses contradictions internes. Les pratiques d’aide mutuelle s’arrêtent à la gestion de la misère sociale ou a ne servir que ses propres intérêts. Des individus subversifs ne font juste que tourner autour de leur auto-découverte.

Le second est qu’il y a la question du comment une forme de société socialiste-libertaire peut-être organisée politiquement ? Comment les communautés auto-organisées se forment-elles et comment s’inter-connectent-elles entre elles ? Comment les consensus sont-ils formés ? Comment se prennent les décisions et comment peuvent-elles être soutenues par le plus de monde possible ? Si les anarchistes veulent rendre justice à leurs propres demandes et créer des réalités alternatives pré-figuratives, ces questions n’émergent pas de manière conclusive et dans le sens d’un brouillon abstrait d’un nouvel ordre social. Elles sont plutôt des fondations essentielles pour développer des mouvements sociaux émancipateurs et des structures alternatives. Les anarcho-communistes en particulier, s’occupent de ces questions. (NdT : Résistance 71 est un collectif anarcho-communiste et nous confirmons ce que dit ici le compañero Jonathan, c’est toujours une tentative et le cœur de l’affaire vient de la non-coercition, un système  ne s’impose pas par la force, il ne peut que s’imposer par le respect et son efficacité prouvée de terrain dans la complémentarité de la diversité des associations libres…). Je vais donc maintenant mettre plus de lumière sur l’anti-politique anarcho-communiste. Je voudrais aussi dire ici par avance que le problème politique ne peut pas non plus être vraiment résolu de cette manière.

L’anti-politique des groupes anarcho-communistes

Même au sein de l’anarcho-communisme, plusieurs déclarations sont faites sur la politique. Par exemple, Johann Most fait une amère critique du politiser et Joseph Peukert rejette aussi la “politique” de manière abrupte. Pierre Kropotkine se demande comment les relations politiques socialistes-libertaires peuvent être conçues aux côtés et en opposition à la relation politique de domination de l’État. Le communisme est la relation économique alternative, tandis que l’anarchie est supposée être le mode de relation politique sans domination. D’après cette conception, la fédération de communes autonomes décentralisée est le modèle d’organisation politique pour la forme désirable de société. (NdT : une “fédération”, “confédération” qui ne serait évidemment pas un proto ou crypto-état) Le fait que différentes communautés puissent s’organiser sans devenir exclusives, homogènes et hiérarchiques est fondé sur des expériences historiques, qui forment le point de départ de la vision de la forme socialiste-libertaire de la société. Les anarchistes peuvent décrire une telle utopie concrète et réelle sans la graver dans le marbre ou croire en un plan infaillible qui n’existe pas et ne peut pas exister. Ils ont aussi besoin d’une telle vision s’ils veulent montrer des alternatives à l’ordre existant et s’ils veulent réaliser leurs idées et pas seulement en scenarios et en projets.

Parce que l’anarcho-communisme est au sujet de la totale révolution sociale de la forme de la société, il insiste sur la promotion, le développement de la conscience politique et l’organisation, ce plus que toutes les autres tendances anarchistes. Alors même qu’il y a un scepticisme prononcé sur le politique dans l’anarcho-communisme, il est aussi le plus politique de toutes les tendances anarchistes dans ses organisations. Entre autres, les anarcho-communistes se réfèrent aux groupes politiques de l’extrême-gauche et se comparent à ceux-ci, ils acceptent les différences graduelles des politiciens, veulent montrer une certaine direction à prendre pour les mouvements sociaux ; l’anarchisme communiste entre en territoire politique avec ces assomptions de base, même si cela n’implique pas la politique d’état. Mais si l’État est compris en un sens plus large comme relation politique de domination, une contradiction surgit ici. Comment la politique autonome anarcho-communiste diffère vraiment par exemple, de l’approche marxiste, qui critique aussi la domination politique, mais pour cette même raison une politique réformiste et/ou révolutionnaire est poursuivie ?

NdR71 sur l’anarcho-communisme : Si l’auteur est toujours empreint de confusion sur ces questions, c’est qu’il n’a pas bien saisi et fait des faux-sens dans son interprétation de l’anarcho-communisme. L’anarcho-communiste refuse toute forme d’état ou d’institutions centralisées. Il prône et développe les associations libres, associées en communes libres, fonctionnant sur l’entraide et selon le slogan du “A chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins”. Il élabore un système de coopération qui abolit également le rapport marchand et donc l’argent et toute forme de “troc” et donc aussi de salariat, on arrête de mettre une étiquette de prix sur tout ce qui nous entoure, y compris “l’heure de travail” et la vie humaine !..

Le marxiste dépend d’un parti centralisé qui saisit le pouvoir par voie électorale ou par la violence révolutionnaire. Le parti centralise le politique et l’économique et ne remet pas en cause le rapport marchand qu’il ne fait que “socialiser” de manière incomplète ne pouvant être que pervertie. Pour le marxiste, le prolétariat saisit les moyens de production et de pouvoir que le parti gère avec ses cadres. Le marxiste se complet dans un “capitalisme d’état” en attendant la “disparition” de celui-ci dans un futur plus lointain que proche… L’anarcho-communiste change totalement le rapport et la relation sociale en construisant une société sans état, sans parti, sans rapport marchand et sans argent ni salariat. Il s’oppose aussi en cela à l’anarcho-collectiviste (tendance Bakounine), qui fonctionne sans État mais ne pense pas que l’argent et le rapport marchand doivent disparaître dans l’immédiat, ce à quoi l’anarcho-communiste répond : État et rapport marchand / argent doivent disparaître de paire, pourquoi se débarrasser de l’un et attendre pour l’autre ? Cela n’a absolument aucun sens et ne peut que nuire à l’harmonie sociale…. L’anarcho-communisme est la société des sociétés telle qu’envisagée par Gustav Landauer dans le sillage de Pierre Kropotkine, la société humaine organique rayonnant dans toute la splendeur de la complémentarité de sa diversité bien comprise. Le marxiste s’inféode à une nouvelle relation de domination, l’anarcho-communiste s’émancipe avec la société. L’anarcho-communisme est une voie à deux sens, de l’individu à la société et de la société à l’individu en relation osmotique et complémentaire ; le marxisme est une voie à sens unique où l’individu est effacé devant le parti, ses cadres “avant-gardistes” et la société sous un nouveau rapport de domination. “Le prolétariat utilisera sa suprématie politique pour centraliser tous les instruments de production dans les mains de l’État…” (Marx, “Manifeste du Parti communiste”, 1848, 2ème chapitre). Marx y définit aussi l’état communiste comme étant “le prolétariat comme classe dirigeante”… Comment peut-on éprouver une quelconque confusion entre l’anarcho-communisme et le marxisme si l’analyse est complète ?… [fin de note]

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Accusations contre l’action sur le terrain politique

Certains anarchistes accusent donc l’anarcho-communisme de n’être en fait qu’un autre courant politique de la gauche. Ses activistes se considéreraient anti-autoritaires, mais au bout du compte sous-estimeraient le fait que le modèle social pour lequel ils poussent ne serait au mieux qu’un meilleur ordre de réglementation, mais ne serait pas du tout l’abolition de toute règle ; et en fait avec l’anarcho-communisme la logique politique ne serait finalement pas “de gauche”, mais toujours dans les catégories de l’esprit de l’ordre dirigeant. 

Je considère ces accusations être fausses, parce que je suis convaincu que de bonnes relations sociales alternatives existent déjà et que nous pouvons les étendre et travailler avec. Au lieu de cette fiction de “société libérée”, nous devrions nous aligner sur la vison d’une utopie faisable et concrète, orienter nos luttes autour d’elle et essayer de progresser toujours plus en tant que minorité radicale. De mon point de vue, les humains sont des animaux sociaux qui ne peuvent que se développer et se déterminer comme personnes spéciales, individuellement, dans la société. Les institutions ne sont pas des structures de domination per se, c’est un fait social établi que les gens développent des institutions, c’est pourquoi leur façonnement est important. (NdR71 : toute institution centralisée, privée ou étatique ne peut être que structure de domination de par le rapport hiérarchique intrinsèque. Une institution est une infrastructure qui ne peut refléter que son environnement… La commune libre serait une “institution” en tant qu’infrastructure sociale échappant au rapport de coercition, elle ne pourrait donc avoir qu’une influence positive, nous sommes en cela d’accord avec Eibish )

[…]

Devenir capable d’agir en contradictions

Ceci me ramène à mes questions initiales : Qu’est-ce que les anarchistes entendent par politique ? Comment la gèrent-ils ? Peut-il vraiment y avoir une politique autonome allant au-delà du cadre de relation politique de domination et qui n’est pas phagocytée par l’État ? Malheureusement, je ne peux pas répondre à ces questions de manière conclusive. Ceci est due à mon approche non-dogmatique par laquelle je trouve plus important de poser plus de questions et de discuter plus avant que de donner des réponses définitives ou de formuler des définitions fixes. Ainsi donc, je désirerais partager mes questions avec quiconque est intéressé et les encourager d’y penser également.

Je pense qu’il est vrai qu’il y a une contradiction théorique dans l’anarcho-communisme quand, d’un côté, il est utilisé pour entrer le champ politique et d’un autre côté, la critique anarchiste de la décision politique demeure en lui. 

NdR71 : il n’y a pas de contradiction quand on pense hors de la “boîte” étatico-marchande, quand la décision politique, le pouvoir, est réintégré dans le corps social, hors institutions coercitives, car à terme, on ne peut pas échapper au “pouvoir”, à la capacité et au besoin de prendre des décisions dans une communauté, une société sans pouvoir n’existe pas ; ce qu’il y a en revanche, ce sont des sociétés à pouvoir non-coercitif et des sociétés à pouvoir coercitif. La grande question historico-anthropologico-politique est de savoir pourquoi passe t’on d’un pouvoir non-coercitif somme toute naturel pour l’humanité de -1,8 millions d’années jusqu’à il y a quelques 5000 ans, à un pouvoir coercitif, d’abord en alternance, puis “définitif” par construction au moyen de l’état et d’institutions garde-chiourmes d’un système de domination par le plus petit nombre et ceci est-il irrémédiablement irréversible sachant que tout construction humaine, car c’est de cela qu’il s’agit ici, peut se déconstruire avec plus ou moins de perte et fracas selon les circonstances ? Rien n’est inéluctable dans une construction sociale, il est toujours possible de changer de relation, à tout moment, on ne dit pas que c’est facile, on dit que c’est tout à fait possible… encore faut-il le vouloir et pour le vouloir, d’abord en être conscient. [fin de note]

Malgré le fait que cette contradiction est aussi présente dans les autres tendances anarchistes bien que cela soit souvent ignoré de façon romantique ou balayé d’un revers de la main, la question demeure de savoir si c’est si mal que ça. Ceci n’est pas du à une quelconque anomalie de la pensée anarchiste. Cela surgit plutôt du cadre des conditions d’un certain ordre de domination, aux côtés duquel et au delà duquel il y a aussi des conditions sociales désirables que les anarchistes puissent aussi positivement se référer.

En bref, la domination et la liberté existent simultanément. Si cela n’était pas le cas, les anarchistes n’auraient pas à combattre pour quoi que ce soit d’autre. Ceci est vrai même s’ils devaient se consacrer essentiellement à la destruction des stuctures de domination. Si aucun changement désirable n’était possible, les anarchistes resteraient rhétoriques ou ils fusionneraient avec des groupes politiques et feraient de la politique pour une clientèle spécifique ; ou ils sombreraient dans le nihilisme, qui est une conclusion absurde. Même si ces signes de décomposition sont présents, je suis convaincu que les gens peuvent être par principe investis du pouvoir de déterminer leurs propres vies et pour se battre pour une société socialiste libertaire qui continuera à être défiée et développée par l’anarchie.

Finalement, il devrait être question de savoir comment les anarchistes peuvent être capables d’agir en contradictions afin de briser le cadre de l’ordre de la domination, de créer des communautés auto-organisées et d’y créer des relations ainsi que des institutions égalitaires, libertaires et solidaires. Cela est-il possible et comment le faire devra être discuter ailleurs sur la base d’exemples particuliers. Pour l’anarcho-communisme, les pensées et actions de gens comme Emma Goldman et Errico Malatesta peuvent inspirer. Dans leurs textes et biographies, je vois une motivation et une implication continues d’amener des groupes différents eux aussi marginalisés, opprimés, exploités dans un projet social révolutionnaire commun. Ce faisant, ils connectent différents champs de lutte, tentent de relier des points de vue anarchistes divergents et prennent des positions claires sur des problèmes bien spécifiques.

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NdR71 : Jonathan Eibish a aussi écrit sur le thème de l’anarchisme individualiste. Nous comprenons que ces textes éparses font partie de sa thèse de doctorat sur la théorie politique de l’anarchisme. Ci-dessous nous avons traduit la conclusion de la partie :

“L’anti-politique dans l’anarchisme individualiste” (2022) sans traduire le corps du texte, afin de sensibiliser sur les deux parties fondamentales de l’approche anarchiste de la société et des rapports de pouvoir et surtout tenter de faire comprendre qu’ils sont complémentaires et non pas antagonistes. Quoi que l’on fasse politiquement, tout par de l’individu, de sa conscience politique, de sa morale et de la façon dont il/elle interagit avec sa réalité, elle-même une réalité sociale collective. L’individu politiquement éveillé et actif rayonne sur ses extérieurs et s’associe volontairement, en retour l’association volontaire influe sur les individus la composant, la rendant plus vaste et compréhensive, supérieure à la somme de ses individus. Tout est là…

=> Conclusion (de Eibish sur l’anarchisme individualiste) :

En terme politique, cela veut d’abord dire : commencer à changer les choses avec soi-même et son propre environnement. C’est dans ce contexte que nous nous connaissions et là où nous faisons l’expérience de notre efficacité, ce qui est crucial pour transformer nos propres vies en ce changement que nous voulons voir pour le monde. Pour ce faire, nous ne devons pas discuter pompeusement de la révolution ou affirmer que les conditions pour un changement radical et émancipateur sont absentes, parce qu’elles sont toujours là ou ne le seront jamais.

En termes d’organisation, deuxièmement, cela veut dire organiser sur la base de relations sociales tangibles dès que possible. Ceci ne veut pas dire être amis avec tous les camarades, mais de développer des affinités avec eux. C’est donc une question de façonner activement les relations en accord avec sa demande, de communiquer de manière sensible, et de se traiter les uns les autres avec respect. Même les grands mouvements sociaux ne sont aussi forts que les individus qui les composent et leur capacité à s’unifier directement, à se faire confiance et à coopérer les uns avec les autres ; ceci ne tombe pas du ciel, c’est activement encouragé.

Troisièmement, un scepticisme au sujet de la décision politique peut être dérivée de l’anarchisme individualiste, ce qui est en fait approprié et peut bien être justifié. Les actions ne “réussissent” pas seulement si elles peuvent être utilisées pour exercer une pression sur l’Etat pour qu’il se sente obliger d’émettre des réformes en pratique. Les actions directes parlent d’elles-mêmes et ont un effet immédiat sur les choses que l’on veut critiquer et changer. Ceci demande que les individus agissent activement, volontairement, respectivement et consciemment, c’est à dire de manière auto-déterminée. Ceci anticipe ce que les anarchistes dans leur ensemble luttent pour : une forme de société dans laquelle tout le monde vit dans les conditions qui les aident à déterminer et à façonner leurs vies par eux-mêmes. Que l’action résultante soit alors appelée “action politique” ou pas n’est pas important. La chose vitale est de s’éloigner du mode nationalisé d’action politique.

NdR71 : manifestement, J. Eibish est plus à l’aise pour analyser l’anarchisme individualiste que l’anarcho-communisme vu plus haut… 

Pour nous, Il n’y a pas d’antagonisme entre anarchisme individualiste et anarcho-communisme, il y a complémentarité qui doit être bien comprise. Tout part de l’individu pour y retourner par le truchement du collectif, de la capacité unique de l’individu de dire NON ! et de librement s’associer. Ce rayonnement passe des individus aux collectifs qui en retour agissent sur les individus pour que la société résultante soit plus grande que la somme des individus qui la composent. Là réside la force organique de l’anarchie. Le marxiste de parti a une mentalité de ruche, qui sacrifie l’individu à l’autel d’un collectif dirigé par une nomenklatura “avant-gardiste” donc élitiste à vocation dogmatique et coercitive. L’anarcho-communiste fonde son communisme sur les communes d’individus volontairement associées se perfectionnant les unes les autres par le truchement de la relation individuelle et collective. C’est une voie à deux sens qui met l’individu au cœur du communisme et non pas qui assujettit l’individu à un nouveau mode de domination collectiviste pseudo-communiste. L’anarcho-communisme est en adéquation avec la nature, il est la vie ; le marxisme institutionnel en est la négation, il est l’autre côté de la même pièce étatico-marchande du capitalisme et n’est que mort et putréfaction. Le choix est indéniablement vite fait pour quiconque réfléchit critiquement et donc radicalement (sur la racines des choses…).

= = =

“Obéir, non ! Et gouverner ? Jamais !”
~ F. Nietzsche (Le gai savoir #33) ~

“Là où cesse l’État, c’est là que commence l’Homme, celui qui n’est pas superflu : là commence le chant de ce qui est nécessaire, la mélodie unique et irremplaçable. Là où cesse l’État — regardez donc mes frères ! Ne les voyez-vous pas, l’arc-en-ciel et les ponts du surhumain ?”
~ Friedrich Nietzsche, “De la nouvelle idole” ~

L’état n’est pas quelque chose qui peut être détruit par une révolution, mais il est un conditionnement, une certaine relation entre les êtres humains un mode de comportement humain, nous le détruisons en contractant d’autres relations, en nous comportant différemment.
~ Gustav Landauer ~

Lecture complémentaire importante de ce texte de Jonathan Eibish :

“Le communisme anarchiste”, Sam Dolgoff, traduit par Résistance 71

Il n’y a pas de solution au sein du système ! (Résistance 71)

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

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Les piliers de la 3ème guerre mondiale, G5G, contre nous, les peuples (Résistance 71)

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Palestine occupée : Résistance unifiée

Les piliers de la 3ème guerre mondiale en cours, guerre de 5ème génération contre les peuples et voie de sortie

Résistance 71

10 mai 2023

Dans un article récent que nous avons publié le 24 avril dernier, “3ème guerre mondiale en cours : guerre de 5ème génération -G5G – contre les peuples, petit aperçu de notre réalité”, nous avions esquissé un historique des guerres et les fondations de la guerre en cours contre nous, les peuples du monde, menée par le système étatico-marchand dans sa phase capitaliste terminale auto-destructrice et sa caste d’oligarques le servant.

Il suffit de regarder autour de soi, dans n’importe quelle société du monde occidental  et/ou industrialisé pour se rendre compte des effets pervers et destructeurs des politiques sciemment mises en place par l’oligarchie pour nous mener là où elle le désire et où le système a besoin d’aller : le Nouvel Ordre Mondial et la Grande Réinitialisation dont le Forum Economique Mondial (FEM) / Davos est le grand architecte suivant une idéologie bien précise eugéniste et transhumaniste devenue quasi religieuse depuis le XIXème siècle.

Les piliers sur lesquels s’appuient cette idéologie génocidaire sont les suivants :

  • Destruction des économies : locale et mondiale par la manipulation bancaire, monétaire, les taux d’intérêt, inflation, scarcité et autres artifices de crise fabriqués.
  • Destruction des sociétés : sur un plan culturel, ethnique, démographique à grand renfort d’idéologie immigra-sioniste sauvage, renforcée par les guerres incessantes menées par l’occident forçant des populations entières à migrer, se déplacer pour fuir la destruction apportée par l’occident violent, dominateur et colonialiste, d’idéologie de destruction des sociétés et leur mode de fonctionnement naturel comme la reproduction en détruisant les rapports naturels homme-femme via des idéologies de genre et transgenre destructrices, ceci allant de paire avec la destruction des rapports familiaux, des rapports naturels de personnes adultes procréant pour le développement de l’humanité, la survie de l’espèce. Culture de l’abrutissement, de l’analphabétisme et de la pensée unique.
  • Contrôle de l’énergie : des ressources, fluctuation artificielle de la rareté, fluctuation artificielle des prix ; promotion de l’idéologie religieuse et frauduleuse du réchauffement climatique anthropique pour un nouveau capitalisme vert destructeur de nos vies et modes de subsistance.
  • Contrôle de la nourriture : des engrais (crise induite via transports, guerres, industrie chimique), des semences (OGM) et des quotas agricoles, fausses pandémies animales ou artificiellement provoquées. Contrôle artificiel des imports/exports, scarcité induite menant pas à pas à la famine généralisée.
  • Contrôle des populations : crises fabriquées, guerres, ouverture des vannes du flot migratoire artificiel, pandémies fabriquées, empoisonnement (chimique, GMO, fausses vaccinations arme biologique à ARNm, épidémies de promiscuité par les flots migratoires incontrôlés de gens malades (tuberculose, typhus etc…), implication de Big Pharma avec les gouvernements… Poussée pour le tout numérique, CNI numérique, QR codes, monnaie virtuelle, internet des choses, le tout connecté et donc traçable dans des villes 15min-goulag.
  • Notez que ces trois derniers piliers sont tout droit issus du NSSM 200 de Henry Kissinger des années 70… La planification moderne du marasme en cours date d’une cinquantaine d’année à peine.

Tout ceci est planifié de longue date et se mettait en place de manière structurelle de toute aussi longue date, ce qui leur manquait était la technologie, la caste oligarchique la possède aujourd’hui et la science tronquée des modèles informatiques et la poussée technologique (communication avec la 4, 5G, les OGM, l’IA, la nanotechnologie, etc) se fait non pas dans le sens d’une amélioration de nos vies, mais dans le sens de la mise en place d’une grille de contrôle technotronique planétaire, d’un goulag technotronique sous couverts de plandémies, de pseudo agenda vert de lutte contre cette escroquerie de “réchauffement anthropique” et de protection anti-“terroriste”, alors que la terreur est le seul business des états et de leurs commanditaires de la haute finance, à tous les échelons de la société. Sciences détournées, tronquées, biaisés et pseudo-sciences sont les outils de notre mise en esclavage actuelle et future.

Que faire ?

Une fois compris et pleinement réalisé cette dure réalité qui nous confronte, il est essentiel aussi de comprendre que la pourriture oligarchique qui mène le système étatico-marchand dans sa énième mutation dictatoriale ne s’arrêtera pas en chemin. Ils ne se réveilleront pas un beau matin se disant “allez ça suffit on arrête, on est vraiment trop méchants avec ces pauvres gens !…” Ils iront jusqu’au bout et ils ne s’arrêteront que quand NOUS, les peuples, les arrêterons et pas avant.

Nous ne les arrêterons pas en votant, en mettant d’autres baltringues au pouvoir, ni en réformant ce système déjà bien au-delà de toute rédemption possible. Nous devons reprendre le pouvoir et le rediluer dans le corps social, là où il est le plus soluble et le plus efficace pour le seul bien commun de l’humanité, nous devons ouvrir les esprits et œuvrer en tout et pour tout afin de mettre en place la coopération des associations libres, la confédération des communes libres à pouvoir non coercitif.

Tout commence par DIRE NON ! Refuser d’obéir, leur retirer notre consentement comme nous retirons le tapis de dessous les pieds d’un tyran. Il est vital de comprendre que le système fonctionne parce que nous Y CONSENTONS ! Le prochain système en gestation fonctionnera de la même manière : PAR NOTRE CONSENTEMENT ! En disant NON ! Assez est assez ! ¡YA BASTA! en nombre, haut et fort et remplaçons notre consentement systémique par une action libre associative avec nos pairs, court-circuitant institutions et entités commerciales mortifères, et ce sera la fin de partie pour l’oligarchie et le système qui la crée en permanence pour le servir.

Dire NON ! Commence avec ces petites choses de la vie quotidienne : refuser les injections ARNm, refuser les smart phones, refuser d’utiliser toute cette merdasse électronique de contrôle plus avant, QR code, etc, refuser le tout numérique, la 5G, l’internet des choses, refuser les CNI numérique, le fric numérique, refuser les OGM, les piles au lithium, le paradigme capitaliste vert en marche suivant cette escroquerie prouvée au CO2, douter de tout, tout vérifier et ne jamais donner son consentement aux nouvelles technologies qu’on nous impose, etc, etc. Ce n’est en rien pour “notre bien”, comprenez-ça une fois pour toute !

La chose la plus importante à comprendre et à intégrer dans nos réflexions et nos actions est celle-ci : ILS ONT BESOIN DE NOUS POUR FONCTIONNER… NOUS N’AVONS EN RIEN BESOIN D’EUX POUR LE FAIRE !

Prenez l’affaire par le bout que vous voulez, analysez en long en large et en travers, vous en viendrez inéluctablement à cette même conclusion.

La seule question importante et pertinente qui en dérive est donc celle-ci :

QU’ATTENDONS-NOUS ??…

Devenons S.olidaires U.nis P.ersévérants R.éflechis A.ctifs / S.U.P.R.A Résistants

A bas l’État ! A bas la marchandise ! A bas l’argent ! A bas le salariat !

Vive La Commune Universelle de notre humanité enfin réalisée !

Il n’y a pas de solution au sein du système ! (Résistance 71)

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

+

5 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

Société des sociétés organique avec Gustav Landauer

Stoppourriture

Personne ne nous sauvera, seuls nous pouvons le faire et personne d’autre
Pas de deus ex machina, comprendre notre réalité est la clef…

TLPARP

3ème guerre mondiale en cours : une guerre de 5ème génération – G5G – contre les peuples, petit aperçu de notre réalité (Résistance 71)

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— 3ème guerre mondiale = G5G contre les peuples —

“La société modernisée jusqu’au stade du spectaculaire intégré se caractérise par l’effet combiné de cinq traits principaux, qui sont : le renouvellement technologique incessant ; la fusion économico-étatique ; le secret généralisé ; le faux sans réplique ; un présent perpétuel.”
~ Guy Debord “Commentaires sur la société du spectacle”, 1988 ~

“L’Etat, cet instrument de coercition aux mains de minorités privilégiées dans la société, dont la fonction est de mettre les larges masses sous le joug de l’exploitation économique et de la tutelle intellectuelle, est l’ennemi juré de tous les rapports directs des hommes entre eux ; il cherchera toujours à ce que ceux-ci ne s’établissent que par l’intermédiaire de ses médiateurs.
Aussi l’histoire de l’Etat est celle de la servitude de l’homme…”
~ Rudolph Rocker, 1919 ~

La 3ème guerre mondiale est une guerre de 5ème génération (G5G) contre les peuples de la planète

Résistance 71

24 avril 2023

Sur les 1,8 millions d’années de l’existence humaine sur cette planète, ce que l’on appelle la guerre, cette “violence collective organisée et planifiée” n’existe, d’après les preuves archéologiques retrouvées, que depuis environ 10 000 ans, c’est à dire avant même la création des cités-proto-états, ceci dit, les traces de cette violence sont rares jusqu’à il y a environ quelques 5000 ans. Si l’État n’a pas inventé la guerre, il l’a sans aucun doute historiquement utilisé à des fins de toujours plus de domination et d’expansion, pour finir par l’institutionnaliser comme moyen existentiel de sa reproduction.

La technique guerrière a évolué avec deux éléments : la technologique et l’idéologie.

Avant de savoir ce qu’est la guerre de 5ème génération, il est nécessaire de savoir quelles furent les 4 autres précédentes pour la situer historiquement ?

  • La guerre de 1ère génération : de ses débuts à la fin du XIXème siècle. Elle est la guerre que se livrent des pays au moyen de leurs armées de soldat, caractérisée par l’affrontement quasiment exclusivement militaire sur les champs de bataille, l’invasion et la défense.
  • La guerre de 2ème génération : comme celles de 1870 et la 1ère guerre mondiale. Les armées s’affrontent toujours sur les champs de bataille avec une technologie accrue, les populations civiles sont toujours peu impliquées.
  • La guerre de 3ème génération : des armées nationales s’affrontent, mais le spectre s’est élargi avec toujours plus de technologie et une implication des populations civiles, qui sont utilisées comme outil de terreur et de guerre psychologique pour vaincre l’adversaire ; elles ne sont plus épargnées et deviennent un enjeu grandissant. La seconde guerre mondiale en est le meilleure exemple, culminant dans les deux horreurs de plus grande échelle dans l’extermination de civils : les camps de la mort nazis et l’atomisation yankee de deux villes japonaises importantes, Hiroshima et Nagasaki, en août 1945.
  • La guerre de 4ème génération : la frontière entre les armées et les populations civiles est devenue floue et effacée à dessein, mous sommes dans des guerres asymétriques d’invasion, de résistance sous la forme de guérilla et d’implication constante des populations civiles, la guerre touche tout le monde à tout moment (Vietnam, Afghanistan, Irak, Syrie, les guerres entretenues en Afrique, Soudan, Congo etc…). Cette guerre utilise aussi souvent des combattants qui se battent par procuration pour de grandes puissances, des groupes formés et financés par les grandes puissances impérialistes (Al Qaïda, Daesh, créés par l’empire anglo-americano-sioniste, mais aussi un retour aux mercenaires qui furent déjà abondamment utilisés dans les guerres de 1ère génération, mais cette fois-ci sous couvert d’une vaste propagande niant leur existence et couvrant leurs exactions…) Cette guerre utilise aussi plus que jamais la propagande, la guerre psychologique et la manipulation constante de l’information tant dans les zones de combats que dans les pays d’origine de façon à ce que plus personne à part les planificateurs, ne sache de quoi il retourne vraiment et où se trouve la vérité, ceci constitue la zone de passage vers…
  • La guerre de 5ème génération : Elle est le stade supérieur de la guerre de 4ème génération, souvent connu sous son acronyme  de G5G ou 5GW (5th Generation Warfare) en anglais. Cette guerre est essentiellement menée à l’échelle planétaire contre les esprits des peuples et leur enracinement social et culturel. Elle est une guerre menée contre nous, les peuples de cette planète…

La G5G est la guerre de tous les états et de toutes les institutions coercitives, qui nous sont imposés depuis quelques 5000 ans donc, contre les peuples. Le champ de bataille de cette guerre est essentiellement notre esprit, le champ de notre conscience et de notre enracinement socio-culturel. Elle est menée par les représentants élitistes, sbires d’un système étatico-marchand en fin de course et en phase de mutation et elle vise à la domination totale des populations mondiales, leur extermination à terme et la mise en esclavage du peu restant. A cette fin, la G5G est menée à tous les niveaux de nos vies et de notre conscience. Elle est caractérisée par des attaques tout azimut sur les composants essentiels de nos vies biologiques et sociales :

  • La G5G guerre de l’information : par la propagande, la manipulation, le mensonge, la déception, la tromperie, l’omission, les diversions. Il est aujourd’hui impossible de croire un mot de ce que racontent les politiciens, journalistes, les livres promus par le système, les scientifiques et le nouveau dogme de “la science des modèles” ayant effacé et remplacé la “science des données et des faits empiriques” car on peut lui faire dire tout en n’importe quoi (cf. Les dogmes du “réchauffement climatique anthropique” et du COVID-19 et leur falsification des données empiriques par des modèles informatiques tronqués). Propagande et corruption ont atteint tous les niveaux de l’information et de sa diffusion depuis quelques décennies déjà, avec un niveau supérieur de mensonge et de propagande atteint depuis les attentats faux-drapeau du 11 septembre 2001 à New York.
  • La G5G guerre neurologique : Attaque physique et physiologique sur notre Système Nerveux Central par technologique interposée notamment avec la nanotechnologie comme les PEG hydrogels, Nano Particules Lipidiques (NPL), introduits dans les produits de consommation courante, les médicaments, les injections, les pseudo-vaccins, fausse prophylaxie mais vraie attaque biologique sur l’humanité…
  • La G5G guerre biologique : par OGM, laboratoires de fabrication d’armes biologiques, les fausses pandémies, vraies attaques biologiques sur l’humanité (VIH, H1N1, H5N1, SRAS-CoV-1, Zika, Ebola, SRAS-CoV-2 / COVID-19, et ce qui va suivre si on les laisse faire…)
  • La G5G guerre économique : création d’armes de destruction financière, attaques en règle du cartel financier transnational sur les monnaies, attaques sur le pouvoir d’achat, crises provoquées de scarcité alimentaire, énergétique, inflation, hausse des prix etc…
  • La G5G guerre culturelle : destruction des cultures, des valeurs et morales des sociétés, des perceptions de notre nature même. Imposition sous couvert d’un “progressisme” falsifié, de nouvelles “valeurs” qui ne font que détruire les fondements de la société humaine depuis son origine : le transgenrisme, le LGBTisme, l’accélération des processus de destruction des facteurs physiologiques et sociaux de reproduction de l’espèce humaine, l’antagonisme fictif et exacerbé des religions montées les unes contre les autres, la falsification de l’histoire et des sciences, la destruction de la pédagogie, de l’enseignement et plus précisément de la pensée critique, qui terrorise le système.

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Beaucoup de choses à développer sur ces points, ce qui n’est pas notre objectif ici, qui n’est que de faire un état des lieux de la chose pour sensibiliser au mieux sur cette guerre qui nous est livrée depuis déjà un quart de siècle. Tout cela s’accélère au fil du temps et des développements technologiques, qui remarquons-le, ne vont que dans le sens de toujours plus de contrôle et de destruction au profit du plus petit nombre contre les intérêts du plus grand nombre, le tout bien entendu mené sous couvert de “sauver la planète” des fallacies et inventions idoines opportunes pour pousser l’agenda jusqu’au bout en faisant tout pour que la majorité des gens ne se rendent compte de rien, mieux même, qu’ils participent eux-mêmes à leur propre destruction et mise en esclavage. La crise fabriquée, attaque biologique avérée sur l’humanité qu’est la COVID-19, fut à ce titre particulièrement révélatrice des techniques d’enfumage des populations pour obtenir leur consentement sur des affaires aussi graves et délicates que leur santé et leur bien-être. La G5G est parvenu à faire accepter, par le mensonge et par la peur, à une grande partie de l’humanité que tout ce qui était entrepris l’était pour leur bien, qu’on les enfermait à domicile, qu’on détruisait leur vie sociale, leur travail, leur revenu, qu’on les forçait à se faire injecter avec une substance inconnue, dont le contenu n’a jamais été officiellement révélé et qui s’est avérée bien pire, et ce de façon programmée, pour la santé que la supposée “maladie” que ces pseudo-vaccins étaient censés combattre. Des centaines de millions de personnes se sont laissées convaincre et laissées injecter de cette merde chimérique, qui a répétition, est aujourd’hui responsable de la mort programmée de millions de personnes et toujours plus à venir.

Ceci nous mène à une question vitale : Comment en sortir, y a t’il une solution ?

Une chose doit être maintenant très claire au vu de tous les aspects aujourd’hui visibles de la G5G menée contre nous, les peuples, par la Nomenklatura du système étatico-marchand en voie de mutation finale vers sa Grande Réinitialisation / Nouvel Ordre Mondial fasciste transnational ;

Il n’y a pas de solution au sein du système, n’y en a jamais eu et ne saurait y en avoir !

Nous devons toujours garder présent à l’esprit ceci : il y a une logique implacable dans la destruction entreprise de l’humanité, cette logique est celle de la destruction induite de tout empire. Tout empire contient en lui-même la graine de son auto-destruction. Nous sommes historiquement en (fin de) phase de domination étatico-marchande de la société humaine. Ce modèle contient en lui-même sa propre limite auto-destructrice, qui est la limite atteinte de la réification de tout ce qui peut l’être. Une fois cette limite atteinte, et nous y sommes quasiment, la destruction est inévitable et le système, pour se survivre à lui-même doit muter en une version augmentée de lui-même. La technologie aidant, le monstre prêt à sortir de sa chrysalide métamorphique, n’a plus besoin de nous, dans sa logique de réification et de délire métaphysique transhumaniste, les gens de cette planète sont vus comme des inutiles, des “bouches à nourrir inutilement”. Les porte-paroles du nouveau monde dystopique naissant, comme cette pourriture de Yuval Noah Hariri parlant pour le FEM/Davos et conseiller de son patron nazi Klaus Schwab, se demandent cyniquement “Qu’allons-nous faire de tous ces inutiles ?”.. Il est évident qu’il a la réponse, qu’il ne peut pas publiquement afficher… pour le moment…

La solution ne peut venir que DE NOUS et de personne d’autre ! Il n’y aura pas de “deus ex machina”, ni de “sauveur providentiel”, d’élections mettant en place des “politiciens vertueux” qui réformeront efficacement le système pour le bien de tous. Tout cela n’est que belles paroles, totale utopie qui jamais ne se réalisera pour la simple raison que le système ne peut en aucun cas permettre que cela arrive. La logique finale systémique est la destruction par la réification de tout ce qui se trouve sur cette planète menant à l’extermination, éradication de ce qui est et sera perçu par la nouvelle structure, comme “inutile” et “obsolète”.

Une fois ceci compris, nous devons allier à la pensée critique, l’action critique déterminante qui nous émancipera à tout jamais de cette horreur contre-nature, utopie obscurantiste ne pouvant se réaliser que dans le chaos et la destruction. Leur devise du reste n’est-elle pas “ordo ab chao” ? Qu’en attendre si ce n’est le chaos et l’annihilation ? Ces psychopathes ont historiquement l’habitude de mettre en pratique ce qu’ils disent et écrivent, ceci est un fait établi de longue date, pourquoi continuellement l’ignorer ?…

Devenons S.olidaires U.nis P.ersévérants R.éfléchis A.ctifs Résistants !!

Nous devons agir dans le but de sortir du système, de le combattre par la création des associations libres confédérées, par la création des Communes Libres menant à la Commune Universelle de notre humanité enfin réalisée, ce à l’échelle planétaire, mais commençant ici et maintenant de là où nous sommes, ensemble, unis et solidaires. Ceci ne pourra se produire que dans l’établissement d’une société organique, d’une société des sociétés qui mettra l’intérêt commun et les besoins de toutes et tous au premier plan des préoccupations décisionnaires qui verra un processus de gouvernance équitable se créer hors État, hors marchandise, hors argent, hors rapport marchand et hors salariat.

Léon Tolstoï nous rappelait que “le royaume de dieu est en nous” et nulle part ailleurs, ainsi il est évident que de la même façon : “la réalité et l’émancipation sociales universelles sont en nous” et nulle part ailleurs. Personne ne nous aidera, nous sommes non pas seuls, mais ensemble, quelques 7 milliards et demi d’humains face à une destinée mortifère qui nous est imposée, qui a été fabriquée contre nous. 

Questions simples : allons-nous les laisser faire ? Quand assez est-il VRAIMENT assez ?

Dans l’esprit de Cheval Fou

Vive la Commune Universelle de notre humanité enfin réalisée !

“Vous ne serez et ne demeurerez que des commodités aussi longtemps que l’empire existera…”
~ Russell Means, activiste Oglala, Lakota ~

Cobra_peuple

Pour illustrer notre propos, ce remarquable film d’animation à voir et diffuser sans modération « Beyond the Reset » (mars 2023) :

suite : « Les piliers de la 3ème guerre mondiale contre nous, les peuples et voies de sortie » (Résistance 71)

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Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

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5 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

Société des sociétés organique avec Gustav Landauer

GJVH

Réflexion politique critique : Faux-sens sur l’anarchisme (Sam Dolgoff)

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, crise mondiale, démocratie participative, gilets jaunes, guerres hégémoniques, militantisme alternatif, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, philosophie, politique et social, politique française, résistance politique, société des sociétés, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , on 23 avril 2023 by Résistance 71

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“Qu’est-ce que l’État ? C’est le signe achevé de la division dans la société, en tant qu’il est l’organe séparé du pouvoir politique: la société est désormais divisée entre ceux qui exercent le pouvoir et ceux qui le subissent. La société n’est plus un Nous indivisé, une totalité une, mais un corps morcelé, un être social hétérogène… »
~ Pierre Clastres ~

“Les deux grandes questions incontournables de l’anthropologie politique sont:
1- Qu’est-ce que le pouvoir politique, c’est à dire qu’est-ce que la société ?
2- Comment et pourquoi passe t’on du pouvoir politique non-coercitif au pouvoir politique coercitif, c’est à dire qu’est-ce que l’histoire ?”
~ Pierre Clastres, 1974 ~

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Faux-sens sur l’anarchisme

Sam Dolgoff*

1986

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

Avril 2023

Ceci est un passage de son livre : “Fragments : A memoir”, 1986

(*) Sam Dolgoff (1902~1990) : né en URSS (Biélorussie), il émigre avec ses parents aux Etats-Unis en 1905. Peintre en bâtiment de profession. Devient socialiste révolutionnaire après sa rencontre avec Gregory Maximov, qui devient son ami et mentor. Il passe sa vie à la compréhension théorique et pratique de l’anarchisme. Son équivalent francophone serait Gaston Leval. Tous deux ont profusément écrits sur les expériences anarchistes au cours de la révolution espagnole de 1936-39. Dolgoff est l’auteur d’un excellent livre compilation “Les collectifs anarchistes, l’autogestion des travailleurs dans la révolution espagnole de 1936-39” (1974), il a aussi écrit sur “L’illusion du Parti socialiste” en 1960, sur la révolution cubaine (1974), sur l’anarchisme et la société moderne (1977) et sur l’anarchisme et la technologie (1986). Nous aimons particulièrement son style simple, efficace, ancré dans la réalité et s’adressant au commun des mortels et non pas à une “élite” intellectuelle “avant-gardiste”. A lire de paire avec Gaston Leval. Deux auteurs d’une actualité brûlante qui mettent en perspective réaliste et viable l’approche anarchiste organique de l’organisation sociale pour sortir du marasme absolu et terminal dans lequel nous sommes présentement engagés avec l’organisation sociale de la domination étatico-marchande.

L’anarchisme n’est pas un individualisme anti-social absolu

L’anarchisme ne connote pas une liberté individuelle absolue, irresponsable et anti-sociale, qui viole les droits des autres et rejette toute forme d’organisation et d’auto-discipline. La liberté individuelle absolue ne peut être atteinte qu’en isolation (dans la mesure où cela est possible : “Ce qui rend vraiment la liberté impossible et la supprime tout en rendant l’initiative impossible c’est l’isolation, qui nous rend impuissant.Errico Malatesta, Life and Ideas, Freedom Press, p. 87)

L’anarchisme est synonyme de termes comme “socialisme libre” ou “anarchisme social”. Comme l’implique le terme “social”, l’anarchisme est l’association libre de gens vivant ensemble et coopérant dans des communautés libres. L’abolition de l’État et du capitalisme, l’autogestion des activités de travail par les travailleurs eux-mêmes, la distribution en fonction des besoins, l’association libre, sont les principes qui, pour toutes tendances socialistes, constituent l’essence même du socialisme.

Pour se distinguer des différences fondamentales sur le comment et quand ces objectifs seront réalisés, ainsi qu’en provenance des individualistes anti-sociaux, Pierre Kropotkine et les autres penseurs anarchistes ont défini l’anarchisme comme “l’aile gauche du mouvement socialiste”. L’anarchiste russe Alexeï Borovoï a déclaré que la bonne base de l’anarchisme dans une société libre, est l’égalité de tous ses membres dans une organisation libre. L’anarchisme social pourrait être défini comme le droit égal à être différent.

L’anarchisme n’est pas la liberté illimitée ni la négation de la responsabilité

Dans les relations sociales entre les personnes, certaines normes sociales volontaires devront être acceptées, comme l’obligation de remplir les conditions d’un accord librement accepté. L’anarchisme n’est pas un “non gouvernement”. L’anarchisme est l’auto-gouvernement (ou son équivalent d’auto-administration). Ceci veut dire auto-discipline. L’alternative à l’auto-discipline est l’obéissance forcée de dirigeants sur leurs sujets. Pour éviter ceci, les membres de chaque association font eux-mêmes et librement les règles de leur association et s’accordent pour suivre les règles fixées par eux-mêmes. Ceux qui refusent de les honorer après les avoir librement acceptées et ne remplissent pas leur part de responsabilité dans cet accord volontaire se verront refuser les bénéfices que procurent l’association. (NdT : à terme, ces personnes n’auront plus d’autre choix que de partir pour trouver un accord qui leur conviendrait mieux, ou, comme on va le voir plus loin, si suffisamment nombreux, faire sécession…)

Le droit de faire sécession

Les sanctions pour violations de l’accord sont contre-balancées par le droit inaliénable de faire sécession. Le droit pour des groupes ou des individus de choisir leurs propres formes d’association est, d’après Bakounine, le plus important des droits politiques. L’abrogation de ce droit mène directement à la réintroduction de la tyrannie. Vous ne pouvez pas faire sécession depuis la cellule d’une prison. La sécession ne va pas paralyser l’association. Les personnes ayant un intérêt commun fort vont coopérer (NdT : observons l’oligarchie du système actuel, leurs intérêts financiers et politiques communs les font coopérer au plus haut degré malgré la concurrence de marché qui parfois les anime…), ceux qui risquent plus de perdre en faisant sécession vont compromettre leurs différences. Ceux qui ont peu ou rien en commun avec la collectivité ne vont pas blesser la communauté associative en faisant sécession, mais vont au contraire, éliminer une source de frictions internes, promouvant ainsi une meilleure harmonie générale.

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La différence essentielle entre l’anarchisme et l’État

La grande différence entre le concept anarchiste d’une autorité commune librement acceptée en échange de services et qui représente l’administration des choses, diffère fondamentalement de l’autorité de l’État, qui lui domine et dirige sur ses sujets, le peuple. Exemple : réparer ma télévision : l’autorité du technicien expert s’arrête lorsque la réparation est effectuée. La même chose se produit lorsque je suis d’accord pour repeindre l’atelier du technicien. L’échange réciproque de biens ou de services est une relation coopératrice limitée, non personnelle, ce qui exclut automatiquement toute forme de dictature. Au contraire de l’État qui est un appareil de gouvernement qui intervient en tout et pour tout et interfère dans tous les aspects de ma vie, ce, de ma naissance à ma mort et où je suis obligé d’obéir à toute loi, tout décret, de subir un harcèlement constant, une abrogation de mes droits (NdT : devenus à ce stade, de petits privilèges accordés temporairement et révocables à tout moment, c’est ce que nous constatons constamment de nos jours…), un emprisonnement potentiel voire même la mort en certains cas.

Des gens peuvent librement faire sécession d’un groupe ou d’une association, même organiser la leur. Mais ils ne peuvent pas échapper à la juridiction de l’État. S’ils arrivent finalement à s’échapper dans un autre état, alors ils sont immédiatement soumis à la juridiction du nouvel état où ils se trouvent.

Remplacer l’État

Les concepts anarchistes ne sont pas concoctés artificiellement par les anarchistes. Ils sont dérivés de tendance déjà au travail. Kropotkine, qui a formulé la sociologie de l’anarchisme, insista sur le fait que la conception anarchiste de la société libre est fondée sur “ces données qui sont déjà fournies par l’observation de la vie dans le temps présent.Les théoriciens anarchistes se sont limités à suggérer l’utilisation de tous les organismes utiles de l’ancienne société afin de construire une nouvelle. Que “les éléments de la nouvelle société se développent déjà dans l’effondrement de la société bourgeoise” (Marx), ceci est un principe fondamental partagé par toutes les tendances du mouvement socialiste.  L’écrivain anarchiste Colin Ward résume admirablement biien ce point : “Si vous voulez construire la nouvelle société, tous les matériaux nécessaires sont déjà disponibles”.

Les anarchistes cherchent à abolir et remplacer l’État, non pas par le chaos, mais avec les formes naturelles spontanées d’organisation qui ont émergé à chaque fois que l’entraide et l’intérêt commun par la coordination et l’auto-gouvernement sont devenus nécessaires. Cela jaillit de l’inévitable interdépendance de l’humanité et la volonté d’harmonie. Cette forme d’organisation est le “fédéralisme”. Une société sans ordre est inconcevable. Mais l’organisation de l’ordre n’est pas le monopole exclusif de l’État. Le fédéralisme est une forme d’ordre social qui précéda l’usurpation de la société par l’État et qui lui survivra.

Il n’y a pratiquement pas de forme d’organisation qui, avant d’être usurpée par l’État, ne fut pas fédéraliste par nature. On pourrait remplir des volumes de la simple liste de vastes réseaux de fédérations et de confédérations locaux, régionaux, nationaux et internationaux, embrassant la totalité de la vie sociale. La forme fédérée de l’organisation rend pratique pour tous les groupes et fédérations de bénéficier de l’unité et de la coordination tout en exerçant l’autonomie au sein de leur sphère, étendant ainsi le champ de leur liberté. Le Fédéralisme, synonyme d’accord libre, est l’organisation de la liberté. Comme l’avait dit Proudhon : “Celui qui parle de liberté sans parler de fédéralisme, ne dit rien.”

NdR71 : Ceci dit, nous pensons que le fédéralisme à la sauce proudhonienne est très ambigu. Il suffit de lire le livre de Proudhon : “Du principe fédératif” pour comprendre que Proudhon demeure très proche, trop proche de fait, d’entités organisationnelles étatiques qu’il voudrait voir “réformées”. Sam Dolgoff est ici beaucoup plus clair et semble avoir mieux compris le principe fédératif. Nous avons dit par ailleurs et pensons toujours que Proudhon est le maillon faible de la chaîne anarchiste. Il se doit d’être lu et étudié, comme Marx, il n’a pas dit que des conneries, mais il en a dit pas mal quand même… Voir l’anarchisme et l’englober dans une sorte de “néo-proudhonisme” à la sauce “woke” XXIème siècle serait la pire des erreurs à faire ! C’est pourtant là que s’enferme et gesticule la “gauche bobo” collaboratrice du système à l’insu de son plein gré, tentant de mener le système dans cette dimension, toute pilotée qu’elle est par l’oligarchie en place…
A Résistance 71, nous n’employons jamais le terme de “fédéralisme” devenu ambigu et synonyme de confusion politique. Notre concept est emprunté à Gustav Landauer et sa société des sociétés organique.

GJa

Après la révolution

La société est un vaste réseau de travail coopératif interconnecté et toutes les institutions profondément enracinées qui fonctionnent de manière efficace maintenant continueront de fonctionner pour la simple raison que l’existence même de l’humanité dépend de cette cohésion interne. Ceci n’a jamais été remis en question par quiconque. Ce dont on a besoin, est l’émancipation des institutions autoritaires sur la société et de l’autoritarisme au sein des organisations elles-mêmes. Par dessus tout, elles doivent être infuser d’un esprit révolutionnaire et de la confiance en la capacité créatrice des gens, du peuple. Kropotkine, en faisant émerger la sociologie de l’anarchisme, a ouvert une zone de recherche fertile qui a été largement négligée par les scientifiques sociaux qui passent leur temps à cartographier de nouvelles zones pour le contrôle d’état.

Les anarchistes furent principalement concernés par les problèmes immédiats de la transformation sociale auxquels on devra faire face dans chaque pays après la révolution sociale. Ce fut pour cette raison que les anarchistes ont essayé de faire émerger des mesures pour répondre aux problèmes pressants qui vont le plus probablement émerger pendant ce que le penseur révolutionnaire anarchiste italien Errico Malatesta a appelé “une période de réorganisation et de transition”. Un résumé de la discussion de Malatesta de quelques unes des questions les plus importantes suit.

Les problèmes cruciaux ne peuvent pas être évités en les repoussant aux calendes grecques, à cette époque aussi lointaine qu’aléatoire quand les masses auront totalement compris et seront convaincues de l’anarcho-communisme. Nous, les anarchistes, devons avoir nos solutions si nous ne voulons pas jouer le rôle de “vieux ronchons inutiles et politiquement impuissants”, tandis que des autoritaires moins scrupuleux mais plus réalistes saisissent le pouvoir. Anarchie ou pas, le peuple doit manger et avoir les nécessités de base de la vie. Les villes doivent être approvisionnées et les services vitaux ne peuvent pas être interrompus. Rien ne peut se faire en un jour.

L’organisation de la société anarcho-communiste sur une grande échelle ne peut se faire que graduellement, les conditions matérielles le permettant et avec les masses se persuadant elles-mêmes des bénéfices à être gagnés alors qu’elles deviennent graduellement psychologiquement accoutumées aux changements radicaux dans leur mode de vie. Comme le communisme libre et volontaire (le synonyme de Malatesta pour anarchisme) ne peut pas être imposé, Malatesta a insisté sur la nécessité de la coexistence de formes économiques variées : collectiviste, mutualiste, individualiste, sous condition qu’il n’y ait pas exploitation d’autrui. Malatesta fut confiant que l’exemple réussi des collectifs libertaires attireront les autres dans l’orbite de la collectivité.. en ce qui me concerne, je ne crois pas qu’il y ait “une” solution à la question sociale, mais sans doute mille solutions différentes changeantes, de la même manière que l’existence sociale est différente dans le temps et dans l’espace.

[Errico Malatesta, Life and Ideas, edited by Vernon Richards, Freedom Press, London, pp. 36, 100, 99, 103–4, 101, 151, 159]

L’anarchisme “pur” est utopie

L’anarchisme “pur” est défini par le penseur et écrivain anarchiste George Woodcock comme étant “le groupe d’affinité souple et flexible qui n’a pas besoin d’organisation formelle et qui propage les concepts anarchistes au moyen d’un réseau invisible de contacts personnels et d’influences intellectuelles.” Woodcock argumente que l’anarchisme “pur” est incompatible avec les mouvements de masse comme l’anarcho-syndicalisme par exemple parce qu’ils ont besoin d’organisations stables précisément parce qu’il bouge dans un monde qui n’est que partiellement gouverné par des idéaux anarchistes,,, et fait des compromis avec les situations au jour le jour…

[L’anarcho-syndicalisme] doit maintenir l’allégeance des masses [de travailleurs] qui ne sont que de très loin au courant du but final de l’anarchisme. [Anarchism, pp. 273–4]

Si ceci est vrai, alors l’anarchisme est une utopie, parce qu’il n’y aura jamais un temps où tout le monde sera un anarchiste “pur” et parce que l’humanité devra toujours faire “des compromis avec la situation au jour le jour”. Cela ne veut pas dire que l’anarchisme rejette les “groupes d’affinité”. En fait, c’est précisément parce que la variété infinie d’organisations volontaires qui sont formées, dissoutes et reconstruites en accord avec les fluctuations conjoncturelles et individualistes, reflètent les préférences individuelles, qu’elles constituent la condition indispensable d’une société libre.

Mais les anarchistes insistent sur ce que la production, la distribution, l’échange communicatif et autre indispensable qui doivent être coordonnés à une échelle mondiale dans notre monde moderne indépendant, doivent être fournis sans coup férir par des organisations “stables” et ne peuvent pas être laissés aux humeurs fluctuantes des individus. Il y a des obligations sociales que chaque individu sain de corps et d’esprit doit remplir si il ou elle s’attend à jouir des bénéfices du travail collectif. Ceci devrait être axiomatique que de telles associations “stables” indispensables, organisées de manière anarchiste, ne sont pas des déviations. Elles constituent l’essence de l’anarchisme pour qu’il soit viable en tant qu’ordre social.

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Cartographier le chemin vers la liberté

Les anarchistes ne sont pas des êtres naïfs attendant l’installation de a société parfaite composée d’individus parfaits qui auraient miraculeusement mué de leurs préjudices et biais induits et dépassés leurs habitudes dès le “jour d’après la révolution”. Nous ne nous préoccupons pas  de ce à quoi ressemblera la société dans un futur lointain lorsque le paradis sur terre aura enfin été atteint. Mais nous sommes concernés par dessus tout, par la direction que prend le développement humain. Il n’y a pas d’anarchisme “pur”. Il n’y a que l’application de principes anarchistes aux réalités de la vie sociale. Le seul et unique but de l’anarchisme est de propulser la société dans une direction anarchiste.

Vu de cette manière, l’anarchisme est un guide pratique viable et crédible de l’organisation sociale. Autrement vu, il est voué à demeurer dans les rêves utopiques et ne peut en aucun cas devenir une force vive, vivante et organique.

= = =

“Là où cesse l’État, c’est là que commence l’Homme, celui qui n’est pas superflu : là commence le chant de ce qui est nécessaire, la mélodie unique et irremplaçable. Là où cesse l’État — regardez donc mes frères ! Ne les voyez-vous pas, l’arc-en-ciel et les ponts du surhumain ?”
~ Friedrich Nietzsche, “De la nouvelle idole” ~

Lectures complémentaires :

Sam Dolgoff sur Résistance 71

“Le communisme anarchiste”, Sam Dolgoff, PDF

+

Il n’y a pas de solution au sein du système, n’y en a jamais eu et ne saurait y en avoir ! (Résistance 71)

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

+

5 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

Société des sociétés organique avec Gustav Landauer

Cobra_peuple

Lion_eveil

Zapatistes du Chiapas, Mexique et racines indigènes… Une communauté en armes (Tikva Honig-Parnass, PDF)

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, colonialisme, crise mondiale, démocratie participative, gilets jaunes, guerres hégémoniques, militantisme alternatif, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, philosophie, politique et social, résistance politique, société des sociétés, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , on 17 avril 2023 by Résistance 71

Unknown

Résistance 71

17 avril 2023

Si tu es venu ici pour m’aider,
Tu perds ton temps…
Mais si tu es venu parce que
Ta libération est liée à la mienne,
Alors, travaillons ensemble.
Groupe d’activistes aborigènes, Queensland, Australie, 1970

EZLN_Chiapas_Une-communaute-en-armes-tikva-honig-parnass
PDF à lire et diffuser sans aucune modération

TLPARP

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Territoires zapatistes… Terre et Liberté !

Black Bloc : mythologie et réalité (Rébellion)

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Question intéressante : pourrait-on considérer le principe du Black Bloc comme les prémisses d’un retour du peuple en arme, de sections populaires armées et organisées au niveau local pour parer à toute intrusion et despotisme contre les communes émancipées ? Le peuple en arme est-il la solution ou du moins une partie de la solution contre la tyrannie étatico-marchande ? Considérant le peuple comme en état de légitime défense permanent devant le pouvoir despotique étatique et marchand et son monopole de la violence « légale », comment pouvons-nous organiser résistance et protection ? Il est devenu totalement évident à la vue de tous que l’État n’est pas là et n’a jamais été là pour nous protéger, bien au contraire. Il est l’ultime nuisance à l’épanouissement du peuple hors système coercitif. Nous devons nous poser les questions fondamentales ou nous n’en sortirons jamais, à savoir  : qu’est-ce que le pouvoir ? Qu’est-ce que le société ? Mais aussi nous devons nous demander pourquoi est-on passé d’un pouvoir non coercitif à un pouvoir coercitif ? c’est à dire qu’est-ce que finalement l’histoire ? Les sociétés humaines sont passées de l’un à l’autre et réciproquement durant des millénaires. L’État est le verrou qui empêche le retour du pouvoir non coercitif émancipateur. Faisons donc péter ce verrou nous maintenant sous le joug. Pas de solution au sein du système ! Ceci devient une pure évidence, un joyau scintillant de révélation de la réalité sociale. Qu’attendons-nous ?
~ Résistance 71 ~

ITsavvy

Y a t’il une tête pensante sous les capuches du Black Bloc ?

David L’Épée

24 mars 2023

Source de l’article original:

https://rebellion-sre.fr/y-a-t-il-une-tete-pensante-sous-les-capuches-du-black-bloc/

On parle beaucoup ces dernières années en France de ces mystérieux blacks blocs qui sèmeraient la terreur dans les manifestations populaires, spécialement dans les manifestations initiées par la gauche. D’un regard extérieur, on ne sait pas bien s’il faut les considérer comme une expression radicalisée des revendications sociales portées durant ces événements ou s’ils en sont au contraire le dévoiement. Pourtant, au-delà des théories du complot et des violences sous faux drapeau, la réalité est peut-être bien plus simple… ( Article paru dans le numéro 89 de Rébellion)

On a beaucoup parlé d’eux durant la crise des Gilets jaunes mais également au cours d’autres mobilisations de rue survenues durant la dernière décennie. Associés, parfois un peu hâtivement, au mouvement anarchiste, on leur attribue souvent les mêmes traits distinctifs, tels que le refus de tout légalisme et de toute négociation sociale et un goût marqué pour la violence et l’émeute. Toutefois, au-delà de cette référence à un activisme anarchiste un peu daté, c’est aussi l’assimilation au mouvement dit « antifa » qui revient souvent, avec ce qu’il charrie de sectarisme et de tentation épuratrice. Derrière la vitrine libertaire (glorification du désordre et esthétique du chaos) on trouverait alors une sensibilité beaucoup plus « stalinienne », la violence des blacks blocs ne se tournant plus en priorité contre l’ennemi politique (l’État, la bourgeoisie, le capitalisme, la police, etc.) mais contre les moutons noirs, les dissidents, les déviationnistes, les « confusionnistes », dont il faudrait purger les manifestations de masse. C’est en tout cas l’analyse de François Bousquet, qui écrit : « Dans les manifestations de Gilets jaunes, ce sont indiscutablement des intrus, des corps étrangers. […] On ne peut même pas dire qu’ils sont à la traîne du mouvement, ils sont en dehors. Comment pourrait-il en être autrement ? Ce sont deux visions du monde antagonistes qui s’affrontent. […] Il ne faut pas beaucoup creuser pour s’assurer que les “antifas” vomissent tout ce que représente la France des Gilets jaunes. […] Jamais le sort de la France des invisibles ne leur a arraché la moindre compassion, seulement l’éternel procès en moisissure, en maréchalisme, en “crispations” identitaires, en “poison” populiste. »1

Les blocs noirs : de nouvelles brigades rouges ?

Jean-Claude Michéa y voit non seulement une menace pour le mouvement social mais même une éventuelle stratégie d’affaiblissement encouragée par le gouvernement 1 « Si le mouvement des Gilets jaunes gagnait encore de l’ampleur (ou s’il conservait, comme c’est toujours le cas, le soutien de la grande majorité de la population), l’État benallo-macronien n’hésitera pas un seul instant à envoyer partout son Black Bloc et ses “antifas” (telle la fameuse “brigade rouge” de la grande époque) pour le discréditer par tous les moyens ou l’orienter vers des impasses politiques suicidaires. 2 Il n’est en effet pas difficile de voir quels bénéfices Macron pouvait retirer de ce phénomène : cliver l’opinion, diaboliser les Gilets jaunes en les présentant comme des vandales, justifier la répression policière, dissuader les Français ordinaires de s’associer au mouvement, tenir à distance les femmes, les personnes âgées et tous ceux effrayés par le risque de l’affrontement physique, entretenir la division des forces mobilisées…

Vincent Lapierre et sa web-TV Le Média pour tous en ont fait plusieurs fois l’expérience, chahutés (pour ne pas dire plus) par ces nervis encapuchonnés lorsqu’ils défilaient aux côtés des Gilets jaunes. Lapierre, qui les dénonce comme étant des idiots utiles du gouvernement macronien, remarquait d’ailleurs « une convergence totale de vues entre ceux que les Gilets Jaunes combattent et les milices antifascistes ultraviolentes »3 Et il leur posait une question essentielle (dont il n’a toujours pas reçu la réponse) : s’ils prétendent réellement soutenir le peuple français en lutte, pourquoi ne commencent-ils pas tout simplement, lorsqu’ils défilent à ses côtés, par… revêtir le gilet jaune ? Cette distanciation, cette démarcation volontaire (alors qu’il aurait été si simple de s’assimiler complètement au mouvement) interroge. Peut-être traduit-elle, dans la perception des blocs noirs (parlons français), un mépris pour les gens ordinaires, leur habitus de classe, leur patriotisme, leur humeur populiste. Le fameux mépris « anti-beauf » d’une grande partie de la gauche et de l’extrême gauche. Peut-être aussi expriment-ils, par leur refus de s’incorporer complètement au mouvement, la revendication, très léniniste au fond, d’une identité d’avant-garde : ils ne prétendraient pas être le peuple mais ses défenseurs, ses cadres, ses hommes de première ligne ; ils ne seraient pas de simples manifestants mais des « professionnels de la révolution ». Le dramaturge et poète Armand Gatti4 communiste libertaire, figure de la Résistance française et compagnon de route de diverses luttes de libération nationale, écrivait ceci au sujet du terrorisme dans une de ses pièces : « C’est une sorte d’aristocratique non-confiance dans l’émancipation des autres. Il se substitue à leur initiative, convaincu d’être plus lucide (ou plus à l’avant-garde), comme le bureaucrate. Alors qu’ils se croient aux antipodes l’un de l’autre, ce sont deux faces d’une même pièce de monnaie. »5. Si la France semble découvrir le phénomène des blocs noirs depuis une petite décennie, il n’en est pas de même dans la partie germanique de l’Europe, où cela fait une bonne trentaine d’années, voire plus, que ce mode d’action existe et est connu. On peut lire ceci au sujet des blocs noirs dans un ouvrage paru il y a deux ans et consacré au mouvement antifasciste allemand : « Ce mode d’apparition remonte à l’histoire et aux pratiques des autonomes allemands, en particulier dans les manifestations antifascistes, mais également auparavant dans les manifestations organisées pour défendre les squats dans de nombreuses villes allemandes telles que Berlin, Hambourg ou encore Francfort dans les années 1980. »6 Si le phénomène s’est ensuite internationalisé à la fin des années 1990 et au début des années 2000 à l’occasion de quelques manifestations anti-capitalistes de grande envergure (contre l’OMC à Seattle en 1999, contre le G8 à Gênes en 2001, etc.) et a été repris par l’extrême gauche américaine qui a fait connaître cette nouvelle forme d’activisme au reste du monde, c’est d’abord en Allemagne et en Autriche que s’est développé le Schwarzer Block. La Suisse, très influencée culturellement et politiquement par ces pays-là du fait de sa majorité germanophone, a connu ce phénomène-là bien avant la France. Et c’est en tant que Suisse, justement, que je voudrais amener ici quelques éléments de compréhension pour mieux saisir le phénomène.

Un souvenir de jeunesse

Comme journaliste indépendant, j’ai été le premier, en Suisse romande (partie francophone du pays) à donner la parole au représentant d’un bloc noir dans un grand média. C’était le 31 juillet 2003, dans les pages de L’Hebdo, l’hebdomadaire le plus diffusé de Suisse romande, et ça se passait peu après une grande manifestation émaillée de violences et organisée, à Genève et en France voisine, contre le G8 qui se tenait alors à Évian. Parler de représentant ici pour qualifier Stepan, mon interlocuteur, est bien sûr ironique puisque la doctrine anarchiste réfute précisément la notion de représentation, mais j’emploie néanmoins ce terme car le militant à qui j’ai donné la parole, même s’il ne représentait à proprement parler que lui-même, a su délivrer à cette occasion une justification doctrinalement cohérente des agissements du bloc noir. Ses références à Bakounine et à la théorie de l’action directe et de la « propagande par le fait » en attestent, ainsi que son pseudonyme, référence à peine voilée à un personnage des Justes, la pièce d’Albert Camus consacré au terrorisme des socialistes-révolutionnaires russes.

Cet entretien de fond, qui avait provoqué pas mal de réactions (il était paru au moment même où la police genevoise lançait un vaste appel à la délation pour identifier et arrêter les responsables des émeutes), m’avait, comme je m’y attendais, attiré quelques ennuis. Non seulement la police était venue me voir pour tenter d’obtenir des renseignements (que je m’étais bien gardé de leur donner) mais j’avais été également suspecté par certains d’être un agent double. Étant à cette époque un jeune militant communiste, j’avais été pris en grippe par une partie du milieu anarchiste (qui n’attendait sans doute que ce prétexte-là pour me tomber dessus) : on voulait voir en moi un reporter infiltré dans les milieux radicaux pour le compte des médias bourgeois. C’était évidemment complètement faux. Je travaillais en indépendant, je m’occupais alors d’une petite feuille marxiste-léniniste qui s’appelait Affirmation dionysiaque (je ne sais plus trop ce que cette référence pagano-nietzschéenne venait faire là-dedans), que je photocopiais et que je vendais à la criée durant les manifs. En parallèle j’évoluais dans les milieux du syndicalisme étudiant, du trotskisme et de l’« antifascisme ». Si j’avais accepté de livrer le fruit de cet entretien à L’Hebdo, c’était avec l’accord explicite de Stepan (dont j’ai su par la suite qu’il m’avait défendu contre certains de ses camarades) et dans l’objectif avoué de faire connaître les motivations du bloc noir au grand public.

Tout cela m’est revenu en tête il y a quelques jours, alors que je faisais du rangement chez moi. En fouinant dans ma cave, je suis retombé sur un sac militaire poussiéreux qui contenait quelques souvenirs d’une autre époque : un sweat-shirt noir à capuche, une cagoule, des lunettes de plongée, un protège-dents de hockeyeur, des coudières et des genouillères prélevées dans un attirail de skater, des rangers à lacets rouges… Car oui, maintenant qu’il y a pour ainsi dire prescription, je suis en mesure de l’écrire : je n’étais pas infiltré dans un bloc noir, j’en étais membre à part entière et en toute conviction.

En relisant aujourd’hui l’entretien de Stepan il m’est évidemment impossible de m’y retrouver. Trop de naïveté, trop d’erreurs d’interprétation, trop d’aveuglement, trop d’étroitesse doctrinale… Impossible, passé l’âge de 25 ans, de ne pas sourire devant ces déclamations qui ressemblent à des slogans, cette pensée réduite à l’état de manifeste, cet épouvantail lexical du « bourgeois » qui revient à tous moments et souvent hors de propos, ces parallèles historiques et géopolitiques bancals (les références à la guerre d’Irak étaient un lieu commun obligatoire durant ces années-là), ces certitudes de plomb allergiques à toute nuance et à toute remise en question… Et pourtant Stepan et ses camarades, même s’ils avaient bien des défauts, n’étaient pas des salopards, leur violence n’était pas si gratuite que le disaient les médias, et leurs motivations n’étaient pas à chercher ailleurs que dans leurs convictions politiques. De cela au moins je suis certain. Il m’arrive parfois de me demander ce que tous ces gens sont devenus…

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Ce que la police n’a pas compris

Si je suis bien sûr revenu de tout cela, cette aventure m’aura au moins permis de voir, sur le terrain, que le bloc noir n’était ni ce qu’en pensaient ses détracteurs ni ce qu’en disaient les journalistes. Quant à la police… elle a toujours eu beaucoup de peine à définir ce qu’était exactement le bloc noir, d’où ses fréquents insuccès lorsqu’elle cherche à le combattre. En Suisse, année après année, le sempiternel rapport de la police fédérale sur la sécurité intérieure, envoyé régulièrement aux journalistes et mis à la disposition de tous les citoyens souhaitant en prendre connaissance, nous apprend que le bloc noir une organisation hautement structurée, fortement hiérarchisée et constituée de plusieurs cercles dont le premier, le noyau dur, recèlerait quelques vieilles figures de la gauche radicale connues des services. C’est de ces quelques vieux routards de la contestation, zurichois pour la plupart, qu’émaneraient toutes les directives, exécutées consciencieusement par les membres des deuxièmes et troisièmes cercles, ce dernier comptant en majorité des jeunes et très jeunes militants, manipulés par leurs aînés et ne connaissant aucune limite dans leur capacité de nuisance.

La lecture de ce rapport officiel, que nous considérions chaque année comme une rétrospective très honorifique de nos faits d’armes, nous faisait toujours beaucoup rire lorsque nous arrivions à ce chapitre. Ceux qui nous surveillaient, tout comme ceux que nous affrontions dans la rue, n’avaient absolument rien compris à ce qu’était le bloc noir. On aurait pu craindre, bien sûr, que la police fédérale revoie sa copie sur la base de cet entretien avec Stepan et en vienne tout à coup à comprendre qui nous étions vraiment, mais la lecture du rapport qui suivit quelques mois plus tard nous rassura : rien n’avait changé, toujours la théorie des cercles, la hiérarchie secrète, la centralisation des ordres et toutes ces balivernes. La grande erreur du Département fédéral de l’intérieur aura été au fond de croire que nous fonctionnions à la façon de leurs subordonnés, comme une brigade de police !

S’il me fallait expliquer ce qu’est un bloc noir en quelques mots, que pourrais-je en dire ? Un bloc noir, ce n’est personne, mais potentiellement c’est tout le monde. Il n’y a pas de fichier central, pas de cartes d’adhésion, pas de chefs, pas de directives, pas de comptes à rendre, pas même de réelle unité. Joignez-vous à la prochaine grande manifestation de rue, habillez-vous de noir, masquez-vous, rapprochez-vous de ceux qui sont vêtus comme vous et qui auront commencé à se regrouper : voilà, vous faites partie du bloc noir, c’est aussi simple que ça. Vous prendrez ensuite certaines initiatives pour intervenir de façon plus musclée dans ou hors du défilé, ou alors vous suivrez, librement, les initiatives proposées par d’autres dans la mesure où elles vous conviennent. Vous pourrez agir seul mais de préférence vous formerez, spontanément, ce qu’on appelle un groupe afinitaire, c’est-à-dire que vous sévirez avec des gens de votre connaissance. Votre proximité avec eux, votre intimité de pensée, favoriseront entre vous votre capacité à improviser et assurera l’esprit de groupe et la solidarité nécessaires à une action efficace. C’est cela un bloc noir, rien d’autre. Voilà sans doute ce que j’aurais dit il y a une quinzaine d’années si on m’avait posé la question, et je n’ai aucune raison de penser que cette définition du bloc noir ait pu changer depuis.

Au-delà des théories du complot

J’ai été surpris, en fin d’année passée, de lire dans les pages du Monde une tribune de l’historien Sylvain Boulouque, spécialiste de l’anarchisme, qui traitait le phénomène avec une lucidité qui contrastait avec les fantasmes habituels des médias sur le sujet. Je reproduis ici un passage de son texte :

« L’apparition récurrente d’un black bloc alimente une fantasmagorie, parfois renforcée par les discours politiques qui y voient des “professionnels du désordre” ou des “militants massivement venus de l’étranger”. La réalité est différente. Depuis le début du millénaire, le nombre des manifestants vêtus de noir et prêts à défier la police ne cesse d’augmenter. En 2016, le black bloc s’est formé à chaque manifestation sans que les interdictions administratives de manifester empêchent son existence. […] Il faut le rappeler, le black bloc est une pratique manifestante à laquelle toute personne peut se joindre. Il peut se former et se dissoudre tout aussi vite. Il ne comporte pas de carte d’adhérent. Derrière les coupe-vent, les sweat-shirts noirs et les lunettes de piscine, n’importe quel manifestant – femme ou homme, jeune ou moins jeune, de toutes catégories socioprofessionnelles – pas forcément violent, peut, en adoptant cette tenue, se montrer solidaire sans participer à l’affrontement. Il existe une partie importante de la population prête à remettre en cause l’ordre imposé, soit en donnant un autre cours à une manifestation officielle, soit dans des affrontements directs avec les forces de l’ordre. Il suffit de suivre certains concerts de rap ou de rock, de se pencher sur les statistiques de consultation des sites pro-insurrection ou d’observer les comportements des manifestants, pour constater qu’il existe en France actuellement une certaine sympathie pour ces pratiques. »7

LINO VENTURA ACTOR (1965)

ou mise au poing ?….

Je n’ai pas grand-chose à ajouter à ça : cela correspond dans les grandes lignes à ce qu’ont pu observer tous ceux qui ont vécu le mouvement de l’intérieur. Cela ne dispense en rien de toutes les critiques et reproches qu’on peut faire au bloc noir, mais avant d’attaquer il faut pouvoir connaître et ne pas se laisser abuser par des idées fausses. Quels fantasmes n’ai-je pas entendus, dans les milieux patriotes, sur les blocs noirs : des mercenaires stipendiés par le pouvoir, des agents provocateurs recrutés à l’étranger, des flics déguisés, des milices d’extrême droite… Je ne me moque pas de ces fantasmes car ils ne sont, certes, pas dénués de tout fondement. Ils n’ont rien d’un complotisme farfelu, ce sont là au contraire des pratiques politiques qui ont traversé les rapports entre pouvoir et opposition pendant des siècles. Peu avant la Révolution française, Jean-Paul Marat, dans son livre Les Chaînes de l’esclavage, mettait en garde ses lecteurs : « C’est un art connu des cabinets d’introduire dans les assemblées populaires d’audacieux intrigants qui déclament des discours insensés, et commettant des réactions répréhensibles, pour les imputer aux bons citoyens, calomnier les intentions des patriotes, et présenter le peuple comme une troupe de séditieux et de brigands. » Remplacer les « discours insensés » par des actes de violence (destruction de biens matériels, atteintes à la propriété, incendies volontaires, etc.) et vous obtenez une hypothèse explicative sur ce que pourrait être le bloc noir.

Il a d’ailleurs été démontré, dans certaines occurrences, que des policiers s’étaient bel et bien travestis en activistes du bloc noir pour semer la terreur, discréditer la contestation sociale et justifier la répression. Ça a été le cas par exemple avec la police italienne lors des émeutes de Gênes en 2001, sous la présidence de Berlusconi9. Certains éléments laissent à penser qu’il en a été de même, à plusieurs reprises, lors de la crise des Gilets jaunes (des photos semblent même le prouver avec une grande certitude). Il ne s’agit donc pas de nier l’existence de ces infiltrations et de ces manipulations, mais simplement de rappeler que le bloc noir n’est pas pour autant une pure création policière, qu’il existe indépendamment de ces manœuvres sous faux drapeau, et que la grande majorité des gens qui le rallient ponctuellement, quels que soient les reproches qu’on peut leur faire par ailleurs, ne sont pas des agents doubles.

Idiots utiles ou électrons libres ?

Ce décalage entre une réalité assez simple et une perception extérieure qui échafaude pour l’expliquer des interprétations complexes et parfois paranoïaques est riche d’enseignement. Il nous rappelle que nous avons trop souvent tendance, surtout lorsqu’existe un antagonisme politique, à imaginer chez l’autre, a fortiori s’il est un adversaire, des motifs, des agissements et des doubles discours qui en réalité ne sont pas les siens et dont on n’a aucune preuve tangible. Si on est prêt à reconnaître la simplicité et la clarté du fonctionnement des organismes que l’on connaît, qu’on approuve et dont on fait partie, on n’accorde jamais ce crédit-là aux organismes qu’on connait moins et dont on se méfie, préférant imaginer des explications beaucoup plus tortueuses. Pourtant, quel que soit notre bord idéologique, nous sommes nombreux à avoir été l’objet de ces fantasmes, notamment dans le discours des médias. Pour ma part je ne compte plus les fois où on m’a soupçonné de jouer double jeu, d’écrire le contraire de ce que je pensais (dans quel but ?), de toucher de l’argent de la Chine, de la Russie, de l’Iran, de la Corée du nord… Étant bien placé pour savoir qu’il n’y avait pas un mot de vrai dans ces accusations (sans quoi je serais riche à l’heure qu’il est !), je ne manque jamais de me demander, lorsque j’entends des soupçons semblables à propos de mouvements que je connais peu, si, là aussi, on ne nagerait pas en plein délire conspirationniste…

Quant à ceux qui me rétorqueront que les casseurs ne font que marquer des auto-goals contre le camp qu’ils prétendent défendre et que leurs agissements légitiment la violence d’État et font refluer le soutien populaire aux manifestations dans lesquelles ils sont présents, je leur répondrai qu’ils ont raison mais qu’il n’est nul besoin de manipulation policière pour obtenir ce résultat : il suffit de compter sur la bêtise des gens… La bêtise des gens a ceci de commun avec l’incompétence de nos gouvernants qu’on a trop tendance à les sous-estimer l’une comme l’autre, nous laissant trop facilement aller à attribuer à de sombres complots ce qui ne relève, au final, que de la simple absence d’intelligence et de stratégie. Ce qui pose une question brûlante : y a-t-il vraiment besoin d’être instrumentalisé par une puissance occulte pour être un idiot utile ? Certainement pas : les idiots utiles font leur boulot tout seul, les services de l’État n’ont la plupart du temps pas besoin de lever le petit doigt n’y même d’y songer. C’est peut-être là, en dépit d’un certain idéalisme et d’une colère souvent légitime, l’impasse dans laquelle est tombée le bloc noir.

Pour sa défense – et tout en rappelant qu’expliquer ne revient ni à excuser ni à justifier – nous citerons en conclusion Jean Baudrillard qui écrivait : « Le terrorisme tente de piéger le pouvoir par un acte immédiat, sans attendre. Il se met dans la position extatique de la fin de l’Histoire, espérant introduire les conditions du Jugement Dernier. Il n’en est rien bien sûr, mais ce défi est admirable. »10

David L’Épée

1 François Bousquet, entretien, Boulevard Voltaire, 10 février 2019

2 Jean-Claude Michéa, Lettre à propos du mouvement des Gilets jaunes, in. blog Les Amis de Bartleby, 21 novembre 2018

3 Vincent Lapierre, entretien, Breizh Info, 5 février 2019

4 J’invite les lecteurs désireux d’en savoir plus sur Armand Gatti à visionner les vidéos des divers entretiens qu’il m’a accordés (disponibles sur YouTube) et à lire le portrait que j’ai fait de lui, peu avant, sa mort dans le n°166 de la revue Éléments (juin-juillet 2017)

5 Armand Gatti, Le Cheval qui se suicide par le feu, in. Œuvres théâtrales, tome III, Verdier, 1991, p.23

6 Bernd Langer, Antifa : histoire du mouvement antifasciste allemand, trad. Sarah Berg, Libertalia, 2018, p.279

7 Sylvain Boulouque, Loin des visions complotistes, les blacks blocs ne sont pas une création de la police, in. Le Monde, 5 décembre 2019

8 Jean-Paul Marat, Les Chaînes de l’esclavage, Éditions Complexe, 1999

9 Voir à ce propos le film-choc Diaz : un crime d’État (Daniele Vicari, Italie, 2012)

10 Jean Baudrillard, Cool Memories, 1987

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Il n’y a pas de solution au sein du système, n’y en a jamais eu et ne saurait y en avoir ! (Résistance 71)

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

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5 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

Société des sociétés organique avec Gustav Landauer

et aussi…

« Recherche esprit communard désespérément » (Résistance 71, 2021)

« Insurrection et utopie » (Dr Bones)

« Que faire ? » (Résistance 71, 2010)

3-textes-de-reflexions-sur-le-peuple-en-armes-la-resistance-et-la-rebellion

Stoppourriture

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TLPARP

Solution au marasme obligé de l’effondrement étatico-marchand : Vivre dans le produire de la communauté humaine émancipée (Collectif Guerre de Classe)

Posted in actualité, crise mondiale, gilets jaunes, guerres imperialistes, militantisme alternatif, pédagogie libération, politique et social, politique française, résistance politique, société des sociétés, technologie et totalitarisme, terrorisme d'état with tags , , , , , , , on 28 mars 2023 by Résistance 71

resistance_illimitée

Vivre dans le produire de la communauté humaine émancipée

Collectif Guerre de Classe

25 mars 2023

Source :

http://guerredeclasse.fr/2023/03/25/non-nous-ne-souhaitons-pas-mieux-errer-dans-le-travail-de-lexploitation-amelioree-nous-voulons-vivre-radicalement-dans-le-produire-de-la-communaute-humaine-emancipee/

“Au lieu du mot d’ordre conservateur : “Un salaire équitable pour une journée de travail équitable”, les prolétaires doivent inscrire sur leur drapeau le mot d’ordre révolutionnaire : “Abolition du salariat “.”
~ Karl Marx, Salaire, prix et profit ~

La dictature démocratique du spectacle de la valeur n’a plus aucun avenir puisque la crise finale du taux de profit l’a tuée. Derrière l’insupportable comédie des retraites se profilent en concentré toutes les intolérables impostures de la société moderne tel que le mensonge étatique mondial du COVID en a pleinement révélé la mort… Le seul futur qui désormais existe et qui doit être précisé est le projet révolutionnaire de l’abolition de la marchandise, du salariat et de l’État. Le gauchisme de la marchandise – comme avant-garde des farces écologistes, immigrationnistes et LGBTistes de la classe capitaliste mondiale – est tout ce que peut être le pôle extrême du parti de l’ordre dans un moment qui devient révolutionnaire.

La guerre sociale est en train de partout se répandre. Et la mystification de la marchandise totalitaire ne peut faire face à l’agitation sociale que si elle parvient à la freiner, la saboter et la distraire pour la mener le plus loin possible de la critique radicale du salariat.

Les polices syndicales gouvernementales subventionnées enferment ainsi la lutte dans la lamentable revendication de l’esclavage éternellement mieux reproduit… La gauche du Capital moribonde s’épuise, elle, à vouloir étouffer la colère dans le cimetière de la gesticulation des modernisations institutionnelles de la servitude. Puis, en fin de cortège de pitoyable rénovation capitaliste, les black bobos du ministère de l’intérieur applaudis par leurs alliés analphabètes trotsko-libertaires en fin de décomposition infiltrée, vont bruler les poubelles et caillasser minablement le flic de base pour mieux nous interdire d’aller détruire l’usine globale de la marchandise autocratique.

C’est contre toute cette merde de l’économie politique des mafias capitalistes du réformisme extrême que le prolétariat universel doit désormais imposer l’auto-organisation révolutionnaire de sa vérité en supprimant le marché de la fausse existence et donc à l’opposé de tous les crétinismes zadistes contrôlés qui voudraient – en simple miroir inversé des rackets bancaires du capitalisme sénile et drogué – nous obliger à passivement autogérer les misérables échanges de la circulation aliénée…

L’histoire de la crise terminale de la quantité marchande despotique est en train de se partout propager… Que le spectacle de la pourriture-argent crève donc au plus vite en emportant dans sa chute finale tous les gangs gouvernementalistes de la putréfaction mercantile !

Vive la Guerre de Classe mondiale du Prolétariat universel contre tous les Partis et Syndicats de la planète-marchandise et pour un monde sans exploitation ni aliénation !

VERS LA COMMUNE UNIVERSELLE POUR UN MONDE SANS ARGENT, SANS SALARIAT, NI ÉTAT !

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Il n’y a pas de solution au sein du système, n’y en a jamais eu et ne saurait y en avoir ! (Résistance 71)

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

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