Nous avons traduit ici de larges extraits d’un long article du Guardian de Londres, lui même une forme éditée d’un extrait du livre de Ben Goldacre: « Bad Pharma » qui sort la semaine prochaine en anglais.
Ceci nous éclaire et confirme de l’intérieur ce que bon nombre d’entre nous dans le public savions déjà: les études / tests faits par les labos pharmaceutiques ou les scientifiques qu’ils financent ne sont faites que pour sortir les résultats qui importent aux bénéfices financiers des labos… pas aux bénéfices de la santé des patients.
En cela, le système fonctionne de la même façon pour les labos pharmaceutiques, ou pour Monsanto et les OGM, la pseudo-science affiliée aux thèses du Réchauffement Climatique Anthropique (RCA), insoutenables depuis 2009 et le ClimateGate de l’université d’East Anglia et rebaptisé depuis « changement climatique ».
Nous l’avons dit ici depuis bien longtemps et cela ne fait que se confirmer de jour en jour, de semaine en semaine: la science véritable a été kidnappée et sert l’oligarchie. elle n’est plus qu’une science-poubelle servant des intérêts industriels et financiers.
La science de la fin du XXème siècle et ce début du XXIème siècle est ce qu’on pourrait appelé une « science-corporative » une « science-industrielle » qui ne sert que des intérêts particuliers et certainement pas le progressisme humanitaire.
Nous allons revenir sur ce sujet très bientôt, car il est un des nerfs de la guerre contre le Nouvel Ordre Mondial.
— Résistance 71 —
Les médicaments ne marchent pas: un scandale médical moderne
Les médecins qui prescrivent les médicaments ne savent pas qu’ils ne font pas ce qu’ils sont supposés faire. Leurs patients ne le savent pas non plus. Les laboratoires pharmaceutiques eux le savent, mais ne le disent pas.
Par Ben Goldacre
Le 21 Septembre 2012
url de l’article original:
http://www.guardian.co.uk/business/2012/sep/21/drugs-industry-scandal-ben-goldacre
~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~
Le reboxetine est un médicament que j’ai prescrit. D’autres médicaments n’avaient aucun effet sur mes patients, nous avons alors voulu essayer quelque chose de nouveau. J’avais lu les données des essais préalables avant d’écrire l’ordonnance, et n’avais trouvé que des tests équilibrés, bien organisés, donnant des résutalts positifs dans une très large majorité. Reboxetine était meilleur qu’un placebo et aussi bon que tout autre anti-dépresseur en comparaison directe. Il est approuvé à l’utilisation par le Medicines and Healthcare products Regulatory Agency (MHRA), agence qui régit toute substance médicamenteuse au Royaume-Uni. Des millions de doses sont prescrites chaque année dans le monde entier. Reboxetine était de manière évidente un traitement sûr et efficace. Le patient et moi-même avons discuté brièvement les preuves apportées et nous sommes tombés d’accord sur le fait que cela constituait le prochain traitement à essayer. J’ai rédigé une ordonnance.
Mais nous avons tous deux été trompés. En Octobre 2010, un groupe de chercheurs réussit finalement a rassembler d’autres données qui avaient été collectées sur Reboxetine, à la fois de résultats de tests publiés et aussi de résultats de tests qui ne furent jamais publiés dans des articles académiques. Quand toutes ces données furent mises ensemble, cela produisit une image choquante. Sept tests furent faits comparant le reboxetine et un placebo. Seulement une, faite sur 254 patients, présentait un résultat positif net, celle-ci fut publiée dans un journal académique dont l’audience était des médecins et des chercheurs. Mais il y eut 6 autres études de faites, concernant presque 10 fois plus de patients. Toutes montrèrent que le reboxetine n’était pas meilleur qu’une pilule de sucre (placebo). Aucun résultat de ces études ne fut publié. Je n’avais aucune idée qu’elles existaient.
Il y a pire. Les tests comparant le reboxetine contre d’autres médicaments montrèrent exactement la même chose: trois petites études concernant un total de 507 patients, montrèrent que le reboxetine était juste aussi bien qu’un autre médicament. Elles furent toutes publiées, mais des données concernant 1657 autres patients ne furent pas publiées et ces données non publiées montraient que les patients sous reboxetine étaient plus mal que ceux sous autres médicaments. Comme si cela n’était pas déjà grave en soi, il y avait également les données sur les effets secondaires. Le médicament apparaissait bien dans les résultats publiés dans la littérature académique, mais quand nous avons vu les études non publiées, il s’avérait que les patients avaient plus de chances de développer des effets secondaires au médicament, avaient plus de chance d’arrêter de prendre le médicament et plus de chances d’arrêter de participer aux tests à cause des effets secondaires induits, s’ils prenaient du reboxetine plutôt qu’un autre médicament concurrent.
J’ai fait tout ce qu’un médecin était supposé faire. J’ai lu tous les articles, je les ai évalué de manière critique, je les ai compris, j’en ai discuté avec le patient et nous avons pris la décision ensemble, décision fondée sur les évidences. De par les données publiées, le reboxetine était un médicament sûr et efficace alors que dans la réalité, il n’était pas meilleur qu’une pilule de sucre et pis que cela, il faisait en fait plus de mal que de bien. En tant que médecin, j’ai fait quelque chose qui, en équilibrant toutes les évidences, a nuit à mon patient, simplement parce des données peu flatteuses sur la substance ne furent pas publiées.
Personne n’a enfreint la loi dans cette situation, le reboxetine est toujours sur le marché et le système qui a permis ceci de se produire est toujours en fonction, pour tous les médicaments, dans tous les pays du monde. Des données négatives sont absentes, pour tous les traitements, dans tous les domaines de la science. Les régulateurs et les corps professionnels que nous expecterions être efficaces à contre-carrer ce type de pratique échouent dans leur rôle protecteur. Ces problèmes ont été mis à l’écart de la scrutinité publique car trop complexes à comprendre rapidement. C’est pourquoi les politiciens ne les ont pas fixé, du moins partiellement, mais c’est aussi pourquoi cela prend beaucoup de détails à expliquer. Les gens en qui nous devrions être capables de faire confiance pour arranger ce type de problèmes ont échoué et parce que vous devez comprendre le problème correctement afin de le solutionner, il y a certaines choses que vous devez savoir.
Les médicaments sont testés par les gens qui les fabriquent, dans des séries de tests mal agencés, sur des trop petits nombres de patients non-représentatifs et analysé par des techniques qui sont fausses par construction, faussées de telle façon qu’elles exagèrent les bénéfices des traitements. De manière non surprenante, ces tests tendent à produire des résultats en faveur des fabriquants. Quand des tests montrent des résultats que les laboratoires n’aiment pas, ceux-ci ont parfaitement le droit de les cacher aux médecins et aux patients, ainsi nous ne voyons qu’une image déformée des effets réels de tout médicament. Les régulateurs voient la plupart des données des tests, mais seulement au début de la vie du médicament, et même là, ils ne donnent pas ces données aux médecins ou aux patients ou même à d’autres intervenants du gouvernement. Cette évidence déformée est ensuite communiquée et appliquée de manière déformée.
Dans leurs 40 années de pratique après avoir quitté les facs de médecine, les médecins n’entendent parler de ce qui marche de manière ad hoc que par les visiteurs médicaux, leurs collègues et les journaux spécialisés; mais ces collègues peuvent très bien être payés par des laboratoires pharmaceutiques, souvent de manière non dite, tout comme le sont les journaux médicaux. Ainsi que le sont des groupes de patients, finalement, les articles académiques, que tout le monde pense être objectifs, sont souvent planifiés sous couvert et écrits par des gens qui travaillent directement pour les laboratoires sans le dire. Parfois, des journaux médicaux sont la propriété même de laboratoires pharmaceutiques. A part cela, pour plusieurs des problèmes les plus longs à résoudre en médecine, nous n’avons aucune idée de quel est le meilleur traitement, car il n’est dans l’intérêt financier de personne de faire des tests et de le savoir. […]
[…] En général, la section des résultats d’un article scientifique est extensive: les chiffres bruts sont donnés pour chaque expérience et pour chaque facteur causal possible, mais pas seulement sous forme de chiffres bruts. Les “fenêtres d’extension” sont donnés, les sous-groupes sont explorés, des tests statistiques effectués et chaque détail est exprimé sous forme de tableau et en narratif court dans le texte. Ce long processus se déroule généralement sur plusieurs pages. Dans l’étude de Fries et Krishnan (2004), ce niveau de détail n’était pas nécessaire. La section des résultats d’expériences est constituée d’une phrase simple assez passive et agressive:
“Les résultats de tous les tests contrôlés (45 sur 45), favorisent le médicament du sponsor”.
Comment cela peut-il se produire ? Comment est-ce que les tests financés par l’industrie parviennent-ils presque toujours à dégager des résultats positifs ? Parfois des études sont biaisées par construction. Vous pouvez comparer votre nouveau médicament avec un autre que vous savez être nul, ou un médicament existant et un dosage inadéquat ou une pilule placebo qui n’a aucun effet. Vous pouvez choisir vos patients de manière très spécifiques de façon à ce qu’ils aient tous une bonne chance d’aller mieux après votre traitement. Vous pouvez observer vos résultats au milieu de l’étude et décider d’arrêter s’ils paraissent bien. Mais après toutes ces manipulations méthodologiques, vient une insulte toute simple pour l’intégrité des données expérimentales. Parfois des laboratoires pharmaceutiques font beaucoup de tests et quand ils voient que les résultats sont peu flatteurs, ils décident tout bonnement de ne pas les publier.
Parce que les chercheurs ont le droit d’enterrer tout résultat comme bon leur semble, les patients sont exposés à la nuisance sur une grande échelle et à travers tout le spectre médical. Les médecins peuvent n’avoir aucune idée des effets réels des traitements qu’ils prescrivent. Ce médicament est-il le meilleur dans son domaine, ou ai-je simplement été privé de la moitié des données et résultats expérimentaux ? Personne ne peut le dire. Ce médicament très cher vaut-il son prix, ou les données ont-elles été trafiquées ? Personne ne peut le dire. Ce médicament va t’il tuer mon patient ? Y a t’il des preuves qu’il soit dangereux ? Personne ne peut le dire. Ceci est une chose très bizarre qui se produit en médecine, une discipline où tout est supposé être fondé sur des évidences.
Ceci est caché à tout le monde en médecine, du haut vers le bas de la pyramide. Le NICE par exemple (National Institute for Health and Clinical Excellence), créé par le gouvernement britannique pour faire des résumés objectifs de toutes les preuves et évidences sur un noiuveau traitement médical, est incapable d’identifier ou d’accéder à des données sur l’efficacité d’un médicament qui auraient été cachées par les chercheurs ou les laboratoires. Cet institut n’a pas plus de droit légal que vous ou moi pour ce faire, alors même qu’il prend des décisions pour le NHS au sujet de l’efficactité et du rapport qualité-prix, pour des millions de gens.
Dans un monde sensé, lorsque des chercheurs font des études sur une nouvelle pilule pour un laboratoire pharmaceutique, nous serions en droit d’attendre des contrats universels, clarifiant que les chercheurs sont obligés de publier leurs résultats et que les sponsors de l’industrie pharmaceutique, qui ont un énorme intérêt fnancier à dégager des résultats positifs, n’aient aucun contrôle sur les données expérimentales. Mais bien que nous sachions beaucoup sur la recherche financée par l’industrie pharmaceutique même et donc biaisée, ceci ne se passe pas. En fait il se passe l’inverse: Il est parfaitement normal pour des chercheurs et des universitaires faisant des tests financés par l’industrie pharmaceutique de signer des contrats les soumettant à une clause restrictive qui leur interdit de publier, de discuter ou d’analyser les données de leurs recherches sans l’autorisation expresse de leur financier.
Ceci est une situation si secrète et honteuse que même essayer de la documenter publiquement peut s’avérer être très périlleux. En 2006, un article fut publié dans le Journal of the American Medical Association (Jama), une des plus grandes revues médicales au monde, article qui décrivait comment il était commun pour des chercheurs faisant des tests financés par l’industrie pharmaceutique d’être soumis toute sorte de restrictions sur leur droit à publier les résultats de leurs études. L’étude fut faite par le Nordic Cochrane Centre et elle observa toutes les recherches autorisées à Copenhague et Frederiksberg. (si vous vous demandez pourquoi ces deux villes furent choisies, c’était une question de pratique: les chercheurs pour cette étude firent des demandes ailleurs sans succès, on leut refusa spécifiquement l’accès aux données au Royaume-Uni). Ces tests étaient financés de manière très importante par l’industrie pharmaceutique (98% d’entr’eux) et les règles de gestion des résultats nous amènent directement à cette ligne de conduite qui se situe entre le terrifiant et l’absurde.
Pour 16 de ces 44 études, les compagnies qui les finançaient étaient autorisées à consulter les données au fur et à mesure de la recherche et dans 16 autres cas, elles avaient le droit d’arrêter immédiatement la recherche à n’importe quel moment et pour quelque raison que ce soit. Ceci veut clairement dire qu’un laboratoire peut voir si une recherche va à son encontre et peut interférer au fur et à mesure de la progression de la dite étude, déformant les résultats. Même si l’étude était autorisée à aller au bout, des données pouvaient toujours être supprimées: il y avait des restrictions sur les droits de publication dans 40 des 44 études et dans la moitié d’entr’elles, le sponsor stipulait dans le contrat que le sponsor était le propriétaire intangible des résultats (quid des patients pourriez-vous dire ?) ou qu’il devait avoir l’approbation finale pour la publication, ou les deux. Aucune de ces restrictions ne furent mentionnées dans les articles publiés.
Lorsque l’article décrivant la situation fut publié par Jama, LIF, l’association de l’industrie pharmaceutique danoise répondit en annonçant dans le Journal of the Danish Medical Association, qu’elle “était à la fois choquée et outragée à propos de la critique qui ne pouvait être reconnue.” Elle demanda l’ouverture d’une enquête sur les scientifiques, bien qu’elle ne dit pas par qui et sur quoi. La LIF écrivit ensuite au Comité Danois de Malhonnêteté Scientifique, accusant les chercheurs du Cochrane Institute de mauvaise conduite scientifique. Nous n’avons pas pu voir la lettre, mais les chercheurs disent que les accusations étaient très sérieuses, ils étaient accusés d’avoir délibérément déformés des données, mais accusation vague et sans documents ou preuves pour soutenir la thèse.
Quoi qu’il en soit, l’enquête continua pendant un an. Peter Gotzsche, le directeur du Cochrane Institute, déclara au British Medical Journal, que seulement la 3ème lettre du LIF, après 10 mois d’enquête, fit des accusations spécifiques qui pouvaient être enquêtées par le comité. Deux mois plus tard, les accusations furent annulées. Les chercheurs du Cochrane Institute n’avaient rien fait de mal, mais avant qu’ils ne soient lavés de tous soupçons, la LIF envoya une copie de la lettre d’accusations à l’hôpital où quatre des chercheurs travaillaient, ainsi qu’à l’équipe de gestion de cet hôpital et envoya une lettre similaire à la Danish Medical Association, au ministère de la santé au ministère de la science etc… Gotzsche et ses collègues se sentirent “intimidés et harcelés” par l’attitude du LIF. Le LIF continua à insister sur le fait que les chercheurs étaient coupables de méconduite même après la fin de l’enquête qui les blanchit. […]
[…] Les médicaments n’apparaissent pas sur le marché pour être utilisés en toute circonstance médicale: pour toute utilisation spécifique d’un médicament, pour une maladie spécifique, vous devez obtenir une autorisation de mise sur le marché indépendante. Ainsi un médicament peut obtenir une license pour le traitement du cancer des ovaires, par exemple, mais pas pour le cancer du sein. Ceci ne veut pas dire que le médicament ne marche pas pour le cancer du sein. Il pourrait même y avoir des preuves qu’il soit efficace pour cette maladie également, mais peut-être que le laboratoire n’a pas pris la peine de la dépense d’obtenir une autorisation de marché supplémentaire pour cet usage spécifique. Les médecins peuvent toujours aller de l’avant et le prescrire pour le cancer du sein s’ils le désirent, parce que le médicament est valide pour la prescription, il fonctionne probablement et il y en a des boîtes qui attendent dans les pharmacies pour être vendues. Dans cette situation, le médecin prescrira le médicament de manière légale mais “sans label”.
Maintenant il se trouve qu’un médicament à usage infantile possède une autorisation de vente différente que celui pour les adultes. Ceci est logique car les enfants réagissent aux médicaments différemment dans bien des cas et des recherches sur les enfants doivent être faites séparément. Mais obtenir une license pour un usage particulier est très difficile, cela demande une paperasserie importante et des recherches spécifiques. Souvent, ce processus est si cher que les laboratoires ne vont pas prendre la peine d’obtenir une license spécifique pour vendre un médicament à usage infantile, aussi parce que le marché est généralement plus restreint.
Ainsi, il n’est pas inhabituel de voir un médicament qui a une license de commercialisation pour adulte être prescrit pour les enfants. Les régulateurs ont parfaitement reconnu ceci comme étant un problème, ils ont donc récemment offert des incentifs aux laboratoires pour conduire plus de recherches et essayer de labelliser formellement leurs médicaments.
Lorsque GlaxoSmithKline (GSK) fit la demande pour une autorisation d’exploitation pour le paroxetine (anti-dépresseur) chez les enfants, une situation extraordinaire vint au jour, déclenchant la plus longue enquête de l’histoire de la régulation médicamenteuse du Royaume-Uni. Entre 1994 et 2002, GSK conduisit 9 études de son paroxetine chez les enfants. Les deux premières échouèrent à montrer quelque bénéfice pour la santé que ce soit, mais le laboratoire ne fit aucune tentative d’ informer quiconque de cela en changeant le label du médicament qui est envoyé à tous les médecins traitant et les patients. En fait, après que ces études furent effectuées, un document de la gestion interne du labo stipulait: “Ce serait commercialement inacceptable d’inclure une déclaration stipulant que l’efficacité n’a pas été prouvée, ceci minerait le profil du paroxetine.” Dans l’année qui suivit ce mémo secret interne, 32 000 prescriptions furent faites pour le paroxetine pour enfants rien qu’en Grande-Bretagne: ainsi, alors que le laboratoire savait que le médicament ne marchait pas pour les enfants, il n’était pas du tout pressé d’en faire-part aux médecins et ce malgré le fait que le labo savait que beaucoup d’enfants prenaient le médicament. Plus d’essais furent faits les années qui suivirent, 9 au total, et aucune de ces études ne démontra que le médicament était efficace à soigner a dépression infantile.
Il y a pire. Ces enfants ne recevaient pas seulement un traitement connu par le labo pour être inefficace pour eux, mais ils étaient également exposés aux effets secondaires. Ceci aurait dû être évident, sachant que tout traitememt effectif a des effets secondaires et que les médecins prennent cela en considération avec les bénéfices du traitement qui en l’occurence étaient inexistants. Mais personne ne savait à quel point étaient mauvais ces effets secondaires, parce que le labo ne dit rien aux médecins ou aux patients ou même aux régulateurs à propos des données préoccupantes résultant des tests. Ceci à cause d’un vide juridique: vous devez de par la loi en référer au régulateur concernant les effets secondaires d’un médicament révélés au cours de tests, mais seulement pour la license d’exploitation spécifique du médicament. Comme le paroxetine pour enfant était “hors-label”, GSK n’avait aucune obligation légale de dire à quiconque ce qu’il avait découvert.
Les gens s’inquiétaient depuis longtemps que le paroxetine pouvaient être un facteur d’augmentation des cas de suicides, bien que ceci soit un effet secondaire difficile à détecter chez un anti-dépresseur. En Février 2003, GSK envoya spontanément au MHRA une suite d’information concernant les risques de suicide liés aux utilisateurs du paroxetine, contenant quelques analyses faites en 2002 de données concernant d’évènements défavorables dans des tests effectuées par le laboratoire, ces évènements remontaient à une décennie. L’analyse montrait qu’il n’y avait pas de risques accrus de suicide. Mais cela était un élément fourvoyeur: bien que cela ne soit pas clair à l’époque, des données d’études sur des enfants avaient été mélangées avec d’autres faites sur des adultes, qui avaient un bien plus grand nombre de participants. Le résultat fut que tout signe d’augmentation de risque suicidaire chez les enfants avait été dilué dans la masse.
Plus tard en 2003, GSK eut une réunion avec la MHRA pour discuter d’autres choses impliquant le paroxetine. A la fin de la réunion, les représentants de GSK donnèrent un document de synthèse expliquant que le laboratoire pensait faire la demande plus tard dans l’année pour obtenir la license d’exploitation spécifique du paroxetine pour les enfants. Le labo mentionna en donnant le document, que la MHRA pourrait considérer un problème de sécurité que le laboratoire avait noté: une augmentation des risques de suicide ches les enfants dépressifs traités au paroxetine, en comparaison avec des enfants traités avec un placebo.
Ceci était un effet secondaire vital, présenté après un délai incroyablement long, de manière casuelle et au travers d’une filière totalement inappropriée et non-officielle. Bien que les données furent remises à la mauvaise équipe de la MHRA présente à cette réunion, cette équipe eut néanmoins la présence d’esprit de voir que ceci était un problème important. De nombreuses activités s’ensuivirent: des analyses furent faites, et en un mois, une lettre fut envoyée aux médecins les avisant de ne pas prescrire le paroxetine aux patients de moins de 18 ans.
Comment se fait-il que nos sytèmes de collection de données des laboratoires soient si faibles, que ceux-ci peuvent cacher des informations importantes montrant que des médicaments sont non seulement inefficaces, mais également dangereux ? Parce que les règlementations contiennent des vides juridiques ridicules et il est lamentable de voir comment GSK les a exploité: quand l’enquête fut publiée en 2008, elle conclut que ce que la laboratoire avait fait: cacher des données importantes en regard de la sécurité et de l’efficacité d’un médicament que les médecins et les patients devaient manifestement savoir, était ouvertement non-éthique et avait soumis des enfants du monde entier à de grands risques, mais nos lois sont si faibles que GSK ne pouvait être inculpé d’aucun crime. […]
[…] Ceci nous amène au second problème évident du système actuel: Les résultats des tests sont donnés en secret aux régulateurs, qui s’assoient et prennent une décision feutrée. Ceci est à l’opposé de la science, qui est fiable parce que tout le monde montre son travail, explique comment on sait que telle ou telle chose est sûre, efficace, parce qu’on partage méthodologies et résultats et qu’on permet aux autres de décider s’ils sont d’accord sur la façon dont les données ont été collectées et analysées Et pourtant en ce qui concerne l’efficacité et la sécurité des médicaments, nous autorisons que tout cela se passe à huis-clos, parce que les laboratoires pharmaceutiques ont décidé qu’ils voulaient partager secrètement leurs résultats avec les régulateurs. Ainsi le travail le plus important basé sur la preuve en médecine se passe dans le secret du huis-clos. De plus, les régulateurs ne sont pas infaillibles comme nous le verrons.
Le rosiglitazone fut mis en vente en 1999. Dans cette première année le Dr John Buse de l’université de Caroline du nord discuta d’une augmentation des risques cardiaques dans une paire de réunions académiques. Le fabriquant du médicamewnt, GSK, entra directement en contact avec lui dans une tentative de le réduire au silence, puis contacta son chef de département. Buse fut mis sous pression pour signer des documents légaux variés. Pour faire court sur une longue histoire, après avoir fait le parcours du combattant avec les documents administratifs pendant plusieurs mois, le comité du sénat américain émit un rapport en 2007 décrivant ce que Buse avait subi comme de “l’intimidation”.
Mais nous nous sentons plus concernés avec les données sur l’efficacité et la sécurité. En 2003, l’Uppsala Drug Monitoring Group de l’OMS contacta GSK au sujet d’un nombre anormalement élevé de rapports spontanés associant le rosiglitazone avec des problèmes cardiaques. GSK conduisit deux méta-analyses internes sur ses propres données en 2005 et 2006. Celles-ci montrèrent que le risque était réel, mais bien que GSK et la FDA avaient ces résultats, aucune des deux ne fit une déclaration publique à ce sujet et les résultats ne furent pas publiés avant 2008.
Pendant ce délai, un grand nombre de patient fut exposé au médicament, mais les médecins et les patients ne furent mis au courant de ce problème qu’en 2007, quand le professeur cardiologue Steve Nissen et ses collègues publièrent une méta-analyse phare. Celle-ci montra une augmentation de 43% du risque de problèmes cardiaques chez les patients traités au rosiglitazone. Dès lors que les diabétiques sont déjà à hauts risques d’augmentation de troubles cardiaques, le but de réduire le diabète étant justement de réduire ce risque, ce résultat était vraiment une patate chaude. Les résultats de Nissen furent confirmés dans des recherches ultérieures et en 2010 le médicament fut soit retiré du marché ou restreint, partout dans le monde.
Mon argument ici n’est pas que ce médicament aurait dû être banni plus tôt, car, aussi bizarre que cela puisse paraître, les médecins ont souvent besoin de médicaments inférieurs pour utilisation en dernier recours. Par exemple, si un patient développe un effet secondaire particulier au médicament le plus efficace et n’est plus capable de l’endurer, lorsque ceci se produit, il vaut parfois mieux avoir sous la main un médicament moins performant que le patient supportera, c’est mieux que rien. Le problème est que ces discussions concernant les résultats ont eu lieu à huis-clos, visibles seulement des régulateurs. En fait, l’analyse de Nissen fut possible grâce à un rendu de justice très inhabituel. En 2004, quand GSK fut pris la main dans le sac à cacher des résultats d’études montrant de sérieux effets secondaires du paroxetine sur les enfants, leur mauvaise attitude résulta en un cas judiciaire pour tentative de fraude, dont le résultat fut, en plus d’une amende et de dommages et intérêts, l’obligation légale pour GSK de poster les résultats de ses tests cliniques sur un site internet public.
Nissen utilisa les donnés sur le rosiglitazone quand elles devinrent accessibles et trouva des signes alarmant de dommages, qu’ils publièrent ensuite avec les médecins, chose que les régulateurs n’avaient jamais fait auparavant et ce malgré avoir eu les informations des années auparavant. Si ces i formations avaient été accessibles dès le départ, les régulateurs se seraient sentis plus inquiets au sujet de leur décision, mais crucialement, médecins et patients auraient pu ne pas être d’accord avec eux et faire des choix mal informés. Voilà pourquoi nous avons besoin d’un accès bien plus large aux rapports de tests et ce pour toute la médecine et tous les médicaments.
Des données manquantes sont un fait qui empoisonne le puit pour tout le monde. Si des tests efficaces ne sont jamais faits, si des tests cliniques aux résultats négatifs sont cachés, alors nous ne pouvons simplement pas connaître les effets véritables des traitements que nous utilisons. L’évidence, la preuve en médecine n’est pas un souci académique abstrait. Quand on nous donne de mauvaises données, nous prenons de mauvaises décisions qui ont pour résultat d’infliger une souffrance inutile, voire la mort, à des gens juste comme nous.
• Ceci est un extrait édité de “Bad Pharma”, par Ben Goldacre, publié la semaine prochaine chez Fourth Estate at £13.99. To order a copy for £11.19, including UK mainland p&p, call 0330 333 6846, or go to guardian.co.uk/bookshop.