Archive pour juin, 2016

Résistance politique: Zomia ou l’art de ne pas être gouverné… Anarchisme dans les sociétés des hauts-plateaux d’Asie du Sud-Est

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, économie, colonialisme, démocratie participative, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, philosophie, politique et social, résistance politique, société libertaire, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , on 30 juin 2016 by Résistance 71

Nous avons cet ouvrage en anglais et il était dans notre intention future d’en faire un compte-rendu, traduction partielle. Nous avons couvert des aspects des sociétés originelles amérindiennes, les recherches d’anthropologues comme Pierre Clastres et Robert Jaulin, expliquant le côté organisationnel “anarchisant” de ces sociétés, nous avons couvert ce domaine avec les sociétés traditionnelles africaines, nous avons pointé le projecteur sur la société celtique sans Etat qui existait, inter-connectée, du Danube à l’Irlande pendant 8 siècles, la “guerre des Gaules” n’en étant que le tout dernier épisode ; ne manquait plus qu’une étude sur les sociétés asiatiques…

Ce livre de l’anthropologue américain et professeur de science politique James C. Scott sur les sociétés sans État du sud-est asiatique est le maillon qui boucle la boucle.
Partout dans le monde il s’avère qu’au-delà du temps et de l’espace, les sociétés humaines se sont organisées et s’organiseraient toujours si on leur en laissait le loisir (là est toute la problématique…), en société non hiérarchisée, égalitaire, communaliste et donc non pas “sans” État, mais comme le faisait remarquer Pierre Clastres: contre l’État.

L’anthropologue James C. Scott nous confirme une fois de plus que la société politiquememt divisée menant à l’État et sa préservation par et pour une oligarchie dominante politiquement puis économiquement par la fusion du politique dans l’économique, n’est qu’une anomalie et non pas une “évolution” de la société humaine, anomalie qui est devenu un véritable cancer.

~ Résistance 71 ~

« Un calcul approximatif donnerait les populations minoritaires de la seule Zomia au nombre de 80 à 100 millions de personnes. Ses peuples sont fragmentés en des centaines d’identités ethniques parmi cinq grands groupe de langues, ce qui met au défi toute classification basique… Zomia est un terme désignant les habitants des hauts-plateaux, commun à plusieurs langues tibéto-birmanes parlées dans la zone des frontières indo-bengladesho-birmanes. Plus précisément ‘Zo’ veut dire ‘isolé, reclus’ et prend donc la connotation dans ces régions de vivre dans les collines et plateaux ; ‘Mi’ voulant dire ‘peuple’. Comme c’est le cas ailleurs en Asie du Sud-Est, Mi-Zo ou Zo-Mi sont deux termes qui ont désigné les peuples des plateaux et des collines tout en appliquant l’étiquette également à la zone géographique… »
= James C. Scott, professeur d’anthropologie et de science politique a l’université de Yale, membre de l’académie des arts et des sciences des Etats-Unis =

 

Une histoire anarchiste des hautes terres d’Asie du Sud-Est 
Zomia ou l’art de ne pas être gouverné

 

vendredi 17 juin 2016, par Jacques Berguerand

 

James C. Scott
 Zomia ou l’art de ne pas être gouverné

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Nicolas Guilhot,
Frédéric Joly et Olivier Ruchet
Le Seuil, Paris, 2013
544 pages

Depuis deux mille ans, les communautés d’une vaste région montagneuse d’Asie du Sud-Est refusent obstinément leur intégration à l’État. Zomia, c’est le nom de cette zone d’insoumission qui n’apparaît sur aucune carte, où les fugitifs, environ cent millions de personnes, se sont réfugiés pour échapper au contrôle des gouvernements.

Traités comme des « barbares » par les États qui cherchaient à les soumettre, ces peuples nomades ont mis en place des stratégies de résistance parfois surprenantes pour échapper à l’État, synonyme de travail forcé, d’impôt, de conscription, de soumission. Privilégiant des modèles politiques d’auto-organisation, certains sont allés jusqu’à choisir d’abandonner l’écriture pour éviter l’appropriation de leur mémoire et de leur identité.

Il s’agit ici d’une contre-histoire de la modernité. Comme Pierre Clastres, James C. Scott [1] nous raconte l’histoire d’une « société contre l’État ». Car Zomia met au défi les délimitations géographiques traditionnelles et les évidences politiques, et pose des questions essentielles : que signifie la « civilisation » ? Que peut-on apprendre des peuples qui ont voulu y échapper ? A-t-il existé et existe-t-il encore des sociétés sans État ? Une société peut-elle se constituer contre l’État ? L’histoire de la rebelle Zomia nous rappelle que « civilisation » peut-être synonyme d’oppression.

La Zomia

Zomia signifie « gens de la montagne », terme commun à plusieurs langues tibéto-birmanes parlées dans la zone frontalière entre l’Inde, le Bangladesh et la Birmanie.

Il s’agit d’une étendue de 2,5 millions de kilomètres carrés, équivalente à l’Europe de l’Ouest, qui se trouve à la périphérie de neuf États (Chine, Birmanie, Inde, Bangladesh, Bhoutan, Thaïlande, Laos, Vietnam, Cambodge) et au centre d’aucun, peuplée de minorités d’une variété ethnique et linguistique sidérante. Cinq familles linguistiques sont partagées par des centaines d’identités ethniques, dans un espace d’altitude de 300 à 4 000 mètres. La Zomia est la dernière région du monde dont les peuples n’ont pas encore été complètement intégrés à des États-nations. Ces peuples doivent être plutôt approchés comme des communautés de fuyards, de fugitifs qui ont, au cours des deux derniers millénaires, tenté de se soustraire aux différentes formes d’oppression que renfermaient les projets de construction étatique à l’œuvre dans les vallées. La plupart d’entre eux ont au départ tenté de se soustraire à un État en particulier : l’État chinois Han sous sa forme précoce, à partir du Ier millénaire avant J-C. Il n’y a pas si longtemps, de tels peuples se gouvernant eux-mêmes sans structures étatiques représentaient la majorité de l’humanité. Et l’on peut dire que chaque continent a eu, ou a encore, sa « zomia ». On peut la définir encore comme une zone refuge depuis mille cinq cents ans, en réponse à la construction d’États dans les vallées fertiles.

Il serait faux de voir ces populations comme des vestiges de populations « primitives, archaïques, voire néolithiques », des vestiges d’une formation sociale antérieure. Il semblerait plutôt qu’un certain nombre de peuples indigènes, en Amérique centrale et du Sud par exemple, comme dans certaines régions du Sud-Est asiatique, aient été par le passé des cultivateurs sédentaires obligés de réorganiser leurs sociétés sous la pression d’États en construction. Loin de toute interprétation « évolutionniste », il faut plutôt y voir une réponse politique, une stratégie d’esquive de l’État. Loin de ces « barbares » incapables de progrès culturel, il faut au contraire concevoir le peuplement des collines comme un long processus de migrations avec sédimentation démographique et redéfinition des identités dans cet espace à distance de l’État. La plupart, sinon la totalité, des caractéristiques qui participent à stigmatiser les populations des collines, loin d’être les marqueurs de « primitifs » que la « civilisation » aurait laissés derrière elle, gagnent à être envisagées sur le long terme comme des adaptations destinées à éviter à la fois leur capture par l’État et l’apparition de toute formation étatique en leur sein.

Empires agraires et maritimes

En Asie du Sud-Est, la sédentarisation majoritaire des populations ne semble pas antérieure à la création d’États agraires basés sur la culture céréalière, comme la première dynastie Han en Chine, même si on peut dire que ces États pouvaient se renforcer, ou se construire, à partir d’un poumon rizicole irrigué, préalablement développé très lentement par des générations de familles. En général, les travaux d’irrigation survivaient la plupart du temps à l’effondrement de ces États, très instables politiquement, les archéologues y trouvant des champs de ruines à foison.

Jusqu’au début du XIXe siècle, les difficultés de transport, les technologies militaires, les réalités démographiques limitaient l’extension géographique des États. Depuis une cinquantaine d’années, il n’en est plus de même : États-nations et frontières dominent le monde. Vers 1600, il y avait en Asie du Sud-Est 5,5 habitants au kilomètre carré, 35 en Inde et en Chine, 11 en Europe. Il faut noter aussi l’insignifiance démographique et spatiale des premiers États, Chine, Égypte, Inde, Grèce classique, Rome. Beaucoup d’espaces de repli, donc, pour des populations récalcitrantes.

Un empire continental ne pouvait régner que dans un rayon de 300 kilomètres. Plus loin, il ne contrôlait plus rien. À pied, il fallait compter 25 kilomètres par jour, beaucoup moins en zone de montagne, et les transports se faisaient surtout avec des bœufs. Dans le monde prémoderne, l’eau fait se rejoindre les populations, alors que les montagnes, surtout si elles sont hautes ou accidentées, les séparent. Au milieu du XVIIIe siècle, il fallait le même temps à un citoyen anglais pour aller à pied de Londres à Édimbourg qu’il lui en fallait pour aller en bateau de Southampton au cap de Bonne-Espérance.

Les empires maritimes, ou côtiers, tels que l’Empire malais des XVe et XVIe siècles, étaient plus mobiles, et même s’ils installaient des péages sur les axes stratégiques du commerce, ils ne contrôlaient généralement pas l’intérieur du pays. Là résidait leur faiblesse : difficile de mobiliser des armées nombreuses et de faire suivre l’intendance. De même qu’Athènes, résolument tournée vers la mer, qui fut défaite pendant les guerres du Péloponnèse par Sparte et Syracuse, rivales plus agraires et plus à même de tenir de longs sièges. Là se situent pourtant les principaux États précoloniaux de l’Asie du Sud-Est, grands carrefours culturels et commerciaux. Là existaient aussi des Zomia maritimes, mobiles et pirates, qui écumaient les mers du Sud, qui les écument encore aujourd’hui dans la Corne de l’Afrique.

Zomia partout

En Asie du Sud-Est, les populations rétives partiront dans les montagnes, fuyant les États en formation dans les plaines plus riches. En Amérique latine, ces mêmes populations coloniseront les forêts, fuyant les hauts plateaux plus riches et plus salubres où s’installent les Empires inca, aztèque et maya. Pierre Clastres avance que les sociétés amérindiennes dites primitives d’Amérique du Sud n’étaient pas d’anciennes sociétés ayant échoué à inventer une agriculture sédentaire ou des formes étatiques, mais plutôt des sociétés de cultivateurs anciennement sédentaires ayant abandonné l’agriculture et des villages fixes en réponse aux effets de la construction de ces grands empires, ou de la conquête espagnole. De même un autre ethnologue, Ernest Gellner, analyse l’opposition entre Arabes et Berbères partageant des éléments d’une culture plus vaste et une foi en l’Islam, comme une opposition explicitement et délibérément politique. Il souligne que l’autonomie politique et le tribalisme de la population berbère du Haut-Atlas n’est pas un tribalisme prégouvernemental, mais un rejet stratégique et partiel d’un gouvernement particulier.

Vers 1600, le massif continental du Sud-Est asiatique était sept fois moins peuplé que la Chine. Par conséquent, le pouvoir sur les hommes y conférait le pouvoir sur les terres, tandis qu’en Chine c’était plutôt l’inverse. D’où la nécessité pour les États des plaines rizicoles de maintenir une population nombreuse, généralement réduite à l’esclavage, souvent razziée dans les collines ou obtenue en faisant la guerre à d’autres États, concentrée dans ces riches zones de rizières irriguées faciles à contrôler et à soumettre à l’impôt. Dans ces zones de rizières irriguées, la densité démographique était dix fois plus élevée que dans les zones de riz de colline ou de cultures sur abattis-brûlis. Le phénomène sera le même dans les Philippines sous domination espagnole.

En Europe par exemple, les Cosaques n’étaient à l’origine que des serfs fuyant l’ensemble de la Russie européenne, et qui se regroupèrent aux frontières de l’Empire. De même les Roms et les Sinti, soumis aux galères dans le bassin méditerranéen ou enrôlés de force dans les armées prussiennes, s’installèrent-ils dans les Balkans. Dans l’espace français, on peut interpréter le peuplement du Rouergue albigeois au XIIe siècle comme une réaction à la répression sanglante de l’hérésie cathare. Tout comme le peuplement de certaines montagnes du sud de la France, Luberon, Préalpes franco-italiennes par les Vaudois persécutés au XIIIe siècle par l’Inquisition, ou du sud-est du Massif central par les huguenots pourchassés au XVIIe siècle par Louis XIV.

Au moment de l’exploitation de l’Amérique par les Européens, de nombreux esclaves africains s’enfuirent dans les forêts, comme au Brésil où ils furent vingt mille à créer la République de Palmares. Des communautés noires existent encore aujourd’hui en Colombie. On peut aussi analyser la révolte zapatiste des vingt dernières années au Mexique comme la résurgence d’une Zomia moderne dans ce pays. D’autres refuges existaient, plus modestes, marais, marécages, comme les grands marais du cours inférieur de l’Euphrate qui furent un refuge pendant deux mille ans (ils furent asséchés par Saddam Hussein). Le Grand Marais Maudit à la frontière de la Caroline du Nord et de la Virginie, en Amérique, fut aussi un refuge pour tous les laissés-pour-compte, Européens et Indiens, de l’installation des Français puis des Anglais dans cette région au XVIIe siècle. En Pologne, à la frontière entre la Biélorussie et l’Ukraine actuelles, ce fut le marais du Pripet qui tint ce rôle, tout comme les Marais pontins, près de Rome, accueillirent les esclaves fuyant l’Empire (ils furent asséchés par Mussolini). La liste serait encore très longue.

Centres et périphéries

En fait, il s’agit d’une histoire symbiotique des collines et des vallées, d’une construction commune dans le temps, d’une coévolution de deux espaces antagonistes mais profondément reliés. La Zomia se situe aux frontières des centres étatiques. Elle se construit contre eux.

À partir de la dynastie Ming, au milieu du XIVe siècle, et jusqu’au XIXe avec la dynastie Qing, le sud de la Chine sera l’objet de rébellions massives et d’exodes en réponse à l’expansion Han. En fait, les Hans étaient eux-mêmes poussés par les Mongols venus du Nord et du Nord-Ouest. À l’Ouest, il y aura aussi en Inde une poussée vers l’Est qui alimentera la Zomia. Ces populations se mélangeront avec les populations des collines déjà installées, peu nombreuses et filles de précédentes migrations forcées. Les populations des vallées sont aussi, souvent, d’anciennes populations des collines, et vice versa. Ainsi, on verra la naissance de sociétés en grande partie « marron », nom donné aux esclaves fugitifs dans les Amériques. Les peuples des collines contemporains sont issus d’un long processus de « marronnage » qui les a soustraits aux projets d’étatisation dont les vallées furent le théâtre.

Identités hybrides

Ces sociétés vont se constituer des identités hybrides, sans unité politique, ou très éphémère. En général, elles sont constituées de petits groupes dont les unités élémentaires sont la famille nucléaire, les lignages, les parentèles, les hameaux, les villages, plus rarement les villes et les confédérations. Cette forme d’organisation politique en petites unités répond à un besoin de souplesse face aux razzias permanentes dont elles sont l’objet par les États naissants. Tantôt elles se révoltent, tantôt elles retournent vers leur élément le plus simple, familial ou villageois, le plus apte à assurer la fuite et la survie.

Il faut noter aussi la nature chimérique de leurs principales identités ethniques. En effet, ces « zones de morcèlement » sont un patchwork d’identités culturelles et linguistiques complexes.

Loin d’être la matière première originale qui aurait servi à construire les États et les « civilisations », ces sociétés sont pour l’essentiel un produit dérivé du processus de formation de l’État, conçu pour offrir aussi peu de prise que possible aux logiques d’appropriation. Ces peuples sont une sorte d’archives historiques des croyances et des rituels qui étaient ceux de leurs ancêtres, ou acquis pendant leurs migrations. Au début du XVIIIe siècle, on peut noter des coalitions interethniques ou intertribales, au sud-ouest de la Chine, contre l’emprise croissante des colons hans, et contre le monopole impérial du thé. Ces révoltes millénaristes sont menées par des « prophètes », hommes-dieux chrétiens ou bouddhistes. Les populations collinéennes sont plutôt animistes, et chrétiennes aujourd’hui, contrairement aux vallées bouddhistes ou islamistes. Mais l’animisme n’est jamais loin de toutes ces religions. Marx disait : « La détresse religieuse est, pour une part, l’expression de la détresse réelle, et, pour une autre, la protestation contre la détresse réelle. La religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans cœur, comme elle est l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu. » Pour Max Weber, « le besoin de salut au sens le plus large trouve l’un de ses principaux foyers au sein des classes déshéritées ».

Agricultures nomades

L’unité de ces sociétés se trouve plutôt dans leurs pratiques agricoles : agriculture nomade sur abattis-brûlis, qu’il faut voir comme une « agriculture fugitive » (qui se pratique aujourd’hui encore en de très nombreux endroits), culture de l’igname, du manioc, du millet, de la patate douce, plus tard de la pomme de terre et du maïs, dont les récoltes, peu visibles, peuvent rester dans le sol et être extraites en temps voulu. Utilisation, s’il le faut, de la cueillette, de la chasse, de la pêche, et constitution de confédérations tribales occasionnelles et éphémères. Ces sociétés peuvent aussi, pour certaines, pratiquer le nomadisme pastoral.

Aujourd’hui, on justifie l’interdiction de l’agriculture sur brûlis en la faisant passer pour une pratique nocive pour l’environnement qui détruit la couche superficielle des sols, favorise l’érosion, et menace la forêt. Ces politiques s’expliquent essentiellement par le fait que l’État a besoin de réquisitionner ces terres pour les peupler de façon permanente, tirer un revenu de l’extraction des ressources naturelles, et placer ainsi sous son joug des populations sans État. Au Vietnam se sont déroulées de vastes campagnes de déplacement de populations et de sédentarisation forcée. Le régime colonial français en Indochine, pour sa part, cherchait avant tout à transformer les terres cultivables en plantations de caoutchouc.

Liées malgré tout

Malgré leur mépris pour les populations des collines, les États des vallées leur étaient liés par des liens profonds de dépendance économique, et le caractère complémentaire des niches agro-écologiques qu’ils occupaient respectivement. Les vallées s’étaient vues transformées en monocultures rizicoles irriguées, et de nombreux produits leur parvenaient des collines, pour leur propre consommation et aussi pour le commerce à plus longue distance, souvent côtier. Il s’agissait de produits de la forêt, essences de bois rares, santal et camphrier, résines et latex, plantes thérapeutiques, miel, cire d’abeille, thé, tabac, opium, poivre surtout à partir du XVe siècle, pierres et métaux précieux, bétail et peaux, coton, sarrasin, maïs, patate douce. La liste n’est pas exhaustive. Dans l’autre sens, les marchés des vallées fournissaient aux populations des collines les produits indisponibles chez eux : sel, poisson séché, métaux, céramiques, tissus, outils et armes en métal. Surtout, les gens des collines fournissaient aux États des vallées de la main-d’œuvre sous forme d’esclaves capturés à l’occasion de grandes razzias, et ces esclaves étaient systématiquement tatoués au fer rouge. Pour la société grecque, avant le vin, l’huile d’olive ou le blé, les esclaves représentaient la première marchandise. Certains États, comme à Java vers le Xe siècle, pour amadouer les gens des collines, accordaient des concessions foncières à des bénéficiaires qui s’engageaient à défricher la forêt, et à convertir en rizière permanente et irriguée les essarts livrés à l’agriculture sur brûlis.

Aujourd’hui, on sait que les guerres produisent des masses de migrants, déserteurs ou civils fuyant les zones de combats : Rwanda, Congo, Soudan, Syrie, etc.

« Villages cachés » karènes

L’auteur, qui s’est penché plus particulièrement sur la population karène en Birmanie, raconte l’histoire de ce peuple déraciné vers la fin du XVIIIe siècle pendant les guerres birmano-siamoises, pourchassé aujourd’hui encore par les militaires birmans à l’aide d’une stratégie contre-insurrectionnelle massive. L’armée birmane appelle « villages de la paix » les zones civiles qu’elle contrôle dans les régions karènes, et « villages cachés » celles qui abritent les « rebelles ».

L’armée doit subvenir à ses besoins sur le dos des populations. Les personnes soumises se voient attribuer une carte d’identité, des lotissements sont construits près des garnisons militaires. Nombreux sont ceux qui fuient en Thaïlande. Les autres fuient dans la forêt et se constituent en tout petits groupes, familiaux pour la majorité, et reviennent à des pratiques de cueillette ou à des plantations rustiques, bananier, igname, manioc, patate douce. Les individus, les cultures et les champs sont ainsi déployés de façon à éviter la capture.

Les Britanniques, au début du XXe siècle, avaient déjà tenté vainement de « pacifier » ces collines karènes.

Une histoire anarchiste de la Zomia

Pour l’essentiel de son histoire récente, jusqu’au XVIIIe siècle, l’Asie du Sud-Est a été marquée par une absence relative d’États. Lorsqu’ils apparaissaient, ils avaient tendance à être remarquablement éphémères et relativement faibles au-delà du rayon d’influence, modeste et variable, de leurs centres. Dans cette perspective, on peut dire que ce sont les États qui ont créé les tribus. Les sociétés tribales enregistrées par l’ethnographie sont majoritairement des formations secondaires, qui se distinguent par les mesures spécifiques qu’elles ont prises pour se tenir en dehors du processus d’incorporation au sein d’un appareil d’État. Pour ce dernier, la personne « civilisée » est celle qui est « sujette » d’un État, la « non civilisée » étant celle qui est « non assujettie ». On peut aujourd’hui analyser une partie des résistances contemporaines à nos sociétés avec l’aide de ces outils conceptuels, en les considérant comme une tentative d’échapper à l’assujettissement à un État, même si l’État-nation est en perte de vitesse, et laisse progressivement la place à d’autres formes d’organisation politique de la société, et d’autres structures de contrôle et de coercition des individus et des groupes.

Mais ceci est une autre histoire.

Jacques Berguerand

Texte paru initialement dans Archipel,
n° 228, juillet-août 2014.

Source : infokiosques.net.

Notes

[1] James C. Scott, né en 1936 et professeur à Yale, se consacre depuis le début des années 1970 à l’analyse des formes de résistance auxquelles les dominé·e·s, les peuples colonisés, les laissés-pour-compte ont eu recours pour contrer la domination de l’État, précolonial, colonial ou postcolonial. Il se revendique anarchiste et partage sa vie entre l’écriture et la tenue de sa ferme dans le Connecticut.
Ses principaux ouvrages :
The Moral Economy of the Peasant. Rebellion and Subsistence in Southeast Asia, Yale University Press, 1976.
Weapons of the Weak. Everyday Forms of Peasant Resistance, Yale University Press, 1985.
Domination and the Arts of Resistance. Hidden Transcripts, Yale University Press, 1990 (La Domination ou les arts de la résistance. Fragments du discours subalterne, Paris, éditions Amsterdam, trad. Olivier Ruchet, 2009, épuisé).
Seeing like a State. How Certain Schemes to Improve the Human Condition Have Failed, Yale University Press, 1998
The Art of Not Being Governed. An Anarchist History of Upland Southeast Asia, Yale University Press, 2009 (Zomia, ou l’art de ne pas être gouverné, Paris, Seuil, trad. Nicolas Guilhot, Frédéric Joly, Olivier Ruchet, 2013).
Two Cheers for Anarchism. Six Easy Pieces on Autonomy, Dignity, and Meaningful Work and Play, Princeton University Press, 2012 (Petit éloge de l’anarchisme

Brexit ?… Vraiment ? Pas de si tôt…

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Ceci rejoint tout à fait ce que nous avions dit le 24 Juin dans notre « Pantalonnade du Brexit »… Atzmon toujours lucide et clairvoyant.

— Résistance 71 —

 

Le Royaume-Uni ne va pas quitter l’UE de si tôt…

 

Gilad Atzmon

 

29 juin 2016

 

url de l’article original:

http://www.gilad.co.uk/writings/2016/6/29/britain-is-not-going-to-leave-the-eu-anytime-soon

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Malgré le referendum du Brexit, la Grande-Bretagne ne va pas quitter l’Union Européenne (UE) dans un quelconque futur envisageable. Personne en GB n’a exprimé un désir de faire valoir l’article 50 et de lancer officiellement le retrait de l’UE. En plus des questions complexes en regard des effets légaux du referendum et des complications attenantes posées par une sécession écossaise, il est devenu très clair que les gens qui ont mené la campagne de sortie de l’UE furent eux-mêmes les premiers surpriss de leur victoire. Ils ne savent pas du tout comment se débarrasser du butin de leur succès. En fait, les Brexisters et pour ainsi dire le reste du peuple britannique sont soulagés par la décision de Cameron de faire gagner un temps précieux de 3 mois à la GB. L’assomption étant que cela donnera assez de temps à la nation pour rechercher sur Google ce que veut vraiment dire le terme d’Union Européenne.

Il est devenu des plus apparents que les meneurs tories (conservateurs) Brexiters, les Michael Gove, Liam Fox et Boris Johnson partagent tous l’ambition de devenir le prochain premier ministre. Quoi qu’il en soit si vous attendez de Gove et de Fox qu’ils formulent une stratégie cohérente de sortie de l’UE, vous être soit bien optimistes ou alors complètement naïfs. Ces politiciens totalement corrompus qui sont parmi les serviteurs les plus dévoués du lobby étranger du CFI (Conservative Friends of Israel), sont bizarrement très silencieux au sujet du Brexit. Ils se comportent comme si tout cela ne s’était pas passé et ce n’est pas la modestie qui les rend silencieux.

A l’encontre de Gove et de Fox, Boris Johnson, le politicien conservateur qui a mené la campagne de sortie de l’UE, semble avoir changé de camp. L’homme est clairement bluffé de sa propre victoire qu’il ne voulait pas. “un résultat 52-48 n’est pas ce qu’on appelle une déferlante”, a t’il dit à la BBC.

Dans un article du quotidien Telegraph après le referendum, Johnson a écrit: “je ne pourrai jamais assez insister sur le fait que la GB fait partie de l’Europe et le sera toujours. Il va y avoir une coopération intense et allant en s’intensifiant avec l’Europe et ses partenariats portant dans un grand nombre de domaines: les arts, les sciences, les universités et sur l’amélioration de l’environnement. Les citoyens de l’UE vivant dans ce pays auront leurs droits justement protégés et la même chose vaudra pour les citoyens britanniques vivant dans l’UE.” Je ne peux pas me rappeler de quelqu’un comme Corbyn ou le premier ministre Cameron décrire la relation de la GB avec l’Europe en des termes si scintillants.

Si quelqu’un est soucieux de quelques conséquences signifiantes dans le futur, Johnson rassure complètement. “Les Britanniques seront toujours capables d’aller travailler dans l’UE, d’y vivre, d’y travailler, d’y voyager, d’y étudier, d’y acheter des maisons et de s’y installer… il y aura toujours un libre-échange et un accès à un marché unique. La GB est et demeurera toujours une grande puissance européenne, offrant de bonnes idées et donnant un leadership sur tout, de la politique étrangère à la défense en passant par le contre-terrorisme et le partage du renseignement, toutes ces choses que nous devons faire ensemble pour un monde plus sécure.

Alors où est le changement ou plutôt que reste t’il de cet appel à sortir de l’UE ? “Le seul changement et il ne viendra pas rapidement, est que la GB va s’extirper du système législatif opaque et extraordinaire de l’UE.

Johnson est simplement en train de nous dire que la seule conséquence du Brexit sera de résoudre quelques disputes mineures avec Bruxelles concernant l’immigration: “Le gouvernement sera capable de reprendre le contrôle démocratique de la politique d’immigration, avec un système de points équilibré et humain afin de remplir les besoins du monde des affaires et des entreprises industrielles.” Il apparaît qu’il n’aura fallu à Johnson qu’un jour et la démission de Cameron pour se transformer en un enthousiaste invétéré du rester dans l’UE.

Ceci n’est absolument pas une surprise. Le referendum sur le Brexit fut un sale exercice politique opportuniste. Ses avocats conservateurs sont parmi les plus barjots néoconservateurs qui soient au sein de ce théâtre européen. Pourtant les résultats de ce referendum veulent dire quelque chose. Si vous vivez hors de Londres, de l’Écosse et de l’Irlande du Nord, vous trouvez que la vaste majorité des Britanniques ne font qu’exprimer leur grande insatisfaction. Ces britanniques sont plus que fatigués de ces politiciens contrôlés par des partis politiques et le système bancaire global et ils veulent voir de véritables perspectives pour un véritable futur. Les gens qui ont voté contre l’UE ont voté contre le type de capitalisme mondialiste qui maintient la carrière politique de gens comme Boris Johnson, Liam Fox, Michael Fox, David Cameron et aussi Jeremy Corbyn et son traître parti politique travailliste (NdT: à l’instar des corrompus du PS français qui ont vendu père et mère depuis belle lurette et trahi le peuple..)

La GB ne va pas quitter l’UE dans un futur proche. Personne au sein de l’arène du cirque politique britannique ne peut mettre en pratique une telle manœuvre. Mais néanmoins, les Britanniques ont envoyé un message on ne peut plus clair à leurs politiciens. Et cette colère elle, ne va pas juste s’estomper comme çà.

Génocide et vol des nations autochtones au Canada: L’église unifiée du Canada et les terres Ahousaht de l’Île de Vancouver…

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Ceci est l’histoire de l’origine de l’enquête de départ qui mena finalement à la publication du contre-rapport à la VCR du Canada, plus de 20 ans plus tard, le 1er mars 2016: « Meurtre par décret » par le Tribunal International pour les Disparus du Canada (TIDC). Contre-rapport que nous avons traduit et publié ce mois-ci…

— Résistance 71 —

 

C’est au sujet de l’immobilier mon pote: ce qu’ils ne m’ont pas appris à l’école du dimanche

 

Kevin Annett

 

6 juin 2016

 

url de l’article original:

http://itccs.org/2016/06/06/great-moments-in-the-history-of-white-people-in-canada-part-two-2/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

A lire impérativement: “Meurtre par décret”, le contre-rapport à la Commission Vérité & Réconciliation du Canada (traduction de Résistance 71)

 

J’ai sécurisé la terre et arrêté les païens
~ Missionnaire et spéculateur foncier John Ross, Ahousaht, Colombie Britannique, le 1er octobre 1903 ~

On ne peut pas laisser Kevin Annett nous mettre les bâtons dans les roues sur l’affaire des terres d’Ahousaht.
~ John Cashore, ministre de l’environnement NDP de la province de la Colombie Britannique et membre du clergé de l’église unifiée du Canada le 5 novembre 1994, juste avant le licenciement sans raison de Kevin Annett de la paroisse de l’église unifiée à St Andrew’s

J’ai le regret de vous informer que les procédures internes disciplinaires de l’église unifiée ne relèvent pas de ma juridiction ni de celle de mon département… Je ne peux donc pas intervenir dans les actions de l’église unifiée du Canada contre le révérend Annett.
~ Ujtal Dosanjh, ministre de la justice de la Colombie Britannique et collègue de cabinet de Cashore le 14 mai 1997 ~

Allons, allons Kevin, vous ne croyez quand même pas qu’il y ait vraiment une séparation de l’église et de l’état dans ce pays, si ?
~ Le commissaire aux conflits d’intérêt de la Colombie Britannique, H.D. Oliver le 4 juin 1997~

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Une décennie avant qu’il n’apprenne à me détester et me craindre, John Cashore fut la première personne à me féliciter pour ma première homélie à la première église unifiée de Vancouver où il était le prêtre en 1986.

Si tous vos sermons sont aussi bons Kevin, vous aurez une superbe carrière à l’église unifiée!” s’émerveilla t’il en me serrant chaleureusement la main en ce dimanche ironique et mémorable d’octobre.

John passa un bon moment à regretter sa remarque.

Hélas, ma carrière tant anticipée de beau-parleur professionnel de dieu ne s’est jamais vraiment concrétisée, mais j’ai appris comment donner des cauchemars et des insomnies aux politiciens véreux comme John Cashore.

L’insomnie particulière de Cashore survint à l’été de 1994 lorsque j’ai mis au grand jour une affaire interne particulièrement lucrative qu’il avait mise en place en tant que ministre du gouvernement provincial, membre du parti politique du NDP afin d’en faire profiter son souteneur entrepreneurial, la firme Weyerhauser et de protéger sa propre église unifiée du Canada d’un gros scandale potentiellement désastreux.

C’était au sujet de vieux cèdres et des restes de petits humains bronzés qu’ils cachaient.

En 1903, un homme du même acabi que John Cashore était arrivé sur la côte tumultueuse de ce qui est aujourd’hui appelé l’Île de Vancouver et qui était la terre ancestrale du peuple indigène des Ahousaht. Le nom de cet homme était John Ross, missionnaire presbytérien, qui était investi par la “couronne” des pouvoirs de “flic”, de juge et d’agent pour Indiens. En cela, John établit alors de qui allait devenir le pensionnat pour Indiens de l’église unifiée d’Ahousaht, là où plus de la moitié des enfants Ahoushat locaux périrent. Le très zélé John Ross arrêtait systématiquement tout Ahoushat qui ne voulait pas faire incarcérer ses enfants dans ce piège mortel appelé “école” et dans ce processus, il vola également près de la moitié de la terre des Ahoushat.

Le rôle multiple de John en tant que prêtre, trafiquant d’enfants, voleur de terres et magistrat n’était pas du tout inhabituel lorsqu’on considère que son église originelle, l’église presbytérienne et sa descendante de l’église unifiée du Canada, reçurent le pouvoir légal d’une banque et d’agent foncier de la bonne vieille couronne d’Angleterre (NdT: La City de Londres et sa banque d’Angleterre/Vatican).

Après tout, par quel autre moyen ces bons chrétiens si civilisés pouvaient-ils s’assurer que tous ces beaux grands arbres, ces vastes lieux de pêche, terrains de chasse et territoires terminent dans les bonnes mains ?

John Ross était particulièrement efficace à ce rôle multi-fonctions. En quelques mois, les anciennement indépendants Ahousaht furent cornaqués vers l’église et son pensionnat pour Indiens et ses chefs traditionnels furent enfermés par Ross et sa bande de policers “spéciaux” indiens. Ainsi, de manière non-coïncidentelle, la riche terre des Ahoushat ainsi que ses bons vieux cèdres si lucratifs, furent mis sous la coupe (si on peut dire…) de l’église unifée du Canada.

Mauvaise fortune pour Ross, il dût se dépêcher de quitter les lieux un jour de printemps 1909 lorsqu’il fut impliqué dans la mort d’un enfant dans le pensionnat: une petite fille du nom de Carrie George, 8 ans, fille unique de son chef adversaire, le traditionnel Siem Maquinna George.

En 1952, l’église unifiée commença à vendre la terre Ahoushat qu’elle avait volée à ses variés soutiens financiers incluant l’entreprise bûcheronne MacMillan-Bloedel. En 1994, cette dernière signa l’acte de vente des terres Ahoushat à la plus grosse multinationale du bois au monde, l’américaine Weyerhauser Ltd., et ce aprês que mon vieux fan John Cashore mît en place cette affaire secrète au travers de sa nouvelle position au cabinet ministériel en tant que ministre de l’environnement de la province de la Colombie Britannique.

Naturellement, les Ahousaht n’eurent jamais un centime de cette transaction. John Cashore lui en profita grassement, grâce à Weyerhauser, tout comme son église unifiée du Canada, dont l’historique d’être le tout premier voleur de ces terres Ahoushat fut soigneusement caché à la scrutinité publique par Cashore au travers de son bureau gouvernemental.

Fin de l’histoire ? Hu, hu, entre en scène votre serviteur, qui a mis son nez dans cette sordide affaire en Octobre 1994 après l’avoir appris des descendants du chef Maquinna dont un Earl George, membre des anciens des Ahousaht qui fréquentait mon église unifiée de Port Alberni.

Attendez une minute!” M’exclamais-je dans une lettre imprudente aux patrons de ma propre église à Toronto après avoir reçu les infos d’Earl George, incluant le comment l’église avait engrangé un gros paquet de pognon de cette affaire foncière sur le dos des Ahousaht. “Nous n’avons pas le droit de faire des profits sur les terres natives volées ! Cela est même inscrit dans le manuel de politique de l’église !

Ah ! la naïveté de la jeunesse…

Le rôle personnel entrepris par John Cashore pour me faire virer de ma chaire et éventuellement de mon mode de vie et de ma vie familiale fit surface l’année suivant mon éviction de l’église unifiée du Canada.

Comme tous les co-conspirateurs tendent à le faire lorsqu’ils sont sous pression, un des officiants de l’église presbytérienne qui mit en place mon éviction, un certain Win Stokes, cracha le morceau devant un tribunal bidon de l’église unifiée, une des ces “auditions de destitution” qui m’a volé de ma profession.

Lors d’un examen contradictoire et manifestement dans un effort de couvrir ses propres fesses et de faire passer le blâme, Stokes admît alors que Cashore avait insisté sur mon expulsion après lui avoir dit: “On ne peut pas laisser Kevin Annett nous mettre des bâtons dans les roues dans cette affaire des terres des Ahousaht…” Stokes a aussi admis que Cashore s’était aussi assuré que l’ancien des Ahousaht Earl George ne puisse jamais finir son entrainement pour devenir prêtre de l’église unifiée.

Les affaires sont les affaires comme d’habitude dans le grand nord. Mais rien de cela ne sonnait bien pour moi, n’étant pas encore habitué à la façon dont les choses se déroulent.

Ainsi donc, très tôt après mon expulsion de l’église, je me suis mis à rechercher un certain H.D. Oliver, juge en retraite de la province qui avait été nommé commissaire d’enquête dans des cas de “conflits d’intérêt” avec les politiciens de la Colombie Britannique.

Je lui amenais donc l’affaire John Cashore et son abus d’autorité publique au profit de ses potes de l’église.

J’aurais très bien pu deviner ce que l’obèse Mr Oliver allait dire dès le moment où on m’introduisit en son auguste présence dans un bureau capitonné du centre ville de Vancouver.

Il écouta ce que j’avais à dire, les faits et mes arguments avec une moue amusée. Il ne m’interrompit qu’une seule fois, juste pour commenter que lui aussi faisait partie de l’église unifiée du Canada. Mais voyant que je n’avais toujours pas compris, Oliver finalement se vautra dans son fauteuil après que j’eusse fini mon exposé et me dit alors avec cette même moue amusée d’homme au parfum:

“Allons, allons, Kevin, vous ne croyez VRAIMENT pas qu’il y ait une séparation de l’église et de l’état dans ce pays, si ?…”

Quant au peuple des Ahousaht: Non, il n’a jamais récupéré ses terres et la plupart d’entre eux n’a jamais vu un centime des méga-profits qui ont été pressés de cette transaction et de l’abattage de tous ces cèdres, produits de luxe à haute valeur lucrative. Mais leurs chefs corrompus bouffant au ratelier du système eux, en ont vu la couleur: des types comme le chef Cliff Atleo, père de la future Assemblée des Premières Nations (APN), le grand chef Sean “Tonto” Atleo, qui fit fortune avec sa propre entreprise bûcheronne appelée Ilsaak Limited qui détruisit les tous derniers vieux arbres de la terre Ahousaht.

J’ai entendu dire que John Cashore tourne toujours d’un beau vert à chaque fois que mon nom est mentionné. Mais diable: c’est çà le prix de la civilisation.

Le peuples aux commandes: Le manifeste des « enragés » et la France des sections communales…

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Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs »

~Article 35 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen, et préambule de la Constitution du 24 juin 1793~

 

Projet de la « Commune des Communes »

A (re)lire: « Les chaînes de l’esclavage », Jean-Paul Marat, 1774

 

Si ce texte nous apparaît toujours autant d’actualité c’est pour une simple et bonne raison: rien n’a changé, les accapareurs et les agioteurs dominent toujours la société française (et d’ailleurs) depuis bien trop longtemps… La raison en est que l’État est le pourvoyeur et le protecteur de la fange aristocrate qu’elle soit monarchiste, fasciste brun, rouge ou républicaine. Rien n’est inéluctable (sauf la mort), il suffit de dire NON !… et de nous unir.

— Résistance 71 —

 

Manifeste des Enragés

 

Jacques Roux

 

25 juin 1793

 

Délégués du peuple français,

Cent fois cette enceinte sacrée a retenti des crimes des égoïstes et des fripons ; toujours vous nous avez promis de frapper les sangsues du peuple. L’acte constitutionnel va être présenté à la sanction du souverain ; y avez-vous proscrit l’agiotage ? Non. Avez-vous prononcé la peine de mort contre les accapareurs ? Non. Avez-vous déterminé en quoi consiste la liberté du commerce ? Non. Avez-vous défendu la vente de l’argent monnayé ? Non. Eh bien ! Nous vous déclarons que vous n’avez pas tout fait pour le bonheur du peuple.

La liberté n’est qu’un vain fantôme quand une classe d’hommes peut affamer l’autre impunément. L’égalité n’est qu’un vain fantôme quand le riche, par le monopole, exerce le droit de vie et de mort sur son semblable. La république n’est qu’un vain fantôme quand la contre-révolution opère, de jour en jour, par le prix des denrées, auquel les trois quarts des citoyens ne peuvent atteindre sans verser des larmes.

Cependant, ce n’est qu’en arrêtant le brigandage du négociant, qu’il faut bien distinguer du commerce ; ce n’est qu’en mettant les comestibles à la portée des sans-culottes, que vous les attacherez à la Révolution et que vous les rallierez autour des lois constitutionnelles.

Eh quoi ! Parce que des mandataires infidèles, les hommes d’Etat, ont appelé sur notre malheureuse patrie les fléaux de la guerre étrangère, faut-il que le riche nous en déclare une plus terrible encore au-dedans ? Parce que trois cens mille français, traîtreusement sacrifiés, ont péri par le fer homicide des esclaves des rois, faut-il que ceux qui gardaient leurs foyers soient réduits à dévorer des cailloux ? Faut-il que les veuves de ceux qui sont morts pour la cause de la liberté paient au prix de l’or, jusques au coton dont elles ont besoin pour essuyer leurs larmes ? Faut-il qu’elles paient au prix de l’or, le lait et le miel qui servent de nourriture à leurs enfants ?

Mandataires du peuple, lorsque vous aviez dans votre sein les complices de Dumouriez, les représentants de la Vendée, les royalistes qui ont voulu sauver le tyran, ces hommes exécrables qui ont organisé la guerre civile, ces sénateurs inquisitoriaux qui décrétaient d’accusation le patriotisme et la vertu, la section des Gravilliers suspendit son jugement… Elle s’aperçut qu’il n’était pas du pouvoir de la Montagne de faire le bien qui était dans son coeur, elle se leva…

Mais aujourd’hui que le sanctuaire des lois n’est plus souillé par la présence des Gorsas, des Brissot, des Pétion, des Barbaroux et des autres chefs des appelants, aujourd’hui que ces traîtres, pour échapper à l’échafaud, sont allés cacher, dans les départements qu’ils ont fanatisés, leur nullité et leur infamie ; aujourd’hui que la Convention nationale est rendue à sa dignité et à sa vigueur, et n’a besoin pour opérer le bien que de le vouloir, nous vous conjurons, au nom du salut de la république, de frapper d’un anathème constitutionnel l’agiotage et les accaparements, et de décréter ce principe général que le commerce ne consiste pas à ruiner, à désespérer, à affamer les citoyens.

Les riches seuls, depuis quatre ans, ont profité des avantages de la Révolution. L’aristocratie marchande, plus terrible que l’aristocratie nobiliaire et sacerdotale, s’est fait un jeu cruel d’envahir les fortunes individuelles et les trésors de la république ; encore ignorons-nous quel sera le terme de leurs exactions, car le prix des marchandises augmente d’une manière effrayante, du matin au soir. Citoyens représentants, il est temps que le combat à mort que l’égoïste livre à la classe la plus laborieuse de la société finisse. Prononcez contre les agioteurs et les accapareurs. Ou ils obéiront à vos décrets ou ils n’y obéiront pas. Dans la première hypothèse, vous aurez sauvé la patrie ; dans le second cas, vous aurez encore sauvé la patrie, car nous serons à portée de connaître et de frapper les sangsues du peuple.

Eh quoi ! Les propriétés des fripons seraient-elles quelque chose de plus sacré que la vie de l’homme ? La force armée est à la disposition des corps administratifs, comment les subsistances ne seraient-elles pas à leur réquisition ? Le législateur a le droit de déclarer la guerre, c’est-à-dire de faire massacrer les hommes, comment n’aurait-il pas le droit d’empêcher qu’on pressure et qu’on affame ceux qui gardent leurs foyers ?

La liberté du commerce est le droit d’user et de faire user, et non le droit de tyranniser et d’empêcher d’user. Les denrées nécessaires à tous doivent être livrées au prix auquel tous puissent atteindre, prononcez donc, encore une fois… les sans culottes avec leurs piques feront exécuter vos décrets.

Vous n’avez pas hésité à frapper de mort ceux qui oseraient proposer un roi, et vous avez bien fait ; vous venez de mettre hors la loi les contre-révolutionnaires qui ont rougi, à Marseille, les échafauds du sang des patriotes, et vous avez bien fait ; vous auriez encore bien mérité de la patrie, si vous eussiez expulsé de nos armées les nobles et ceux qui tenaient leurs places de la cour ; si vous eussiez pris en otage les femmes, les enfants des émigrés et des conspirateurs, si vous eussiez retenu pour les frais de la guerre les pensions des ci-devant privilégiés, si vous eussiez confisqué au profit des volontaires et des veuves, les trésors acquis depuis la révolution par les banquiers et les accapareurs ; si vous eussiez chassé de la Convention les députés qui ont voté l’appel au peuple, si vous eussiez livré aux tribunaux révolutionnaires les administrateurs qui ont provoqué le fédéralisme, si vous eussiez frappé du glaive de la loi les ministres et les membres du conseil exécutif qui ont laissé former un noyau de contre-révolution à la Vendée, si enfin vous eussiez mis en état d’arrestation ceux qui ont signé les pétitions anti-civiques, etc., etc. Or les accapareurs et les agioteurs ne sont-ils pas autant et plus coupables encore ? Ne sont-ils pas, comme eux, de véritables assassins nationaux ?

Ne craignez donc pas de faire éclater sur ces vampires la foudre de votre justice ; ne craignez pas de rendre le peuple trop heureux. Certes, il n’a jamais calculé lorsqu’il a été question de tout faire pour vous. Il vous a prouvé, notamment dans les journées du 31 mai et du 2 juin, qu’il voulait la liberté toute entière. Donnez-lui en échange du pain, et un décret ; empêchez qu’on ne mette le bon peuple à la question ordinaire et extraordinaire par le prix excessif des comestibles.

Jusques à présent, les gros marchands qui sont par principe les fauteurs du crime, et par habitude les complices des rois, ont abusé de la liberté du commerce pour opprimer le peuple ; ils ont faussement interprété cet article de la déclaration des droits de l’homme qui établit qu’il est permis de faire tout ce qui n’est pas défendu par la loi. Eh bien ! décrétez constitutionnellement que l’agiotage, la vente de l’argent-monnaie, et les accaparements sont nuisibles à la société. Le peuple qui connaît ses véritables amis, le peuple qui souffre depuis si longtemps verra que vous vous apitoyez sur son sort, et que vous voulez sérieusement guérir ses maux ; quand on aura une loi claire et précise, dans l’acte constitutionnel, contre l’agiotage et les accaparements, il verra que la cause du pauvre vous tient plus à cœur que celle du riche ; il verra qu’il ne siège point parmi vous des banquiers, des armateurs, et des monopoleurs ; il verra enfin que vous ne voulez pas la contre-révolution.

Vous avez, il est vrai, décrété un emprunt forcé d’un milliard sur le riche ; mais si vous n’arrachez pas l’arbre de l’agiotage, si vous ne mettez un frein national à l’avidité des accapareurs, le capitaliste, le marchand, dès le lendemain, lèveront cette somme sur les sans-culottes, par le monopole et les concussions ; ce n’est donc plus l’égoïste, mais le sans-culotte que vous avez frappé ; avant votre décret, l’épicier et le banquier n’ont cessé de pressurer les citoyens ; quelle vengeance n’exerceront-ils pas aujourd’hui que vous les mettez à contribution ? quel nouveau tribut ne vont-ils pas lever sur le sang et les larmes du malheureux ?

En vain objecterait-on que l’ouvrier reçoit un salaire en raison de l’augmentation du prix des denrées, la vérité il en est quelques-uns dont l’industrie est payée plus cher ; mais il en est aussi beaucoup dont la main d’œuvre est moins salariée depuis la Révolution. D’ailleurs tous les citoyens ne sont pas ouvriers ; tous les ouvriers ne sont pas occupés, et parmi ceux qui le sont, il en est qui ont huit à dix enfants incapables de gagner leur vie, et les femmes en général ne gagnent pas au-delà de vingt sous par jour.

Députés de la Montagne, que n’êtes vous montés depuis le troisième jusqu’au neuvième étage des maisons de cette ville révolutionnaire, vous auriez été attendris par les larmes et les gémissements d’un peuple immense sans pain et sans vêtements, réduit à cet état de détresse et de malheur par l’agiotage et les accaparements, parce que les lois ont été cruelles à l’égard du pauvre, parce qu’elles n’ont été faites que par les riches et pour les riches.

O rage, ô honte du XVIIIème siècle ! Qui pourra croire que les représentants du peuple français qui ont déclaré la guerre aux tyrans du dehors ont été assez lâches pour ne pas écraser ceux du dedans ? Sous le règne des Sartines et des Flesselles, le gouvernement n’aurait pas toléré qu’on fît payer les denrées de première nécessité trois fois au-dessus de leur valeur ; que dis-je ? Ils fixaient le prix des armes et de la viande pour le soldat ; et la Convention nationale, investie de la force de vingt-cinq millions d’hommes, souffrira que le marchand et le riche égoïste leur portent habituellement le coup de la mort, en taxant arbitrairement les choses les plus utiles à la vie. Louis Capet n’avait pas besoin, pour opérer la contre-révolution, de provoquer la foudre des puissances étrangères. Les ennemis de la patrie n’avaient pas besoin d’incendier d’une pluie de feu les départements de l’Ouest, l’agiotage et les accaparements suffisent pour renverser l’édifice des lois républicaines.

Mais c’est la guerre, dira-t-on, qui est la cause de la cherté des vivres. Pourquoi donc, représentants du peuple, l’avez-vous provoquée en dernier lieu ? Pourquoi, sous le cruel Louis XIV, le Français eut-il à repousser la ligue des tyrans, et l’agiotage n’étendit pas sur cet empire l’étendard de la révolte, de la famine et de la dévastation ? Et, sous ce prétexte il serait donc permis au marchand de vendre la chandelle six francs la livre, le savon six francs la livre, l’huile six francs la livre.

Sous le prétexte de la guerre, le sans-culotte paierait donc les souliers cinquante livres la paire, une chemise cinquante livres, un mauvais chapeau cinquante livres. C’est pour le coup qu’on pourrait dire que les prédictions de Cazalès et de Maury sont accomplies ; dans ce cas, vous auriez conspiré, avec eux, contre la liberté de la patrie, que dis-je, vous les auriez surpassés en trahison. C’est pour le coup que les Prussiens et les Espagnols pourraient dire : nous sommes les maîtres d’enchaîner les Français car ils n’ont pas le courage d’enchaîner les monstres qui les dévorent, c’est pour le coup qu’on pourrait dire : qu’en répandant à propos des millions, qu’en associant les bourgeois et les gros marchands au parti des contre-révolutionnaires, la république se détruirait par elle-même.

Mais c’est le papier ; dit-on encore, qui est la cause de la cherté des vivres : ah ! le sans-culotte ne s’aperçoit guère qu’il y en a beaucoup en circulation… Au reste sa prodigieuse émission est une preuve du cours qu’il a et du prix qu’on y attache. Si l’assignat a une hypothèque réelle, s’il repose sur la loyauté de la nation française, la quantité des effets nationaux ne leur ôte donc rien de leur valeur. Parce qu’il y a beaucoup de monnaie en circulation, est-ce une raison pour oublier qu’on est homme, pour commettre dans les tavernes du commerce des brigandages, pour se rendre maître de la fortune et de la vie des citoyens, pour employer tous les moyens d’oppression que suggèrent l’avarice et l’esprit de parti, pour exciter le peuple à la révolte et le forcer par la disette et le supplice des besoins à dévorer ses propres entrailles ?

Mais les assignats perdent beaucoup dans le commerce… Pourquoi donc les banquiers, les négociants et les contre-révolutionnaires du dedans et du dehors en remplissent-ils leurs coffres ? Pourquoi ont-ils la cruauté de diminuer le salaire de certains ouvriers, et n’accordent-ils pas une indemnité aux autres ? Pourquoi n’offrent-ils pas l’escompte, lorsqu’ils acquièrent les domaines nationaux ? L’Angleterre, dont la dette excède peut-être vingt fois la valeur de son territoire et qui n’est florissante que par le papier de sa banque, paie-telle à proportion les denrées aussi cher que nous les payons ? Ah ! le ministre Pitt est trop adroit pour laisser accabler ainsi les sujets de Georges ! Et vous, citoyens représentants, vous, les députés de la Montagne, vous qui vous faites gloire d’être du nombre des sans-culottes, du haut de votre immortel rocher, vous n’anéantirez pas l’hydre sans cesse renaissante de l’agiotage !

Mais ajoute-ton, on tire de l’étranger bien des articles, et il ne veut en paiement que de l’argent. Cela est faux ; le commerce s’est presque toujours fait par l’échange de marchandise contre marchandise, et du papier contre papier ; souvent même on a préféré des effets au numéraire. Les espèces métalliques qui circulent en Europe ne suffiraient pas, pour acquitter la cent-millième partie des billets qui sont en émission. Ainsi, il est clair comme le jour, que les agioteurs et les banquiers ne discréditent les assignats que pour vendre plus cher leur argent, pour trouver occasion de faire impunément le monopole et de trafiquer dans le comptoir du sang des patriotes, qu’ils brûlent de verser.

Mais l’on ne sait pas comment les choses tourneront. –Il est très certain que les amis de l’égalité ne souffriront pas toujours qu’on les fasse égorger au dehors et qu’au-dedans on les assiège par la famine. Il est très certains que toujours ils ne seront pas les dupes de cette peste publique, des charlatans qui nous rongent comme des vers, des accapareurs dont les magasins ne sont plus qu’un repaire de filous.

Mais, lorsque la peine de mort est prononcée contre quiconque tenterait de rétablir la royauté, lorsque des légions innombrables de citoyens soldats forment avec leurs armes une voûte d’acier, lorsqu’elles vomissent de toutes parts le salpêtre et le feu sur une horde de barbares, le banquier et l’accapareur peuvent-ils dire qu’ils ne savent pas comment les choses tourneront ? Au reste, s’ils l’ignorent, nous venons le leur apprendre. Le peuple veut la liberté et l’égalité, la république ou la mort ; et voilà précisément ce qui vous désespère, agioteurs, vils suppôts de la tyrannie.

N’ayant pu réussir à corrompre le cœur du peuple, à le subjuguer par la terreur et la calomnie, vous employez les dernières ressources des esclaves pour étouffer l’amour de la liberté. Vous vous emparez des manufactures, des ports de mer, de toutes les branches du commerce, de toutes les productions de la terre pour faire mourir de faim, de soif et de nudité, les amis de la patrie, et les déterminer à se jeter entre les bras du despotisme.

Mais les fripons ne réduiront pas à l’esclavage un peuple qui ne vit que de fer et de liberté, de privations et de sacrifices. Il est réservé aux partisans de la monarchie de préférer des chaînes antiques et des trésors à la République et à l’immortalité.

Ainsi, mandataires du peuple, l’insouciance que vous montreriez plus longtemps serait un acte de lâcheté, un crime de lèse-nation. Il ne faut pas craindre d’encourir la haine des riches, c’est-à-dire des méchants. Il ne faut pas craindre de sacrifier les principes politiques au salut du peuple, qui est la suprême loi.

Convenez donc avec nous que par pusillanimité vous autorisez le discrédit du papier, vous réparez la banqueroute, en tolérant des abus, des forfaits dont le despotisme eût rougi, dans les derniers jours de sa barbare puissance.

Nous savons sans doute qu’il est des maux inséparables d’une grande révolution, qu’il n’est pas de sacrifices qu’on ne doive faire, pour le triomphe de la liberté, et qu’on ne saurait trop payer cher le plaisir d’être républicain ; mais aussi nous savons que le peuple a été trahi par deux législatures ; que les vices de la Constitution de 1791 ont été la source des calamités publiques, et qu’il est temps que le sans-culotte qui a brisé le sceptre des rois, voit le terme des insurrections et de toute espèce de tyrannie.

Si vous n’y portez un prompt remède, comment ceux qui n’ont aucun état, ceux qui n’ont que 2, 3, 4, 4 ou 6 cents livres de rentes, encore mal payées, soit en pension viagère, soit sur des caisses particulières subsisteront-ils, si vous n’arrêtez le cours de l’agiotage et des accapareurs, et cela par un décret constitutionnel qui n’est pas sujet aux variations des législateurs. Il est possible que nous n’ayons la paix que dans vingt ans ; les frais de la guerre occasionneraient une émission nouvelle de papier ; voudriez-vous donc perpétuer nos maux pendant tout ce temps-là, déjà trop long, par l’autorisation tacite de l’agiotage et des accaparements ? Ce serait là le moyen d’expulser tous les étrangers patriotes, et d’empêcher les peuples esclaves de venir respirer en France l’air pur de la liberté.

N’est-ce donc pas assez que vos prédécesseurs, pour la plupart d’infâme mémoire, nous aient légué la monarchie, l’agiotage et la guerre, sans que vous nous léguiez la nudité, la famine et le désespoir ? Faut-il que les royalistes et les modérés, sous prétexte de la liberté du commerce, dévorent encore les manufactures, les propriétés ? qu’ils s’emparent du blé des champs, des forêts et des vignes, de la peau même des animaux et qu’ils boivent encore dans des coupes dorées le sans et les larmes de citoyens, sous la protection de la loi ?

Députés de la Montagne, non, non, vous ne laisserez pas votre ouvrage imparfait ; vous fonderez les bases de la prospérité publique ; vous consacrerez les principes généraux et répressifs de l’agiotage et des accapareurs ; vous ne donnerez pas à vos successeurs l’exemple terrible de la barbarie des hommes puissants sur le faible, du riche sur le pauvre ; vous ne terminerez pas enfin votre carrière avec ignominie.

Dans cette pleine confiance, recevez ici le nouveau serment que nous faisons de défendre jusques au tombeau la liberté, l’égalité, l’unité et l’indivisibilité de la République et les sans-culottes opprimés des départements.

Qu’ils viennent, qu’ils viennent bien vite à Paris, cimenter les liens de la fraternité ! c’est alors que nous leur montrerons ces piques immortelles qui ont renversé la Bastille ; ces piques qui ont fait tomber en putréfaction la commission des douze et la faction des hommes d’Etat, ces piques qui feront justice des intrigants et des traîtres, de quelque masque qu’ils se couvrent et quelque pays qu’ils habitent. C’est alors que nous les conduirons au pied de ce jeune chêne où les Marseillais et les sans-culottes des départements abjurèrent leur erreur, et firent serment de renverser le trône. C’est alors enfin que nous les accompagnerons dans le sanctuaire des lois, où d’une main républicaine nous leur montrerons le côté qui voulut sauver le tyran et la Montagne qui prononça sa mort.

Vive la vérité, vive la Convention nationale, vive la république française !

Résistance politique au colonialisme: Une vision mohawk du Brexit…

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Brexit la matrix

 

Mohawk Nation News

 

25 juin 2016

 

url de l’article original:

http://mohawknationnews.com/blog/2016/06/26/brexit-the-matrix/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Une fois que tout retourne à nos langues et modes de vie naturels, la matrix corporatiste/entrepreneuriale qui nous est imposée disparaîtra. Nos visiteurs auront appris notre langue pour communiquer avec nous et pour vivre notre mode de vie naturel. Il y a plus de 30 millions de colons qui se sont établis au Canada, personnes qui ne sont pas naturels à cette partie de notre terre-mère. Ils devront être débranchés de la matrix.

Justin Trudeau sera le dernier premier ministre du Canada, une relique archaïque et inutile. Le système parlementaire n’est rien d’autre q’une illusion de liberté. Au moment où viendra le temps des prochaines élections, tout sera fini. La totalité de leur jeu de dupe néo-colonial aura pris fin.

Leurs ancêtres sont venus en quête de liberté de leurs maîtres européens. Ils ont trouvé que finalement tout le monde est esclave des banquiers. Nous sommes la seule espèce qui doit payer pour pouvoir vivre sur cette planète.

Note de Résistance 71: ceci constitue une remarque qui n’est pas anodine, réfléchissez bien à ce point. Nous devons constamment payer pour simplement vivre. Quoi de plus anti-naturel que cela ?Nous vivons, avons été forcés et sommes toujours forcés de vivre depuis des siècles, dans un monde façonné de manière 100% artificielle. Il n’y a rien de naturel dans la façon dont l’espèce humaine, dominée par un occident tout puissant au moyen d’une technologie qu’il refuse au reste du monde et utilise comme moyen de contrôle, vit. Nous sommes contraints de vivre dans une illusion totale, imposée et que nous avons finie par accepter, pire même, que nous pensons être “la marche naturelle des choses” d’un point de vue “évolutionniste”… Il est plus que grand temps de nous éveiller à cette fiction et à dire NON ! Ensemble, unis avec nos frères autochtones des endroits que nous avons colonisés, parce que finalement: Nous sommes tous des colonisés !

Des noms d’endroits étrangers bidons vont retourner à leur noms originaux onkwe’hon:weh (natifs) répondant naturellement à notre terre-mère. La corporation du Canada est régie sous la langue anglaise (essentiellement), des terres volées et une culture artificielle dont les banquiers sont les gardiens.

Les politiciens sont les agents des banquiers. Personne ne sort de la matrix si les banquiers continuent à dominer. Le vote britannique du Brexit montre que le peuple est en train d’essayer de se débrancher de cette matrix. Les banquiers “vont être renvoyés de là où ils viennent pour toute l’éternité”.

En fin de compte, tout le monde se pliera à la vérité. Tous les agents seront vaincus. Le Brexit est de la même veine que Neo voyageant au cœur même de la matrix pour mettre fin à la guerre. Nous serons libres de choisir l’amour et la paix. Le Brexit est le commencement de la fin de la guerre sur nos esprits.

Résistance au colonialisme: Appeler un chat un chat au Chiapas… Le terrorisme d’état contre les enseignants au Mexique

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Notes sur la guerre contre les enseignants en résistance (l’heure de la police 3)

Juin 2016

Enlace Zapatista

url de l’article:

http://enlacezapatista.ezln.org.mx/2016/06/22/note-sur-la-guerre-contre-le-corps-enseignant-en-resistance-lheure-du-policier-3/

Note sur la guerre contre le corps enseignant en résistance:
(L’heure du policier 3).

Juin 2016.

Du cahier de notes du Chat-chien:

.- On ne sait pas dans le reste du pays, mais au Chiapas au moins, ceux d’en haut sont en train de perdre la guerre médiatique.

En milieu rural et urbain, nous avons vu des familles entières soutenir les enseignantEs. Et nous ne nous faisons pas référence à des soutiens du type: “Ce poing levé, oui il se voit”, “le peuple, uni, ne sera jamais vaincu”, et les slogans qui, malgré les distances entre les calendriers et les géographies sont toujours les mêmes, car en bas la solidarité continue à être un principe élémentaire. Si au cours des mobilisations antérieures des enseignantEs rebelles, la “citoyenneté” (ce terme qui occulte l’inégalité), se montrait excédée et offusquée, les choses ont  changé désormais.

Il y a chaque fois plus de familles qui viennent en aide aux enseignantEs, qui les aident pour leurs voyages et leurs manifestations, qui s’angoissent lorsqu’ils sont agresséEs, qui leur donnent à manger, à boire et leur proposent un abri. Il s’agit de familles qui, selon la taxonomie de la gauche électorale, seraient “abruties” par la télévision, “qui sont des grapilleuses de sandwichs”, “qui sont aliénées”, “qui n’ont pas de conscience”. Mais apparemment, la colossale campagne médiatique déployée contre le corps enseignant en résistance a échoué. Le mouvement de résistance contre la réforme éducative s’est transformé en un miroir pour toujours plus de vrais gens (c’est-à-dire pas ceux des organisations sociales et politiques, mais les gens ordinaires). Comme si, face à la tragédie qui vient, un sentiment collectif d’urgence était né. Comme si chaque coup de matraque, chaque bombe lacrymogène, chaque tir de flashball, chaque ordre d’arrestation étaient des slogans éloquents : “aujourd’hui c’est elle, c’est lui qu’on a attaqué ; demain ce sera ton tour”. C’est peut-être pour cela que derrière chaque professeur, il y a des familles entières qui sympathisent avec leur cause et avec leur lutte.

Pourquoi ? Pourquoi un mouvement qui a été férocement attaqué sur tous les fronts continue à grandir ? Pourquoi, si ce sont des “vandales”, des “fainéants”, des “terroristes”, des “corrompus”, des “opposants au progrès”, beaucoup de gens d’en bas, un certain nombre des classes moyennes, et même quelques-uns d’en haut, saluent même silencieusement le corps enseignant, qui défend ce que n’importe quelle personne défendrait ?

.- “La réalité c’est du mensonge”. C’est ce titre qui aurait pu faire la une du quotidien chiapanèque mal nommé “Cuarto Poder” [“Le quatrième pouvoir”] (un média nostalgique de l’époque des fincas et des seigneurs de la potence et du couteau), quand il “dénonçait” que la fête populaire du 9 juin dernier célébrée en soutien aux enseignantEs en résistance dans les rues de Tuxtla Gutiérrez, capitale du Chiapas, Etat du sud-est mexicain, était fausse. Parachicos, danseurs, musiciens, tenues traditionnelles, personnes en fauteuil roulant, marimbas, tambours, pipeaux et flûtes, le meilleur de l’art zoque et des milliers de personnes saluant la résistance des enseignantEs.  Une pancarte priant: “Merci maître, de m’apprendre à lutter” démontre la “réussite” de la guerre médiatique contre la CNTE. Une autre signalait: “je ne suis pas enseignant, mais je suis chiapanèque et je suis contre la réforme éducative”.

Mais celle qui a dérangé les directeurs de “Cuarto Poder”, c’était celle qui disait plus ou moins: “Si le Guëro Velasco, ils le foutent à gouverner dans le désert, il faut pas plus de quelques mois pour que le sable commence à manquer”. (Note de Résistance 71: Ceci ne peut que rappeler la formule de Coluche qui disait: “Y sont balèzes les technocrates, c’est des mecs.. tu leur donne le Sahara, dans un an ils importent du sable…”, comme quoi les grands esprits…)

.- Bon, 3 ans après la promulgation de la soi-disant “réforme éducative”, ce monsieur Nuño n’est toujours pas capable de présenter un argument éducatif quelconque, même minime, en faveur de son “programme d’ajustement du personnel”. Ses arguments ont été jusqu’à maintenant les mêmes que n’importe quel contremaître de l’époque de Porfirio Diaz: cris hystériques, coups, menaces, licenciements, emprisonnements. Les mêmes qu’emploieraient n’importe quel triste et gris prétendant à la police postmoderne.

.- Ils les ont déjà frappés, déjà gazés, déjà emprisonnés, déjà menacés, déjà virés injustement, déjà calomniés, ils ont déjà décrété de facto l’état de siège dans la ville de Mexico. Quoi de plus ? Qu’ils les fassent disparaître ? Qu’ils les assassinent ? Vraiment ? La réforme “éducative” naîtra sur le sang et les cadavres des enseignantes et enseignants? Ils vont remplacer les campements des enseignants par des campements de policiers et de militaires ? Les blocages de manif’ par des blocages avec des tanks et des baïonnettes ?

.-Leçons pour Nuño sur le Terrorisme. La prise d’otage (la détention de membres de la direction de la CNTE, c’est ça et pas autre chose), pour n’importe quel terrorisme (celui de l’Etat et celui de ces miroirs fondamentalistes) est un moyen pour forcer à un dialogue et à une négociation. Nous ne savons pas si là-bas en haut, vous vous en êtes rendus compte ou non, mais il se trouve que c’est l’autre bord (le corps enseignant), le côté qui cherche le dialogue et la négociation. Ou bien le ministère de l’Education Publique se serait-il déjà affilié à ISIS [Daesh], et qu’il ne prend des otages que pour semer la terreur ?

.- Il y a une anecdote qui circule dans les services secrets gouvernementaux des grandes puissances. Elle raconte que pour gagner la bataille médiatique dans la guerre contre le Vietnam, les service secrets nord-américains créaient, c’est bien le mot, des scénarios de victoires fracassantes, de faiblesse chaque fois plus grande de l’ennemi, et de la force morale et matérielle de leurs propres troupes. Mais il se trouve que la stratégie baptisée “gagner les coeurs et les esprits”, qui devait à l’origine être livrée au Vietnam, due en fait être livrée dans les rues des grandes villes de l’Union Américaine. Après ce mois d’avril 1975 – qui remémorait la défaite à Playa Girón, dans la digne Cuba, durant le même mois, mais en 1961-, un fonctionnaire nord-américain avait affirmé: “le problème c’est que nous fabriquons tellement de mensonges pour les médias que nous finissons par les croire nous-mêmes. Nous avons créé une scénographie de victoire qui dissimulait notre défaite. Notre propre fracas a empêché que nous ne percevions les craquements de notre effondrement. Ce n’est pas mal de mentir, ce qui est mauvais c’est de croire à ses propres mensonges”. Bref, c’est sûr que nous, les femmes, les hommes zapatistes, on n’y connait pas grand chose sur les médias, mais depuis notre humble opinion, c’est un mauvais calcul que de mettre au-devant de la campagne médiatique d’une privatisation effrontée un contremaitre triste et gris qui veut être policier.

.- Initier à la science et à l’art l’enfance dans ces premiers pas, c’est cela que font les enseignants, enseignantes et enseignantEs.

Je donne foi.

Miaou-Ouaf.

 

Résistance au colonialisme: Communiqué du Congrès National Indigène et de l’EZLN sur la répression des enseignants au Mexique

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Depuis la tempête

Communiqué Commun du Congrès National Indigène et de l’EZLN au sujet de la lâche attaque policière contre la Coordination Nationale des Travailleurs de l’Éducation et la communauté indigène de Nochixtlán, Oaxaca.

Le 20 juin 2016.

Au peuple du Mexique.
Aux peuples du Monde:

Face à la lâche attaque répressive qu’ont subi les enseignants, les enseignantes et la communauté à Nochixtlán, dans l’état de Oaxaca, – par laquelle l’État Mexicain nous rappelle qu’il s’agit d’une guerre contre tous et toutes – ; les peuples, nations et tribus formant le Congrès National Indigène et l’Armée Zapatiste de Libération Nationale, faisons savoir au digne mouvement enseignant qu’il n’est pas isolé, que nous savons que la raison et la vérité sont de son côté, que la dignité collective avec laquelle leur résistance s’exprime est inébranlable, et que celle-ci est l’arme principale de ceux qui, comme nous, sont d’en-bas.

Nous rejetons l’escalade répressive avec laquelle ils cherchent à imposer dans tout le pays la réforme néolibérale capitaliste qu’ils appellent “éducative”, principalement dans les états de Oaxaca, Chiapas, Guerrero et Michoacán. C’est par des menaces, des persécutions, des coups, des emprisonnements injustes et maintenant des assassinats qu’ils veulent faire plier la dignité des enseignants en rébellion.

Nous appelons nos peuples et la société civile en général à être aux côtés du corps enseignant qui résiste à chaque instant, à nous reconnaître en lui, car la violence utilisée pour les déposséder de garanties basiques du droit du travail afin de rendre l’éducation privée, est un reflet de la violence avec laquelle ils sont en train de spolier les peuples originels, les peuples paysans et urbains.

Ceux qui sont au pouvoir et qui s’en délectent ont décidé que l’éducation, la santé, les territoires indigènes et paysans, mais aussi la paix et la sécurité, sont une marchandise destinée à ceux qui peuvent la payer, que les droits ne sont pas des droits, mais des produits et services qu’on peut arracher, dépouiller, détruire ou négocier selon ce que dicte le grand capital. Et cette aberration, ils prétendent l’imposer de manière sanglante ; en assassinant et en faisant disparaître nos compañer@s, en envoyant nos porte-paroles dans des prisons de haute sécurité, en faisant de la torture éhontée un véritable marketing gouvernemental et, grâce à l’aide des médias commerciaux, en assimilant à la délinquance ce que la société mexicaine a de plus cher, c’est-à-dire ceux qui luttent, qui ne se rendent pas, qui ne se vendent pas et qui ne lâchent rien.

Nous exigeons l’arrêt de la répression contre le corps enseignant en lutte et la libération immédiate et inconditionnelle de TOUS les prisonniers politiques.

Nous invitons tous les peuples de la campagne et des villes à être attentifs et solidaires avec la lutte enseignante, à nous organiser de manière autonome afin d’être au courant et vigilants face à cet orage qui s’abat sur toutes et tous, tout en sachant qu’un orage, en plus de la tempête et du chaos, rend aussi fertile la terre d’où éclot toujours un nouveau monde.

Depuis les montagnes, les champs, les vallées, les ravins et les quartiers des peuples, nations et tribus originaires du Mexique.
Jamais plus un Mexique Sans Nous !

Congrès National Indigène.
Armée Zapatiste de Libération Nationale.

Mexique, le 20 juin 2016.

 

Source:

http://enlacezapatista.ezln.org.mx/2016/06/22/depuis-la-tempete/

Le mandat impératif, le peuple aux commandes du navire (Jean Varlet 1792)

Posted in actualité, altermondialisme, politique et social, politique française, résistance politique with tags , , , , , , , , , , , on 25 juin 2016 by Résistance 71

“L’État est une société d’assurance mutuelle entre le propriétaire terrien, le général militaire, le juge, le prêtre et plus tard, le capitaliste, afin de soutenir l’autorité de l’un l’autre sur le peuple et pour exploiter la pauvreté des masses tout en s’enrichissant eux-mêmes. Telle fut l’origine de l’État, telle fut son histoire et telle est son essence actuelle.”
~ Pierre Kropotkine ~

Projet de la « Commune des Communes »

A (re)lire: « Les chaînes de l’esclavage », Jean-Paul Marat, 1774

 

PROJET D’UN MANDAT SPÉCIAL ET IMPÉRATIF,

Aux mandataires du peuple à la Convention nationale

À tous les cœurs bien nés que la patrie est chère (Voltaire)

Par Jean Varlet, électeur de 1792, et citoyen de la Section des Droits de l’Homme rue Tiron N° 6.

Imprimé aux frais des Sans-Culottes

L’an premier de la République Françoise

MANDATAIRES DU PEUPLE,

Vous êtes sortis du rang des simples citoyens, pour aller, en dernier ressort, agiter l’urne de nos destinées ; écoutez le langage austère de vos commettants, et peut-être cette fois vous serez, au sanctuaire des lois, pénétrés de vos devoirs comme nous le sommes de nos droits.

Mandataires du peuple, de l’instant que des événements majeurs ont forcé nos députés à nous convoquer en assemblée primaire, la souveraineté du peuple a retourné à sa source ; nous nous sommes ressaisis de toute notre indépendance ; par raison, nous avons encore obéi aux lois que vous êtes appelés à refaire, parce que, bien qu’elles soient défectueuses, elles peuvent éviter le désordre que suivrait leur silence absolu. Ainsi donc notre obéissance n’est que conditionnelle, et, réunis dans notre assemblée primaire, nous n’en avons pas moins senti qu’au moment où les dépositaires de nos intérêts nous les remettaient, c’était d’abord pour les discuter nous-mêmes. Tout ce qui intéressait essentiellement l’organisation, l’ordre, l’harmonie, la reconstruction même de l’édifice social, était de notre compétence. Nous nous en sommes occupés et nous vous donnerons, après de courtes réflexions, le résultat de nos délibérations.

Mandataires du peuple, c’est particulièrement dans l’énonciation de nos volontés, que réside le plus beau de nos droits. Croyez-vous que nous aurions exercé notre souveraineté dans toute sa plénitude ; en ne faisant qu’élire ceux qui nomment les députés à la Convention nationale. Ce mode d’élection n’est-il pas déjà une première aliénation de nos droits, puisque les choix faits n’ont point encore cette fois émané immédiatement de nous. Vos concitoyens s’aperçoivent qu’ils n’ont eu jusqu’ici qu’un fantôme de liberté ; ils en fixeront le sens ; quand ils renoncent momentanément à l’exercice de leur souveraineté pour en laisser l’usufruit à leurs mandataires, ils entendent que désormais ce soit à des conditions prescrites. Nos députés, vous ne serez plus nos représentants [6], vous serez nos mandataires, nos organes : vous verrez tracée devant vous la ligne que vous devez suivre. Avant d’entamer sérieusement vos travaux, vous allez recevoir le plan de conduite que nous vous avons dressé. Si les lois de vos prédécesseurs n’ont pu jusqu’ici prendre un caractère respectable, à qui s’en prendre ? Aux législateurs qui se sont crus infaillibles, et parce qu’ils discutaient, décrétaient, ont pensé qu’ils exprimaient les volontés du souverain, lorsque trop souvent ils ne les présumaient pas. Les lois ne doivent point être le résultat des impressions que produisent des orateurs communément plus captieux que sincères, mais bien le recensement des ordres intimés par les assemblées primaires. En rédigeant notre mandat, nous ne nous sommes pas inquiétés si ce mode était suivi par toutes les sections de la France libre, il nous a suffi de savoir que nous en avions le droit. Dans un état où le peuple est tout, le premier acte de la souveraineté est d’élire, le second, de rédiger des pouvoirs, des mandats à ceux élus. Les députés constituants se sont bien exercés à exalter nos droits imprescriptibles ; ils ont passé sous silence l’article important des pouvoirs, des mandats. Au nom des principes qu’ils avaient eux-mêmes reconnus, ils ont été aussi despotes que les rois dont ils avaient ébranlé la monstrueuse autorité. La tyrannie s’est entée [greffée] sur la tyrannie, et l’on a vu s’établir une puissance sans frein, des députés sans pouvoirs, sans mandats, qui ont pu facilement substituer leurs systèmes, leurs volontés particulières aux ordres du souverain. Ce vice capital vous l’extirperez.

MANDATAIRES DU PEUPLE, d’après les iniquités constitutionnelles, et législatives dont nous fûmes témoins, pensez-vous que vos concitoyens, jaloux de conserver leur indépendance, puissent n’être point méfiants ? oh ! ils vous le déclarent avec franchise, à l’avenir tous les individus, revêtus de pouvoir, exciteront leurs vives sollicitudes. L’expérience prouve que si, je ne dirai point la surveillance, mais la force du Peuple, n’est point là pour maintenir ses Mandataires, les remettre dans la route, ils sont prêts à oublier ceux desquels ils relèvent.

Point de députés sans pouvoirs ; sans mandats : ce principe nous garantit de la tyrannie législative : il est si précieux, qu’il doit trouver sa place dans la déclaration des droits de l’homme.

En mille sept cent quatre-vingt-neuf, engourdis par les habitudes d’un régime oppresseur, nous n’avions pas de grandes connaissances en droit public ; nous n’éprouvions qu’un sentiment, celui de nos maux, il nous porta à rédiger des cahiers, qui furent les préliminaires de la révolution française, donnèrent la conception à la liberté. Nos doléances, nos plaintes firent connaître les tyrannies innombrables, qui censuraient, absorbaient, écrasaient la partie du Peuple la plus respectable, celle des citoyens laborieux. Le remède à toutes les turpitudes d’un régime odieux fut l’immortelle proclamation de nos droits : et nous ferions moins aujourd’hui, que le génie des Peuples libres plane sur notre sol ; aujourd’hui que tous fiers et orgueilleux du simple titre de citoyen, auquel nous avons résolu de ne renoncer qu’avec la vie ; et nous ne sentirions pas de quelle dangereuse conséquence il deviendrait d’investir toujours, d’une autorité sans bornes, ceux qui tiennent le dépôt sacré de nos destinées.

Nous voulons bien croire qu’un grand nombre de députés, élus à la convention nationale, inspirent la confiance ; mais ce bon augure qu’on tire des choix faits, n’est point suffisant pour nous rassurer. On peut avancer, sans crainte d’être démenti, une triste vérité, c’est que dans les deux premières sessions nationales, l’amour de la patrie fut loin d’être un sentiment vulgaire ; on y vit le raffinement de l’intrigue, le royalisme, le failletisme [de La Fayette], le feuillantisme [du club des Feuillants, scission de droite des Jacobins, en 1791], les faux talents, l’orgueil, l’apathie, l’insouciance, toutes les passions et quelques vertus.

Avec les amants de la liberté, nous nous félicitons d’avoir vu s’ensevelir le despotisme royal dans la journée du dix août [1792, insurrection antiroyaliste]. Nous en avons tressailli de joie, et cependant nous avons dit aux citoyens qui s’enthousiasment au seul mot de république ; songez que vous n’êtes point affranchis de tous les despotismes ; non, non, les palais des rois ne sont pas les demeures exclusives des despotes ; que votre haine se dirige contre les ambitieux qui songeraient à régner sur les débris du trône, où pourraient voir, dans la seconde révolution, de nouvelles chances à courir, une carrière neuve ouverte à leurs intrigues.

Mandataires du peuple, vos prédécesseurs, lorsqu’ils furent nommés, eurent, comme vous, notre confiance ; ils en abusèrent ; ils prouvèrent que, pour avoir plus de talents, ils n’en avaient pas moins des cœurs pétris de mille faiblesses. Vos concitoyens sont depuis devenus inquiets, ombrageux, méfiants toutes les fois qu’ils confient à leurs mandataires, le soin de discuter leurs intérêts. Ils savent combien exige le poste important de législateur ; qu’une profonde connaissance des hommes, qu’un génie abondant et facile, qu’une philosophie consommée ne sera toujours le partage que d’une très faible minorité. Ce dont ils ont droit de vous sommer, c’est de déployer une grande énergie à la convention nationale, d’être pour le premier auteur de nos maux, des juges sévères, inflexibles, pour ne paraître que justes, d’opposer aux doucereux modérés, aux patriotes tartufes, aux savants astucieux, la chaleur, la franchise des talents naturels sans emphase. Chacun de nous attend en suspend le bien être que vous devez nous faire éprouver. Vous dire que vos commettants se flattent qu’ils vont trouver en vous des législateurs ardents, magnanimes, ce ne serait pas rendre ce qui se passe au dedans de nous, car nous ne pouvons nous défendre de la méfiance, même sur ceux qui ont réuni nos suffrages. Pour les juger, nous les attendons à la sortie de leur carrière conventionnelle.

MANDATAIRES DU PEUPLE,

Vous avez déclaré que vous étiez révocables ; nous déterminerons facilement les cas où vous pouvez l’être. L’expression, la notification de nos volontés vous donnera la mesure de vos devoirs, vous rappellera sans cesse au temple des lois, que vous n’êtes que des fondés de procuration, chargés de donner un plus grand développement à nos idées.

Les citoyens de la section des hommes libres [7], réunis en assemblée primaire, considérant qu’ils font partie du souverain, et qu’à ce titre ils ont droit de manifester des volontés ; qu’au moment ou ils voient leurs concitoyens donner le dangereux exemple des pouvoirs illimités, sans déterminer ni prendre les mesures seules efficaces pour empêcher des Mandataires d’abuser de leur confiance ; qu’ils ont cependant appris à connaître le danger qu’il y a de laisser aux députés du Peuple, une liberté absolue d’opinion ; qu’il paraît déjà constant que la convention nationale a reconnu le droit qu’a le souverain de sanctionner lui-même ses lois ; que la déclaration de ce principe serait illusoire et impraticable, si dans ses assemblées primaires, le Peuple ne se familiarisait pas à discuter ses intérêts les plus majeurs, si les principaux objets de la mission des mandataires n’étaient point déterminés par les commettants ; ont résolu d’expliquer quelle fut leur intention en appelant leurs députés à la convention nationale, de quelle autorité ils ont voulu les investir, et d’arrêter [8] les conventions qu’ils font avec leurs Mandataires.

MANDATAIRES DU PEUPLE,

Nous vous avons élus pour nous donner des lois constitutionnelles, formées de tout ce que l’étude de la nature, les leçons du temps, l’expérience des anciennes républiques, la sagesse des philosophes, la science des publicistes, offrent de plus propre à rendre heureux les hommes destinés à vivre en société. Le code constitutif des français sera tel, que tous les peuples du monde n’auront pas de plus pressant besoin que celui de l’adopter. Vous cimenterez le pacte social par des institutions bienfaisantes : les signes certains auxquels nous voulons les reconnaître, sont l’extirpation de la mendicité, la disparition graduelle de la trop grande inégalité des fortunes [9], la régénération des mœurs, la propagation des lumières, le concours unanime des citoyens aux charges, aux avantages de la société, la séparation bien distincte des fonctions publiques, les moyens sûrs de répression contre les usurpateurs ou déprédateurs, l’émulation, l’encouragement accordés aux talents dirigés vers l’utilité commune, les témoignages authentiques de reconnaissance et d’estime donnés aux citoyens qui se livrent avec constance à la défense des droits du peuple, l’isolement, la honte, le mépris, la nullité aux égoïstes, aux insouciants. Enfin, quand vous dresserez les articles du contrat social, vous vous imaginerez organiser une communauté, où chacun ne doit recueillir qu’à raison de la part qu’il y a mise.

Vous jugerez Louis XVI comme un simple citoyen, puisque sa première sentence de réprobation était prononcée par le vœu exprès du peuple avant le jour où il voulut mettre à fin le plus exécrable des complots, dont, par des preuves ostensibles et palpables, on peut lui prouver qu’il était le chef.

Pour tous ceux qui restent de la famille des Bourbons, renfermés dans le Temple, vous imiterez les Romains, qui chassèrent les Tarquins.

Vous perfectionnerez la déclaration des droits de l’homme.

Vous poserez la base, jusqu’ici si négligée, du bonheur social ; elle doit se trouver dans un plan d’éducation nationale, calqué en tout sur des principes de liberté, d’égalité, soigné dans son exécution.

Vous demanderez qu’aucun père de famille ne puisse avoir chez lui, pour ses enfants, des instituteurs particuliers ; qu’ils soient tous obligés de les faire participer aux cours d’instruction publique.

Vous réformerez, refondrez la constitution dans tous les articles qui contrarient le libre exercice de notre souveraineté : nous demandons une constitution populaire qui puisse hardiment soutenir le parallèle de la déclaration des droits de l’homme ; ce n’est pas seulement une constitution sans roi ni royauté, mais sans dictateurs, ni sénateurs, ni triumvirs, ni décemvirs, ni tribuns, ni aucun chef quelconque, qui, sous une autre dénomination, serait investi des mêmes pouvoirs. Vous ne toucherez point aux articles de la constitution qui consacrent la permanence, l’unité de chambre, la période de deux années pour la réélection des députés, leur nombre à chaque législature ; vous conserverez la distribution de la France en quatre-vingt trois départements. Nous trouverons, dans cette division-là même, le moyen le plus capable de maintenir toutes les parties de la France libre, dans l’unité nationale, et de toujours ramener à un centre commun d’activité, toutes les opérations qui vivifient un grand état ; si c’est là ce qu’un entend par le mot république, nous voulons impérativement la république.

Vous ajouterez cet article important à la déclaration des droits de l’homme : la souveraineté du peuple est le droit naturel qu’ont les citoyens, dans les assemblées, d’élire sans intermédiaires à toutes les fonctions publiques, de discuter eux-mêmes leurs intérêts, de rédiger des mandats aux députés qu’ils commettent pour faire des lois, de se réserver la faculté de rappeler et de punir ceux de leurs mandataires qui outrepasseraient leurs pouvoirs ou trahiraient leurs intérêts ; enfin, d’examiner les décrets qui tous, hormis ceux que commandent des circonstances particulières, ne peuvent avoir force de lois, qu’ils n’aient été soumis à la sanction du souverain dans les assemblées primaires.

Indépendamment de la nomination par le peuple à toutes les fonctions publiques, vous ferez établir des règles invariables d’admission aux emplois auxquels seront obligés de s’astreindre les chefs des diverses administrations ; ces règles feront disparaître des préférences injustes, lorsqu’il s’agira de la distribution d’un patrimoine commun ; l’étranger n’insultera plus au citadin, le célibataire au père de famille, le riche paresseux et ignare au citoyen indigent et utile.

Vous assurerez d’une manière stable l’état civil et les droits naturels des citoyens.

Vous demanderez que les administrateurs de département, de district et toutes les municipalités de la France libre, soient tenus de déposer dans un lieu public de leur résidence respective, un double de leurs registres, où seront, tout au long, consignées jusqu’aux moindres opérations, et que les citoyens pourront tous les jours consulter.

Vous statuerez sur la cumulation des fonctions. Deux postes ne peuvent être bien occupés par le pleine individu : vous demanderez qu’on soit tenu d’opter.

Vous ferez décréter comme loi fondamentale, qu’il n’y a plus, en France, qu’un pouvoir, celui du Peuple dans les assemblées primaires et dans ses mandataires, conséquemment, que l’exécution des lois sera désormais confiée à une commission exécutive, composée de fonctionnaires amovibles, en petit nombre, comptables à époque fixe. Chaque citoyen appelé à l’exécution des lois, sera, à son tour, président de la commission exécutive.

Vous ferez déclarer que les ministres seront destitués quand l’opinion lu peuple les dénoncera, réélus tous les deux ans ; qu’à cette époque le Corps législatif enverra dans toutes les assemblées primaires, une liste de candidats.

Vous demanderez un mode sévère de responsabilité particulier aux citoyens chargés de l’exécution des lois.

Vous ferez des lois pour décerner de grandes récompenses aux Mandataires du Peuple, et à tous autres fonctionnaires qui se seront signalés dans leur poste.

Vous demanderez l’établissement d’un code pénal pour les fonctionnaires publics prévaricateurs, lequel prononcera la peine de mort pour un Mandataire du Peuple convaincu d’avoir trahi les intérêts de ses commettants. Vous spécifierez, préviendrez tellement les cas de prévarication, que les fripons aient à déserter les postes pour les laisser aux citoyens probes et désintéressés.

Pour connaître désormais de toutes les atteintes portées aux droits publics des citoyens, pour appliquer la loi de responsabilité aux députés ou fonctionnaires infidèles, vous créerez une nouvelle institution composée de patriotes d’élite, éprouvés dans les fonctions de législateurs ou d’officiers municipaux. Ces citoyens respectables seront nommés les magistrats du souverain.

Vous demanderez que la générosité française s’exerce, avec grandeur, à élever jusque dans les moindres villes, des monuments à l’humanité souffrante ; que là, citoyens, femmes, enfants, infirmes ou disgraciés de la nature, et tous ceux qui joignent à la misère les calamités qui nous affligent, tous indistinctement, reçoivent des secours prompts, abondants, bien administrés ; que les aliments y soient sains, délicats, tels qu’ils conviennent à des êtres qui pâtissent, et qui ont droit d’attendre des grandes consolations d’un Peuple libre.

Vous réaliserez ce beau projet d’élever quatre hôpitaux, aux extrémités de la capitale.

Vous ferez déclarer que tous les Français naissent soldats, que pour les accoutumer à une discipline stricte et nécessaire, et les exercer aux évolutions militaires, chaque citoyen sera, depuis 18 jusqu’à 21 ans, enrégimenté comme troupe de ligne.

Vous ferez reconnaître que la nation ayant proclamé la liberté des cultes, ne peut plus, sans contrarier ce principe, salarier une secte particulière, ni même lui livrer gratuitement des édifices ; que cependant elle prend toujours sous sa protection les ecclésiastique infirmes ou avancés en âge, parce qu’ils sont hors d’état de se rendre utiles.

Vous ferez prohiber la vente de l’argent et des papiers à l’empreinte de la nation ; vous les déclarerez propriétés nationales ; qu’aucun individu, sous des peines expresses, ne pourra ni vendre, ni accaparer.

Vous ferez vouer à l’infamie tous les accapareurs ; vous demanderez des confiscations au profit du trésor national, des peines afflictives, des peines de mort contre ces sangsues des états.

Nous déclarons vouloir user du droit que nous avons de ne point consentir le premier impôt, qu’au préalable on ne nous ait justifié, par des comptes rendus publics, de l’emploi des contributions.

Vous nous donnerez un tableau des biens vendus et à vendre, celui des dettes acquittées et à acquitter, un état détaillé, clair, net, définitif des finances, et vous n’abandonnerez point cette fois vos postes que vous ne nous ayez, sur cet article, donné des comptes satisfaisants.

Vous entretiendrez avec nous, pendant toute votre mission, une correspondance active.

Des sections de la capitale qui ont de grandes réputations de patriotisme, ont entendu et accueilli la lecture de cet ouvrage : je ne demandais pas qu’ils l’adoptassent ; je croyais obtenir de mes concitoyens, qui m’avaient tant applaudi, les honneurs de l’impression ; cette marque d’estime m’eût singulièrement flatté : je me trompais ; une seule section a fait une contribution volontaire qu’elle a reprise le lendemain. Il y a des meneurs de sections. J’ai vu que ceux qui parlaient les derniers étaient des Cicérons ; j’ai vu qu’ils sont bien rares les hommes qui sont eux et ne pensent point par les autres ; et j’ai dit : ô ma patrie ! quand seras-tu république ?

À Paris

Chez les Directeurs de l’Imprimerie du Cercle Social, rue du Théâtre-François, N° 4.

1792

 

Brexit, Frexit and co… Arrêtons de perdre notre temps… Une solution politique pratique: Les assemblées communales, l’exemple de 1792-1795

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Mandataires du peuple, de l’instant que des événements majeurs ont forcé nos députés à nous convoquer en assemblée primaire, la souveraineté du peuple a retourné à sa source ; nous nous sommes ressaisis de toute notre indépendance ; par raison, nous avons encore obéi aux lois que vous êtes appelés à refaire, parce que, bien qu’elles soient défectueuses, elles peuvent éviter le désordre que suivrait leur silence absolu. Ainsi donc notre obéissance n’est que conditionnelle, et, réunis dans notre assemblée primaire, nous n’en avons pas moins senti qu’au moment où les dépositaires de nos intérêts nous les remettaient, c’était d’abord pour les discuter nous-mêmes. Tout ce qui intéressait essentiellement l’organisation, l’ordre, l’harmonie, la reconstruction même de l’édifice social, était de notre compétence.”
~ Jean-François Varlet, 1792 ~

« Peuple ! Sous le règne de la liberté, tu dois avoir sans cesse les yeux fixés sur tes magistrats. “ ~ Jacques Roux ~

La révolution française fut une révolution bourgeoise, elle fut la “révolution”, l’accession au pouvoir de tous les messieurs Jourdain de France et de Navarre, de tous ces bourgeois, accapareurs, agioteurs qui faisaient sans doute de la prose sans le savoir, mais qui ruinaient en toute connaissance de cause le petit peuple de France, qu’ils envoyèrent guerroyer en Europe faute de pouvoir le désarmer.

Dans cette période turbulente, seule la France des sections représentées par les “Enragés” et leurs leaders Jean-François Varlet et Jacques Roux, portes-paroles vocaux des sections parisiennes de sans culottes, représenta ce qui se rapprocha le plus d’une véritable société autogérée depuis la base, court-circuitant une “république” déjà moribonde, corrompue et en conflit interne. Le texte ci-dessous nous éclaire sur l’origine et le fonctionnement des “sections” et assemblées populaires des plus grandes villes de France. Un segment crucial de la période révolutionnaire française qui, dans nos livres d’histoire, est bouclé en deux lignes lapidaires, tout comme par la suite l’est également la Commune de Paris de 1871. Nous y gagnerions en ressortant les textes d’époque des Varlet, Roux, et du Marat pré-révolutionnaire (chose que nous avons faite avec une compilation de ses ”chaînes de l’esclavage”, 1774, l’anti-“Prince” de Machiavel…). Après ce texte explicatif, nous publierons l’hyper lucide “Manifeste des Enragés” de Jacques Roux (1793) et le “Projet d’un mandat impératif” de Jean Varlet (1792). Des textes à (re)découvrir, lire et diffuser sans modération.

Nous pensons que si la France révolutionnaire des “sections” et des assemblées communales avait vécu, elle se serait concrétisée par le succès de la “Commune des Communes” dont il est fait état ci-dessous et qui représente une véritable fondation d’organisation anarchiste de la société. Cette France de l’union populaire et des assemblées communales a terrifié (et terrifie toujours) l’oligarchie bourgeoise républicaine des messieurs Jourdain de France, ceux-ci l’ont étouffé dans l’œuf… Qu’attendons-nous pour y revenir ?…

— Résistance 71 —

A (re)lire: « Les chaînes de l’esclavage », Jean-Paul Marat, 1774

 

Les assemblées communales en France dans la révolution française 1789-1793

Populaction

Décembre 2015

url de l’article original:

http://populaction.com/la-france-des-assemblees-communales-17891793/

 

Pendant la révolution française, environ 40000 communes autonomes occupèrent une grande partie du champ politique. Ces assemblées locales, ouvertes à tous les adultes masculins, se chargèrent non seulement des questions locales, mais aussi des questions nationales. Après décembre 1789, de telles assemblées devinrent la base légale du gouvernement municipal dans toutes les grandes villes de France : Lyon, Marseille, Bordeaux, Toulouse…

Les assemblées de section de 1793 furent les institutions les plus démocratiques et les plus radicales à surgir au cours de la Révolution française.

En 1789, pour désigner qui seraient les représentants du Tiers-Etat aux États Généraux convoqués par le roi, la monarchie fut obligée de créer des districts électoraux dans toute la France : dans chaque district, les habitants du district furent priés de se réunir, pour choisir un grand électeur : quelqu’un qui voterait pour élire les représentants du Tiers-Etat.

LA MULTIPLICATION des ASSEMBLÉES DE VILLAGE/QUARTIER/VILLE PENDANT LA RÉVOLUTION : 40 000 COMMUNES AUTONOMES

A Paris, 60 assemblées de district furent ainsi créées… Seulement, après avoir désigné leur grand électeur, les assemblées continuèrent à se réunir (!!!), même si elles avaient perdu leur justification légale ! « Ainsi, alors même que les États Généraux – bientôt convertis en Assemblée nationale – siégeaient à Versailles, les assemblées de district de Paris continuaient à se réunir comme corps quasi légaux, agissant comme gardiennes de leurs libertés limitées dans la situation politique en rapide évolution.

Après décembre 1789, de telles assemblées devinrent la base légale du gouvernement municipal dans toutes les grandes villes de France. » (1) Lyon, Marseille, Bordeaux et Toulouse furent également divisées en sections dont les assemblées s’occupaient des affaires de la communauté. « Collectivement, les diverses sections contrôlaient la commune centrale de la cité » (2).

Pendant la révolution, environ 40 000 communes autonomes, dont les plus grandes étaient contrôlées par les sections, occupèrent une grande partie du champ politique en France. Ces assemblées locales se chargèrent non seulement des questions locales, mais aussi des questions nationales.

LES ASSEMBLÉES DE QUARTIER PARISIENNES ET LA COMMUNE DE PARIS

« Ce mouvement des sections, qui grandit à Paris en 1792 et 1793, était un phénomène conscient de démocratie directe. Tous les hommes adultes pouvaient participer aux assemblées. Que leurs membres soient ou non des radicaux politiques, chaque assemblée populaire était le corps délibérant et décisionnel de la section. Sur le plan idéologique, les sectionnaires considéraient la souveraineté populaire comme un droit inaliénable appartenant à tous les citoyens, un droit qui ne pouvait être délégué aux représentants à l’Assemblée nationale. » (3). Ces assemblées de quartier avaient lieu dans des chapelles ou des églises expropriées.

Chaque assemblée de section élisait 6 députés à la Commune de Paris, dont une des principales fonctions était de coordonner toutes les sections de la cité. « Chaque section disposait aussi de plusieurs comités qui remplissaient diverses fonctions comme la police, les fournitures, les finances (…). Chaque section avait également son propre bataillon de la Garde nationale (les gardes nationaux étaient élus par les assemblées de section elles-mêmes), doté d’une unité d’artillerie, sur lequel elle exerçait un contrôle absolu et dont elle seule pouvait autoriser les mouvements.

« En 1793, au sommet de la démocratie radicale à Paris, la vie dans les sections étaient vibrante, remplie de controverses et truculente. Les périodes de crise pouvaient attirer un millier de citoyens et plus aux assemblées, faisant salle comble pour de vigoureux débats où s’affrontaient avec passion les différentes factions (…) De furieuses confrontations dégénéraient fréquemment en menaces, cris et récriminations mutuelles, allant même jusqu’aux échanges de coups de poing.

LE PROJET DE « COMMUNE DES COMMUNES »

Les sectionnaires radicaux qui occupèrent ce champ politique sont ceux-là même qui avaient envahi les Tuileries en août 1792 et déposé le Roi, ce qui allait conduire à son exécution. Ce sont eux qui réussirent presque à déclencher une insurrection radicale contre la Convention en 1793. (Si cette insurrection avait réussi, elle aurait pu donner tous les pouvoirs à une confédération nationale des sections.)

C’est pendant cette dernière période d’effervescence que le démocrate radical Jean Varlet de la section des Droits de l’Homme tenta d’organiser les délégués de chaque section en un gouvernement parallèle pour former la « Commune des communes », une confédération des villes et de villages (les communes) de toute la France, pour renverser la Convention nationale. Les sectionnaires radicaux furent réellement à l’avant-garde du mouvement révolutionnaire en France. C’est certainement pour cette raison que leurs chefs furent parmi les premiers emprisonnés par les Jacobins quand ceux-ci prirent le pouvoir en juin 1793.

Dérivées des assemblées de district, les sections s’étaient poussées à l’avant-scène au mépris de l’Etat-nation qui les avait créées et jouèrent le rôle de locomotive dans la radicalisation de l’une des grandes révolutions de l’histoire. Elles se perpétuèrent pour former la structure institutionnelle d’une extraordinaire démocratie directe, et à ce titre, elles constituent un autre moment crucial de cette tradition éternelle ». (4)

NOTES :

(1) : Janet Biehl (avec la collaboration de Murray Bookchin), Le municipalisme libertaire, Éditions Ecosociété, 1998, Montréal, Québec, p. 77

(2) : ibid, p. 78

(3) : ibid, p. 78

(4) : ibid, p. 79-80

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Liste de toutes les sections de la ville de Paris durant la révolutions française:

http://www.parisrevolutionnaire.com/spip.php?article2956

La pantalonnade du Brexit…

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Résistance 71

24 juin 2016

 

Une fois de plus, victoire pour l’oligarchie et ce quelque soit le résultat de cette fumisterie totale du Brexit. Pourquoi victoire ? Parce qu’une fois de plus l’oligarchie a réussi à diviser le peuple britannique d’une part et les peuples européens qui se grattent la tête depuis un moment sur le sujet.

Sortir ou rester dans l’Union Européenne ? Vraiment ? C’est la seule question qui vienne à l’esprit en ces circonstances ? Va t’on jamais apprendre quoi que ce soit ? Les oligarques, banksters, patrons de transnationales et leurs larbins de la politique et des merdias se marrent en buvant du champagne ! Victoire ! les abrutis d’en-bas continuent à se diviser pour qu’on puisse continuer quoi qu’il arrive à se barrer avec la caisse et à les contrôler…

Au lieu de perdre son temps, oui, oui… perdre son temps avec ces inepties cousues de fil blanc conçues uniquement pour maintenir une profonde division et éviter l’union des peuples, on ferait mieux d’organiser entre nous, en IGNORANT les états, la société des sociétés organique, la confédération des associations libres, de communes, l’organisation de la société depuis sa base seule souveraine en tout et pour tout, arrêter de cautionner en permanence, de valider le consensus du statu quo oligarchique par nos actions au sein du système. Arrêtons de participer c’est aussi simple que cela, refusons une bonne fois de consentir !

Il faut en sortir ! S’unir, dire non ! Halte au sketch, on va maintenant jouer NOTRE jeu, celui de l’association libre et de la société autogérée par nos soins. Faire table rase de cet infâme merdier politico-économique et étatique fondé sur le mensonge, le vol, l’oppression, la coercition, la domination, les relations violentes de classes tout à fait obsolètes, le crime organisé d’une « élite » sociopathe protégé par des instititions corrompues au-delà de toute rédemption possible.

La question n’est pas de savoir si on sort ou on reste dans « l’Europe » oligarchique, mais du comment nous organiser au mieux et ignorer totalement toute cette fumisterie institutionnelle pour faire avancer enfin une société égalitaire, anti-autoritaire, non-coercitive, solidaire et finalement libre et d’agir en conséquence unis en associations libres confédérées.

Tout le reste n’est que faire le jeu de l’oligarchie en place qui tremble comme une feuille à l’idée d’une UNION des peuples sur des principes solidaires et égalitaires mettant à bas leur paradigme mortifère. Il dépense du reste des milliards pour nous maintenir divisés. Au bout du compte, quelque soit le résultat de ce « Brexit », il sera très serré et la dictature de la majorité va l’emporter, une fois de plus: quelques 51% de gens pour ou contre l’emporteront sur les 49% opposant qui devront s’incliner. Quelle fumisterie ! Une fondation solide de guerre civile comme l’aime tant l’oligarchie ! Mettez-vous à la place d’un banquier qui enfume et vole tout le monde: les gens vont s’invectiver entre les 51 et 49% des deux camps, pendant que lui et ses sbires vont continuer à les voler de plus belle ! Victoire totale de l’oligarchie… Bref la continuité dans une mascarade de « démocratie », quel que soit le résultat. Champagne !

UNION, REFLEXION, ACTION POLITIQUE DIRECTE contre les institutions archaïques et non-réformables et pour l’avènement de la société des sociétés organique et humaine. Nous n’avons rien à inventer, juste à dépoussiérer ce que nos anciens savaient déjà, pour l’adapter à notre monde moderne ce qui devrait en fait être plus facile a mettre en place si on utilise EFFICACEMENT la technologue à disposition, ce qui n’est pas du tout le cas dans notre société dégénérée, parodie d’une humanité à pourtant énorme potentiel.

Pour obtenir des réponses valides à nos problèmes communs (ceux des peuples) encre faut-il poser les bonnes questions et non pas marcher comme un seul homme dans la division organisée et institutionnelle.

Brexit et fadaises étatiques ne sont que des numéros d’illusionnisme du grand barnum oligarchique… Qu’on se le dise !