Archive pour mars, 2012

Résistance politique: La révolution libertaire espagnole et l’autogestion de 1936-39 ont posé les jalons du futur !…

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, crise mondiale, démocratie participative, documentaire, pédagogie libération, philosophie, politique et social, société libertaire, syndicalisme et anarchisme with tags , , , , , , , , , , , , , , on 31 mars 2012 by Résistance 71

Nous engageons notre lectorat à visionner ce remarquable documentaire espagnol (2007, diffusé sur Arte) sur la révolution libertaire anarcho-communiste de 1936-39, que nos livres d’histoire tronqués appellent de manière bien réductrice et pour cause; la guerre d’Espagne.

Pourquoi ? Parce que ce documentaire sur la révolution espagnole libertaire de 1936-39 est plus que jamais d’actualité au vu ce qu’il se passe en Grèce, en Espagne et bientôt en France n’en doutons pas un instant. Il restitue le contexte historique de la guerre d’Espagne, trop souvent réduit à la lutte simpliste entre les « républicains » et les « fascistes » et remet sous les feux de la rampe la révolution anarchiste que fut cette période avant tout. Solidement ancré en Espagne depuis 1868, l’anarchisme s’est développé en plusieurs étape jusqu’à la création du syndicat anarcho-communiste ou communiste libertaire de la CNT-AIT. Ce syndicat a eu plus d’un million et demi d’adhérents dans les années 1930 en Espagne et constituait de loin la première force d’organisation ouvrière du pays. En ce sens, nous avons pensé que ce documentaire valait une exception dans notre conception de l’information par les mots.

Le documentaire explique clairement le cheminement interne de la révolution et par de très nombreux témoignages de participants, hommes et femmes (dont certains très émouvants), livre les tenants d’une forme de société libertaire, qui fit tourner l’économie d’une nation sur le mode de l’autogestion. La révolution sociale espagnole a prouvé (ce que les livres d’histoire se gardent bien de nous dire afin de préserver le consensus du statu quo oligarchique) qu’un peuple pouvait parfaitement s’autogérer et se gouverner sans gouvernement officiel et sa clique habituelle de politiciens et de capitalistes parasites.

A l’heure où nous approchons du chaos économico-social téléguidé depuis les bureaux feutrés des institutions financières de Londres, Wall Street et Bruxelles et dont nos traîtres politiciens asservis seront les exécuteurs, il convient de nous inspirer des réalisations de l’Espagne libertaire pour agir solidairement avant qu’il ne soit trop tard. Comme le dit un des intervenants de cette révolution à la fin du reportage: « la société libertaire est la seule solution viable pour l’humanité. » Ceci ne sera jamais assez répété.

« L’avenir appartient à ceux qui osent. Quand on ne peut plus rêver, on meurt. » (Emma Goldman)

Viva la revoluciòn social !

— Résistance 71 —

 

Documentaire: Vivir La Utopia (en français) durée: 1H34

Tout commentaire bienvenu…

Résistance politique: la révolution islandaise

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, économie, crise mondiale, démocratie participative, militantisme alternatif, N.O.M, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, politique et social, résistance politique with tags , , , , , , , , , , , on 31 mars 2012 by Résistance 71

Nous le disons sans cesse: il n’y a pas de solutions à la crise politico-économique au sein système. L’Islande prouve, après sa banqueroute volontaire, qu’envoyer paître l’oligarchie et son système coercitif bien rôdé à la prédation économique et sociale, paie. C’est indéniable.

La coalition du peuple islandais et de quelques politiciens encore récupérables (y en a t’il chez nous, rien n’est moins sûr ?) a mis à bas les menaces et l’oppression des criminels de la finance qui utilisent leurs armes de destruction massive telles le FMI ou la Banque Mondiale, pour écraser les nations et siphonner leurs richesses.

Les Islandais ont osé, ils ont botté le cul de l’arrogance du grand capital et ils ont fait bien mieux que survivre… Ils revivent !

Comme les Argentins avant eux. La leçon est de taille, quelque soit le modèle choisi hors du système existant: cessons d’avoir peur et bottons le cul en rythme de cette racaille criminelle de la finance et ses larbins du politique, tout en nous unifiant.

Nous sommes tous islandais. L’oligarchie n’a peur que d’une chose, une seule: que les peuples s’unissent. C’est pour cela qu’elle dépense des milliards pour fomenter chaos, discorde et divisions selon les lignes tantôt économiques, tantôt culturelles et/ou religieuses, ces dernières étant du pain béni.

Il faut refuser de nous laisser diviser ! Union, solidarité et action directe auront raison de la fange néolibérale fasciste. Ne survivons pas, revivons!

— Résistance 71 —

 

La révolution en cours en Islande

 

Par Deena Stryker

 

Le 30 Mars 2012,

 

url de l’article original en français:

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=30039

 

 

On se souvient que, au début de la crise financière de 2008, l’Islande fit littéralement faillite. Les raisons ne furent mentionnées qu’en passant, et depuis lors, ce membre peu connu de l’Union Européenne a semblé s’éclipser de l’actualité.

À mesure qu’un pays européen après l’autre fait face a une quasi-faillite, mettant en péril l’euro, l’Islande devient un phare d’espoir pour avoir choisi les gens avant le profit. Voici pourquoi.

Cinq ans d’un régime néolibéral ont conduit à une privatisation de toutes les banques en Islande, (320.000 habitants, pas d’armée). afin d’attirer les investisseurs étrangers. Ces banques offraient des services bancaires en ligne dont les coûts minimes leur ont permis de fournir des taux de rendement relativement élevés.

Ces comptes bancaires, appelés Icesave, ont attiré de nombreux petits investisseurs anglais et néerlandais. À mesure que les investissements augmentaient, les dettes étrangères des banques augmentaient aussi. En 2003, la dette de l’Islande équivalait à 200 fois son PNB (produit national brut), et en 2007, elle était de 900 pour cent.

La crise financière mondiale de 2008 devint le coup de grâce. Les trois principales banques islandaises firent faillite et furent nationalisées, tandis que la couronne (monnaie de l’Islande) perdit beaucoup de sa valeur par rapport à l’euro. A la fin de cette année-là, le pays se déclara en faillite.

Les citoyens récupèrent leurs droits

Contrairement aux attentes mondiales, la crise a conduit la population à prendre le contrôle de son pays, à travers un processus de démocratie participative directe. Ceci a finalement conduit à une nouvelle constitution, mais seulement après une persévérance féroce.

Geir Haarde, le premier ministre d’une coalition gouvernementale sociale-démocrate, négocia un prêt important. Mais la communauté financière étrangère fit pression pour que l’Islande impose des mesures drastiques.

Des protestations et des émeutes s’ensuivirent, obligeant finalement le gouvernement à être remplacé par une coalition de gauche nouvellement formée.

La coalition se plia finalement face aux exigences provenant de l’extérieur et selon lesquelles l’Islande devait payer une dette totale qui aurait exigé de chaque Islandais de payer 130 $ par mois pendant quinze ans, à 5,5% d’intérêt, afin de rembourser une dette contractée par des parties privées vis-à-vis d’autres parties privées. Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase.

Ce qui s’est passé ensuite fut extraordinaire.  La croyance selon laquelle les citoyens devaient payer pour les erreurs d’un monopole financier, qu’une nation entière devait être taxée afin de rembourser les dettes privées, fut brisée.

Les relations, animées entre les citoyens et leurs politiciens, habilitèrent les dirigeants de l’Islande à agir aux cotés de leurs électeurs. Le chef de l’État,Olafur Ragnar Grimsson, refusa de ratifier la loi qui rendait les Islandais responsables des dettes bancaires  et soutint les appels à la tenue d’un référendum.

La communauté internationale furieuse

Le communauté internationale ne fit qu’accroître la pression. La Grande-Bretagne et la Hollande mirent le gouvernement et la population islandaises en garde contre des représailles terribles qui isoleraient le pays, incluant l’arrêt de l’aide du FMI  et le gel des comptes bancaires islandais étrangers.

Lors du référendum du mois de mars 2010, 93% de la population votèrent contre le remboursement de la dette. Le FMI gela immédiatement son prêt. Mais l’Islande n’allait pas se laisser intimider. Comme Grimsson le dit: « On nous a dit que si nous refusions les conditions de la communauté internationale, nous deviendrions le Cuba du nord. Mais si nous les avions acceptées, nous serions devenus l’Haïti du nord ».

Avec le soutien des citoyens furieux, le gouvernement lança des enquêtes civiles et pénales contre les personnes responsables de la crise financière. En conséquence, l’ancien ministre des Finances purgea une peine de prison de deux ans, alors qu’Interpol émit des mandats d’arrêt internationaux contre les banquiers impliqués dans le krach.

Les Islandais se mirent également d’accord sur certaines mesures de réduction budgétaire comme le démantèlement de leurs infrastructures militaires – l’IslandicDefense Agency (Agence islandaise de la défense, ou IDA), cessa d’exister en janvier 2011.

La nouvelle constitution de l’Islande

Afin de libérer le pays du pouvoir exagéré de la finance internationale et de l’argent virtuel, le peuple islandais décida de rédiger une nouvelle constitution.

La population procéda à l’élection de 25 citoyens parmi 522 adultes n’appartenant à aucun parti politique, mais recommandés par au moins trente personnes. Les réunions des électeurs furent diffusées en ligne, et les citoyens purent envoyer leurs commentaires et suggestions, étant les témoins de ce document à mesure qu’il prenait forme.

La constitution qui émergea de ce processus de démocratie participative fut soumise au parlement pour approbation à l’automne.

On a dit au peuple grec que la privatisation de leur secteur public était le seul moyen de garder le pays à flot. Les peuples de l’Italie, de l’Espagne et du Portugal sont confrontés à des pressions similaires.

Ils pourraient, ainsi que le reste d’entre nous, apprendre beaucoup de l’Islande, en refusant de se plier à des intérêts étrangers et en déclarant haut et fort que les gens peuvent reprendre et reprendront leur pouvoir.

Davantage d’informations: www.stjornlagarad.is/english

Traduit par VicFlame de Iceland’s On-going Revolution
http://www.positivenewsus.org/editions/fal11/fal1105.html

Iran et 3ème guerre mondiale: La bidasserie israélienne active sur le sol iranien…

Posted in 3eme guerre mondiale, actualité, guerre iran, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, terrorisme d'état with tags , , , , , on 31 mars 2012 by Résistance 71

Fabrication de preuves pour attaquer l’Iran? Des espions israéliens en Iran déguisés en soldats iraniens

 

Julie Lévesque

 

Le 27 Mars 2012,

 

url de l’article original:

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=29997

 

 

Un reportage publié le 25 mars dans le Sunday Times indique qu’« Israël utilise une base permanente dans le Kurdistan irakien pour lancer des missions de  renseignement transfrontalières afin de trouver des preuves tangibles que l’Iran fabrique une ogive nucléaire ». (Israeli spies scour Iran in nuclear hunt, The Sunday Times, 25 mars 2012.)

Des sources occidentales ont dit au Times qu’Israël surveillait « la radioactivité et la magnitude de tests d’explosifs [et que] des forces spéciales utilisaient des hélicoptères Black Hawk pour transporter des commandos déguisés en membres de l’armée iranienne et utilisant des véhicules militaires iraniens sur le terrain ». Les sources croient que les « Iraniens tentent de cacher des preuves révélant des tests d’ogive afin de préparer une possible visite de l’AIEA [Agence internationale de l’énergie atomique] ». (Cité dans Report: Israeli soldiers scour Iran for nukes, Ynet, 25 mars 2012.)

Selon cet article, le nombre de missions du renseignement israélien à la base militaire de Parchin en Iran s’est accru dans les derniers mois. Durant cette période, Téhéran négociait avec l’AIEA, qui avait demandé de visiter Parchin. Selon le représentant permanent iranien de l’AIEA, Ali Asghar Soltanieh, les deux parties s’étaient entendues au début de février pour que la visite ait lieu en mars. (Gareth Porter, Details of Talks with IAEA Belie Charge Iran Refused Cooperation, IPS, 21 mars 2012.)

L’AIEA a demandé de visiter Parchin à la fin janvier ainsi qu’à la fin février, après avoir accepté une visite en mars. L’Agence a donc demandé à voir le complexe militaire au moment même où Israël intensifiait ses opérations secrètes dont le but présumé est de chercher une preuve, un « pistolet fumant » (smoking gun).

Il y a quelques années, on a suggéré qu’Israël était la source de faux renseignements concernant le présumé programme nucléaire iranien, à savoir un ordinateur portable volé. Le New York Times a publié un reportage en 2005 sur ce qui devait représenter « la preuve la plus solide » indiquant que l’Iran fabriquait des armes nucléaires :

Des représentants du renseignement étasunien ont invité les chefs de l’agence internationale de l’inspection atomique (sic) sur le toit d’un gratte-ciel de Vienne dominant le Danube et ont révélé le contenu de ce qu’ils ont présenté comme étant un ordinateur portable iranien volé.

Ils ont déclaré que les documents représentaient la preuve la plus probante que l’Iran, bien qu’il insiste sur le caractère pacifique de son programme nucléaire, tentait de développer une ogive compacte adaptée à son missile Shahab, lequel peut atteindre Israël et d’autre pays du Moyen-Orient. (William J. Broad and David E. Sanger Relying on Computer, U.S. Seeks to Prove Iran’s Nuclear Aims – New York Times, 13 novembre 2005.)

En 2010, une enquête journalistique a suggéré que ces documents étaient faux :

L’ogive représentée dans les schémas avait la forme familière de « bonnet d’âne » du missile nord-coréen No Dong original, acquis par l’Iran au milieu des années 1990 […]

Les documents du portable illustraient la réingénierie du mauvais corps de rentrée […]

Il se peut qu’il n’y ait jamais de preuves concluantes sur l’origine des documents du portable, toutefois les preuves accumulées indiquent qu’Israël en serait la source. Dès 1995, le chef  de la division de recherche et d’évaluation du renseignement militaire des Forces de défense israéliennes, Yaakov Amidror, a tenté sans succès de persuader ses homologues étasuniens que l’Iran prévoyait « se nucléariser ». Selon des sources israéliennes citées par un service de presse pro-israélien, à partir de 2003-2004, les rapports du Mossad sur le programme nucléaire iranien étaient perçus par les hauts représentants de la CIA comme une tentative de faire pression sur l’administration Bush afin qu’elle envisage une action militaire contre des sites nucléaires iraniens. (Gareth Porter, Exclusive Report: Evidence of Iran Nuclear Weapons Program May Be Fraudulent, Global Research, 18 novembre 2010.)

Le fait que des agents du renseignement israélien étaient en mission secrète à Parchin, déguisés en soldats iraniens et conduisant des véhicules militaires iraniens au moment où l’AIEA faisait pression sur Téhéran pour visiter ce lieu précis soulève de sérieuses questions. Le but affiché de ces missions secrètes est la recherche de preuves tangibles, d’un « pistolet fumant ». Les allégations de « pistolet fumant » relatives aux armes de destruction massive en Irak on démontré que de telles preuves peuvent être fabriquées et utilisées  pour lancer des guerres soi-disant préemptives.

État et gouvernance mondiale: la banalisation de l’horreur, facteur de domination élitiste

Posted in actualité, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , on 30 mars 2012 by Résistance 71

Terreur et union nationale

C’est tous les jours que ce monde produit de l’horreur

 

url de l’article:

http://les-etats-d-anne.over-blog.com/article-terreur-et-union-nationale-102534686.html

 

source originale:

Terreur et union nationale – Base de données anarchistes

 

C’est tous les jours que ce monde produit de l’horreur. Dans les guerres que se mènent les États entre eux, ou contre des groupes qui, s’ils ne sont pas à proprement parler des États, ne rêvent que de pouvoir et de domination sociale et politique. A coups de bombes et autres armes frappant plus largement que les seuls adversaires soi-disant visés, c’est-à-dire frappant des centaines et des milliers d’individus qui ne demandaient pas à prendre part à ces guerres, en tout cas qui ne souhaitaient pas en crever. Cette tuerie et cette mutilation permanentes s’étendent jusque dans les conséquences sociales dues au capitalisme : par son travail, son industrie, ses nuisances, les maladies qu’il provoque en pagaille. Jour, après jour, après jour.

 

Cette horreur diffuse devient banale, on ne l’évoque qu’en citant des chiffres : dix morts par-ci, trente morts par-là, des centaines et des milliers de blessés. Banale comme une hécatombe suite à un tsunami, un tremblement de terre, fatale comme le sont les fureurs et le déchaînement périodique de la nature. On l’évoque donc (il est parfois plus profitable pour certains d’évoquer le drame que de le taire, les larmes mêmes pouvant être productives de façon intéressante dans ce monde pourri), on la glisse dans un bulletin d’information, rapidement, car on n’a au fond rien de bien substantiel à en dire. N’oubliez-pas, citoyens, le drame est là, la mort frappe toujours à nos portes, et face à elle, combien est douce la sécurité et la stabilité que l’État et l’afflux de marchandises vous apportent ! Que le petit quotidien de la survie continue et tout ira fort bien.

Mais tout à coup, voilà qu’un fait parmi d’autres arrête le temps qui passe, qu’une horreur parmi d’autres crève l’écran, que la normalité fait une pause, voilà qu’on devrait se mettre à réfléchir, alors que le reste du temps il faut juste courir vers nulle part. Voilà qu’il ne s’agit plus de quelques « brèves de l’horreur », lointaines et insignifiantes, mais de l’Horreur, avec sa figure terrifiante, la mort terroriste juchée sur un puissant scooter et revêtue de noir, qui a la fourberie de se masquer sous un casque intégral, pour échapper aux preux chevaliers de la police judiciaire. Elle laisse sept morts derrière elle.

Revenons rapidement en arrière. Oui la mort frappe continuellement, pas la mort qui vous enlève tranquillement la vie, pas juste celle qui fait que vous vous endormez dans votre lit un soir sans vous réveiller le lendemain matin. Pas juste celle qui vient vous rappeler que, bon gré, mal gré, la vie des êtres humains ne dure que quelques décennies et qu’il y a une fin à toute chose. Non, celle qui tape brutalement, qui laisse son paquet d’estropiés et d’amputés dans son sillon, en plus des cadavres ; celle qui laisse aussi la terreur, qui cherche à l’inscrire dans le crâne de ceux qui survivent. Qui veut frapper les esprits pour mieux paralyser le corps, déposséder les individus de toute prise en main autonome et concrète de leur existence. Comme nous le disions, cette mort-là a des médiateurs, des responsables particuliers. Ils agissent toujours au nom d’une idéologie, qu’elle soit politique ; démocratique ou non, ou bien religieuse, peu importe quelle religion particulière historiquement, ou bien tout ça à la fois. La faux qui s’abat pour occire et terroriser ne tombe pas du ciel, ou si cela arrive, c’est par un avion bombardier, ou par un lance-missile à longue portée, et pas par les foudres divines. Elle ne vient pas d’une « main invisible », mais d’un bras souvent vêtu de kaki, et peu importe quel écusson y est épinglé.

Dans le cas qui amène ces réflexions, il aurait été en effet fort plausible que sous l’habit noir du « motard déséquilibré », se cache aussi le kaki, puisqu’une des premières éventualités énumérées était qu’il s’agisse d’un ancien para à tendance néo-nazie voulant épancher ses pulsions racistes sur d’anciens collègues trop basanés à son goût, et sur des personnes identifiées comme « juives ».
Ce qui, accordons-nous sur ce point, était de l’ordre du possible. Mohamed Merah, l’homme identifié et finalement exécuté par le RAID, avait par le passé tenté de s’engager dans l’armée, au sein de la Légion étrangère. Il aurait donc tout aussi bien pu tuer autrement, et ailleurs. On l’a vu il y a quelques semaines, lorsqu’un G.I. américain en poste en Afghanistan est sorti de son camp pour aller tirer dans le tas dans un village voisin, massacrant indistinctement plusieurs personnes. Et oui, l’armée française est bien active en Afghanistan -et ailleurs- sous l’égide de l’OTAN ; occupation que les États appellent « mission de sécurisation, d’assistance et de transferts des compétences en ce domaine à l’État Afghan », et que nous appelons simplement guerre et occupation militaire. Cela signifie, à moins de vouloir changer la signification des mots, bombarder, tuer, massacrer, pacifier par la force et la contrainte, contrôler, humilier, perquisitionner et au besoin exécuter. Si le « tueur de Toulouse » avait été engagé à l’époque dans l’armée, force aurait été de conclure qu’il aurait été formé à l’école même de l’État. On ne l’aurait alors pas désigné comme « tueur sanguinaire », mais comme « simple soldat ». Dans le cas de Toulouse et de Montauban, l’acte d’appuyer sur la gâchette n’a pas été donné par le commandement militaire, et les cibles n’ont pas été désignées par lui. Pas cette fois-ci, précisément. Mais dans bien d’autres situations, dans bien plus de situations, ça l’est.

Aussi quand l’État décide de rayer de la carte des villages et des villes entières, donc des milliers de vies humaines, par le napalm, la bombe thermonucléaire, les fameuses frappes chirurgicales ou toute autre joyeuseté en sa possession, c’est la raison qui parle, la civilisation, la démocratie, et même, allons-y dans le cynisme, le Progrès et la « liberté ». Il y a donc l’horreur et les massacres justifiés, les guerres justes et les guerres saintes, et puis il y a le « tueur à scooter de Toulouse ». Celui-ci est, selon une foule d’experts qui accoure la bave aux lèvres dés que le sang coule sur le trottoir, un « fou isolé », un « déséquilibré aux motivations idéologiques », un « terroriste individualiste » (sic). Soyons clairs et nets : un type comme celui-là, on ne va pas pleurer sa mort. Mais ceci dit soyons clairs et nets jusqu’au bout : qu’est-ce qui, ces derniers jours, a fait la teneur de ce que politiciens, médias et représentants communautaires ont qualifié de « drame national » ? Voilà qu’une réponse fuse, évidente : « on ne s’en prend pas aux enfants » et « s’attaquer à des personnes en fonction de leur religion, couleur de peau, ou origines supposées, c’est de la barbarie ».

De la barbarie, bien. Je ne connais pas, personnellement, de barbares, j’en suis désolé. Je ne connais que des individus devant survivre au sein de la civilisation, entre les mailles de la grande broyeuse économique (qui mange aussi des enfants), que la politique vient souvent racoler sous des fanions verts, bleus, roses, rouges, tous tricolores au final. Certains s’y accommodent assez bien, d’autres n’en peuvent plus ; les uns crient « vive la patrie ! », d’autres en ont marre et se tirent une balle dans la tête ou se pendent, en laissant un mot disant à peu près « Travail m’a tuer ». Les uns se débrouillent comme ils peuvent pour grappiller quelques miettes, quitte à faire une crasse à un autre forcé lui aussi de se débrouiller. Les uns vantent sourire aux lèvres les vertus de cette société, du labeur et de la famille, les autres (parfois ce sont les mêmes en fait) se shootent au Prozac, juste pour… continuer. Il y en a aussi qui en ont plus qu’assez de cette foutue vie de merde, mais qui avant de casser leur pipe se rebellent, mordent la main du maître, pourrissent la vie du donneur d’ordres. Certains parmi eux s’en tirent pas trop mal, d’autres (combien de millions sur cette planète murée ?) finissent derrière des barreaux. D’autres sont assassinés par les flics. D’autres tirent dans le tas, souvent en revendiquant une cause, parfois par ce qu’on appelle par défaut nihilisme.

Je vois très bien tout ça, mais je n’ai jamais vu de barbare. Barbare, barbare… ah oui, le barbare, celui qu’on définit par opposition à la civilisation. Il y a la civilisation, et il y a la barbarie. Les barbares et les civilisés. Les citoyens et les sauvages. Les uns sont courtois et polis, mangent à table et sont propres, sont sages à l’école, utiles à la société, et celle-ci leur rend hommage par une petite dalle de marbre à l’heure dernière. Les autres… Quelle horreur ! Mais là, il s’agissait d’un nouveau type de barbare, un barbare roulant en T-MAX Yamaha et équipé d’armes automatiques. Un barbare à la pointe de la technologie, et animé par une idéologie. Mettons un peu d’ordre dans tout ce merdier. Armes de guerre, puissant engin à moteur, racisme, idéologie, agissement froid et maîtrisé, art de la gâchette et même camera embarquée. Notre barbare n’était pas habillé de peaux de bêtes, il ne tenait pas de gourdin grossièrement taillé, il avait sûrement en tête tout un argumentaire bien raisonné pour expliquer pourquoi il faut méthodiquement et froidement éliminer tout ce qui est « juif » (les militaires, c’est encore autre chose) de la surface du globe. Isolé disait-on ? « Fou » ? « Terroriste » ?

Isolé. Certainement pas. Pour notre grand malheur, des personnes qui, sans peut-être appuyer sur la gâchette à tout va, sont animés par l’idéologie raciste et/ou religieuse, il y en a eu un paquet dans le passé, il y en a encore plein aujourd’hui, et ce à tous les échelons et postes de la société, « serviteurs de Dieu » aussi bien que militaires, simple quidam anonyme ou personnage d’État. Le « tueur à scooter » agissait peut-être seul, mais ce qui le mettait en branle, son idéologie rance, occupe aussi l’esprit d’un grand nombre de gens. En d’autres termes, on parle d’arbre qui cache la forêt ou de pointe visible de l’iceberg.

Fou. Comment dire… Ce terme, en fin de compte, est aussi bancal que celui désignant les fameux « barbares ». Qui est fou, qui est « sain d’esprit » et incarnation de la Raison Pure, vaste question, qui agite peut-être frénétiquement les pensées et calculs des spécialistes, sociologues, médecins, généticiens, psychologues, psychanalystes, psychiatres et autres psychothérapeutes, mais qui à vrai dire nous laisse un peu indifférents. La folie est tantôt décrite comme l’incapacité à se conformer aux normes sociales, tantôt comme résultant au contraire d’une overdose de normalité, on parle des fous d’amour, des fous à lier. L’argent, le pouvoir, l’environnement déprimant, le travail, la jalousie, la voiture comme le métro, la possession et la dépossession, l’enfermement, les médicaments mêmes, rendent les gens « fous ». La société rend « fou ». Parler de folie dans ce cas précis, c’est empêcher de mettre le doigt sur l’idéologie et la logique morbide qui est derrière l’acte.

Terroriste. Pour l’instant, on sait que le tueur a tué, et qu’il a crée une certaine terreur. Peut-être son but était simplement de tuer, peut-être voulait-il à la fois tuer et répandre la terreur. Mais on ne le sait pas. Nous pensons en avoir assez dit au début de ce texte concernant cette question du terrorisme : qu’on invoque le Führer, je ne sais quel Dieu ou prophète, ou la République démocratique, un massacre (plus ou moins discriminé, ça ne change pas grand’ chose à l’affaire) reste un massacre, et le pouvoir reste le pouvoir, la domination veut dominer, et pour cela, tuer en masse et terroriser vont de pair ; terroriser et contrôler (de façon plus ou moins violente), terroriser pour exploiter. L’État est nécessairement terroriste, c’est lui qui a crée le concept de Terreur et la réalité qui va avec.

Et c’est l’État qui prétend, pas seulement depuis ce lundi ou quatre personnes ont été abattues devant et dans une école à Toulouse, mais depuis des décennies, mener la lutte « anti-terroriste ». « La République est bien plus forte que le terrorisme », clame le chef de l’État. On lui répondrait facilement (si on avait cette idée bizarre de vouloir dialoguer avec le pouvoir) : « La République est forte comme le terrorisme, par le terrorisme ». Certes, il serait simpliste de ne voir dans la domination que la résultante de la terreur, imposée avec force. Il y a bien aussi, une forme de consensus, d’intérêt parfois partagé entre l’État et des pans de la société, d’acceptation plus ou moins teintée de dégoût. De la servitude volontaire et de la résignation, de la servilité par lâcheté ou par conviction, par peur ou par résignation. Une résignation monnayée, peu ou prou. Une soumission obtenue par la menace de crever de faim, de se retrouver à la rue. Par la carotte et par le bâton, par le salaire et par la prison.
Toujours est-il que le gouvernement en a profité pour décréter le passage au niveau « écarlate » du plan Vigipirate, soit le niveau maximum, dans la région Midi-Pyrénées et les départements limitrophes. Pas un seul des salauds politiques, adorateurs du pouvoir, ne l’a critiqué sur ce point, et ça n’étonnera que les niais. Voici, dans le verbiage chatoyant propre au langage de l’État, ce que vise le plan Vigipirate élevé à ce niveau : « prévenir le risque d’attentats majeurs (simultanés ou non), mettre en place les moyens de secours et de riposte appropriés, des mesures particulièrement contraignantes pouvant être mises en œuvre, protéger les institutions et assurer la continuité de l’action gouvernementale ». En deux mots comme en mille : occupation policière et militaire à chaque coin de rue, surveillance omniprésente, possibilité de contrôles à tout instant, en tout lieu et sans « justification formelle », peur diffuse. Il s’agit du dernier stade avant l’état d’urgence. La même chose qu’en temps normal, est-on tenté de dire. Oui, seulement avec l’effet d’annonce en plus, et avec un peu plus d’intensité et surtout plus de moyens. Le plan Vigipirate est activé depuis le début des années 90, au niveau « rouge » depuis les attentats de Londres en 2005. Mais la démocratie se réserve tout le temps la possibilité de resserrer et de desserrer l’étau de son contrôle social sur les populations en fonction de la situation : émeutes généralisées, situation pré-insurrectionnelle, état de guerre, catastrophe nucléaire…Les situations dites d’urgence, décrétables et multipliables à l’envie, permettent de mieux ancrer dans l’esprit et la peau de tout un chacun l’habitude d’être parqué, surveillé, déplacé, fiché, fliqué. De réaffirmer le monopole de la violence entre les seules mains de l’État, et de façon visible, démonstrative même. Il est donc vain de s’indigner face à de supposées « lois d’exception » qui seraient l’envers de la normalité démocratique. Les deux sont inséparables.

Que dire aussi de ce monde polarisé en identités imaginaires ? Lorsque le tueur assassine des personnes d’origine musulmane, on convoque les dits « représentants » de la « communauté » musulmane pour exprimer son chagrin. Puis lorsqu’il tue des personnes d’origine juive, on convoque les équivalents juifs. Comme si le chagrin causé par la mort d’un individu ne concernait que ses co-religionnaires, comme si le chagrin devait forcement appartenir à un groupe social bien défini. C’est dans cette confusion identitaire bien typique de l’époque, additionnée à ce que Dagerman appelait la « dictature du chagrin », que le voile nauséeux de l’autorité assoie la domination de ses sujets. Pourquoi le président se sent-il obliger d’aller s’expliquer avec le premier ministre israélien à chaque fois qu’un crime raciste est perpétré contre une personne désignée par ses agresseurs comme juive ? Ces personnes appartiennent elles à l’Etat israélien ? Ces personnes appartiennent elles à une quelconque communauté avant de s’appartenir à elles-mêmes ? Quand cela arrange le pouvoir, les victimes sont d’abord françaises, des « enfants de la République », et quand il faut brosser dans le sens du poil les lobbys religieux, on use du discours contraire. Quoiqu’il en soit on reste dans le culte de la charogne et les logiques politiques et électoralistes de récupération ou non, selon les opportunités.

Dans une unanimité touchante, nos écolo-socialo-souveraino-centro-frontdegaucho-facho-réacto mêlent donc leurs voix pour entonner : « Vive la République ! Vive l’Union Nationale ! ». Les quelques voix critiquant partiellement ce chantage se sont empressées de préciser qu’elles encourageaient par ailleurs le travail des enquêteurs et des forces de l’ordre, à savoir la Section Anti-Terroriste, et qu’en cas de changement de majorité au parlement, les moyens des services de renseignements seraient augmentés.
L’Union Nationale, parlons-en. Celle qui s’enthousiasmait dés le XIXe siècle pour aller porter les lumières républicaines dans les contrées lointaines à coup de canons, de sabre et de goupillon, celle qui permit la boucherie de 14-18, celle qui porta Pétain sur un trône, celle qui releva le capitalisme en 45 en larguant quelques bombes à Sétif et en laissant bien tranquilles les collabos, qui massacra, tortura et jeta allègrement dans la Seine pendant la guerre d’Algérie. Celle qui permet au pouvoir de mieux isoler, mater et éliminer les rétifs, les rebelles, les sans-patrie, les révolutionnaires, ceux qui crachent sur tous les drapeaux et tous les régimes. Qui refusent d’aller se faire trouer la peau et de trouer la peau des autres pour des intérêts qui ne sont pas les leurs, qui ne le seront jamais.

Nous sommes de ces derniers, et nous comptons bien ne pas rester impuissants dans la posture du refus. Nous refusons et nous combattons à la fois le chantage de l’unité nationale, le ralliement sous la bannière républicaine, qui est toujours l’horreur étatique et capitaliste. Nous refusons tout autant de crier avec les loups avides de racket communautaire et religieux, cette autre forme de muselage universel qui, loin de s’opposer à la domestication politique et au règne de l’argent, en est leur compagnon de route historique, très efficace pour diffuser hiérarchie, fatalisme, obéissance et division entre pauvres.

Si nous autres opprimés, indésirables et révoltés dans ce monde, devons critiquer et combattre jour après jour tout ce qui fait de nous des esclaves, ça ne sera jamais en tirant dans le tas, ni pour répandre la terreur et l’horreur, mais précisément pour en finir avec tout ce qui en est la cause : l’État, le racisme et le nationalisme, l’argent, Dieu.

Pour la liberté.
La liberté pour tous et toutes.

 

Ni citoyens, ni flics

Ni fascisme, ni démocratie

Ni religion, ni terreur
Ni fric, ni État

Ni patrie, ni nation, ni frontières

Ni maîtres, ni esclaves.

20 mars 2012.

 

Source : Terreur et union nationale – Base de données anarchistes

 

 

Solution à la crise: l’autogestion une idée plus que jamais d’actualité…

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, économie, crise mondiale, démocratie participative, militantisme alternatif, N.O.M, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, philosophie, politique et social, politique française, résistance politique, société libertaire with tags , , , , , , , , , , , , , on 29 mars 2012 by Résistance 71

L’autogestion a son association

 

Par l’Association pour l’Autogestion

 

url de l’article original:

http://www.autogestion.asso.fr/?page_id=15

 

L’autogestion est à la fois un but et un chemin. Comme but, l’autogestion constitue la forme d’organisation et le mode de fonctionnement d’une société fondée sur la participation de toutes et de tous à l’ensemble des décisions dans les champs économique et politique, à tous les niveaux de la sphère collective pour l’émancipation de chacun et de chacune. Comme chemin, l’autogestion est nécessaire pour accumuler des forces, faire la démonstration que les dominations et les hiérarchies ne sont pas fatales, et qu’une autre société, postcapitaliste, est possible. L’autogestion est de ce point de vue une utopie concrète.

L’Association a pour ambition de promouvoir la réflexion et l’éducation populaire sur la thématique de l’autogestion. Elle vise à mutualiser les expériences de façon critique sans les transformer en modèles normatifs, et à appuyer toute initiative s’inscrivant dans le sens d’un projet émancipateur. Elle regroupe des hommes et des femmes, syndicalistes, coopérateur-rices, associatifs, féministes, écologistes et politiques de différents horizons.

Après avoir été fortement présent dans les mobilisations et les débats politiques des années 1970, l’Autogestion réapparait aujourd’hui à la faveur de multiples luttes et expériences dans le monde (démocratie directe, reprises d’entreprises, coopératives, résistances et pratiques alternatives au système). La mondialisation capitaliste et la crise écologique nous imposent de réactualiser un certain nombre de débats.

Il n’y a pas de modèle clé en main d’un processus de transformation de la société, ni des formes achevées d’une organisation sociale autogestionnaire. Néanmoins, commencer à
se poser quelques questions fondamentales c’est tenter d’y répondre :

▪                Formes de la socialisation ;

▪                Conciliation des intérêts locaux et globaux ;

▪                Combinaison entre la satisfaction des besoins sociaux, les capacités productives et les impératifs écologiques ;

▪                Redéfinition des institutions adéquates à la démocratie ;

▪                Remise en cause par la démocratie autogestionnaire des formes institutionnelles actuelles ;

▪                Rendre effective l’égalité hommes/femmes à tous les niveaux de décision ;

▪                Place du processus autogestionnaire dans les transformations et les ruptures.

Notre objectif est nécessairement international et notre démarche altermondialiste. Nous  recherchons des partenaires poursuivant des finalités analogues, sous tous les continents.

Texte adopté par l’Assemblée générale du 22 octobre 2011

L’impérialisme du XXIème ne vampirise plus que ses colonies… mais vampirise essentiellement ses propres citoyens pour continuer la guerre perpétuelle lucrative !

Posted in actualité, CIA et traffic de drogue, France et colonialisme, guerre iran, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, N.O.M, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, politique et lobbyisme, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , on 28 mars 2012 by Résistance 71

Dr. Paul Craig Roberts économiste, il était l’assistant secrétaire au trésor de l’administration Reagan (secrétaire d’état aux finances chez nous), éditeur associé au Wall Street Journal, Senior Research Fellow de la Hoover Institution, Stanford University, il tînt la chaire William E. Simon Chair de Politique Economique, Center for Strategic and International Studies, Georgetown University.

Il est l’auteur et le co-auteur de neuf livres et a témoigné devant des commissions d’enquête du congrès américain en trente différentes occasions.

Pas exactement le « gôchiste » de base… Un conservateur honnête (c’est tout à son honneur même si nous ne sommes pas d’accord avec une très bonne partie des ses vues économiques et politiques), qui s’est retourné contre le système qu’il a servi pendant quelques décennies.

Nous avons traduit ci-dessous son dernier article en date.

– Résistance 71 –

 

Les empires d’hier et d’aujourd’hui

 

Par Dr. Paul Craig Roberts

 

Le 27 Mars 2012,

 

url de l’article original:

http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=29988

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

 

Les grands empires, comme Rome et l’empire britannique, étaient exploiteurs. Ces empires réussirent parce que la valeur des ressources et des richesses tirée des territoires conquis excédait le coût de la conquête et de la gouvernance des terres conquises. La raison pour laquelle Rome n’a pas étendu plus avant son empire à l’Est en Allemagne n’a rien eu à voir avec les prouesses militaires des Germains mais tout à voir avec le calcul fait par Rome que le coût de la conquête excéderait la valeur des ressources exploitables.

L’empire romain s’est effondré parce que les Romains épuisèrent leurs ressources humaines et naturelles dans des guerres civiles, se déchirant entr’eux pour la conquête du pouvoir. L’empire britannique a échoué parce que celui-ci s’est épuisé à combattre l’Allemagne dans deux guerres mondiales. Dans son livre “La règle des empires”, publié en 2010, Timoty H. Parsons remet en perspective le mythe de l’empire civilisateur avec la vérité de l’empire exploiteur. Il décrit le succès des Romains, du califat d’Umayyad, des Espagnols au Pérou, de Napoléon en Italie, des Britanniques en Inde et au Kenya, succès dû à l’extraction des ressources. Pour baisser le coût de gouverner le Kenya, les Britanniques ont développé une conscience tribale et inventé des coutumes tribales qui favorisaient la gouvernance britannique.

Parsons n’examine pas l’empire américain, mais dans son introduction au livre, il se demande si l’empire américain est vraiment un empire dans la mesure où les Américains ne semblent pas tirer profit de l’exploitation faite. Après huit ans de guerre et une tentative d’occupation de l’Irak tout ce que Washington a reçu pour ses efforts ne sont que quelques milliers de milliards de dollars de dette supplémentaire et pas de pétrole irakien. Après 10 ans et une lutte ayant également coûté plusieurs milliers de milliards de dollars contre les Talibans en Afghanistan, Washington n’a rien à montrer si ce n’est de manière possible, quelques parts dans le commerce de la drogue qui est utilisé pour financer les opérations secrètes de la CIA.

Les guerres de l’Amérique sont très coûteuses. Bush et Obama ont doublé la dette nationale et le peuple américain n’en a tiré absolument aucun bénéfice. Aucune richesse, aucun pain et aucun jeu n’abondent pour les Américains des guerres de Washington. Alors pourquoi ? de quoi s’agit-il ?

La réponse est que l’empire de Washington exploite les ressources du peuple américain lui-même pour le pur bénéfice des intérêts personnels de quelques groupes qui régissent les Etats-Unis. Le complexe militaro-industriel, Wall Street, l’agro-business et le lobby d’Israël utilisent le gouvernement pour pomper les ressources des Américains tout à leur profit et soif de pouvoir. La constitution des Etats-Unis a été pompée pour les intérêts de l’état policier et les revenus des citoyens ont été redirigés dans les poches du 1%. Voilà comment fonctionne l’empire américain.

Le nouvel empire est différent. Il existe sans avoir à conquérir. La force militaire américaine n’a pas conquis l’Irak et a été obligée de quitter le pays par un gouvernement fantoche que Washington avait elle-même installé. Il n’y a pas de victoire en Afghanistan et après une décennie de guerre, l’armée américaine ne contrôle toujours pas le pays.

Dans le nouvel empire, le succès des guerres n’est plus important. L’exploitation se produit par le fait d’être en guerre. Des sommes énormes d’argent des contribuables ont été siphonnées dans les industries de l’armement et une énorme partie du pouvoir absorbée par la Sécurité de la Patrie (NdT: Roberts fait ici référence au DHS, Department of Homeland Security, la Stasi, Securitate du pays du goulag levant). L’empire américain ne fonctionne qu’en privant, volant les citoyens de leur richesse et de leur liberté.

Voilà pourquoi la guerre ne peut pas prendre fin, ou si l’une s’arrête, une autre doit commencer. Rappelez-vous lorsqu’Obama est arrivé à la Maison Blanche et qu’on lui demanda ce qu’était la mission américaine en Afghanistan ? Il répondît alors qu’il ne savait pas en quoi elle consistait et qu’il fallait définir cette mission.

Obama n’a jamais défini cette mission. Il a renouvelé la guerre en Afghanistan sans jamais en établir le but. Obama ne peut pas dire aux Américains que le but de la guerre est de renforcer le pouvoir et les profits du complexe militaro-industriel aux dépends des citoyens américains.

Cette vérité ne veut pas dire que les objets de l’agression militaire américaine n’ont pas de prix. Un très grand nombre de musulmans ont été bombardés et assassinés, l’économie de leur pays et les infrastructures complètement détruites, mais pas afin de pomper leurs ressources.

Il est ironique de constater, que sous le nouvel empire, ses citoyens sont siphonnés de leur richesse et de leur liberté afin de détruire les vies des populations étrangères ciblées. Tout comme les musulmans bombardés et assassinés, les Américains sont les victimes de leur propre empire.

Guerres impérialistes: le pays du goulag levant (USA) et la France arrogants dans la défaite…

Posted in actualité, documentaire, France et colonialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, politique française, terrorisme d'état with tags , , , , on 27 mars 2012 by Résistance 71

Obama et Sarkozy : l’attitude des impérialistes face à leurs défaites (Black Agenda Report)

 

Par Glen FORD

 

Le 26 Mars 2012

 

url de la traduction originale en français:

http://www.legrandsoir.info/obama-et-sarkozy-l-attitude-des-imperialistes-face-a-leurs-defaites-black-agenda-report.html

 

A leur manière dépravée et inimitable, les gouvernements français et américains ont insulté deux millions de morts algériens et irakiens, sans un mot pour les victimes. La France est restée très silencieuse sur sa défaite en Algérie, il y a 50 ans, tandis que le président américain débitait des mensonges éhontés sur la guerre en Irak en omettant de reconnaître la défaite des Etats-Unis ou les morts irakiens.

Il y a 50 ans, les Français ont reconnu leur défaite dans leur guerre contre l’indépendance de l’Algérie, par la signature d’un cessez-le-feu officiel. Le gouvernement de Nicolas Sarkozy a dit qu’il n’organisait pas de cérémonies officielles parce que la commémoration rouvrirait « des blessures profondes d’une page douloureuse de l’histoire récente de la France. » Car il ne s’agit que des Français, voyez-vous – de « leur » douleur d’avoir été battus par le peuple qu’ils avaient soumis et traité comme une forme de vie inférieure depuis 132 ans ; « leur » douleur face à leur défaite en tant que puissance impériale, pas celle des Algériens qui ont perdu un million d’hommes, de femmes et d’enfants dans leur lutte pour l’indépendance.

Cette semaine marque aussi le 9ème anniversaire de l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis. Les Américains n’ont, bien entendu, jamais admis leur défaite – bien que la défaite soit la seule raison du retrait des troupes du pays. Le Président Barack Obama a respecté, avec beaucoup de réticences, l’accord sur le retrait des troupes que les Irakiens ont imposé au Président George Bush en novembre 2008, lorsqu’il devint évident que la guerre d’agression des Etats-Unis avait échoué.

Obama fut encore moins élégant dans la défaite que le président français Sarkozy, qui a eu au moins la décence de se taire. En proclamant le 19 mars « journée nationale de l’Honneur », Obama a salué « le courage inébranlable et l’engagement sans faille » des troupes US qui ont combattu « pied à pied pour aider le peuple irakien a saisir une chance pour un avenir meilleur. » D’autres obscénités et mensonges éhontés sont sortis de la bouche d’Obama, tandis que le Président reprenait à son compte les grands crimes de George Bush contre la paix mondiale et son holocauste contre le peuple irakien. « La guerre a laissé des blessures parfois invisibles, mais qui ne guériront jamais, » a dit Obama – parlant, bien sûr, uniquement des blessures subies par les Américains, tout comme Sarkozy a parlé uniquement de la douleur des Français. Voyez-vous, l’anniversaire de l’invasion d’un pays par les Etats-Unis ne concerne que les Américains, les 4500 Américains morts, à qui Obama a dit « nous avons une dette envers vous que nous ne pourrons jamais effacer. » Aucune mention de la dette de sang envers plus d’un million de morts Irakiens, hommes, femmes et enfants, dont le pays, jadis un des plus avancés du monde arabe, fut littéralement détruit par les Etats-Unis, et qui espèrent ne plus jamais revoir un uniforme américain.

Que valent un million de morts algériens aux yeux des Français ? La même chose qu’un million de morts irakiens morts aux yeux des Etats-Unis : ils ne valent même pas la peine d’être mentionnés.

Il n’y a pas de mot pour décrire la turpitude morale absolue des impérialistes, la banalité de leurs génocides, leur narcissisme sans bornes et leurs gémissements d’auto-apitoiement pour les quelques rares victimes dans leurs propres rangs au cours de leur course à la destruction globale.

Les Américains et les Européens occidentaux ne regrettent rien sinon leurs propres défaites dans la guerre de 500 ans qu’ils mènent contre les peuples basanés de la terre. Ils ont annihilé et réduit à l’esclavage des continents entiers, et osent appeler ça la civilisation. Leur seul regret ne concerne que la perte récente de leur domination absolue sur l’espèce humaine dont ils sont encore convaincus de faire partie de la couche supérieure. C’est dans des moments comme celui-ci, lorsque les gouvernements français et américain révèlent les signes de leur dégénérescence, que se confirme la corrélation étroite qui existe entre racisme et impérialisme, et la nécessité de les éliminer une bonne fois pour toutes.

Glen Ford

http://blackagendareport.com/content/obama-and-sarkozy-how-i…

Traduction « allo, maman bobo, mon B52 a une fuite d’huile » par VD pour le Grand Soir avec probablement les fautes et coquilles habituelles

 

Média et propagande: Syrie et presse française… Désinformation d’usage ou mensonges éhontés

Posted in 3eme guerre mondiale, actualité, désinformation, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, média et propagande, N.O.M, politique française, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , on 27 mars 2012 by Résistance 71

La propagande médiatique de la pressetituée atlantiste bat son plein pour mettre la pression sur l’ONU et forcer une résolution du CS pour autoriser une intervention armée de l’Organisation Terroriste de l’Atlantique Nord en Syrie.

Cet article de Silvia Cattori montre à quel point les médias français manquent, à dessein bien sûr, de la déontologie la plus basique sur le métier (comme vérifier les sources par exemple…). De fait, la presse française est engagée sans espoir de retour dans une vaste opération d’enfumage des citoyens. Ce fut le cas pour la Libye, c’est le cas pour la Syrie, avec toujours en toile de fond le cautionnement d’une agression supplémentaire sur l’Iran.

La pressetituée franchouillarde aux ordres des banquiers et des vendeurs d’armes remplit la pathétique mission de propagande que ses maîtres payeurs lui ont assignée. Ce n’est pas un hasard si les pitres de sarkoland ne perdent jamais une occasion de démontrer leur volonté de museler la toile, instrument de leur perte.

Le sénateur américain Jay Rockefeller avait dit publiquement il y a plusieurs années déjà: « nous n’aurions jamais dû inventer l’internet » et pour cause les médias alternatifs et citoyens sont devenus la première source d’information de contre-propagande de masse, freinant voire empêchant parfois, la marche en avant oligarchique pour un Nouvel Ordre Mondial néo-féodal post-industriel.

Plus dure sera la chute pour les criminels de la politique-finance.

— Résistance 71 —

 

La ville de Homs « sous un déluge de feu » le 23 mars ?

 

Selon le journaliste Jérôme Bastion la ville de Homs a été bombardée le 23 mars 2012 ; et elle serait assiégée, coupée du monde, privée de communication avec l’extérieur, depuis début février. Selon un témoin interrogé par Silvia Cattori il n’y aurait eu aucun bombardement à Homs le 23 mars. Qui dit vrai ? A chacun de juger.

 

25 MARS 2012

 

Silvia Cattori

 

 

Au journal de 18 heures du 23 mars de radio France culture [1] nous avons appris que, la ville de Homs avait été bombardée par les troupes gouvernementales le jour même. Ceci se fondant sur ce que rapportait Jérôme Bastion d’un habitant de Homs interrogé le jour même par communication satellite.

Nous avons tout de suite contacté l’un de nos correspondants qui habite dans le quartier Akrama à Homs. Premier constat. La ville de Homs ne serait pas encerclée ni privée de communication avec l’extérieur. Elle est atteignable par un simple téléphone. Deuxième constat. Homs n’aurait pas été bombardée par l’armée nationale le 23 mars ni les jours précédents.

Un habitant de Homs [non associé à la rébellion] répond à Silvia Cattori le 23 mars à 19 heures.

« Nous n’avons entendu aucun bruit. Il n’y a eu aucun bombardement aujourd’hui. Tout est calme. Je suis sorti voir des amis. Homs n’est pas encerclée, toutes les routes sont ouvertes. Les gens peuvent quitter Homs sans problème. Ma mère est allée à Damas il y a une semaine. Depuis plusieurs semaines nous vivons en sécurité. L’armée ne bombarde pas. Ce sont les milices de la soi-disant « Armée syrienne libre » (ASL) qui continuent de tuer des militaires et des civils. Encore aujourd’hui un soldat a été tué. Je le sais car il habitait mon quartier ».

« Depuis que notre armée a réussi à déloger les milices et à reprendre les choses en main, les gens reviennent chez eux dans les quartiers qui étaient presque vides. L’insécurité demeure dans trois quartiers, notamment à Khaldiyeh, où l’armée nationale continue de pourchasser les milices qui maintiennent en otage de nombreuses familles. Mon oncle qui avait été kidnappé il y a deux mois est revenu hier à la maison très mal en point, très éprouvé, mais s’estimant très chanceux. Il est à l’hôpital. De nombreuses autres personnes enlevées ne sont pas revenues et les familles sont sans nouvelles d’elles . »

Compte rendu de France culture retranscrit par nos soins

« Homs, toujours bombardée depuis des semaines car il s’agit de l’épicentre de la contestation. Jérôme Bastion a recueilli le témoignage d’un habitant qui habite aux abords de Khaldiyeh au nord de la ville où l’armée concentre ses attaques. Comme beaucoup cet homme cherche à fuir la ville. Depuis les semaines de l’assaut lancé contre Baba Amro, la ville de Homs a été coupée du reste du monde, privée de communication. Juste ce matin grâce à une communication satellite cet habitant dit que l’armée continue de pilonner la ville près de chez lui ».

La traduction du témoignage de l’habitant interrogé par Jérôme Bastion :

« La situation est pire qu’auparavant. Les bombardements aujourd’hui sont d’une intensité incroyable, ça tombe de partout ; ils utilisent toute sorte d’artillerie, la plupart du temps des chars modèle T72, mais aussi souvent des roquettes. On manque de tout, la ville est encerclée…il n’y a aucun moyen de sortir d’ici…Les bombardements continuent de faire des blessés par dizaines… » [2]

Conclusion

La presse internationale depuis le début des troubles en Syrie ne s’appuie que sur des sources liées à l’opposition islamiste, notamment l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) et les Comités locaux de coordination (LCC). Elle ne vérifie pas l’authenticité des informations qu’ils livrent ; elle ne prend jamais en compte le point de vue des victimes des exactions commises par les opposants islamistes armés. En n’attribuant les exactions qu’aux forces de Bachar el-Assad les journalistes participent d’une propagande -comme on l’a vu en Irak et en Libye- qui conditionne l’opinion publique de manière à justifier une intervention extérieure. [3]

 

URL de cet article : 
http://www.silviacattori.net/article3018.html

Silvia Cattori

 

[1] France Culture, 23 mars. Retranscrit plus bas par nos soins. 
Voir également l’article de Jérôme Bastion paru le lendemain, 24 mars, reprenant ce qu’il a été rapporté sur France culture : « En Syrie, Homs, coupée du monde, reste sous un déluge de feu », RFI, 24 mars 2012. 
http://www.rfi.fr/moyen-orient/20120324-syrie-homs-coupee-monde-subir-deluge-feu

[2] Un habitant de Homs (situé dans un quartier contrôlé par les rebelles) joint par communication satellite le 23 mars matin, répond à Jérôme Bastion.

Le Monde n’est pas en reste. Le 23 mars 2012 il rapporte, sans le mettre au conditionnel, ce que dit une source non fiable : «  Homs, autre place forte des rebelles, deux civils ont été tués par des tirs de roquette de l’armée sur le quartier de Bab Sbaa, selon l’OSDH ».

[3] Selon le politologue Pierre Piccinin « Les événements de Syrie constituent un cas d’école extrême de désinformation médiatique, peut-être plus encore que la guerre du Golfe de 1991, voire même que la guerre de Yougoslavie, dans les années 1990’, ou celle d’Irak de 2003, ou que l’intervention atlantique en Libye en 2011. »http://www.pierrepiccinin.eu/article-syrie-desinformation-massive-100255439.html

Nouvel Ordre Mondial: le sarkozysme et la politique de la peur…

Posted in actualité, crise mondiale, N.O.M, neoliberalisme et fascisme, police politique et totalitarisme, politique et social, politique française, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , on 26 mars 2012 by Résistance 71

L’affaire Merah en France: la politique de la peur

 

 

Par Edwy Plenel

 

Le 25 Mars 2012,

 

url de l’article original:

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=29954

 

 

L’affaire Mohamed Merah est un fiasco pour le pouvoir en place. Fiasco de sa politique sécuritaire comme de sa politique tout court : la première impuissante à prévenir la dérive d’un déséquilibré connu de ses services policiers, la seconde incapable de mobiliser les alertes des diverses administrations qui l’avaient croisé. sa politique sécuritaire comme de sa politique tout court : la première impuissante à prévenir la dérive d’un déséquilibré connu de ses services policiers, la seconde incapable de mobiliser les alertes des diverses administrations qui l’avaient croisé. Plus essentiellement, c’est un fiasco de cette politique de la peur qui distingue le sarkozysme, dont la virulence angoissante masque la profonde inefficacité. 

Ni rire ni pleurer, mais comprendre. Enoncée par Baruch Spinoza, cette exigence est celle de la raison. C’est celle de l’esprit des Lumières et de l’ humanisme de la Renaissance. Celle d’une pensée qui ne cède pas aux passions tristes de la haine et de la violence.

Face à des actes terrifiants comme ceux de Mohamed Merah qui, a priori, nous semblent incompréhensibles tellement ils blessent notre humanité, comprendre ne signifie évidemment pas excuser, mais apprendre pour faire en sorte que cela ne se reproduise pas. Apprendre pour prévenir. Apprendre, y compris de l’inhumanité de l’homme.

Le sarkozysme ne l’entend pas ainsi. Le président-candidat et son parti, l’ UMP, rêvent de mettre en congé la démocratie et, avec elle, l’intelligence. Plus de questions dérangeantes, plus de réflexions stimulantes, plus de débats utiles, plus de critiques constructives. Rien d’autre qu’un silence général avec une seule voix autorisée, celle du pouvoir, d’un pouvoir réduit à son essence policière. Loin d’une décence due aux familles des victimes, la suspension momentanée de la campagne électorale se révèle une stratégie politicienne : faire taire les oppositions. À tel point que, dans un montage vidéo qui se retourne contre son propos, le parti présidentiel juge indécentes les déclarations pourtant avisées, réfléchies et posées de François Bayrou, François Hollande, Eva Joly et Jean-Luc Mélenchon sur les enseignements des tueries de Toulouse et Montauban.

À la raison qui réfléchit de façon dépassionnée, Nicolas Sarkozy préfère cette déraison d’État qu’il n’a cessé de cultiver, jouant des passions, exploitant les émotions, usant des registres de l’excès et de l’irrationnel. Ainsi, jeudi 22 mars à Strasbourg, s’est-il empressé de désigner une barbarie qui nous serait étrangère, « un monstre », a-t-il asséné avant d’ interdire tout commentaire, à la manière d’un tabou moral : « Lui chercher la plus petite excuse serait une faute morale impardonnable. Mettre en cause la société, montrer du doigt la France, la politique, les institutions, c’est indigne ». Il ne faudrait donc se poser aucune question sur le climat de tension qu’ont alimenté des idéologies potentiellement meurtrières qui font le tri entre les hommes, leurs humanités, leurs religions et leurs civilisations (lire ici mon analyse) ? Ni sur une société française malmenée, déchirée et divisée, travaillée par l’injustice, l’exclusion et l’indifférence, au point de laisser sans secours des enfants perdus, égarés par leur désespoir (lire là le parti pris de François Bonnet) ?

Ces grands moulinets en forme d’interdits de Nicolas Sarkozy s’ accompagnent de propositions aussi liberticides qu’irréalistes. Face à la dérive criminelle d’un seul – cette « autoradicalisation salafiste atypique », qui résume l’itinéraire du tueur, selon le procureur de la République –, le président-candidat n’hésite pas à désigner comme boucs émissaires la circulation des idées et celle des hommes. Faisant fi des principes constitutionnels fondamentaux garantissant la liberté de penser et de s’exprimer, il propose de punir pénalement « la consultation de sites Internet qui appellent à la haine et à la violence », ainsi que « toute personne se rendant à l’ étranger pour y suivre des travaux d’endoctrinement à des idéologies conduisant au terrorisme ». Si ces propositions se concrétisaient, elles signifieraient la naissance d’une législation d’exception qui criminaliserait les opinions jugées dangereuses par le pouvoir.

L’affaire Merah, une cascade de loupés et de ratés Mais cette fuite en avant, affolée et précipitée, masque mal un immense embarras. Car autant dire tout net ce que, par précaution gestionnaire ou prudence électorale, les responsables politiques n’osent pas dire trop haut alors qu’ils le pensent tout bas : de bout en bout, cette histoire dramatique est un immense fiasco. Un fiasco sans étiquette politique qui met en cause nombre d’administrations, de services, de professions, de métiers – tout ce tissu de responsabilités et de compétences qui, quand elles fonctionnent de façon harmonieuse, font tenir debout la société, la protègent et la sécurisent. Mais un fiasco particulièrement accablant pour celui qui, depuis dix ans et sa nomination en 2002 au ministère de l’intérieur, prétend incarner la sécurité des Français en faisant de la « culture du résultat » son principe cardinal.

Quand on les récapitule, les « failles » spontanément évoquées par le ministre des affaires étrangères, Alain Juppé (lire ici notre article), se révèlent des gouffres dont la béance laisse pendantes d’immenses questions. 

En guise de résultats en effet, une cascade de loupés et de ratés, d’occasions manquées et d’alertes vaines. Avant sa dérive criminelle, Mohamed Merah fut donc un client très régulier de la justice des mineurs, un délinquant emprisonné à plusieurs reprises, un suicidaire hospitalisé et expertisé par un psychiatre, un jeune à la dérive menaçant des voisins et des voisines au nom de l’extrémisme religieux. Mais ce fut aussi un drôle de touriste au Pakistan et en Afghanistan, tout récemment puisque durant ces deux dernières années, 2010 et 2011, à une époque et dans des régions en guerre où les routards ne sont plus de saison. Et ce fut surtout un voyageur repéré par les forces américaines en Afghanistan qui l’ont renvoyé illico en France ; une recrue terroriste potentielle fichée par les services anti-terroristes internationaux, notamment américains, qui l’avaient interdit de vol sur leurs compagnies et vers leur destination ; bref, un profil chargé et signalé comme il n’en existe guère plus de quelques dizaines dans les fichiers de l’anti-terrorisme français concernant les jeunes nationaux pouvant basculer dans l’action violente.

Et il faudrait accepter sans débat, sans commission d’enquête indépendante, sans interpellation publique légitime, comme si c’était la faute à pas de chance, que cet individu n’ait pas été surveillé de plus près ? 

Alors même qu’il était repéré et traité par la DCRI, ce « FBI à la française », créé depuis 2007 pour professionnaliser le « renseignement intérieur », dont un fonctionnaire l’avait même entendu de façon informelle à l’automne 2011 ? À ce fiasco de départ, celui de la DCRI qui est le plus lourd de conséquences tant la prévention des crimes est la plus efficace des polices, s’en est ajouté un deuxième : une enquête de police judiciaire qui n’a pas réussi à empêcher la tuerie dans l’école juive de Toulouse, faute d’avoir su exploiter plus rapidement les deux pistes datant du premier meurtre, celui du 11 mars, à Toulouse toujours – une annonce consultée sur Internet et un scooter de marque Yamaha.

Hélas, le croisement de ces deux éléments et du profil de Mohamed Merah n’ est intervenu que le mardi 20 mars, au lendemain de la tuerie antisémite et alors que le tueur avait déjà sept cadavres à son passif. Mais il faut croire que, dans cette mauvaise série policière dont la société française a fait les frais, le fiasco devait être général. Car le final fut la malheureuse démonstration par une unité d’élite, le RAID, en théorie spécialisée dans la neutralisation de forcenés, de son impuissance à maîtriser et interpeller vivant un seul individu dont l’armement ne faisait pourtant pas le poids. Avec cette information ultime qui fait encore plus désordre : l’autopsie du corps de Mohamed Merah a montré qu’il était criblé de balles, malgré le gilet pare-balles qu’il portait, avec vingt-deux impacts sur les bras et les jambes, sans compter le tir mortel à la tête Politisation et privatisation de la police nationale Dans un tel enchaînement de dysfonctionnements en cascade, l’explication par la supposée incompétence individuelle des policiers concernés ne tient pas. Trop de services impliqués, trop de métiers différents, trop de spécialités requises.

Il faut plutôt la chercher du côté du mélange des genres entre police et politique dont l’effet est toujours désastreux, réussissant à affaiblir, éroder et entraver le professionnalisme des meilleurs. Car depuis maintenant dix bonnes années, Nicolas Sarkozy a fait de la police nationale son domaine réservé, flattant ses responsables, promouvant ses fidèles, imposant une conception presque prétorienne de l’institution, comme si elle était sa chose, son bouclier, son vivier. Au point de se camper lui-même, durant la crise toulousaine, en ministre de l’intérieur depuis le palais de l ’Elysée tandis que le ministre en exercice était promu chef d’enquête sur place, au grand dam de la justice, de ses principes comme de ses hommes, et, plus essentiellement, de la séparation des pouvoirs.

Depuis son élection à la présidence, ses deux principaux fidèles, Brice Hortefeux de 2009 à 2011, puis Claude Guéant depuis 2011, ont été nommés à la tête du ministère de l’intéreur. Le directeur général de la police nationale, Frédéric Péchenard, est un ami d’enfance du chef de l’État. Bernard Squarcini, le patron de la DCRI, nouvellement créée par la fusion des RG et de la DST et placée à l’abri du secret défense, est un policier des Renseignements généraux qui a lié sa carrière à une fidélité manifeste à Nicolas Sarkozy.

Sous cette présidence, plusieurs hauts responsables policiers sont devenus préfets de la République en récompense de leur allégeance, de la Seine-Saint-Denis à l’Isère, en passant par la zone de défense de Paris. Parmi eux, l’un des anciens chefs du RAID, unité choyée par l’ex-maire de Neuilly depuis une prise d’otages dans une maternelle, en 1993, dont l’auteur, qui s’était fait connaître sous le surnom de “Human Bomb”, fut tué par les policiers lors de l’assaut. Totalement hors norme et sans précédent, la gestion élyséenne des tueries de Montauban et Toulouse a montré sans fard la politique qui a inspiré cette patiente et systématique prise de contrôle de l’institution policière. Politisation et privatisation en sont les deux ressorts. Une hiérarchie policière soumise à un exécutif réduit à la seule présidence de la République, docile et dévouée, sans distance ni réserve. Une imbrication néfaste des compétences professionnelles et des calculs politiciens, mélange des genres qui produit inévitablement soit des retards ou des fiascos, soit des transgressions illégitimes, voire illégales, comme dans le cas de l’espionnage policier des journalistes de l’affaire Bettencourt pour connaître leurs sources.

Bref, la politisation que la police nationale avait eu bien des difficultés et mis beaucoup de temps à conjurer dans les années 1980 après les années de l’après-1968 et l’époque de Raymond Marcellin est de retour. Qui en douterait après la mise en avant de Claude Guéant, et de lui seul, sur la piste du criminel à Toulouse, le ministre de l’intérieur et bras droit du chef de l’Etat éclipsant, au mépris du code de procédure pénale, l’ autorité judiciaire, non seulement sa présence mais sa légitimité ? Qui en douterait encore en voyant les patrons de la DCRI (dans Le Monde) et du RAID (dans Le Figaro) monter au créneau de concert, avec l’aval et en soutien de leur ministre, pour tenter de justifier leurs échecs (prévenir le crime, interpeller le criminel) dans une opération de communication qui ne souffre guère la contradiction ?

Dans toute démocratie adulte – c’est le cas notamment de la Grande-Bretagne –, une enquête indépendante serait menée pour établir les responsabilités afin de remédier aux dysfonctionnements apparus. Quant à la culture du résultat tant vantée par Nicolas Sarkozy, elle a déjà sanctionné, pour des loupés bien moindres, des hauts fonctionnaires qui n’ avaient pas été au rendez-vous des attentes présidentielles. Il faut donc croire que ces responsables policiers le sont, eux. Sans doute parce qu’au delà de leur allégeance, ils sont les maillons d’un dispositif supposé assurer cette politique de la peur dont le sarkozysme a fait son fonds de commerce depuis le retour ministériel de son héros en 2002. « Ayez peur, et je m’occupe du reste » : cette politique parie sur l’insécurité plutôt qu’elle n’y remédie. Elle l’agite, l’entretient, l’utilise, l’ exploite, l’excite, etc. Tout l’inverse d’une politique de concorde nationale et de sécurité publique, celle que résume cette ancienne dénomination républicaine du policier de base en uniforme : gardien de la paix. La politique de la peur est angoissante, parce que cette angoisse lui laisse le champ libre. Elle est virulente, parce que cette violence lui fournit ses prétextes. Et elle ne cesse d’attendre son occasion, crise, crime, fait divers, attentat, etc., pour entraîner l’opinion dans un tourbillon de rodomontades autoritaires et de régressions démocratiques.

Mais ce que montre la séquence toulousaine autour de l’affaire Merah, c’est qu’elle est foncièrement inefficace. 

Les peurs qu’elle ne cesse d’agiter lui reviennent en boomerang, et elle s’avère incapable de protéger la société de leurs impacts, dégâts et déchirements. Aussi faut-il souhaiter, à quelques semaines d’une élection décisive où l’alternance nécessaire et l’ alternative souhaitable sont en jeu, que cette démonstration fasse son chemin dans toute la société française. Pour en finir avec la peur et la politique qui parie sur elle, cette politique éminemment dangereuse parce qu’elle ne résout rien et aggrave tout. Et pour prendre le temps d’apaiser la société française, en la réconciliant avec elle-même, c’est-à-dire avec les siens, de tous âges, de toutes conditions, de tous lieux, de toutes origines.

Relever la France, ce serait alors lui redonner de la tenue et de la hauteur, de la confiance et de la sérénité, de la solidarité et de la générosité. Est-il besoin d’ajouter que cette ambition est celle d’une République radicalement démocratique et sociale ?

L’illusion démocratique: Du principe d’autorité (Proudhon) en cinq épisodes – 5ème et dernière partie –

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, démocratie participative, militantisme alternatif, pédagogie libération, philosophie, politique et social, politique française, résistance politique, société libertaire with tags , , , , , , , , , , , on 25 mars 2012 by Résistance 71

Nous publions ici en cinq épisodes un texte essentiel de Pierre Joseph Proudhon et de la littérature anarchiste: « Du principe d’autorité ». Essai qui identifie les tenants du leurre démocratique et fait toucher du doigt les remèdes à ce fléau.

Le texte se divise en ces parties:

1– Le préjugé gouvernemental

2- Du pouvoir absolu à l’anarchie

3- Des lois et du système représentatif

4- Du suffrage universel et du gouvernement du peuple

5- Plus (la fin de) d’autorité

A lire et diffuser sans modération…

— Résistance 71 —

 

5ème et dernière partie


PLUS D’AUTORITÉ

L’idée capitale, décisive, de cette Révolution, n’est-elle pas, en effet : plus d’autorité, ni dans l’Église, ni dans l’État, ni dans la terre, ni dans l’argent ?

Or, plus d’autorité, cela veut dire ce qu’on n’a jamais vu, ce qu’on n’a jamais compris, accord de l’intérêt de chacun avec l’intérêt de tous, identité de la souveraineté collective et de la souveraineté individuelle.

Plus d’autorité ! c’est-à-dire dettes payées, servitudes abolies, hypothèques levées, fermages remboursés, dépenses du culte, de la Justice et de l’État supprimées ; crédit gratuit, échange égal, association libre, valeur réglée ; éducation, travail, propriété, domicile, bon marché, garantis ; plus d’antagonisme, plus de guerre, plus de centralisation, plus de gouvernements, plus de sacerdoces. N’est-ce pas la société sortie de sa sphère, marchant dans une position renversée, sens dessus dessous ?

Plus d’autorité ! c’est-à-dire encore le contrat libre à la place de la loi absolutiste ; la transaction volontaire au lieu de l’arbitrage de l’État; la justice équitable et réciproque, au lieu de la justice souveraine et distributive ; la morale rationnelle, au lieu de la morale révélée ; l’équilibre des forces substitué à l’équilibre des pouvoirs : l’unité économique à la place de la centralisation politique. Encore une fois, n’est-ce point là ce que j’oserai appeler une conversion complète, un tour sur soi-même, une révolution ?

Quelle distance sépare ces deux régimes, on peut en juger par la différence de leurs styles.

L’un des moments les plus solennels, dans l’évolution du principe d’autorité, est celui de la promulgation du Décalogue. La voix de l’ange commande au peuple, prosterné au pied du Sinaï :

Tu adoreras l’Éternel, lui dit-il, et rien que l’Éternel ;

Tu ne jugeras que par lui ;

Tu chômeras ses fêtes, et tu lui paieras la dîme ;

Tu honoreras ton père et ta mère ;

Tu ne tueras pas ;

Tu ne voleras point ;

Tu ne forniqueras pas ;

Tu ne commettras point de faux ;

Tu ne seras point envieux et calomniateur;

Car l’Éternel l’ordonne, et c’est l’Éternel qui t’a fait ce que tu es. L’Éternel seul est souverain, seul sage, seul digne ; l’Éternel punit et récompense, l’Éternel peut te rendre heureux et malheureux.

Toutes les législations ont adopté ce style, toutes, parlant à l’homme, emploient la formule souveraine. L’hébreu commande au futur, le latin à l’impératif, le grec à l’infinitif. Les modernes ne font pas autrement : (…) quelle que soit la loi, de quelque bouche qu’elle parte, elle est sacrée, dès lors qu’elle a été prononcée par cette trompette fatidique, qui chez nous est la majorité.

« Tu ne te rassembleras pas ;

« Tu n’imprimeras pas ;

« Tu ne liras pas ;

« Tu respecteras tes représentants et tes fonctionnaires, que le sort du scrutin ou le bon plaisir de l’État t’aura donnés ;

« Tu obéiras aux lois que leur sagesse t’aura faites ;

« Tu payeras fidèlement le budget ;

« Et tu aimeras le gouvernement, ton seigneur et ton dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ton intelligence : parce que le gouvernement sait mieux que toi ce que tu es, ce que tu vaux, ce qui te convient, et qu’il a le pouvoir de châtier ceux qui désobéissent à ses commandements, comme de récompenser jusqu’à la quatrième génération ceux qui lui sont agréables. »

Ô personnalité humaine! se peut-il que pendant soixante siècles tu aies croupi dans cette abjection ! Tu te dis sainte et sacrée, et tu n’es que la prostituée, infatigable, gratuite, de tes valets, de tes moines et de tes soudards. Tu le sais, et tu le souffres ! Être gouverné, c’est être gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré, réglementé, parqué, endoctriné, prêché, contrôlé, estimé, apprécié, censuré, commandé, par des êtres qui n’ont ni le titre, ni la science, ni la vertu.

Être gouverné, c’est être, à chaque opération, à chaque transaction, à chaque mouvement, noté, enregistré, recensé, tarifé, timbré, toisé, cotisé, patenté, licencié, autorisé, apostillé, admonesté, empêché, réformé, redressé, corrigé. C’est, sous prétexte d’utilité publique, et au nom de l’intérêt général, être mis à contribution, exercé, rançonné, exploité, monopolisé, concussionné, pressuré, mystifié, volé; puis, à la moindre résistance, au premier mot de plainte, réprimé, amendé, vilipendé, vexé, traqué, houspillé, assommé, désarmé, garrotté, emprisonné, fusillé, mitraillé, jugé, condamné, déporté, sacrifié, vendu, trahi, et pour comble, joué, berné, outragé, déshonoré. Voilà le gouvernement, voilà sa justice, voilà sa morale ! Et dire qu’il y a parmi nous des démocrates qui prétendent que le gouvernement a du bon; des socialistes qui soutiennent, au nom de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, cette ignominie; des prolétaires qui posent leur candidature à la présidence de la République ! Hypocrisie !… Avec la Révolution, c’est autre chose. La recherche des causes premières et des causes finales est éliminée de la science économique comme des sciences naturelles.

L’idée du progrès remplace, dans la philosophie, celle de l’absolu.

La Révolution succède à la révélation.

La raison, assistée de l’expérience, expose à l’homme les lois de la nature et de la société ; puis elle dit :

Ces lois sont celles de la nécessité même. Nul homme ne les a faites ; nul ne te les impose. Elles ont été peu à peu découvertes, et je n’existe que pour en rendre témoignage.

Si tu les observes, tu seras juste et bon, si tu les violes, tu seras injuste et méchant. Je ne te propose pas d’autre motif (…), tu es libre d’accepter ou de refuser.

Si tu refuses, tu fais partie de la société des sauvages. Sorti de la communion du genre humain, tu deviens suspect. Rien ne te protège. À la moindre insulte, le premier venu peut te frapper, sans encourir d’autre accusation que celle de sévices inutilement exercés contre une brute.

Si tu jures le pacte, au contraire, tu fais partie de la société des hommes libres. Tous les frères s’engagent avec toi, te promettent fidélité, amitié, secours, service, échange (…).

Voilà tout le contrat social.