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Repenser l’apocalypse… D’un monde des mondes à la société des sociétés, un manifeste indigène anti-futuriste (Indigenous Action Media)

Posted in 3eme guerre mondiale, actualité, altermondialisme, colonialisme, crise mondiale, documentaire, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, militantisme alternatif, philosophie, politique et social, résistance politique, société des sociétés, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , on 11 Mai 2024 by Résistance 71

Plus on lit ce texte et plus il nous fait réfléchir… A diffuser comme antidote à la toxicité étatico-marchande arrivant à son summum de nuisance et de destruction mais aussi à sa fin programmée dans sa propre existence.
~ Résistance 71 ~

“De la même façon qu’il y a une mondialisation néolibérale, il y a aussi une mondialisation de la rébellion.”
“Se battre contre le capitalisme dans sa phase néolibérale, c’est se battre pour l’humanité.”
~ 6ème déclaration zapatiste, 2005 ~

“Après avoir souffert au-delà de la souffrance, la nation rouge se relèvera de nouveau et ce sera alors une bénédiction pour un monde devenu bien malade. Un monde empli de promesses brisées, d’égoïsme et de séparations. Un monde se languissant de lumière. Je vois une époque de sept générations lorsque toutes les couleurs de l’humanité se rassembleront sous l’arbre sacré de la vie et la terre entière redeviendra de nouveau un cercle unique. Ce jour là, il y aura ceux parmi les Lakota qui porteront la connaissance et la compréhension de l’unité parmi tous les êtres vivants et les jeunes gens blancs viendront vers ceux de mon peuple pour leur demander de leur dispenser leur sagesse. Je salue la lumière dans tes yeux, là où réside l’univers entier. Car quand tu es au centre de toi-même et que je suis également en cet endroit en mon sein, alors nous sommes un.”
~ Tasunke Witko, Crazy Horse, Cheval Fou, chef de guerre Oglala, Sioux ~

Manifeste_antifuturiste_indigene

…Ceci est une transmission depuis un futur qui n’existera jamais, d’un peuple qui n’existe pas…

Repenser l’apocalypse : un manifeste indigène anti-futuriste

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“La fin est proche. Ou est-elle venue et repartie auparavant ?
~ un ancêtre ~

Indigenous Action Media

Mars 2020

Traduit de l’anglais par Résistance 71

Mai 2024

Pourquoi peut-on imaginer la fin du monde et pas celle du colonialisme ?

Nous vivons le futur d’un passé qui n’est pas le notre.

C’est une histoire de fantasmagories utopiques et d’idéalisation apocalyptique.

C’est un ordre social global pathogène de futurs imaginés, fondé sur le génocide, la mise en esclavage, l’écocide et la ruine totale.

Quelles conclusions devons-nous apporter à un monde construit d’ossements et de métaphores vides de sens ? Un monde de fins fétichisées calculées parmi la fiction collective de spectres virulents. De tomes religieux à un spectacle scientifique fictionnalisé, chaque ligne du temps imaginée, construire de manière si prévisible ; un commencement, un milieu et ultimement, une fin.
Inévitablement dans ce narratif, il y a un protagoniste combattant un Autre ennemi (une appropriation générique d’une spiritualité africaine / haïtienne, un zombie) et attention : ce n’est ni vous ni moi. Tant de gens sont avidement prêts à être les derniers survivants d’une “Zombies Apocalypse”. Mais ce sont des métaphores interchangeables, ce zombie / Autre, cette apocalypse.

Ces métaphores vides, cette linéarité, n’existent que dans les langues de cauchemars, elles sont parties de l’imagination d’apocalypse et d’une impulsion.

Cette “façon de vivre”, cette “culture”, est une domination qui consomme tous ses propres bénéfices. C’est un ré-agencement économique et politique pour être dans le moule d’une réalité reposant sur les piliers de la concurrence, de la propriété et du contrôle à la poursuite du profit et de l’exploitation permanente. Il professe la “liberté”, pourtant son fondement, sa fondation se situe sur un sol volé alors que sa structure même est construite par des vies volées.

C’est cette “culture” qui doit toujours avoir un Autre Ennemi, à blâmer, à réclamer, à affronter, à réduire en esclavage, à assassiner. Un ennemi sous-homme que n’importe quel et toute forme de violence extrême n’est pas seulement permise d’utiliser contre, mais attendue. Si elle n’a pas d’Autre immédiat, elle se dépêche d’en fabriquer un. Cet Autre n’est pas créé de la peur mais sa destruction en émane. Cet Autre est constitué d’axiomes apocalyptiques et de misère permanente. Cette autre chose, cette maladie weitko, est peut-être le mieux symptomatisé dans son plus simple stratagème :

Ils sont sales, ne méritent pas de vivre. Ce sont des incapables, des bons à rien fainéants. Ils sont aléatoires. Ce sont des non-croyants, des païens. Ils n’ont aucune valeur. Ils sont faits pour notre bénéfice. Ils détestent notre liberté. Ce sont des ignorants, des ignares. Ce sont des nègres, des indigènes, des pédés. Ce sont des moins que rien. Ils sont contre nous, jusqu’à ce que finalement, ils n’existent plus. Dans ce constant mantra de violence recadrée, c’est eux ou vous. C’est l’Autre qui est sacrifié pour une continuité immortelle et cancéreuse. C’est l’Autre qui est empoisonné, qui est bombardé, laissé en silence sous les ruines et les gravas. Cette façon de n’être pas, qui a infecté tous les aspects de notre vie, qui est responsable de l’annihilation de nombreuses autres espèces, de l’empoisonnement de nos océans, de l’air, de la terre, les coupes franches et abattage de forêts entières, l’incarcération de masse, la possibilité technologique d’une guerre apocalyptique et tous les problèmes de pollution, ceci est la politique mortifère du capitalisme, c’est une pandémie.

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« Cher colonisateur, ton futur est fini. » (un ancêtre)

Une fin qui est venue auparavant

L’invasion physique, mentale, émotionnelle et spirituelle de nos terres, corps et esprits pour s’installer et exploiter, est le colonialisme. Des navires ont fait voile sur des vents empoisonnés et des marées écarlates à travers les océans ont poussé d’un souffle court et l’impulsion au sondage, des millions et des millions de vies furent éteintes avant même qu’ils puissent nommer leur ennemi. 1492, 1918, 2020…

Les couvertures infectées de variole en guerre biologique, le massacre généralisé de notre membre de la famille le bison des grandes plaines, la ruine des rivières donneuses de vie, l’incendie d’une terre immaculée, les marches forcées, les traités scélérats, l’emprisonnement dans les camps / réserves, l’éducation coercitive par l’abus, le viol et la violence. Le train train quotidien post guerre, post-génocide, l’humiliation post-coloniale des forts et notre lent suicide de masse sur l’autel du capitalisme : travail, salaire, impôt, loyer, boire, manger, dormir, baiser, se reproduire, prendre sa retraite et mourir. C’est sur le bord de la route, en vente dans les marchés indiens, servir les boissons au casino, refaire le stock. De bons Indiens derrière, vous.

Ce sont les cadeaux de destinées manifestes infestées et infectieuses. C’est cet imaginaire futur que nos geôliers voudraient nous faire perpétuer, nous faire prendre part. L’imposition sans pitié de ce monde mort fut motivé par une utopie idéalisée comme Charnel House, ce fut “pour notre bien”, imposer un autre passé et avec lui, un autre futur.

Ce sont les idéaux apocalyptiques des abuseurs, des tortionnaires, des racistes et du système patriarcal. La foi aveugle doctrinaire de ceux qui ne peuvent voir la vie qu’au travers d’un prisme, un caleïdoscope cassé d’une guerre total et sans fin.

C’est une apocalypse qui colonise notre imagination et détruit notre passé et notre futur simultanément. C’est une lutte pour dominer le sens et toute l’existence de l’humain. C’est le futurisme du colonisateur, du capitaliste. C’est en même temps chaque futur qui fut jamais volé par le pilleur, le va t’en guerre et le violeur.

Ça a toujours été une question d’existence et de non-existence. C’est l’apocalypse actualisée. Et avec la seule certitude d’avoir une fin mortifère, le colonialisme est un fléau une peste bubonique.

Nos ancêtres comprirent que cette façon d’être ne pouvait pas être raisonnée ni qu’on ne pouvait négocier avec elle. Que cela ne pouvait pas être tempéré ni récupéré. Ils avaient compris que cet apocalypse n’existe qu’en absolus.

Nos ancêtres ont rêvé contre la fin du monde

Bien des mondes sont partis avant celui-ci. Nos histoires traditionnelles sont étroitement imbriquées avec la fabrique même de la naissance et de la fin des mondes. Au travers de ces cataclysmes, nous avons appris bien des leçons qui ont façonné qui nous sommes et comment nous devons nous comporter les uns avec les autres. Nos façons d’être  sont informées en trouvant l’harmonie par et de la destruction des mondes. L’ellipse. Naissance. Mort. Renaissance.

Nous avons une méconnaissance des histoires sur les histoires du monde qui fait partie de nous. C’est la langue du cosmos, il parle en prophéties longuement gravées dans les cicatrices d’où rêvèrent nos ancêtres. C’est la danse des fantômes (Ghostdance), les 7 feux, la naissance du bison blanc, la 7ème génération, ce sont les 5 soleils, ceci est écrit dans la pierre près d’Oraibi et au-delà. Ces prophéties ne sont pas juste prédictives, elles ont aussi été des diagnostiques et des instructions.

Nous sommes les rêveurs rêvés par nos ancêtres. Nous avons traversé tout le temps entre les respirations de nos rêves. Nous existons en unité avec nos ancêtres et les générations non-nés. Notre futur tient dans nos mains. C’est notre mutualité et notre inter-dépendance. C’est notre famille. Ce sont les plis de nos mémoires, consciemment pliées par nos ancêtres. C’est notre temps-rêve collectif et c’est maintenant. Autrefois, demain, hier.

L’imagination anti-coloniale n’est pas une réaction subjective aux futurismes coloniaux, c’est un futur anti-occupation. Nos cycles de vies ne sont pas linéaires, notre futur existe sans temps. C’est un rêve, vierge, non-colonisé.

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Ceci est l’anti-futur indigène

Nous ne sommes pas préoccupées de la façon dont nos ennemis nomment leur monde mort ni comment ils nous reconnaissent ou voient ces terres. Nous ne sommes pas préoccupés à refaire leurs façons de gérer, de contrôler ou d’honorer leurs accords ou traités morts. Ils ne seront pas obligés de terminer la destruction que leur monde a jeté sur nous. Nous ne les supplions pas de mettre un terme à toutes les pollutions, car ceci est la conclusion de leur impératif apocalyptique et leur vie est construite sur la mort de la Terre-Mère. Nous enterrons l’aile droite et l’aile gauche ensemble sous cette terre qu’ils sont si avides de consumer (NDT : et de consommer…). La conclusion de la guerre idéologique de politiques coloniales est que les peuples indigènes perdent toujours, à moins que nous nous perdions nous-mêmes.

Les capitalistes et les colonisateurs / colons ne vont pas nous mener vers les futurs morts.

L’idéalisation apocalyptique est une prophétie auto-réalisatrice. C’est le monde linéaire finissant de l’intérieur. La logique apocalyptique existe dans une zone émotionnellement, spirituellement, mentalement morte, qui se cannibalise aussi elle-même. La mort se lève pour consumer toute vie.

Notre monde vit quand leur monde cesse d’exister.

En tant qu’anti-futuristes indigènes, nous sommes la conséquence de l’histoire du futur du colonisateur. Nous sommes la conséquence de leur guerre contre la Terre-Mère. Nous ne permettrons pas au spectre du colon, aux fantômes du passé de hanter les ruines de ce monde. Nous sommes l’actualisation de nos prophéties. Nos prophéties devenues réalité. Ceci est le ré-émergence du monde des cycles. Ceci est notre cérémonie.

Entre des ciels silencieux. Le monde respire de nouveau et la fièvre tombe.

La terre est tranquille, attendant que nous écoutions.

Quand il y a moins de distractions, nous allons à l’endroit d’où nos ancêtres ont émergé, ainsi que leur voix, notre voix.

Il y a ici un chant plus vieux que les mots, il guérit plus profondément que la lame du colonisateur puisse jamais couper.

Et là, notre voix. Nous fûmes toujours des guérisseurs. Ceci est la toute première médecine.

Le colonialisme est un fléau, une peste bubonique, le capitalisme est une pandémie. Ces systèmes sont anti-vie, ils ne se soigneront jamais. Nous ne permettrons pas que ces systèmes malades, pourris, corrompus, récupèrent. Nous croîtrons et continuerons de croître.

Nous sommes les anticorps

Addendum:

Dans notre passé / votre futur, ce furent les attaques non-linéaires, non-systémiques sur une infrastructure vulnérable comme les commodités de carburant, les couloirs de transport, la grille énergétique, les systèmes de communication et plus, qui rendirent le colonialisme d’occupation impossible sur ces terres.

  • Notre organisation est cellulaire, elle ne demande aucun mouvement formel
  • La cérémonie fut/est notre libération, notre libération fut/est cérémonie
  • Nous honorons nos enseignements sacrés, nos ancêtres et les générations à venir
  • Nous n’avons pris crédit de rien. Nous n’avons pas issus de communiqués. Nos actions furent et sont notre propagande
  • Nous avons célébré la mort de la solidarité gauchiste et son romantisme myope et apocalyptique
  • Nous n’avons rien demandé aux capitalistes et aux colons occupants

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“En se présumant eux-mêmes inconsciemment d’avoir de droit un pouvoir mental de juger les “païens”, les chrétiens furent capables d’affirmer que les Indiens n’avaient pas le droit de continuer de vivre leur mode de vie libre et indépendant. Sur la base biblique que le peuple élu possède la tâche providentielle de soumettre la Terre et d’exercer une domination sur tout être vivant, les chrétiens se considéraient eux-mêmes comme un peuple élu ayant l’obligation divine de “sauver” les païens et leurs nations en les subjuguant, ce qui fut référé par le doux euphémisme de les “civiliser”. Ceci devait être accompli en brisant les nations païennes pour ensuite tourner leurs membres en des individus chrétiens qui deviendraient, par le moyen d’une assimilation graduelle, soit des sujets d’une monarchie chrétienne européenne ou des citoyens d’un état européen chrétien. De ce point de vue, les païens sont destinés par dieu à être sauvés et réduits à la “civilisation” européenne chrétienne.”
~ Steven Newcomb, 2008 ~

“La révolution anarchiste est aujourd’hui la révolution naturelle, celle qui ne peut pas se laisser dériver ou confisquer par des groupes, factions ou partis, classes ou autorités.”
~ López Arangó ~

Enfance ruinée
Génération non-née
Demain, espoir temps
(Haïku, Resistance 71)

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Textes connexes à lire et diffuser sur le sujet :

« Du chemin de la société vers son humanité réalisée » (Résistance 71)

« Kaianere’kowa, la Grande Loi de la Paix » des nations Haudenosaunee, XIIème siècle

« Païens en terre promise, décoder la doctrine chrétienne de la découverte » (Steven Newcomb)

« Effondrer le colonialisme » (Résistance 71)

« La voie Lakota et l’aventure Crazy Horse / Cheval Fou » (Joseph Marshall)

« Nous sommes tous des colonisés » (Résistance 71 )

Compilation pour une société des sociétés (Gustav Landauer)

Ericco Malatesta, écrits choisis

3 textes sur le peuple en arme

« EZLN, Chiapas, une communauté en arme » (Tikva Honig-Parnass)

« Si vous avez oublié le nom des nuages, vous avez oublié votre chemin » (Russell Means)

« Un manifeste indigène », Taiaiake Alfred (Mohawk)

« Wasase, La grande loi du changement » Taiaiake Alfred

« Echange et pouvoir de la chefferie indienne » (Pierre Clastres)

« Chiapas, feu et parole d’un peuple qui dirige et un gouvernement qui obéit » (EZLN)

« L’heure de la Commune des Communes a sonné ! » (Pierre Bance)

« Entretien avec des anarchistes du Rojava » (TA)

« Du Chiapas aux Gilets Jaunes en passant par le Rojava » (Résistance 71)

« Le communisme anarchiste » Sam Dolgoff

« L’art de ne pas être gouverné » James C. Scott

« L’après-histoire ou la révolution par le don » (Zénon)

« Effondrer le colonialisme par apostasie collective » (Jo Busta Lally)

DECF

Le facteur de pourrissement et le retrait du consentement ou le (grand) pouvoir de dire NON ! (Résistance 71)

Posted in 3eme guerre mondiale, actualité, altermondialisme, colonialisme, coronavirus CoV19, crise mondiale, gilets jaunes, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, média et propagande, militantisme alternatif, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, politique et social, politique française, résistance politique, santé et vaccins, science et nouvel ordre mondial, sciences et technologies, société des sociétés, technologie et totalitarisme, terrorisme d'état, Union Europeenne et nouvel ordre mondial with tags , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , on 7 Mai 2024 by Résistance 71

“L’empire est en même temps guerre, obscurantisme et tyrannie, affirmant désespérément qu’ils sera fraternité, vérité et liberté : la logique de ses postulats l’y oblige…
[…] En attendant de dominer l’espace, l’empire se voit contraint de régner sur le temps. Niant toute vérité stable, il lui faut aller jusqu’à nier la forme la plus basse de la vérité, celle de l’histoire. Il a transporté la révolution, encore impossible à l’échelle du monde, dans le passé qu’il s’attache à nier.”
“La révolte aux prises avec l’histoire ajoute qu’au lieu de tuer et mourir pour produire l’être que nous ne sommes pas, nous avons à vivre et faire vivre pour créer ce que nous sommes.”
~ Albert Camus, “L’homme révolté”, 1951 ~

“On remarque vite que la médecine aujourd’hui n’a, bien sûr, plus le droit de défendre la santé de la population contre l’environnement pathogène, car ce serait s’opposer à l’État, ou seulement à l’industrie pharmaceutique.”
“Le secret domine ce monde et d’abord comme secret de la domination.”
~ Guy Debord, “Commentaires sur la société du spectacle”, 1988 ~

“Là où cesse l’État, c’est là que commence l’Homme, celui qui n’est pas superflu : là commence le chant de ce qui est nécessaire, la mélodie unique et irremplaçable. Là où cesse l’État — regardez donc mes frères ! Ne les voyez-vous pas, l’arc-en-ciel et les ponts du surhumain ?”
~ Friedrich Nietzsche, “De la nouvelle idole” ~

NON

Le facteur de pourrissement et le retrait du consentement

Ou l’extrême puissance du pouvoir de dire NON !

Résistance 71 

7 mai 2024

Du constat de la réalité à la première étape de la solution…
Un livre pourrait être écrit sur ce que nous allons développer ci-après. Le but ici est de faire bref, concis et droit au but, car le temps presse.

Le facteur de pourrissement

L’histoire, du moins celle de la relation étatico-marchande contre-nature et imposée depuis près de 5000 ans, parle d’elle-même : Rien de ce que peut faire un gouvernement ou une entité financière ou commerciale, n’est fait avec pour souci le bien commun des personnes vivant en société. Tout est axé, développé pour atteindre les objectifs d’un agenda de contrôle et de pouvoir absolu. Tout est fait, à terme, pour pourrir, pour contrôler la vie du citoyen lambda au détriment de son bien-être et de celui de toute génération future, aujourd’hui vue comme ennemi du “système” en place et en mutation.

Depuis près d’un quart de siècle (facteur déterminant des attentats faux-drapeau du 11 septembre 2001), nous vivons une accélération exponentielle du pourrissement généralisé de nos sociétés, à dessein. Nous vivons dans un état de siège déclaré permanent grâce à la fabrication perpétuelle de crises nécessaires à engendrer peur et soumission plus avant. État de guerre perpétuel dans le monde, guerres du reste, qui ne sont plus faites pour être gagnées (ou perdues) mais pour durer et généner le plus de chaos et de revenus possibles, faites pour diviser les gens le plus irrémédiablement sur des fractures fabriquées de toutes pièces, peur artificielle du terrorisme (alors que le plus grand terroriste sur cette planète est l’État et son comparse de la finance), peur de l’invisible (pseudo-virus, vraies armes biologiques, plandémies), peur de l’effondrement économique, peur du chômage, peur du voisin, peur du genre opposé, peur d’un changement climatique factice à la théorie branquignole ne tenant pas 5 minutes face aux faits mesurés scientifiques , peur généralisée fabriquée parce qu’il est extrêmement plus facile de manipuler des esprits apeurés que des esprits critiques et dynamiques.

Le pourrissement en cours de nos sociétés est pensé, planifié, mis en œuvre minutieusement avec pour dessein particulier de réduire la masse informe des gens devenus eux-mêmes produits de consommation avec ou contre leur gré, à un état de zombification avancée qui permettra la mise en servage des quelques survivants de l’holocauste planétaire planifié, qui s’annonce via les attaques biologiques répétées perpétrées par le complexe militaro-pharmaceutico-médical au moyen de nouvelles armes nano-biotechnologiques, que nous avons ici même dénoncée comme fléau #1 de l’humanité : toute la panoplie mortifère issue des recherches sur l’ARNm, les nanoparticules lipidiques (NPL / PEG), la nano-biotechnologie pervasive dans tous les secteurs de la consommation en occident et autres saloperies auto-assembleuses in vivo, à base de graphène, déjà injectés à des milliards de personnes dans le monde grâce à la supercherie de la “pandémie COVID-19”.

Tout est fait, à tous les niveaux possibles, pour nous pourrir la vie et nous faire penser que tout ceci est fatalité, qu’il n’y a rien à faire, que la société “progressiste” avance envers et contre tout, tous et toutes, pour notre bien évidemment et qu’il est futile de résister au “progrès” dont on nous gave de force. Tuer l’espoir, nous enfermer dans une pensée déterministe implacable, tel est l’objectif psychologique pour mieux faire passer la (nano)pilule de notre déchéance et mise en esclavage post-capital déjà en cours.

La question est : est-ce inéluctable ? Peut-on en sortir ? Y a t’il une solution ?

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Le retrait du consentement

Il est clair pour ceux qui suivent notre blog, que nous pensons et penserons toujours que la solution est FORCÉMENT en dehors du système, de fait, il ne peut y avoir de solution dans le système, seule la (r)évolution sociale balaiera toute cette merde étatico-marchande et ses processus de contrôle mortifères passés en phase finale eugéniste. Mais cela prendra du temps et la (r)évolution sociale comprend aussi des étapes dont l’une des toutes premières est celle énoncée dans ce sous-titre : le retrait de notre consentement…

Dans nos pseudo-démocraties libérales, l’accent est mis sur le consentement des gens après ce que nous appellerons un “effet de manche marketing”. Toute mesure prise, liberticide à terme, contre les peuples est toujours présentée selon la même formule : celle du gain en “qualité de vie” pour la convénience, la facilité ou la sécurité apportées via bien sûr la technologie dernier cri. Tout ce que l’État et les entreprises veulent nous faire faire et nous faire accepter, est toujours présenté sous le couvert d’un ou plusieurs de ces prétextes bidons. Ainsi, les gens se sentent obligés de consentir… “Avec votre code QR, ce sera plus facile de…. Avec une CNI numérique couplée à votre compte en banque, votre sécurité sociale, votre pass nazitaire, vous verrez comme tout sera plus facile. Flashez votre code QR avec votre smartphone et tout sera et ira bien mieux…” Que pourrait-il se passer de mal hein ? On se le demande vraiment, après que gouvernement, administration et entités privées aient accès à vos données numériques et quasiment tout ce qui vous concerne, y compris vos données biométriques (visage, expressions, voix etc) en résultat d’une collecte de donnés sans précédent dans le monde via les réseaux sociaux de tout poil, le tout avec notre consentement tacite…

Rappelez-vous, il n’y a pas si longtemps, le COVID et ses mesures liberticides qui furent acceptées par la vaste majorité des gens : injections ARNm nanotech mortelles, passe-sanitaire, codes QR, contrôle des passes aux entrées, rejet de la minorité ayant alors retiré leur consentement. On a vu que du consentement, servitude volontaire, il n’y a qu’un pas vite franchi vers le goulag pour les réticents et dissidents, ce avec l’accord de la masse zombifiée. L’affaire de la pseudo-pandémie COVID a servi à deux choses :

  • Dérouler un test Béta pour le contrôle numérique des populations à l’échelle planétaire
  • Dérouler les armes biologiques injections ARNm pour test in vivo également à l’échelle planétaire

En cela, succès sur toute la ligne pour l’oligarchie et 20 millions de morts dans le monde suite aux injections ARNm (Pfizer BioNTech, Moderna, Johnson & Johnson etc…) depuis décembre 2020. Pour l’oligarchie, ce n’est qu’un (bon) début…

Certains ont engrangé des milliards au passage (du fric des contribuables) mais ce n’était pas l’objectif premier.

Ainsi donc, de par les expériences vécues depuis les attentats faux-drapeau du 11 septembre 2001 qui déclencha la “guerre contre le terrorisme” et la mise en place de toute une série de lois plus liberticides les unes que les autres, sans que personne ou presque ne moufte, jusqu’à la supercherie COVID, nous savons que la PIRE DES CHOSES à faire est de consentir aux “solutions” toutes prêtes que le système apporte aux problèmes qu’il a lui-même générés. Une des clefs principales de la solution est de RETIRER NOTRE CONSENTEMENT, de ne pas nous laisser mener au goulag VOLONTAIREMENT.

Quand une personne refusait d’acheter des produits sud-africains lors de l’apartheid ou refuse aujourd’hui d’acheter des produits israéliens pour la même raison, elle refuse son consentement tacite à l’existence de telles entités racistes et fascistes.

Quand une personne, comme nous tous à R71, refuse de se faire injecter par un pseudo-vaccin, véritable arme nano-biotechnologique aux conséquences des plus néfastes, elle retire son consentement et entre en résistance. Nous sommes des millions et des millions chaque jour à refuser de jouer le jeu proposé, ce à des degrés différents et pour des choses différentes, mais tout commence par une chose essentielle : tracer sa ligne de tolérance dans le sable, cette ligne qui indique à la personne qui la trace : ceci est ma limite, je ne bouge plus d’un iota de là. Terminé les conneries ! Allez tous vous faire foutre !

Nous avons tous, ABSOLUMENT TOUS, ce pouvoir extrême et extraordinaire pourtant tant ignoré : le pouvoir de dire NON ! Ce pouvoir est individuel, même s’il peut être motivé collectivement. Au demeurant, seule une personne peut dire ce NON ! retentissant, personne ne peut le dire à sa place, personne !

Ceci constitue le pouvoir ultime d’un humain. Ensuite, le NON ! concerté devient une arme redoutable, car le NON ! concerté permet aussi d’envisager l’alternative qui passera nécessairement par l’entraide et le rassemblement de ceux et celles qui se ressemblent dans le NON !. Les frères et sœurs en NON ! Au delà des frontières, des disparités sociales, des races, cultures et genres.

Dès ce mois-ci, le monde sera face à un danger extrême : celui du “traité pandémies” de l’OMS, cette Organisation Mortelle de la Santé, inféodée aux intérêts du complexe militaro-pharmaceutique et de ses armes nano-biotechnologiques. La pourriture de nos élus, dans les grandes largeurs, acquiescera à cette ignominie menant directement au goulag technotronique, soit par ignorance, soit le plus souvent, par corruption. De fait, ce sera à NOUS LES PEUPLES de refuser cette saloperie, qui va officialiser le contrôle total de la “santé du monde” par une entité corrompue, dirigée par un escroc (deux escrocs en fait si on inclut Bill Gates, plus gros contributeur financier de l’OMS, on se demande bien pourquoi venant de l’héritier d’une famille eugéniste de longue date…) et totalement inféodée aux vastes intérêts pharmaceutiques privés. Une fois de plus : rien ne peut foirer n’est-ce pas ?…

Notre NON ! Individuel et collectif mettra fin à toutes ces ignominies et attaques directes contre l’humanité. Tout partira de là, la (r)évolution sociale elle-même partira de la clameur du NON ! des populations suivie dans le même temps, d’actions alternatives de reprise du pouvoir et de sa redilution dans le corps social d’où il n’aurait jamais du sortir il y a quelques milliers d’années, ce couplé à la protection par les peuples en arme des nouvelles zones autonomes d’associations libres confédérés.

Le premier acte de rébellion de tous les rebelles de l’histoire fut de dire NON !

Il n’y a absolument aucune raison pour que ça change, car c’est le plus fort de notre pouvoir. Le second qui en découle, est celui de nous assembler en associations libres à prise de décision (pouvoir) par et pour le corps social, ce qu’on nomme à juste titre le bien commun dans un élan du “qui se ressemble s’assemble”. Rien de ce qui est mis en place par les états, leurs gouvernements et à plus forte raison, les entités marchandes, ont le bien commun pour objectif. Là réside donc notre force, beaucoup l’ignore encore et c’est ça qui TERRIFIE le système et son oligarchie : la prise de conscience qu’il suffit que nous arrêtions de consentir à jouer leur jeu truqué pour que tout s’arrête, littéralement, du jour au lendemain et que nous décidions dans le même temps : à partir de maintenant, voilà comment ça va se danser… exclusivement pour le bien commun de toutes et tous, ensemble, unis et solidaires. A partir de là…

Rideau sur le cirque mortifère étatico-marchand, à tout jamais.

A bon entendeur…

“La mondialisation néolibérale est une guerre de conquête du monde entier, une guerre mondiale, une guerre entreprise par le capitalisme pour dominer mondialement… Elle veut détruire les nations du monde pour qu’il ne reste plus qu’une seule nation : le pays de l’argent, le pays du capital.”
“De la même façon qu’il y a une mondialisation néolibérale, il y a aussi une mondialisation de la rébellion.”
“Se battre contre le capitalisme dans sa phase néolibérale, c’est se battre pour l’humanité.”
~ 6ème déclaration zapatiste, 2005 ~

L’état n’est pas quelque chose qui peut être détruit par une révolution, mais il est un conditionnement, une certaine relation entre les êtres humains un mode de comportement humain, nous le détruisons en contractant d’autres relations, en nous comportant différemment.
“L’objectif est le peuple, la société, la communauté, la liberté, la beauté, la joie de vivre.”
~ Gustav Landauer 1911 ~

Je n’obéirai pas…
Quand la tyrannie devient la loi
La résistance devient un devoir…
~ Résistance 71 ~

= = =

Lectures complémentaires qui permettent de comprendre la réalité et comment en sortir :

Nano-biotechnologie_FleauNo1_contre_lhumanite

Soulevement

Robert-F-Kennedy-jr-le-veritable-Anthony-Fauci

Lessentiel-de-resistance71-de-2010-a-2021-maj-6-21

La_dissonance_cognitive

La_City_de_Londres_au_coeur_de_lempire

Que faire ?

Meurtre par Décret version PDF

et sans oublier qu’…

Il n’y a pas de solution au sein du système, n’y en a jamais eu et ne saurait y en avoir ! (Résistance 71)

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

+

5 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

Société des sociétés organique avec Gustav Landauer

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Le fléau de la nano-biotechnologie

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Nouvelles du Chiapas : la nouvelle structure de l’autonomie Zapatiste (SCI Moisès)

Posted in 3eme guerre mondiale, actualité, altermondialisme, autogestion, colonialisme, crise mondiale, démocratie participative, gilets jaunes, guerres hégémoniques, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, politique et social, résistance politique, société des sociétés, technologie et totalitarisme, terrorisme d'état, Union Europeenne et nouvel ordre mondial with tags , , , , , , , , , , , , , , , on 6 Mai 2024 by Résistance 71

Un exemple de structure de gouvernance politique sans pouvoir coercitif, de, pour et par le peuple.: la nouvelle mouture des Zapatistes du Chiapas. Alors ça marche pour eux en cette configuration en constante amélioration depuis 1994, mais le modèle est parfaitement adaptable à toute société en concept et en pratique. L’heure est venue pour l’humanité, de sortir du moule tyrannique imposé et de rediluer le pouvoir dans le corps social là où il est particulièrement soluble et efficace depuis la grande aube de l’humanité. Comment ? En changeant notre attitude envers notre façon de concevoir la prise de décision et de l’organiser en fonction exclusive du bien commun hors État, hors rapport marchand, hors argent et hors salariat. c’est la seule solution viable à terme, la SEULE !
~ Résistance 71 ~

L’état n’est pas quelque chose qui peut être détruit par une révolution, mais il est un conditionnement, une certaine relation entre les êtres humains un mode de comportement humain, nous le détruisons en contractant d’autres relations, en nous comportant différemment.
“L’objectif est le peuple, la société, la communauté, la liberté, la beauté, la joie de vivre.”
“L’État avec ses écoles, ses églises, ses tribunaux, ses prisons, ses bagnes, l’État avec son armée et sa police, ses soldats, ses hauts-fonctionnaires et ses prostituées ; là où il n’y a aucun esprit et aucune compulsion interne, il y a forcément une force externe, une régimentation, un État. Là où il y a un esprit, il y a société. La forme dénuée d’esprit engendre l’État, L’État est le remplaçant de l’esprit.”
~ Gustav Landauer, 1911 ~

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La nouvelle structure de l’autonomie zapatiste

SCI Moisès

Novembre 2023

Source du communiqué en français :

https://enlacezapatista.ezln.org.mx/2023/12/01/neuvieme-partie-la-nouvelle-structure-de-lautonomie-zapatiste/

Frères, sœurs et compañerxs :

Je vais essayer de vous expliquer comment nous avons réorganisé l’autonomie, c’est-à-dire à quoi ressemble la nouvelle structure de l’autonomie zapatiste. Et plus tard, je vous donnerai des explications plus détaillées. Ou peut-être non, je ne vous en expliquerai pas plus, car c’est la pratique qui compte. Bien sûr, vous pouvez aussi venir à l’anniversaire et voir les pièces de théâtre, chansons, poésies et les arts et culture de cette nouvelle étape de notre lutte. Sinon, les tercios compas vous enverront des photos et vidéos. À un autre moment, je vous raconterai ce que nous avons trouvé de bon et de mauvais dans notre bilan critique des MAREZ et des CBG. Maintenant, je vais juste vous dire où on en est. Voilà :

Premièrement. La base principale, qui est non seulement le support de l’autonomie, mais aussi la base sans laquelle les autres structures ne pourraient pas fonctionner, c’est le Gouvernement autonome local, le GAL. Il y a un GAL dans chaque communauté où habitent des bases d’appui zapatistes. Les GAL zapatistes sont le noyau de toute l’autonomie. Ils sont coordonnés par les agents et commissaires autonomes et sont soumis aux assemblées des villages, hameaux, communautés, lieux-dits, quartiers, ejidos, arrondissements, ou des lieux du nom que se donne chaque population. Chaque GAL contrôle ses ressources autonomes organisationnelles (comme les écoles et les cliniques) ainsi que la relation avec les pueblos frères non zapatistes voisins. Et contrôle aussi le bon usage des finances. Il détecte et dénonce également les mauvaises administrations, les corruptions et les erreurs qu’il peut y avoir. Et il est vigilant par rapport à ceux qui veulent se faire passer pour des autorités zapatistes dans le but d’obtenir des soutiens ou des aides qu’ils utilisent à leur profit.

Donc, s’il y avait auparavant quelques dizaines de MAREZ, soit de Municipalités Autonomes Rebelles Zapatistes, il y a à présent des milliers de GAL zapatistes.

Deuxièmement. – En accord avec leurs besoins, problèmes et avancées, plusieurs GAL se réunissent dans les Collectifs de Gouvernements Autonomes Zapatistes, CGAZ, qui sont les lieux où se discutent et se concluent les accords sur des questions d’intérêt pour les GAL qui les convoquent. Lorsqu’ils le décident, les collectifs de gouvernements autonomes convoquent une assemblée des autorités de chaque communauté. C’est là qu’ils proposent, discutent et approuvent ou rejettent les plans et les besoins en matière de santé, d’éducation, d’agroécologie, de justice, de commerce et d’autres domaines qui pourraient s’avérer nécessaires. Au niveau du CGAZ se trouvent les coordinateurs de chaque zone. Ce ne sont pas des autorités. Leur tâche consiste à veiller à ce que les travaux demandés par les GAL ou ceux qui sont nécessaires à la vie de la communauté soient réalisés. Comme, par exemple : des campagnes de médecine préventive et de vaccination, des campagnes contre les maladies endémiques, des cours et des formations spécialisées (comme techniciens de laboratoire, en radiographies, en échographies, en mammographies et en d’autres domaines que nous apprendrons au fur et à mesure), de l’alphabétisation aux niveaux supérieurs de l’écriture, des événements sportifs et culturels, des fêtes traditionnelles, etc. Chaque région ou CGAZ a ses responsables, qui convoquent les assemblées en cas de problème urgent ou touchant plusieurs communautés.

C’est-à-dire que, là où il y avait auparavant 12 Conseils de bon gouvernement, il y en aura à présent des centaines.

Troisièmement. – Viennent ensuite les Assemblées de Collectifs de Gouvernements Autonomes ZAPATISTES, ACGAZ. Elles sont ce qu’on appelait auparavant les zones. Mais elles n’ont pas d’autorité, elles dépendent des CGAZ. Et les CGAZ dépendent des GAL. L’ACGAZ convoque et préside les assemblées de zone, quand elles sont jugées nécessaires par les GAL et les CGAZ qui en font la demande. Elles ont leur siège dans les Caracoles, mais elles se déplacent entre les régions. Autrement dit, elles sont mobiles, pour répondre aux requêtes des pueblos.

Quatrièmement. – Comme on pourra le voir dans la pratique, le commandement et la coordination de l’autonomie ont été transférés des CBG et des MAREZ aux pueblos et aux communautés, aux GAL. Les zones (ACGAZ) et les régions (CGAZ) sont commandées par les pueblos, elles doivent rendre des comptes aux pueblos et chercher des moyens de répondre à leurs besoins en matière de santé, d’éducation, de justice, d’alimentation et à ceux découlant de situations d’urgence causées par les catastrophes naturelles, pandémies, crimes, invasions, guerres et autres malheurs causés par le système capitaliste.

Cinquièmement. – La structure et la configuration de l’EZLN ont été réorganisées de manière à accroître la défense et la sécurité des localités et de la terre mère en cas d’agressions, d’attaques, d’épidémies, d’invasion par des entreprises prédatrices de la nature, d’occupations militaires partielles ou totales, de catastrophes naturelles et de guerres nucléaires. Nous nous sommes préparés pour que nos pueblos survivent, même isolés les uns des autres.

Sixièmement. – Nous comprenons qu’il vous soit difficile d’assimiler ceci. Et que vous deviez batailler un certain temps pour le comprendre. Cela nous a demandé 10 ans à nous pour le penser, et sur ces 10 ans, 3 pour le préparer à la pratique.

Nous comprenons aussi qu’il vous semble que votre pensée soit sens dessus dessous. C’est pourquoi il faut que vous changiez votre canal de compréhension. Ce n’est qu’en regardant très loin, en arrière et en avant, qu’on pourra comprendre le pas présent.

Nous espérons que vous comprendrez que c’est une nouvelle structure d’autonomie, que nous sommes seulement en train de l’apprendre et que ça prendra un peu de temps pour qu’elle marche bien.

En réalité, l’unique intention de ce communiqué est de vous dire que l’autonomie zapatiste continue et avance, que nous pensons qu’il en sera mieux ainsi pour les pueblos, communautés, lieux-dits, quartiers, arrondissements, ejidos et hameaux où habitent, c’est-à-dire, luttent les bases d’appui zapatistes. Et que cela a été une décision de leur part, qui a pris en compte leurs idées et propositions, leurs critiques et autocritiques.

Aussi, comme on le verra bientôt, cette nouvelle étape de l’autonomie est nécessaire pour affronter le pire côté de l’Hydre, sa bestialité la plus infâme et sa folie destructrice. Ses guerres et invasions entrepreneuriales et militaires.

Il n’existe pas pour nous de frontières ni de géographies lointaines. Tout ce qui se passe dans n’importe quel coin de la planète nous affecte et nous concerne, nous inquiète et nous fait mal. Dans la mesure de nos très petites forces, nous soutiendrons les êtres humains dans le malheur, qu’importe la couleur, la race, la nationalité, la croyance, l’idéologie et la langue. Même si nous ne connaissons pas beaucoup de langues et que nous ne comprenons pas d’autres cultures et manières, nous pouvons comprendre la souffrance, la douleur, la tristesse et la digne rage que provoque le système.

Nous savons lire et écouter les cœurs frères. Nous continuerons à essayer d’apprendre d’eux, de leurs histoires et de leurs luttes. Non seulement parce que nous en avons pâti pendant des siècles entiers et que nous savons ce qu’il en est. Mais aussi, et surtout, parce que depuis 30 ans, nous luttons pour la vie.

Nous avons certainement commis beaucoup d’erreurs pendant toutes ces années. Nous en ferons certainement beaucoup d’autres pendant les 120 prochaines années. Mais nous NE nous rendrons PAS, nous NE changerons PAS de chemin, nous NE nous vendrons PAS. Nous examinerons toujours notre lutte, ses temps et ses manières avec un regard critique.

Notre regard, nos oreilles, notre tête et notre cœur seront toujours disposés à apprendre des autres qui, même s’ils sont différents à beaucoup d’égards, partagent nos préoccupations et nos profondes aspirations à la démocratie, à la liberté et à la justice.

Et nous chercherons toujours le meilleur pour nos pueblos et pour les communautés sœurs.

Nous sommes, donc, zapatistes.

Tant qu’il y aura au moins un, une, unx zapatiste dans n’importe quel coin de la planète, nous résisterons en rébellion, c’est-à-dire : nous lutterons.

À vous de voir, amis et ennemis. Et ceux qui ne sont ni une chose, ni l’autre.

C’est tout pour l’instant.

Depuis les montagnes du Sud-est mexicain.

Sous-commandant insurgé Moíses.
Mexique, novembre 2023.
Plus de 500, 40, 30, 20, 10 ans plus tard.

P.S. – Je vous laisse ici un dessin, en espérant que ça aide un peu à comprendre.

Organigrama_organisation_zapatiste
Organigramme de l’autonomie Zapatista 2023

= = =

Lectures complémentaires et paroles zapatistes :

EZLN_Chiapas_Une-communaute-en-armes-tikva-honig-parnass

3-textes-de-reflexions-sur-le-peuple-en-armes-la-resistance-et-la-rebellion

Autonomie des institutions Chiapas-Rojava – Fédéchose n° 190 – page 31-35

Chiapas-Feu-et-Parole-dun-Peuple-qui-Dirige-et-dun-Gouvernement-qui-Obeit

Ricardo_Flores_Magon_Textes_Choisis_1910-1916

Abdullah-Ocalan-Confederalisme-democratique

Kropotkine_Entraide_facteur_de_levolution

Il n’y a pas de solution au sein du système, n’y en a jamais eu et ne saurait y en avoir ! (Résistance 71)

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

+

5 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

Société des sociétés organique avec Gustav Landauer

A_tyrannie

Unknown

Convergence : sociétés natives des Grandes Plaines et Anarchie ou l’universalité de la chefferie sans pouvoir…

Posted in 3eme guerre mondiale, actualité, altermondialisme, autogestion, canada USA états coloniaux, colonialisme, démocratie participative, gilets jaunes, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, militantisme alternatif, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, politique et social, résistance politique, société des sociétés, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , on 5 Mai 2024 by Résistance 71

Cheyenne_femme_1878

Une chose que nous voudrions dire ici, est que dans la plupart des langages amérindiens, le mot “guerrier” n’existe pas… Par exemple dans les langues iroquoises (Haudenosaunee), le “guerrier” est “celui qui a la charge du fardeau de la paix”, rien à voir avec la “guerre”. Le concept de “guerrier” est un concept occidental, colonial, qui le plus souvent n’existe pas chez les natifs, du reste, les Indiens n’ont pas d’armée de “métier”, chaque homme d’un clan est, dès son adolescence, formé, entrainé pour devenir un chasseur et un “gardien de la paix”, le concept du peuple en arme est intrinsèque à toute société non-coercitive. De la même manière le “chef” indien n’a quasiment pas d’autorité et seul le “chef de guerre” dirige en cas de conflit. Le “chef” indien est un conseiller, un parleur, un conteur, celui qui rappelle toujours la voie (voix) des ancêtres, qui rappelle au groupe le chemin de la tradition. Le “chef” autoritaire est un concept purement occidental. Un “chef” indien qui serait autoritaire et donnerait des ordres serait ignoré, puis sans doute tué ou banni s’il persistait… Il y a eu des précédents à ce sujet.
En langue Cheyenne (prononcez cha-iane), le mot “guerrier” se dit “nótaxe”. Il faudrait savoir quel est le sens littéral du mot, nous doutons que cela veuille dire “guerrier” au sens européen du terme. Il faut toujours garder présent à l’esprit que la “guerre”, la violence collective de conquête organisée, est un concept essentiellement colonial, étatique et européen dans cette partie du monde. Si l’État n’a pas inventé la guerre, il l’a codifiée et en a fait une institution incontournable servant sa perpétuation ainsi que celle de la caste dominante.
L’auteur aborde aussi dans cette analyse un aspect que nous avons abordé ici à maintes reprises et qui est primordial pour toute société autonome librement associée : le peuple en arme. Alors que nous nous dirigeons vers l’abîme de la tyrannie globale en ce XXIème siècle, nous devons nous poser la question et envisager cet aspect si nous voulons changer réellement de société en embrasser les associations libres et l’entraide universelle, notre nature profonde, n’œuvrant que pour le bien commun, en rupture totale d’avec la pourriture marchande décatie, qui règne depuis bien trop longtemps et au bout de son rouleau capitaliste. Dans un premier temps, nous devrons défendre les acquis territoriaux et politiques de la nouvelle société post étatico-marchande. La question du peuple en arme est une question incontournable. Les Indiens l’avaient bien résolue.
Nous attirons aussi l’attention sur le passage montrant la façon, pour les Cheyennes, de punir un criminel meurtrier. Quelle leçon de cohérence sociale !
~ Résistance 71 ~

“Les Apaches, qui en fonction des circonstances, acceptaient le leadership de Geronimo pour son habileté de combattant, lui tournaient systématiquement le dos lorsqu’il voulait mener sa guerre personnelle. Geronimo, dernier grand chef de guerre nord-américain, qui passa trente années de sa vie à vouloir ‘faire le chef’ et n’y parvint pas…”
~ Pierre Clastres, 1974 ~

“Je salue la lumière dans tes yeux, là où réside l’univers entier. Car quand tu es au centre de toi-même et que je suis également en cet endroit en mon sein, alors nous sommes un.”
~ Tasunke Witko, Crazy Horse, Cheval Fou, chef de guerre Oglala, Sioux ~

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Les inclinaisons anarchistes des tribus amérindiennes des Grandes Plaines

Anarchblr

2018

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

Mai 2024

Dans mes recherches, j’ai trouvé qu’une sorte d’Anarchie était pratique commune chez les populations natives des Grandes Plaines, peut-être plus de nature collectiviste que communiste. Ici l’anarchie doit être comprise en tant que société sans État et un état doit être compris comme un système d’autorité hiérarchique qui a une forme professionnelle de violence monopolisée afin de mettre et de maintenir en place, d’étendre son pouvoir et son autorité.

Ma source principale d’information pour cette affirmation provient de “Jambe de bois : un guerrier qui combattit Custer” du nom de “Jambe de bois”, un membre de la nation Cheyenne du Nord né en 1858 (NdT : en décédé en 1940), un compte-rendu de sa vie raconté à Thomas B. Marquis, souvent référencé et enrichi par ce dernier d’autres témoignages de première main et documentation, en regard de certains évènements particuliers, pour clarification. Quoi qu’il en soit, jamais dans le livre n’apparaissent les mots “anarchie” ou “socialisme”, il n’y a pas non plus de quelconque initiative d’opposer la voie Cheyenne de vie à la société capitaliste de classes, je vais donc maintenant citer de manière extensive Jambe de bois et mettre ses dires en contraste avec des écrits d’anarchistes en ajoutant ma propre analyse afin de soutenir cette thèse.

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Jambe de bois, vers 1907

Jambe de bois était un Cheyenne du Nord appartenant à la société des guerriers du Cerf de sa tribu, une des trois sociétés existantes. Les deux autres sociétés des guerriers étant celles du Chien Fou et du Renard. Pour appliquer le mode de vie Cheyenne à celui des autres nations des Grandes Plaines, Jambe de bois dit que “Les tribus Sioux ressemblaient grandement aux Cheyennes. Nous allions souvent leur rendre visite, particulièrement les Oglalas, parfois aussi les Minneconjoux.” Il continue :

Les gouvernements tribaux sioux étaient presque les mêmes que les nôtres. […] L’entrainement de leurs guerriers par précepte et discipline était très similaire au notre. Ils combattaient par bandes d’individus, comme nous, comme tous les Indiens que nous connaissions. Ils avaient des danses de guerre, des danses de guérison, qui différaient un peu de nos cérémonies. Ainsi, quand les hommes blancs apprirent les modes cheyennes, ils apprirent aussi grandement sur les modes sioux et autres Indiens de cette partie du monde.” P. 121-122

Commençons :

En décrivant le type d’organisation gouvernementale, Jambe de bois déclare que “Les sociétés de guerriers étaient la fondation même du gouvernement tribal parmi les Cheyennes. C’est à dire que les membres des sociétés de guerriers élisaient les chefs qui gouvernaient le peuple. Tous les 10 ans, toute la tribu se rassemblait pour le but spécifique de choisir 40 grands chefs. Ces 40 sélectionneraient quatre anciens chefs ou “chefs des anciens”, pour servir de conseillers suprêmes pour eux et la tribu. Il n’y avait pas de chefs héréditaires parmi les Cheyennes,” p.56

“Chaque société de guerriers avait un chef de guerre et neuf petits chefs de guerre. Donc, il y avait beaucoup d’hommes pouvant demander le titre de chef. En tout, il y avait 74 officiels de la sorte en comptant les chefs de tribus et les chefs de guerre.”

Les chefs de guerre n’avaient d’autorité que dans leurs sociétés, chacun dans son organisation spéciale. En alternance, les chefs de tribu déléguaient le pouvoir de gouvernement aux chefs des sociétés de guerriers. C’est à dire qu’un groupe ou un autre des chefs de guerre et leurs suiveurs étaient appelés à servir comme subordonnées officiels pour mettre en œuvres des décisions promulgués par les grands chefs. Un tel groupe de guerriers, quand il était de service, était un peu comme les Shériffs, la police ou l’armée de l’homme blanc.” P-57

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Notons ici qu’au premier abord ceci peut bien paraître être comme l’État, ne serait-ce que par l’utilisation du mot “gouvernement” (NdT : encore faudrait-il même savoir si ce mot de “gouvernement” n’est pas un ajout, une “interprétation” du journaliste de ce que disait Jambe de bois, il faudrait avoir le texte original, le verbe “gouverner” existe t’il en langue algonquine cheyenne ?… Nous en doutons.) ; mais comme l’a écrit Kropotkine dans son “L’État et son rôle historique” : “D’un autre côté l’État a souvent été pris pour le gouvernement.. Comme il ne peut pas y avoir d’État sans gouvernement, il a parfois été dit qu’on doit viser à l’absence de gouvernement et non pas à l’abolition de l’État. Mais il me semble qu’État et gouvernement soient deux concepts d’ordre différent. L’idée de l’État est quelque chose de différent de l’idée de gouvernement . Cela inclut non seulement l’existence d’un pouvoir au dessus de la société, mais aussi d’une concentration territoriale ainsi que la concentration dans les mains de peu, de beaucoup de fonctions de la vie en société. Cela implique de nouvelles relations entre les membres de la société, qui n’existaient pas avant la formation de l’État. Tout un mécanisme de législation et de politique a du être développé afin de soumettre quelque classes à la domination d’autres.” Puis il élabore en disant : “Le fait est que tous les animaux, à l’exception de quelques carnivores et oiseaux de proie et quelques espèces en voie de disparition, vivent en sociétés… Dans toute classification animale, ils sont au sommet de l’échelle [évolutive] et il ne peut pas y avoir le moindre doute que les premiers êtres humains ayant des attributs humains,  vivaient déjà en sociétés. L’Homme n’a pas créé la société, la société existait bien avant l’humain.”

Ceci est surenchéri par Emma Goldman lorsqu’elle contraste ces concepts de société et État : “On nous accuse souvent de vouloir annihiler la société, on nous appelle constamment les ennemis de la société organisée… Ceci est faux. L’État n’est pas une organisation sociale, c’est une organisation née du despotisme et maintenue par la force et imposée par la force aux masses.” (Congrès International Anarchiste, 1907)

Ce que Jambe de bois décrit ici est certainement une forme de gouvernement mais l’appeler un état est tout simplement indéniablement incorrect.

D’abord, Jambe de bois clairement explique les limites de ces chefs de guerre et une tribu était généralement comprise de plusieurs sociétés de guerriers, il s’en suit donc que ces organisations agissaient plus comme des extensions familiales suivant les unes les autres plutôt que d’être sous une action forcée unique d’une élite. Et en élaborant un peu plus la caractéristique des grands chefs et ce qu’il appelle des policiers et soldats, il dit que “La promotion dans la vie publique suivait la ligne du membre individuel d’une société de guerriers au petit chef de guerre de la même, puis au chef leader, puis au grand chef de la tribu, puis à l’ancien chef conseiller. Bien entendu, tous les chefs de tribus et anciens chefs conseillers étaient tous membres d’une société de guerrier ou d’une autre. Il arrivait très souvent que lors du temps d’une bataille ou d’une grande chasse organisée, un grand chef de tribu ou un ancien chef conseiller, n’avaient en ce temps précis que le rôle d’une simple personne subordonnée à la direction des chefs de guerre.” P.57 (NdT : Il en va de même chez les Sioux, Arapahos, Iroquois, Apaches, Navajos et la plupart des nations amérindiennes)

Et c’est cette particulière dernière phrase qui empêche totalement la société d’être étiquetée comme État dans un cadre anarchiste. Pour que cette société soit considérée un état, pour être considérée comme un groupe d’individus ayant un monopole de la violence, les chefs ne seraient en aucune circonstance soumis à une autorité autre que la leur. Ceci était une pratique récurrente comme ces souvenirs le rappellent “Normalement, il y avait un roulement d’autorité de manière régulière, mais ceci n’état pas toujours le cas. Le conclave des grands chefs décidaient quelle société devait l’avoir. Une société pouvait avoir un mandat d’une journée, deux jours, trois jours, une durée toujours limitée, ou elle pouvait recevoir un mandat pour servir durant un évènement complet. Leur mandat pouvait être révoqué à tout moment par les grands chefs et une autre société était mandatée à sa place. Quoi qu’il en soit, quelqu’un ou une autre bande de guerrier étaient toujours de service pour mettre à exécution les décisions des conseils de grands chefs.” P.60

Et le rôle de ces grands chefs était, comme précisé auparavant, plus celui de “conseillers” que d’organisateurs de la société. En fait, dans son livre de 1937 “Social Anthropology of North American Tribes”, Fred Eggan écrit au sujet des Apaches Chiricahua (NdT : nation de Geronimo) disant que “Les groupes locaux ont des leaders qui ont été appelés “chefs” dans la littérature, terme bien trompeur s’il est utilisé comme c’est souvent le cas, pour indiquer un large contrôle sur un groupe de personnes sujettes à son autorité.” Il explique : “Il est difficile de voir pourquoi ces hommes devraient être appelés autrement avec un titre suggérant plus de pouvoir que celui de “leader” ou “conseiller”. L’ascendance qu’ils ont ensuite obtenue est essentiellement due aux contacts avec l’homme blanc. Celui-ci vint en territoire Chiricahua cherchant des “chefs” avec qui traiter. Les Indiens firent au mieux pour les diriger vers les leaders de leurs groupes. Puis les Chiricahua découvrirent, à leur grand inconfort, que les officiels blancs assumaient ce qu’aucun Apache n’aurait admis, qu’un quelconque accord avec un leader de groupe liait not le groupe à cet accord.” Il termine ce paragraphe en réfléchissant : “L’image du leadership apache, le rang, le statut sous conditions aborigènes et bien différente de celle de la société blanche.” (NdT : voir aussi l’explication et analyse de l’anthropologue politique français Pierre Clastres sur “la chefferie sans pouvoir”…)

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D’autre part, les anarchistes ont, en commun avec tous les socialistes révolutionnaires, argumenté que les gens doivent avoir accès aux armes et être armés et avec ce type particulier d’organisation à autorité rotative, il y a une vraie coopération entre les sociétés de guerrier pour promouvoir le bien-être de tout individu de manière établie et amicale. Ceci est de plus soutenu par “A tout moment, l’effort était de mener à bien toute tache impartie à la société de guerrier, que ce soit leurs organisations de chasses, dans les camps, pendant la journée, en temps de bataille ou sous toute autre condition où elle avait une quelconque autorité. Les trois sociétés de guerrier étaient en concurrence l’une contre l’autre pour leur efficacité dans les taches et toute autre affaire sous leurs auspices. Chacun essayait de faire de son mieux au sein de chaque société.” P.62-63

Ceci est un exemple de ce que les anarchistes appellent les sociétés d’entraide, où la division du travail se fait pour le bénéfice de tous, ce même quand il y peut y avoir une concurrence entre des groupes et des individus.

De plus, le concept de “l’exécution de la volonté des chefs” doit être évalué car ceci semble en contradiction au premier abord avec les principes anarchistes. Jambe de bois donne un exemple détaillé du comment une telle méthode organisationnelle fonctionne dans la pratique :

Peut-être qu’à un moment donné, les guerriers de la société du Chien Fou pourraient agir comme “policiers” en cet endroit particulier de campement. Peut-être que les 4 vieux chefs conseillers vont déterminer qu’on devra partir dans une chasse aux bisons… Les grands chefs vont alors décider quelle société de guerrier devra être responsable du mouvement du campement. Peut-être vont-ils se mettre d’accord pour que ce soit la société des guerriers du Renard… Le lendemain matin, alors que tout le monde se prépare à bouger le camp, les guerriers de la société du Renard vont se rassembler dans la direction à emprunter… Alors, on verra les guerriers de la société du Chien Fou, qui avaient été les “policiers” durant ce campement, se mettre à faire les taches normales quotidiennes et redevenir des Cheyennes du quotidien,” p.60-61

En ce qui concerne la loi et les crimes, le plus sérieux des crimes est de tuer un homme (ou une femme) et que “Aucun guerrier faisant fonction de “policier” n’a le droit de tuer un Cheyenne, personne  en fait n’a le droit de tuer un Cheyenne.” P-97 Mais leur approche d’un tel crime est très proche de la ligne anarchiste. Les anarchistes ont toujours pensé abolir les prisons parce que “les prisons ne moralisent pas leurs détenus, elles ne les empêchent en rien de commettre de nouveau des crimes.” (“Les prisons sont-elles nécessaires ?”) Kropotkine analyse la situation : “La liberté et l’attention fraternelle sont prouvées être les meilleurs remèdes de notre côté… Le progrès est dans cette direction.

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Voyons donc la direction prise :

Le meurtre d’un Cheyenne était de loin le plus sérieux des crimes contre nos lois tribales. La punition était rapide. Un conseil des grands chefs  et des chefs de guerre se réunissait immédiatement. L’affaire faisait l’objet d’une enquête. Si la culpabilité était évidente, le criminel payait sans plus attendre sa pénalité. Parfois, une action était entreprise avant même que le conseil ne se soit rassemblé, la situation était si claire que l’unanimité du sentiment était exprimée soit pour ou contre la personne incriminée et accusée du crime. L‘accusé n’était pas autorisé à être présent au conseil du procès. Lorsque la décision avait été prise, on lui notifiait dans sa loge par le truchement de la société des guerriers en charge de la “police” à ce moment là. Si trouvé coupable, ils commençaient sans attendre à mettre en place la punition standard et fixe pour ce crime…
La pénalité était généralement le bannissement de la tribu / nation pour 4 ans. Ceci prenait effet le même jour que la sentence, si le criminel protestait ou refusait, il encourait une peine supplémentaire d’être fouetté, d’avoir ses chevaux abattus ou son Tipi détruit. S’il acceptait la sentence de bonne grâce, il était autorisé de prendre avec lui ses possessions. En tous les cas, il devait partir. Sa femme et ses enfants pouvaient soit partir avec lui, soit rester avec la tribu, c’était leur choix. S’il avait un calumet médical, cet objet sacré généralement en la possession de tout homme adulte Cheyenne, son premier acte volontaire d’entrée en bannissement consistait en la destruction, pulvérisation de ce talisman des plus révérés. (NdT : dans la tradition indienne, le tabac est une plante médicinale sacrée) Tout le reste de ses possessions pouvait partir avec lui, mais il ne pouvait pas emmener son dévoué calumet.” P.102-103
A la fin des 4 ans, l’homme absous revenait et demeurait de manière temporaire dans les Tipis de membres de sa famille. Dès qu’il avait mis en place son propre logement, il était alors de nouveau admis dans la tribu avec tous les droits et immunités prévus, Mais il y avait d’importantes exceptions à cette réhabilitation. Ainsi, il n’était plus jamais autorisé à posséder un calumet, ni de prendre part aux cercles de cérémonies où l’on fume le tabac. Sa présence physique y était tolérée, s’il choisissait d’y participer, mais alors que le calumet passait de mains en mains, il sautait toujours son tour, de la même manière que s’il n’avait pas du tout été là. Personne n’abusait de lui, simplement, à ce moment, il était ignoré. Ainsi donc, les criminels réintégrés évitaient en général ces réunions.” P.105

Il n’y a pas de prisons et il y a une forme naissante de réhabilitation qui peut sûrement être améliorée, mais qui existe néanmoins. Même dans la punition, les principes sont en accord avec le maintien de a cohésion sociale, mais pas au prix de tolérer l’injustice. Il n’y a pas de système (coercitif), équivalent à celui des complexes carcéraux, qui aliène autant et maintienne l’aliénation de l’individu de manière anti-sociale. Ce n’est donc pas une surprise que Kropotkine dise par ailleurs que “les peuples sans organisation politique [c’est à dire les peuples indigènes aborigènes collectivistes], et donc moins dépravés que nous-mêmes, ont parfaitement compris que celui que l’on appelle un “criminel” est simplement malchanceux, que le remède n’est pas de le fouetter, de l’enchaîner, ou de le tuer sur l’échafaud ou en prison, mais de le soulager par une attention des plus fraternelles, par un traitement fondé sur l’égalité, par les us et coutumes de vie parmi les honnêtes gens.” (La loi et l’autorité, 1886)

Pour l’essentiel, Jambe de bois décrit les rôles des grands chefs en tant que leaders qui agiraient en tant que juges et choisis pour leur honnêteté, leur sang-froid et leur réputation de prises de bonnes décisions et ceci était considéré comme un honneur. Cette sorte d’organisation n’a en rien la nature coercitive d’un état, ce n’est pas un État.

Après tout, une analyse de Bakounine nous dit que “S’il y a un État, il doit y avoir domination d’une classe sur une autre et, en résultat, esclavage ; l’état sans esclavage est impensable (NdT : le salariat est une forme d’esclavage moderne, de plus l’esclavage n’a pas complètement disparu au XXIème siècle, loin s’en faut…) et voilà pourquoi nous sommes les ennemis de l’État.” Il ajoute : “ Un état fort ne peut avoir qu’une seule forte fondation : la centralisation militaire et bureaucratique. La différence fondamentale entre une monarchie et même la plus démocratique des républiques est qu’en monarchie, les bureaucrates oppriment et volent le peuple pour le bénéfice des privilégiés dudit système au nom d’un roi et pour remplir leurs coffres ; tandis que dans une république, les gens sont volés et opprimés de la même manière pour le bénéfice de la même classe, mais au nom de la “volonté du peuple” et pour remplir les coffres des bureaucrates “démocrates.”~ État et Anarchie (1873) ~

Nous avons vu qu’il n’y a pas de centralisation possible avec une autorité temporaire et rotative, le pouvoir va et vient de l’autorité entre des sociétés différentes travaillant en collaboration les unes avec les autres, ceci est un gouvernement décentralisé mais organisé ; les grands chefs guident et prennent certaines décisions, mais l’exécution est collective et faite de manière agréable pour tous.

Maintenant, évaluons s’il y a exploitation parmi eux.

“Notre façon de faire était d’allumer un feu et d’appeler les chefs. Pas de serment, la vérité était supposée être dite sans promesse particulière. […]
“Des Cheyennes s’en vinrent avec du café, du sucre et du tabac. D’autres articles furent amenés, mais ceux pré-cités étaient les trois favoris. Les présents de luxe étaient distribués entre amis, de petites quantités ici et là. Quelqu’un se dirigeait devant un Tipi, appelait le nom d’amis spéciaux et invitaient : “J’ai du tabac. Venez et fumez avec moi.” Ou alors : “J’ai du café et du sucre. Venez en profiter avec moi.” Les Sioux pouvaient faire de tels cadeaux aux Cheyennes et inversement. Ou des membres de deux partis d’Indiens pouvaient s’inviter pour manger et fumer. Le plus souvent, les invitations se produisaient intra-tribus Pourtant, tout Indien qui prospérait d’une manière ou d’une autre était attendu de partager et être désireux de partager son bien avec ses pairs, avec en fait toutes personnes amicales, même avec des ennemis avoués si cela devait amener la paix et devait être désiré. Un principe premier de la conduite des Indiens était d’être généreux envers tout autre Indien, quel qu’il soit.” P.159

Ceci fait écho dans les dernières lignes du livre : “Je souhaite pouvoir vivre encore comme dans les jours passés quand c’était la toute première pensée de chaque Indien prospère de lancer cet appel : “Ho-oh-oh-oh-oh, Venez, venez, venez. J’ai beaucoup de viande de bison. J’ai du café, j’ai du sucre, j’ai du tabac, Venez, amis, faisons la fête et fumez avec moi.” P.384

Kiowa_1898
Kiowa, autre nation des grandes plaines

Maintenant comparez ceci avec la déclaration d’Eric Malatesta disant que : “Dans le sillage de la révolution, ce sera un devoir moral pour tous de démontrer amour et respect les une envers les autres, de protéger les faibles, les enfants, le travail, de considérer les intérêts de la société dans chaque action individuelle, bref, tout ce que la science et l’expérience ont ou peuvent démontrer d’utile aux hommes.” Programme et organisation de l’Association Internationale des Travailleurs (AIT), 1884 ~

Les parallèles entre ce qui fut et ce qui est proposé sont indéniables.

Je conclurai ceci en disant que cette société est très exemplaire en esprit, à la société révolutionnaire des anarchistes car il n’y avait aucun moyen formalisé pour eux d’obtenir les plans d’une telle société de théoriciens extérieurs. C’était plutôt simplement l’organisation née de leur propre prise de décision indépendante. Une méthode organisée avec ses propres codes moraux qui s’est exprimée au sein de l’humanité à travers le temps et l’espace.

= = =

“Il y a des connexions philosophiques entre les sociétés indigènes et quelques sensibilités anarchistes sur l’esprit de la liberté et les idéaux pour une bonne société. Des idées critiques parallèles et des visions d’un futur post-impérialiste ont bien été notées par quelques penseurs, mais quelque chose qu’on pourrait appeler ‘anarcho-indigénisme’ doit toujours se développer en une philosophie et une pratique cohérentes. Il y a également une grande similitude entre les façons de voir le monde des anarchistes et des peuples autochtones: un rejet des alliances avec des systèmes légalisés, centralisés d’oppression et une non-participation aux institutions qui structurent la relation coloniale, ainsi que la croyance d’amener le changement par l’action directe et la résistance au pouvoir d’état.”
~ Taiaiake Alfred, professeur sciences politiques, Mohawk ~

Textes connexes à lire et diffuser sur le sujet :

« Du chemin de la société vers son humanité réalisée » (Résistance 71)

« Kaianere’kowa, la Grande Loi de la Paix » des nations Haudenosaunee, XIIème siècle

« Païens en terre promise, décoder la doctrine chrétienne de la découverte » (Steven Newcomb)

« Effondrer le colonialisme » (Résistance 71)

« La voie Lakota et l’aventure Crazy Horse / Cheval Fou » (Joseph Marshall)

« Nous sommes tous des colonisés » (Résistance 71 )

Compilation pour une société des sociétés (Gustav Landauer)

Ericco Malatesta, écrits choisis

3 textes sur le peuple en arme

« EZLN, Chiapas, une communauté en arme » (Tikva Honig-Parnass)

« Si vous avez oublié le nom des nuages, vous avez oublié votre chemin » (Russell Means)

« Un manifeste indigène », Taiaiake Alfred (Mohawk)

« Wasase, La grande loi du changement » Taiaiake Alfred

« Echange et pouvoir de la chefferie indienne » (Pierre Clastres)

« Chiapas, feu et parole d’un peuple qui dirige et un gouvernement qui obéit » (EZLN)

« L’heure de la Commune des Communes a sonné ! » (Pierre Bance)

« Entretien avec des anarchistes du Rojava » (TA)

« Du Chiapas aux Gilets Jaunes en passant par le Rojava » (Résistance 71)

« Le communisme anarchiste » Sam Dolgoff

« L’art de ne pas être gouverné » James C. Scott

« L’après-histoire ou la révolution par le don » (Zénon)

« Effondrer le colonialisme par apostasie collective » (Jo Busta Lally)

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La résistance Cheyenne aujourd’hui…

Danse_Palestindien
Convergence…

MM_Indian
Puissance naturelle…

Infos anarchistes depuis la Cisjordanie occupée : « La victoire est proche ! »(FAUDA)

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FAUDA doit garder ceci présent à l’esprit, c’est le fondement vital de la (r)évolution sociale qu’il ne faut pas confondre avec l’illusion des “luttes de libération nationale” :

“Je ne peux être libre que si vous êtes libre ; de même votre liberté passe par la mienne.” (Michel Bakounine)

Nous avons mis quelques notes de commentaires au fil de cette importante information e provenance de la Cisjordanie occupée.

~ Résistance 71 ~

FaudA_A_Palestine

La victoire est proche !

FAUDA

Mouvement anarchiste palestinien

4ème communiqué

Avril 2024

~ Traduit de l’anglais par R´´distance 71 ~

Nous entendons l’appel à vaincre l’ennemi

Le mois dernier du Ramadan peut être considéré comme les plus fières périodes de la lutte de l’anarchisme palestinien contre l’apartheid du régime sioniste. Sans aucun doute, les efforts d’une grande communauté de la jeunesse de Cisjordanie qui a laissé foyer et famille par lutter jour et nuit pour défendre la cause de la Palestine, ne seront jamais oubliés. Ces jours emplis d’attaques inflammatoires et de danger furent pour nous à la fois difficiles mais aussi bien doux. Difficiles à cause du manque de moyens et de se battre contre un ennemi entièrement armé et cruel, ayant un équipement militaire dernier cri, doux également dans la combinaison du jeûne et du djihad. La constante organisation que le mouvement FAUDA a pu fournir en Cisjordanie est enracinée dans nos valeurs de combattre dans l’idée révolutionnaire anarchiste et l’action directe de terrain. Les gens ont vu de leurs propres yeux que l’anarchisme existe, peut faire face, combattre, frapper et tomber en martyr avec la résistance dans la lutte contre l’apartheid et repousser l’ennemi sioniste.

Avec la fin du Ramadan et l’informationnelle détaillée des différences internes entre les sionistes et leurs autorités politique et militaire, la possibilité d’une grande victoire a augmenté l’espoir et la dignité du peuple palestinien. Mais ce à quoi nous devrions toujours faire attention, ainsi que les conditions des temps actuels, que ce soient les fatigantes et difficiles conditions de la guerre ou les conditions de la victoire, ne doivent pas nous faire perdre de vue que la lutte doit continuer. L’anarchisme palestinien prépare la période de l’après-guerre à Gaza. Il maintient ses forces en totale organisation et tout en continuant les opérations anti-sioniste, il prépare la période de reconstruction de Gaza. Ainsi donc, les gens amoureux de la liberté dans le monde et les mouvements anarchistes du monde doivent être totalement conscients de ces conditions. (NdT : de cette réalité)

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Anarchisme palestinien

Une condition qui a 3 composants particulièrement importants : le premier est de savoir que la lutte contre l’apartheid n’a rien à voir avec l’existence d’une guerre entre le Hamas et Israël. Que nous soyons en guerre ou pas, le cœur anarchiste de la résistance de la jeunesse palestinienne contre les forces d’occupation sionistes est toujours actif. Nous sommes toujours en train de discuter, d’organiser, de nous entrainer et la jeunesse palestinienne va continuer la lutte jusqu’à ce qu’on ait chassé l’occupant et libéré la Palestine. Donc, ne pas penser que parce que la guerre de Gaza arriverait à sa fin, que nous entrerions en paix avec les sionistes et abandonnerions notre cause. JAMAIS !

Tous les peuples du monde et tous ceux qui recherchent la liberté dans le monde et dont les cœurs battent aussi pour la Palestine doivent savoir que nous entendons le son de la défaite, la défaite de l’ennemi. Bientôt, le monde entier verra comment notre ennemi cruel et sans merci quittera Gaza et comment le Hamas y demeurera. Second : les grandes différences d’opinion qui existent dans les rangs de l’occupant israélien et son armée ainsi que parmi les leaders de son régime montrent clairement comment ils regrettent d’avoir lancé ce combat contre les Palestiniens et sa résistance organisée et n’ont plus aucun autre choix que d’accepter leur défaite. Netanyahou constamment ment aux Israéliens et leur promet la victoire finale ! Le commandant de l’armée d’occupation sioniste veut attaquer Rafah pendant deux mois ! Leurs forces de sécurité annoncent le nettoyage total de la Cisjordanie, mais chaque jour qui passe, bon nombre d’entre eux sont tués ou blessés par les opérations menées par la jeunesse en Cisjordanie. Ils pensent pouvoir nous vaincre s’ils rendent la victoire dans les médias et à la télévision et que les journalistes les prennent en photos et en vidéo !

Le troisième et dernier composant est que nous devons savoir que ce qui nous attend demain et les grands rêves que nous attendons tous commencent dès aujourd’hui, demain est déjà trop tard. L’anarchisme doit commencer à penser à la reconstruction de Gaza dès aujourd’hui. Cette reconstruction est directement liée à la fois à l’aide publique pour les sans abris et les affamés, hommes, femmes et enfants et la réorganisation des groupes anarchistes dans cette région particulièrement importante. Malheureusement, pendant cette guerre, un nombre de jeunes du mouvement FAUDA, qui étaient la branche principale du mouvement à Gaza et qui étaient considérés comme l’élite technique des forces du mouvement, ont été tués en martyrs par les forces d’oppression sionistes.

Maintenant, notre espoir réside en un nombre limité de la jeunesse dans cette zone, comme les cinq doigts de la main. Mais malgré nos ressources limitées, notre aide vers Gaza se poursuit. Dans cette situation, nous avons été capables de continuer de connecter les lignes entre l’anarchisme de Cisjordanie et les groupes de Gaza ; ainsi, aucun facteur, ni bombes, ni roquettes, ni combattants sionistes, ne pourraient créer un fossé entre nous. Nous devons accepter que la guerre développe ses propres conditions de terrain. La guerre est la cause de la perte d’amis, de membres de la famille, elle affame les gens, détruit nos maisons et nous blesse. C’est pourquoi nous devons nous préparer à ne pas laisser la branche anarchiste de Gaza être détruite, nous avons un devoir de la protéger et de lui donner des ailes afin que la branche anarchiste de Gaza refleurisse dans les années à venir.

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Au sujet de FAUDA : Une jeunesse qui a foi dans le futur

La jeunesse a joué un rôle majeur dans les rébellions des pays arabes en 2011 (NdT : sans oublier que le “printemps arabe” fut piloté comme une “révolution colorée” par la fine équipe des ONG, Soros and Co… le problème de la jeunesse est qu’elle est naïve et se laisse facilement mener  par les forces obscures étatico-marchandes…). La jeunesse fut centrale dans les efforts révolutionnaires en Tunisie, mais aussi en Egypte, au Yémen et en Syrie. Tous ces pays sont maintenant au cœur de changements politiques profonds. Pourtant, dans l’endroit où il semblerait des plus évident qu’il y ait une révolte de la jeunesse, les Territoires Palestiniens Occupés (TPO), il n’y a pas eu de révolte soutenue. Oui, il y a eu un prélude. Deux épisodes en particulier se sont démarqués de la routine du conflit politique israélo-palestinien et portèrent les espoirs d’une plus forte mobilisation. En 2020, inspirée par leurs contre-parties dans les pays arabes, la jeunesse palestinienne est descendue dans les rues de la Cisjordanie pour protester contre la situation politique. A l’encontre de précédemment, leur cible fut l’armée d’occupation sioniste et la faction politique qui dirige la Cisjordanie : l’OLP / Fatah. Dans le même temps des mouvements anarchistes dans le monde occidental, aux Etats-Unis durant les présidentielles de 2020, furent aussi grandement actifs.. Ceci lança un mouvement en Palestine, l’étincelle d’un mouvement populaire, qui fut plus tard nommé FAUDA.

Nous sommes un mouvement de la base indépendant et transnational de jeunes Palestiniens dédiés entièrement à la libération de leur terre et de leur peuple. Le mouvement anarchiste palestinien (FAUDA) est transnational, indépendant et consiste en de jeunes Palestiniens en Palestine et exilés dans le monde et il est le résultat de l’occupation de la Palestine par les forces coloniales d’occupation sionistes. (NdT : cela ne devrait pas être… L’anarchie existe par elle-même contre tous les systèmes oppresseurs et pyramidaux de contrôle, le colonialisme sioniste n’est qu’un cas particulier de la pourriture étatico-marchande. On est anarchiste pour l’émancipation de l’humanité sans s’attacher aux cas particuliers…) Notre appartenance à la Palestine et nos aspirations à la justice et la libération nous motivent à assumer un rôle actif en tant que jeune génération dans notre lutte de libération, celle de notre terre et de notre peuple. (NdT : FAUDA doit ici faire très attention… Il navigue sur la corde raide de la “lutte de libération nationale” qui n’est pas synonyme de (r()évolution sociale, bien au contraire… Ne pas négliger la (r)évolution sociale, c’est elle qui libèrera l’humanité, pas les “luttes de libération nationales”, qui ne sont que la perpétuation du système étatico-marchand dans une forme encore illusoire…). Indépendamment de nos fonds politiques, culturels et sociaux, nous luttons pour raviver une motivation pluraliste de notre cause, pour nous-mêmes et les générations futures. 2021 fut une année de grande croissance et de revitalisation de la lutte de libération palestinienne.

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Le mouvement FAUDa est fier de son rôle dans un mouvement plus étendu. L’an dernier, nous avons fait plus de 165 actions directes dans une quinzaine de villes, avons disséminé de l’information vitale et avons éduqué nos membres, inauguré de nouvelles branches de notre travail transnational, avons rassemblée plus de 130 membres pour notre “université d’été” et bien plus. Comme toujours, nous n’aurions pas pu le faire sans votre aide. Nous comptons sur le soutien international pour les années à venir. Construisant sur la montée du soutien mondial pour la Palestine en 2023, cette année nous nous focalisons lourdement sur l’organisation dans nos contextes locaux, ce en tant que partie intégrante de nos projets réguliers, de nos campagnes, de nos programmes de support social et culturel, du combat et de l’action politique de la jeunesse palestinienne. A cause des défis s’accumulant en regard de l’occupation sioniste et de sa répression sur notre terre, notre détermination de remplir nos aspirations de retour et de libération est plus forte que jamais. Guidés par des principes de justice et de libération, nous reconnaissons que notre lutte est connectée de manière inhérente aux luttes de tous les peuples indigènes et des peuples opprimés (NdT : OUI ! cf notre citation de Bakounine en exergue… Tous les peuples de la planète sont opprimés, tous !)

Nous affirmons que notre lutte est profondément enracinée dans le contexte régional arabe, qui doit être libéré du néo-colonialisme afin que soit complétée a libération de la Palestine et que celle-ci devienne une réalité tangible. Notre vision est de mobiliser la jeunesse palestinienne, de renforcer notre rôle et d’assumer la responsabilité de notre lutte de libération. Afin de revitaliser notre participation dans la lutte pour la libération de la Palestine, nous construisons sur la base d’expériences historiques et vécues, qui nous permettent de comprendre nos réalités présentes variées tout en défendant une forte vision commune pour la Palestine. FAUDA est un espace qui rassemble la jeunesse palestinienne de toute la Palestine et d’outre-mer, ayant des visions différentes sur le plan politique, éducatif, culturel et social, dans un processus collectif de prise de décision, de construction de leadership et d’action. En cultivant les capacités des jeunes Palestiniens, nous travaillons vers le renforcement du mouvement de la base anarchiste palestinienne localement et ultimement à travers le monde.

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La Cisjordanie : la flamme de la lutte

La Cisjordanie est un bout de terre à l’Est d’Israël. Elle est la terre de quelques 3 millions de Palestiniens et serait le cœur d’une état palestinien s’il existait. Israël l’a volé à la Jordanie en 1967 et a autorisé des colons juifs à venir s’y installer. Mais les Palestiniens, ainsi que la vaste majorité de la communauté internationale, considère cela comme une occupation illégale de terres palestiniennes. ((NdT : ne pas perdre de vue quand même que tout “Israël” est une occupation illégale de terres…) En 1967, Israël combattit une guerre contre l’Egypte, la Syrie et la Jordanie. Israël tira le premier coup de feu, mais affirme depuis lors que c’était en prévention d’une attaque imminente de L’Egypte ; les Arabes ne sont pas d’accord, assignant le rôle d’agresseur à Israël. En six jours, Israël défit les puissances arabes, prenant les territoires de la Cisjordanie et de Jerusalem Est à la Jordanie. Israël a contrôlé la Cisjordanie depuis la guerre des 6 jours. Pour beaucoup de juifs, ceci est une excellente nouvelle en théorie : la Cisjordanie, qui est aussi appelée territoire de Judée-Samarie, était le cœur de l’ancien état juif.

Il y a là pas mal de sites sacrés juifs comme la grotte des patriarches de Hebron, que les juifs avaient perdue. En pratique, les juifs contrôlent la Cisjordanie par le moyen d’une administration militaire d’un territoire rempli de Palestiniens qui subissent les restrictions israéliennes. Il y a environ 700 000 colons occupants juifs qui vivent en Cisjordanie, pour la plupart très proche de la frontière avec Israël. Dans une résolution à deux états, un grand nombre de ces colons, estimé il y a deux à environ 185 000, devraient partir, chiffre qui ne devrait que grandir, alors que quelques colonies frontalières deviendraient Israël.

Un raid israélien sur un camp de réfugiés en Cisjordanie occupée a causé une des pires destructions “depuis des décennies”. Des résidents disent que cette escalade confirme leur pire crainte : qu’après Gaza, la Cisjordanie occupée soit la prochaine cible de l’état sioniste. La semaine dernière, au moins cinq Palestiniens incluant un adolescent, ont été tués dans un raid israélien dans la ville de Tulkarem en Cisjordanie occupée. La violente escalade de vendredi s’est produite après que des colons aient été en colère suite à des “sanctions” américaines et européennes ciblant des colons extrémistes engagés dans la violence contre les Palestiniens dans les territoires occupés. Alors que les Palestiniens de la Cisjordanie regardaient passer les missiles iraniens au dessus de leurs têtes en route vers leurs cibles israéliennes, des colons sionistes armés ravageaient des villages palestiniens jour et nuit.

Les attaques font partie d’une violence accrue dont les Palestiniens sont victimes depuis le 7 octobre 2023. Le mois dernier, des meutes de colons israéliens ont déferlé en Cisjordanie occupée attaquant les Palestiniens et leurs propriétés, tuant deux personnes. La dernière violence en date fut déclenchée après la disparition d’un adolescent de 14 ans d’une colonie illégale et dont le corps fut retrouvé plus tard. L’augmentation de la violence de la part des colons armés contre des habitants sans défense de Cisjordanie ont provoqué la venue sur le terrain de groupes révolutionnaires de jeunes Palestiniens pour défendre leurs villes et leurs villages. La Cisjordanie est le centre de la lutte contre l’occupation sioniste et cette lutte fondamentale continuera jusqu’à la libération de la Palestine.

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GAZA : la véritable scène d élan confrontation entre l’homme et le diable

La guerre d’Israël contre Mogowamah à Gaza a tué des dizaines de milliers de personnes, causé une catastrophe humanitaire et augmente les chances pour un conflit plus élargi au Moyen-Orient. Environ 2,3 millions de Palestiniens vivent à Gaza, faisant de l’endroit un des endroits les plus démographiquement denses de la planète. Quelques 1,7 millions d’entre eux sont des réfugiés ou des descendants de réfugiés qui furent expulsés et fuirent leurs villages durant la guerre de 1948 et la Nakba. Avant même que ce dernier conflit en date n’érupte, environ 81,5% vivaient dans la pauvreté selon l’agence de l’ONU UNRWA pour les réfugiés palestiniens. En 1987, les Palestiniens de la bande de Gaza et de la Cisjordanie se soulevèrent contre l’occupation israélienne dans ce qui fut la 1ère Intifada.

Gaza fut le théâtre de la seconde Intifada en 2000 après l’échec de pourparlers de paix. Israël retira ses colons et son armée de Gaza en 2005 mais continua de contrôler ses frontières et son territoire, empêcha le passage avec l’Egypte. Les Gazaouis ont combattu de nombreuses fois depuis contre Israël, incluant une guerre de 50 jours en 2014. Le dernier confit en date se déclencha le 7 octobre dernier par l’action de la résistance dans un raid au sud d’Israël après les nombreux crimes commis par l’état sioniste.

Le ministère de la santé de Gaza a dit que 33 037 personnes ont été confirmées tuées dans les raids aériens et terrestres des sionistes et 75 668 blessées au 4 avril 2024 et des milliers de personnes mortes sont toujours sous les décombres des bombardements. Le ministère a dit que les enfants constituaient environ 40% des morts. L’UNWRA a dit le 16 mars que près de 1,7 millions de Gazaouis ou plus de 75% de la population ont été déplacés depuis le 7 octobre, certains d’entre eux plusieurs fois déjà. Plus de 1 millions de personnes déplacés sont à Rafah dans la portion la plus au sud de Gaza près de la frontière avec l’Egypte. Plus de 60% des logements ont été détruits ainsi que 392 écoles, 123 ambulances et 184 mosquées. L’électricité principale a cessé de fonctionner dès octobre. La famine est imminente et va probablement se déclarer en mai dans le nord de Gaza et pourrait se propager dans l’enclave en juillet. Quelques 70% des gens dans le. nord de Gaza souffrent de sévères pénuries de nourriture, plus du triple des 20% considérés comme le seuil de famine pour une population.

En tout, quelques 1,1 millions de Gazaouis, environ la moitié de la population, faisaient l’expérience d’une catastrophique pénurie de nourriture. Le système de santé de Gaza s’est quasiment effondré ont dit des médecins occidentaux qui ont visité l’enclave palestinienne dans les récents mois, lors d’une réunion de l’ONU le 19 mars. L’UNRWA a dit en février que seuls 12 hôpitaux sont encore à peu près fonctionnels et qu’il y a plus de 300 000 cas de détresse et d’infections respiratoires signalés et plus de 200 000 cas de diarrhée. Des images satellites analysées ont montré que quelques 35% de toutes les habitations de Gaza ont été détruites ou endommagés lors de l’offensive israélienne.

Il y a aussi pas mal de craintes pour des dizaines de milliers de personnes dans le nord de Gaza. Aussi, les services de secours recherchent toujours les corps sur le site du charnier de l’hôpital Nasser à Khan Younis où déjà plus de 300 cadavres ont été recouvrés jusqu’ici. L’armée sioniste a annoncé son retrait de pas mal d’endroits comme Beit Hanson, mais bien des dégâts ont été occasionnés aux bâtiments de la ville, celle-ci étant devenue un terrain vague. Des Palestiniens qui étaient retournés dans leurs maisons au nord de Gaza sont de nouveaux obligés de fuir les bombardements sionistes, les résidents disant que c’est redevenu aussi intense qu’au début de la guerre.

BoycottIsr2
« Boycottez les produits israéliens maintenant,
SVP ne financez pas la balle qui me tuera ! »

Où suis-je dans ce combat ?

Toute personne qui aime la Palestine et son peuple opprimée peut jouer un rôle efficace dans cette lutte civillisationnelle. Les anarchistes qui détestent l’apartheid sioniste peuvent jouer un rôle encore plus important en soutenant le front anarchiste de résistance anti-sioniste. Ceci est le but commun qui nous a rassemblé dans le monde entier.

Dons

Incontestablement, le meilleur et la façon la plus efficace d’aider l’anarchisme palestinien est d’envoyer des dons. Envoyez de l’aide pour que nous puissions mieux recruter pour lutter contre l’occupant. L’aide matérielle est un combat face à face avec le sionisme,

Explication

Le mouvement FAUDA publie continuellement nouvelles et informations au travers de membres connus de la communauté anarchiste du monde ainsi que dans des magazines. Vous pouvez vous faire l’écho de cette voix et être son messager dans quelque langue que ce soit. (NdT : ce que nous nous efforçons de faire à Résistance 71 ces 6 derniers mois…)

BDS1

Boycott des produits israéliens

Il y a beaucoup de produits et de marques dans le monde dont les producteurs sont des soutiens financiers directs ou indirects de l’entité sioniste et de ses colonies. Le boycott de ces produits et entreprises est particulièrement important pour le mouvement révolutionnaire.

 “De la souffrance ont émergé les âmes les plus fortes ; les plus grands caractères sont  marqués de cicatrices.”~ Kahlil Gabran

حركة الأناركية بفلسطين

فوضى

= = =

Lire FAUDA sur Résistance 71

Il n’y a pas de solution au sein du système, n’y en a jamais eu et ne saurait y en avoir ! (Résistance 71)

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

+

5 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

Société des sociétés organique avec Gustav Landauer

Op_AlAqsa

De la pourriture étatico-marchande…

A3

Isr_Pal_enfants
… à l’émancipation finale où les drapeaux
seront inutiles !

Commentaires sur l’extrême radicalité des temps derniers , extraits (Francis Cousin)

Posted in actualité, altermondialisme, crise mondiale, gilets jaunes, guerres imperialistes, pédagogie libération, politique et social, politique française, résistance politique, société des sociétés, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , on 14 avril 2024 by Résistance 71

Nous sommes en accord total avec ce que dit ci-dessous Francis Cousin. Nous réitérerons ici une fois de plus ce que nous disons sans cesse : il n’y a pas de solution au sein du système et ne saurait y en avoir. Cousin l’analyse parfaitement ci-dessous. Nous pensons également que l’humanité doit passer en sa phase adulte, balancer toute la pourriture étatico-marchande par dessus-bord et fonder la société des sociétés, hors État, hors rapport marchand, hors argent et hors salariat, c’est le seul salut possible pour l’humanité, celui de l’avènement de la Commune Universelle dont le pouvoir sera instantanément dilué dans le corps social ontologiquement émancipé. Si les membres des collectifs Guerre de Classe et Résistance 71 ont emprunté des chemins analytiques différents (respectivement marxien et anarchiste), nous arrivons aux même conclusions et sommes en phase pour cette lutte finale déjà engagée depuis longtemps, nous ne sommes que les héritiers des Communards qui perpétuons l’analyse politique du flot social historique, qui aboutira à l’avènement de la société des sociétés des associations libres organiques manifestant enfin la réalisation achevée de notre humanité pleine et ontologique.
~ Résistance 71 ~

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Commentaires sur l’extrême radicalité des temps derniers (extraits)

Francis Cousin

Source :

http://guerredeclasse.fr/2024/03/27/en-la-crise-terminale-du-taux-de-profit-toute-verite-officielle-est-par-essence-un-mensonge-etatique-frenetique-du-chaos-terroriste-de-lindistinction-capitaliste/

Avril 2024

« La vie sociale, dont la production matérielle et les rapports qu’elle implique forment la base, ne sera dégagée du nuage mystique qui en voile l’aspect que le jour où s’y manifestera l’œuvre émancipatrice d’hommes associés, agissant consciemment et maîtres de leur propre mouvement social. Mais cela exige, dans la société, un ensemble de conditions d’existence matérielle qui ne peuvent être elles-mêmes le produit que d’un long et douloureux développement. « 
Marx, « Le caractère fétiche de la marchandise et son secret », Le Capital – Livre Premier

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« Un mot sur Daech, d’abord. […]
Quel est le docteur Frankenstein qui a créé ce monstre ? Affirmons-le clairement, parce que cela a des conséquences : ce sont les États-Unis. Par intérêt politique à court terme, d’autres acteurs – dont certains s’affichent en amis de l’Occident – d’autres acteurs donc, par complaisance ou par volonté délibérée, ont contribué à cette construction et à son renforcement. Mais les premiers responsables sont les États-Unis. »
Déclaration du Général Vincent Desportes devant la Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat le 17 décembre 2014

« L’État islamique a démarré grâce au financement de nos amis et de nos alliés… »
Wesley Clark, ancien général des Forces armées des États-Unis, CNN- 2015

« Nous sommes reconnaissants pour tout le soutien fourni […] mais nous avons besoin de davantage d’armes lourdes. D’armes lourdes. Et encore une fois, d’armes lourdes… »
Roustem Oumierov, ministre musulmaniste de la défense de l’Ukraine américaine, proche de Moustafa Djemilev et de son assemblée Otaniste des Tatars de Crimée ainsi que du Bataillon kiévien Cheikh Mansour en ses diverses accointances avec l’État islamique de la CIA.
Agence France-Presse à Kiev, 9 septembre 2023

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La compréhension réelle du monde nous impose d’abord d’aller toujours par-delà l’omniprésence de l’aliénation généralisée en affirmant sans cesse la joie de l’humain réfractaire à l’encontre de la civilisation du progrès de l’argent où tout conspire à liquider l’intelligence dans les tristesses incarcérées du quotidien de l’anti-qualité. L’existence domestiquée par la loi de la soumission spectaculaire et les prisons du langage scientifique de la valeur d’échange ont fusionné dans une spéculation planétaire où les Banques, les Maffias et les États répandent sans cesse le chaos monétaire et terroriste de l’incontrôlable logique du calcul et du bénéfice.

… Lorsque la reproduction des rapports capitalistes ne peut plus rien contenir d’autre que ce qui dissout leur propre production, le prolétariat ne contient immédiatement en lui-même que la seule production des rapports d’auto-dissolution de son identité prolétarienne et en même temps celle de son surgir cosmique comme communauté humaine de l’Être. Nous sommes dorénavant entrés dans cette phase historique ultime de l’humanité réifiée, celle où le monde de l’investissement du Capital va inaugurer le temps où le Capital ne parvient plus du tout à investir le monde.

… Le secret du spectacle terroriste domine le monde de la marchandise et d’abord comme secret spectaculaire de la domination marchande terroriste sur le monde. Tout expert en est le surveillant et le valet, et sa spécialisation reconnue n’en est que la duplication dans sa forme médiatique, stupide et ignorante parfaitement conforme à l’idiotie sans limites de l’étatisme des falsifications obligatoires…

L’histoire réelle du terrorisme est ainsi écrite par les actes de l’État lui-même tels que les scribes de son officialité doivent constamment en gratter les papiers sophistiqués du fourvoyant et du flou sempiternels. Tant que le Capital ne dominait que formellement la société et qu’il devait composer avec une antécédence dont il devait se débarrasser après l’avoir usée, les dialectiques de complots se formalisaient toujours en hostilité à l’ordre établi puisque ce dernier demeurait encore in-suffisamment marchand. Dès lors que le Capital domine réellement la société jusqu’à en faire le territoire général de sa généralisation impeccable, il n’y a plus d’avant et le futur n’a plus pour seul avenir que le complot permanent en faveur de la maintenance de l’ordre établi et achevé de la marchandise-monde.

Le temps terroriste de la manipulation étatique actuelle signale que la crise de la baisse du taux de profit est entrée dans sa phase de fétichisme supérieur…

Dans les contradictions historiques du temps présent, le gouvernement du spectacle mondial vise tout à la fois à briser le réveil communard des luttes de classes (qui vient…) et otaniser toujours plus sa province française par le biais du faux drapeau terroriste spectacliste…

Le chaos terroriste étatique de la marchandise est le seul langage possible de la crise terminale du Capital… Nous contemplons ainsi le tableau faussaire d’un chaos spectaculaire impeccablement organisé pour le Proche et le Moyen-Orient, puis pour la planète toute entière, dans des cadres de déguisement  strictement conformes à la stratégie du gouvernement du spectacle mondial, qui tente désespérément d’échapper au marasme catastrophique d’un dollar en débâcle chronique… Al-Qaïda puis Daech sont là les accablantes métastases de la crise mondiale du taux de profit et sont provisionnés par les pétrodollars du Qatar et de l’Arabie Saoudite et armés par eux avec délégation directe de Washington, blanc-seing de Tel-Aviv et collaboration d’Ankara… Et la France, atlantisée jusqu’à la moelle, est, de la sorte, bombardée jusqu’au cœur de Paris pour marcher toujours davantage au pas des réseaux et services clandestins terroristes de l’OTAN, dont les faux drapeaux constituent, bien sûr, une industrie marchande spectaculaire de premier ordre fétichiste…

… Tout est artificiel et fallacieux dans la question ukrainienne, exactement comme dans toute question ouvertement posée dans la société actuelle de la crise du fétichisme marchand, et ce pour les mêmes motifs : c’est, en premier lieu, l’économie du falsifiant, c’est-à-dire la mystification de l’économie politique en décomposition qui l’a provoquée, et c’est évidemment le spectacle de l’inversion qui l’a, en un second temps, développée.

On ne discute là que d’inepties et de niaiseries. Qui a raison : le gouvernement du spectacle mondialiste de l’OTAN et ses valets bruxellois, les fractions occidentalistes de la classe capitaliste ukrainienne ou leurs frères ennemis des courants poutinophiles qui rêvent d’une alliance privilégiée avec Moscou ?

La situation en Ukraine est essentiellement déterminée par les tensions inter-impérialistes qui traversent les reconversions présentes de l’échiquier géopolitique du marché depuis que l’archaïque capitalisme d’État soviétique en faillite a dû se transmuter en Russie patriotico-industrielle. Les conflits entre gangsters étatico-financiers, dans un pays plus que jamais tiraillé entre l’Est et l’Ouest, n’ont cessé d’alimenter une pression grandissante à mesure que la faillite programmée d’une économie impossible ne cessait de faire de l’Ukraine une ruine écrasée par un passif de deux décennies de corruption débridée.

… L’ennemi premier de l’impérialisme américain, c’est le contre-impérialisme potentiel d’une Europe relevée et dégagée des interdits, censures, totems et tabous du 8 mai 45. Ce n’est, au demeurant, pas un détail si la Maison Blanche entendit annihiler Berlin avant de briser Tokyo. C’est pourquoi, depuis que Jean Monnet, agent d’influence au service de l’Oncle Sam, permit la fondation atlantiste de l’Union européenne américanisée, le jeu yankee n’est plus de détruire le Vieux Continent sous les bombes, mais de le faire disparaître imperceptiblement dans les processus troubles et ténébreux des décisions trafiquées de la Commission européenne ; laquelle a réduit, subrepticement et furtivement, l’Europe historique au statut de simple province boutiquière de l’expansion despotique américaine.

… En dépit de leurs désaccords sur les orientations impérialistes générales – ultra-modernisme capitaliste cosmopolite absolu à la sauce américano-financière ou capitalisme territorial à la mode nationale étatique –, les différentes fractions politiques de la marchandise, de l’ultra-droite à l’ultra-gauche, de tous les drapeaux de balivernes qui flottent de Kiev à Sébastopol en passant par Moscou et Washington, n’ont pas d’autre perspective que d’imposer davantage de misère, de détresse et d’obscénité aux populations qu’elles entendent contenir, censurer et asservir.

… Toutes les idéologies nationalitaires, d’« indépendance nationale », de « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », ultimes avatars mystificateurs de la révolution cannibale des Lumières marchandes, quel que soit leur prétexte, droit-de-l’hommique, ethnique ou religieux, ne sont que des infections capitalistes vénéneuses pour détourner l’homme de son propre être générique anti-mercantile. En visant à leur faire prendre parti pour une fraction ou une autre de la classe capitaliste, elles mènent les humains à se dresser les uns contre les autres et à s’entre-massacrer derrière les ambitions économiques et les affrontements politiques de leurs propres exploiteurs.

Ni dans un camp du Capital, ni dans aucun autre : la conscience radicale de l’Être de la vie sait que, pour devenir elle-même, elle doit se produire comme acte cosmique de subversion absolue vers la constitution de la communauté humaine universelle pour un monde sans argent ni État.

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Autres textes à lire et diffuser sans modération :

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

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5 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

Société des sociétés organique avec Gustav Landauer

GJ1a

vlc5a

Impérialisme : de l’Occident aux BRICS ou d’un empire à l’autre ?… (Amar Djerrad)

Posted in 3eme guerre mondiale, actualité, altermondialisme, chine colonialisme, colonialisme, crise mondiale, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, politique et lobbyisme, politique et social, politique française, résistance politique, société des sociétés, terrorisme d'état, Union Europeenne et nouvel ordre mondial with tags , , , , , , , , , , , , on 27 mars 2024 by Résistance 71

Analyse intéressante d’Amar Djerrad sur l’impérialisme et les BRICS : ceux-ci feront-ils mieux, peuvent-ils faire mieux, que l’empire défaillant en voie d’extinction ? Pour ne pas influer sur sa lecture, nous avons mis notre commentaire juste sous l’article…
~ Résistance 71 ~

BRICS_NOM

L’impérialisme occidental en déclin face à «l’impérialisme» bienséant du BRICS en formation !

 Par Amar Djerrad 

27 mars 2024

Le monde traverse une période charnière qui se caractérise par un basculement d’un monde criminel, prédateur, assujettissant qui ne dure que par la force, les compromissions, le chantage et les guerres, vers un monde se voulant plus juste et plus équilibré ! Soyons honnêtes ! Les Asiatiques, les Africains et les Latino-américains (en partie) savent que ce renversement est bénéfique pour eux ! Cette évolution, favorisée par les progrès scientifiques, ne peut qu’apporter équilibre et harmonie.

Un 2ème pôle antagoniste, pour l’équilibre ou « nouvel impérialisme » ? 

Le 21ème siècle va voir le monde se scinder en deux pôles antagonistes où l’Occident ne peut être que perdant ! C’est un processus historique naturel et irréversible, résultant de l’évolution du comportement humain, de ses contradictions, ambitions, intérêts, caprices et de ses actions scélérates. Les tentatives délibérées visant à détourner ce cours, afin de faire perdurer leurs privilèges indus, seront vaines !

L’impérialisme et le colonialisme découlent d’une bizarrerie humaine caractérisée par l’orgueil, la cupidité et la perversité ; des déficiences qui altèrent la vision du monde dans toute sa complexité. Après la disparition du servage et de l’esclavage, et alors que des vestiges du colonialisme persistent, nous sommes aujourd’hui confrontés à d’autres formes de pensée et d’actions telles que le néocolonialisme et le « monde suprémaciste et globaliste », qui arrivent à leur fin inéluctable, malgré les tentatives d’en dévier le cours!

Les regroupements des États/nations dans le cadre des défenses communes et existentielles, représentent une force supplémentaire qui peut prévenir toute intention hégémonique par des agressions qui deviennent improbables lorsque le provocateur pressent des ripostes risquant de lui causer des dommages insupportables. « Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. » (La Boétie). Il est vrai qu’il n’est pas nécessaire de détruire ce « monde », même si cela est possible. Il est plus simple de ne plus lui permettre de s’approprier illégalement quoi que ce soit et lui ôter toutes velléités pillardes, afin que chacun puisse vivre selon ses moyens et capacités, dans la concorde et l’échange équilibré, sans ressentir le besoin de convoiter cupidement les biens d’autrui.

Depuis la chute de l’Union soviétique, nous assistons à une dérive vers un esprit « mondialiste », « suprémaciste », alors qu’une grande partie du monde est dans une autre perspective ! Ils ne voient pas que dans la sagesse de Confucius « L`arrogance précède la ruine, l’orgueil précède la chute ». Nous y sommes au regard de ce qui se déroule au Moyen-Orient avec le colonialisme israélien, en Ukraine face à la Russie, à Taïwan face à la Chine, en Afrique pour se défaire du néocolonialisme, etc. Les Occidentaux n’ont jamais agi pour le bien et la vérité. Ils se moquent même de leurs peuples en les privant des possibilités de voir la réalité cachée qui procure un semblant de paix qui ne dure que le temps d’une rose. « Dans les plus calmes fleuves, les diables pullulent » dit un proverbe russe ! Leur démon est bien sorti pour se retrouver confronté à une force tranquille, irréductible et inébranlable !

Un nouvel « impérialisme » ? Il vaut mieux celui-là que l’on ne connaît pas, mais qui donne des indices concrets du contraire que celui « expérimenté » pendant des siècles et qui les a ruinés ! Les Russes et les Chinois, ont-ils un jour colonisé et exploité un seul pays en Afrique – contrairement à l’Occident qui a un passé colonial funeste, barbare en la colonisant en totalité, dont la majorité par la France – pour les accuser de visées colonialistes dans ce continent ? 

L’OTAN s’enferre en Ukraine contre une Russie terrassante

Il est clair que les Atlantistes mènent une guerre contre la Russie depuis le 24 février 2022, sans la déclarer formellement, en utilisant l’Ukraine comme proxy ainsi que des mercenaires, tout en lui infligeant des sanctions inédites qui se sont retournées dangereusement contre eux ! Il faut avoir l’intelligence des Russes pour réussir l’exploit d’inverser des situations ardues !

On les entend seriner de manière incessante et délirante des propos contradictoires sur les menaces russes et chinoises, leurs objectifs « malsains », leur puissance ou impuissance, avertissant qu’il ne faut pas « pousser la Russie dans les bras de la Chine » alors qu’ils sont ensemble dans le BRIC, le tout dans un salmigondis nauséeux reflétant leur désarroi. S’ils en sont capables, pourquoi alors recourir à une guerre par procuration qui a détruit inutilement l’Ukraine et causé d’importantes pertes dans son armée sans engager directement et loyalement leurs propres troupes ? Pourquoi encourager subrepticement la scission de Taïwan alors qu’ils reconnaissent pleinement la souveraineté de la Chine sur l’ile ? C’est là une forme de bluff et d’intimidation à l’américaine suivie par les nations européennes crédules ! Ils tentent d’obtenir par la propagande et le mensonge ce qu’ils ont échoué à obtenir par les moyens militaires.

Les pays baltes, la Pologne, la Finlande, la Suède, la République Tchèque, la Roumanie, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne entre autres semblent peu enclins à s’engager ouvertement dans un conflit armé contre la Russie au vu de déclarations teintées d’incertitudes dissimulées derrière un semblant de bravoure. « Courage, fuyons ! ». Les États-Unis, apparaissant comme les principaux bénéficiaires du conflit en Ukraine au détriment de l’Europe, ont exclu tout envoi « officiel » de leurs troupes sans nier leurs « soutiens ». L’idée de faire tomber la Russie ou la Chine relève davantage d’une chimère née d’un sentiment de frustration et de fantaisie chez ceux ayant perdu leur libre arbitre.

Les Américano-Anglo-Franco-Sionistes s’apparentent à ce malfaiteur brandissant un couteau devant quelqu’un en lui demandant de ne réagir que s’il est touché ! On ne joue pas à cette roulette avec les Russes ! Couteau, divisions ou des armes nucléaires, voici un aperçu des possibles ripostes évoquées par Poutine : «… Nous nous souvenons du sort de ceux qui ont un jour envoyé leurs contingents sur le territoire de notre pays. Aujourd’hui, les conséquences … seront bien plus tragiques … vous n’aurez même pas le temps de cligner des yeux quand l’article 5 sera exécuté », ou bien « ils ont été habitués depuis des siècles à remplir leur ventre de chair humaine et leurs poches d’argent … ils doivent comprendre que le bal des vampires touche à sa fin » (1) ou encore, à la question d’un journaliste américain sur l’éventualité d’une 1ère frappe nucléaire sur la Russie, la réponse du président russe a été sans équivoque : « ils n’auront pas le temps de le regretter ».

Nous estimons donc que l’usage du nucléaire, dans le narratif américain demeure une forme d’intimidation, du bluff. Leur système construit sur la prédation et l’argent de quelques dizaines de multimilliardaires, ne leur permettra pas de s’aventurer dans une telle entreprise. 

Le piège de l’arrogance : « Tel est pris qui croyait prendre » 

Ce qui est remarquable, c’est que l’histoire réserve souvent des surprises aux individus malveillants, aux vantards et aux menteurs. L’Occident impérialiste se trouve pris aux pièges qu’ils ne cessent de tendre aux autres. Toutes les institutions et organisations (notamment financières) mises en place principalement après la Seconde Guerre mondiale pour promouvoir la démocratie, les libertés et les droits de l’homme, en imposant leur volonté à autrui grâce à l’utilisation abusive des technologies de l’information avancées, se sont révélées être des outils de provocation et de domination visant à contraindre, voire renverser, les gouvernements ne suivant pas leur idéologie mondialiste. Elles se sont finalement retournées contre eux de manière déplorable ! Internet s’est avéré être un moyen particulièrement efficace pour les contrecarrer jusqu’à ébranler leur système de gouvernance, de sécurité et  »d’information » !

Ces médias « sociaux » ont dépassé leurs médias traditionnels de propagande et de subversion ! « Tel est pris qui croyait prendre ! ». En cherchant à manipuler et à tromper, ils ont fini par être pris dans le même filet subversif mondial qu’ils ont tissé pour d’autres.

Parmi ces manipulations figurent celles consistant à ignorer les dates de début des conflits ainsi que leur contexte historique pour tromper sur les objectifs. Ce qui explique le verrouillage des débats libres que l’on ne permet que dans le cadre d’un narratif communicatif préétabli, mais qui semblent maintenant s’effondrer ! D’où le virage soudain pour un autre plus diversif comme « empêcher les Russes de gagner ». Drôle d’objectif ! 

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…pour la continuité de la division des peuples

Europe abaissée, sous les fourches caudines des USA 

Une Europe tombée bien bas sous les griffes des USA à la faveur de « l’assistance » prodiguée à la fin de la 2ème Guerre Mondiale qui s’est transformée en « droit d’ingérence ». Les voilà dans une sorte de ‘bis repetita’ qui les pousse à l’autodestruction en vue d’un marché de reconstruction qui commence par la délocalisation de leurs industries rendues non compétitives en raison d’une interdiction d’achat de l’énergie russe. À ce propos, la dernière enquête indépendante, par analyse de données, d’un certain « Mortymer », a démontré que le sabotage du Nord Stream (2) est le fait des Anglo-Américains impliquant des personnalités anglaises, confirmant les affirmations de Seymour Hersh et des services russes.

Non satisfaits des conséquences sur la Russie et insensibles à l’échec, les oligarques européens ont poussé leur sale manœuvre, jusqu’à vouloir utiliser les intérêts générés par les actifs russes pour financer l’Ukraine, selon leurs dires. En fait, il s’agit d’un tripotage visant, certes, à récolter de l’argent pour l’Ukraine, mais surtout à réorienter l’essentiel vers Israël, leur dernier pantin ; sans en imaginer les réponses stupéfiantes russes ! « Celui qui avale une noix de coco entière fait confiance à son anus » dit un proverbe ivoirien. Ce qui ne semble pas faisable !

Ils demeurent néanmoins prompts à exhiber leurs pectoraux contre les petits pays … Des « petits » pays africains qui ont réussi à évincer des puissances telles que la France et les États-Unis de leur territoire en nouant, désormais, souverainement, des relations avec qui ils souhaitent et quand ils le souhaitent ! Observons ce qu’en dit Nathalie (3) !

Ceci pour souligner que l’arrogance corrompt les esprits jusqu’à l’aliénation ! « À quelques-uns, l’arrogance tient lieu de grandeur ; l’inhumanité de fermeté ; et la fourberie, d’esprit » (Jacques Sternberg).

En conclusion, il apparaît que se débarrasser de leur impérialisme et colonialisme ; garantir le respect des droits des peuples, dont celui des Palestiniens ; retirer leurs bases militaires menaçantes dans le monde et établir des relations équilibrées avec les pays, ne figurent pas dans leur vision. Ils demeurent enfermés de leurs paradoxes et contradictions, ne constatant leurs échecs qu’une fois leurs actes accomplis, sans les reconnaître ; puis ils recommencent. Ils n’entendent rien des conseils des Sages.

Ils sont conscients de leur perte d’influence mondiale, mais ne parviennent à trouver de ‘solutions’ que par des comportements qui attisent l’anti-occidentalisme, accélérant ainsi leur déclin et entraînant les pays de l’Union européenne qui ne perçoivent même pas que le « Brexit », par exemple, n’est rien d’autre qu’un stratagème permettant au Royaume-Uni d’éviter les répercussions de la politique américaine sur l’UE.

Le modèle de « démocratie » occidentale qui marginalise le patriotisme et les intérêts des peuples, dont les leurs, privilégiant les groupes d’influence organisés autour des oligarchiques est le signe avant-coureur du déclin.

Ainsi, ils semblent atteindre la phase finale d’un processus irréversible dans leur évolution historique, tel que traversé par tous les empires disparus.

Il reste cette tumeur maligne au Moyen-Orient nommée « Israël » (soutenu notamment par les Rothschild) avec ses projets coloniaux funestes et sataniques. Cette entité croit pouvoir progresser allègrement à contre-courant de l’évolution historique du monde en se fichant des peuples qui observent leurs actions malveillantes, d’une époque révolue, envers les Palestiniens. Un anachronisme qui offense l’intelligence et la raison !

A.D

Notes

(1) https://radiosputnik.ru/20240313/putin-1932690239.html?in=t

(2) https://reseauinternational.net/enquete-independante-des-elements-du-gouvernement-britannique-sont-derriere-les-attaques-contre-le-nord-stream/

(3) https://www.facebook.com/watch/?v=370380509151898

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Terrorisme_Gouvernements

Commentaire de R71 :

Nous sommes bien entendu d’accord avec l’essentiel de ce que dit Amar dans son article, néanmoins nous voudrions ajouter ceci en prenant un pas de plus de recul sur la chose. Nos deux analyses ne sont en rien antagonistes mais complémentaires.
Amar se place dans la perspective d’une critique politique demeurant dans le cadre historique imparti à savoir : l’État est inéluctable et nous passons de manière linéaire à un mode de domination vers un autre et il analyse à juste titre que jusqu’ici ni la Russie, ni la Chine n’ont eu un passé colonial hors de leur zone d’influence. Mais il y a un début à tout, car avec l’État et la relation marchande intégrée tout n’est que question de degré et d’opportunité… Nous disons depuis toujours que la structure étatique, dans son concept institutionnel, induit le colonialisme et l’expansionnisme économique et militaire. Parce que l’État et ses institutions de pouvoir centralisées, bureaucratiques, sont ce qu’ils sont : des entités de domination et de contrôle d’un pouvoir historiquement séparé du corps social et se maintenant comme tel de manière abusive, arbitraire et contre-nature ; ce n’est qu’une question de degré et d’opportunité pour que des états en remplacent d’autres dans la domination impérialiste, c’est l’histoire qui se confond avec celle de l’État depuis quelques 5000 ans sur les 1,8 millions d’années d’existence de l’être humain sur cette planète. Nous avons détaillé tout cela par ailleurs.
Alors quid des BRICS ? Sont-ils l’espoir pour l’humanité ? L’espoir d’une gouvernance plus raisonnable et équilibrée pour les peuples du monde ?
Les BRICS sont une émanation de l’occident, créés par celui-ci. C’est le plan B à une guerre mondiale de remise à zéro des compteurs économiques et de faire perdurer le « diviser pour mieux régner » : la perspective d’une guerre froide 2.0, toute aussi lucrative et divisive des peuples pour les banques et instances financières transnationales.
En effet, en haut de la pyramide du pouvoir politico-économique des BRICS, aucun de ceux-ci ne remet en cause :

  • Le traité dictatorial de l’OMS sur les pandémies bientôt applicables
  • Les injections à nanoparticules lipidiques (ARNm) de manipulation génétique in vivo, dont ils ont aussi abusé sur leurs populations
  • Les monnaies numériques de banques centrales ou CBDC
  • Le principe même de banque centrale, qui n’est que cartel de banques privées endettant les nations
  • La planification de contrôle numérique planétaire : ID numérique, IA, passe sanitaire etc
  • Le tout contrôle électronique, les smart cities, identité numérique
  • L’IA, la 5G puis la 6G, toute la technologie de contrôle mise en place
  • Le contrôle des populations
  • L’escroquerie climatique de ce pseudo “réchauffement anthropique”

De fait, les BRICS sont la main dans la main avec les grandes instances financières, les Vanguard, Black Rock and Co… Les grandes banques de la “nouvelle route de la soie”, travaillent la main dans la main avec le système bancaire mondialisé. La Banque Asiatique d’Infrastructures et d’Investissements (BAII) basée à Shanghaï, compte de gros actionnaires occidentaux dans ses investisseurs, tout est libellé en dollars, les transactions se font au quotidien sans se soucier de la géopolitique, écran de fumée masquant les impostures…
Tout le haut de la pyramide financière travaille la main dans la main. Le véritable pouvoir de l’hydre dominante se situe à la City de Londres et sa succursale de Wall Street, politiciens et militaires ne sont que des pions aux ordres. Toutes les banques centrales des BRICS sont inféodées au système bancaire de la City, toutes sont des cartels de banques privées aux intérêts transnationaux.
Les BRICS sont un leurre, une couverture, le plan de repli.
Notre position a toujours été claire : il n’y a pas et ne peut pas y avoir de solution au sein du système. Les peuples ne pourront s’émanciper et vivre leur humanité réelle qu’hors État, rapport marchand, argent et salariat. Remplacer l’empire actuel par un empire BRICS en devenir c’est comme si on se débarrassait du gang Al Capone pour être géré par le gang Lucky Luciano. Ce n’est que reculer pour mieux sauter.
Nous pensons qu’il faut cesser de fabriquer de faux espoirs dans un système au delà de toute rédemption possible.
La solution est celle de faire péter les verrous du pouvoir, de nous le réapproprier pour le rediluer dans le corps social, là où il a été pendant des centaines de milliers d’années et est toujours par nature, particulièrement soluble. Le pouvoir séquestré dans une bulle oligarchique de quelque mode de fonctionnement que ce soit, est une anomalie, un processus contre-nature qui ne peut qu’échouer dramatiquement.
Créons la société des sociétés, celle de la Commune Universelle hors État, hors institutions, hors marchandise, hors argent et hors salariat, celle des associations libres confédérées solidaires dans l’amour de chacun, la gratuité et l’entraide, répondant au slogan universel : “A chacun selon sa capacité. à chacun selon ses besoins”.
Tout le reste à notre sens, BRICS ou pas, n’est que pisser dans un violon et reculer pour mieux sauter d’un empire à un autre, la répression n’étant qu’une question de degré dont le thermostat se trouve toujours chez les élites auto-proclamées du haut de cette sempiternelle pyramide du pouvoir !

Quelques lectures pour étayer et bien comprendre notre propos :

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés » le texte complet en arabe

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5 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

Société des sociétés organique avec Gustav Landauer

banquier_caisse
La relation étatico-marchande est une relation de dominant à dominé…
il ne peut en être autrement… pas de solution au sein du système donc !

Revisiter la pensée politique de Jean-Jacques Rousseau : Rousseau un anti-Lumières (Camille Mordelynch)

Posted in actualité, démocratie participative, documentaire, gilets jaunes, militantisme alternatif, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, philosophie, politique et social, politique française, résistance politique, société des sociétés, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , on 18 mars 2024 by Résistance 71

“Hobbes prétend que l’Homme est naturellement intrépide et ne cherche qu’à attaquer et combattre. Un philosophe illustre [Montesquieu] pense au contraire et Cumberland et Pufendorf l’assurent aussi, que rien n’est si timide que l’homme dans l’état de Nature, et qu’il est toujours tremblant et prêt à fuir au moindre bruit qui le frappe, au moindre mouvement qu’il aperçoit.”

“Le premier qui, ayant enclos un terrain, s’avisa de dire : ‘ceci est à moi’ et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d’horreurs n’eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : Gardez-vous bien d’écouter cet imposteur ; vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous et que la terre n’est à personne.”

~ Jean-Jacques Rousseau, “Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes”, novembre 1753 ~

Recadrer la pensée politique et la vision de Rousseau hors moule propagandiste : une analyse des plus intéressantes de Camille Mordelynch, prof de philo, et une interprétation réaliste de la pensée du philosophe politique genevois, qui a eu le mérite d’anticiper les problèmes inhérents au système de gouvernance représentatif mis en place par la révolution française et ce plus de 30 ans avant sa réalisation.
~ Résistance 71 ~

JJRousseau2

Jean-Jacques Rousseau, un anti-Lumières

Camille Mordelynch

Professeure de philosophie

Extrait du livre “Sagesse rebelle, la philosophie entre en rébellion”, compilation dirigée par Camille Mordelynch aux éditions des Livres Noirs

Reçu via courriel mars 2024

Rousseau naît à Genève au XVIIIème siècle, siècle où le progressisme des Lumières se diffuse, entendant faire triompher le rationalisme contre l’obscurantisme religieux, le progrès scientifique contre l’attachement aux vieilles traditions superstitieuses. Mais qualifier Rousseau de penseur des Lumières, au-delà de la seule proximité temporelle, est un contre sens : Rousseau est à bien des égards un anti-Lumières, qui ne partage pas l’enthousiasme pour la modernité libérale et cette foi en une avancée de l’humanité portée par la floraison des savoirs.

Contre l’idée de progrès

Rousseau admet la notion de progrès, l’idée selon laquelle l’humanité a progressé ; mais il est soucieux de savoir ce qui a progressé. Selon lui, le progrès des sciences et des arts, autrement dit de la technique, a eu des contreparties dont la philosophie doit s’emparer pour en donner une résonance morale. Rousseau les expose lorsqu’il répond à un concours organisé par l’académie de Dijon en 1750, autour de la question “le rétablissement des sciences et des arts a t’il contribué à épurer les mœurs ?” : injustices sociales, inégalités, luxe superficiel, gout de l’argent, sont selon lui ce qui s’inscrit en négatif du progrès technique.

Dans son discours, Rousseau soutient une critique morale et politique : l’avancée des savoirs ne s’est pas accompagnée d’un progrès des mœurs, bien au contraire ; il a induit une dépravation morale, masquée par de nouvelles mœurs policées. Le développement des sciences et des arts a engendré le déclin des valeurs morales, a éloigné les hommes de la vertu en répandant le luxe, l’égoïsme, l’hypocrisie, au détriment de la traditionnelle simplicité, du courage, de l’héroïsme guerrier de l’Antiquité.

Sur le plan politique, l’intérêt pour les sciences et les arts, qui s’apparente à du divertissement, détourne l’homme de ses préoccupations pour sa liberté, amollit sa conscience civile. Rousseau exprime ainsi, dès son temps, une critique de la modernité originale, sur fond de conservatisme moral, expliquant sa préférence pour la cité guerrière de Sparte, face aux raffinements d’Athènes. Sa critique de la modernité converge avec sa pensée politique, mais ne donne pas lieu à un conservatisme politique : violent avec les grandes monarchies européennes, Rousseau estime qu’elles sont le symbole de l’écrasement des peuples. Son esprit démocratique l’invite à formuler, à l’heure où le régime représentatif l’emporte,  un projet que l’on pourrait qualifier de démocratie directe.

Pour le comprendre, il faut saisir le mouvement de son livre majeur “Du contrat social” (1762). Rousseau, en contractualiste, estimant que l’État est né d’un contrat implicite passé entre les hommes, se représente le passage de l’homme d’un état de nature à la société. Le contrat social est un instrument abstrait qui aide à comprendre comment pourrait se former un gouvernement à partir de la fiction méthodologique de l’état de nature, un état pensé antérieur à toute société, mais qui n’a aucune réalité historique. Dans celui-ci, Rousseau conçoit l’homme comme suivant son instinct, son appétit, ses impulsions : sa liberté est entière, n’ayant pour limite que celle des contraintes biologiques, et non la coexistence avec d’autres sphères autonomes, car l’homme sauvage ne se préoccupe pas de ses semblables. Il vit, selon Rousseau, relativement isolé, indépendant des autres, bien qu’il se trouve dans un état de “bonté” originelle.

Sur ce point, la pensée de Rousseau a été largement caricaturée, réduite au mythe du “bon sauvage”. Si cela a pu se faire, c’est que l’homme à l’état de nature, se caractérise par deux sentiments majeurs : l’amour de soi et la pitié. L’amour de soi est le sentiment qui nous dispose favorablement envers nous-mêmes et nous pousse à pourvoir à nos besoins, tandis que la pitié est un sentiment naturel qui incite l’homme à aider son prochain. La pitié nous transporte à la place de celui qui souffre : c’est un sentiment obscur et vif chez l’homme sauvage, mais qui deviendra moindre chez l’homme civil. Cette pitié va susciter chez l’homme une forme de comportement moral inconscient : il se comporte favorablement vis à vis d’autrui ; mais même si ses attitudes peuvent avoir l’apparence des bonnes actions, cela ne le rend encore ni bon ni mauvais.

En effet, pour que son comportement soit moral, il faudrait que l’homme sauvage puisse avoir connaissance du bien et du mal, savoir qu’elles en sont les exigences (ce qu’est une vertu, un vice, une action moralement bonne…) Or, à ce stade,  il ne le sait pas encore. A l’état de nature, l’homme n’a pas les connaissances nécessaires pour pouvoir porter un jugement de valeur sur son action. Il vit simplement dans un état d’innocence qui le rend compassionnel naturellement ; à ce stade, il n’a pas été perverti par l’individualisme social.

Cela n’advient qu’avec l’état civil, au moment du pacte social où la nature humaine change. Rousseau nomme “perfectibilité” cette capacité de l’homme à se changer lui-même. Il fait partie du principe qu’il n’y a pas de nature humaine immuable : l’homme est au contraire un être perfectible, qui a modifié sa nature en passant de l’état de nature à l’état civil.

Rousseau reconnaît ainsi chez l’homme la disposition à échapper à ses déterminisme naturels (il n’est pas contraint par la nature à mener une existence déterminée comme celle de l’animal), et en fait un être fondamentalement libre : il a la possibilité de devenir autre, supposant ainsi une certaine plasticité. L’homme est toujours capable d’évoluer en bien ou en mal, comme en témoignent les changements qu’il connaît au moment de son entrée dans l’état civil. En société, la pitié naturelle décline et l’amour de soi se change en forme pervertie, l’amour propre qui rend les individus narcissiques. L’amour propre est une production sociale : c’est l’amour factice qui n’est pas inhérent à l’homme naturel, mais qui découle des relations sociales. Il émerge quand l’homme se met à se comparer aux autres : l’individu ne s’aime plus lui-même en cherchant à satisfaire ses besoins, selon ce qui était l’amour de soi, mais il tient compte du regard d’autrui et s’aime au moyen de l’approbation des autres, cherchant ainsi à se donner une valeur supérieure aux autres, entrant dans des rapports de domination.

L’homme, dans la société, devient ainsi jaloux, envieux et calculateur ; d’où l’intérêt de l’éducation, dont Rousseau soutiendra une une conception originale et avant-gardiste dans son “Emile ou l’éducation”. Néanmoins, écrit le philosophe du “Contrat social” : “Quoi qu’il se prive dans son état de plusieurs avantages qu’il tient de la nature, il en regagne de si grands, ses facultés s’exercent et se développent, ses idées s’étendent, ses sentiments s’ennoblissent, son âme toute entière s’élève à tel point,  que si les abus de cette nouvelle condition  ne le dégradaient souvent au dessous de celle dont il est sorti, il devrait bénir sans cesse l’instant heureux qui l’en arracha pour jamais, et qui, d’un animal stupide et borné, fit un être intelligent et un homme.

La citation qui ferait dire à Rousseau que l’homme naît bon, mais que c’est la société qui le corrompt, n’est jamais écrite comme telle dans son œuvre : si la société a altéré l’homme en pervertissant par bien des aspects sa nature primitive, elle est aussi le lieu de son accomplissement, de sa marche en avant naturelle, le faisant passer d’un animal sauvage à un être civilisé, capable d’exploiter et de développer ses aptitudes et compétences. Ceux qui ont voulu faire de Rousseau l’apologiste du bon sauvage se sont fourvoyés.

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Il est très difficile de réduire à l’obéissance celui qui ne cherche point à commander, et le Politique le plus adroit ne viendrait pas à bout d’assujettir des hommes qui ne voudraient qu’être libres.”
~ Jean-Jacques Rousseau, “Discours sur l’origine des inégalités parmi les hommes”, 1753 ~

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Rousseau_contrat_social

Rousseau politique

La préoccupation politique de Rousseau porte sur les conditions de légitimité du contrat social. Quand l’homme passe à l’état civil (sûrement pour des raisons de sécurité, de raréfaction des ressources, il en vient à devoir s’associer aux autres). On fait face à un problème : il faut trouver une forme d’association qui, bien qu’elle soumette les hommes à un pouvoir politique, leur permette de conserver leur liberté naturelle. Rousseau cherche à savoir à quelle condition l’homme peut accepter de renoncer à son indépendance de l’État de nature. Il faut d’abord exclure la possibilité d’un pouvoir incarné par une personne, car si le pouvoir est personnel, s’il est aux mains d’un seul individu, cela produit des rapports de domination qui portent atteinte à la liberté. Il faut donc trouver une autre forme de dependance capable de conserver la liberté : un pouvoir politique impersonnel, de sortir que personne ne soit contraint d’obéir à un autre et que, pour reprendre les termes mêmes de Rousseau, “chacun se donnant à tous, ne se donne à personne”. Ce pouvoir politique impersonnel se manifeste pour Rousseau dans la loi qui doit, selon lui, devenir l’expression de ce qu’il appelle la volonté générale. Celle-ci n’est pas la somme des volontés particulières, mais l’ensemble des volontés que chacun exprime en tant que consulté sur un sujet d’intérêt général, autrement dit, l’ensemble des volontés qui tiennent compte du bien commun.

Mais pour qu’un tel intérêt général existe, il faut qu’à l’origine tout le monde aliène une quantité égale de liberté, que chacun cède la même part de liberté à l’association. L’égalité est la condition du commun. Rousseau tient vraiment à la construction d’un pouvoir collectif à égalité,  de sorte qu’aucun des membres ne puisse vouloir dominer les autres. L’auteur se montrera par ailleurs vigilant quant à cette idée d’égalité politique, vouée à rester à l’état de chimère sans la diminution des inégalités socio-économiques. Il faut un certain nombre de réformes économiques pour contrebalancer le pouvoir des classes dominantes, suivant ce que le philosophe écrit dans “Le projet de constitution de la Corse” : “Il faut que tout le monde vive et que personne ne s’enrichisse. C’est là le principe fondamental de la prospérité de la nation.

Donc, pour que la loi devienne l’expression de la volonté générale, il faut concrètement que les citoyens participent à égalité à l’élaboration de celle-ci. Pour Rousseau, “la puissance législative appartient au peuple et ne peut appartenir qu’à lui.” Autrement dit, écrit-il encore : “Le peuple soumis aux lois doit en être l’auteur”, car c’est là le seul moyen pour que les citoyens consentent à y obéir sans avoir l’impression de renoncer à leur liberté. Rousseau a l’intuition que “l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite à soi-même est liberté.” : pour accepter le pacte social qui les conduit à s’associer tout en conservant leur liberté, les citoyens doivent donc participer à l’écriture des lois auxquelles ils se soumettront. C’est ce qui fait que Rousseau est hostile à l’idée de la représentation. Tant qu’on est représenté, on ne peut pas être libre, puisqu’on délègue notre pouvoir de décision à autrui.

Nous ne sommes plus alors autonomes, d’après l’étymologie grecque du terme, autos-nomos, c’est à dire que nous ne sommes plus notre propre loi. Rien ne pourrait nous assurer, par ailleurs, que la volonté des représentants soit fidèle à la volonté générale : “Le peuple ne peut avoir des représentants, parce qu’il lui est impossible de s’assurer qu’ils ne substituent point leurs volontés aux siennes”. C’est donc une des thèses majeures du “Contrat social”, dont l’écho résonne aujourd’hui plus que jamais : “la souveraineté du peuple ne peut être représentée.Rousseau anticipe l’escroquerie qui se présente et qui persiste encore aujourd’hui : la démocratie représentative est une contradiction dans les termes. Mais comment le philosophe envisage t’il dans les faits, l’instauration de ce régime où le peuple voterait ses propres lois ?..

Pour Rousseau, le seul régime légitime auquel le Contrat Social réserve le nom de république — res publica, la chose du peuple — est celui où le peuple peut constituer une assemblée et ratifier les lois. Or, si le peuple souverain détient le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif, lui, doit être au main d’un gouvernement, lui, strictement subordonné au peuple, qui prendrait la forme d’une aristocratie élective pour appliquer les lois à des cas particuliers. Le gouvernement est distinct du peuple pour ne pas que les considérations particulières et concrètes, propres au pouvoir exécutif qui est du côté de l’intérêt particulier, menace l’intérêt commun du pouvoir législatif dont il n’est qu’un auxiliaire, et qui doit demeurer l’expression de la volonté générale. Pour s’en assurer, Rousseau pense la présence d’un “législateur”, un “sage instituteur”, qui ressemble à un homme providentiel, capable d’accompagner le peuple dans sa libération. Le législateur, cette figure qui apparaît comme quelque peu mythique, éduque les volontés, sert de guide au corps social et donne aux peuples les moyens de faire des lois juste.

Mieux vaut la liberté et les dangers que la paix qui rend esclave

Rousseau met donc en place tout un agencement institutionnel pour que la démocratie, l’idée selon laquelle la souveraineté appartient au peuple, soit possible. Mais l’auteur n’est pas naïf : il sait que le gouvernement, bien que soumis au peuple souverain, tentera d’abuser de son pouvoir et d’en usurper la supériorité. Le pouvoir exécutif contient, en germe, sa dégénérescence despotique. C’est la pente inéluctable de tout gouvernement, qui rompt alors le contrat social : c’est ce que Rousseau appelle la mort du corps politique. Le philosophe est pris dans cette tension qu’il résout difficilement au sujet des moyens à mettre en œuvre pour brider la tendance du gouvernement à s’affranchir de son statut d’organe périphérique. C’est pourquoi Rousseau nous dit qu’en démocratie “le citoyen doit s’armer de force et de conscience et répéter chaque jour de sa vie au fond de son cœur ce que disait un vertueux Palatin dans la diète de Pologne : “Malo periculosam libertatem quai quietum servitium (Mieux vaut la liberté et les dangers que la paix qui rend esclave).

Ce qu’il faut retenir, en tout cas, de l’idéal rousseauiste, c’est que la souveraineté ne s’exerce pas sur le peuple mais  PAR le peuple et de façon absolue. La radicalité de sa pensée, dans la dénonciation du progressisme et de notre mode de gouvernance actuel, trente ans avant la révolution française, l’avait à l’époque socialement condamnée. Aujourd’hui, elle est indispensable pour comprendre que le citoyen croit vivre dans une démocratie dont il est pourtant complètement absent. A nous de retrouver notre conscience politique révolutionnaire en réinvestissant cet héritage.

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NdR71 : laissons la parole à Jean-Jacques Rousseau qui écrivait ceci en 1752, soit 37 ans avant la révolution française, en conclusion de son “Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes”  (seconde partie):

“… au milieu de tant de Philosophie, d’humanité, de politesse et de maximes sublimes, nous n’avons qu’un extérieur trompeur et frivole, de l’honneur sans vertu, de la raison sans sagesse, et du plaisir sans bonheur. Il me suffit d’avoir prouvé que ce n’est point là l’état originel de l’homme et que c’est le seul esprit de la société et l’inégalité qu’elle engendre, qui changent et altèrent ainsi toutes nos inclinations naturelles.
J’ai tâché d’exposer l’origine et le progrès de l’inégalité, l’établissement et l’abus des Sociétés politiques, autant que ces choses peuvent se déduire de la Nature de l’homme par les seules lumières de la raison et indépendamment des dogmes sacrés qui donnent à l’autorité souveraine la Sanction du Droit Divin. Il suit de cet exposé que l’inégalité étant presque nulle dans l’État de Nature, tire sa force et son accroissement du développement de nos facultés et des progrès de l’esprit humain et devient enfin stable et légitime par l’établissement de la propriété et des lois. Il suit encore que l’inégalité morale, autorisée par le seul droit positif est contraire au Droit Naturel, toutes les fois qu’elle ne concourt pas en même proportion avec l’inégalité Physique. […] Il est manifestement contre la loi de la Nature, de quelque manière qu’on la définisse, qu’un enfant commande à un vieillard, qu’un imbécile conduise un homme sage et qu’une poignée de gens regorge de superfluités, tandis que la multitude affamée manque du nécessaire.”

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Il n’y a pas de solution au sein du système, n’y en a jamais eu et ne saurait y en avoir ! (Résistance 71)

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

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5 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

Société des sociétés organique avec Gustav Landauer

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Hommage à un anarchiste breton tombé au Rojava en 2018 (Le Monde Libertaire)

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, colonialisme, crise mondiale, démocratie participative, gilets jaunes, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, militantisme alternatif, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, politique et social, résistance politique, société des sociétés, syndicalisme et anarchisme, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , on 27 février 2024 by Résistance 71

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KENDAL BREIZH, INTERNATIONALISTE LIBERTAIRE TOMBÉ AU ROJAVA

LIEN PERMANENT : HTTPS://MONDE-LIBERTAIRE.NET/INDEX.PHP?ARTICLEN=7655

Source :

https://www.monde-libertaire.fr/?articlen=7655&article=Kendal_Breizh_internationaliste_libertaire_tombe_au_Rojava

Janvier 2024

Dans une volonté à la fois d’hommage et de réflexion, cet article retranscrit le cheminement politique et pratique de Kendal Breizh. Cet anarchiste bretonnant a marqué son milieu par son combat : libérer les populations et leurs cultures opprimées par l’Etat colonial, que ce soit en France, au Moyen-Orient ou partout sur le globe.

Kendal Breizh : un anarcho-indépendantiste breton

Le 10 février 2018 mourrait Olier dit Kendal Breizh, militant anarcho-indépendantiste breton. Ce qualificatif peut laisser croire à un détournement nationaliste et identitaire de la pensée anarchiste mais la réalité est toute autre. S’il se considère ainsi, c’est pour deux raisons : L’existence du fait colonial et l’existence d’éléments centralisateurs et jacobins dans le mouvement anar (qu’il lui arrive d’appeler anarcho-jacobins ou anarcho-nationalistes). Le courant qu’il défend prône le droit à l’indépendance de tous les peuples opprimés et dominés du monde et non seulement le peuple breton, il ne peut être qualifié de ’nationaliste’ : « en plus de vouloir l’indépendance du peuple breton vis-à-vis de l’État français, je veux la libération de tous les peuples et dans tous les domaines (social, colonial, individuel, culturel) ; c’est là le fondement même de l’internationalisme. » écrit-il dans un article du N°12 de la revueHuchoer. Pour lui, il faut concilier la libération des peuples (anticolonialisme et anti-impérialisme) avec la libération de tous les individus (antisexisme, antiétatisme, autogestion, antirépression, antiautoritarisme) sans se perdre dans l’interclassisme ou dans l’indépendance comme fin en soi. Kendal, au-delà de la cause bretonne s’intéressait, entre autres, aux luttes basques, irlandaises, palestiniennes, zapatistes et kurdes. C’est ainsi qu’il s’engage au Rojava en 2017 et meurt sous les bombardements de l’armée turque à Afrine en février 2018.

Le Syndicalisme, un allié ?

Olier s’intéressa au syndicalisme alliant à la fois revendications sociales et lutte pour l’autonomie des peuples. Il se pencha particulièrement sur l’Espagne de 1936 où la révolution se joua sur fond d’identités régionales (Pays basque, Catalogne) luttant contre le joug de l’Etat central castillan. D’ailleurs, plusieurs combattants ayant participé à la révolution espagnole étaient membres de l’Irish Citizen Army. Cette milice ouvrière de l’ITGWU, syndicat irlandais luttant contre la double oppression du prolétariat en Irlande : l’exploitation capitaliste de la bourgeoisie irlandaise et l’exploitation coloniale de l’Empire britannique.

Ce syndicat s’illustra notamment dans la grande grève de 1913, mouvement massif autant détesté par la Couronne britannique que par les nationalistes du Sin Fein et dont le seul soutien a été les organisations ouvrières anglaises ! 

De nouveau, durant la première guerre mondiale, l’ITGWU réussit à stopper la conscription britannique en Irlande grâce à une autre grève générale en 1918. Ainsi, ce syndicat révolutionnaire s’inscrivant dans la lutte des classes contribua à l’indépendance de l’Irlande qui fut malheureusement récupérée par la bourgeoisie et les nationalistes irlandais. 

Si Kendal perçoit le syndicalisme comme une stratégie utile pour la révolution et pour l’indépendance, cela ne l’empêche pas d’avoir une analyse critique. En effet, il n’hésite pas à dénoncer la bureaucratie et l’hypocrise de la CGT ou de la CFDT.

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Antimilitariste oui, pacifiste non !

Dans de nombreux articles, Olier s’attache à dénoncer le militarisme étatique. Ainsi, la fin du service militaire ne signe pas la fin de l’emprise martiale sur la société vu la police hautement armée et le discours nationaliste dominant valorisant l’armée, telle la Journée d’Appel et de Préparation à la Défense : autant d’incarnations de l’Armée dans nos quotidiens. Ces analyses datant des années 2000 ne peuvent que nous faire écho à l’heure du SNU…

Son antimilitarisme n’est pas dissociable de ses idées anticarcérales et antirépressives qui lui tenaient très à cœur. 

Néanmoins, si Olier est antimilitariste, il n’est pas pacifiste. Il considère la lutte armée décoloniale comme un moyen de libération de l’individu. Il crache sur les libertaires dogmatiques qui seraient prêt-es à rejoindre la bourgeoisie contre un mouvement d’émancipation usant de la violence, alors qu’il considère celle-ci comme pouvant être bénéfique pour les peuples colonisés ou dans les manifs. Cependant, il est conscient du risque des dérives contre-révolutionnaires et militaristes. Pour Olier, la lutte armée est un moyen qui, comme les autres, ne doit pas être utilisé dogmatiquement mais pragmatiquement loin des carcans hiérarchiques de l’Armée. C’est dans cet optique qu’il partit en 2017 combattre au côté des Forces Démocratiques de Syrie pour défendre l’arme au poing la révolution au Rojava, que ce soit contre Daesh ou la Turquie.

NdR71 : le problème réside ici dans les FDS, création des Yankees, qui ont aussi créé Daesh depuis l’Irak pour déstabiliser la région. L’entretien du chaos est incessant pour que l’empire tire les marrons du feu, notamment les contrôle des zones pétrolières du nord de la Syrie, qu’il pille sans vergogne par ses “alliés” de circonstance interposé. Depuis 2016, la révolution sociale du Roja, celle du confédéralisme démocratique d’Ocalan, a été trahie et le “contrat social du Rojava”, ersatz crypto-étatique qui est aussi une création du contrôle yankee régional… Sacré panier de crabe dont ce compagnon est tombé victime.

Colonialisme sur le bout de la langue

Dans son anarcho-indépendantisme, la protection des langues et des cultures est un pan important.

Il ne s’agit pas pour une population de se couper de celles qui ne partagent pas sa langue ou sa culture mais de rompre avec les Etats dont la pratique colonialiste impose langue, culture et lois considérées comme supérieures. 

La valeur d’une langue n’existe que par celleux qui l’utilisent et qui défendent leurs valeurs. Il faut donc refuser tous les impérialismes linguistiques même l’esperanto : l’uniformisation qu’elle soit capitaliste, colonialiste ou « anarchiste » est néfaste pour les individu-es.

Une langue peut tout à fait être victime et oppresseure tel le français qui se défend face à l’anglais en minorant d’autres langues d’où la nécessité d’éviter l’écueil de la promotion d’une langue contre les autres mais de favoriser la liberté d’exister pour toutes.

« Toute langue étant le reflet d’une culture et d’une expression populaire passée ou présente, ancienne ou récente – l’espéranto par exemple –, doit pouvoir perdurer, être transmise et sauvegarder tant qu’il existe un ou plusieurs individus qui le désirent. Il n’existe pas de langue civilisatrice ou sauvage, de langue démocratique ou fasciste, de langue libératrice ou aliénante, bref de langues supérieures ou inférieures : dire le contraire, c’est se lancer dans le chemin fascisant du centralisme ethnique. » écrit Kendal dans le N°11 d’Huchoer

En France, l’équation de l’Etat-Nation : Etat=Nation=Culture=Langue se sent menacée par les différentes cultures et langues sur son territoire, qu’elles soient autochtones ou issues des migrations, ce qui n’empêche pas la France de prôner le français en dehors de ses frontières. 

Cet universalisme rejette les différences pour les supprimer, Olier lui oppose l’internationalisme et la tolérance qui acceptent les différences dans la solidarité.

Défendre la culture et les langues n’est pas défendre corps et âmes des traditions dont les aspects oppressifs notamment patriarcaux doivent être remis en cause. Selon lui cette défense ne peut qu’être populaire : se placer contre ces oppressions culturelles est indissociable de l’opposition à l’oppression des peuples, les oppressions des populations étant bien plus inacceptables. « Le centralisme colonial est l’ennemi majeur du fédéralisme libertaire » dit-il dans le N°12 d’Huchoer.

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Pourquoi cet article ?

Ces lignes s’appuient majoritairement sur ses articles dans l’Huchoer. Elles rendent hommage à un militant internationaliste parmi tant d’autres dont l’idéologie personnelle se rapproche de la nôtre malgré certaines inimitiés entre notre groupe et certains groupes dont il a fait partie, inimitiés qu’il conviendrait de dépasser aujourd’hui pour un internationalisme libertaire d’autant qu’à l’occasion des six ans de sa mort, se tient le 10 février 2024 à Rennes une journée autour de l’internationalisme : Bevañ an Etrebroadelouriezh (Vivre l’Internationalisme en breton) organisée par les ami-es, camarades et la famille d’Olier, Serhildan-Bretagne et le CDK-R (Centre Démocratique Kurde-Rennes).

trimart-Elo et Rictus du groupe La Sociale

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A lire et diffuser: Entretiens avec le collectif « Lutte Anarchiste » du Rojava : 1 et 2 

Il n’y a pas de solution au sein du système, n’y en a jamais eu et ne saurait y en avoir ! (Résistance 71)

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

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5 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

Société des sociétés organique avec Gustav Landauer

Lire notre page « Textes fondateurs pour un changement de paradigme politique »

Rojava : « Confédéralisme démocratique », Abdullah Ocalan, 2011

GLRevolution

L’état n’est pas quelque chose qui peut être détruit par une révolution, mais il est un conditionnement, une certaine relation entre les êtres humains un mode de comportement humain, nous le détruisons en contractant d’autres relations, en nous comportant différemment.
“L’objectif est le peuple, la société, la communauté, la liberté, la beauté, la joie de vivre.”
~ Gustav Landauer 1911 ~

Tekosina Anarsist (TA) : nouvel entretien avec les anarchistes du Rojava en octobre 2023

Posted in 3eme guerre mondiale, actualité, altermondialisme, autogestion, colonialisme, crise mondiale, démocratie participative, documentaire, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, militantisme alternatif, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, politique et social, résistance politique, société des sociétés, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , , on 5 février 2024 by Résistance 71

Notre introduction du premier article d’un entretien avec “Tekosîna Anarsîst” (TA) ou “Lutte Anarchiste” que nous avons traduit et publié  en octobre 2020 :

Le mouvement Tekosina Anarsist (TA) ou “Lutte Anarchiste” a été créé à l’automne 2017 au Rojava, il y a donc trois ans. Ce mouvement est international et est essentiellement une unité médicale de combat qui dispense à la fois des soins dans les zones de combat et forme des équipes médicales pour les unités kurdes du Rojava. L’an dernier, un membre italien de TA, Lorenzo Orsetti, a été tué dans les zones de combat du Rojava.

Cet entretien repositionne historiquement la lutte pour le Confédéralisme Démocratique dans cette région du monde et partout ailleurs, comme le préconise Abdullah Ocalan dans son manifeste pour le Confédéralisme Démocratique (CD) de 2011, qui n’a pas grand chose à voir avec le “Contrat Social du Rojava” pondu en 2016 et régissant le Rojava comme un proto-état à l’inverse du CD qui invoque l’abolition de l’État et des institutions. C’est donc avec un immense plaisir que nous avons traduit cet entretien, qui répond à bien des questions et des spéculations. Nous remercions les intervenants de cet éclairage si nécessaire.

~ Résistance 71 ~

“Chaque orage commence avec une simple goutte de pluie. Sois cette goutte !”
(devise du Tekosîna Anarsîst / TA)

Des nouvelles de TA 3 ans plus tard…

MaJ du 6 février 2024 : Jo vient de nous envoyer en temps record l’excellent PDF de ce texte à lire et diffuser:
Nouvel-entretien-avec-les-anarchistes-du-rojava-oct-2023

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Anarchistes au Rojava

La révolution est une lutte en elle-même

Tekosîna Anarsîst (TA)

Octobre 2023

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

Février 2024

1. Nous avons lu des déclaration au sujet du travail de TA hors du champ de bataille, dans les domaines de l’éducation et du soutien médical par exemple. Le côté éducatif  est très intéressant pour nous, pourriez-vous clarifier un peu votre mode opératoire dans vos campagnes éducatives, pas seulement entre vous mais aussi au sein des communautés locales ? Y a t’il des enseignements que vous voudriez partager sur le rôle (et le processus) révolutionnaire de l’éducation ? Comment voyez vous la pédagogie non seulement comme un outil, mais aussi comme un espace au sein des luttes que vous devez affronter ?

L’éducation est ce qui construit les fondations d’une nouvelle société. C’est souvent le meilleur des outils pour nous défendre ainsi que nos communautés. Le mouvement de libération kurde met grandement en valeur le rôle de l’éducation et ceci nous a aussi amené à réfléchir sur notre approche. (NdT : ceci est tout à fait similaire à l’expérience zapatiste au Chiapas, fondé sur une approche éducative dans le veine du grand éducateur brésilien Paulo Freire) Au Rojava, il est courant de rejoindre des programmes éducatifs pour plusieurs mois, là où des militants de différents endroits n’ont rien d’autre à faire que d’étudier et de se développer. Ceci n’est pas nouveau au Rojava, le mouvement kurde a travaillé sur l’éducatif et les méthodes d’enseignement depuis des décennies. En rejoignant certains de ces programmes, nous avons aussi constaté que la plupart de notre compréhension de l’éducation est connectée à l’école, université et autres systèmes étatiques (NdT : ce que Paulo Freire appelle “le système éducatif bancaire”… dans le sens de l’accumulation de connaissance comme une banque de données enseignées par des profs assujettis au système, la connaissance pilotée, organisée, sélective et donc forcément tronquée et incomplète puisqu’assujettie à des intérêts particuliers de la classe dominante, ce que Gramsci appelait aussi “l’hégémonie culturelle”…) et l’importance de ce que nous devrions développer nos propres programmes éducatifs, façonner nos propres vues et valeurs politiques. En cela “LA PEDAGOGIE DES OPPRIMES” de Paulo Freire peut nous donner de très bonnes et importantes perspectives.

NdR71 : Devant l’importance de l’ouvrage de Freire, nous l’avons traduit et publié entièrement en français il y a quelques années, cliquez sur le lien ci-dessus pour le télécharger en format PDF. Également, en 2022, notre traduction française du livre de Freire a été utilisée avec notre consentement , gratuitement, comme base pour la traduction de l’ouvrage en arabe. Vous pouvez télécharger le livre en arabe sous format PDF également gratuitement ICI… Bonne lecture !

L’éducation révolutionnaire peut être tout ce qu’on fait si on apprend de manière organisée. Des éducations fermées nous permettent de travailler plus profondément sur un sujet, comme par exemple étudier et analyser la philosophie et la vision politique d’Abdullah Ocalan, ou de Makhno ou de Malatesta sur l’anarchisme organisé et les différentes tentatives de mettre tout cela en pratique, ou d’apprendre les premiers secours et les soins médicaux en situations de guerre. Mais tout ceci doit aussi s’enraciner dans la pratique, qui est souvent la meilleure des éducations, comme lorsque nous travaillons dans la société avec nos camarades kurdes et arabes et autres camarades, lorsque nous construisons notre organisation jour après jour, ou lorsque nous sommes des infirmiers sur le front, dans les zones de combat. La théorie apporte la connaissance et aide à comprendre et à avoir confiance en soi, mais c’est le travail pratique qui construit notre expérience et le savoir complet.

Une certaine connaissance que nous transportons avec nous est rare ici et il est important de la collectiviser. Nous avons fait des séminaires éducatifs de premiers secours et de soins sur le champ des opérations à nos camarades kurdes, arabes et arméniens. Nous avons aussi partagé les connaissances entre nous, parfois sous la forme de courts séminaires, parfois sous la forme de programmes plus longs d’éducation fermée. Ceci nous a aidé à construire nos capacités et à developper un cadre commun d’organisation, dans les domaines tout à la fois pratique et théorique, idéologique. Avec le temps, nos méthodes éducatives deviennent plus adaptées à nos besoins, dénotant non seulement ce que nous voulons enseigner et apprendre mais aussi comment nous voulons le faire. Pour certains camarades, cela aide beaucoup de lire ou d’écouter des séminaires pendant plusieurs heures, pour d’autres, c’est mieux d’apprendre avec de la mise en pratique. Nous essayons de toujours garder cela à l’esprit mais aussi nous nous lançons des défis, comme par exemple encourager les camarades qui sont plus familiers avec le travail académique, de travailler de manière pratique et de pousser un travail plus idéologique et théorique avec ceux qui sont plus orientés vers la pratique.

2.Dans des déclarations précédentes, vous avez évoqué le besoin pour les révolutionnaires de se désengager d’états d’esprit individualistes, égoïstes ainsi que de relation d’ego quand ils approchent le relationnel avec leurs camarades et l’organisation. Comment avez-vous à TA pu gérer ce type d’état d’esprit ? Nous reconnaissons cette vision où l’anarchisme et la lutte révolutionnaire sont toujours des funambules sur le fil entre le mode de vie et la commodité, ne nous permettant pas de relations profondes dans la marche vers la libération. Y a t’il des leçons ou des avertissements que vous voudriez partager de vos activités et de votre expérience pratique ?

C’est une question très difficile, parce que c’est un des principaux défis, difficulté principale à laquelle nous devons faire face. L’anarchisme a toujours discuté des contradictions entre les militants individuels et le besoin d’organisations révolutionnaires. Nous travaillons à l’équilibre de ces points, parce que nous voyons des arguments très importants à faire des deux côtés. Comme bien des anarchistes avant nous, nous en sommes venus à la conclusion que l’organisation est une nécessité, pas en tant que but en soi mais comme moyen pour parvenir à un objectif. Nous n’acceptons pas de hiérarchies inutiles et nous respectons grandement l’individualité de nos militants, souvent nous référant à l’idée “qu’il ne peut pas y avoir d’organisation sans les individus militant et qu’il n’y a pas non plus de militants sans organisation.” (NdT : ce que nous disons ici de longue date : certes l’humain crée les systèmes de fonctionnement,  mais aussi à terme les systèmes créent les humains selon ses besoins, c’est une voie à deux sens…) Nous voulons aussi faire remarquer l’importance de la responsabilité individuelle vers l’organisation, tout autant que la responsabilité collective de l’organisation envers les individus.

Devenir un militant dans une organisation révolutionnaire amène des contradictions individuelles et collectives. Les aspects principaux de notre personnalité ont été façonnés par les sociétés dans lesquelles nous avons grandi, avons été éduqués. La vie dans la modernité capitaliste repose sur l’individualisme. A l’école, sur les lieux de travail, dans les médias, nous consommons, on nous dit que la liberté individuelle est tout ce qui importe. “Votre liberté s’arrête là où commence celle des autres” est très souvent le slogan de base de nos sociétés. Ceci nie une appartenance collective et fait la promotion d’un état d’esprit individualiste ainsi que des valeurs lui étant intrinsèques. Il n’est donc pas surprenant que l’anarchisme individualiste fleurisse dans ces sociétés capitalistes desquelles nous venons, parce que cela connecte avec ces individualistes des valeurs que le libéralisme promeut. Nous voulons défier cela. Nous pensons que notre seule façon d’en sortir est au travers de la solidarité et de l’entraide et pour ce faire, nous devons défier cet individualisme profondément ancré en nous et que nous transportons partout avec nous.

L’individualisme peut prendre plusieurs formes. Certaines sont évidentes comme l’égoïsme, l’élitisme ou le narcissisme ; mais il y a des formes plus subtiles plus difficiles à remarquer comme refuser de l’aide , ne pas partager l’information ou la connaissance avec des camarades, ne pas écouter ou ne pas considérer les idées et/ou les propositions des autres. Nous avons tous des traces d’individualisme en nous et elles sont souvent connectées avec notre ego et l’image que nous voulons projeter de nous-mêmes. Dépasser tout cela requiert que nous soyons capables de nous évaluer nous-mêmes et les autres ainsi que les méthodes auxquelles nous sommes affiliés. La critique et l’auto-critique vont la main dans la main, nous avons besoin de reconnaître nos défauts pour nous engager de manière efficace avec les défauts des autres. Admettre qu’il y a une différence entre comment nous nous percevons nous-mêmes, comment nous désirons être perçus et comment les autres nous perçoivent peut être pénible et difficile. Mais reconnaître que ce fossé nous ouvre la porte pour que nous puissions nous développer. Tout le monde a ce fossé, pour certains il est plus grand que pour d’autres et le défier peut créer un espace pour la connaissance et l’apprentissage. En gardant ceci présent à l’esprit, nous pouvons construire de meilleures relations qui sont fondées sur l’honnêteté et la confiance.

La confiance est rare dans nos sociétés. Il est plus facile d’apprendre à se méfier, à avoir peur de son voisin, de marcher sur la tête de vos collègues de travail pour avancer et avoir un plus gros morceau du gâteau. Le capitalisme est fondé sur la concurrence (NdT : pas le capitalisme monopoliste tel qu’il est devenu dans sa phase de développement réelle, cf Marx. Dans cette phase le capitalisme tout puissant élimine toute concurrence et monopolise, phagocyte l’ensemble du système au profit du plus petit nombre), sur le mensonge et sur la vente de soi, sur la société du spectacle (marchand). Il n’y a pas de place pour l’honnêteté et la confiance dans un système qui n’est basé que sur la performance, sur l’apparence de ce que vous n’êtes pas, sur la fabrication, la manipulation et sur la croyance qu’un jour vous allez réussir et être au top. Être honnête et transparent avec nos camarades demande de la vulnérabilité. On nous a dit de cacher tout ça, ne jamais laisser les autres voir vos points faibles, de vous présenter comme cette personne capable de tout, performante en tout ce qui doit être fait. Tous ces traits de caractère individualistes jouent contre nous, spécifiquement dans les moments difficiles où le stress et les difficultés révèlent ces choses que nous essayons de cacher.

Nous avons travaillé sur ces problèmes en menant en pratique des outils comme tekmil et une plateforme, que nous avons apprise du mouvement kurde. Nous avons aussi exploré d’autres méthodes et récemment nous avons augmenté notre connaissance sur la résolution de conflit au moyen de cercles restaurateurs et d’une justice transformatrice. Celle-ci fournit une bonne approche, connectée à nos valeurs idéologiques et orientée vers des sujets comme la responsabilité, qui devrait toujours être partie de la base de notre mode organisationnel. Nous avons pris que l’organisation est une lutte en soi et que les contradictions, les conflits et les défis vont toujours surgir au sein de toute organisation. En l’absence de structures hiérarchiques, comment prenons-nous des décisions et comment résolvons nous des conflits devient une partie très importante de notre mode organisationnel.

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3.Ceci peut être relié à ce qui précède, comment est résolu le conflit inter-personnel dans une organisation comme le NES (Administration Autonome du Nord-Est de la Syrie ou AANES) ? Nous avons vu plusieurs perspectives abstraites mais peu de compte-rendus réels sur les processus de justice et d’équité, comment gérez-vous ces affaires ? Est-ce que les groupes autonomes variés ont la liberté de s’en occuper en leur sein ? Est-ce que toutes les résolutions de conflit sont centralisées ?

Il y a en ce moment deux systèmes de justice en place dans la Zone Autonome du Nord-Est Syrien (AANES). Un qui est similaire à une justice d’état et un qui est fondé sur la justice communautaire (droit coutumier). Ce dernier consiste en des comités de consensus paysans et des conseils locaux qui sont souvent composés de leaders religieux et d’anciens des communautés. Ceci encourage les gens à être responsables et à agencer leurs propres problèmes. Mais ce système ne fonctionne pas très bien malheureusement. A cause de cela donc, beaucoup de problèmes locaux sont toujours soumis au système de justice étatique qui est en partie hérité du système Assad mais aussi géré par l’administration autonome. C’est une mixture bizarre qui fonctionne avec les outils disponibles dans une situation qui est difficile à gérer. Le syndicat des avocats jouent un rôle important ainsi que les efforts d’écriture d’un “contrat social” de l’AANES, une sorte de constitution qui est révisée toutes es quelques années suite à des discussions entre les différentes organisations politiques et sociales.

NdR71 : Nous constatons ici que comparé aux années 2010-15, le Rojava ne fonctionne plus sous le confédéralisme démocratique prôné par le leader kurde ex-marxiste, inspiré du communalisme libertaire de Murray Bookchin et mis en place au début de l’expérience du Rojava dès le début des années 2000, mais qu’il fonctionne désormais de manière hybride, beaucoup plus comme un système étatique et hiérarchique, dont le “contrat social” (2016 et révisé) crypto-étatique, est manifestement imposé depuis Washington afin de contrôler cette zone stratégique. Depuis 2016, les communes du Rojava ont été en grande partie mises sous tutelle d’un régime hybride essentiellement vendu à l’empire. Les anarchistes y sont tolérés, mais la hiérarchisation demeure. TA doit s’adapter pour y survivre politiquement et certainement y faire des concessions au système étatico-marchand qui contrôle les zones pétrolières de la région pour le compte de l’empire. Les questions demeurent toujours : doit-on faire des compromis ? La révolution sociale peut-elle se satisfaire de compromis ? Exister partiellement est-il mieux que ne pas exister du tout ?

Les raisons qui ont poussé l’Administration Autonome à faire plus d’efforts à réorganiser le système légal général plutôt que de promouvoir les conseils judiciaires communautaires ne sont pas claires pour nous. (NdT : Voir notre note au dessus…) Nous suggérons que vous alliez parler directement avec le comité judiciaire de l’AANES, ils pourront mieux répondre que nous. A part cela, il y a aussi des structures autonomes pour les femmes comme les habitations pour femmes (Tala gin) et une loi pour les femmes. Ceci a joué et joue toujours un rôle important dans la résolution des problèmes entourant le genre tout en trouvant des solutions dans des domaines comme les problèmes familiaux (mariage, conflit, divorce, abus, violence etc…)

Les conseils, comités, communes et organisations autonomes ont un certain degré de liberté pour gérer ces conflits de l’intérieur. Comment ces problèmes sont approchés quant à savoir si les gens vont impliquer le système juridique étatique dépend de la nature et de l’envergure du conflit ainsi que des personnes et groupes impliqués. Dans des cas de crimes qui ont un grave impact social, comme meurtres ou trahison organisée (comme donner des informations à la Turquie, information utilisée pour assassiner des révolutionnaires, aider Daesh à planifier et mener des attaques), il y a eu des procès devant des tribunaux populaires. Ces procès rassemblent différents représentants de a communauté sociale, spécifiquement ceux les plus touchées par le crime commis ; ces personnes fonctionnent comme un jury populaire pour décider de la punition.

(NdT : c’est ce qu’il faudra mettre en place pour juger tous les gens responsables au sein des gouvernements, partis politiques, institutions et entreprises privées, d’avoir mené des guerres par tromperie et disséminer l’arme biologique SRAS-CoV-2 et ses injections à ARNm attenantes… Nous ne pouvons pas nous fier à la justice corrompue du système étatico-marchand pour se juger lui-même. C’est comme demander à Al Capone d’être juge de son propre procès.. résultat garanti : une farce ! Les peuples devront se faire justice, pas d’autre solution…)

Pour notre organisation et les organisations en Europe, nous pensons qu’il est important d’en venir à comprendre la valeur réelle de la justice transformatrice et que nous commencions à bâtir la capacité à commencer d’offrir des alternatives au système “judiciaire” en place, qui n’est qu’un vaste mensonge raciste, suprémaciste et profondément connecté au pouvoir des états-nations. Le sujet de la justice transformatrice a été sur la table des débats des cercles de gauche en Europe depuis un bon moment. Nous voyons que tout cela commence à bouger vers des actions pratiques, une phase active de mise en place. Commençons par de petits ajustements pratiques, une fois que nous avons des exemples de la vie quotidienne, nous pouvons et devons les agrémenter de quelques lectures / études / théories. La résolution de conflits ne peut pas s’apprendre de bouquins, ses fondements ne peuvent être pris que dans la pratique, les livres seront utiles pour nous améliorer mais à la seule condition que nous soyons prêts à mettre la connaissance en pratique directe. Nous ferons pas mal d’erreurs et c’est normal. Nous avons tant à désapprendre du système de “justice” étatique imposé. Nous commençons de manière imparfaite en utilisant des outils comme tekmil, les cercles de restauration et les structures autonomes de femmes pour construire plus avant.

4.Quel est le statut actuel de l’art et de l’auto-expression au Rojava ? Y a t’il eu la chance et l’espace pour que les personnes puissent jouer, créer ou montrer des créations artistiques ? Comment cela est-il reçu ? Comment le conflit a t’il changé ou affecté tout cela ?

Tevgera Çand û Hûner (Tev-çand,) l’organisation de l’art et de la culture est une coordination des centres d’art et de culture présents dans chaque ville. La plupart de ces centres ont différents groupes d’activités variées comme la danse, la musique, le cinéma, la peinture, la littérature, la sculpture etc… Ils font essentiellement la promotion de l’art en connexion avec la culture kurde, sa langue et son identité. Chaque groupe ethnique est encouragé à promouvoir sa culture et son art tout en fournissant un espace pour d’autres formes et traditions d’art en dehors de la tradition folklorique. Tev-çand a une approche politique de l’art, le voit comme un véhicule de partage et de dissémination des valeurs de la révolution. Quelques exemples de succès sont Hunergeha Welat et le chaîne YouTube qui publie de nouvelles chansons et des videoclips “faits au Rojava” ou la commune du cinéma Romina film a Rojava, qui a produit plusieurs films, des courts-métrages, des clips. Ils ont récemment sorti une série au sujet du Rojava intitulée “Elina Kurd” “Un amour kurde”.

Les groupes locaux font souvent des représentations dans les célébrations locales, durant les jours fériés et autre évènements culturels. Ces dernières années bien des groupes et des artistes sont devenus bien plus professionnels et nous commençons à voir leur art dans différents théâtres, expositions ou évènements culturels. L’art est vu comme une richesse populaire et culturelle et il n’y a aucun processus de marchandisation autour de lui. Théâtre, cinéma, musique sont faits, joués et partagés gratuitement et nous n’avons jamais vu d’évènement culturel faisant payer un droit d’entrée. Ceci fait partie de l’approche politique, de la morale et de l’esthétique qui sont promus. Brièvement, remarquons les efforts faits pour connecter l’esthétique avec la politique et les valeurs éthiques de la révolution. Cet approche défie les standards de beauté capitalistes que la modernité essaie d’imposer, voyant ainsi l’art comme un véhicule de l’expression du peuple, de la société et de ses valeurs. Une grande partie de cet art est connecté à la résistance contre l’État Islamique / Daesh et le fascisme turc, tout en ayant un point de focalisation sur les résistances de femmes et du YPJ, tout en ayant aussi ses racines dans l’histoire des luttes du peuple kurde.

NdR71 : si un “art” est “capitaliste” ou “révolutionnaire”, il n’est pas de l’art. L’art est universel. La “Joconde” de de Vinci, la “Pastorale” de Beethoven ou “Notre Dame de Paris” de Victor Hugo sont universels dans leur essence et l’idée véhiculée. Le Beau (et le Vrai) n’ont rien de politico-économique. Une approche artistique “capitaliste” ou “révolutionnaire” ne peut atteindre l’universel, elle ne peut générer que du partiel, du momentané, sous une forme plus ou moins épurée de propagande. Un bâtiment de musée stalinien n’est pas de l’art, une église romane ou le Taj Mahal oui.

Dans cette approche de l’art, nous pouvons voir un changement apporté par la révolution, qui a peut-être même commencé avant le Rojava. Le cinéma kurde du XXème siècle est souvent tragique, au sujet des massacres et des exils infligés au peuple kurde. Dengbêj, une musique / poésie traditionnelle est aussi infusée d’histoires de villages détruits, de familles assassinées et d’enfants orphelins. C’est dans ce nouveau siècle que l’art kurde a commencé a réfléchir sur une nouvelle image. Une qui ne soit pas trop focalisé sur les Kurdes en tant que victimes ou sur des tragédies inhumaines, mais aussi en voyant le peuple kurde comme un acteur du changement Les chansons des comités de défense YPG et YPJ (femmes) battant Daesh ou des guérilleros combattant dans les montagnes, les nouveaux films sur la résistance a Sur ou Kobané, les grandes célébrations de NewRoz (le nouvel an kurde), sont des exemples de la renaissance du peuple kurde et de sa volonté de résister. Ce n’est pas juste un peuple dont la destinée est la souffrance, c’est une nation sans état dont les terres ancestrales ont été occupées et dont les villages ont été brûlés. Le peuple kurde a appris des autres luttes anti-coloniales et autres mouvements révolutionnaires ou de libération nationale et il va prendre sa destinée en main. Le peuple kurde va défendre sa terre et sa culture, construire un futur pour les prochaines générations, avec des armes certes mais aussi avec de la musique, de la danse et du cinéma.

NdR71 : pour l’heure le peuple kurde est divisé selon des lignes de fractures artificielles créées par l’empire. Le Rojava kurde n’a rien à voir avec le Kurdistan du nord de l’Irak de tout temps inféodé à l’empire, géré par la famille mafieuse Barzani, affiliée à la CIA et au Mossad. Il y a eu des tentatives d’extension des Kurdes irakiens en Syrie, qui, aussi loin que nous sachions, ont échoué. Mais depuis 2016 et l’affaire du “contrat social” du Rojava, qui est une trahison du concept du Confédéralisme Démocratique qui était en place auparavant, a mis cette zone autonome sous contrôle feutré des Yankees qui continuent à agir avec leurs mercenaires de Daesh, soutenus, formés et soignés par la Turquie et l’entité sioniste. Le pillage du pétrole local continue sous contrôle yankee. C’est compliqué. Une des raisons qui a vu notre enthousiasme pour le Rojava des années 2011-2015, se flétrir pour donner naissance à une méfiance que nous pensons justifiée. Nous admirons les camarades de TA pour leur pugnacité sur le terrain, sachant qu’ils doivent faire pas mal de concessions pour subsister. Le potentiel est toujours là, mais rien de positif à long terme ne fleurira tant que turcs et yankees seront là.

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5.Quelle est la vue de TA sur le rôle de la religion et comment cela a t’il affecté sa capacité à se connecter et à se relier avec les communautés locales ? Y a t’il eu des challenges ou changements dans l’attitude des militants ? En occident, nous luttons pour séparer l’anti-cléricalisme de l’islamophobie de base et l’eurocentrisme, quelles leçons avez-vous apprises de votre insertion dans des sociétés kurde et arabe ?

La religion n’est pas un problème pour nous quand elle est connectée avec la morale et l’éthique des personnes, du peuple ; elle devient un problème lorsqu’elle est connectée avec le pouvoir et domine, règne. C’est contre cette assertion et exercice d’autorité que nous sommes, comme vous parlez aussi d’anti-cléricalisme. Certains anarchistes sont arrivés ici avec une culture athée et quand on nous demande ce qu’est notre religion, il est facile pour nous de répondre que nous n’en avons pas. Mais cette réponse est souvent comprise comme si nous n’avions pas de morale et cela nous fait aussi réfléchir sur le fait que la plupart d’entre nous, même si nous ne sommes pas pratiquants, avons été élevés, éduqués dans une culture chrétienne.

Nous sommes d’accord avec vous pour dire que nous, en occident, pouvons faire un mauvais boulot de séparer l’anti-cléricalisme de l’islamophobie et de l’eurocentrisme. La société dans laquelle nous sommes immergés est musulmane dans les grandes largeurs, même s’il y a effectivement de petites minorités ayant d’autres croyances, mais ici pratiquement tout le monde croit dans le Coran, même si tout le monde ne se déclare pas musulman pratiquant. Cette réalité enracine notre travail avec les gens d’ici. Nous devons comprendre l’importance que la religion a pour les personnes et nos camarades locaux. Connaître un peu, ou beaucoup de choses au sujet de l’islam, est très utile quand nous discutons avec nos camarades locaux. Argumenter d’une base religieuse pour développer une perspective révolutionnaire a prouvé être une tactique à succès.

Il est important de respecter les convictions religieuses des personnes, mais en même temps, nous critiquons aussi ou questionnons nos camarades quand la religion les mène à prendre des décisions ou à agir de manière qui n’est pas en phase avec les valeurs révolutionnaires du NES. Il y a des efforts commis pour construire un islam démocratique, regardant du côté de l’éthique et de la morale de la religion musulmane et moins la charria. C’est une nécessité de venir à terme avec l’après fondamentalisme musulman, fondamentalisme qui est colporté par un fascisme théocratique comme celui de l’EI/Daesh. Bien que de l’extérieur on peut croire qu’il n’y a plus de Daesh, le combat contre leur idéologie continue ici plus que jamais. Dans quelques régions du NES, l’idéologie de l’EI est toujours répandue et cela prendra du temps et de grands efforts à tout le monde pour faire bouger les choses vers un islam démocratique.

6.Les mouvements anarchistes et soi-disants révolutionnaires en Europe, ont lutté pendant des décennies pour trouver quelque chose qui pourrait dépasser notre propre faiblesse et petitesse, observant des méthodes anciennes ou nouvelles. Quelle est votre perspective là-dessus ? Etes-vous d’accord ou ressentez-vous que les mouvements de lutte se limitent eux-mêmes et si oui, pourquoi ? Le manque d’utilisation de violence insurrectionnelle, le manque de structures de direction de lutte, le manque de ressources, le manque de conviction, qu’en est-il selon vous ?..

Ceci constitue un point et une question des plus importantes. Nous pensons effectivement que les mouvements de lutte se limitent eux-mêmes. Nous voyons ce problème en son cœur comme un manque d’organisations qui peuvent créer et promouvoir à long terme des buts et des perspectives, car en ce moment, nous voyons essentiellement des groupes fondés sur l’affinité est ayant une pensée à très court terme.

La vague insurrectionnelle des années 90, surtout en Italie, a amené une perspective de lutte sur le court terme qui semblait promouvoir l’efficacité. Dans un certain sens, cela a marché, mais au détriment de la capacité organisationnelle. La capacité de s’organiser et absolument cruciale. En devenant une organisation, TA, a maintenant la capacité d’accumuler de l’expérience, nous ne devons pas constamment recommencer à zéro. Nous pouvons aussi construire des projets et des relations sur la durée, nous pouvons approfondir notre apprentissage et compréhension des autres organisations qui ont lutté et luttent toujours. Pas seulement à un niveau individuel, mais aussi et surtout sur un plan organisationnel. Ceci veut dire qu’une telle connaissance et expérience cesse d’être liée à une personne ou à une cellule de groupe f’affinité, mais que toute l’organisation se l’approprie. Ceci accroit exponentiellement notre capacité en tant qu’organisation.

Se développer en tant qu’organisation révolutionnaire n’est pas facile, nous en avons déjà parlé. Nous devons nous séparer de l’´état d’esprit individualiste libéral qui est tant imbriqué dans la socialisation capitaliste. Nos sociétés sont organisées autour de ces valeurs capitalistes, et pour la changer, nous devons développer nos propres valeurs et nos institutions sociales (NdT ; ce que Gustav Landauer voyait comme la seule façon d’abolir l’État : en changeant nos relations internes pour le faire disparaître en nous changeant nous-mêmes dans nos relations puisque l’état n’est que ça : nos relations institutionnalisées en miroir des institutions imposées..), nous devons anticiper la société que nous désirons. Les choses que vous mentionnez manquant dans les mouvements anarchistes, les structures de direction de lutte, les ressources, les convictions, l’action, peuvent souvent être connectées au manque d’organisation. Si nous nous retrouvons isolés, en tant qu’individus ou par petits groupes, notre capacité d’influencer et de changer la société autour de nous sera grandement affectée et diminuée. Comme nous pouvons apprendre beaucoup de choses au Rojava, il y a aussi pas mal de leçons que nous puissions tirer des mouvements anarchistes en lutte en Amérique du Sud. Ces idées de “especifismo”, ou spécifisme, , un cadre théorique orienté pour développer la spécificité des organisations anarchistes, sont le résultat de décennies de lutte. On peut remonter jusqu’au plateformisme prôné par Peter Arshinov et Nestor Makhno, mais développé par la Fédération Anarchiste d’Uruguay (FAU). Comme anarchistes portugais, vous avez accès aux matériaux et textes développés par les organisations anarchistes brésiliennes.

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7.Il y a eu récemment des critiques concernant l’attention et les ressources données par les gauchistes occidentaux à des mouvements anarchistes naissants en Ukraine, qui, sans véritables structure autonomes et étant insérés dans des armées étatiques, ont reçu un soutien généreux et des fonds, alors que des mouvements non-blancs ont peiné dans le temps pour recevoir une fraction de ce soutien. Etes-vous d’accord avec cette critique ?

Nous assumons que vous faites allusion à l’article “Anarchiste qui a combattu au Rojava : réponse au débat sur ‘pas de guerre si ce n’est la guerre de classe’”, que l’on peut trouver sur Abolition Media. Nous sommes d’accord avec l’article quand il dit que les ressources envoyées en Ukraine par les gauchistes occidentaux sont très disproportionnées par rapport aux ressources qu’ont obtenues les camarades de la NES, spécifiquement alors que la révolution ici est tant enracinée dans l’idéologie et la praxis révolutionnaire anarchiste, alors qu’il y a bien à dire pour l’Ukraine comme l’article l’a fait. “La solidarité est quelque chose que vous pouvez tenir dans vos mains”, un slogan popularisé par le groupe anti-impérialiste KAK danois dans les années 70, est une déclaration dans laquelle nous nous retrouvons. Alors que le NES a reçu une bonne dose de solidarité, de campagnes d’information, diplomatiques etc, sur le plan matériel, financier et autre soutien que nous pouvons “tenir dans nos mains”, la gauche occidentale n’a pas fait d’effort sérieux.

Ceci dit, la guerre en Ukraine dure depuis un peu plus d’un an et celle du Rojava depuis plus de 10 ans. Bien entendu cette échelle de temps a aussi son effet. L’Ukraine fait l’info, pas nous, nous ne le serons pas sauf une autre invasion, et même là, nous ne recevrons qu’une fraction d’attention médiatique que reçoit l’Ukraine. Quand on regarde plus loin que l’Ukraine et le Rojava, on se demande qui a prêté attention à la guerre génocidaire qui se tient au Tigray ou la nouvelle guerre qui se déroule au Soudan ? Qui a organisé un soutien logistique pour ces conflits ? Les forces d’auto-défense populaire de Tigray ont une longue tradition révolutionnaire avec un projet similaire aux idées du Confédéralisme Démocratique. Au Soudan, nous avons récemment vu une escalade militaire après que de grosses mobilisations populaires et des soulèvements eurent secoué le pays. Il y a là un remarquable mouvement anarchiste organisé pas commun à trouver dans les pays africains. Mais il n’y a que peu d’articles écrits à son sujet et encore moins de discussions dans les réunions littéraires anarchistes pour en discuter. Il n’est pas juste du tout que ces mouvements n’aient reçu aucune couverture médiatique, sans parler du soutien logistique. C’est une part du colonialisme que nous essayons aussi de combattre. C’est aussi une raison pour nous de rester au Rojava, là où les valeurs anti-coloniales sont véritablement actives et en vie.

Pour en revenir à l’Ukraine. Des anarchistes ont lutté depuis le début du récent conflit, ils étaient sur la place de Maïdan et essayèrent d’organiser depuis là. Ce n’est probablement pas l’endroit pour discuter combien ce mouvement anarchiste est ancré dans la tradition anarchiste ukrainienne, celle de l’armée noire de libération paysanne et la révolution makhnoviste (NdT : 1918-1923) ; mais aujourd’hui la présence des anarchistes est cruciale pour questionner le narratif nationaliste de l’extrême droite (NdR71 : avec ses nationalistes intégraux tendance Stepan Bandera sous contrôle de la CIA, mis au pouvoir par le coup d’´état de Maïdan en 2014 par l’OTAN et l’empire n’oublions jamais ce fait. Nazillons qui une fois au pouvoir ont agressé systématiquement les populations russophones de l’Est de l’Ukraine, amenant ces populations à faire sécession et à demander récemment la protection russe et leur rattachement à la Russie. Il convient de garder à l’esprit la réalité narrative historique des évènements qui ont mené à cette guerre depuis 2022, nous ne prenons pas parti, nous relatons les faits réels de terrain…), extrême droite qui a dominé les manifestations en Ukraine depuis le départ. La situation actuelle en Ukraine n’est pas révolutionnaire, rien n’est aligné sur nos principes, mais c’est notre tache que de mettre en avant ces principes et de les faire connaître. Nous pouvons citer Malatesta lorsqu’il disait “Nous sommes de toute façon une des forces agissantes dans la société et l’histoire avancera, comme toujours, dans la direction résultante de toutes les forces.

Historiquement, guerre et révolution ont une importante connexion. Les environnements de guerre voient l’autorité de l’état caler et l’autorité se diffuse en d’autres endroits. L’état n’est plus toujours là pour fournir aux gens infrastructure et ressources. Ce qui veut dire qu’il y a souvent des fenêtres d’opportunité pour assister dans l’auto-organisation et l’auto-gestion du peuple, initialement le long d’une ligne d’action d’entraide et de solidarité. C’est une situation dans laquelle amener notre vision des choses et la mettre en pratique avec des personnes peut être une manière utile de renforcer notre tendance, comme le dit Malatesta.

Nous soutenons nos camarades anarchistes combattant en Ukraine, nous avons une approche de solidarité critique envers le peuple ukrainien et avons pour objectif aussi d’engager les contradictions que cela fait surgir et nous ne nous dévouons pas à une approche dogmatique binaire. Nous voudrions aussi attirer votre attention sur les camarades Leshly et Ciya, qui ont passé un bon moment ici dans la zone autonome du NES et qui sont tombés avec d’autres camarades anarchistes sur le front ukrainien. Nous sommes en deuil et avons pour objectif d’en savoir plus sur leurs vies et le pourquoi de leur décision ; ils nous montrent aussi la voie d’une analyse et considération nuancées ayant un espace pour les contradictions qui immanquablement surgissent quand vous mettez vos mains dans une révolution sale. Nous sommes d’accord avec le camarade qui a écrit l’article lorsqu’il dit qu’il est très facile d’être puriste et de juger des décisions prises en Ukraine et au Rojava depuis un fauteuil confortable. Participer à une véritable révolution ou à un conflit armé rend rapidement très clair qu’il n’y a souvent pas de solutions “propres” ou taillées sur mesure et être un révolutionnaire en action, pas seulement en mots, veut dire gagner une profonde compréhension d’analyses et de contradictions nuancées.

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8.Comment pouvons-nous assister TA, matériellement ou autrement ?

Les points essentiels pour lesquels votre assistance serait de grande utilité sont : a)  développement idéologique b) réseau engagé c) résistance à la répression d) militants e) ressources

  1. Le développement idéologique de la lutte anarchiste est la base pour nous pour aller de l’avant. Nous avons constaté que nous sommes arrivés à un point où nous réalisons en tant qu’anarchistes européens que la seule organisation basée sur l’affinité n’est pas suffisante. Nous avons besoin d’une organisation anarchiste ou de structures qui nous rassemblent de manière organisée, afin d’être capable de penser le long terme et de développer une stratégie plus large. Mais développer plus avant l’idéologie et la praxis anarchiste dans notre contexte actuel, nous nous renforçons les uns les autres.
  2. Les réseaux engagés sont la fondation même de la discussion, de l’échange, de la création de projets, de ressources et d’expériences. Nous voyons ceci sous la forme de la construction de relations de long terme au moyen d’organisations solides et un tel échange peut se faire via des visites et des échanges de militants ainsi que sous d’autres formes de communication. En relation avec le point sur le dévelopement idéologique, ceci inclut la lecture et les discussions des déclarations et correspondances des uns et des autres, apprendre des expériences de chacun et donner un compte-rendu, des propositions et des critiques constructives.
  3. Les réseaux mènent aussi à la résistance contre la répression. Ces dernières années, des militants qui sont venus au Rojava et dans le mouvement kurde de manière générale se sont retrouvés de plus en plus criminalisés. Un certain nombre de camarades sont emprisonnés ou sont impliqués dans des problèmes juridiques. Nous avons besoin que les anarchistes de partout résistent à cette criminalisation.
  4. Nous avons besoin que toujours plus de militants nous rejoignent au Rojava pour lutter ici. Il y a aussi l’opportunité pour des camarades déjà organisés en Europe, de nous rejoindre tout en restant connectes avec leurs organisations en Europe. De fait, nous aimerions beaucoup que cela se produise. Nous voyons cela comme un potentiel de renforcement des liens entre notre organisation et des organisations anarchistes en Europe.
  5. Sur le plan purement matériel, nous avons besoin d’argent. Comme ce dont nous avons besoin change souvent, cela peut être un peu compliquée de nous envoyer des choses mais nous pouvons toujours discuter de ces choses là. Avec des fonds, nous pouvons les allouer directement là où c’est nécessaire et pouvons faire les ajustements requis, car notre situation change constamment.

NdR71 : cette dernière remarque sur l’aspect monétaire pourrait bien relancer le débat “collectivisme” / “communisme”. Nous pensons qu’il est bien maladroit de terminer cet entretien, par ailleurs excellent, sur cette (fausse) note. Les Zapatistes par exemple, n’ont jamais demandé d’argent à quiconque… une loi connue de la pédagogie, dite de la “proximité temporelle” (law of recency), dit que les gens se rappellent le mieux ce qu’ils ont entendu ou appris en dernier. Il est dommage que le fric soit cette dernière chose évoquée dans un entretien avec des anarchistes…

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Lire notre première traduction d’entretien avec des membres de Tekosîna Anarsîst en octobre 2020, publiée en deux parties :

https://resistance71.wordpress.com/2020/10/24/confederalisme-democratique-excellent-entretien-avec-des-membres-de-tekosina-anarsist-lutte-anarchiste-du-rojava-analyse-compte-rendu-de-terrain-et-perspective-pour-une-revolution-sociale-pris/

Lectures complémentaires :

Confédéralisme Démocratique

Abdullah Ocalan Confédéralisme Démocratique

Textes fondateurs pour un changement politique radical

Il n’y a pas de solution au sein du système, n’y en a jamais eu et ne saurait y en avoir ! (Résistance 71)

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

+

5 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

Société des sociétés organique avec Gustav Landauer

Lire “Le confédéralisme démocratique”, Abdullah Öcalan, 2011, format PDF

Rojava_solidarite_revolutionnaire

A bas l’État ! A bas la marchandise !..

RR

A bas l’argent ! A bas le salariat !
Vive la Commune Universelle de notre humanité réalisée !