Comment le fond d’investissement Black Rock a déclenché la crise énergétique globale
3 février 2023
Source :
https://www.globalresearch.ca/how-blackrock-larry-fink-created-global-energy-crisis/5799286
~Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~
La plupart des gens sont perplexes quant à la crise énergétique mondiale avec les prix du pétrole du gaz et du charbon qui augmentent dramatiquement simultanément, forçant même la fermeture de grosses usines dans les domaines de la production d’acier, d’aluminium et de produits chimiques (pétrochimie). Le gouvernement Biden et l’UE ont insisté que tout cela est à cause de Poutine et de l’action militaire russe en Ukraine. Ceci n’est pas le cas. La crise énergétique est une crise planifiée comme stratégie de longue date du milieu entrepreneurial occidental et des cercles politiques afin de démanteler les économies industrielles au nom d’un agenda “vert” des plus dystopiques. Tout ceci prend racine dans des années bien antérieures à février 2022 lorsque la Russie a déclenché son opération spéciale militaire en Ukraine.
BlackRock pousse pour la Gouvernance Sociale et Environnementale (GSE)
En janvier 2020, à la veille des confinements COVID dévastateurs économiquement et socialement, Le CEO du plus grand fond d’investissement au monde, Larry Fink de BlackRock, a écrit une lettre à ses collègues de Wall Street et autres CEOs d’entreprises sur les flots futurs d’investissement. Dans ce document, modestement intitulé “Une refonte fondamentale de la finance”, Fink, qui gère le plus grand fond d’investissement au monde avec un portefeuille de quelques 7000 milliards de dollars, alors sous gérance, a annoncé une bifurcation radicale de l’investissement entrepreneurial. L’argent partirait “dans le vert”. Dans sa lettre très suivie de 2020, Fink déclara :
“Dans un futur très proche et plus tôt que bien des gens ne l’anticipent, il va y avoir une réallocation significative du capital… Le risque climatique est un risque d’investissement.” Il dit plus loi “Chaque gouvernement, entreprise et actionnaire se doit de confronter le changement climatique.”[I]
Dans une lettre séparée aux clients investisseurs de Blackrock, Fink leur a délivré le nouvel agenda d’investissement de capital. Il a déclaré que BlackRock allait sortir de certains investissements hautement carbonés comme le charbon, qui est la plus grosse source de production d’électricité aux Etats-Unis et dans bien d’autres pays. Il a ajouté que Blackrock filtrerait tout nouvel investissement dans le pétrole, le gaz naturel et le charbon pour déterminer leur adhérence à l’agenda 2030 de l’ONU en ce qui concerne la “durabilité.”
Fink a été clair sur le fait que le plus grand fond d’investissement au monde devrait commencer à désinvestir dans les domaines des hydrocarbures et du charbon. “Dans le temps, les entreprises et les gouvernements qui ne répondront pas à leurs actionnaires en adressant les risques de durabilité rencontreront un scepticisme croissant sur les marchés et paieront un prix plus élevé pour leur capital.” Il a ajouté : “Le changement climatique est devenu un facteur qui définit les entreprises et leurs potentiels sur le long terme… Nous sommes au bord d’une refonte fondamentale de la finance.” [ii]
Du point de vue des investisseurs GSE, pénaliser des entreprises émettrices de CO2 comme ExxonMobil est devenu à la mode parmi les hedge funds et les banques de Wall Street et fonds d’investissement incluant State Street (NdT : 4% d’actions de Blackrock et 3ème investisseur) et le groupe Vanguard (NdT : 8% d’actions de BlacRock et 1er investisseur, mais BlackRock possède 15% des actions de Vanguard…). Tel est le véritable pouvoir de Blackrock, Fink a aussi réussi à avoir quatre membres du comité directeur d’ExxonMobil (NdT : ex-Standard Oil et intérêt Rockefeller) être d’accords pour mettre fin aux affaires de l’entreprise dans le pétrole et le gaz naturel.
La lettre de janvier 2020 de Fink fut une déclaration de guerre de la haute finance contre l’industrie énergétique conventionnelle. BlackRock fut un membre fondateur de la force spéciale sur la transparence financière de ce qui est lié au climat et est signataire des Principes d’Investissement Responsable (PIR) de l’ONU, réseau d’investisseurs soutenus par l’ONU poussant pour des investissements à zéro carbone utilisant le très corrompu critère des facteurs GSE pour les décisions d’investissement. Il n’y a pas de contrôle objectif sur les fausses données pour une entreprise GSE. Blackrock a aussi signé la déclaration du Vatican de 2019 se faisant l’avocate de régimes pénalisant le carbone. En 2020, Blackrock a aussi rejoint l’association Climate Action 100, une coalition de près de 400 gestionnaires d’investissement gérant un portefeuille de quelques 40 000 milliards de dollars.
Avec cette lettre de janvier 2020, le CEO Larry Fink a mis en branle un colossal désinvestissement dans le secteur pesant des milliers de milliards de dollars que constituent le pétrole et le gaz naturel. Notoirement, cette même année, Fink fut nommé au comité fiduciaire du FEM/Davos de Klaus Schwab, le centre politique et entrepreneurial de l’agenda 2030 zéro carbone de l’ONU. En juin 2019, le FEM et l’ONU ont signé un partenariat stratégique pour accélérer la mise en place de l’agenda 2030. Le FEM a une plateforme stratégique qui inclut les 17 objectifs de développement durable de l’agenda 2030.
Dans sa lettre du CEO de 2021, Fink a réitéré sur l’attaque contre le pétrole, le gaz et le charbon. “Sachant à quel point sera centrale la transition énergétique pour toutes projections de croissance industrielle, nous demandons aux entreprises de faire connaître un plan montrant comment leur modèle commercial sera compatible avec une économie net zéro carbone.” Un autre officiel de BlackRock a dit lors d’une récente conférence sur l’énergie : “Là où va BlackRock, les autres suivront…” [iii]
En juste deux ans, en 2022, on estime à 1000 milliards de dollars qui ont quitté les investissements sur l’exploration pétrolière et gazière. L’extraction pétrolière est une industrie onéreuse et les coupes d’investissements par Blackrock et autres investisseurs de Wall Street veulent dire simplement la mort lente de l’industrie.
Biden—un président Blackrock ?
Dans sa campagne jusqu’alors bien terne, Biden a eu un entretien à huis-clos avec Fink à la fin 2019, qui a dit alors au candidat “Je suis ici pour vous aider”. Après cette réunion avec Fink, le candidat Biden annonça “Nous allons nous débarrasser des sources d’énergie fossiles…” En décembre 2020, avant même que Biden soit intronisé comme président en janvier 2021, il nomma le patron des Investissements Durables de BlackRock, Brian Deese, comme assistant au président et directeur du Conseil Economique National. De là, Deese, qui joua un rôle clef dans l’écriture par Obama de l’accord de Paris sur le climat de 2015, a tranquillement façonné la guerre énergétique de Biden.
Ceci fut catastrophique pour l’industrie du pétrole et de gaz. Deese, l’homme de Fink, fut très actif pour donner au nouveau président Biden, une liste de mesures anti-pétrole à signer par décrets à compter du premier jour de sa présidence en janvier 2021. Ceci incluait la fermeture de l’énorme oléoduc Keystone XL, qui amènerait 830 000 barils de pétrole brut par jour du Canada aussi loin que dans les raffineries texanes, et le coup d’arrêt à tout accord de leasing dans le refuge national naturel arctique (ANWR). Biden a aussi rejoint l’accord climatique de Paris négocié par Obama en 2015 et dont Trump était sorti.
Le même jour, Biden a mis en branle un changement du “coût social du carbone” qui impose une punition de 51 US$ la tonne de CO2 sur l’industrie du pétrole et du gaz. Ceci, mis en place par un coup de baguette magique de l’exécutif sans aucun débat ni accord du congrès des Etats-Unis, coûte très très cher aux investissements dans cette industrie aux Etats-Unis, pays qui deux ans encore auparavant était un des plus gros producteurs de pétrole au monde, [iv]
Tuer la capacité de raffinage
Pire même, les règles environnementales agressives de Biden et les obligations d’investissement GSE de Blackrock tuent la capacité de raffinement américaine du pétrole. Sans raffinement, la quantité de baril de la réserve stratégique importe peu. Dans ses deux premières années de présidence, Biden a supprimée quelques 1 millions de barils / jour pour le raffinement en essence et en gasoil, une partie due à la baisse de la demande durant la crise COVID, ceci correspond au déclin le plus abrupte de l’histoire des Etats-Unis. Les fermetures de raffineries sont permanentes. En 2023, il est prévu de supprimer quelques 1,7 millions de barils/jour supplémentaires des raffineries à cause des mesures de désinvestissement et les régulations de l7administration Biden.[v]
Faisant référence au désinvestissement de Wall Street dans le pétrole et la politique de Biden, le PDG de Chevron-Texaco a dédaré en juin 2022 qu’il ne pensait pas que les Etats-Unis allaient jamais construire une nouvelle raffinerie. [vi]
Larry Fink, membre du comité directeur du FEM/Davos de Schwab est rejoint par l’UE dont la présidente de la commission européenne, la particulièrement et notoirement corrompue Ursula von der Layen, qui a quitté le comité directeur du FEM pour rejoindre la présidence de la commission européenne. Sa toute première action principale à Bruxelles fut de pousser l’agenda de l’UE Zéro Carbon Fit pour 55. Ceci a imposé de grosses taxes carbone et autres contraintes sur le pétrole, le gaz et le charbon dans l’UE avant février 2022 et le début de l’action militaire russe en Ukraine. L’impact combiné de l’agenda frauduleux de Fink dans l’administration Biden et la folie totale de ce Zéro Carbon de l’UE est en train de créer la pire des crises énergétiques et d’inflation de l’histoire de cette planète.
F. William Engdahl un consultant en risque stratégique et conférencier, il est diplômé en science politique de l’université de Princeton et est un auteur de renom en matières de géopolitiques et de stratégies énergétiques pétrolières.
He is a Research Associate of the Centre for Research on Globalization.
Notes
[i] Larry Fink, A Fundamental Reshaping of Finance, Letter to CEOs, January, 2020, https://www.blackrock.com/corporate/investor-relations/2020-blackrock-client-letter
[ii] Ibid.
[iii] Tsvetana Paraskova, Why Are Investors Turning Their Backs On Fossil Fuel Projects?, OilPrice.com,
March 11, 2021, https://oilprice.com/Energy/Energy-General/Why-Are-Investors-Turning-Their-Backs-On-Fossil-Fuel-Projects.html
[iv] Joseph Toomey, Energy Inflation Was by Design, September, 2022, https://assets.realclear.com/files/2022/10/2058_energyinflationwasbydesign.pdf
[v] Ibid.
[vi] Fox Business, Chevron CEO says there may never be another oil refinery built in the US, June 3. 2022, https://www.foxbusiness.com/markets/chevron-ceo-oil-refinery-built-u-s
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Note de Résistance 71 : BlackRock et Vanguard sont aussi champions de l’opacité, il est très difficile de savoir précisément qui est derrière ces deux géants de l’investissement et de pointer vers les suspects habituels telles la banque Rothschild, la fondation Rockefeller et son empire pétro-banquier, les banques JP Morgan, Goldman Sachs Kuhn-Loeb etc… Celles-ci ont compris que leur mauvaise réputation est tracée dans toute transaction du vieil adage “suivez le fric…” Ce n’est pas un hasard si on ne parle quasiment plus de ces grosses banques et fondations, elles se font oublier derrière un paravent BlackRock / Vanguard / State Street Corp… qui absorbent toute la pression et leur permet de travailler dans l’ombre.
Ces fonds d’investissement géants se cachent derrière leur soi-disante “propriété des actionnaires”. Néanmoins, on peut savoir que les investisseurs principaux de BlackRock sont :
1- Le groupe Vanguard qui possède 8% de BlackRock… mais dont BlackRock possède 15% des actions… En d’autres termes, l’actionnaire majeur de BlackRock est… BlackRock via une filiale dont elle est l’actionnaire principal.
2- Capital Research Management avec 5,3% de parts, Los Angeles, USA
3- State and Street Corp. avec 4%, Boston, USA, 15ème plus grosse banque américaine, successeur de l’Union Bank créée en 1792
4- Temasek Holdings avec 3,5% des parts entreprise de l’état de Singapour, la Suisse de l’Asie
5- China Investment Corp. Avec 2% en fonds souverains investis, l’état chinois principal actionnaire, créée en 2007, QG à Pékin
A savoir aussi : le monde de l’investissement financier global est contrôlé par 3 géants dans le monde : BlackRock, Vanguard et State and Street Corp. Ces trois firmes ne sont en rien concurrentes mais totalement liées et interdépendantes. Le capitalisme monopoliste dans toute sa splendeur ! Aussi ces trois fonds d’investissements contrôlent les grosses boîtes comme Microsoft, Monsanto, Apple et tout l’appareil Big Pharma et militaro-industriel si imbriqués les uns avec les autres…
Ce qu’on peut savoir aussi est que BlackRock et Vanguard sont les entités qui interagissent directement avec le système de la réserve fédérale américaine, qui est un cartel banquier privé depuis 1913. Sous cette strate directrice se trouve les sous-fifres qui alimentent cette gigantesque escroquerie : quelques fonds d’investissements importants mais mineurs comparés aux deux géants: par exemple Berkshire Hathaway et State & Street… Puis viennent le flot habituel maintenant sous contrôle monopoliste des banques » classiques », les JP Morgan / Chase / Manhattan (intérêts Rockefeller / Morgan), la Morgan Stanley, Bank of America, KKR, Goldman Sachs, Capital Group, Barclays (la championne du blanchiment du fric de la drogue…), 3G capital et autres…
Quoi qu’il en soit :
Il n’y a pas de solution au sein du système, n’y en a jamais eu et ne saurait y en avoir ! (Résistance 71)
Comprendre et transformer sa réalité, le texte:
Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »
+
5 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:
Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être
Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche
Manifeste pour la Société des Sociétés
Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie
Société des sociétés organique avec Gustav Landauer
A bas l’État ! A bas la marchandise ! A bas l’argent ! A bas le salariat !