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Résistance au colonialisme: L’oppression française de l’intérieur vers l’extérieur est conforme aux fonctions perverses de l’État…

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, colonialisme, France et colonialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, philosophie, police politique et totalitarisme, politique et lobbyisme, politique et social, politique française, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , on 27 août 2015 by Résistance 71

Très bonne analyse de Bouamama qui montre bien ce que nous disons depuis longtemps ici: “Nous sommes tous des colonisés !” Ce n’est qu’une question de degré coercitif en fait, mais pour qu’un État devienne colonial sur l’extérieur, il a d’abord dû passé par le stade de la colonisation interne. C’est en fait la condition sine qua non pour que l’État, né de la division politique de la société civile en dominant et en dominé, perdure et phagocyte les populations. L’État est une machine ethnocidaire qui à terme devient également une machine génocidaire, l’histoire est pavée des preuves de cette chaîne évènementielle. Si les citations de Césaire et Fanon par Bouamama sont judicieuses, nous rajouterons ceci de l’anthropologue politique anarchiste Pierre Clastres (1934-1977) qui est un de ceux qui a le mieux analysé la relation État/Société. Comme d’habitude tout bon marxiste qui se respecte ne citera pas de source anarchiste. Il est vrai que Clastres avait particulièrement démonté les deux branches “classiques” de l’anthropologie: le structuralisme évolutionniste de son professeur Lévi-Strauss en exposant les faiblesses et les manques, mais surtout la pseudo-anthropologie marxiste niant l’apartenance à l’histoire tout ce qui n’est pas “lutte des classes”, ce qui avait fait dire à Clastres: “Cela doit être si simple d’être un marxiste”…

Sur l’État Clastres disait ceci (entre autre), ce qui fait mieux comprendre la finalité colonialiste intrinsèque de l’État:

“Un rapide coup d’œil à l’histoire de notre pays est suffisant pour nous montrer que l’ethnocide en tant que la plus ou moins suppression autoritaire des différences socio-culturelles, est déjà inscrit dans la nature même et la fonctionalité de la machine étatique, qui standardise ses rapports avec les individus: pour l’État, tous les citoyens sont égaux devant la loi. Affirmer que l’ethnocide, à commencer avec cet exemple de l’État français, fait partie de l’essence unificatrice de l’État, mène logiquement à la conclusion que toutes les formations étatiques sont ethnocidaires… La violence ethnocidaire, comme la négation par l’État de la différence, est clairement une partie de l’essence de l’État des empires barbares tout comme des sociétés civilisées d’occident: toutes les formations étatiques sont ethnocidaires. L’ethnocide fait partie du mode d’existence normal de l’État. Il y a ainsi une certaine universalité à l’ethnocide, ne le rendant pas en cela une seule caractéristique du “monde blanc”, mais d’un ensemble de sociétés qui sont les sociétés étatiques. Une réflexion sur l’ethnocide implique nécessairement une réflexion sur l’État. Mais l’analyse doit-elle s’arrêter là ? Doit-elle se limiter à l’observation que l’ethnocide est l’État et que de ce point de vue, tous les États sont égaux ? […] Nous notons que dans le cas des états occidentaux, la capacité ethnocidaire est sans limite. C’est pour cette bonne raison que cela peut mener au génocide et donc nous pouvons parler du monde occidental comme étant absolument ethnocidaire. Ce qui différencie l’occident est son système économique de production… Ce qui différencie l’occident est le capitalisme et son incapacité à demeurer au sein de ses frontières. Que ce soit un système capitaliste libéral, privé comme en Europe de l’Ouest, ou planifié comme en Europe de l’Est, la société industrielle, la plus formidable machine de production est pour cette même raison, la plus horrible machine de destruction.” (“Recherches d’anthropologie politique”, Seuil, 1980)

Note: définition de l’ethnocide (Pierre Clastres): “L’ethnocide est donc la destruction systématique des modes de vie et de pensée des peuples différents de ceux qui mènent cette aventure de destruction. En somme, le génocide tue les gens en masse dans leurs corps, l’ethnocide les tue dans leur esprit.”

~ Résistance 71 ~

 

La logique coloniale française: Des Basques aux Algériens, de la “colonisation intérieure” à la “colonisation extérieure”

Saïd Bouamama

 

26 Août 2015

 

url de l’article:

http://www.michelcollon.info/La-logique-coloniale-francaise-Des.html?lang=fr

 

Le discours sur la République et les « valeurs de la république » ont connu un retour fulgurant sur le devant de la scène politique et médiatique à l’occasion des attentats de janvier 2015 et de leur instrumentalisation idéologique par Manuel Valls. Le roman national construit par la classe dominante, comme idéologie de justification et de légitimation de son pouvoir, s’est de nouveau déployé avec ses concepts lourds et ses oppositions binaires (universalisme contre particularisme, modernité contre réaction, lumières contre obscurantisme, assimilation contre communautarisme, etc.). Nous nous sommes expliqués à maintes reprises sur les enjeux de cette séquence historique qu’a été « je suis Charlie[i] ». Nous voulons aujourd’hui faire le point sur ce qui rend possible une telle instrumentalisation : l’intériorisation massive dans une partie importante de la gauche du mythe de la « mission civilisatrice » comme outil d’émancipation des peuples de France à l’interne de l’hexagone, puis des peuples et nations d’Asie, d’Afrique et d’Amérique à l’externe. Les logiques, buts et processus qui ont présidé à la colonisation externe sont ainsi de même nature que ceux qui se sont déployés dans ce qu’il faut bien appeler une « colonisation interne ».

La colonisation comme processus de généralisation du rapport social capitaliste

Dans son historique « discours sur le colonialisme », Aimé Césaire analyse le capitalisme comme une « forme de civilisation qui, à un moment de son histoire, se constate obligée, de façon interne, d’étendre à l’échelle mondiale la concurrence de ses économies antagonistes[ii] ». Cette concurrence et cette logique extensives sont consubstantielles au capitalisme. Elles se sont d’abord déployées dans les périphéries proches des centres d’émergence du nouveau mode de production capitaliste avant que de s’étendre à des périphéries plus lointaines. 

Rosa Luxemburg souligne à juste titre que cette logique extensive suppose et nécessite la destruction des « économies naturelles », des « économies paysannes » et des cultures populaires dans lesquelles elles se sont historiquement élaborées[iii]. Marx a décrit précisément l’enjeu pour le nouveau mode de production capitaliste de cette lutte : « On avait eu une production dont seul le surplus était valeur d’échange, et qui était présupposée à la circulation ; on passe maintenant à une production qui ne fonctionne qu’en liaison avec la circulation et dont le contenu exclusif est la valeur d’échange[iv] ». Ce n’est donc pas par « méchanceté » ou par « vice » que se déploient la logique extensive et la guerre contre les « économies » périphériques (d’abord de proximité puis plus éloignées). Elles sont tout simplement la conséquence logique du nouveau mode de production. Réduire l’extension coloniale du mode de production capitaliste à une lutte contre le féodalisme en occultant qu’elle est aussi une lutte contre des « économies naturelles » et des « économies paysannes » pour reprendre les expressions de Rosa Luxemburg, conduit à la cécité face à la résistance hier comme aujourd’hui, dans l’hexagone comme à l’échelle internationale, à l’arasement et à l’uniformisation capitaliste. L’Etat français centralisateur n’a pas été qu’un outil de guerre contre le féodalisme mais aussi une machine de destruction des économies antérieures et des cultures qui les portaient. 

Parlant des périphéries extra-hexagonales colonisées, Aimé Césaire résume comme suit les caractéristiques qui en font des obstacles à détruire pour le capitalisme : 

« C’étaient des sociétés communautaires, jamais de tous pour quelques-uns. C’étaient des sociétés pas seulement anté-capitalistes, comme on l’a dit, mais aussi anticapitalistes. C’étaient des sociétés démocratiques, toujours. C’étaient des sociétés coopératives, des sociétés fraternelles[v]. » 

Il y a bien sûr, idéalisation assumée de ces sociétés par Aimé Césaire car son écrit est une œuvre de lutte et de dénonciation, mais cela n’enlève rien aux principales caractéristiques de ces « économies naturelles et paysannes ». Rappeler ces faits ne veut pas dire que l’avenir est à construire par un retour vers ces formes du passé. L’histoire ne se réécrit pas en gommant certaines de ces phases mais en les dépassant vers un horizon d’émancipation. 

La prise en compte de cette base matérielle de la colonisation est essentielle pour ne pas dériver vers une opposition idéaliste (et donc impuissante) à la colonisation. Cette dernière est dotée d’un mouvement historique l’amenant à prendre différents visages en fonction du rapport des forces. Les discours sur la nation, sur l’assimilation, sur l’intégration, sur l’universalisme abstrait, etc., ne sont que des accompagnements idéologiques d’un processus d’assujettissement total d’une périphérie à un centre au profit de ce dernier. 

Ces discours ont d’abord été tenus dans le cadre de la construction nationale française avant que s’étendre à des nations ultramarines. Ils ont été des instruments de la mise en dépendance économique et de l’assimilation culturelle et linguistique des cultures de l’hexagone, avant que de servir les mêmes buts (avec des moyens plus brutaux encore) pour les autres continents. La colonisation intérieure a précédé et a rendu possible la colonisation extérieure.

L’assimilation comme outil idéologique de la construction nationale française

Frantz Fanon souligne pertinemment que le processus colonial est indissociable du racisme. Il suppose pour se déployer l’émergence et l’intériorisation de deux complexes : le complexe de supériorité pour les uns et le complexe d’infériorité pour les autres[vi]. Le rôle de l’appareil d’Etat en France a justement été de produire, de favoriser et d’étendre ces deux complexes par tous les moyens disponibles de l’inculcation idéologique à la violence ouverte. 

Dans ce processus d’assujettissement la question de la culture en général et de la langue en particulier, revêt une importance particulière. Il s’agit pour justifier l’assujettissement économique d’une périphérie à un centre de hiérarchiser les cultures et les langues. Le penseur des Lumières Denis Diderot pose ainsi comme une évidence indiscutable : « Il est légitime dans un Etat unifié politiquement, de ne trouver qu’une seule langue, et de devoir considérer les autres formes linguistiques comme étant des patois qu’on abandonne à la populace des provinces[vii]. » La confusion entre langue commune partagée et langue unique imposée révèle le processus d’assujettissement et de colonisation des périphéries. La langue étant indissociable de la culture qui lui a donné naissance, l’infériorisation linguistique est pour le mieux une infériorisation culturelle et pour le pire une destruction culturelle. Nous parlons de « mieux » et de « pire » en nous situant du point de vue des périphéries car pour le centre le « mieux » est la disparition totale de l’altérité c’est-à-dire l’assimilation. 

Suzanne Citron a mis en évidence la logique de raisonnement conduisant à ce messianisme de destruction des altérités. Elle se base sur la réduction des protagonistes de la révolution française à une lutte binaire : bourgeoisie contre féodalité. Or une telle binarité est une simplification de la réalité sociale des habitants de l’hexagone. Elle élimine le troisième protagoniste : le monde paysan, ses peuples et ses langues : 

« En amont culture aristocratique franque, monarchique, catholique, en aval culture bourgeoise et urbaine, culture de la Raison, culture des lumières ; le système de représentation qui la sous-tendait n’intégrait pas le monde rural, ses patois, ses solidarités villageoises[viii]. » 

Qu’une telle attitude suppose un complexe de supériorité du centre est évident. Il s’agit ni plus ni moins que de poser le caractère universel de la langue française en l’argumentant d’une supériorité d’essence. Voici comment en parle Bertrand Barrère de Vieuzac, député aux Etats généraux puis à la convention nationale, pour en appeler à une guerre pour éradiquer les autres langues de l’hexagone : 

« Le fédéralisme et la superstition parlent bas-breton ; l’émigration et la haine de la République parlent allemand, la contre-révolution parle italien et le fanatisme parle basque. Cassons ces instruments de dommages et d’erreurs […]. Il n’appartient qu’à la langue française qui depuis quatre ans se fait lire par tous les peuples […], il n’appartient qu’à elle de devenir la langue universelle. Mais cette ambition est celle du génie de la liberté[ix]. » 

Cette logique de pensée déjà hégémonique au moment de la révolution bourgeoise (qui rappelons-le se déploie à la fois contre le féodalisme et contre les économies et cultures populaires), l’est encore plus ensuite, avec comme summum la troisième république qui est tout à la fois celle de la guerre à la diversité interne et celle de la colonisation externe. La construction nationale française se bâtit en conséquence par une négation des peuples de l’hexagone (occitan, basque, breton, etc.) par une confusion entre l’unité politique et l’unicité culturelle et par une guerre à l’altérité. Mais cette négation n’est pas sans fondements matériels : elle s’enracine dans le besoin d’imposer les rapports sociaux capitalistes à des contrées fonctionnant jusque-là selon une autre logique économique. C’est pourquoi libération nationale et lutte des classes sont indissociables.

Libération nationale et lutte des classes

Parler de lutte de libération nationale à propos des peuples de l’hexagone fait courir en France un danger : celui d’être accusé de réactionnaire, de partisan d’un retour à la féodalité. Nous considérons au contraire que ne pas le faire revient à laisser le champ libre à l’extrême-droite qui sait à merveille canaliser des révoltes légitimes pour les détourner de leurs cibles réelles. Il convient donc de préciser de quoi il s’agit, non pas dans l’abstraction pure, mais dans les conditions concrètes du capitalisme français d’aujourd’hui. 

Aborder la lutte de libération nationale sans la relier à la lutte des classes est selon nous un non-sens. Elle est de fait un combat contre une classe sociale qui hiérarchise le territoire en centres et périphéries, qui ne peut que le faire, qui a besoin de le faire pour maintenir ses profits. C’est pourquoi limiter le combat à la question linguistique ne peut que produire de l’impuissance politique. A l’inverse se contenter de parler de lutte anticapitaliste sans l’ancrer dans les conséquences concrètes d’assujettissement économique et d’oppression culturelle, conduit à la même impasse. Une telle approche, encore majoritaire à gauche en France, aboutit, consciemment ou non, à un regard méprisant sur les formes de révolte qui émergent spontanément face à la domination. 

Ne soyons pas naïfs pour autant. Nos luttes contemporaines se déploient dans un cadre précis, celui de la mondialisation capitaliste et d’une Europe qui en est un des principaux pôles. Cette Europe est parcourue de contradictions, les Etats les plus puissants voulant y occuper une place hégémonique (la France et l’Allemagne en particulier). C’est pour cette raison que nous assistons pour l’Europe du Sud à un retour de mécanismes coloniaux c’est-à-dire à une logique d’assujettissement de ces économies aux centres que sont la France et l’Allemagne. L’épisode grec que nous venons de vivre en est une expression significative. Dans ce contexte nouveau des aspirations justes peuvent être instrumentalisées, des luttes légitimes peuvent être canalisées vers des objectifs réactionnaires, des réactions à l’oppression peuvent être manipulées pour asseoir d’autres oppressions. C’est ainsi au nom de la défense des droits des « minorités » que sont légitimées plusieurs des guerres impérialistes contemporaines au Moyen-Orient et en Afrique. 

En définitive la question qui est posée est celle du combat pour la fin de l’assujettissement colonial (et donc aussi du capitalisme qu’il sert) et de la conception de l’Etat qui l’accompagne. La solution n’est pas, selon nous, dans un retour au passé mais dans l’invention d’un avenir. Pour ce faire regarder ailleurs peut aider à développer un imaginaire de la libération. La Bolivie par exemple et son « Etat plurinational » peut nous aider à penser l’avenir.

NOTES : 

[i] Voir nos articles : 1) Le discours des « valeurs de la république » : Un nouveau masque de l’idéologie dominante, 2) Les fondements historiques et idéologiques du racisme « respectable » de la « gauche » française, 3) La prise en otage des enseignants ou l’instrumentalisation de l’école publique, 4) Les premiers fruits amers de l’unité nationale : Guerres, peurs, humiliation, mises sous surveillance, 5) L’attentat contre Charlie Hebdo : l’occultation politique et idéologique des causes, des conséquences et des enjeux, etc., 
https://bouamamas.wordpress.com/ 

[ii]Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme, Présence africaine, Paris, 2004 [rééd.], p. 9. 

[iii]Rosa Luxemburg, l’accumulation du capital, tome 2, Maspero, Paris, 1976, pp. 43-91. 

[iv]Karl Marx, Fondement de la critique de l’économie politique, Anthropos, Paris, 1968, tome 1, pp. 203-204. 

[v]Aimé Césaire, op.cit. 

[vi]Frantz Fanon, Racisme et Culture, in Pour la révolution africaine, La Découverte, Paris, 2001 [rééd.], pp. 37-53. Voir aussi Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs, Seuil, Paris, 1952. 

[vii]Denis Diderot, Langue, Œuvres, La Pléiade, Paris, 1946, p. 210. 

[viii]Suzanne Citron, Enseigner l’histoire aujourd’hui. La mémoire perdue et retrouvée, Editions ouvrières, Paris, 1984, p. 67. 

[ix]Bertrand Barrère de Vieuzac, Rapport au comité de salut public, in Michel Certeau, Dominique Julia et Jacques Revel, Une politique de la langue, Gallimard, Paris, 1975.

 

Petits précis sur le colonialisme français en « Nouvelle-France »

Posted in actualité, colonialisme, France et colonialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, média et propagande, militantisme alternatif, politique et social, politique française, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , on 21 mars 2014 by Résistance 71

“Cela devrait paraître évident que le patriotisme est un mauvais sentiment porteur de destruction et une stupide doctrine ; car il est clair que si chaque peuple et chaque état se considère être le meilleur peuple et état, ils puisent cela d’une illusion néfaste et dangereuse […] Tous les peuples du soi-disant monde chrétien ont été réduits par le patriotisme à un tel état de brutalité, que non seulement ceux qui sont obligés de tuer ou d’être tués désirent le massacre et se réjouissent du meurtre, mais aussi tous les peuples d’Europe et d’Amérique, vivant pacifiquement dans leurs maisons sans être exposée à un quelconque danger, sont, à chaque guerre, et ce grâce aux moyens de communication et à la presse, dans la position des spectateurs du cirque romain et comme eux, se réjouissent du massacre et clâment sanguinairement ‘Pollice verso’ [à mort !].”

~ Léon Tolstoï (“Patriotisme et Gouvernement”, 1900) ~

 

Faits et méfaits de la France lors de sa colonisation de la Nouvelle-France ~ XVIIème XVIIIème siècles

 

Résistance 71

 

21 Mars 2014

 

Nous avons noté une certaine propention à raviver une justification de la colonisation. En ces temps de totale déliquescence politique, les nostalgiques de la III ème république et autres afficionados de la monarchie s’en donnent à cœur joie pour tenter de raviver la pathétique flamme patriotique au nom de “valeurs” soi-disantes “humanistes” et de “grandeur patriotique”. Des valeurs si “humanistes” qu’elles menèrent l’occident et donc la France à piller le monde en se revendiquant qui de dieu, qui du roi, qui de la responsabilité de civiliser, d’éduquer et d’évangéliser/républicaniser (c’est pareil…) ces sauvages, païens, sarrazins et imbéciles des contrées d’outre-mer et ce dans une frénésie génocidaire remontant à la fin du XVème siècle jusqu’à aujourd’hui.

Nous devons analyser, comprendre et tirer les conclusions qui s’imposent du comment l’occident est arrivé à ce stade hégémonique jamais égalé dans l’histoire de l’humanité. Notre histoire, si elle se lit de guerre en guerre et de crime en crime, se confond aujourd’hui avec l’histoire d’un monde inégal, injuste, belliqueux, veule et voué à la destruction planifiée. L’occident est ce qu’il est parce qu’il a pillé, saccagé, dominé, écrasé, exploité, le reste de l’humanité depuis plus de 500 ans. Cela commença avec nous- mêmes puis vint l’extension des massacres sur tous les continents au nom d’un dieu aussi ethnocentrique et sanguinaire qu’imaginaire, remplacé bientôt par son pendant économique.

Si nous ne sommes pas, nous, citoyens du XXIème siècle, directement responsables des crimes commis à “l’époque”, ceux-ci font néanmoins partie de notre patrimoine historique que nous devons tous collectivement reconnaître et assumer, c’est en effet la moindre des choses que nous puissions faire. Beaucoup de Français pensent que la colonisation, c’est de l’histoire ancienne… Que faisons aujourd’hui au Mali, qu’avons-nous fait en Libye ? Quelle fut et est toujours notre implication dans le contrôle des ressources de certaines régions africaines qui furent nos anciennes colonies sous la macabre IIIème république et sa descendance appliquée à perpétrer l’héritage génocidaire ? Les Etats-Unis, le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande sont toujours des colonies sous domination monarchique, présentant une façade “démocratique”, ne se comportant qu’en entité entrepreneuriale dont le seul but est l’extraction des richesses naturelles au profit de la même clique d’oligarques de la “couronne”/City de Londres et affiliés.
L’enclave francophone du Québec répond à cette même “couronne”, entité commerciale, dont elle n’est qu’une succursale. L’ensemble de cette vaste escroquerie tient sur des tenants pseudo-légaux datant du XVème siècle sous la forme de diktats papaux toujours en vigueur aujourd’hui et directement intriqués dans la fabrique pseudo-légale fondatrice des empires coloniaux passés et présents. Demandons-nous qui vote pour entretenir cette permanence du crime contre l’humanité de génération en génération et se rend ainsi complice des crimes commis ?

Il n’y a aucune justification possible à l’asservissement et au dépouillement de peuples et de nations entières au profit d’une clique d’oligarques élus et non élus. Le passé colonial de la France est sombre et aussi criminel que celui de toutes autres entités étatico-commerciales exerçant les mêmes turpitudes. Il n’y a pas de hiérarchie dans les crimes contre l’humanité et il ne doit pas y avoir de deux poids deux mesures dans leur reconnaissance.  C’est à nous les peuples occidentaux de faire la plus grande partie du chemin vers une véritable réconciliation avec tous ceux que nous avons opprimés depuis plus de 500 ans, c’est notre responsabilité, parce qu’au bout du compte… Nous sommes tous des colonisés, nous sommes tous colonisés par cette idéologie tantôt ouverte tantôt rampante de la colonisation qui nous inscrit, sans notre consentement, dans la catégorie des “êtres supérieurs” ayant le devoir de dominer et “d’éclairer” le monde…

Il est plus que temps de nous réveiller une bonne fois pour toute de cette foutaise, de ce voile édulcoré, fabriqué à dessein pour nous voiler la face des turpitudes de l’oligarchie en place, la même quasiment depuis 500 ans, simplement plus “perfectionnée”, plus “sophistiquée” au fur et à mesure de la mutation du monstre froid qu’elle chevauche.

Alors… Le colonialisme français du nouveau-monde fut-il un moindre mal comparé au colonialisme anglais ? Possible, bien que les méfaits, les abus et les crimes soient bien présents et documentés, mais cela ne peut en rien le justifier ou le considérer comme un élan civilisateur. Nous présentons ci-dessous un échantillon du “bon” et du moins bon. Mais une chose demeure certaine: Pour avoir une véritable idée de l’histoire d’une période, il ne faut pas la résumer à l’historiographie des vainqueurs, des élites, des militaires et des grands bourgeois, en charge de la rédaction d’une histoire falsifiée, tronquée à dessein pour endoctriner les foules à la servitude volontaire. Il est nécessaire de rechercher et de recouper l’historiographie des dominants avec les témoignages et archives des dominés, c’est alors que le dépoussiérage salvateur s’opère. Alors une histoire de la Nouvelle-France narrée par des historiens monarchistes a autant de valeur que l’histoire de la colonisation de l’Afrique et de l’Asie par la France de la IIIème république narrée par des républicains bon teints, convaincus peu ou prou par le modèle raciste qu’ils encensent.

La voie du milieu permet de voir, d’analyser et d’admettre les crimes commis. Sortons de la dissonance cognitive, c’est la seule façon de changer de paradigme. Ceci passe par une vision historique claire des méfaits de notre civilisation, leur reconnaissance, afin de corriger le tir, de corriger l’E.R.R.E.U.R pour une véritable réconciliation.

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“En 1754, avant l’avènement des Etats-Unis, les Britanniques déclarèrent la guerre aux Français, précipitant les pays l’un contre l’autre dans une bataile qui commença dans la vallée de l’Ohio, que les Français avaient déjà colonisé.

Les tribus alliées aux Français espérèrent maintenir l’expansion britannique au loin. Les Français avaient causé moins de griefs que les Anglais, qui amenaient avec eux leurs femmes et leurs familles pour vivre, tandis que les trappeurs français mariaient quant à eux, les femmes indiennes et vivaient avec les autochtones en grande partie. A part avoir amené le catholicisme, les Français vivaient de manière amiable parmi les Indiens sans s’imposer, ni imposer leur style de vie.

[…]

Les Français faisaient croire aux Indiens que les Anglais les avaient escroqué dans le commerce, leur avaient pris leurs terres sans leur donner l’équivalent et ainsi leur firent croire qu’ils devaient poussé les Anglais hors du pays. Les Anglais firent la même chose de leur côté, mais pas avec le même succès, car ils ne purent jamais parvenir à se rendre plus sympathiques et favoris des Indiens que les Français le purent.”

Source: “Indigenous History: The War between the French and the Indians ends with the Treaty of Paris” (Christina Rose)

http://indiancountrytodaymedianetwork.com/2014/02/10/native-history-french-and-indian-war-ends-treaty-paris-153485?page=0%2C0

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“Lorsque les Britanniques combattirent les Français pour l’Amérique du Nord dans la guerre de sept ans, les Indiens combattirent du côté des Français. Les Français était des commerçants et non des occupants des territoires indiens, tandis que les britanniques clairement convoitaient leurs terrains de chasse et leur espace vital… Le général anglais Braddock approcha le chef Shingas de la nation Delaware pour savoir s’il accepterait de combattre aux côtés des Anglais. Celui-ci lui demanda si les Indiens auraient alors le droit de vivre côte à côte avec les Anglais et d’obtenir des terres de chasse suffisamment grandes pour la vie de sa nation. A cela le général répondit qu’aucun sauvage ne pourra hériter de la terre, ce à quoi le chef Delaware rétorqua que s’il n’avait pas la possibilité de vivre libre et en paix sur la terre ancestrale, il ne se battrait sûrement pas pour elle…”

Source: “Une histoire populaire des Etats-Unis”, Howard Zinn

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Il est important qu’il n’y ait pas de paix du tout entre nos frères Hurons et leurs voisins, car ceci est requis pour la foi et le commerce des fourrures.” ~ (Jean de Brebeuf, missionnaire jésuite en Nouvelle France, Canada, 1642) ~

“Quand l’explorateur français Jacques Cartier rencontra en premier les pacifiques indigènes Miq’maq (NdT: qui existent toujours dans les provinces de la Nouvelle-Ecosse, du Nouveau Brunswick et du Québec) dans la province actuelle du Nouveau Brunswick en 1534, son équipage lui suggéra de faire tirer le canon avec des salves de soufre, de plomb, de verres brisés et de cailloux (mitraille improvisée). Puis les Français attaquèrent leurs villages et demandèrent aux survivants toute leur richesse et leurs femmes.

Une telle attitude “civilisée” n’empêcha pas Cartier de commenter:

Ces gens peuvent être appelés sauvages, car ils sont les plus pauvres de la terre: ensemble, ils n’ont pas la valeur de cinq sous entre eux. Et pourtant, ils partagent tout ce qu’ils ont avec les autres et vivent dans une véritable communauté de biens. Ils sont complètement étrangers à toute notion de propriété et tout ce qui appartient à l’un appartient tout aussi bien à l’autre… Ils sont sûrement de meilleurs chrétiens en ce sens que nous ne le sommes.” ~ (cité dans “Founding of Canada des débuts à 1815”, Stanley Ryerson, 1960) ~”

[…]

Sous les jougs espagnol et français, les tribunaux de l’inquisition furent souvent de rigueur pour traduire des Indiens en “justice”. Il y eut plus de 900 procès pour hérésie contre des Indiens au Mexique au XVIème siècle. Dans un de ces “Auto da Fe” (ou “acte de foi”, le nom formel de l’inquisition), qui s’est tenu au Mexique en 1570, plus de 3 800 Indiens furent condamnés, pendus ou brûlés vifs pour “hérésie”.

Un tel terrorisme religieux n’était pas moins actif dans les terres saisies par l’Angleterre, la France ou la Hollande au nord de l’Amérique espagnole.

Par exemple, après l’arrivée des premiers jésuites en Nouvelle-France (maintenant le Québec) en 1611, cet ordre religieux déclara une guerre ouverte aux nations indiennes alliées avec le rival anglais et même aux nations autochtones neutres, comme les Algonquins. En tant qu’investisseurs majeurs dans le commerce de la fourrure, les jésuites protégèrent leurs profits en éliminant les nations indiennes qui délivraient des fourrures aux mains des Anglais. Ainsi, dès 1640, les jésuites étaient d’accord avec un plan du gouverneur Montmagny de la Nouvelle-France pour chasser et exterminer tous les Algonquins non-chrétiens.

Les missionnaires jésuites “en robe noire” diffusèrent la variole, les armes à feu et l’alcool parmi les tribus algonquines de l’est du Canada de manière si efficace qu’environ les trois-quarts de celles-ci furent anéantis en moins d’une génération. La maladie se répandit aux tribus voisines, ce qui eut pour résultat que même les alliés des Français comme les Hurons, furent gravement atteints de dépopulation et furent virtuellement exterminés vers l’an 1700.

Source: Extraits de la traduction du livre de Kevin Annett “A découvert: Génocide passé et présent au Canada”, 3ème édition, 2010

https://resistance71.wordpress.com/2013/09/23/colonialisme-et-genocide-au-nouveau-monde-a-decouvert-genocide-au-canada-passe-et-present-introduction-2eme-partie/

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“Lorsque Jacques Cartier est arrivé dans la ville de Québec en 1534, il a kidnappé des enfants autochtones qui ne sont jamais revenus. Aujourd’hui, nous attendons le retour de ces enfants et une enquête sur tous ceux qui sont portés disparus et ont été assassinés jusqu’à aujourd’hui. Samuel de Champlain a été envoyé ici pour créer et générer la tactique du “diviser pour mieux régner”. Lorsqu’il vit pour la première fois les Mohawks, il fit ouvrir le feu à Saratoga sur le lac Champlain en 1609, tuant les trois chefs.

Les Français se sont ensuite alliés avec les Américains. Les Britanniques signèrent des accords illégaux à Paris (NdT: Traité de Paris de 1763 suite à la guerre de 7 ans entre la France et l’Angleterre perdue par la France) pour donner libre cours aux envahisseurs et l’escalade inexorable de leur saisie coloniale des terres. Les Québecois et les Canadiens se vantent de la saisie de nos territoires lors de la guerre révolutionnaire. Ce crime fait partie de leur histoire et de leur identité.”

Source: Mohawk Nation News

https://resistance71.wordpress.com/2014/03/13/petit-precis-de-lhistoire-coloniale-de-la-nouvelle-france-vu-du-cote-indien/

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“En 1540, le roi de France François 1er annonça son intention d’établir une colonie (en Nouvelle France) afin d’exploiter les ressources de la région et de justifier cette colonie en langage religieux avec cette idée d’amener de nouvelles âmes à leur dieu. Tout comme les autres pays européens, les Français ne reconnaissaient aucune validité aux religions aborigènes, à la possibilité que la terre appartenait aux Indiens, ni leur capacité à se gouverner eux-mêmes.

D’après la doctrine chrétienne de la découverte, une doctrine légale (droit canon) disant explicitement que les monarques chrétiens avaient un droit, une possibilité, une obligation, de règner sur les nations non-chrétiennes ; les Français assumèrent que leur religion et gouvernement (catholique) étaient supérieurs à ceux des autochtones natifs des Amériques…”

Source: “Jesuits in New France in the 17th century”

http://www.dailykos.com/story/2012/03/27/1078205/-Indians-101-17th-Century-Jesuits-in-New-France#

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“La grande paix de Montréal fut achevée le 25 Juin 1701. C’est le traité qui fut établi pour cadrer le droit des envahisseurs de vivre ici. L’histoire canadienne n’en fait pas état.

Les Français furent appelés à faire la paix pour mettre fin à leur guerre de 92 ans contre nous, appelée les guerres franco-indiennes.

En juillet 1701, nous avons apporté les ceintures Wampum aux britanniques à Albany, qui l’avait reprise de la colonie hollandaise de la Nouvelle-Amsterdam en 1684. Ils furent d’accord sur les mêmes termes. De là, le traité Nanfan de 1701 donna la permission aux britanniques de vivre en paix avec nous.”

[…]

“La révolution américaine/guerre d’indépendance fut le premier faux-drapeau. Elle fut faite pour détruire la Grande Loi de la Paix et la transformer en la constitution de guerre des Etats-Unis. En 1779, les Américains envoyèrent 13000 soldats à Onondaga, la capitale de la confédération iroquoise afin d’essayer de détruire la paix pour toujours. Ils ne purent jamais éteindre le feu du peuple.

Les Britanniques ancrèrent leurs navires à Québec et prirent une année sabbatique de façon à ce que les Américains puissent en finir avec nous.

Sous l’égide de la loi internationale, lorsqu’un tel traité est brisé, tout redevient comme au jour d’avant la ratification de celui-ci. Dans ce cas présent, au 24 Juin 1701. Nous n’avons JAMAIS donné ou rendu quoi que ce soit. Les Européens ont renié leur accord de vivre en paix. Ce ne sont ni plus ni moins que des squatters.”

Source: Mohawk Nation News

http://mohawknationnews.com/blog/2012/06/28/1701-great-peace-of-montreal/#comment-2733

Résistance politique: La continuité du colonialisme français en Afrique…

Posted in actualité, altermondialisme, France et colonialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, militantisme alternatif, neoliberalisme et fascisme, politique française, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , on 13 février 2014 by Résistance 71

Le camerounais doit libérer l’Afrique francophone de la domination barbare française

 

Léon Tuam

 

10 février 2014

 

url de l’article original:

http://www.cameroonvoice.com/news/article-news-14107.html

 

Sur les corps dans les tombes ou restés en l’air sans sépulture des nourrissons, des enfants et adultes d’Afrique qui tombent ou sont tombés il y a peu ou longtemps en RCA, au Congo, en Cote d’Ivoire, en Libye, au Tchad, au Cameroun, en Guinée, au Gabon, au Niger, au Faso, au Mali, etc.

Sur les corps de ces frères et sœurs africains partis pour toujours à cause des conflits et injustices qu’entretient la France et ses amis sur notre continent pour que jamais ne se couche leur soleil, sur ces corps, sur tous ces corps qui nous sont si chers, d’entrée de jeu je pose les feuilles d‘arbre de paix et que leurs âmes reposent en paix.

Ces frères et sœurs qui tombent ou sont tombés en RCA, en Côte d’Ivoire, au Congo, etc. et à côté desquels parfois l’on a vu des nourrissons et enfants allongés auprès des parents ou des enfants qui tiennent par les habits et tentent en vain de réveiller les corps déjà inertes de leurs mères sans rien y comprendre, 
Ah mes frères et sœurs africains, seules deux mains les tuent : La main traitresse locale associée à celle étrangère assoiffée des richesses africaines. Nous devons vaincre nos divisions, nos différences et nos rancœurs pour nous unir et mettre fin à ces astuces et conduites criminelles des pompiers-pyromanes.

Au milieu de cette obscurité que créent nos dirigeants, nous ne devons pas faillir à notre devoir de perception nette des choses et du patriotisme. Ce n’est pas pour notre bien que l’étranger nous tendra le bâton pour punir nos fossoyeurs locaux.

Ainsi, les traitres qui seront appuyés par la France pour verser le sang des Camerounais, des Africains, seront combattus et sévèrement punis tôt ou tard.

La France dans l’espace africain francophone brille et passe en maître dans cet art. Le Cameroun est une île entourée des terres incessamment en ébullition, le Cameroun ressemble à un Insecte autour duquel tourne et tourne un Coq et n’attend que le moment propice pour lui sauter dessus et l’avaler.

Aux Camerounais je dis et j’insiste : L’heure n’est pas à la diversion, aux rancœurs et aux divisions. Nous avons une expérience singulière, nous avons une blessure et une douleur inoubliables qui attendent d’être vengées. Nous avons un grand héritage à sauver et sauvegarder jalousement, O peuple d’Um Nyobé !

Peuple d’Um Nyobe, malgré l’inconsistance et la traitrise de nos dirigeants qui nous fragilisent, malgré les durs coups que nous avons reçus d’eux, comprenons que le Cameroun n’est pas à eux ; il revient au peuple.  
Patriotes camerounais de l’intérieur et de l’extérieur, nous avons beaucoup de missions sur cette portion d’Afrique qu’est le Cameroun, mais nous avons une mission ancestrale et divine préalable ou essentielle en Afrique : Il s’agit de débarrasser l’Afrique francophone de la domination et de la dictature barbares françaises.

Camerounais, l’Afrique, et surtout francophone, regagnera sa souveraineté à partir de ce bout de terre d’Um Nyobé. Nous n’avons pas droit a l’erreur. Malgré nos problèmes multiples, nous sommes une grande chance pour l’Afrique. Nous sommes un peuple qui sait agir pour l’autre.

Peuple camerounais, la France oublie que nous n’avons oublié ni pardonné les crimes affreux, ou les génocides qu’elle a perpétrés sur notre peuple ainsi que  ses ingérences continues et soutenues dans les affaires de notre pays. Nous avons un régime, un système moribond à nettoyer, certes !

Mais, mes frères et sœurs, ce travail de nettoyage ne saurait prendre corps et se dérouler en s’appuyant sur la France qui nous doit beaucoup : l’argent, la dette morale et la dette du sang. La libération réelle et totale du Cameroun ne peut se faire qu’avec des forces progressistes camerounaises. L’Inde, le Brésil, la Chine et d’autres pays se sont libérés par eux-mêmes.

D’aucuns diraient que c’est être naïf. Non, ce sont eux les naïfs, car chaque fois que l’on s’appuie sur l’occident ou bien quand cet occident dit qu’il nous vient en aide, alors c’est lui-même qu’il vient aider. 
La pauvreté, la misère, les conflits et morts par milliers d’Africains n’émeuvent pas l’occident, les Droits Humains bafoués en Afrique ne l’émeuvent pas non plus ; il s’en sert tout simplement pour se faire une santé économique, politique, morale et sociale. Et des Salauds l’applaudissent.

Que les Camerounais en ces temps troubles n’écoutent pas les sirènes nationales opportunistes sans patriotisme ni vision qui depuis certaines capitales européennes et d’autres pays africains veulent reproduire le schéma ivoirien ou centrafricain au Cameroun.

Que les Camerounais se tiennent prêts à pleurer leurs morts du passé en infligeant une leçon particulière de courage et de patriotisme à la France et aux traitres-collabos qui regardent le Cameroun comme la prochaine proie à fondre dessus. Au Cameroun, le Coq aura à sa gorge l’insecte qui va l’étouffer et l’émasculer complètement.

Vigilance ! Vigilance ! Afin que s’accomplisse cette mission ancestrale et divine à partir de ce point de l’Afrique, qui est de mettre fin en Afrique aux crimes et zèles d’une France qui en réalité ne représente rien.

Les vrais stratèges doivent de plus en plus entretenir les Camerounais et les peuples africains sur la lutte et moyens de résistance face aux oppresseurs extérieurs et sur les enjeux de cette libération.

Ingérence en Afrique: La France colonialiste et néo-colonialiste se porte bien…

Posted in actualité, altermondialisme, France et colonialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, politique française, résistance politique with tags , , , , , , , , , , , on 23 octobre 2012 by Résistance 71

Françafrique cette association de malfaiteurs qui a paralysée l’Afrique

 

Zehira Houfani

 

Le 22 Octobre 2012

 

url de l’article:

http://www.mondialisation.ca/francafrique-cette-association-de-malfaiteurs-qui-a-paralyse-lafrique/5309111

 

Ces jours-ci, il est de bon temps de parler d’un vent de renouveau dans les relations France-Afrique.  L’« honneur » des Africains est lavé, semble dire à l’unisson certains milieux politiciens des deux côtés de la méditerranée. Le nouveau président de la gauche française, François Hollande est venu soigner les « bobos » que son prédécesseur de la droite française, Nicolas Sarkozy, a commis envers les « élites » africaines.

Contrairement à Nicolas Sarkozy qui avait dans la même ville, Dakar, commis l’impair en pensant avoir identifié le « drame de l’Afrique » en disant que « l’homme africain n’est pas assez rentré dans l’histoire », François Hollande préfère « encenser » le continent « berceau de l’humanité », en valorisant ses atouts et en axant sur son avenir, sans s’attarder sur le lourd passé des relations franco-africaines, dont il veut apparemment se distancer. Désormais, déclare-t-il dans son premier discours en terre d’Afrique: « Le temps de la Françafrique est révolu : il y a la France, il y a l’Afrique, il y a le partenariat entre la France et l’Afrique, avec des relations fondées sur le respect, la clarté et la solidarité. »[1] En fait, l’exposé est truffé de belles phrases, des promesses d’amitié, de sincérité, bref, un beau discours avec des énoncés tout à fait judicieux pour susciter l’adhésion des Africains en ces temps d’incertitudes et de crise globalisée, dont ils sont encore une fois les otages.

Mais pour beaucoup d’Africains, le seul fait nouveau dans ce discours, c’est son orateur, le président François Hollande, le nouveau visage des intérêts de la France en Afrique. Le reste n’est que rengaine. Les mémoires sont pleines des promesses et autres engagements des gouvernements successifs de la France, qu’on s’empresse d’enterrer sitôt éteints les projecteurs. Qui ne se souvient du fameux discours prononcé à La Baule le 20 juin 1990 par un autre président français, également de gauche, François Mitterrand. Son contenu a marqué les esprits par le vent de changement qu’il prônait, autant en terme de relations entre la France et l’Afrique, qu’en terme de liberté, de développement et d’ouverture démocratique. D’autant que le contexte politique international de l’époque s’y prêtait particulièrement dans la foulée de l’effondrement de l’union soviétique et la chute du mur de Berlin. N’est-ce pas qu’il faut avoir la mémoire courte pour croire encore aux discours des présidents français sur l’Afrique? Aucun d’eux n’a jamais mis en péril le système néocolonialiste mis en place par le général de Gaule et son homme de main Jacques Foccart pour garder ses ex. colonies sous domination française. La machine monstrueuse qu’est la Françafrique est toujours active, même si les discours et les filières sont renouvelés à chaque changement de gouvernement français.

Alors, morte la Françafrique comme le proclame le président Hollande? Pas sûr. Chacun de ses prédécesseurs avait, dans des termes plus ou moins similaires, proclamé publiquement l’acte de décès de cette association de malfaiteurs, dont l’ampleur des crimes contre l’humanité occuperait la cour pénale internationale pour des années, à tout le moins. Mais aucun des présidents, de droite comme de gauche, n’a vraiment dévié de la ligne tracée par Jacques Foccart, laquelle comme chacun sait, ne fait aucune place aux droits des peuples des ex. colonies.

Gauche et droite, nourries au sein de la Françafrique

Si les Africains ne s’attendaient pas à des gestes révolutionnaires de la droite française, supposément pas très regardante sur la question des droits de l’homme dans la conduite de ses affaires en Afrique, l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 avait soulevé de grands espoirs. D’autant que François Mitterrand avait nommé au poste de ministre délégué à la « coopération » Jean-Pierre Cot, un homme tout acquis au changement dans les relations France-Afrique, comme l’écrivait Christian Fauvet dans l’Express : « La tête pleine d’idées généreuses (…), il s’emploie à faire souffler le vent du changement. Après tout, il est là pour ça. Dans son esprit, le changement consiste à abandonner la politique du secret, que symbolisait Foccart, (…) À promouvoir une autre politique du développement, fondée sur une certaine morale. »[2] Jean-Pierre Cot, explique pour sa part au réalisateur du remarquable documentaire Francafrique[3], Patrick Benquet : « qu’il représentait “l’image” à laquelle tenait le président Mitterrand”, l’ouverture sur le tiers-monde, le discours généreux du développement, les nations unies, les droits de l’homme… » Tout cela ne fut qu’une brève parenthèse.

Les Africains découvrent rapidement que ce n’est qu’une image derrière laquelle le président Mitterrand est devenu lui-même la nouvelle matrice de la Françafrique et encaisse dans les pures traditions de celle-ci, les dividendes engendrés par le pillage, les détournements, et autres crimes infligés aux peuples du continent. Ils ne sont pas les seuls à être déçus par la gauche française. Le ministre de la coopération l’est tout autant de voir son président reproduire dans les coulisses ce qu’il condamnait publiquement. Jean-Pierre Cot démissionne et devient ainsi une victime de l’argent sale, qui alimente les caisses noires de l’Élysée et les comptes bancaires des dictateurs alliés. Sauté l’obstacle Jean-Pierre Cot, la Françafrique repart sous la houlette de François Mitterrand, qui du même coup enterre le discours d’ouverture de la Baule qui faisait la part belle à la démocratie, au développement et les droits de l’homme dans les ex. colonies. Pendant un court instant de l’histoire, les peuples africains s’étaient mis à rêver si fort qu’ils en oubliaient que l’orateur et son assistance, un parterre de dictateurs sanguinaires et corrompus, étaient les pourvoyeurs exclusifs de leurs souffrances. Mitterrand a tout bonnement enterré le projet de rupture avec la Françafrique et mis celle-ci au service de ses propres ambitions.

On efface et on recommence

Plus de 15 ans plus tard, après d’autres guerres[4], d’autres massacres, et d’autres coups d’état qui ont confiné le continent dans la misère et la violence, le candidat président de la droite, Nicolas Sarkozy se présente aux Africains avec le même projet de rupture avec la Francafrique. Il parle d’instaurer une : « relation transparente. Il nous la faut, déclare-t-il, débarrassée des réseaux d’un autre temps, des émissaires officieux qui n’ont d’autre mandat que celui qu’ils s’inventent. Le fonctionnement normal des institutions politiques et diplomatiques doit prévaloir sur les circuits officieux qui ont fait tant de mal par le passé. Il faut définitivement tourner la page des complaisances, des secrets et des ambiguïtés »[5] Son secrétaire d’état chargé de la coopération et de la Francophonie, Jean-Marie Bockel va connaître le même sort que celui de Mitterrand, Jean-Pierre Cot. Dans un discours fort critique des relations France-Afrique, il déclare devant la presse : « Je veux signer l’acte de décès de la “Françafrique”[6]. Je veux tourner la page de pratiques d’un autre temps, d’un mode de relations ambigu et complaisant, dont certains, ici comme là-bas, tirent avantage, au détriment de l’intérêt général et du développement. » Il n’en fallait pas plus pour réveiller les monstres de la Françafrique. Et au lieu de rupture, c’est plutôt le secrétaire d’état qui est démis de ses fonctions dans la « patrie » des droits de l’homme. Cependant, contrairement à Jean-Pierre Cot qui a refusé de monnayer ses principes en déclinant l’offre de son gouvernement, cet ancien colonel accepta d’occuper le poste de ministre aux anciens combattants. 

50 ans après les indépendances, la mort de la Françafrique devrait être une affaire exclusivement africaine 

Tous ces épisodes de la Françafrique, qui renait à chaque fois de ses cendres, prouvent aux Africains que la balle de leur émancipation est désormais dans leur camp. Il leur faudra regarder bien en face, et surtout évaluer les incidences des instruments de leur dépendance vis-à-vis de l’ancienne puissance coloniale, la Françafrique, bien sûr, mais aussi la Francophonie et la Franc-maçonnerie[7], qui sont autant de ghettos qui neutralisent le développement des ex. colonies. Si la mondialisation n’est pas l’idéal pour l’humanité, il n’empêche qu’elle a permis l’ouverture du continent africain à d’autres possibilités de développement. Quand les Africains entendent les politiques et médias français s’indigner que la Chine fasse des affaires avec des régimes qui violent les droits humains, ça prête à sourire, tant le sarcasme est énorme. Il faut être bien arrogant et surtout méprisant pour reprocher aux Chinois, un crime qu’eux-mêmes commettent systématiquement et sans état d’âme depuis 50 ans sur le continent noir, au vu et au su de toute l’Europe, dont ils sont le fer de lance dans cette partie du monde. Tout comme les Britanniques et les États-Unis le sont dans d’autres endroits de la planète.

C’est parfait de vouloir tourner la page, mais alors, que la France cesse séance tenante son soutien aux dictateurs, qu’elle publie tous leurs biens et leurs avoirs[8] sur son territoire et qu’elle les restitue aux peuples pillés[9], qu’elle libère les archives de ses ex. colonies, qu’elle mette fin aux accords militaires secrets, et qu’elle procède au démantèlement de ses bases militaires. Peut-on y croire? Après 50 ans de pratiques inégales et de mensonges, les préjugés instillés par les réseaux de la Françafrique finissent comme une seconde nature qu’on peine à éliminer. Et on aurait tendance à penser que rien de cela ne sera fait. Force est de constater, encore une fois dans le cas du Mali, ce va-t-en guerre, dont la France use si facilement sur le continent et qui trahit la nature des relations néocolonialistes encore diffuses dans les esprits de l’Élysée. Ce n’est sûrement pas les peules du Congo, de la Côte d’ivoire, du Rwanda, du Tchad et beaucoup d’autres, comme aujourd’hui, les Maliens qui diraient merci à la France d’avoir intervenu militairement dans leur pays. Finalement, ce qui est présenté comme une rupture dans les relations avec l’Afrique peut se révéler n’être qu’une mutation et tous les atermoiements ne justifieraient ultimement qu’une chose : les intérêts économiques de l’Occident en Afrique, menacés par les économies émergentes, en particulier la Chine, de plus en plus présente sur le continent. Et sûrement à moindre coût (humain et matériel) pour des Africains en quête de liberté, de dignité et de développement.

Zehira Houfani, écrivaine

 

Notes

[1]Le discours de François Hollande, le Point.fr, 12 octobre 2012,

http://www.lepoint.fr/monde/verbatim-le-discours-de-francois-hollande-a-dakar-12-10-2012-1516395_24.php

[2] L’écart de Jean-Pierre Cot, Christian Fauvet , l’Express,10 décembre 1982

[3] Françafrique, Patrick Benquet, Infrarouge, France 2, 13 octobre 2010

[4] Voir cette chronologie partielle sur le monde : http://www.lemonde.fr/web/module_chrono/ifr/0,11-0@2-3212,32-867026@51-1016961,0.html  et aussi, http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article4418

[5] Discours prononcé au Bénin le 19 mai 2006

[6] Les voeux à la hussarde de Jean-Marie Bockel, Vincent Hugeux, L’EXPRESS, 15 janvier 2008

[7]Franc-maçons : les maîtres de l’Afrique, Théophile Kouamoua, Jeune Afrique, 11 avril 2011

Voir aussi l’excellent documentaire « Françafrique » de Patrick Benquet cité plus haut, qui montre une scène surréaliste et surtout affligeante de ces maîtres de l’Afrique dans leur accoutrementde franc-maçon

[8] Voir le site de l’ONG française Survie et l’important travail de son président, François-Xavier Verschave , une véritable bibliothèque sur les crimes de la Françafrique : http://www.survie.org

[9] Les affaires des biens mal acquis, ONG Sherpa :

http://www.asso-sherpa.org/nos-programmes/ffid/campagne-ra/bma

Voir aussi :

http://www.transparence-france.org/e_upload/pdf/appel_sections_africaines_de_ti_291009.pdf