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Lire, analyser, comprendre, pour un changement faste de notre société, 7ème partie : le colonialisme (Résistance 71)

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lecture1

Résistance 71

21 juillet 2022

1ère partie : introduction
2ème partie : Histoire, anthropologie et archéologie
3ème partie : Science
4ème partie : religion et philosophie
5ème partie : spirituel et arts
6ème partie : analyse politique
7ème partie : colonialisme
8ème partie : anarchie et société des sociétés

Penser aujourd’hui, comme veut nous le faire croire l’idéologie dominante, que nous vivons dans un monde « post-colonial » est une illusion et une foutaise totale. L’empire anglo-americano-sioniste dont c’est le tour d’imposer la dictature marchande et les rouages idéologiques et institutionnels allant de paire, est fondé sur la prévalence coloniale d’états-nations toujours totalement dépendants de la City de Londres et de son 1,6km2 le plus riche du monde.
Depuis sa création, Wall Street n’est qu’une succursale de la City, certes devenue au fil du temps la plus importante, mais une branche néanmoins de la maison mère… Depuis la fin du XVème siècle, l’occident judéo-chrétien pille le monde et a mis en place la plus grosse machine marchande de l’histoire de l’humanité afin d’acquérir le monopole et d’assujettir le pouvoir aux diktats marchands.

Le colonialisme est le fléau qui s’est abattu sur l’humanité à des fins de contrôle total par une caste de parasites pour l’heure dominante, nous devons reconnaître son omniprésence et nous en défaire avec l’ensemble du système étatico-marchand. Il n’y a pas de solution au sein du système et ne saurait y en avoir ! Penser que l’État et la marchandise peuvent être rendus plus « vertueux », qu’on peut réformer le capital pour le rendre plus « compatissant » et « juste » envers tous est non seulement faire preuve d’une imbécilité optimale et ne rien comprendre au film, mais c’est surtout être complice du génocide planétaire qui se met en place au nom du « progrès » et de « l’humanisme ».

La seule ligne de direction viable est celle-ci :
A bas l’État ! A bas la marchandise ! A bas l’argent ! et A bas le salariat ! Tout le reste n’est que pisser dans un violon !
L’avenir de l’humanité passe par les peuples occidentaux émancipés du carcan étatico-marchand, main dans la main avec les peuples opprimés depuis des siècles, pour ensemble marcher sur le chemin de la société des sociétés, celle de notre humanité enfin réalisée.

Lire pour mieux comprendre :

Nos pages sur Résistance 71 :

Les PDF sur le colonialisme, bibliothèque Résistance 71 :

Esprit_Cheval_Fou

Décolonisation ! Lettre d’un chanteur occitan aux militants décoloniaux…

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Point de vue intéressant et certainement valide. La colonisation est partout et bien actuelle. L’État est colonial et coercitif par nature. C’est par la force et non le consentement général qu’il “unifie”, allié à la veulerie de dirigeants locaux corrompus. Pourquoi le cri d’auto-détermination catalan, basque, breton aurait-il moins de valeur que celui d’un Iroquois, d’un Apache, Lakota, Maori, Aborigène d’Australie, Kurde ou Kanak ? Aucune raison.
Il est temps de remettre les question d’autonomie sur la table, partout… C’est une condition sine qua non pour mettre un coup d’arrêt à la division organisée sur des bases artificielles pour toujours mieux nous contrôler.
Allez faire un tour sur le site internet de Laurent, très bien fait… (lien sous l’article)
~ Résistance 71 ~

 

 

Lettre d’un chanteur occitan aux militants décoloniaux : Et nous là-dedans ?

 

Laurent Cavalié

 

17 février 2021

 

Source:
https://www.lavoiedujaguar.net/Lettre-d-un-chanteur-occitan-aux-militants-decoloniaux-Et-nous-la-dedans

 

Avons-nous une place dans la sphère décoloniale ? Nous ne sommes ni « racisé·e·s », ni « non blancs », ni « noirs », ni « blacks », ni « indigènes », mais je veux vous exprimer pourquoi j’ai besoin de me rapprocher des combats décoloniaux. Je veux vous exprimer les siècles de mépris vis-à-vis de notre langue qui n’est pas le français, de notre accent qui n’est pas celui des dominants économiques et médiatiques, de notre absence des plateaux de théâtre, des médias, du cinéma. Je veux vous exprimer la fatigue de devoir encore et toujours justifier de l’universalité de notre propos.

Je veux vous dire qu’en même temps que la France colonisait le monde et mettait en place l’esclavage, elle opérait à l’intérieur de l’Hexagone une vaste opération de colonisation des consciences, pour anéantir la diversité linguistique, pour empêcher les enfants de parler la langue de leurs parents, pour nous faire admettre qu’il n’y avait qu’une seule langue du progrès et que c’était le français, et par là même pour nous faire croire qu’il n’y avait qu’une seule voie possible, celle du progrès. Tous les moyens étaient bons pour glorifier l’idée de la grandeur universelle de la France et du français, y compris ceux du révisionnisme historique. Y compris ceux des sévices corporels pour les enfants, ceux de l’humiliation et du mépris.

La question du mépris des cultures populaires de la France, et de la pensée colonialiste de l’État français en direction des cultures particulières de l’intérieur — j’aurais pu oser l’expression cultures autochtones — ne peut pas être écartée d’un revers de manche, au prétexte que nous n’aurions pas été colonisés au sens où cela s’entend le plus couramment, c’est-à-dire par les armes, génocide et esclavage à l’appui. Je pourrais préciser ici que, pour ce qui est de la conquête armée et du génocide, le Languedoc, d’où je suis, a déjà payé un lourd tribu à la France lors de la croisade dite « contre les Albigeois », suivi d’un siècle de terreur quotidienne, avec ses milliers de bûchers, orchestrée par l’Inquisition. Mais je ne vais justement pas, ici, commencer à compter les morts qui justifieraient que nous sommes plus ou moins dignes de se revendiquer victimes du colonialisme.

D’autant plus que je pourrais même dresser un tableau réjouissant de notre situation : je pourrais me réjouir que la langue soit enseignée, qu’elle soit chantée. Je pourrais me réjouir que des carnavals se réinventent, que des villages recréent leur totem. Je pourrais relever qu’il existe des politiques publiques en faveur de la création artistique en occitan. Je pourrais avoir l’honnêteté de dire que c’est une joie que d’avoir trouvé un chemin artistique dans notre langue. Et que c’est peut-être même une facilité, vu que nous sommes aidés financièrement, et aussi plus facilement repérables car porteurs d’une histoire particulière, d’une « couleur » artistique particulière dans l’immense choix des propositions de créations qui inondent le marché de la culture, en France, tous les ans. Pour certains artistes qui galèrent pour vivre de leur création, nous sommes même considérés comme privilégiés. On peut, et même on doit mettre en avant cette joie, qui est réelle pour bien des acteurs de notre monde occitan, sans masquer la réalité du théâtre, de l’édition, de l’enseignement, qui sont tenues à bout de bras par la force des militants qui arrachent à l’État quelques aumônes, alors qu’il est question là ni plus ni moins de la survie d’une langue.

Nos réalités sont diverses et aujourd’hui le sentiment de dépossession demeure. Notre langue est en danger et tout ce qu’on pouvait qualifier, comme un ensemble très subjectif mais pourtant bien réel, d’art de vivre, c’est-à-dire notre relation particulière au monde — ni plus valable ni moins valable qu’aucune autre — est en train de finir de se diluer dans la culture médiatique dominante.

Le sentiment de dépossession demeure. Notre capacité à relativiser dépend évidemment de la construction de chacun, de sa capacité à se détacher d’une situation ou non, de son humour ou de son manque d’humour, de sa capacité à affronter ou de sa prédisposition au silence. On n’est pas égaux face au sentiment de dépossession et face aux sentiments qui en découlent : du sentiment de la perte de lien à celui de solitude, du sentiment de n’appartenir à aucune communauté à celui d’exclusion, de celui d’être dominé à celui de discrimination, de celui de pauvreté culturelle à celui de désœuvrement. On n’est pas égaux et tous ces ressentis appartiennent à chacun et sont toujours respectables. Hiérarchiser les douleurs et les peines est une absurdité pour quiconque est capable d’empathie.

Le sentiment de dépossession demeure et il est non seulement respectable, mais il faut le comprendre. Nous avons été dépossédés au cours des siècles passés de notre culture populaire, puis autodépossédés de ce qu’il en restait au cours du vingtième siècle à force de nous signifier notre indignité et l’inutilité de notre langue. Aujourd’hui la place est libre, les cerveaux sont disponibles à la colonisation mentale des dominants : l’État et les grands industriels s’insinuant à tous les niveaux, sociaux et intimes, de nos vies. Notre culture s’est tellement diluée dans la culture capitaliste et médiatique dominante, qui depuis tellement de temps nous vend ses illusions de bonheur, que nous nous modelons en rêve collectif, à l’image des possédants, à leur parlé, à leur accent, à leurs habits, à leur mode de vie — sans même avoir les moyens de nos rêves ! Il y a tellement de temps que nous avons abandonné à l’industrie les usages populaires qui nous caractérisaient, que l’essentiel de notre culture, notre univers, notre art de vivre, notre rapport au monde, notre géographie intérieure et l’art de la raconter, s’y sont dissous. Notre culture et notre langue s’effacent tellement, que nous voilà même dépossédés de la légitimité de nos actions, de nos créations ou de nos combats, qui passent pour inutiles. Et nous voilà contraint de nous justifier encore et toujours de leur bon sens, alors même que, écrire de la poésie et chanter en occitan, n’est pas toujours un choix, mais une évidence qui s’impose, simplement.

À chacun ses évidences, certes. Chacun son histoire, aucune n’est comparable, certainement pas hiérarchisable sur une illusoire échelle de la victimisation. Nous en sommes, nous tous, à bâtir des discours, à composer des musiques, à créer des esthétiques sur des ruines laissées par l’industrie capitaliste et colonialiste. Si c’est une hydre, comme on aime parfois nommer le système en lui accordant l’existence d’un être vivant, elle est encore en pleine possession de ses moyens de destruction. La situation est aussi dramatique qu’inespérée pour tous ceux qui souhaitent trouver un chemin créatif fraternel. Tout ce qui fut détruit est à réinventer. Quels imaginaires peuvent naître du cataclysme ? Quand les anciens se sont tus, parce que ce qu’ils avaient à nous raconter avait été tué par le mépris, ou bien parce que ce qu’ils avaient à nous raconter était source de trop de souffrance, quel langage peut-on encore inventer ?

BORREIA !

E patarem patarem cap al centre dal monde.
Zinga-zanga ! Sèm dançaires d’una tèrra rebonduda.
Tornarem caufar l’òli, la qu’avèm pas escampada al pè de la muralha.
Tornarem caufar l’òli, verge a ne tornar daurar los solelhs de la lenga.
Tornarem caufar l’òli, verge a s’enfuocar en vol, a n’enregar lo cèl e s’abrandar pels pès de l’ordre que camina.
E piularem coma d’aucèls perduts sus la tèrra noiriguièra.
E bramarem coma lops en ardada, aclapats mas que volon pas que viure.

Et nous frapperons des pieds, frapperons jusqu’au centre du monde.
D’un pied ! De l’autre ! Nous sommes des danseurs d’une terre enfouie.
Nous réchaufferons l’huile, celle que nous n’avons pas jetée au pied de la muraille.
Nous réchaufferons l’huile, vierge à redorer les soleils de la langue.
Nous réchaufferons l’huile, vierge à s’enflammer en vol, à en zébrer le ciel et s’embraser dans les pieds de l’ordre qui avance.
Et nous piaillerons comme des oiseaux perdus sur la terre nourricière.
Et nous gueulerons comme loups en horde, accablés mais voulant seulement vivre.

Laurent Cavalié
laurentcavalie(at)free.fr
28, rue Lamourguier
11100 Narbonne
sirventes.com

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5 textes pour comprendre et éradiquer le colonialisme

« Païens en terre promise, décoder la doctrine chrétienne de la découverte », Steven Newcomb, 2008

« Comprendre le système de l’oppression coloniale par mieux le démonter », Steven Newcomb

« Comprendre le système de l’oppression coloniale pour mieux le démonter », Peter d’Errico

« Effondrer le colonialisme », Résistance 71

« Nous sommes tous des colonisés ! », Résistance 71

 


Fédération Anarchiste Communiste d’Occitanie

France, colonialisme, islam politique, djihadisme et la nébuleuse étatico-terroriste : deux textes pour mieux comprendre…

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“De fait, la chose la plus essentielle est de rassembler ce peuple disséminé partout en nulle part, en groupes ; la chose primordiale est de les rendre saisissables. Quand nous les aurons entre nos mains, nous pourrons alors faire beaucoup de choses qui sont impossibles pour nous à faire aujourd’hui et nous permettra alors peut-être de capturer leurs esprits après que nous ayons capturé leurs corps.”
~ Officier du corps expéditionnaire français, Algérie, 1845, cité par J.C.Scott, 2009 ~

 

La “crise” française avec l’islam, héritage de 200 ans de brutalité coloniale

Emmanuel Macron n’est pas le premier dirigeant français à vouloir libérer l’islam. C’est une vieille tradition « laïque » de la France.

 

Par Joseph Massad

 

Source : Middle East Eye, 9 octobre 2020

 

url de l’article en français :
https://lecridespeuples.fr/2021/02/06/la-crise-francaise-avec-lislam-heritage-de-200-ans-de-brutalite-coloniale/

 

Février 2021

 

Joseph Massad est Professeur d’histoire politique et intellectuelle arabe moderne à l’Université Columbia de New York. Il est l’auteur de nombreux livres et articles, tant universitaires que journalistiques. Parmi ses ouvrages figurent Colonial Effects: The Making of National Identity in Jordan, Desiring Arabs et, publié en français, La Persistance de la question palestinienne (La Fabrique, 2009). Plus récemment, il a publié Islam in Liberalism. Son travail a été traduit dans une douzaine de langues.

La France est en crise.

L’extrémisme radical français [anti-]chrétien (officiel ou non), se réclamant de ce que les Français appellent ostensiblement la laïcité, continue de multiplier ses attaques contre les musulmans, français ou non.

Le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) a recensé 1 043 incidents islamophobes en 2019 (une augmentation de 77 % depuis 2017), à savoir : 68 agressions physiques (6,5 %), 618 actes de discrimination (59,3 %), 210 faits de discours de haine et d’incitation à la haine raciale (20,1 %), 93 faits de diffamation (8,9 %), 22 actes de vandalisme de lieux de culte musulmans (2,1 %) et 32 faits de discrimination liés à la lutte contre le terrorisme (3,1 %).

La haine des musulmans ressentie par les [pseudo-]chrétiens et soi-disant « laïcs » français apparaît quotidiennement dans le discours du gouvernement, des commentateurs et des médias français.

En réalité, la normalisation des discours de haine contre les musulmans non seulement légitimise la discrimination institutionnalisée que subissent les musulmans français, mais incite également à la violence à leur encontre tant en France qu’à l’étranger. On peut citer la fusillade devant la mosquée de Brest et la prise pour cible de son imam, Rachid Eljay, en juin 2019, ainsi que l’attaque contre la mosquée de Bayonne qui a fait quatre blessés en octobre 2019.

À l’étranger, le terroriste qui a perpétré l’attentat de Christchurch (Nouvelle-Zélande) en 2019, tuant 51 fidèles musulmans et en blessant 49 autres, a mentionné l’influence du penseur français islamophobe Renaud Camus sur ces actions. 

En octobre 2019, le Président français Emmanuel Macron et son ministre de l’Intérieur de l’époque Christophe Castaner ont lié le terrorisme en France aux signes associés à la foi et la culture musulmanes : la barbe, la prière cinq fois par jour, le fait de manger halal, etc.

Voir 17 octobre 1961 : le jour où la France a jeté les Algériens dans la Seine

« Libérer » l’islam

La semaine dernière, Macron a affirmé : « L’islam est une religion en crise dans le monde entier aujourd’hui, nous ne le voyons pas seulement dans notre pays ». Il a ajouté qu’il voulait « libérer » l’islam en France des influences étrangères en améliorant la surveillance du financement des mosquées.

Mais Macron n’est pas le premier dirigeant français à vouloir « libérer » l’islam.

C’est une vieille tradition « laïque » française. Lorsque Napoléon Bonaparte a envahi l’Égypte et la Palestine en 1798, son plan génial était de mentir aux Égyptiens en annonçant que lui et son armée étaient « de fidèles musulmans » et qu’ils venaient libérer les musulmans et l’islam de la tyrannie des mamelouks.

Sa supercherie n’a pas fonctionné et les Égyptiens se sont soulevés contre lui, tout comme les Palestiniens. Il est rentré vaincu en France après que son armée eut commis des atrocités indicibles en Égypte et en Palestine. La crise de Napoléon et de la France avec l’islam il y a deux siècles venait de cette défaite dans la ville palestinienne d’Acre. Lorsque la France a envahi l’Algérie trente ans plus tard, les Français n’avaient plus besoin de mentir aux musulmans pour les conquérir, les détrousser et détruire leurs lieux de culte.

Le casus belli officiel invoqué par le roi Charles X pour justifier l’invasion de l’Algérie en 1830 était le refus de la France de payer sa créance pour le grain que des négociants algériens avaient fourni à l’armée française de Napoléon pendant la campagne italienne sous la première République. Étant donné que ces négociants algériens, Bacri et Busnach, étaient issus de familles de banquiers juifs originaires de Livourne, le débat public à l’époque en France avait une « teneur antisémite ».

Ironiquement, c’est ce même Charles X qui, en 1825, a contraint les esclaves libérés de Haïti – dont la révolution avait renversé le colonialisme et l’esclavage français – à payer des millions de francs d’indemnité pour les pertes de leurs anciens maîtres en échange de la reconnaissance diplomatique de la France et de la levée du blocus punitif de Haïti. 

En 1827, Hussein Dey, le dirigeant ottoman d’Alger, a demandé le paiement de la dette au consul français, Pierre Deval, qui a impudemment refusé. Furieux de l’affront du consul, le dey l’a frappé avec un chasse-mouche (ce que les Français appellent le « coup d’éventail ») – et l’a qualifié de « vaurien idolâtre, infidèle et méchant ».

L’invasion de l’Algérie

L’invasion a été lancée à la mi-juin 1830 et Alger est tombée le 5 juillet. La France alors en difficulté financière a vidé les caisses d’Alger, dérobant jusqu’à 43 millions de francs en or et en argent, sans compter les sommes qui ont disparu et celles qui ont été dépensées par l’armée d’occupation française. Peut-être que les pays pauvres d’Afrique de l’Ouest encore aujourd’hui endettés vis-à-vis de la France pourraient prouver à quel point ils sont assimilés à la « francitude » en envahissant la France pour dérober l’argent de l’État.

Les objectifs immédiats de l’invasion, énumérés par le roi Charles X devant l’Assemblée nationale le 2 mars, étaient de venger les Français de l’insulte algérienne, de « mettre fin à la piraterie et rendre l’Algérie à la chrétienté ».

Conformément aux engagements chrétiens de la France, l’armée française conquérante s’est emparée des mosquées, les a converties en églises et cathédrales sous la menace des armes, notamment la grande mosquée ottomane de Ketchaoua à Alger, construite en 1612 et devenue cathédrale Saint-Philippe en décembre 1832.

Cette même année, les Français ont éliminé l’intégralité de la tribu des Ouffia, n’épargnant ni femme ni enfant et s’emparant de l’ensemble de ses biens.  

Tout comme les intellectuels suprémacistes chrétiens français blancs d’aujourd’hui témoignent d’une haine et d’un racisme absolus envers les musulmans, au début des années 1840, le célèbre penseur français Alexis de Tocqueville déclarait à cet égard : « Il peut donc et il doit donc y avoir deux législations très distinctes en Afrique parce qu’il s’y trouve deux sociétés très séparées. Rien n’empêche absolument, quand il s’agit des Européens [colons en Afrique], de les traiter comme s’ils étaient seuls, les règles qu’on fait pour eux ne devant jamais s’appliquer qu’à eux. »

Il objectait aux âmes sensibles qui s’opposaient à la barbarie française et aux razzias contre la population algérienne : « J’ai souvent entendu en France des hommes que je respecte, mais que je n’approuve pas, penser qu’il soit mal de brûler les moissons, de vider les silos et enfin de s’emparer des hommes sans armes, des femmes et des enfants. Ce sont là, à mon sens, des nécessités fâcheuses, mais auxquelles tout peuple qui voudra faire la guerre aux Arabes sera obligé de se soumettre. Et, s’il faut dire ma pensée, ces actes ne me révoltent pas plus ni même autant que plusieurs autres que le droit de la guerre autorise évidemment et qui ont lieu dans toutes les guerres d’Europe. »

La barbarie coloniale

En 1871, les musulmans algériens se sont une fois de plus révoltés contre la domination française, 150 000 personnes ont rejoint les forces d’un dirigeant kabyle local, el-Mokrani.

En réaction, la machine génocidaire française a tué des centaines de milliers de personnes, ce qui, combiné aux décès dus à la famine provoquée par les Français à la fin des années 1860, a engendré la mort d’un million d’Algériens (environ un tiers de la population). Les Français ont rasé des dizaines de villes et villages en éliminant l’intégralité de l’élite de la société algérienne. Mais même cela n’a pas résolu la « crise » de la France avec l’islam.

En 1901, la préoccupation des Français vis-à-vis de leur « crise » avec l’islam s’est accrue. Cela fut particulièrement manifeste lorsque la France, qui « est et deviendra de manière croissante et sans aucun doute une grande puissance musulmane » étant donné son acquisition de nouvelles colonies ayant de grandes populations musulmanes, a eu besoin de savoir à quoi ressemblerait l’islam au XXe siècle.

Voir également ‘Séparatisme médiatique’ : la croisade désespérée de Macron pour museler la presse occidentale

C’est devenu un tel sujet de préoccupation qu’une « quête » coloniale de connaissance a débuté. L’éditeur de l’important journal colonial français Questions diplomatiques et coloniales, Edmond Fazy, a décidé de creuser la question de « l’avenir de l’islam » d’ici l’an 2000.

L’avenir de l’islam

Comme de nombreux chrétiens français islamophobes aujourd’hui, Fazy s’inquiétait du nombre croissant et sous-estimé de musulmans à travers le monde (il citait le chiffre de 300 millions, représentant un cinquième de la population mondiale) et la propagation de leur religion « simple » en Afrique. 

De nombreux contributeurs de son journal ont jugé bon de manipuler la théologie islamique et de transformer les oulémas musulmans pour produire non seulement un islam moderne qui serait toléré par la modernité européenne, mais qui, espéraient-ils, affaiblirait l’Empire ottoman.

L’avis le plus pratique a néanmoins été donné par l’école française des arabistes, constituée des colons français en Afrique du Nord (pieds-noirs). L’un deux, Edmond Doutté, de l’école algérienne, spécialiste de la religion et de l’islam, a évoqué sa rencontre avec le fanatisme et l’intolérance musulmane.

Les musulmans éduqués de manière traditionnelle semblent « s’être éloignés de nous » par rapport aux ouvriers indigènes, qui fraternisent avec les colons et apprennent « nos coutumes ». Plutôt que de réprimer « les manifestations religieuses exagérées » de l’islam qui subsistait, la tâche des Européens était plus productive. 

« Nous pouvons, au contraire, favoriser la naissance d’un nouvel islam plus favorable au compromis et à la tolérance vis-à-vis de l’Europe ; encourager la jeune génération des oulémas qui œuvrent dans cette direction ; et accroître le nombre de mosquées, madrasas et universités musulmanes, en s’assurant que leur personnel adhère aux nouvelles théories. »

Les commentaires de Doutté semblent familiers car ils pourraient facilement avoir été formulés par un quelconque politicien ou intellectuel français – ou occidental – aujourd’hui.

Quant à M. William Marcais, directeur de la madrasa Tlemcen fondée par les Français pour former les juges musulmans algériens sur des bases « rationalistes », il était en faveur d’un « nouvel » islam « moderne » que les Français élaboraient et auquel il participait, un islam qui « était étroitement lié au destin de la France ». 

Le moment de payer l’addition

Le projet de transformer l’islam en quelque chose que la chrétienté européenne et la laïcité française puissent tolérer perdure encore en 2020, mais avec des résultats non satisfaisants en ce qui concerne Macron, en particulier alors que le financement des groupes djihadistes en Syrie n’a jusqu’à présent pas engendré l’islam tant voulu par la France.

Les actuelles discriminations institutionnalisées par l’État français contre ses citoyens musulmans ne ralentissent pas sous Macron. La France est aujourd’hui encore submergée par un discours dominant de chauvinisme et de haine qui n’est pas sans rappeler celui qui a toujours dominé la culture française avant même la Révolution française.

Il est vrai que la culture de la haine fasciste et suprémaciste chrétienne blanche généralisée à travers l’Europe et les États-Unis aujourd’hui, réminiscence de la culture européenne de la haine des années 1930, ne concerne pas uniquement la France, mais les Français (tout comme les Israéliens) excellent à l’exprimer avec le minimum d’euphémismes. 

Voir également, du même auteur, Assimilation des Français musulmans « Merci, très peu pour nous »

La crise à laquelle la France continue d’être confrontée avec les musulmans est la crise du chauvinisme français, et le refus des Français laïcs et suprémacistes [pseudo-]chrétiens blancs de reconnaître que leur pays est une puissance néocoloniale de troisième rang avec une culture dominante rétrograde qui persiste à se raccrocher à des gloires passées imméritées, alors qu’ils devraient se repentir de leurs péchés génocidaires qui s’étendent des Caraïbes à l’Asie du Sud-Est, en passant par l’Afrique, et qui a tué des millions de personnes depuis la fin du XVIIIe siècle.

Ce que les Français ont à faire, c’est de payer leurs dettes envers tous ceux qu’ils ont détroussés et tués à travers le monde depuis lors. Il n’y a que ça qui pourra mettre un terme à la crise de la France avec l’« islam » et avec elle-même. 

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Texte connexe:

 

La France face au djihadisme de son allié turc

 

Thierry Meyssan

 

9 février 2021

 

Source : https://www.voltairenet.org/article212135.html

 

Le président Emmanuel Macron et le gouvernement de Jean Castex ont rédigé un projet de loi afin de combattre l’instrumentation politique de la foi musulmane. Ce texte est en cours de discussion au Parlement.

Il s’articule autour de quatre idées fortes, dont l’interdiction du financement des associations cultuelles par des États étrangers. Chacun a bien conscience qu’il s’agit là de la tête de l’islamisme, mais personne n’ose nommer ces États : la Turquie et le Qatar, téléguidés par le Royaume-Uni et les États-Unis. En effet, lutter contre l’islamisme en France a de nombreuses et brutales conséquences en politique étrangère. Aucun parti n’ose aborder ce problème rendant inopérants tous les efforts menés dans cette lutte.

La France a déjà connu cette hésitation face à l’islamisme au milieu des années 90. À l’époque, le Royaume-Uni et les États-unis soutiennent les jihadistes en Algérie contre l’influence française. Londres offre également l’asile politique à ces « démocrates » qui luttent contre un régime militaire. Le ministre de l’Intérieur, Charles Pasqua, se lance alors dans une épreuve de force qui le conduira à faire abattre les membres d’un commando du Groupe islamique armé (GIA) qui avaient détourné un avion d’Air France et à expulser le chef de poste de la CIA à Paris (par ailleurs compromis dans une affaire d’espionnage économique). La question fut ainsi réglée pour 20 ans.

La Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI) a inspiré un dossier de presse, dans le Journal du Dimanche du 7 février 2021, sur la manière dont « Erdoğan infiltre la France ». Notez bien : le journal ne met pas en cause la Turquie, mais le seul président Erdoğan. De même, dans un premier temps au moins, il ne cite ni le Qatar, ni le Royaume-Uni, ni les États-Unis. Surtout, il cite la Millî Görüş qu’il accable, sans noter que c’était la milice du Premier ministre Necmettin Erbakan et que le président Erdoğan en fut un des chefs. Enfin, il omet d’aborder le rôle présumé des services secrets turcs dans les attentats du 13 novembre 2015 (le Bataclan).

C’est ce thème que nous allons développer en rectifiant de nombreux préjugés.

Islam : foi et politique

Mahomet était à la fois un prophète, un chef de guerre et un prince. L’islam qu’il a fondé était à la fois un rite particulier du christianisme [1], sa politique face aux tribus de la péninsule arabique et le droit qu’il a promulgué. Personne n’a été capable à sa mort de distinguer son héritage spirituel de son action politique et militaire. Au contraire, ses successeurs politiques (en arabe : « Califes ») ont hérité de son autorité en matière religieuse, bien qu’ils n’aient aucune connaissance théologique et que parfois même ils ne croyaient pas en Dieu.

Aujourd’hui les musulmans vivant en Europe aspirent à faire le tri dans cet islam, à n’en conserver que la partie spirituelle et à abandonner les aspects datés, notamment la Charia. Au contraire, le président Erdoğan, qui souhaite officiellement être déclaré Calife des musulmans, le 29 octobre 2023 (centenaire de la République turque), fait tout pour s’y opposer.

Il s’agit donc d’un combat entre deux civilisations. Non pas entre la culture européenne et celle de la Turquie, mais la civilisation contemporaine contre une autre, disparue il y a déjà un siècle.

Erdoğan : un voyou islamiste devenu président

Le président Erdoğan n’est pas un politicien comme les autres. Il a commencé sa carrière comme un voyou qui faisait le coup de poing dans les rues de la capitale. Il est entré en politique dans les années 70 en adhérant à une milice islamiste, l’Akıncılar, jusqu’à rejoindre celle créée lors de la chute du Premier ministre Necmettin Erbakan en 1997, la Millî Görüş. Cette organisation de nervis était financée par l’Iraq du président Saddam Hussein et placée sous le contrôle du Grand maître de l’Ordre soufi des Naqchbandis, le général Ezzat Ibrahim Al-Douri, futur vice-président iraquien.

L’Anglo-Tunisien Rachid Ghanoucchi, une des grandes figures de la Confrérie des Frères musulmans, a déclaré : « Dans le monde arabe de ma génération, lorsque les gens parlaient du mouvement islamique, ils parlaient d’Erbakan. Lorsqu’ils parlaient d’Erbakan, c’était de la manière dont ils parlaient d’Hassan al-Banna et de Sayyed Qutb ». Aussi, bien que le mouvement islamiste soit divisé d’un point de vue organisationnel entre d’un côté les Frères musulmans et de l’autre les Naqchbandis, ils forment sans aucun doute une seule et unique idéologie.

C’est au nom de la Millî Görüş que Recep Tayyip Erdoğan a joué un rôle efficace dans les guerres d’Afghanistan aux côtés de Gulbuddin Hekmatyar et dans les guerres de Tchétchénie aux côtés de Chamil Bassaïev. Une fois devenu président il s’est imposé comme le chef de ce courant durant la guerre de l’Otan en Syrie. Il est aujourd’hui à la fois le leader des Frères musulmans (implantés au Moyen-Orient élargi et en Europe) et des Naqchbandis (implantés surtout en Bosnie-Herzégovine, dans le Daghestan russe, en Asie du Sud et au Xinjiang chinois).

Les réseaux islamistes

La transformation de l’Ordre des Naqchbandis et la création de la Confrérie des Frères musulmans sur le modèle de la Grande Loge Unie d’Angleterre ont été pilotées par le Royaume-Uni dans le contexte du « Grand jeu » qui l’opposait à l’empire russe et de la conquête coloniale du Soudan. Aujourd’hui encore, le MI6 opère un contrôle direct de ces deux organisations. Les donateurs changent (Arabie saoudite d’abord, puis Qatar et Turquie), mais jamais le donneur d’ordre.

Avant la Première Guerre mondiale, les Britanniques utilisèrent l’université Al-Azhar du Caire pour unifier le monde musulman derrière une unique version du Coran (il y en avait une quarantaine à l’époque). Il s’agissait d’exclure du texte les passages utilisés par la cruelle secte soudanaise du Mahdi contre l’Empire britannique. Le Grand imam d’Al-Ahzar fut envoyé convertir les musulmans soudanais au « vrai » islam qui venait de naître.

La première forme de la Confrérie des Frères musulmans fut fondée par l’Égyptien Hassan el-Banna. Elle avait été imaginée dans le prolongement de l’investissement britannique dans l’islam. La seconde forme de la Confrérie fut organisée après la Seconde Guerre mondiale et l’exécution d’Hassan el-Banna, directement par le MI6. Rapidement, les États-Unis y introduirent un intellectuel maçonnique athée, Sayyed Qutb. Celui-ci se convertit à l’islam qu’il conçut comme une arme pour prendre le pouvoir. Il créa une idéologie binaire (eux et nous, l’interdit et l’autorisé) et prêcha le jihad. Progressivement, sous contrôle des Britanniques et avec le financement de l’Arabie saoudite (Ligue islamique mondiale), la Confrérie s’étendit à la totalité de ce que nous appelons aujourd’hui le Moyen-Orient élargi. Ils prirent le pouvoir au Pakistan rendant possible la guerre de la CIA contre les Soviétiques en Afghanistan. Puis, ils se transformèrent en une véritable armée et se battirent en Bosnie-Herzégovine aux côtés du Pentagone. Ils interviennent aujourd’hui dans plusieurs conflits, notamment au Sahel, en Libye, en Syrie, en Iraq, au Yémen et en Afghanistan [2].

L’Iran de Rohollah Khomeiny repose également sur une conception de l’islam politique. L’ayatollah avait rencontré Hassan el-Banna au Caire, non pas pour se rallier à lui, mais pour se partager le monde musulman avec lui. Le Guide de la Révolution actuel, Ali Khamenei, a traduit deux livres de Sayyed Qutb qu’il dit admirer. Il invite systématiquement les Frères aux congrès qu’il organise sur l’islam, mais les deux groupes ne manquent jamais une occasion de médire l’un de l’autre en privé. Une sorte de paix armée s’est établie entre eux.

Les Européens en général et les Français en particulier commencent juste à s’intéresser à l’islam politique qu’ils ne parviennent pas à distinguer de la spiritualité musulmane malgré les travaux de Louis Massignon.

La Turquie et l’Otan

Revenons à la Turquie. Les États-Unis l’ont inclue dans l’Otan parce qu’elle était frontalière de l’Union soviétique. Ils ont pu apprécier la valeur de ses soldats durant la guerre de Corée, sans lesquels ils auraient essuyé une honteuse défaite. Ils ont eux-même organisé une migration de travail des citoyens turcs en Allemagne de l’Ouest afin de stabiliser sa population dans le camp atlantiste. En outre, les Turcs kurdes ayant créé le PKK avec l’aide des Soviétiques, les autorités d’occupation US en Allemagne pouvaient les surveiller directement.

Par la suite, lorsque l’Union soviétique s’est dissoute, les États-Unis ont relâché leur pression. Les travailleurs turcs ont commencé à déborder d’Allemagne de l’Ouest vers d’autres pays frontaliers, dont la France.

Durant la Guerre froide, les États-Unis avaient installé le quartier général européen des Frères musulmans à Munich, puis à Genève autour de Saïd Ramadan (époux de la fille d’Hassan el-Banna et père de Tariq et Hanni Ramadan). Après chaque coup d’État manqué au Moyen-Orient, l’Otan faisait accorder l’asile politique par l’Allemagne ou la France. De sorte que ces deux pays ont historiquement élevé leurs ennemis en leur sein. Charles Pasqua fut le premier à s’opposer à cette alliance de dupes. Les dossiers alors accumulés par les Renseignement généraux français ont été récemment compilés par Jean-Loup Izambert [3].

Avec le virage islamiste imposé à la Turquie par Recep Tayyip Erdoğan, l’agence des biens religieux (Diyanet) a considérablement développé son emprise sur la diaspora. Elle a multiplié le nombre des imams mis à disposition et s’est appuyée sur la Millî Görüş, et plus récemment sur les Loups Gris (une autre milice turque, également liée à l’Otan, mais désormais interdite en France [4]).

Erdoğan et les attentats de 2015 et 2016 à Paris et Bruxelles

Les enquêtes sur les attentats de Paris-Saint Denis et de Bruxelles-Zaventem, en 2015 et 2016, n’ont pas été réalisées comme des actions de combattants isolés. Selon les enquêteurs français et belge, il s’agissait d’opérations de type militaire. La question est donc quelle armée les a organisées ?

Les enquêteurs ont montré que les deux groupes étaient très étroitement liés. Il s’agit donc du même donneur d’ordre.

Quatre jours avant les attentats de Bruxelles-Zaventem, le président Erdoğan a explicitement menacé l’Union européenne en général et la Belgique en particulier d’un attentat [5]. Le lendemain de ce bain de sang, la presse favorable au président ne cachait pas sa joie [6].

Il ne fait donc guère de doutes qu’il a identiquement souhaité les attentats de Paris-Saint Denis, la France ayant trahi ses engagements pour la Turquie en Syrie [7].

Comme toujours, le seul jihadiste identifié comme ayant appartenu à la fois au commando de Paris et à celui de Bruxelles (Mohammed Abrini, « l’homme au chapeau ») a été identifié comme étant un informateur des services secrets britanniques [8].

Vous avez dit « financement des jihadistes opérant sur le sol français » ?

Notes :

[1] C’est ainsi qu’il fut présenté lorsque les Omeyyades arrivèrent à Damas, avant que le Coran ne soit transcrit par écrit.

[2] Voir l’histoire mondiale des Frères musulmans en six parties, par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 21 juin 2019.

[3] 56— tome I : L’État français complice de groupes criminels, 56 — tome II : Mensonges et crimes d’État, IS édition (2015 et 2017).

[4] « Les Loups gris tentent des pogroms antiarméniens en France », « La France va interdire les Loups Gris turcs », Réseau Voltaire, 30 octobre et 3 novembre 2020.

[5] « Erdoğan menace l’Union européenne », par Recep Tayyip Erdoğan, Réseau Voltaire, 18 mars 2016.

[6] « La Turquie revendique le bain de sang de Bruxelles », par Savvas Kalèndéridès, Traduction Christian Haccuria, Réseau Voltaire, 24 mars 2016.

[7] « Le mobile des attentats de Paris et de Bruxelles », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 28 mars 2016.

[8] “First Isis supergrass helps UK terror police”, Tom Harper, The Times, June 26th, 2016. « Terror suspect dubbed ’the man in the hat’ after Paris and Brussels attacks becomes British police’s first ISIS Supergrass », Anthony Joseph, Daily Mail, June 26th, 2016.

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5 textes pour comprendre et éradiquer le colonialisme

« Païens en terre promise, décoder la doctrine chrétienne de la découverte », Steven Newcomb, 2008

« Comprendre le système de l’oppression coloniale par mieux le démonter », Steven Newcomb

« Comprendre le système de l’oppression coloniale pour mieux le démonter », Peter d’Errico

« Effondrer le colonialisme », Résistance 71

« Nous sommes tous des colonisés ! », Résistance 71

 

Colonialisme, vatican, bulles pontificales et exorcisme (Steven Newcomb)

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Doctrine chrétienne de la découverte…
Au nom du Christ, massacrons et pillons le monde !

 

 » A la fin du XVIème siècle, peut-être 200 000 Espagnols avaient transféré leurs vies dans le Nouveau Monde, au Mexique, dans les Caraïbes, en Amérique Centrale et plus au sud. Par contraste, à cette époque, entre 60 et 80 millions de natifs de ces terres étaient morts. Pourtant, le carnage n’était pas encore fini. […]
Pour les conquérants espagnols, les Indiens étaient plus spécifiquement définis comme des esclaves naturels, des bêtes de somme sous-humaines, parce que cela aidait à classifier les Indiens là où les Espagnols voulaient les mettre et aussi parce qu’une telle définition était justifiable en appelant quelques anciennes vérités européennes et chrétiennes, ce depuis St Thomas d’Aquin et en remontant jusqu’à Aristote. Depuis, les colons britanniques, puis les Américains n’ont eu que peu d’usage de l’esclavage des Indiens, ils ne voulaient que leurs terres, ils en appelèrent donc à d’autres sources chrétiennes et européennes de « sagesse » pour justifier le génocide : les Indiens étaient des suppôts de Satan, des fainéants et de sauvages assassins, des hommes des bois, des ours, des loups, de la vermine. S’étant prouvés au-delà de toute capacité de conversion au christianisme et d’assimilation à la vie civile et de fait les Britanniques et Américains n’ayant que peu d’intérêt à les avoir comme esclaves, dans ce cas précis, la seule chose à faire fut décrétée être leur extermination…. »
~ David Stannard, « American Holocaust », Oxford University Press, 1992 ~

 

Un exorcisme, Junipero Serra et les bulles pontificales

 

Steven Newcomb

 

21 octobre 2020

 

url de l’article original:
http://originalfreenations.com/an-exorcism-junipero-serra-and-the-papal-bulls/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Le 17 octobre 2020, l’archevêque de San Francisco (Californie), Salvatore Cordileone, a accompli une cérémonie d’exorcisme à l’extérieur de l’église San Rafael, où des manifestants avaient récemment renversé une statue du père Junipero Serra. Un exorcisme est un rituel mené pour purger des démons et éliminer l’influence du diable, un ange déchu du nom de “Satan”. L’archevêque Cordileone a dit que cette cérémonie avait pour intention d’extirper le mal et de défendre l’image du père Serra.

On dit d’un démon qu’il est un être surnaturel, typiquement associé au mal, un mot qui de manière fort intéressante est le mot “vivre” épelé à l’envers (NdT: en anglais “evil” => “live”). Le “mal” ou “malfaisance” est défini comme “quelque chose causant la ruine, la blessure ou la douleur, quelque chose de dangereux”. C’est aussi défini comme “la qualité d’être moralement dépravé et enclin à la malfaisance”.

Être malfaisant est être vicieux, malicieux et la malice peut aussi être définie comme “un désir de faire le mal aux autres”, délibérément nuire à autrui. En droit, la malice est “l’intention sans juste cause ou raison, de commettre un acte malveillant dont résultera des dommages à autrui”.

En quoi cette étymologie amène t’elle la lumière sur l’exorcisme de l’archevêque ?

La réponse nous vient de la ruine, de la douleur, du mal et de la malveillance infligés aux nations et peuples originels par les envahisseurs catholiques espagnols et leur système de mission de la domination entre 1769 et 1834. Serra et l’officier espagnol Gaspar de Portola, furent les porteurs initiaux de ce système impérialiste de mal et de la malveillance en haute Californie, sans juste cause, ils commirent des actes malveillants au nom de l’empire catholique espagnol.

Pour documenter l’intention de l’église catholique et de Serra de commettre des actes de domination contre les peuples natifs, nous devons nous tourner vers des documents très importants émis par différents Papes au XVème siècle, à la fois avant et après le premier voyage de Christophe Colomb (Cristobal Colòn). La bulle pontificale Inter Caetera du 3 mai 1493 inclut une phrase bien spécifique qui identifie la nature de la déité invoquée par le pape d’alors Alexandre VI (NdT: dont le vrai nom est Rodrigo Borgia de la tristement célèbre famille Borgia, père de Lucrèce et César Borgia) : “Nous avons foi en Lui, celui par qui les empires, dominations et toutes bonnes choses se produisent.

Aucun nom n’est fourni dans cette phrase, juste le pronom “Lui” qui indique une déité mâle ou un esprit duquel les forces mortelles et destructrices des empires et des dominations émanent. Ailleurs dans le document, le pape Alexandre VI dit qu’il donnait un droit de domination “par l’autorité omnipotente de dieu” et par l’autorité de sa position de “vicaire de Jésus Christ” sur terre :

Nous [le saint siège], de notre propre décision… de notre certaine et absolue connaissance libérale et de la plénitude du pouvoir apostolique, donnons, concédons et assignons les terres et îles sus-mentionnées en général et en particulier, inconnues et jusqu’à présentement, découvertes par vos messagers et celles qui seront découvertes dans le futur, et qui ne sont pas déjà assujetties et établies sous la domination actuelle et temporelle de quelques dominateurs chrétiens, par l’autorité de dieu omnipotent qui nous a été accordée par St Pierre et la fonction de vicaire du Christ dont nous exerçons la volonté sur terre.

Le pape Alexandre VI, en tant que chef suprême de l’église catholique apostolique et romaine, a utilisé le phrasé ci-dessus pour affirmer pouvoir donner aux monarques espagnols un supposé droit divin de domination (“dominio”) sur les terres lointaines non chrétiennes découvertes et à découvrir dans le futur.. En tant que dominateurs chrétiens (“dominorum christianorum”), ils furent, par l’autorité de “dieu”, appelés à établir un système de domination destructeur sur les terres non-chrétiennes découvertes et à découvrir.

Ce fut cette “mission” malveillante et malicieuse de domination qu’accomplirent le père Serra et Gaspar de Portola en territoire de la nation Kumeyaay en 1769 et qu’il étendirent de là plus au nord. Tout ceci fut fait avec la foi totale en ce qu’ils étaient assistés par “Lui par qui” émergent les empires et les dominations.

Dans une lettre qu’il écrivit en 1775, Serra dit qu’il espérait voir “plus de grands territoires assimilés au sein de notre sainte mère l’église et soumises à la couronne d’Espagne.” Les dévôts à cette époque appelaient même la mère/vierge Marie “La conquistador” et “la conquérante de nouveaux royaumes”.

J’imagine que l’archevêque Cordileone n’a jamais lu les citations mentionnées ci-dessus de la bulle Inter Caetera du pape Alexandre VI datant de 1493. Comme je l’ai personnellement dit à l’archevêque Silvano Tomasi au conseil pontifical pour la paix et la justice de 2016, après que j’eus fait don au pape François d’un exemplaire de mon livre (“Païens en terre promise, décider la doctrine chrétienne de la découverte”, éditions Fulcrum, 2008) : “Avec tout mon respect, je pense qu’il y a beaucoup de votre propre histoire que vous ne connaissez pas. Laissez-moi vous demander ceci : Avez-vous jamais lu en fait les bulles pontificales en question ?…” L’archevêque m’a alors répondu : “je dois confesser que non.” Peut-être que l’archevêque Cordileone pourrait aussi se confesser sur ce point. Peut-être devrait-il pratiquer un exorcisme sur “Lui” de qui proviennent tous les empires, dominations et bonnes choses.

Le fait est que l’archevêque Cordileone et la hiérarchie de l’église catholique ne sont pas encore venus à terme avec la théologie de la domination documentée dans les bulles pontificales du Vatican et qui sont parties intégrantes de l’évangélisme catholique et chrétien. Cette théologie est fondée sur l’assertion d’une déité mâle (“Lui”) qui est derrière la poussée en avant de l’empire chrétien (chrétienté) et de la domination sur la “terre promise”. “Toujours de l’avant, jamais en arrière” avait juré Serra.

Le tribut payé à la théologie du mal de ce système missionnaire a été édicté par le grand archéologue Robert Heizer dans un article publié en 1978. Dans cet article, Heizer a déclaré que le système missionnaire catholique espagnol était “une institution à peine viable dans son auto-perpétuation parce qu’elle était nourrie d’un constant apport d’êtres humains.

Il rajouta : “Continuer à nourrir le fourneau [du système missionnaire] aurait demandé une force militaire d’une plus grande puissance que ce qui était alors disponible, pour continuer à aller chaque année toujours plus loin dans les terres non converties de l’intérieur afin de ramener ce carburant humain.

L’historien David Stannard, dans son ouvrage “The American Holocaust” (1992), appela le système des missions “les fourneaux de la mort”. La raison en est que la population native de cette région de la haute Californie, estimée à environ 300 000 personnes à l’arrivée de Serra, s’est effondrée de plus de 50% pour se situer à moins de 150 000 personnes vers 1834, ce dans une période de quelques 65 ans (NdT: le système des missions catholiques tuait donc dans cette région seule de la haute Californie quelques 2500 personnes par an pendant 6 décennies…).

Ce taux de mortalité est le contexte du déboulonnage de la statue du père Junipero Serra qui entra en territoire de la nation Kumeyaay lorsqu’il arriva en 1769. D’un point de vue natif, cette statue était un monument à la tradition haineuse du système missionnaire de l’église catholique espagnole, qui généra tant de mort et de destruction.

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5 textes pour comprendre et éradiquer le colonialisme

« Païens en terre promise, décoder la doctrine chrétienne de la découverte », Steven Newcomb, 2008

« Comprendre le système de l’oppression coloniale par mieux le démonter », Steven Newcomb

« Comprendre le système de l’oppression coloniale pour mieux le démonter », Peter d’Errico

« Effondrer le colonialisme », Résistance 71

« Nous sommes tous des colonisés ! », Résistance 71

Lire notre dossier sur « Les bulles pontificales »

Notre page « Colonialisme et doctrine chrétienne de la découverte »

 


« Le plus grand génocide de l’histoire humaine
ne s’est pas déroulé dans l’Allemagne nazie, mais sur
le sol américain.
100 million de natifs américains furent massacrés
et perdirent leur terre. Fait historique :
La plupart des gens qui accomplirent ce massacre étaient chrétiens.
Désolé si vous ne pouvez pas regarder la vérité en face. »

Résistance au colonialisme: Quand un colonialisme en cache un autre (Bruno Guigue)

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Bonne analyse de Bruno Guigue mais qui ne va pas encore assez loin à notre sens. 

En effet, nous ne vivons même pas dans un monde “post-colonial / néo-colonial”, mais toujours bel et bien dans un monde colonial comme nous l’avons expliqué à maintes reprises ici.

Les Etats-Unis, le Canada, le Mexique, tous les pays d’Amériques centrale et du sud, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et bien entendu Israël sont TOUS des pays coloniaux à l’heure actuel. Des pays qui ne sont que des projections commerciales de contrôle et de pillage des grands centres industrio-financiers, chapeautés par la City de Londres, la véritable “couronne” et entité coloniale.

Ceci en toile de fond d’un néo-colonialisme issus du libéralisme vendu comme une globalisation des échanges politico-économiques. Nous devons le comprendre si nous voulons critiquement et radicalement agir sur la réalité qui nous échoit.

Parce que:

L’avenir de l’humanité passe par les peuples occidentaux émancipés de l’idéologie et de l’action coloniales, se tenant debout, main dans la main avec les peuples autochtones de tous les continents pour instaurer l’harmonie de la société des sociétés sur terre. Il n’y a pas de solutions au sein du système, n’y en a jamais eu et n’y en aura jamais !

~ Résistance 71 ~

« Quand nous disons aux colons: ‘rendez-le’, voulons-nous dire que nous voulons qu’ils nous rendent le pays et qu’ils s’en aillent ? Non. Ceci n’est pas la vision de nos peuples. Lorsque nous disons ‘rendez-le’, nous parlons de ce que les colons établis montrent du respect pour ce que nous partageons, la terre et ses ressources et corrigent les torts en nous offrant la dignité et la liberté qui nous sont dues et nous rendent notre pouvoir et suffisamment de terre pour que nous soyons totalement auto-suffisant en tant que nations… […] La restitution est purification. […] Il est impossible de transformer la société coloniale de l’intérieur de ses institutions ou de parvenir à la justice et à une coexistence pacifique sans transformer fondamentalement les institutions de la société coloniale elles-mêmes. Simplement, les entreprises impérialistes opérant sous le déguisement d’états démocratiques libéraux (NdT: USA, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, Mexique, tous les pays d’Amériques centrale et du sud…) sont par construction et culture, incapables de relations justes et pacifiques avec les peuples autochtones. Le changement ne se produira que lorsque les colons seront forcés à reconnaître ce qu’ils sont, ce qu’ils ont fait et ce qu’ils ont hérité ; alors seulement ils ne pourront plus fonctionner comme des coloniaux et commenceront à respecter les autres personnes et à les considérer comme des êtres humains… »

~ Taiaiake Alfred, professeur de science politique, université de Victoria, CB, Canada, nation Mohawk, 2009 ~

 

Quand un colonialisme en cache un autre

 

Bruno Guigue

 

5 novembre 2018

 

url de l’article:

https://www.legrandsoir.info/quand-un-colonialisme-en-cache-un-autre.html

 

Que les enfants yéménites meurent de faim par milliers, que les Palestiniens tombent sous les balles de l’occupant, que la Syrie soit un champ de ruines et la Libye plongée dans le chaos, tout cela ne nous émeut guère. On manifeste, on fait grève, on proteste ? Pas vraiment. Ni manifestations significatives, ni débats dignes de ce nom. Le crime néocolonial passe comme une lettre à la poste. Et pourtant, si nous subissions ce que nos gouvernements infligent à des peuples qui ne nous ont rien fait, que dirions-nous ? Si une alliance criminelle nous condamnait à mourir de faim ou du choléra, comme au Yémen ? Si une armée d’occupation abattait notre jeunesse parce qu’elle ose protester, comme en Palestine ? Si des puissances étrangères armaient des milices pour détruire notre république, comme en Syrie ? Si une coalition étrangère avait bombardé nos villes et assassiné nos dirigeants, comme en Libye ?

La tendance des pays dits civilisés à jeter un voile pudique sur leurs propres turpitudes n’est pas nouvelle. Propre sur lui, le démocrate occidental voit plus facilement la paille dans l’œil du voisin que la poutre qui loge dans le sien. De droite, de gauche ou du centre, il vit dans un monde idéal, un univers heureux où il a toujours la conscience de son côté. Sarkozy a détruit la Libye, Hollande la Syrie, Macron le Yémen, mais il n’y aura jamais de tribunal international pour les juger. Mesurés à l’aune de notre belle démocratie, ces massacres ne sont que des broutilles. Un égarement passager, à la rigueur, mais l’intention était bonne. Comment des démocraties pourraient-elles vouloir autre chose que le bonheur de tous ? Surtout destiné à l’électeur moyen, le discours officiel des Occidentaux traduit toujours l’assurance inébranlable d’appartenir au camp du bien. ’Vous souffrez de l’oppression, de la dictature, de l’obscurantisme ? Ne vous inquiétez pas, on vous envoie les bombardiers !’.

Il arrive toutefois qu’au détour d’une phrase, dans le secret des négociations internationales, un coin de voile soit levé, subrepticement. On assiste alors à une forme d’aveu, et voilà qu’un margoulin confesse le crime en esquissant un sourire narquois. En 2013, au moment où la France intervient au Sahel, Laurent Fabius, ministre français des affaires étrangères, appelle son homologue russe pour obtenir l’appui de la Russie à l’ONU. Lavrov s’étonne alors de cette initiative française contre des djihadistes que Paris avait soutenus lors de l’intervention en Libye, en 2011 : ’C’est la vie !’, lui rétorque le ministre français. Semer la terreur pour abattre un Etat souverain ? C’est ’la vie’ selon Fabius. Mais que ce criminel se rassure : aucun juge ne lui demandera des comptes. La Cour pénale internationale (CPI) est une Cour pour les indigènes : c’est réservé aux Africains. Les gens comme Fabius ont l’art de passer entre les gouttes.

Abreuvés d’un discours qui leur dit que leur pays est toujours du bon côté, les Français semblent à des années-lumière du chaos que contribuent à bâtir leurs propres dirigeants. Les problèmes du monde ne les affectent que lorsque des hordes de miséreux se pressent aux portes, et ils sont nombreux à accorder leurs suffrages – comme beaucoup d’Européens – à ceux qui prétendent leur épargner cette invasion. Bien entendu, cette défense d’un ’chez soi’ devrait logiquement s’accompagner du refus de l’ingérence chez les autres : que vaudrait un patriotisme qui autoriserait le fort à s’ingérer dans les affaires du faible ? Or l’expérience montre que ces ’patriotes’ sont rarement à la pointe du combat pour l’indépendance nationale en dehors du monde prétendument civilisé. Quels partis de droite européens, par exemple, soutiennent le droit des Palestiniens à l’autodétermination nationale ? Manifestement, ils ne se précipitent pas pour honorer leurs propres principes.

Mais ce n’est pas tout. On peut même se demander si ces prétendus patriotes le sont vraiment pour eux-mêmes : combien d’entre eux, en effet, sont-ils favorables à la sortie de leur propre pays de l’OTAN, cette machine à embrigader les nations européennes ? Comme pour la question précédente, la réponse est claire : aucun. Ces ’nationalistes’ font le procès de l’Union européenne pour sa politique migratoire, mais c’est le seul morceau de leur répertoire patriotique, véritable disque rayé aux accents monocordes. Ils gonflent les muscles face aux migrants, mais ils sont beaucoup moins virils face aux USA, aux banques et aux multinationales. S’ils prenaient leur souveraineté au sérieux, ils s’interrogeraient sur leur appartenance au ’camp occidental’ et au ’monde libre’. Mais c’est sans doute beaucoup leur demander.

Dans cette incohérence généralisée, la France est un véritable cas d’école. Une certaine droite – ou extrême-droite, comme on voudra – y critique volontiers les interventions à l’étranger, mais de manière sélective. Le Rassemblement national, par exemple, dénonce l’ingérence française en Syrie, mais il approuve la répression israélienne contre les Palestiniens. Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes serait-il à géométrie variable ? En fait, ce parti fait exactement l’inverse de ce que fait une prétendue gauche, qui soutient les Palestiniens – en paroles – et approuve l’intervention occidentale contre Damas, trouvant même qu’on n’en fait pas assez et qu’il faudrait bombarder ce pays plus sévèrement. Le drame, c’est que ces deux incohérences jumelles – et en miroir – aveuglent le peuple français. On mesure cet aveuglement au résultat, lorsqu’on voit des gauchistes souhaiter le renversement d’un Etat laïc par des mercenaires de la CIA (au nom de la démocratie et des droits de l’homme), et des nationalistes soutenir l’occupation et la répression sionistes en Palestine (au nom de la lutte contre le terrorisme et l’islamisme radical).

Il est vrai que ce chassé-croisé entre pseudo-patriotes et pseudo-progressistes a aussi une dimension historique. Il charrie à sa façon l’héritage empoisonné des temps coloniaux. Ainsi la droite nationaliste critique le néocolonialisme occidental en Syrie, mais elle trouve insupportable qu’on évoque les crimes coloniaux commis par la France dans le passé en Indochine, en Algérie ou à Madagascar. On suppose que ce n’est pas volontaire, mais la gauche universaliste contemporaine – au nom des droits de l’homme – fait exactement l’inverse : elle fait le procès du vieux colonialisme façon « Algérie française » mais elle approuve l’intervention néocoloniale en Syrie contre un Etat souverain qui a arraché son indépendance à l’occupant français en 1946. Bref, la droite aime follement le colonialisme au passé, la gauche l’aime passionnément au présent. La boucle est bouclée, et en définitive tout le monde est d’accord. Principale victime : la lucidité collective.

La France est l’un des rares pays où un colonialisme en cache un autre, le vieux, celui qui plonge ses racines dans l’idéologie pseudo-civilisatrice de l’homme blanc, se trouvant comme régénéré par le sang neuf du bellicisme droit-de-l’hommiste. Ce néocolonialisme, à son tour, est un peu comme l’ancien colonialisme ’mis à la portée des caniches’, pour paraphraser Céline. Il veut nous faire pleurer avant de lancer les missiles. En tout cas, la connivence implicite entre les colonialistes de tous poils – les vieux et les jeunes, les archéo et les néo – est l’une des raisons de l’errance française sur la scène internationale depuis qu’elle a rompu avec une double tradition, gaulliste et communiste, qui lui a souvent permis – non sans errements – de balayer devant sa porte : la première par conviction anticolonialiste, la seconde par intelligence politique. Un jour viendra sans doute où on dira, pour faire la synthèse, que si la France a semé le chaos en Libye, en Syrie et au Yémen, au fond, c’était pour « partager sa culture », comme l’a affirmé François Fillon à propos de la colonisation française des siècles passés. Au pays des droits de l’homme, tout est possible, et même prendre des vessies pour des lanternes.

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Lectures complémentaires:

Païens en terre promise, décoder la doctrine chrétienne de la découverte

La Grande Loi du Changement (Taiaiake Alfred)

Un_manifeste_indigène_taiaiake_alfred

Meurtre par décret le crime de génocide au Canada

Manifeste pour la societe des societes

Comprendre-le-systeme-legal-doppression-coloniale-pour-mieux-le-demonter-avec-steven-newcomb1

Comprendre-le-systeme-legal-de-loppression-coloniale-pour-mieux-le-demonter-avec-peter-derrico1

Aime_Cesaire_Discours_sur_le_colonialisme

Chiapas-Feu-et-Parole-dun-Peuple-qui-Dirige-et-dun-Gouvernement-qui-Obeit

Peau_Noire_Masques_Blancs.Frantz_Fanon

 

Pour une résistance au colonialisme d’hier et d’aujourd’hui: « Peau noire, masques blancs » de Frantz Fanon (version pdf)

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Résistance 71

 

2 novembre 2019

 

Nous avons récemment publié une version PDF du « Discours sur le colonialisme » d’Aimé Césaire, nous vous faisons (re)découvrir aujourd’hui la célèbre analyse anti-coloniale de Frantz Fanon, « Peau noire, masques blancs », publié en 1952.

Frantz Fanon (1925-1961) est un psychiatre martiniquais, philosophe, pan-africaniste et marxiste humaniste qui fut un fervent soutien à l’indépendance de l’Algérie. Très proche du FLN, il fut expulsé d’Algérie en 1957. Grand spécialiste de la décolonisation, il meurt de leucémie en exil volontaire à New York en 1961.  Il est enterré à Aïn Kerma en Algérie sous le nom d’Ibrahim Fanon.

Version PDF, mise en page Jo, JBL1960
Peau_Noire_Masques_Blancs.Frantz_Fanon

 

Pour une résistance au colonialisme d’hier et d’aujourd’hui… « Discours sur le colonialisme » d’Aimé Césaire

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Résistance 71

 

19 octobre 2018

 

Avec l’aide de Jo de JBL1960 pour l’excellente mise en page pdf, nous vous proposons ci-dessous un des grands classiques de l’analyse critique du colonialisme publié en 1955 par Aimé Césaire: « Discours sur le colonialisme ». Pourquoi ? Parce que nous ne vivons en aucun cas dans un monde « post-colonial » comme l’oligarchie en place se plaît à nous le faire croire. Des continents entiers (Amériques, Océanie) sont toujours sous le joug colonial et oppriment en permanence les peuples originels aux endroits. Les ex-peuples colonisées sont toujours opprimées par des régimes issus d’un néo-colonialisme avéré et dont les élites corrompues bouffent toujours au râtelier de leurs anciens maîtres colonisateurs…
Halte à l’hypocrisie, sortir de la mentalité coloniale, de la relation oppresseur/opprimé fait partie intégrante de notre émancipation future. C’est une mission éducative qui passe par la connaissance et la mise au rancart de la dissonance cognitive dont bien des occidentaux font preuve.

Bonne lecture !

Aime_Cesaire_Discours_sur_le_colonialisme (PDF)

 

Résistance au colonialisme d’hier et d’aujourd’hui: Le Gabon au cœur de la Françafrique

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« Le ministre Jacquinot déclarait à la tribune des Nations Unies que l’indépendance, c’est l’indépendance.
Nous nous apercevons aujourd’hui que ce n’est pas vrai.
C’est un piège à cons qu’il nous a tendu. »

Daniel Kemajou – 29 octobre 1959. (1)

 

Gabon: jusqu’à quand le pillage ?

 

Georges Stanéchy

 

16 septembre 2016

 

Source:

http://stanechy.over-blog.com/2016/09/gabon-jusqu-a-quand-le-pillage.html

 

Le « niveau de vie » de ce pays devrait être supérieur à celui de la Norvège, avec ses 5,5 millions d’habitants…

Producteur de pétrole comme le scandinave, le Gabon atteint, à peine, les 2 millions d’habitants pour une superficie représentant la moitié de celle de la France. (2) De plus, gratifié de fantastiques ressources naturelles que la Norvège, pour rester dans la comparaison, ne détient pas.

« Main Invisible » du Marché ou de la Prédation ?…

Richesses dont on a du mal à cerner les contours de leurs colossales amplitudes. Statistiques « incontestables », aux chiffres vérifiés et validés sur fondement de plusieurs sources elles-mêmes « fiables », étant impossibles à obtenir pour ce qui est du commerce extérieur des pays africains dès qu’ils sont vendeurs d’hydrocarbures et de productions minières. Pratique similaire, ne l’oublions pas, dans d’autres pays d’Amérique latine ou d’Asie (Birmanie-Myanmar, Philippines ou Thaïlande, par exemple).

Comme pour les statistiques « officielles » du chômage, ou de l’inflation, sous nos latitudes tempérées ; systématiquement « bidonnées », minorées, dans tous les cas « taillées sur mesure » à la demande des gouvernements.

C’est ainsi qu’on arrive, sans rire, à affirmer que l’inflation est « voisine de zéro ». La chorale de nos « experts en économie » l’affirmant à longueur d’année, la main sur le cœur. En contradiction flagrante avec les constatations, et expérimentations, quotidiennes du porte-monnaie de n’importe quel consommateur, même le plus analphabète en économie… Jusqu’à la baguette de pain, ou le pot de yaourt, dont on diminue le poids pour ne pas augmenter le prix unitaire !…

Le Gabon, n’échappe donc pas au « régime statistique » des autres pays africains : une grande partie des produits de son sous-sol  étant « cédée » hors comptabilisations douanières, et autres organismes censés en contrôler les « flux » ; dans le bourdonnement continu, mais discret, des domiciliations bancaires des paradis fiscaux…

Tout comme la majeure partie du continent africain, le Gabon est immensément riche de ses ressources naturelles. En tête de liste : les hydrocarbures. Depuis des décennies, le Gabon est considéré comme un des principaux producteurs de pétrole du continent. Mais, les Gabonais, pas plus que les autres non « initiés » aux modes de pompage et circuits spoliateurs, ne connaîtront jamais la somme, ou le détail, de l’exploitation des richesses pétrolières de leur nation…

Pas davantage pour ce qui est des autres productions de son sous-sol, minières plus particulièrement. (3) Citons le manganèse dont il est le troisième exportateur mondial après l’Australie et l’Afrique du sud, d’après les « statistiques officielles » !… (4)

Ajoutons dans le panier : l’uranium, dont on nous dit que l’exploitation est arrêtée depuis le début des années 2000. La première tonne d’uranium a été extraite en 1961. La COMUF, filiale d’AREVA, exploitant la mine ne faisait bénéficer ses salariés « d’aucune des mesures de protections reconnues nécessaires par la filière nucléaire« … (5) Des centaines meurent, actuellement, de maladies du travail dans l’indifférence… L’exploitation devrait reprendre, sur d’autres sites, d’après les rumeurs…

Sans oublier l’or de Bakoumba. Ou encore, le fer des mines de Bélinga dont les réserves sont évaluées à un milliard de tonnes… Et tous ces minerais rares, d’autant plus recherchés par les nouvelles technologies industrielles : le niobium de Lambaréné, le molybdène de Mouila, aux réserves estimées à 100 millions de tonnes. Richesses à ne plus savoir qu’en faire !…

Et, il n’y a pas que le sous-sol…

Le premier employeur du Gabon est la filière d’exploitation du bois. La forêt recouvre 85% de la superficie du pays, avec des essences de bois précieux très demandées telles que l’okoumé. Le Gabon est un des premiers exploitants forestiers et exportateurs de bois dans le monde. Additionnons à la liste : caoutchouc, café, cacao… Pays aux multiples fleuves, rivières et cours d’eau ; gigantesque château d’eau douce, au potentiel agricole faramineux…

Mentionnons une richesse sous-exploitée, car pillée dans le silence complice de ses gouvernants. Cas de beaucoup de pays africains dotés d’une zone côtière : la ressource halieutique.

Leurs eaux territoriales sont riches, très riches, en poissons, du fait des courants marins longeant leurs côtes ; qu’ils sont pour le moment incapables de faire respecter par les flottes de pêche européennes et asiatiques (Japon et Corée, surtout), ne serait-ce qu’en exigeant droits de pêche et respect de quotas (imposant le « repos biologique » pour assurer le renouvellement de la ressource). Ou, d’investir dans une flotte de pêche avec la valorisation industrielle et commerciale du produit : conserveries, unités de congélation, etc. Le Gabon, gros consommateur de poissons, n’assure qu’un tiers de sa consommation…

« Pauvre Norvège« , se dit-on, en comparaison de cet amas de ressources naturelles.

Le rapprochement s’effondre brutalement, toutefois, dès que l’on compare les niveaux de vie des deux pays.

Même pas 2 millions d’habitants… Et, la majorité de la population du Gabon vit dans la pauvreté… Des études « indépendantes » font état de 83 %…

Dans un pays aux infrastructures et services quasi illusoires, hors exploitation des ressources destinées à l’exportation : routes et voies de communication délabrées ou inexistantes, accès à l’eau potable limité à une partie de la population, services de santé et d’éducation déficients, services sociaux défaillants pour des catégories sociales précarisées (personnes âgées, handicapées, notamment), chômage exponentiel sans protection sociale (1/3 de la population), diplômés sans emploi ni perspective d’avenir (la majorité des postes d’encadrement étant squattée par des « expatriés » européens aux salaires et avantages exorbitants), etc.

Pourtant nous sommes au royaume du « Libéralisme Economique Absolu« , tant célébré et invoqué par nos « charlots-économistes » qui ne cessent d’en prêcher les mérites : « pas de dépenses publiques », pas d’impôts sur les fortunes et hauts revenus, pas d’impôts sur les grandes entreprises exportatrices, pas de droits de douane, privatisation de tous les services publics (entièrement aux mains de groupes privés français) !…  Le rêve pour ces adorateurs de La Main Invisible du Marché dont ils souhaitent l’instauration en France, sous l’appellation de « réformes structurelles ». (6)

Q’importe désastres et ravages, économiques et sociaux, qu’on peut recenser partout, en appliquant les mesures préconisées par les dévots du « Libéralisme Débridé » ; le Gabon, par sa catastrophique situation sociale, constituant un aveuglant exemple !…

Attention ! Il est, de plus en plus, interdit d’en faire le constat, de le mentionner, de vouloir en discuter, pire : de prétendre le remettre en cause, sous peine de délit de « blasphème » !…  Les économistes de nos nomenklaturas viennent récemment d’en énoncer le principe canonique, de droit divin, dans un livre : « Le négationnisme économique, et comment s’en débarrasser« .  (7)

Nous voilà sommés par l’Inquisition, contrôlant la circulation des idées et des opinions, de nous taire pour ne pas être déclarés : « hérétiques » !… (8)

En fait, le Gabon est la parfaite incarnation de ce que nos oligarchies rêvent d’imposer sur la planète : « tout pour le 1% » ! L’immense richesse nationale du pays spoliée par une infime poignée de clans familiaux de l’ancienne puissance coloniale, adossés aux politiciens maffieux, en cheville avec leurs richissimes « fondés de pouvoir » locaux dissimulés dans les mascarades électorales, n’est que la concrétisation d’un modèle économique ardemment souhaité.

Elections nationales familiales…

En ce début du mois de septembre, excédés par cette situation sociale d’une violence extrême par son injustice, les Gabonais viennent de se révolter à l’occasion des résultats des élections présidentielles du samedi 27 août 2016.

Toutes les villes du pays ont été touchées par cette flambée de rage ; vite contenue et réprimée par des forces de police, soigneusement entraînées et généreusement équipées par la caste au pouvoir (9). La réélection d’Ali Bongo, fils du précédent président Omar Bongo, la famille Bongo « régnant » sans discontinuer depuis 1967 (un demi siècle…), étant contestée par son « adversaire ».

Les élections auraient été grossièrement « truquées », au préjudice de son opposant nous enfument nos médias. Mais, s’arrêter à ce niveau d’analyse serait accréditer une possibilité, ou un contexte, d’alternance politique, tout à fait illusoire. Le dit « opposant » d’Ali Bongo, Jean Pïng, n’est autre que son beau-frère ; marié à une des filles d’Omar Bongo, dont il a eu deux filles, et dont il fut un des ministres pendant 18 ans. Ce ne sont pas des élections « nationales », mais bien des élections « familiales ».

Les Gabonais en ont ras-le-bol de cette farce. Pas de libertés publiques  – d’expression, d’opinion, de réunion, etc. –  à la limite ; ils s’accomoderaient de la dictature de ce « régime familial ». Car, ils se fichent de cette mascarade démocratique, souhaitant avant tout, non pas des isoloirs avec des bulletins de vote « bidons », mais des emplois, des services publics, des écoles, des dispensaires et centres de soins, des routes, des logements, de l’eau potable dans les habitations, par une équitable redistribution de la richesse nationale.

« Changement de régime » ?… Ils n’y croient pas : les gouvernements de la France ou des pays européens tiennent dans la plus haute considération des « régimes moyenâgeux », et sanguinaires, tels que ceux de l’Arabie Saoudite ou des pays du Golfe. Alors, la famille Bongo et sa sympathique corruption … (10)

« Néocolonialisme » ?… Tout a été dit sur ce fléau qui accable l’Afrique, tout particulièrement. Les anciennes puissances coloniales continuent de gérer les pays dont elles pillent les ressources, via des « marionnettes élues »… Les gouvernements britanniques – j’ai eu l’occasion d’évoquer le cas tragique du Kenya – avec autant de férocité que les gouvernements français. Au Gabon, comme ailleurs. (11)

En France, nombreux sont ceux qui se sont élevés contre ces systèmes de corruption et de gabegie institutionnalisés. Sources d’enrichissements personnels scandaleux. Via les caisses de nos partis politiques ; ou directement, dans les poches de nos « capitaines d’industrie » et nos responsables politiques, sous les paradis fiscaux. Et, même militaires : nos forces armées se comportant en milices au service d’intérêts, groupes privés en symbiose avec des dictatures, qui ne sont pas ceux de notre pays.

Car, la France aurait tout intérêt, au lieu de piller l’Afrique, à voir se développer dans un partenariat solidaire un espace de prospérité. Aux deux avantages essentiels :

– créer des emplois en fixant les « populations actives » dans ces pays, « l’émigration » n’étant plus la seule opportunité d’avenir ou d’espoir ;

– accroître, par le pouvoir d’achat ainsi généré, de fructueux échanges avec nos entreprises industrielles, commerciales ou de services, non liées aux circuits maffieux de la corruption tels que : ventes d’armes, privatisations/spoliations, monopoles de la distribution (supermarchés) et des concessions (automobiles), gestion des services publics (réseaux d’électricité, d’eau et d’assainissement, de transport maritime et aérien, etc.).

Rappelons le travail de René Dumont, dont le célèbre ouvrage « L’Afrique Noire est mal partie« , publié en 1962, prévenait déjà des dangers du développement des grandes cultures intensives à l’exportation (café, cacao, coton, thé, etc.), sur les terres accaparées dans la violence et la corruption par les grands groupes internationaux ou les grandes fortunes locales ; au détriment des cultures vivrières, donc du « marché domestique », et des paysans plongés dans les ravages du déracinement et de l’exode rural. (12)

Surtout l’oeuvre exceptionnelle de François-Xavier Verschave qui a dénoncé avec tant de force, de talent, et d’abnégation, tous les excès du néocolonialisme en forgeant le fameux concept de « Françafrique« . Il est l’auteur, entre autres publications, de deux ouvrages incontournables pour comprendre les rouages de la prédation en Afrique : « La Françafrique – Le plus long scandale de la République » (13) et « Noir Silence » (14). Son action se poursuit grâce à l’association Survie, dont il fut un des membres fondateurs.

Jusqu’à quand le pillage ?… Le Gabon, pourra-t-il se défaire de l’emprise de l’oligarchie de l’ancienne puissance coloniale ?…

« Avec le temps », comme le chante le poète…

Restons lucides : la France, dans un rigoureux système féodal, est elle-même vassalisée aux USA, sa propre caste au pouvoir aux ordres de son suzerain…

Cet empilement de contraintes, de verrouillages, ne pourrait se dénouer, ou s’écrouler, qu’à la faveur d’un séisme majeur, d’un choc tectonique comme il en existe en géopolitique. Des « pays-continents » tels que l’Inde ou la Chine n’ont pu éjecter définitivement les puissances coloniales, qui les vampirisaient, qu’à la faveur de leur épuisement dans la dernière guerre mondiale.

La libération irréversible de l’Afrique, qui sera le continent-phare du XXII° siècle, aura pour probable déclencheur l’onde de choc d’un embrasement en Mer de Chine ou au Moyen-Orient.

Si ce n’est dans les deux…

  1. Député du Cameroun.
Cité (p. 323) dans un ouvrage collectif, dont je recommande vivement la lecture à tous ceux qui s’intéressent à l’Afrique – à travers les luttes d’indépendance du voisin du Gabon, le Cameroun – son présent, son avenir, sa problématique du développement, ou du pillage imposé par l’ancienne puissance coloniale.
Rigoureusement référencé, documenté, illustré, avec des analyses d’un niveau rare qui n’empêchent pas l’émotion ; ou la colère, quand on pense aux horreurs et aux crimes (toute la palette des « crimes de guerre », entre autres) que la France – des Lumières, de la Démocratie, des Droits de l’Homme, et blabla – a perpétrés, et entretient, sur ce continent. Pour le bénéfice exclusif, dans une hallucinante prédation, d’une poignée de nos oligarques et de leur domesticité, médiatique notamment.
J’aurai l’occasion de revenir sur cet ouvrage fondamental pour déconstruire la colossale désinformation dont nous sommes asphyxiés et les mécanismes de la spoliation coloniale qui ronge l’Afrique.

Publié aux éditions La Découverte en janvier 2016 (742 pages) :

Thomas Deltombe, Manuel Domergue, Jacob TatsitsaKAMERUN – Une Guerre Cachée aux Origines de la Françafrique – 1948 -1971

  1. https://www.populationdata.net/pays/gabon/
  2. Ressources naturelles : l’opacité gabonaise – Le Gabon a été exclu de ‘l’Initiative Pour la Transparence des Industries Extractives », Survie.org, 10 avril 2013,
http://survie.org/billets-d-afrique/2013/223-avril-2013/article/ressources-naturelles-l-opacite-4439
  3. https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conomie_du_Gabon#Mangan.C3.A8se
  4. Triste Anniversaire, Survie.org, 17 février 2016,
http://survie.org/billets-d-afrique/2016/254-fevrier-2016/article/triste-anniversaire-5080
  5. Exemple récent de la logorrhée incantatoire sur le « trop de dépenses publiques » ou les « réformes structurelles » :
http://bfmbusiness.bfmtv.com/mediaplayer/video/olivier-delamarche-vs-marc-touati-22-banques-centrales-que-faudrait-il-reellement-faire-pour-relancer-la-croissance-1209-856915.html
  6. Pierre Cahuc et Daniel Zylberberg, « Le négationnisme économique et comment s’en débarrasser« , Flammarion, Septembre 2016.
  7. Henri Sterdyniak, « Négationnisme économique » : ce pamphlet est ignoble. C’est un appel direct à l’épuration, L’Obs, 10 septembre 2016,
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1558440-negationnisme-economique-ce-pamphlet-est-ignoble-c-est-un-appel-direct-a-l-epuration.html
  8. Gabon : Retour sur le chaos post-électoral dans une ville de province (Lambaréné), France 24, 8 septembre 2016,
http://observers.france24.com/fr/20160908-gabon-lambarene-retour-chaos-post-electoral-province-ali-bongo-jean-ping?ref=tw_i
  9. Thomas Bart, Ali Bongo sur la sellette, Survie.org, 7 janvier 2015,
http://survie.org/billets-d-afrique/2015/242-janvier-2015/article/gabon-ali-bongo-sur-la-sellette-4852
  10. Mawuna Koutonin, France Forces Africa to Pay for Colonialism, BS News, 23 novembre 2015,
http://bsnews.info/france-forces-africa-to-pay-for-colonialism/
  11. 12.  René Dumont, L’Afrique Noire est mal partie, première parution 1962, réédité en 2012 aux éditions du Seuil, collection Esprit.
N.B. : Au cours d’un de mes séjours professionnels en Afrique, je fus stupéfait de découvrir que parmi les meilleures et rares terres fertiles du Burkina Faso (ex Haute-Volta) figurait la culture intensive du « haricot vert », expédié par frêt aérien en Europe !… Les marges, pour les petits malins exploitant la filière, étant si considérables que ce légume vendu en « primeur » avait le privilège de voyager en avion…
  12. François-Xavier Verschave, Françafrique – Le plus long scandale de la République, éditions Stock, 1998.
  13. François-Xavier Verschave, Noir Silence, éditions Les Arènes, 2000.

D’hier à aujourd’hui… Le pouvoir de dire Non ! à l’occident colonial…

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Quand on refuse on dit non ! De Lumumba à Cheikh Anta Diop

Moulzo

9 Avril 2016

url de l’article original:

http://www.afriquesenlutte.org/communiques-luttes-et-debats/livres-etudes-debats/article/quand-on-refuse-on-dit-non-de

 

Le discours du 30 juin 1960 de Patrice Lumumba devant le roi des Belges restera à jamais gravé dans les mémoires. Il déclare sans faillir et sans faire de courbettes à l’oppresseur : « Cette indépendance du Congo, nul Congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier que c’est par la lutte qu’elle a été conquise, une lutte de tous les jours, une lutte ardente et idéaliste, une lutte dans laquelle, nous n’avons ménagé ni nos forces, ni nos privations, ni nos souffrances, ni notre sang. Cette lutte, qui fut de larmes, de feu et de sang, nous en sommes fiers jusqu’au plus profond de nous-mêmes, car ce fut une lutte noble et juste, une lutte indispensable, pour mettre fin à l’humiliant esclavage qui nous était imposé par la force. » Lui aussi paiera cher cet affront. Assassiné par l’impérialisme américain et belge. Lumumba avait dit non ! Parce qu’il refusait que l’oppresseur s’approprie la victoire des Congolais.

« Nous préférons la liberté dans la pauvreté à la richesse dans l’esclavage », avait lancé Ahmed Sékou Touré au général De Gaulle, le 28 septembre 1958, à l’occasion du référendum sur le projet de Constitution proposé par De Gaulle, pour l’établissement d’une Communauté franco-africaine. La Guinée est ainsi le seul territoire, parmi les colonies françaises d’Afrique, à prendre le chemin de l’indépendance. Celle-ci sera prononcée le 2 octobre 1958. La Guinée avait dit non pendant que Senghor, Houphouët-Boigny et tous les autres acceptaient le piège tendu par la France. L’histoire retiendra que De Gaulle en oublia sa casquette et la vengeance de la France fut immédiate : le retrait de toute l’administration française. Ahmed Sékou Touré était certes un homme courageux, un homme d’honneur mais à cause des attaques répétées de la France et de ses valets contre le peuple guinéen, il est devenu paranoïaque enfermant les opposants politiques au tristement célèbre camp Boiro.

Frantz Fanon aussi avait dit non ! Non à la colonisation française, lui qui avait choisi le camp de ceux et celles qui combattent pour leur liberté. Fanon était-il français, martiniquais ou algérien ? Certainement les trois à la fois et même plus que ça d’ailleurs. Fanon n’avait pas de patrie ou alors sa patrie était celle de tous les damnés et les opprimés de la terre. Il avait choisi d’être algérien pour se battre contre la colonisation et les injustices qui en émanaient mais il aurait tout aussi bien été congolais s’il avait été témoin sur place de l’injustice coloniale ou encore indochinois. L’auteur de Peau noire, masque blanc (1952) », l’An V de la révolution algérienne (1959), les Damnés de la terre (1961), Pour la révolution africaine (1964) était avant tout un homme d’action, un homme de dépassement, un sans-patrie, bref un homme au sens le plus global de ce terme, un homme intégral.

L’œuvre de Cheikh Anta Diop contribua à la reconnaissance d’une Égypte pharaonique nègre, bien que les égyptologues européens de l’époque aient eu beaucoup de mal à l’admettre. Il était effectivement bien difficile d’accepter que les maîtres des pyramides, de calculs mathématiques si complexes, qui ont enseigné la géométrie à Pythagore et à Thalès puissent être de la même couleur noire que ceux-là même qu’on domine et colonise, en prétendant leur apporter la civilisation. Comment admettre en effet que Ramsès II, Toutankhamon et Akhenaton soient des nègres…

Et pourtant, les démonstrations de Cheikh Anta Diop sont claires comme l’eau de roche. « Pour nous, écrit Cheikh Anta Diop, le retour à l’Égypte dans tous les domaines est la condition nécessaire pour réconcilier les civilisations africaines avec l’histoire, pour pouvoir bâtir un corps de sciences humaines modernes, pour rénover la culture africaine. Loin d’être une délectation sur le passé, un regard vers l’Égypte antique est la meilleure façon de concevoir et de bâtir notre futur culturel. L’Égypte jouera, dans la culture africaine repensée et rénovée, le même rôle que les antiquités gréco-latines dans la culture occidentale ». Cheikh Anta Diop a su aller à contre-courant de la pensée coloniale dominante, redonnant à l’Afrique ses lettres de noblesse. Il a su dire non à ceux qui véhiculaient une image fausse du Nègre pour le dominer encore plus.

Oui, quand on refuse on dit non !

Colonisation de la Nouvelle-France… Des arquebuses de Champlain à Oka 1990 et aujourd’hui, le viol de la nation Mohawk…

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“Il n’est pas nécessaire du lutter contre le tyran, il n’est pas non plus nécessaire de se défendre contre lui. Le tyran se vaincra lui-même éventuellement. Les gens doivent arrêter d’ accepter la servitude. Ils n’ont pas besoin de prendre quoique ce soit au tyran, ils doivent simplement arrêter de lui donner…. Lorsque le tyran ne reçoit plus et n’est plus obéi, il finit nu, sans force et sans pouvoir. Il finit par n’être plus rien. Il partage la destinée d’une racine laissée sans eau, sans nourriture, il devient un morceau de bois sec, mort…”

~ Etienne de la Boétie ~

“Les Hommes ne seront pas unis par la domination, mais comme frères, sans domination: a-narchie. Aujourd’hui, quoi qu’il en soit, nous n’avons pas la conscience pour un tel slogan positif, alors dorénavant, le slogan doit demeurer: sans domination…”

~ Gustav Landauer ~

 

Petit précis d’histoire coloniale française: La Nouvelle-France et les terres mohawks

De Samuel de Champlain à la province du Québec: violence coloniale et vol de terres

 

Résistance 71

 

13 Février 2016

 

Si l’invasion française du “nouveau monde” commença en 1524 avec l’Italien Verrazano qui explora quelques contrées pour l’armateur Jean Ango au service du roi de France François 1er, c’est Jacques Cartier qui fut crédité de la “découverte du Canada”, bien que cette contrée fut en premier lieu baptisée “Nouvelle-France”. Jacques Cartier remonta le fleuve St Laurent lors de son second voyage en Août 1535 pour s’arrêter là où est aujourd’hui la ville de Québec.

Peu nombreux, les Français établiront des comptoirs et se consacreront essentiellement au commerce de la fourrure.

Les choses coloniales plus sérieuses vont commencer avec l’explorateur Samuel de Champlain au tout début du XVIIème siècle (sous Henri IV), lorsque celui-ci, flanqués d’alliés natifs algonquins, confronte (avec succès) un groupe de Mohawks en 1609 sur la rive ouest du lac Ticonderoga, que Champlain plus tard rebaptisera très modestement.. Lac Champlain.

Attardons nous ici un peu sur les territoires de la Confédération Iroquoise à l’époque et de ceux de la nation Mohawk (Kanienkehaka). Au tout début du XVIIème siècle, la confédération iroquoise comporte cinq nations membres: Sénéca (gardienne de la porte Ouest), Oneida, Onondaga, Cayuga et Mohawk (gardienne de la porte Est de la confédération).

Les territoires iroquois au XVIIème siècle s’étendent dans leur limite Est et du Nord au Sud de Trois-Rivière jusqu’au sud d’Albany, puis vers l’Ouest, tout le long de la rive droite du fleuve Kaniatarowanenneh en Mohawk (plus tard… le St Laurent), toute la partie sud du Lac Ontario, jusqu’au lac Erie. Ils couvraient une superficies d’un peu plus de 10 millions d’hectares. En 1995, il ne restait à la confédération qu’environ 90 000 hectares. !

Les territoires Mohawk (Kanienke) quant à eux s’étendent du sud du lac Trois-Rivière (Sorel), jusqu’en amont de la rive droite du St Laurent à mi-chemin du lac Ontario, puis au sud en ligne droite jusqu’à la rivière Mohawk. Ce territoire inclus toutes les côtes occidentales des lacs “Champlain” et “George”. Aujourd’hui, les Mohawks sont en droit de réclamer plus de 4 millions d’hectares qui leur ont été frauduleusement détournés essentiellement par le biais de “traités” bidons, alors qu’historiquement, la nation Mohawk n’a JAMAIS cédé ni abandonné AUCUNE TERRE.

Le peuple Mohawk est un descendant direct des gens qui sont arrivés dans ce que sont aujourd’hui l’état de New-York aux Etats-Unis et la vallée du St Laurent (Canada) aux environs de 1700 avant notre ère selon les trouvailles archéologiques. Ces ancêtres des Mohawks provenaient de la vallée de la rivière Ohio et étaient liés aux sociétés constructrices de “buttes” ou de “monts”.

Nation Mohawk et Nouvelle France

Mohawks et Français furent ennemis dès leur première rencontre en 1609 à Ticonderoga, sur la rive sud-ouest du lac éponyme qui deviendra plus tard le lac Champlain. Samuel de Champlain, sans savoir que les Mohawks faisaient partie d’une confédération bien plus vaste de nations, décida d’assister des groupes d’Algonquins contre les Mohawks. Les arquebuses françaises firent des dégâts et tuèrent un chef de guerre Mohawk lors de cette première confrontation. La guerre fut donc déclarée d’emblée par les Français aux Mohawks, qui dès lors furent mûs par le désir de revanche. Les hostilités durèrent plus de 60 ans et jamais les Mohawks ne firent plus confiance au Français. D’après des données historiques (Richter, 1983), durant ces 60 ans de guerre franco-mohawk, 191 Français furent tués, dont 38 en captivité et 143 autres furent faits prisonniers par les Mohawks et autres Iroquois durant cette période ; ces chiffres sont bien inférieurs à ceux des pertes subies par les Mohawks tant au combat qu’à cause des maladies transmises par les envahisseurs coloniaux. Durant cette période, les Hollandais et les Anglais, rivaux des Français dans le commerce de la fourrure, profitèrent de la rivalité entre Mohawks et Français pour faire avancer leur propre cause et agenda coloniaux. Les Hollandais vendirent des arquebuses et mousquets aux Mohawks dans les années 1640, ce qui compliqua la vie des colons français. Pas à pas, les Mohawks émergèrent néanmoins comme de puissants médiateurs et intermédiaires dans le commerce de la fourrure. Rien ne put se faire sans l’aval de ceux-ci.

L’hostilité des Mohawks envers les Français s’exacerba après que les prêtres missionnaires français eurent développé un réseau d’alliance militaire avec les ennemis traditionnels des Mohawks, ceci combiné au fait que les Français avaient négocié une autre fenêtre commerciale pour la fourrure avec des nations plus an Nord, décida les Mohawks à lancer des opérations de raids de plus grandes envergures sur les forts et position françaises de Nouvelle France jusque chez les alliés Huron de la France et des autres nations des grands lacs.

L’alliance des Mohawks avec les Anglais (qui avaient récupéré l’empire colonial hollandais dans la région) fut une alliance de raison et non pas une alliance d’affinité. Les autres nations iroquoises étaient soit neutres, soit avec les Français. Néanmoins, en total respect avec la Grande Loi de la Paix (Kaianerekowa) de la Confédération Iroquoise (Haudenosaunee), les nations iroquoises, même alliées à des parties européenne ennemies, ne se combattirent jamais ! Ni les Français, ni les Anglais ne purent se faire dresser les Iroquois les uns contre les autres, ce ne fut pas faute d’avoir essayé bien évidemment. La préservation de la paix endogène fut la priorité des 5 puis 6 nations iroquoises. Il y eu certes une relative détérioration des relations internes à la confédération, mais les nations ne se combattirent jamais. Il y eut même des cas répertoriés d’embuscades menées par des parties iroquoises qui s’épargnaient non seulement les unes les autres, mais qui épargnaient également les personnes blanches (non militaires) qui étaient sous leur protection.

Le 13 décembre 1665, les nations Seneca, Oneida, Onondaga et Cayuga invitèrent les Français dans leur “longue maison” (lieu de conseil tout autant que d’habitation, le terme “Haudenosaunee” pour la confédération iroquoise veut dire “Peuples de la Longue Maison”) et firent la paix avec ceux-ci malgré les protestations et objections des chefs Mohawks présents. Ceci fut fait pour essayer de ramener les Mohawks dans le consensus des autres nations iroquoises. Comme le permet parfaitement la constitution iroquoise (Kaianerekowa), lors d’un désaccord, si un consensus d’unanimité ne peut pas être trouvé, alors chaque nation peut procéder selon son choix, pourvu que cela n’entrave pas ni ne mette en danger la Confédération. Ceci força donc les Mohawks à s’occuper des Français seuls.

La France put donc saisir cette opportunité de mettre entre parenthèse une sérieuse menace à leur empire colonial de ce côté de l’Atlantique. Elle parvint à mettre sur la touche une nation iroquoise sans craindre de représailles de la part des autres nations de la confédération. Jusqu’à ce moment là, le gouverneur général de la Nouvelle France avait envisagé d’abandonner Montréal. La colonie française était au bord de la banqueroute, elle était asphyxiée par les raids constants des Mohawks qui avaient sévèrement démoralisé les colons (Source: Stanley, 1960). Les Mohawks étaient maintenant isolés et les Français lancèrent une opération militaire en territoire Mohawk (Kanienke). Ce fut une épopée bizarre, qui vit un succès français, sans que ceux-ci n’aient eu à tuer un seul Mohawk. Ce fut néanmoins une démonstration suffisante pour que les Mohawks acceptent à contre-cœur de faire la paix avec la colonie. La paix fut rendu officielle en 1667. Ce traité promit deux choses aux Mohawks:

  • Le christianisme
  • Une “protection” royale (nous sommes alors sous Louis XIV…)

Voyant les Mohawks toujours proches de leurs “alliés” anglais, les Français essayèrent de faire “migrer” tous les Mohawks vers Montréal. Ils y parvinrent en grande partie, profitant aussi du fait que les Anglais ne surent pas conserver les liens étroits avec les Mohawks.

Suite aux raids contre les Hurons, alliés des Français, ceux-ci furent mis à mal et quasiment annihilés par les Mohawks, qui adoptèrent des clans entiers de Hurons dans leurs clans comme le veut la tradition et en accord avec Kaianerekowa. Un des problèmes majeurs fut que beaucoup de Hurons, contrairement aux Iroquois, étaient devenus chrétiens. Ainsi, pour la première fois dans l’histoire mohawk et iroquoise, la religion devint une affaire politique avec le christianisme. En tant que chrétiens, les nouveaux arrivants, adoptés, introduisirent des lignes de clivage dans la société Mohawk qui étaient en dehors du cadre traditionnel, ce qui rendit aussi la méthode politique du consensus (unanimité) impossible sur les questions de religions ou impliquant la religion ou le mode de vie lié à celle-ci, prouvant une fois de plus l’intolérance intrinsèque liée au christianisme et à son empire: la chrétienté. Les Hurons intégrés avaient été convertis et étaient suivis par les jésuites. Le ver était définitivement dans le fruit.

A travers la période s’étalant de 1667 aux années 1730, les catholiques ont continué à attirer de nombreux Mohawks de la vallée sud vers Montréal. Combiné avec l’émigration d’autres groupes indiens, la communauté commença à changer et mélangea des pratiques religieuses strictes avec la culture traditionnelle Mohawk, la dévotion chrétienne et l’atmosphère d’un centre diplomatique et de commerce. A partir de 1677, l’interdiction de l’alcool dans la communauté Mohawk devint un élément du passé. Il fut importé un armurier et des tavernes.

En 1679, cette communauté fut forcée de se relocaliser sur l’île de Montréal lorsque des hostilités éruptèrent entre d’autres nations de la confédération iroquoise et les Français, principalement l’hostilité entre les Seneca et les Français. Notons au passage que les fameuses chutes du Niagara sont en territoire Seneca.

En 1680, une ordonnance royale donna le territoire de la Seigneurie du Sault St Louis aux jésuites avec pour simple objectif d’encourager l’établissement d’une communauté iroquoise chrétienne, donc séparée du reste (toujours le diviser pour mieux régner…), dans la zone.

Les jésuites travaillèrent d’arrache-pied pour isoler les Mohawks convertis des autres Mohawks et des colons dépravés, ceci mena à la formation de micro-colonies peuplées d’Indiens chrétiens et de jésuites. En cela les jésuites furent instrumentaux, car le système iroquois de gouvernance induit un renouvellement constant de la politique et de ses groupes de gouvernance puisqu’il s’agit d’une société politiquement non divisée où le pouvoir réside dans le peuple et la chefferie est sans pouvoir, n’étant qu’une représentation de la décision populaire unanime. Ainsi l’église a pu diviser la société à l’avantage de la colonisation. En effet, le fait de ne plus pouvoir atteindre de consensus populaire à cause des problèmes religieux, eut pour effet de paralyser la prise de décision et sa mise en application dans la société mohawk.

La conversion d’une catégorie de Mohawks au christianisme se fit par l’attirance de certains chefs pour le prestige et les bénéfices matériels offerts. Les jésuites reconnurent très tôt les bénéfices de recruter des leaders mohawks du côté français. Ceci mena invariablement et irrémédiablement à une division politique de la société mohawk jusqu’ici sans précédent. Peu de Mohawks furent des convertis sincères, beaucoup par intérêt, mais ils constituèrent une “faction chrétienne” prenant le contre-pied du leadership traditionnel de la communauté. Ceci est toujours une réalité aujourd’hui. Au XIXène siècle, cette faction chrétienne fut un terreau fertile pour être subjuguée et enrôlée dans une autre fable mythique mêlant le christianisme et la mythologie traditionnelle iroquoise, celle dite du “Code de Handsome Lake”, qui fut inventée et inculquée avec son “prophète” vers 1815, pour contre-carrer une résurgence traditionnelle de Kaianerekowa, la loi de la terre.

Les chrétiens furent connus sous le nom de Onkwehonwe Tehatiisontha ou “véritables habitants de l’île de la Grande Tortue faisant le signe de la croix”. Un des meilleurs exemple historique de ce type de personne fut le chef Mohawk Togouiroui, plus connu sous le nom de “Chef Joseph” qui se convertit au christianisme en 1673.

C’est en 1701 que fut subséquemment signée la Grande Paix de Montréal, qui mit fin à 90 ans de guerre entre la France et la confédération iroquoise et 38 autres nations alliées. Lors de ce traité fut présenté par les 5 nations iroquoises le traité Wampum Deux Rangées, qui avait été accepté auparavant par les Hollandais au XVIIème siècle. Les Iroquois le proposèrent peu de temps après aux Anglais qui l’acceptèrent également. Ce traité stipule que les nations cohabitent et partagent la même terre sans interférer l’une avec l’autre, sans que l’une impose à l’autre ses lois, ses us et coutumes. Il va sans dire que Français et Anglais bafouèrent ce traité qu’ils avaient dûment accepté.

Un exemple d’enfumage colonial territorial: Le cas du territoire de la Seigneurie du Sault St Louis (sud de Montréal)

Les cas de pillages et d’appropriations illicites des terres sont légions dans l’histoire coloniale, mais le cas de la Seigneurie du Sault St Louis en territoire mohawk est assez exemplaire. Il convient donc de s’y attarder un peu, car il est aussi au centre des nombreuses revendications des Mohawks de l’ère moderne.

Il s’agit ici d’un grand bout de terre situé en territoire mohawk au sud de Montréal.

Le territoire initial fait environ 42km2 et va de l’île St Bernard sur le lac St Louis au nord de Chateauguay jusqu’à Mercier, puis vers l’est au sud de St Isidore et St Constant, puis en remontant sur le saint Laurent à l’Est de Ste Catherine.

La “réserve” Mohawk actuelle de Kahnawake occupe aujourd’hui moins de la moitié du territoire initial.

Cette terre connue sous son nom colonial de “Seigneurie du Sault St Louis” est une petite partie de terre sur l’ensemble des terres mohawks. La communauté y fut installée durant le XVIIème siècle, mais ces terres appartiennent aux communautés mohawks qui les utilisèrent depuis des siècles avant l’arrivée des envahisseurs chrétiens d’Europe (Hollandais, Français et Anglais). A titre de référence, la Grande Loi de la Paix, Kaianerekowa, qui régit la confédération iroquoise a été datée du XIIème siècle et nous avons vu plus haut qu’il y a des traces archéologiques d’habitations natives de ces contrées depuis au moins 1700 avant notre ère.

Le territoire de la “réserve” fut établit par deux dons royaux émanant de Louis XIV les 29 et 31 Mai 1680 à la “société de Jésus” (jésuites) avec pour but de convertir et d’établir la conversion spirituelle des Iroquois et de les maintenir dans la sphère d’influence française. En d’autres termes, le roi de France a eu l’outrecuidance de voler des terres mohawks pour les assigner à l’église afin de convertir les Mohawks et les Iroquois à des mythes et des rites dont ils n’avaient nul besoin, par pure imposition ethnocentrique et hégémonique ainsi qu’intérét géo-politico-économique.

Survient la guerre des sept ans entre l’Angleterre et la France (et l’Espagne). La France perdra et devra céder la Nouvelle France à l’Angleterre. Le titre indien sur la Seigneurie fut établi par l’article 40 du document de la capitulation de Montréal le 8 Septembre 1760. Il y est écrit ceci:

Les sauvages ou alliés indiens de sa très chrétienne majestée Louis devront demeurer sur les terres qu’ils habitent s’ils choisissent d’y demeurer. Ils ne devront pas être molestés sous quelque prétexte que ce soit pour avoir porté les armes et servi sa plus chrétienne majestée roi de France.

C’était sans compter sur les jésuites qui eux affirmaient être les propriétaires de droits du territoire de la Seigneurie. Les Mohawks firent donc appel au gouverneur militaire de la région, Thomas Gage, pour qu’il les soutienne contre les jésuistes et leurs affirmations. Le 22 Mars 1762, le gouverneur Gage prit position en faveur des Mohawks en déclarant:

Que les terres dites “Le Sault” ne sont pas une seigneurie dont les pères jésuites peuvent se prétendre les seigneurs ; mais sont des terres accordées par sa plus chrétienne majestée [le roi de France] dans le seul but d’y établir des Indiens, qui au-delà de leur nature, ne peuvent pas être soumis aux droits du ‘lods et ventes’, à la haute, moyenne ou basse justice. Sa plus chrétienne majestée ayant fait le don à la seule condition que cette terre soit appelée “Le Sault” devra lui appartenir toute défrichée (en français dans le texte original anglais) lorsque les dits Iroquois l’auront abandonné, qu’on se dise que ce ne fut pas son intention que les pères jésuites puissent tirer un quelconque avantage de ce don.” Nous voyons une fois de plus que bien que le texte soit sans équivoque possible, en faveur des Mohawks, il affirme néanmoins la propriété finale de la terre “défrichée” à la couronne de France et donc.. volée et surtout sujette à être ultérieurement vendue… à la couronne britannique.

Le Canada ne commença à gérer officiellement les terres indiennes qu’en 1845. Entre 1762 et 1845, il fut découvert que les jésuites furent les perpétrateurs de malversations foncières sur les terres mohawks de Kanahwake et vendirent de manière tout à fait illégale de larges portions de la terre de la Seigneurie. Toute cette procédure de ventes illégales continua au XIXème siècle au gré des agents britanniques s’engraissant illégalement par le moyen de ventes frauduleuses. La province britannique du Canada décida alors de passer une législation pour limiter que les territoires mohawks ne fussent continuellement rognés. Fut voté l’Indian Land Protection Act ou la loi de protection des terres indiennes en 1850. Alors si cette loi mit alors fin au pillage privé, ceci réserva ce droit à la couronne britannique (dont le QG n’est pas Buckingham palace comme beaucoup le pensent, mais à la City de Londres et sa banque d’Angleterre/Vatican). La loi de 1850 ne redressa aucunement les torts faits aux nations natives non seulement en territoires iroquois mais sur tous les territoires des nations premières, mais cela fut en fait la toute première étape d’un processus qui vit graduellement les terres indiennes être mises sous l’autorité législative du gouvernement fédéral canadien.

Ainsi, depuis la loi sur la protection des terres indiennes de 1850. les terres Mohawks de Kahnawake, qui sont une partie (moins de 50% nous l’avons vu) de la terre initiale de la Seigneurie du Sault St Louis, sont sous la gestion du Canada pour la “couronne” britannique au nom des Mohawks (impressionnant non ?…). Il n’y a eu depuis aucune avance significative pour la récupération des terres volées et initialement vendues par les jésuites ou les agents de la couronne britannique. Il n’y a a pas non plus eu de changement significatif des “frontières” de la “réserve”.

Les Mohawks ont continuellement demandé une solution à cette affaire au travers des autorités coloniales et canadiennes (toujours des autorités coloniales). Celles-ci ont continuellement affirmé et réaffirmé le droit d’occupation des sols par les Mohawks ainsi que les non paiements des loyers par les colons depuis deux siècles, mais rien de plus. Ceci constitue sans aucun doute une grande partie de la méfiance généralisée des Mohawks envers toute autorité étatique constituée.

Il y a eu au moins huit actions judiciaires des Mohawks demandant une restauration de leur titre de propriété sur l’ancienne Seigneurie ou au moins des compensations pour les loyers non payés, intérêts inclus et les ventes ou locations viagères de longue durée, les concessions à perpétuité commercées sans aucun consentement de la part des Mohawks.

Mentionnons ici que d’après Kaiainerekowa, loi de la terre, le wampum (article) 44 stipule clairement que les femmes des clans sont les détentrices de la terre et que leur rôle est de la protéger pour les générations futures avec l’aide des hommes. Il n’y a aucun concept de propriété de la terre (ou de l’eau ou de l’air) dans les sociétés naturelles amérindiennes, africaines, mélanésiennes, australes etc… Dans l’hypothèse (absurde pour un amérindien) que la terre soit “cédée” ou “vendue”, dans le cas des 6 nations iroquoises, seuls les conseils des femmes peuvent le faire ! Les femmes sont les gardiennes de la terre, les gardiennes de la fertilité !…

L’argumentation coloniale donc pseudo-légale peut-être suivie et lue dans les références suivantes:

  • Prescott contre Casot, 1798
  • Pétition au secrétaire colonial de 1807
  • Pétition au gouverneur du Canada en 1820
  • Pétition au gouverneur du bas-canada en 1828 et 1830
  • Délégation au secrétaire colonial de 1830
  • Témoignage de la commission des enquietes aux affaires indiennes en 1843
  • La résolution du conseil de bande sur l’assertion du titre de propriété de la Seigneurie du Sault St Louis en 1965
  • Lettres au ministre des affaires indiennes en 1988 et 1989

Il résulte de tout cela l’évidence que le gouvernement colonial du Canada a systématiquement tourné le dos et ignoré cette réclamation territoriale parfaitement valide des Mohawks avec pour seul objectif de protéger la structure intrinsèquement malhonnête du contrôle des terres indiennes et ainsi couvrir toutes les malversations faites sans aucun consentement préalable de la véritable communauté mohawk en l’occurence, mais native autochtone dans bien d’autres occasions.

Ainsi, à la vue et analyse de ces faits, les Mohawks en ont justement conclu que l’entité commerciale coloniale de la “couronne” appelée “Canada”, ne peut en aucun cas être un havre de paix et de tranquilité où leurs droits fondamentaux de souveraineté et de détention, possession de leurs terres ancestrales puissent être décemment respectés et protégés.

A cet égard aucune entité coloniale de Commission Vérité et Réconciliation, ou autre ignorant les droits fondamentaux des premiers occupants de la terre, ignorant les principes de base de la souveraineté de tout peuple et refusant de négocier de nation à nation, ne pourra résoudre le problème fondamental, qui est celui de la terre et de la propriété. Tout ceci ne pourra être encore et toujours qu’une mascarade.

Nous, peuples occidentaux, devons réaliser ce qui a été fait et est maintenu en notre nom au fil des décennies et des siècles, nous devons retirer notre consentement à cette mascarade de liberté à laquelle on nous demande de quotidiennement participer pour garantir le statu quo oligarchique en place depuis bien trop longtemps. L’avenir de l’humanité réside dans les peuples occidentaux émancipés de l’idéologie coloniale se tenant côte à côte avec leurs frères des nations premières de tous les continents pour œuvrer ensemble à un véritable changement de paradigme politique sur la planète entière reléguant l’État et le capitalisme au musée des horreurs où ils appartiennent et nulle part ailleurs.

Nous terminerons avec cette courte citation d’une ancienne de la communauté mohawk de Kahnawake qui déclara très lucidement lors du siège d’Oka en 1990 devant les caméras et les Québecois présents sur place avec elle: “Arrêtez et comprenez enfin que quand ils en auront fini avec nous, ils s’en prendront à vous, vous subirez le même sort.”

Regardons le monde d’aujourd’hui, regardons où mène l’idéologie coloniale… Voyons-nous des similitudes avec ce que vivent les nations originelles depuis plus de 500 ans ?…

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Sources ayant servi à écrire cet article:

– Variées depuis l’internet

“Heeding the Voices of our Ancestors”, Taiaiake Alfred (Ph.D), Oxford University Press, 1995.

Complément de lecture sur Résistance 71:

https://resistance71.wordpress.com/abolir-lempire-mouvement-pour-la-repudiation-de-la-doctrine-chretienne-de-la-decouverte/

https://resistance71.wordpress.com/colonialisme-doctrine-chretienne-de-la-decouverte/

https://resistance71.wordpress.com/colonialisme-luttes-indigenes/

https://resistance71.wordpress.com/communication-mohawk/

https://resistance71.wordpress.com/constitution-confederation-iroquoise-en-francais/

https://resistance71.wordpress.com/genocide-pensionnats-indiens-canada-kevin-annett/

https://resistance71.wordpress.com/mohawk-nation-news-en-francais/

https://resistance71.wordpress.com/wampum-deux-rangees/