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Petits précis sur le colonialisme français en « Nouvelle-France »

Posted in actualité, colonialisme, France et colonialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, média et propagande, militantisme alternatif, politique et social, politique française, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , on 21 mars 2014 by Résistance 71

“Cela devrait paraître évident que le patriotisme est un mauvais sentiment porteur de destruction et une stupide doctrine ; car il est clair que si chaque peuple et chaque état se considère être le meilleur peuple et état, ils puisent cela d’une illusion néfaste et dangereuse […] Tous les peuples du soi-disant monde chrétien ont été réduits par le patriotisme à un tel état de brutalité, que non seulement ceux qui sont obligés de tuer ou d’être tués désirent le massacre et se réjouissent du meurtre, mais aussi tous les peuples d’Europe et d’Amérique, vivant pacifiquement dans leurs maisons sans être exposée à un quelconque danger, sont, à chaque guerre, et ce grâce aux moyens de communication et à la presse, dans la position des spectateurs du cirque romain et comme eux, se réjouissent du massacre et clâment sanguinairement ‘Pollice verso’ [à mort !].”

~ Léon Tolstoï (“Patriotisme et Gouvernement”, 1900) ~

 

Faits et méfaits de la France lors de sa colonisation de la Nouvelle-France ~ XVIIème XVIIIème siècles

 

Résistance 71

 

21 Mars 2014

 

Nous avons noté une certaine propention à raviver une justification de la colonisation. En ces temps de totale déliquescence politique, les nostalgiques de la III ème république et autres afficionados de la monarchie s’en donnent à cœur joie pour tenter de raviver la pathétique flamme patriotique au nom de “valeurs” soi-disantes “humanistes” et de “grandeur patriotique”. Des valeurs si “humanistes” qu’elles menèrent l’occident et donc la France à piller le monde en se revendiquant qui de dieu, qui du roi, qui de la responsabilité de civiliser, d’éduquer et d’évangéliser/républicaniser (c’est pareil…) ces sauvages, païens, sarrazins et imbéciles des contrées d’outre-mer et ce dans une frénésie génocidaire remontant à la fin du XVème siècle jusqu’à aujourd’hui.

Nous devons analyser, comprendre et tirer les conclusions qui s’imposent du comment l’occident est arrivé à ce stade hégémonique jamais égalé dans l’histoire de l’humanité. Notre histoire, si elle se lit de guerre en guerre et de crime en crime, se confond aujourd’hui avec l’histoire d’un monde inégal, injuste, belliqueux, veule et voué à la destruction planifiée. L’occident est ce qu’il est parce qu’il a pillé, saccagé, dominé, écrasé, exploité, le reste de l’humanité depuis plus de 500 ans. Cela commença avec nous- mêmes puis vint l’extension des massacres sur tous les continents au nom d’un dieu aussi ethnocentrique et sanguinaire qu’imaginaire, remplacé bientôt par son pendant économique.

Si nous ne sommes pas, nous, citoyens du XXIème siècle, directement responsables des crimes commis à “l’époque”, ceux-ci font néanmoins partie de notre patrimoine historique que nous devons tous collectivement reconnaître et assumer, c’est en effet la moindre des choses que nous puissions faire. Beaucoup de Français pensent que la colonisation, c’est de l’histoire ancienne… Que faisons aujourd’hui au Mali, qu’avons-nous fait en Libye ? Quelle fut et est toujours notre implication dans le contrôle des ressources de certaines régions africaines qui furent nos anciennes colonies sous la macabre IIIème république et sa descendance appliquée à perpétrer l’héritage génocidaire ? Les Etats-Unis, le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande sont toujours des colonies sous domination monarchique, présentant une façade “démocratique”, ne se comportant qu’en entité entrepreneuriale dont le seul but est l’extraction des richesses naturelles au profit de la même clique d’oligarques de la “couronne”/City de Londres et affiliés.
L’enclave francophone du Québec répond à cette même “couronne”, entité commerciale, dont elle n’est qu’une succursale. L’ensemble de cette vaste escroquerie tient sur des tenants pseudo-légaux datant du XVème siècle sous la forme de diktats papaux toujours en vigueur aujourd’hui et directement intriqués dans la fabrique pseudo-légale fondatrice des empires coloniaux passés et présents. Demandons-nous qui vote pour entretenir cette permanence du crime contre l’humanité de génération en génération et se rend ainsi complice des crimes commis ?

Il n’y a aucune justification possible à l’asservissement et au dépouillement de peuples et de nations entières au profit d’une clique d’oligarques élus et non élus. Le passé colonial de la France est sombre et aussi criminel que celui de toutes autres entités étatico-commerciales exerçant les mêmes turpitudes. Il n’y a pas de hiérarchie dans les crimes contre l’humanité et il ne doit pas y avoir de deux poids deux mesures dans leur reconnaissance.  C’est à nous les peuples occidentaux de faire la plus grande partie du chemin vers une véritable réconciliation avec tous ceux que nous avons opprimés depuis plus de 500 ans, c’est notre responsabilité, parce qu’au bout du compte… Nous sommes tous des colonisés, nous sommes tous colonisés par cette idéologie tantôt ouverte tantôt rampante de la colonisation qui nous inscrit, sans notre consentement, dans la catégorie des “êtres supérieurs” ayant le devoir de dominer et “d’éclairer” le monde…

Il est plus que temps de nous réveiller une bonne fois pour toute de cette foutaise, de ce voile édulcoré, fabriqué à dessein pour nous voiler la face des turpitudes de l’oligarchie en place, la même quasiment depuis 500 ans, simplement plus “perfectionnée”, plus “sophistiquée” au fur et à mesure de la mutation du monstre froid qu’elle chevauche.

Alors… Le colonialisme français du nouveau-monde fut-il un moindre mal comparé au colonialisme anglais ? Possible, bien que les méfaits, les abus et les crimes soient bien présents et documentés, mais cela ne peut en rien le justifier ou le considérer comme un élan civilisateur. Nous présentons ci-dessous un échantillon du “bon” et du moins bon. Mais une chose demeure certaine: Pour avoir une véritable idée de l’histoire d’une période, il ne faut pas la résumer à l’historiographie des vainqueurs, des élites, des militaires et des grands bourgeois, en charge de la rédaction d’une histoire falsifiée, tronquée à dessein pour endoctriner les foules à la servitude volontaire. Il est nécessaire de rechercher et de recouper l’historiographie des dominants avec les témoignages et archives des dominés, c’est alors que le dépoussiérage salvateur s’opère. Alors une histoire de la Nouvelle-France narrée par des historiens monarchistes a autant de valeur que l’histoire de la colonisation de l’Afrique et de l’Asie par la France de la IIIème république narrée par des républicains bon teints, convaincus peu ou prou par le modèle raciste qu’ils encensent.

La voie du milieu permet de voir, d’analyser et d’admettre les crimes commis. Sortons de la dissonance cognitive, c’est la seule façon de changer de paradigme. Ceci passe par une vision historique claire des méfaits de notre civilisation, leur reconnaissance, afin de corriger le tir, de corriger l’E.R.R.E.U.R pour une véritable réconciliation.

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“En 1754, avant l’avènement des Etats-Unis, les Britanniques déclarèrent la guerre aux Français, précipitant les pays l’un contre l’autre dans une bataile qui commença dans la vallée de l’Ohio, que les Français avaient déjà colonisé.

Les tribus alliées aux Français espérèrent maintenir l’expansion britannique au loin. Les Français avaient causé moins de griefs que les Anglais, qui amenaient avec eux leurs femmes et leurs familles pour vivre, tandis que les trappeurs français mariaient quant à eux, les femmes indiennes et vivaient avec les autochtones en grande partie. A part avoir amené le catholicisme, les Français vivaient de manière amiable parmi les Indiens sans s’imposer, ni imposer leur style de vie.

[…]

Les Français faisaient croire aux Indiens que les Anglais les avaient escroqué dans le commerce, leur avaient pris leurs terres sans leur donner l’équivalent et ainsi leur firent croire qu’ils devaient poussé les Anglais hors du pays. Les Anglais firent la même chose de leur côté, mais pas avec le même succès, car ils ne purent jamais parvenir à se rendre plus sympathiques et favoris des Indiens que les Français le purent.”

Source: “Indigenous History: The War between the French and the Indians ends with the Treaty of Paris” (Christina Rose)

http://indiancountrytodaymedianetwork.com/2014/02/10/native-history-french-and-indian-war-ends-treaty-paris-153485?page=0%2C0

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“Lorsque les Britanniques combattirent les Français pour l’Amérique du Nord dans la guerre de sept ans, les Indiens combattirent du côté des Français. Les Français était des commerçants et non des occupants des territoires indiens, tandis que les britanniques clairement convoitaient leurs terrains de chasse et leur espace vital… Le général anglais Braddock approcha le chef Shingas de la nation Delaware pour savoir s’il accepterait de combattre aux côtés des Anglais. Celui-ci lui demanda si les Indiens auraient alors le droit de vivre côte à côte avec les Anglais et d’obtenir des terres de chasse suffisamment grandes pour la vie de sa nation. A cela le général répondit qu’aucun sauvage ne pourra hériter de la terre, ce à quoi le chef Delaware rétorqua que s’il n’avait pas la possibilité de vivre libre et en paix sur la terre ancestrale, il ne se battrait sûrement pas pour elle…”

Source: “Une histoire populaire des Etats-Unis”, Howard Zinn

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Il est important qu’il n’y ait pas de paix du tout entre nos frères Hurons et leurs voisins, car ceci est requis pour la foi et le commerce des fourrures.” ~ (Jean de Brebeuf, missionnaire jésuite en Nouvelle France, Canada, 1642) ~

“Quand l’explorateur français Jacques Cartier rencontra en premier les pacifiques indigènes Miq’maq (NdT: qui existent toujours dans les provinces de la Nouvelle-Ecosse, du Nouveau Brunswick et du Québec) dans la province actuelle du Nouveau Brunswick en 1534, son équipage lui suggéra de faire tirer le canon avec des salves de soufre, de plomb, de verres brisés et de cailloux (mitraille improvisée). Puis les Français attaquèrent leurs villages et demandèrent aux survivants toute leur richesse et leurs femmes.

Une telle attitude “civilisée” n’empêcha pas Cartier de commenter:

Ces gens peuvent être appelés sauvages, car ils sont les plus pauvres de la terre: ensemble, ils n’ont pas la valeur de cinq sous entre eux. Et pourtant, ils partagent tout ce qu’ils ont avec les autres et vivent dans une véritable communauté de biens. Ils sont complètement étrangers à toute notion de propriété et tout ce qui appartient à l’un appartient tout aussi bien à l’autre… Ils sont sûrement de meilleurs chrétiens en ce sens que nous ne le sommes.” ~ (cité dans “Founding of Canada des débuts à 1815”, Stanley Ryerson, 1960) ~”

[…]

Sous les jougs espagnol et français, les tribunaux de l’inquisition furent souvent de rigueur pour traduire des Indiens en “justice”. Il y eut plus de 900 procès pour hérésie contre des Indiens au Mexique au XVIème siècle. Dans un de ces “Auto da Fe” (ou “acte de foi”, le nom formel de l’inquisition), qui s’est tenu au Mexique en 1570, plus de 3 800 Indiens furent condamnés, pendus ou brûlés vifs pour “hérésie”.

Un tel terrorisme religieux n’était pas moins actif dans les terres saisies par l’Angleterre, la France ou la Hollande au nord de l’Amérique espagnole.

Par exemple, après l’arrivée des premiers jésuites en Nouvelle-France (maintenant le Québec) en 1611, cet ordre religieux déclara une guerre ouverte aux nations indiennes alliées avec le rival anglais et même aux nations autochtones neutres, comme les Algonquins. En tant qu’investisseurs majeurs dans le commerce de la fourrure, les jésuites protégèrent leurs profits en éliminant les nations indiennes qui délivraient des fourrures aux mains des Anglais. Ainsi, dès 1640, les jésuites étaient d’accord avec un plan du gouverneur Montmagny de la Nouvelle-France pour chasser et exterminer tous les Algonquins non-chrétiens.

Les missionnaires jésuites “en robe noire” diffusèrent la variole, les armes à feu et l’alcool parmi les tribus algonquines de l’est du Canada de manière si efficace qu’environ les trois-quarts de celles-ci furent anéantis en moins d’une génération. La maladie se répandit aux tribus voisines, ce qui eut pour résultat que même les alliés des Français comme les Hurons, furent gravement atteints de dépopulation et furent virtuellement exterminés vers l’an 1700.

Source: Extraits de la traduction du livre de Kevin Annett “A découvert: Génocide passé et présent au Canada”, 3ème édition, 2010

https://resistance71.wordpress.com/2013/09/23/colonialisme-et-genocide-au-nouveau-monde-a-decouvert-genocide-au-canada-passe-et-present-introduction-2eme-partie/

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“Lorsque Jacques Cartier est arrivé dans la ville de Québec en 1534, il a kidnappé des enfants autochtones qui ne sont jamais revenus. Aujourd’hui, nous attendons le retour de ces enfants et une enquête sur tous ceux qui sont portés disparus et ont été assassinés jusqu’à aujourd’hui. Samuel de Champlain a été envoyé ici pour créer et générer la tactique du “diviser pour mieux régner”. Lorsqu’il vit pour la première fois les Mohawks, il fit ouvrir le feu à Saratoga sur le lac Champlain en 1609, tuant les trois chefs.

Les Français se sont ensuite alliés avec les Américains. Les Britanniques signèrent des accords illégaux à Paris (NdT: Traité de Paris de 1763 suite à la guerre de 7 ans entre la France et l’Angleterre perdue par la France) pour donner libre cours aux envahisseurs et l’escalade inexorable de leur saisie coloniale des terres. Les Québecois et les Canadiens se vantent de la saisie de nos territoires lors de la guerre révolutionnaire. Ce crime fait partie de leur histoire et de leur identité.”

Source: Mohawk Nation News

https://resistance71.wordpress.com/2014/03/13/petit-precis-de-lhistoire-coloniale-de-la-nouvelle-france-vu-du-cote-indien/

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“En 1540, le roi de France François 1er annonça son intention d’établir une colonie (en Nouvelle France) afin d’exploiter les ressources de la région et de justifier cette colonie en langage religieux avec cette idée d’amener de nouvelles âmes à leur dieu. Tout comme les autres pays européens, les Français ne reconnaissaient aucune validité aux religions aborigènes, à la possibilité que la terre appartenait aux Indiens, ni leur capacité à se gouverner eux-mêmes.

D’après la doctrine chrétienne de la découverte, une doctrine légale (droit canon) disant explicitement que les monarques chrétiens avaient un droit, une possibilité, une obligation, de règner sur les nations non-chrétiennes ; les Français assumèrent que leur religion et gouvernement (catholique) étaient supérieurs à ceux des autochtones natifs des Amériques…”

Source: “Jesuits in New France in the 17th century”

http://www.dailykos.com/story/2012/03/27/1078205/-Indians-101-17th-Century-Jesuits-in-New-France#

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“La grande paix de Montréal fut achevée le 25 Juin 1701. C’est le traité qui fut établi pour cadrer le droit des envahisseurs de vivre ici. L’histoire canadienne n’en fait pas état.

Les Français furent appelés à faire la paix pour mettre fin à leur guerre de 92 ans contre nous, appelée les guerres franco-indiennes.

En juillet 1701, nous avons apporté les ceintures Wampum aux britanniques à Albany, qui l’avait reprise de la colonie hollandaise de la Nouvelle-Amsterdam en 1684. Ils furent d’accord sur les mêmes termes. De là, le traité Nanfan de 1701 donna la permission aux britanniques de vivre en paix avec nous.”

[…]

“La révolution américaine/guerre d’indépendance fut le premier faux-drapeau. Elle fut faite pour détruire la Grande Loi de la Paix et la transformer en la constitution de guerre des Etats-Unis. En 1779, les Américains envoyèrent 13000 soldats à Onondaga, la capitale de la confédération iroquoise afin d’essayer de détruire la paix pour toujours. Ils ne purent jamais éteindre le feu du peuple.

Les Britanniques ancrèrent leurs navires à Québec et prirent une année sabbatique de façon à ce que les Américains puissent en finir avec nous.

Sous l’égide de la loi internationale, lorsqu’un tel traité est brisé, tout redevient comme au jour d’avant la ratification de celui-ci. Dans ce cas présent, au 24 Juin 1701. Nous n’avons JAMAIS donné ou rendu quoi que ce soit. Les Européens ont renié leur accord de vivre en paix. Ce ne sont ni plus ni moins que des squatters.”

Source: Mohawk Nation News

http://mohawknationnews.com/blog/2012/06/28/1701-great-peace-of-montreal/#comment-2733

Résistance politique: Combattre et éradiquer le fléau colonial, première nécessité ~ 2ème partie ~

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“Le grand responsable dans le domaine de la colonisation est le pédantisme chrétien pour avoir posé les équations malhonnêtes: Christianisme = Civilisation et Paganisme = Sauvagerie, d’où ne pouvait que s’ensuivre d’abominables conséquences colonialistes et racistes, dont les victimes devaient être les Indiens, les Jaunes et les Nègres.”
~ Aimé Césaire ~

*  *  *

“Au travers des années, les anthropologues ont réussi à enterrer les communautés indiennes si complètement sous une masse d’information sans aucune importance que l’impact total de la communauté universitaire sur les peuple indigène est devenu celui d’une simple autorité… Dans les grandes largeurs, les nègres étaient considérés comme des bêtes de somme, tandis que les peaux-rouges étaient considérés comme des animaux sauvages, les niakoués comme des animaux domestiques et les chicanos de marrantes bestioles fainéantes.”

~ Vine Deloria Jr. ~

 

 

Tuer le colon intérieur pour sauver l’homme

 

Résistance 71

 

1er Juillet 2013

 

Nous avons emprunté pour titre de cet exposé, en la paraphrasant, une déclaration tristement célèbre d’un capitaine de l’armée américaine, Richard Pratt, qui en 1892 déclara qu’il fallait “Kill the Indian and save the man” (“Tuer l’indien pour sauver l’homme” c’est à dire tuer l’indien à l’intérieur de lui-même pour sauver l’homme). Ceci fut le motto d’une des plus atroces campagnes de génocide culturel de l’Histoire, concernant les populations natives d’Amérique du Nord, qui vit les enfants indigènes arrachés de leur environnement pour être endoctrinés par la force dans des pensionnats où les histoires d’horreur d’abus d’autorité, de viols et de meurtres, tant sous l’égide des autorités étatiques que religieuses, sont légions. Pratt fut en charge du programme et ouvrit la première école à cet effet: la Carlisle School de sinistre renommée.

Nous avons vu dans notre précédent article sur le sujet “Tous colonisés”, que si la colonisation est le plus grand fléau de l’humanité, elle n’a pu être possible que parce que l’oligarchie qui la commandite a d’abord réussi à endoctriner les masses occidentales pour qu’elles acceptent le concept arrogant, fondamentalement raciste et criminel de la colonisation. Il a fallu que nous soyons “convaincus” du bien fondé de “l’universalisme occidental”, du “devoir de civilisation” de l’occident, si chers aux criminels tels Jules Ferry, larbins des cartels monopolistes industriels et banquiers en France et ailleurs en occident.

Si la colonisation est incontestablement plus dure dans les pays conquis, elle n’en est pas moins le résultat d’une colonisation des esprits à la maison, c’est en cela que nous sommes tous des colonisés, sous le joug de la même pensée unique doctrinaire et réactionnaire, qui écrase les peuples et annihile les consciences et les cultures.

Le devoir des peuples aujourd’hui, si nous voulons réellement échapper à l’emprise mortifère qui nous opprime tous, colonisés et colons pour la plupart involontaires, est le devoir de “décolonisation”. Nous devons décoloniser comme on dératise.

Grâce à un certain nombre de travaux ethnologiques et sociologiques, tels ceux de gens comme Aimé Césaire, Frantz Fanon pour la France ou Vine Deloria et Taiaiake Alfred pour l’Amérique du Nord (Deloria étant in Sioux, Alfred Iroquois, Mohawk, tous deux professeurs de science politique) nous avons une très bonne compréhension de ce qu’est la colonisation, ses tenants et aboutissants et certains principes pour l’éradiquer. Nous reprendrons ici en l’adaptant la méthode résultant d’une analyse de fond d’Alfred, pour permettre aux nations indigènes de rester sur le chemin de la décolonisation. Cette méthode peut et doit également être appliquée sur nous, afin que nous sortions de la transe suprémaciste factice forcée sur nous par une oligarchie avide de maintenir son pouvoir privilégié exclusif d’abord sur nous, puis sur les peuples des nations conquises, colonisées.

Les cinq points clés pour demeurer sur le chemin de la décolonisation:

(source: Taiaiake Alfred, professeur de science politique à l’université de Victoria, Colombie Britannique, Canada et directeur du programme d’étude sur la gouvernance indigène)

 

  • Langage: ne pas laisser la langue être annihilée, restaurer / maintenir le langage traditionnel
  • Territoire: connexion, relation à la terre ancestrale
  • Nourriture: retour à un régime alimentaire traditionnel
  • Peur: arrêter d’avoir peur, la peur est l’outil du contrôle
  • Pratique: mettre en pratique en groupe et étendre la sphère d’influence peu à peu

 

Ces cinq points clés ont été identifiés comme étant le meilleur moyen de garder les peuples colonisés sur le chemin de la décolonisation sans être récupérés, co-optés par les entités étatiques dont les fonctions sont de promouvoir le consensus du statu quo et la survie du pouvoir colonialiste. Ce chemin de la décolonisation est emprunté par un certain nombre de nations indigènes des Amériques, parfois avec grand succès ; citons par exemple la confédération iroquoise, qui a la particularité de se situer de part et d’autre de la frontière américano-canadienne, les nations de l’Ouest canadien en Colombie Britannique, la nation Lakota (Sioux) avec la création de la république des Lakotas après un retrait unilatéral du traité de Fort Laramie de 1868, la nation Mapuche au Chili et bien sûr les nations indigènes du Chiapas au sud du Mexique, dont nous relayons l’actualité sur ce blog le plus souvent possible et tous ceux que nous omettons qu’ils nous en excusent.

En quoi donc ceci peut-il être adapté aux peuples occidentaux, eux-mêmes colonisés par la pensée unique mortifère oligarchique, qui a historiquement forcée les peuples à accepter cette escroquerie de la “mission civilisatrice de l’occident” à des fins hégémoniques. Reprenons donc point par point le chemin de la décolonisation et voyons comment nous pourrions l’utiliser pour nous libérer nous-même de la transe maléfique dans laquelle nous avons été plongés il y a trop longtemps déjà.

1-   Le langage:

En ce qui nous concerne, nous devons faire attention à deux choses. La première est de ne pas laisser les langages dégénérer comme cela est en train de se faire avec l’ère électronique et l’avènement du code, de la convention de langage SMS et internet d’un côté et d’un autre côté de l’intégration de mots d’origines étrangères dans la langue. Si toute langue vivante évolue de manière naturelle, l’évolution d’une langue n’implique aucunement sa désintégration dans une bouillie pseudo multi-culturelle.
La seconde chose est le danger de l’imposition par la caste privilégiée d’une novlangue directement sortie du roman “1984” de George Orwell. Aujourd’hui, l’occident ne fait plus la guerre, il “intervient humanitairement pour la paix et la démocratie”, chez Orwell “la guerre est la paix”. Aujourd’hui, l’occident ne supprime pas les libertés individuelles, il “lutte contre le terrorisme”, ceci impliquant la surveillance de tout le monde et la perte des libertés individuelles (voir les lois liberticides en vigueur et le dernier scandale en date des écoutes mondiales de la NSA américaine). Aujourd’hui, comme chez Orwell, “le mensonge est vérité” et les ministères de la propagande occidentaux veillent au grain pour que le décryptage propagandiste ne puisse pas se faire à grande échelle. Ce fut vrai pendant un bon nombre de décennies, mais depuis plusieurs années, la résistance à la sémantique totalitaire a gagné pas mal de terrain.

2-   Le territoire:
Si la relation des peuples colonisés à la terre ancestrale est plus évidente, il n’en demeure pas moins vrai que chaque colons a souvent des relations dans le pays d’origine de sa famille. Prenons le cas d’une famille canadienne dont le père serait d’origine allemande (un des berceaux du Canada et de ses premiers colons est la ville de Lunenbourg en Nouvelle Ecosse, qui constituait une grosse communauté germanophone dès le XVIIème siècle) et la mère d’origine anglaise ou irlandaise ou écossaise. Il est plus que probable que ces personnes ont encore de la famille en Europe qu’elles visitent de temps en temps et réciproquement. Il en va de même avec les Québecois et la France, les Australiens, Neo-Zélandais et Etats-Uniens avec leurs racines européennes ou moyen-orientales (diaspora libanaise par exemple). Même pour les colons de la xème génération, la relation à la terre d’origine est toujours forte et s’amplifie avec l’âge semblerait-il. Beaucoup de retraités décident de “retourner aux sources”, symbolisant par là même un malaise refoulé, voire pour certains un sentiment de culpabilité assumé au delà d’une curiosité à assouvir.
Ainsi la connexion à la terre ancestrale demeure souvent réelle. Pour ceux des occidentaux qui n’ont pas physiquement participés à la colonisation mais n’en sont pas moins des colonisés de l’esprit à domicile, il est important de conserver son petit coin de terre originelle et de ne pas oublier ses racines, ni sa langue, ni ses traditions régionales.

3-   La nourriture:
Ici nous pouvons parler d’une véritable hégémonie “culinaire” du fast food et du “plat préparé”, qui nous a été imposée à des fins purement commerciales et de domination alimentaire. Si la France résiste et garde une certaine tradition culinaire, la qualité des produits agricoles est en chute libre depuis déjà un bon moment. Dans le domaine de l’agro-alimentaire, nous sommes passés de l’empoisonnement des populations par nécessités économiques (agriculture intensive, rentabilité sur des stratégies chimiques) à un empoisonnement programmé génocidaire des populations par l’oligarchie.
Reconquérir notre nourriture traditionnelle, celle faite avec des produits de qualité (connexion supplémentaire au point précédent de la terre ici…) et donnant une quantité et surtout une qualité nutritionnelle optimale, est une nécessité absolue. Le seul moyen  de reconquérir notre nourriture passe par le boycott des cartels agro-alimentaires et le patronage des petits agriculteurs, des maraichers et des éleveurs de terroir à la qualité de produits avérée. Ici, nous parlons d’une stratégie délibérée de reconquête de notre nourriture, cela est parfaitement possible dans un laps de temps relativement court, même si bon nombre de sols agricoles sont “grillés” chimiquement pour plusieurs dizaines d’années, l’espace de création existe toujours, il suffit de mieux gérer en faisant la promotion du local et de la qualité.

4-   La peur:
Essentiel ! Arrêtons d’avoir peur… Peur des représailles, peur du système en place, peur du futur, peur de l’inconnu d’un nouveau paradigme. Ceci représente souvent la plus grande des peurs: se retrouver devant l’inconnu et se décider à franchir le pas. Tout consiste en le “lâcher prise” d’avec les anciennes valeurs devenues obsolètes mais auxquelles on se rattache comme à une bouée en pleine eau. Pour vaincre la peur, le point #5 est essentiel…

5-   La pratique:
Créer de petits groupe de réflexion et de travail, appliquer ce qu’on décide à petit échelle, gardant à l’esprit que le but est d’élargir la portée de cette praxis (réflexion + action) pour déboucher sur un nouveau paradigme d’organisation de la société à bien plus vaste échelle, dans le style d’une confédération de communes libres et autogérées par exemple. La pratique et la mise en commun des idées en suivant une ligne politico-sociale déterminée par toutes et tous, aide à supprimer la peur initiale de l’inconnu, à reprendre confiance et à pratiquer et encourager la seule qualité humaine au-delà de l’intelligence qui nous a permis non seulement de survivre mais d’évoluer sur le chemin du bien commun: la solidarité faite d’entre aide mutuelle et de coopération.
C’est cela que nous devons redécouvrir, ensemble.

Nous avons vu que les points clés déterminés comme étant essentiels pour que les colonisés demeurent sur le chemin de la décolonisation et retrouve la voie identitaire, peuvent parfaitement s’appliquer à nous, peuples occidentaux. Pourquoi donc si nous étions si différents et incompatibles comme l’oligarchie nous l’assène depuis la fin du XVème siècle ? Simplement parce que nous sommes également colonisés, la colonisation de nos esprits par la pensée oligarchique qui a déployée une foule d’artifices pour générer un consentement sinon de fait du moins tacite des masses, est responsable de ce que nous n’ayons pas été suffisamment critiques des horreurs de la colonisation et de son inutilité factuelle.

Nous pensons que le monde s’émancipera définitivement de la tutelle étatique, raciste, arrogante et mortifère de l’oligarchie hégémonique, lorsque les peuples colonisés (indigènes) et les peuples colonisés de l’esprit (nous) joindront leurs forces et créeront ensemble la société du futur, une société égalitaire, fraternelle, solidaire et donc libre, où l’intérêt commun sera en permanence l’objectif de toute action intentée.

En cela les peuples colonisés et la décision des peuples occidentaux de se tenir à leurs côtés, détermineront la destinée de la planète.

 

=  =  =

 

Note:

Ceci peut bien évidemment être appliqué par tout peuple victime du néo-colonialisme occidental. Nous n’avons pas spécifiquement mentionné ici les peuples africains simplement parce qu’officiellement du moins, la colonisation “n’existe plus” et les nations anciennement colonisées sont devenues indépendantes. Nous sommes parfaitement conscients que les relations internationales dites “post-coloniales” ne sont qu’un travesti de ce qui devrait être. L’occident non seulement ne respecte pas les peuples africains devenus souverains mais s’est rendu coupable de la mise en place d’un système mafieux de contrôle des pays et des ressources naturelles et humaines par le biais de l’impositino de gouvernements fantoches. L’Afrique vit ajourd’hui et ce depuis les indépendances des nations, sous un de facto joug néo-colonial, encouragé par le clientélisme politico-financier.

Le seul peuple y subissant aujourd’hui une oppression similaire aux indigènes du continent américain étant le peuple palestinien soumis au colonialisme sioniste et dont les territoires se réduisent à une peau de chagrin depuis 1947.

 

Bibliographie:

  • Aimé Césaire, “Discours sur le colonialisme”, 1955
  • Frantz Fanon, “Peau noire, masque blanc”, 1952
  • Vine Deloria, “Custer died for your sins”, 1969
  • Taiaiake Alfred, “Heeding the Voices of our Ancestors”, 1995
  • Taiaiake Alfred, “Peace, Power, Righteousness, An Indigenous Manifesto”, 1999, 2009
  • Taiaiake Alfred, “Wasase, Indigenous Pathways of Action and Freedom”, 2005
  • Nils Anderson, “Fondements et permanence du colonialisme”, 2011
  • Saïd Bouamama, “L’espace mental colonial comme matrice du racisme contemporain”, 2013
  • Immanuel Wallerstein, “Eurocentrism and its Avatars: the Dilemmas of Social Science”, 1997

Résistance politique: Combattre et éradiquer le fléau colonial, première nécessité

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“L’histoire du système mondial moderne a été pour sa plus grande partie, une histoire de l’expansion des États et peuples européens sur le reste du monde… L’expansion a impliqué dans la très vaste majorité des régions du monde incriminées, la conquête militaire, l’exploitation économique et d’énormes injustices.”

~ Immanuel Wallerstein, “European Universalism” ~

 

“Du moment que nous avons admis cette grande violence de la conquête, je crois que nous ne devons pas reculer devant les violences de détail, qui sont absolument nécessaires pour la consolider.”

~ Alexis de Tocqueville ~

 

Nous sommes tous des colonisés !

 

Résistance 71

 

16 Mai 2013

 

2ème partie

 

Le problème du colonialisme et de son avatar néo-colonial dans la société “post-coloniale” dans laquelle nous sommes censée vivre, est LE problème vital de notre temps à notre sens car il reflète, recycle et applique sur le terrain toutes les idéologies religieuses, devenues pseudo-scientifiques, de justification de l’oppression du vaste nombre par l’infime minorité.

Il n’y aura pas de changement sociétaire sans une refonte totale de la pensée et de l’attitude occidentales envers le monde en général et de l’occident lui-même en particulier.

Le nœud gordien du problème se situe au cœur même du credo économique de nos sociétés, celui de la propriété privée (à ne pas confondre avec la possession, cf. Proudhon), nous renverrons a ce sujet nos lecteurs aux écrits et démonstrations de Proudhon à ce sujet, car nous nous attacherons ici plus aux phénomènes sociologiques, psychologiques et anthropologiques du problème. Nous nous attacherons ici à montrer que d’un fondement religieux (la chrétienté contre les sauvages et les hérétiques), la raison d’être du colonialisme a glissé vers la pseudo-science une fois la racine religieuse chrétienne tombée en désuétude au XIXème siècle. Quoi qu’il en soit, tout part du même principe, celui d’une suprématie, et du sentiment de supériorité de la civilisation occidentale.

Dans son ouvrage classique et incontournable sur le sujet: “Discours sur le colonialisme” (1955), Aimé Césaire nous dit ceci:

Le grand responsable dans le domaine de la colonisation est le pédantisme chrétien pour avoir posé les équations malhonnêtes:

Christianisme = Civilisation et paganisme = sauvagerie, d’où ne pouvaient que s’ensuivre d’abominables conséquences colonialistes et racistes, dont les victimes devaient être les Indiens, les Jaunes, les Nègres.”

Au nom d’un dieu aussi aléatoire qu’oppresseur, l’occident a fait main basse dès la fin du XVème siècle, sur les terres du nouveau monde et au nom de “l’universalisme” culturel (aujourd’hui devenu “l’humanisme” occidental fondement du “droit d’ingérence” dans les affaires d’autrui…), a massacré, pillé, torturé, mis en esclavage les peuples indigènes aux nouveaux territoires, puis du continent africain et d’une bonne partie de l’Asie. A ce sujet, les écrits à la fois de Christophe Colomb dans son journal et ceux du prêtre, défenseur des indiens, Bartolomé de La Casas, sont formels et sans équivoque: massacres et mise en esclavage furent le lot quotidien au nouveau monde.

Comme l’a fait justement remarquer Nils Andersson, le système colonial est fondé sur six permanences:

  • La primauté du territoire sur les populations
  • L’accaparement des richesses
  • L’évangélisation
  • L’exploitation sociale et humaine des peuples colonisés
  • Le recours à la violence de la guerre et de la répression
  • L’aliénation du colonisé

Si la motivation économique de la colonisation est indéniable, surtout depuis la fin du XVIIIème siècle ; elle ne peut être possible que par une double aliénation.

Celle à la fois du colonisé et du colonisateur. Pour que le concept d’universalisme religieux, revendiqué très tôt par l’Europe, puisse être inculqué, puis lorsque la religion eût faibli, le relais soit pris par le concept d’universalisme culturel, d’humanisme universel de l’occident justifiant le principe d’ingérence toujours de rigueur aujourd’hui, il faut que les esprits de l’opinion soient formatés par une doctrine suprémaciste, que le peuple colonisateur soit convaincu du bien-fondé de la mission à assumer “au nom de l’humanité”. Ainsi la doctrine est simple, elle assume et clâme que l’occident a inventé la science, que de toutes les sociétés, seule l’occident à le pouvoir de penser, que la connaissance est son apanage et le reste du monde n’est qu’une nuit de pensées primitive ne demandant qu’à être éclairée. Nous sommes ici dans l’archétype même de l’ethnocentrisme et de la pensée totale éronnée s’auto- proclamant universelle.

De la même manière, les peuples colonisés doivent-ils être convaincus de la supériorité affirmée de leurs oppresseurs, de leurs bourreaux. Dans un cas comme dans l’autre, ceci relève de la manipulation psychologique totale et n’a aucun fondement scientifique.

Aimé Césaire disait:

Il faudrait d’abord étudier comment la colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à l’abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux bas instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral et montrer qu’à chaque fois qu’il y a au Vietnam une tête coupée et un œil crevé et qu’en France on accepte, une fillette violée et qu’en France on accepte, un Malgache supplicié et qu’en France on accepte, il y a un acquis de la civilisation qui pèse de son poids mort, une régression universelle qui s’opère, une gangrène qui s’installe, un foyer d’infection qui s’étend… et alors, un beau jour, la bourgeoisie est réveillée par un formidable choc en retour: les gestapos s’affairent, les prisons s’emplissent, les tortionnaires inventent, raffinent, discutent autour des chevalets… Avant d’être victime du nazisme on en a été complice, que ce nazisme là on l’a supporté avant de le subir, on l’a absous, on a fermé l’œil dessus, on l’a légitimé, parce que jusque là, il ne s’était appliqué qu’à des peuples non européens…

Le politique primant l’économique (l’État naît de la division de la société en oppresseurs et opprimés indépendamment de l’économique, le clivage est d’abord politique avant d’être économique, comme l’a montré fort à propos l’anthropologue Pierre Clastres dans ses travaux de echerche), colonisés et colonisateurs sont tous deux opprimés par le même schéma d’expression de l’autorité: le tribut. Pour assoir son pouvoir, l’oligarchie a très tôt fait payer le tribut à son peuple, car c’est en faisant payer le tribut que l’oligarchie établie son autorité coercitive et c’est en acceptant de payer le tribut que le peuple se soumet à ses maîtres. Ce tribut s’est ensuite tout naturellement étendu aux territoires colonisés sous la forme de l’exploitation en règle des resssources naturelles et humaines tout autant que du tribut que doivent continuer de payer les colons aux oligarques en place. Le principe de colonisation est en fait un phénomème “à tiroir”, exploitant colons et colonisés (certes à des degrés différents, mais ce n’est qu’une question de degré…) au profit du même tout petit nombre, servi par un lot de fonctionnaires parasites accrochés aux basques du système.

Toute la supercherie réside à faire admettre sur des bases on ne peut plus fragiles, que l’État en première instance est source de loi, sécurité, culture, progrès et égalité (dans sa forme de “démocratie représentative”) et que celui-ci, au nom donc de l’universalisme de la suprématie de la culture occidentale (qui n’est qu’un concept eurocentrique surrané…) représente la lumière qui doit rayonner sur le monde, d’abord à la maison, puis chez les “sauvages” incultes, païens et non-civilisés qui doivent se soumettre.

Ainsi, comme le dit Césaire plus avant: “Entre colonisateur et colonisé, il n’y a de place que pour la corvée, l’intimidation, la pression, la police, l’impôt (note de l’auteur: du tribut…), le vol, le viol, les cultures obligatoires, le mépris, la méfiance, la morgue, la suffisance, la mufflerie, des élites décérébrées et des masses avilies.” Et à ceux qui prétendent et veulent toujours croire que la colonisation c’est: les écoles, les routes, l’éducation, les canaux et les chemins de fer, tous essentiellement bien plus bénéficaires aux colons qu’aux colonisés, Césaire répond:

Moi, je parle de milliers d’hommes sacrifiés au Congo-Océan. Je parle de ceux, qui, à l’heure où j’écris ces lignes (1955), sont en train de creuser à la main le port d’Abidjan. Je parle de millions d’hommes arrachés à leurs dieux, à leur terre, à leurs habitudes, à leur vie, à la vie, à la danse, à la sagesse. Je parle de millions d’Hommes à qui on a inculqué savamment, la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir et le larbinisme.”

Le dogme colonialiste est fondé sur un eurocentrisme forcené, un délire mythomane déclarant comme l’a souligné Immanuel Wallenstein:

La science sociale européenne était résolument universaliste en affirmant que quoi qu’il se fut passé en Europe du XVIème au XIXème siècles, représentait un schéma qui était applicable partout, soit parce que c’était un résultat progressiste de l’humanité qui était irréversible ou parce que cela représentait l’assouvissement des besoins les plus basiques de l’humanité en enlevant les obstacles artificiels à sa réalisation. Ce que nous voyons en Europe n’est pas seulement bon, mais représente le visage du futur partout […] Quand les colonisateurs français du XIXème siècle parlaient de la ‘mission civilisatrice’, ils voulaient dire que par les moyens de la conquête coloniale, la France, ou plus généralement l’Europe, imposerait aux peuples non-européens les valeurs et les normes qui étaient comprises par ces définitions de la civilisation. ”

Comment colonisé et colonisateur s’accommodent-ils de leur situation ? Comment l’un comme l’autre se satisfont-ils du statu quo imposé ? Ceci relève du domaine psychologique et idéologique. En empruntant beaucoup à la théorie gramscienne de l’hégémonie culturelle et à une vision libertaire, anarchiste de la société, le pédagogue critique brésilien Paolo Freire nous donna en 1970 des éléments de réponse dans son brillantissime ouvrage: “La pédagogie des opprimés”, en analysant de manière critique l’idéologie muselant à la fois colonisé et colonisateur, il devisa une pédagogie de la libération, de l’émancipation culturelle, politique et sociale.

Pour le colonisateur, l’oppresseur, tout lui est dû de par la conviction faite sienne de sa supériorité tant culturelle, que raciale. Citons en exemple Jules Ferry, chantre colonialiste de la IIIème république française, qui disait lors d’une intervention à la chambre des députés en 1885 la chose suivante:

Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures… (il est coupé par d’autres députés indignés, puis reprend) Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures...” Ceci fut la ligne historique du colonialisme français de la IIIème république qui mena la France dans les méandres de l’ignominie raciste dont elle ne s’est toujours pas défaite aujourd’hui quoi qu’on en dise et veuille le faire croire (cf. le dogme néo-colonial de la Françafrique toujours si vivace…)

Tout devient dès lors objet de sa domination. Freire analyse: “Pour l‘oppresseur, la conscience, l’humanisation de l’autre, n’apparaît pas comme le but d’une humanité totale, mais plutôt comme une subversion.”

Les colonisateurs/oppresseurs ne perçoivent pas leur monopole, leur hégémonie comme un privilège qui déshumanise les autres. Au delà de leur complexe de supériorité raciale, ils affirment avec aplomb qu’avoir toujours plus est un “droit inaliénable”, un droit qu’ils ont acquis par leur “courage à prendre des risques” et que par conséquent si les autres n’ont pas plus, c’est parce qu’ils sont incompétents, paresseux, voire les deux…  Le colon oppresseur va donc se préserver mentalement et physiquement de la “jalousie” du colonisé/oppressé et confronté aux faiblesses évidentes de ce raisonnement, s’enfoncera dans une dissonnance cognitive pathologique.

Ceci implique qu’en retour du complexe de supériorité de l’oppresseur, il y ait un complexe d’infériorité de l’oppressé, du colonisé. Celui-ci existe, ce complexe d’infériorité savamment entretenu du reste à grand renfort de pseudo-science sociale telles que le malthusianisme et le darwinisme social, qui ont débouchés sur des dogmes ethnologiques et sociologiques erronés, depuis démontés par les travaux d’ethnologues modernes tel Pierre Clastres, est une réalité toute aussi pathologique mais pas irréversible.

Les quatre piliers essentiels de l’oppression (dont le colonialisme fait partie…) selon Paolo Freire sont les suivants:

  • La conquête (physique, culturelle)
  • La Division pour mieux régner
  • La manipulation
  • L’invasion culturelle

Notons au passage que ceci peut à la fois se référer au colonisé mais aussi aux membres d’une nation colonisatrice, qui tombent eux-aussi  sous le coup de la domination, celle du consentement et de sa fabrication à grand renfort de propagande et de fausse-science.

Ainsi pour se libérer de la tutelle oppressive, les peuples doivent faire preuve de:

  • Coopération
  • D’unité pour la libération
  • D’organisation
  • De synthèse culturelle

Ainsi Freire et la pédagogie critique nous indiquent que: “L’authentique libération, le processus d’humanisation, n’est pas un autre dépôt fait dans la tête des Hommes. La libération est une praxis, c’est a dire une réflexion et une action des hommes et des femmes sur leur monde avec pour but de le transformer… Ici, personne n’enseigne à personne, personne ne s’auto-instruit. Les gens s’enseignent les uns aux autres, modérés par leur monde, par les objets connus qui dans un système banquier d’éducation, sont détenus par l’enseignant.

A cela vient s’ajouter une chose essentielle, à notre avis, pour garantir le succès de la sortie et de l’éradication du colonialisme sous toutes ses formes et le possible retour à un paradigme de droit égalitaire et de véritable progressisme libre et non dogmatique où tous et toutes y gagneraient et non pas l’habituelle clique de parasites en contrôle ; comme le note très bien Nils Andersson dans son essai “Fondements et permanences du colonialisme”:

Pour sortir du colonialisme au stade d’une ‘mondialisation’ qui est inscrite dans le processus même des conquêtes coloniales, il y a deux démarches obligées:

  • Rompre avec l’aliénation coloniale
  • Créer les conditions pour que les peuples colonisés, ex-colinisés ET les peuples des métropoles mènent des luttes communes.”

Andersson plus loin dit on ne peut plus pertinemment:

Il en est pour le colonisateur comme pour le colonisé. Les peuples victimes du colonialisme doivent se construire, s’émanciper, se libérer de ce passé et du présent néo-colonial, où suppôts des anciens colonisateurs maintiennent leurs peuples sous leur dépendance et celles des anciens maîtres. Mais l’Homme occidental doit lui aussi assumer son histoire, se libérer de sa propre aliénation de colonisateur, il doit lui aussi faire ‘peau neuve’, sans quoi il ne cesse de reproduire son aliénation domintarice et raciste.”

En conclusion de son essai, Andersson rejoint les thèses d’un auteur natif nord-américain (Mohawk de la confédération iroquoise) dont nous présenterons sur ce blog la traduction de larges extraits d’un texte essentiel pour mieux comprendre le colonialisme dont sont victimes toujours aujourd’hui les peuples natifs des Amériques, le professeur de science politique et spécialiste du droit natif Taiaaiake Alfred, lorsqu’il écrit:

Sortir du colonialisme, qui n’est nullement un système archaïque mais est aujourd’hui un constituant du système globalisé c’est, partant de mouvements locaux et nationaux, là où nous sommes, avec nos différences, nos expériences en conjugant nos mouvements, se donner la capacité d’influer sur l’ordre mondial.

Dans quel but ? Celui de nous émanciper, d’échapper au paradigme mortifère induit par une mini-élite dont l’hégémonie culturelle n’a que trop duré. Le salut sociétaire de l’humanité réside dans la libération du dogme suprémaciste parasite et criminel pour enfin vivre égaux, libres et heureux.

Ceci passe immanquablement par le fin du colonialisme, de son avatar néo-colonialiste, du capitalisme et de l’état garde-chiourme, tous instruments d’oppression de la vaste majorité par le petit nombre.

Lorsque l’occident et ses peuples aliénés auront réalisé et transcendé les leurres et les crimes d’un système qui n’a aucun lieu d’être, alors une révolution copernicienne politique et sociale populaire prendra place, la seule qui libèrera le monde à tout jamais.

Nous sommes tous dans le même bateau comme l’a entrevu parfaitement la 6ème déclaration de la jungle de Lacandon en 2005 par l’EZLN zapatiste du chiapas au Mexique:

Les capitalistes essaient de dominer le monde entier, la planète terre, le néolibéralisme est la théorie, le plan, qui fait fonctionner la globalisation, et le néolibéralisme a ses plans économique, politique, militaire, et culturel. L’objectif de chacun de ces plans est de dominer et de commander à tous et ceux qui n’obéissent pas sont réprimés et exclus afin d’éviter qu’ils contaminent les autres avec des idées de rebellion… Des nations très puissantes comme les Etats-Unis veulent tourner le monde en une gigantesqe entreprise, un marché géant pour vendre et acheter tout ce qui est possible et pour cacher l’exploitation faite autour du monde. Voici pourquoi le mouvement zapatiste EZLN dit que la mondialisation néolibérale est une guerre de conquête du monde entier, une guerre mondiale, une guerre déclenchée par le capitalisme pour dominer la Terre entière. Cette conquête est parfois faite par des armées qui envahissent des nations, mais souvent elle est faite avec l’économie, par le système de la dette et en amenant leur culture capitaliste, qui est la culture de la marchandise, du profit et du marché.”

Les oppressés natifs du sud du Mexique ont le dernier mot de la lucidité. Tendons-leur la main, à eux et à tous les colonisés, qui en retour nous aiderons à surmonter notre culpabilité d’avoir réduit le monde à ce triste paradigme mercantile et obscène.

Bibliographie:

  • Aimé Césaire, “Discours sur le colonialisme”, 1955
  • Nils Andersson, “Fondements et permanence du colonialisme, 2011
  • Jules Ferry, “Les fondements de la politique coloniale”, 1885, archives de l’Assemblée Nationale
  • Georges Clémenceau, “La colonisation est-elle un devoir de civilisation?”, 1885
  • Saïd Bouamama, “L’espace mental colonial comme matrice du racisme contemporain”, 2013
  • Immanuel Wallerstein, “Eurocentrism and its Avatars: the Dilemmas of Social Science”, 1997
  • Pierre Clastres, “La société contre l’État”, 1974
  • Paolo Freire, “La pédagogie des oppressés”, 1970
  • Ira Shor & Paolo Freire, “A Pedagogy for Liberation”, 1987
  • Russell Means, “Where White Men fear to Tread”, 1995
  • Taiaiake Alfred, “Peace, Power, Righteousness”, seconde édition, 2009
  • Taiaiake Alfred, “Wasase”, 2005
  • Diane Engelstad & John Bird, “Nation to Nation, Aboriginal Sovereignty and the Future of Canada”, 1992
  • Peter Nabokov, “Native American Testimony”, revised edition 1999
  • Gloria Munoz Ramirez, “Le Feu et le Mot, une histoire du mouvement zapatiste”, 2008

2ème partie

Résistance au colonialisme: Le Canada restitue des terres Mohawk volées + un peu d’histoire coloniale de la France du nouveau monde…

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Seigneurie de Kahnawake

 

Mohawk Nation News

 

13 Mai 2013

 

url de l’article:

http://mohawknationnews.com/blog/2013/05/13/kahnawake-seigneury/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Les maires du sud de Montréal sont stupéfaits. Le gouvernement du Québec emmené par le Parti Québécois a retourné 300 hectares de terres volées aux Mohawks de Kahnawake. Le maire de Châteauguay a dit que les terres leur appartiennent alors qu’ils les ont volé deux fois et espèrent être compensés ! Ceci est la première fois depuis le début de la confédération que des terres nous ont été retournées. Bientôt viendront les 45 000 acres de terres de Seigneury du Sault St Louis. Sur ces terres se situent certaines villes comme: Châeauguay, St Constant, St Isidore, La Prairie, Candiac, St Rémi, Ste Catherine, Montréal, Lachine, LaSalle et le lit de la rivière de Kaniatarowano/St Laurent.

La demande de Seigneurie est fondée sur un don de terres frauduleux fait par le roi de France Louis XIV aux Jésuites en 1680. Il n’avait aucun droit de les donner. Les jésuites furent envoyés pour tuer tous les indigènes de l’hémisphère occidental. Les Français arrivèrent à Seigneurie parce que les Mohawks “arrogants” ne voulurent pas travailler pour les étrangers et labouer leurs champs. Les jésuites l’ont donné, loué ou vendu à l’exception de 13 000 acres où se situent Kahnawake (NdT: un des territoires Mohawk actuel).

Nos territoires Kanionkehaka/Mohawk incluent l’île de Montréal et s’étendent au Sud jusque la vallée de la rivière Mohawk, les Finger Lakes à l’Ouest vers l’Ohio, au Nord jusqu’au lac supérieur et de retour au lac St Louis. Notre vaste territoire est accessible grâce à un grand réseau de rivières connus sous le nom de grandes rivières des Iroquois: Les Grands Lacs, le St Laurent, la rivière Richelieu, le lac Champlain, l’Hudson et la rivière Mohawk. Nous avons toujours occupé nos territoires et avons toujours été régi par notre propre constitution: Kaianareh’ko;wa ou la Grande Loi de la Paix. (NdT: La constitution de la confédération iroquoise est la plus ancienne constitution de l’humanité, rédigée vers l’an 1000. Elle a servi de base au développement de la constition des Etats-Unis, sous la direction de Benjamin Franklin et a également servi de base pour établir la charte des Nations-Unies...)

La corporation des jésuites, les troupes d’assaut de l’église catholique, fut formée sous la doctrine papale de la découverte. Un “titre indien” frauduleux fut créé disant que nous n’avons pas de titre souverain, mais juste une utilisation de notre territoire ! Ceci a constitué la base de leur occupation illégale et du vol de notre territoire, de nos ressources et déclenché leur campagne de génocide.

La grande paix de Montréal de 1701 n’a en aucun cas été une rédition ou rétrocession de territoire. Ce fut un traité de paix donnant aux Français le droit de vivre là aussi longtemps qu’ils respectaient les principes du Wampum à deux rangées (NdT: le Wampum est une ceinture faite de perles de couleurs. C’est la façon traditionnelle de communiquer par écrit des Iroquois. Chaque ceinture a une signification spécifique et particulière et est en cela totalement unique. Elles sont conservées par les femmes des chefs et font foi des accord passés ou des décisions prises après les réunions de conseils). Ils acceptèrent et ensuite brisèrent le traité, les faisant de facto des occupants illégaux de Onowaregeh/L’île de la grande tortue (NdT: Ce qui est aujourd’hui le Mexique, les Etats-Unis et le Canada). En 1763, la couronne interdit aux gouverneurs coloniaux de donner des titres ou d’acheter des terres indiennes dans toute l’Amérique du Nord.

Le British North America Act de 1867, sections 109 et 132, confirment notre relation de nation à nation avec la couronne britannique et stipule que la corporation du Canada et ses provinces (NdT: Le Canada a été officiellement créé en 1867 et est une dépendance de la couronne britannique. La reine d’Angleterre nomme un gouverneur général du Canada qui parle et agit, peu il est vrai, au nom de la reine. Toute décision politique importante est entérinée par le gouverneur général du Canada, représentant officiel de la couronne d’Angleterre.) doivent respecter nos “intérêts précédents” concernant nos fonds, territoire et ressources. Violant la loi internationale, l’Indian Act canadien de 1876 a déclaré que nous “n’étions pas des personnes”, afin de voler notre fond toujours en expansion d’une valeur de 81 000 milliards de dollars de l’Indian Trust Fund et de nos ressources. La corporation, l’entreprise Canada se déguise en démocratie constitutionnelle, mais elle n’est qu’une autocratie qui change les règles du jeu tant que ces règles sont favorables au projet d’affaire de la corporation.

Traditionnellement, nos femmes sont les dépositrices des territoires. Pour être légales, toutes les transactions de territoires doivent être  emmenées devant le conseil du feu des femmes Mohawks pour prise de décision et non pas devant les conseils de bandes fantoches des marionnettes indiennes du gouvernement corporatiste du Canada (NdT: qui n’ont aucun pouvoir traditionnel).

Note du traducteur:

La ceinture Wampum à deux rangées représente un accord passé entre la confédération Haudenosaunee (Peuple de la longue maison = Iroquois) et les colons européens (dans le texte ci-dessus, une ceinture Wampum spécifique à deux rangées fut faite pour l’accord passé entre les Mohawks et les colons français). Bien que l’accord soit vieux de plusieurs siècles, le message qu’il communique est toujours très important aujourd’hui. Les deux lignes mauves (faites de perles de nacre de coquillages teintées) parallèles symbolisent les lignes de navigation de deux embarcations. L’une est celle des Haudonosaunee (en l’occurence ici celle des Mohawks) et l’autre celle des Européens. Chaque groupe a ses propres croyances, lois, et façon de vivre. La ceinture enseigne que chacune des deux parties doit voyager côte à côte, mais sans interférer avec la vie, us et coutumes de l’autre. Ainsi, les deux groupes humains pourront continuer à co-exister en tout respect mutuel et en toute harmonie.

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