Archive pour décembre, 2010

La crise de l’Euro ou le jeu de massacre programmé de l’oligarchie

Posted in actualité, économie with tags , , , , , , , on 29 décembre 2010 by Résistance 71

Après la Grèce, l’Irlande…

La crise de l’euro bégaie

par Jean-Claude Paye*

Le jeu de massacre a commencé : la crise financière irlandaise reproduit le schéma de celle de la Grèce et ouvre la voie aux suivantes, au Portugal et ailleurs. Pour payer leurs guerres en Afghanistan et en Irak, les Etats-Unis ont choisi de monétariser leur dette publique, c’est-à-dire de refiler leurs factures au reste du monde. Cet afflux de liquidités permet aux élites capitalistes de dévorer des proies toujours plus grasses. Après avoir pillé le tiers-monde, elles peuvent enfin attaquer l’euro. Or, observe Jean-Claude Paye, loin de les en empêcher, la Banque centrale européenne les favorise au détriment des populations européennes, désormais astreintes aux politiques d’austérité.

29 DÉCEMBRE 2010

Depuis

Bruxelles (Belgique)

Pays

Etats-Unis

Union européenne

Thèmes

Globalisation économique

Jean-Claude Trichet (BCE) et Ben Bernanke (Fed) :les intérêts des élites capitalistes se rejoignent, cette fois au détriment des populations européennes.

Une phrase attribuée à Marx nous a appris que si l’histoire ne se répétait pas, elle avait tendance à bégayer. Ce diagnostic illustre parfaitement la nouvelle attaque contre l’euro. À l’occasion de la crise irlandaise, les marchés financiers ont mis en scène un scénario semblable à celui de l’offensive contre la Grèce [1]. Il s’agit du déplacement d’une même cause externe : la politique monétaire expansionniste de la FED (Federal Reserve). De manière similaire, l’offensive des marchés va également être soutenue par l’Allemagne fédérale.

Comme durant les mois d’avril et de mai 2010, l’annonce d’une future injection massive de liquidités par la Réserve fédérale étasunienne n’a pas eu pour effet de faire baisser la valeur du dollar, mais de relancer l’assaut spéculatif contre la zone euro. L’Allemagne a été également, en partie, à l’origine de l’envolée des taux d’intérêts sur les obligations irlandaises, mais aussi portugaises et espagnoles. Les récentes déclarations, pourtant purement formelles, d’Angela Merkel sur la nécessité de faire participer les créanciers privés, en cas de restructuration de la dette de certains pays de la zone euro, a renforcé la défiance des marchés à l’égard des pays les plus faibles.

L’objectif de la FED : une création ininterrompue de bulles financières

http://www.voltairenet.org/article167903.html Page 1 of 5La crise de l’euro bégaie [Voltaire] 10-12-29 1:54 PM

La boutade lancée par John Connally, secrétaire au Trésor sous Nixon en 1971, « Le dollar est notre monnaie, mais c’est votre problème », est plus que jamais d’actualité. Jusqu’à présent, la monétisation de la dette américaine pose moins de problèmes aux Etats-Unis qu’à leurs satellites. L’arbuste du délabrement financier de la Grèce avait déjà suffit à dissimuler la forêt des déficits étasuniens. De même, cette fin d’année a vu la dette irlandaise éclipser l’annonce d’un nouveau programme de rachat massif de bons du Trésor par la Réserve fédérale américaine. Cette manoeuvre de « quantitative easing » consiste à faire marcher la planche à billets en vue de faire baisser les taux d ’intérêts sur les obligations d’Etat. Elle devrait permettre, à raison de 75 milliards par mois, une injection de 600 milliards de dollars dans l’économie d’outre-Atlantique.

La FED avait déjà introduit une somme de 1 700 milliards de dollars dans le circuit économique étasunien. Ce nouveau programme d’injection de liquidités nous montre que cette politique monétaire a largement échoué, puisque une nouvelle phase de rachat s’avère nécessaire. Surtout, il nous indique que le « quantitative easing » n’est plus une politique d’exception. Elle s’inscrit dans la durée et devient ainsi une procédure normale [2].

Contrairement aux déclarations du Trésor, la création monétaire lancée par les USA n’a pas pour objectif de permettre aux banques d’accorder des crédits aux particuliers et aux entreprises. Vu la conjoncture économique, cette demande est actuellement faible et les institutions financières disposent d’importantes réserves.

Il y a déjà abondance de liquidités, en ajouter ne va pas résoudre le problème actuel qui porte sur la défiance des banques vis-à-vis de la solvabilité d’emprunteurs éventuels, c’est à dire sur la rentabilité de leurs investissements.

A quoi peut donc servir cette injection permanente de liquidités dans un marché déjà saturé ? Pour répondre à cette question, il suffit d’observer les effets de cette politique : formation de bulles spéculatives et envolée de la valeur des actifs, afflux de capitaux dans les pays en forte croissance, tels la Chine ou l’Inde, et attaques spéculatives, notamment contre la zone euro.

La politique étasunienne de monétisation de sa dette publique est actuellement peu inflationniste car une grande partie des capitaux quitte les Etats-Unis afin de se placer sur les marchés émergents et ainsi n’alimente pas la demande interne aux USA. Elle ne provoque pas non une forte baisse du dollar, puisque les achats additionnels d’actifs : or, matières premières et pétrole, qu’elle provoque, se font dans la devise étasunienne, ce qui soutien son cours. Les achats des spéculateurs américains se font dans leur monnaie nationale, tandis que les « investisseurs » étrangers, incités à suivre le mouvement de hausse induit par cette politique, échangent leurs monnaies nationales contre des dollars afin d’acheter ces « actifs ».

Le but de la BCE : le transfert de revenus des salariés vers les banques

En ce qui concerne l’Union européenne, la BCE a annoncé la poursuite de sa politique de rachats d’obligations souveraines. Elle a également décidé de prolonger son dispositif de

http://www.voltairenet.org/article167903.html Page 2 of 5

La crise de l’euro bégaie [Voltaire] 10-12-29 1:54 PM

refinancement, illimité et à un taux fixe, des banques, pour une nouvelle période de quatre mois au moins. Ici aussi, on enregistre un changement d’attitude : cette politique n’est plus présentée comme exceptionnelle, mais permanente [3]. Ce qui est modifié dans la politique de la BCE, c’est son engagement dans la durée. « En temps normal, la BCE achète des titres à court terme : trois semaines, un mois, plus rarement trois mois, mais depuis la crise, la BCE s’est mise à acheter des titres à l’échéance d’un an, c’est du jamais vu » [4] Ce changement renverse le rôle de la Banque centrale, de prêteur de dernier ressort, elle devient prêteur de première ligne. La Banque centrale fonctionne alors comme une institution de crédit.

Jusqu’à présent, la BCE a acquis des bons de dette publique pour un montant de 67 milliards d’euros [5], essentiellement des titres d’Etats en difficulté, tels la Grèce et l’Irlande. Nous sommes donc bien loin des 600 milliards de dollars de rachat effectué par la FED. La politique de la Banque centrale européenne diffère non seulement quantitativement, mais aussi qualitativement, puisqu’elle a choisi de stériliser son injection de liquidités, en diminuant d’autant les prêts qu’elle effectue aux banques privées.

L’objectif de la Banque centrale européenne est d’essayer de retarder au maximum une restructuration de la dette grecque, irlandaise, portugaise… ; les grandes banques européennes étant fortement engagées dans leur financement. Il s’agit avant tout de sauver les institutions financières et d’essayer de faire payer la facture aux salariés et aux épargnants.

Pour ce faire l’Union européenne et les Etats membres ont transféré aux marchés financiers la clef du financement des déficits. Les États doivent emprunter auprès d’institutions financières privées qui obtiennent, elles, des liquidités à bas prix de la Banque Centrale Européenne.

Alors que ses déficits des Etats membres de l’UE, en moyenne de 7 %, sont nettement en retrait par rapport aux 11 % de l’Etat fédéral étasunien [6], l’Union européenne, au contraire des USA, s’est engagée dans la voie d’une réduction brutale des dépenses publiques. La Commission veut imposer aux pays une longue cure d’austérité pour revenir à une dette publique inférieure à 60 % du PIB et a lancé des procédures de déficit excessif contre les États-membres. À la moitié de 2010, pratiquement tous les États de la zone y étaient soumis. Elle leur a demandé de s’engager à revenir sous la barre de 3 % avant 2014 et cela quelle que soit l’évolution de la situation économique. Les moyens prévus pour réaliser ces objectifs ne consistent pas en une taxation des gros revenus ou des transactions financières, mais bien dans une diminution du salaire direct et indirect, à savoir engager des politiques salariales restrictives et des remises en cause des systèmes publics de retraite et de santé.

Complémentarité des politiques de la FED et de la BCE

La politique monétaire fortement expansive des USA consiste à racheter des obligations souveraines à moyen et à long terme, de 2 à 10 ans, sur le marché secondaire, afin que les nouvelles émissions que doit faire la FED trouvent preneur à un taux d’intérêt faible, c’est à dire supportable pour les finances publiques étasuniennes

http://www.voltairenet.org/article167903.html Page 3 of 5

La crise de l’euro bégaie [Voltaire] 10-12-29 1:54 PM

Cette politique n’est pas seulement en adéquation avec les intérêts du capital américain, mais est est en phase avec ceux du capitalisme multinational. Elle est le principal outil d’une pratique de taux d’intérêts très bas, en dessous du niveau réel de l’inflation. Il s’agit de permettre, non seulement aux Etats- Unis, mais aussi à l’Europe et au Japon, de pouvoir faire face à leur montagne de dettes en pratiquant des taux planchers. Toute augmentation du rendement obligataire conduirait ces Etats à la faillite. De plus, à moyen terme, cette pratique laxiste aura un effet inflationniste qui dévalorisa ces dettes publiques et réduira, en termes réels, la charge de celles-ci.

Étant donné la place particulière du dollar dans l’économie mondiale, la Réserve fédérale américaine est la seule banque centrale qui peut se permettre une telle politique, pratiquée à une échelle aussi élevée. Toute autre monnaie nationale serait attaquée par les marchés et fortement dévaluée. La FED est la seule banque centrale qui peut faire fonctionner la planche à billets et faire accepter cette monnaie additionnelle par les agents économiques étrangers.

La monétisation de la dette US, en donnant des munitions aux marchés financiers, permet de lancer, à bon compte, des opérations de spéculation contre la zone euro. Elle est en phase avec les objectifs de l’UE, car elle permet de mobiliser les marchés et de faire pression sur les populations européennes, afin de leur faire accepter une diminution drastique de leur niveau de vie. Les politiques budgétaires entamées par les Etats membres auront pour effet d’empêcher toute reprise économique, fragilisant d’avantage les finances publiques et réclamant de nouveaux transferts de revenus des salariés vers les banques et les entreprises. La crise de l’Euro n’a pas fini de bégayer. Ce n’est pas la volonté affichée de dégrader de nouveau, en raison de ses « besoins élevés de refinancement en 2011 », la note des obligations de l’État espagnol par l’agence américaine Moody’s [7], qui va contredire ce diagnostic.

http://www.voltairenet.org/article167903.html

Crise du capitalisme néolibéral: descente aux enfers programmée pour une gouvernance mondiale

Posted in actualité, crise mondiale, politique et social, politique française, résistance politique with tags , , , , , , , on 29 décembre 2010 by Résistance 71

2011. Crise du capitalisme hégémonique.

Appauvrissement, faim et plus grande vulnérabilité des zones de vie

Par Jules Dufour

url de l’article original:

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=22539

2010. Une année qui a vu l’économie mondiale réelle gravement affectée par la crise financière. Les économies des pays riches ont été fortement fragilisées par des déficits budgétaires élevés et une lourde dette nationale, ce qui a placé plusieurs d’entre eux dans une situation les obligeant à sabrer dans les dépenses publiques mettant en péril les programmes sociaux. En février 2010, un an après l’analyse prospective du Laboratoire européen d’anticipation politique (LEAP) concernant l’avenir de l’économie mondiale, « on a pu constater qu’un tel processus est bien en cours : États au bord de la cessation de paiement, montée inexorable du chômage, chute de millions de personnes hors des filets de protection sociale, baisses de salaires, suppressions de services publics, désagrégation du système de gouvernance globale (échec du sommet de Copenhague, confrontation croissante Chine/USA, retour du risque de conflit Iran/Israël/USA, guerre monétaire globale, etc…)» (LEAP, 2010). Pourtant, selon le même organisme, nous ne sommes qu’au tout début de cette phase. L’aggravation brutale de la crise systémique globale va ainsi être caractérisée par une accélération et/ou un renforcement des cinq tendances négatives fondamentales suivantes:

. «L’explosion de la bulle des déficits publics et la montée corollaire des cessations de paiement d’États;

. La collision fatale du système bancaire occidental avec la montée des défauts de paiement et le mur des dettes arrivant à maturité;

. L’inéluctable remontée des taux d’intérêts;

. La multiplication des sujets de tension internationale;

. L’insécurité sociale croissante».

« Dans le GlobalEurope Anticipation Bulletin  N°42, le LEAP a choisi d’analyser le « cas grec », parce qu’il paraît emblématique de ce que nous a  réservé l’année 2010 et parce qu’il « illustre parfaitement l’évolution de l’information sur la crise mondiale dans le sens d’une « communication de guerre » entre blocs et intérêts de plus en plus conflictuels. En clair, c’est un « must » pour parvenir à déchiffrer l’information mondiale des mois et années à venir qui va être un vecteur croissant d’opérations de manipulation» (LEAP, 2010).

I. Un appauvrissement généralisé et l’augmentation de la faim

Cette situation exerce et exercera un impact considérable sur les économies des pays pauvres en les rendant encore plus vulnérables aux fluctuations des prix des matières premières et aux manoeuvres spéculatives dans le marché mondial. Selon les organismes des Nations Unies l’appauvrissement de millions de personnes va s’accentuer et ainsi le cortège des affamés et des sans-abri va s’accroître. Selon la FAO, 925 millions de personnes sont victimes de faim chronique dans le monde en 2010 dont 15 millions dans les pays riches. Selon la Croix-Rouge internationale, plus de 827,6 millions vivent dans des logements insalubres étant contraints de se réfugier dans des bidonvilles (AFP-Genève, 2010). Selon la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED) « le nombre de pays très pauvres a doublé en quarante ans passant de 25 en 1971 à 49 en 2010 et il en fut de même pour le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté depuis les années 1980 » (AFP Genève, 2010). Dans son rapport 2010 sur les 49 pays les moins avancés (PMA) du monde la CNUCED « estime que le modèle de développement qui a prévalu jusqu’à présent pour ces pays a échoué  et que son architecture est à revoir» (AFP Genève, 2010).

II. Des catastrophes d’origine naturelle et humaine d’une grande ampleur

À cette situation inquiétante. tant au Nord comme au Sud, s’est ajoutée une série de catastrophes d’origine naturelle et humaine d’une grande ampleur. Selon le réassureur Swiss Re, les catastrophes ont pesé lourd sur l’économie mondiale en 2010, la grevant de 222 milliards de dollars, soit plus du triple qu’en 2009 (AFP Genève, 2010). Ces catastrophes ont été très dévastatrices pour l’environnement naturel et pour les établissements humains: le tremblement de terre en Haiti en janvier a causé la mort de 225 000 personnes et dévasté une portion non négligeable du territoire national; le passage de la tempête Xynthia a balayé l’Europe de l’Ouest en février; le même mois, un violent tremblement de terre d’une magnitude de 8.8 a frappé le Chili; l’explosion de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon a causé la plus grande marée noire de l’histoire des États-Unis dans le golfe du Mexique en avril;; des inondations d’une ampleur sans précédents ont couvert des territoires immenses au Pakistan et en Chine en juillet (AFP-Genève, 2010).

III. Des dépenses militaires mondiales en hausse constante

Tandis que des cris d’alarme des organisations internationales retentissent sans relâche concernant la pauvreté, la faim et le dénuement de centaines de millions d’habitants de cette planète, les pays riches consacrent des sommes colossales pour l’acquisition d’armements pour la guerre et sa préparation.

On peut affirmer que la crise économique n’a pas  affecté le secteur de la défense  En effet, les dépenses militaires ont continué de s’accroître et les chiffres de 2010 et ceux qui sont prévus pour 2011 montrent des sommes additionnelles très importantes pour les budgets de la défense et de la sécurité. Les données des budgets des États-Unis dans le domaine de la défense montrent des augmentations substantielles. Ainsi, en le budget national de la défense des États-Unis atteignait la somme de 661 milliards de dollars en 2009 et celui qui est prévu pour 2011 devrait se situer autour de 749,5 milliards de dollars.

En 2010, les dépenses pour les activités militaires proprement-dites atteignaient, aux États-Unis, la somme de 719,2 milliards de dollars, l’assistance aux Vétérans 125,9 milliards de dollars, l’aide militaire étrangère 9,9 milliard et l’aide économique étrangère 41,2 milliards (http://www.usgovernmentspending.com/defense_budget_2010_3.html). Les contrats d’approvisionnement de nouveaux équipements de combat ont monté en flèche. Des ententes sur des achats d’avions de chasse ont été conclus avec les principales entreprises de fabrication de matériel de guerre et, notamment, avec la compagnie Lockeed Martin pour la construction de l’avion de chasse furtif F-35.

Selon la base de données du SIPRI, en 2009, les dépenses militaires mondiales ont atteiint les 1531 milliards de dollars dont près de la moitié étaient faites par les États-Unis (Figures 1, 2 et 3). Selon les données d’un rapport du SIPRI repris par I. Gedilaghine, «les dépenses militaires mondiales ont atteint de nouveaux records en 2009 sans connaître l’effet de la crise économique, tirées par les États-Unis où le changement d’administration n’a pu renverser les tendances. Au cours de l’année écoulée, le monde a consacré 1.531 milliards de dollars (1.244 milliards d’euros) au secteur militaire, soit à prix constant une augmentation de 5,9% par rapport à 2008 et de 49% par rapport à 2000, écrit l’Institut international de recherche pour la paix de Stockholm (SIPRI)».

On peut constater que rien n’est négligé pour les préparatifs de la guerre et pour la sécurité et la surveillance des réservoirs de ressources stratégiques et des infrastructures de production. Il en va de la prospérité des plus puissants de cette planète.

IV. La vision du Laboratoire Européen d’Anticipation Politique/Europe2020 LEAP 2011

Selon le LEAP, nous allons vers la très grande panne du système économique et financier mondial.

Nous reproduisons, ici, in extenso, l’analyse du LEAP pour 2011. Celle-ci révèle qu’au cours des prochains mois nous allons assister à une détérioration progressive de l’économie américaine avec des effets dévastateurs d”abprd pour plus de 60 millions de personnes qui vivent aux États-Unis mêmes puis pour toutes les couches de la société occidentale.

« Comme anticipé par LEAP/E2020 en février dernier dans le GEAB N°42, le second semestre 2010 est bien caractérisé par une aggravation brutale de la crise marquée par la fin de l’illusion de reprise entretenue par les dirigeants occidentaux et les milliers de milliards engloutis par les banques et des plans de « stimulation » économiques sans efficacité durable.

Les prochains mois vont dévoiler une réalité simple mais particulièrement douloureuse : l’économie occidentale, et en particulier celle des Etats-Unis, n’est jamais vraiment sortie de récession». Les sursauts statistiques enregistrés depuis l’été 2009 n’ont été que les conséquences passagères d’une injection massive de liquidités dans un système fondamentalement devenu insolvable à l’image du consommateur américain ».

Au cœur de la crise systémique globale depuis son origine, les Etats-Unis vont donc démontrer dans les prochains mois qu’ils sont à nouveau en train d’entraîner l’économie et la finance mondiales au « cœur des ténèbres » car ils ne parviennent pas à sortir de cette « Très Grande Dépression US.

Ainsi, à l’issue des soubresauts politiques des élections américaines de Novembre prochain, sur fond de taux de croissance redevenus négatifs, le monde va devoir affronter la « Très Grande Panne » du système économique et financier mondial fondé depuis plus de 60 ans sur l’absolue nécessité pour l’économie américaine de ne jamais se trouver durablement en récession.

Or, la première moitié de 2011 va imposer à l’économie américaine une cure d’austérité sans précédent plongeant la planète dans un nouveau chaos financier, monétaire, économique et social.

Les trimestres à venir vont être particulièrement dangereux pour le système économique et financier mondial.

Le patron de la Fed, Ben Bernanke, a d’ailleurs fait passer le message aussi diplomatiquement que possible lors de la récente réunion des banquiers centraux mondiaux à Jackson Hole dans le Wyoming: Bien que la politique de relance de l’économie américaine ait échoué, soit le reste du monde continue à financer à perte les déficits US et espère qu’à un moment donné ce pari sera payant et aura évité un effondrement du système global, soit les Etats-Unis vont monétiser leur dette et transformer en monnaie de singes l’ensemble des Dollars et Bons du Trésor US possédés par le reste de la planète.

Comme toute puissance acculée, les États-Unis sont désormais ainsi obligés de joindre la menace à la pression pour pouvoir obtenir ce qu’ils veulent. Il y a à peine plus d’une année, les dirigeants et responsables financiers du reste du monde s’étaient portés volontaires pour « remettre à flot le navire USA.

Aujourd’hui pourtant les choses ont bien changé car la belle assurance de Washington s’est avérée n’être qu’une pure arrogance fondée sur la prétention d’avoir compris la nature de la crise et l’illusion de posséder les moyens de la maîtriser.

Or, la croissance américaine s’évapore trimestre après trimestre et redeviendra négative dès la fin 2010 ; le chômage n’en finit pas de croître entre la stabilité des chiffres officiels et la sortie en six mois de plus deux millions d’Américains du marché de l’emploi ; le marché de l’immobilier américain continue à être déprimé à des niveaux historiquement bas et va reprendre sa chute dès le quatrième trimestre 2010 ; enfin, comme on peut aisément l’imaginer dans ces conditions, le consommateur US reste et restera durablement aux abonnés absents puisque son insolvabilité perdure voire s’aggrave pour l’Américain sur cinq qui n’a pas de travail.

Derrière ces considérations statistiques se cachent deux réalités qui vont radicalement modifier le paysage politique, économique et social américain et mondial des prochains trimestres au fur et à mesure de leur émergence dans la conscience collective.

La colère populaire va paralyser Washington à partir de Novembre 2010.

Tout d’abord, il y a une réalité populaire très sombre qui est celle de dizaines de millions d’Américains (près de soixante millions dépendent désormais des bons de nourriture) qui n’ont désormais plus d’emploi, plus de maison, plus d’épargne et qui se demandent comment ils vont survivre dans les années à venir.» (Crise systémique globale

Conclusion

La population mondiale atteindra, en 2011, les sept milliards d’habitants. Étant donné que l’essentiel des effectifs (plus de 80 millions de personnes) s’ajoutent chaque année dans les pays en développement il est permis de penser que le taux de vulnérabilité de leurs zones de vie continuera de s’accroître en causant plus de victimes et des dommages plus importants aux établissements humains. Selon Hervé DOMENACH, Démographe, Directeur de recherches à l’Institut de Recherches pour le Développement, «environ 95 % de l’accroissement démographique actuel dans le monde concerne les pays non occidentaux, et la proportion de leurs effectifs dans la population mondiale qui était de 68 % en 1950, atteindrait 87 % en 2050. Si ces estimations devaient se confirmer, on assistera à une formidable redistribution de la population mondiale» (http://www.x-environnement.org/index.php?option=com_content&view=article&id=51%3Asept-2007&catid=36%3Ajaune-rouge&Itemid=41&limitstart=3). Cette réalité devrait entraîner peu à peu un glissement des forces de la gouvernance mondiale vers les pays émergents et les pays dotés de ressources stratégiques majeures.

Le panorama géopolitique mondial sera appelé à changer progressivement et celui qui est prévisible, pour 2011, nous semble celui qui sera marqué par une augmentation des tensions interétatiques, car au fur et à mesure que les économies occidentales continueront de s’enliser dans le fossé abrupt et profond des déficits budgétaires les autres facteurs de déstabilisation agiront sur la gouvernance mondiale. La doctrine de l’intervention armée préventive promue depuis le début du siècle par les États-Unis avec la guerre mondiale contre le terreur pourrait être appliquée par des puissances régionales, mais les prérogatives des grandes puissances continueront de triompher encore longtemps en attisant les points chauds comme la Corée du Nord, le Moyen Orient ou l’environnement créé par la résistance des membres de l’ALBA. Parmi les facteurs déterminants nous aurons les manifestations de la volonté de puissance de la Russie et la stratégie de conquête de la Chine pour les nouvelles sources de matières premières et pour les marchés financiers et économiques en émergence.

Il est indéniable que les guerres d’invasion et d’occupation de l’Irak et de l’Afghanistan ont atteint les limites de leur vie utile en étant, pour l’impérialisme, de plus en plus difficiles à justifier. En Afghanistan, l’armée nationale refondue et dèsormais mieux équipée pour les combats remplacera les forces de la coalition. Un modus operandi «normal» sera alors mis en place avec le support de l’aide militaire et économique des puissances occidentales. L’Afghanistan se transformera en un point d’ancrage continental pour les États-Unis et l’OTAN à l’instar du rôle joué par Israel au Moyen Orient et par la Colombie en Amérique latine.

On peut entrevoir à l’horizon, cependant, une chute lente et inexorable de l’Occident qui s’inscrira dans un mouvement logique obéissant aux contingences créées par son poids démographique de plus en plus faible dans l’ensemble mondial. Des enjeux de forte intensité seront necessaires pour mobiliser l’économie mondiale derrière le maintien de l’hégémonie des grandes puissances. Le déclenchement d’une guerre nucléaire contre l’Iran et la Corée du Nord? Un autre 11 septembre? Une invasion musclée du Venezuela? Pour les stratèges du Pentagone et de la Maison Blanche aucune option ne sera exclue pour sauvegarder les intérêts de la première puissance mondiale.

Références

AFP. 2010. En bref. Le coût de la faim. ActionAid. Le Devoir.com, le 14 septembre 2010, p. B5. En ligne: http://www.ledevoir.com/international/actualites-internationales/296116/en-bref-le-cout-de-la-faim

AFP-GENÈVE. 2010. Un rapport de la Croix-Rouge Internationale. Un milliard de personnes vivent dans des bidonvilles. Ces populations sont les plus vulnérables aux catastrophes. Journal Le Devoir, le 22 septembre 2010, p. B7.

AFP-GENÈVE. 2010. Cri d’alarme de la CNUCED. Le nombre de pays très pauvres a doublé en quarante ans. Journal le Devoir, le 26 septembre 2010, p. A7.

AFP-GENÈVE. 2010. Les catastrophes ont coûté 222 milliards à l’économie mondiale. Journal Le Devoir, le 1er décembre 2010, p. B5.

ARTHUS-BERTRAND, Yann. 2009. HOME. Déchiffrer. S’informer. Débattre. Comprendre. Agir. Paris, Mame. 2009. 190 pages.

DUFOUR, Jules. 2009. Une guerre mondiale au secours de l’Empire américain. Montréal, Centre de recherche sur la mondialisation (CRM). Le 3 mars 2009. En ligne: http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=12533

DUFOUR, Jules. 2009. Le grand réarmement planétaire. Montréal, Centre de recherche sur la mondialisation (CRM). Le 5 mai 2009. En ligne: http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=13162

ENGDAHL, J.F., 2010. La géopolitique derrière la guerre bidon des États-Unis en Afghanistan. Montréal, Centre de recherche sur la mondialisation (CRM). Le 2 novembre 2009. En ligne: http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=15909

FAO. 2010. 925 millions de personnes victimes de faim chronique dans le monde. Malgré une amélioration, ce niveau demeure “inacceptable”. Espace Presse. Le 14 octobre 2010. En ligne: http://www.fao.org/news/story/fr/item/45232/icode/

GEDILAGHINE, Igor. 2010. Les dépenses militaires mondiales ne connaissent ni crise ni effet Obama. AFP. France-Amérique. Journal français des Amériques. Le 1er juin 2010. En ligne: http://www.france-amerique.com/articles/2010/06/01/les_depenses_militaires_mondiales_ne_connaissent_ni_crise_ni_effet_obama.html

SHAH, Anup. 2010. World Military Spending. Global Issues.org. Social, Political, Economic and Environmental Issues That Affect Us All. Le 7 juillet 2010. En ligne: http://www.globalissues.org/article/75/world-military-spending#WorldMilitarySpending

WIKEPÉDIA. 2010. Deepwater Horizon. En ligne: http://fr.wikipedia.org/wiki/Deepwater_Horizon

Sites Internet

Crise systémique globale-Printemps 2011. 5 mai 2010: http://www.i-services.net/newsbox/151229-97380-1643-47311/crise-systemique-globale-printemps-2011.php

Laboratoire Européen d’Anticipation Politique/Europe2020 (Leap/E2020): http://fr.wikipedia.org/wiki/Leap/Europe2020

Lockheed Martin F-35 Lightning II: http://fr.wikipedia.org/wiki/Lockheed_Martin_F-35_Lightning_II

List of countries by military Expenditures. En ligne: http://en.wikipedia.org/wiki/List_of_countries_by_military_expenditures

US Defense Budget: http://www.usgovernmentspending.com/defense_budget_2010_3.html

Worldometers – statistiques mondiales en temps réel: http://www.worldometers.info/fr/

Jules Dufour, Ph.D., est président de l’Association canadienne pour les Nations Unies (ACNU) /Section Saguenay-Lac-Saint-Jean, professeur émérite à l’Université du Québec à Chicoutimi,   membre du cercle universel des Ambassadeurs de la Paix, membre chevalier de l’Ordre national du Québec. Il est associé de recherche au CRM (Centre de recherche sur la Mondialisation).

La révolution bolivarienne montre le chemin d’une société égalitaire

Posted in actualité, altermondialisme, démocratie participative, politique et social, société libertaire with tags , , , , on 28 décembre 2010 by Résistance 71
Espérons que Chavez et la révolution bolivarienne ne se heurte pas au mur de la sclérose étatique. A notre avis, un des problemes majeur du bolivarisme est de conserver les structures de l’État alors qu’il est en superbe position de les supprimer pour un progressisme et une émancipation définitive, laissant la place a une société libertaire. La démocratie et l’économie participatives sont de maqniere de plus en plus évidente les solutions pour la société de demain, nettoyée de la fange du capitalisme parasitaire.
L’État est une entrave au progressisme social, même si Chavez en réduit l’impact négatif, que se passera t’il lorsqu’il quittera les commandes ?… L’apres Chavez sera libertaire ou ne sera pas. Il se doit d’oeuvrer des maintenant pour amener l’État a son extinction naturelle ou la réaction l’emportera. Le passage du pouvoir au peuple en autogestion et l’abolition de lÉtat est maintenant la suite logique du bolivarisme vénézuélien. Affaire a suivre…
– Résistance 71 –

« NOUS DEVONS ENTRER AU COEUR, AU PLUS PROFOND DE NOTRE RÉALITÉ. »
Journal de bord d’un certain Hugo Chavez

Thierry DERONNE

En 2010 le Venezuela a remporté de nombreuses victoires dans sa transformation structurelle : la démocratie participative vient d’être renforcée par de nouvelles lois qui multiplient le pouvoir des conseils communaux et des communes dans l’État ; la loi sur l’université, autre exemple, resserre ses liens avec ces organisations citoyennes. LaCEPAL, organisme de l’ONU qui mesure les progrès économiques et sociaux en Amérique Latine, a fait l’éloge en novembre du Venezuela “en tête, avec l’Argentine, le Brésil et la Bolivie, de la réduction de l’inégalité et de la pauvreté pour les dix dernières années”.

Ces derniers mois le gouvernement bolivarien a récupéré des entreprises immobilières aux mains de mafias qui escroquaient la classe moyenne, indemnisé leurs victimes, nationalisé au bénéfice des travailleurs et des usagers des entreprises ou des banques pratiquant la fraude. Les récentes inondations qui ont privé de toit des dizaines de milliers de familles donnent un coup de fouet à la politique du logement et à la réforme agraire (24000 hectares remis aux petits producteurs du Zulia en décembre) tandis que Hugo Chavez demande aux révolutionnaires de se “radicaliser à gauche et de travailler au sein du peuple, dans la rue, dans les quartiers, main dans la main”.

Les grands groupes médiatiques (les propriétaires de El Pais, du Monde, de Libération, etc..) ont occulté cette transformation, pour ne parler que d’un article de la Constitution qui permet de décréter des mesures d’urgence en matière économique et sociale …preuve de la “dictature”. Déjà, en 2007, lorsque le président Hugo Chavez avait usé du même article, le choeur médiatique avait martelé la même interprétation. Un simple suivi montre pourtant que les décrets de cette époque ne visaient qu’à accélérer le développement économique et social (nationalisations de l’électricité, sidérurgie, cimenterie, etc..). * Comptons sur les mêmes journalistes pour éviter tout suivi sur les mesures à venir… Nous offrons par contraste quelques pages du “journal de bord” d’um certain Hugo Chavez.

Thierry Deronne

De l’extrême inégalité dans la distribution de la terre

par Hugo Chavez, 20 décembre 2010

Le Ministre Loyo vient de m’informer qu’il est sur place avec le Commandant Général de l’Armée, avec les institutions, l’Institut des Terres, les organismes de sécurité de l’État Bolivarien. A midi selon ce rapport il restait encore sept grands domaines (latifundios) auxquels ils n’avaient pu arriver à cause des inondations, de l’état des voies d’accès, nous avons mis des hélicoptères, toute une armée civique et militaire en action, parce que là-bas les grands propriétaires se vantent d’être armés et d’avoir l’appui des paramilitaires, et j’ai dit aux généraux, qu’ils les dégainent leurs armes, s’ils le font nous nous défendrons, sur un pied d’égalité, non ? Ils menacent de mort les fonctionnaires de l’Institut des Terres, c’est une zone d’extrême pauvreté, et ce qui abonde au sud du Lac de Maracaibo dans ces planatations de bananes, aujourd’hui inondées pour la plupart, c’est l’esclavage, même pas le capitalisme, non, l’esclavage.

S’il y a un point pour lequel on peut remercier les pluies et les inondations, c’est qu’elles font affleurer le réel. Comme les eaux en crue des rivières du llano, comme le chante “El Cubiro”, Adàn connaît cette chanson, comment dit-elle encore ? Voguant, voguant sur le fleuve.. Comme dit “El Cubiro”, lorsqu’il entre en crue le fleuve réveille des paysages endormis, l’eau qui monte réveille les oiseaux guacharacas, les serpents fuient leurs cavités, même le caïman doit se secouer quand le fleuve Arauca déborde ; Les crues nous ont permis d’observer ce que parfois nous ne voyons plus, ce à côté de quoi nous passons sans le voir, soit parce que nous ne voulons pas nous rendre compte, soit parce que cela nous est difficile. En survolant en hélicoptère les grandes inondations de Tucacas, de Chichiriviche par exemple, on se rend compte très vite, que ce qui est inondé ce sont les quartiers pauvres ; les riches ont érigé leurs talus, ont élevé le niveau des terres avec des machines, ils ont fait de l’urbanisme, n’est-ce pas ce que disent les ingénieurs ? De l’urbanisme.

Mais les pauvres ont dressé leurs baraques sans urbanisme, là, au niveau de la terre, parfois sous le niveau de la mer comme à Higuerote, où la mer surpasse le niveau des quartiers. Nous avons parcouru la côte jusqu’au cap Codera, cela faisait des années que je ne volais pas là-bas, depuis la tragédie de Vargas.

Onze ans que je ne faisais pas ce parcours en hélicoptère, pour voir tous les villages de la côte, Cabo Codera, c’est la limite de Miranda avec Vargas, n’est-ce pas ? Les zones pauvres inondées, au coeur du village, c’est là où vivent les travailleurs qui servent dans les hôtels de luxe, les femmes et les hommes avec l’eau jusqu’à la poitrine, les femmes portent les enfants, les hôtels de luxe restés intacts.

Au sud du Lac de Maracaibo quelque chose d’étrange s’est produit, j’ai dit “le peuple a marqué un point”. En fait il a tout perdu parce que le fleuve a inondé tous les pauvres, mais le latifundio d’un riche, a été inondé aussi. J’ai demandé au maire “dis donc, c’est bizarre que ce grand domaine soit inondé aussi”. Il m’a dit : “non, c’est parce que nous avons ouvert un canal pour y évacuer l’eau , parce que les riches creusent des canaux pour que l’eau se déverse chez les pauvres”. Tu vois ?

Je fais ces commentaires sur la situation que nous vivons, parce que nous devons faire un effort suprême et nous rendre compte à travers ces petits détails, qui sont gigantesques, de l’extrême inégalité de la distribution de la terre. Quel est le premier des moyens de production ? Le plus important après l’humain, après celui des travailleurs ? La terre. La mère, la pacha mama, la mama pacha, la terre.

Je me rappelle que là-bas dans l’État d’Apure, pendant la saison sèche les latifundistes utilisaient des machines qui ne leur appartenaient pas, les machines du peuple, des machines publiques, comme un payloader appartenant à un conseil municipal ou au gouvernement régional, c’étaient les riches qui les utilisaient.

Ils emportaient un payloader, je me souviens d’avoir fait arrêter l’un d’eux, et cela m’a causé un problème terrible : j’avais dit aux soldats, ramenez cette machine, ramenez-la à la garnison. C’est qu’ils bouchaient les rivières, le Caño Caribe, ils le bouchaient pour que les indigènes ne puissent naviguer, pour que personne ne puisse naviguer, mais surtout les indigènes, les yaruros, les cuibas. Ils faisaient des bouchons de terre, et je me chargeais de les détruire, j’ai même usé de la dynamite pour en défaire un très dur, “faites-le sauter !”.

De même un jour j’ai fait tirer sur des cadenas épais qu’ils installaient sur les chemins communaux au milieu des terres : “passage interdit”. Comment osent-ils barrer un chemin comunal ? Ah, on ne trouvait plus la clef ? Poum ! Le juge m’a convoqué au tribunal, ils me dénonçaient, ils m’ont surnommé le casse-cadenas, “là-bas il y a un capitaine casse-cadenas”. Mais cette réalité reste vivante, cruellement, dans une grande partie de notre campagne, je parle de l’échelle nationale, pour les paysans, les zones rurales dans les villes, partout.

C’est pourquoi je demande de faire un effort suprême, comme lorsqu’on marche de nuit dans la plaine et qu’il faut aiguiser le regard ou emporter des jumelles spéciales. Comme dans un blindé, lorsqu’il faut ajuster le périscope, à la moindre fumerole, au moindre bruit, même le plus imperceptible.

Nous devons aiguiser à fond notre capacité de percevoir la réalité, ne pas tomber dans l’indifférence, ce qui est un autre extrême : chercher la ligne de moindre résistance pour éviter les conflits, pour ne pas entrer dans le vif du sujet. Non. Nous devons entrer au coeur, au plus profond de notre réalité.

Donc nous avons pris la mesure de récupérer ces grands domaines en application de la Constitution et de la Loi des Terres, trop retardée sur le terrain, vraiment. Une des causes de ce retard est que les mafieux de cette région ont fait assassiner plus de 200 dirigeants paysans. C’est le règne des sicaires, ils en tuent un pour en menacer cent. Ils ont menacé de mort des fonctionnaires civils et des militaires aussi.

Donc sous la pression d’une situation aussi dure, aussi dramatique, je me suis renseigné et me suis rendu compte que tous les dossiers étaient prêts pour ces premiers 47 latifundios. J’ai envoyé le chef de l’armée, le deuxième chef de l’armée, le troisième chef de l’armée et je leur ai dit : s’il vous faut déménager le Commandement Général sur place, au sud du Lac, hé bien que toute l’armée vénézuélienne se mette en mouvement, avec ses blindés et ses hélicoptères, et les milices paysannes, mais pas sans défense, armées.

Ces mafieux ne peuvent détenir, nous ne pouvons permettre qu’ils détiennent, plus de pouvoir qu’une Révolution.

Si nous permettions que la contre-révolution détienne plus de pouvoir que la révolution, ce jour-là serait notre perte. Le Pouvoir Moral, est le plus grand pouvoir que doit posséder une Révolution.

Eux se sont étiolés, ils n’ont pas de force morale.

Classe inaugurale prononcée à l’Institut Supérieur d’Études Politiques du Parti Socialiste Unifié du Venezuela, Le 17 décembre 2010.

Traduction : Thierry Deronne pour La revolución vive

Source : Blog de Hugo Chavez

* Voir “Chavez déraperait-il ?”, dans l’Huma Dimanche, 1-7 mars 2007 :http://membres.multimania.fr/resoarchives/2007/doc%202007/fevr-mars/HD50_p90.pdf

Rubrique : Actualité  Thèmes :  Venezuela 

http://www.legrandsoir.info/Journal-de-bord-d-un-certain-Hugo-Chavez.html

Reflexion sur la lutte sociale

Posted in actualité, autogestion, économie, démocratie participative, militantisme alternatif, politique française, résistance politique, Social & Retraite, société libertaire with tags , , , , , , , , , , , on 23 décembre 2010 by Résistance 71
Nous reproduisons ici une excellent synthese parue dans « Le Monde Libertaire » et emanant d’un compagnon de la Federation Anarchiste, concernant l’etat des lieux peu reluisant de la conscience sociale avant, durant et pendant le conflit de la reforme des retraites.

L’oligarchie en place a musele les peuples depuis des decennies a grand renfort de rethorique policienne inepte, de promesses illusoires et de consumerisme beat, entravant plus avant les citoyens dans la dette, chaines de l’esclavagisme moderne. Nous devons retrouver le sens de la lutte pour notre emancipation finale face a une exploitation et une oppression s’exercant sans relache. La solidarite se cree dans la veritable lutte sociale, detachee des turpitudes et des mensonges du pouvoir et de ses compromis de facade et en dehors des sempiternelles rotomondades politicardes des reformistes socio-democrates, traitres a la cause de l’interet general, larbins et complices du statu quo oligarchique.

– Resistance 71 –

Des victoires dans la defaite: tirer les enseignements d’une greve trahie.

Ça devait être la « grande bataille ». Un grand mouvement. Enfin gagner face au gouvernement et au patronat. Une victoire, enfin… L’espoir aussi que dans ce mouvement s’amorce « autre chose » que des manifs traîne-savates et des journées d’action sans lendemain. L’espoir de voir s’ouvrir, comme souvent dans de grands mouvements sociaux ou dans la grève générale, une brèche dans l’aliénation quotidienne. Que tous ceux qui, isolés dans l’exploitation, se retrouvent enfin, discutent, échangent, s’ouvrent à des idées folles d’utopies et de révolutions, se disent que la vie c’est ça, être ensemble et solidaires.

Lors du mouvement social de 1995, on pouvait penser qu’une génération avait découvert le goût du combat social, avait vécu des moments intenses. Comment oublier ces cortèges où les cheminots étaient acclamés comme des héros, ces assemblées générales enflammées et la rue où tant de gens marchaient et parfois se retrouvaient enfin ? Comment oublier ces manifs où le capitalisme commençait à être montré du doigt, et où, en rupture avec la novlangue néolibérale, des travailleurs se ré-identifiaient au prolétariat ?

Je n’ai pas vécu ni ressenti ce souffle, ni cette dimension lors de ce dernier mouvement pour les retraites. Il y a eu pourtant des temps forts, à Marseille notamment, et des grévistes courageux et déterminés dans les transports, les raffineries et d’autres secteurs. Mais il faut bien faire les comptes : des grévistes peu nombreux. Et nous avons pu faire là un état des lieux, grandeur nature, des forces qui étaient prêtes à livrer une lutte d’ampleur. Il y a bien eu des lycéens, des étudiants, quelques émeutiers en banlieue, mais là aussi le nombre n’était pas au rendez-vous.

En 95, les prolos avaient occupé seuls le devant de la scène, exit les politiciens ! Là, au contraire, la gauche occupa le terrain en étant bien présente dans les manifestations. Du coup le mouvement a pris une tournure politique, au sens politicien, au détriment de sa dimension sociale. La présence des partis de gauche signifiait déjà que l’issue du combat n’était pas dans la grève, mais dans les urnes. Un air de défaite avant l’heure, en quelque sorte.

Beaucoup de gens pensent qu’un mouvement social se mesure au nombre de participants aux manifestations. Des manifestations que le gouvernement devra bien entendre… En croyant cela, en participant à une démarche « démocratiste » (nous sommes légitimes donc nous serons écoutés) à côté des partis de gauche, on est dans la logique médiatique des sondages d’opinion et bien loin de la réalité de la lutte des classes et d’un combat fondé sur un rapport de force.

Nous avons vécu là une cinglante défaite. Pas question – personne n’en a eu l’idée – de crier après cette déroute : « Ce n’est qu’un début continuons le combat ! »

La guerre de classe est bien cruelle… « La guerre des classes existe, c’est un fait, mais c’est la mienne, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la remporter. » C’est Warren Buffett, l’un des hommes les plus riches du monde, qui s’exprimait ainsi. Cette croyance démocratique est une des causes qui font qu’il y a une classe, la bourgeoisie, qui est une classe au combat, et l’autre, la classe ouvrière, qui est en partie désarmée, impuissante.

Il faut se méfier (je suis tombé dans le piège !) des images hautes en symboles et en couleurs. Derrière le rouge des drapeaux de la CGT et le feu des braseros, la solidarité et la convivialité (bien réelles) sur les blocages et les piquets de grève, il y avait une logique d’appareils syndicaux qui avaient déjà programmé le choix de la défaite. S’il pouvait y avoir une victoire dans la défaite, ce serait de tirer les enseignements de ce mouvement.

Mai 1968, à chaque occasion, est sur toutes les lèvres. Mais mai 1968 entretient l’idée qu’une étincelle peut mettre le feu aux poudres (c’est une possibilité), mais enferme nombre de personnes dans un mythe et la célébration d’un passé en les éloignant d’une autre possibilité toute pragmatique : la grève générale, ça se prépare ! Et, pour la préparer sérieusement, il ne faut pas s’en remettre aux politiciens, aux bureaucrates, aux autoritaires de tout poil, aux chefs et aux spécialistes, mais construire à la base des outils de lutte autogérés et la nécessaire solidarité. Pour être à nouveau une classe au combat, pour ne plus subir.

Laurent, groupe libertaire d’Ivry de la Fédération anarchiste 

 

 

Greve generale: un concept revolutionnaire

Posted in actualité, autogestion, démocratie participative, militantisme alternatif, politique française, résistance politique, société libertaire with tags , , , , , on 23 décembre 2010 by Résistance 71

Greve generale, greve generaliste, breve histoire d’un concept revolutionnaire
url de l’article original;
http://www.monde-libertaire.fr/syndicalisme/item/14110
« Si nous faisons la grève générale, c’est pour nous emparer des moyens de production, pour déposséder les possédants actuels, qui, notamment, ne se laissent pas faire facilement ; il est nécessaire que cette grève revête un caractère révolutionnaire. 1 »
Riom, délégué du bâtiment Ve congrès CGT, 1900

Aux sources du mouvement ouvrier

Dès la création de l’Association internationale des travailleurs (AIT) à Londres en 1864, s’opposent le courant social-démocrate (Allemagne, Angleterre, Suisse romande) et le courant libertaire (France, Espagne, Italie, Suisse jurassienne), majoritairement proudhonien. Le premier veut transformer le mouvement ouvrier en partis politiques permettant la prise de pouvoir par la voie parlementaire ; le second, détruire l’État et reconstruire la société sur la base des unions de métiers. Ses arguments – que l’histoire va valider parfois tragiquement – sont les suivants : calquer l’organisation sur celle des États serait la fin de l’internationalisme ; l’État n’a jamais été un instrument révolutionnaire ; la bureaucratie d’État deviendrait inévitablement une nouvelle classe sociale privilégiée. Les anti-autoritaires perçoivent ainsi le rôle de la grève générale : « Lorsque les grèves s’étendent, se communiquent de proche en proche, c’est qu’elles sont bien près de devenir une grève générale, et une grève générale, avec les idées d’affranchissement qui règnent aujourd’hui, ne peut aboutir qu’à un grand cataclysme qui ferait peau neuve à la société » (Journal de l’Internationale, 1869).

En 1871, les communards tentent de mettre en place une démocratie directe, contre l’État versaillais et l’État prussien. La féroce répression qui s’ensuit porte un coup très dur au mouvement ouvrier international. La popularité de la Commune de Paris pousse Marx, dans La Guerre civile en France, à soutenir ses réalisations, alors qu’il avait auparavant déclaré souhaiter la victoire de la Prusse, pour faciliter le triomphe de ses propositions sur celles des internationalistes français ! Il reviendra à ses amours et, après diverses manoeuvres, obtiendra l’exclusion d’anti-autoritaires de l’AIT, dont Bakounine, au congrès de La Haye en 1872.

Émergence du grève-généralisme

Jusqu’à la fin des années 1870, la répression en France est absolue. Le désespoir va pousser quelques-uns, tel Ravachol, à des actes destinés à « réveiller les masses ». Ce n’est qu’après 1884 que les syndicats deviennent légaux et se regroupent sous la direction du Parti ouvrier de France, créé en 1882 par les marxistes Jules Guesde et Paul Lafargue : la Fédération des syndicats voit ainsi le jour à Lyon en 1886. D’autre part, à partir de 1887, sont créées à Paris, souvent construites par les ouvriers eux-mêmes, des Bourses du travail. Là se retrouvent les diverses professions, facilitant le développement d’une conscience de classe liée à la solidarité concrète, et d’une autonomie politique et culturelle ouvrière. Outre les services rendus aux travailleurs (bureau de placement, caisse de secours, formation professionnelle, bibliothèque, etc.), elles se veulent un outil d’émancipation intégrale et un instrument d’organisation de la société future. Leur fédération est créée à Saint-Étienne en 1892, et Fernand Pelloutier, son secrétaire, affirme : « L’idée de fédérer les Bourses du travail a une origine plus politique qu’économique. » C’est surtout en leur sein que se développe l’idée de grève générale, qui se veut une alternative révolutionnaire à la stratégie de conquête de l’État sous l’égide des partis politiques, qu’ils soient réformistes ou insurrectionnalistes. Elle nait de la conviction que l’émancipation doit être le fait des ouvriers eux-mêmes et ne doit pas être laissée aux professionnels de la politique. Jules Guesde traitera avec mépris ces partisans de « grève-généralistes », terme que reprendront les anarchistes, y adjoignant « antimilitaristes et antipatriotes ».

S’émanciper du joug du capitalisme, et de la tutelle des partis

La CGT regroupe en septembre 1895 à Limoges les syndicats et les Bourses du travail. Après l’idée de « grève des bras croisés » initiale, va apparaître celle de « grève générale expropriatrice », sous l’impulsion des libertaires, tel Émile Pouget dans La Grève générale révolutionnaire : « La grève générale ne se limite pas à une cessation de travail, mais doit être immédiatement suivie de la prise de possession et de la réorganisation de la production et de la circulation des produits. » Cette stratégie concrétise les positions des antiautoritaires de l’AIT, affirmant le refus pour le syndicalisme d’instaurer un socialisme par délégation et de jouer un rôle de clientèle électorale pour un parti, ou de chair à canon pour un état-major révolutionnaire : « La grève générale révolutionnaire apparait comme l’unique et seul efficace moyen pour la classe ouvrière de s’émanciper intégralement du joug capitaliste et gouvernemental » (Groupe anarchiste des étudiants socialistes révolutionnaires et internationalistes, 1901).

Devant le développement de l’idée de grève générale, certains, tel Henri Van Kol, fondateur du parti social-démocrate des Pays- Bas, pensent qu’« il est de notre devoir de démasquer ce moyen anarchiste, et d’avertir la classe ouvrière contre ce moyen de lutte dangereux, nuisible et impuissant ». Cependant, en France, seul le Parti ouvrier de France de Jules Guesde affiche clairement ses choix : « Grève générale et on ne vote plus ! Grève générale et l’on méprise les politiciens auxquels on reproche d’exploiter les travailleurs ! » Les autres partis socialistes, tenant compte du choix majoritaire du mouvement ouvrier, adoptent un « socialisme de juste milieu ». Les réformistes de Jean Jaurès et les partisans de Jean Allemane du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire tentent de concilier grève générale et action parlementaire, alors que les blanquistes l’assortissent d’insurrectionnalisme. « Comme toujours les politiciens suivent le vent qui tourne. Dans nos congrès corporatifs, la grève générale a été adoptée. Comprenant qu’ils font fausse route, ils vont essayer aujourd’hui de se revendiquer de ce mouvement, afin de le faire mieux avorter » (La Grève générale, 1901). Jaurès affirmera un peu plus tard : « Il n’y a pour le socialisme qu’une méthode souveraine, conquérir légalement la majorité. »

Syndicalisme révolutionnaire et anarcho-syndicalisme

Les syndicalistes révolutionnaires veulent exalter l’individualité de la vie de producteur ; ils vont donc contre les intérêts des politiciens qui voudraient diriger la révolution de manière à transmettre le pouvoir à une nouvelle minorité », écrit Georges Sorel dans Réflexions sur la violence, en 1908. Keufer, opposant réformiste, reproche alors à la CGT d’être devenue, « sous l’impulsion des libertaires, un véritable parti ouvrier anarchiste ». C’est un peu schématique, car des blanquistes, des allemanistes ont aussi eu un rôle, et des libertaires restent encore hostiles au syndicalisme. Mais l’apport anarchiste a été essentiel dans le syndicalisme révolutionnaire : analyse du rôle de l’État, refus du parlementarisme et des politiciens, antimilitarisme, antipatriotisme, action directe.

Pourquoi ces pratiques, enracinées dans le mouvement ouvrier, ont-elles été vaincues et souvent occultées ? Bien des événements ont permis au capitalisme de parfaire ses armes, aux politiciens de saper l’autonomie ouvrière : en 1905, les groupes socialistes se regroupent dans la SFIO ; la « Grande Guerre », à laquelle ne put s’opposer la CGT, causa la mort de nombreux militants ouvriers et désillusionna beaucoup d’internationalistes ; le rôle réel des bolcheviks dans la révolution russe ne fut perçu au début que par quelques anarchistes, et poussa des syndicalistes révolutionnaires, tel Monatte, à adhérer au Parti communiste créé en 1920 ; enfin, les méthodes de noyautage des syndicats par des fractions politiques étaient inconnues, et permirent au Parti communiste de « pénétrer dans la CGT comme une pointe d’acier dans une motte de beurre ».

Face aux réformistes et aux staliniens, une partie des syndicalistes révolutionnaires, autour de Pierre Besnard, créeront en 1926 la CGT syndicaliste révolutionnaire (CGT-SR) sur la base de la charte de Lyon, texte fondateur de l’anarcho-syndicalisme, clairement antagonique des partis politiques. Mais il est déjà trop tard.

Changer la vie

Résignation et soumission, qui prospèrent sur la quasi-disparition des cultures ouvrières et paysannes, n’ont pas encore totalement laissé la voie libre au capitalisme mortifère. Si la grève générale n’a pas balayé les possédants, des « grèves généralisées » les ont ébranlés. En 1936, ou 1968, elles ont retardé l’avancée du libéralisme et de ses « partenaires sociaux », et redonné espoir à ceux qui veulent « changer la vie ». Lorsque les ouvriers polonais de Solidarnosc, dans la région de Lodz en octobre 1981, ont commencé à intervenir directement sur la production des usines, il a fallu l’intervention de l’armée russe pour étouffer ce que l’Agence Tass avait stigmatisé à l’époque comme de l’anarcho-syndicalisme.

Les récents mouvements sociaux permettent la redécouverte de ce que furent les pratiques de ce que nos compagnons de l’époque appelaient la « gymnastique révolutionnaire » : bloquer l’économie et les transports, rassembler dans actions et analyses chômeurs, précaires, salariés de toutes professions, lycéens, se réapproprier des lieux pour pérenniser ces rencontres, telle la Maison de la grève de Rennes, alimenter des caisses de grève, etc. Il est plus que temps de réinventer les Bourses du travail, outils pour l’action, l’éducation populaire, la solidarité brisant le corporatisme et l’individualisme… et la préparation d’une grève générale, « révolte sociale dirigée contre le patronat » et qui « présente le minimum de risques d’être accaparée par les politiciens ou d’aboutir au socialisme d’État ».

Élan noir

1. Cité par Miguel Chueca dans Déposséder les possédants. La grève générale aux « temps héroïques » du syndicalisme révolutionnaire (1895-1906), Agone, 2008. Ce livre est la matière du présent article.

Nouvel Ordre Mondial: Regardez bien autours de vous l’hyper fascisme neoliberal est dans nos murs…

Posted in actualité, N.O.M, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, police politique et totalitarisme, politique française with tags , , , , , , on 23 décembre 2010 by Résistance 71
Nous reproduisons ici un petit pamphlet d’anticipation que nous trouvons fort a propos dans le contexte actuel de la poussee totalitaire tous azimuts.
Nous vivons des temps etouffant et tres decisifs pour l’avenir des peuples.
L’oligarchie financiere et industrielle transnationale a enclanche la derniere phase de la metamorphose de la larve capitaliste neoliberale en le plus « froid des monstres froids » des etats totalitaires et tentaculaires, celui du gouvernement unique mondial gere par une clique restreinte d’oligarques, suspects habituels des turpitudes « elitistes » depuis des decennies.
Il suffit de constater pour s’en convaincre le renforcement des Etats policiers, partout, des Etats-Unis, a l’UE; une fois de plus, c’est avec le fascisme, cette fois-ci le plus sophistique et le plus ravageur que l’Histoire ait connu, que nous les peuples allons devoir affronter. La lutte est deja engagee sur de nombreux fronts, souvent a l’insu du grand nombre…
Que les peuples se reveillent avant qu’il ne soit trop tard. C’est debout et ensemble que nous vaincrons pour enfin instaurer une societe egalitaire, libertaire et progressiste.
Le fascisme neoliberal ne passera pas !
– Resistance 71 –
 
 
En 2010, nous avions encore le choix.

Caleb IRRI

Je suis né en 2010 et j’ai 20 ans. Je dois partir à la guerre et j’ai peur. J’aurais bien voulu éviter cela, mais c’est impossible : la puce qui se trouve dans mon bras ne me le permet pas. “Ils” doivent savoir tout le temps où je suis, pour ma propre sécurité. Pourtant, mes parents m’ont toujours dit que tout était bien mieux avant : on pouvait se déplacer où bon nous semblait, parler à qui l’on souhaitait, choisir ce que l’on voulait faire… oui, cela devait être bien. Mais pour nos ennemis aussi.

D’après ce que je sais, c’est lorsque j’avais six ans que tout a changé. Après une crise économique terrible, les gouvernements de l’Europe (qui n’étaient pas alors une province de l’Empire Atlantique) avaient décidé de faire cesser les révoltes populaires, et arrêté un grand nombre de terroristes, qui d’après ce que j’ai compris émettaient sur internet des appels à la révolte, et se battaient pour faire émerger de nouvelles idéologies. Je ne sais pas comment cela a pu se produire puisque toutes les communications étaient déjà surveillées, mais des groupes de Musulmans, alliés à ces terroristes, ont tout de même réussi à lancer des attentats contre les pays libres, pour semer le chaos et la guerre partout autour d’eux. D’après ce que j’ai appris à l’école, ces “êtres sauvages” (je ne sais pas comment les appeler autrement) n’ont rien d’humain, et n’ont aucun autre but que de nous exterminer, nous les envoyés de Dieu. C’est comme cela qu’on s’appelle entre nous, pour faire la différence. Car c’est vrai qu’ils nous ressemblent beaucoup.

Toujours est-il que c’est après un de ces attentats, plus meurtrier que les autres, que la guerre s’est déclenchée, et que le monde libre a été contraint de recourir à l’Etat d’Urgence. Désormais tous les enfants sont pucés dès la naissance, et le gouvernement, qui reçoit ses ordres du chef de l’Empire Atlantique, doit appliquer les Plans quinquennaux de production pour pouvoir continuer à lutter efficacement contre nos ennemis. Mes parents ont alors été envoyé dans des usines d’armement, et moi-même dans un internat social, où j’ai appris à lire et à écrire. Là-bas j’ai aussi appris à reconnaître mes droits et mes devoirs, c’est à dire l’obéissance et le respect des valeurs humaines : je sais où j’ai le droit de me déplacer, à qui j’ai le droit de parler, et ce que je n’ai pas le droit de dire.

Mes parents, avant d’être pendus pour terrorisme, le savaient eux-aussi pourtant. Vivre libres ce n’était pas lutter contre nos chers gouvernants, mais éliminer les dangereux terroristes qui nous massacrent tous les jours quelques hommes justes et bons. Eux qui croyaient que tout allait s’arranger en les “intégrant”, en les aidant, en les aimant… je ne sais pas ce qui a pu leur passer par la tête : comment imaginer faire comprendre quoi que ce soit à des bêtes sanguinaires ?

Je sais bien ce qu’ils me racontaient quand j’étais petit. Que l’amour de son prochain et la confiance étaient des valeurs bien supérieurs à la haine et à la peur, et d’autres stupidités du même genre…mais on m’a prouvé depuis que tout cela n’était que mensonge et tromperie : l’étranger n’est pas un “prochain”, et il faut en avoir peur pour pouvoir le haïr. Mais c’est que mes parents étaient, d’après ce qu’on m’a dit, conditionnés à réfléchir comme cela, ils ne savaient pas, et ne pouvaient pas comprendre.

Et puis c’est bien à cause d’eux aussi si tout cela s’est déroulé comme ça : restriction d’eau, de carburant, de nourriture, tout cela ne serait pas arrivé si nous n’avions pas permis à tous ces monstres de se nourrir et de se développer ainsi, comme des souris ! La dernière fois que je les ai vu, je leur ai dit tout cela, mais ils ne voulaient rien comprendre : ils me répétaient sans cesse que nous étions tous des frères, et que chacun méritait de vivre dignement, et librement. Qu’il fallait agir pour éviter la guerre et la famine, changer le monde et toutes ces stupidités. Que nos gouvernants ne cherchaient qu’à nous asservir et nous affamer, pour mieux nous contrôler… Mais qu’ont-ils fait eux, alors, pour éviter cela, puisqu’ils en étaient convaincus ?

Rien. Rien du tout. Ils ne faisaient que critiquer, appeler à la révolte, citer tels ou tels auteurs qu’on sait aujourd’hui être des traîtres, et puis surtout se plaindre. Et maintenant, à cause d’eux, eux qui n’ont pas accompli leur devoir quand l’ennemi était encore faible, tant qu’il en était encore temps, je vais devoir partir demain sur le front pour aller me battre avec des bêtes féroces et sauvages, pour sauver le monde libre de leurs volontés maléfiques. Et j’ai peur. Une peur bleue. Et je hais mes parents, car ils n’ont rien fait pour m’éviter cela.

J’ai bien fait de les dénoncer.

Caleb Irri

Url de l’article original:

http://www.legrandsoir.info/En-2010-nous-avions-encore-le-choix.html

Economie et finances: Le systeme financier perverse doit être abattu comme un animal enragé

Posted in actualité, économie, crise mondiale, néo-libéralisme et paupérisation with tags , , , , , , , on 20 décembre 2010 by Résistance 71

Le peuple mettra-t-il le holà à la voracité illimitée du système financier ?

Par Eric SIMON

Prédation du système bancaire.

Le commerce repose sur des rapports de confiance. Une part élevée des ressources servent à couvrir les opérations des acteurs financiers, par des montages complexes et dévoreurs de capitaux. Lorsqu’une personne ou un établissement commercial se sait couvert contre un risque, il peut arriver qu’il relâche sa prudence, voire qu’il fraude pour tirer avantage de sa garantie. Cette réalité s’applique aux banques commerciales, trop souvent tentées par des activités hasardeuses. Tant que des spéculateurs assument les risques élevés en contrepartie d’ intérêts attractifs, le système est fluide. Que les spéculateurs perdent confiance, la mécanique s’enraye.

La dérégulation et la dérèglementation ont transféré une grande partie du contrôle de l’activité économique et financière des Etats vers les acteurs privés, décidés à mettre en place eux même les règles et les normes de fonctionnement de leur propre marché. Une récupération du pouvoir des banques par les Etats ne changerait pas fondamentalement la donne en l’état actuel, elle ne ferait que leur transmettre le mandat de poursuivre la même aventure.

En octroyant à la finance de marché le pouvoir de créer son propre univers de règles censé être compatible avec celui de la société, le système bancaire s’est affranchi de la légalité. Dès lors, le gendarme de la bourse a perdu son aspect dissuasif.

Il s’en est suivi que la criminalité a incrusté et irradié l’économie légale. Or, il existe une effet papillon de la fraude : un acte frauduleux insignifiant peut, à distance, causer des dommages considérables. Les trafics transnationaux, les mafias et les cartels, la délinquance économique et financière, la corruption nationale et internationale des élites, le blanchiment de l’argent sale, etc..constituent des menaces croissantes. En laissant la finance devenir l’arbitre de l’économie, ils ont ouvert la voie à une économie trafiquante . Dorénavant, les pratiques transgressives sont logées au cœur de la matrice financière. Le caractère impersonnel de ce type de prédation fait qu’il n’est pas imputable à des individus en particulier. Il est devenu une modalité à part entière de l’économie et de la finance….la fraude est devenue tantôt une variable d’ajustement de l’économie et de la finance, tantôt un mode de gestion.

Ostracisme du système bancaire.

Quand le système financier peut se passer de l’économie réelle, c’est-à-dire quand il peut faire de l’argent à partir de son propre argent sans passer par l’échange économique, pourquoi s’en priverait-il ?

L’économiste et conseiller Jacques Attali nous fait cet aveux : « dans les dix prochaines années, les principales forces économiques, financières et politiques se ligueront pour que rien d’essentiel ne change de par le monde sur le plan idéologique. » [1] La ploutocratie s’agrippe à ses privilèges de condition, bien déterminée à sauver le paradigme économique .**Car en vérité, ce sont les spéculateurs de la haute finance qui auraient beaucoup à perdre en cas d’effondrement du paradigme économique. Quand aux citoyens, à la société, notre capital humain, notre savoir faire resterait intacts et nous nous remettrions vite de cette situation grâce à des bases saines et solides. La planète finance est un monde à part. En France, 1% de la population possède 32% des revenus du patrimoine et48% des revenus exceptionnels déclarés (plus-values, levées d’option) selon l’étude de l’Insee sur les revenus et les patrimoines des ménages publiée en 2010 [2]. Les inégalités dans l’accès aux profits de la finance sont donc démesurées. Une petite oligarchie concentre l’essentiel de cette source de revenus.

Pour maintenir le paradigme économique contemporain sou perfusion, l’oligarchie s’appuiera sur les services fiscaux. Cela passera par une hausse des prélèvements obligatoires et la poursuite d’une diminution des dépenses publiques. De nouvelles « réformes » plus drastique sont donc inévitables. Pour faire passer la pilule, les gouvernants devront exceller dans l’art de manipuler les foules. Ce sont les classes moyennes et les plus modestes qui vont subir le plus durement les mesures de rigueur présentes et à venir, à travers les dégradations des services publics, la détérioration de la couverture du risque santé, le durcissement des conditions d’accès à une retraite à taux plein.

Eric Cantona a bien cerné le problème quand il déclare que « Le système est bâti sur le pouvoir des banques, donc il peut être détruit par les banques ». L’empressement de nos gouvernants à le contrecarrer, le manque de retenue du monde de la finance, en sont l’illustration. Quand le directeur de BNP Paribas, Baudoin Prot, assure comme Christine Lagarde que « les banques françaises n’ont aucunement contribué aux origines de la crise » et les aides de l’Etat de l’époque n’ont rien « coûté aux contribuables », il ment. Et pour preuve : les emprunts ont doublé entre 2007 et 2010, passant de 97,5 milliards à 188 milliards d’euros. Renfloués par l’Etat au plus fort de la crise, les établissements bancaires lui ont prêté une partie de l’argent qu’ils venaient de recevoir en souscrivant notamment au grand emprunt…. Le marché financier de couverture des dettes publiques est un indicateur de la domination de la finance sur la politique. En outre avec cet argent « reçue », les banques vont pouvoir continuer d’acheter les bons du trésor émis par les Etats pour combler les déficits publics et amortir la dette.

La taille des banques n’est pas sans incidence sur la stabilité d’ensemble du système financier. En cas de chute, les grandes banques en entrainent inévitablement beaucoup d’autres avec elles en raison des liens financiers qu’elles ont tissés entre elles. C’est pourquoi on dit qu’elles sont trop grosses pour qu’on les laisse faire faillite : les autorités monétaires et politiques se sentant obligées de les sauver en cas de difficultés. Forts de cette garantie de sauvetage, ces grands groupes sont cependant incités à prendre beaucoup plus de risques qu’ils ne le feraient s’ils avaient à assumer seuls les conséquences de leur chute.

Pour faire face à la crise actuelle, débutée en 2007, les banques centrales ont dû se résoudre à prendre des mesures non conventionnelles qui ont permis aux banques de se refinancer sans limite de montant à un taux fixe proche de 0%, pour une période bien plus longue qu’à l’accoutumée, en mettant en pension un éventail de titres bien plus larges qu’auparavant.

Le montant cumulé des plans de sauvetage entrepris pour éviter la banqueroute du secteur bancaire et financier avoisine les 1000 milliards de dollars dont 700 milliards de dollars pour les seuls américains. Bien entendu ces masses d’argent ont un coût d’opportunité : pendant qu’on les utilise pour sauver les banques on ne les utilise pas pour autre chose….. Un grave problème demeure cependant. Cette intervention, si elle est systématique, a l’inconvénient d’assurer un drôle de jeu au secteur financier : face il gagne, pile l’Etat perd. Un des problème de comportement fondamental, bien connu des assureurs est l’ « aléa moral ».

Espagne : trop gros pour se retrouver en défaut de paiement

Une crise de la dette souveraine, accentuée par les aides récentes accordées au système bancaire, peu survenir dans les pays surendettés de la zone euro. Après la Grèce, l’irlande, le Portugal, un effet dominos est redouté.

Parasitisme du système bancaire.

La responsabilité des banquiers dans les crises économiques conjoncturelles ne fait pas de doute : ils ont allègrement transféré sur d’autres les risques qu’ils ont vocation à gérer, incité leurs traders, par des systèmes pernicieux de rémunérations, à prendre d’énormes risques….

La part de responsabilité dans la crise chronique qui a touché la France de plein fouet en 1973 ne fait pas de doute non plus. La loi n°73-7 du 3 janvier 1973 qui a été votée sous l’impulsion du ministre des finances d’alors Valérie Giscard D’Estaing est responsable de l’austérité qui nous réserve pour les décénies avenir. Cette loi interdit au trésor Public d’emprunter directement à la Banque de France à taux nul comme auparavant. L’article 25 stipule : « Le Trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l’escompte de la Banque de France ». Jean-Luc Mélenchon a eu le courage de dénoncer cette loi de 1973 à mainte reprise, notamment dans l’émission « mots croisés ». On attend toujours qu’Olivier Besancenot se positionne sur cette arnaque bancaire et qu’il ose enfin soulever la chape de plomb qui protège les marchés financiers. Cette mesure a tout de même accru, à elle seule, l’endettement de la France d’environ 1350 milliards d’euros. Mesure qui fut étendue à toute la zone euro avec le traité Maastricht. On comprend dès lors mieux pourquoi le risque de crise de la dette souveraine et les mesures de rigueur pour l’enrayer concernent tous les pays de la zone euros. En effet, la haute finance ne souhaite pas tuer la poule aux œufs d’or et compte bien continuer à parasiter la société en prospérant sur le dos des citoyens.

Spoliation du système bancaire.

Dans un budget quel qu’il soit on compare les recettes avec les dépenses et la différence donne ledéficit. Pour le budget de l’Etat, la différence est de l’ordre de 20%. Depuis 1975, les dépenses excèdent les recettes de l’ordre de 20% (22% en 1996, 14,8% en 2000, 17,2% en 2006). Le ratio entre charge de la dette et recettes nettes de l’Etat amène à constater que plus du quart des recettes nettes sont consacrées à la charge de la dette. Voilà de la richesse nationale produite par la masse des travailleurs qui part en fumée !

Il faut combattre une idée fausse : la dette nous aurait permis d’équiper la France en routes, écoles, hopitaux, etc. Non, la dette n’a pas servi à l’investissement public mais aux dépenses de fonctionnement. Le rapport Pébereau est clair sur ce point : « C’est une gestion peu rigoureuse qui explique, pour l’essentiel la hausse continue des dépenses depuis 25 ans. » [3]

Qui gère concrètement la dette de l’État ? L’Agence France Trésor. Domiciliée à Bercy cette structure a été créée en 2001 pour gérer spécifiquement la dette de l’État. Elle est assistée dans sa tâche par le comité stratégique qui « la conseille sur les grands axes de la politique d’émission de l’Etat. ». On découvre sur le site officiel [4] que ce comité stratégique de dix membres comprend, entre autres, un représentant de la banque nationale suisse, un représentant du fonds souverain de Singapour, un représentant de la compagnie financière Edmond De Rotschild et de l’International Capital Market Association. Le chercheur en finance Philippe Herlin s’interroge : n’y-a-t-il pas là conflit d’intérêts ? [5]

Eric Simon

[1 ] Sept leçons de vie, survivre aux crises Ed. Fayard, Pg 40

[2] Les revenus et les patrimoines des ménages. Paris, « Insee références », 2010, P47.

[3] Michel Pébereau, Rompre avec la facilité de la dette publique, La documentation française, 2005.

[4] aft.gouv.fr

[5] France, la faillite ? Ed. d’organisation, groupe Eyrolles

URL de cet article 12250

http://www.legrandsoir.info/Le-peuple-mettra-t-il-le-hola-a-la-voracite-illimitee-du-systeme-financier.html

11 septembre et terrorisme: politique de la peur et vache a lait des totalitarismes

Posted in 11 septembre, actualité, guerres imperialistes, média et propagande, N.O.M, terrorisme d'état with tags , , , , on 20 décembre 2010 by Résistance 71

De 1933 a 2010, toujours la peur et la menace terroriste

par Pascal Sacré

Url de l’article original:

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=22465

Finalement, les choses ont bien peu changé. Nous croyons vivre dans des démocraties mais les moyens pour nous contrôler sont identiques à ceux rencontrés dans des régimes plus totalitaires. Les moyens en question sont plus subtils et moins visibles, mais tout aussi déloyaux. Novembre 2010, le Reichstag est encore une fois la cible d’effrayants terroristes.

Selon eux, c’est toujours pour notre bien que nos gouvernements suppriment nos libertés. Ce serait un mal nécessaire face à la menace de nos éternels ennemis. Autrefois c’était le communiste. Aujourd’hui, ce sont les islamistes. Peu importe. L’important est de disposer d’un ennemi. La peur est un bon moyen de contrôler les mécanismes d’analyse et de réflexion d’une population. Quand vous avez peur, vous êtes incapables de réfléchir sereinement.

Sous l’effet de la peur, nos capacités naturelles à nous prendre en charge, et nos ressources, la confiance, le bien-être, le discernement, l’optimisme, l’héroïsme, la joie se volatilisent comme de la neige en plein soleil. La peur est profondément enfouie dans nos esprits, plus précisément dans une région appelée l’amygdale cérébrale, et gouverne toutes nos réactions, souvent à notre insu.

Des chercheurs de l’Université de New York ont montré qu’entre ce que nous disons et ce que nous ressentons fondamentalement, l’écart est parfois très grand. Elisabeth Phelps a mis en évidence un paradoxe humain fort intéressant : ce n’est pas parce qu’une personne dit ne pas être raciste (sujet de l’étude) qu’elle ne l’est pas au fond d’elle, bien au contraire !

Un questionnaire mesure les croyances et les attitudes conscientes que les gens estiment avoir, le Racism Modern Scale dans l’étude de Phelps. Cette partie évalue nos croyances conscientes, ce que nous affirmons éprouver envers un sujet, par exemple envers les Noirs américains pour des sujets blancs, ou les homosexuels pour des hétérosexuels.

Deux autres tests, le test implicite d’association et la réponse du clignement des yeux (Startle Eyeblink response), sont des mesures indirectes de nos croyances fondamentales et court-circuitent notre conscience. Les réponses mesurées par ces tests ne peuvent mentir. Le premier mesure la vitesse avec laquelle sont réalisées des associations entre le sujet de l’étude (des groupes raciaux dans l’étude de Phelps) et des appréciations négatives ou positives. Le second test mesure l’intensité du clignement des paupières pendant que les sujets voient des images comportant le stimulus testé (par exemple des visages de Blancs ou de Noirs). L’amplitude de la contraction musculaire des yeux est mesurée par un électromyogramme.

Il existe un quatrième moyen, plus sophistiqué, qui mesure au moyen  d’un appareil d’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle l’état du sujet pendant qu’il visualise le stimulus testé. Dans l’étude de Phelps sur le racisme, selon le premier test, le questionnaire direct, les sujets seraient  peu racistes. Les mesures indirectes, le test implicite d’association et le test de clignement des yeux, révèlent tout à fait l’inverse, les sujets blancs présentant une réaction beaucoup plus forte à la vue et à l’évocation des Noirs. Les mesures indirectes sont en corrélation exacte avec l’activation d’une zone du cerveau, l’amygdale cérébrale, le centre de la peur.

Plus les scores aux tests indirects sont élevés, plus l’activité de l’amygdale, mesurée par l’imagerie magnétique, est importante, traduisant une réaction émotionnelle de peur  à la vue du stimulus, un visage de l’autre race dans l’étude de Phelps.La corrélation entre le questionnaire direct et l’activation amygdalienne est par contre inverse.

Ces constatations ont été faites dans d’autres situations, par d’autres chercheurs.

Melanie Steffen de l’université de Trier en Allemagne, a étudié l’écart entre notre attitude explicite et notre réaction implicite vis-à-vis des homosexuels.

Nous pouvons imaginer ce qu’il en est aujourd’hui, pour les populations occidentales, de notre réaction amygdalienne vis-à-vis des musulmans, où la notion de racisme est aujourd’hui renforcée par la peur du terroriste, peur savamment entretenue par nos « leaders » d’opinion. Savamment entretenue, mais jamais expliquée, jamais nuancée, jamais remise en question malgré les nombreux doutes, y compris de chercheurs et d’universitaires occidentaux, sur l’idéologie manichéenne présentée comme une évidence au lendemain du 11 septembre 2001.

Le terrorisme islamique a cet avantage pour nos gouvernements de ne pas être une menace clairement identifiée. Elle est perpétuelle, floue, terrifiante et omniprésente. Cette menace, à l’ère de tous ces moyens électroniques de surveillance et de repérage dont nous disposons, serait malgré tout indestructible, insoluble, tout au plus pourrions-nous la contenir, nous en protéger par des barricades et des miradors, des patrouilles et des fouilles incessantes.

Pourquoi ?

Le 11 septembre 2001 a consacré ce nouveau mode de vie, l’obligation de passer dans des scanners corporels, la perspective de voir Internet cadenassé, la peur d’aborder certains sujets et de manifester dans la rue pour nos droits. Cet événement dramatique a suffi à justifier la rhétorique de nos dirigeants. Il est là, en toile de fond, à jamais. Grâce à lui,  plus besoin pour nos politiques de revenir constamment en arrière et de nous donner des explications futiles.

Vraiment ?

Pourtant aucune preuve n’a été apportée à la thèse occidentale dominante, celle d’un réseau islamiste extrémiste organisé et autonome, et le rapport de la Commission Nationale sur ces attentats, la commission Kean-Hamilton, de l’aveu même de ses présidents [1]-[2], est un échec et n’a répondu à aucune des questions soulevées par des critiques sérieux et courageux, dont de nombreuses familles de victimes [3].

Si les populations occidentales pouvaient retrouver un peu de sérénité sur ce sujet et ne plus écouter la peur instillée par nos dirigeants, entretenue par les raccourcis médiatiques et des discours d’experts obsédés, mais écouter leur esprit critique, elles se rendraient compte qu’Oussama Ben Laden n’a jamais revendiqué ces attentats [4]-[5]-[6].S’il s’en est réjoui, Ben Laden a fermement démenti sa participation [7]-[8]-[9]. Le 28 septembre 2001, dans une interview donnée au quotidien pakistanais Ummat, Ben Laden explique une nouvelle fois qu’il n’est « pas impliqué dans les attentats du 11 Septembre. Les Etats-Unis devraient rechercher les auteurs de ces attentats en son sein » précise-t-il [10].

Cette hypothèse n’est pas si farfelue et si, venant de lui, elle n’a pour nous aucun poids, un certain nombre d’Occidentaux, universitaires, scientifiques, militaires, chercheurs, politiciens, journalistes, l’ont depuis évoquée, à leur tour, et ils sont de plus en plus à l’avoir fait, les années passant et les doutes se renforçant.

Quant à la première « vidéo confession » de Ben Laden avouant avoir organisé ces attentats, apparue en décembre 2001, magiquement retrouvée par la CIA dans une maison en Afghanistan à un moment fort opportun pour ses employeurs, puis traduite par le Pentagone pour être ensuite diffusée dans le monde entier, plusieurs experts démontrent bien qu’elle est fausse, trafiquée, manipulée [11]-[12]. En tout cas, elle ne peut servir de preuve.

Celle qui sortira de la hotte des services de renseignement le 29 octobre 2004, soit quatre jours avant les élections présidentielles US, est tout aussi suspecte [13].

Dans celle du 8 septembre 2007, Ben Laden ne fait aucune référence aux attentats du 11 Septembre mais annonce une intensification des actions d’al-Qaida en Irak.

Alors que la vidéo précédente était intervenue à la veille des élections présidentielles de 2004 et avait bien aidé Bush face à Kerry, cette fois-ci, l’image du chef d’al-Qaida [dans laquelle il annonce une intensification des actions en Irak] apparaît juste avant le débat au Congrès sur la stratégie US en Irak [14]. Le directeur adjoint de la rédaction du Figaro Pierre Rousselin y relève une « curieuse coïncidence » [15].

Des observateurs et experts en analyse numérique [16] battent en brèche l’authenticité de cette vidéo, comme pour les précédentes [17].

Le Dr. Neal Krawetz conclut son analyse ainsi : « Quelles sont les chances que rien n’ait changé, excepté sa barbe en trois ans ? Pratiquement aucune. [La vidéo de 2007] semble avoir été enregistrée trois ans auparavant » [18].

Malgré cela, nos « grands » médias, nos gouvernements et nos experts ne remettent jamais en question le postulat de départ fait en septembre 2001, celle d’un réseau terroriste très organisé et capable de faire trembler les nations les plus riches et les plus sécurisées de la planète, ayant fomenté les attentats de septembre 2001 aux Etats-Unis, ceux de 2004 à Madrid, ceux de 2005 à Londres.

Ce mythe justifie la politique sécuritaire et militaire de nos gouvernements, aujourd’hui plus que jamais et il ne faudrait même plus y réfléchir.

La solution proposée par les Etats-Unis et leur allié la Grande-Bretagne, entraînant leurs vassaux européens de l’OTAN dans leur guerre en Afghanistan, n’est jamais analysée en profondeur, et plus jamais remise en question. Faire la guerre à des pays supposés protecteurs d’un prétendu réseau islamique hypertrophié, qui n’a jamais formellement revendiqué les attentats de 2001 et a même démentit fermement sa participation : voilà à quoi se résume notre réponse au terrorisme.

Et puis ?

Aucun des pirates de l’air n’était ni irakien  ni afghan.

Cela aussi n’est jamais ré-analysé.

Si Saddam Hussein, lui, est pendu depuis belle lurette, après une capture surmédiatisée [19], Ben Laden et le n°2 d’Al-Qaida, Ayman al-Zawahiri [20], sont toujours introuvables.

Est-ce possible ? Vraiment, en y réfléchissant, avec vos lobes frontaux et non votre amygdale cérébrale, trouvez-vous cela vraiment plausible, sans y voir une complaisance, au minimum, de ceux qui disent les pourchasser ?

A une époque d’austérité sociale sans précédent, la guerre en Afghanistan coûte 1,3 million d’euros par jour aux contribuables français [21] et neuf années plus tard, les guerres en Irak, les invasions de l’Afghanistan, les incursions au Pakistan, en Somalie, au Yémen, les déploiements de navires dans les mers et océans limitrophes, les blocus et les « frappes » financières, ont-ils diminué, même un peu, la menace terroriste ?

Avons-nous moins peur pour autant ?

Passons-nous de meilleurs noëls dans nos capitales illuminées ?

Les guerres dans ces pays sont contreproductives. Elles sont déstabilisantes et sèment toujours plus de haine et de violence. Toujours plus de peur et de colère.

Neuf années après le drame du 11 septembre 2001, nos leaders n’ont toujours proposé aucune réflexion de fond, aucune alternative, aucune solution à long terme autre que la guerre, l’invasion, le bombardement, le drone, la famine, la corruption, des « solutions » brutales et sanguinaires qui ne font que répondre à un désir de vengeance, et non à un désir de vivre en paix, loin de toute peur.

Dans la nuit du 27 février 1933, un incendie détruit le Reichstag, le Parlement allemand. A l’issue de cet « attentat » imputé aux communistes, à l’issue d’un procès arrangé (pas de « vidéos confession » à cette époque),  Hitler introduira le décret présidentiel pour la protection du peuple et de l’Etat [22] (Reichstagsbrandverordnung).

Cela a abouti à la suspension des libertés de réunion et d’expression, à l’autorisation des écoutes téléphoniques, aux fouilles des maisons et à la détention illimitée et sans mandat ; cela a aussi ouvert la voie à des arrestations en masse d’opposants.

2010, après les Etats-Unis, la Grande-Bretagne [23], la France [24], la Suède [25], c’est au tour de l’Allemagne de rallumer la peur dans l’esprit de ses concitoyens, comme une piqûre de rappel [26].

Cette fois le Reichstag n’a pas encore été brûlé mais il est menacé. Ce ne sont pas des communistes, mais des islamistes dérangés.

On avait déjà bien essayé, début octobre, de nous affoler en citant la tour Eiffel et la gare de Berlin [27] comme cibles potentielles.

Le ministre de l’Intérieur allemand Thomas de Maizière a organisé une conférence de presse mercredi 17 novembre pour faire part de la menace terroriste [28].

La menace terroriste, toujours elle.

La peur.

Selon le Wall Street Journal, la médiatisation des menaces terroristes est plutôt rare en Allemagne, et la population est particulièrement inquiète [29].  Mais bien sûr.  Après nous avoir fait bien peur, on nous demande de garder notre calme. De ne pas céder à la panique.

Ne vous-êtes-vous jamais demandé si l’objectif de nos gouvernements n’était justement pas celui-là, qu’ils poursuivent plus ou moins délibérément : nous maintenir dans la peur et exploiter notre incapacité résultante à réfléchir ?

Comment expliquer sinon que ni les gouvernements et leurs ministères concernés, leurs experts attitrés, ni les grands médias, même spécialisés, n’abordent le terrorisme islamique avec plus d’honnêteté et d’objectivité, en soulignant, pour commencer, le caractère hypothétique et non certain de la responsabilité de Ben Laden et de son réseau dans les attentats du 11 septembre 2001 ?

Les menaces sur le Reichstag sont arrivées au bon moment pour Angela Merkel, peu de temps après les violentes manifestations sociales contre le nucléaire en Allemagne [30].

« La décision de prolonger la durée d’exploitation des centrales [nucléaires] adoptée par le gouvernement allemand bloque le développement des énergies renouvelables qui serait pourtant réalisable et indispensable », déclare Wolfgang Ehmke.

L’opinion publique est majoritairement hostile à cette loi revenant sur les promesses électorales. La colère monte en Allemagne.

L’antidote aux colères sociales justifiées ? La peur !

Et le meilleur moyen de nous faire peur aujourd’hui ? La menace terroriste.

Comme autrefois, la menace communiste.

Dans ce contexte social inquiétant, la bonne veille menace terroriste a permis de renforcer la surveillance des populations, d’augmenter les patrouilles dans les lieux publics et de légitimer une politique hypersécuritaire qui trouve dans le terrorisme en général, Al-Qaida en particulier, sa raison d’exister. Aqpa (al-Qaida dans la péninsule arabique), Aqmi (al-Qaida au Maghreb islamique) etc. Aq quelque chose. Nos gouvernants ont l’embarras du choix pour activer nos amygdales cérébrales.

Un article récent de Mediapart montre le parallèle saisissant qui existe entre le niveau d’alerte terroriste choisi par un gouvernement, et le degré d’insatisfaction sociale qui règne dans le pays [31].

Il existe une corrélation quasi scientifique entre l’usage de la menace, la mention d’un danger (l’étranger, le musulman, le communiste) par un gouvernement, et les moments critiques (période électorale, crises sociales, manifestations) rencontrés par ce gouvernement. Cela se voit dans toutes nos démocraties modernes.

La première vidéo de Ben Laden revendiquant les attentats du 11 septembre est arrivée en décembre 2001 pour justifier l’entrée en guerre en Afghanistan et balayer les premiers doutes.

La deuxième vidéo de 2004 a aidé Bush à l’emporter sur son rival, John Kerry, qui pourtant le devançait jusque là.

La troisième vidéo, en 2007, est apparue juste avant le vote du Congrès US pour renforcer ou non le budget de la guerre en Irak. Après la vision de la cassette, le budget fut voté.

Les menaces terroristes affluent en Europe au moment où tous les gouvernements démocratiques s’apprêtent à opprimer leurs populations en colère par des mesures d’austérité sévérissimes alliées à des mesures sécuritaires et liberticides sans précédent, dignes des pires dictatures.

En Allemagne en particulier, les menaces sur le Reichstag sont apparues dans les suites de violentes manifestations populaires contre le nucléaire et surtout contre les mensonges et dénis de parole du gouvernement Merkel.

Une fois vos amygdales cérébrales bâillonnées, tirez les conclusions qui s’imposent.

George Lowenstein, psychologue à la faculté des sciences sociales et décisionnelles de l’université de Carnegie Mellon, et d’autres chercheurs, ont montré à quel point les réactions impulsives et émotionnelles sont présentes au cœur des décisions politiques.

Ces chercheurs ont étudié ce qui influence nos prises de décisions. George Lowenstein explique clairement que les émotions suscitées dans les moments chauds, la plus puissante étant la peur, suivie par la colère, provoquent une forme de myopie qui nous conduit à un manque de perspective à long terme. Tout cela sous la gouverne d’une petite structure cérébrale qui échappe à tout contrôle conscient.

Les décisions à court terme sont essentiellement émotionnelles. Lorsqu’un événement produit une émotion comme la peur, le cerveau perd sa capacité à bien traiter les informations auxquelles il est soumis : il devient myope et même aveugle.

Contrairement à nous, nos gouvernants connaissent bien ces dysfonctionnements et l’exploitent depuis la nuit des temps.

Le Néerlandais Marinus van der Lubbe, communiste, a été condamné à mort pour «haute trahison» et décapité le 10 janvier 1934 pour, selon les Nazis, avoir incendié le Reichstag, prétexte à la mise en place d’un pouvoir sans limites par le gouvernement allemand de l’époque, préfigurant la venue d’un régime parmi les pires que l’humanité ait connus. Cette peine de mort et la culpabilité de Marinus furent invalidées en 2008 [32]. 75 ans plus tard !

Nos concitoyens ont fermé les yeux depuis le 11 septembre 2001 sous le coup de la peur et de la colère.

Espérons que nous ne mettrons pas 75 ans à les rouvrir.

Référence générale :

Toutes les références aux études mentionnées dans cet article, sur nos processus décisionnels et sur l’influence de la peur sur tous nos choix et réactions, se trouvent dans ce livre :

« Le Cerveau du Bien et du Mal », Dan Freeman, psychologue, éditions Quebecor, 2007.

Tyler et Feldman, p.33

Elisabeth Phelps, p. 34-36

Melanie Steffen, p36

Mahzarin Banaji, Harvard, concepteur du test d’association implicite, p.37

George Lowenstein, chapitre 6, pp. 125-142.

Sources :

[1] Le président de la Commission Thomas Kean : l’enquête « fut mise en place pour échouer »
http://www.reopen911.info/video/le-president-de-la-commission-thomas-kean-l-enquete-fut-mise-en-place-pour-echouer.html

[2] Le vice-président de le Commission Lee Hamilton interviewé par CBC : « Nous avions été mandatés pour échouer »
http://www.reopen911.info/video/interview-du-vice-president-de-le-commission-lee-hamilton-par-cbc-nous-avons-ete-mis-en-place-pour-echouer.html

[3] « Omissions et manipulations de la Commission d’enquête sur le 11 septembre », Professeur David Ray Griffin, Editions Demi-Lune, Collection Résistances, 2006

[4] Bin Laden denies role in attacks, reporter says,
http://www.nj.com/specialprojects/index.ssf?/specialprojects/huntevil/osamaa13.html

[5] Bin Laden says he wasn’t behind attacks,
http://archives.cnn.com/2001/US/09/16/inv.binladen.denial/index.html

[6] […] the elusive bin Laden, an exiled Saudi multimillionaire who has taken refuge in Afghanistan in recent years, issued a statement Sunday through the Arabic television network Al Jazeera, in Qatar, denying involvement. http://cjonline.com/stories/091701/ter_waronterrorism.shtml

[7] I was not involved, bin Laden insists,
http://web.archive.org/web/20010917092350/http:/uk.news.yahoo.com/010916/80/c46ag.html

[8] […] Mr Bin Laden has issued his first personal denial of involvement in the attacks. « The US is pointing the finger at me but I categorically state that I have not done this, » he said in a statement faxed to the Pakistan-based Afghan Islamic Press (AIP) news agency.http://www.telegraph.co.uk/news/1340678/Pakistan-seeks-Bin-Laden-handover.html et http://www.independent.co.uk/news/uk/politics/uk-rejects-bin-laden-denial-669534.html

[9] […] In a statement faxed to the pro-Taliban Afghan Islamic Press (AIP) agency, Bin Laden yesterday denied having anything to do with last week’s attacks in New York and Washington. « I am residing in Afghanistan. I have taken an oath of allegiance [to the Taliban’s spiritual leader, Mullah Mohammad Omar] which does not allow me to do such things from Afghanistan, » he claimed.http://www.guardian.co.uk/world/2001/sep/17/september11.afghanistan2

[10] Ummat, 28/09/01 http://www.justresponse.net/Bin_Laden1.html

[11] Bin Laden Video: Faulty Translation as Evidence? By Georg Restle and Ekkehard Sieker
http://s3.amazonaws.com/911timeline/2001/monitor122001.html

[12] Kevin Barrett talks to Bruce Lawrence of Duke University about the Bin Laden confession tapes which Lawrence says are bogus and that he knows people who work for the United States government who agree with him off the record.
http://www.radiodujour.com/people/lawrence_bruce/

[13] L’ex-présentateur du journal télévisé du soir sur CBS et aujourd’hui retraité Walter Cronkite affirma dans une interview sur CNN : « je suis enclin à penser que Karl Rove [le secrétaire général adjoint de la Maison Blanche de 2001 à 2006] est derrière cette cassette » CNN, Larry King Live, 29/10/04.

Quant à l’analyste politique Chris Matthews, célèbre animateur d’une émission politique sur MSNBC, il déclara : « Je pense que Karl Rove a manigancé tout ça » MSNBC, 29/10/04.

[14] Le 27 septembre 2007, le Congrès US donnera finalement son accord pour une augmentation massive des dépenses militaires en Irak de plusieurs dizaines de milliards de dollars, The Nation, 28/09/07.

[15] Curieuse coïncidence, http://www.lefigaro.fr/debats/20070910.FIG000000145_curieuse_coincidence.html

[16] As Alive as Elvis http://www.hackerfactor.com/blog/index.php?/archives/93-As-Alive-as-Elvis.html

[17] Latest Bin Laden Video Is a Forgery: All References to Current Events Are Made During Video Freeze
http://www.boomantribune.com/story/2007/9/9/61032/95401

[18] As Alive as Elvis, Op.cit.

[19] Le scénario de la capture de Saddam Hussein était pure propagande, http://www.voltairenet.org/article16490.html

[20] http://fr.euronews.net/2010/07/20/le-numero-deux-d-al-quaida-refait-surface/

[21] La guerre en Afghanistan coûte 1,3 million par jour aux contribuables français
http://secretdefense.blogs.liberation.fr/defense/2010/09/la-guerre-en-afghanistan-co%C3%BBte-13-million-par-jour-aux-contribuables-fran%C3%A7ais.html

[22] Reichstagsbrandverordnung, décret de l’incendie du Reichstag
http://fr.wikipedia.org/wiki/Reichstagsbrandverordnung

[23] Christmas terrorism: Attack believed possible in U.S., U.K.
http://www.examiner.com/law-enforcement-in-national/christmas-terrorism-attack-believed-possible-u-s-u-k

[24] http://www.slate.fr/story/27739/mediatisation-menace-terroriste-hortefeux-royal

[25] Terrorisme: la Suède relève le niveau d’alerte http://fr.rian.ru/world/20101001/187543491.html

[26] La menace terroriste omniprésente en Allemagne http://www.slate.fr/lien/30505/menace-terroriste-omnipresente-allemagne

[27] La tour Eiffel et la gare de Berlin, cibles potentielles d’attentats
http://www.lalibre.be/actu/international/article/614422/la-tour-eiffel-et-la-gare-de-berlin-cibles-potentielles-d-attentats.html#

[28] Terrorisme: danger accru en Allemagne, attentat prévu « fin novembre »
http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5jIY80F4rZjpy69JyN2NVE1LRjMdw?docId=CNG.31d9b20818d42f1c27bc8c7d7f8f5903.af1

[29] The threats have unnerved many Germans after government officials played down similar warnings from U.S. intelligence in recent months.
http://online.wsj.com/article/SB10001424052748704444304575628872520175474.html?mod=WSJEUROPE_newsreel_world

[30] Allemagne, 50 000 personnes à Gorleben contre le passage des « Castor »
http://www.nordeclair.fr/France-Monde/Europe/2010/11/08/50-000-personnes-a-gorleben-contre-le-pa.shtml

[31] Menace terroriste et crise politique: le précédent George Bush, 27 Septembre 2010 Par Thomas Cantaloube, Mediapart. Mediapart étant un journal en ligne payant, voici un site où vous pourrez accédez à l’article : http://www.reopen911.info/News/2010/10/05/mediapart-menace-terroriste-et-crise-politique-le-precedent-george-bush/

[32] Incendie du Reichstag : le verdict annulé 75 ans après
http://www.lefigaro.fr/international/2008/01/12/01003-20080112ARTFIG00150-incendie-du-reichstag-le-verdict-annule-ans-apres.php

La police politique en France: La DCRI ou le totalitarisme annoncé

Posted in actualité, police politique et totalitarisme, politique française with tags , , , on 18 décembre 2010 by Résistance 71

Javert Ier : petits retours sur la fusion des RG-DST et son rejeton, la DCRI

Url de l’article original: http://www.monde-libertaire.fr/securitaire/item/14081

On n’a pas assez attiré l’attention sur la fusion des RG et de la DST pour donner lieu à la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). Il en a résulté un énorme service policier au service de l’État mais aussi de notre président, Javert Ier, qui, comme on le verra, recourt à ses services à des fins privées et partisanes. Bien entendu, la direction du service a été confiée à un fidèle de l’omniprésident, M. Squarcini, lequel fait partie du clan de Neuilly, des corses amis et des vieux séides de l’ex-ministre de l’Intérieur. Car Javert Ier a ses réseaux : les Corses via sa première épouse et la mafia des Hauts-de-Seine (Pasqua, Ceccaldi-Reynaud, feu Achille Peretti, etc.), les collaborateurs de la mairie de Neuilly et du conseil général des Hauts-de-Seine, les hauts flics du ministère de l’Intérieur (Guéant, Péchenard, etc.). On a donc la concentration d’un pouvoir quasiment absolu dans un petit nombre de mains. À quoi il convient d’ajouter ses amis dans les médias et les milieux économiques (dépendant souvent des commandes ou des zones d’influence de l’État), lesquels sont assez souvent les mêmes.

Les missions de la DCRI sont essentiellement de lutter contre l’espionnage et le terrorisme. À quoi s’ajoute désormais le combat contre tout ce qui pourrait déstabiliser non seulement le pays mais aussi les intérêts en place. Les pouvoirs très étendus de la DCRI concernent désormais tous les mouvements sociaux et toutes les actions de désobéissance civile : arracheurs de plantes OGM, défenseurs des prisonniers et des immigrants (d’où la réactivation du délit quasi vichyste d’aide à un immigré clandestin, créant un frein à la solidarité), « anarcho-libertaires » (comme l’a montré l’affaire de Tarnac, montée de toutes pièces ; cela rappelle les « hitléro-trotskistes » chers à Staline), défenseurs des Palestiniens (par exemple, les boycotteurs des produits israéliens issus des territoires occupés), etc. Bien sûr, il ne s’agit pas de poursuivre tout le monde, mais de menaces permanentes, de cibles potentielles à usage politico-médiatique aux fins de maintien du sentiment d’insécurité. Cependant, eu égard à la profusion de textes répressifs depuis 2002 et encore plus 2007 (plus de 60 textes, plus de 116 modifications du Code pénal) et au raidissement des lois antiterroristes, il y a l’idée de faire peur à tout contestataire potentiel ou avéré. Toute personne qui s’engage dans un combat pour les libertés ou la défense d’intérêts généraux contre la finance et le capital est dûment prévenue qu’elle court des risques, notamment via la garde à vue notablement renforcée en cas de terrorisme, dont la qualification appartient aux forces de police et aux parquets. C’est dire que l’on peut être très facilement accusé de la chose. Ce qui cadre en plus avec le fait que maintenant la simple appartenance à un groupe soupçonné d’activisme est sévèrement punie. Horreur juridique puisque des intentions, qui plus est supposées, et des « dangerosités » potentielles sont réprimées au lieu des actes et des faits. Cela me donne une idée : au lieu de la grève, pourquoi ne pas se faire tous embastiller, ce qui est devenu très facile vu le nombre de délits aujourd’hui et ce qui à coup sûr supprimerait l’activité économique du pays.

C’est là que l’on perçoit que les choses ont été conçues pour aller dans le même sens en mobilisant tous les moyens : la police, la justice, la loi, les parquets. Tout cela a été pensé pour fusionner au nom de la toute-puissance du pouvoir tsarkozyen. Évidemment, les différents paramètres d’action ont été mis en place de façon séparée et étalée dans le temps pour que personne n’aperçoive rapidement la cohérence du projet de pénalisation de la société civile. La réforme du Conseil supérieur de la magistrature – où désormais les magistrats sont minoritaires au profit de « personnalités » nommées par Javert et les deux présidents de chambre législative – permet de nommer des procureurs dociles et opportunistes qui, par exemple, poursuivront une personne ayant aidé un immigré en lui prêtant un téléphone portable ou couvriront les manipulations policières (Tarnac) ou politicardes (Clearstream). Ou noieront le poisson sans poursuivre (Bettencourt-Woerth ou l’affaire des sous-marins du Pakistan impliquant Ballamou et qui vous savez, etc.).

La création de la DCRI est une innovation qui apporte aux ex-RG la couverture du « secret-défense » dont ils ne jouissaient pas avant. La prétendue loi pour protéger les sources des journalistes est bidon parce qu’elle annonce une liste d’exceptions particulièrement floues et discrétionnaires pour les parquetiers aux ordres. Et le must, c’est une loi passée en douce en juillet 2009, qui étend le secret-défense à des lieux où nul ne pourra plus enquêter : locaux ou installations militaires, DCRI elle-même, usines liées à des productions stratégiques ou militaires (La Hague, la Direction des constructions navales). Évidemment, la suppression du juge d’instruction, si elle finit par être votée, n’arrangera pas les choses car alors disparaîtrait la possibilité de se porter partie civile en cas de refus d’un procureur d’ouvrir une instruction. Tout concourt donc à empêcher une justice indépendante. Reste le Conseil d’État et les tribunaux administratifs ; mais les membres en sont nommés par le pouvoir qui, par le simple jeu des nominations, peut obtenir une justice administrative aux ordres. Il en est de même pour les tribunaux jusqu’à la Cour de cassation. Reste la nouvelle procédure de question préalable de constitutionnalité devant le Conseil constitutionnel ; mais c’est soumis à une ordalie procédurale (passage antérieur devant le Conseil d’État ou la Cour de cassation) et il suffira de jouer sur le renouvellement des membres déjà tous à droite sauf un sur onze (dont les deux ex-présidents, Diamantinos et Chiracos). C’est ce que l’on continue d’appeler « un État de droit ». Heureusement, nous conservons la Cour de justice des communautés européennes et celle des droits de l’homme ; mais les recours y prennent du temps et, pour la Cour européenne des droits de l’homme, il faut avoir épuisé toutes les voies de recours en France.

La DCRI est donc en bonne posture pour violer les procédures et les contrôles : il lui suffira d’en appeler à un magistrat complaisant ou au secret-défense. Ainsi, a-t-elle écouté des gens ou analysé leurs « fadettes 1 » pour rechercher qui était à l’origine de la rumeur sur les infidélités du couple Javert-Carla. De même, elle a obtenu les fadettes concernant la taupe ayant donné au Monde des indications sur l’affaire Bettencourt-Woerth. Là, le procureur de Paris (Marin en eaux troubles) a demandé la levée du secret-défense ; refusé ; appel, accordé. Et maintenant il faut que le comité Théodule haddock, faux-nez de neutralité truffé d’obligés du pouvoir, lève ledit secret. On attend sans grand espoir, comme pour les sous-Marin de Karachi. Cela rappelle l’affaire Pérol, ex-secrétaire général adjoint de la présidence Javert, nommé à la tête de la banque issue de la fusion des Caisses d’épargne et des Banques populaires alors qu’il l’avait préparée chez Tsarkowitch. Le pouvoir a prétendu que la Commission de déontologie, chargée d’examiner les pantouflages de hauts fonctionnaires dans le privé, avait été consultée. Pur mensonge : c’est le président comprador de ladite commission qui a donné le feu vert tout seul comme un grand hors toute procédure légale !

1. Relevé de conversations téléphoniques. (Ndlr.)

Zoom sur…

DCRG : la Direction centrale des renseignements généraux, « RG » pour les intimes, est une vieille institution du renseignement français née en 1911. Le but est de surveiller l’opinion, et en particulier celles et ceux qui, d’une façon ou d’une autre, peuvent l’influencer. Pendant la parenthèse de l’Occupation, les RG deviendront les « BS », Brigades spéciales, chargées de collaborer avec l’occupant nazi.

DST : créée en 1934, la Direction de surveillance du territoire, elle, était plus spécifiquement chargée du contre-­espion­nage. Avec l’écroulement du bloc soviétique, la DST s’intéressa de plus en plus aux questions de terrorisme international.

DCRI : La Direction centrale du renseignement intérieur, née en 2008, est le résultat de la fusion des Renseignements généraux et de la DST. Cette structure, qui, selon un communiqué du ministère de l’Intérieur, « se veut un FBI à la française », est apparue au grand jour lors de l’affaire Tarnac. Belle entrée en matière.

Le CRML

Jacques Langlois

Société française: le cantique de la résignation joyeuse

Posted in actualité, autogestion, néo-libéralisme et paupérisation, politique française with tags , , , , , , on 15 décembre 2010 by Résistance 71

Le cantique de la résignation joyeuse

Url de l’article original:

http://www.monde-libertaire.fr/debats/item/12830

Chers camarades de lutte, nous serions-nous tellement assoupis pour laisser imprégner nos articles de la propagande de la réaction ? Aurions-nous finalement cédé à la dictature de l’immédiat pour oublier les leçons du passé ? Aurions-nous perdu notre véritable âme anarchiste pour conduire nos combats sur les traces de l’individualisme ou du renoncement au vrai combat ? Nous serions-nous donc laissés enfermer dans des cercueils ne convenant ni aux morts ni aux vivants ?

De l’alternative au capitalisme qui aurait dû illuminer notre nouvelle année de lutte (numéro spécial des lecteurs de décembre du Monde libertaire), ne subsiste plus au mieux qu’un renoncement à la société anarchiste pour un lendemain proche. Solutions alternatives locales et parallèles dans un monde capitaliste néolibéral, formulation absolutiste du caractère capitaliste de toute société humaine, responsabilité personnelle de l’individu dans la situation actuelle… Ô certes, je ne confonds pas les tentatives de collectifs s’essayant aux futures possibilités d’organisation de notre société de demain avec les dérives idéologiques de penseurs perdus. Mais le métronome des dominants continue de battre le tempo trop rapidement pour nous permettre de commettre à nouveau les erreurs du passé.

La tentation de Robinson Crusoé

Qui n’a pas aspiré à vivre ses convictions en pleine harmonie avec la vie de tous les jours ? Qui ne s’est pas ainsi senti pleinement anarchiste en vivant en coopérative, en créant les alternatives locales à la vie organisée par l’État et les dominants ? Cette tentation nous habite tous, mais l’analyse de l’histoire nous démontre l’impossibilité, voire le danger de se tenir à cette simple alternative tant que l’ordre social actuel n’aura pas été totalement abattu. Ce que Michel Onfray appelle le principe de Gulliver (revendiqué par le philosophe pour des motifs beaucoup plus critiquables – comme nous le verrons par la suite) se traduit en réalité en syndrome de Robinson Crusoé, où chacun peut vivre en autonomie au milieu d’un océan d’oppression et d’exploitation, cherchant à élever son petit sauvage aux principes de l’anarchie expurgée. Plus d’attente d’un grand soir hypothétique, mais la réalisation concrète et partagée par quelques-un(e)s des ferments de la société du futur.

Pendant ce temps, la domination et l’oppression continuent son broyage d’hommes et de femmes – uniquement ralenties par le combat collectif. Les ouvriers de Continental, pourtant jetés devant les tribunaux, continuent de porter haut et fort la fierté prolétaire, les Grecs descendent dans la rue pour détruire un état corrompu et violent, les usines tentent de fermer les unes après les autres malgré les luttes d’un prolétariat qui a renoué avec la lutte concrète des classes et l’internationale (Flamands, Wallons, Allemands, Français ensemble contre le patronat en dépit des pseudo-rivalités nationales attisées par les pouvoirs et les médias). Autant de barricades en sourdine médiatique. Camarades, n’avons-nous pas oublié quelque chose en cours de route ?

Car si le système coopératif porte les germes de l’organisation économique de la société anarchiste que nous réclamons, il ne peut à l’heure et dans les conditions actuelles affranchir les travailleurs, ni améliorer notablement leur situation matérielle, tout en détournant du combat principal les énergies et les savoir-faire nécessaires à la réalisation de l’utopie révolutionnaire. Le capital ne craindra jamais la concurrence de toute association ouvrière pour la simple raison que ces associations réduites à leurs propres moyens ne seront jamais en état de former un capital capable de lutter contre le capital bourgeois. Malgré tous leurs efforts, elles ne seront jamais en mesure d’affranchir le travail de l’oppression de ce dernier. Pire, pour ne pas disparaître, elles seront même obligées de se faire concurrence – poussée à l’extrême et conduisant de facto à l’aggravation des conditions des travailleurs. Avec en prime la mise au pilori de l’idée de coopérative tuée non pas par son échec inhérent mais par les conditions extérieures incompatibles avec son éclosion même. Sans liquidation sociale, sans abolition de la propriété privée et de sa thésaurisation par l’héritage, pas d’avenir ni de liberté pour le prolétariat !

Pendant ce temps, comme le rappelait déjà Marx, dans 18 Brumaire, « le prolétariat renonce à transformer le vieux monde à l’aide des grands moyens qui lui sont propres, mais cherche tout au contraire à réaliser son affranchissement, pour ainsi dire, derrière le dos de la société, de façon privée, dans les limites restreintes de ses conditions d’existence et, par conséquent, échoue nécessairement ». Nos anciens l’ont tenté dès 1844 et le bilan, cinquante ans plus tard, fut laconique : « Le système coopératif a complètement fait naufrage. Personne ne peut plus songer à la coopération comme moyen de salut » (Bakounine, Théorie générale de la Révolution). Pourquoi refaire les mêmes erreurs à l’heure d’un capitalisme évolué et en ordre de bataille mondial ?

Géant chez Lilliput

Cette erreur stratégique et tragique du choix d’une action exclusive immédiate concentrée, mais limitée de fait tant dans la portée révolutionnaire que dans la force de déstabilisation du système de domination actuel, est malheureusement applaudie et encouragée par certains intellectuels médiatisés qui y voient une alternative intéressante au vrai socialisme et aux moyens à mettre en œuvre pour y parvenir. La manipulation est d’autant plus insidieuse qu’elle s’accompagne d’une réappropriation et d’une réécriture du langage, des symboles et de la pensée révolutionnaire pour les vider de leur sens et les utiliser contre le désir inhérent de l’humanité à vivre libre.

Ainsi, quand Michel Onfray proclame que le capitalisme est aussi vieux que le monde et durera autant que lui, c’est pour mieux s’autoriser un droit d’inventaire de la pensée libertaire et affirmer en final qu’un capitalisme libertaire n’est en aucun cas contradictoire, voire la solution finale de l’histoire humaine. Le tour de passe-passe est osé mais n’a fait jusqu’ici l’objet d’aucune réaction, symptôme que le bombardement permanent de ces dérives sémantiques a réussi à pervertir nos capacités de réflexion et d’analyse des conséquences de tels propos.

Avant de s’interroger sur les fins, rappelons que, contrairement à ce qui est affirmé, le capitalisme ne peut se confondre avec l’esclavage et le servage auxquels il succède – autant par la forme sociale que par la structure même de domination et de pouvoir qui le forme : plus raffiné, plus habile mais surtout dramatiquement plus efficace en terme de richesses générées, il a inventé la notion de travail « libre » qui masque en réalité une extorsion industrialisée de la plus-value aux salariés et une dépendance par la faim des exploités aux exploiteurs.

Quant au libéralisme, il n’est qu’une forme évoluée du capitalisme – axant tout sur les « forces et lois » du marché, en fait un autre nom de la rareté (revenus limités, besoins théoriquement infinis), organisée ou subie, et dont les profits restent toujours détournés par quelques-uns. Le marché ajoute à la notion de travail l’apparence du contrat et de l’enchère, masquant de ce fait la servitude « volontaire ». Organisant la rareté, le besoin, la frustration, le libéralisme n’est qu’un catalyseur puissant du capitalisme. Dans tous les cas, le capitalisme de la révolution industrielle ou libéral repose systématiquement sur le vol sur plusieurs générations par quelques-uns des richesses créées par l’immense majorité. Comment peut-on parler en toute conscience de capitalisme libertaire ?!!! Pour Onfray, les léopards peuvent changer de peau. Pas dans notre jungle !

« Annuler le politique et imposer toute une série de fins indiscutées » (Bourdieu, Contre-feux), telle semble donc être la stratégie du philosophe étouffé par un hédonisme s’apparentant de plus en plus à l’idéalisation de l’individualisme et de l’égoïsme le plus violent, et en plein dilemme intellectuel entre son fond rationnel et pertinent – malheureusement en voie de disparition – et la jouissance de sa position sociale dans une société inique. Est-ce une surprise si l’homme retient volontiers Stirner parmi les penseurs libertaires, oubliant volontairement les analyses de Reclus, de Bakounine ou Kropotkine aux antipodes de ses affirmations actuelles ? L’anarchie n’est cependant pas un magasin d’idées où des consommateurs de postures viennent choisir les décorations qui moderniseront l’allure de leur pensée. L’anarchie n’est pas une idéologie, ni une pensée, elle est une et multiple, elle est la manifestation de la vie et des aspirations populaires à la liberté et à l’harmonie partagée. – le plus bel ordre du monde où chacun a sa place !

La tectonique des classes

Si la remise en question de l’ordre social ne peut être à l’ordre du jour d’un homme ayant visiblement beaucoup à perdre dans l’affaire, il n’en reste pas moins qu’il participe – involontairement ? – à la propagande permanente de l’inéluctable et du renoncement à un autre futur : hygiène mentale distribuée à longueur d’ondes, suppression de l’imaginaire, galvanisation du culte de l’individu détruisant l’individualité au profit de l’individualisme. Le monde est injuste ? Vous êtes exploités ? C’est que vous l’avez voulu ! « Soyez résolus de ne plus servir et vous voilà libres », affirme Michel Onfray. Mais sur quelle planète vit-il, bon sang ?

La situation actuelle n’est pas la conséquence de renoncements individuels, mais d’une organisation féroce et efficace de la réaction. On domine d’autant mieux que le dominé en demeure inconscient. Fondée sur la suprématie de la force à un instant de l’histoire, la domination, pour se maintenir, doit contrôler les esprits, domestiquer les cerveaux pour durer. Seul cela peut expliquer que la grande majorité continue de se faire exploiter pour et par une poignée de privilégiés. Comment un homme qui a créé l’Université populaire de Caen peut-il à ce point renoncer à ses convictions initiales ?

Je préfère donc écouter les travailleurs et les peuples, et leur conscience émerge au-delà des présupposés de certains intellectuels de Babel ; la musique qui émerge est tout autre : peu à peu, nous reconnaissons les barreaux de nos prisons, première étape nécessaire pour en faire tomber les murs. On ne manipulera jamais le peuple. Des individus oui, mais jamais le peuple. L’intelligence du prolétariat prévaudra à jamais à celle des plateaux télévision car elle est faite de chairs, de larmes, de souffrance, de rêves, d’espoir et de rires qui sauront toujours détruire les constructions factices des dominants. L’anarchie se nourrit de ces matériaux et vivra à jamais, maintenant et pour toujours.

Un autre futur naît ici et maintenant – à travers les continents parmi tous les opprimés. La déflagration sera à la mesure de l’oppression subie, tel un barrage ne pouvant plus endiguer les eaux de milliers de ruisseaux trop longtemps contenus. Monsieur Onfray, vous nous parlez de microrésistances. C’est la tectonique des classes qui changera la surface du monde. Sans dieu ni maître.

Salut et fraternité !

Johann Hénocque