Archive pour sémantique et lutte des classes

Résistance politique: analyse sémantique pour lutte de classes épurée…

Posted in actualité, altermondialisme, colonialisme, crise mondiale, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, pédagogie libération, philosophie, police politique et totalitarisme, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , on 10 Mai 2018 by Résistance 71

Nous sommes d’accord sur les grandes lignes présentées par ce texte de Robert Bibeau, mais trouvons grandement à redire sur la terminologie employée pour élaborer l’argument. Le vocabulaire employé est à notre sens archaïque au sens politique et infuse une confusion qui ne sert pas le but recherché de ramener les gens sur la voie de la révolution sociale.

Pour couper court, il n’y a que deux classes dans la société humaine sous l’ère capitaliste (et pré-capitaliste dirait les marxistes…) qui nous régit depuis quelques siècles:

  • La classe capitaliste parasite, exploiteuse et devenue toute puissante car étant parvenue dans le temps à acheter le pouvoir politique et donc à se l’assujettir. Sont membres de cette classe tous ceux qui par leurs possessions parasitaires n’ont pas besoin de travailler pour mener leur existence de privilégiés d’un système construit autour de leur protection. Ils sont de l’ordre de 0,1% de la population mondiale, c’est à dire peut-être de l’ordre de 7 millions de personnes sur terre en étant large…
  • La classe dite du “prolétariat”, c’est à dire tous ceux qui n’ont rien d’autre que de vendre leur force de travail pour subsister et dont le temps de travail est “acheté” à vil prix pour l’essentiel, par la classe exploiteuse. Cette classe constitue de l’ordre de 99,9% de la population mondiale…

Alors la conjoncture aidant, il est vrai que ce sont établis certains “niveaux de confort”, des strates, au sein de la classe prolétarienne, strates rendues plus fortes avec l’avènement de la société de consommation, la création d’une foultitude de boulots inutiles (ce que l’anthropologue politique David Graeber appelle les “bullshit jobs” qui sont légions depuis la fin de la seconde guerre mondiale…) ; cependant le patron d’une PME et ses ouvriers sont tous des prolétaires ! Le système les étiquette différemment parce qu’il est dans son intérêt d’exacerber les antagonismes dans ce que nous appelleront des “pseudos classes”, créées sémantiquement avec le seul but de nous monter les uns contre les autres. Et cela a parfaitement réussi jusqu’ici. 

Ainsi, faire la “distinction” entre les capitalistes, la “bourgeoisie”, la “petite bourgeoisie” et les attitudes / comportements induits qui leur sont artificiellement alloués, c’est faire le jeu du système qui ne peut survivre que dans le chaos, la division et la discorde. Le boulot du capital est de continuer à monter l’ouvrier contre son patron en expliquant qu’ils ont des intérêts antagonistes alors qu’il n’en est absolument rien !

Il faut cesser de faire le jeu de la division qui maintient le système en place et cela commence avec l’abandon d’une certaine sémantique de connivence, même si celle-ci peut ne pas être volontaire, mais induite.

Bref, il y a la classe capitaliste, celle des (liste bien entendu non exchaustive) Rothschild, Rockefeller, Warbug, Schiff, et les milliardaires affiliés Bolloré, Murdoch, Soros, Buffet, Gates, Bezos, Zuckerberg, Bouyghes, les familles royales (GB, Saoud, Hollande, Belgique, etc) et on en passe… et il y a la classe des prolos, nous, vous, votre patron, le gérant de votre banque (et oui), l’instituteur, le médecin, la prof du bahut, l’ouvrier d’usine, l’artisan, l’agriculteur, le flic, le trouffion, l’ingénieur d’une entreprise pétrolière, le journaliste, l’écrivain, le dealer de shit de la cité du coin etc, etc…

Le but est de faire comprendre au plus de membres des 99,9% qu’ils en font partie, surtout chez ceux des “strates de confort” temporairement supérieures qui effectivement sentent passer le vent du boulet de la paupérisation en marche. Ce n’est pas quand tout va bien pour eux qu’il faut leur expliquer, c’est maintenant ! Ils sont plus disons… réceptifs.

A ce titre nous sommes tous des prolétaires, comme nous sommes tous des colonisés ! Sortir de ce marasme induit par un système outil du privilège parasite, c’est en sortir par la compréhension ultime de notre complémentarité qui transcendera l’antagonisme pour nous réunifier dans une société des sociétés qui n’œuvrera que pour le bien commun naturellement égalitaire.

Pour les 99,9% d’entre nous, il ne devrait pas être difficile de choisir notre camp pourvu que notre vision ne soit plus obscurcit par une sémantique erronée participant plus au jeu de la division qu’à un rôle rassembleur pour grand intérêt  commun de la grande classe prolétaire mondiale dans son ensemble dont nous faisons bien entendu toutes et tous partie.

Ceci dit, nous sommes essentiellement d’accord avec le fond de l’article de Robert. 

~ Résistance 71 ~

 

Le Black Bloc et la petite bourgeoisie radicalisée

 

Robert Bibeau

 

9 mai 2018

 

url de l’article:

http://www.les7duquebec.com/7-au-front/le-black-bloc-et-la-petite-bourgeoisie-radicalisee/

 

Qu’est-ce qu’une classe sociale ?

 

Une classe sociale ne se définit pas par son revenu. Le revenu (salaire, dividendes, intérêts et prestations gouvernementales) est la conséquence d’une situation sociétale et non l’inverse. Le revenu moyen d’une classe sociale, ou de l’une de ses sections, peut varier, mais pas son statut social même si son rôle fluctue dans le procès de production et de reproduction élargie. Ainsi, une classe « moyenne » serait socialement la moyenne de quoi dans le procès de reproduction sociétal ?
Une classe sociale se définit par son rôle – sa position dans le procès de production et de reproduction sociétale. Ce positionnement détermine in fine le revenu de ses sujets.  Si un individu membre de la classe bourgeoise – s’activant à une tâche quelconque dans la société globalisée – perd son emploi, alors il est expulsé de sa classe sociale et on dira qu’il est prolétarisé (les chômeurs forment une « armée » de prolétaires). Si un individu gagne le pactole à la loterie et qu’il quitte son emploi salarié pour œuvrer dans une autre activité comme usurier ou commettant dans une société alors il gravit un échelon social et adhère à la classe bourgeoise non pas parce qu’il est soudainement riche, mais parce qu’il pratique une nouvelle profession. C’est ce que l’on fait comme travail et nos rapports aux moyens de production, de commercialisation et de communication qui déterminent le statut social.

La classe sociale petite-bourgeoise

La petite-bourgeoise est partie de la classe bourgeoise avec laquelle elle partage les mêmes intérêts. Ainsi, la petite-bourgeoisie a pour rôle (pour mission sociétale), pour tâche dans le procès de production, d’assurer la reproduction des forces productives sociales (de la naissance à la mort, et ce pour tous les sujets des classes existantes). En termes plus précis la petite-bourgeoisie assure les soins de santé, de l’accouchement à l’enterrement en passant par les soins médicaux, l’éducation, la formation, la gestion bureaucratique, l’administration publique, la culture, la religion et la morale c’est-à-dire l’aliénation idéologique, le formatage de la pensée (la propagande médiatique appelée frauduleusement information), le divertissement, le sport, les loisirs, tout ce qui est utile à la reproduction élargie de la force de travail (et de ses descendants) requis et nécessaire à la valorisation du capital, c’est-à-dire à la production et à la commercialisation des marchandises et des services non pas au bénéfice de la populace (ce qui n’est qu’une conséquence aléatoire), mais bien pour assurer la reproduction élargie du capital. C’est l’astuce sur laquelle s’est érigé le mode de production capitaliste et que Karl Marx a exposée. Autant dire que la gauche et la droite font fausse route quand elles brament et réclament de l’État fétiche des riches qu’il maintienne les services publics tellement appréciés par les salariés. Ce n’est pas le rôle de l’État des riches de maintenir de tels services et la preuve en est que si vous permutez un parti gauchiste et un parti droitiste ils appliquent les mêmes politiques qu’impose la conjoncture économique.

Sous la croissance et la prospérité

Tout va bien tant que le mode de production se développe et conquiert de nouveaux marchés dans la prospérité – tant que le système reproduit et valorise le capital – tant que la productivité aussi bien des forces productives sociales (ouvriers) que la productivité des forces de reproduction sociétale – la petite-bourgeoisie administrative bureaucratique et cléricale à l’hôpital, à la garderie, à l’école, à l’université, à la banque, à l’église, au marché, au cinéma, dans les transports, dans l’ONG des paumés, et dans toutes sortes d’institutions de services publics, etc. Tout baigne dans l’huile en ces temps de croissance économique, et avec elle la croissance de la petite-bourgeoisie de service. Même que cette croissance peut provoquer des turbulences entre l’État des riches et la petite-bourgeoisie aspirant à gravir les échelons de la promotion sociale comme on l’a vu en Mai-68 dans Paris assiégé et traumatisé par ses étudiants agités. S’il vous plait, ne pas confondre une insurrection populaire et une révolution prolétaire avec des revendications lycéennes même violemment exprimées.

La débandade économique et sociale

Mais voici que le système s’embourbe et ne parvient plus à trouver de nouveaux débouchés – de nouveaux marchés pour ses marchandises produites en grande quantité et à prix coupé. Le grand capital désemparé et ne sachant comment parer (ce n’est pas un problème de bonté ou de méchanceté des affidés c’est le fruit des paradoxes du système) coupe de mille-et-une façons dans les revenus de la population et dans les services publics afin de maintenir les taux de profits visant à assurer la reproduction élargie. Ce faisant, le capital rétrécit encore davantage son marché de consommation globale. Le prolétariat aussi bien que l’immense petite bourgeoisie de service voient ses salaires et ses revenus d’aide sociale et de retraite – stagné puis s’étriquer, ce qui entraine de nouvelles demandes des riches capitalistes à l’État fétiche antidémocratique en vue de nouveaux transferts de capitaux publics à verser aux entreprises milliardaires ne parvenant plus à satisfaire leurs actionnaires, ni à faire fructifier leurs capitaux ce qui est pourtant leur « affaire ». Le capital devient volatile, fragile et parfois invisible, on dit qu’il se dissipe en nuage spéculatif.

Je ne dis rien ici du crédit à la consommation et de la dette souveraine qui ne font que retarder temporairement l’effondrement inéluctable… La seule énigme étant de savoir combien de temps tiendra l’illusion de la croissance.

Le chemin de Damas du petit-bourgeois délaissé

 Comme décrit ci-haut le processus d’effondrement sociétal, commence toujours dans la sphère économique pour ensuite s’étendre à la sphère sociale, politique, judiciaire, idéologique, morale, médiatique, diplomatique et militaire. La crise économique est le fondement de la crise sociétal, car elle entraine l’expulsion de la petite bourgeoisie du procès de reproduction de la force de travail social. L’État coupe dans les services constate amèrement le petit-bourgeois éploré après avoir perdu sa BMW et son loft dans la Cité. C’est qu’il est l’un des premiers congédiés – on dit alors que le petit-bourgeois est en voie de paupérisation (baisse de revenu, expulsion de sa maison, fin des vacances sur la côte, tout ce qui faisait sa fierté s’est effondré). On dit aussi que le petit-bourgeois est en voie de prolétarisation, car le capital l’invite à se recycler en micro-entrepreneur (sic), travailleur taxable et corvéable à volonté. Ou alors le petit-bourgeois devient chômeur, SDF, itinérants ou encore mercenaires, ou bien il devient bagarreur dans le Black Bloc, les groupes anarchistes ou maoïstes, ou dans les groupuscules néonazis et néofascistes, souvent sincèrement enragé contre le système, mais se laissant instrumentaliser pour justifier la répression de la société terroriser et totalitariser, autant d’embuches que le prolétariat devra surmonter quand il se sera résigné à se révolter pour s’émanciper.

Des couches entières de petits-bourgeois déclassifiés, paupérisés, prolétarisés crient leur frustration sur les pavés des cités et remplissent les phalanges des groupes de droite – comme de gauche, insoumis, revendicateurs, appelant de leurs pleurs le retour des « beaux jours », du temps de la croissance trépassée. Tout ceci démontre de la part des uns et des autres (gauche, droite, centre) une grande désespérance face à leur situation sociale inconvenante – dégradante et où chacun pense que l’on peut arrêter le processus d’effondrement social global en bloquant les migrants dans les Alpes, en Méditerranée, à la frontière mexicaine, ou indienne, ou que l’on peut enrayer la violence sociale et la prolétarisation en cassant des vitres, ou en brulant des voitures à Paris – à Montréal – à Berlin – à Rome – à Calcutta. Oublions les policiers infiltrés et les majordomes stipendiés, la majorité croit faire ce que doit, mais elle se fourvoie.

Le faux-drapeau « djihadiste »

 Pour les mercenaires des pays du Moyen-Orient et d’Afrique, c’est autre chose. Là-bas les petits bourgeois deviennent mercenaires terroristes, de soi-disant « djihadistes » (faux-drapeau n’ayant rien à voir avec l’Islam) et ils sont rejoints par les paysans affamés et par le prolétariat désoeuvré.  Tous ont trouvé un nouveau métier, un nouvel emploi, dangereux, mais lucratif, – et pour la plupart – (si on excepte les agents stipendiés par le grand capital qui jouent les sultans ou les imams) – ils n’ont que faire d’un nouveau sultanat. Oubliez les ONG de la « paix et des droits de l’homme » charger de colporter ces fadaises à propos de zélotes exterminateurs de mécréants à convertir, couper la solde et vous verrez l’armée du « djihad » s’évaporer dans les fumées du narguilé.

Aucune solution à l’intérieur du système

Il n’y a pas de solutions à cette série de crises économiques – sociales – politiques – idéologiques – militaires à l’intérieur du système contrairement à ce que pense les Blacks Blocs et les néonazis et compagnies. Il est impossible de stopper la décadence – ou la prolétarisation de la petite-bourgeoisie – en brisant des vitres et en matraquant des flics. Tout ce que cela rapportera c’est de nous mener collectivement à la troisième guerre mondiale, comme lors des affrontements précédents, communistes contre fascistes dans les années trente, qui préparèrent la Seconde Guerre mondiale. La chair à canon est toute trouvée, ce seront les manifestants des dernières rangées.

Les militants authentiquement anticapitalistes doivent reprendre confiance dans la classe prolétarienne, l’écouter et se mettre à son service – pas au service de Mélenchon – du PCF, du NPA, des anarchistes, des marxistes-léninistes, des maoïstes, des Blacks Blocs et autres groupuscules d’enragés, et comprendre que ce n’est que le jour où des dizaines de millions d’ouvriers cesseront la production et « paupériseront » le grand capital transnational que le capitalisme sera durement frappé et terrasser.

Alors s’il en est qui souhaite casser du mercenaire de riches, aller renforcer les lignes de piquetage des travailleurs grévistes et si des briseurs de grève s’amènent alors casser du casseur de grèves.