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Barnum propagandiste hollywoodien: Le film « The Revenant » changera t’il la relation colons/colonisés dans la conscience américaine ?…

Posted in actualité, altermondialisme, colonialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, militantisme alternatif, politique et social, résistance politique with tags , , , , , , , , on 20 janvier 2016 by Résistance 71

“Les autochtones ne peuvent pas enseigner une leçon spirituelle et continuer à vivre dans le même film [à Hollywood].

La politique ? Toujours le même refrain toujours entonné par la blanche Hollywood en ce qui concerne les amérindiens. J’espère vraiment que Leonardo DiCaprio devienne un véritable allié de nos communautés de la façon dont le fut Marlon Brando, il semblerait qu’il pourrait être efficace dans ce rôle en tant qu’allié s’il se mettait vraiment à y bosser. Je l’espère. Mais pour maintenant ? Seulement la seconde arrivée de la bonne vieille sempiternelle cavalerie.”

~ Giyasi Ross, Suquamish, nation Pieds Noirs ~

 

Le film “The Revenant” change la donne

 

Leo Killsback

 

14 janvier 2016

 

url de l’article original:

http://indiancountrytodaymedianetwork.com/2016/01/14/dicaprios-revenant-astounds-being-fair-indians

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Le professeur Leo Killsback (Ph.D) est citoyen de la nation Cheyenne du Nord qui s’identifie culturellement et spirituellement comme un Cheyenne. Il est professeur d’études amérindiennes à l’université de l’état d’Arizona et enseigne le cinéma amérindien et indigène ainsi que l’histoire amérindienne.

Le discours de remerciement de Leonardo DiCaprio lors de la remise de son Golden Globe pour sa performance de meilleur acteur a révélé que sa dédication au film “The Revenant” allait bien au-delà du grand écran. Non seulement a t’il partagé sa récompense avec les peuples et communautés indigènes, mais il a aussi exposé les énormes injustices environnementales persistantes auxquelles nous devons faire face pour protéger nos terres ainsi que la portée et la signifiance de notre histoire et de nos voix. Les paroles de DiCaprio ne sont pas une simple rhétorique dans la mesure où il pourrait bien être au courant des luttes autochtones à Oak Flats (Apache) et contre les sables bitumeux (Alberta, Canada). Des films comme “The Revenant” et des acteurs comme DiCaprio touchent des audiences importantes de gens qui ne sont pas informés sur les problèmes indiens. Ainsi, ce film peut grandement changer la donne.

“The Revenant” relève la barre plus haut dans le cinéma et il réussit là où bien des films ont échoué auparavant, à savoir, il représente les Indiens de manière équitable.
Après tout, une représentation juste et équitable de ce que nous sommes est ce que nous demandons. “The Revenant” a dépassé mes attentes sur ce point parce qu’il met en valeur deux thèmes qui sont très rarement explorés: la justice et les magnifiques forces de la nature. L’histoire du film “The Revenant” est au sujet d’apporter la justice sur une terre sans loi, alors que le héros Hugh Glass (Leonardo DiCaprio) cherche à venger l’assassinat de son fils indien Hawk (Forest Goodluck). Comme nous l’apprenons dans le film, justice et vengeance sont deux concepts bien différents.

Dans le film, les Indiens représentent la justice et sont mis en scène bien au-delà des rôles stéréotypes et archétypes de brutes impulsives et imprévisibles. Le leader Ree Elk Dog (Duane Howard) méprise les envahisseurs blancs (Français et Américains, NdT: le film prend place dans les années 1820) et il est en quête de la libération, du sauvetage de sa fille Powaqa (Melaw Nakeh’o), qui a été kidnappée par un groupe inconnu d’hommes blancs. Elk Dog est intelligent et sans relâche recherche la justice, son chemin et celui de Glass se croiseront en de multiples occasions dans leurs poursuite de la justice, tous deux ignorants de la quête de l’autre. A la fin, tous deux triompheront.

Powaqa est un phare de justice et devient une héroïne au fil de l’histoire. Avec l’aide de Glass, elle parvient à infliger une punition rapide et juste à l’un de ses persécuteurs et parvient à s’échapper. La séquence met en valeur ce que bien peu de films impliquant des Indiens ont montré jusqu’ici, à savoir que l’enlèvement, le trafic, le viol des femmes indiennes est un crime, est immoral et est puni rapidement et sévèrement. Powaqa est le personnage qui à elle seule, démonte totalement tous les stéréotypes renforcés par les films précédents exploitant les femmes indiennes et les montrant comme des proies faciles pour la violence sexuelle.
De plus, son histoire représente la racine même des problèmes sociaux et juridiques persistants au sujet de la violence contre les femmes amérindiennes, comme vu dans les tragédies des femmes indigènes kidnappées et assassinées au Canada. “The Revenant” défie nos perceptions sur ces problèmes, les rendant réels, palpables et en exposant leurs racines profondes. La violence se produit toujours maintenant et elle doit être arrêtée.

Au travers tout le film, la beauté et la puissance de la nature sont capturées en grand angle et avec de longues scènes de vie sauvage incluant les animaux, nous emmenant dans des endroits pouvant bien être perdus dans le temps. Le réalisateur primé (NdT: Golden Globe Award et Oscar 2015 pour “Birdman” avec Michael Keaton), Alejandro Gonzalez Iñárritu (Mexique) capture les forêts, les tempêtes, les chutes d’eau et une avalanche avec un parfait timing et une précision chirurgicale. S’il a voulu nous rappeler notre humble existence sur cette planète, il y a parfaitement réussi ! Iñárritu fait aussi le portrait de la nature et de sa destruction aux mains de l’Homme avec des scènes très perturbantes d’animaux, de chair et de sang (NdT: les protagonistes blancs sont des trappeurs) et une scène apocalyptique de crânes de bisons résultants du massacre démesuré de bisons par les chasseurs blancs.
Pour nous, Indiens des Grandes Plaines, la nature était le centre de notre mode de vie. Pour les colons blancs, la nature était l’ennemi à conquérir. Le film nous montre ces deux perspectives, mais aussi dépeint les grandes injustices de la colonisation ainsi que la destruction de la terre et de la nature.

Les hommes blancs dans le film sont des trappeurs et des commerçants dans la période du pic du commerce de la fourrure de castor. Historiquement, ces hommes blancs furent les premiers hommes blancs que les Indiens des Grandes Plaines rencontrèrent (NdT: le film se passe environ 50 ans avant la guerre contre les Sioux et Cheyennes, Little Big Horn etc, 70 ans avant le massacre des Lakota à Wounded Knee…). Les Indiens n’ont alors pas rencontré les familles de colons qui squattaient sur les terres des traités après que l’armée des Etats-Unis eût infligé des campagnes génocidaires meurtrières et destructrices aux nations autochtones. Les premiers forts de commerce furent les premiers campements des hommes blancs, comme ceux des champs pétroliers de Bakken aujourd’hui. Ces groupes d’hommes, sans femmes, ont sans aucun doute eu un énorme impact négatif sur les Indiens et les communautés indigènes environnants. Je félicite ce film pour montrer comment ces hordes d’hommes blancs (sans femmes ni enfants) envahirent les terres indiennes, y mirent en place des forts, et y vécurent en alcoolos sexuellement frustrés bossant pour le dollar tout puissant. Cette forme de colonialisme d’établissement n’était pas un phénomène nouveau et elle n’a pas disparu.

Dans “The Revenant”, nous voyons des côtés de la culture américaine et de son histoire qui sont typiquement romancés, le chaos et la veulerie. L’histoire révèle qu’en fait, les hordes de trappeurs et de commerçants amenèrent le chaos en pays indien, qui lui n’était pas du tout chaotique, vivait selon des lois établies et était habité par des nations sophistiquées. L’introduction de l’alcool, des armes à feu et du commerce sexuel (prostitution) eut pour effet de déstabiliser bien des nations autochtones. Comme expliqué dans le film, les Indiens en fait ne voulaient vraiment pas grand chose des hommes blancs, si ce n’est les mousquets (qui de fait étaient bien inférieurs en efficacité et en précision comparés aux arcs et flèches locaux) et les chevaux (qu’ils auraient pu acquérir par échanges avec d’autres nations indiennes de toute façon). Les commerçants blancs en revanche, voulaient tout des Indiens: leur terre, leurs animaux, leurs femmes et même leurs enfants.

Les hommes blancs de “The Revenant” ont une loyauté qu’ils placent au-dessus de toutes les autres: envers l’argent. Dans le film, presque tous les trappeurs sont motivés par l’argent et ils sont très reluctants à s’entr’aider sans compensation financière. De fait, sans la promesse d’une récompense, les trappeurs n’avaient aucune raison de se trouver dans la nature sauvage et je pense que ceci est historiquement parfaitement juste.
Que ce soit de manière délibérée ou non, les scénaristes révélèrent une différence fondamentale entre les cultures indigènes et coloniale: l’une était motivée exclusivement par l’appât du gain, la veulerie, tandis que l’autre était motivée par les liens familiaux et les loyautés tribales.

Le film a sa part de violence et de meurtres d’Indiens. Peut-être est-ce un thème commun qui ne pâlira jamais des films à grand spectacle états-uniens. Du meurtre des deux garçons Lakota au début de “Bury my Heart at Wounded Knee”, au meurtre de Kocoum dans le dessin animé “Pocahontas”, la fascination de tuer des Indiens demeure partie intégrante du passe-temps de l’Amérique. “The Revenant” offre néanmoins une bien meilleure approche quant à l’humanisation des Indiens. Glass et son amour éternel pour sa femme (indienne) et son fils révèle que nous, en tant qu’êtres humains, avons bien plus en commun que nous ne voulons bien le croire. (NdT: ou qu’on nous le dit au travers d’une histoire et d’une anthropologie au mieux le plus souvent tronquées, au pire falsifiées afin que les “faits” soutiennent le dogme de domination…)

Grand-messe du showbiz (Oscars)… En 1973, une « star » le refusait au nom des nations autochtones…

Posted in actualité, altermondialisme, colonialisme, documentaire, ingérence et etats-unis, militantisme alternatif, neoliberalisme et fascisme, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , on 3 mars 2014 by Résistance 71

Et Brando refusa l’oscar (1973)…

 

Mohawk Nation News

 

2 mars 2014

 

url de l’article original:

http://mohawknationnews.com/blog/2014/03/02/brando-rejects-oscar/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Dans les années 1960, un des acteurs phares d’Hollywood était impliqué avec le bourgeonnement de l’American Indian Movement (AIM). Il recherchait constamment la connaissance au sujet de la véritable histoire et des droits. Il invita une activiste Mohawk à cette époque, Kahentinetha Horn, à lui rendre visite dans sa maison de Beverly Hills. Une limousine la conduisit dans cette demeure luxueuse au sommet de la colline, demeure lourdement gardée. Une excellente nourriture fut servie près de la piscine. Il était un honnête homme et elle se sentit confortable en sa présence. Il voulait apprendre tout ce qu’il pouvait au sujet des colonisateurs, de la façon dont ils traitèrent les peuples indigènes de l’Île de la Grande Tortue. Il apprit au sujet de Kanionkehaka aidant à disséminer la Grande Loi de la Paix à chacun sur terre.

Plus tard, la presse leur demanda à tous deux au sujet de leur relation discrète. Elle avait une vingtaine d’années et il en avait une quarantaine. Aucun d’entre deux n’embrassa ni ne parla.

Les guerres indiennes pour le poisson étaient de mise à cette époque dans le Puget Sound (NdT: dans le nord de l’état de Washington sur la côte Ouest). Le gouvernement des Etats-Unis violait les droits de traité sur la pêche de 1855. Les autochtones furent déportés de leurs terres, mais conservèrent ce droit et résistèrent constamment. Marlon Brando, Buffy Sainte Marie (NdT: chanteuse folk très connue) et Dick Gregory (NdT: comédien afro-américain) rejoignirent la résistance. En Mars 1964, Brando fut arrêté par la police avec des membres de la nation Puyallup pour avoir prit deux truites. Ceci fut sa révélation.

En 1973, Brando reçut l’oscar du meileur acteur pour son rôle dans “Le Parrain”. Il le refusa et envoya une jeune femme autochtone délivrer un message en son nom. Plus tard, il en parla dans l’émission télévisée de Dick Cavett et révéla pourquoi il le fit.

 “La communauté du cinéma a été autant responsable que le reste de la dégradation des Indiens en moquant le personnage, le décrivant comme un sauvage, hostile et méchant. C’est déjà assez difficile pour les enfants de grandir dans ce monde. Quand des enfants indiens… voient leur race dépeinte de la façon dont elle l’est dans les films, leurs esprits se blessent de manières qu’on ne peut pas et ne pourra jamais se figurer.”

“Why Brando Rejected the Oscar”.

“Dick Cavett interviews Marlon Brando”.

Une fois de plus les multi-millionnaires du spectacle (des oscars) vont se taper dans le dos. Nous nous demandons bien qui sera le prochain Marlon Brando pour les Indiens !…

Ainsi se lamente Jim Morrison: Ride the snake, ride the snake/To the lake, the ancient lake, baby/The snake is long, seven miles/Ride the snake/…he’s old, and his skin is cold…

“Chevauche le serpent, chevauche le serpent/vers le lac, le lac ancient bébé/le serpent est long, sept miles/chevauche le serpent/… il est vieux et sa peau est froide…”  Jim Morrison. “The End”.