La dissidence engluée… Analyse d’un bon entretien de Nicolas « Putsch » Vidal sur le Média en 4-4-2

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“La relation politique de pouvoir précède et fonde la relation économique d’exploitation. Avant d’être économique, l’aliénation est politique, le pouvoir est avant le travail, l’économique est une dérive du politique, l’émergence de l’État détermine l’apparition des classes.”
~ Pierre Clastres, directeur de recherche en anthropologie politique au CNRS, 1974 ~

Nous reproduisons cet entretien de Nicolas Vidal (“Putsch”) avec le média en 4-4-2 parce qu’il est assez emblématique de ce qu’est la dissidence aujourd’hui : si l’analyse est juste, comme le plus souvent et que nous sommes d’accord sur ce qui est dit, il flotte toujours néanmoins de ces entretiens des vapeurs réformistes toxiques. Si on suit Vidal dans son raisonnement, Macron est responsable. Virons Macron et sa clique, remettons de l’ordre dans la maison politique, élisons des gens “responsables” et tout ira bien mieux et nous sortirons de l’impasse… Macron ne tombe pas du ciel, il n’est pas l’œuf pourri à retirer du panier, il est le résultat d’un système de production d’œufs pourris. Il est le produit d’un système, il est le dernier rouage en date de ce qui a été commencé sous Sarkozy, continué sous Hollande (socialo de parti et de caste, la gauche caviar recyclée depuis…) et qui se veut être le fossoyeur de la “république” ; eux-mêmes n’étant que des maillons d’une chaîne existentielle systémique programmée. Tout ceci n’est que le cheminement logique et implacable de l’État et de la marchandise en mouvement. Nous sommes exactement là où tout cela devait nous mener en cet instant de la capsule historique “étatico-marchande”.
Penser qu’il y ait encore une solution dans cette pourriture systémique en la “réformant” en la rendant plus “vertueuse” est aujourd’hui à la fois être politiquement inconscient et finalement complice de la merde étatico-marchande qui nous suffoque et nous éliminera à terme si on la laisse faire. Il n’y a rien d’original dans ce que dit Vidal, il ne fait que prouver qu’il a compris une des parties de l’équation, mais ne comprend pas (ou feint de ne pas comprendre) l’autre partie qui mène à la conclusion inévitable qu’il n’y a pas et ne saurait y avoir de solution au sein du système. La conscience politique aujourd’hui n’est pas de dire haut et fort “Non à la retraite à 65 ans !” Ou “Non à l’inflation et au coût exorbitant de la vie !”, c’est de comprendre que tout cela à l’instant t0 où nous nous situons, est ce qu’il doit être au sein de ce système tel qu’il est conçu et se perpétue depuis quelques 5000 ans. La seule inéluctabilité est celle qui est inhérente au système en place. La SEULE solution est hors de ce système, dans la création d’une toute nouvelle réalité sociale planétaire et véritablement humaine, qui nous fera mettre à bas l’État, la marchandise, l’argent et le salariat, condition sine qua non pour pouvoir embrasser l’association volontaire, la coopération interne et élargie, la décision politique non coercitive avec un pouvoir redilué dans les peuples, la gratuité généralisée et la focalisation sur l’intérêt général bien compris au sein d’une gigantesque association planétaire bénéficiant du tissus organique de notre complémentarité, hors État, hors marchandise, hors argent et hors salariat.
Les banderoles des manifs ne devraient pas lire “Non à la retraite à 65 ans !” Mais “A bas le travail et à bas le salariat !” En d’autres termes, ce n’est pas Micron 1er qui doit partir, mais tout le système étatico-marchand dont il est le produit en notre instant t0 de l’histoire de l’État et de la marchandise et dont ses “élites” savent qu’il en est au bout de son rouleau et cherche à le muer en un monstre toujours plus froid, celui du “Great Reset” du FEM ou quelque soit le N.O.M qu’ils lui donnent.
  La Grande réinitialisation totalitaire n’est que la suite logique d’un système mortifère en mouvement.
Tant qu’un plus grand nombre de personnes désirant agir dans la transformation de notre réalité ne se fera entendre et n’agira en conséquence individuellement et collectivement, rien ne changera et le cours logique de l’évènement étatico-marchand en mouvement ira à terme de sa destruction finale. L’empereur est nu, on peut le voir au quotidien, arrêtons d’ignorer l’évidence. Qu’on se le dise et qu’on agisse enfin, de manière décisive et terminale ! L’humanité prévaudra. Les peuples premiers des Amériques ont cette conception saine de la prise de décision : prendre une décision en ayant évaluer toutes les répercussions de notre action sur la 7ème génération à venir… Si l’humanité prévalait, que croyez-vous que la 7ème génération à venir pensera de nous et de nos actions en l’état actuel des choses ?
Vive la Commune Universelle de notre humanité enfin réalisée ! (Voir les lectures complémentaires sous l’article)

~ Résistance 71 ~

Que tout donc se meuve, agisse et crée
Se forme d’abord et puis se métamorphose,
En apparence, seulement, immobile par instants.
L’éternité se manifeste en toute chose,
Car tout doit s’effondrer en rien,
Si cela veut persévérer dans l’Être.
(Goethe, Un et Tout)

“Dès que l’État n’est plus à même d’imposer l’union forcée, l’union surgit d’elle-même, selon les besoins naturels. Renversez l’État, la société fédérée surgira de ses ruines, vraiment une, vraiment indivisible, mais libre et grandissant en solidarité par sa liberté même.”
~ Pierre Kropotkine ~

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Nicolas Vidal : « Le salut viendra des Français et du tréfonds de l’âme de ce pays, comme cela s’est toujours passé dans l’Histoire. »

Entretien en 4-4-2

8 février 2023

Url de l’article original:

https://lemediaen442.fr/nicolas-vidal-le-salut-viendra-des-francais-et-du-trefonds-de-lame-de-ce-pays-comme-cela-sest-toujours-passe-dans-lhistoire/

La crise sanitaire a fait prendre conscience aux gens du rôle joué par les médias mainstream. La confiance des Français envers ces médias a été ébranlée, notamment après l’épisode des Gilets Jaunes. Pour discuter de ce phénomène, nous accueillons Nicolas Vidal, fondateur et rédacteur en chef du média Putsch et auteur du livre « Médias, le grand errement ». Dans ce livre, Nicolas analyse la cause de la défiance des Français envers les médias et la responsabilité des journalistes. Grâce à son expérience et son expertise, il nous donne aussi son avis sur l’avenir des médias en France.

« Il est question d’atomiser l’individu pour le séparer des autres et avoir donc plus d’emprise sur lui, tout en lui plongeant la tête dans le plus crasse des divertissements. Et donc à la fin du processus le déraciner pour en faire une autruche ou au pire, un simple tube digestif. »

Le Média en 4-4-2 : Bonjour Nicolas, bienvenue sur Le Média en 4-4-2 et merci d’avoir accepté notre invitation pour évoquer votre livre « Médias, le grand errement ». On vous connaissait entrepreneur média, animateur, contributeur politique ; vous voici donc auteur. D’où vous est venue cette envie de prendre la plume ? Ce thème des médias, que vous connaissez fort bien, vous est-il apparu comme une évidence ?

Nicolas Vidal : Le monde des médias est une pierre angulaire car il est censé apporter un contre-pouvoir fort et immanent quelque soit le pouvoir en place. Le journalisme est essentiel à une démocratie saine et apaisée en ce sens qu’il informe le citoyen sur la chose publique, sur les grandes orientations que prend ce monde en mettant en perspective les enjeux. Mais il doit être un défenseur autant qu’un pourvoyeur d’un pluralisme des voix, des opinions, et des idées. Car il est là pour informer mais aussi pour porter sur la place publique le débat et le contradictoire.

Et depuis plusieurs années, j’ai trouvé insupportable de voir que les médias mainstream, mais aussi le service public grassement payé par les Français, ont ostracisé progressivement et délibérément une part de plus en plus importante d’intellectuels et de personnalités qui ne collaient plus à la doxa officielle, arc-boutée sur une forme progressisme, qui confine à la bêtise.

De nombreux grands médias sont devenus, notamment depuis 30 ans, les relais idiots du sens de l’histoire imposé par nos élites : mondialisation, Ubérisation, individualisme, multiculturalisme, ou encore l’abrutissement des populations en vantant les vertus de l’égoïsme et de l’hédonisme. Il était question donc d’atomiser l’individu pour le séparer des autres et avoir donc plus d’emprise sur lui, tout en lui plongeant la tête dans le plus crasse des divertissements. Et donc à la fin du processus le déraciner pour en faire une autruche ou au pire, un simple tube digestif.

C’est une rhétorique bien huilée, utilisée par tous les régimes totalitaires ou les pouvoirs qui nourrissent ses ambitions. Contrôler intellectuellement la population en prenant soin, de liquider la citoyenneté, pour se débarrasser du libre-arbitre de l’individu et de sa capacité à se poser des questions. Et pour les récalcitrants, la stratégie à leur endroit est toute trouvée : criminaliser, délégitimer et insulter une partie de la population avec les qualificatifs : complotiste, conspirationniste, fachos, anti-vax et autres joyeusetés d’une langue française saccagée car, au service de la propagande.

C’est une régression intellectuelle sans précédent. Le but ultime étant de retourner une partie de la population contre l’autre qui continue à résister à la chape de plomb et à l’obscurantisme néolibéral. Et mon livre tente d’expliquer pourquoi et comment les grands médias ont trahi les Français depuis 30 ans.

« Ces médias se sont constitués comme le cordon sécuritaire de la Macronie en travestissant la réalité. »

Le Média en 4-4-2 : Beaucoup de français, depuis la crise des Gilets Jaunes, ne parlent plus aujourd’hui que de « merdias ». «Il est évident que la crise des Gilets Jaunes a été un tournant absolument crucial de ce basculement dans la défiance des médias.» Ces médias se sont forcément rendus compte de cette scission entre eux et une grande partie de la population puisqu’ils sont au moins au courant de certains de leurs sondages (par exemple : seuls 49% des français estiment crédible l’information racontée par la presse écrite et la radio, contre 44% pour la télévision – baromètre Kantar Public). Pourtant, cela ne les a pas empêché de retomber dans les mêmes travers lors de la « crise sanitaire » ; ou ça ne les a pas empêché de réutiliser les mêmes méthodes…

Nicolas Vidal : Ces grands médias mainstream ont bien entendu conscience de la scission qui existe entre eux et des millions de Français. Mais l’analyse qu’ils font de cette situation est absolument fausse autant qu’erronée. Ils sont convaincus que la reconquête de cette confiance passe par, entre autres, une certaine forme de proximité avec les Français (dont on ne voit pas très bien à quoi elle correspond) et surtout par un travail sur la véracité des faits et de l’information, qu’ils brandissent à tout bout de champ, comme un totem de légitimité et d’immunité face aux Fake News.

Ce qui a amené ces grands médias à développer massivement des services de FactChecking ces dernières années pour tenter de faire croire aux Français qu’eux seuls détiennent la vérité médiatique, tout en allant traquer de prétendues fausses informations du côté des médias indépendants. Cette stratégie a été pensée pour redorer le blason de la presse mainstream tout en dénigrant les médias indépendants, hors du sérail, et battant en brèche la bonne parole gouvernementale.

Nous avons donc à faire à un pluralisme de façade et à une information de pacotille qui tend chaque jour un peu plus vers une propagande brutale et la fin de la démocratie.
Et je vais vous donner un exemple très récent. Ce 30 décembre, je suis tombé sur un « grand » JT de 20H. Et les sujets choisi étaient absolument édifiants. Nous avons eu droit dans un premier temps au comparatif des dépenses d’énergie d’une famille française, vivant à quelques hectomètres d’une famille belge qui résidait de l’autre côté de la frontière. Et bien évidemment, l’ambition du sujet était limpide : montrer ô combien il fallait mieux vivre en France qu’en Belgique pour ses dépenses d’énergie, grâce à l’action puissante et efficace du gouvernement français.

Puis nous avons eu droit à un « reportage » sur le type de caviar à acheter pour le réveillon du Nouvel an, puis un petit sujet magazine, axé sur le tourisme, sur Bora Bora.

En quelques minutes seulement, ces grands médias mainstream tentent par tous les moyens de masquer la réalité absolument catastrophique de la France, en omettre l’effondrement tout en espérant laisser croire que finalement la situation n’est pas aussi dramatique qu’elle en a l’air. La grande presse mainstream française n’a cessé d’enfermer les Français dans le village Potemkine.

Union européenne, Gilets Jaunes, réformes des retraites, crise sanitaire, et maintenant l’effondrement total de la France: sur tous ces sujets, ces médias se sont constitués comme le cordon sécuritaire de la Macronie en travestissant la réalité. Sans eux, Macron perdrait rapidement le contrôle d’une grande partie de la population.

Ils sont les VRP de la communication gouvernementale, pour tenter tant qu’ils le peuvent de retarder le plus possible la prise de conscience de la population sur le saccage organisé et délibéré de la France au profit de l’Union européenne et de puissants intérêts privés, qui sont souvent propriétaires de certains de ses médias privés.

Mais le processus est sensiblement le même pour certains médias public qui imposent leur vision progressiste et brutale du monde que Macron incarne à la perfection. Car, au fond, ces grands médias, forts de leurs « célèbres » éditorialistes, chroniqueurs, journalistes font partie du même monde, partent en vacances dans les mêmes endroits paradisiaques, se marient entre eux, bénéficient grâce à leurs importants revenus de la mondialisation et défendent en réalité les mêmes intérêts de classe. Ils sont l’endogamie personnifiée et voilà bien longtemps que ces grands médias ont fait brûler la charte de Munich. Car en réalité, ces médias méprisent profondément les Français. Ils ne sont pas là pour les informer mais pour leur vider le crâne et idéalement en faire des relais du pouvoir, comme l’étaient les miliciens politiques sous l’union soviétique.

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« Les Gilets Jaunes du Canal Historique furent les premières victimes conscientes de la mondialisation malheureuse dans laquelle notre classe politique nous a poussés contre la volonté des Français. »

Le Média en 4-4-2 : Nous sommes donc de plus en plus nombreux à comprendre ce réel rôle des médias ; ce qui fait que « tout naturellement des initiatives spontanées se font jour dans un paysage qui n’est plus médiatique, mais qui devient social. » Le pain risque à manquer de plus en plus : pensez-vous qu’une prochaine contestation plus puissante que les Bonnets Rouges et Les Gilets Jaunes va arriver en France avant que la Macronie ait réussi à verrouiller tous moyens de protestation ?

Nicolas Vidal : Une contestation populaire de grande ampleur est plus qu’envisageable mais jamais certaine. Malgré la répression policière et judiciaire qui s’est abattue sur les Gilets Jaunes, malgré le cordon sécuritaire des médias mainstream pour tenter de sauver la face macroniste, la réalité et la violence du désastre économique sont en train de mettre un terme à ce que j’appelle la démocratie Ikea. C’est à dire cette large frange de Français, totalement dépolitisés, qui se sont volontairement désintéressés des affaires de la Cité (au sens d’Aristote) et qui aujourd’hui sont frappés durement par le tsunami économique qui balaie la France. Les voilà maintenant concernés pour leurs enfants, eux-mêmes et leur proches. Ils font la terrible expérience du déclassement social fulgurant sans pour autant en comprendre tous les rouages et finalement sans s’en rendre compte. D’où la propagande des médias mainstream qui ont insisté sur le prix de la liberté pour faire croire que la guerre en Ukraine était la seule raison de ces « difficultés », mais qu’il fallait faire le dos rond pour défendre « les valeurs européennes » dont on ne sait toujours pas à quoi elles font référence.

C’est ainsi que des centaines de milliers de Français en 2022 ont poussé pour la première fois les portes des grands hard-discounters alimentaires car ils n’ont plus les moyens de faire leurs courses au sein de la grande distribution classique. Ceux-là qui soutenaient de loin, ou pas, les Gilets Jaunes, n’ont pas vu en ce mouvement l’émergence de ces nouveaux lanceurs d’alerte. Car les Gilets Jaunes du Canal Historique furent les premières victimes conscientes de la mondialisation malheureuse dans laquelle notre classe politique nous a poussés contre la volonté des Français. Néanmoins, la brutalité économique et sociale d’Emmanuel Macron qui passe obligatoirement par une liquidation sociale de la France, voulue par L’union Européenne et de puissants intérêts privés notamment américains, à travers ses iniques « réformes structurelles », entraîne l’effondrement total de la France.

Ainsi, comme dans toutes les crises de grande ampleur, des franges de Français plus ou moins importantes, basculent progressivement dans la contestation et dans la remise en cause de leur situation. Ils souffrent, donc ils veulent comprendre et s’informent autrement par de nouveaux canaux d’information. Ils font leur chrysalide passant d’autruches et de tubes digestifs à citoyens. Et pour la Macronie, ils deviennent de fait des ennemis politiques, et plus des Français. On l’a d’ailleurs vu pendant les Gilets Jaunes mais de façon très prégnante également pendant la crise sanitaire. La question centrale qui se pose aujourd’hui : est-ce que la fin programmée des classes moyennes va engendrer une période de troubles et de chaos ?

Car ce qui éclate au grand jour aujourd’hui c’est l’acte de décès de la théorie du ruissellement promue par Emmanuel Macron dès son premier mandat. Car la mondialisation exacerbée par ce néolibéralisme sauvage et violent ne le permet pas. Enfin, on ne peut faire l’impasse sur la trahison de nos élites politiques que les Français sont en train de payer au prix fort. Dans ces circonstances, est-ce que la démocratie est-elle toujours valable et permet-elle encore la stabilité du pays ? Il semblerait que non et la France se dirige vers une instabilité populaire de grande ampleur à court ou moyen terme.

Le Média en 4-4-2 : Ces Français « qui souffrent et qui veulent comprendre » cherchent donc d’autres canaux d’informations que ceux contrôlés par le pouvoir. Vous en parlez dans votre essai en évoquant l’exemple de RT France qui, selon vous, n’aurait jamais vu le jour si les médias avaient « entretenu le pluralisme des voix et surtout proposé des débats d’idées équilibrés. » RT France a donc été suspendue sous prétexte du conflit en Ukraine. Mais les médias alternatifs fleurissent sur internet et l’État va avoir des difficultés à tous les museler. Comment voyez-vous les prochains mois et les prochaines années dans cette guerre de l’information ?

Nicolas Vidal : Je parlerai plus de survie et de résistance face aux forces politiques et lobbyistes émanant de Bruxelles pour tenter de museler l’information et les médias indépendants qui mettent à mal le narratif de l’oligarchie, elle-même promue par la caste des médias mainstream. Nous subissons déjà la censure des GAFAM pour lesquels la liberté d’expression a été privatisée à dessein. Car les réseaux sociaux, il y a encore quelques années, ont été l’incroyable opportunité pour des médias indépendants, comme le mien, de trouver une place et surtout de rencontrer son lectorat et sa communauté. Ils étaient des espaces de démocraties inespérés. Mais tout a basculé avec le mouvement des Gilets jaunes dont il faut se rappeler qu’il est né essentiellement sur Facebook où les Français ont pu se parler, échanger, s’organiser et construire le mouvement depuis les ronds-points.

Facebook fut à l’époque une agora autant qu’une assemblée générale citoyenne où les brasiers se sont allumés un à un. Ensuite, les Gilets Jaunes se sont transformés en journalistes citoyens en filmant les manifestations, la répression policière, mais aussi les prises de paroles, les réunions, où la vie sur les ronds-points occupés. Les gens se sont rendus compte au fil des jours qu’ils n’étaient plus seuls et qu’ils étaient nombreux dans ce combat.

Ce fut un formidable agrégateur autant qu’une immersion dans le mouvement à la différence des médias mainstream qui n’ont pas mis longtemps à diaboliser le mouvement, pour servir les intérêts du pouvoir et criminaliser la contestation sociale. Ainsi, les gens se sont mis à fouiller ces réseaux sociaux notamment Facebook et ont découvert petit à petit, par viralité, nos médias.

Aujourd’hui les temps sont durs. Nous, les médias indépendants, nous devons redoubler d’ingéniosité sur différents canaux pour être vus et informer au mieux nos communautés respectives. Nous devons également penser vite et bien les leviers de monétisation malgré la crise économique. Aujourd’hui certaines de nos chaînes YouTube, médias, pages de réseaux sociaux, comptes Twitter agrègent une grosse audience, qui doivent faire rougir de jalousie bien des grands médias, perfusés par de généreuses subventions publiques ou des injections de grosses sommes d’argent par de puissants industriels. Mais c’est un sacerdoce car nous ne sommes pas épargnés par la censure qui vient de tous les côtés. Plus nos audiences seront importantes, plus nos abonnés et nos donateurs seront nombreux, mieux nous serons armés financièrement pour faire face aux procédures baillons et aux tentatives de censure de plus en plus pesantes. En somme, l’avenir et la survie des médias indépendants passent par le nombre de nos abonnés qui assurent notre pérennité et leur détermination à nous financer. Sans soutien massif, la bataille est perçue d’avance. Mais nous avons de l’espoir et de l’information indépendante à foison.

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« Nous constatons depuis une trentaine d’année un effondrement intellectuel et culturel de nos élites, dont font partie bien entendu les « grands médias ». »

Le Média en 4-4-2 : « L’hérésie d’une certaine partie de la classe médiatique à interdire purement et simplement le débat est une notion absolument fondamentale du paradigme que nous sommes en train de vivre.» Outre la nécessité d’avoir un soutien massif de la population, une des clés de cette bataille n’est elle pas pour nous, médias indépendants, de réussir à débattre face à ces médias en exposant des faits irréfutables, malgré le refus ce ceux-ci de s’y soumettre ?

Nicolas Vidal : Oui, cette solution paraît être la plus efficace et pertinente. Néanmoins, il ne vous aura pas échappé que les médias mainstream continue de maintenir une chape de plomb, aidés par leurs services de Fact-Checking qui traquent le faux-pas complotiste de nos médias alternatifs et celui des voix discordantes dans ce pays. En réalité, ils poursuivent leur travail de sape dans la droite ligne des officines de propagande. Mais si nous voulons creuser plus en avant cette question fondamentale, il est bon également de réfléchir aux causes de cette cécité et cette attitude rigoriste. En réalité, nous constatons depuis une trentaine d’année un effondrement intellectuel et culturel de nos élites, dont font partie bien entendu les « grands médias ». Et à ce titre, ils ne sont plus en capacité de débattre, d’argumenter, de réfuter et de se « disputer » au sens noble du terme. Coincés entre un rôle de perroquets du pouvoir et une méconnaissance totale et entière des grands sujets, ils ont renoncé à faire vivre le débat démocratique, dont les médias ont été la pierre angulaire pendant bien des décennies. En réalité, ils n’ont plus les armes intellectuelles, ni la structure de pensée pour débattre. De plus, ils refusent de passer du temps à travailler, au risque, de bousculer violemment le prêt-à-penser dont ils se goinfrent. Sans compter que diffuser les éléments de langage du pouvoir vous assurent la tranquillité, la sérénité et pour certains, la prospérité de son appartenance à la Caste.

La seule solution à cette guerre médiatique réside dans l’initiative collective et massive de nombreux lecteurs à s’abonner aux médias indépendants et à nous soutenir financièrement afin de renverser le rapport de force. Et comme dans chaque interstice de l’histoire de ce pays, la solution appartient au peuple français de changer de destin et de se doter d’une élite honnête, brillante et convaincue que sa seule mission est de protéger le pays et de préserver coûte que coûte la démocratie.

« Il y a eu une véritable sécession de ces élites avec le peuple, accompagnée d’un profond ressenti pour les Français qui se caractérise par un véritable racisme de classe. »

Le Média en 4-4-2 : A propos des éditorialistes qui vont diner « en secret » à L’Élysée pour recevoir les éléments de langage directement de la bouche d’Emmanuel Macron, vous écrivez « qu’au delà d’un destin qu’ils croient messianique, il se joue derrière ce jeu de dupes une formidable course à l’égo. » Pouvez-vous nous expliquer l’idée messianique qu’ont ces éditorialistes ?

Nicolas Vidal : Il y a clairement une volonté d’influencer positivement l’opinion comme ce fut le cas lors de ce fameux déjeuner à l’Élysée, par ces prétendus faiseurs de rois qui ne sont, en réalité, que les valets serviles du pouvoir, assertion contre laquelle ils se défendent. On y trouve également la volonté de faire mieux que son voisin pour bénéficier des bonnes grâces de la caste, dans une ridicule course à l’échalote du faillotage mondain. Car être bien vu et flexible permet de soigner et de faire fructifier sa carrière.

Mais il y a surtout une redoutable endogamie entre certains grands éditorialistes et la classe dirigeante. On habite dans les mêmes quartiers, on pratique les mêmes loisirs, on fréquente les mêmes lieux branchés , on se croise dans les mêmes réceptions et les enfants vont dans les mêmes écoles (très) privées.

Car la mondialisation ruisselle sur cette caste et elle en retire un bénéfice personnel important. C’est en ce sens qu’il y a eu une véritable sécession de ces élites avec le peuple, accompagnée d’un profond ressenti pour les Français qui se caractérise par un véritable racisme de classe. Rappelez vous des propos de l’illustre et chaste Benjamin Griveau qui parlait de « ceux qui fument des clopes et qui roulent au diesel» ou les nombreuses déclarations d’Emmanuel Macron qui ne peut masquer sa profonde détestation pour les Français moyens.

Les éditorialistes fonctionnent avec le même mépris pour les millions de Français qu’ils sont censés informer. En réalité, ils essaient par tous les moyens d’endoctriner les gens pour les bonnes grâces du pouvoir en lavant les cerveaux. Pour les rétifs au narratif médiatique sur tous les sujets, ils sont discriminés, criminalisés, délégitimés en tant que citoyen. Et cette inclinaison n’est pas récente. Je la fais remonter aux débuts de la construction européenne en 1992 lors du Traité de Maastricht. On ne pouvait pas être contre l’Europe, contre le progrès, contre la paix et contre les « valeurs européennes ». Même le doute n’a jamais été permis. Et nous avons vu comment ont été traités « les poseurs de questions » lors de la crise sanitaire.

Depuis la classe médiatique n’a de cesse d’influencer l’opinion publique en vantant grossièrement les bienfaits de la mondialisation, du progressisme, de la diversité, du néolibéralisme, de la société du tout marché et de l’Uberisation, vision d’une société qu’ils ne s’appliquent pas à eux-mêmes et encore moins à leurs enfants. Nous sommes entrés dans une ère de propagande féroce et de désinformation dont de plus en plus de Français se détournent. C’est la fin d’un monde mais seuls, les principaux intéressés n’en ont pas pris conscience. Et c’est regrettable mais cela atteste de cet effondrement général intellectuel et culturel de ces élites autoproclamées.

« Il faut par tous les moyens empêcher que la France de 2023 devienne la Grèce de 2015.»

Le Média en 4-4-2 : Merci Nicolas pour le temps que vous nous avez accordé. Nous vous laissons le mot de la fin et terminons par la toute dernière phrase de votre livre : « vive la presse libre et indépendante ! ».

Nicolas Vidal : Pour finir, le salut viendra des Français et du tréfonds de l’âme de ce pays, comme cela s’est toujours passé dans l’Histoire. Il faut espérer une prise de conscience collective de la disparition progressive de la liberté d’expression, de la traque menée contre les voix discordantes et les médias indépendants et l’inclinaison froide et brutale à asservir économiquement la population par une politique désastreuse de la mondialisation. Et pour ne pas sombrer dans le pessimisme, il est bon de toujours garder à l’esprit qu’un pouvoir quel qu’il soit ne peut gouverner impunément contre sa population. Aujourd’hui cette lutte à mort sociale engagée par la Macronie, incarnation parfaite de la technocratie, du démembrement intellectuel, et des puissants intérêts privés, pourrait faire souffler sur la France les vents violents de la révolte pour défendre à nouveau la noble cause du peuple français, qui, sorti de sa léthargie, refuse d’être liquidé par la seule volonté de l’Union européenne, de fonds d’investissements américains et des marchés financiers. Il faut par tous les moyens empêcher que la France de 2023 devienne la Grèce de 2015.

Retrouvez Nicolas Vidal sur le site internet et la chaîne Youtube de Putsch Média.

Cliquez ici pour vous procurer son livre.

Le Média en 4-4-2.

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“Les deux grandes questions incontournables de l’anthropologie politique sont:
1- Qu’est-ce que le pouvoir politique, c’est à dire qu’est-ce que la société ?
2- Comment et pourquoi passe t’on du pouvoir politique non-coercitif au pouvoir politique coercitif, c’est à dire qu’est-ce que l’histoire ?”
~ Pierre Clastres, 1974 ~

Il n’y a pas de solution au sein du système ! (Résistance 71)

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

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5 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

Société des sociétés organique avec Gustav Landauer

Cobra_soleil
Et dans une aube nouvelle…
le peuple se dressa.

R71_slogan

4 Réponses to “La dissidence engluée… Analyse d’un bon entretien de Nicolas « Putsch » Vidal sur le Média en 4-4-2”

  1. La Grèce est le laboratoire de la France : pour voir notre futur :http://www.greekcrisis.fr/2023/02/Fr1011.html#db. Mon entourage ne veut toujours pas y croire : le petit peuple vit au jour le jour. Il se laissera enfermer, cadenasser, génétiquement modifier et exterminer en douceur sans broncher. La société non-marchande sera pour les derniers survivants, quand ils n’auront plus d’autre choix.

    • « Ne doutez jamais qu’un petit groupe de personnes motivés et bien pensantes puisse changer le monde, de fait, c’est la seule chose qui l’ait jamais changé. » (Margaret Mead)
      Elle disait aussi ceci :
      « Ne dépendez jamais d’institutions ou de gouvernements pour résoudre des problèmes. Tous les mouvements sociaux sont fondés, motivés et réalisés par la passion des individus. »
      Nous n’avons pas besoin d’être la « majorité », mais une poignée d’irréductibles, incorruptibles individus à la clairvoyance politique opiniâtre. L’humanité vraie prévaudra nous en sommes convaincus, sera-ce un petit groupe ou un groupe plus étendu nous n’en savons rien, mais l’humain s’émancipera et s’organisera pour qu’aucun retour en arrière (vers l’État et la marchandise) ne puisse s’opérer. 😉

      • L’histoire officielle étant la fabrication des vainqueurs, on ne peut estimer ce qu’il adviendra, et encore moins pour quelles raisons cela adviendra. Mais bien entendu, et avant d’aller se jeter dans la Saône pour fuir cette humanité si aveugle, cultivons nos convictions, nos enfants, nos amitiés, nos arbres et nos jardins !

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