Résistance politique: Anarchie… de l’Idée à la pratique…

Anarchie = choix de la liberté au lieu de la peur

« Un état totalitaire est en fait une théocratie et sa classe dirigeante, pour garder le pouvoir, doit être pensée comme étant infaillible… Le totalitarisme demande en fait l’altération continuelle du passé et sur le long terme, le remaniement de la croyance en une vérité objective. »
~ George Orwell. 1946 ~

« Le libéralisme, le socialisme et le communisme d’état sont trois membres de la même famille empruntant des voies différentes pour exercer le pouvoir sur l’Homme et ce afin de l’empêcher d’atteindre son épanouissement vers la liberté et l’indépendance en créant un principe nouveau, sain et authentique à partir d’un idéal social valable pour tout le genre humain. »
~ Nestor Makhno ~

 

L’anarchisme de Michel Bakounine

 

Traduction d’une compilation de citations de l’auteur

 

Résistance 71

 

26 Mai 2016

 

“Nous n’avons pas peur de l’anarchie, nous l’invoquons, car nous sommes convaincus que l’anarchie, c’est à dire la manifestation sans restriction de la vie libérée du peuple, doit jaillir de la liberté, de l’égalité, du nouvel ordre social et de la force de la révolution elle-même contre la réaction. Il n’y a aucun doute que cette nouvelle vie, la révolution populaire, s’organisera en temps et en heure, mais qu’elle créera son organisation depuis la base, de la circonférence vers le centre en accord avec les principes de liberté et non pas du haut vers le bas et du centre vers la circonférence comme le pratique toute forme d’autorité. [Program of the International Brotherhood]

“En dehors du système mazzinien, qui est le système de la république sous la forme de l’État, il n’y a pas d’autre système si ce n’est celui de la république en tant que commune, la république en tant que fédération, une république du peuple véritable et socialiste, le système de l’anarchisme. C’est la politique de la révolution sociale, qui vise à l’abolition de l’État et de l’économie (de marché), pour une organisation libre commune du peuple, une organisation ayant sa racine à la base de la société par le moyen d’une fédération.” [Circular Letter to My Friends in Italy]

“Je suis l’ennemi absolu d’une révolution par décrets qui n’est que l’application de l’idée d’un État révolutionnaire et sa séquelle ; c’est à dire une réaction déguisée de l’apparat révolutionnaire. Contre le système de la révolution par décrets, j’oppose le système de l’action révolutionnaire, le seul qui soit efficace, consistant et véritable. Le système autoritaire de décrets, en cherchant à imposer la liberté et l’égalité, les détruit en fait. Le système anarchiste d’action évoque et crée liberté et égalité d’une manière infaillible, sans l’intervention de quelque officiel ou de quelque violence que ce soit. Le premier mène inévitablement au triomphe ultime d’une réaction débridée. Le second système établit la Révolution sur une fondation naturelle et inébranlable.”[Letters to a Frenchman on the Present Crisis]

“Regardons maintenant les socialistes qui se divisent en trois parties essentielles. D’abord nous les diviserons en deux catégories: le parti des socialistes bourgeois pacifiques et le parti des révolutionnaires sociaux. Ce dernier à son tour se divise en socialistes révolutionnaires d’État (marxistes) et les anarcho-socialistes révolutionnaires, les ennemis de tout État et de tout principe étatique.” [World Revolutionary Alliance of Social Democracy (Berlin: Verlag, 1904)]

“Pour les communistes ou socio-démocrates d’Allemagne, la paysannerie, toute paysannerie est réactionnaire et l’État, tout État, même l’état bismarkien se tient pour la révolution… Dans leur ensemble, nous voyons que les marxistes ne peuvent même pas penser autrement: protagonistes de l’État qu’ils sont, ils doivent condamner toute révolution populaire de caractère et spécifiquement une révolution paysanne, qui est anarchiste par nature et qui marche droit vers la destruction de l’État et dans cette haine de la rébellion paysanne, les marxistes rejoignent dans une unanimité touchante toutes les couches et partis de la société bourgeoise allemande.” [Statism and Anarchy]

Puisque la révolution ne peut pas être imposée aux villages, elle doit être générée de là, en faisant la promotion d’un mouvement révolutionnaire parmi les paysans eux-mêmes, les menant à détruire par leur propre effort l’ordre public, toutes les institutions politiques et civiles et en établissant et en organisant l’anarchie dans les villages.”

“Lorsque les paysans ont senti et perçu les avantages de la révolution, ils donneront plus d’argent et de personnes pour sa défense qu’il serait possible d’obtenir d’eux par les politiques d’état normales ou même par des mesures étatiques extraordnaires. Les paysans feront avec les Prussiens ce qu’ils ont fait en 1792. Pour cela ils doivent devenir obsédés par la fureur de la résistance et seule une révolution anarchiste peut leur insuffler cet esprit.”

(Note de R71: Bakounine avait raison, il suffit de regarder la rébellion anarchiste des paysans ukrainiens entre 1918 et 1923 qui lutta contre la contre-révolution royaliste et la trahison bolchévique de Lénine et Trotski avant d’être réprimée dans un bain de sang étatique totalitaire. De même pour les collectifs espagnols ruraux d’Aragon et du Levant ainsi qu’en Andalousie entre 1936 et 1939. Les collectifs agricoles andalous datant des années 1880… Ceci est toujours valide aujourd’hui, la seule révolution sociale valide et définitive passera par la terre, c’est l’organisation naturelle de la société humaine, en conséquence nous devons nous réapproprier la terre, collectivement et en gérer les ressources ensemble, collectivement et égalitairement, les Amérindiens ne disent pas autre chose !… écoutons-les, cela s’applique à nous également sur “nos” terres.)

“En les laissant se diviser entre eux la terre saisie et expropriée des propriétaires bourgeois, ceci ne mènera t’il pas à l’établissement d’une nouvelle forme de propriété privée sur une fondation nouvelle et plus solide ? Pas du tout, car la propriété n’aura pas l’aval politique et juridique de l’État dans la mesure où l’État et l’institution juridique dans sa totalité, la défense de la propriété par l’État, ainsi que celle des droits de famille, incluant les lois sur l’héritage, devront nécessairement disparaître dans le tourbillon de l’anarchie révolutionnaire. Il n’y aura plus de droits politiques ou juridiques, il n’y aura plus que des faits révolutionnaires.”

Une fois que la richesse des riches n’est plus garantie par les lois et l’État, elle cesse d’être un pouvoir. Les paysans riches sont aujourd’hui puissants parce qu’ils sont spécifiquement protégés et courtisés par les fonctionnaires de l’État et sont devenus ce qu’ils sont parce qu’ils sont soutenus par l’État et son système. Avec la disparition de l’État, ce soutien et ce pouvoir disparaîtra. Quant aux paysans plus rusés et plus économiquement forts, ils devront laisser la place au pouvoir collectif de la masse rurale des paysans, au grand nombre des paysans pauvres et très pauvres, tout comme aux prolétaires ruraux, une masse de personne qui est maintenant réduite à l’esclavage et réduite à souffrir en silence, mais que l’anarchie révolutionnaire ramènera à la vie et dotera d’un pouvoir irresistible.” [Letters to a Frenchman on the Present Crisis]

“Nous, les anarchistes révolutionnaires, qui désirent sincèrement l’émancipation populaire, regardons avec répugnance une autre expression de ce programme social-démocrate: la désignation du prolétariat, des ouvriers d’usines, comme étant une classe et non pas une masse. Savez-vous ce que cela signifie ? Ce n’est ni plus ni moins que la règle de la domination aristocratique des ouvriers d’usines et des villes sur les millions et millions qui constituent le prolétariat rural, qui, en anticipation des socio-démocrates allemands, vont devenir de fait les sujets de leur soi-disant état populaire.”[Letter to La Liberté]

“Le chemin menant des faits concrets à la théorie et vice versa est la méthode scientifique et est la véritable voie. Dans le monde pratique, c’est le mouvement de la société vers des formes d’organisation qui se réfléchira au mieux dans tous ses aspects et complexité.

Tel est le chemin du peuple pour accomplir son émancipation, accessible à tous, la voie de la révolution sociale anarchiste, qui viendra des peuples eux-mêmes, une force élémentaire balayant tous les obstacles. Plus tard, de la profondeur même de l’âme populaire, émergeront spontanément les formes créatives de la vie sociale.”

“Nous, les anarchistes révolutionnaires, sommes les avocats de l’éducation de tout le peuple, de l’émancipation et de l’expansion la plus large possible de la vie sociale. C’est pourquoi nous sommes les ennemis de l’État et de toutes formes de principes étatistes. En opposition aux métaphysiciens, aux positivistes et à tous les adorateurs de la science, nous déclarons que la vie naturelle et sociale vient toujours avant la théorie, qui n’est qu’une de ses manifestations mais jamais sa créatrice.

“Telles sont nos idées en tant que socio-révolutionnaires et nous sommes de ce fait appelés anarchistes. Nous ne protestons pas ce nom, car nous sommes en effet les ennemis de tout pouvoir gouvernemental, car nous savons que tout pouvoir déprave ceux qui en porte le manteau de la même manière que ceux qui sont obligés à s’y soumettre. Sous son influence pernicieuse, les suppôts du pouvoir deviennent ambitieux et des despotes veules et cruels, des exploiteurs de la société en faveur de leurs intérêts personnel et de classe tandis que les soumis deviennent des esclaves.”

“Notre polémique a eu pour effet de faire réaliser aux marxistes socio-démocrates que la liberté ou l’anarchisme, c’est à dire l’organisation libre des travailleurs depuis la base, est le but ultime du développement social et que tout État, incluant l’État de leur propre peuple, est un joug, ce qui veut dire qu’il manie le despotisme d’une main et l’esclavage de l’autre.”

“Ils [les marxistes] disent que ce joug de l’État, la dictature du prolétariat, est un moyen transitionnel nécessaire afin d’atteindre l’émancipation du peuple: l’anarchisme ou la liberté est le but, l’État et la dictature du prolétariat le moyen. Ainsi, pour libérer les masses il est nécessaire de les réduire en esclavage.” [Statism and Anarchy]

“Entre les marxistes et nous il y a un abîme. Ils sont gouvernementalistes, nous sommes anarchistes en dépit de tout.”[Letter to La Liberté]

“En acceptant le programme révolutionnaire anarchiste, qui seul, de notre point de vue, offre les conditions pour une réelle et complète émancipation du peuple et convaincu que l’existence de l’État quelle que soit la forme est incompatible avec la liberté du prolétariat et qu’il ne permet pas l’union fraternelle internationale des peuples et des nations, nous plaçons de ce fait une demande pour l’abolition des États.”[Program of the Slav Section (Zurich) of the International]

“En un mot, nous rejetons toute législation privilégiée, sous licence, officielle et légale et toute autorité, influence, même celle émergeant du suffrage universel, car nous sommes convaincus que cela ne peut touner qu’à l’avantage d’une minorité dominante d’exploiteurs contre les intérêts du plus grand nombre et de les soumettre, de les subjuguer. C’est en ce sens que nous sommes véritablement anarchistes.”[God and the State]

10 Réponses to “Résistance politique: Anarchie… de l’Idée à la pratique…”

  1. Quelle merveille maxime de départ !

    Bon, plus modestement, j’essaie moi aussi d’inciter mes lecteurs à choisir la liberté plutôt que la peur.

    Tenez, par ce billet par exemple = https://jbl1960blog.wordpress.com/2016/05/31/sous-la-menace-du-49-3/

    Merci à vous R71

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