Confédéralisme Démocratique du Rojava: De l’État à la démocratie… Anatomie d’un changement de paradigme 2ème partie

La seconde partie nous indique ce qu’est le Confédéralisme Démocratique et comment il s’applique sur le terrain, au Rojava et potentiellement ailleurs…
Pour que voit le jour la Société des Sociétés, à bas l’État ! A bas la marchandise ! A bas l’argent ! A bas le salariat ! Vive la confédération des communes libres volontairement associées !

~ Résistance 71 ~

En résultat [de la colonisation], la terre natale kurde fut divisée et les Kurdes furent forcés de se soumettre à des politiques d’états de déni et de diminution de leur volonté et pouvoir politique. Leurs réalités sociales furent divisées et bientôt ils se perdirent eux-mêmes. Pour subvenir à leurs besoins économiques, ils durent abandonner leur identité et furent démunis de statut légal et d’opportunités contemporaines d’éducation afin de récupérer leur existence idéologique et culturelle fondée sur leur identité. Ce déni d’identité tourna alors sur une question du fait qu’ils ne pouvaient pas vivre librement.
(Abdullah Öcalan)

“Les états sont maintenant des synonymes de chaos, de crise, de ruine et de malheur pour l’humanité. Nous devons nous libérer de cette calamité. Si vivre sous le joug de l’exploitation et de l’oppression n’est pas dans la nature de l’être humain, alors ni l’État, ni le drapeau qui le représente ne peuvent représenter le peuple et la société.”
(Commune Internationaliste du Rojava)

 


Réseau de Résistance & Rébellion International 

 

De l’État à la démocratie: anatomie d’un changement de paradigme

 

Komun

Commune Internationaliste du Rojava

 

Juin 2018

Source: https://komun-academy.com/2018/06/27/the-new-paradigm/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

1ère partie

2ème partie

 

De cette façon, depuis 2005, le PKK et toutes les organisations affiliées ont été restructurés sur la base d’un projet appelé KCK (Union des Communautés du Kurdistan ou Koma Civakên Kurdistan).

Le KCK est une organisation fondée sur la société et créée comme alternative à l’État, elle vise à s’organiser depuis la base sous la formes d’assemblées populaires.Le KCK est un mouvement qui lutte pour former sa propre démocratie, il ne voit pas les états existants comme un modèle, ni ne les voit comme un obstacle. 

Note de R71: Ce lâcher-prise de l’antagonisme est une excellente chose qui ne peut mener qu’à la synthèse politique adéquate, celle de la société des sociétés. Bien entendu, toutes les impostures et dictatures de la marchandise œuvrent et œuvreront contre…

Le but principal dans la formation du KCK est défini comme une lutte pour disséminer la démocratie radicale (fondamentale) sur l’organisation démocratique du peuple et sa capacité à prendre des décisions. La formation du KCK met en place un nouvel instrument qui surpasse la façon de voir étatique des relations sociales. En cela, le confédéralisme démocratique, qui constitue l’idée fondamentale du KCK et de son organisation, est valide partout dans la vie des Kurdes. Ceci inclut l’Irak, où les Kurdes vivent dans une structure d’état fédéral ayant des droits constitutionnels, incluant l’auto-gouvernement.

Il y a deux facteurs clefs dans le projet: une compréhension de la démocratie en tant que pouvoir du peuple, non pas une forme de gouvernement et que l’état et la nation doivent être laissés en dehors de cette compréhension.

Le confédéralisme démocratique est l’organisation du peuple, dans toutes les sphères non-étatiques de la vie. Il correspond à la diminution drastique de l’état existant dans le monde et de la tendance de la société à s’organiser en dehors de structures étatiques pour arranger sa propre vie sociale… Même si l’État fait obstacle, le mouvement de la liberté kurde exercera son droit légitime de s’organiser finalement démocratiquement. Il n’abandonnera définitivement pas ce but en disant: “l’état nous met des bâtons dans les roues”.

En définitive, tandis que la république démocratique est un projet de réforme d’un état, le confédéralisme démocratique et l’autonomie démocratique se situent au-delà de l’État et comprennent une idée politique sans État.

En conséquence, le projet de confédéralisme démocratique est lié au projet de république démocratique et d’après Öcalan, un Kurdistan libre ne peut exister que dans un Moyen-Orient démocratique. (a.g.e 34-5)

Nous avons mentionné que tout en suivant la ligne de développement de la pensée d’Öcalan, se situe l’importance centrale de ces trois concepts inter-reliés: la république démocratique, le confédéralisme démocratique et l’autonomie démocratique. Dans tous ces projets, le concept de démocratie est d’une importance capitale. La compréhension de ce terme a évolué vers plus de radicalité (NdT: une fois encore pris dans son sens de “racine”, d’ancrage profond dans la réalité et non pas dans le sens galvaudé usuel “d’extrémiste”, manipulation sémantique bien utile pour l’oligarchie…) depuis la contradiction entre les traditions démocratique et républicaine. Pour le PKK, la démocratie est un antidote à la structure centralisée de la république turque qui est fondée sur le concept d’état-nation et la version séculière française. L’idée la plus fondamentale de cette approche est que “la centralisation a tué la démocratie”.

Les différences principales entre le projet de république démocratique et le confédéralisme démocratique / autonomie démocratique sont que le point de focalisation de la première se situe sur la définition de l’état et de la citoyenneté tandis que les deux autres focalisent sur le développement d’une alternative à l’état et sur le peuple construisant sa propre organisation. Nous allons ici aborder le sujet du développement d’alternatives à l’État. Au lieu que les projets de confédéralisme et d’autonomie démocratiques ne soient vus comme potentiellement contradictoires vis à vis de l’organisation, il serait mieux de les considérer comme étant ensemble parties d’une stratégie d’harmonisation. Ils donnent une direction politique à la lutte d’aujourd’hui où que soit située l’action du PKK.

Le changement de paradigme qu’a vu le PKK au XXIème siècle a rendu une fière contribution aux vues politiques radicales en ce qui concerne une approche radicalement différente de ces trois aspects de la vie politique : l’état, la classe et le parti et “la politique non-étatique, l’organisation politique en dehors du parti et de thèmes politiques en dehors de la classe.” Du point de vue du PKK, ceci a impliqué une réforme de lui-même en amenant toute une série de transformations. Certaines de ces transformations du PKK et les changements radicaux effectués sur des points comme le droit à l’auto-détermination, la nation, la libération nationale, la violence et les femmes, sont particulièrement marquantes et frappantes.

Le principe d’auto-détermination des nations, qui fut soulevé dans le premier quart du XXème siècle, a laissé sa marque sur le siècle dernier. Les formes d’auto-détermination exprimées à la fois par le leader américain Woodrow Wilson et par le fondateur de l’URSS, Lénine, sont devenues un tremplin fondamental pour bien des luttes de libération et une partie inaliénable du droit international. Mais ce qui ne doit pas être oublié, est cette vérité que l’auto-détermination est en tout premier lieu, un principe d’action défini comme politique.

C’est pourquoi, lorsque le président Wilson a annoncé ce principe au congrès américain le 11 février 1918, il insista ouvertement sur le fait que : “L’auto-détermination n’est pas qu’une simple expression, c’est un principe impératif d’action que les hommes d’état ne pourront ignorer qu’à leur péril.” Ainsi, le PKK, du noyau de ce qui en a émergé dans les années 1970 et plus avant, adressa le principe d’auto-détermination comme principe impératif d’action puisque le peuple kurde avait été privé de tous droits fondamentaux et de libertés et condamnés sur leur terre même à un manque de statut, en retrait même du statut et de la règle coloniaux. Les territoires sur lesquels vivaient traditionnellement le peuple kurde furent divisés entre 4 états-nations (La Turquie, la Syrie, l’Irak et l’Iran) dans les années 1920 et les très nombreuses réglementations et politiques coloniales imposées par ces états menèrent le peuple kurde à la ruine. Abdullah Öcalan exprime cet état de fait de la façon suivante:

En résultat, la terre natale kurde fut divisée et les Kurdes furent forcés de se soumettre à des politiques d’états de déni et de diminution de leur volonté et pouvoir politique. Leurs réalités sociales furent divisées et bientôt ils se perdirent eux-mêmes. Pour subvenir à leurs besoins économiques, ils durent abandonner leur identité et furent démunis de statut légal et d’opportunités contemporaines d’éducation afin de récupérer leur existence idéologique et culturelle fondée sur leur identité. Ce déni d’identité tourna alors sur une question du fait qu’ils ne pouvaient pas vivre librement.” (A. Öcalan, Kurdish Question and Democratic Nation Solution, published in Turkish, p.226).

Dans un tel environnement, le PKK a adopté comme guide le droit à l’auto-détermination du peuple kurde comme principe d’action fondamental. Bien sûr, sa conception et son application de ce principe fut lourdement influencé par les caractéristiques idéologiques, politiques et sociales de la période. Après la seconde guerre mondiale, les luttes de libération nationale se déroulèrent dans un système bi-polaire, d’abord au Vietnam et en Algérie, ce qui mena à l’indépendance de bon nombre d’anciennes colonies. Ceci affecta grandement le monde des années 1970. a ce sujet, Öcalan dira ceci plus tard:

Dans cette période des années 50 à 70, lorsque les luttes de libération nationale arrivèrent à leur point culminant et qu’elles eurent pour résultat des états séparés, ceci devint presque le seul modèle valide… En fait, le principe du droit des nations à l’auto-détermination fut en premier lieu exprimé par le président américain Wilson après la 1ère guerre mondiale et fut très lié avec les politiques hégémoniques des Etats-Unis. Lénine, afin de ne pas être en reste devant Wilson et pour gagner le soutien de nations opprimées et des peuples colonisés, radicalisa le même principe et le réduisit au fait de fonder un état indépendant. Une course commença alors entre les deux systèmes.
(The Kurdish Question and the Democratic Nation Solution [Turkish], p. 271-2).

Le PKK a approché l’auto-détermination au sein d’un cadre de compréhension d’un socialisme déjà existant à cette époque, se faisant ainsi l’avocat du modèle de la création d’un état. Mais, à partir du début des années 1990, la critique d’Öcalan de, premièrement, la compréhension du socialisme existant et, plus tard, de l’idéologie même de l’état-nation dans les premières années du nouveau millénaire, ont démontré un renouveau radical de l’approche du PKK sur le sujet. Aujourd’hui, l’auto-détermination est toujours un principe impératif d’action, mais la façon de le mettre en pratique ne passe plus par l’État, mais de mettre ce principe d’auto-gouvernement en mouvement à chaque niveau de la société.

La compréhension de l’autonomie démocratique constitue le cadre principal de cet auto-gouvernement. Les résultats de cette ligne de conduite, basés sur les Kurdes déterminant leur propre destinée sur la base du principe d’auto-gouvernement sans incliner à créer leur propre état séparé, où qu’ils vivent, d’abord et en premier lieu en Turquie, en Irak, en Iran et en Syrie, ont clairement émergé avec les développements historiques en Irak et en Syrie, au cœur même du Moyen-Orient.

En conséquence, le PKK a renversé l’argument de Lénine qu’”il serait erroné d’amener une interprétation différente au droit d’auto-détermination que d’être le droit à un état séparé d’exister.”, disant qu’il serait tout aussi erroné et trompeur de ne voir le droit à l’auto-détermination que comme s’il ne contenait aucune autre signification que ce droit à un état séparé d’exister. Cette vision est aussi corroborée dans l’analyse historique de l’état moderne en tant que projet bourgeois. (Mustafa Karasu, Radical Democracy, 2009).

Une fois de plus, lié à cela, le concept de nation du PKK a aussi été radicalement renouvelé. Au milieu des années 70, lorsque le PKK fut formé, la plupart des mouvements socialistes et de libération nationale étaient sous l’influence de l’idéologie de l’état-nation avec la plus rigide des définitions de ce terme exprimée par Staline. Sa célèbre formule: “Les nations ont une langue, un territoire, une vie économique et une culture en commun”, fut aussi un point de départ pour le PKK. Avec le nouveau paradigme politique, Öcalan critiqua cette formule, développant la définition d’une nation démocratique:

D’abord il est nécessaire de montrer qu’il n’y a pas qu’une seule définition de la nation. Quand un état-nation est fondé, la définition la plus commune est justement d’être un “état-nation”. Si l’élément unificateur est l’économie, alors il est possible de l’appeler nation-marché… On ne peut pas faire la généralisation qu’une nation partage une langue, une culture, un marché, une histoire, ce qui veut dire qu’on ne peut pas rendre absolu une unique compréhension de ce qu’est une nation. Cette compréhension de nation qui fut adoptée par le socialisme existant est contraire à la notion de nation démocratique. Cette définition qui fut développée par Staline en particulier pour l’appliquer à l’URSS, fut en fait une des raisons principales de l’effondrement de celle-ci. Aussi longtemps que la définition de nation, qui est rendue absolue par la modernité capitaliste, n’est pas transcendée, la résolution des questions nationales restera dans une impasse. Le fait que se pose toujours la question nationale avec une intense gravité après 300 ans est intimement lié à cette définition inepte se voulant absolue.” (2012, p.432).

D’après Öcalan: “En ce qui concerne la nation démocratique, c’est une société mutualiste établie par la libre volonté, la libre association d’individus et de communautés. La force unificatrice de la nation démocratique est la volonté d’association libre des individus et des groupes qui décident d’être dans la même nation… a définition de la nation démocratique exprime une vie commune de solidarité de citoyens pluralistes, libres et égaux qui ne sont pas entravés par des frontières politiques rigides, une langue unique, une religion ou une interprétation de l’histoire. Une société démocratique ne peut se réaliser qu’avec un tel modèle de nation.”(p.432).

L’approche de la violence dont l’utilisation stratégique et tactique fut toujours une pierre angulaire de la lutte du PKK est aussi passée par un changement radical. Au départ, l’approche de la violence, “la sage-femme de la société nouvelle”, fut une approche marxiste classique. Dans le processus induit de la révolte, la violence, sous forme de méthode de combat de guérilla, fut une tactique fondamentale de la lutte. A terme, la violence prit même une dimension fanonnienne, gagnant une personnalité existentielle et le rôle de libérateur social et individuel. Mais dans le nouveau paradigme, le PKK n’envisage pas un rôle de la violence au-delà du cadre de la self-defense légitime.
(Legitimate Defence Strategy, 2004).

La plus sévère forme de domination

Aujourd’hui, à la fois l’État et sa version capitaliste moderne, l’état-nation, sont sérieusement mis en question. Il est reconnu que l’état-nation ne profite en rien aux peuples et à l’humanité et qu’il contient même en lui une caractéristique génocidaire qui prépare le terrain pour la disparition de différentes cultures et différentes identités. Dans les circonstances de la règle du profit maximum du capitalisme de l’état-nation et de la modernité capitaliste, tout comme cela mena à la grande douleur des deux guerres mondiales, il a commis autant de crimes contre l’humanité que tous ceux qui ont été commis au cours de l’histoire de l’humanité.

La plus grande preuve de ceci est la disparition, ou la mise au bord de l’extinction de groupes ethniques qui vivaient au Moyen-Orient jusqu’à il y a encore quelques 200 ans. Les peuples arménien et assyro-syrien ont été décimés à cause de cette mentalité. Les Kurdes ont aussi été amenés au bord de l’abîme de la destruction sous la domination incessante des états-nations. Les peuples Alevis, Yazidis, Druze et autres groupes de foi ont été chassés de leurs terres en résultat de cette compréhension du concept. La même chose est arrivée aux peuples circassiens qui furent expulsés des montagnes du Caucase.

Il est trop difficile de comptabiliser tous les maux engendrés par les états-nations ; mais quoi qu’il en soit, il ne s’agit pas seulement de l’état-nation de la modernité capitaliste, mais tous les États qui sont devenus une charge bien trop lourdes à supporter pour l’humanité. Les premiers problèmes sociaux ont commencé avec la domination masculine sur les femmes et avec ceux s’établissant hiérarchiquement plus haut que les autres, affirmant une domination sur d’autres segments sociaux pour mieux les exploiter. Après tout, l’État a été défini comme un instrument d’oppression des classes dirigeantes de la société. Ceci n’a en rien diminué avec le temps et est devenu une des pires formes de domination jusqu’à ce jour. De fait, l’État-nation est devenu la pire forme de domination.

L’état-nation a atteint la caractéristique d’être une sphère de domination et d’exploitation de la société entière, avec ses frontières, tout comme le patron d’une usine entouré de ses murs. tandis que dans le passé les états ne représentaient que la domination politique, dans l’époque capitaliste, ils se sont développés en une domination totalitaire qui cherche à dominer tous les aspects de la société et d’aller aussi loin que de dominer toutes les cellules de celle-ci.

Avec le système dirigeant de l’état intensifiant les problèmes sociaux, l’État et son gouvernement ont été amenés à être de plus en plus critiqués. Dans le passé, les anarchistes se sont opposés à l’État comme l’origine de tous les maux, graduellement développant des solutions politiques, idéologiques et de paradigme sur une base historique et systémique. Dans le présent, le zénith de l’analyse en ce qui concerne l’état et son gouvernement provient de ceux semblables à Abdullah Öcalan. La grande différence avec celui-ci résidant dans la profondeur de son analyse sur les femmes et l’État. Il a aussi soumis le capitalisme et l’état-nation à une analyse critique compréhensive. L’analyse d’Öcalan sur les femmes en particulier, est de très grande valeur dans la mesure où elle a apronfondi toutes les autres analyses et aidé à atteindre son véritable caractère.

Plus il y a de démocratie, moins il y a d’État : le système confédéral démocratique

Le gouvernement et l’État sont, par essence, une concentration et une intensification du pouvoir, une centralisation. A cet égard, ils sont des facteurs qui sont opposés au peuple. Il ne peut ainsi pas y avoir d’état et de gouvernement qui appartiennent au peuple. Le gouvernement et le peuple ne devraient pas être confondus. Un gouvernement populaire (NdT: de par et pour le peuple) est une démocratie. Ce n’est pas la concentration ni l’intensification du pouvoir, celui-ci étant donné à certains cercles particuliers, mais celui-ci allant à la base, au local, appartenant et retournant au peuple. La démocratie et l’État peuvent coexister pendant un certain temps dans une accommodation, mais ce sont des faits contradictoires par nature. Il y a une formule dialectique qui dit que plus il y a d’État et moins il y a de démocratie et plus il y a de démocratie et moins il y a d’État. Même aujourd’hui, dans l’âge moderniste, avec le capitaliste qui dirige les états, la diminution de l’État est en discussion.

Nous sommes maintenant dans une ère où on peut penser, envisager une vie sans l’État, une société sans (NdT; contre) l’État, sans vie politique, économique, sociale et culturelle dirigée par l’État. L’humanité doit trouver un système qui la libèrera de l’État qui la tyrannise. Nous sommes entrés dans l’ère où nous pouvons penser vivre sans État. Même si les gens peuvent s’accommoder de vivre avec l’Etat un peu plus longtemps, ils doivent atteindre un système politique, social, économique et culturel qui n’aura pas d’État. Ce n’est ni une obligation, ni une fatalité que de vivre sous un régime étatique, car la démocratie exprime la transcendance de l’État. Aujourd’hui, une alternative à l’État est un système confédéral démocratique fondé sur une société démocratique organisée. Le peuple peut se gouverner lui-même dans un système confédéral démocratique sans être exposé à l’oppression et à l’exploitation.

Un système démocratique peut mettre en place un système administratif démocratique où il n’y aura ni exploitation ni oppression. L’État et ses rouages appartiennent aux dirigeants, tandis que le confédéralisme démocratique est le système de fonctionnement du peuple, par le peuple et pour le peuple.

Les états sont maintenant des synonymes de chaos, de crise, de ruine et de malheur pour l’humanité. Nous devons nous libérer de cette calamité. Si vivre sous le joug de l’exploitation et de l’oppression n’est pas dans la nature de l’être humain, alors ni l’État, ni le drapeau qui le représente ne peuvent représenter le peuple et la société.

Öcalan a mis en place le confédéralisme démocratique en le fondant sur une société démocratique organisée comme une alternative viable à l’État et ce pour toutes les sociétés et non pas pour le peuple kurde uniquement. C’est un système qui par sa différence crée une identité unique contrairement à l’état-nation. Toute différence peut parvenir à la liberté avec sa propre identité au sein d’une confédération démocratique. A cet égard, le confédéralisme démocratique représente la vie libre pour tout peuple et toute communauté. Ceci peut aussi être appelé la démocratie complète réalisée. Il ne peut pas y avoir de démocratie dans un système étatique. Qui peut parler de démocratie véritable et complète là où il y a des dirigeants ?

Le temps des peuples

Le confédéralisme démocratique est une alternative viable à l’État. Si nous disons que le temps et l’ère des peuples arrive, cela veut dire que l’ère du confédéralisme démocratique pointe à l’horizon. Au sein d’un état il ne peut y avoir ni démocratie, ni socialisme. L’État ne peut pas être éradiqué en tant qu’état par un état. L’État ne peut être transcendé et mené à l’extinction que par le confédéralisme démocratique. Les peuples ne peuvent pas s’émanciper avec l’État ni atteindre une vraie liberté et une véritable vie démocratique. Les peuples seront libérés par le confédéralisme démocratique.

Ceci constitue la ligne politique et idéologique d’Öcalan, son paradigme politique. Ceci constitue sa compréhension de la démocratie, de la liberté et du socialisme. Il ne peut pas y avoir de gouvernement de par et pour le peuple en dehors du Confédéralisme Démocratique.

Partant de ce principe, il est impossible pour les peuples de défendre l’État.

= = =

Lectures complémentaires:

Longue vie au Rojava !… Le texte du Confédéralisme Démocratique

Paulo_Freire_La_pedagogie_des_opprimes

Pierre_Bance_Lheure_de_la_commune_des_communes_a_sonne

Chiapas-Feu-et-Parole-dun-Peuple-qui-Dirige-et-dun-Gouvernement-qui-Obeit

Ricardo_Flores_Magon_Textes_Choisis_1910-1916

James_C_Scott_L’art_de_ne_pas_être_gouverné

Appel au Socialisme Gustav Landauer

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

Abdullah-Ocalan-Confederalisme-democratique

Entraide_Facteur_de_L’evolution_Kropotkine

6ème_déclaration_forêt.lacandon

kaianerekowa Grande Loi de la Paix

 


Commune Internationaliste du Rojava

8 Réponses to “Confédéralisme Démocratique du Rojava: De l’État à la démocratie… Anatomie d’un changement de paradigme 2ème partie”

  1. Bernardo Says:

    première partie sur le kurdistan/leskurdes par Thierry Meyssan.

    je sais déjà ce que vous allez répondre: *Meyssan défend le système étatico-capitaliste*.
    oui, mais face aux 2 régimes destructeurs de la région (au nord et au sud-ouest de la Syrie), c’est bien mieux d’être défendu par l’État syrien, qui a des alliés fidèles (!) et forts militairement comme la Russie, l’Iran et le Hezbollah.
    non?

    https://www.voltairenet.org/article207881.html

    À la fin de la Guerre froide, le PKK, n’étant plus financé par l’Union soviétique, fut pénétré par la CIA et muta. Il abandonna la doctrine marxiste et devint anarchiste, il renonça à la lutte contre l’impérialisme et se mit au service de l’Otan. L’Alliance atlantique eut largement recours à ses opérations terroristes pour contenir l’impulsivité de son membre turc.

    Au début de la guerre contre la Syrie, le président Bachar el-Assad accorda la nationalité syrienne aux réfugiés politiques kurdes et à leurs enfants. Ils se mirent immédiatement au service de Damas pour défendre le Nord du pays face aux jihadistes étrangers. Mais l’Otan réveilla le PKK turc et l’envoya mobiliser les Kurdes de Syrie et d’Iraq pour créer un très Grand Kurdistan, tel que prévu par le Pentagone depuis 2001 et acté par la carte d’état-major divulguée par le colonel Ralph Peters en 2005.

    • Oui tu as répondu pour nous, merci. 😉
      Un peu plus loin dans l’article Meyssan dit ceci: « Les Kurdes du YPG, branche syrienne du PKK, tentèrent de créer un nouvel État, le Rojava, avec l’aide des forces US. Le Pentagone les utilisa pour cantonner les jihadistes dans la zone qui leur avait été assignée… »
      Ceci prouve l’une de ces deux choses:
      1- Il ne lit pas les textes, notamment celui publié par Öcalan en 2011 et que nos avons reproduit à dessein, pour que les gens LISENT CE TEXTE FONDAMENTALL, fondateur du Confédéralisme Démocratique. Dans ce texte il est dit que le PKK/YPG ne cherche en rien à CREER UN ETAT kurde, un « Kurdistan ». ceci étant une aliénation et se fourvoyer…
      ou alors
      2- Il l’a lu le sait, et fait semblant de rien
      Il pêche par ignorance ou par malveillance, pourquoi ?
      Parce qu’il pédale pour un intérêt particulier, étant lui-même réfugié en Syrie, il doit aller dans le sens du poil.
      Ceci dit, il y a certainement eu des abus territoriaux, notamment dû au miroir aux alouettes mis en place par les Yankees pour que les Kurdes rentrent dans la FDS qu’ils contrôlaient… Du reste les kurdes renoncent à certains territoires « étendus » pour rentrer dans le Rojava traditionnel. Il est plus que probable que les Amerloques ont fait pression pour ces gains territoriaux en disant : si vous ne le faites pas… Plus de fric ni d’armes, certains ripoux (y en a partout) kurdes ont du en croquer.
      Ajoutons que depuis 2005, les communes se sont mis en place au Rojava, sit avant le début de la guerre. En 2011-12, il y a eu quelques escarmouches entre le YPG et l’armée syrienne, mais dès que ça à barder plus avec Daesh etc, il y a eu déjà un accord tacite entre le gouvernement syrien et le Rojava: on vous laisse peinards dans vos communes, vous ne vous battez pas contre nous. N’oublions pas qu’au début et jusqu’en 2015, l’AAS prenait branlée sur branlée, pas la peine alors de se mettre en plus les Kurdes à dos. Ce qu’on veut dire, c’est qu’il n’y a pas d’inimitié fondamentale entre le Rojava et la Syrie et qu’il est logique dans un sens que face à l’invasion turque, les Kurdes s’allient avec Damas. L’alliance avec les Yanks fut au mieux une erreur, au pire une trahison du CD. qui a pris les décisions ? L’entité régie par la « charte / contrat social » du Rojava ? Ce n’est pas le CD, c’est une trahison dans le texte même nous l’avons déjà dénoncé.
      Meyssan dans ce texte accuse une fois de plus sans preuve de quoi que ce soit que le PKK (et par extension donc) le YPG, sont au service de la CIA. Il n’a jamais cité quelque source que ce soit, faut le croire sur parole…
      Cet article de Meyssan dit des choses justes et diffuse quelques fadaises propagandistes.
      Il n’est pas fiable sur ce sujet… Nous le disons depuis un bon moment. 😉

      • Bernardo Says:

        1. dans l’hypothèse où le Rojava existait, aurait existé, il aurait eu des relations publiques, diplomatiques, et des relations secrètes avec les États de la région, plus les usa, l’union européiste.

        est-ce que d’après vous le rojava, s’il avait vu le jour, aurait demandé à intégrer l’organisation des nations unis?

        dans les faits, le Rojava tel qu’il existait jusqu’à dimanche 13 octobre 2019, avait déjà des relations avec les usa, la fronsse, l’entité sioniste, la Russie, la Syrie, et même avec l’arabie salapiste il parait (pour faire la nique à la turquie..),

        donc le Rojava-20**-13 octobre 2019 agissait déjà comme un État: des frontières, un centre de pouvoir (le Pentagon 🙂 qui dispose du monopole de la violence légitime sur une population.

        2. il y a une contradiction dans l’histoire telle que Meyssan la raconte:
        – le pkk infiltré et piloté par la CIA
        – le pkk qui divulgue en 2014 un document relatant le contenu de la réunion secrète qui s’est tenu en Jordanie avant l’offensive d’isis.

        si le pkk est piloté par la CIA, comment et pourquoi est-ce que des membres du pkk ont-ils pu diffuser le compte-rendu de cette réunion, qui détruit quand même toute la propagande sur ‘isis groupe sorti de nul part et non lié au services’?

        • certes mais une fois de plus le Rojava n’est pas et dans le contexte précis et établi du confédéralisme démocratique, un état. Non, il n’aurait pas fait partie de l’ONU. Lis le texte officiel d’Ocalan sur le CD… tu verras la position prise sur l’État et ses institutions. Ceci dit, Ocalan dit aussi que la relation avec des états est envisagée tout en maintenant la capacité d’auto-défense autonome de la confédération des communes libres. Quand on connaît le modus operandi étatique on sait ce que ça veut dire à terme, mais Ocalan essaie par là de ne pas fermer la porte.
          Il semble que la transformation du CD en « contrat social » au gré de certains bien récompensés et on pense par la force du chantage pour bien d’autres, a poussé la révolution sociale dans un endroit pas très désirable ni confortable.
          On l’a dit, il y a eu un accord tacite de non agression en 2012 entre le Rojava et le gouvernement syrien et une des logiques de terrain des Kurdes du Rojava est de s’allier avec la Syrie et donc les forces qui la protègent et de retourner au statu quo de 2012, accepté par l’État syrien qui à l’époque n’avait pas le choix et les Kurdes du Rojava ont fait le boulot contre l’armée mercenaire salafiste de l’empire. Aujourd’hui, la donne est différente, la table a tourné, qui fera quoi ?… Le Rojava peut-il faire confiance à Assad ?
          Le Rojava comme nous l’avons dit depuis un bon moment est entre le marteau et l’enclume et doit composer avec sa révolution sociale qui est déjà une sérieuse tache en elle-même, une guerre impérialiste par proxy, des trahisons internes, un soutien mais aussi une pression internationale, une scission avec leurs frères kurdes d’Irak pilotés par une chienlit inféodée à l’empire (clan Barzani) et le besoin de sécuriser des populations sous extrême menace physique. Pas simple tout ça hein ?… et il faut analyser à tous ces niveaux si on veut être cohérent.
          Meyssan est bourré de contradictions.. 😉
          Sur ce sujet du Rojava il n’est pas fiable et son avis importe peu.

        • alors l’info comme quoi les kurdes du rojava aurait discuté en secret avec le gouvernement syrien sur une base russe est diffusée par la « Parti Progressiste Démocratique Kurde » et son porte-parole Ahmed Souleiman. Ce parti est intégré à 7 autres dans un « Conseil National Kurde » (CNK) créé à Erbil sous le parrainage de Massoud Barzani, encore lui, sbire du Mossad et de la CIA, du « kurdistan d’Irak »… Le YPD ne fait pas partie de ce conseil et on se demande bien donc, qui pilote toute cette merde à l’échelle locale.
          Il semblerait que la structure démocratique confédérée n’ait plus grand chose à dire et que bien des choses lui échappe. Le CNK et toute la clique barzani sont pilotés par la CIA, pas le PKK ni le YPD vraisemblablement.
          Il faut aussi savoir que les factions kurdes et leurs alliés sur le terrain sont au nombre de… 31, incluant le PKK et le YPD… Un sacré panier de crabes. Cela paraît confus parce que ça l’est.
          Et pour l’occident, tout est fait pour entretenir la confusion, ainsi désinfo et propagande peuvent avoir plus de prise. La question pour nous est celle-ci: où en est la révolution sociale ? A t’elle été subvertie ?…
          C’est compliqué et rien n’est tout blanc ou tout noir… Combien y a t’il de nuances de gris déjà ?… 😉

  2. Bernardo Says:

    pas pu m’empêcher d’aller faire un tour sur le twitter des anarchoïdes de lundimatin, ils enragent que la Syrie récupère son territoire,
    autrement dit, ils enragent que les kurdes aient été obligés d’accepter la protection de la Syrie.

    je cite:

    merluchon: L’armée syrienne va défendre son pays.

    anarchoïdo-abrutis: Vomir.
    en réponse à un contradicteur: En tous cas, nous ne sommes pas assez pervers pour nous réjouir de l’intervention d’un dictateur sanguinaire contre un autre. Et à plus fort escient, lorsque les protagonistes eux-mêmes le regrettent. Il est possible de soutenir le Rojava sans s’avilir à applaudir Al Assad.

    qui cela étonne encore?

    en plus ce n’est pas BacharLeSanguinaire, juste BacharLeChimique! 😉 y connaissent vraiment rien à rien ces gauchistes..

    hier vous avez eu la pluie et l’orage? c’était les larmes de tous ceux qui ont pleuré de rage dimanche soir en apprenant que la Syrie allait récupérer le nord-est de la Syrie.

    *la Syrie récupère le nord-est de la Syrie*, normal, non?

    theoretically, vous ne faisiez pas partie des types qui rageaient de l’alliance Syrie-kurdes. 😉

    • l’affaire est plus compliquée, il y a tant de paramètres, y compris celui non négligeable de la trahison du confédéralisme démocratique avec ce « contrat social du rojava », qui est un proto-état et nie le CD dans sa pratique, même s’il en emprunte une vague méthodologie. Ce « contrat social » fonctionne sur un mode électoral avec des comités élus entre eux, sans contrôle d cela base, bref une autre merdasse étatico-capitaliste.
      Il y a deux niveaux d’analyses: le niveau anarchiste et ce qu’on voudrait qu’il se passe au vu du CD et de sa mise en application initiale et le niveau géopolitique de la réalité de terrain: une révolution sociale ans la tourmente d’une guerre aux implications régionales.
      Les sites et gens que tu mentionnent d’une manière ou d’une autre se situent sur l’un ou l’autre niveau. Nous faisons plus de la corde raide en analysant sur les deux niveaux, ce qui veut dire qu’on doit avancer droit… 😉
      Il y a le contexte révolutionnaire et le contexte pragmatique de terrain. Faire une analyse objective de la Commune de Paris et de la révolution sociale en Espagne 36 relève du même procédé.

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