Quand la pourriture réformiste constituante fait systématiquement le jeu de l’exploitation et de la domination (Tract chilien distribué à l’occasion de l’anniversaire du 11 septembre 1973)

ZAD_Partout

Le réformisme n’a jamais fait de révolutions

Ceux qui s’impliquent dans des demies-révolutions creusent leur propre tombe

Tract distribué dans les rues à l’occasion de l’anniversaire du 11 septembre 1973 et du coup d’´état au Chili

NB : le tract est originellement en espagnol, mais nous l’avons traduit de sa version anglaise (Résistance 71)

20 septembre 2022

Quand les exploités décident de prendre leur destinée et leur vie entre leurs mains, ces secteurs dont l’existence dépend de l’exploitation, s’unissent contre eux, appliquant des stratégies variées pour les contenir et les vaincre. C’est pourquoi, de la droite à la gauche du spectre politique, tous les partis qui défendent les catégories fondamentales de la civilisation capitaliste sont impliqués.

Dans les années 60 et 70, une immense vague révolutionnaire internationale a déferlé et au Chili, un processus qui captura l’attention du monde entier prit forme. Ce processus ne se cantonnait pas aux vicissitudes de l’alliance réformiste de l’Union Populaire avec Allende à sa tête. Au contraire, cela émergeait d’un mouvement social grandissant qui s’exprimait de manière hétérogène via l’occupation des usines, les saisies de terres et de fermes, de soupes populaires, d’associations culturelles et un grand nombre d’expériences communautaires et anticapitalistes. Comme cela se produit dans ces cas là, ce mouvement s’est levé contre les limites qui germèrent et grandirent au sein de sa propre dynamique, ainsi que contre la répression étatique de plus en plus féroce (il y eut plusieurs massacres documentés en quelques années comme ceux de Pampa Irigoin et de Puerto Montt en 1969, sous le gouvernement d’Eduardo Frei Montalva, lorsque 11 occupants furent tués incluant un nourrisson de 3 mois…) et le cadre réformiste.

Soutenu par ces luttes, l’UP est parvenue au gouvernement en 1970 pour appliquer un programme social-démocrate tout en combattant ouvertement ceux qui brisèrent depuis la base, le cadre de la légalité bourgeoise et osèrent agir de manière autonome.

Pendant trois ans, l’activité autonome des travailleurs, ouvriers, paysans et occupants porta ses fruits avec la formation de cordons industriels, de l’expropriation que l’UP ne put pas contrôler malgré tous ses efforts ; les commandements communaux et les comités de contrôle des approvisionnements et des prix (JAP), devinrent de plus en plus intolérables pour la classe capitaliste.

Le coup d’état militaire se produisit alors en dernière mesure de la protection de la classe dirigeante, coincé dans une réponse contre-révolutionnaire qui restructurait le capital en crise dans le monde entier. Mais son succès à vaincre le prolétariat ne peut pas être expliqué sans comprendre le travail réactionnaire constant de la gauche elle-même, qui désorganise, réprime et littéralement désarme le mouvement.

45 jours avant le coup d’état, Allende considérait que les problèmes principaux du pays étaient une demande excessive de réajustement des salaires des travailleurs, leur “économisme” et “le syndicalisme parallèle” des branches industrielles. Il prononça un sermon sévère contre la classe travailleuse et clarifia de manière catégorique : CE PAYS VIT UN PROCESSUS CAPITALISTE, il annonça une politique salariale sévère avertissant que dans l’année à venir, les réajustements des salaires seraient plus bas que l’augmentation du coût de la vie, il clarifia le fait que les forces armées continueraient d’appliquer strictement la loi sur le contrôle des armes et il suggéra dans une ovation des ses hôtes “communistes” que le MIR pourrait bien agir comme complice de la CIA. Comme on peut le voir, une excellente politique pour préparer le prol´´tarit aux confrontations à venir.

Il devient alors inévitable de se poser la question du rôle démobilisateur de la gauche du capital, qui bouge et agit au sein du cadre politique bourgeois et qui ne propose rien d’autre que le réarrangement de la logique mercantile, investissant en cela dans son rôle des années 70 et celui qu’elle a joué depuis la révolte de 2019 au travers de partis politiques aujourd’hui au gouvernement, mais aussi du rôle de ces groupes ayant donné un “soutien critique”, les secondant dans leurs manœuvres aves cette “naïve” prétention de les “submerger”. De cette façon, du “Pacte pour la paix et la nouvelle constitution” signé par presque tous les partis politiques ayant une représentation législative au 15 novembre 2019, tout l’ordre du parti a été dédié à la dilution du pouvoir de l’imposant mouvement développé depuis les jours historiques des 18 et 19 octobre. Son objectif explicite fut de sauver les institutions, essentiellement le gouvernement et le congrès, au travers d’évènements électoraux successifs qui ont diverti et kidnappé l’autonomie de la classe du travail, sabotant les assemblées territoriales et donnant le pouvoir “au propre sens commun” de cette société organisée autour de l’exploitation et de la domination sociales et donc, par là même, du fétichisme de l’État.

Ceci est l’objectif déclaré du processus constituant. (NdT : comme il le serait également en France du “processus constituant” réformateur qui avait émergé du mouvement des Gilets Jaunes, mouvement qui n’est qu’un vœu pieux pour rendre le système “plus vertueux”, “plus compatissant” aux besoins des gens, mais en préservant les institutions et les rouages de l’exploitation et de la domination étatico-marchandes) Son rôle fut certainement efficace : les campagnes électorales, d’abord pour le plébiscite de l’entrée, puis pour l’´action des constituants et autres, ont eu pour but de vider les rues, retirant la force des expressions variées de l’auto-organisation et des luttes de revendication, tout en donnant l’impunité à ceux responsables du terrorisme d’état, réaffirmant l’emprisonnement politique de dizaines de militants de la révolte. Mais pour satisfaire les illusions d’un large secteur qui vit dans l’écriture d’une nouvelle constitution une manière d’accéder aux droits sociaux, cette voie résulta en un gigantesque échec, consommé le 4 septembre dernier.

Le prolétariat n’est pas mobilisé par des slogans idéologiques ou des promesses qui lui sont présentés comme étant étrangères, mais par ses besoins concrets, ce qui ne veut pas dire qu’il ne peut pas agir consciemment. La réduction et la codification des luttes vindicatives prolétariennes en catégories propres aux niches du marché académique n’ont pas d’autre effet que de fragmenter les luttes, de les isoler et finalement de les déconnecter de leur sens original, les imposant plus tard comme quelque chose d’externe semant la déception et l’impuissance. Ceci est un des facteurs derrière l’écrasante défaite électorale de “l’approbation”. En plus d’une campagne pathétique, les groupes politiques réactionnaires savaient comment avoir un avantage sur des thèmes comme l’unité nationale, la sécurité et l’ordre public, choses “propres” à leur “sphère” d’action politique.

Les thèmes de la gauche du capital ne semblent jamais approfondir les choses, mais mis en couple avec leurs rivaux de droite, ils utilisent également une méthode de prosélytisme. Les slogans patriotiques, réponses aux mensonges et aux “campagnes de terreur” de la droite, qui fait tout ce qui est possible pour se dissocier de toute véritable menace au pouvoir et ses laquais, la centralité de la famille et autres valeurs frelatées, incluant le sexisme, le racisme et l’homophobie, sont des éléments communs à observer dans des secteurs supposément critiques, ce qui a atteint un paroxysme après le récent triomphe du “rejet”, dans lequel une véritable vague de mépris envers la “populace” fut observée par ceux qui prétendaient combattre pour elle.

A la fois les processus des années 70 et ceux depuis 2019 interrompent leur extension et leur profondeur quand ils ne dirigent pas leur critique et leurs luttes contre le cœur des relations capitalistes (travail, argent, salariat, valeur) et l’État en tant que tels. Les leçons évidentes à tirer du rôle des secteurs réformistes, qui ne sont pas juste une version modérée au sein des luttes contre le capital, mais possèdent des objectifs radicalement différents (préservation de l’ordre social capitaliste contre sa négation radicale et son dépassement), ne devraient pas être balayés sous le paillasson pour retourner à l’abattoir.

Notre voie n’est en rien l’intégration dans la politique actuelle, mais sa destruction. Ceci est une nécessité provenant des mêmes expériences. Continuer à nous heurter la tête contre le mur des institutions, demander encore et toujours pour une véritable  et démocratique “assemblée constituante” et une nouvelle constitution au lieu de créer et de donner le pouvoir à nos propres espaces, de renforcer les liens et les discussions fraternelles entre les individus et les collectivités et de façonner les relations de solidarité, qui répondent à nos besoins les plus pressants et immédiats, ne peut en aucun cas être la voie à suivre.

Nous n’oublions pas ceux d’entre nous qui sont tombés. Nous ne pardonnons pas aux assassins, aux bourreaux et leurs complices de droite comme de gauche.

QUE LA MEMOIRE HISTORIQUE ENTERRE CEUX QUI CONDAMNENT LA VIOLENCE PROLETARIENNE!

Allons vers la vie, Septembre 2022

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Il n’y a pas de solution au sein du système ! (Résistance 71)

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

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4 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

permaculture2
Applicable à toute communauté…

relation_extatique

GJ_vive_la_commune

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