Comprendre pour mieux résister: La société et le principe d’état… 1ère partie

2014 année du bicentenaire de la naissance du grand théoricien et militant anarchiste russe Mikhaïl Bakounine. A cette occasion, nous publions un texte rare d’un manuscrit inédit de l’auteur sur sa réflexion ultime sur l’État.

A lire et diffuser sans modération…

— Résistance 71 —

LE PRINCIPE DE L’ÉTAT

Manuscrit inédit de MICHEL BAKOUNINE (1896)

1ère partie

2ème partie

On sait que Bakounine, toujours prêt de mettre toute son activité à la disposition de la cause immédiate et urgente, fut par là et par d’autres raisons empêché de publier et même d’élaborer au complet l’ensemble de ses idées politiques et sociales. (Voir la préface au volume d’Œuvres publié à Paris en 1895.) Donc, il faut reconstituer cet ensemble des écrits et fragments de théorie qu’il a laissés : L’Antithéologisme, Dieu et l’État, etc. Ici se range aussi le manuscrit que nous publions : Le Principe de l’État (manuscrit de 36 pages — dont la suite manque — in-4°, écrit d’une écriture très rapide, probablement en 1871). Il était peut-être destiné à être un résumé des idées sur l’État, mais ce sujet ne put être abordé proprement sans enquête sur l’origine des idées religieuses et au milieu d’une dissection du christianisme, ce qui paraît être conservé du manuscrit (36 pages) se termine ; l’auteur allait traiter plus tard des « fictions politiques et juridiques, les unes comme les autres n’étant d’ailleurs que des conséquences ou des transformations de la fiction religieuse » (p. 27 du manuscrit), ce qui explique la disposition et l’arrangement du sujet.

Dans ce fragment se retrouvent de nombreux arguments, conclusions, etc., avec lesquels on est familier d’après les autres écrits de Bakounine : cela s’explique par le fait que, la plupart de ces autres écrits n’ayant pas été publiés de son vivant, il était évidemment libre de les employer dans de nouveaux écrits. Toutefois Bakounine est encore si peu connu et sait trop parler pour lui-même qu’il fallait une excuse pour publier quelque partie inédite de son œuvre.

N.

Octobre 1896.

Au fond, la conquête n’est pas seulement l’origine, elle est aussi le but suprême de tous les États, grands ou petits, puissants ou faibles, despotiques ou libéraux, monarchiques, aristocratiques, démocratiques, et voire même socialistes, en supposant que l’idéal des socialistes allemands, celui d’un grand État communiste, se réalise jamais.

Qu’elle a été le point de départ de tous les États, anciens et modernes, cela ne pourra être mis en doute par personne, puisque chaque page de l’histoire universelle le prouve suffisamment. Nul ne contestera non plus que les grands États actuels n’aient pour objet, plus ou moins avoué, la conquête. Mais les États moyens et surtout les petits États, dira-t-on, ne pensent qu’à se défendre et il serait ridicule de leur part de rêver la conquête.

Ridicule tant qu’on voudra, mais néanmoins c’est leur rêve, comme c’est le rêve du plus petit paysan propriétaire de s’arrondir au détriment de son voisin ; s’arrondir, s’agrandir, conquérir à tout prix et toujours, c’est une tendance fatalement inhérente à tout État, quel que soit son extension, sa faiblesse ou sa force, parce que c’est une nécessité de sa nature. Qu’est-ce que l’État si ce n’est l’organisation de la puissance ; mais il est dans la nature de toute puissance de ne point pouvoir souffrir ni de supérieure ni d’égale, — la puissance ne pouvant avoir d’autre objet que la domination, et la domination n’étant réelle que lorsque tout ce qui l’entrave lui est assujetti ; aucune puissance n’en souffre une autre que lorsqu’elle y est forcée, c’est-à-dire que lorsqu’elle se sent impuissante à la détruire ou à la renverser. Le seul fait d’une puissance égale est une négation de son principe et une menace perpétuelle contre son existence ; car c’est une manifestation et une preuve de son impuissance. Par conséquent, entre tous les États qui existent l’un à côté de l’autre, la guerre est permanente et leur paix n’est qu’une trêve.

Il est dans la nature de l’État de se poser aussi bien pour lui-même que pour tous ses sujets comme l’objet absolu. Servir sa prospérité, sa grandeur, sa puissance, c’est la vertu suprême du patriotisme. L’État n’en reconnaît point d’autre, tout ce qui lui sert est bon, tout ce qui est contraire à ses intérêts est déclaré criminel, telle est la morale des États.

C’est pourquoi la morale politique a été de tout temps non seulement étrangère, mais absolument contraire à la morale humaine. Cette contradiction est une conséquence forcée de son principe : l’État n’étant qu’une partie, se pose et s’impose comme le tout ; il ignore le droit de tout ce qui n’étant pas lui-même, se trouve en dehors de lui, et quand il le peut sans danger pour lui-même, il le viole. — L’État est la négation de l’humanité.

Y a-t-il un droit humain et une morale humaine absolus ? Par le temps qui court et en voyant tout ce qui se passe et se fait aujourd’hui en Europe, on est bien forcé de se poser cette question.

D’abord, l’absolu existe-t-il et tout n’est-il pas relatif dans le monde ! Ainsi pour la morale et le droit : ce qui s’appelait droit, hier, ne l’est plus aujourd’hui, et ce qui paraît moral en Chine peut ne pas être considéré comme tel en Europe. À ce point de vue chaque pays, chaque époque ne devraient être jugés qu’au point de vue des opinions contemporaines ou locales, et il n’y aurait ni droit humain universel, ou morale humaine absolue.

De cette manière, après avoir rêvé l’un et l’autre, quand nous avons été métaphysiciens ou chrétiens, devenus positivistes aujourd’hui, nous devrions renoncer à ce rêve magnifique pour retomber dans l’étroitesse morale de l’antiquité, qui ignore jusqu’au nom même de l’humanité, au point que tous les dieux ne furent que des dieux exclusivement nationaux et accessibles seulement aux cultes privilégiés.

Mais aujourd’hui que le ciel est devenu désert et que tous les dieux, y compris naturellement le Jéhovah des juifs, l’Allah des mahométans et le bon Dieu des chrétiens, se trouvent détrônés, aujourd’hui ce serait peu encore : nous retomberions dans le matérialisme crasse et brutal des Bismarck, des Thiers et des Frédéric II, selon lesquels Dieu était toujours du côté des gros bataillons, comme l’a excellemment dit ce dernier ; l’unique objet digne de culte, le principe de toute morale, de tout droit serait la force ; c’est la vraie religion d’État.

Eh bien, non ! Quelque athées que nous soyons, et précisément parce que nous sommes des athées, nous reconnaissons une morale humaine et un droit humain absolus. Seulement, il s’agit de s’entendre sur la signification de ce mot absolu. L’absolu universel, embrassant la totalité infinie des mondes et des êtres, nous ne le concevons pas, parce que non seulement nous sommes incapables de le percevoir par nos sens, mais nous ne pouvons pas même l’imaginer. Toute tentative de ce genre nous ramènerait dans le vide, tant aimé des métaphysiciens, de l’abstraction absolue.

L’absolu que nous entendons est un absolu très relatif et notamment relatif exclusivement à l’espèce humaine. Cette dernière est loin d’être éternelle : née sur la terre, elle mourra avec elle, peut-être même avant elle, faisant place, selon le système de Darwin, à une espèce plus puissante, plus complète, plus parfaite. Mais tant qu’elle existe, elle a un principe qui lui est inhérent et qui la fait précisément ce qu’elle est : c’est ce principe qui constitue, par rapport à elle, l’absolu. Voyons quel est ce principe.

De tous les êtres vivant sur cette terre, l’homme est à la fois le plus social et le plus individualiste. Il est sans contredit aussi le plus intelligent. Il existe peut-être des animaux qui sont même plus sociaux que lui, par exemple les abeilles, les fourmis ; mais par contre, ils sont si peu individualistes, que les individus appartenant à ces espèces sont absolument absorbés par ces dernières et comme anéantis dans leur société : ils sont tout pour la collectivité, rien ou presque rien pour eux-mêmes. Il paraît qu’il existe une loi naturelle, conformément à laquelle plus une espèce d’animaux est élevée dans l’échelle des êtres, par organisation plus complète, plus elle laisse de latitude, de liberté et d’individualité à chacun. Les animaux féroces, qui occupent incontestablement le rang le plus élevé, sont individualistes au suprême degré.

L’homme, animal féroce par excellence, est le plus individualiste de tous. Mais en même temps, et c’est un de ses traits distinctifs, il est éminemment, instinctivement et fatalement socialiste. C’est tellement vrai, que son intelligence même qui le rend si supérieur à tous les êtres vivants et qui le constitue en quelque sorte le maître de tous, ne peut se développer et arriver à la conscience d’elle-même qu’en société et par le concours de la collectivité tout entière.

Et en effet, nous savons bien qu’il est impossible de penser sans paroles ; en dehors ou avant la parole, il peut y avoir sans doute des représentations ou des images des choses, mais il n’y a pas de pensées. La pensée voit et ne se développe qu’avec la parole. Penser c’est donc parler mentalement en soi-même. Mais toute conversation suppose au moins deux personnes, l’une c’est vous ; qui est l’autre ? C’est tout le monde humain que vous connaissez.

L’homme, en tant qu’individu animal, comme les animaux de toutes les autres espèces, a de prime abord et dès qu’il commence à respirer, le sentiment immédiat de son existence individuelle ; mais il n’acquiert la conscience réfléchie de lui-même, conscience qui constitue proprement sa personnalité, qu’au moyen de l’intelligence, et par conséquent seulement dans la société. Votre personnalité la plus intime, la conscience que vous avez de vous-même dans Votre for intérieur, n’est en quelque sorte que le reflet de Votre propre image, répercuté et à vous renvoyé comme par autant de miroirs, par la conscience tant collective qu’individuelle de tous les êtres humains qui composent Votre monde social. Chaque homme que vous connaissez et avec lequel vous vous trouvez en rapports, soit directs soit indirects, détermine, plus ou moins, Votre être le plus intime, contribue à vous faire ce que vous êtes, à constituer Votre personnalité. Par conséquent, si vous êtes entouré d’esclaves, fussiez-vous leur maître, vous n’en êtes pas moins un esclave, la conscience des esclaves ne pouvant vous renvoyer que Votre image avilie. La bêtise de tout le monde vous abêtit, tandis que l’intelligence de tous vous illumine, vous élève ; les vices de votre milieu social sont vos vices, et vous ne sauriez être un homme réellement libre, si vous n’êtes entouré d’hommes également libres, l’existence d’un seul esclave suffisant pour amoindrir votre liberté. Dans l’immortelle déclaration des droits de l’homme, faite par la Convention Nationale, nous trouvons clairement exprimée cette vérité sublime que l’esclavage d’un seul être humain est l’esclavage de tous.

Elle contient toute la morale humaine, précisément ce que nous avons appelé la morale absolue, absolue sans doute par rapport à l’humanité seulement, non par rapport au reste des êtres, ni encore moins par rapport à la totalité infinie des mondes, à nous éternellement inconnue. Nous la retrouvons en germe, plus ou moins, dans tous les systèmes de morale qui se sont produits dans l’histoire et dont elle fut en quelque sorte comme la lumière latente, lumière qui ne s’y est manifestée d’ailleurs, le plus souvent, que par des reflets aussi incertains qu’imparfaits. Tout ce que nous voyons d’absolument vrai, c’est-à-dire d’humain, n’est dû qu’à elle seule. Et comment en serait-il autrement, puisque tous les systèmes de morale qui se sont successivement développés, dans le passé, aussi bien que tous les autres développements de l’homme, y compris les développements théologiques et métaphysiques, n’ont jamais eu d’autre source que la nature humaine, n’ont été que ses manifestations plus ou moins imparfaites. Mais cette loi morale que nous appelons absolue, qu’est-elle, sinon l’expression la plus pure, la plus complète, la plus adéquate, comme diraient les métaphysiciens, de cette même nature humaine, essentiellement socialiste et individualiste à la fois.

Le défaut principal des systèmes de morale enseignés dans le passé, c’est d’avoir été ou exclusivement socialiste ou exclusivement individualiste. Ainsi la morale civique, telle qu’elle nous a été transmise par les Grecs et les Romains, fut une morale exclusivement socialiste, dans ce sens qu’elle sacrifie toujours l’individualité à la collectivité : Sans parler des myriades des esclaves qui constituèrent toute la base de la civilisation antique, ne comptant eux-mêmes que comme des choses, l’individualité du citoyen grec ou romain lui-même fut toujours patriotiquement immolée au profit de la collectivité constituée en État. Ainsi lorsque les citoyens, fatigués de cette immolation permanente, se refusèrent au sacrifice, les républiques grecques d’abord, puis romaines, s’écroulèrent. Le réveil de l’individualisme causa la mort de l’antiquité.

Il trouva sa plus pure et sa complète expression dans les religions monothéistes, dans le judaïsme, dans le mahométisme et dans le christianisme surtout. Le Jéhovah des juifs s’adresse encore à la collectivité, au moins sous certains rapports, puisqu’il a un peuple élu, quoiqu’il contienne déjà tous les germes de la morale exclusivement individualiste.

Il devait en être ainsi : les dieux de l’antiquité grecque et romaine ne furent, en dernière analyse, que les symboles, les représentants suprêmes de la collectivité divisée, de l’État. En les adorant, on adorait l’État, et toute la morale qui fut enseignée en leur nom ne put par conséquent avoir d’autre objet que le salut, la grandeur et la gloire de l’État.

Le dieu des juifs, despote jaloux, égoïste et vaniteux s’il en fut, se garda bien non d’identifier, mais seulement de mêler sa terrible personne avec la collectivité de son peuple élu, élu pour lui servir de marche-pied de prédilection tout au plus, mais non pour oser s’élever jusqu’à lui. Entre lui et son peuple, il y eut toujours un abîme. D’ailleurs, n’admettant d’autre objet d’adoration que lui-même, il ne pouvait souffrir le culte de l’État. Aussi des juifs, tant collectivement qu’individuellement, n’a-t-il jamais exigé que des sacrifices pour lui-même, jamais pour leur collectivité ou pour la grandeur et la gloire de l’État.

Au reste, les commandements de Jéhovah, tels qu’ils nous sont transmis par le Décalogue, ne s adressent presque exclusivement qu’à l’individu : ne font exception que ceux d’entre eux dont l’exécution dépassant les forces d’un individu, exigerait le concours de tous : par exemple, l’ordre si singulièrement humain qui enjoignit aux juifs d’extirper jusqu’au dernier, les femmes et les enfants y compris, tous les païens qu’ils trouveraient sur la terre promise, ordre vraiment digne du Père de notre sainte Trinité chrétienne qui se distingue, comme on sait, par son amour exubérant pour cette pauvre espèce humaine.

Tous les autres commandements ne s’adressent qu’à l’individu : tu ne tueras pas (excepté les cas très fréquents où je l’ordonnerai moi-même, aurait-il dû ajouter) ; tu ne voleras ni la propriété ni la femme d’autrui (considérée en quelque sorte aussi comme une propriété) ; tu respecteras tes parents. Mais surtout tu m’adoreras, moi, le dieu jaloux, égoïste, vaniteux et terrible, et si tu ne veux encourir ma colère, tu chanteras mes louanges et t’aplatiras éternellement devant moi.

Dans le mahométanisme il n’y a pas même l’ombre du collectivisme national et restreint qui domine dans les religions antiques et dont on retrouve encore quelques faibles restes jusque dans le culte judaïque. Le Coran ne connaît point de peuple élu ; tous les croyants, à quelque nation ou quelque communauté qu’ils appartiennent, sont individuellement, non collectivement, les élus de Dieu. Aussi les califes, successeurs de Mahomet, ne s’appelèrent-ils jamais autrement que les chefs des croyants.

Mais nulle religion ne poussa aussi loin le culte de l’individualisme que la religion chrétienne. Devant les menaces de l’enfer et les promesses absolument individuelles du paradis, accompagnées de cette terrible déclaration que sur beaucoup d’appelés il n’y aura que très peu d’élus, ce fut un désarroi, un sauve-qui-peut général ; une sorte de course au clocher où chacun n’était stimulé que par une préoccupation unique, celle de sauver sa propre petite âme. On conçoit qu’une telle religion ait pu et dû donner le coup de grâce à la civilisation antique, fondée exclusivement sur le culte de la collectivité, de la patrie, de l’État et en dissoudre toutes les organismes à une époque surtout où elle se mourrait déjà de vieillesse. L’individualisme est un si puissant dissolvant ! Nous en voyons la preuve dans le monde bourgeois actuel.

À notre sens, c’est-à-dire au point de vue de la morale humaine, toutes les religions monothéistes, mais surtout la religion chrétienne, comme la plus complète et la plus conséquente de toutes, sont foncièrement, essentiellement, principalement immorales : en créant leur Dieu, elles ont proclamé la déchéance de tous les hommes, dont elles n’admirent la solidarité que dans le péché ; et en posant le principe du salut exclusivement individuel, elles ont renié et détruit, autant qu’il était en leur puissance de le faire, la collectivité humaine, c’est-à-dire le principe même de humanité.

N’est-il pas étrange qu’on ait attribué au christianisme l’honneur d’avoir créé l’idée de l’humanité, dont il fut au contraire le négateur le plus complet et le plus absolu. Toutefois, sous un rapport il put revendiquer cet honneur, mais seulement sous un seul : il y a contribué d’une manière négative, en coopérant puissamment à la destruction des collectivités restreintes et partielles de l’antiquité, en hâtant la décadence naturelle des patries et des cités qui, s’étant divinisées dans leurs Dieux, formaient un obstacle à la constitution de l’humanité ; mais il est absolument faux de dire que le christianisme ait eu jamais la pensée de constituer cette dernière, ou qu’il ait seulement compris, ni même pressenti, ce que nous appelons aujourd’hui la solidarité des hommes, l’humanité qui est une idée toute moderne, entrevue par la renaissance, mais conçue et énoncée d’une manière claire et précise seulement au XVIIIe siècle.

Le christianisme n’a absolument rien à faire avec l’humanité, par cette simple raison qu’il a pour objet unique la divinité, mais l’une exclut l’autre. L’idée de l’humanité repose sur la solidarité fatale, naturelle de tous les hommes entre eux. Mais le christianisme, avons-nous dit, ne reconnaît cette solidarité que dans le péché, et la repousse absolument dans le salut, dans le règne de ce Dieu qui sur beaucoup d’appelés ne fait grâce qu’à très peu d’élus, et qui dans sa justice adorable, poussé sans doute par cet amour infini qui le distingue, avant même que les hommes fussent nés sur cette terre, en avait condamné l’immense majorité aux souffrances éternelles de l’enfer, et cela pour les punir d’un péché commis non par eux-mêmes mais par leurs premiers ancêtres, qui d’ailleurs furent bien forcés de le commettre : celui d’infliger un démenti à la prescience divine.

Telle est la logique saine et la base de toute la morale chrétienne. Qu’ont-elles à faire avec la logique et la morale humaines ?

C’est en vain qu’on s’efforcerait de nous prouver que le christianisme reconnaît bien la solidarité des hommes, en nous citant des formules de l’Évangile qui semblent prédire l’avènement d’un jour où il n’y aura plus qu’un seul berger et un seul troupeau ; qu’on nous montrera l’Église catholique romaine, tendant incessamment à la réalisation de ce but par la soumission du monde entier au gouvernement du pape. La transformation de l’humanité tout entière en troupeau, ainsi que la réalisation, heureusement impossible, de cette monarchie universelle et divine n’ont absolu ment rien à faire avec le principe de la solidarité humaine, qui seul constitue ce que nous appelons l’humanité. Il n’y a pas même l’ombre de cette solidarité dans la société telle que les chrétiens la rêvent et dans laquelle on n’est rien par la grâce des hommes, tout par la grâce de Dieu, véritable troupeau de moutons désagrégés, et qui n’ont et ne doivent avoir aucuns rapports immédiats et naturels entre eux, au point qu’il leur est même interdit de s’unir pour la reproduction de l’espèce, sans la permission ou la bénédiction de leur berger, le prêtre seul ayant le droit de les marier au nom de ce dieu qui est l’unique trait d’union légitime entre eux : séparés en dehors de lui, les chrétiens ne s’unissent et ne peuvent s’unir qu’en lui. En dehors de cette sanction divine, tous les rapports humains, même les liens de famille, participent à la malédiction générale qui frappe la création, sont réprouvés la tendresse des parents, des époux, des enfants, l’amitié fondée sur la sympathie et sur l’estime réciproques, l’amour et le respect des hommes, la passion du vrai, du juste et du bien, celle de la liberté, et la plus grande de toutes, celle qui implique toutes les autres, la passion de l’humanité, — tout cela est maudit et ne saurait être réhabilité que par la grâce de Dieu. Tous les rapports d’hommes à hommes doivent être sanctifiés par l’intervention divine ; mais cette intervention les dénature, les démoralise, les détruit. Le divin tue l’humain et tout le culte chrétien ne consiste proprement que dans cette immolation perpétuelle de l’humain en honneur de la divinité.

Qu’on n’objecte pas que le christianisme ordonne aux enfants d’aimer leurs parents, aux parents d’aimer leurs enfants, aux époux de s’affectionner mutuellement. Oui, mais il leur commande et ne leur permet de les aimer non immédiatement, non naturellement et pour eux-mêmes, mais seulement en Dieu et pour l’amour de Dieu ; il n’admet tous ces rapports actuels qu’à condition que Dieu s’y trouve en tiers, et ce terrible tiers tue les conjoints. L’amour divin anéantit l’amour humain. Le christianisme ordonne, il est vrai, d’aimer notre prochain autant que nous-mêmes, mais il nous ordonne en même temps d’aimer Dieu plus que nous-mêmes et par conséquent aussi plus que le prochain, c’est-à-dire de lui sacrifier le prochain pour le salut de nous-mêmes, car à la fin des comptes le chrétien n’adore Dieu que pour le salut de son âme.

Dieu étant donné, tout cela est rigoureusement conséquent : Dieu est l’infini, l’absolu, l’éternel, le tout-puissant ; l’homme est le fini, l’impuissant. En comparaison de Dieu, sous tous les rapports, il n’est rien. Le divin seul est juste, vrai, heureux et bon, et tout ce qui est humain dans l’homme doit être par là même déclaré faux, inique, détestable et misérable. Le contact de la divinité avec cette pauvre humanité doit donc nécessairement dévorer, consommer, anéantir tout ce qui reste d’humain dans les hommes.

Aussi l’intervention divine dans les affaires humaines n’a-t-elle jamais manqué de produire des effets excessivement désastreux. Elle pervertit tous les rapports des hommes entre eux et remplace leur solidarité naturelle par la pratique hypocrite et malsaine des communautés religieuses, où, sous les dehors de la charité, chacun ne songe qu’au salut de son âme, faisant ainsi, sous le prétexte de l’amour divin, de l’égoïsme humain excessivement raffiné, plein de tendresse pour lui-même et d’indifférence, de malveillance, voire même de cruauté pour le prochain. Cela explique l’alliance intime qui a toujours existé entre le bourreau et le prêtre, alliance franchement avouée par le célèbre champion de l’ultramontanisme, M. Joseph de Maistre, dont la plume éloquente, après avoir divinisé le pape, n’a pas manqué de réhabiliter le bourreau ; — l’un était, en effet, le complément nécessaire de l’autre.

Mais ce n’est pas dans la seule Église catholique qu’existe et se produit cette tendresse excessive pour le bourreau. Les ministres sincèrement religieux et croyants des différents cultes protestants, n’ont-ils pas unanimement protesté de nos jours contre l’abolition de la peine de mort, tant il est vrai que l’amour divin tue dans les cœurs qui en sont pénétrés, l’amour des hommes ; tant il est vrai aussi que tous les cultes religieux en général, mais parmi eux le christianisme surtout, n’ont jamais eu d’autre objet que de sacrifier des hommes à leurs dieux. Et parmi toutes les divinités dont nous parle l’histoire, en est-il une seule qui ait fait verser tant de larmes et de sang que ce bon Dieu des chrétiens ou qui ait perverti au même point les intelligences, les cœurs et tous les rapports des hommes entre eux ?

Sous cette influence malsaine, l’esprit s’éclipsait et la recherche ardente de la vérité se transformait en un culte complaisant du mensonge ; la dignité humaine s’avilissait, l’homme (un mot illisible) devenait traître, la bonté cruelle, la justice inique et le respect humain se transformait en un mépris croyant pour les hommes ; l’instinct de la liberté aboutissait à l’établissement du servage, et celui de l’égalité à la sanction des privilèges les plus monstrueux. La charité, devenant délatrice et persécutrice, ordonnait le massacre des hérétiques et les orgies sanglantes de l’Inquisition ; l’homme religieux s’appela jésuite, mômier ou piétiste — renonçant à l’humanité il visa à la sainteté — et le saint sous les dehors d’une humanité plus (un mot illisible) devenait hypocrite et de la charité cacha l’orgueil et l’égoïsme immense d’un Moi humain absolument isolé et qui s’aime lui-même dans son Dieu. Car il ne faut pas s’y tromper ; ce que l’homme religieux cherche surtout et ce qu’il croit trouver dans la divinité qu’il aime, c’est encore lui-même, mais glorifié, investi de la toute-puissance et immortalisé. Aussi y a-t-il puisé trop souvent des prétextes et des instruments pour asservir et pour exploiter le monde humain.

Voilà donc le dernier mot du culte chrétien ; c’est l’exaltation de l’égoïsme, qui, rompant toute solidarité sociale, s’aime lui-même dans son Dieu et s’impose à la masse ignorante des hommes au nom de ce Dieu, c’est-à-dire au nom de son Moi humain, sciemment ou inconsciemment exalté et divinisé par lui-même. C’est pourquoi aussi les hommes religieux sont ordinairement si féroces : en défendant leur Dieu, ils prennent part pour leur égoïsme, pour leur orgueil et pour leur vanité.

De tout cela il résulte que le christianisme est la négation la plus décisive et la plus complète de toute solidarité entre les hommes, c’est-à-dire de la société, et par conséquent aussi de la morale, puisqu’en dehors de la société, je crois l’avoir démontré, il ne reste que les rapports religieux de l’homme isolé avec son Dieu, c’est-à-dire avec lui-même.

A suivre…

16 Réponses to “Comprendre pour mieux résister: La société et le principe d’état… 1ère partie”

  1. Le petitcaramel Says:

    Bonsoir.

    Tout d’abord je tiens à vous féliciter pour votre site internet, j’y ai appris énormément de choses. Continuez comme ça, c’est du très bon travail.
    Maintenant concernant l’article, malgré tout l’étalage de son savoir, je n’y ai vu que de l’ignorance concernant la religion. Il parle de plusieurs religions monothéistes alors que s’est toujours la même qui se continue. Il s’acharne sur la religion et mais savait il que la chrétienté occidentale que nous connaissons est l’oeuvre de Paul de Tarse… Il fait l’erreur classique de comparer dieu á sa création en lui attribuant des caractéristiques humaine jalousie etc… Et il commet une terrible erreur en déclarant que l’homme ne voit son divin qu’en lui-même. Il ne savait sûrement pas que l’ego est ce qui entraîne la perte de tout un chacun. Satan faisait pourtant partie de l’élite en est un bon exemple. S’il avait ne serais ce qu’étudié les religions il aurait comprit que la religion est le seul point de repère dans cette épreuve de la vie. Il juge la religion non pas sur ce qu’elle dit mais en se basant sur ceux qui la pratique. Et l’homme est loin d’être parfait.
    Morale de cette histoire, ne pas parler quand on ne metrise pas le sujet. Et moi j’y connais pas grand chose.

    • bible, évangiles, coran, le petit poucet, les trois petits cochons, fables et imagination humaine pour amadouer la peur viscérale de trop de gens: celle de mourir.
      si vous croyez en « Satan faisait pourtant partie de l’élite en est un bon exemple ». effectivement tout est permis, et le père noël a autant de validité que le cornuto, il est plus « sympa » quand même.
      Croyez-vous que les curetons de tout poil « maîtrisent le sujet » ? qui le maîtrise ? (la réponse « dieu » est disqualificatrice… 😉 )

      « la différence entre dieu et le père noël c’est que le père noël il est vrai » (Coluche)

      Merci de nous suivre

      • Lepetitcaramel Says:

        Bonjour

        Vos idées sont assez pertinentes mais je pense et je me trompe peut être que l’idée première est d’être convaincu de l’existence de dieu… Quelqu’un peut il concevoir un concept qui va au delà de ce qu’il peut imaginer ?
        Oui avec la raison et le coeur, et la raison est en première place pour une bonne raison… Pinocchio pouvait il imaginer son père fait de chair et de sang alors que lui-même est en bois ? Maintenant toute chose peut être expliqué par des lois mathématiques jusqu’au big-bang. Maintenant qui a créé tout cela puisse qu’il n’y avait rien avant ? Pas les extra-terrestres, il font partie de la création, pas le hasard, trop insignifiant pour être plausible… Et concernant l’histoire de Satan, il faut comprendre son ascension et de fait sa chute pour assimiler que la religion vous demande de penser au autres avant vous même. La religion doit être étudié en un tout indivisible et utiliser la méthode du fénéant qui va puiser certaines parties de textes pour expliquer un sujet créé de grosses erreurs. Après, il existe sûrement des personnes qui s’y connaissent très bien, mais vous savez très bien que l’oligarchie préfère nous voir avec un niveaux très bas de réflexion et faire ressortir notre bestialité pour que nous nous respections plus et que nous agissions de la sorte. Et ça c’est grâce à vous que je l’ai appris 😉

        • juste, croyance, croyance…
          Georges Brassens disait ceci: « De la façon dont dieu est présenté, je ne peux pas y croire.. »
          Il est vrai que le papier d’emballage est franchement dégueu…
          Les « écritures » n’expliquent rien, au mieux elles « allégorisent », au pire elles affabulent…
          On est assez d’accord sur la formule « le royaume de dieu est en vous-même », pourvu que rien ne soit dicté.
          Jouons le jeu un instant, et admettons pour l’argument (futile puisque improuvable d’un côté comme de l’autre…) qu’un « dieu » existe, dans le meilleur des cas, il en a rien à cirer de rien et n’a certainement pas de « commandements » à « dicter ».
          En fait, la voie de la sagesse est l’agnostisme… Tentant, mais les religions ont tellement fait de mal sur terre, tellement de gens ont été massacrés au nom d’un barbu (ethocentrisme classique religieux) omniscient, omnipotent et transcendant, que tout à chacun a vraiment du mal à le demeurer (agnostique) et ce à juste titre…
          La simple décence morale demande que l’Homme s’oppose à la religion, çà en devient même de la salubrité publique. 😉

  2. Lepetitcaramel Says:

    Après il est certain que la foi reste du domaine intime. Mon avis tends à ce que j’expliquais tout à l’heure… Je m’explique l’emballage religieux , les guerres etc, etc sont le fait des hommes… L’écriture qui est continue depuis la nuit des temps (j’insiste sur ce fait puisque beaucoup de personnes pensent qu’il s’agit de religion différentes) explique énormément et sur de nombreux sujets pour qui veut se donner la peine. Il est certain qu’un simple survol ne permet pas d’apprécier à sa juste valeur toute la dimension philosophique apporté. Quand Jésus parle de tendre l’autre joue et de donner ses vêtements à l’agresseur ce n’est pas de la faiblesse, c’est de répondre par le bien à quelque chose de mal. Après on voit bien ou nous mène les choses dans des sociétés secularisé. L’ignorance est bien l’un des pire mal. (je sais pas si c’est bien français cette phrase ;-))
    Ps: petite précision, je ne juge personne et tout le monde à le droit de penser ce qu’il veut.

    • Nous avions bien compris merci d’entretenir le débat.
      A notre sens, la question a été posée à l’envers depuis des siècles. Là où on se demande si l’humain existerait sans dieu, il faut plus retourner la problématique et se demander si « dieu » existerait sans l’humain ?
      qui crée l’autre ? qui a commencé de la poule ou de l’œuf ?
      Au bout du compte, la seule véritable question pour l’humain « être pensant », est celle de la mort, ce qui immanquablement éveille chez beaucoup la peur. Qui gère la peur, contrôle.
      C’est aussi simple que cela et là réside toute la finalité de la religion.
      C’est de cette façon que nous voyons les choses.

    • Ce texte de Bakounine n’est pas son meilleur sur le sujet de la religion. L’essence de sa pensée en ce domaine est contenue dans le petit ouvrage « Dieu et l’État »… A lire, ne serait-ce que par curiosité…

      • Lepetitcaramel Says:

        J’essayerais de jeter un oeil à ce livre. Suite à votre réflexion j’ai deux interrogations qui me viennent à l’esprit et me semble particulièrement pertinente.
        1èrement pensez-vous que le hasard ait pu engendrer tout ce que nous connaissons dans l’univers ? Des études scientifiques ont démontrées qu’il était km possible que de telle chose ai put advenir. Et en ce qui concerne la mort, la religion justement vous libére de toute cette peur, ce consumérisme…. Etc, etc. C’est pourquoi des gens font tout leur possible pour abrutir et garder les hommes dans l’ignorance. Comme ça il continue leur petite affaire.

        • la religion fait de même, elle abrutit l’humain, le met au carcan de la « volonté divine » d’un dieu vengeur, colérique, paternaliste à souhait, mais qui désire « sauver les âmes », pourvu que celles-ci se plient à la loi de ses prélats terrestres… La religion ne fait qu’insuffler le concept de l’Homme servile à ses « élites », liens avec « l’éternel ».
          En fait croire en dieu est renoncer à la liberté, c’est se mettre les chaînes et se laisser mener à l’abattoir selon les humeurs de corbeaux qui s’engraissent et contrôlent au gré des évènements… Beaucoup à dire lâ-dessus.
          Nous ne connaissons bien sûr pas l’origine de l’univers, cependant de manière générale dans l’équipe, nous ne croyons pas en la théorie du « big-bang », du reste la théorie des cordes de la physique théorique n’y « croit » pas (plus) non plus, du moins pas dans la version usuelle.
          L’épistémologie des sciences est claire sur un point… Quand on pousse la physique dans ses derniers retranchements, elle débouche sur la métaphysique et au bout du compte nous n’en savons rien ni d’un côté ni de l’autre, pas de certitude finale, que des spéculations humaines, trop humaines…
          Il est probable que tout cela ne soit pas de l’entendement de l’Homme, nous sommes limités par nos sens.

  3. Lepetitcaramel Says:

    Désolé pour le temps de réponse, vie mondaine oblige . 😉 Si la volonté divine est de commander au homme de mieux se comporter entre eux et d’ordonner le bien, alors les hommes sont vraiment idiot de respecter cela. Il est vrai que beaucoup lui donnent des attributs humain colère, jalousie et lui collent une image humaine parce qu’il ne comprennent pas et ne peuvent pas comprendre un concept qui les dépassent. C’est malheureusement l’erreur la plus courante: ramener le créateur au niveau de la créature. Souvent des lois physiques et mathématiques (darwinisme, boson de hings) essaye de mettre à mal l’existence de dieu et pour cause elle font partie de la création et ne peuvent expliquer que des conséquences. Pratiquement tout les hommes peuvent admettre l’existence de dieu mais l’idée de soumission et surtout responsabilité à celui-ci beaucoup moins. De nombreuses nations ont compris que le savoir leur donnent le pouvoir. Les élites jouent très bien avec cela. Ce que j’essaie de démontrer c’est que les gens jugent la religion sur les actes des personnes qui la pratique. Croit qui veut et ne croit pas qui a envie. Les gens ont une vision biaisé, se faire une idée par eux-mêmes serait plus judicieux mais les obligeraient à se poser des questions… Et se poser des questions c’est le début de la croyance.

    • A notre sens, la philosophie et mode de vie se rapprochant le plus du « divin » est le taoïsme, il est aussi possible que certains moines mystiques chrétiens aient approchés une certaine vérité, qui est universelle de toute façon avec tous les « mystiques » de toutes les cultures qu’ils soient monothéistes, taoïstes, zen, indiens des Amériques ou africains.
      Le savoir donne le pouvoir, oui, qui était dépositaire de l’écriture et de la conservation exclusive des écrits et donc du « savoir » dès les premiers siècles de notre ère ?… Les moines, les religieux (cf « Le nom de la Rose » d’Umberto Ecco), qui se sont empressés de supprimer et de faire escamoter tout ce qui était un danger pour le dogme.
      Lorsque le Vatican tombera, il faudra que le peuple saisisse les archives très vite et consacre des experts à les éplucher. Ils iront de surprise en surprise soyons-en certains.
      🙂

      • Lepetitcaramel Says:

        Pour moi, la religion ou plutôt le style de vie qui se rapproche le plus de la vérité est l’islam. Je m’explique. Ce qui me gêne dans les philosophies extrême orientale c’est cette atteinte du nirvana par la destruction de tout désirs et passions alors que pour l’islam on vous apprend à les contrôlés (ex: le ramadan). Les hommes en général n’ont pas tous la force mentale d’un yogi. Tout est d’une logique implacable, aucune contradiction ou erreur historique géographique chronologique. Certains ont essayer mais leur ont vite montrer leur lacunes dans les domaines où ils avaient cruent avoir trouvé des failles. Chaque gestes, exemple les 5 prières quotidienne ont entre autre fonctions une planification du temps, une arme de dissuasion massive (notre comportement change et nous nous tenons à carreau quand nous savons que l’on nous observe), un rappel au bonne chose, assouplissement, travail de la mémoire etc etc. Le but est d’avoir des choix avec option(s) réglementé, ne l’appelle t-on pas d’ailleurs la religion du juste milieu ? Chaque mot, chaque pronom, chaque adverbe est d’une telle précision… Les palindromes de phrase, je dit bien phrase, sont placer dans des situations exceptionnelles (ex: la description des orbites des planètes) et ce n’est que quelques exemples. L’étude des sciences et stratégies qui y sont employées sont sans fin. Plus vous appronfondissé vos recherches plus vous découvrez d’autres choses. Bref comme le disait sherlock en sont temps. Quand vous avez écarté l’impossible, ce qu’il reste, aussi improbable soit-il, doit être la vérité.

        • pas de « yogi » en taoïsme… pas de « dieu » non plus, juste une philosophie de la vie fondée sur l’équilibre naturel du Yin et du Yang… concept qu’on retrouve en des termes différents chez les Indiens des Amériques et les sociétés traditionnelles africaines.
          dès qu’il y a un « dieu » et des guignols qui le prêche… DANGER !
          L’histoire l’a prouvé et le prouve toujours…

          « Les paroles sincères ne sont pas élégantes, les paroles élégantes ne sont pas sincères. L’homme vertueux n’est pas disert, celui qui est disert n’est pas vertueux. Celui qui connaît le Tao n’est pas savant, celui qui est savant ne connaît pas le Tao. L’homme juste n’accumule pas les richesses ; plus il emploie sa vertu au service des Hommes et plus elle augmente, plus il donne aux Hommes et plus il s’enrichit. Telle est la voie du juste qu’il agit et ne dispute point. »
          (Lao Tseu, Tao Te King, LXXXI, VIème siècle av. J.C)

  4. Lepetitcaramel Says:

    Oui, je me doute qu’il n’y ai pas de yogis dans le taoïsme, mais c’est la définition de ce qui se rapproche le plus du concept du Duazong. Toute les vertus que vous citez sont présentent dans la religion (depuis la nuit des temps) seulement les hommes sont trop orgueilleux pour le reconnaître. Je peux vous renvoyer à l’histoire d’omar in Khattab à qui ont remet les clés de Jérusalem. Toute la sagesse que vous citez y est et même plus. Le coran recèle des leçons que les gens devrait découvrir.il est mentionné qu’une chose est égale a une autre, par exemple l’homme est égal a la femme, même si ceci a du sens grammaticalement . le fait étonnant est que le nombre de fois que le mot homme appairait dans le saint Coran est égal à 24 et le nombre de fois que le mot femme est cité est aussi égal à 24, ainsi non seulement cette phrase est correcte grammaticalement mais aussi juste mathématiquement 24 = 24.
    On juge la religion sur les actes des gens qui la pratique selon leur propre interprétation alors que c’est une erreur. Les gens devrait se faire leur propre opinion. Voici une citation qui illustre bien mes propos:
    « Sache que quand Allah veut du bien à un serviteur, il le rend clairvoyant de son âme. Celui qui est doué de clairvoyance, ses péchés ne lui échappent pas. Certes, la connaissance des défauts est un premier pas vers la guérison, mais la plupart des gens ignorent leurs défauts, l’un deux regarde avec indignation les défauts de son frère et ferme, en meme temps, les yeux sur les siens. »

    ( Ibn l-Jawzi dans Sayid l-Khatir )

    • Oui, l’universalisme de la sagesse est réel et non « divin ». Tout le monde se penchant un peu sur la question y verra, y trouvera les mêmes conclusions au-delà de la culture, géographie et du temps. Le problème est venu de la division politique (par la religion dans un premier temps) des sociétés et l’appropriation de l’universalisme de la sagesse humaine par des dogmatiques sectaires imposant leur vision et éliminant ceux et celles qui ne s’y conforment pas, ce qui a été historiquement la réalité des choses. Alors bien sûr que chaque religion possède en son sein quelques « sages » souvent reclus qui méditent sur les « écritures » et ne sont qu’amour et paix. Ils ne sont pas, loin s’en faut, la norme de chaque religion monothéiste, qui n’existe que par l’asservissement, la privation des droits, l’oppression, la répression de toute dissidence, l’ethnocide et le génocide.
      La voie du milieu en tout est régie par la loi naturelle des choses. « dieu » est la plus grande cause de mortalité dans l’histoire, des centaines de millions de personnes ont été massacrées parce qu’ils ne priaient pas à la même déité que les dominants du moment.
      C’est quand une clique de gens se disant « méritants », « élus », donc « supérieurs », commencent à dire aux autres ce qu’ils peuvent dire, faire et penser que les peuples doivent se soulever et y mettre un terme au nom de la liberté, de la paix et de la justice.
      La religion est la mise en esclavage de l’esprit, ce qui permet la mise en esclavage du corps par la suite, cela le rend plus facile, plus facile aux « ouailles » d’accepter leur sort d’opprimés et de courber l’échine devant leurs maîtres imposés par la force.
      La hiérarchie des églises de tout poil est toujours du côté du manche du fouet… Toujours ! Parce que la religion est avant tout une forme de division et donc de domination POLITIQUE de toute société, ceci fut consolidé il y a des siècles avec l’alliance perfide par convergence d’intérêt (qui existe toujours en plus haut lieu) du prêtre (rabin, mollah, c’est pareil), du juge et du général.

      « Plus les lois se manifestent et plus les voleurs s’accroissent. C’est pourquoi le juste dit: je pratique le non-agir et le peuple se convertit de lui-même ; j’aime la quiétude et le peuple se rectifie de lui-même, je m’abstient de toute occupation et le peuple s’enrichit de lui-même. Je me dégage de tout désir et le peuple revient de lui-même à la simplicité. »
      (Lao Tseu, Tao Te King, LVII)

      « Si dieu est, l’Homme est esclave ; or l’Homme peut, doit être libre donc dieu n’existe pas. Je défie qui que ce soit de sortir de ce cercle et maintenant qu’on choisisse […] Toutes les religions sont cruelles, toutes sont fondées sur le sang, car toutes reposent principalement sur l’idée de sacrifice, c’est à dire sur l’immolation perpétuelle de l’humanité à l’inextinguible vengeance de la divinité. Dans ce sanglant mystère, l’Homme est toujours la victime et le prêtre, homme aussi mais homme privilégié par la grâce, est le divin bourreau. »
      (Michel Bakounine, « Dieu et l’État
      « )

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