Sortir du marasme mortifère étatico-marchand par la société des sociétés : la voie du changement relationnel de Gustav Landauer 2/2 (Anarqxista Goldman)

GL1
et la société organique…

“Une vie alors est comme un délai au cours duquel l’homme peut, et a le devoir, de mettre son esprit en accord avec la compréhension qu’il a du but de l’existence humaine.”
~ Andreï Tarkovski ~

“En ce monde, le bonheur n’existe pas, mais il existe la paix de l’âme et la libre volonté.”
~ Alexandre Pouchkine ~

“Nous sommes crucifiés dans une seule dimension, alors que le monde est multidimensionnel. Nous le sentons et nous souffrons de l’impossibilité de connaître la vérité. Mais il n’est pas nécessaire de connaître. Il faut aimer et croire. La foi est la connaissance acquise à l’aide de l’amour.”
~ Andreï Tarkovski ~

Gustav Landauer sur les relations anarchistes

Anarqxista Goldman

Chapitre 6 de son livre “Mini-manual of anarchists relations”, 2022

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71

Décembre 2022

1ère partie
2ème partie

Le texte complet en PDF mise en page de Jo :
Anarqxista_Goldman_Gustav-Landauer-sur-les-relations-anarchistes

De là, Landauer en vient avec son explication pour dire que quelques soient les libertés que nous avons pu avoir à un moment donné, elles nous ont été retirées et la servitude les a remplacées. Ceci est important pour Landauer qui pense que quoi que ce soit de mis en valeur et incité finira par l’emporter : “Le naturel peut être bon comme il est, mais il disparaît si on n’en prend pas soin. Nous sommes déterminés par ce dont nous prenons soin, quelque soit la forme prise et quelque soit notre nature.”, citant La Boétie. Le fait est que bon nombre d’humains “ne connaissent pas mieux que d’être soumis” car “ils ont toujours ainsi.” Ainsi, citant toujours La Boétie : “Ils se tournent en la propriété de ceux qui les oppriment, parce que le temps a rendu cela comme inévitable. En réalité, le temps ne corrige jamais une erreur, mais la multiplie une multitude de fois.

Ce que déduit ici Landauer de La Boétie est que “l’amour et l’amitié n’existent que parmi les gens de bien. Là où il y a cruauté, malhonnêteté, injustice, il ne peut pas y avoir d’amitié.” Il n’y a que l’attention au meilleur, s’occuper de soi-même avant tout, toujours regarder par dessus son épaule et s’inquiéter de savoir quand la prochaine coercition ou le prochain abus vont se produire. Tout est question de relations. Mais du point de vue individuel : “Nous n’avons besoin de rien… si ce n’est que du désir et de la volonté d’être libre. Nous souffrons de fait d’une servitude volontaire.” Nous avons besoin d’une conscience révolutionnaire, un esprit libre insurrectionnel et donc :

Le feu de la tyrannie ne peut pas être combattu de l’extérieur avec de l’eau. C’est sa source qui doit être éliminée. Les personnes qui l’alimentent doivent arrêter de le faire. Ce qu’ils sacrifient à ça, ils doivent le garder pour eux-mêmes.

Il cite de nouveau La Boétie pour marteler ce point toujours plus fort :

“Il n’est pas nécessaire de combattre le tyran, ni non plus de se défendre contre lui. Le tyran va éventuellement perdre de lui-même. Les gens doivent juste cesser d’accepter la servitude. Ils n’ont pas besoin de prendre quoi que ce soit du tyran, ils doivent simplement cesser de lui obéir. Ils n’ont pas besoin de changer, simplement d’arrêter d’entraver leur propre développement… Quand le tyran ne reçoit plus et qu’on ne lui obéit plus, il finit nu, sans force et sans pouvoir. Il finit par ne plus rien être. Il partage la destinée d’une racine qui est laissée sans eau et sas nourriture : il devient un vieux morceau de bois sec et mort.

A-ChristO

Ceci articule un point fondamental chez Landauer, quelque chose qui est à la base de sa pensée et essentiel à la construction de son anarchisme : ce point essentiel est que l’anarchisme vient DE L’INTERIEUR DE NOUS-MEMES [tout comme Jésus pensait au sujet du royaume de dieu, Luc : 17) Il écrit :

“Si les révolutions individuelles sont des microcosmes récurrents qui résument et précèdent les idéaux généraux de la révolution, alors l’essai de La Boétie est le plus parfait de tous les microcosmes de révolution. Il représente un esprit qui apparaît d’abord comme étant seulement négatif. Mais qui bientôt tire suffisamment de pouvoir de sa négativité pour proclamer le positif à venir même s’il ne peut pas être encore décrit. L’essai de La Boétie a déjà dit ce que d’autres diront plus tard en différentes langues : Godwin, Stirner, Proudhon, Bakounine, Tolstoï… Le message est : C’est en vous ! Pas en dehors. C’est vous. Les humains ne doivent pas s’unir sous la domination, mais comme frères, sans domination : an-archie…

La négation émise par les âmes rebelles est emplie d’amour ; un amour qui est force, dans le sens si bien formulé par Bakounine : ‘la joie de destruction est une joie créatrice.’ Les âmes rebelles savent que les humains sont frères et qu’ils doivent vivre en fraternité. Mais ils croient qu’il suffit de vaincre des obstacles externes des puissances externes ; ceci ne fera fraterniser les humains que quand ils luttent et peut-être renversent ces obstacles externes. Un esprit commun peut être ressenti durant une révolution, mais il ne prend pas vie. Une fois la révolution finie, il est parti. Nous pouvons entendre les gens dire : oui, mais l’esprit demeurera une fois que la révolution aura été couronnée de succès, quand le monde ancien ne pourra plus ressurgir ! D’après cette même logique, on pourrait dire : si je pouvais me rappeler de mes rêves et les fusionner dans ma mémoire et ma conscience, alors je serai le plus grand poète. La réalité et l’idée de la révolution la définissent comme une période de santé entre deux périodes de maladie. S’il n’y avait pas de maladie avant et après, alors elle ne serait pas ce qu’elle est.

Un véritable changement de l’humanité a besoin d’un supplément à la révolution, quelque chose d’une nature totalement différente. Nous pouvons ajouter une variation au slogan ci-dessus : sans domination, avec esprit ! Cela ne suffira pas de juste l’appeler esprit. L’esprit doit nous parvenir. Il a besoin d’une couverture et d’une forme. Personne ne connait son nom et ce qu’il est vraiment. Ceci crée une angoisse qui nous aide à nous impliquer à la transition et au progrès. Ne pas savoir à quoi s’attendre veut dire garder les idées en vie. Que voudraient dire les idées si elles étaient déjà réelle ?”

La formule de Landauer ici est donc “sans domination, avec esprit”. Mais cela est plus que nous et donc Landauer conçoit non pas seulement des gens d’esprit, mais des communautés de gens, hors de l’État, communautés d’esprit également. Ce ne “sont pas une somme d’atomes d’individus, mais une unité organique, un réseau de beaucoup de groupes.” Landauer pense que ceci n’est pas nouveau et “a existé depuis longtemps”. Landauer pense que “un esprit commun peut exister quand il y a quelque chose pour lui à remplir et duquel il peut s’étendre. Ainsi ces groupes de gens d’esprit doivent donner une forme à leur existence commune et leur “esprit commun”. Ceci nous ramène au point de vue de Landauer sur la révolution :

C’est la destinée de la révolution à notre époque : fournir un lac spirituel à l’humanité. C’est dans le feu de la révolution, dans son enthousiasme, sa fraternité, son agressivité que l’image et le sentiment d’unification positive s’éveillent ; une unification qui vient au travers d’une qualité de connection : l’amour comme force. Sans régénération temporaire nous ne pouvons pas continuer et sommes condamnés à nous noyer.

Ainsi donc Landauer voir l’amour dans la révolution, la joie et l’espoir fondus dans les cœurs et les esprits de beaucoup comme énergies régénératrices Il ne se fait pas d’illusion sur ce que les révolutions fonctionnent, même s’il concède qu’elles peuvent amener certains bénéfices qui peuvent être perdus par la suite, ou pas… mais cela n’a pas d’importance, car c’est la mise en mouvement de cet esprit qui est la chose la plus importante. Dans les temps révolutionnaires, les gens agissent et croient. Ils agissent pour eux-mêmes et ceux qu’ils aiment et invitent les autres à les rejoindre. Une solidarité de cause se crée avec d’autres êtres humains. C’est cet esprit, et tout ce qu’il peut générer et créer, dont nous avons besoin. C’est là que réside la véritable révolution, ainsi :

Certains essaient de nous convaincre en ces temps faibles et stériles, privés de sentiment et honteux de l’amour et de l’affection, que la fraternité n’est plus juste qu’un mot vide de sens. Rien ne peut être plus éloigné de la vérité ; nous devons le déclarer haut et fort et sans hésitation : les êtres humains sont frères ! C’est ce que toutes les révolutions passées nous ont enseigné et ce que nous enseignerons aux futures révolutions. Il y a des mots dont les origines sont suffisamment fortes pour supporter toutes les adaptations les plus frivoles et les plus étriquées, ainsi que toutes les formes de ridicule. Nous devons ce mot de Fraternité à la révolution française. Il résume sa joie et son bonheur : les humains se sentirent comme des frères, et, ne l’oublions surtout pas, comme des sœurs aussi !

Ces mots sont prononcés dans l’intention de dire que le problème avec l’État est qu’il remplace l’esprit et cette fraternité avec “la domination, le contrôle externe et la mort.” Landauer pense cet esprit comme étant la “souveraineté intérieure” d’une façon très stinerienne / nietzschéenne et totalement compatible avec l’inservitude volontaire tant voulue par La Boétie. Ses communautés sont des communautés de ces personnes, c’est pour cela qu’elles sont aussi considérées comme des communautés d’esprit. Ainsi, “à la fin, la révolution sociale veut dire d’autre que la construction et l’organisation pacifique fondées sur un nouvel esprit et créant ainsi un nouvel esprit.” Landauer prévoit un “Bund de communautés économiques” [Bund en allemand voulant dire une alliance, une union ou une association] qui remplacera l’État. Mais ceci n’est pas comme dans les actions bibliques des apôtres, dans l’attente que l’esprit tombe sur nous. “Ce n’est pas l’esprit qui nous met sur la voie, c’est notre voie qui permet à l’esprit de naître.” Nous qui sommes conscients de cet esprit en notre sein, devons nous soulever et agir pour alimenter cet esprit en nous-mêmes.

Nous avons maintenant l’époque de la vie de Landauer où il s’est retrouvé impliqué à créer un tel Bund appelé le “Bund socialiste”. En conséquence, vers cette période 1909-1910, il écrivait plusieurs articles et pamphlets qui furent publiés pour en faire la promotion. Le premier d’entre eux que je considère est “Que veut le Bund socialiste ?” Et la question y trouve quasiment sa réponse dans sa première ligne : “Le Bund socialiste veut unifier tous les humains qui sont sérieux au sujet de vraiment réaliser le socialisme.” (C’est à dire l’anarchisme). Contrairement aux autres idées voulant que l’anarchisme ne soit qu’un rêve distant accessible après que la société ait été adéquatement préparée et éduquée, Landauer ajoute que “le socialisme ne viendra jamais si vous ne le créez pas.” A ceux qui disent que la révolution doit d’abord venir, Landauer répond “Mais comment ? Et de où ?” Le Bund de Landauer donc, et son idée, est de ne pas attendre, de ne pas se fixer sur des meta-narratifs d’apocalypse absolue et de changement du monde, mais de s’y mettre localement avec ce que ceux ayant le même esprit et la même volonté peuvent faire ici et maintenant.

Il est clair sur ce que “Nous disons que rout doit être renversé ! Nous refusons d’attendre la révolution afin de commencer la réalisation du socialisme ; nous commençons la mise en place du socialisme afin d’amener la révolution !” Une préoccupation ici est que les gens, y compris les révolutionnaires, créent des vies au SEIN DU CAPITALISME alors que ce dont on a besoin est de vies EN DEHORS DU CAPITALISME. Ceci semble être une distinction vitale, car le capitalisme est en lui-même une série de relations coercitives et donc comment l’anarchisme peut-il surgir si vous restez dedans ? Une coupure, une sécession définitive doit être entreprise. De nouvelles relations doivent commencer.

A cet égard, Landauer voit l’État comme jouant le rôle du gardien du capitalisme, en faisant juste assez ou juste ce qui est nécessaire, pour maintenir les gens dans le capitalisme :

Que fait l’État ? Il allège quelques unes des plus grandes souffrances, il sauve le capitalisme de se suicider en utilisant des assurances, la sécurité sociale et des interventions légales ; il maintient aussi le système de l’injustice, de la production inepte et de l’incompétence de distribution des biens et denrées. Le capitalisme avance. C’est le résultat des efforts de l’État et ceci inclut les efforts de la classe travailleuse et de ses représentants.

Le seul intérêt des capitalistes, qu’ils soient PDG ou Politiciens, est que le CAPITALISME AVANCE. C’est souvent avec l’accord et l’aide de gens qui, nominativement, seraient voués à le détruire [ce que La Boétie a décrit comme la “servitude volontaire”]. Mais le capitalisme se contre-fout de savoir si vous l’aimez ou pas, pourvu que, que vous le vouliez ou pas, vous allez dans son sens. Pourtant, le capitalisme n’est qu’un système relationnel que nous soutenons tous par notre participation. Oui, entreprises et gouvernements peuvent bien nous harceler ou nous cajoler afin de maintenir la relation capitaliste, mais, comme l’a suggéré La Boétie, nous pourrions tout aussi bien dire NON! Nous avons ce pouvoir du refus… Il y a bien sur des conséquences à cela [de bonnes conséquences d’un point de vue anarchiste égoïste, comme prendre la responsabilité de soi-même], mais il y a aussi des conséquences pour continuer à maintenir cette relation capitaliste, comme par exemple la destruction de l’environnement à l’échelle planétaire et une misère croissante sur cette planète (NdT: y compris de nos jours dans les pays dits “industrialisés”…)

Le capitalisme ne fait que prendre, exploiter et jeter ses déchets. Il ne fait pas grand chose d’autre et n’a que peu de préoccupation pour la vie. Pourtant même les travailleurs et les consommateurs jouent leur rôle dans ceci, comme je l’ai dit, ceci n’est pas grand chose d’autre qu’un système relationnel dans la réalité. Quelques soient les “réformes” toujours offertes dans un tel scenario par les politiciens, tout ceci n’est fait que pour maintenir le capitalisme en ordre de marche. Il y a une chose que tous ceux qui en profitent sur le court terme ne veulent pas, c’est que cela cesse d’être une façon d’organiser complètement les humains et leurs relations.

Comment arrêtons-nous le capitalisme ? En agissant et autres façons inter-relationnelles. Une idée de Landauer est “la grève générale active”, ce qui veut dire cesser de travailler pour les propriétaires et travailler pour nous-mêmes (NdT : ce que les anarchistes appellent aussi “la grève générale expropriatrice”, Landauer fut assassiné en 1919, les conseils ouvriers italiens de Lombardie la mirent en application acec succès en 1920, la trahison des communistes autoritaires d’état y mit un terme…) Landauer introduit l’idée ainsi : 

Nous demandons la grève générale active ! Cela ne veut pas dire que nous tournons immédiatement pour “combattre l’État et la capital”. On ne commence pas à la fin, mais au début ! Si rien n’a été fait pour le socialisme jusqu’ici, s’il n’y a aucun signe de lui jusqu’ici, alors pourquoi allons-nous combattre et couru ? Pour la domination de quelques leaders, qui nous diront toujours ce qu’il faut faire, que produire et comme le distribuer ? Ne serait-il pas beaucoup mieux si nous savions tout cela et le faisions nous-mêmes ? C’est pourquoi nous disons que l’action de la classe travailleuse est… le travail ! Dans la grève générale active, les travailleurs vont affamer les capitalistes, parce qu’ils vont travailler pour eux-mêmes et pour leurs besoins ! Vous les capitalistes, aurez toujours de l’argent, des documents et des machines bien entendu. Mangez-les ! Echangez-les ! Vendez-les ! Faites ce que vous voulez. Si cela ne vous aide pas… alors, travaillez ! Comme nous. Vous ne vous accaparerez plus notre travail, nous en avons besoin pour nous-mêmes et nous l’avons libéré de vos entraves. Nous l’utilisons maintenant pour la création du socialisme. Le jour où ceci se produira marquera le seul véritable commencement du socialisme.

heroisme

Un second article de Landauer publié en regard du Bund socialiste, et dans la publication “Le socialiste” qu’il éditait, fut “La voie socialiste” où il expliqua ouvertement qu’un anarchisme qu’il comprenait était un anarchisme qui laissait le terrain capitaliste où il se tenait pour d’autres terrains. Il l’a dit de manière simple comme étant “nous désirons des formes différentes de relations humaines”. En conséquence :                                                                                           

La première étape dans la lutte des opprimés et des classes qui souffrent, tout autant que pour l’esprit individuel en rébellion, est toujours l’insurrection, la rage, un sentiment sauvage. Si ceci est suffisamment fort, les actions et réalisations y sont directement connectées, à la fois les actions de destruction et les actions de construction… Dans une telle période, nous ne devons plus réfléchir sur la réalité qui nous entoure et les idées qui emplissent nos têtes. Nous devons trouver les gens qui ont la volonté de quitter cette réalité laide, corrompue et oppressive et désirent en créer une nouvelle. Nous devons poser la question de savoir qui sont les créateurs. Nous ne devons pas questionner les théories et les idées des personnes, mais leur force à ne plus vouloir participer.

Ceci mène Landauer une fois de plus à se référer à “la communauté par la séparation” comme son idéal, il concède de nouveau que les véritables révolutionnaires qui sont prêts à risquer leur vie sans et contre le capitalisme et préférant en lieu et place poursuivre une vie d’amour, de fraternité et de liberté, sont de fait très précieux. De telles personnes [dont Landauer lui-même ne fit jamais partie puisqu’il n’a jamais mis ces idées en pratique à l’encontre de quelqu’un comme Emile Armand qui suivit ses idées associées à la camaraderie d’amour.], sont perçues comme “des modèles et de brillants exemples à suivre pour le monde entier” et comme ceux de par leur propre mouvement, fournissent cette impulsion qui propulsent les autres. En cela, Landauer voit une miette d’égoïsme mais pas une miette vraiment détrimentale :

Les individualistes anarchistes ont toujours eu recours à la fierté, le respect de soi et la souveraineté de l’individu. Leur conseil habituel aux opprimés a été : si vous aviez eu autant d’égoïsme que vos maîtres, vous n’auriez pas de maîtres. En tant que simple calcul, ceci n’est pas totalement faux : l’égoïsme garde l’égoïsme en contrôle. Les individualistes ont toujours dit que le véritable égoïste respectera toujours les droits des autres parce qu’il se respecte lui-même ; de plus il sera suffisamment intelligent de ne pas attaquer les autres parce qu’il ne veut pas qu’on l’attaque, etc… Il y a toujours eu, de son début avec Mr (maître) Stirner, une certains de froideur de raison dans ces enseignements.

Cela ne surprendra donc pas tant que ça le lecteur quand Landauer en vient à dire que “personne n’est plus qualifié de maintenir une économie communiste que le véritable individualiste. De fait, une véritable économie communiste ne peut qu’être mise en place et maintenue par de véritables individualistes.” La notion ici de Landauer est que de telles personnes créent un nouveau groupe, c’est à dire un nouveau groupe de personnes qui est défini par de nouvelles relations entre ses membres, Ainsi dit-il :

Nous demandons qu’ils agissent, qu’ils fassent sécession et qu’ils s’unissent. Aucune théorie va leur dire quel genre de relation et quels systèmes ´´économiques seront possibles. Ils apprendrons du moment historique, de leurs nombres, de leurs valeurs, de leur détermination. Si possible, ils créeront des coopératives et des banques du peuple ainsi que leurs propres marchés. Ils formeront une alliance économique parce qu’ils sont peu nombreux, mais aussi parce qu’ils voudront expérimenter avec l’entraide et le respect, sachant pertinemment que l’économie dans ses rapports est une affaire collective, tout comme la spiritualité est une affaire individuelle.

Ceci en vient à évoluer dans un autre article du journal “Le Socialiste” intitulé “La mise en place” vers la description de communautés autonomes rurales que Landauer envisage comme le contexte de développement pour des groupes d’anarchistes à l’esprit approprié, déterminés de vivre en dehors du capitalisme. Landauer fonde l’idée en partie sur son observation d’autres communautés auto-établies, qu’elles soient strictement communistes ou qu’elles aient survécu en produisant des produits à vendre sur le marché capitaliste. Ce que Landauer voit de différent dans son idée néanmoins est que “nous voulons nous préoccuper des autres et nous voulons qu’ils se préoccupent de nous. Parmi notre pays, notre peuple, nous voulons planter un jalon, un poteau indicateur et dire à quiconque peut nous entendre  Regardez, voici le signe, suivez-le !” Les communautés imaginées par Landauer ne sont donc pas juste des refuges pour ceux qui veulent se séparer du capitalisme mais sont des centres sociaux d’extension, des noyaux d’action communautaire et des poteaux indicateurs d’une nouvelle société et d’un nouveau futur où les gens sont en r elation les uns avec les autres d’une manière totalement différente, articulée sur des valeurs nouvelles et différentes. A ce sujet, Landauer a beaucoup à dire :

Nos gens forment un nouveau peuple, ce sont les gens et la culture que notre esprit imagine et crée. Ceci veut aussi dire que dans un certain sens, nous faisons sécession et innovons pour notre propre vie, nous le faisons essentiellement pour l’amour du mode de vie, pour la satisfaction d’un désir profondément enraciné, pour ce que nous avons fait du cœur même de nos êtres. Nous ne nous séparons pas pour notre confort, nous le faisons pour nous tous, pour la révolution en autre terme.

Ce mot “révolution”, aide vraiment à tracer une ligne entre nous et les solitaires, ceux qui ne visent pas à la totalité et qui ne comprennent pas que notre mouvement doit avoir un impact historique, qu’il doit créer un nouvel esprit et de nouvelles conditions ; autrement, il ne peut pas être notre mouvement. Mais quand on parle de révolution, nous devons aussi tracer une ligne entre nous-mêmes et ceux qui s’appellent “révolutionnaires” même s’ils sont dormants ou semi-éveillés et ne font rien d’autre qu’imaginer et parler.

Cela n’a pas d’importance pour nous si dix, cinquante, cent ou cent cinquante personnes constituent et fondent une communauté, ou combien de nouvelles communautés vont s’établir dans un laps de temps donné. Notre mouvement a des siècles d’expérience et s’avance vers les siècles à venir. Quelques années ici ou là importent peu. Nous sommes suffisamment fiers et confiants pour demander un âge nouveau ; un âge où les gens vont vivre dans un monde superbe et joyeux. Nous voulons directement lier la production de produits aux besoins réels des gens. Nous voulons créer la forme de base d’une nouvelle société véritable, libre, socialiste et sans état, en un autre terme : une communauté. En revanche, nous aimerions l’aide de quiconque désire le socialisme, même s’ils ne sont pas capables de se séparer des conditions actuelles de vie de la même manière que nous le faisons.

Ils peuvent trouver des façons de nous soutenir, même s’ils restent, du moins pour l’instant, dans leurs partis (politiques), leurs syndicats et leurs coopératives. Ils peuvent nous aider à créer l’exemple que nous voulons créer et montrer. Ceci sera un défi et demandera des sacrifices.

Alors que Landauer continue son explication, cela ressemble de plus en plus aux idées de Pierre Kropotkine émises dans “Champs, usines et ateliers” ou dans “La conquête du pain” (ce bien que Kropotkine ne croyait pas en de petites communautés auto-suffisantes, car il concevait plus que TOUT LE MONDE allait se soulever et changer la société…), Landauer parle du “village socialiste” avec ses “ateliers et ses usines locales, ses prés, pâtures, potagers, cheptels, vous les prolétaires des grandes villes, habituez-vous à cette idée aussi étrange et bizarre qu’elle puisse paraître, ceci est la seule façon restante de mettre en place le socialisme. Le socialisme est le retour au travail naturel ; c’est une connexion naturelle et à multi-faces de toutes activités ; c’est l’union du travail intellectuel et du travail manuel, de l’artisanat et de l’agriculture, de l’éducation et du travail, du jeu et du travail.” (NdT : Ceci fut mis en place à Barcelone et dans les collectifs aragonais entre 1936 et 1939, ce ne fut éradiqué que parce que toutes les formes étatiques, y compris la pourriture marxo-stalinienne, se sont liguées pour les écraser…)

Landauer en vient à cette conclusion parce qu’il est le plus convaincu que cet anarchisme ne peut venir que s’il y a des anarchistes qui vivent un mode de vie différent, qui se sont séparés du capitalisme et offre un exemple visible et vécu que l’on peut interagir avec et que cela modèle l’arrangement alternatif des relations entre individus. L’anarchisme pour Landauer est une activité vécue. Ainsi :

Il y a bien des gens aujourd’hui qui ne voient aucune alternative à la vie que nous vivons. Ceci doit changer ! Une fois ce changement en place, il ne sera plus nécessaire de rendre vos heures de loisirs les plus longues possible, de vous accrocher à chaque d’entre elles. Travail et loisir, plaisir vont devenir parties intégrantes d’un flot naturel des choses. Chaque jour la vie sera transformée. Vos personnalités vont croître, comme des rochers, des montagnes, hautes et puissantes ! Une nouvelle vie va fleurir. Vous aurez des heures pour vous-mêmes et vous partagerez les heures qui appartiennent à tout le monde avec la communauté. Cette communauté doit être créée, pour vous-mêmes et pour les autres. Ceci ne veut en rien dire que quiconque va vous priver de votre solitude et de vos moments privés, mais que la solitude va retrouver son rôle de plénitude, que la religion va cesser d’être ce qu’elle est devenue aujourd’hui : une commodité.

Comme l’a dit Landauer dans de précédents essais, ce qu’il voulait c’était des pionniers préparés à être les premiers à s’engager dans de nouveaux “styles de vie anarchistes”, ruptures définitives d’avec ceux du capitalisme et qui modèlerait de nouvelles relations humaines. Ils devraient “établir la base d’une nouvelle vie communale, un terreau duquel de nouveaux riches, beaux et nouveaux individus émergeraient.” Il était franc et direct à ce sujet car il concédait que de telles personnes “devraient commencer de rien.” Pourtant, ce fut aussi nécessaire car “personne n’a essayé de commencer jusqu’ici ; de faire du socialisme une réalité.” Il termine ensuite cet essai avec ces impératifs : “Saisissez ! Poussez “ Agissez ! Faites de la vie un plaisir à vivre !

L’article suivant de cette série faisant la promotion d’un nouveau mode de vie anarchiste est intitulé “Début socialiste”. Il s’intéresse aux moyens et aux fins et au Bund socialiste que Landauer essayait d’attiser en une flamme novatrice. Dans le premier sujet abordé, Landauer nous dit que :

Les moyens et les fins ne doivent pas être distinguées si on poursuit une vie réelle, c’est à dire la réalisation de pensées. C’est une vieille erreur d’imposer un idéal inventé, un imaginaire aveuglant. C’est une vieille erreur que de nommer un but pour ensuite demander avec résignation : ‘que pouvons-nous faire pour le réaliser ?’ Aucun but utile ne peut résider dans un futur lointain. Nos buts doivent être derrière nous et nous pousser de l’avant. Ils doivent nous conduire et nous motiver. Nous devons nous libérer de la notion d’apparence et schématique qu’il puisse jamais y avoir de socialisme complet et que tout ce qu’il y a à faire et de faire disparaître cette ligne fine entre les conditions sociales d’aujourd’hui et les conditions sociales que nous souhaitons . “L’Amérique est ici, ou nulle part !” Le socialisme n’est pas un but qui demande des moyens. Le socialisme est ACTION qui porte ses buts en lui-même !

Ce raisonnement va très bien avec les idées de Landauer pour des “villages socialistes”, car il dit que nous devons vivre maintenant le comment nous imaginons que tout le monde devrait vivre. (NdT : le “devenez ce que vous voulez que le monde soit”, de Gandhi…) C’est en ce sens, une question de performance anticipée, préfigurée [utilisant une pensée socialiste anarchiste] ou du plus égoïste !nous sommes libres en agissant librement”. Quant à la violence discutée auparavant, Landauer ne pense jamais que vous pouvez obtenir ce que vous voulez en agissant ou en se reliant de telles façons qui ne soient pas déjà des manifestations de cela dans l’ici et maintenant.

Ainsi, dans ce court essai, Landauer parle d’aller au delà d’appeler pour une sympathie et un soutien pour les buts et idéaux du Bund socialiste et de devenir de gait un Bund socialiste vivant, respirant et actif. Il dit : “Il suffit que ceux d’entre nous qui sont les plus motivés, déterminés et supporteurs se mettent au centre de ceux qui veulent quitter le vide, la confusion et la misère de la production de commodités aléatoire capitaliste afin de parvenir à la raison et à l’unité.” Le point important ici est que ceux qui sont le plus motivés ayant l’esprit nécessaire CRÉENT LES RÉALITÉS plutôt que de rechercher inutilement un soutien ou rechercher ceux qui ont de la sympathie pour une réalité faite de relations maternelles que personne en fait ne crée vraiment. Seul l’organisme vivant, respirant est réel, tout le reste n’est que discours plus ou moins creux. Créons-nous de véritables réseaux de vie communale et d’entraide d’attaque insurrectionnelle contre la coercition systématique et l’exploitation, ou ne faisons-nous qu’en parler en “essayant de battre les tambours du rassemblement et du soutien” ? Ce que Landauer veut dans son écrit est que ces idées prennent vie et cette vie ne peut être qu’incorporée dans ces idées lorsqu’elles se manifestent dans de véritables relations humains, réelles et vécues.

Cette vision est réfléchie plus avant dans ce très court article “Faibles hommes d’état, peuples encore plus faibles” de juin 1910, dans lequel Landauer, de manière mémorable et probablement pour son texte le plus cité, définit l’État comme “une relation sociale, une certaine façon dont les gens interagissent les uns avec les autres” et qui est détruit tout simplement en interagissant d’une autre façon. Cette pensée est en fait facile à comprendre et à voir comme modelée d’après les réflexions de La Boétie sur la servitude où il imaginait que la façon de vaincre la servitude qui était acceptée était simplement de dire NON ! Ainsi donc ici, Landauer exhorte les masses à comprendre qu’elles doivent “fuir l’État et le remplacer” et qu’elles doivent “construire une alternative”. Ceci est basé exactement sur penser comme La Boétie dans lequel il dit que “le système disparaîtra sans laisser de traces si les gens commencent à se constituer en peuple séparé de l’État.” Ceci est un raisonnement que j’accepte facilement bien ´´vivement et donc, nous devons accepter notre responsabilité :

Le monarque absolu a dit : L’État, c’est moi. Nous, qui nous sommes emprisonnés dans l’état absolu, devons réaliser la vérité : C’est nous qui sommes l’État ! Et nous serons l’État aussi longtemps que nous ne sommes rien de différent, aussi longtemps que nous n’ayons pas créé les institutions nécessaires pour une vraie communauté, une vraie société d’êtres humains.

Jusqu’ici, j’ai relayé tout ça sans faire de référence à l’œuvre majeure de Landauer sur l’anarchisme : son texte de 1911 “Appel au socialisme”. Mais pour dire vrai, ce texte n’ajoute pas grand chose à ces idées de base déjà élaborées auparavant par Landauer. Dans la préface de la seconde édition par exemple (NdT : 1919, celle que nous avons traduite il y a plusieurs années…), écrite juste quelques mois avant son assassinat par les Frei Korps (Corps Francs) fascistes, Landauer parle une fois de plus de “la transformation des institutions sociales, des relations de propriété, du type d’économie” et dit que “le socialisme doit être construit, érigé, organisé depuis un nouvel esprit.” Ce qu’il désire achever  sont “des résultats permanents”, ce qui semble vouloir dire un état permanent de relations humaines nouvellement créées, vécues et pratiquées.

Ainsi, “La seule rédemption est le travail, le véritable travail effectué, fait et organisé par un esprit altruiste et fraternel. De nouvelles formes de travail doivent être développées, libérées de ce tribut à payer au capital, créant dans cesse de nouvelles valeurs et de nouvelles réalités, moissonnant et transformant les produits de la nature pour satisfaire les besoins humains. L’âge de la productivité du travail commence, car nous avons atteint le bout de la ligne.” Landauer est ici clair que ces nouvelles relations qu’il souhaite voir se construire sont à la fois le début de quelque chose de nouveau mais aussi la destruction du capitalisme, car il souhaite rien de moins que les gens trouvent inconcevable de devoir louer leur force due travail en des termes capitalistes. Ainsi donc :

Parce que le socialisme doit débuter et parce que la réalisation de l’esprit et de le vertu n’est jamais quelque chose qui provient de la masse mais plutôt le résultat du sacrifice d’un petit nombre et la nouvelle entreprise de quelques pionniers, le socialisme doit se libérer de la ruine par la pauvreté et se réjouir dans le travail. Nous devons donc retourner à la vie rurale et à l’unification de l’industrie, de l’artisanat et de l’agriculture afin de nous sauver et d’apprendre, dans la pratique, les notions de justice et de communauté.

En conséquence, Landauer conclut :”Rien ne vit si ce n’est ce que nous faisons de nous-mêmes, de ce que nous faisons par nous-mêmes. La création vit, pas la créature, seulement le créateur. Rien ne vit et ne perdure si ce n’est l’action de mains honnêtes et la gouvernance d’un esprit pur et véritable.” Landauer conçoit cela comme l’association de personnes, d’hommes et de femmes, dans un “esprit communal” qui est union et liberté, une association d’êtres humains qui :

[association] qui sera un peuple, une culture, une joie de vivre. Qui sait aujourd’hui ce qu’est la joie ? L’amant qui contemple son aimée avec ce sentiment, clair ou indistinct, qu’elle/il est la quintessence de tout ce qu’est la vie et crée la vie ; l’artiste créateur dans une heure rare avec un ami ou quelqu’un comme lui, ou quand dans son esprit, son travail, il anticipe la beauté et la plénitude qui vivra un jour dans le peuple ; l’esprit prophétique, qui qui voit si vite des siècles en avance et qui est certain de l’éternité. Qui d’autre connaît la joie aujourd’hui ? Qui sait combien la joie est superbe, complète et captivante ?…”

Qui donc. Par dessous tout, Landauer parle d’un appel à l’amour et à la joie dans la construction d’une nouvelle société émergeant de nouvelles relations entre les hommes et qui remplit les objectifs de ceux qui s’y engagent depuis une contrainte arbitraire étouffante ou coercitive. A la fin de son “Appel au socialisme”, Landauer appelle donc à :

J’en appelle à tous ceux voulant faire tout ce qu’ils peuvent pour construire le socialisme. Seulement le présent est réel et ce que les gens ne font pas maintenant, ne commencent pas à faire immédiatement, ils ne le feront pas dans toute l’éternité. Le but est le peuple, la société, la communauté, la liberté, la beauté et la joie de vivre. Nous avons besoin de personnes pour lancer le cri de ralliement ; nous avons besoin de tous ceux emplis de ce désir créateur ; nous avons besoin de gens d’action. Cet appel au socialisme s’adresse aux gens d7action qui veulent faire acte de commencement.

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Je termine ici cette discussion sur l’anarchisme relationnel de Landauer en citant les 12 articles (dans leur seconde version de 1912) qu’il écrivait pour son Bund socialiste et qui fonctionnait comme son programme et qui donnait un résumé des plus compacts de l’anarchisme de Landauer. Ensuite, je présenterai quelques réflexions concises de ce que j’ai partagé des idées de Landauer.

1. Le socialisme est la création d’une nouvelle société.

2. La société socialiste est un Bund de communautés économiquement indépendantes qui échange leurs produits équitablement. Les individus de ces communautés sont libres dans leurs affaires personnelles et unifiés de manière volontaire pour tout ce qui concerne le bien commun.

3. Le Bund socialiste est destiné à remplacer l’État et le capitalisme. Il ne peut devenir une réalité que lorsque des socialistes actifs organisent leurs vies quotidiennes de manière commune et sortent de l’économie capitaliste aussi loin que les circonstances le permettent.

4. Les établissements socialistes seront préparés par la consommation commune et en remplaçant l’économie monétaire par un crédit mutuel. Ceci permettra aux travailleurs de communautés indépendantes de produire et d’échanger les produits d leur travail sans la médiation de parasites profiteurs et spéculateurs.

5. Dans le Bund socialiste, le capital d’aujourd’hui sera remplacé par deux facteurs sociaux : A) des institutions fondées sur un esprit de connexion garantissant la satisfaction des besoins des travailleurs (à la fois en regard de la production et de la consommation). Ces institutions et l’esprit mutuel remplaceront l’usure et le vide de l’´´économie monétaire. B) la terre : la terre est un requis nécessaire pour toute économie, capitalist ou socialiste ; celle-ci appartient à la nature de la même manière que les institutions appartiennent à l’esprit de la société.

6. Les requis pour une création réelle et globale du socialisme parmi les gens sont l’expropriation et la redistribution de la terre parmi des communautés indépendantes ; ceci doit se faire sur des principes de justice et des besoins réels des gens et dans la compréhension qu’il ne puisse pas y avoir de propriété permanente de la terre.

7. Pour rendre la transformation des droits à la terre possible, les travailleurs doivent mettre en place le plus de socialisme que leur nombre et leur énergie le permettent. Ils doivent fournir des exemples d’une réalité socialiste. Ceci doit se produire sur la base d’un esprit commun (notre capital à nous, socialistes).

8. Aussi longtemps que des exemples de socialisme ne peuvent pas être constatés et vécus, l’espoir pour une transformation des relations sociales et des droits de propriété demeure futile.

9. Le socialisme n’a absolument rien à voir avec une politique d’état, la démagogie ou la classe travailleuse luttant pour conquérir le pouvoir. Il n’est pas non plus réduit à la transformation des conditions matérielles. Il est avant tout un mouvement de l’esprit.

10. L’anarchie est juste un autre nom pour le socialisme. Le véritable socialisme est l’opposé à la fois de l’État et de l’économie capitaliste. Le socialisme ne peut émerger que de l’esprit de liberté et de l’union, association volontaire ; il ne peut surgir qu’au sein des individus et leurs communautés.

11. Plus le socialisme s’étend et plus il exprime la véritable nature des êtres humains, et plus vite les hommes se détournent de ces institutions dénuées d’esprit qui ont amené à l’oppression, à la stupidité et à la paupérisation. Un contrat social englobant tout va remplacer la violence de l’autorité et le Bund des communautés libres et des associations, ce que nous appelons la société, remplacera l’État..

12. La création du Bund socialiste demande le départ des prolétaires des villes industrielles et leur rétablissement en zones rurales, où l’agriculture, l’industrie et l’artisanat se réuniront et la distinction entre le travail Manuel et le travail intellectuel sera abandonnée. Le travail sera joyeux et tout le monde aura un sens profond d’appartenance ; ceci nous permettra en tant qu’individus de former à la fois des communautés et un peuple.

L’anarchisme de Landauer me semble être une sorte de “kropotkisme pour égoïste” ou mieux, un “anarchisme social pour nietzschéens”. Ses idées combinent l’individu et le social comme dualité nécessaire, chacun nourrissent l’autre dans une relation complète (NdT : ce que nous appelons le “complémantarisme”, qui fait que rien ne s’oppose, tout se compose..) et ses idées organisationnelles sont essentiellement une théorie de l’association qui est appropriée au problème posé.

Landauer recherche à initier un mouvement pionnier pour de nouvelles relations sociales et il semble être à la fois une conclusion et une assertion pour lui, que cela ne sera nécessairement pas un mouvement de masse ou une idée meta-narrative pour un très petit nombre ; en cela je compare l’application de la pensée de Landauer des premiers suiveurs de Jésus dans les évangiles, attendus d’errer en prêchant le royaume de dieu mais sans argent, sans possession etc… Jésus a aussi initialement mis en place de nouvelles relations, tout comme Landauer le suggère ici…

Que Landauer soit un pacifiste et fortement orienté vers la non-violence est important car Landauer n’est pas un penseur qui ne focalise que sur la question de l’immédiat. Il demande ce que la trajectoire doit être et où nous voulons aller. Pour lui, l’équation devient simple : vous ne pouvez pas faire votre chemin vers l’anarchie à coup de bombes et de pistolets (en cela, le propagandiste par le fait, Alexandre Berkman, compagnon d’Emma Goldman, le reconnaîtra dans la dernière partie de sa vie lorsqu’il écrira son tract sur l’anarcho-communisme) et en fait, le lancer de bombe et le flinguage ne sont à terme que l’expression d’une frustration exprimée au travers de la destruction. Ceci n’est en rien un mede systémique de parvenir à ce que vous désirez en termes relationnels.

Je suis d’accord avec Landauer sur cela et ai toujours été hésitante à me précipiter sur le flingue ; mais je ne suis pas d’accord avec Landauer quand il dit qu’il n’y a jamais de justification de la violence. Est-ce que les gens qui sont attaqués doivent se laisser faire et aller au sacrifice ? Ceci ressemble à un suicide. Ainsi, je vois toute la motivation possible pour une violence de défense, d’auto-protection. Ce qui constitue la défense et ce qui est au-delà et débouche sur autre chose.

NdT : ici Anarqxista fait la confusion entre “violence “ (construction sociale) et “agressivité” (partie de l’instinct de préservation naturel). Landauer parle de “violence” dans sa construction sociale pour l’essentiel, c’est à dire l’expression d’un pouvoir absolu de vie ou de mort sur autrui… La violence est acquise socialement et est nocive, l’agressivité fait partie de notre nature et est un mécanisme de défense, c’est à dire que la nature fournit un mécanisme intégré de préservation, d’auto-defense pour la survie. La réaction agressive faisant suite à une attaque est un phénomène naturel et n’est pas “violence”. Sait-on quel était la position de Landauer sur ce point ?…

La violence appelle la violence et est sur le chemin de toujours plus d’abus d’autorité.

[…]

La pacifisme de Landauer doit, bien entendu, être mis dans le contexte de ses vues ainsi que de la culture et la politique de son époque, lorsque des gens utilisaient des pistolets et lançaient des bombes artisanales. Ceci fait réfléchir Landauer, comme il se doit, sur qui correspond le mieux à l’anarchisme. L’anarchie est-elle pour tout le monde (imaginée comme un ethos, un mode de vie) ? Les anarchistes doivent-ils entreprendre la tache “d’évangéliser” le monde entier à l’anarchie ? Voulons-nous une révolution mondiale et ceci est-il une ambition réaliste ou simplement un fantasme ? Est-ce que la tache de l’anarchisme est d’avancer jusqu’à ce que tout le monde soit devenu anarchiste ? Landauer ne semble pas le penser et est venu à la conclusion que, en tant qu’ethos, en tant qu’idée, séries de pratiques et de croyances, l’anarchisme ne sera que pour un groupe de personne, si ce n’est pour e “petit nombre”. Pour lui, c’est une question “d’esprit”, de conscience, d’ethos, qui , par définition, échappera à un certain nombre de personnes qui jamais n’y viendront.

Ainsi, Landauer semble vouloir trouver et motiver ces personnes pour qui cela est une réalité ou une possibilité future plus qu’autre chose. Pour Landauer, l’anarchisme n’est pas une “imposition bénévole” sur le monde et ne pourra jamais l’être [ceci étant une idée autoritaire et dictatoriale]. Il s’agit de la façon dont les gens interagissent entre eux, comment ils vivent et s’associent librement, quelque chose [devons-nous conclure] qe tout le monde ne pourra pas faire. C’est une “colonisation interne” et les gens “s’unifiant en de nouvelles formes de culture”, mais, quoi doit le dicter la logique, cela veut dire que cela est différent de ce que les autres font, peut-être même de ce qu’ils voudront faire. Après tout, les anarchistes peuvent-ils forcer leur mode de vie et leurs relations aux autres ? Ceci est une question très sérieuse.

Landauer distingue donc les gens par leur “esprit” [il préfère ce terme], qui est leur conscience, leur ethos (et aussi leur éthique), leur vertu. Son idée est que ces personnes, depuis leurs propres communautés (peu importe la taille, juste une question de choix d’association) font ces connexions matérielles d’esprit et d’ethos qu’ils partagent. Ces communautés deviennent ensuite des phares brisant dans le noir et sont faites pour attirer d’autres vers la lumière par leur énergie active et connexions sociales fondées sur la vie anarchiste. Il fonde cela, sur l’idée que les gens démontrent quelque chose d’analogue aux connexions familiales simplement en existant en commun, comme des exemples de la même espèce. C’est aussi fondé sur l’amour des autres, quelque chose qui peut être développé ou découragé par et dans les vies actuelles vécues. Ceci doit être communautés de vies nouvelles et de plaisir mutuel qui attire de manière naturelle l’intérêt des autres, parce qu’ils ne sont pas isolationnistes par conception, mais font toujours partie d’un monde plus vaste. (NdT : ce que nous appelons la “complémentarité dans notre diversité”…)

Pourtant, nous devons nous rappeler que pour Landauer, tout cela se trouve dans une fondation intellectuelle quasiment en territoire égoïste. Landauer conçoit certains types de personnes s’auto-organisant et qui sont capables de faire de telles choses. Son utilisation du texte de La Boétie par exemple, tend vers cette direction également. L’anarchisme pour Landauer, est une question de relations auxquelles nous consentons ou pas pour nous-mêmes. L’anarchisme, pour lui, comme le royaume de Dieu pour Jésus dans l’évangile de Luc : 17, est “en nous” [comme ce le fut également pour Tolstoï et son amalgame du christianisme et de l’anarchisme], comme un esprit, une vertu, une ´´éthique, une conscience”. Il semble presque, dans l’anarchisme spirituel de Landauer, que nos vies sont une question de la compréhension et de l’utilisation des conditions de notre existence lorsqu’il parle des êtres humains comme “frères est sœurs”, une relation constituée par et pour elle-même du fait de notre seule existence commune. Landauer veut que personne n’ignore ce fait et se concentre, imagine, ce que cela veut dire et implique.

C’est en fait à cause de tout cela que l’anarchisme de Landauer ne devient pas une activité qui attend une utopie future ou que le paradis vienne sur terre, mais une activité du MAINTENANT, un changement de relations MAINTENANT, l’imagination et la creation d’un nouveau MAINTENANT ! Sa conception que ce maintenant doit être totalement construit en dehors du capitalisme est, bien entendu, totalement juste. L’anarchisme doit être construit en dehors du capitalisme ou il n’est qu’une addition identitaire à celui-ci mis en place par des couards, pour des pouvoirs médiatiques et sociaux et ceux qui veulent passer pour “branchés” et “cool”. En d’autres termes, l’anarchisme doit être réel ou ce n’est juste qu’un mot. Il doit incorporer, personnifier l’anarchisme dans de véritables relations dans la vraie vie. Des idées comme celle de Landauer de “la grève générale active”, si mises en place, commenceraient à changer notre réalité. Il est donc tout a fait correct de dire, comme le fait Landauer  que ce qui compte vraiment par dessus tout est notre désir profond de changer, de vivre différemment  et de s’engager dans des relations autres avec les gens que celles dont nous sommes habitués. L’anarchisme est la CREATION DE NOUVELLES RELATIONS, CREER DE NOUVELLES REALITES MATERIELLES et il est AUTO-ORGANISE, AUTO-CREE ! C’est une action d’AUTO-EMANCIPATION. Pas étonnant donc, que Landauer semble penser que les égoïstes feraient en fait les meilleurs anarcho-communistes…

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Mais il y a une affaire dans tout cela, une qui se produisit avec son collègue allemand de la Bund socialiste Erich Mühsam. Comme déjà mentionné, Landauer était socialement assez conservateur. Il croyait en la famille et le pensait comme quelque chose sur laquelle ses idées devaient êtres construites. Ainsi, sur le sujet de “l’amour libre” et “la question de la femme”, qui circulaient à la fin du XIXème siècle et au début du XXème et qui vit des femmes anarchistes comme Emma Goldman et Voltairine de Cleyre s’y trouver très impliquées, il était du côté de ceux qui les trouvaient goujates si pas corruptrices des conditions sociales. Landauer semble avoir trouvé l’emphase sur la question du sexe dans l’émancipation humaine comme une corruption de la morale, du moins la sienne, et de la fabrique sociale nécessaire. Ainsi, Landauer écrivait des articles dans le journal “Le socialisme” qu’il éditait, critiquant l’amour libre comme étant facteur de destruction sociale, articles qui félicitaient par contre, la solidité donnée à la société par l’unité familiale, ce de la façon traditionnellement comprise.

Mais pas tout le monde, y compris parmi ses collègues et amis, était d’accord avec lui. Une personne qui était en désaccord avec lui était Erich Mühsam, auteur et dramaturge anarchiste, qui sera arrêté en 1919 alors que Landauer sera assassiné et qui fut interné 5 ans dans une prison bavaroise avant d’être relâché au cours d’une amnistie qui libèrera aussi un certain Adolf Hitler, incarcéré après son putsch de la brasserie de Munich en 1923. Mühsam passera les 10 ans suivantes de sa vie à être un agitateur politique pour un socialisme anarchiste très similaire de celui de Landauer, avant de succomber à la montée des nazis, qui l’arrêteront, le tortureront et le tueront dans un camp de concentration au nord de Berlin en 1934. Mühsam. Tout comme Landauer, était juif.

Le socialisme anarchiste de Mühsam avant cette époque, et spécifiquement vers la période du Bund socialiste promut par Landauer, semble avoir été très similaire à celui de ce dernier. Une des grandes différences entre les deux anarchismes reposait sur deux sujets : celui de la sexualité et la place des femmes dans la société.

Dans un curt article en réponse à un article de Landauer dans “Le socialiste”, Mühsam déclare :

Le socialisme ne peut avoir pour tache d’approcher la sexualité sur la base de la morale puritaine. Les sujets d’ordre sexuels sont par nature d’ordre intime, dépendant de la personnalité et des sentiments de chaque individu, qui ne peut jamais être décrit comme étant dépravé ou laid, ni non plus comme malade ou décadent. La relation et rapport sexuel est connectée aux sensations de plaisir. L’ambition de réduire l’activité sexuelle humaine au but de la reproduction ne peut jamais être justifiée. Ceux qui prennent un tel argument sérieusement doivent impérativement demander que toutes les femmes stériles deviennent sexuellement abstinente. De plus, nous ne devons jamais oublié, quand on aborde ce sujet difficile et délicat, que le partage de plaisirs sexuels entre êtres humains est l’expression la plus intime et forte d’amour entre des personnes. Et l’amour existe et s’exprime même lorsqu’une faible constitution (physique) ou d’autres raisons importantes ne recommandent pas la procréation.

Sur la monogamie, Mühsam argumente : “Il est complètement arbitraire que des personnes amoureuses l’une de l’autre doivent demeurer “fidèles” l’une à l’autre. Il n’y a pratiquement jamais eu de temps où le mariage fut une institution véritablement volontaire.” Mühsam suggérant ici que l’institution même du mariage pourrait bien être en contradiction avec une philosophie d’émancipation. Mühsam continue :

Il est certain que l’amour est libre. Il est aussi vrai que la liberté dans le domaine de l’amour doit toujours être gagnée, spécifiquement dans le cas des femmes. Ce qui rend “l’amour libre” un droit particulier des femmes, un droit qui semble plus important que tous les droits politiques qui n’aidât en rien. Obtenir l’indépendance dans des sujets les plus intimes, le contrôle sur son corps, non réprimé par les codes moraux sociétaux. Libération du contrôle public de la virginité. Observer un respect sans partage de l’humanité des femmes. Ce sont des droits pour les femmes pour lesquels nous socialistes devons nous battre ! Que cette augmentation de liberté des femmes ait un impact quelconque sur leurs vies sexuelles n’est en rien notre affaire.

[…] Je pense que ceci fut une erreur de la part de Landauer et qui constitue un chaînon manquant chez lui, chose qui est corrigé dans la relation sociale d’Emile Armand par exemple et sa notion de “camaraderie amoureuse”. Je suis aussi d’accord avec Mühsam lorsqu’il dit :

Que les femmes donnent naissance à autant d’enfants que leurs cœurs le désirent ! qu’elles vivent afin d’honorer le peuple avec de forts, sains, et intelligents enfants, heureux de vivre ! Et qu’elles choisissent comme père ou comme pères de leurs enfants, qui elles désirent !… Lorsque ceci sera le cas alors on pourra vraiment parler de liberté des femmes et des droits des femmes !

En d’autres termes, je rejette le conservatisme de Landauer entièrement et rejette l’idée traditionnelle de la famille sur laquelle il insiste et reste bloqué. La construction d’une société nouvelle ne peut pas être fondée sur de vieilles constructions sociales mais doit être réimaginé tout comme ce qu’est la relation sociale et la communauté. La liberté et l’émancipation du vieux monde doivent se produire de bas en haut, sur tout et pour tout. Ceci en fait, est le seul espoir de ne pas retomber facilement dans les travers du passé et de voir renaître les vieilles hiérarchies et les vieilles coercitions. Comme le dira Mühsam lui-même dans un article subséquent “Anarchie” dans sa propre publication “Caïn” :

L’anarchie est la liberté de toute coercition, violence, servitude, loi, centralisation et de l’État. Une société anarchiste repose sur le volontariat, la communication, le contrat, l’accord, l’alliance et le peuple… La vie politique des peuples civilisés est toujours limitée à la conception de toujours plus de rênes, de selles, de harnais, de mors et de cravaches/fouets. L’humain travailleur ne se distinguant du cheval de labeur qu’en aidant son maître à développer de meilleurs outils pour mieux l’entraver et en s’y ajustant volontairement… C’est pourquoi, le moyen de changer les conditions que vous savez être néfastes est l’action.

Cette action néanmoins, ne peut pas laisser des zones de relations humaines sans changement. Les relations humaines doivent devenir entières, complètes. Ceci inclut le problème de la famille, de la sexualité, des relations sexuelles. En fait, je suggérerais que nous prenions la solidarité fraternelle de Landauer, parce que nous existons ensembles comme des exemples de la même espèce (ce que répète Mühsam dans son texte “Anarchie”, comme référence, mais que, à l’encontre de Landauer, allions en ce sens jusqu’au bout du bout du banc, comme le dit Mühsam sans son “Anarchie” :

L’anarchie est la société des humains frères. Son alliance économique est appelée socialisme. Les humains frères existent. L’anarchie vient dès qu’ils se rassemblent. Ils n’ont pas besoin de domination ni de hiérarchie, mais ils ont toujours besoin de créer le socialisme. Ceci demande un effort, du travail. Ceux qui refusent d’aider, de créer et de s’engager dans un travail socialiste en communion fraternelle, ceux qui veulent attendre que les choses changent sans qu’eux-mêmes ne lèvent le petit doigt, peuvent continuer de réparer, de laver la vaisselle, ils peuvent continuer de se plaindre et de voter, mais ils ne peuvent pas se dénommer socialistes et en particulier, ils ne pouvant en aucun cas parler de l’anarchie ! L’anarchies est une question de cœur et ces gens ne connaissent rien à cela !

[…]

Pourtant, une question demeure et pas seulement pour Landauer : étant donné la construction d’un anarchisme relationnel de ceux qui mettent en place leurs propres communautés de relations, pourquoi cela n’a t’il pas marché ? La réponse est en fait comme Landauer l’avait diagnostiqué quand il écrivit là dessus (tout en ne mettant pas en pratique ses propres idées lui-même) : personne en fait ne le fait. Personne ne vit cette vie. Virtuellement personne n’est un anarchiste réel, vivant ce mode de vie (ou faisant partie d’une communauté anarchiste de relations sociales ou culture anarchiste). Tout le monde (il y aura bien sûr des exceptions) vit dans une sorte de relation volontaire et délibérée au capitalisme, peut-être même en disant aux autres de ne pas le faire…Donc, Landauer avait parfaitement raison ici : peu sont ceux qui marchent sur ce chemin. Ce fut son défi, c’est mon défi et celui de quiconque va lire cette phrase. Ne faites pas que le lire. Ne faites pas que le penser, le théoriser. FAITES-LE ! Incorporez-le ! Faites en une réalité, un fait réel et actuel !

Mais, puisque c’est un corollaire évident de ces impératifs, qu’en est-il du/des moyens ? Comment ? Landauer a offert quelques façons de procéder dans “la grève générale active” et “la communauté rurale autonome”. […] Je pense avant toute chose que l’anarchie est une AUTO-EMANCIPATION. Elle est de votre propre responsabilité, de votre propre autonomie et agencement. Ultimement, ceux qui veulent trouver une façon la trouveront. En conséquence, je ne fournit aucun schéma, encore moins de plan à suivre. Pour moi, l’anarchisme est la philosophie du “trouve ça par toi-même”.

Ceci n’est pas dit de manière j’en foutiste, mais afin d’insister sur le fait que l’anarchisme active votre action propre dans votre propre intérêt. Cela ne vous nie pas l’opportunité de rassembler vos talents et de joindre vos esprits avec ceux des autres. Comme l’a argumenté Landauer, l’anarchisme est par lui-même un phénomène social nécessaire. Mais cela veut aussi dire que cela ne veut pas dire de faire ce qu’on vous dit de faire car ceci n’encourage pas les valeurs que les anarchistes en sont venus à valoriser. Le seul véritable critère ici est que vous vous engagiez dans la création de nouvelles relations et de nouvelles cultures dans votre propre intérêt, des relations qui détruisent notre passé collectif coercitif socialement, politiquement, économiquement et moralement, à la poursuite d’émancipations présentes est futures toujours en évolution. Voilà ce que nous devons faire et je suis convaincue que pour ceux qui ont l’esprit de le faire, tout ce qu’ils ont à faire est de mettre tout ça en pratique effective dans leurs vies.

Gustav Landauer sur Résistance 71

Gustav Landauer en PDF :

Vie et œuvre de Gustav Landauer

Appel au socialisme (traduction partielle de R71)

Cobra_soleil
Et dans une aube nouvelle,
Le peuple se dressa…

7 Réponses to “Sortir du marasme mortifère étatico-marchand par la société des sociétés : la voie du changement relationnel de Gustav Landauer 2/2 (Anarqxista Goldman)”

  1. Ainsi, dans ce court essai, Landauer parle d’aller au delà d’appeler pour une sympathie et un soutien pour les buts et idéaux du Bund socialiste et de devenir de gait un Bund socialiste vivant

    de FAIT je suppose ?

  2. C’est une “colonisation interne” et les gens “s’unifiant en de nouvelles formes de culture”, mais, quoi doit le dicter la logique,
    =*=
    mais qui doit en dicter la logique ?

  3. […] Landauer sur les relations anarchistes par Anarqxista Goldman – Traduction Résistance71 dans une création originale PDF N° 311222 de 39 pages de JBL1960 ► […]

  4. […] Landauer sur les relations anarchistes par Anarqxista Goldman – Traduction Résistance71 dans une création originale PDF N° 311222 de 39 pages […]

  5. […]  P.   81     Sortir du marasme mortifère étatico-marchand par la société des sociétés : la voie du changement relationnel de Gustav Landaeur (Anarqxista Goldman)  – 2ème PARTIE […]

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