Reprise et pratique du pouvoir par et pour le peuple: Le municipalisme libertaire ~ 2ème partie ~

“L’État est le plus froid des monstres froids.”

~ Friedrich Nietzsche, “Ainsi parlait Zarathoustra” ~

 

“La relation politique de pouvoir précède et fonde la relation économique d’exploitation. Avant d’être économique, l’aliénation est politique, le pouvoir est avant le travail, l’économique est une dérive du politique ; l’émergence de l’État détermine l’apparition des classes.”

~ Pierre Clastres, “La société contre l’État” ~

 

Le municipalisme libertaire, solution politique démocratique au cul-de-sac étatique qui nous opprime

 

Résistance 71

 

13 Novembre 2014

 

1ère partie

2ème partie

 

Est-il possible d’organiser un municipalisme libertaire efficace au sein des grandes mégalopoles telles Paris, New York, Le Caire, l’Athènes moderne, Londres ou Tokyo ? La réponse est probablement non. Non pas parce que cela n’est pas réalisable, mais surtout parce que le concept de mégapoles est un concept capitaliste qui est totalement contre-nature. Les grandes agglomérations sont devenues ce qu’elles sont parce que bien trop de gens, il y a des décennies, ont été économiquement contraints d’y émiger en provenance des campagnes.

Néanmoins, le système étatique centralisé a divisé les grandes villes en “zones administratives” telles les arrondissements dans des villes comme Paris, Lyon et Marseille. Il est donc parfaitement envisageable de cinder les mégapoles en tronçons inter-connectés, gérés par la population elle-même et par zones.

La Commune de Paris de 1871 l’a fait avec plus ou moins de bonheur, mais peu de temps lui a été donné pour fonctionner pleinement, en revanche les Sections Parisiennes de Varlet et Hébert mentionnées plus haut, ont remarquablement fonctionné dans la gestion de la ville de Paris en 1793-93. Elles sont la preuve historique que cela peut parfaitement fonctionner avec des moyens techniques qui n’étaient pas, à la fin du XVIIIème siècle, ce qu’ils sont aujourd’hui, car rien à l’époque ne pouvait aller plus vite qu’un cheval en ville, c’est à dire au pas… Les sections parisiennes gérèrent non seulement les problèmes politiques au quotidien, mais aussi, grâce à la fois au travail des délégués des communes et à une très grande coopération et communication entre les différentes sections de la ville, qui leur permit de gérer le politique, la logistique, la surveillance, la distribution des denrées alimentaires, la lutte contre la spéculation, le contrôle des prix, la menée à biens des tâches administratives nombreuses et parfois complexes, tout en maintenant une milice citoyenne de protection redoutablement efficace.

Un autre exemple à citer serait l’autogestion de la ville de Barcelone entre 1936 et 1938. Si l’ensemble fut chapeauté par un “gouvernement de coalition” (ce qui fut une des erreurs de l’époque tout comme pour la Commune de 1871, erreurs à ne plus refaire…), la très vaste majorité des activités politiques et sociales étaient laissées à la gestion populaire des comités et assemblées ouvrières.

Finalement, si les gens avaient le choix… Ils ne vivraient pas entassés dans des mégapoles, mais diviseraient volontiers les grandes agglomérations en une multitudes de plus petites où un grand nombre de citoyens seraient bien plus satisfaits de participer à la vie politique des communautés fédérées entr’elles. Dans un environnement politico-social propice, il est plus que probable que l’idée de municipalisme libertaire fasse un bon bout de chemin dans les esprits du plus grand nombre. Une plante pousse toujours bien dans un sol non contaminé et propice à sa croissance. Il en va de même de nos sociétés.

L’environnement étatique et capitaliste actuel est toxique et stérile. Il nous importe de le désintoxiquer et de le rendre fertile aux idées vraiment nouvelles et progressistes. Le municipalisme libertaire est incontestablement une de ces idées qu’il faut faire parvenir à maturation au sein de nos communautés.

Lié à l’organisation municipaliste libertaire est le problème de la représentation citoyenne. Alors… Élections ou pas ?

Historiquement, des anarchistes/libertaires ont participé à des élections étatiques. Pierre Joseph Proudhon s’était fait élire député pour quelques mois avant la révolution de 1848. Les Communards de Paris en 1871 constituèrent un gouvernement intra muros ; les anarchistes espagnols entrèrent au gouvernement républicain en Novembre 1936 et 1937. Cette décision divisa le mouvement libertaire pour la suite de la révolution.

Bref, il y a toujours ceux qui pensent qu’on peut “reformer” de l’intérieur et ceux qui pensent que le système est inréformable et au delà de toute rédemption, de toute réforme possible. Nous faisons partie de la seconde catégorie. L’histoire a prouvé aux peuples qu’entrer dans un gouvernement ne résoud rien et au contraire, corrompt les idées et diluent les “réformes” qui deviennent très vite “cosmétiques” et contrôlées par les gens du système en place. En revanche, ne participer à aucune action politique concernant le système étatique en place mais développer un contre-pouvoir parallèle par les assemblées populaires et le fédéralisme des communes se libérant exponentiellement au gré de la participation populaire croissante, augmente également les chances de voir les assemblées devenir incontournables quant aux décisions politiques et économiques à prendre. Peu à peu, les institutions étatiques deviennent évidemment obsolètes pour le grand nombre et tombent d’elles-mêmes en désuétudes. Plus personne ne leur obéit ni même ne se soucie d’elles. Elles s’étiolent et tombent comme des fruits trop mûrs. Voter devient alors une action non plus visant à obtenir une “majorité”, écrasant une minorité, devenant mécontente et divisant la société plus avant, mais le vote vise à échéance à obtenir le consensus de l’unanimité et de nommer des délégués non exécutifs, révocables et sous contrôle de la base pour représenter les communautés dans les assemblées fédérales et confédérales. Lorsqu’on lâche la bride au peuple, il s’organise très vite et de manière efficace. Pourquoi ? Parce que les gens ont une idée instinctive de l’organisation sociale. Notre tendance grégaire nous rend coopératif, compatissant et tout à fait prône à l’entr’aide sans une division forcée et anti-naturelle de la société en dominants et dominés, maîtres et esclaves ; nous avons un sens pratique inné lorsqu’il s’agit de l’organisation des affaires communes.

Ainsi la base de la vie politique et sociale de chaque communauté est la capacité de s’assembler pour décider communément et le plus souvent de manière unanime sur les choses courantes, surtout lorsque les intérêts particuliers ne sont plus de mise… Ainsi, la formation citoyenne prend alors une toute autre dimension.

Voici ce que dit Janet Biehl à ce sujet:

Dans les sociétés de masse actuelles, les citoyens sont réduits à des ‘électeurs’ et à des ‘contribuables’. Loin de promouvoir et de développer leur maîtrise, l’État et le système capitaliste les infantilisent. Se prenant pour le pater familias, l’État gère leur vie civique, pour leur bien de manière présumée, mais perpétue en cela leur dépendance et leur subordination. Dans le même temps, le capitalisme fait tout pour les maintenir consommateurs invétérés, en quête insatiable non pas de pouvoir mais de bonnes affaires. La passivité même des citoyens, leur contingence aux processus étatiques, les laissent vulnérables à toute manipulation, que ce soit par de fortes personnalités ou par des institutions très puissantes… En fait, créer une société municipaliste libertaire depend du changement des relations sociales: En remplaçant l’État, l’urbanisation, la hiérarchie et le capitalisme par la démocratie directe.

Pour y parvenir, il convient de redévelopper deux qualités chez les citoyens qui ont été particulièrement étouffées à dessein par le système en place chez la vaste étendue de nos concitoyens: le bon sens et la solidarité.

Que veut dire être “citoyen” ? Dans un premier temps, une dévotion au bien commun et non pas aux intérêts particuliers. D’aucuns diront que les intérêts particuliers et leurs satisfactions sont inévitables. Nous répondrons, non, pourvu que l’égalité et la justice règne dans la société, ce qui n’est absolument pas le cas dans nos sociétés étatico-oligarchiques. Retirez les privilèges dûs essentiellement à la propriété privée à des fins spéculatives (rémunératrices de rentes et de profits) et vous supprimez la notion même d‘intérêt particulier, incitant ainsi tout à chacun à focaliser sur le bien commun. Reconnaître la primauté du bien commun fait de facto accepter la solidarité comme moteur de l’action politique et sociale. Un citoyen comprend sans qu’il soit besoin de le forcer, qu’il/elle “doit” quelque chose au bien commun, à la communauté, qui en échange s’occupe collectivement de son bien-être individuel. Un citoyen entre volontairement et réellement dans une relation d’échange, dont la solidarité est le moteur. Un citoyen comprend que l’effort collectif vers le développement du bien-être commun fait que les responsabilités sont partagées et les bénéfices le sont automatiquement. Il n’y a plus dans ce contexte de possiblité d’exploiter l’autre, concept qui devient même à la longue imcompréhensible.

Le bon sens, la raison est l’autre qualité existante chez les citoyens mais à grandement dépoussiérer tant il est couvert de la fange des détritus, résidus de la société du spectacle qu’on nous a imposé depuis si longtemps. La raison est constructive, source de progressisme nécessaire pour bâtir le relationnel, le communicatif et la capacité de débattre sans conflit et de manière informée ; ce qui n’est le cas en aucune manière dans notre société étatico-capitaliste décérébrée, livrée aux affres de l’émotionnel, du superficiel et de la tromperie universelle. De plus, la raison fait agir justement, ce qui renforce la confiance. Si mes actions et mes prises de décision sont justes et bonnes pour l’ensemble de la communauté, si mes initiatives se révèlent constructives et efficaces, alors je gagne en confiance mes concitoyens, renforçant par là même la solidarité. Les deux éléments sont imbriqués et interactifs: la solidarité renforce la raison et la raison renforce la solidarité par le biais du renforcement de la confiance des uns envers les autres. En cela, l’individualité renforce le collectif et le collectif renforce l’individualité dans le respect mutuel. Nous nous trouvons automatiquement dans une situation où tout le monde est “gagnant”: l’individu et la communauté. Ainsi de fait, une grande communauté d’intérêt est bien plus grande que la somme de ses individualités, car le facteur confiance est le ciment de l’entreprise communaliste. Si une communauté émerge forte et resplendissante, elle devient un modèle pour d’autres. Raison et solidarité s’étendent, la confiance inter-communautés se crée et se renforce. Le contre-pouvoir s’établit fermement et naturellement. Bientôt les institutions étatiques tombent en totale désuétude, état et capitalisme sont remplacés par le municipalisme libertaire et le triomphe de la citoyenneté pure !

Dans la société actuelle, la déliquescence du politique, de ses représentants corrompus, de l’état-nation coercitif et d’une économie cataclysmique, ont conduit les faux-citoyens au comble de l’impuissance, qui souvent se caractérise par un trait politiquement néfaste: le cynisme, qui se traduit par l’abandon total par les “citoyens” leurrés de la sphère politique aux professionnels du mensonge et de la mascarade que sont les politicards et autres vermines des partis politiques. Avoir le recul suffisant et le sens critique est essentiel, mais il ne faut pas tomber dans le piège du cynisme, qui devient une démission citoyenne devant un “tous pourris” inéluctable. De fait, même si on peut admettre que tous les politiciens ne sont pas pourris, le peu ayant encore une conscience morale est tellement phagocyté par le grand cirque politico-économique ploutocratique, que leur existence même est soumise à question.

Reconnaître la nécessité de retrouver la raison, la solidarité dans cette interdépendance mutuelle que représente la vie en société, est un grand pas vers le regain de confiance qui mènera à la récompense ultime pour l’humanité: L’établissement d’une société enfin émancipée de l’injustice, égalitaire et donc libre.

De là surgit la notion importante d’interdépendance. En effet, chaque commune, municipalité, demeurera interdépendante des autres qui l’entourent dans la mesure où il est très difficile de fonctionner en autarcie complète. Ceci n’est quasiment pas possible et de plus n’est pas non plus souhaitable, car source à la fois de sclérose potentielle de la société, mais aussi de la possibilité d’arrogance et d’exclusivisme particulièreement inopportuns. La nouvelle société sera décentralisée et participera à la déconstruction du consummérisme maladif qui s’est emparé de nous de manière totalement induite et artificielle.

Ceci pourra se réaliser au mieux en arrêtant la société de la “galerie marchande”, pour la remplacer par celle de la commune nourricière où jardins et espaces verts verront se développer autant de potagers citoyens (Concept déjà bien utilisé à Cuba par exemple depuis des décennies), où des usines locales fabriqueront certaines choses nécessaires et où l’échange avec d’autres communes sera chose naturelle (l’emploi continu d’une monnaie sera à débattre. Il y a plusieurs façons de voir la chose…), comme le dit Biehl au sujet de la localisation et de la décentralisation: “L’interdépendance économique est simplement un fait, ce n’est pas une fonction d’une économie de marché compétitive, du capitalisme, mais de la vie sociale elle-même, du moins depuis le Néolithique.

Quand nous parlons d’interdépendance et de coopération entre communes libres ou municipalités libertaires, intervient lors la notion de “confédéralisme”. Qu’en est-il de ce concept ?

Définissons ce concept et voyons ensuite si l’histoire nous en donne quelques exemples de bon aloi.

Si une fédération (latin: fœdus, fœderis) a été définie par Proudhon en 1863 dans son “Du principe fédératif” comme étant une association libre, une convention par laquelle des chefs de familles, des communes ou groupes de communes s’obligent réciproquement les uns envers les autres pour un ou plusieurs objets particuliers, il dira de la confédération dans le même ouvrage qu’elle n’est pas précisément un État: c’est un groupe d’entités politiques (états ou non) souveraines et indépendantes, liguées par un pacte (généralement une charte) de garantie mutuelle.

Proudhon rajoute que “le contrat (la charte), malgré la grandeur des intérêts engagés, est de nature restreinte… Les assemblées chargées de son exécution ne peuvent jamais l’emporter sur les constituantes, les attributions fédérales ne peuvent jamais excéder en nombre et en réalité celles des entités communales ou provinciales, de même que celles-ci ne peuvent pas excéder les droits et les prérogatives du citoyen et de l’Homme. S’il en était autrement, la fédération deviendrait une communauté et la fédération redeviendrait une centralisation monarchique. L’autorité fédérale se limite à un service spécial.

Janet Biehl (et Murray Bookchin) nous disent plus précisément que:

Le principe général de l’organisation politique et sociale qui peut institutionaliser l’interdépendance sans avoir recours à un État tout en préservant le pouvoir des assemblées populaires et municipales, est le confédéralisme. Une confédération est un réseau par lequel plusieurs entités politiques se rassemblent pour former un plus grand tout.

Ainsi dans une confédération, les plus petites entités ne se dissolvent pas dans la plus grande créée par la confédération, mais restent des entités politiques et sociales distinctes, indépendantes, souveraines tout en se confédérant.

La confédération implique la délégation de représentants de chaque commune, représentants qui ne sont en rien des exécutifs, mais qui ne sont que les portes-parole, les yeux et les oreilles, de leurs concitoyens de communes. Les délégués ne siègent que lorsqu’une assemblée est demandée pour débattre de sujets à l’échelon confédéral, ils sont soit élus, soit tirés au sort sur le principe que chacun sera un jour délégué de sa municipalité, ils sont révocables à tout moment, ne rendent de compte qu’à leurs concitoyens et ne peuvent prendre aucune décision, juste rapporter ce qu’ils ont vu et entendu. Le pouvoir décisionnaire demeure avec les assemblées municipales.

Nous verrons plus loin dans l’historique des confédérations et à titre d’exemple, comment la plus vieille confédération active au monde: celle de la confédération iroquoise (XIIème siècle) gère le processus de prise de décision.

Comprendre que les délégués confédéraux n’ont aucun pouvoir que ce soit législatif, ou exécutif, est très important.

L’histoire est fertile en exemples de confédérations qui ont été plus ou moins couronnées de succès. Nous en ferons une petite liste non-exhaustive et nous nous attacherons à celle que nous connaissons le mieux: celle de la Confédération des Six Nations Iroquoises ou Confédération Haudenosaunee.

Chronologiquement, des confédérations de communes/cités ont géré des régions européennes entières entre les XIème et XVème siècles (les ligues des cités médiévales comme la fameuse ligue hanséatique d’Europe du Nord qui vît son apogée au XIVème siècle). On pense aussi à la confédération helvétique (Suisse) qui commença au XVIème siècle avec les trois ligues confédérées du Gotteshausbund, du Grauerbund et du Zehngerichtenbund, cette confédération de ligues devint la confédérations des “trois états” pendant près de trois cents ans avant que Napoléon n’en fasse la confédération suisse en 1803.

Il y eut des confédérations de communes en Castille au XVIème siècle. La ville de Tolède mena la plus grosse des confédérations en révolte contre la couronne d’Espagne et de Castille. Les villes furent gérées par le peuple qui créa des milices de défense.

Les Sections Parisiennes de 1792-93 fédérèrent les assemblées populaires des sections de la capitale, une tentative de fédération des communes de France fut tentée. Idem avec la Commune de Paris de 1871, qui essaya la fédération avec celles de Lyon et de Marseille qui avaient pris moins d’ampleur. La première révolution russe de 1905 fonda les premières assemblées populaires ou “soviets” qui furent anarchistes en premier lieu, les soviets se fédérèrent en 1917-18 avant que Lénine et Trotsky, agents de Wall Street et de la City de Londres ne les détruisent pour instaurer en Russie le capitalisme d’État poursuivi par Staline et la clique de la Nomenklatura soviétique. L’Ukrainien Nestor Makhno fédéra les communes agricoles libertaires d’Ukraine pour lutter contre la contre-révolution royaliste et la trahison des pieds nickelés Lénine/Trotsky. Les communes libres des provinces espagnoles se fédérèrent en 1936-39. Plus proche de nous et toujours en activité, les communes libres zapatistes confédérées du Chiapas au Mexique et les communes libres confédérées du Rojava kurde, région d’une actualité brûlante aujourd’hui.

Mais ce qui est le plus frappant est de lire les recherches des grands ethnologues politiques comme Pierre Clastres, Robert Jaulin ou Marshall Sahlin pour constater que les sociétés dites “primitives” parce que sans État, des continents des Amériques, d’Afrique et d’Océanie, fonctionnent de manière essentiellement confédérées traditionnellement, tacitement ou de manière parfaitement politiquement établie.

A cet égard il convient de s’attarder un peu ici sur la plus ancienne confédération de nations de l’histoire de l’humanité régit par une charte: La Confédération des Six Nations Iroquoises, constituée des nations Mohawk, Sénéca, Onondaga, Oneida, Cayuga (depuis le XIème ou XIIème siècle) auxquelles vint s’ajouter en 1723, la nation Tuscaroa.

Étudions un peu plus en détail le fonctionnement de la Confédération Iroquoise avant que de déterminer plus généralement les possibilités de l’organisation libre confédérale.

Les cinq nations originelles se lièrent politiquement au moyen d’une charte de 117 articles conservée sous forme de ceintures wampum (nacres de coquillages colorées tissées dans des motifs explicatoires). En langue iroquoise, cette charte confédérative est appelée “Kaiakehrekowa”, ce qui peut se traduire par “Loi de la Grande Paix”. Elle est connue en occident sous le nom de “constitution de la confédération iroquoise”. Elle fut mise en place au XIIème ou XIIIème siècle et régit le processus de prises de décision depuis lors. Bien qu’elle existe toujours aujourd’hui, les gouvernements coloniaux imposés aux Iroquois par les Etats-Unis et le Canada l’ont forcé à prendre une moindre importance et pour cause…

Dans la confédération iroquoise, chaque nation est indépendante et souveraine. Toutes sont des sociétés matrilinéaires, à savoir que la lignée d’une famille, d’un clan provient de la mère, des mères et non pas du père. Les femmes iroquoises sont les légataires, dépositrices de la terre et les conseils des femmes de clans choisissent les Chefs qui n’ont aucun pouvoir exécutif et ne sont qe des porte-paroles de leur peuple lorsqu’ils siègent en conseil. Un chef amérindien en général et iroquois en particulier, ne commande pas, la société l’en empêche, il écoute, rapporte et décide en fonction de ce que le peuple a décidé au préalable.

Prenons l’exemple d’une décision qui doit être prise et qui affectera l’ensemble de la confédération. L’affaire est débattue par les familles, les clans, une décision est prise à l’unanimité (pas de dictature de la majorité), les chefs des clans siègent dans le conseil des chefs de la nation et représentent la décision unanimement prise par leur peuple. Ils délibèrent selon un protocole établi par la loi de la Grande Paix et sous l’audit des déléguées des femmes des clans. Une décision unanime sera prise par les chefs de la nation, qui enverra ensuite ses délégués au conseil de la confédération, qui siège toujours dans la nation Onondaga, gardienne du feu du conseil. Là, les chefs des différentes nations représentant une décision unanime de leur peuple, partant de la base, délibéreront pour prendre une décision qui elle aussi devra être unanime.

Que se passe t’il par exemple si aucune unanimité ne peut-être établie sur un point particulier ? Aucune décision n’est prise, on passe à autre chose et on y revient plus tard. Parfois, l’unanimité ne peut se faire. Dans ce cas, chaque nation procède selon la décision de son peuple et demeure souveraine, cependant, les actions des nations ne peuvent pas entâcher l’entente confédérative et déroger de la charte (Kaianehrekowa). En clair, tant que les autres nations ne sont pas affectées par la façon de faire d’une autre nation de la confédération, la souveraineté est respectée ainsi que la charte. Ceci est la façon de gouverner traditionelle iroquoise, processus qui a été interrompu depuis le forçage par les gouvernements coloniaux états-unien et canadien d’un système de représentation à l’image du système occidental, par élection et imposition de la dictature de la majorité. Les “conseils de bandes” sont des entités politiques corrompues issues des lois indiennes des gouvernements coloniaux dominants. La résurgence du mode de gouvernance traditionnel confédéral s’opère pour qu’un rejet de l’étatistisme s’effectue à terme. Ceci nous redémontre qu’une fois de plus, l’État (ici colonial) a interféré négativement dans la bonne marche des choses…

Ceci illustre la méthodologie du processus de gouvernance au sein d’une confédération qui n’est pas petite, qui représente 5 nations et au plus fort de son influence (entre les XIVème et XVIème siècle) regroupait 49 nations qui suivaient Kaianehrekowa, ce qui représentait un total de 44 autres nations amérindiennes non iroquoieses qui se placèrent volontairement sous la charte confédérative iroquoise. Ceci représentaient des centaines de milliers de personnes et non pas un hameau de 50 personnes, comme le voudrait une des objections classiques à la représentation démocratique directe disant: “Oui, mais çà ne peut se faire qu’à l’échelle d’un village et encore…”

Qu’en est-il de manière plus générale de l’organisation confédérale ?

Voici ce que nous en dit Janet Biehl:

Dans une société écologique, la démocratie directe municipale des assemblées élirait ses délégués se rendant au conseil confédéral. Ce conseil serait un congrès de délégués de diverses assemblées municipales… Ces délégués seraient strictement mandatés pour voter en fonction des désirs des membres de leur propre municipalité. Ils seraient révocables à tout moment s’ils venaient à violer leur mandat. Plutôt que de prendre des décisions politiques, le conseil fédéral existerait essentiellement pour remplir des objectifs administratifs, pour coordonner et faire exécuter les politiques décidées par les assemblées. En fait au niveau municipal, les citoyens assemblés dans leurs assemblées démocratiques décideraient de la politique à adopter. Ils délibéreraient et prendraient des décisions. Par exemple sur la décision de construire ou de modifier une route, les citoyens voteraient après avoir écouté le pour et le contre […]

Quand les gens qui administrent en viennent à prendre des décisions politiques, les fondations d’un État ont été creusées et une élite est en cours d’usurpation du pouvoir de décision des citoyens.

Lorsque les décisions politiques sont prises collectivement dans un souci constant du bien général (Dans les sociétés nord-amérindiennes par exemple, il y a un dicton qui se retrouve au-delà des limites géographiques et qui dit ceci: “Lorsque nous prenons une décision, nous devons envisager les répercussions de nos actes sur la 7ème génération après nous.” Une telle sagesse échappe totalement à l’occident “civilisé”…), alors le problème d’une économie municipale doit être envisagée.

A cet égard, l’ennemi mortel du municipalisme libertaire est le capitalisme outrancier, monopoliste, totalement soutenu aujourd’hui par le système politique de la société marchande des états-nations. Comment en sortir ? En boycottant au mieux et en contournant les monopoles de tout poil encouragés par la dictature molle mais se durcissant sans cesse de nos sociétés dites de “démocraties représentatives”. Le mouvement altermondialiste des années 1990 avait un excellent slogan qui résumait bien la situation: “Pensez global, agissez local !” Ceci est on ne peut plus d’actualité aujourd’hui, ainsi les municipalités gérées par les assemblées doivent embrasser les coopératives de production et de distribution, favoriser la production et la distribution locale (principe des AMAP par exemple en France pour les produits maraichers). Tout cela ne pourra pas vraiment fonctionner sans remettre en cause le fondement même de la propriété et du profit généré, souvent issu de spéculations. Si tout citoyen possède des biens, ceux-ci ne peuvent pas garantir de revenus, ni être en position d’exploiter autrui. Ainsi, la municipalité, la collectivité organisée en assemblées, récupère et gère le patrimoine communal, le but étant de supprimer les sources d’inégalité résultantes du profit, du marché capitaliste. Comme le disent Janet Biehl et Murray Bookchin: “En fait, le capitalisme se doit d’être éliminé. Le système courant doit-être remplacé par un (non)système qui a à la fois la capacité de dramatiquement supprimer le profit ou le supprimer en faveur de pratiques, de valeurs et d’institutions humaines.” Si la propriété existe toujours, elle est essentiellement collective pour les moyens de productions, de services et de distribution. Ceci ne doit pas être confondu avec la “propriété publique” gérée par un état ou une bureaucratie dominante. Ceci nous ramènerait à une URSS 2.0

La “nationalisation” de la propriété ne place pas le peuple en contrôle de quoi que ce soit, cela ne fait que renforcer les pouvoirs politique et économique de l’État ou de toute entité en contrôle, nous revenons alors à terme dans une société de “capitalisme étatique” comme le furent l’URSS de Lénine, Trotsky, Staline jusqu’à Gorbatchev, la Chine de Mao et tout autre état marxiste dépendant de la haute finance internationale.

Janet Biehl explique:

Le municipalisme libertaire avance une forme de propriété véritablement publique. Le modèle de politique économique qu’il propose est un modèle qui n’est ni possédé de manière privée, ni nationalisé, ni réduit en petits fragments, il est plutôt un modèle qui place la “propriété” sous les auspices et le contrôle de la communauté. Ainsi, la ‘municipalisation de l’économie’ veut dire que la ‘propriété’ et la gestion sont placées entre les mains de la communauté. La propriété, incluant à la fois la terre et les usines, ateliers, administrations des services, ne seront plus ni propriétés privées ou étatiques, mais seront placées sous le contrôle général des citoyens et de leurs assemblées. Les citoyens deviendront ainsi les ‘propriétaires’ collectifs des ressources économiques de leur communauté et formuleront et approuveront une politique économique pour celle-ci. Ce seront eux et non plus les bureaucrates, les politiciens ou les patrons, qui prendront les décisions au sujet de leur vie économique. Les citoyens prendront ces décisions sans aucune considération de leur occupation ou de où ils travaillent. En fait, ils prendront des décisions pour l’entière vie économique de leur communauté. […]

Dans une société rationnelle, l’inégalité économique serait éliminée en rendant la richesse, la propriété privée et les moyens de production à la municipalité. Au travers de la municipalisation de l’économie, les richesses des classes possédantes seraient expropriées par les gens de l’ordinaire et placées dans les mains de la communauté pour être utilisées pour le bénéfice de tous… Ainsi l’économie deviendrait enfin morale. Des notions classiques d’équilibre et de limites remplaceraient les motifs capitalistes de l’expansion et de la croissance perpétuelle à la poursuite incessante de toujours plus de profits. La communauté respecterait les gens pour leurs contributions à la vie de la communauté et non plus pour leur niveau de production et de consommation. En agissant au travers des assemblées, les citoyens préviendraient de manière consciente et délibérée que des entités économiques puissent obéir à des impératifs capitalistes de profit, recherchant plutôt la coopération et le partage, L’assemblée prendrait des décisions non pas seulement au sujet de la production, mais aussi de la distribution des moyens matériels de vie, éliminant ainsi le problème de la société post-scarcité. Ainsi l’adage du XIXème siècle disant ‘A chacun selon ses capacités et à chacun selon ses besoins’ deviendra une réalité pratique de vie quotidienne et une responsabilité institutionalisée de la réalité politique. Tout le monde dans la communauté aura accès aux moyens d’une bonne vie et ce sans aucun regard pour le type de travail effectué, la communauté veillera qu’une égalité économique existe parmi tous les citoyens, fondée sur des critères moraux et rationnels en rapport aux besoins de chacun.

Comment pouvoir réaliser cela ? En redonnant le pouvoir au peuple, pouvoir usurpé depuis bien trop longtemps par les institutions étatiques favorisant l’oligarchie capitaliste. Le pouvoir de créer, de prendre des décisions appartient aux gens, aux communautés et à elles seules. Celles-ci ne doivent pas concentrer le pouvoir sous peine de retomber illico dans le déviationnisme politique qui redonne le pouvoir à une minorité de privilégiés et ce quelque soit le système étatique mis en place.

Lorsque les municipalités s’affranchissent et se confédèrent, immanquablement elles devront faire face à la coercition de l’État, qui par nature est répressif, puisque ne représentant qu’une minorité qui tient à garder le pouvoir politique et économique coûte que coûte. Le pouvoir oligarchique existant ne laissera pas le train du changement arriver en gare, il devra bouger contre le municipalisme libertaire pour garder le pouvoir et la main. Ceci soulève le problème inéluctable de la défense des acquis de la nouvelle société populaire et démocratique. L’Histoire a montrè que tout mouvement a dû avoir recours à un système d’auto-défense. Les cités médiévales possédaient des milices citoyennes par guildes, qui à la manière des Amérindiens passaient sous le commandement d’un “chef de guerre” lorsque la cité/clans étaient en danger. Les Sections Parisiennes de 1792-93 étaient totalement organisées pour l’auto-défense, modèle qui fut repris lors de la Commune de Paris de 1871. Les citoyens s’organisèrent de la sorte dans l’Espagne révolutionnaire, tout comme aujourd’hui l’existence des communes libres et autogérées du Chiapas au Mexique est sauvegardée par l’Ejercito Zapatista de Liberacion Nacionale ou EZLN (Armée Zapatiste de Libération Nationale), qui est une millice para-militaire citoyenne, dont les cadres ne répondent qu’au peuple sous la devise devenue célèbre de “commander en obéissant”. Il en va de même des milices kurdes d’auto-défenses, dont les segments féminins ont récemment défrayés la chronique dans leur résistance héroïque face aux barbares de l’armée mercenaire de la CIA, Mossad et de l’OTAN qu’est cette supercherie terroriste de l’EIIL/EI.

De fait, entre le développement des municipalités politiquement et économiquement libérées par la confédération démocratique ainsi que par leur auto-défense organisée, le municipalisme libertaire et son modèle de confédéralisme démocratique deviendront des pouvoirs parallèles, des contre-pouvoirs véritables au coercitif de l’État, qui peu à peu tombera en désuétude au gré de ses institutions obsolètes désertées. A un moment donné, le pouvoir basculera, sans forcément grande violence, du côté du peuple réorganisé et politiquement alerte. La dilution du pouvoir dans les assemblées populaires décuplera l’impact politique car la corruption des individus ne sera plus possible. Pas à pas les confédérations remplaceront l’État en gagnant toujours plus d’audience et de participation citoyennes à ce nouveau paradigme politico-social qui met les gens, nous, et l’intérêt général commun, en tête des priorités. Inutile de dire que le municipalisme libertaire intégré au confédéralisme démocratique sera un modèle hautement écologique, puisque l’intérêt général est aussi représenté par une planète saine et vivifiante.

Historiquement, Janet Biehl nous rappelle ceci:

A Paris en 1789 et à St Petersbourg en février 1917, l’autorité de l’État s’est effondrée face à la confrontation révolutionnaire. Les monarchies française et russe étaient si dénuées de pouvoir qu’elles se sont évanouies lorsque défiées par le peuple révolutionnaire. De plus et de manière cruciale, dans les deux cas, les soldats se retournèrent et rejoignirent le mouvement révolutionnaire. Ce qui s’est passé auparavant peut parfaitement se reproduire et ce plus spécifiquement lorsqu’un mouvement de révolution sociale totalement ancré dans le peuple, guide le processus politique dans ce but de manière consciente, éclairée et inspirée.

Le danger néanmoins demeure dans le co-optage, la phagocytose du mouvement municipaliste par les entités étatiques. Avant d’en venir aux mains, l’État essaie toujours la division, la subversion, la corruption. Lorsque cela échoue, la violence se déchaîne. Il sera néanmoins impuissant face à un mouvement formé, qui montre ses succès politico-sociaux aux citoyens.

De fait l’État et ses turpitudes ne peuvent qu’échouer devant le devenir d’une société démocratique rationnelle de, par et pour le peuple et l’intérêt général de toutes et tous.

Le municipalisme libertaire et sa confédération démocratique des municipalités représentent une politique et une économie morales, choses qui ne se sont que produites que très sporadiquement dans l’histoire, mais peut très bien s’établir sur la longue durée. Il suffit en fait de trois choses:

  • De le vouloir
  • De dire NON !
  • D’agir en toute solidarité de manière informée

Il est clair qu’une société fonctionnant sur des lignes communales, non –hiérarchiques, mutualistes et égalitaires ne peut que s’approcher de la plus haute valeur morale. Comme le dit très bien Janet Biehl dans sa réflexion: “En remplaçant le nexus économique orienté sur le profit par un autre éthique, ceci transformerait de fait l’économique en culture.” Ainsi une usine de production dans une municipalité libertaire produirait avec un minimum de main d’œuvre; le travail pénible, les roulements des 3×8 chers au productivisme exploitant et autres fadaises avenantes disparaîtraient de la vie des ouvriers. L’usine serait collectivement possédée par les personnes la faisant fonctionner et gérée de manière coopérative par la communauté, le tout partie intégrante d’une économie devenue morale.

La vie des citoyens seraient partagée entre le fonctionnement de la société en effectuant leurs tâches, le jardinage maraicher individuel et collectif, une machinerie plus performante prendra en charge des tâches ingrates et libéreront les citoyens pour plus d’activités culturelles, de loisir, sportives (non professionnelles, plus d’argent ni de profit dans le cirque “sportif”) de santé, éducatives et artistiques pour tous.

Beaucoup d’objections à cette vision d’une nouvelle société proviennent essentiellement d’une mauvaise compréhension de la “nature humaine”. Pour bien des personnes, endoctrinées dès le plus jeune âge par un système scolaire et social propagandiste au service de l’oligarchie, qui rabâche jour après jour que l’humain est idiot, incompétent, fainéant et doit être guidé par une “élite” sinon ce serait le chaos total (le mot “anarchie” est souvent employé ici à titre de propagande sémantique…), un tel modèle de société est impossible, “utopique” et ne peut pas fonctionner. Ce type de réaction pavlovienne à un stimulus intellectuel hors norme ne peut bien sûr pas prendre en considération le fait que la nature humaine est faite de compassion, d’entr’aide mutuelle et d’ingénuosité adaptatrice, qui de loin supplantent les aspects négatifs avancés par la pseudo-science sous influence.

Si une telle société ne pouvait pas fonctionner, posons-nous alors cette simple question: Pourquoi les États se liguent-ils dans un déchaînement de violence pour réprimer toute expérience libertaire de communes libres confédérées ? Pourquoi par exemple la révolution sociale espagnole de 1936-39, malgré ses imperfections, a été défaite par la coalition de trois états fascistes (Espagne, Italie, Allemagne), un état fasciste rouge (L’URSS de Staline), une démocratie dite modérée (La France alors sous le “Front Populaire” de gooooooche) et une monarchie constitutionnelle (Le Royaume –Uni) alors qu’il aurait suffi, si on en croit la doxa, de laisser mourir le mouvement de lui-même puisqu’il “ne peut pas fonctionner”?…

Une autre question à se poser pour ceux qui pensent que “la guerre est dans la nature humaine, enlevons les structures institutionnelles et les gens s’entretueront.”

Pourquoi donc si nous battre en permanence était dans la nature humaine, faudrait-il que les États au service des banquiers et des marchands de canon à qui profitent les guerres, dépensent des fortunes en propagande et en évènements faux-drapeau, pour forcer et tordre le bras des opinions publiques pour qu’elles soient en faveur de la guerre et y envoient leurs fils ? Si cela était tant dans la “nature humaine” que de s’entre-tuer, il faudrait nous retenir en permanence pour ne pas zigouiller le voisin ou sauter sur le premier Teuton ou Rosbif venus, nos soi-disant ennemis viscéraux… Où est la logique dans tout cela ? A moins que… A moins qu’on nous raconte des salades depuis bien longtemps… Et si nous commençions à vraiment pomper les écrans de fumée artificiellement mis devant nos yeux !

Une autre question très très pertinente à notre sens à impérativement se poser pour finir de manière plus générale: Pourquoi les grands penseurs, philosophes anarchistes comme Proudhon, Kropotkine, Bakounine, Voline, Malatesta, Reclus, Goldman, Landauer, Berkman, Bookchin, Leval, Joyeux etc, ne sont par étudiés dans les classes de philosophie ni dans l’enseignement secondaire, ni dans les programmes universitaires ? Serait-ce parce que s’ils l’étaient, l’enseignement formerait des personnes éveillées et réfractaires au totalitarisme de l’État ? Pourquoi un étudiant en philosophie peut arriver en thèse de doctorat sans jamais avoir été requis de lire une ligne ou d’analyser un texte de Proudhon ou de Kropotkine ? La réponse est simple: la peur de la vérité. Ceci semble être une constante systémique parce que la vérité et la liberté sont les pires ennemies de l’État. Tel est le cœur du sujet.

En conclusion, nous laisserons la parole à deux grands penseurs du municipalisme libertaire dans l’ordre chronologique de leur réflexion: Pierre Kropotkine et Murray Bookchin:

“L’émancipation de la classe ouvrière ne sera même pas possible, tant que le mouvement révolutionnaire n’embrassera pas les villages… La révolution sociale ne sera victorieuse que le jour où le travailleur des usines et le cultivateur des champs marcheront la main dans la main à la conquête de l’égalité pour tous en portant le bonheur dans les chaumières comme dans les édifices des grandes agglomérations industrielles.” (Pierre Kropotkine, 1882)

“Si un tel mouvement de municipalisme libertaire n’émerge pas, il y a une chose que nous puissions dire avec une assurance certaine: Le capitalisme ne va pas simplement produire des injustices économiques et sociales. Étant données ses lois d’accumulation, son impératif de croissance ou de mort qui émerge de la concurrence sur les places de marchés elles-mêmes, il va pour sûr déchirer et détruire toute vie sociale. Il ne peut pas y avoir de compromis avec cet ordre social.” (Murray Bookchin, 1996)

Fin

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Bibliographie des ouvrages et documents ayant servi à la rédaction de cette analyse compilatrice:

“La politique de l’écologie sociale, le municipalisme libertaire”, Janet Biehl, édition anglaise Black Rose Book, 1998

“La Commune et la Commune de Paris”, Pierre Kropotkine, journal “Le Révolté”, 1880 et 1882

“Champs, usines et ateliers”, Pierre Kroptkine, édition anglaise Black Rose Book, 1994, édition originale, Londres 1900

“Du principe fédératif et de la nécessité de reconstituer le parti de la révolution”, Pierre Joseph Proudhon, Dentu, Paris, 1863

“Kaianehrekowa”, Loi de la Grande Paix de la Confédération Haudenosaunee (5 Nations Iroquoises), circa XIIème siècle

Note de Résistance 71: Nous sommes en train de traduire les 117 articles de la Constitution de la Confédération Iroquoise en français, chose qui n’a, à notre connaissance, jamais été fait en totalité. Nous pensons pouvoir la publier en Janvier 2015.

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Articles connexes sur le fédéralisme:

https://resistance71.wordpress.com/proudhon-anarchisme-et-federalisme/

La pensée de Pierre Kropotkine:

https://resistance71.wordpress.com/pierre-kropotkine/

Howard Zinn:

Sur la désobéissance civile

 

3 Réponses to “Reprise et pratique du pouvoir par et pour le peuple: Le municipalisme libertaire ~ 2ème partie ~”

  1. J’ai pas tout lu, car toujours malade, mais je peux déjà vous dire que je suis d’accord à 100% avec 3 points : De le vouloir, DE DIRE NON ! D’agir en toute solidarité de manière informée. Pour moi c’est OUI, car j’aime dire NON surtout en ce moment ! Bon, j’ai trop mal à la tête pour être concentrée sur la lecture de vos toujours intéressants articles… Je reviendrais commenter quand ça ira mieux… A+

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