Métamorphose systémique: L’histoire du Bernard-l’ermite qui change de coquille et la fin d’un système
Très bonne analyse de Paye qui nous suscite cette réflexion: Sortir complètement de ce système inique et criminel.
Le seul anti-système viable est celui où le pouvoir retrouve sa place légitime, c’est à dire dilué dans le peuple qui s’organise en société d’associations volontaires fédérées, sans État, contre l’État, c’est à dire en structurant le pouvoir en son sein de manière à ce qu’il soit impossible que celui-ci ne sorte du peuple pour reconstituer un organe séparé du corps social. Ceci implique une égalité politico-économique car l’économique reprendra sa place, celle d’assujettie au politique, générant une égalité politico-économique de fait.
Ce que décrit si justement Paye ci-dessous à l’échelle locale de la France, est ce que nous appelons le changement de coquille du bernard-l’ermite impérialiste. Le système est en train de muter, il change de peau. C’est à partir de maintenant qu’il est vulnérable et soit être abattu, non pas par la violence, mais par l’indifférence, sa mise en quarantaine et la cristallisation de la société sur le reprise du pouvoir par nous, les gens du peuple, pour fonder la société des sociétés, seule solution viable et véritablement progressiste pour l’humanité…
En cela, voter dimanche et le 7 mai prochain est non seulement futile, mais c’est faire acte de complicité avec l’oligarchie, participer à cette massive illusion démocratique qui n’a que trop duré ! Boycott ! Union et coopération dans les associations libres.
~ Résistance 71 ~
- « 1) Le pouvoir politique comme coercition (ou comme relation de commandement-obéissance) n’est pas le modèle du pouvoir vrai, mais simplement un cas particulier, une réalisation concrète du pouvoir politique en certaines cultures, telle l’occidentale (mais elle n’est pas la seule, naturellement). Il n’y a donc aucune raison scientifique de privilégier cette modalité là du pouvoir pour en faire le point de référence et le principe d’explication d’autres modalités différentes. »
~ Pierre Clastres ~
La fin du système des partis
Jean-Claude Paye
20 avril 2017
Source:
http://www.voltairenet.org/article196073.html
La candidature d’Emmanuel Macron ne vise pas à constituer un nouveau parti, Les Démocrates, face aux Républicains, comme aux États-Unis. Il s’agit plutôt de créer un mouvementisme sans objet qui permette de préserver les intérêts de la classe dirigeante. « En marche ! » donc, vers la dissolution de la République française dans la globalisation consumériste.
La déclaration d’Emmanuel Macron, se présentant comme le candidat « anti-système », a surpris les Français, car il avait été nommé secrétaire général adjoint de l’Élysée en 2012, puis ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique dans le gouvernement Manuel Valls II, en 2014. Il n’a d’ailleurs démissionné de cette dernière fonction que pour avoir les mains libres, afin de se présenter à l’élection présidentielle. Cette auto-désignation nous dit cependant quelque chose d’important sur l’évolution de la structure politique. Qu’Emmanuel Macron se sépare du régime des partis politiques comme mode de gouvernance du pays est une évidence. Pourtant, cette prise de distance, vis-à-vis des partis constitués, ne fait pas de lui un candidat anti-système, car le « système » qui se met en place n’est plus celui des partis, mais bien celui d’une gouvernance politique directe des États nationaux par les acteurs économiques dominants et les structures politiques internationales.
D’ailleurs l’intervention de l’« anti-système » apparaît de plus en plus prégnante dans le déroulement des élections françaises. Le scénario initié par François Hollande se répète, une candidature qui apparaît d’abord comme prématurée, puis la liquidation inespérée de son concurrent, Dominique Strauss Khan, contre lequel il n’avait aucune chance. Cette fois, c’est le candidat de la droite François Fillon, grandissime favori de l’élection présidentielle, qui voit sa réussite subitement impactée par une affaire d’emploi prétendument fictif, existant depuis des dizaines d’années, mais que l’on vient inopinément de découvrir. Dans les deux cas, ces interventions providentielles, destinées à rétablir la morale ou les bonnes mœurs et incidemment à liquider le politique, remettent en selle des candidats qui n’ont aucune velléité de se démarquer, même d’un cheveu, de la politique impériale. Ce sont les candidats les plus malléables qui bénéficient de ces actions du destin. Dans le cas de Macron, on a même un candidat parfaitement « liquide », entièrement construit par l’anti-système et ses médias. Ainsi, « l’anti-système » se montre avant tout comme une restructuration, par le haut, de la représentation politique.
La liquidation programmée du PS
Le positionnement du candidat Macron s’inscrit dans une tendance forte, particulièrement visible au sein du Parti socialiste français, celle de l’auto-implosion. Sa candidature posée en dehors du Parti n’est que le dernier avatar d’une série d’événements qui montrent une volonté interne de liquidation de cette structure. François Hollande ne disait-il pas déjà en 2015 : « Il faut un acte de liquidation. Il faut un hara-kiri. Il faut liquider le PS pour créer le parti du Progrès ». Le premier ministre Manuel Valls s’est également présenté comme partisan d’un « front républicain », pour une fusion des listes électorales au niveau des primaires dans les circonscriptions ou le Front national risquerait de l’emporter. On ne peut donc être étonné de sa dernière déclaration selon laquelle il voterait Emmanuel Macron, pour barrer la route à l’extrême droite.
Invité par Matteo Renzi à la fête de l’Unità, le Premier ministre français avait aussi déclaré : « Il n’y a pas d’alternative à gauche, la seule autre donne c’est le Front National. C’est ça et rien d’autre qui doit occuper l’esprit de tous les socialistes. ». Ou encore, au micro de BFM-TV :« À chacun de se dire : est-ce qu’il y a une politique alternative à ce que nous faisons ? Oui, il y en a, il y a ce que propose l’extrême-droite ».
L’organisation de la légitimation repose sur la diabolisation d’un parti politique, le Front National, devenu pourtant semblable aux autres, depuis son aggiornamento de parti fasciste en organe du « meilleur des mondes ». Le programme n’a plus d’importance, seule compte la capacité, auto-proclamée et authentifiée par les médias, d’empêcher le Front national d’arriver au pouvoir. Macron s’inscrit dans cette ligne politique. Il en est son point d’aboutissement. Cette hypostase lui assure sa légitimité et enlève toute crédibilité à toute autre candidature.
La fin du système des partis
La tendance à l’effacement du système des partis, particulièrement explicite en ce qui concerne le PS, se vérifie aussi au niveau du parti républicain, même si le processus de décomposition est moins avancé et a dû faire l’objet d’une aide extérieure par le biais de l’opportune « affaire » Fillon. Cependant, le processus était déjà bien engagé, comme nous le montre le système des « primaires ».
Le candidat d’un parti n’est plus désigné par ses militants, mais peut être élu par tout un chacun, et ainsi par les membres d’un parti concurrent. Le candidat n’est donc plus celui d’un parti, mais celui de l’ensemble des Français, même celui de ses opposants. Ce ne sont plus les organisations politiques qui s’affrontent, mais de simples personnalités, non plus porteuses d’un programme, mais d’une image façonnée par les médias. Du choc des idées, on passe à la concurrence des images.
Nous nous trouvons dans une nouvelle configuration de la « scène politique » , de l’espace de la représentation politique. Nous passons d’un système organisé autour d’un parti de masse dominant ou d’une structure binaire de deux organisations « alternatives », gauche et droite, à un mode de gouvernance qui abandonne le système des partis et qui, dans les faits et dans le langage, rejette le politique.
Une crise de représentation partisane n’est pas un phénomène unique dans le paysage politique français. Il existe plusieurs références historiques, dont celle du bonapartisme instaurant le Second empire, ou, plus près de nous, l’instauration de la Cinquième République en 1958 par le général De Gaule. Cependant, le phénomène actuel est autre. Les deux exemples cités relèvent d’un coup de force extérieur face à l’appareil législatif. Aujourd’hui, nous assistons à un processus interne d’auto-démantèlement de l’ensemble de la structure d’État.
Si hier, la crise de représentation des partis a conduit à un renforcement effectif de l’Exécutif, aujourd’hui, l’augmentation de ses prérogatives aboutit à un accroissement purement formel de son pouvoir, car il ne travaille pas pour son propre compte, mais pour celui d’organisations supra-nationales, des structures intermédiaires de l’Empire, tels que l’Union Européenne, le Conseil de l’Europe ou l’Otan. L’appareil exécutif national, dans son viol permanent du Parlement, apparaît comme un simple relais. Ainsi, parler de crise de représentation des partis politiques n’est pas suffisant. Il ne s’agit plus d’un fait lié à une conjoncture politique particulière, mais d’un événement d’ordre structurel.
Primauté de l’image
Le phénomène de la candidature Macron révèle une mutation dans l’exercice du pouvoir d’État, à savoir la fin de toute médiation avec la société civile. Les différents lobby se substituent aux partis. Les grandes entreprises ont la capacité de défendre directement leurs intérêts, contre la grande majorité de la population, sans que la décision prise prenne la forme d’une défense de l’intérêt collectif.
Autrement dit, la classe économiquement et politiquement dominante devient également la classe régnante, celle qui occupe les devants de la « scène politique », de l’espace de la légitimation. La classe dominante gère directement ses intérêts et promotionne ouvertement ses candidats. Le processus de légitimation de cette procédure ne relève plus de la représentation, mais du marketing, la scène politique se confondant avec celle des médias.
La candidature Macron est ainsi le symptôme d’une société capitaliste avancée, dans laquelle les rapports sociaux sont complètement transformés en rapports entre choses, entre marchandises. Les divergences exprimées par les différents candidats se réduisent à la compétition des images, à la concurrence des marchandises. Ainsi, Macron se place hors langage. Chacun peut mettre ce qu’il veut entendre dans ce qui est dit. Il ne nous demande pas d’adhérer à un discours, mais de regarder son image et d’être en fusion avec elle.
Il n’y a plus de place pour la politique et la confrontation de points de vue divergents, mais à un abandon de sa vie privée et publique, afin de s’adapter aux changements permanents des rapports de production et à la fluidité renforcée des forces productives, c’est à dire aux exigences, constamment renforcées de la rentabilité du capital.
« En marche » vers une société « moderne-liquide »
Comme un inventaire à la Prévert ne forme pas un programme, rien n’est déterminé. Au nom de la nécessaire adaptation à la « modernité », est promue la propension à tout accepter, à renoncer à tout acquis social. Ainsi, tous les espoirs sont permis pour ses commanditaires, aucune limite n’étant fixée a priori à leurs futures exigences.
Macron s’inscrit dans une idéologie de la « société moderne-liquide » , telle qu’elle a été saisie par le sociologue Zygmunt Bauman, celle du changement permanent en vue de s’adapter à la fluidité des choses. Alors, l’absence de cohérence interne du « programme » se présente positivement, comme une possibilité d’adaptabilité constante, comme une fluidité, a priori préexistante à la conscience des choses, permettant d’intégrer toute mutation. La réforme du Code du travail réalisée par le gouvernement Hollande, dans lequel il occupait un poste clé, en est une première étape. Casser le rapport de force et la capacité de résistance des travailleurs, est la condition préalable pour réaliser l’adaptabilité permanente des travailleurs aux exigences du patronat. Non seulement Emmanuel Macron s’inscrit dans la continuité de l’action du gouvernement sortant, mais il la magnifie, lui donnant sa véritable dimension, celle de la « société liquide ». Cette dernière se caractérise par l’absence de projet précis, sinon de gouverner pragmatiquement. Ce type de gouvernementalité ne peut que donner une place encore accrue aux « experts », renforçant la tendance déjà bien affirmée de gestion de la chose publique par ordonnances, ainsi que par l’emploi de la procédure du 49-3 [1], déjà abondamment utilisée par le gouvernement sortant.
Ici, point d’alternative, le « hors-système » se résume à une capacité revendiquée d’adaptabilité à toute mutation sociale, quelle qu’elle soit. La fluidité exprimée se reflète dans le nom même de son mouvement « En marche ! », une injonction qui ne précise aucunement vers quoi elle se dirige, mais qui nous indique qu’il s’agit d’abandonner toute résistance à la machine économico-politique.
[1] L’article 49 alinéa 3 de la Constitution, dit d’« engagement de responsabilité », permet au gouvernement de faire passer le texte qu’il présente, sans vote, sous couvert du rejet de la motion de censure que l’opposition se doit de déposer pour la forme, avec peu d’espoir de réussite.
This entry was posted on 21 avril 2017 at 3:53 and is filed under actualité, militantisme alternatif, N.O.M, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, police politique et totalitarisme, politique et lobbyisme, politique et social, politique française, résistance politique, terrorisme d'état with tags dégradation sociale france, désobéissance civile, dissidence a l'oligarchie, dissidence au nouvel ordre mondial, france élection présidentielle 2017, guerre contre le terrorisme d'état, oligarchie financiere, politique française, résistance politique, société état et démocratie, terrorisme d'état. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.
21 Réponses to “Métamorphose systémique: L’histoire du Bernard-l’ermite qui change de coquille et la fin d’un système”
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21 avril 2017 à 9:10
Excellente analyse du Macron pucé par Rothschild… La meilleure qu’il m’ait été donnée à lire…
D’où ce sentiment, pour ma part, d’être face à un « ectoplasme » ou encore, d’être face à un »méca » et non un « orga » tant il semble être la « créature » entièrement créée par ses maitres…
Encore une fois merci car véritablement l’ambiance est totalement surréaliste…
Remarquez bien que pour la 1ère fois, le pouvoir régnant organise la menace sur la « présidentielle » elle-même pour renforcer les boulons et verrous de la grille planétaire qu’elle a mise en place patiemment pour nous la refermer totalement sur la tronche, le 7 mai au soir, car nous sommes toujours en état d’urgence…
Jo
21 avril 2017 à 9:49
Tenez, une info vraie vécu en live !
Au tél avec Z hier soir, mon tél fixe sonne, je ne réponds pas c’était un n° de tél commençant par 09, Z me dit si ça se trouve c’est Macaron. Et je lui dis que ça m’étonnerait vue que je ne me suis pas inscrite sur les listes électorales, à la faveur de mon déménagement. Et bien non seulement c’était bien Macron, mais de plus c’est Orange qui fourni nos numbers alors que pour ma part, je suis sur liste rouge !!!
Et mon mari de me dire qu’il avait reçu un message téléphonique de Macaron, l’invitant à taper une discussion en tapant 1… Voilà, voilà, voilà… Jo
21 avril 2017 à 10:25
à la fois pathétique, minable et grave (dans le sens de l’illégalité concernant la confidentialité)… Boycott d’Orange pas d’autre solution !! 😉
21 avril 2017 à 10:26
Ben, le problème c’est qu’en France, Orange est en position de monopole !
Et donc, aux culs des poules, pas d’autres possibilités pour le moment et ils le savent !!! 😦
21 avril 2017 à 11:21
peut-être demander à Orange comment l’autre purge de Macron a obtenu ton # de tel pour te harceler ??…
21 avril 2017 à 1:21
Macron n’a eu qu’à passer un simple coup de tél 😉
« Bonjour, c’est Emmanuel Macron au téléphone… » j’ai écouté le message, pas pu tenir au-delà…
21 avril 2017 à 1:25
Même Chouard, le futur maitre d’œuvre de FA (ou de JLM), refuse les mails même quand c’est du Pierre Clastres préfaçant Sahlins !!!
Enfin, y refuse les miens ! Quand on pense que ce M. appelait à n’exclure personne… Bah finalement si !
Signé Furax !
Jo
21 avril 2017 à 2:18
rien d’étonnant…
21 avril 2017 à 2:20
Ah ouais ?
21 avril 2017 à 2:43
chouard a jeté l’éponge, il est dans la « dissidence contrôlée », ses récentes positions le confirme, qu’il supprime ou censure ce qui dérange son « chemin » de nouvelle constitution conservant l’État n’est donc pas (plus) surprenant.
21 avril 2017 à 3:33
Juste pour autant c’est vraiment décevant. D’autant qu’avec cet « attentat » d’hier, alors qu’on est bien sous état d’urgence, on parle de déployer 50 000 policiers pour que « rien n’empêche le bon déroulement de cette journée démocratique de dimanche ! Voilà, les gens vont aller voter sous contrôle et c’est cela qui m’étonne, notamment par rapport aux anciens propos de Chouard « voter ça sert à rien, c’est abdiquer… »
21 avril 2017 à 2:44
tiens pour ton affaire de l’autre baltringue et son coup de tel:
http://www.francetvinfo.fr/elections/presidentielle/presidentielle-emmanuel-macron-passe-six-millions-de-coups-de-telephone-pour-convaincre-les-electeurs_2151361.html
21 avril 2017 à 2:59
Merci, je suis entrain de rédiger un billet, et je l’intègre, pétard 6 millions… N’empêche que tous les opérateurs lui ont refilé nos n° même ceux qui sont en liste rouge !
21 avril 2017 à 3:18
Je suis en ligne avec Orange, qui me confirme que je suis bien en liste rouge, et qui me dit qu’ils ne savent pas comme l’autre baltringue à fait pour récupérer nos n° car c’est pas eux vu qu’ils ne les communiquent jamais !!! Ahum ! Internet vient de sauter tient bizarre !
21 avril 2017 à 1:57
09 70 38 80 00 ► Bonjour c’est Emmanuel Macron…
J’vous donne le numéro après tout…
21 avril 2017 à 2:03
boycott d’orange? 5euros par mois le forfait pour un gsm, je collabore tous les jours à ce prix-là.
ici, tous les mois : )
21 avril 2017 à 10:50
Tenez, 3poings2crochets vient de me transmettre leur dernière production « le temps de choisir », je les relaye depuis le 1er jour ;
21 avril 2017 à 11:23
on ne peut pas lire 50% des videos de dailymotion.. celle là en fait partie…
21 avril 2017 à 1:26
Ah merde, et 3poings2crochets ne travaille que sous DM…
Y parle de GlenCore et également du financement d’Hitler par Wall Street !
Je leur envoie quasi tous mes billets faut dire…
21 avril 2017 à 6:12
[…] sur le cas Macron, avec l’analyse de Jean-Claude Paye sur Voltairenet.org relayée par Résistance71 qui précise ceci en préambule […]
14 février 2020 à 4:57
[…] encore, sur le cas Macron, avec l’analyse de Jean-Claude Paye sur Voltairenet.org relayée par Résistance71 qui précise ceci en préambule […]