Société contre l’État: Comment l’étatisme colonialiste a pourri la gouvernance autonome indigène en Amérique du Nord…
L’exemple Iroquois (parmi d’autres), significatif car la société iroquoise était traditionnellement parfaitement organisée dans une confédération autonome, souveraine et non-étatique.
L’occident pourrit tout ce qui entre à son contact et détruit, élimine ce qu’il ne comprend pas et donc n’accepte pas…
— Résistance 71 —
Serviteurs du peuple
John Kane
11 Septembre 2013
url de l’article original:
http://www.letstalknativepride.blogspot.jp/2013/09/servants-of-people.html
et
http://tworowtimes.com/opinions/columns/lets-talk-native/servants-of-the-people/
~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~
C’était un honneur réservé à ceux qui avaient déjà prouvé à la fois leur volonté de servir mais aussi leur efficacité à le faire. Ceci était notre concept, unique de part le monde, mais qui avait un très fort sens de droiture et de rectitude que beaucoup aimerait dire qu’elle est leur. Bien sûr, affirmer quelque chose et ce qui est vraiment ne sont pas toujours la même chose.
La partie la plus folle de cette histoire est que nous n’utilisons plus ce concept ou même cette expression. Les Américains n’ont jamais vraiment bien compris ce concept, mais jusqu’à aujourd’hui, ils réfèrent ceux élus ou en charge comme étant dans le “service public”, mais ceci ne sont que des mots. Que nous est-il arrivé ? Ceux qui maintenant arrivent “en fonction” ou possède un “titre”, s’appellent eux-mêmes les “leaders tribaux”. Ils clâment une autorité venant de nulle part, gagnent grassement leur vie, et laissent la politique, la diplomatie, la défense de la souveraineté à des avocats, des consultants et des lobbyistes, qui pour la vaste majorité ne sont pas autochtones. Pire même. Alors qu’ils clâment une autorité illégitime et délèguent des “professionnels” pour faire leur travail, ils enlèvent le pouvoir du peuple et piétinent ses droits de naissance.
Attention, ceci ne se passe pas dans le vide. L’attitude du laisser-faire, j’en foutiste des gens permet à ceci de se produire. Le fait même qu’un mouvement comme Idle No More ait pu prendre est une reconnaissance de l’évidence que les gens ont été passifs et invisibles bien trop longtemps.
Il doit aussi être clair que ceci n’est pas juste un commentaire sur les “gouvernements élus”. Quiconque suggère les vertus du “système de chefferie” comme certain voudrait faire croire qu’il existe aujourd’hui ou parle de manière romantique de ce qu’il fut dans le passé, prouve déjà mon point de vue. La Grande Loi de la Paix, Kaianereh:kowa des Haudenosaunee (Confédération Iroquoise) n’a JAMAIS appelé pour un “système de chef”. Le processus qui fut méticuleusement mis en place et représenté par la ceinture wampum Haiwentha, le wampum cercle et bien d’autres images est un “système de clan”. Ce processus lent et délibéré a donné le pouvoir au peuple, a mis en place les responsabilités partagées des hommes et des femmes et a clairement défini les rôles de ces hommes et de ces femmes qui seront placés au service de leur peuple.
Mais aujourd’hui, les chefs, présidents, PDG, fiduciaires, conseillers et même les gardiens de la foi et les mères de clan sont sélectionnés au travers de quelque processus que ce soit, par une petite fraction des populations que ces personnes affirment “mener”. Ils deviennent “reconnus fédéralement” au travers du BIA (Bureau of Indian Affairs) aux Etats-Unis ou des Affaires Indiennes au Canada et en l’absence de leur propre “autorité constitutionnelle” se reposent sur cette “reconnaissance” pour affirmer leur autorité non pas de serviteurs de leurs peuples mais comme leurs “leaders”.
Quelques uns de ces “leaders” gagnent plus en une journée que la plupart des gens de leur peuple en une semaine, et ce sans aucune demande de rendre compte du temps passé et de ce qu’ils ont effectivement fait. Une fois en poste, plus de temps est passé à sécuriser cette fonction, que de faire le boulot que requiert la fonction.
Serviteurs du peuple ? Je l’ai déjà dit auparavant que lorsque gagner une élection ou une nomination ressemble à gagner à la lotterie, alors la question qui doit être posée est la suivante: Qui sert qui ? Quand avez-vous vu pour la dernière fois un “leader tribal” se déplacer pour demander ce que vous pensez de tel ou tel problème ou simplement comment allez-vous ? Je suspecte qu’à moins qu’il ne s’agisse d’un membre de votre famille siégeant au conseil, probablement jamais. Quand les avez-vous entendu pour la dernière fois référer à eux-mêmes comme les “serviteurs du peuple”? Quand fut la dernière fois qu’ils servirent à quelque chose ?
On m’a dit récemment que les gens ont besoin de leaders et qu’il veulent être dirigés. Je ne suis pas du tout d’accord. J’ai trouvé que les gens veulent être encouragés et avoir leur mot à dire et pouvoir décider. Ils veulent savoir qu’ils comptent pour quelque chose et qu’il y a une place pour eux dans le processus de prise de décisions. Ils veulent lutter pour leur souveraineté et être la force derrière la diplomatie de “leurs serviteurs” et non pas être les derniers à savoir ce que les avocats et les lobbyistes payés par leurs “leaders” ont perdu dans la toute dernière négociation ou bataille légale.
J’ai vu ce que des “leaders” puissants font. Ils deviennent riches, célèbres et sont félicités par les gouvernements non-autochtones et les institutions pendant que la dépendance dans les revenus des casinos ou des programmes gouvernementaux augmente, que la souveraineté est grignotée centimètre par centimètre et que le processus d’assimilation dans les sociétés dominantes continuent de plus belle.
Beaucoup sont en fait déjà devenus fatalistes sur ce que les choses sont, mais ces flashes brefs de la mise en pouvoir des peuples sont visibles en certaines occasions. Les peuples ont besoin d’être le pouvoir tous les jours.
Nous n’avons pas besoin de leadership…
Nous avons besoin de participation !
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