Oraison funèbre pour une chienne du capitalisme…

Nous avions pensé lors de la mort récente de la harpie criminelle Thatcher, de lui tailler une oraison funèbre de derrière les fagots afin de l’accompagner au panthéon du crime international, mais nous nous sommes abstenus… Non pas par peur de l’ampleur de la tâche, mais parce que nous savions qu’un costard sur mesure allait lui être taillé par un de ses ennemis de toujours, un de ceux qui a été au cœur du reportage des ignominies de l’ère Thatcher: John Pilger.

Mûrement pensée, savamment écrite, comme seul Pilger sait le faire dans son style inimitable et caratcéristique, la voici: oraison funèbre pour une chienne du capitalisme, une des plus belles ordures occidentales de l’après guerre…

Merci Mr Pilger

— Résistance 71 —

 

Dansez sur la tombe de Thacher, mais rappelez-vous qu’il y a eu un coup d’état en Grande-Bretagne

 

John Pilger

 

25 April 2013

 

url de l’article original:

http://johnpilger.com/articles/dance-on-thatcher-s-grave-but-remember-there-has-been-a-coup-in-britain

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Dans le sillage du départ de Thatcher, je me rappelle de ses victimes. La fille de Patrick Warby, Marie, fut l’une d’entre elles. Marie, âgée de cinq ans, souffrait d’une déformité intestinale et avait besoin d’un régime alimentaire spécial. Sans lui, la douleur était abominable. Son père était un mineur de Durham et avait utilisé toutes ses économies. C’était l’hiver 1985, la grande grève avait été lancée depuis près d’un an et la famille était ruinée. Bien que son éligibilité ne fut pas niée par le département de la sécurité sociale, on refusa une aide à Marie. Plus tard, j’ai obtenu les archives du cas qui montrèrent que Marie avait eu son cas refusé parce que son père était sous le coup “d’un conflit du travail”.

La corruption et l’inhumanité durant l’ère Thatcher n’ont connu aucune limites. Quand elle arriva au pouvoir en 1979, Thatcher demanda un embargo complet sur les exportations de lait vers le Vietnam. L’invasion américaine avait laissé plus d’un tiers des enfants vietnamiens mal nourris. Je fus le témoin de beaucoup de visions d’horreur, incluant des bébés devenant aveugles à cause du manque de vitamines. “Je ne peux pas tolérer ceci”, disait un médecin angoissé dans un hôpital pédiatrique de Saïgon, alors que nous regardions mourir un jeune garçon. Oxfam et Save the Children avaient expliqué au gouvernement britannique la gravité de la situation et de l’urgence. Un embargo mené par les Etats-Unis avait forcé une hausse des prix du kilo de lait de plus de dix fois celui du kilo de viande. Beaucoup d’enfants auraient pu recouvrer la santé avec le lait. L’embargo de Thatcher fut maintenu.

Au Cambodge voisin, Thatcher a laissé une autoroute de sang, secrètement. En 1980, elle demanda que le régime défunt et défait de Pol Pot, tueur de 1,7 millions personnes, garde son “droit” de représenter ses victimes à l’ONU. Sa politique était une vengeance à l’égard du libérateur du Cambodge: le Vietnam. Le représentant britannique reçut les instructions de voter avec Pol Pot à l’OMS, ainsi empêchant celle-ci de donner de l’aide là où elle était la plus nécessaire sur terre à cette époque.

Pour cacher cette ignominie, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Chine, les soutiens principaux de Pol Pot, inventèrent une “coalition de résistance”, dominée par les forces Khmers Rouges de Pol Pot et soutenue, suppléée par la CIA dans des bases le long de la frontière thaïlandaise. Il y avait un grain de sable. A la suite de l’affaire de l’Irangate et de la débâcle politique des armes pour les otages, le congrès américain avait interdit toutes les aventures de politique étrangère. “Dans un de ces accords que ces deux aimaient faire”, a dit un vétéran de Whitehall au Sunday Telegraph, “le président Reagan demanda à Thatcher que le SAS britannique prenne en charge l’affaire cambodgienne. Elle accepta sans problème.”

En 1983, Thatcher envoya le SAS britannique pour entraîner la “coalition” dans sa forme si distinctive de terrorisme. Des équipes constituées de 7 hommes du SAS arrivèrent de Hong Kong et les soldats britanniques se mirent à entrainer les “combattants de la résistance” en leur apprenant à poser des champs de mines anti-personnelles dans un pays dévasté par le génocide et ayant à cette époque le plus haut taux de mortalité au monde par mines anti-personnels.

J’ai rapporté ceci à cette époque et plus de 16 000 personnes écrivirent à Thatcher des lettres de protestation. “Je confirme”, répondit-elle au leader de l’opposition Neil Kinnock, “qu’il n’y a aucune implication du gouvernement britannique en ce qui concerne l’entrainement, l’équipement ou la coopération avec les Khmers Rouges ou leurs alliés.” Le mensonge était époustoufflant. En 1991, le gouvernement de John Major a admit au parlement que le SAS avait bel et bien entrainé la “coalition”. “Nous aimons les britanniques”, m’avait déclaré plus tard un combattant Khmer Rouge. “Ils sont très bons à nous apprendre comment faire des pièges, booby traps. Des gens sans méfiance, comme les enfants dans les rizières, sont les principales victimes.”

Quand les journalistes et les produceurs du documentaire référence d’ITV, “Death on the Rock”, exposèrent comment le SAS avait contrôlé les autres escadrons de la mort de Thatcher en Irlande et à Gibraltar, ils furent harcelés par les “journalistes” de Ruppert Murdoch, se planquant alors derrière les barbelés de Wapping. Bien qu’exonérée, Thames TV perdit sa franchise ITV.

En 1982, Le croiseur argentin, General Belgrano, patrouillait en dehors de la zone d’exclusion maritime des Falklands. Le vaisseau ne posait aucune menace et pourtant Thatcher ordonna qu’il fut coulé. Il y eu 323 victimes, des marins dont beaucoup étaient des conscrits de moins de vingt ans. Le crime avait une certaine logique. Parmi les plus proches alliés de Thatcher figuraient des tueurs en série comme Pinochet du Chili ou Suharto d’Indonésie, “responsables de la mort de plusieurs millions de personnes” (Amnesty International). Bien que l’état britannique ait armé depuis longtemps les plus grandes tyrannies au monde, ce fut Thatcher qui amena un zèle de croisade dans les contrats, vantant les meilleurs points techniques des moteurs d’avion de combat avec des princes saoudiens durs en affaire et demandeurs de pots-de-vin. Je l’ai filmé dans un salon de l’armement, caressant un missile rutilant et disant: “Je prendrai un de ceux-ci”.

Dans son enquête des armes pour l’Irak, Lord Richard Scott a entendu des preuves qu’un segment entier du gouvernement Thatcher, de hauts-fonctionnaires aux ministres, avaient menti et enfreint la loi en vendant des armes à Saddam Hussein. Ils étaient ses “p’tits gars”. Feuilletez les vieux numéros du Bahdad Observer et on y voit les photos de ses p’tits gars, la plupart membres de cabinets ministériels, sur la couverture, assis avec Saddam sur son fameux divan blanc. Il y a là Douglas Hurd, un David Mellor rayonnant, lui aussi du ministère des affaires étrangères et ce vers l’époque où leur hôte avait ordonné la gazage de quelques 5 000 Kurdes. Suivant cette atrocité, le gouvernement Thatcher doubla les crédits de Saddam.

Peut-être est-il trop facile de danser sur sa tombe. Ses funérailles furent une opération de propagande digne d’un dictateur: un show absurde de militarisme dégoulinant, comme si un coup d’état venait d’avoir lieu. Et il a eu lieu. “Son véritable triomphe”, a dit un autre des ses p’tits gars, Geoffrey Howe, un ministre de Thatcher, “a été de ne pas avoir transformé un parti politique, mais deux, ainsi lorsque le parti travailliste retourna aux affaires, le gros du boulot du thatchérisme était accepté comme étant irréversible.”

En 1997, Thatcher fut le premier ex-premier ministre à visiter Tony Blair après qu’il fut entré à Downing Street. Il y a une photo d’eux, unis en un rictus: le criminel de guerre bourgeonnant et son mentor. Lorsque Ed Milliband, dans son “tribut” onctueux, caricatura Thatcher comme une “brave” héroïne du féminisme, dont il honorait personnellement les résultats, alors vous saviez que la vieille tueuse n’était pas du tout morte.

5 Réponses to “Oraison funèbre pour une chienne du capitalisme…”

  1. shana23 Says:

    Ce que je n’ai jamais compris : comment a-t’elle pu être réélue, elle a tenu 11 ans tout de même, malgré tout ceux qui étaient contre elle…?!

    • L’opposition était muselée et le parti travailliste (PS anglais) était influencé par le thatchérisme, c’était l’époque de l’école économique néolibérale de Chicago, Milton Friedman et la clique d’imbéciles heureux dans son sillage, dont nous subissons toujours le joug aujourd’hui.
      L’opposition n’est même plus de façade aujourd’hui.. Elle est dans le même camp. Les « socialistes » n’ont de socialistes que le nom, ce ne sont que des suppots du capitalisme monopoliste forcené qui règne en maître absolu… pour l’instant, rien n’est inéluctable… sauf la mort.

  2. Ratuma Says:

    Le lait n’est pas nécessaire et même nocif, surtout pour les asiatiques – mais il fallait des protéines, de la nourriture – car c’est irréversible le manque pour les bébés –

    quant aux socialistes ……….. C’est bien ça ………

    Aujourd’hui le pays du goulag levant doit faire attention :

    http://www.naturalnews.com/040192_Hanford_nuclear_facility_radiation_leak_Washington_state.html

  3. Lemon Incest
    http://www.lejournaldepersonne.com/2013/05/lemon-incest/

    Il m’a fait renoncer à mon modeste bureau et m’a installé dans ce studio.
    Sous prétexte que ça cadre plus avec l’info scénario.
    Il m’a fait d’abord des avances, puis il a fini par prendre les devants
    Oui… il a abusé de moi… Il a disposé de moi…
    Il m’a utilisé à sa guise comme on utilise n’importe quelle marchandise!
    Sa perversion c’est quelque chose :
    Il voulait que je sois un sujet libre et mécontent et trouver le moyen de me transformer en objet content et consentant.
    Il m’a même poussé à faire le trottoir rien que pour voir jusqu’à quel point j’étais en son pouvoir.
    Pour lui le rêve américain c’est le lot de tout un chacun.
    Rêver d’être grand toute sa vie, quitte à rester toujours petit !
    Il était exécrable dans sa logique comme dans sa politique…
    Il disait toujours que l’argent était le nerf de la guerre.
    On fait la guerre pour se payer d’autres guerres. C’est du poker.
    L’amour est un mot, le sexe seul est réel. La politique c’est du paraître, l’économie, en revanche, c’est l’être adossé au verbe avoir…
    Dieu, un épiphénomène… il ne faut surtout pas qu’il la ramène!
    C’est comme ça qu’il gère ses employés, en leur chantant la chanson des lendemains qui chantent…
    Il les torture par l’espérance… en leur faisant ressentir que le paradis est en eux. L’enfer c’est les autres…
    Que vive la concurrence, la compétition, l’intenable cadence….
    Et tout le monde se crève pour un rêve que nul n’est assuré de réaliser.
    Dans son usine, il y a beaucoup d’immigrés, des clandestins des sans papiers qu’il encourage à persévérer dans l’être, à mettre le paquet pour avoir droit à un ticket d’entrée au monde de l’exploitation de l’homme par l’homme…
    Le seul monde où il est permis d’espérer… de prospérer…
    Son idéologie est abominable, sans langue de bois, ni foi, ni loi :
    Le plein emploi est impossible dit-il sauf pour les demeurés, le chômage seul est possible, réel et nécessaire… parce qu’il autorise le chantage au licenciement… le jeu des chaises musicales.
    Marche ou crève, il n’y a pas d’autre façon pour faire travailler les gens.
    Le chômage, c’est la clef de voûte de tout l’édifice. La base qui ne profite qu’au sommet…
    Il était plutôt subtil dans son argumentaire : il ne leur disait pas : travailler plus pour gagner plus. Mais produisons plus pour vendre plus, parce que c’est dans la nature de notre fonction de multiplier les marchés en créant de nouveaux besoins…
    Pour que ça consomme et pour que ça se consume …
    Pour ne pas mourir, il faut faire mourir.
    Ne lui parlez surtout pas de déficit, sinon il vous traitera de crétin. Le déficit c’est son satisfecit. Ça justifie sa distribution inéquitable et ses dessous de table.
    L’austérité ne veut dire qu’une chose : que ce sont les autres qui doivent miser.
    La belle devise : ni dieu, ni maître excepté cette roue qu’il fait tourner sur elle-même pour produire des richesses, qui ne sont rien sans les misères qu’elles génèrent.

    Vous voulez savoir ce qu’il fabrique dans son usine ?
    Des pauvres en quantité, des quantités de pauvres.
    Il fragilise économiquement pour régner politiquement.

    Comment s’appelle mon bourreau ?
    LE CAPITALISME, l’athée qui a vendu l’éternité…

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