Média et propagande: la question du nucléaire iranien sciemment exagérée

Nous avons traduit ici un résumé d’article récent de Seymour Hersch, célèbre journaliste d’enquête américain, l’homme des fameux « documents du pentagone », qui contribua à pousser plus avant l’opinion publique américaine contre la guerre du Vietnam.

— Résistance 71 —

 

L’Iran et la bombe

 

A quel point est la menace nucléaire réelle ?

 

par Seymour M. Hersh

 

Le 6 Juin 2011

 

 

 

url de l’article original:

http://www.newyorker.com/reporting/2011/06/06/110606fa_fact_hersh

 

Résumé : Les archives de la sécurité nationale sur la question de savoir si le programme nucléaire de l’Iran a été exagéré: l’Iran est-il en train d’essayer de développer un armement nucléaire ? Les membres de l’administration Obama parlent souvent d’une telle manière que la conclusion en est évidente, tout comme le firent leurs prédécesseurs sous George W. Bush.

Il y a néanmoins un ensemble de preuves, incluant quelques rapports du renseignement américain au plus haut niveau qui suggère que les Etats-Unis pourraient être en danger de commettre une erreur similaire que celle qui fut faite avec Saddam Hussein il y a huit ans, permettant à des angoisses quant à la politique d’un régime tyrannique de défigurer nos évaluations des capacités militaires et des intentions d’un état.

Les deux estimations du renseignement national (NIEs) les plus récentes sur le progrès de l’Iran à produire une bombe nucléaire nous disent que l’Iran n’a rien tenté à cet égard depuis 2003. Depuis, l’Iran a lourdement investi dans la technologie nucléaire. Il a triplé son nombre de centrifugeuses nucléaires ces quatre dernières années et maintient un site d’enrichissement principal à Natanz; site qui est profondément enterré sous-terre.

Les inspecteurs de l’agence internationale pour l’énergie atomique (IAEA) ont exprimé leur frustration avec le niveau de coopération de l’Iran, mais n’ont pas été capables de trouver quelque preuve que ce soit suggérant que l’Uranium enrichi a été détourné vers un programme d’armement illicite.  La mi-Février, le lieutenant général James Clapper, directeur du renseignement national a donné au parlement et au sénat une mise à jour de leur évaluation sur le programme nucl´áire iranien. Un rapport d’évaluation datant de 2007 avait créé consternation et colère au sein de l’administration Bush et au congrès en stipulant en conclusion “qu’ils étaient hautement confiant” que l’Iran avait arrêté son programme militaire nucléaire en 2003.

Patrick Lang et le lieutenent général Ronald Burgess Jr de l’agence de renseignement de la défense et le conseiller à la sécurité nationale d’Obama Thomas Donilon ont dit dans un discours le 12 Mai que les Etats-Unis continueraient leur politique agressive de sanction jusqu’à ce que l’Iran prouve que ses intentions d’enrichissement d’uranium sont paisibles et remplissent toutes les conditions du traité de non-prolifération.

Obama a été prudent dans ses avertissements publics concernant les conséquences d’une bombe iranienne, mais il a, ainsi que d’autres au sein de son administration, souvent surévalué le renseignement sur les intentions iraniennes. D’après Robert Einhorn, Israël voit l’Iran comme une menace existentielle.

Quoiqu’il en soit, la plupart des experts israéliens sur la non-prolifération sont d’accord pour dire que l’Iran n’a pas à l’heure actuelle d’arme atomique. Une bordée de négociations il y a cinq mois entre l’Iran et l’occident, d’abord à Genève, puis à Istanbul, n’apporta que peu de progrès quant à la situation. L’interminable stress politique entre Washington et Téhéran a promu une réflexion non conventionnelle.

Une des approches, promue par l’ambassadeur retraité Thomas Pickering et d’autres, voit une acceptance du programme nucléaire iranien en essayant de l’internationaliser et en offrant à l’Iran un bon  nombre d’avantages. Pickering et ses associés sont convaincus que la solution à cette impasse nucléaire est de convertir le programme d’enrichissement nucléaire iranien en un effort multi-national.

Ceci fut mentionné dans un essai de Pickering, Jim Walsh et William Luers en 2008 dans la revue littéraire new yorkaise.

Mohamed El Baradei, prix Nobel de la Paix avec l’IAEA et qui est maintenant candidat à la présidence de l’Egypte, a passé douze ans comme directeur de l’IAEA ne se retirant qu’il y a deux ans. Dans une interview récente il a déclaré: “Je ne crois pas que l’Iran représente une menace réelle et immédiate. Tout ce que je vois est l’exagération de la menace possible représentée par l’Iran.”

 

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