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Invasion zapatiste de l’Europe, rencontres rebelles fructifiantes… Que la fête commence !

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“L’invasion zapatiste” commence !

Jérôme Baschet

27 avril 2021

Source: https://www.lavoiedujaguar.net/L-invasion-zapatiste-commence

Cela avait été annoncé il y a six mois ; maintenant, nous y sommes.

Le voyage zapatiste vers l’Europe a commencé.

La « conquête inversée » a bel et bien débuté.

Lorsque, le 5 octobre 2020, les zapatistes ont publié leur communiqué « Une montagne en haute mer », la surprise fut considérable, à l’annonce d’une tournée de l’EZLN (Ejército Zapatista de Liberación Nacional) sur les cinq continents, en commençant par l’Europe.

Il faut dire que, si les zapatistes n’ont pas été avares d’initiatives tant au Chiapas qu’à l’échelle du Mexique (avec par exemple la Marche de la couleur de la terre, il y a tout juste vingt ans), c’est presque la première fois (à une petite exception près en 1997) qu’ils sortent des frontières de leur pays.

Puis, le 1er janvier dernier, ils ont écrit et cosigné avec des centaines de personnes, collectifs et organisations une « Déclaration pour la vie » exposant les raisons de ce voyage : contribuer à l’effort pour que les luttes contre le capitalisme — qui sont indissociablement des luttes pour la vie — se rencontrent dans la pleine conscience de leurs différences et loin de toute volonté d’homogénéisation ou d’hégémonie.

Au cours de ces six derniers mois, un ample processus d’organisation s’est mis en place à l’échelle européenne, mais aussi dans chaque pays ou « géographie », selon la terminologie zapatiste. Une coordination francophone a ainsi vu le jour, puis, en son sein, huit coordinations régionales fédérant collectifs et initiatives locales. Dans le même temps, l’EZLN a confirmé que se préparait une ample délégation composée de plus d’une centaine de ses membres, aux trois quarts des femmes, et qu’elle serait en outre accompagnée par des membres du Congrès national indien – Conseil indien de gouvernement, qui regroupe des luttes indiennes de tout le Mexique, ainsi que par une délégation du Front des peuples en défense de l’eau et de la terre de Morelos, Puebla et Tlaxcala, s’opposant à la mise en service d’une double centrale thermoélectrique qui menace de détourner les ressources en eau indispensables aux paysans de la région [1].

Le 10 avril dernier — anniversaire de l’assassinat d’Emiliano Zapata — était annoncé le départ de la première partie de la délégation zapatiste, destinée à faire le voyage par la voie maritime. On s’attendait à la voir sortir, ce jour-là, du caracol [2] de Morelia, où ses membres se préparaient depuis des mois. Il y eut bien alors un rituel en bonne et due forme, avec musique traditionnelle, encens et gestes de purification (limpia), sur la réplique d’une proue de navire ; mais la montagne ne s’est pas pour autant déplacée [3]. En effet, il a été annoncé que la délégation se plaçait en quarantaine pendant quinze jours afin d’être assurée de ne pas quitter les territoires zapatistes en étant porteuse d’un autre virus que celui de la rébellion — un choix qui réitère la décision de l’EZLN de prendre (par soi-même et loin de toute injonction étatique) toutes les mesures de précaution sanitaire requises pour éviter la propagation du SARS-CoV-2, ce qui l’avait conduit à déclarer, dès le 15 mars 2020, une alerte rouge et à fermer l’accès à tous les caracoles zapatistes.

On apprit aussi que cette délégation maritime avait été baptisée « Escadron 421 », parce qu’elle est composée de quatre femmes, de deux hommes et d’une personne transgenre (« unoa otroa », dans le lexique zapatiste), présenté·e·s individuellement dans un communiqué du sous-commandant Galeano [4]. Après une nouvelle fête de départ, le dimanche 25, avec exposition de nombreuses peintures et sculptures, paroles d’encouragement du conseil de bon gouvernement et bal populaire [5], ce lundi 26 avril est donc le jour de leur départ effectif de Morelia. De là, ils rejoindront un port mexicain où les attend le bateau dénommé « La Montagne » et, le 3 mai, largueront les amarres pour la traversée de l’Atlantique. L’Escadron 421 sera alors soumis aux impondérables océaniques, sous la compétente conduite de l’équipage du navire. Il devrait arriver en vue des côtes européennes dans la seconde moitié du mois de juin (le pays ne sera connu que plus tard).

Parallèlement, ces derniers jours, de petites fêtes étaient organisées au son des tambours et des encouragements de toutes sortes pour accompagner le départ d’autres membres de la délégation zapatiste qui quittaient leurs villages de la forêt Lacandone, parfois dans des pirogues permettant de descendre les rivières de cette région tropicale, proche de la frontière du Guatemala [6]. Elles et eux feront partie des groupes de la délégation zapatiste qui, en avion cette fois, rejoindront le vieux continent à partir du début juillet.

Commenceront alors des mois d’intenses activités, de rencontres et d’échanges dans toute l’Europe, puisque les zapatistes ont annoncé avoir reçu et accepté des invitations émanant de très nombreuses « géographies » : Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, Catalogne, Sardaigne, Chypre, Croatie, Danemark, Slovénie, État espagnol, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Italie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Pays basque, Pologne, Portugal, Royaume-Uni, Roumanie, Russie, Serbie, Suède, Suisse, Turquie, Ukraine.

Ce sont des centaines de rencontres et d’activités qui ont été proposées aux zapatistes et sont actuellement en cours de préparation. Les collectifs et organisations concernés les feront connaître le moment venu. Il est possible qu’il y ait des rassemblements amples, impliquant toutes les luttes de la période actuelle, des Gilets jaunes aux ZAD et autres résistances territoriales contre les grands projets destructeurs, des collectifs féministes à toutes les formes de soutien aux migrants, des luttes contre les violences policières à celles qui visent à défaire les dominations coloniales, des réseaux d’entraide dans les métropoles aux régions rurales où s’esquissent d’autres manières de vivre, sans oublier la mobilisation prioritaire à laquelle nous obligent, comme le soulignent les zapatistes, les sanglots tragiques de notre planète blessée. La liste est longue (et ici incomplète) au sein de la galaxie des rébellions contre tous les aspects de la barbarie capitaliste et des résistances pour faire émerger d’autres mondes plus désirables.

Surtout, les zapatistes ont expliqué qu’ils venaient pour échanger — c’est-à-dire pour parler et, plus encore, pour écouter — avec toutes celles et ceux qui les ont invités « pour parler de nos histoires mutuelles, de nos douleurs, de nos rages, de nos réussites et de nos échecs » [7]. Des rencontres à petite échelle, pour prendre le temps de se connaître et commencer à apprendre les un·e·s des autres. Cela fait bien longtemps que les zapatistes insistent sur le fait que nos luttes ne peuvent rester isolées les unes des autres, soulignant la nécessité de construire des réseaux planétaires de résistance et de rébellion. Il est inutile de rappeler ici toutes les rencontres internationales qu’ils ont organisées au Chiapas, depuis la Rencontre intercontinentale pour l’humanité et contre le néolibéralisme (dite « Intergalactique »), en 1996, jusqu’au séminaire « La pensée critique contre l’hydre capitaliste », en 2015 [8]. Mais on peut noter qu’en août 2019, au moment d’annoncer une nouvelle avancée de l’autonomie, avec la création de quatre nouvelles communes autonomes et de sept nouveaux conseils de bon gouvernement, ils avaient précisé qu’ils ne proposaient plus d’organiser de grandes rencontres, mais plutôt de faire des « réunions avec les groupes, collectifs et organisations qui travaillent [luttent] dans leurs géographies » [9]. Il n’était pas alors question de voyage sur les cinq continents, mais celui-ci pourrait être — en plus d’autres raisons d’entreprendre un tel périple — une manière d’engager ce processus. Mais, si une telle perspective peut résonner avec le besoin que beaucoup ressentent de tisser davantage entre les luttes existantes, il est clair qu’elle a pour préalable non seulement l’échange qui permet d’identifier ce qui est partagé sans dénier différences et divergences, mais aussi et surtout la rencontre qui crée une interconnaissance réelle.

Le voyage pour la vie sera donc l’occasion pour un nombre bien plus important de personnes de rencontrer les zapatistes et d’en apprendre davantage sur cette expérience d’autonomie et de dignité qui persévère contre vents et marées, depuis plus d’un quart de siècle. Et, espérons-le, de se laisser gagner par la contagion rebelle dont les zapatistes sont de virulents porteurs. Souhaitons donc que toutes celles et ceux qui se reconnaissent dans la Déclaration pour la vie et pour qui l’autonomie zapatiste brille fort dans le ciel de nos aspirations (et inspirations) soient prêt·e·s à les accueillir, à soutenir leur initiative itinérante (par exemple en contribuant et en faisant circuler la plate-forme de crowdfunding mise en place à cet effet), à participer, de la manière qui conviendra à chacun·e, au VOYAGE POUR LA VIE [10].

Mais revenons à l’Escadron 421. Depuis le début de l’annonce du voyage vers l’Europe, les zapatistes suggèrent qu’il s’agit de refaire à l’envers le processus de la conquête. Ils s’amusent à l’idée d’une invasion inversée (et, cette fois, consentie). C’est de l’humour, bien sûr (mais en est-on bien sûr ?) [11]. En tout cas, ils ont annoncé qu’ils seraient, le 13 août 2021, à Madrid pour célébrer à leur manière les cinq cents ans de la conquête de Mexico-Tenochtitlan par l’armée de Hernan Cortés. Les Indiens du Chiapas, comme ceux de tout le continent américain, éprouvent depuis cinq siècles dans leur chair ce que signifient la colonisation et toutes les formes de colonialisme interne et de racisme qui en sont la prolongation. Mais les zapatistes ont clairement dit qu’ils ne se rendraient pas à Madrid pour exiger que l’État espagnol ou l’Église catholique leur demande pardon. Ils refusent tout autant la condamnation essentialisante d’un « Occident » diabolisé et tout entier assimilé aux colonisateurs que l’attitude consistant à enfermer les colonisés dans la position de victimes. Au contraire, ils entendent dire aux Espagnols « qu’ils ne nous ont pas conquis [et] que nous sommes toujours en résistance et en rébellion ». Refaire le voyage à l’envers, c’est déjouer une histoire toute faite, qui assigne des positions figées et univoques aux vainqueurs et aux vaincus. Il s’agit d’ouvrir par effraction la possibilité d’une autre histoire.

Lorsque la délégation maritime zapatiste touchera terre en un point encore inconnu du continent européen, c’est Marijose, « unoa otroa » de l’Escadron 421 qui débarquera en premier. Voici comment le sous-commandant Galeano décrit par avance la scène, en une inversion du geste par lequel Christophe Colomb — qui pourtant n’a pas débarqué, le 12 octobre 1492, en conquérant ni même en découvreur, puisqu’il ne cherchait au contraire qu’à retrouver les terres déjà connues du Japon et de la Chine — s’est empressé de planter sa croix et d’imposer le nom de San Salvador à l’île de Guanahaní :

Ainsi, le premier pied à se poser sur le sol européen (bien sûr, si on nous laisse débarquer) ne sera ni celui d’un homme ni celui d’une femme. Ce sera celui d’un·e autre.

Dans ce que le défunt SupMarcos aurait décrit comme « une gifle avec un bas noir pour toute la gauche hétéropatriarcale », il a été décidé que la première personne à débarquer sera Marijose.

Dès qu’elle·il aura posé les deux pieds sur le sol européen et se sera remis·e du mal de mer, Marijose criera :

« Rendez-vous, visages pâles hétéropatriarcaux qui persécutez ce qui est différent ! »

Nan, je plaisante. Mais ça serait bien qu’il·elle le dise, non ?

Non, en descendant à terre, l@ compa zapatiste Marijose dira d’une voix solennelle :

« Au nom des femmes, des enfants, des hommes, des anciens et, bien sûr, des zapatistes autres, je déclare que le nom de cette terre, que ses natifs appellent aujourd’hui “Europe”, s’appellera désormais : SLUMIL K’AJXEMK’OP, ce qui signifie “Terre rebelle”, ou “Terre qui ne se résigne pas, qui ne défaille pas”. Et c’est ainsi qu’elle sera connue des habitants et des étrangers tant qu’il y aura ici quelqu’un qui n’abandonnera pas, qui ne se vendra pas et qui ne capitulera pas. »

Bienvenue, compañeroas, compañeras y compañeros zapatistas, dans les diverses géographies du continent bientôt renommé Slumil K’ajxemk’op.

Paris, 25-26 avril 2021

Jérôme Baschet

Source : LundiMatin

26 avril 2021.

P.-S.

[mise à jour : le communiqué « La route d’Ixchel », publié ce 26 avril après la parution du présent article, précise que « La Montaña » doit quitter le Mexique depuis Isla Mujeres, pour arriver en vue des côtes européennes à Vigo (Galice)]

Notes

[1] « Au Mexique, les zapatistes du Chiapas s’opposent aux grands projets nuisibles ».

[2] Escargot, en espagnol. Nom des centres régionaux où siègent les « conseils de bon gouvernement » de l’autonomie zapatiste et où ont lieu notamment les rencontres nationales et internationales organisées par l’EZLN.

[3] « En route vers l’Europe… ».

[4] « Escadron 421 ». On y apprend aussi que cette délégation maritime devait être composée de vingt personnes, mais que les autres n’ont pas réussi à vaincre les obstacles mis à l’obtention de leur passeport. NB : L’Escadron 201 est une unité aérienne mexicaine ayant participé à la Seconde guerre mondiale.

[5] « Réveillez-vous ! » et « Escuadrón 421, la delegación Zapatista : “¡Semillas llevamos, semillas dejamos, semillas germinarán !” ».

[6] « Et pendant ce temps, dans la selva Lacandone… »

[7] « En route vers l’Europe… ».

[8] Voir : « Zapatisme ».

[9] « Et nous avons brisé l’encerclement », voir aussi : « Ici, le peuple dirige, le gouvernement obéit » : au Mexique, le zapatisme est bien vivant.

[10] Les coordinations régionales peuvent être contactées aux adresses suivantes :

Centre Val de Loire : zapatista-centrevaldeloire@siberry.fr

Coordination Nord : zalig@herbesfolles.org

Coordination Nord-Est : zapat-est@riseup.net

Coordination Nord-Ouest : coordnordouest@lists.riseup.net

Coordination Île-de-France : comcomzap-idf@riseup.net

Coordination Auvergne – Rhône-Alpes : zap21_auv_rhon_alp@lists.riseup.net

Coordination PACA : pacaz@riseup.net

Coordination Sud-Ouest : contact-coordSudOuest@riseup.net

La coordination francophone à cette adresse : zap_2021_fr_contact@lists.riseup.net

Et pour la Belgique francophone : razb@collectifs.net

[11] Lors de la fête du 25 avril, à Morelia, des maquettes de bateaux ont été exposées, avec des noms faisant ironiquement référence aux caravelles de Christophe Colomb : « Santa Maria – La Revancha » ; « No soy Niña »…

= = =

Lecture complémentaire :

Du chemin de la société vers son humanité réalisée (Résistance 71)

Nous sommes tous des colonisés (Résistance 71)

6ème déclaratoin zapatiste de la forêt de Lacandon

Ricardo Flores Magon, textes choisis

Chiapas, feu et parole d’un peuple qui dirige et d’un gouvernement qui obéit

Rencontre au sommet…


Gilets Jaunes…


Zapatistes….

Par delà tous les antagonismes induits… La marche zapatiste sur les 5 continents en 2021 pour une société des sociétés

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Pour la vie, les Zapatatistes parcoureront les cinq continents

“Une montagne en haute mer”


Communiqué du Comité clandestin révolutionnaire indigène
Commandement général de l’Armée zapatiste de libération nationale


Mexique, 5 octobre 2020


Source: 
https://www.lavoiedujaguar.net/Sixieme-partie-Une-montagne-en-haute-mer

Au Congrès national indigène – Conseil indigène de gouvernement,
À la Sexta nationale et internationale,
Aux réseaux de résistance et de rébellion,
Aux personnes honnêtes qui résistent dans tous les coins de la planète,

Sœurs, frères, sœurs-frères,

Compañeras, compañeros, compañeroas,

Nous, peuples originaires de racine maya et zapatistes, vous saluons et vous disons que ce qui est venu à notre pensée commune, d’après ce que nous voyons, entendons et sentons.

Un. Nous voyons et entendons un monde malade dans sa vie sociale, fragmenté en millions de personnes étrangères les unes aux autres, s’efforçant d’assurer leur survie individuelle, mais unies sous l’oppression d’un système prêt à tout pour étancher sa soif de profits, même alors qu’il est clair que son chemin va à l’encontre de l’existence de la planète Terre.

L’aberration du système et sa stupide défense du « progrès » et de la « modernité » volent en éclat devant une réalité criminelle : les féminicides. L’assassinat de femmes n’a ni couleur ni nationalité, il est mondial. S’il est absurde et déraisonnable que quelqu’un soit persécuté, séquestré, assassiné pour sa couleur de peau, sa race, sa culture, ses croyances, on ne peut pas croire que le fait d’être femme signifie une sentence de marginalisation et de mort.

En une escalade prévisible (harcèlement, violence physique, mutilation et assassinat), cautionnée par une impunité structurelle (« elle le méritait », « elle avait des tatouages », « qu’est-ce qu’elle faisait à cet endroit à cette heure-là ? », « habillée comme ça, il fallait s’y attendre »), les assassinats de femmes n’ont aucune logique criminelle si ce n’est celle du système. De différentes strates sociales, d’âges qui vont de la petite enfance à la vieillesse et dans des géographies éloignées les unes des autres, le genre est la seule constante. Et le système est incapable d’expliquer pourquoi cela va de pair avec son « développement » et son « progrès ». Dans l’indignante statistique des morts, plus une société est « développée », plus le nombre des victimes augmente dans cette authentique guerre de genre.

Et la « civilisation » semble dire aux peuples originaires : « La preuve de ton sous-développement, c’est ton faible taux de féminicides. Ayez vos mégaprojets, vos trains, vos centrales thermoélectriques, vos mines, vos barrages, vos centres commerciaux, vos magasins d’électroménager — avec chaîne de télé inclue —, et apprenez à consommer. Soyez comme nous. Pour payer la dette de cette aide progressiste, vos terres, vos eaux, vos cultures, vos dignités ne suffisent pas. Vous devez compléter avec la vie des femmes. »

Deux. Nous voyons et nous entendons la nature mortellement blessée, qui, dans son agonie, avertit l’humanité que le pire est encore à venir. Chaque catastrophe « naturelle » annonce la suivante et fait oublier, de façon opportune, que c’est l’action d’un système humain qui la provoque.

La mort et la destruction ne sont plus une chose lointaine, qui s’arrête aux frontières, qui respecte les douanes et les conventions internationales. La destruction dans n’importe quel coin du monde se répercute sur toute la planète.

Trois. Nous voyons et nous entendons les puissants se replier et se cacher dans les prétendus États nationaux et leurs murs. Et, dans cet impossible saut en arrière, ils font revivre des nationalismes fascistes, des chauvinismes ridicules et un charabia assourdissant. C’est là où nous apercevons les guerres à venir, celles qui s’alimentent d’histoires fausses, vides, mensongères et qui traduisent nationalités et races en suprématies qui s’imposeront par voie de mort et de destruction. Les différents pays vivent la bataille entre les contremaîtres et ceux qui aspirent à leur succéder, qui occulte le fait que le patron, le maître, le donneur d’ordre, est le même et n’a d’autre nationalité que celle de l’argent. Tandis que les organismes internationaux languissent et se convertissent en simples appellation, des pièces de musée… ou même pas.

Dans l’obscurité et la confusion qui précèdent ces guerres, nous entendons et nous voyons l’attaque, l’encerclement et la persécution de toute lueur de créativité, d’intelligence et de rationalité. Face à la pensée critique, les puissants demandent, exigent et imposent leurs fanatismes. La mort qu’ils sèment, cultivent et récoltent n’est pas seulement la mort physique ; elle inclut aussi l’extinction de l’universalité de l’humanité elle-même — l’intelligence —, ses avancées et ses succès. De nouveaux courants ésotériques, laïcs ou non, déguisés en modes intellectuelles ou en pseudosciences renaissent ou sont créés ; et on prétend soumettre les arts et les sciences à des militantismes politiques.

Quatre. La pandémie du Covid 19 a non seulement montré les vulnérabilités de l’être humain, mais aussi la cupidité et la stupidité des différents gouvernements nationaux et de leurs supposées oppositions. Des mesures du plus élémentaire bon sens ont été sous-estimées, le pari étant toujours que la pandémie allait être de courte durée. Quand la présence de la maladie s’est prolongée de plus en plus, les chiffres ont commencé à se substituer aux tragédies. La mort s’est ainsi convertie en un nombre qui se perd quotidiennement parmi les scandales et les déclarations. Une sinistre comparaison entre nationalismes ridicules. Le pourcentage de strikes et de home runs qui détermine quelle équipe de base-ball, ou quelle nation, est meilleure ou pire.

Comme il a été précisé dans l’un des textes précédents, au sein du zapatisme nous optons pour la prévention et l’application de mesures sanitaires qui, en leur temps, ont fait l’objet de consultation avec des scientifiques femmes et hommes qui nous ont orientés et nous ont offert leur aide sans hésiter. Nous, peuples zapatistes, leur en sommes reconnaissants et nous avons voulu le montrer. À six mois de la mise en œuvre de ces mesures (masques ou leur équivalent, distance entre personnes, arrêt des contacts personnels directs avec des zones urbaines, quarantaine de quinze jours pour qui a pu être en contact avec des personnes infectées, lavages fréquent à l’eau et au savon), nous déplorons le décès de trois compagnons qui ont présenté deux symptômes ou plus associés au Covid 19 et qui ont été en contact direct avec des personnes infectées.

Huit autres compañeros et une compañera, qui sont morts durant cette période, ont présenté un des symptômes. Comme nous n’avons pas la possibilité de faire des tests, nous présumons que la totalité des douze compañer@s sont morts du dit coronavirus (des scientifiques nous ont recommandé de supposer que tout problème respiratoire serait dû au Covid 19). Ces douze disparitions sont de notre responsabilité. Ce n’est ni la faute de la 4T [1] ou de l’opposition, des néolibéraux ou des néoconservateurs, des chairos ou des fifis [2], de conspirations ou de complots. Nous pensons que nous aurions dû prendre encore plus de précautions.

À l’heure actuelle, du fait de la disparition de ces douze compañer@s, nous avons amélioré dans toutes les communautés les mesures de prévention, maintenant avec le soutien d’organisations non gouvernementales et de scientifiques qui, à titre individuel ou en tant que collectif, nous orientent sur la façon d’affronter plus fermement une possible nouvelle vague. Des dizaines de milliers de masques (conçus spécialement pour éviter qu’un probable porteur ne contamine d’autres personnes, peu coûteux, réutilisables et adaptés aux circonstances) ont été distribués dans toutes les communautés. D’autres dizaines de milliers sont produits dans les ateliers de broderie et de couture des insurgé·e·s et dans les villages. L’usage massif de masques, les quarantaines de deux semaines pour qui pourrait avoir été infecté, la distance et le lavage régulier des mains et du visage à l’eau et au savon, et la limitation autant que possible des déplacements dans les villes sont les mesures recommandées y compris aux frères et sœurs des partis pour stopper l’expansion des contagions et permettre de maintenir la vie communautaire.

Le détail de ce qu’a été et est notre stratégie pourra être consulté en temps voulu. Pour le moment nous disons, avec la vie qui palpite dans nos corps, que selon notre évaluation (sur laquelle probablement nous pouvons nous tromper), le fait d’affronter la menace en tant que communauté, et non comme un problème individuel, et de faire porter notre effort principal sur la prévention nous permet de dire, en tant que peuples zapatistes : nous sommes là, nous résistons, nous vivons, nous luttons.

Et maintenant, dans le monde entier, le grand capital veut que les personnes retournent dans les rues pour assumer à nouveau leur condition de consommateurs. Parce que qui le préoccupe, ce sont les problèmes du Marché : la léthargie de la consommation de marchandises.

Il faut reprendre les rues, oui, mais pour lutter. Parce que, nous l’avons dit auparavant, la vie, la lutte pour la vie, n’est pas une question individuelle, mais collective. On voit maintenant que ce n’est pas non plus une question de nationalités, elle est mondiale.

Nous voyons et entendons bien des choses à ce sujet. Et nous y pensons beaucoup. Mais pas seulement…

Cinq. Nous entendons et voyons aussi les résistances et les rébellions qui, même réduites au silence ou oubliées, n’en sont pas moins des clefs, des pistes d’une humanité qui se refuse à suivre le système dans sa marche précipitée vers l’effondrement : le train mortel du progrès qui avance, arrogant et impeccable, vers le gouffre. Tandis que le chauffeur oublie qu’il n’est qu’un employé parmi d’autres et croit, ingénument, que c’est lui qui décide de la route à suivre, alors qu’il ne fait que suivre la prison des rails vers l’abîme.

Résistances et rébellions qui, sans oublier les pleurs dus aux disparus, s’efforcent de lutter pour ce qu’il y a de plus subversif — qui le dirait — dans ces mondes divisés entre néolibéraux et néoconservateurs : la vie.

Rébellions et résistances qui comprennent, chacune selon sa façon, son temps et sa géographie, que les solutions ne se trouvent pas dans la foi en les gouvernements nationaux, qu’elles ne se génèrent pas à l’abri des frontières et ne revêtent ni drapeaux ni langues différentes.

Résistances et rébellions qui nous apprennent à nous, femmes, hommes, femmes-hommes zapatistes, que les solutions pourraient se trouver en bas, dans les sous-sols et les recoins du monde. Et non dans les palais gouvernementaux. Et non dans les bureaux des grandes corporations.

Résistances et rébellions qui nous montrent que, si ceux d’en haut rompent les ponts et ferment les frontières, il nous reste à naviguer sur les fleuves et les mers pour nous rencontrer. Que le remède, s’il y en a un, est mondial, et qu’il a la couleur de la terre, du travail qui vit et meurt dans les rues et les quartiers, dans les mers et les cieux, dans les montagnes et dans leurs entrailles. Que, comme le maïs originaire, ses couleurs, ses tonalités et ses sons sont multiples.

Nous voyons et nous entendons tout cela, et plus. Et nous nous voyons et nous nous entendons tels que ce que nous sommes : un nombre qui ne compte pas. Parce que la vie n’importe pas, ne fait pas vendre, elle n’est pas une nouvelle, elle ne tient pas dans les statistiques, ne se compare pas dans les enquêtes, n’est pas évaluée dans les réseaux sociaux, ne provoque pas, ne représente pas un capital politique, le drapeau d’un parti, un scandale à la mode. À qui importe qu’un petit, un tout petit groupe de gens originaires, d’indigènes, vive, c’est-à-dire lutte ?

Parce qu’il s’avère que nous vivons. Que malgré les paramilitaires, les pandémies, les mégaprojets, les mensonges, les calomnies et les oublis, nous vivons. C’est-à-dire nous luttons.

Et c’est à quoi nous pensons : nous continuons à lutter. C’est-à-dire nous continuons à vivre. Et nous pensons que, durant toutes ces années, nous avons reçu l’embrassade fraternelle de personnes de notre pays et du monde entier. Et nous pensons que, si ici la vie résiste et, non sans difficultés, fleurit, c’est grâce à ces personnes qui ont affronté les distances, formalités, frontières et différences de cultures et de langues. Grâce à elles, eux, elles-eux — mais surtout à elles —, qui ont bravé et vaincu les calendriers et les géographies.

Dans les montagnes du Sud-Est mexicain, tous les mondes du monde ont trouvé, et trouvent, une écoute dans nos cœurs. Leur parole et leur action ont été l’aliment pour la résistance et la rébellion, qui ne sont autres que la continuation de celles de nos prédécesseurs.

Des personnes suivant la voie des sciences et des arts ont trouvé le moyen de nous embrasser et nous encourager, même si c’était à distance. Des journalistes, fifis ou non, qui ont relaté la misère et la mort d’avant, la dignité et la vie de toujours. Des personnes de toutes les professions et métiers qui, beaucoup pour nous, peut-être un peu pour elles-eux, ont été là, sont là.

Et nous pensons à tout cela dans notre cœur collectif, et il est venu à notre pensée qu’il est grand temps que nous, femmes, hommes, femmes-hommes zapatistes, répondions à l’écoute, la parole et la présence de ces mondes. Ceux proches et ceux lointains dans la géographie.

Six. Et nous avons décidé ceci :

Qu’il est temps à nouveau que les cœurs dansent, et que leur musique et leurs pas ne soient pas ceux de la lamentation et de la résignation.

Que diverses délégations zapatistes, hommes, femmes et femmes-hommes de la couleur de notre terre, iront parcourir le monde, chemineront ou navigueront jusqu’à des terres, des mers et des cieux éloignés, cherchant non la différence, non la supériorité, non la confrontation, et moins encore le pardon et la compassion.

Nous irons à la rencontre de ce qui nous rend égaux.

Non seulement l’humanité qui anime nos peaux différentes, nos façons distinctes, nos langues et couleurs diverses. Mais aussi, et surtout, le rêve commun que nous partageons en tant qu’espèce depuis que, dans l’Afrique qui pourrait sembler lointaine, nous nous sommes mis en marche depuis le giron de la première femme : la recherche de la liberté qui a impulsé ce premier pas… et qui est toujours en marche.

Que la première destination de ce voyage planétaire sera le continent européen.

Que nous naviguerons vers les terres européennes. Que nous partirons et que nous appareillerons depuis les terres mexicaines, au mois d’avril de l’année 2021.

Qu’après avoir parcouru différents recoins de l’Europe d’en bas et à gauche, nous arriverons à Madrid, la capitale espagnole, le 13 aout 2021 — cinq cents ans après la prétendue conquête de ce qui est aujourd’hui Mexico. Et que, tout de suite après, nous reprendrons la route.

Que nous parlerons au peuple espagnol. Non pas pour menacer, reprocher, insulter ou exiger. Non pas pour exiger qu’il nous demande pardon. Non pas pour les servir ni pour nous servir.

Nous irons dire au peuple d’Espagne deux choses simples :

Un. Qu’ils ne nous ont pas conquis. Que nous sommes toujours en résistance et en rébellion.

Deux. Qu’ils n’ont pas à demander qu’on leur pardonne quoi que ce soit. Ça suffit de jouer avec le passé lointain pour justifier, de façon démagogique et hypocrite, les crimes actuels et qui continuent : l’assassinat de lutteurs sociaux, comme le frère Samir Flores Soberanes, les génocides que cachent des mégaprojets conçus et réalisés pour contenter le puissant — celui-là même qui sévit dans tous les coins de la planète —, l’encouragement par le financement et l’impunité des paramilitaires, l’achat des consciences et des dignités pour trente deniers.

Nous, hommes, femmes, femmes-hommes zapatistes, nous NE voulons PAS revenir à ce passé, ni seuls ni encore moins en compagnie de qui veut semer la rancœur raciale et prétend alimenter son nationalisme réchauffé avec la supposée splendeur d’un empire, celui des Aztèques, qui a crû au prix du sang de leurs semblables, et qui veut nous convaincre qu’avec la chute de cet empire nous, peuples originaires de ces terres, avons été vaincus.

Ni l’État espagnol ni l’Église catholique n’ont à nous demander pardon de quoi que ce soit. Nous ne nous ferons pas l’écho des charlatans qui se valent de notre sang et ainsi cachent que leurs mains en sont tachées.

De quoi l’Espagne va-t-elle nous demander pardon ? D’avoir enfanter Cervantès ? José Espronceda ? León Felipe ? Federico García Lorca ? Manuel Vázquez Montalbán ? Miguel Hernández ? Pedro Salinas ? Antonio Machado ? Lope de Vega ? Bécquer ? Almudena Grandes ? Panchito Varona, Ana Belén, Sabina, Serrat, Ibañez, Llach, Amparanoia, Miguel Ríos, Paco de Lucía, Victor Manuel, Aute toujours ? Buñuel, Almodóvar et Agrado, Saura, Fernán Gómez, Fernando León, Bardem ? Dalí, Miró, Goya, Picasso, Le Greco et Velázquez ? Une des meilleures parts de la pensée critique mondiale, sous le sceau du Ⓐ libertaire ? L’exil ? Le frère maya Gonzalo Guerrero ?

De quoi va nous demander pardon l’Église catholique ? De la venue de Bartolomé de las Casas ? De don Samuel Ruiz García ? D’Arturo Lona ? De Sergio Méndez Arceo ? De la sœur Chapis ? Des présences des prêtres, sœurs religieuses et séculaires qui ont cheminé au côté des peuples originaires sans les diriger ni les supplanter ? De ceux qui risquent leur liberté et leur vie pour défendre les droits humains ?

En l’année 2021 il y aura vingt ans de la Marche de la couleur de la terre, celle que nous avons réalisée avec les peuples frères du Congrès national indigène pour exiger une place dans cette nation qui maintenant est en train de s’effondrer.

Vingt ans après nous naviguerons et marcherons pour dire à la planète que, dans le monde que nous sentons dans notre cœur collectif, il y a de la place pour toutes, tous, tou·te·s. Purement et simplement parce que ce monde n’est possible que si toutes, tous, tou·te·s, nous luttons pour le construire.

Les délégations zapatistes seront conformées en majorité de femmes. Non seulement parce qu’elles veulent ainsi rendre l’embrassade qu’elles ont reçue dans les rencontres internationales précédentes. Mais aussi, et surtout, pour que nous, hommes zapatistes, manifestions clairement que nous sommes ce que nous sommes, et que nous ne sommes pas ce que nous ne sommes pas, grâce à elles, à cause d’elles et avec elles.

Nous invitons le CNI-CIG à former une délégation pour nous accompagner et qu’ainsi notre parole soit plus riche pour l’autre qui lutte au loin. Nous invitons en particulier une délégation des peuples qui portent haut le nom, l’image et le sang du frère Samir Flores Soberanes, pour que leur douleur, leur rage, leur lutte et leur résistance parvienne plus loin.

Nous invitons ceux qui ont pour vocation, engagement et horizon les arts et les sciences à accompagner, à distance, nos navigations et notre marche. Et qu’ainsi ils nous aident à diffuser qu’en ceux-ci, les sciences et les arts, existe la possibilité non seulement de la survie de l’humanité, mais aussi celle d’un monde nouveau.

En résumé : nous partons pour l’Europe au mois d’avril de l’année 2021. La date et l’heure ? Nous ne le savons pas… encore.

Compañeras, compañeros, compañeroas,

Sœurs, frères et sœurs-frères,

Ceci est notre détermination :

Face aux trains puissants, nos canots.

Face aux centrales thermoélectriques, les petites lumières que nous, femmes zapatistes, avons données à garder aux femmes qui luttent dans le monde entier.

Face aux murs et frontières, notre navigation collective.

Face au grand capital, une parcelle de maïs en commun.

Face à la destruction de la planète, une montagne naviguant au point du jour.

Nous sommes zapatistes et porteur·se·s du virus de la résistance et de la rébellion. En tant que tels, nous irons dans les cinq continents.

C’est tout… pour l’instant.

Depuis les montagnes du Sud-Est mexicain.

Au nom des femmes, des hommes et des autres zapatistes.

Sous-commandant insurgé Moisés

Mexique, octobre 2020.

P-S : Oui, c’est la sixième partie et, comme le voyage, elle continuera en sens inverse. C’est-à-dire que la suivra la cinquième partie, puis la quatrième, ensuite la troisième, elle continuera avec la deuxième et finira avec la première.

Traduit de l’espagnol (Mexique)

par Joani Hocquenghem

Texte d’origine :

Enlace Zapatista

Notes

[1] López Obrador présente le projet de son propre gouvernement comme celui de la « Quatrième Transformation » : 4T ; il suppose ainsi l’inscrire dans l’histoire révolutionnaire du Mexique : le premier moment étant celui de l’Indépendance, en 1810 ; le deuxième, celui de la Réforme (séparation de l’Église et de l’État), au milieu du XIXe siècle ; le troisième, celui de la révolution de 1910 (NdT).

[2] Chairos : suivistes, l’expression a été employée en particulier pour les inconditionnels de López Obrador ; fifis : gens chics, BCBG (NdT).

= = =

5 textes pour comprendre et éradiquer le colonialisme

« Païens en terre promise, décoder la doctrine chrétienne de la découverte », Steven Newcomb, 2008

« Comprendre le système de l’oppression coloniale par mieux le démonter », Steven Newcomb

« Comprendre le système de l’oppression coloniale pour mieux le démonter », Peter d’Errico

« Effondrer le colonialisme », Résistance 71

« Nous sommes tous des colonisés ! », Résistance 71

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

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4 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie


La marche vers la société des sociétés