“Lorsque Cortez arriva au nouveau monde et d’après les chercheurs de l’université de Berkeley, Californie, Cook et Borah, 25,2 millions d’indigènes vivaient dans la partie centrale du Mexique, une zone d’environ 125 000 km2. Peu de temps après, la démographie s’effondra. Dans les années 1620-25, il n’y avait plus qu’environ 730 000 indigènes dans la région, c’est à dire approximativement 3% de son importance d’avant l’arrivée de Cortez et des Espagnols.”
~ Charles C. Mann, “1491”, p.143, 2005 ~
“La société primitive [originelle], première société d’abondance, ne laisse aucune place au désir de surabondance. Les sociétés primitives sont des sociétés sans État parce que l’État y est impossible… Le chef ne dispose d’aucune autorité, d’aucun pouvoir de coercition, d’aucun moyen de donner un ordre. Le chef n’est pas un commandant et les gens de la tribu n’ont aucun devoir d’obéissance.”
~ Pierre Clastres, “La société contre l’État”, p.175, 1974 ~
“Le déplacement des Indiens, comme cela a été poliment appelé, a nettoyé le terrain pour l’occupation des blancs… Le coût en vies humaines ne peut pas être mesuré avec précision, la souffrance ne peut même pas être estimée.”
~ Howard Zinn ~
Quand le pape François 1er révoque les bulles pontificales
Steven Newcomb
3 septembre 2016
url de l’article original:
http://indiancountrytodaymedianetwork.com/2016/09/03/when-pope-francis-revokes-papal-bull
~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~
En 1491, au travers de l’immense zone géographique appelée communément aujourd’hui “l’hémisphère occidental”, nos nations originelles libres existaient de manière totalement indépendante de toute affirmation de domination en provenance des chrétiens d’Europe et ce dans n’importe lequel de nos territoires nationaux. Au cours de notre existence jusqu’à ce point de l’histoire, nos ancêtres développèrent et firent évoluer nos langages, nos cultures, nos cérémonies et nos traditions spirituelles, nos histoires/mythologies d’origine, nos systèmes de connaissance et de sagesse, nos économies et nos valeurs profondes.
Dans son livre “The American Holocaust” (1992), l’historien David Stannard dit que dès le XVème siècle, il devait y avoir approximativement entre 90 et 100 millions d’habitants sur le continent des Amériques (Nord, Sud, centrale et îles caraïbes). Il dit qu’après 1492, en moyenne, quelques 95% de ces vies furent terminées “après la fin du bain de sang” amené au moyen de maladies, de travail forcé et de simples massacres et assassinats gratuits.
Comme nous le savons tous, l’amiral espagnol (d’origine certes italienne) Cristobal Colón ou “Colonisateur porteur de la croix”, amena, au nom de la couronne de Castille et d’Aragon, trois vaisseaux à travers l’océan atlantique vers ces îles appelées maintenant “Caraïbes” (NdT: du nom des Indiens “Caribs” habitant certaines de ces îles, notons au passage que depuis bien longtemps, il n’y a plus d’Indiens natifs originels des îles caraïbes dans ces îles, ils ont tous été exterminés…). En mai 1493, le pape Alexandre VI (Rodrigo Borgia) émît quelques décrets/bulles pontificaux, qui appelaient les nations non-chrétiennes à être mise sous la domination (deprimantur, subjicere, reducere) de l’”Empire Chrétien” (imperii Christiani).
A partir du XVIème siècle et plus tard, des monarchies et états variés de la chrétienté comme le Portugal, l’Espagne, l’Angleterre, la France, la Hollande, la Suède et la Russie, souscrivirent tous à l’attitude de domination impérialiste dans leurs façons de gérer nos ancêtres non-chrétiens, nos nations et nos territoires nationaux.
Les historiens occidentaux et autres narrateurs aiment à dire que 1492 marque la date du commencement de la “conquête des Amériques”. Par la “conquête” ils veulent dire que les voyages de Colón (Colomb) furent le début de ce qu’ils regardent comme la grande victoire, le triomphe du monde chrétien sur les nations païennes de nos ancêtres. Le message implicite est clair: En résultat des voyages de Christophe Colomb (Cristobal Colón) et de bien des aventuriers colonisateurs et en résultat d’actes très brutaux de domination et de déshumanisation, les chrétiens d’Europe ont assumé que la chrétienté était investie d’exprimer et d’endorser un droit permanent de domination sur nos nations et sur nos territoires.
Sur la base de ce droit assumé de dominer nos existences, les successeurs politiques de la chrétienté occidentale (commes les Etats-Unis, le Canada etc…) considèrent maintenant que nos nations originellement libres et indépendantes sont toujours obligées de vivre sous le droit affirmé péremptoirement de domination par ces états variée émergés de la chrétienté occidentale.
Imaginez maintenant que le pape François 1er, leader spirituel de l’église apostolique catholique et romaine, chef du Vatican, de la ville état du Vatican (NdT: à l’instar de ses deux complices de la City de Londres et de Washington D.C), dise au monde en 2016 de manière inéquivoque: “Je désire ajouter à mes récentes excuses en Bolivie aux peuples indigènes, je désire reconnaître que mes prédécesseurs pontificaux ont eu entièrement tort de clâmer un droit de domination sur les nations originelles libres des autres ewndroits de la planète comme en Afrique, en Australie et en Nouvelle-Zélande.”
Imaginez si le pape François allait encore plus loin en disant au monde: “Mes prédécesseurs n’avaient absolument aucun droit d’appeler, comme ils l’ont fait, à ce que les nations non-chrétiennes soient réduites et soumises à la domination de l’empire chrétien (“imperii christiani”). L’affirmation du droit de domination par les puissances chrétiennes, autorisée par le Saint siège, n’était en rien en accord avec les enseignements de Jésus Christ.”
Imaginez si le pape François devait reconnaître que le langage de domination utilisé dans les décrets pontificaux du XVème siècle et plus tard inscrit dans les systèmes politique et légaux des états, n’a jamais eu de valeur légale, ni de validité. Et si le pape reconnaissait que les systèmes politiques, tel que celui des Etats-Unis, qui ont émergés de la chrétienté occidentale, n’ont aujourd’hui aucun droit valide d’affirmer un quelconque droit de domination sur nos nations originelles libres et indépendantes ? Ceci mettrait fin à toute affirmation étatique de l’exercice d’une quelconque autorité sur nos nations et sur nos vies.
Imaginez si le pape François devait soutenir notre contention qu’il n’existe pas une telle chose qu’un “droit de domination” sur des peuples et des nations. Le pape annoncerait par là-même au monde ce que nous savons déjà: Nos nations originelles sont toujours libres de plein droit de toute affirmation de domination politique revendiquée par des états dominants contre nos nations et peuples et que de ce fait, de telles affirmations par les états sont illégales et inacceptables. Une telle reconnaissance par le pape François enverrait un message important et puissant au monde !
L’admission candide du pape sur la mauvaise nature des décrets et prononcements de ses prédécesseurs, comme les papes Nicolas V (Romanus Pontifex) et Alexandre VI (Inter Caetera), serait un grand pas en avant vers la destruction une bonne fois pour toute du fondement même d’un droit clâmé de dominer et de déshumaniser nos nations. Son admission éliminerait le point de départ des arguments politiques et des précédents légaux de domination toujours utilisés contre nos nations à ce point précis de l’histoire, des précédents légaux qui maintiennent dans notre ère, les bias de domination et les bigotteries passéistes de la chrétienté occidentale.
L’admission du pape nous soutiendrait dans notre contention de dire que les systèmes politiques des Etats-Unis, du Canada ou bien d’autres pays, n’ont jamais eu et n’ont toujours pas de “droit” d’imposer unilatéralement leurs concepts, valeurs et définitions à nos nations. Ceci inclut les idées induites de “tribus primitives”, de “pouvoir lénier”, de “nations domestiquement dépendantes”, de “simple occupation des sols”, de “titre de propriété de la couronne” et de la “souveraineté de la couronne”. Nos peuples et nations n’ont jamais été validement et légalement sujets aux concepts d’envahisseurs, d’idées, de labels et d’étiquettes ou de leur stupide “cérémonies de domination” (“prise de possession”).
Une admission par le pape que le langage de domination des bulles pontificales était et est invalide, couperait net par exemple l’argument principal utilisé contre nous par des gens comme Joseph Story lorsqu’il était juge à la cour suprême des Etats-Unis. Dans ses commentaires sur la Constitution des Etats-Unis, Story cita la version latine de la bulle pontificale Inter Caetera de 1493 et dit que les chrétiens avaient appelé unilatéralement nos ancêtres des “païens, infidèles et des sauvages”. Il a dit que les chrétiens, sur la base de leur religion (la bible), ont refusé de reconnaître nos nations comme étant “absolues, souveraines et indépendantes”.
Ceci et d’autres arguments nous ont laissé sans défense contre les affirmations de l’état d’un droit de domination sur notre existence au sein de nos propres territoires nationaux. Avec tant de mensonges passés à la trappe, la vérité est révélée: Nos nations sont toujours libres de plein droit de toute affirmation d’un quelconque “droit de domination”. Nos nations ont toujours été en possession des prérogatives dérivées de notre existence originelle libre, ce qui inclut le droit inhérent de vivre libre de tout présupposé drot de domination sur nos terres, nos vies et nos territoires.
Il est temps pour le pape François d’annoncer publiquement ce que nous savons déjà: le langage pontifical de domination des ses prédécesseurs était invalide. En annonçant cela publiquement, le pape François 1er reconnaîtra ainsi publiquement que les états ont utilisé des arguments invalides contre nos nations et ce pendant des siècles, sur la base d’un prétendu droit de domination trouvé dans ces anciens documents pontificaux et les chartes royales qui dupliquèrent ce langage.
L’annonce du pape et sa révocation formelle et cérémonielle de ces décrets pontificaux reconnaîtra que jamais dans le passé les états et les monarchies de la chrétienté n’ont eu un droit légitime de domination et de suprématie sur nos nations originellement libres et indépendantes sur la terre-mère. Ainsi, les états actuels, qui sont des systèmes de domination qui ont détruit des écosystèmes délicats entiers sur nos territoires traditionnels et ont empoisonné les eaux précieuses, son sang de vie, n’ont aucune chaîne de titre de propriété valide en relation de nos nations et de nos territoires natioaux. De tels systèmes de pensée et de comportement toxiques sont fondés sur rien d’autre qu’une “chaîne” de fausses prétentions et d’illusions de grandeur.
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Rejoignez le mouvement pour la répudiation des bulles papales colonialistes, plus nous mettrons de pression sur la hiérarchie cléricale jusqu’au Vatican et plus ces diktats papaux auront de chance d’être répudiés.
~ Résistance 71 ~