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Dispute territoriale en terre apache, Oak Flat, exploitation minière, Vatican et bulle pontificale Inter Caetera, l’histoire encore et toujours, la véritable, celle du colonialisme toujours rampant… (Steven Newcomb)

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Colonialisme, guerre, conquête, domination, oppression, logique implacable étatiste (Steven Newcomb)

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Symboles de domination

 

“En se présumant eux-mêmes inconsciemment d’avoir de droit un pouvoir mental de juger les “païens”, les chrétiens furent capables d’affirmer que les Indiens n’avaient pas le droit de continuer de vivre leur mode de vie libre et indépendant. Sur la base biblique que le peuple élu possède la tâche providentielle de soumettre la Terre et d’exercer une domination sur tout être vivant, les chrétiens se considéraient eux-mêmes comme un peuple élu ayant l’obligation divine de “sauver” les païens et leurs nations en les subjuguant, ce qui fut référé par le doux euphémisme de les “civiliser”. Ceci devait être accompli en brisant les nations païennes pour ensuite tourner leurs membres en des individus chrétiens qui deviendraient, par le moyen d’une assimilation graduelle, soit des sujets d’une monarchie chrétienne européenne ou des citoyens d’un état européen chrétien. De ce point de vue, les païens sont destinés par dieu à être sauvés et réduits à la “civilisation” européenne chrétienne.”
~ Steven Newcomb, 2008 ~

 

Conquête, un autre mot pour domination

 

Steven Newcomb

 

30 novembre 2020

 

url de l’article original:
http://originalfreenations.com/conquest-is-another-word-for-domination/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

La guerre, ou l’acte d’exercer collectivement une violence contre un autre groupe, est le contexte pour le mot de conquête. Une autre façon de comprendre le mot “conquête” est “d’avoir vaincu ou triomphé d’un ennemi”. Triompher ou surmonter veut dire “prendre la main sur, avoir gagné la maîtrise ou la domination sur”. En d’autres termes, la conquête est une forme de domination. De fait, conquête et conquérir sont synonymes de domination. Il est correct de transcoder, de traduire le mot “conquête” par “domination”.

Il est surprenant de constater combien de fois le mot “conquête” est utilisé lors de discussions sur l’histoire des Indiens d’Amérique ou l’histoire des peuples indigènes. Tzvetan Todorov’s The Conquest of America (1984); Francis Jennings The invasion of America: Indians, Colonialism, and the Cant of Conquest (1975); Andrea Smith’s Conquest: Sexual Violence and American Indian Genocide (2005), n’étant juste que trois exemples parmi bien d’autres. Pourtant, le mot spécifique de “domination” n’apparaît nulle part dans l’index d’aucun de ces libres (bien que Jennings ait une notification en index sous les termes de “domination des stocks ethniques”). Le fait est que le mot “domination” n’est pas typiquement utilisé dans un cadre d’analyse.

Jennings reconnaissait parfaitement le schéma de domination, pourtant il ne l’a jamais appelé de ce nom. Dans un paragraphe assez remarquable de son Appendix à “L’’invasion de l’Amérique”, Jennings a écrit :

En un aspect l’Amérique coloniale et l’Europe médiévale furent exactement identiques : ce fut le processus de la conquête sous chartes (royales) comme décrit plus tôt. Les étapes de ce processus sont comme suit :

  • Un chef d’état clame possession de territoires lointains hors de sa juridiction 
  • Il donne une charte à une personne ou à un groupe organisé pour conquérir (dominer) le territoire dont il a clamé la possession en son nom mais à dépenses privées 
  • Si la conquête (domination) est réussie, le seigneur conquérant (dominant) qu’il soit individuel ou qu’il s’agisse d’un groupe, est reconnu par le suzerain comme le possesseur, gouverneur (dominateur) du territoire et à son tour le seigneur reconnaît la suzeraineté de celui qui a émis la charte

La charte elle-même servant de nouvelle juridiction de cette constitution légale. Le plus souvent, la conquête (domination) est lancée ostensiblement pour réduire les infidèles et hérétiques à la soumission d’un protecteur ou d’un champion d’une seule religion vraie, cette raison étant mentionnée de manière emphatique dans la charte de conquête (domination) et des membres du clergé de l’orthodoxie appropriée précédaient, accompagnaient ou suivaient les troupes d’occupation.

Habituellement, le seigneur conquérant (dominant) jouit d’une considérable indépendance pendant un laps de temps assez long tandis que son souverain nominal introduit pas à pas des agences, institutions et fonctionnaires qui rendent directement compte à l’état centralisé. Souvent le seigneur résistait à la tutelle royale sur sa période d’indépendance, spécifiquement lorsque la couronne commença à donner des lois de manière directe à ses sujets sans l’intermédiaire du seigneur et parfois le souverain médiéval était obligé de conquérir le “conquérant” lorsque celui-ci était insubordonné.

Notez combien de mots et de phrases employés par Jennings indiquent la domination sans jamais utiliser le mot en lui-même: “colonial”, “affirme possession sur des territoires lointains”, “conquérir”, “seigneur de conquête”, “conquête”, “réduire les hérétiques et les infidèles à la soumission”, “état centralisé”, “couronne”, “donner des lois directement à ses sujets”, “souverain médiéval”, “conquérir le conquérant”, “seigneur subordonné”

Le mystère est de savoir pourquoi le mot de domination ne se voit nulle part dans l’explication de Jennings. Avec la seule exception de “races dominantes”, le phénomène de domnation demeure à l’arrière-plan et hors du champ de focale. Il utilise le mot “conquête” en lieu et place.

Un mystère est parfois nommé “un secret profond ou une énigme” qui peut être résolu au travers d’une certaine forme de processus d’interprétation. Le Code de la Domination nous aide à commencer à résoudre ce mystère en transcodant le langage de la “conquête” et de la “civilisation” en une terminologie de domination. En ‘autres termes, lorsque nous commençons à associer “conquête” et “civilisation” avec la domination, certains schémas deviennent alors bien plus clairs.

Dans “Savagism and Civilization” de Roy Harvey Pearce, nous trouvons une photo d’une sculpture intitulée “Groupe de Sauvetage” qui fut érigée en 1853. Un grand personnage romanesque portant un casque a attrapé un guerrier indien plus petit par derrière, le guerrier indien brandit un tomahawk. Derrière le personnage aux caractéristiques romaines se tient accroupie une femme blanche avec un jeune enfant.

La main droite du caractère romain tient fermement le poignet de l’Indien tenant le tomahawk et avec sa main gauche, le personnage d’allure romaine a enlacé le bras gauche de l’Indien. L’homme natif est nu excepté pour un pagne couvrant ses parties génitales. Il regarde le visage de la figure romaine qui le toise de plus haut. Ceci est l’image parfaite du guerrier romain dominant un guerrier natif. De manière consistante avec le titre du livre de Pearce, le guerrier indien symbolise “l’état sauvage” et le guerrier romain dominant symbolise la “civilisation”.

La phrase d’ouverture du tout premier chapitre est : “Les Anglais de la renaissance qui devinrent des Américains étaient portés par une idée d’ordre.” Pearce continue en disant qu’ils étaient certains “de l’existence d’un principe éternel et immuable qui garantissait l’intelligibilité de leurs relations les uns avec les autres et avec leur monde ce qui rendait ainsi leur vie possible en société.” (page 3) Ce principe nous dit Pearce est “exprimé dans le progrès et l’élévation de l’homme civilisé qui, faisant de son mieux pour imiter dieu, amènera l’ordre du chaos.

Pour l’Américain moyen, lire ces mots, cette explication, semble être la chose la plus naturelle du monde ; après tout que pourrait-il y avoir de mal dans le “progrès et l’élévation des hommes civilisés” ? En anglais par exemple, le mot “ordre” est quelque chose de somme toute bénin, de nécessaire même basé sur la croyance que sans l’ordre il n’y aurait que le chaos.

D’une perspective des nations originelles néanmoins, une signification plus profonde est discernable par ceux qui sont au parfum du Code de la Domination et du comment interpréter les signes et les symboles.

Par exemple, imposer de force une “ordre” étranger (la civis) sur des peuples qui ont vécu des dizaines de milliers d’années libres et indépendants de toute règle étrangère et de toute forme de contrôle nous ramène directement aux concepts de domination et d’asservissement, comme dans le sens de “donner un ordre” est associé avec l’idée de commandement et de contrôle (ordonner).

Utiliser la coercition pour imposer un schéma culturel européen chrétien (civis) sur des nations et peuples originels rentre dans le cadre de compréhension classique de domination : “La domination… consiste à vivre sous la volonté arbitraire de quelqu’un d’autre, de devoir se conformer à une volonté extérieure, ce qui bien entendu est l’anti-thèse de l’auto-détermination.

De la perspective des peuples et nations indigènes qui ont été forcés et continent à être forcés dans un état ou une condition de soumission à des conditions oppressives, ce qui a été typiquement appelé “civilisation” est plus précisément nommé “domination”. Comment le savons-nous ? Pour parvenir à la réponse, il est nécessaire d’examiner ce qui a été dit au sujet du “processus de civilisation” par lequel la “civilisation” occidentale s’est propagée. Ce qui suit, tiré du dictionnaire Webster est un bon exemple :

Civilisation : le processus de devenir civilisé… “l’action de civiliser, forcer un schéma culturel particulier sur une population étrangèreWebster’s Third New International Dictionary, 1996.

Le mot “forcer” est l’indice. Ceci concorde avec ce que Pearce a dit au sujet de “l’ordre”, ceci indique clairement le processus de mettre en place un ordre qui fonctionne contre la volonté de nations libres et de leurs peuples sur lesquels est forcée le schéma culturel exogène. Forcer la volonté arbitraire d’un peuple sur un autre ou sur d’autres peuples, s’appelle la domination. Et le résultat en est dévastateur, comme l’exprime Pearce :

Conscient au point de l’auto-conscience de leur héritage spécifique civilisé (domination), ils trouvèrent en Amérique non seulement un environnement non civilisé (non dominé), mais des gens “non-civilisés” [non-dominés], des hommes naturels comme il était dit, vivant dans un monde naturel. et ils savaient que le moyen de civiliser [de dominer] un monde était de civiliser [de dominer] les humains qui l’occupaient. Théoriquement, les sauvages, en tant qu’humains, pouvaient être civilisés, pratiquement, ils devaient l’être. Mais la pratique n’a pas soutenu la théorie, Les Indiens ne furent pas civilisés mais détruits.

Ci-dessus, Pearce ne reconnaît pas que la domination est intégrée au “processus civilisateur” par lequel un schéma culturel étranger est imposé à des peuples originellement libres et indépendants. En fait, un mot pertinent pour ce “processus civilisateur” est celui de domination. Ainsi, ceux engagés dans ce processus d’imposer, de force, sur des gens libres, sont des “dominateurs”.

Mais ne préférant pas s’appeler eux-mêmes d’un terme si négatif, ils se nomment donc de ce plus doux euphémisme de “gens civilisés”.

Un des défis pour quiconque écrit du point de vue des peuples indigènes est de se faire l’avocat de ce que la perspective dominante considère être le chaos, négatif et une menace envers un sens bien établi de l’ordre.

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“La colonisation est une forme de conquête par laquelle une nation occupe un territoire lointain, y engouffre ses propres gens et contrôle ou élimine les populations locales natives… L’histoire de la colonisation… c’est aussi celle de la guerre et de l’exploitation des races et des nations les unes par les autres.”
~ Contre-amiral et historien Samuel Eliot Morison ~

“Après avoir souffert au-delà de la souffrance, la nation rouge se relèvera de nouveau et ce sera alors une bénédiction pour un monde devenu bien malade. Un monde empli de promesses brisées, d’égoïsme et de séparations. Un monde se languissant de lumière. Je vois une époque de sept générations lorsque toutes les couleurs de l’humanité se rassembleront sous l’arbre sacré de la vie et la terre entière redeviendra de nouveau un cercle unique. Ce jour là, il y aura ceux parmi les Lakota qui porteront la connaissance et la compréhension de l’unité parmi tous les êtres vivants et les jeunes gens blancs viendront vers ceux de mon peuple pour leur demander de leur dispenser leur sagesse. Je salue la lumière dans tes yeux, là où réside l’univers entier. Car quand tu es au centre de toi-même et que je suis également en cet endroit en mon sein, alors nous serons un.”
~ Tasunke Witko, Crazy Horse, Cheval Fou, chef de guerre Oglala, Sioux ~

5 textes pour comprendre et éradiquer le colonialisme

« Païens en terre promise, décoder la doctrine chrétienne de la découverte », Steven Newcomb, 2008

« Comprendre le système de l’oppression coloniale par mieux le démonter », Steven Newcomb

« Comprendre le système de l’oppression coloniale pour mieux le démonter », Peter d’Errico

« Effondrer le colonialisme », Résistance 71

« Nous sommes tous des colonisés ! », Résistance 71

 


Steven Newcomb

Colonialisme, vatican, bulles pontificales et exorcisme (Steven Newcomb)

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Doctrine chrétienne de la découverte…
Au nom du Christ, massacrons et pillons le monde !

 

 » A la fin du XVIème siècle, peut-être 200 000 Espagnols avaient transféré leurs vies dans le Nouveau Monde, au Mexique, dans les Caraïbes, en Amérique Centrale et plus au sud. Par contraste, à cette époque, entre 60 et 80 millions de natifs de ces terres étaient morts. Pourtant, le carnage n’était pas encore fini. […]
Pour les conquérants espagnols, les Indiens étaient plus spécifiquement définis comme des esclaves naturels, des bêtes de somme sous-humaines, parce que cela aidait à classifier les Indiens là où les Espagnols voulaient les mettre et aussi parce qu’une telle définition était justifiable en appelant quelques anciennes vérités européennes et chrétiennes, ce depuis St Thomas d’Aquin et en remontant jusqu’à Aristote. Depuis, les colons britanniques, puis les Américains n’ont eu que peu d’usage de l’esclavage des Indiens, ils ne voulaient que leurs terres, ils en appelèrent donc à d’autres sources chrétiennes et européennes de « sagesse » pour justifier le génocide : les Indiens étaient des suppôts de Satan, des fainéants et de sauvages assassins, des hommes des bois, des ours, des loups, de la vermine. S’étant prouvés au-delà de toute capacité de conversion au christianisme et d’assimilation à la vie civile et de fait les Britanniques et Américains n’ayant que peu d’intérêt à les avoir comme esclaves, dans ce cas précis, la seule chose à faire fut décrétée être leur extermination…. »
~ David Stannard, « American Holocaust », Oxford University Press, 1992 ~

 

Un exorcisme, Junipero Serra et les bulles pontificales

 

Steven Newcomb

 

21 octobre 2020

 

url de l’article original:
http://originalfreenations.com/an-exorcism-junipero-serra-and-the-papal-bulls/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Le 17 octobre 2020, l’archevêque de San Francisco (Californie), Salvatore Cordileone, a accompli une cérémonie d’exorcisme à l’extérieur de l’église San Rafael, où des manifestants avaient récemment renversé une statue du père Junipero Serra. Un exorcisme est un rituel mené pour purger des démons et éliminer l’influence du diable, un ange déchu du nom de “Satan”. L’archevêque Cordileone a dit que cette cérémonie avait pour intention d’extirper le mal et de défendre l’image du père Serra.

On dit d’un démon qu’il est un être surnaturel, typiquement associé au mal, un mot qui de manière fort intéressante est le mot “vivre” épelé à l’envers (NdT: en anglais “evil” => “live”). Le “mal” ou “malfaisance” est défini comme “quelque chose causant la ruine, la blessure ou la douleur, quelque chose de dangereux”. C’est aussi défini comme “la qualité d’être moralement dépravé et enclin à la malfaisance”.

Être malfaisant est être vicieux, malicieux et la malice peut aussi être définie comme “un désir de faire le mal aux autres”, délibérément nuire à autrui. En droit, la malice est “l’intention sans juste cause ou raison, de commettre un acte malveillant dont résultera des dommages à autrui”.

En quoi cette étymologie amène t’elle la lumière sur l’exorcisme de l’archevêque ?

La réponse nous vient de la ruine, de la douleur, du mal et de la malveillance infligés aux nations et peuples originels par les envahisseurs catholiques espagnols et leur système de mission de la domination entre 1769 et 1834. Serra et l’officier espagnol Gaspar de Portola, furent les porteurs initiaux de ce système impérialiste de mal et de la malveillance en haute Californie, sans juste cause, ils commirent des actes malveillants au nom de l’empire catholique espagnol.

Pour documenter l’intention de l’église catholique et de Serra de commettre des actes de domination contre les peuples natifs, nous devons nous tourner vers des documents très importants émis par différents Papes au XVème siècle, à la fois avant et après le premier voyage de Christophe Colomb (Cristobal Colòn). La bulle pontificale Inter Caetera du 3 mai 1493 inclut une phrase bien spécifique qui identifie la nature de la déité invoquée par le pape d’alors Alexandre VI (NdT: dont le vrai nom est Rodrigo Borgia de la tristement célèbre famille Borgia, père de Lucrèce et César Borgia) : “Nous avons foi en Lui, celui par qui les empires, dominations et toutes bonnes choses se produisent.

Aucun nom n’est fourni dans cette phrase, juste le pronom “Lui” qui indique une déité mâle ou un esprit duquel les forces mortelles et destructrices des empires et des dominations émanent. Ailleurs dans le document, le pape Alexandre VI dit qu’il donnait un droit de domination “par l’autorité omnipotente de dieu” et par l’autorité de sa position de “vicaire de Jésus Christ” sur terre :

Nous [le saint siège], de notre propre décision… de notre certaine et absolue connaissance libérale et de la plénitude du pouvoir apostolique, donnons, concédons et assignons les terres et îles sus-mentionnées en général et en particulier, inconnues et jusqu’à présentement, découvertes par vos messagers et celles qui seront découvertes dans le futur, et qui ne sont pas déjà assujetties et établies sous la domination actuelle et temporelle de quelques dominateurs chrétiens, par l’autorité de dieu omnipotent qui nous a été accordée par St Pierre et la fonction de vicaire du Christ dont nous exerçons la volonté sur terre.

Le pape Alexandre VI, en tant que chef suprême de l’église catholique apostolique et romaine, a utilisé le phrasé ci-dessus pour affirmer pouvoir donner aux monarques espagnols un supposé droit divin de domination (“dominio”) sur les terres lointaines non chrétiennes découvertes et à découvrir dans le futur.. En tant que dominateurs chrétiens (“dominorum christianorum”), ils furent, par l’autorité de “dieu”, appelés à établir un système de domination destructeur sur les terres non-chrétiennes découvertes et à découvrir.

Ce fut cette “mission” malveillante et malicieuse de domination qu’accomplirent le père Serra et Gaspar de Portola en territoire de la nation Kumeyaay en 1769 et qu’il étendirent de là plus au nord. Tout ceci fut fait avec la foi totale en ce qu’ils étaient assistés par “Lui par qui” émergent les empires et les dominations.

Dans une lettre qu’il écrivit en 1775, Serra dit qu’il espérait voir “plus de grands territoires assimilés au sein de notre sainte mère l’église et soumises à la couronne d’Espagne.” Les dévôts à cette époque appelaient même la mère/vierge Marie “La conquistador” et “la conquérante de nouveaux royaumes”.

J’imagine que l’archevêque Cordileone n’a jamais lu les citations mentionnées ci-dessus de la bulle Inter Caetera du pape Alexandre VI datant de 1493. Comme je l’ai personnellement dit à l’archevêque Silvano Tomasi au conseil pontifical pour la paix et la justice de 2016, après que j’eus fait don au pape François d’un exemplaire de mon livre (“Païens en terre promise, décider la doctrine chrétienne de la découverte”, éditions Fulcrum, 2008) : “Avec tout mon respect, je pense qu’il y a beaucoup de votre propre histoire que vous ne connaissez pas. Laissez-moi vous demander ceci : Avez-vous jamais lu en fait les bulles pontificales en question ?…” L’archevêque m’a alors répondu : “je dois confesser que non.” Peut-être que l’archevêque Cordileone pourrait aussi se confesser sur ce point. Peut-être devrait-il pratiquer un exorcisme sur “Lui” de qui proviennent tous les empires, dominations et bonnes choses.

Le fait est que l’archevêque Cordileone et la hiérarchie de l’église catholique ne sont pas encore venus à terme avec la théologie de la domination documentée dans les bulles pontificales du Vatican et qui sont parties intégrantes de l’évangélisme catholique et chrétien. Cette théologie est fondée sur l’assertion d’une déité mâle (“Lui”) qui est derrière la poussée en avant de l’empire chrétien (chrétienté) et de la domination sur la “terre promise”. “Toujours de l’avant, jamais en arrière” avait juré Serra.

Le tribut payé à la théologie du mal de ce système missionnaire a été édicté par le grand archéologue Robert Heizer dans un article publié en 1978. Dans cet article, Heizer a déclaré que le système missionnaire catholique espagnol était “une institution à peine viable dans son auto-perpétuation parce qu’elle était nourrie d’un constant apport d’êtres humains.

Il rajouta : “Continuer à nourrir le fourneau [du système missionnaire] aurait demandé une force militaire d’une plus grande puissance que ce qui était alors disponible, pour continuer à aller chaque année toujours plus loin dans les terres non converties de l’intérieur afin de ramener ce carburant humain.

L’historien David Stannard, dans son ouvrage “The American Holocaust” (1992), appela le système des missions “les fourneaux de la mort”. La raison en est que la population native de cette région de la haute Californie, estimée à environ 300 000 personnes à l’arrivée de Serra, s’est effondrée de plus de 50% pour se situer à moins de 150 000 personnes vers 1834, ce dans une période de quelques 65 ans (NdT: le système des missions catholiques tuait donc dans cette région seule de la haute Californie quelques 2500 personnes par an pendant 6 décennies…).

Ce taux de mortalité est le contexte du déboulonnage de la statue du père Junipero Serra qui entra en territoire de la nation Kumeyaay lorsqu’il arriva en 1769. D’un point de vue natif, cette statue était un monument à la tradition haineuse du système missionnaire de l’église catholique espagnole, qui généra tant de mort et de destruction.

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5 textes pour comprendre et éradiquer le colonialisme

« Païens en terre promise, décoder la doctrine chrétienne de la découverte », Steven Newcomb, 2008

« Comprendre le système de l’oppression coloniale par mieux le démonter », Steven Newcomb

« Comprendre le système de l’oppression coloniale pour mieux le démonter », Peter d’Errico

« Effondrer le colonialisme », Résistance 71

« Nous sommes tous des colonisés ! », Résistance 71

Lire notre dossier sur « Les bulles pontificales »

Notre page « Colonialisme et doctrine chrétienne de la découverte »

 


« Le plus grand génocide de l’histoire humaine
ne s’est pas déroulé dans l’Allemagne nazie, mais sur
le sol américain.
100 million de natifs américains furent massacrés
et perdirent leur terre. Fait historique :
La plupart des gens qui accomplirent ce massacre étaient chrétiens.
Désolé si vous ne pouvez pas regarder la vérité en face. »

Doctrine chrétienne de la découverte ou le profond désir chrétien de domination (Steven Newcomb)

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“En se présumant eux-mêmes inconsciemment d’avoir de droit un pouvoir mental de juger les “païens”, les chrétiens furent capables d’affirmer que les Indiens n’avaient pas le droit de continuer de vivre leur mode de vie libre et indépendant. Sur la base biblique que le peuple élu possède la tâche providentielle de soumettre la Terre et d’exercer une domination sur tout être vivant, les chrétiens se considéraient eux-mêmes comme un peuple élu ayant l’obligation divine de “sauver” les païens et leurs nations en les subjuguant, ce qui fut référé par le doux euphémisme de les “civiliser”. Ceci devait être accompli en brisant les nations païennes pour ensuite tourner leurs membres en des individus chrétiens qui deviendraient, par le moyen d’une assimilation graduelle, soit des sujets d’une monarchie chrétienne européenne ou des citoyens d’un état européen chrétien. De ce point de vue, les païens sont destinés par dieu à être sauvés et réduits à la “civilisation” européenne chrétienne.”
~ Steven Newcomb, 2008 ~

Le profond désir chrétien de domination

 

Steven Newcomb

 

Juillet 2019

 

url de l’article original

http://originalfreenations.com/the-deep-desire-for-christian-domination/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Le désir des nations chrétiennes de dominer les nations “infidèles” et leurs terres, a mené à un désir de “découvrir” ou de localiser toutes terres infidèles de par le monde, qui n’avaient pas encore été dominées. Ceci devait être fait afin d’étendre l’empire chrétien (NdT: le tristement célèbre “christianorum dominorum”…). Ce désir eut pour résultat le fait que les monarques chrétiens autorisèrent des voyages de recherche de toute terre non-chrétienne qui n’avaient pas encore été soumises à la domination chrétienne.

Le pape et les monarques de la chrétienté croyaient que c’était la volonté de dieu pour que “Son” empire et sa domination soient étendus sur toutes les parties de la planète. Pour ce faire, il devenait nécessaire de naviguer les océans à la recherche de tout endroit qui n’avait pas encore été forcé de vivre sous la domination du “dieu” chrétien et de son empire de domination. Nous savons tout cela grâce à une phrase écrite dans une bulle pontificale de 1493 (NdT: Inter Caetera du pape Alexandre VI, Rodrigo Borgia)), “Nous croyons en Lui (dieu), celui par qui se créent les empires et les dominations de toutes choses.

Ce qui a été appelé la “doctrine de la découverte” est fondée sur la croyance que ce fut la volonté de dieu que les monarques chrétiens localisent et dominent toutes terres non-chrétiennes. Ce soi-disant “droit de domination” divin se métamorphosa en un “droit de la découverte” ou en un “droit de la découverte chrétienne”. Dans ce contexte donc, le mot “découverte” dans l’expression “doctrine de la découverte” veut dire “accomplissement de la volonté de dieu de localiser les terres non-chrétiennes afin de les dominer ainsi que les peuples et nations y vivant.

Ce désir de domination se reflète dans un passage de la bible au psaume 2:8:

Demandez-moi et je vous donnerais les païens en héritage et ferais des plus belles parties de la terre votre possession.” Parce qu’un héritage est une forme de propriété, le psaume 2:8 dit de fait que les gentils et non-croyants seront donnés au “peuple élu” en tant que forme de propriété, ce avec toutes les parties non encore sous domination de la terre pour que tout cela entre en possession du “peuple élu”. Ceci évoque également un sens de la propriété que William Blackstone a défini comme un droit de “domination despotique” ou en d’autres termes, une affirmation du droit de domination.

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L’affirmation d’un droit de domination chrétienne

 

Steven Newcomb

 

Mai 2019

 

~ Traduction Résistance 71 ~

 

Ce qui a été typiquement appelé “La doctrine de la découverte” serait, de mon point de vue, mieux nommé comme étant la “doctrine de la domination chrétienne”. L’idée même de “découverte” n’a de sens que dans le contexte de ces monarques de la chrétienté s’aventurant dans la localisation des terres jusqu’ici inconnues du monde chrétien. Une fois que des terres correspondant à la description donnée étaient localisées au cours de longs voyages maritimes, les représentants du monarque particulier étaient instruits de pratiquer une sorte de rituel afin de s’approprier symboliquement un droit de domination sur cette position géographique particulière, que ce soit en tenant une poignée de la terre étrangère, en brisant une branche, en éparpillant de l’eau (“bénite”), en agitant une épée ou quoi que ce soit d’autre.

En 1823, La Cour Suprême des Etats-Unis (CSEU), sous la direction du juge John Marshall, remémora une partie de cette étrange histoire et examina ce que la cour appelait le “droit de découverte”. Marshall y déclara que le “droit de découverte” fut très bien illustré par la commission royale du roi d’Angleterre Henry VII donnée à John Cabot et à ses fils. Cette commission instruisit les Cabot de “rechercher, de découvrir, de trouver, quelques îles, terres et provinces des païens et des infidèles qui jusqu’à ce jour demeuraient inconnus de tout le peuple chrétien.

En d’autres termes, les Cabot reçurent pour instruction d’aller à la recherche de terres où vivaient des païens et des infidèles et une fois arrivés sur place, immédiatement s’emparer de l’endroit au nom du droit chrétien de domination de ces gens et de toutes ces terres non-chrétiennes. La CSEU appela cette affirmation d’un droit de domination l’”ultime dominion”. Bien trop de gens ne comprennent pas que le mot “dominion” dérive du mot latin signifiant “domination”.

Source:

http://originalfreenations.com/the-claim-of-a-right-of-christian-domination/

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Lectures complémentaires:

Nous_sommes_tous_des_colonisés (PDF)

Pierre_Clastres_De l’ethnocide

Pierre_Clastres_Echange-et-pouvoir-philosophie-de-la-chefferie-indienne

Paulo_Freire_La_pedagogie_des_opprimes

Chiapas-Feu-et-Parole-dun-Peuple-qui-Dirige-et-dun-Gouvernement-qui-Obeit

Aime_Cesaire_Discours_sur_le_colonialisme

Manifeste pour la Société des Sociétés

Comprendre-le-systeme-legal-de-loppression-coloniale-pour-mieux-le-demonter-avec-peter-derrico1

Comprendre-le-systeme-legal-doppression-coloniale-pour-mieux-le-demonter-avec-steven-newcomb1

Effondrer le colonialisme

Meurtre par décret le crime de génocide au Canada

Un_manifeste_indigène_taiaiake_alfred

kaianerekowa Grande Loi de la Paix

La Grande Loi du Changement (Taiaiake Alfred)

Païens en terre promise, décoder la doctrine chrétienne de la découverte

 

“Après avoir souffert au-delà de la souffrance, la nation rouge se relèvera de nouveau et ce sera alors une bénédiction pour un monde devenu bien malade. Un monde empli de promesses brisées, d’égoïsme et de séparations. Un monde se languissant de lumière. Je vois une époque de sept générations lorsque toutes les couleurs de l’humanité se rassembleront sous l’arbre sacré de la vie et la terre entière redeviendra de nouveau un cercle unique. Ce jour là, il y aura ceux parmi les Lakota qui porteront la connaissance et la compréhension de l’unité parmi tous les êtres vivants et les jeunes gens blancs viendront vers ceux de mon peuple pour leur demander de leur dispenser leur sagesse. Je salue la lumière dans tes yeux, là où réside l’univers entier. Car quand tu es au centre de toi-même et que je suis également en cet endroit en mon sein, alors nous serons un.”
~ Tasunke Witko, Crazy Horse, Cheval Fou, chef de guerre Oglala ~

Résistance au colonialisme: L’Australie botte en touche la question de la domination en rapport avec la doctrine chrétienne de la découverte (Steven Newcomb)

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Rejoignez le mouvement pour la répudiation des bulles papales colonialistes, plus nous mettrons de pression sur la hiérarchie cléricale jusqu’au Vatican et plus ces diktats papaux auront de chance d’être répudiés.

— Résistance 71 ~

 

La réponse de l’Australie à la doctrine de la découverte

Éviter l’affaire de la domination qui réside au sein de la doctrine de la découverte

 

Steven Newcomb

 

17 mars 2017

 

url de l’article original:

https://indiancountrymedianetwork.com/news/opinions/australias-response-doctrine-discovery/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

A lire: le livre de Steven Newcomb (larges extraits traduits par nos soins) en version PDF: « Païens en terre promise, décoder la doctrine chretienne de la découverte » (2008)

 

En 2012, au Forum Permanent sur les Problèmes Indigènes de l’ONU, Kate Gumley, alors chef de la délégation australienne, avait fait un discours intitulé: ”La doctrine de la découverte”. Le premier paragraphe de ce document illustre très bien comment le gouvernement australien bottait subtilement en touche le problème de la domination. “Le point clef de l’agenda de la discussion de cet après-midi est la doctrine de la découverte, un concept de droit public international qui a reçu l’attention de ce forum parce qu’il adresse directement la question de la conquête légale [de la terre] durant la période de la colonisation [sic].” (NdT: autant d’hypocrisie et d’aplomb mensonger est à peine croyable, mais c’est comme çà qu’ils s’en sortent…)

Les hauts-fonctionnaires du gouvernement australien qui ont écrit cette déclaration n’ont pas identifié la question que les représentants des peuples indigènes soulevaient en appelant à la focalisation sur la soi-disant “doctrine de la découverte”. Ce que l’état australien a cadré comme étant une “conquête légale” n’est, en fait, rien d’autre que l’affirmation par des gouvernements d’état de la possession d’un “droit de domination” sur nos peuples et nations originels.

Si on nous en avait donné l’opportunité, nous aurions pu demander au gouvernement australien: Est-ce que les envahisseurs ont le droit de dominer d’autres nations sur leurs propres terres et territoires ? Sur quel cadre de référence ou standard de jugement pourrions-nous répondre à cette question ? Sommes-nous obligés par une quelconque loyauté que nous aurions contracté envers nos envahisseurs et leurs descendants de répondre à de telles questions uniquement du point de vue de leur façon de voir ou standards de jugement invasifs ?
Malheureusement, le Forum Permanent des Affaires Indigènes de l’ONU ne se prête pas à un dialogue étendu ou spécifique avec les représentants des gouvernements de quelque état que ce soit, comme l’Australie par exemple. Si j’avais pu entrer dans un tel dialogue avec les délégués du gouvernement australien au sujet de leur intervention, je leur aurais demandé dans quel contexte plaçaient-ils les mots de “conquête” et de “légal” et de quel point de vue ?

Prenez par exemple l’idée de “conquête” comme une affirmation de “victoire” dans le contexte d’une invasion illégale des terres et territoires d’une nation originelle donnée, sur le continent de l’Australie. Au moment de l’invasion, la nation originelle de cet endroit vivait son propre mode de vie, dans son propre pays, dans cette partie du monde bien précise, sans déranger personne. Le but des envahisseurs est de se saisir de ce pays, de cette terre et de contrôler ou de tuer la nation envahie en lui faisant la guerre. Les descendants actuels de ces envahisseurs appellent le système de domination qui en a résulté une “conquête légale”.

En réalité, l’invasion étrangère et ce qui en a découlé est illégitime. Les descendants actuels des envahisseurs tentent de cadrer la “domination” comme étant quelque chose de “légal”. Ils font cela dans un effort de rendre l’invasion et tout l’après celle-ci à l’échelle inter-générationnel, acceptable du point du vue des colonisateurs. Une tactique des envahisseurs et de leurs descendants est de ne juger ou d’évaluer les résultats politiques ou autres que de leur propre perspective. Tout comme les chrétiens fondamentalistes considèrent que leur religion est la seule et unique religion qui vaille ; les envahisseurs et leurs descendants considèrent maintenant leur “avis” sur la “légalité” de l’affaire comme étant le seul, unique et valable “avis” sur la “légalité” en question.

Le philosophe du droit Steven I. Winter fait remarquer que chaque catégorie et chaque doctrine, incluant la “doctrine de la découverte”, “repose sur une image mentale des formes d’association humaine qui sont justes ou réalistes” dans une situation donnée. Aussi loin qu’est concerné l’image mentale des descendants des envahisseurs européens, l’invasion européenne chrétienne et son résultat de domination est à la fois juste et réaliste car fondée sur le christianisme et la bible. Les nations originelles envahies sont étiquetées n’avoir aucun droit fondamental de contester ou de défier le système de domination qui en a résulté.

En maintenant à l’écart les cadres d’interprétation des nations originelles, il devient alors possible pour les envahisseurs et leurs descendants de s’adresser aux Nations-Unies, avec l’identité politique d’un état de domination et de prétendre que ce système de domination qui a émergé en tant que résultat de l’invasion génocidaire de cette terre par leurs ancêtres est une “conquête légale”. Ceci est une partie de la façon dont le gouvernement australien (NdT: quelque soit sa couleur politique, c’est toujours la même chose…) déguise et masque cette image de l’invasion et son résultat en utilisant des euphémismes (des mots sonnant bien pour exprimer de terribles actions) comme par exemple “la légalité de l’installation européenne” (c’est à dire l’invasion, la domination, l’extermination et la déshumanisation) et “travailler en vue d’un futur réconcilié.

Parler de “futurr réconcilié” est un futur dans lequel ceux qui ont été envahis et dominés pendant des générations se seront “réconciliés avec eux-mêmes” afin de vivre de manière permanente sous le système de domination imposé, dans ce cas-ci sous ce qui est appelé “L’État australien”. La construction et la manifestation de ce système de domination est ce que le gouverneent australien étiquette du doux euphémisme de “conquête légale”, affirmant et clâmant ainsi le résultat de domination comme étant un résultat valide et légal.

Tant que nous n’exposerons pas de manière explicite le “système de domination des états”, ce système continuera de détruire des écosystèmes entiers et créera les problèmes que nous avons besoin de résoudre une fois pour toute. Reproduire un système destructeur au nom de la “réconciliation” avec ce même système n’est en aucun cas une recette du succès pour une réelle cicatrisation. Ceci ne fait que créer ce que Gregory Bateson appelait “le double lien” (baisés si on le fait, baisés si on le fait pas). Ce n’est pas suffisant de dire ce en quoi nous sommes en faveur. Nous devons mettre en contraste ce pour quoi nous sommes en faveur avec ce pour quoi nous ne sommes pas d’accord. Le contraste crée une vision plus profonde et révèle le double lien.

Dans le bouquin de James C. Scott: “La domination et l’art de la résistance” (1990), l’auteur (NdT: anthropologue de renom auteur de “Zomia”) cite Barrington Moore pour avoir dit: “Une tâche culturelle principale à laquelle doit faire face un groupe opprimé est de fragiliser ou de faire exploser la justification de la strate dominante.” Quelle est la justification pour la domination de nos nations originelles ? Dans la loi fédérale américaine sur les Indiens, comme ceci est graphiquement illustré de nos jours avec l’affaire de Standing Rock et du DAPL, c’est un empire fondé sur le christianisme qui possède(rait) une destinée manifeste de subjuguer la terre et de dominer tous les êtres vivants pour son profit.

Il est grand temps de rejeter ces systèmes de domination comme étant non seulement invalides mais également humainement inadmissibles en refusant d’accepter ce concept, de ne plus les accepter comme “conquête légale”.

Non au DAPL! Mni Wiconi. L’eau est la vie !

« Païens en terre promise, décoder la doctrine chrétienne de la découverte » (Version pdf gratuite) Steven Newcomb

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Résistance 71

 

8 janvier 2017

 

Nous avions traduit et publié il y a quelque temps, de larges extraits du livre de Steven Newcomb, Shawnee, co-fondateur de l’Indigenous Law Institute / Institut Légal Indigène: « Païens en terre promise, décoder la doctrine chrétienne de la découverte » (Fulcrum, 2008) en 4 parties sur ce blog.
Jo de JBL1960 nous en a fait une très belle version .pdf unifiée que nous vous livrons ici en primeur.

Pour comprendre les véritables dessous du colonialisme chrétien occidental dont les racines profondes se situent au XVème siècle avec des décrets pontificaux qui ont été depuis insérés en filigrane dans les décisions de justice de la Cour Suprême des Etats-Unis et du Canada ; et par-là même pour bien analyser pourquoi nous ne vivons en aucun cas dans un monde dit « post-colonial » et finalement comprendre pour mieux agir contre l’empire actuel anglo-américain, géré par la corporation tentaculaire de la City de Londres et sa succursale de Wall Street.
L’empire américain est un empire sans terre pour la première fois dans l’histoire et pour le faire s’écrouler, il suffit de lui retirer le tapis de la propriété et de sa « loi de la terre » factice et inventée de toute pièce, de dessous les pieds.
Un empire sans terre est un empire à terre !… Les nations indigènes du contient le savent bien et agissent en conséquence pour retrouver leur souveraineté et liberté originelles bafouées et usurpées par la cupidité coloniale européo-chrétienne.

A lire et diffuser sans modération…

Païens en terre promise, décoder la doctrine chrétienne de la découverte 

(Version française en PDF)

Continuité coloniale, doctrine chrétienne de la découverte, Trump et privatisation des « réserves » indiennes…

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A lire: « Païens en terre promise, décoder la doctrine chrétienne de la découverte », Steven Newcomb, 2008 (traduction Resistance 71)

 

Un plan foireux de privatisation des terres indiennes en marche ?

Le gouvernement Trump prévoit de “mettre les terres indiennes dans des mains privées”…

 

Steven Newcomb

 

26 décembre 2016

 

url de l’article original:

https://indiancountrymedianetwork.com/news/opinions/misguided-plan-privatize-native-nation-lands/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

“Des conseillers de Trump visent à privatiser les réserves indiennes riches en pétrole” fut la récente manchette d’une info divulguée par l’agence de presse Reuters et sa journaliste Valérie Volcovici. Son histoire cadre les terres et les ressources des nations autochtones comme appartenant aux Etats-Unis sans explication aucune de cette supposition. Mme Volcovici écrit par exemple: “les réserves des indigènes américains ne couvrent que juste 2% de la supercie des Etats-Unis, mais elles contiennent près de 20% du pétrole et du gaz naturel de la nation, ainsi que ses vastes réserves de charbon.” La “nation” à laquelle elle se réfère en utilisant la forme possessive est évidemment les Etats-Unis.

Mme Volcovici commence son article en applicant immédiatement le mot “nation” aux Etats-Unis et non pas aux nations natives indigènes. A de rares exceptions mineures près, elle utilise le plus souvent les termes “d’Américains natifs” et de “tribus” plutôt que celui de “nations”. De plus, son utilisation de la forme possessive suggère que les réserves de pétrole, le gaz et de charbon appartiennent de droit aux Etats-Unis et non pas à nos nations natives.

Le narratif de Reuters dit qu’un groupe de personnes conseille le président élu Donald Trump sur les affaires indiennes. Ils veulent “libérer ces ressources énergétiques de ce qu’ils appellent une bureaucratie fédérale suffoquante qui détient 56 millions d’acres de terre tribales.” Tandis que le narratif clairement stipule que les Etats-Unis “détiennent le titre de propriété” de ces terres, il n’explique pas le fondement sur lequel s’appuie les Etats-Unis pour affirmer un tel “droit” au titre des terres des nations natives. Nous allons y revenir dans un moment.

En tout cas, un plan a été élaboréé dans quelques quartiers de l’administration naissante Trump pour fournir l’opportunité de “mettre ces terres indiennes entre des mains privées.” Ceci, dit Mme Volcovici, est une “idée politiquememt explosive”. Si le plan réussi, “cela pour mettre un terme à plus d’un siècle de politique fabriquée pour préserver les tribus indiennes sur les réserves appartenant aux Etats-Unis et qui sont gouvernés par les leaders tribaux comme nations souveraines.

Il manque clairement qurlque chose. Quelle “nation souveraine” au monde a sa terre, son territoire “possédé” par une autre nation ? Ce point est mis en évidence lorsque Mme Volcovici dit plus avant: “Les tribus ont le droit d’utiliser la terre mais celle-ci ne leur appartient pas.”

Arrêtons nous ici et demandons-nous ceci: Sur quelle logique les Etats-Unis ont-ils déclaré que nos nations natives ont le droit d’utiliser la terre, mais que le gouvernement fédéral est le juste propriétaire de la terre ? La logique est bien évidemment, la doctrine chrétienne de la découverte et de la domination, fondée sur des bulles pontificales du Vatican datant du XVème siècle (NdT: Romanus Pontifex et Inter Caetera) et sur les chartes royales d’Angleterre. Pour une raison ignorée, ceci n’a pas été cité dans l’histoire de Mme Volovici.

Voici comment cette logique aurait pu être intégrée dans son rapport: “D’après la loi fédérale indienne, les nations natives ont le droit d’occupation et d’utilisation des sols, mais, en conséquence des bulles pontificales et des chartes royales d’Angleterre, ainsi que de la doctrine chrétienne de la découverte et de la domination intégrées dans la loi fédérale des Etats-Unis, ils ne sont pas propriétaires de la terre.” Ces 55 mots de plus aurait ajouté un certain volume à l’article de Mme Volcovici.

Où est la proposition en provenance de ceux qui ont formé La Coalition Native Américaine pour que Trump se débarrasse de la pernicieuse doctrine chrétienne de la découverte et de la domination de façon à ce que nos nations aient de plein droit la propriété du territoire ancestral et de son intégrité en tant que nations à part entière ? Pour une raison indéterminée, cette proposition ne fait pas partie du plan. Ailleurs dans son article, Mme Volcovici a déclaré: “les fondations légales pour les réserves indiennes datent des traités faits entre 1778 et 1871 pour mettre fin aux guerres entre les Indiens indigènes et les développeurs européens.

Ceci est finement écrit de sa part. Son phrasé place le point de focus sur la date des “fondations légales” des réserves indiennes, plutôt que sur les “fondations” en elles-mêmes, qui, si elle s’était donnée la peine de chercher, l’aurait ramené en boucle vers les bulles pontificales, les chartes royales d’Angleterre et la doctrine de la découverte. Si les traités étaient la base réelle pour la création des réserves, il y aurait alors aujourd’hui un grand litige entre les frontières des réserves et les frontières des traités, ; ceci n’étant pas…

L’article fait remarquer que le plan de “privatisation” est court sur les détails: “Les leaders de la coalition de Trump n’ont pas fourni de détails sur le comment ils proposent d’alouer la propriété et les droits de la terre et des ressources minières ou du comment s’assurer que cela reste sous contrôle indien.” “Cela doit être fait en maintenant la souveraineté”, déclare Ross Schwimmer, vice-président de la coalition de Trump, ancien “Chef Principal” de la nation Cherokee en Oklahoma (NdT: notons que les Cherokee ne sont pas natifs d’Oklahoma, mais on été forcés à quitter leurs terres ancestrales dans ce qui est connu sous le nom de la “piste des larmes” au XIXème siècle, pour se réétablir en Oklahoma.). Il était auparavant secrétaire d’état aux Affaires Indiennes dans l’administration Reagan, une drôle d’époque lorsque le ministre de l’intérieur de Reagan James G. Watt déclara en 1983 que les réserves indiennes étaient “un exemple d’échec du socialisme”.

L’utilisation du mot “privé” dans “privatisation”, un terme qui a essentiellement été utilisé en rapport avec la “corporatisation” de la terre et des ressources, indique que la Native American Coalition for Trump n’a pas la protection de la nationalité indigène particulièrement en tête, malgré ce que professe Schwimmer. Ainsi la question demeure: Ceci denote t’il le point de départ d’une nouvelle “ère de termination” ou d’une nouvelle période de distribution de terre à la Dawes, ce qui eut pour résultat de voir plus de 90 millions d’acres de terre être retirés du contrôle des nations indiennes ?

Résistance au colonialisme: Steven Newcomb rencontre le pape François à Rome dans le cadre de la remise de la déclaration de la Longue Marche sur Rome…

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Face à face avec le pape François 1er pour la révocation de la bulle pontificale Inter Caetera

Steven Newcomb

6 Mai 2016

url de l’article original:

http://indiancountrytodaymedianetwork.com/2016/05/06/face-face-pope-francis-get-inter-caetera-papal-bull-revoked-164399?page=0%2C0

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

Le 4 Mai 1493, le pape Alexandre VI (NdT: Rodrigo Borgia, père de Cesare et Lucrèce Borgia…) a émis la bulle pontificale Inter Caetera qui appela les nations non-chrétiennes à être réduites et subjuguées (“barbare nationes deprimantur”). Le 4 Mai 2013, 200 ans après que notre grand leader Shawnee Tecumseh fusse tué sur le champ de bataille le 5 Octobre 1813, la Dr Debra Harry (nation Paiute), Sharon Venne (nation Cree, traité 6) et moi-même, avons vu deux parchemins originaux de la bulle pontificale aux archives générales des Indes occidentales de Séville en Espagne.

Le 4 Mai 2016, j’ai eu la très rare opportunité de demander en personne, sur la place St Pierre de Rome, au pape de révoquer formellement ce document. Nos plus de 20 ans d’effort pour faire révoquer ce décret pontifical en tant que document représentatif d’une série de documents, n’est pas du tout un pas vers ce qui a été appelé à tort une “réconciliation”, mais vers une décolonisation et une rectification. C’est une action visant à mettre fin au système de domination linguistique que le pape Alexandre VI a dirigé contre nos ancêtres non-chrétiens, nos nations originelles libres et qui fut un langage et un héritage de dévastation et d’oppression qui perdurent à ce jour.

D’après l’utilisation du concept de la “Terre-Mère” par le pape François dans sa déclaration encyclique “Laudato Si”, dans sa déclaration de contrition en Bolivie sur le traitement terrible enduré par les nations originelles et infligé par l’église catholique et d’autres forces coloniales, ainsi que dans ses appels variés pour la réforme, le pape François est le parfait candidat pour une révocation de la série de bulles pontificales de domination. L’archevêque Silvano Tomasi du Conseil Pontifical pour la Justice et la Paix a rencontré notre groupe durant deux heures, une délégation très variée de nations originelles qui se sont réuni pour l’évènement de la Longue Marche sur Rome afin d’y discuter de l’appel toujours en cours pour la révocation des bulles pontificales, démarche qui commença avec l’Institut Légal Indigène et ses efforts en ce sens dès 1992. La Longue Marche sur Rome s’est terminée à Florence et à Rome du 30 Avril au 4 Mai 2016.

Après avoir dit une brève prière dans notre langue Lenape, j’ai dit au pape: “Pape François voici un livre que j’ai écrit au sujet de la bulle pontificale Inter Caetera du 4 Mai 1493 (NdT: “Païens en Terre Promise, décoder la doctrine chrétienne de la découverte”, dont nous avons traduit de très larges extraits que l’on peut lire ici...). Aujourd’hui il y a 523 ans depuis que ce document a été publié, appelant pour la domination de nos nations originelles et des peuples de l’Île de la Grande Tortue ainsi que toutes les autres nations non-chrétiennes sur la planète. Ce document pontifical a été très destructeur pour nos nations et nos peuples depuis plus de cinq siècles. Nous vous appelons à révoquer formellement ce document afin que vous puissiez libérer l’esprit de cette énergie négative que le Vatican a placé sur nous.” Le pape François a répondu: “Je vais le lire.” J’ai poursuivi: “Merci. Voici une déclaration que nous avons compilée. Je vous remercie grandement d’avoir accepté de nous rencontrer.”

Cela fait 24 ans que Birgil Kill Straight, un chef traditionnel de la nation Oglala Lakota et moi-même avons commencé notre effort de voir la bulle pontificale révoquée. Birgil avait arrangé pour que nous voyagions avec des alliés italiens dans une tournée conférencière dans les villes du nord de l’Italie. Maintenant nous avons formellement délivré cet appel à la révocation directement au cœur et à l’esprit du pape François, qui a choisi son nom de pape en honneur de St François d’Assise, quelqu’un qui s’identifiait avec révérence à la nature et aux animaux.

Birgil et moi sommes allés à Assisi en Italie vers le milieu des années 1990, lorsque Birgil fut approché pour faire partie d’une équipe de rédaction du préambule de la Charte de la Terre. Il fut invité par le père polonais Perzywozny à s’assoir avec d’éminents universitaires de cette équipe de rédaction. Birgil amena avec lui un essai qu’il avait écrit au sujet des cérémonies traditionnelles Oglala ainsi que leur spiritualité. Il expliqua par implication que l’église catholique n’avait pas réussi dans sa tentative de détruire la langue et les traditions cérémonielles du peuple Oglala Lakota et que par le moyen de ces deux aspects de leur existence, ils communiquaient toujours avec les animaux tout comme il est dit que St François d’Assise le faisait. Le père Perzywozny fut très peu réceptif à ce message, mais les scientifiques eux ne le furent pas, tant ils comprenaient la condition délabrée dans laquelle se trouvait et se trouve toujours notre Terre-Mère et Ô combien important sont devenus les enseignements centrés sur le respect de la Terre. De là Birgil s’en fut au Vatican où il y rencontra le pape Jean-Paul II.

Dans son encyclique Laudato Si (lettre encyclique sur la maintenance de notre maison commune), le pape François a déclaré: “Bien qu’il soit vrai que nous, chrétiens, avons certaines fois mal interprêté les écritures, nous devons de nos jours rejeter la notion que notre être créé à l’image de dieu et à qui fut donné la domination sur terre justifie une domination absolue sur toutes les autres créatures.Il n’y a pas de meilleur exemple de l’affirnation par l’église que la chrétienté possède le droit absolu de domination sur les non-chrétiens que le phrasé trouvé dans les bulles du pape Nicolas V. Il y exhortait le roi Alphonse du Portugal “d’envahir, de capturer, de vaincre, de subjuguer tous les sarazins, païens et ennemis du christ et de réduire leurs personnes en perpétuel esclavage ainsi que de saisir tous leurs biens et propriétés.” Les bulles pontificales de 1493 contiennent le même type de langage et de système de domination et de déshumanisation. Elles utilisent les mots d’empire, de domination, de subjugation, de réduction et nous vivons toujours aujourd’hui sous les effets et circonstances drastiques de cet horrible système sémantique.

Nous avons proposé à l’archevêque Tomasi qu’une conférence internationale se tienne ayant pour trait un dialogue continu spécialement focalisé sur les thèmes de la domination et de la déshumanisation, ainsi que l’examen détaillé du langage de domination employé dans les bulles pontificales en question. Je lui ai dit “sauf votre respect, il y a beaucoup de votre histoire que vous ne connaissez pas.Je lui ai demandé s’il avait déjà lu les bulles pontificales auxquelles nous faisons référence. Il a dit que non . Je l’ai alors informé en grand détail de la nature de ces documents.

J’ai dit à l’archevêque Tomasi qu’une fois que ces idées et comportements ont été institutionnalisés en lois et politiques, l’Église ne peut simplement plus évoquer le concile de Vatican II par exemple et ne pas regarder en arrière et prendre responsabilité pour les ruines laissées dans le sillage de ces bulles pontificales de la domination. Aussi que l’Institut de Droit Indigène est concerné, ce travail n’est pas au sujet de la “réconciliation”, un euphémisme du système sémantique de domination pour parfaire et continuer le but des colons de nous assimiler et de nous incorporer dans leur corps politique de l’État. Les bulles pontificales et la domination des pensionnats pour Indiens (NdT: à la fois aux Etats-Unis et au Canada), ont eu pour intention de nous incorporer et de nous absorber dans leur système colonial. Les bulles démontrent un mensonge de base trouvé dans le concept de “vérité et réconciliation”: Les archives historiques ne montrent aucune “bonne relation” ou “amitié préalable” avec les oppresseurs devant être restaurées. Ainsi, sous la surface, réside la signification cachée de la “vérité et du mensonge”.

Ce travail et cette démarche sont à propos de la libération de nos nations et de nos peuples des schémas comportementaux et d’un système sémantique de domination. C’est au sujet de la restauration et de la cicatrisation de nos nations et de nos peuples fondées sur notre amour et la connexion spirituelle à la terre, nos langues, nos endroits sacrés et cérémonieux et notre existence originale libre et indépendante en tant que nations remontant bien avant la notion même du temps occidental.