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Analyse du dernier livre de Pierre Bance « La fascinante démocratie du Rojava »… Du Confédéralisme Démocratique au proto-état une nécessité implacable ?

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, colonialisme, démocratie participative, gilets jaunes, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, militantisme alternatif, pédagogie libération, politique et social, résistance politique, société des sociétés, société libertaire, terrorisme d'état with tags , , , , , , , on 23 février 2021 by Résistance 71

Au sujet du livre de Pierre Bance “La fascinante démocratie du Rojava”

Du contrat social au principe égalité

Une recension de Freddy Gomez (acontretemps.org)

Février 2021

Source:
http://www.autrefutur.net/Sur-LA-FASCINANTE-DEMOCRATIE-DU-ROJAVA

C’est, à n’en pas douter la bataille de Kobané, en 2015, qui rendit populaire la lutte des Kurdes en Syrie. On se souvient que la lutte acharnée des Unités de protection du peuple (YPG) et des Unités de protection de la femme (YPJ) conduisit, après des combats acharnés, à la déroute des cinglés de l’Organisation de l’État islamique (OEI) – plus connu sous le nom de Daesh. L’enthousiasme fut tel, dans certains cercles de l’activisme militant du Premier Monde, que le Rojava devint une sorte de terre promise, de référence absolue. Ineffable fut alors l’attrait qu’exerça sur ces nouveaux adeptes de la cause kurde, souvent jeunes et se réclamant d’un anarchisme d’époque, les images guerrières de combattantes en treillis. Postérisée, leur représentation – souvent accolée à celles de souriantes miliciennes en armes du bref été espagnol de l’anarchie de 1936 – était censé rejouer, sur un tempo féministe révolutionnaire et en terre inconnue, le énième retour du peuple en armes sur la scène de l’histoire. Le problème avec l’exotisme révolutionnaire, c’est qu’il ne voit que ce qu’il veut voir : des images qui confortent l’idée romantique qu’il se fait, à un moment historique donné, de l’écart absolu. Et jamais ce qui couve sous l’apparence, notamment la complexité et les contradictions d’un combat qui exige, pour en saisir la portée, d’en connaître les tenants, la tradition, les mutations et les raisons profondes. Hélas, la forte couverture spectaculaire que connut la bataille de Kobané passait largement sous silence l’objet réel de cette résistance acharnée aux fous d’Allah : la mise en branle d’un processus politique de longue haleine fondé sur une idée – le confédéralisme démocratique – qui prétendait rien moins qu’incarner, en cet Orient compliqué, une nouvelle voie au socialisme ayant pour piliers la démocratie directe, l’émancipation des femmes, l’écologie et l’inclusion de toutes les composantes ethniques et religieuses de la société.

Située entre Tigre et Euphrate, sur le territoire du nord et de l’est de la Syrie, la petite République du Rojava fait aujourd’hui doublement symbole. Pour avoir, d’une part, largement contribué à vaincre l’État islamique en y mettant le prix : 11.000 de ses combattants, femmes et hommes, y ont perdu la vie et 24 000 y ont été blessés, ce qui représente la moitié de l’effectif de son armée de 70 000 combattants. Pour s’entêter, de l’autre, même menacée au quotidien par les forces armées turques d’Erdogan, à défier, dans un monde qui marche sur la tête, toutes les logiques de mort et de conquêtes qui ravagent le Moyen-Orient depuis un temps infini. En clair, sous son autre nom – la Fédération de la Syrie du Nord –, la République du Rojava [1] est devenue cet étrange lieu où se joue, dans l’histoire et contre l’histoire, un défi qui relève pour beaucoup d’un pari audacieux ou impossible.

Grande comme le Benelux, la Fédération démocratique de la Syrie du Nord, qui représente un tiers de la surface totale de la Syrie, inclut le Rojava proprement dit [2], peuplé en majorité de Kurdes, et les territoires à dominante arabe libérés [3] de l’emprise islamiste. La population du Rojava est d’environ 3,5 millions d’habitants, le reste des territoires libérés en concentrant 5 à 6 millions. Bordée au nord par la Turquie – qui l’a déjà envahie par trois fois en 2016, 2018 et 2019 [4] –, l’entité autonome doit également se défier, au nord encore et à l’ouest, des mercenaires turcos-islamistes qui n’ont de cesse de harceler les populations kurde, assyrienne ou arabe vivant en bordure de la frontière. À l’ouest et au sud, le régime de Bachar El-Assad rêve de reconquérir tous les territoires de la Fédération. À l’est, la région autonome du Kurdistan d’Irak se montre peu portée à la solidarité, même inter-ethnique, avec elle. C’est dire que rien ne lui est épargné et qu’il n’est pas vain de penser qu’elle pourrait être rapidement rayée de la carte d’autant qu’on sait que, faisant fi du cessez-le-feu de 2019, la Turquie et ses alliés islamistes, qui presque quotidiennement bombardent villes et villages dans le nord du Rojava, préparent activement une quatrième invasion du territoire. Dans le silence complice des forces dites de la Coalition et des Russes qui sont aussi peu enclins, d’un côté comme de l’autre, à faire en sorte que puisse prospérer cette expérience autonome de construction d’une République sociale.

Dans son précédent ouvrage datant de 2017 consacré au Kurdistan [5], Pierre Bance retenait de l’expérience alors en cours au Kurdistan une méthode, fondée sur « la convergence et l’autonomie démocratique », susceptible de devenir le pivot d’un projet d’émancipation unitaire capable, à une échelle plus vaste, de dépasser les anciens clivages idéologiques rendus caducs par l’avancée du désastre occidentalo-capitaliste. Son essai attestait, preuves à l’appui, que se jouait, dans cet ailleurs en guerre contre le fascisme islamiste, un de ces contretemps dont l’histoire est parfois – rarement – capable pour défaire le pessimisme dominant qu’induit son désastreux cours.

C’est dans la claire continuité de cette entrée en matière que se situe le dernier opus de Pierre Bance, une impressionnante somme de 600 pages doté d’un appareil critique de belle envergure. L’auteur, qui se méfie du romantisme révolutionnaire et des illusions qu’il véhicule, s’y revendique de la même approche pragmatique qu’il avait appliquée à la réalité de 2017 et fonde sa minutieuse analyse de la situation actuelle dans la République du Kurdistan sur l’observation précise, méticuleuse et critique de la réalité observable. Il admet préférer juger sur pièces les avancées et les reculs d’un processus démocratique en construction, sans chercher à lui appliquer une quelconque grille de lecture fondée sur des préjugés idéologiques. C’est à partir du réel et de sa seule liberté de jugement qu’il s’interroge sur la profondeur d’un processus en cours qui, dans les conditions les plus hostiles qui soient, ose parier sur un avenir communaliste démocratique. Et il est vrai que cet incroyable rendez-vous avec l’histoire de l’émancipation semble capable de défaire les obstacles. Comme si rien, pas même l’hypothèse réaliste de sa défaite, ne pouvait suspendre un espoir qui avait déjà résisté à la dispersion de populations traumatisées et précarisées par la guerre, aux trahisons internationales répétées, à la fureur de Daesh, à l’État turc et à la Syrie alliée de l’Iran et de la Russie. Les Kurdes ont, c’est vrai, la mémoire longue et la ténacité millénaire. Ils savent que plus la cause est juste, plus elle mérite persévérance.

Éloigné de toute mythologie, on comprend que ce qui « fascine » Pierre Bance, dans ce processus démocratique au long cours, c’est que, déjà, cette inédite démocratie qui lève au cœur d’un Proche-Orient pourri de dictatures, nourri de chaos, gangréné de régimes mafieux et d’États-nations aux visées hégémoniques et livré à des coutumes patriarcales et à des pratiques religieuses d’un autre âge, s’est mise en tête de protéger les droits humains et les libertés fondamentales. Ce qui n’est pas rien, convenons-en. Comme d’unir des populations kurde, arabe, assyrienne, chaldéenne, turkmène, arménienne, tchétchène, tcherkesse de diverses confessions – musulmane, chrétienne et yézidie – au sein d’une même fédération, à égalité de droits et de devoirs. Comme d’encourager et de protéger une mosaïque culturelle où toutes les langues ont droit de cité, du jardin d’enfants à l’université. Comme d’instituer la parité dans toutes les instances publiques et civiles. Comme de faire en sorte que, là où régnait la loi mâle du plus fort, prévalent désormais le principe égalité et une justice du consensus.

Pas rien, en effet ! Mais pas assez non plus pour qui se réclame, comme Pierre Bance, d’une perspective anticapitaliste, libertaire et autogestionnaire. Car il a pris le confédéralisme démocratique suffisamment au sérieux pour ne pas oublier que le processus démocratique en cours doit aussi fonder les bases d’un socialisme original capable de mettre en place une société le moins étatisée possible où les principales missions de service public, mais aussi certaines fonctions régaliennes, devront être transférées de l’État vers les institutions locales auto-administrées : communes, conseils, assemblées.

Si ce nouvel essai de Pierre Bance est précieux, c’est qu’il s’appuie sur une lecture juridique de fond des énoncés du Contrat social [6], qui fait aujourd’hui fonction, en prolongeant la charte du Rojava de 2014, de charte constituante de la Fédération démocratique de la Syrie du Nord.

Ce Contrat social, Pierre Bance l’analyse par le menu, « dans sa triple dimension du droit, de la pratique institutionnelle, de la critique politique ». Il le fait en juriste de formation qu’il est, sans lyrisme, avec prudence, mais surtout en prenant soin d’y pointer, dans une démarche clairement solidaire, les avancées et les manques. Ce texte sert de charte à l’Administration autonome démocratique, entité qui, sans se vouloir gouvernement du peuple, aspire à fédérer les communes, les assemblées populaires et les conseils de canton et de région des zones placées sous son contrôle. Pariant sur un alliage inédit entre deux formes de démocratie – l’une représentative ; l’autre directe –, ce Contrat social, qui dénonce « le régime tyrannique de l’État-nation », garantit, entre autres, les droits relevant du principe d’égalité des sexes et des ethnies, du principe de la liberté d’aller et venir, de pratiquer sa religion, d’exprimer son opinion, de s’organiser, de se syndiquer, mais aussi les droits à la protection sociale, à la santé et au travail [7]. Par ailleurs, son article 18 interdit la peine de mort.

Sans préjuger des obstacles intérieurs et extérieurs, voire des entraves qui pourraient compliquer ce processus d’émancipation assumé comme « stratégie révolutionnaire d’attente » capable de concilier, voire de fédérer, des contraires pour avancer vers la voie communaliste de la démocratie directe, il faut rendre hommage à Pierre Bance de laisser ouvertes, tout au long de son essai, deux perspectives : celle, autoritaire, d’une conformation progressive du projet émancipateur à une logique étatiste qui serait sa négation même et celle, libertaire, d’un approfondissement de l’auto-organisation et de la démocratie directe. Il n’y a pas davantage d’angélisme dans son très méticuleux exposé de la situation que de surmoi anarchiste critique. Et c’est heureux. Nous sommes ici en territoire d’incertitude, mais aussi de désir, non de croire, mais d’espérer que pourrait s’inventer, en cette vieille terre mésopotamienne, berceau de civilisation, une autre voie pour l’humanité. Avec ce désir au cœur et cet espoir en tête, Pierre Bance cherche à comprendre comment ça marche, comment ce processus s’articule, qu’elle est la réalité administrative et politique de ce Rojava, sur quoi elle repose, en quoi le Contrat social qui la fonde et la régit fait écho – ou pas – au projet de confédéralisme démocratique qui l’inspire, comment le proto-État que le Contrat social met en place – et dont il serait, à vrai dire, difficile de se passer au vu des difficultés politiques, économiques, militaires, diplomatiques que doit affronter le Rojava – pourrait n’être que l’expression d’une phase transitoire vers son dépérissement.

Le point de vue qu’il adopte est clair, c’est celui d’un socialiste libertaire cultivé qui connaît l’histoire et ses lois. Il sait, par exemple, qu’aucune structure étatique reconstituée ne se dissout d’elle-même, qu’il faut l’aider à désencombrer le paysage pour que s’épanouisse la République des égaux. Il sait encore que c’est là une intuition devenue postulat de l’anarchisme historique. Il sait enfin que la chose est d’autant moins simple que l’État, qui a sa propre logique, s’autonomise en tant que tel et que, de toutes ses forces, il résiste au dépérissement. Mais voilà, Pierre Bance n’est pas un anarchiste de la dernière averse, ce qui lui permet de savoir aussi qu’aucun postulat ne se suffit à lui-même, qu’il faut en permanence le confronter à l’analyse objective, serrée, désidéologisée tant que faire se peut, de l’indépassable réalité d’une situation donnée et des circonstances qu’elle ne manque jamais de créer. Confronté aux circonstances de la guerre civile, l’anarcho-syndicalisme espagnol des années 1930, massif, impétueux et conquérant, dut cesser de cultiver l’esprit de fugue, abandonner partie de ses postulats les plus ancrés et repenser in vivo quelques-unes de ses contradictions. Jusqu’à occuper quatre ministères au gouvernement central de la République. La comparaison vaut ce qu’elle vaut, mais elle a le mérite de poser un principe : on peut se situer hors limites du possible, mais il est impossible, sauf à la déserter, d’ignorer une réalité concrète, une circonstance en somme. C’est un peu ce que, de livre en livre sur le Rojava, fait Pierre Bance : il cherche à comprendre les circonstances qui font que les luttes d’émancipation, répondant à leur seule dynamique, sont toujours obligées de composer avec le réel. Sans perdre d’esprit le rêve émancipateur.

Ce qui ressort de cette forte lecture, c’est une belle espérance et un vrai questionnement.

Freddy GOMEZ

Articles de Pierre Bance  :

[1] Ce changement d’appellation de « Rojava » (qui veut dire « l’Ouest » en kurde) en « Fédération de la Syrie du Nord » répond à une claire volonté d’inclusion des populations non kurdes dans le processus constituant en cours.

[2] Le Rojava proprement dit est composé de trois régions kurdes : Cirizé, Euphrate et Efrin.

[3] Les quatre régions arabes libérées sont Raqqa, Tubqa, Manbij et Deir ez-Zor. Elles forment, avec les trois régions kurdes précédemment citées, l’actuel territoire sous contrôle de l’Administration autonome de la Syrie du Nord. Cette entité ne prétend pas faire État, mais fédération de régions autonomes intégrée à une Syrie démocratique, elle-même dotée d’une constitution républicaine, laïque et fédérale.

[4] Occupation du triangle Azaz-Bad-Jarablous en 2016, du canton d’Afrin en 2018 et de la bande Girê Spî-Serêkaniyê en 2019

[5] Un autre futur pour le Kurdistan ? Municipalisme libertaire et confédéralisme démocratique, Éditions Noir et Rouge, 2017.

[6] Adoptés le 29 décembre 2016 lors d’une Assemblée constituante où étaient représentés vingt-deux partis et organisations politiques, le préambule et les quatre-vingt-trois articles de ce Contrat social sont donnés, en annexe de ce livre, dans une traduction de l’arabe vers le français réalisée par la Représentation du Rojava en France.

[7] Sur la question du droit à la propriété privée, en revanche, le Contrat atteste (article 43) qu’il est « garanti, sauf s’il contredit l’intérêt général » et qu’il doit être « régulé par la loi ». Cela dit, on notera qu’il est aussi précisé, dans son article 11, que la Fédération démocratique de la Syrie du Nord, « fondée sur l’appropriation collective de la terre, de l’eau et de l’énergie […], adopte les principes de l’économie sociale et de l’industrie écologique », ce qui peut traduire une aspiration anticapitaliste.

= = =

Lectures complémentaires :

Abdullah Ocalan « Condédéralisme Démocratique » (Texte complet, 2011)

6ème déclaration zapatatise de la forêt de Lacandone (2005)

Un exemple de charte condédérale, Michel Bakounine, 1895

Manifeste pour la société des sociétés

Rojava, entretien avec des membres du Tekosîna Anarsîst (PDF)

Commune Internationaliste du Rojava : Quelle est-elle en 2020 et où va t’elle ? Entretien avec des membres du Tekosîna Anarsîst (PDF)

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Résistance 71

4 novembre 2020

De rares nouvelles de l’intérieur du Rojava avec cet entretien en compagnie de membres du groupe Tekosîna Anarsîst (Lutte Anarchiste), que nous avons traduit et publié en deux parties. Jo nous en a fait un superbe PDF.
Cet entretien répond à quelques questions qui se posaient concernant le Confédéralisme Démocratique et la Commune du Rojava. Existaient-ils toujours ? Ont-ils été trahis depuis 2016 ? Qui est en charge et qui y fait quoi ? Réponses, points de vue et perspectives…

Rojava-Entretien-avec-TA
(version PDF, traduction R71)


Commune Internationaliste du Rojava

Guerre impérialiste au Moyen-Orient: Yankees et Brits s’emparent du pétrole syrien… La fin du Rojava ?…

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La fin de ce court article laisse entrevoir la confirmation de ce que nous disons ici depuis 2017 concernant cette région du Rojava dont il était certain qu’elle allait devenir un grand enjeu géo-économico-politique au fil de cette guerre par procuration menée en Syrie depuis 2011 ; à savoir que la révolution sociale du Rojava commencée en 2005 et renforcée à partir de 2011 est semble t’il défunte. Il est de plus en plus évident que des forces politiques affiliées à l’empire via les liens du clan factieux et mafieux Barzani du “Kurdistan” irakien, ont pris le dessus sur le mouvement du Confédéralisme Démocratique depuis fin 2016 avec l’instauration sous une “charte / contrat social du Rojava” bidon d’un proto-état créé et soumis aux desiderata de l’empire. Il y a plus de 30 factions kurdes opérant dans la région certaines en opposition politique créant une véritable nébuleuse, opaque à souhait, dont l’empire tire un profit maximum dont essentiellement le pillage des ressources naturelles de l’endroit.

Peu d’information fiable filtre pour rendre compte de l’état des choses au Rojava et pour savoir si les communes ont toujours une partie du pouvoir décisionnaire ou si tout a déjà été happé, vampirisé par les institutions proto-étatiques d’un “Kurdistan syrien” sous contrôle américano-sioniste comme l’est le “Kurdistan irakien” depuis le départ. Il est à noter que les médias  dans leur ensemble tendent déjà à effacer la terminologie de “commune du Rojava”, jamais vraiment en odeur de sainteté, pour ne plus parler pas à pas que de “Kurdistan syrien”, parce que là est l’objectif: la jonction des deux “Kurdistan” irakien et syrien en une entité proto-étatique sous contrôle du clan Barzani américano-sioniste. Si on se réfère au texte du “Manifeste du Confédéralisme Démocratique”  écrit par Abdullah Ocalan en 2011, en aucun cas il n’y est fait état de la création d’un “Kurdistan” sous forme étatique, de fait le CD est en rupture avec l’état et ses institutions, ainsi nous pouvons affirmer à la lecture des textes que ce “contrat social du Rojava” est une trahison pure et simple du Confédéralisme Démocratique tel que pensé et mis en pratique depuis 2005 dans cette partie du Moyen-Orient.

Les factions dominantes de la politique kurde de cette région affiliées à l’empire depuis 2016 tirent effectivement les marrons du feu de leur trahison. Il serait toutefois bon que ceci puisse être confirmé de l’intérieur et soit exposé au grand jour. Notre position à Résistance 71 a toujours été claire: soutien au Confédéralisme Démocratique originelle et dénonciation de la traîtrise du “contrat social / charte du Rojava”, création impérialiste de contrôle factieuse.

~ Résistance 71 ~

 

« L’appel à la création d’un état-nation séparé [kurde] représente les intérêts de la classe dirigeante et ceux de la bourgeoisie mais ne reflète en aucun cas les intérêts du peuple. En effet, un état supplémentaire ne ferait que renforcer l’injustice et entraver encore plus le droit à la liberté. Par conséquent, la réponse à la question kurde se trouve dans une approche visant à affaiblir ou à repousser la modernité capitaliste. »
~ Abdullah Öcalan, 2011 ~

 

 

Américains et Britanniques s’emparent du pétrole syrien… Des acteurs régionaux en profitent

 

Al Manar

 

29 novembre 2019

 

url de l’article: https://french.almanar.com.lb/1569394

 

En Syrie, au mépris du droit international, les forces américaines et britanniques  sont en train de s’accaparer les régions pétrolifères.

Selon l’agence syrienne officielle Sana, des forces américaines se sont déployées dans la zone pétrolifère de Rmilane située dans la province de Hassaké, au nord-ouest de la Syrie alors que les forces britanniques faisaient de même à proximité du champ Al-Omari dans la province de Deir Ezzor.

Selon l’agence kurde Roodaw, un convoi formé de près de 80 soldats et d’une centaine de véhicules militaires ont été vus en train d’emprunter l’autoroute internationale Oum Arbaa. En même temps, une patrouille américaine formée de 6 blindés a pris la direction de la région al-Qahtaniyat –Jal Agha, le triangle frontalier entre la Syrie, la Turquie et l’Irak. ces troupes ont été retirées de la province nord de Raqqa et de la province ouest de Hassaké.

Selon certains chiffres cités par la chaine qatarie al-Jazeera, il y aurait dans la région de Rmilane plus de 1.000 puits de pétrole

Désormais, les Etats-Unis ont plusieurs bases autour de la ville de Qamichli, dans les régions al-Taloul, de Malikiyyat et de Rmilane. Elles sont toutes riches en pétrole.

En même temps, selon al-Alam, une unité militaire britannique est sortie de la base Qasrak située au nord de Tal Tamar, dans la province de Hassaké, et s’est dirigée vers le champ pétrolier al-Omar  dans la province de Deir Ezzor.

Concernant les Français qui ont eux aussi des troupes dans cette région syrienne, il n’est pas encore clair quelles régions pétrolifères ils ont confisquées.

Cette mainmise sur les gisements de pétrole syrien n’a pu être possible  que grâce aux dirigeants kurdes des Forces démocratiques syriennes. Ils contrôlent cette région qui ne leur appartient pas, depuis qu’ils ont rallié les forces de la Coalition occidentale en Syrie.

La Turquie qui occupe désormais des régions importantes du nord-est syrien devrait elle aussi aurait sa part dans le pétrole pillé des gisements syriens. Une fois extrait, il serait acheminé sur son sol afin d’être écoulé. Des rapports médiatiques ont révélé que les Kurdes l’ont fait déjà. Etrangement, leur animosité apparente semble être reléguée à un second degré. A noter que c’est par la Turquie que Daech acheminait le pétrole syrien qu’il dérobait.

Le Kurdistan d’Irak pourrait lui aussi disposer d’une part de ce pétrole : il constitue la deuxième trajectoire pour son acheminement, avant son écoulement.

 

Résistance politique: La trahison et l’usurpation du Confédéralisme Démocratique au Rojava ne condamnent pas le mouvement, juste les traîtres responsables…

Posted in actualité, autogestion, colonialisme, démocratie participative, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, militantisme alternatif, politique et lobbyisme, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , , , , , on 1 avril 2018 by Résistance 71

De bonnes choses dans cette analyse du RV (Meyssan ?…) que nous reproduisons ci-dessous, mais il y a un paragraphe que nous nous devons de commenter pour rétablir un équilibre et une réalité des choses. Voici ce qui est dit dans l’analyse:
“Identiquement, l’idéologie du « Rojava », l’anarchisme, est un habillage visant à la fois à faire oublier le retournement du PKK marxiste-léniniste en un instrument de l’Otan, et à le rendre sympathique aux Occidentaux.”
Péremptoirement il y est dit que “l’anarchisme” est un “instrument de l’OTAN”. Ce type de jugement à l’emporter-pièce est typique de personnes étant en mission de diabolisation au profit du dogme prévalent, celui de l’étatisme forcené. Cette affirmation est fausse. Dans un premier temps l’”anarchisme” est bien antérieur à l’OTAN, cette Organisation Terroriste de l’Atlantique Nord, née après la seconde guerre mondiale, mais plus précisément dans le cas du Rojava, il convient de lire les deux textes régissant l’expérience sociale du Rojava pour se rendre compte qu’ils n’ont rien à voir l’un avec l’autre. Le premier est celui qui établit la voie du Rojava telle qu’envisagée par Abdullah Ocalan le leader du PKK, prisonnier politique dans une prison de haute sécurité turque et qui avait écrit en 2011 son “Manifeste pour le Confédéralisme Démocratique”. Sans doute avait-il envisagé ce qui allait suivre, sa trahison et laissait ainsi à la postérité un écrit de ce qu’il devait être et comment il fut mis en place dans un premier temps. Depuis 2016, est mis en place au Rojava, un système proto-étatique régit par la fumisterie totale du second texte qu’est la “Charte du Rojava” et son soi-disant “contrat-social”, manifestement pondu par la bureaucratie de Washington. Ce “contrat social du Rojava” est une trahison éhontée du Confédéralisme Démocratique mis en place au Rojava avant la guerre impérialiste par proxy qui s’y déroule depuis 2011, Confédéralisme Démocratique qui est demeuré fonctionnel jusqu’à sans doute la fin 2015. Il ne fait que mettre en place un proto-état ayant les mêmes caractéristiques à quelques nuances exotiques près, que n’importe laquelle de nos parodies de démocratie représentative occidentale à dictature de la majorité.
Alors, oui le Rojava sous le “contrat social” édicté par les yankees depuis 2016 est devenu un allié de l’empire, des sbires ont trahi et ont vendu le projet à l’empire dans l’espoir de récompenses futures et pour faire du Rojava un clone du pseudo-Kurdistan de la mafia Barzani en Irak, marionnette de la CIA et de l’empire. C’est du reste manifestement le but: corrompre l’affaire pour en faire un “protectorat” mafieux “à la Barzani” avec une clique locale inféodée à l’empire, qui pourra être connectée au mini-royaume mafieux du nord de l’Irak. Nous sommes là très loin du CD prôné et mis en place par les suiveurs d’Ocalan pendant une petite dizaine d’année.
Le Confédéralisme Démocratique a été trahi, infiltré et corrompu, c’est une certitude, mais il ne fut en rien “un projet de l’OTAN ou de la CIA” dès sa création comme Meyssan essaie de le faire croire en affirmant sans preuve, qu’Ocalan travaille pour la CIA depuis sa prison insulaire de HS. Meyssan allie dans cette affaire, la véritable info à l’intox, ici dans le but de discréditer un mouvement social inspiré de l’Idée de la société anarchiste, adaptée aux conditions socio-culturelles locales, qui fait véritablement peur au système étatique et on comprend pourquoi en le lisant, notamment dans sa partie finale qui envisage son extension à toute la région moyen-orientale non pas par la coercition, mais par la persuasion d’un modèle émancipateur réellement fonctionnel et non pas un ersatz de démocratie représentative qui pue l’arnaque impérialiste à 50km à la ronde.
Le Confédéralisme Démocratique est hautement subversif tandis que “le contrat social du Rojava” n’est qu’une énième resucée de la fange étatico-capitaliste et de sa mascarade représentative. Les deux ne peuvent en aucun cas être assimilés, ils sont le jour et la nuit, il suffit de lire les textes l’un après l’autre pour s’en rendre compte en toute bonne foi. Ne pas reconnaître ce fait, induire volontairement les gens en erreur de la sorte fait perdre à Meyssan une partie de sa crédibilité, surtout cela expose au grand jour son parti-pris et montre bien, à terme,  pour qui il pédale. Il est sûr que ce n’est ni de lui ni de ce qu’il représente que viendra la solution au marasme de l’État, ce cancer social dont il faut pourtant nous débarrasser et le plus tôt étant le mieux.
Pour le reste de l’article, il est informatif et montre une fois de plus l’implication des états occidentaux terroristes, dont la France fait partie, dans les guerres impérialistes menées pour leurs maîtres banquiers de la City de Londres.
~ Résistance 71 ~

 

La France renvoie des troupes en Syrie

 

Réseau Voltaire

 

30 mars 2018

 

url de l’article original:

http://www.voltairenet.org/article200397.html

 

Le 29 mars 2018, le président Emmanuel Macron a reçu à une délégation des Forces démocratiques de Syrie. Selon « l’ambassadeur » du « Rojava » à Paris, Khaled Issa, il a annoncé que la France envoie des troupes à Manbij (Syrie).

Les Forces démocratiques de Syrie sont un habillage du PYD, le parti des kurdes pro-atlantistes de Syrie. Pour la forme, la délégation était composée à part égale d’arabes et de kurdes, bien que sur le terrain les FDS soient presque exclusivement des membres du PYD sous encadrement états-unien. Selon l’Élysée, le président Macron a rappelé que la France considérait le PKK turc comme une organisation terroriste, bien que, dans les faits, le PYD soit une excroissance du PKK.

Identiquement, l’idéologie du « Rojava », l’anarchisme, est un habillage visant à la fois à faire oublier le retournement du PKK marxiste-léniniste en un instrument de l’Otan, et à le rendre sympathique aux Occidentaux.

Les Forces spéciales françaises qui étaient présentes dans la ghouta orientale ont été exfiltrées sur ordre du numéro 2 de l’Onu, le faucon Jeffrey Feltman, dans des voitures diplomatiques des Nations unies vers le Liban. Elles seront de retour, plus nombreuses, au Nord de la Syrie. Si leur présence dans la banlieue de Damas était un secret de polichinelle, leur arrivée à Manbij est officieuse, dans la mesure où elle a été annoncée par le PYD, mais non confirmée par l’Élysée.

La présence militaire française est illégale au regard du droit international. Elle est permanente depuis le début de la guerre, en 2011, à l’exception des trois mois de la fin du mandat Sarkozy, soit la période allant de la libération de Baba Amr (Homs) à la conférence des Amis de la Syrie à Paris.

La France d’Emmanuel Macron semble abandonner son soutien aux jihadistes d’al-Qaïda pour se concentrer sur la création d’un « Kurdistan » en territoire arabe, le « Rojava ».

Aux conférences de Versailles (1918) et de Sèvres (1920), les États-Unis soutinrent la création d’un État indépendant pour les populations nomades (« kurdes ») de la vallée de l’Euphrate qui s’étaient sédentarisée en Anatolie après y avoir massacré les chrétiens arméniens (le génocide du sultan Abdulhamid II, puis des Jeunes Turcs). Depuis au moins 1921, la France a repris la revendication d’un État pour les kurdes, mais plus en Turquie.

Les bureaux du « Rojava » à Paris sont aimablement prêtés par Bruno Ledoux, un richissime propriétaire de presse (Libération, L’Express, i24news…) lié à Israël.

Que se passe t’il au Rojava ? Le Confédéralisme Démocratique y est-il trahi ?

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, économie, canada USA états coloniaux, colonialisme, démocratie participative, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, militantisme alternatif, pédagogie libération, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , on 16 septembre 2017 by Résistance 71

“Le confédéralisme démocratique est le paradigme contrasté du peuple opprimé. Le confédéralisme démocratique est un paradigme social non-étatique. Il n’est aucunement contrôlé par un état. Dans le même temps, il est le modèle d’organisation culturel d’une nation démocratique.”

“Le confédéralisme démocratique est fondé sur la participation de la base du peuple. Ses processus de décision reposent sur les communautés. Les plus hauts niveaux de représentation ne servent uniquement qu’à la coordination et la mise en application de la décision des communautés qui envoient des délégués dans les assemblées générales.

~ Abdullah Ocalan ~

 

Lire notre dossier Rojava et notre traduction du “Manifeste du Confédéralisme Démocratique”

Merci à « Bertrand / La Cariatide »

 

Que se passe t’il au Rojava ?

 

Résistance 71

 

15 septembre 2017

 

La révolution sociale du Rojava est-elle en train d’être assassinée par l’empire ?…

Bref récapitualtion pour ceux qui prendraient le train en marche: le Rojava est la province du nord de la Syrie où vit une conséquente population kurde. Sous l’influence politique de transfuges du PKK (Parti Ouvrier Kurde) turc, les Kurdes de Syrie se sont regroupés de manière autonome en appliquant depuis déjà une dizaine d’années un modèle de société égalitaire, géré sur le modèle du Confédéralisme Démocratique (CD, dont l’analyse et le plan général fut écrit en 2011 par le leader du PKK, emprisonné en Turquie: Abdullah Ocalan) et de ses assemblées populaires.

La mise en pratique du CD s’est amplifiée dans la région du Rojava depuis les débuts de l’agression par procuration de l’empire occidental et ses alliés régionaux (Turquie, Jordanie, Israël, Qatar, Arabie Saoudite) sur le peuple syrien afin de s’emparer des ressources naturelles du pays et contrôler l’acheminement du gaz qatari (Exxon-Mobil) vers l’Europe. Ainsi depuis 2012, les milices combattantes de la province autonome kurde du Rojava ont combattu les incursions de l’EIIL (Daesh), libérées les populations Yézidis dans les montagnes des massacres à leur encontre perpétrés par les “djihadistes” de l’armée mercenaire de l’OTAN qu’est Daesh, repoussées les assauts de ces mêmes mercenaires sur la ville principale de Kobané et maintenues actifs les modes de fonctionnements de la société autonome, autogérée et égalitaire mise en place au Rojava par ses populations depuis 2004.

Le CD est le résultat de la profonde réflexion politique d’Abdullah Ocalan, qui à la fin des années 1990 abandonna, ainsi que le PKK, peu à peu l’idéologie marxiste-léniniste ne pouvant mener qu’à la dictature du capitalisme d’état, pour adopter un mode organisationnel directement inspiré du communalisme écologique et municipalisme libertaire, pensé par l’ex-marxiste devenu anarchiste Murray Bookchin et soutenu par sa compagne Janet Biehl, qui s’est rendue au Rojava à plusieurs reprises. Le CD, tel qu’envisagé par Ocalan, est une société fondée sur l’association libre confédérée des communes, où les décisions politiques et économiques sont prises par les conseils et assemblées populaires et où les délégués n’ont aucun pouvoir, seulement le mandat d’expliquer et d’écouter pour rendre compte.

Les circonstances de la guerre en Syrie et les interactions multiples auxquelles ont dû faire face les communautés avec les différents intervenants, a rendu nécessaire la mise en place d’une entité de “communication” issue d’un parti le PYD (2003), branche du PKK turc au Rojava. Techniquement, les cadres du PYD rendent des comptes aux assemblées populaires de leur lieu de fonction.

Avec la poussée et incrustation américaine dans le nord de la Syrie depuis 2015, le Rojava a décidé en 2016 de se donner une constitution de 96 articles, appelée “Contrat Social du Rojava”, qui a été provisoirement mis en application et qui doit être ratifié par une assemblée constituante cette année.

Or, lorsqu’on lit ce “contrat social” du Rojava (2016) après avoir lu le “Manifeste pour un Confédéralisme Démocratique” d’A. Ocalan (2011), on se rend très vite compte que le “contrat social” émergeant n’est en rien issus du modèle de CD tel que l’a pensé son fondateur et tel qu’il fut mis en pratique sur le terrain du Rojava, dans les communes autonomes, depuis plus de 10 ans et surtout depuis 2011. Il s’agit en fait de la constitution d’un état sur un modèle occidental centralisé, bien sûr édulcoré et mis au “goût local” avec ses provisions pour la multi-ethnicité et le féminisme, bonnes choses en elles-mêmes, mais noyées dans une structure d’assemblée législative aux mandats non révocables de 4 ans, avec un contrôle de la dite assemblée par un comité soi-disant indépendant mais… néanmoins nommé par l’assemblée, avec des gouverneurs nommés, des commissions, ces conseils supérieurs de l’exécutif, judiciaire, aucune mention faite aux assemblées populaires ; bref à notre sens, une véritable mascarade qui ne mènera à terme qu’à l’établissement d’un état kurde, d’un “Kurdistan Occidental”, sur un modèle politique hiérarchique classique dit “pyramidal”, qui verra les décisions à terme, être prises en haut pour redescendre et être appliquées “en bas”.

De fait, le “contrat social” du Rojava est si éloigné du “Manifeste pour un CD” d’Ocalan, qu’on peut légitimement se demander s’il n’a pas été pondu dans les burlingues de Washington par quelques juristes impérialistes à la solde. Pourquoi donc ?

La vaste région historique du “Kurdistan” s’étale en fait sur 4 pays et leurs frontières modernes: la Turquie (ex-empire Ottoman défait en 1918), la Syrie (dont les frontières modernes sont le résultat du détricotage de l’empire Ottoman au profit de deux autres empires: l’anglais et le français de l’époque), l’Irak (ex-empire Ottoman) et l’Iran et possède sa population endémique à l’endroit depuis le néolithique. Cette région de nos jours est toujours l’enjeu du grand cirque du contrôle géopolitique entre les “grandes puissances” pour des raison d’accès, de communication, de ressources naturelles (gaz et pétrole) et de contrôle des populations au profit de l’entité coloniale sioniste locale. La guerre par procuration en Syrie fait partie d’un aussi vaste projet de déstabilisation de la région au profit de l’empire anglo-américano-sioniste et de ses satellites ; depuis 2011, l’empire y utilise, ainsi qu’en Irak, son armée mercenaire djihadiste de l’EIIL ou Daesh, Ne pouvant évincer militairement le régime de Damas, aidé par la Russie, l’Iran et le Hezbollah, l’empire s’est résolu à une partition de la Syrie, concertée avec ses alliés. Le but de l’empire est de contrôler un couloir de terres allant de l’Iran à la Méditerranée, celui-ci passe par les Kurdistans irakien et syrien. L’affaire se complique dans la mesure où le Kurdistan indépendant irakien n’a absolument rien à voir avec le CD du Rojava. Le Kurdistan irakien est géré depuis l’après Saddam Hussein par un chef de guerre mafieux local du nom de Barzani. Le but de l’empire est de lier les deux entités kurdes du nord. Ceci n’est pas possible dans le contexte du CD, il faut donc court-circuiter le système démocratique en place et y mettre ses pions corrompus qui à terme, s’allieront avec les Kurdes d’Irak.

C’est le but non avoué de cette “constitution / contrat social” de mascarade pour entériner un “sous-état” kurde au nord de la Syrie, sous contrôle de l’empire, qui y installera ses bases militaires et contrôlera les ressources pétrolières via la mafia locale à y établir comme ce fut fait au Kurdistan irakien.

De fait, il devient assez clair que le Confédéralisme Démocratique du Rojava a été trahi, et se retrouve étouffé pas à pas jusqu’à son estompage total au fil du temps au profit d’en entité étatique dont il sera aisé de faire varier le degré de dictature comme dans tout état existant, le tout au profit des intérêts impérialistes et coloniaux occidentaux dans la région. Ceci fait partie du plan impérialiste de partition de la Syrie, état moderne résultant lui-même d’un précédent détricotage colonial et aux “frontières” factices tout comme les états voisins.

Peu d’information filtre depuis l’an dernier du Rojava. Nous avons soutenu et soutenons la véritable initiative du  CD du Rojava depuis quelques années et pensons qu’elle devrait être considérée par le peuple syrien et tous les peuples de la région, arabes, turc, assyrien, arménien et autres comme le mode d’interaction et d’organisation sociales pour l’avenir. Puissent les peuples du monde en venir à considérer ces expériences du Rojava, du Chiapas, et celles à plus petite échelle comme à plus grande, comme expériences politiques d’intérêt à adapter dans et pour chaque société. Au demeurant, il nous est impossible de soutenir l’initiative fantoche du “contrat social” du Rojava tel qu’il est mis en place aujourd’hui et qui ne peut mener à terme qu’à l’étatisation, à la centralisation définitive du système politique et économique de cette région qui se veut autonome et sans État et qui verrouillera le peuple de nouveau dans un système à pouvoir divisé, oligarchique et coercitif, principe de la dictature à géométrie variable constitutif de tout état.

Nous remercions en cette occasion de mise au point un de nos lecteurs et commentateur assidu, “La Cariatide / Bertand”, qui par son titillement critique nous a incité à revisiter cette affaire du Rojava au sujet de laquelle les infos fiables se faisaient de plus en plus rares… et pour cause… Ce qui nous laissa assoupis dans ce secteur d’analyse.

C’est en prenant le temps de lire les textes officiels, que peu de gens lisent en fait, qu’on apprend les choses qui permettent, avec le recul nécessaire, de se forger un avis critique.

En l’occurence, nous révisons notre positon sur le Rojava en affirmant toujours avec passion: Vive le Rojava du véritable confédéralisme démocratique ! et dans le même temps: Non à la mascarade étatique pro-impérialiste du “contrat social du Rojava”, trahison dans le fond et dans la forme, sous l’égide yankee, du confédéralisme démocratique tel qu’il a été pensé et doit continuer à être mis en application pour et par le peuple constitué en assemblées populaires seules habilitées à la prise de décision depuis la base, localement, régionalement et confédérativement !

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confederalisme_democratique (Version PDF en français)

Résistance politique: La révolution sociale du Rojava syrien a t’elle été trahie ?…

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, colonialisme, démocratie participative, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, militantisme alternatif, politique et social, résistance politique with tags , , , , , , on 3 juillet 2017 by Résistance 71

Nous en avons discuté assez longuement avec “pastèque” récemment sur ce blog, il semblerait que la révolution sociale kurde du Rojava, le confédéralisme démocratique mis en place depuis 2005 par le PKK (ex-marxiste devenu libertaire) et son exrtension syrienne du YPG et consolidé depuis 2012, ait été trahie par une clique de corrompus à la solde de l’empire. Le choix kurde des Yanks est sans aucun doute la mauvaise carte à jouer, comme l’explique bien l’article ci-dessous.

Ce qui est néanmoins particulièrement frustrant est que les sources d’information en provenance du Rojava sont rares et  biaisées et que des médias kurdes, apparus de nulle part en très peu de temps, font le lit des intérêts impérialistes dans la région et ne sont donc pas vraiment fiables. La question est: y a t’il des gens sur le terrain pouvant encore rendre compte de ce qu’il se passe avec la révolution sociale ? Qu’en dit le peuple kurde du nord de la Syrie ? Les conseils populaires ont ils décidé de ce revirement politique ou est-ce le seul fait d’une clique de corrompus au service de l’empire ? Il ne fait absolument aucun doute que, comme à leur habitude, les Yankees trahiront quelque accord qu’ils ont avec les Kurdes et les largueront en rase campagne pour être décimés par la réaction contre-révolutionnaire, turque et/ou syrienne. On ne peut ignorer l’histoire et ses enseignements qu’à ses propres périls.

~ Résistance 71 ~

Les Kurdes vont peut-être devoir faire face à l’armée turque en Syrie mano a mano

 

Veterans Today

 

30 juin 2017

 

Url de l’article original:

http://www.veteranstoday.com/2017/06/30/kurds-may-face-turkish-army-in-syria-one-to-one/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Récemment, le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé qu’il se préparait à mener une nouvelle opération militaire dans le nord de la Syrie afin d’y prévenir l’émergence d’un état kurde. La Turquie a déjà confirmé qu’elle était très sérieuse à ce sujet au vu des récentes attaques aériennes menées par Ankara sur les positions kurdes et par de constantes escarmouches entre les deux côtés. De plus, la Turquie a redéployé quelques unes de ses unités blindées dans la zone d’occupation d’Azaz.

A cet égard, les officiels kurdes ont poussé Assad et ses associés à les protéger contre toutes menaces extérieures. D’après l’expert syrien Ziad Shibli, les Kurdes syriens peuvent faire face à l’agression turque seuls dû à quelques causes objectives.

En fait, les Kurdes continuent à jouer un double jeu pour leurs propres intérêts. En jouant avec les Etats-Unis, les autorités kurdes (NdT: quoi ? pas “d’autorité” en confédéralisme démocratique…) font de leur mieux pour briser les liens avec le gouvernement syrien et ses alliés. Ils ont vendu leur loyauté pour des stocks d’armes. Particulièrement, le Pentagone a fait livrer plus de 100 camions bourrés d’armes et de munitions, incluant 12 000 fusils, 10 000 mitrailleuses, 4000 lance-grenades et 300 mortiers et ce juste pour cette dernière semaine.

Mais ces armes ne sont pas utilisées pour combattre l’EIIL/EI. Il n’est un secret pour personne que les formations kurdes ont laissé les terroristes s’échapper de la ville de Raqqa assiégée pour renforcer leurs positions à Palmyre et à Deir ez-Zor. Plus tard ces faits furent confirmés par la chaîne Al-Arabya, qui a aussi annoncé que le conseil civil de la ville de Raqqa, établi par les Kurdes avec le soutien des Etats-Unis, a amnistié des douzaines de terroristes de l’EIIL.

De manière évidente, les acteurs de ces formations kurdes contredisent les intérêts de Damas (NdT: et surtout ceux de la révolution sociale du Rojava, que l’auteur ne mentionne même pas dans cet article, prouvant que bien des “alternatifs” pédalent encore et toujours pour le statu quo oligarchique et son outil étatique de répression et d’oppression…)  et de son allié principal dans la lutte contre le terrorisme: la Russie.

D’après les médias russes, les leaders de la Syrian Defense Force (SDF) ont ignoré les conseillers militaires russes qui avaient persuadé le haut commandement militaire syrien d’utiliser ses unités pour protéger les enclaves kurdes près d’Afrin et de Manbij ; mais en collaborant avec les Etats-Unis, les Kurdes se sont levés contre l’Armée Arabe Syrienne (AAS).

Et pourtant, juste après une menace de clashes directs avec la Turquie, les leaders de la SDF ont commencé à penser à une assistance de Damas et aussi de l’armée de l’air russe. Clairement, les Kurdes comprennent qu’ils ne devraient pas se reposer sur les Américains dans cette affaire. Il est fort peu probable que Washington se dresse contre son allié de l’OTAN. Si les contradictions sur l’affaire kurde entre la Turquie et les Etats-Unis empirent, Ankara interdirait l’utilisation de sa base aérienne d’Incirlik par l’armée américaine.

Personne n’aime les traîtres. Apparemment, les Kurdes vont demeurer seuls face aux forces armées turques. Ni Damas, ni Moscou ne leur fourniront une assistance et seuls les leaders kurdes en sont responsables.

Note de Résistance 71: Cette dernière phrase en dit long… Si la décision de jouer dans le camp yankee a été prise par une poignée de “dirigeants”, alors ceux-ci ont aussi trahi la révolution sociale du Rojjava et le confédéralisme démocratique, de fait ils ont usurpé un pouvoir qu’ils n’ont aucunement puisque le pouvoir est géré par le peuple réuni en conseils. Il n’y a pas de “dirigeants” en confédéralisme démocratique…

Questions brûlantes: qui a pris ces décisions ? Sous l’´égide, les pots-de-vin de qui ? Ceci n’est-il pas un coup monté pour permettre aux turcs de faire ce qu’ils ont toujours voulu faire et font très bien: réprimer et génocider toute opposition ?… Ainsi cela permettrait de se débarrasser de la plus que gênante révolution du Rojava à moindre coût et satisfaire au projet de partition et de balkanisation de la Syrie…

A méditer…