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Turquie et nettoyage ethnique: Erdogan fait-il le sale boulot de l’empire ?

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N’oublions pas que les Kurdes et le PKK c’est depuis 1999 le Confédéralisme Démocratique, mis pas à pas en place depuis 2004-2005 en Turquie et en Syrie. La province syrienne du Rojava est le lieu d’une confédération de communes suivant le manifeste d’Abdullah Ocalan publié en 2011. Cette expérience politico-sociale est une véritabe menace au concept même de l’état-nation, concept erroné et qui a échoué pitoyablement partout.

La question est la suivante: Erdogan est-il le Franco du XXIème siècle ? L’oligarchie qui maintient les états-nations en place se sert-elle aujourd’hui d’Erdogan comme elle s’est servi de Franco (et de ses alliés, incluant pour l’occasion les staliniens et les démocraties dites libérale européennes comme la France ) en 1936-39 pour détruire la révolution sociale en cours ? Pas du tout impossible, affaire à suivre de très près… Kurdes du PKK et affiliés de 2016 et anarchistes espagnols de 1936 semblent avoir une destinée commune.

— Résistance 71 —

 

Erdogan déjà 5 000 Kurdes tués

 

Réseau Voltaire

 

29 Mars 2016

 

url de l’article original:

http://www.voltairenet.org/article191012.html

 

 

Prononçant, le 28 mars 2016, un discours à l’École de guerre, le président Erdoğan a dressé le bilan de la guerre contre la terreur entreprise par son gouvernement depuis l’attentat de Suruç, le 20 juillet 2015.

Alors que cet attentat avait été revendiqué par Daesh et qu’il avait tué des militants du PKK et des Alévis favorables au président el-Assad, le président Erdoğan en avait tiré la conclusion qu’il lui fallait reprendre la guerre contre les organisations kurdes.

En neuf mois plus de 5 000 Kurdes, membres ou non du PKK, ont été tués par les forces de sécurité (armée et police) qui ont perdu de leur côté 355 hommes.

Si les victimes kurdes de la répression turque sont effectivement des combattants du PKK, cette organisation est aujourd’hui profondément atteinte. Mais il semble, qu’en réalité, la très grande majorité des morts soient de simples civils. Dans ce cas, la répression ne fera que susciter la révolte et fera grossir les rangs du PKK.

A ceux qui l’accusent d’avoir supprimé les libertés publiques au nom de la guerre à la terreur, le président Erdoğan a répondu que son pays avait au mieux conservé l’équilibre sécurité/liberté. En effet, a-t-il poursuivi, la guerre [civile] est limitée à de très faibles portion de territoire et n’atteint pas l’ensemble des citoyens. Il a alors vivement critiqué les diplomates occidentaux qui se sont rendus au procès du rédacteur-en-chef de Cumhuriyet —qui avait publié des photos et vidéos des livraison d’armes du MIT aux jihadistes—, les accusant de soutenir un « espion » lié aux terroristes.

Au cours du même discours, le président Erdoğan a souligné que la Turquie ne pouvait pas rester aveugle aux développements dans les Balkans, au Levant, en Afrique du Nord et dans le Caucase où vivent des populations liées par l’affection et la culture turque. En outre, il a rappelé que l’Asie centrale est la « patrie » des Turcs.

Enfin, il a conclu en soulignant que la Turquie ne soutient pas les jihadistes, qu’elle a expulsé plus de 3 500 étrangers qui leur sont liés, et en a incarcéré plus de 1 000.

Déstabilisation de l’Europe et du Moyen-Orient: Erdogan, la Turquie et le projet totalitaire…

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Très bonne analyse de Meyssan sur la situation turque et géopolitique dans la zone européenne et moyen-orientale, mais nous aimerions amener quelques précisions de notre côté, car nous pensons que l’analyse de Meyssan demeure malgré tout incomplète.

La première des choses est sa mention du bout de la plume du PKK kurde. Depuis le départ, pour des raisons politiques, Meyssan ignore et omet de dire que le PKK depuis la fin des années 90 n’est plus un parti, mouvement marxiste-léniniste et que depuis 2004, les kurdes de Turquie et du Rojava syrien (région du nord de la Syrie englobant la devenue célèbre Kobané pour sa résistance héroïque aux assauts de l’EIIL/Daesh) ont fait le choix du confédéralisme démocratique, grandement inspiré dans la théorie comme dans la pratique, du communalisme libertaire et écologique pensé par l’anarchiste américain Murray Bookchin. La fédération des communes libres kurdes représente l’avenir positif du Moyen-Orient comme Abdullah Ocalan l’a expliqué dans son manifeste pour le confédéralisme démocratique que nous publions en ce moment même.
En référence historique, une s’impose ici: la comparaison avec l’Espagne et sa révolution sociale de 1936-39 qui lutta contre le fascisme de Franco et de l’église catholique et finit par perdre suite à la coalition de la préservation du statu quo étatiste des fascismes (Franco/Mussolini/Hitler), des marxistes (staliniens de l’URSS et d’ailleurs) et du soi-disant front populaire qui ferma ses portes et refusa toute aide à la “république” (qui reste dans les “livres d’histoire”) des anarchistes internationalistes. Aujourd’hui, les Kurdes du Rojava et de Turquie et les populations volontairement associées à la confédération démocratique sont “oubliées” et subissent une répression sanglante de la part de l’état fasciste turc, bras armé de tous les états ligués contre le seul danger viable à l’État et son oppression générale des peuples: la société des sociétés en association des communes libres.

La seconde chose est de continuer le raisonnement jusqu’au bout quand, comme Meyssan, on associe en partie justement du reste, Ergogan à Hitler. Comment ? En mentionnant le fait qu’Hitler est arrivé au pouvoir en Allemagne grâce aux manes financières de la City de Londres et de Wall Street et que lui et son parti nazi ont continué à recevoir ces manes jusqu’à au moins 1944, comme l’a si justement prouvé l’historien Antony C. Sutton dans son ouvrage de recherche “Wall Street et la montée d’Hitler” dont nous avons traduit de très larges extraits il y a déjà quelques années. Ainsi Hitler fut et est demeuré la création de l’occident capitaliste comme le fut auparavant l’URSS avec Lénine et Trotsky tous deux agents respectivement de la City de Londres et de Wall Street (cf Sutton “Wall Street et la révolution bolchévique”). De la même manière Erdogan et ce qu’il représente: la secte des frères musulmans, sont des créations de l’occident et soutenus par les mêmes pouvoirs financiers (la secte des frères musulmans a été développé après sa naissance par les services britanniques dans les années 1920 après l’éclatement de l’empire ottoman,à des fins de contrôle et de division de l’islam sunite, dans le plus pur style britannique du “diviser pour mieux régner”). Ainsi, ce qui arrive à la Turquie, à l’Europe et au Moyen-Orient n’est pas la volonté d’un seul homme: Erdogan et de sa clique, qui aurait kidnappé la destinée politique de l’ensemble de la région, comme semble vouloir l’indiquer Meyssan, mais tout ceci est le résultat d’une planification minutieuse arrivant à son dénouement: le chaos programmé généralisé dans la zone euro-moyen-orientale. Erdogan est un pion, payé grassement pour ce qu’il fait. Il est à 100% la création de la City de Londres et de Wall Street tout comme Lénine, Trotsky, Staline. Hitler, Mussolini, Franco, Mao, Saddam Hussein, le Shah d’Iran, la maison Al-Saoud et toute la litanie de dictateurs sud-américains l’ont été avant lui. Il sert de bouc-émissaire pur protéger ses commanditaires et si çà tourne au vinaigre, il sera sacrifié, comme toutes les autres marionnettes avant lui.

Pour La City et Wall Street, tout cela n’est que business as usual, sur fond de guerre du gaz bien évidemment, véritable enjeu de l’affaire et trop souvent occulté pour des raisons géopolitiques… Ce qui se passe en ce moment est une guerre par procuration entre Exxon-Mobil (Rockefeller) et Royal Dutch Shell (Rothschild) contre Gazprom (Russie/Poutine) et l’entreprise nationale du pétrole et du gaz iranienne. Tout le reste n’est qu’écran de fumée et posture idéologique de circonstance pour entretenir l’idéologie du “choc des civilisations” bidon inventé de toute pièce par la fange néoconservatrice occidentale.

~ Résistance 71 ~

 

Le suicide européen face à la Turquie

 

Thierry Meyssan

 

21 Mars 2016

 

url de l’article original:

http://www.voltairenet.org/article190851.html

 

En signant un accord —au demeurant illégal en droit international— avec la Turquie pour ralentir l’afflux de migrants, les dirigeants de l’Union européenne se sont engagés un peu plus dans un pacte avec le diable. Une grande partie des 3 milliards d’euros annuels alloués à Ankara servira à financer le soutien aux jihadistes et, par conséquent, à augmenter le nombre de migrants fuyant la guerre. Surtout, en abrogeant dans les prochains mois les visas avec la Turquie, les Européens instituent la libre-circulation entre les camps d’Al-Qaïda en Turquie et Bruxelles. En écrasant les peuples irakien et syrien sous l’oppression des jihadistes qu’ils financent indirectement et en abandonnant le peuple turc à la dictature du président Erdoğan, ils préparent les bases d’un très vaste affrontement dont ils seront les victimes.

Le Conseil européen des 17 et 18 mars 2016 a adopté un plan visant à résoudre le problème posé par l’afflux massif de migrants en provenance de Turquie [1]. Les 28 chefs d’État et de gouvernement se sont soumis à toutes les demandes d’Ankara.

Nous avions déjà analysé la manière dont les États-Unis entendaient utiliser les événements du Proche-Orient pour affaiblir l’Union européenne [2]. Au début de l’actuelle crise des « réfugiés », nous avons été les premiers à observer à la fois que cet événement avait été délibérément provoqué et les problèmes insolubles qu’il allait poser [3]. Malheureusement, toutes nos analyses ont été vérifiées et nos positions ont été, depuis, largement adoptées par nos détracteurs d’alors.

Allant plus loin, nous voulons étudier la manière dont la Turquie s’est emparée du jeu et l’aveuglement de l’Union européenne qui persiste à avoir un coup de retard.

Le jeu de Recep Tayyip Erdoğan

Le président Erdoğan n’est pas un homme politique comme les autres. Et il ne semble pas que les Européens, ni les peuples, ni leurs dirigeants, en aient pris conscience.

  • Premièrement, il est issu de la Millî Görüş, un mouvement islamique panturquiste lié aux Frères musulmans d’Égypte et favorable au rétablissement du Califat [4]. Selon lui —comme d’ailleurs selon ses alliés du Milliyetçi Hareket Partisi (MHP)—, les Turcs sont les descendants des Huns d’Attila, eux-mêmes enfants du loup des steppes d’Asie centrale, dont ils partageaient l’endurance et l’insensibilité. Ils forment une race supérieure appelée à gouverner le monde. Leur âme est l’islam.

Le président Erdoğan est le seul chef d’État au monde à se revendiquer d’une idéologie suprémaciste ethnique, parfaitement comparable à l’aryanisme nazi. Il est également le seul chef d’État au monde à nier les crimes de son histoire, notamment les massacres des non-musulmans par le sultan Abdülhamid II (les massacres hamidiens de 1894-95 : au moins 80 000 chrétiens tués et 100 000 chrétiennes incorporées de force dans les harems), puis par les Jeunes Turcs (génocide des Arméniens, des Assyriens, des Chaldéens, des Syriaques, des Grecs pontiques et des Yézidis de 1915 à 1923 : au moins 1 200 000 morts) ; un génocide qui fut exécuté avec l’aide d’officiers allemands, dont Rudolf Höß, futur directeur du camp d’Auschwitz [5].

En célébrant le 70ème anniversaire de la libération du cauchemar nazi, le président Vladimir Poutine soulignait que « les idées de suprématie raciale et d’exclusivisme ont provoqué la guerre la plus sanglante de l’Histoire » [6]. Puis, lors d’une marche —et sans nommer la Turquie—, il appelait tous les Russes à se tenir prêts à renouveler le sacrifice de leurs grands-parents si nécessaire afin de sauver le principe même de l’égalité entre les hommes.

  • Deuxièmement, le président Erdoğan, qui n’est soutenu que par un tiers de sa population, gouverne seul son pays par la contrainte. Il est impossible de savoir précisément ce que pense le peuple turc, puisque la publication de toute information mettant en cause la légitimité du président Erdoğan est désormais considérée comme une atteinte à la sécurité de l’État et conduit immédiatement en prison. Cependant, si l’on se réfère aux dernière études publiées, en octobre 2015, moins d’un tiers de l’électorat le soutient. C’est nettement moins que les nazis en 1933, qui disposaient alors de 43 % des voix. Raison pour laquelle, le président Erdoğan n’a pu gagner les élections législatives qu’en les truquant grossièrement. Entre autres : 
 Les médias d’opposition ont été muselés : les grands quotidiens Hürriyet et Sabah ainsi que la télévision ATV ont été attaqués par des nervis du parti au pouvoir ; des enquêtes ont visé des journalistes et des organes de presse accusés de soutenir le « terrorisme » ou d’avoir tenu des propos diffamatoires contre le président Erdoğan ; des sites web ont été bloqués ; des fournisseurs de services numériques ont supprimé de leur offre les chaînes de télévision d’opposition ; trois des cinq chaînes de télévision nationales, dont la chaîne publique, ont été, dans leurs programmes, clairement favorables au parti au pouvoir ; les autres chaînes de télévision nationale, Bugün TV et Kanaltürk, ont été fermées par la police. 
 Un État étranger, l’Arabie saoudite, a déversé 7 milliards de livres de « dons » pour « convaincre » les électeurs de soutenir le président Erdoğan (soit environ 2 milliards d’euros). 
 128 permanences politiques du parti de gauche (HDP) ont été attaquées par des nervis du parti du président Erdoğan. De nombreux candidats et leurs équipes ont été passés à tabac. Plus de 300 commerces kurdes ont été mis à sac. Plusieurs dizaines de candidats du HDP ont été arrêtés et placés en détention provisoire durant la campagne. 
 Plus de 2 000 opposants ont été tués durant la campagne électorale, soit par des attentats, soit du fait de la répression gouvernementale visant le PKK. Plusieurs villages du sud-est du pays ont été partiellement détruits par des blindés de l’armée.

Depuis son « élection », une chape de plomb s’est abattue sur le pays. Il est devenu impossible de s’informer sur l’état de la Turquie par sa presse nationale. Le principal quotidien d’opposition, Zaman, a été placé sous tutelle et se borne désormais à louer la grandeur du « sultan » Erdoğan. La guerre civile, qui fait déjà rage à l’Est du pays, s’étend par des attentats à Ankara et jusqu’à Istanbul, dans la totale indifférence des Européens [7].

  1. Erdoğan gouverne presque seul, entouré d’un groupe restreint, dont le Premier ministre Ahmet Davutoğlu. Il a publiquement déclaré durant la campagne électorale qu’il n’appliquait plus la Constitution et que tous les pouvoirs lui revenaient désormais.

Le 14 mars 2016, le président Erdoğan a déclaré que face aux Kurdes : « La démocratie, la liberté et l’état de droit n’ont plus la moindre valeur ». Il a annoncé son intention d’élargir la définition légale des « terroristes » pour inclure tous ceux qui sont « des ennemis des Turcs » —c’est-à-dire les Turcs et les non-Turcs qui s’opposent à leur suprémacisme—.

  • Troisièmement, le président Erdoğan utilise les pouvoirs qu’il s’est anti-constitutionnellement octroyés pour transformer l’État turc en parrain du jihadisme international. En décembre 2015, la police et la Justice turques avaient pu établir les liens personnels de M. Erdoğan et de son fils Bilal avec Yasin al-Qadi, le banquier global d’Al-Qaïda. Il a donc limogé les policiers et les magistrats qui avaient osé « porter atteinte aux intérêts de la Turquie » (sic), tandis que Yasin al-Qadi et l’État intentaient un procès au quotidien de gauche BirGün pour avoir reproduit mon éditorial, « Al-Qaida, éternel supplétif de l’Otan».

En février dernier, la Fédération de Russie déposait un rapport de Renseignement au Conseil de sécurité de l’Onu attestant du soutien de l’État turc au jihadisme international, en violation de nombreuses résolutions [8]. J’ai publié une étude précise sur ces accusations, immédiatement censurée en Turquie [9].

La réponse de l’Union européenne

L’Union européenne avait envoyé une délégation pour surveiller les élections législatives de novembre 2015. Elle a longuement différé la publication de son rapport, puis s’est résolue à en publier une brève version édulcorée.

Paniqués par les réactions de ses populations réagissant durement à l’entrée massive de migrants —et, pour les Allemands, à l’abolition du salaire minimum qui en a résulté—, les 28 chefs d’État et de gouvernement de l’Union ont mis au point avec la Turquie une procédure pour qu’elle résolve leurs problèmes. Le Haut-Commissaire des Nations unies pour les Réfugiés, Filippo Grandi, a immédiatement relevé que la solution choisie viole le droit international, mais en supposant que les choses puissent être améliorées, ce n’est pas là le problème principal.

L’Union s’est engagée à 
 verser 3 milliards d’euros annuels à la Turquie pour l’aider à faire face à ses obligations, mais sans mécanisme de vérification de l’usage de ces fonds ; 
 mettre fin aux visas requis aux Turcs pour entrer dans l’Union [10] —ce n’est plus qu’une question de quelques mois, voire de semaines— ; 
 accélérer les négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union —ce sera par contre beaucoup plus long et aléatoire—.

En d’autres termes, aveuglés par la récente défaite électorale d’Angela Merkel [11], les dirigeants européens se sont contentés de trouver une solution provisoire pour ralentir le flux des migrants, sans chercher à résoudre l’origine du problème et sans tenir compte de l’infiltration de jihadistes parmi ce flux.

Le précédent de Munich

Dans les années 30, les élites européennes et états-uniennes considéraient que l’URSS, par son modèle, menaçait leurs intérêts de classe. Elles soutenaient donc collectivement le projet nazi de colonisation de l’Europe orientale et de destruction des peuples slaves. Malgré les appels répétés de Moscou à la création d’une vaste alliance contre le nazisme, les dirigeants européens acceptèrent toutes les revendications du chancelier Hitler, y compris l’annexion de régions peuplées par les Sudètes. Ce furent les accords de Munich (1938), conduisant l’URSS a pratiquer le sauve-qui-peut et à conclure de son côté le Pacte germano-soviétique (1939). Ce n’est que trop tardivement, que certains dirigeants européens, puis états-uniens, réalisèrent leur erreur et décidèrent de s’allier avec Moscou contre les nazis.

Sous nos yeux, les mêmes erreurs se répètent. Les élites européennes considèrent la République arabe syrienne comme un adversaire, soit qu’elles défendent le point de vue colonial d’Israël, soit qu’elles espèrent recoloniser elles-mêmes le Levant et s’approprier ses gigantesques réserves de gaz encore inexploitées. Elles ont donc soutenu l’opération secrète états-unienne de « changement de régime » et ont feint de croire à la fable du « printemps arabe ». Après cinq ans de guerre par procuration, constatant que le président Bachar el-Assad est toujours là bien qu’on ait annoncé un millier de fois sa démission, les Européens ont décidé de financer à hauteur de 3 milliards d’euros annuels le soutien turc aux jihadistes. Ce qui, selon leur logique, devrait permettre leur victoire et donc mettre fin aux migrations. Elles ne tarderont pas à réaliser [12], mais trop tard, qu’en abrogeant les visas pour les ressortissants turcs, elles ont autorisé la libre-circulation entre les camps d’Al-Qaïda en Turquie et Bruxelles [13].

La comparaison avec la fin des années 30 est d’autant plus juste que lors des accords de Munich, le Reich nazi avait déjà annexé l’Autriche sans provoquer de réaction notable des autres États européens. Or, aujourd’hui la Turquie occupe déjà le Nord-Est d’un État membre de l’Union européenne, Chypre, et une bande de quelques kilomètres de profondeur en Syrie qu’elle fait administrer par un wali (préfet) nommé à cet effet. Non seulement, l’Union s’en accommode, mais par son attitude, elle encourage Ankara a poursuivre ses annexions au mépris du droit international. La logique commune du chancelier Hitler et du président Erdoğan est basée sur l’unification de la « race » et l’épuration de la population. Le premier voulait unir les populations de « race allemande » et les épurer des éléments « étrangers » (les juifs et les Roms), le second veut unir les populations de « race turque » et les épurer des éléments « étrangers » (les Kurdes et les chrétiens).

En 1938, les élites européennes croyaient en l’amitié du chancelier Hitler, aujourd’hui en celle du président Erdoğan.

 

[1] “Next operational steps in EU-Turkey cooperation in the field of migration”, Voltaire Network, 16 March 2016.

[2] « La cécité de l’Union européenne face à la stratégie militaire des États-Unis », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 27 avril 2015.

[3] « La fausse « crise des réfugiés » », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 7 septembre 2015.

[4] « Vers la fin du système Erdoğan », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 15 juin 2015.

[5] « La Turquie d’aujourd’hui poursuit le génocide arménien », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 26 avril 2015.

[6] « Discours de Vladimir Poutine pour le 70e anniversaire de la Victoire de la Grande Guerre Patriotique », par Vladimir Poutine, Traduction Sayed 7asan, Réseau Voltaire, 9 mai 2015.

[7] « L’Union européenne a abandonné ceux qui se battent pour défendre les libertés en Turquie », par Can Dündar, Le Monde (France) , Réseau Voltaire, 18 mars 2016.

[8] « Rapport de renseignement russe sur l’aide actuelle turque à Daesh », Réseau Voltaire, 18 février 2016.

[9] « Comment la Turquie soutient les jihadistes », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 22 février 2016.

[10] “Roadmap towards a visa-free regime with Turkey”, Voltaire Network, 16 March 2016.

[11] „Alternative für Deutschland nimmt kein Blatt vor den Mund“, von Ian Blohm, Übersetzung Horst Frohlich, Strategic Culture Foundation (Russland) , Voltaire Netzwerk, 12. März 2016.

[12] « Lettre ouverte aux Européens coincés derrière le rideau de fer israélo-US », par Hassan Hamadé, Réseau Voltaire, 21 mai 2014.

[13] “Israeli general says al Qaeda’s Syria fighters set up in Turkey”, Dan Williams, Reuters, January 29, 2014.

Résistance politique: Les Turcs ont tué… la peur !

Posted in actualité, neoliberalisme et fascisme, police politique et totalitarisme, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , on 5 juin 2013 by Résistance 71

Turquie: Les gens ont vaincu leur peur de l’autorité et les manifestations enflent

 

Ce qui a commencé dans un petit parc d’Istanboul puise sa source dans 10 ans de griefs…

 

Ece Temelkuran

 

3 Juin 2013

 

url de l’article original:

http://www.newstatesman.com/politics/2013/06/people-have-killed-their-fear-authority-and-protests-are-growing

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

“Et bien, nous sommes en train de remplir des ampoules électriques avec de la peinture”, dit mon amie, propriétaire d’un café à Cihangir, le Soho d’Istanboul. Me parlant au téléphone, elle paraissait très relax comme si elle faisait de la tarte aux pommes. “Tu sais, continua t’elle, le seul moyen de stopper un TOMA (NdT: véhicule monté d’un canon à eau anti-émeute) est de lui balancer de la peinture sur les carreaux, ainsi le véhicule perd toute son orientation.”

Mon amie, qui était complètement désintéressée de politique il y a encore six jours, n’a jamais été en conflit avec la police auparavant. Maintenant, à l’instar de centaines de milliers d’autres turcs, elle est devenue une guerrière avec des lunettes de protection autour du cou, un masque à oxygène sur le visage et une bouteille de solution anti-acide dans la main. Comme nous l’avons tous appris, ceci est le kit essentiel et indispensable pour lutter contre les effets des gaz lacrymogènes. Quant au TOMA, c’est un véhicule surmonté d’un puissant canon à eau. Pour le paralyser, vous devez soit fourrer une serviette mouillée dans le pot d’échappement, brûler quelque chose sous le moteur ou vous et une douzaine d’autres personnes, pouvez le secouer et le retourner. Ce type d’information de combat de rue circule maintenant dans toute la Turquie. C’est comme une guerre civile entre la police et les citoyens, et pourtant, personne ne pensait cela il y a encore six jours, lorsqu’un groupe de manifestants organisa un sit-in au parc Gezi d’Istanboul afin de protéger des arbres qui devaient être arrachés pour satisfaire un projet de construction de développement urbain  du gouvernement local.

Dix ans d’arrrogance

Les manifestations qui ont englouties le pays ont peut-être débutées au parc de Gezi sur la place Taksim au cœur d’Istanboul. Ce ne fut jamais vraiment au sujet des arbres, mais au sujet de l’accumulation résultant de plusieurs incidents. Avec le plus haut taux de journalistes emprisonnés, des milliers de prisonniers politiques allant des syndicalistes aux avocats en passant par les politiciens, étudiants et activistes, la Turquie a déjà été transformée en prison de plein-air. Tout contre-pouvoir a été éliminé par le parti au pouvoir de l’AKP et ses manœuvres politiques générant des actions incontrôlées et incontrôlables. En plus de cet autoritarisme galopant, la raison la plus importante pour laquelle les gens sont descendus dans les rues, est le ton arrogant employé par le premier ministre Recep Tayyip Erdogan. Même dimanche, alors que des millions de personnes rejoignaient les rangs des manifestants, il continuait à qualifier ceux-ci de “vandales et de pillards”. Sa réthorique n’a pas été différente durant toute la durée de son mandat. Il a régulièrement appelé ses opposants politiques des “alcooliques, des marginaux, des sniffeurs, des bandits et des infidèles”. Ses sarcasmes moqueurs sont devenus sa marque de fabrique et même ses plus proches collaborateurs admettent que peu de gens “continuent à l’écouter.”

Puis, il y a la peur. Ce genre de chose est difficile à rapporter dans un journal important. C’est peut-être pourquoi les médias internationaux n’ont pas rapporté que la peur du gouvernement et de son premier ministre a augmenté même parmi la classe non-politique. Vous pouvez facilement entendre votre épicier de rue vous dire: “Je crois que mon téléphone est sur écoute.” La presse de masse n’en a pas parlé, mais nous avons eu des rapports venant des réseaux sociaux au sujet de personnes ayant été arrêtées après avoir plaisanté au sujet du gouvernement. C’est peut-être pourquoi ces deux derniers jours, les murs entourant la place Taksim son remplis de slogans contre le premier ministre. Le public apprécie la mort de la “figure paternelle cruelle” avec les pires damnations sexistes que j’ai vues de ma vie. Et j’en ai vu pas mal. Mais il y a un composant encore plus important à ces manifestations.

Tuer la peur

En tant qu’écricain et journaliste, j’ai suivi les soulèvements tunisien et égyptien. Comme je l’avais écrit à ce moment là, les Arabes ont tué leur peur et j’ai vu comment cela a transformé une foule silencieuse en personnes qui croient en elles-mêmes. C’est exactement ce qu’il vient de se produire ces six derniers jours en Turquie. Des jeunes filles se dressant devant les TOMA, des enfants renvoyant des cartouches de lacrymo aux policiers, de riches avocats lançant des cailloux à la police, des supporteurs de football allant sauver de la police des supporteurs de clubs rivaux, des ultra-nationalistes luttant coude à coude avec des activistes kurdes… Ceci sont des scènes dont j’ai personnellement été le témoin. Ceux qui voulaient se tuer l’un l’autre la semaine dernière, sont devenus et sans aucune exagération de ma part, des camarades de combat dans la rue. Les gens ont non seulement tué leur peur de l’autorité, mais ils ont aussi tué leur peur de “l’autre”. Un autre point très important: La génération qui a massivement prise la rue est celle qui est née après le coup d’état militaire de 1980, qui avait eu pour résultat une dépolitisation massive du public. Le général qui avait mené le coup avait déclaré: “Nous allons créer une génération sans idéologie.” Cette génération le fut… Jusquà la semaine dernière.

Les questions dangereuses

“Alors c’est çà les médias qui nous ont donnés les nouvelles pendant ces vingt dernières années et plus ?…” Ceci fut une question posée par un jeune homme sur Twitter, alors qu’il regardait un journaliste de la télévision demeurer silencieux alors que le premier ministre qualifiait les manifestants “de bandes de pillards”. Ce jeune homme a été dans la rue et a manifesté pacifiquement ces six derniers jours, il a donc maintenant beaucoup de suspicions sur ce qui s’est vraiment passé dans son pays pendant toutes ces années. Peut-être que le peuple turc n’est pas “terroriste”. Peut-être que les journalistes jetés en prison n’avaient-ils pas fomenté un “coup” contre le gouvernement. Peut-être après tout que tous ces syndicalistes emprisonnés ne sont pas membres “d’organisations terroristes”. Tous ces étudiants d’universités embastillés, étaient-ils aussi innocents qu’il l’est ? Les questions se multiplient à l’infini.

Alors que j’écris ces lignes, Ankara, la capitale de la Turquie, Izmir et Adana sont en flammes. Une violence policière inouïe y prend place et dans mon voisinage de la classe moyenne d’Istanboul, comme dans beaucoup d’autres, les gens tapent sur leurs casseroles en signe de protestation. Les gens échangent des informations sur les endroits sécures pour se protéger de la police, les numéros de téléphone de médecins et d’avocats. Sur la place Taksim, sur le bâtiment du centre culturel Atatürk, des gens ont suspendu une énorme bannière. Il y a trois mots écrits dessus: “N’abandonnez pas !”

Ece Temelkuran is a Turkish journalist and author. Follow her on Twitter @ETemelkuran

Résistance politique: Istanboul… la goutte d’eau a t’elle mis le feu aux poudres ?… Un témoignage turc de la première heure

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Beaucoup e ce qui est dit dans les médias même alternatifs provient de sources étrangères, russes notamment. Voici ici un témoignage de la première heure turc, de l’intérieur, que nous avons traduit pour mieux comprendre ce qu’il se passe.

Il paraît relativement certain que tout est parti d’une contestation locale pour la préservation d’un petit parc du centre de la ville (Gezi). Ceci dit, la réaction classique du kapo étatique, par sa violence démesurée, a fait basculer la contestation locale en un mouvement quasi national en quelques jours.

Si le peuple tient bon la rampe, il peut se passer des choses intéressantes en Turquie tant il est évident depuis un moment que les actions gouvernementales n’ont que peu de soutien populaire, notamment sur la question syrienne… Les deux sociétés, syrienne et turque, sont fondamentalement laïques et n’acceptent pas la tournure prise par les évènements dans la région.

A suivre avec grand intérêt, car cela est peut-être le coup d’arrêt à l’impérialisme dans la région pourvu que le peuple turc ne se laisse pas coopter et récupérer de l’extérieur comme c’est très souvent le cas… Il ne semble pas que ces évènements aient été commandités ou soient contrôlés de l’extérieur. Cela semble être une véritable révolte populaire spontanée qui gagne rapidement en ampleur…

Une des revendications du peuple est sa participation aux décisions prises dans la cité, ce qui est tout à fait logique, une autre revendication de démocratie participative… L’effet boule de neige suivra t’il ?…

— Résistance 71 —

 

Que se passe t’il à Istanboul ?

 

Tarihinde Yayımlandı

 

3 Juin 2013

 

url de l’article original:

http://www.informationclearinghouse.info/article35162.htm

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

A mes amis qui vivent en dehors de Turquie:

J’écris ceci pour vous faire savoir ce qu’il se passe à Istanboul ces cinq derniers jours. Je dois personnelleemt écrire ceci parce que la grande majorité des sources médiatiques est coupée par le gouvernement et le bouche à oreille et l’internet sont les seules façons de nous expliquer et d’appeler à l’aide et au soutien.

Il y a quatre jours, un groupe de personnes dont les membres n’appartenaient à aucune organisation politique ou idéologie particulière s’est rassemblé au parc Gezi d’Istanboul. Parmi eux se trouvaient un bon nombre de mes amis et élèves. Leur raison de se rassembler était très simple: Protester et empêcher la démolition à venir d’un parc du centre de la ville pour la seule raison de construire une galerie marchande de plus. Il y a beaucoup de galeries marchandes à Istanboul, au moins une dans chaque voisinage ! L’arrachage des arbres était supposé commencer le Jeudi matin. Les gens sont allés au parc avec leurs couvertures, des livres, leurs enfants. Ils ont mis leur tente et ont passé la nuit sous les arbres. Tôt le matin, quand les bulldozers commencèrent à arracher les arbres, les gens se sont dressés afin de stopper cette opération.

Ils n’ont rien fait d’autre que de se mettre devant les machines.

Il n’y avait aucun journal ou aucun média de télévision pour rapporter cette manifestation. Ce fut un total boycott de la part des médias.

Mais la police est arrivée avec des canons à eau et du gaz lacrymogène. Les policiers ont chassé la foule du parc.

Le soir, le nombre des manifestants s’est multiplié, ainsi que le nombre des policiers autour du parc. Dans le même temps, le gouvernement local de la ville d’Istanboul a fermé tous les moyens d’accès menant à la place Taksim où est situé le par Gezi. Le métro fut fermé, les ferries annulés, les rues furent barrées.

Mais de plus en plus de gens se sont déplacés vers le centre de la ville à pied.

Ils sont venus de tous les coins d’Istanboul, de tous horizons sociaux, de différentes idéologies, de différentes religions. Ils se sont tous rassemblés pour empêcher la démolition de quelque chose de bien plus grand que le parc: Le droit de vivre en tant que citoyens honorables de ce pays.

Ils se sont rassemblés et ont marché. La police les a chassé à coup de gaz lacrymogène et de gaz au poivre et elle a chargé avec ses véhicules blindés sur les gens qui lui offrait de la nourriture en retour. Deux jeunes gens ont été écrasés par les panzers et tués. Une autre jeune femme, une de mes amies, a été touchée à la tête par une cartouche de gaz lacrymogène tirée par la police. La police tirait en tirs tendus dans la foule. Après une intervention chirurgicale de plus de trois heures, elle est toujours en reanimation à l’hôpital et sa condition est jugée critique. Alors que j’écris ces lignes, nous ne savons pas encore si elle survivra. Ce blog lui est dédié.

Ces gens sont mes amis. Ils sont mes élèves, mes parents. Ils n’ont aucun “agenda caché” comme l’état aime à le dire. Leur agenda est dehors, c’est très clair. Tout le pays est en train d’être vendu à un cartel d’entreprises par notre gouvernement, pour la constructions de galeries marchandes, de condominiums de luxe, d’autoroutes privées, de barrages et de centrales nucléaires. Le gouvernement cherche toute excuse pour attaquer la Syrie contre la volonté du peuple et créera une excuse si besoin est à cet effet.

De plus, le contrôle du gouvernement sur ses citoyens est devenu insupportable dernièrement. L’état, soumis à son agenda conservateur a fait passé beaucoup de lois et de règlementations concernant l’avortement, la naissance par césarienne, la vente et l’utilisation des boissons alcoolisées et même la couleur des rouges à lèvres portés par les hôtesses de l’air.

Les gens qui manifestent dans le centre d’Istanbul demandent leur droit de vivre librement et de recevoir justice, protection et respect de la part de l’état. Ils demandent à être impliqués dans les processus de prises de décisions au sujet de la ville dans laquelle ils vivent.

Tout ce qu’ils ont reçu en retour au lieu de cela n’est que répression, force extrême et une quantité industrielle de gaz lacrymogène tirée directement dans leur visage. Trois personnes ont perdu la vue.

Et pourtant ils continuent à marcher. Des centaines de milliers les ont rejoint. Plusieurs milliers ont passé le pont du Bosphore à pied pour soutenir les gens de la place Taksim.

Aucun journal ou chaîne de télévision turcs n’étaient là pour rapporter les évènements. Ils étaient bien trop occupés à diffuser des nouvelles de Miss Turquie et du “chat le plus bizarre du monde”.

La police a continué à chasser les manifestants et à les asperger de gaz avec une telle fureur que les chats et les chiens des rues ont été empoisonnés et en sont morts.

Les écoles, les hôpitaux et même des hôtels 5* autour de la place Taksim ont ouvert leurs portes pour accueillir les blessés. Les médecins ont rempli les salles de classe et les chambres d’hôtels afin de donner les premiers soins. Quelques policiers ont refusé d’asperger les manifestants de gaz et ont quitté leur travail. Autour de la place, les autorités ont placé des brouilleurs afin d’empêcher toute connexion internet et les réseaux 3G ont été bloqués. Les résidents et les commerçants de la zone ont fourni leur réseau sans fil aux manifestants de la rue, les restaurants ont offert nourriture et eau gratuitement.

Les gens à Ankara et à Izmir se sont rassemblés dans les rues afin de soutenir la résistance d’Istanboul.

Les médias de masse ont continué à montrer Miss Turquie et le “chat le plus bizarre du monde”.

***

J’écris cette lettre afin que vous sachiez ce qui se passe à Istanboul. Les médias de masse ne vous diront rien de tout ceci, du moins pas ceux de mon pays. Merci de poster autant d’articles que possible sur l’internet et que la nouvelle se propage.

Alors que je postais ces articles expliquant ce qui se passe à Istanboul sur ma page Facebook la nuit dernière, quelqu’un m’a posé la question suivante:

“Qu’est-ce que vous espérer gagner à vous plaindre de notre pays à des étrangers ?”

Ce blog est ma réponse à cette personne.

En me soi-disant “plaignant” de mon pays, j’espère gagner:

La liberté d’expression et de parole

Le respect des droits humains

Le contrôle au sujet des décisions que je fais concernant mon propre corps

Le droit de pouvoir légalement me rassembler avec mes pairs dans n’importe quelle partie de la ville sans être considéré comme étant un terroriste

Mais surtout, en diffusant ceci à vous mes amis qui vivez dans d’autres parties du monde, j’espère obtenir votre attention, votre soutien et votre aide !

Merci de diffuser et de partager ce blog !

This article was originally published at İnsanlik Hali