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Colonialisme, vatican, bulles pontificales et exorcisme (Steven Newcomb)

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Doctrine chrétienne de la découverte…
Au nom du Christ, massacrons et pillons le monde !

 

 » A la fin du XVIème siècle, peut-être 200 000 Espagnols avaient transféré leurs vies dans le Nouveau Monde, au Mexique, dans les Caraïbes, en Amérique Centrale et plus au sud. Par contraste, à cette époque, entre 60 et 80 millions de natifs de ces terres étaient morts. Pourtant, le carnage n’était pas encore fini. […]
Pour les conquérants espagnols, les Indiens étaient plus spécifiquement définis comme des esclaves naturels, des bêtes de somme sous-humaines, parce que cela aidait à classifier les Indiens là où les Espagnols voulaient les mettre et aussi parce qu’une telle définition était justifiable en appelant quelques anciennes vérités européennes et chrétiennes, ce depuis St Thomas d’Aquin et en remontant jusqu’à Aristote. Depuis, les colons britanniques, puis les Américains n’ont eu que peu d’usage de l’esclavage des Indiens, ils ne voulaient que leurs terres, ils en appelèrent donc à d’autres sources chrétiennes et européennes de « sagesse » pour justifier le génocide : les Indiens étaient des suppôts de Satan, des fainéants et de sauvages assassins, des hommes des bois, des ours, des loups, de la vermine. S’étant prouvés au-delà de toute capacité de conversion au christianisme et d’assimilation à la vie civile et de fait les Britanniques et Américains n’ayant que peu d’intérêt à les avoir comme esclaves, dans ce cas précis, la seule chose à faire fut décrétée être leur extermination…. »
~ David Stannard, « American Holocaust », Oxford University Press, 1992 ~

 

Un exorcisme, Junipero Serra et les bulles pontificales

 

Steven Newcomb

 

21 octobre 2020

 

url de l’article original:
http://originalfreenations.com/an-exorcism-junipero-serra-and-the-papal-bulls/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Le 17 octobre 2020, l’archevêque de San Francisco (Californie), Salvatore Cordileone, a accompli une cérémonie d’exorcisme à l’extérieur de l’église San Rafael, où des manifestants avaient récemment renversé une statue du père Junipero Serra. Un exorcisme est un rituel mené pour purger des démons et éliminer l’influence du diable, un ange déchu du nom de “Satan”. L’archevêque Cordileone a dit que cette cérémonie avait pour intention d’extirper le mal et de défendre l’image du père Serra.

On dit d’un démon qu’il est un être surnaturel, typiquement associé au mal, un mot qui de manière fort intéressante est le mot “vivre” épelé à l’envers (NdT: en anglais “evil” => “live”). Le “mal” ou “malfaisance” est défini comme “quelque chose causant la ruine, la blessure ou la douleur, quelque chose de dangereux”. C’est aussi défini comme “la qualité d’être moralement dépravé et enclin à la malfaisance”.

Être malfaisant est être vicieux, malicieux et la malice peut aussi être définie comme “un désir de faire le mal aux autres”, délibérément nuire à autrui. En droit, la malice est “l’intention sans juste cause ou raison, de commettre un acte malveillant dont résultera des dommages à autrui”.

En quoi cette étymologie amène t’elle la lumière sur l’exorcisme de l’archevêque ?

La réponse nous vient de la ruine, de la douleur, du mal et de la malveillance infligés aux nations et peuples originels par les envahisseurs catholiques espagnols et leur système de mission de la domination entre 1769 et 1834. Serra et l’officier espagnol Gaspar de Portola, furent les porteurs initiaux de ce système impérialiste de mal et de la malveillance en haute Californie, sans juste cause, ils commirent des actes malveillants au nom de l’empire catholique espagnol.

Pour documenter l’intention de l’église catholique et de Serra de commettre des actes de domination contre les peuples natifs, nous devons nous tourner vers des documents très importants émis par différents Papes au XVème siècle, à la fois avant et après le premier voyage de Christophe Colomb (Cristobal Colòn). La bulle pontificale Inter Caetera du 3 mai 1493 inclut une phrase bien spécifique qui identifie la nature de la déité invoquée par le pape d’alors Alexandre VI (NdT: dont le vrai nom est Rodrigo Borgia de la tristement célèbre famille Borgia, père de Lucrèce et César Borgia) : “Nous avons foi en Lui, celui par qui les empires, dominations et toutes bonnes choses se produisent.

Aucun nom n’est fourni dans cette phrase, juste le pronom “Lui” qui indique une déité mâle ou un esprit duquel les forces mortelles et destructrices des empires et des dominations émanent. Ailleurs dans le document, le pape Alexandre VI dit qu’il donnait un droit de domination “par l’autorité omnipotente de dieu” et par l’autorité de sa position de “vicaire de Jésus Christ” sur terre :

Nous [le saint siège], de notre propre décision… de notre certaine et absolue connaissance libérale et de la plénitude du pouvoir apostolique, donnons, concédons et assignons les terres et îles sus-mentionnées en général et en particulier, inconnues et jusqu’à présentement, découvertes par vos messagers et celles qui seront découvertes dans le futur, et qui ne sont pas déjà assujetties et établies sous la domination actuelle et temporelle de quelques dominateurs chrétiens, par l’autorité de dieu omnipotent qui nous a été accordée par St Pierre et la fonction de vicaire du Christ dont nous exerçons la volonté sur terre.

Le pape Alexandre VI, en tant que chef suprême de l’église catholique apostolique et romaine, a utilisé le phrasé ci-dessus pour affirmer pouvoir donner aux monarques espagnols un supposé droit divin de domination (“dominio”) sur les terres lointaines non chrétiennes découvertes et à découvrir dans le futur.. En tant que dominateurs chrétiens (“dominorum christianorum”), ils furent, par l’autorité de “dieu”, appelés à établir un système de domination destructeur sur les terres non-chrétiennes découvertes et à découvrir.

Ce fut cette “mission” malveillante et malicieuse de domination qu’accomplirent le père Serra et Gaspar de Portola en territoire de la nation Kumeyaay en 1769 et qu’il étendirent de là plus au nord. Tout ceci fut fait avec la foi totale en ce qu’ils étaient assistés par “Lui par qui” émergent les empires et les dominations.

Dans une lettre qu’il écrivit en 1775, Serra dit qu’il espérait voir “plus de grands territoires assimilés au sein de notre sainte mère l’église et soumises à la couronne d’Espagne.” Les dévôts à cette époque appelaient même la mère/vierge Marie “La conquistador” et “la conquérante de nouveaux royaumes”.

J’imagine que l’archevêque Cordileone n’a jamais lu les citations mentionnées ci-dessus de la bulle Inter Caetera du pape Alexandre VI datant de 1493. Comme je l’ai personnellement dit à l’archevêque Silvano Tomasi au conseil pontifical pour la paix et la justice de 2016, après que j’eus fait don au pape François d’un exemplaire de mon livre (“Païens en terre promise, décider la doctrine chrétienne de la découverte”, éditions Fulcrum, 2008) : “Avec tout mon respect, je pense qu’il y a beaucoup de votre propre histoire que vous ne connaissez pas. Laissez-moi vous demander ceci : Avez-vous jamais lu en fait les bulles pontificales en question ?…” L’archevêque m’a alors répondu : “je dois confesser que non.” Peut-être que l’archevêque Cordileone pourrait aussi se confesser sur ce point. Peut-être devrait-il pratiquer un exorcisme sur “Lui” de qui proviennent tous les empires, dominations et bonnes choses.

Le fait est que l’archevêque Cordileone et la hiérarchie de l’église catholique ne sont pas encore venus à terme avec la théologie de la domination documentée dans les bulles pontificales du Vatican et qui sont parties intégrantes de l’évangélisme catholique et chrétien. Cette théologie est fondée sur l’assertion d’une déité mâle (“Lui”) qui est derrière la poussée en avant de l’empire chrétien (chrétienté) et de la domination sur la “terre promise”. “Toujours de l’avant, jamais en arrière” avait juré Serra.

Le tribut payé à la théologie du mal de ce système missionnaire a été édicté par le grand archéologue Robert Heizer dans un article publié en 1978. Dans cet article, Heizer a déclaré que le système missionnaire catholique espagnol était “une institution à peine viable dans son auto-perpétuation parce qu’elle était nourrie d’un constant apport d’êtres humains.

Il rajouta : “Continuer à nourrir le fourneau [du système missionnaire] aurait demandé une force militaire d’une plus grande puissance que ce qui était alors disponible, pour continuer à aller chaque année toujours plus loin dans les terres non converties de l’intérieur afin de ramener ce carburant humain.

L’historien David Stannard, dans son ouvrage “The American Holocaust” (1992), appela le système des missions “les fourneaux de la mort”. La raison en est que la population native de cette région de la haute Californie, estimée à environ 300 000 personnes à l’arrivée de Serra, s’est effondrée de plus de 50% pour se situer à moins de 150 000 personnes vers 1834, ce dans une période de quelques 65 ans (NdT: le système des missions catholiques tuait donc dans cette région seule de la haute Californie quelques 2500 personnes par an pendant 6 décennies…).

Ce taux de mortalité est le contexte du déboulonnage de la statue du père Junipero Serra qui entra en territoire de la nation Kumeyaay lorsqu’il arriva en 1769. D’un point de vue natif, cette statue était un monument à la tradition haineuse du système missionnaire de l’église catholique espagnole, qui généra tant de mort et de destruction.

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5 textes pour comprendre et éradiquer le colonialisme

« Païens en terre promise, décoder la doctrine chrétienne de la découverte », Steven Newcomb, 2008

« Comprendre le système de l’oppression coloniale par mieux le démonter », Steven Newcomb

« Comprendre le système de l’oppression coloniale pour mieux le démonter », Peter d’Errico

« Effondrer le colonialisme », Résistance 71

« Nous sommes tous des colonisés ! », Résistance 71

Lire notre dossier sur « Les bulles pontificales »

Notre page « Colonialisme et doctrine chrétienne de la découverte »

 


« Le plus grand génocide de l’histoire humaine
ne s’est pas déroulé dans l’Allemagne nazie, mais sur
le sol américain.
100 million de natifs américains furent massacrés
et perdirent leur terre. Fait historique :
La plupart des gens qui accomplirent ce massacre étaient chrétiens.
Désolé si vous ne pouvez pas regarder la vérité en face. »

Résistance au colonialisme: Soutenons ceux qui luttent contre le terrorisme (occidental) depuis 1492 !!…

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Rejoignez le mouvement pour la répudiation des bulles papales colonialistes, plus nous mettrons de pression sur la hiérarchie cléricale jusqu’au Vatican et plus ces diktats papaux auront de chance à être répudiés.

— Résistance 71 ~

 

Le pape François 1er fait un premier pas vers la révocation des bulles pontificales

 

Steven Newcomb

 

13 Juillet 2015

 

url de l’article original:

http://indiancountrytodaymedianetwork.com/2015/07/13/pope-francis-takes-first-step-toward-revoking-papal-bulls

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Le 9 Juillet Associated Press rapportait qu’en visitant La Paz en Bolivie, “le pape François 1er s’est excusé… pour les pêchés, les offenses et les crimes commis par l’église catholique contre les peuples indigènes durant l’ère coloniale de la conquête des Amériques,” la déclaration du pape en Bolivie fut faite avant son voyage en Amérique du Nord de Septembre, voyage durant lequel il prévoit de canoniser Junipero Serra, le missionnaire fondateur de neuf des vingt-et-une missions catholiques de Californie, qui s’avérèrent destructices et mortelles pour les peuples natifs de cette région. (NdT: et oui, pas de Zorro pour les protéger…)

En tant que représentant du saint siège, le pape François est le successeur de papes précédents tels Nicolas V et Alexandre VI, qui créèrent, pour le saint siège, le cadre institutionnel au sein duquel “les pêchés, les offenses et les crimes” auxquels se référaient le pape François, furent commis et ce incluant le système missionnaire catholique espagnol.

Nous ne devons pas sous-estimer ou omettre un fait capital: Les édits (bulles) de nombreux papes ont créé le cadre prédateur de l’empire chrétien (“Christiani emperii”) et de domination au nom de “l’évangélisation” chrétienne. Ce cadre est devenu la base légale de siècles de mort et de dévastation dont furent les victimes nos nations et peuples libres et indépendants de ce continent (maintenant typiquement appelés “indigènes”) et ailleurs.

Quelle terminologie a donc utilisé le saint siège pour créer le cadre trouvé dans les bulles pontificales ? Ce fut cette terminologie qui a fourni la base même des pêchés, offenses et crimes auxquels le pape François faisait allusion. Dans l’édit Dum Diversas de 1452 par exemple, le pape Nicolas V a autorisé le roi Alphonse du Portugal ou ses représentants de naviguer vers des terres non-chrétiennes et de les “envahir, de capturer, de vaincre et de subjuguer tous les Sarazins, païens et autres ennemis du christ, de réduire leurs personnes en esclavage perpétuel et de s’emparer de toutes leurs possession et propriétés.

Le roi reçût de plus amples instructions afin de “convertir” les terres des non-chrétiens. En termes légaux, le mot “convertir” peut vouloir dire “saisir illégalement ou malintentionnellement ce qui appartient de droit à d’autres.” En conséquence, la pape Nicolas V a alors déclaré les actions du roi contre les non-chrétiens comme étant “justes et légales.

La terminologie citée ci-dessus (envahir, capturer, vaincre, subjuguer, réduire en esclavage et convertir les terres et les propriétés des non-chrétiens) a non seulement déclaré la guerre au monde non-chrétien, mais elle a aussi créé un cadre ou un paradigme de DOMINATION qui continue de fonctionner à la vue et au sus de toutes et tous, bien que généralement passant inaperçu et n’étant pas nommé.

A La Paz, le pape François était censé s’adresser aux peuples “indigènes” de Bolivie et d’ailleurs. Quelle est la définition “d’indigène” d’après l’ONU ? Comme cela est dit dans une définition, nos nations et peuples sont considérés “indigènes” parce que nous nous considérons comme “distincts des autres secteurs maintenant prévalents de la société”. Prévaloir veut dire “gagner une ascendance” et “ascendance” est définie comme “une influence de gouvernance ou de contrôle: DOMINATION ”. (Webster’s Third New International Dictionary Unabridged, 1993).

Pour être prise sérieusement, une “excuse” ou “une demande de grâce” du pape François 1er ou de tout autre pape de fait, doit être la base pour que la papauté explicitement nomme le système de domination que le saint siège lui-même, a créé et a mis en mouvement au nom de “Lui, de qui tous les empires et dominations et bonnes choses émanent” (bulle pontificale du 3 Mai 1493). Ce même système de domination est ce qui à la fin fut propagé par le saint siège et les monarchies chrétiennes ainsi que par des missionnaires comme ce Junipero Serra. Jusqu’à aujourd’hui ce cadre de système de domination est toujours utilisé contre nos nations et peuples originels.

Ceci étant, le pape François peut faire preuve d’un véritable courage et d’autorité morale pour l’église catholique en prenant le chemin de la prochaine étape logique à suivre: La révocation des bulles papales desquelles a résulté la domination et la déshumanisation de nos nations et peuples originels. En 1993, l’Indigenous Law Institute a écrit une lettre au pape Jean-Paul II lui demandant de révoquer la bulle Inter Caetera du 4 Mai 1493 en représentation de toute une série de documents papaux. Nous avons écrit une autre lettre au pape Benoît XVI. Nous avons maintenu cette campagne depuis les années 1990 sous le patronage spirituel du leader et membre du conseil des anciens Oglala Lakota Birgil Kills Straight et en solidarité avec un grand nombre de chrétiens nous soutenant à travers le monde.

Etant donné sa déclaration de contrition papale à La Paz, le pape François a pris un pas important dans la direction de révoquer les bulles d’empire et de domination. Et pourtant, comme le dit le dicton, les actions en disent plus que les mots. Le pape a quelques choix à faire en regard de possibles édits/bulles papaux. Pour l’église, beaucoup tient de sa décision.

Possibilité d’un premier édit papal: Le pape François peut clairement briser avec la tradition de domination des bulles papales en publiant un édit révoquant officiellement ces documents émanants de ses prédécesseurs tout en refusant de canoniser Junipero Serra.
Possibilité d’un second édit papal: Le pape François peut canoniser Serra et ainsi choisir de légitimer, de valider et de sanctifier la trajectoire mortelle de l’empire chrétien de domination formé et cadré par ces bulles papales. S’il le fait, il démontrera alors le vide intersidéral de l’expression de sa contrition. Il pourrait même y avoir un “joker papal” bien que peu probable, il pourrait s’essayer à une complète contradiction: canoniser Serra et révoquer les bulles papales de ses prédécesseurs, ce qui serait une tentative d’à la fois embrasser et de rejeter la tradition de domination de l’église et de la chrétienté.