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Résistance au colonialisme : Sionisme, Nakba et loi polonaise (Gilad Atzmon)

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La Nakba et la loi polonaise

Gilad Atzmon

5 juillet 2021

url de l’article original:
https://gilad.online/writings/2021/7/4/the-nakba-and-the-polish-law

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

Israël semble ennuyé par une nouvelle loi polonaise qui met une date butoir de 30 ans pour que les juifs puissent reprendre possession des propriétés qui leur furent saisies. La loi doit toujours être approuvée par le sénat polonais et pourtant les officiels israéliens la nomme déjà la “loi holocauste” insistant sur son “immoralité” et la honte qu’elle génère.

La semaine dernière, le ministre israélien des affaires étrangères Yair Lapid a insisté sur le fait que la loi “est une honte qui n’effacera pas les horreurs ni la mémoire de l’holocauste.” Je ne vois pas en quoi cette loi interfère avec les horreurs ou la mémoire de l’holocauste. Je pense en fait que la vile tentative de presser des milliards de dollars de la Pologne au nom d’une tragédie humaine pourrait avoir un impact négatif sur ce chapitre historique et la façon dont il est mémorisé.

Les Polonais n’ont pas apprécié l’ingérence de “l’état juif” dans leurs affaires intérieures. Vendredi, le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a rétorqué à Lapid en insistant “Tout ce que je peux dire, c’est que temps que je suis le premier ministre, la Pologne ne paiera pas pour les crimes allemands : ni en zloty, ni en euro, ni en dollar.” Le ministre polonais des AE s’est fait l’écho de la position de Morawiecki argumentant que les commentaires de Lapid étaient de mauvaise foi “La Pologne n’est en rien responsable de l’holocauste, une atrocité commise par l’occupant allemand, crime également commis sur des citoyens polonais d’origine juive.” La crise a semblé escalader durant le week-end. Dimanche, la Pologne et Israël convoquaient les ambassadeurs respectifs pour des réunions alors que la querelle entre les deux pays ne semblaient pas s’amenuiser.

Je ne suis pas en position de juger ce qui est juste et qui a tort ou raison dans ces affaires de restitution. Supposons que la loi polonaise soit “une horrible injustice et une honte qui nuit aux droits des survivants de l’holocauste et à leurs héritiers”, comme le prétend Lapid. Dans ce cas, on devrait s’attendre à ce que celui-ci soutienne dynamiquement les Palestiniens dans leur droit au retour et leur droit d’être compensés pour le crime colossal commis contre eux à partir de 1948.

En 1948, plus de 700 000 Palestiniens (la très vaste majorité de la population indigène de la Palestine), subirent un nettoyage ethnique en règle aux mains du nouvellement établi état juif. Ce crime racial catastrophique (incluant une longue liste de massacres comme celui de Deir Yassin) est appelé la Nakba. Il s’est produit moins de 4 ans après la libération d’Auschwitz…

Pendant la guerre de 1948 et peu de temps après. le jeune pays d’Israël a rayé de la carte des villes et villages palestiniens. Il a ensuite utilisé des législations pour empêcher les Palestiniens de retourner chez eux et a mis en application tous les moyens possibles pour s’approprier et piller la propriété de ces derniers, dépossédant dans le processus ces quelques Palestiniens qui s’accrochaient à leur terre. Pourtant, Israël n’a jamais admis son pêché originel de nettoyage ethnique.

Se reposant sur une cause morale, Israël affirme représenter les demandes juives de restitution en Pologne. Je me demande : cette même règle ne devrait-elle pas aussi s’appliquer aux Palestiniens ? Israël ne devrait-il pas mettre la même loi morale en avant et reconnaître aux Palestiniens leur droit à la terre, à leurs villages, villes, champs et vergers ?

C’est l’Allemagne nazie, alors occupante de la Pologne qui amena le désastre sur la communauté juive de ce pays. En Palestine, une jeune armée de défense et des groupe paramilitaires juifs commirent des crimes colossaux contre la population indigène (NdT: pas sans rappeler les atrocités commises par les colons du “nouveau monde” sur les populations indigènes du continent des Amériques, dont l’excavation récente de charniers d’enfants au Canada ne représente qu’une petite portion… Nous ne vivons en rien dans un monde “post-colonial” nous vivons en plein dedans, guerre et colonisation étant les marques de fabrique de l’État et des rouages marchands étroitement imbriqués). Alors que l’Allemagne nazie cessa d’exister en 1945, la force de défense israélienne existe toujours quant à elle. Le parti travailliste (qui forma directement le premier gouvernement israélien) est toujours actif et est même un membre de la coalition actuelle de gouvernement en Israël. Le parti du Likoud est une excroissance de l’Irgoun originel et du Stern Gang (tous deux complice de certains des atrocités et massacres commis en Palestine), il est et de loin le plus gros parti politique représenté à la Knesset (parlement israélien). Les institutions israéliennes et sionistes responsables du crime de 1948 n’ont jamais cessé d’exister. Elles n’ont jamais reconnu leurs crimes, et se sont encore moins repenties.

Les survivants de l’holocauste ont été indemnisés de différentes manières pour le crime qui fut commis contre eux par les Européens. Israël a bénéficié de très larges compensations de la part du gouvernement allemand. En revanche, les Palestiniens vivent toujours dans des prisons à ciel ouvert et dans des camps de réfugiés, et sont soumis à des embargos et à des abus incessants.

Le temps est venu pour Israël de reconnaître son horrible passé. Dès maintenant, Israël devrait se rendre à l’évidence que la cause palestinienne ne s’estompe pas et ne disparaît pas dans l’air du temps. Si Israël cherche à se réconcilier avec la région, alors il doit d’abord appliquer à lui-même ce code moral qu’il demande à la Pologne de suivre.

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1948-2018 de la Nakba à la Grande Marche pour le Retour: 70 ans de colonialisme génocidaire en Palestine construit sur un mythe biblique

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Résistance 71

 

15 mai 2018

 

“L’assemblée générale des Nations-Unies rejette avec force les politiques et idéologies visant à faire la promotion du nettoyage ethnique sous quelque forme que ce soit.”
~ Résolution 47/80 de l’ONU promulguée le 16 décembre 1992 ~

Il ne saurait y avoir deux poids deux mesures dans le “devoir de mémoire”. S’il est important de se souvenir et de dénoncer les génocides passés (amérindien, juif, arménien et celui de tous les peuples autochtones victimes du colonialisme), il est tout aussi important de reconnaître et de dénoncer les présents comme celui des Amérindiens qui continuent sur le continent des Amériques et celui des Palestiniens aux mains d’une entité sioniste criminelle qui se rend coupable, depuis 1948, de nettoyage ethnique en Palestine qu’elle occupe illégalement.

Paroles pour la paix et la fin de la colonisation en Palestine (traduites de l’anglais par Résistance 71)

“En 1979, il y eut une révolution en Iran. A cause de notre conférence donnée à Genève et de nos liens amicaux avec l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), l’American Indian Movement (AIM) avait une certaine crédibilité dans cette partie du monde. Tout comme l’OLP, nous sommes fondamentalement intéressés à retrouver notre terre et notre souveraineté.”
~ Russell Means, co-fondateur de l’AIM, 1995 ~

“C’est un fait établi qu’il n’y a virtuellement pas eu de textes écrits sur l’histoire juive entre les 1er et XIXème siècles de notre ère et que le judaïsme soit fondé sur un mythe historique religieux a sans doute pas mal à y voir. […] En Palestine, les nouveaux juifs puis plus tard les Israéliens furent déterminés de recruter l’ancien testament et de le transformer en un code unificateur pour le futur du peuple juif. La “nationalisation” de la bible planterait alors dans les esprits de la jeunesse juive l’idée qu’ils étaient les descendants directs de leurs fameux ancêtres israélites. Gardant présent à l’esprit que cette nationalisation fut essentiellement un mouvement séculier, la bible fut dépouillée de son sens spirituel et religieux et ne fut plus regardée que comme un texte ‘historique’ décrivant la ‘véritable’ histoire et chaîne d’évènements du passé. […] Encore bien plus troublant fut le fait qu’au lieu d’avoir une entité super-naturelle (à savoir dieu), qui leur commande d’envahir et de commettre un génocide contre les habitants de la “terre promise”, dans le projet de la résurrection nationale juive, c’était eux-mêmes, les Herzl, Jabotinski, Weizmann, Ben-Gourion, Sharon, Peres, Barak, Netanyahou, Lieberman etc, qui décideraient d’expulser et de tuer. Dieu ne tuait plus au nom du peuple juif, les juifs eux-mêmes le faisaient. Ils le faisaient avec des symboles juifs peints sur leurs avions et sur leurs chars et suivaient des commandements en hébreu, la nouvelle langue restaurée de leurs ancêtres. […]
Alors que la recherche archéologique devenait de plus en plus indépendante du dogme sioniste, des vérités troublantes commencèrent à émerger. Il devint impossible d’ancrer l’authenticité des histoires bibliques dans la réalité de terrain des vestiges du passé. Si rien d’autre, l’archéologie réfute le narratif historique de la bible: le livre, d’après des experts non juifs comme Thomas Thompson, “est une collection tardive de littérature innovatrice écrite par des théologiens doués.” Comme le fait justement remarquer l’historien israélien Schlomo Sand, le narratif biblique est imbibé de Philistins, de langue araméenne et de dromadaires. Aussi loin que les fouilles archéologiques nous éclairent sur ces sujets, les Philistins n’apparurent pas dans cette région avant le 12ème siècle AEC, l’Araméen n’apparut qu’un siècle plus tard et les dromadaires ne montrèrent pas leurs délicates et sympathiques têtes dans la région avant le 8ème siècle AEC. On n’a rien trouvé non plus dans le désert du Sinaï pour prouver l’histoire légendaire de l’exode juif d’Egypte qui aurait apparemment vu quelques 3 millions de juifs, hommes, femmes et enfants y marcher pendant 40 ans sans laisser derrière eux la moindre boule de Mazza. De plus, l’histoire biblique du réétablissement des Israélites dans le pays de Canaan et le génocide des goyim qui habitaient la “terre promise” (que les juifs contemporains imitent avec un tel succès…) semble bien n’être une fois de plus qu’un mythe: Jéricho, la grande cité bien défendue annihilée au son des trompettes hébraïques et d’une intervention supernaturelle toute puissante, n’était qu’un tout petit village au 13ème siècle AEC.
Par dessus tout, Israël se voit comme la résurrection du monumental royaume de David et de Salomon. Pourtant, des fouilles dans le vieille cité de Jérusalem depuis les années 1970 ont révélé que le royaume de David n’était qu’une toute petite enclave. […] La bible est une fiction et pas grand chose en elle peut prouver la glorification du peuple juif en Palestine à quelque étape de l’histoire que ce soit. Elle apparaît plutôt comme un texte idéologique dont le but est de servir des fins politico-sociales. […] La vérité est que les juifs contemporains n’ont rien à voir avec ces anciens Israélites, qui ne furent même jamais envoyés en exil, l’exil ordonné par les Romains est un mythe supplémentaire. […] Ainsi, encore plus intéressant est la conclusion logique de tout cela: si le peuple d’Israël ne fut pas chassé, alors les véritables descendants des habitants du royaume de Judée doivent être les Palestiniens.”
~ Gilad Atzmon, “The Wandering Who”, 2011 ~

“Après 70 ans d’excavations et de fouilles extensives sur la terre d’Israël, les archéologues ont trouvé que les actions du patriarche sont des histoires de légende ; nous n’avons pas séjourné en Egypte, ni fait un exode, nous n’avons pas conquis la terre. Il n’y a pas non plus de mention de l’empire de David et de Salomon. Ceux qui s’y intéressent savent tout cela depuis des années, mais Israël est un peuple têtu et ne veut pas en entendre parler.”
~ Professeur Ze’ev Herzog, chef du département d’archéologie et d’études de l’ancien Proche-Orient à l’université de Tel-Aviv, dans un entretien avec le magazine Ha’aretz le 29 octobre 1999

“Toujours plus de chercheurs se heurtèrent à des contradictions insolvables. Mais ce ne fut qu’après le début de la première Intifada en 1987 et l’avènement de plus d’ouverture en ce qui concerne l’arène de l’opinion publique israélienne, que les excavateurs commencèrent à parler, leurs voix devenues rauques après tant d’année d’étouffement sous le boisseau de la terre sacrée.”
“… d’après le narratif biblique, le peuple juif erra dans les étendues désertiques pendant plus de 40 ans, incluant plus de 600 000 guerriers qui auraient voyagé avec leurs épouses, enfants, familles étendues, impliquant dès lors une partie de quelques 3 millions de personnes au total. A part le fait qu’il est impossible pour tant de personnes d’errer dans le désert pendant si longtemps, un évènement d’une telle amplitude aurait fatalement laissé des traces archéologiques ou épigraphiques. Les anciens Egyptiens conservaient des archives méticuleuses de tous les évènements et il y a énormément d’écrits au sujet de la vie militaire et politique. Il y a même des documents sur les incursions de groupes nomades dans leur monde. Et pourtant là, dans ces monumentales archives égyptiennes, il n’y a pas la moindre trace, la moindre mention de ces ‘enfants d’Israël’ vivant en Egypte, ou qui se seraient rebellées contre, ou émigré à une quelconque époque. Aucune trace n’a été trouvé dans le désert du Sinaï de quelque mouvement de population durant la dite période et l’endroit même du fameux ‘Mont Sinaï’ doit toujours être découvert.”
“… Ce mythe de l’occupation sans pitié [de Canaan], décrit de manière détaillé dans le livre de Joshua est un des premiers génocide, celui-ci ne s’est jamais produit. La célèbre conquête de Canaan fut le prochain mythe à s’effondrer dans les escarmouches scientifiques livrées par la nouvelle archéologie.
Pendant très longtemps, les historiens sionistes, suivis comme leur ombre par les archéologues israéliens, ignorèrent des découvertes pourtant très connues. Si à l’époque de la conquête du pays par les Israélites, celui-ci était toujours sous le règne de l’Egypte, alors comment cela puisse t’il se faire qu’aucun document égyptien des archives de l’époque ne le mentionne ? De plus, pourquoi la bible ne fait-elle pas non plus le cas de la présence des Egyptiens dans le pays ? Les excavations archéologiques de Gaza et de Beth Shean ont depuis bien longtemps révélé la présence des Egyptiens à cette époque de la supposée conquête et après, mais l’ancien texte national était trop précieux pour être parjuré et donc les universitaires apprirent à étouffer ces petits faits bien utiles dans des explications autant vagues qu’évasives.
De nouvelles excavations à Jéricho, Aï et Heshbon, ces puissantes cités fortifiées que les enfants d’Israël sont supposés avoir capturé en grande fanfare, ont confirmé les anciennes recherches: à la fin de 13ème siècle AEC, Jéricho n’était qu’une insignifiante petite ville, certainement pas fortifiée et ni Aï, ni Heshbon n’existaient à cette époque.
“La conclusion acceptée par la majorité des archéologues et des érudits de la bible fut qu’il n’y eut jamais de grande monarchie et que le roi Salomon n’a jamais eu de grand palais dans lequel il hébergeait ses 700 épouses et 300 concubines. Ce furent des écrivains postérieurs qui inventèrent et glorifièrent un puissant royaume uni, établi par la grâce d’une seule déité. Leur riche et distinctive imagination a aussi produit les histoires de la création du monde, du terrible déluge, de l’errance des anciens, de la lutte de Jacob avec l’ange, l’exode d’Egypte et le passage de la Mer Rouge, la conquête des Cananéens et l’arrêt miraculeux du soleil à Gibeon.
Les mythes centraux au sujet de l’origine pure de cette merveilleuse nation qui émergea du désert, conquît une grande terre et construisit un glorieux royaume furent un bonus pour la montée du nationalisme juif et la colonisation sioniste. Pendant un siècle, ils fournirent le carburant textuel de qualité canonique qui donna grande énergie à une politique d’expansion identitaire et territoriale demandant une auto-justification et un sacrifice considérable.
Des archéologues et des érudits de la bible empêcheurs de tourner en rond, en Israël et ailleurs, mirent à mal ces mythes, qui à la fin du XXème siècle semblaient avoir été relégués aux statut de fiction ayant un fossé infranchissable entre eux et la réalité archéologique.”
“Il est toujours possible de faire l’aveugle devant la vérité. Bien des voix continueront à maintenir que le ‘peuple juif’ a existé depuis plus de 4000 ans et qu’Eretz Israel lui a toujours appartenu. Et pourtant les mythes historiques qui furent auparavant les piliers de la vérité avec l’aide d’une bonne imagination, capables de créer la société israélienne sont maintenant des forces très puissantes aidant à faire émerger la possibilité de sa destruction.”
~ Professeur Schlomo Sand, universités de Tel-Aviv, Berkeley Californie et à l’École des Hautes Études de Sciences Sociales, EHESS, Paris, de son livre “The Invention of the Jewish People”, 2009 ~ 

“Le sionisme a sécularisé et nationalisé le judaïsme. Pour y parvenir, les penseurs sionistes affirmèrent la possession du territoire biblique et recréèrent, en fait le réinventèrent, comme le berceau de leur nouveau mouvement nationaliste. Comme ils le voyaient, la Palestine étaient occupée par des ‘étrangers’ et avaient été repossédée. ‘Étrangers’ ici voulait dire tout non-juif qui avait vécu en Palestine depuis la période romaine. En fait pour bien des sionistes, la Palestine n’était même pas une terre ‘occupée’ quand ils arrivèrent dessus en 1882, mais plutôt une terre ‘vide’: les natifs palestiniens qui vivaient là leur étaient invisibles ou sinon, ils faisaient partie de la dureté et des obstacles de la nature et à ce titre devaient être conquis et retirés du paysage. Rien, ni pierres, ni Palestiniens, devaient se mettre sur le chemin de la ‘rédemption’ nationale de la terre convoitée par le mouvement sioniste. Jusqu’à l’occupation de la Palestine par la Grande-Bretagne en 1918, le sionisme était un mélange d’idéologie nationaliste et de pratique colonialiste…”
~
Ilan Pappe, professeur et chaire d’histoire à l’université d’Exeter, “The Ethnic Cleansing of Palestine”, 2006 ~

« Les trois axiomes de la politique intérieure d’Israël » (extrait du livre d’Ilan Pappe « The Ethnic Cleansing of Palestine », 2006 page 239), traduit de l’anglais par Résistance 71

« La première des trois lignes de conduite, ou plutôt axiomes, d’Israël est que le conflit israélo-palestinien a son origine en 1967. Pour le résoudre tout ce dont on avait besoin était un accord qui déterminerait le statut futur de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. En d’autres termes, comme ces zones ne constituent que 22% du territoire de la Palestine, Israël a réduit d’un coup de crayon toute résolution de paix à seulement une toute petite partie du territoire originel palestinien. Non seulement cela, mais Israël demandait et continue à demander aujourd’hui, toujours plus de compromis territoriaux, soit en résonance avec l’approche économique favorisée par les Etats-Unis ou comme dictés par une carte sur laquelle les deux camps politiques se sont mis d’accord en Israël.
Le second axiome est que tout ce qui est visible dans ces zones, la Cisjordanie et la bande de Gaza, peut toujours encore être divisé et que ces divisions, cette faculté à toujours plus diviser, est une des clefs du processus de paix. Pour Israël, cette division du visible inclut non seulement la terre mais aussi le peuple et les ressources naturelles.
Le troisième axiome israélien est que rien de ce qui s’est produit avant 1967, incluant la Nakba et le nettoyage ethnique, ne sera jamais négociable. Les implications ici sont très claires: cela retire complètement de l’équation du processus de paix le problème des réfugiés et met directement sur la touche et sans appel le droit des Palestiniens au retour à la terre. »


Lutte anticoloniale, clef de
l’émancipation

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Lectures complémentaires:

Effondrer le colonialisme

Ashraf Ezzat Mythe Biblique


Palestine « peau de chagrin »

Et pendant ce temps là… Le nettoyage ethnique continue en Palestine occupée

Posted in actualité, colonialisme, documentaire, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, N.O.M, politique et lobbyisme, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , on 26 avril 2017 by Résistance 71

« Les Israéliens refusent catégoriquement de reconnaître la ‘Nakba’ ni d’être tenus pour responsables, moralement et légalement, pour le nettoyage ethnique qu’ils ont commis en Palestine en 1948. »
~ Illan Pappe ~

« Le peuple natif de Palestine, à l’instar de tous les peuples natifs d’autres pays du monde arabe, d’Asie, d’Afrique, d’Amérique et d’Europe, refusèrent de partager la terre avec des membres d’une communauté coloniale. »
~ Walid Khalidi ~

« L’occupation sioniste de la Pelestine est devenue undroit affirmee international, tandis que la revendication palestinienne d’être réinstaurés sur leur terre de droit a été perçue comme une agression inacceptable. Le Conseil de Sécurité de l’ONU n’a agi qu’en soutien de cette vision déformée, falsifiée de la réalité. […]
La création d’une entité sioniste sur la terre de Palestine représente une agression manifeste du peuple palestinien pacifique et remplace une population par une autre, dispersant les véritables propriétaires de la terre à travers les territoires du monde. Ceci n’est pas un conflit frontalier entre deux pays voisins. Il s’agit du déracinement d’une nation et d’un peuple et leur substitution par un autre. »
~ Naïm Qassem ~

 

Des voix concordantes pour confronter l’histoire d’Israël

 

Ramzy Baroud

 

25 avril 2017

 

url de l’article en français:

http://chroniquepalestine.com/voix-concordantes-confronter-histoire-coloniale-israel/

 

Israël a eu recours à trois principales stratégies pour contrecarrer les appels palestiniens à la justice et aux droits de l’homme, dont le droit de retour pour les réfugiés.

L’une est consacrée à la réécriture de l’histoire, une autre consiste à écarter l’attention des réalités actuelles, et une troisième vise à récupérer le récit palestinien pour en faire un récit israélien.

La réécriture de l’histoire a été mise en branle beaucoup plus tôt que certains historiens ne l’imaginent. La machine de la hasbara [propagande] israélienne a été mise en mouvement presque simultanément avec le Plan Dalet (Plan D) qui a vu la conquête militaire de la Palestine et le nettoyage ethnique de ses habitants.

Mais le discours actuel concernant la « Nakba » – ou la « Catastrophe » – qui a frappé le peuple palestinien en 1947 et 1948 a été élaboré dans les années 1950 et 60.

Dans un article intitulé « Pensée catastrophique : Ben Gurion a-t-il réussi à réécrire l’histoire? » Shay Hazkani a révélé la manière impressionnante dont le premier Premier ministre d’Israël, Ben Gurion, a travaillé en étroite collaboration avec un groupe d’érudits juifs israéliens pour développer une version d’événements pour ce qui s’est passé en 1947-1948 : la fondation d’Israël et la destruction de la Palestine.

Ben Gurion voulait propager une version de l’histoire qui soit compatible avec la position politique d’Israël. Il avait besoin de « preuves » pour appuyer cet objectif.

Les « preuves » sont finalement devenues « l’histoire », et aucun autre récit n’a été autorisé à contester le discours d’Israël sur la Nakba.

« Ben Gurion n’a probablement jamais entendu le mot ‘Nakba’, mais au début des années 1950, le premier ministre israélien a saisi l’importance du récit historique », a écrit Hazkani.

Le leader israélien a donné pour mission à des chercheurs payés par l’État de façonner une histoire alternative qui continue d’imprégner la pensée israélienne à ce jour.

S’écarter des réalités historiques – ou de la réalité actuelle de l’horrible occupation de la Palestine – est une volonté qui remonte à près de 70 ans.

Des premiers mythes de la Palestine d’une « terre sans peuple pour un peuple sans terre » selon la revendication d’aujourd’hui, à celui d’Israël icône de la civilisation, de la technologie et de la démocratie entourée de sauvages arabes et musulmans… les mensonges israéliens sont implacables.

Par conséquent, alors que les Palestiniens se préparent à commémorer la guerre du 5 juin 1967 qui a conduit à une occupation militaire qui date maintenant de 50 ans, Israël prévoit une grande fête, une « célébration » majeure de son occupation militaire des terres des Palestiniens.

L’absurdité échappe à tous les Israéliens, bien sûr.

« Un Etat qui célèbre 50 ans d’occupation est un Etat dont le sens de l’orientation a été perdu, comme sa capacité à distinguer le bien du mal », a écrit le commentateur israélien Gideon Levy dans le journal Haaretz.

« Qu’est-ce que les Israéliens ont à célébrer? Cinquante ans de sang, d’abus, de vols et de sadisme? Seules les sociétés qui n’ont pas de conscience célèbrent ces anniversaires. »

Levy soutient qu’Israël a gagné la guerre de 1967 mais a « perdu presque tout le reste ».

Depuis lors, l’arrogance d’Israël, lsa haine du droit international, « le mépris permanent pour le monde, la vantardise et l’intimidation », ont tous atteint des sommets sans précédent.

L’article de Levy est intitulé: « Notre Nakba ».

Levy n’essaie pas de reprendre le récit palestinien, mais il rappelle de façon résumée que les succèss militaires d’Israël sont une affliction, d’autant plus qu’ils ne sont jamais suivis de la moindre réflexion nationale ni d’aucune tentative de corriger les injustices du passé et du présent.

Mais le processus de revendication du terme « Nakba » a été mené par des écrivains israéliens durant de nombreuses années.

Pour ces penseurs, « la Nakba juive » se réfère aux Juifs arabes qui sont arrivés dans l’Israël nouvellement indépendant, fondé en grande partie sur l’incitation des dirigeants sionistes à l’égard des Juifs du monde entier à « retourner » dans la patrie biblique.

Un éditorial dans The Jerusalem Post s’est plaint que « la propagande palestinien a persuadé l’opinion publique mondiale que le terme ‘réfugié’ est synonyme de ‘Palestinien’ ».

Ce faisant, les Israéliens qui tente de dénaturer le récit palestinien espèrent créer un équilibre dans le discours, ce qui, bien sûr, est incompatible avec la réalité.

Cette construction place le nombre de « réfugiés juifs » de la « Nakba juive » à 850 000, légèrement au-dessus du nombre de réfugiés palestiniens qui ont été expulsés par les milices sionistes lors de la fondation d’Israël.

Heureusement, des affirmations aussi mensongères sont de plus en plus contestées par des voix juives.

Quelques voix, mais significatives, parmi les intellectuels israéliens et juifs à travers le monde ont franchi le pas réexaminer le passé d’Israël.

Ils se confrontent à juste titre à une version de l’histoire qui a été acceptée en Israël et en Occident comme la vérité incontestée à l’origine de la naissance d’Israël en 1948, l’occupation militaire de ce qui restait de la Palestine en 1967 et d’autres périodes historiques.

Ces intellectuels imprègnent la façon d’aborder la question de la Palestine et d’Israël partout où ils vont. Leurs voix sont particulièrement significatives dans le défi des poncifs officiels israéliens et des mythes historiques.

Écrivant dans le Forward, Donna Nevel refuse d’accepter que la discussion sur le conflit en Palestine commence par la guerre et l’occupation de 1967.

Nevel est critique à l’égard des soi-disant sionistes progressistes qui prétendent devoir limiter le débat à la question de l’occupation, restreignant ainsi toute possibilité de résolution à la « solution à deux États ».

Non seulement une telle « solution » est défunte et pratiquement impossible, mais la discussion même évacue la Nakba, ou la Catastrophe, de 1948.

La « Nakba n’entre pas dans ces discussions parce que c’est l’héritage et la manifestation la plus claire du sionisme », écrit Nevel.

« Ceux qui ignorent la ‘Nakba’ – ce que les institutions sionistes et israéliennes ont constamment fait – refusent de reconnaître le sionisme comme illégitime dès le début de sa mise en œuvre ».

C’est précisément la raison pour laquelle la police israélienne a récemment bloqué la « Marche du retour » organisée chaque année par des Palestiniens en Israël.

Pendant des années, Israël s’est méfié du fait qu’un mouvement croissant parmi les Palestiniens, les Israéliens et d’autres à travers le monde, a poussé pour un changement de paradigme afin de comprendre les racines du conflit en Palestine.

Cette nouvelle pensée a été le résultat logique de la fin du dit « processus de paix » et de la disparition de la perspective d’une solution à deux États.

Incapable de sauvegarder ses mythes fondateurs, mais incapable également d’offrir une alternative, le gouvernement israélien utilise maintenant des mesures coercitives pour répondre au mouvement en essor : punir ceux qui veulent commémorer la Nakba, frapper d’amendes les organisations qui participent à de tels événements, et même traiter comme parias les individus et les groupes juifs qui s’écartent de sa pensée officielle.

Dans ces cas, la coercition ne donne guère de résultats.

« La marche (du retour) a rapidement augmenté en taille au cours des dernières années, au mépris des mesures de plus en plus répressives des autorités israéliennes », a écrit Jonathan Cook sur le site d’Al-Jazeera.

Il semble que 70 ans après la fondation d’Israël, le passé est de plus en plus présent.

Heureusement, les voix palestiniennes qui ont depuis toujours contesté le récit officiel israélien sont maintenant associées à un nombre croissant de voix juives.

C’est grâce à un nouveau récit commun qu’une vraie compréhension du passé peut être saisie, avec l’espoir qu’une vision pacifique de l’avenir puisse remplacer l’actuelle, faite de domination militaire, de ségrégation et de pure propagande.

Accords Sykes-Picot, déclaration de Balfour, colonialisme et Nakba moyen-orientale: origine et continuation…

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Excellent article de Ramzy Baroud auquel nous apporterons une précision quand même nécessaire: comme bien des analystes, Baroud pense que la guerre qui sévit en Syrie est une guerre “civile”. Il n’en n’est rien. La guerre en Syrie est une guerre (du gaz) par procuration, une guerre d’invasion coloniale par proxy de l’occident qui utilise sa légion mecenaire pseudo-djihadiste de l’EIIL ex-AQIL, créé par les Américains en Irak dans le sillage de son leur ambassadeur John “Mr Escadron de la Mort” Negroponte et son toutou à la botte le général David Petraeus, pour faire le sale boulot du changement de régime. Ce plan s’est heurté à un problème majeur: devant l’enjeu énorme de l’affaire, trois des protagoniistes et décideurs politiques dans la région ne se sont pas couchés et n’ont pas avandonné la Syrie: la Russie, l’Iran et son allié du Hezbollah libanais. Le reste de l’analyse de Ramzy Baroud est pile poil, le nœud de l’affaire remontant à la conjugaison des accords Sykes-Picot et à la déclaration de Balfour.

~ Résistance 71 ~

 

La place de la Nakba dans la catastrophe générale du monde arabe

Ramzy Baroud

18 juin 2016

url de l’article original:

http://www.info-palestine.net/spip.php?article16080

Le 15 mai de chaque année, toutes ces 68 dernières années, les Palestiniens ont commémoré leur exil collectif de la Palestine. Le nettoyage ethnique de la Palestine pour faire place à une « patrie juive » s’est fait au prix d’une violence implacable et d’une souffrance perpétuelle. Les Palestiniens se réfèrent à cette tragédie comme à la « Nakba », ou « Catastrophe ».

Cependant, la « Nakba » n’est pas uniquement une expérience palestinienne… C’est également dans le monde arabe, une plaie qui ne cesse de saigner.

La Nakba est nommément l’accord Sykes-Picot de 1916 qui a divisé une grande partie du monde arabe entre les puissances occidentales qui se faisaient concurrence. Un an plus tard, la Palestine était retirée de la question arabe et « promise » au mouvement sioniste européen, provoquant ainsi l’un des conflits les plus longs de l’histoire moderne.

Malgré toutes les tentatives de séparer le conflit actuel en Palestine de son environnement arabe, les deux réalités ne peuvent être découplées puisque les deux remontent aux mêmes racines historiques.

Comment est-ce arrivé ?

Lorsque le diplomate britannique Mark Sykes, a succombé à une pandémie de grippe espagnole à l’âge de 39 ans en 1919, un autre diplomate, Harold Nicolson, a décrit comme suit ce qu’avait été son influence sur la région du Moyen-Orient :
« C’est grâce à son énergie et à sa persévérance sans limite, à son enthousiasme et à sa foi, que le nationalisme arabe et le sionisme sont devenus deux des plus grands succès de nos causes de guerre. »

Rétrospectivement, nous savons que Nicolson a parlé trop vite. La nature du « nationalisme arabe » auquel il faisait référence en 1919 était fondamentalement différente de celle des mouvements nationalistes qu’ont connus plusieurs pays arabes dans les années 1950 et 60. Le cri de ralliement pour le nationalisme arabe dans ces années-là était la libération et la souveraineté face au colonialisme occidental et à ses alliés locaux.

La contribution de Sykes à la montée du sionisme ne risquait pas de favoriser la moindre stabilité… Depuis 1948, le sionisme et le nationalisme arabe ont été en conflit permanent, entraînant des guerres et des bains de sang apparemment inépuisables.

Cependant, la dernière contribution de Sykes à la région arabe a été son rôle majeur dans la signature il y a un siècle de l’accord Sykes-Picot, également connu comme l’Accord d’Asie Mineure. Ce fameux traité entre la Grande-Bretagne et la France, qui a été négocié avec le consentement de la Russie, a façonné la géopolitique du Moyen-Orient pour tout le siècle qui allait suivre.

Au fil des années, les défis au statu quo imposé par cet accord Sykes-Picot, ont échoué à modifier fondamentalement les frontières arbitrairement dessinées qui divisaient les Arabes en « sphères d’influence, » administrées et contrôlées par les puissances occidentales.

Pourtant, avec l’apparition récente de « Daesh » et la mise en place à partir de 2014 de sa propre version de frontières tout aussi arbitraires, englobant de larges pans de la Syrie et de l’Irak, le tout combiné aux actuelles discussions sur la division de la Syrie en une fédération, l’héritage de l’accord Sykes-Picot pourrait bien voler en éclat sous la pression de nouvelles et violentes circonstances.

Pourquoi Sykes-Picot ?

L’accord Sykes-Picot a été signé dans le contexte de la violence qui a ravagé une grande partie de l’Europe, de l’Asie, de l’Afrique et du Moyen-Orient à l’époque.

Tout a commencé après que la Première Guerre mondiale ait éclaté en juillet 1914. L’Empire ottoman rejoignit bientôt la guerre aux côtés de l’Allemagne, en partie parce qu’il était conscient que les Alliés – principalement la Grande-Bretagne, la France et la Russie – avaient l’ambition de contrôler tous les territoires ottomans dont les régions arabes de la Syrie, la Mésopotamie, l’Arabie, l’Égypte et l’Afrique du Nord.

En novembre 1915, la Grande-Bretagne et la France ont commencé sérieusement leurs négociations, dans le but de diviser l’héritage territorial de l’Empire ottoman après que la guerre se soit terminée en leur faveur.

Ainsi, une carte faite de lignes droites dessinées avec un crayon gras a largement déterminé le sort des Arabes, en les divisant selon différentes hypothèses aléatoires de lignes tribales et sectaires.

Partage du butin

Le négociateur pour la Grande-Bretagne était Mark Sykes, et le représentant de la France était François Georges-Picot. Ces deux diplomates décidèrent – une fois les Ottomans vaincus – que la France recevrait les zones marquées de la lettre a et qui comprenaient la région du sud-est de la Turquie, le nord de l’Irak, et l’essentiel de la Syrie et du Liban.

Les territoires marqués d’un b étaient quant à eux sous contrôle britannique, ce qui incluait la Jordanie, le sud de l’Irak, Haïfa et Acre en Palestine, et la bande côtière entre la mer Méditerranée et le Jourdain.

La Russie de son côté, devait prendre Istanbul, l’Arménie et le détroit stratégique turc.

La carte improvisée est faite non seulement de lignes mais aussi de couleurs, avec un langage qui prouve que les deux pays considéraient la région arabe sur un plan purement matériel, sans prêter la moindre attention aux répercussions possibles de ce saucissonnage de civilisations entières.

L’histoire d’une trahison

La Première Guerre mondiale s’est conclue le 11 novembre 1918, après quoi la division de l’Empire ottoman a sérieusement commencé.

Les mandats britannique et français ont été étendus sur des entités arabes divisés, alors que la Palestine – sur laquelle un État juif a été créé trois décennies plus tard. – était livrée au mouvement sioniste.

L’accord, soigneusement conçu pour répondre aux intérêts coloniaux occidentaux, n’a produit que de la division, des crises et des guerres.

Alors que le statu quo imposé a garanti l’hégémonie des pays occidentaux sur le Moyen-Orient, il n’a pas réussi à fournir un minimum de stabilité politique ou d’égalité économique.

L’accord Sykes-Picot a été conçu en secret, pour une raison particulière : il était en désaccord complet avec les promesses faites aux Arabes pendant la Grande Guerre. Les dirigeants arabes, sous le commandement de Sharif Hussein, s’étaient vus promettre l’indépendance complète après la guerre en échange de leur soutien aux Alliés contre les Ottomans.

Il a fallu de nombreuses années et des rébellions successives pour que les pays arabes accèdent à l’indépendance. Les conflits entre les Arabes et les puissances coloniales ont engendré le nationalisme arabe, né dans des environnements extrêmement violents et hostiles, ou plus exactement après les avoir surmontés.

Le nationalisme arabe a peut-être réussi à maintenir un semblant d’identité arabe mais il n’a pas réussi à développer une riposte solide et unifiée au colonialisme occidental.

Lorsque la Palestine – promise par la Grande-Bretagne comme foyer national pour les Juifs dès novembre 1917 – est devenue Israël, accueillant principalement des colons européens, le sort de la région arabe à l’est de la Méditerranée a été scellé comme siège de conflits et d’antagonismes perpétuels.

C’est en cela, en particulier, que le terrible héritage de l’accord Sykes-Picot se fait surtout sentir, dans toute sa violence, son imprévoyance et son complet manque de scrupules politiques.

Cent ans après que deux diplomates britanniques et français aient divisé les peuples arabes en sphères d’influence, l’accord Sykes-Picot reste une réalité dominante du Moyen-Orient, bien que contestée.

Cinq ans après que la Syrie ait sombré dans une violente guerre civile, la marque de l’accord Sykes-Picot se fait une fois de plus sentir alors que la France, la Grande-Bretagne, la Russie – et maintenant les États-Unis – envisagent ce que le secrétaire d’État américain John Kerry, a récemment appelé le « plan B, » qui consisterait à diviser la Syrie sur la base de lignes sectaires, probablement en conformité avec une nouvelle interprétation occidentale des « sphères d’influence ».

La carte Sykes-Picot a pu être une vision brute élaborée à la hâte durant d’une guerre mondiale, mais, depuis lors, elle est devenue le principal cadre de référence que l’Occident utilise pour redessiner le monde arabe et pour « le contrôler comme ils le désirent et comme ils veulent le voir. »

La « Nakba » palestinienne, par conséquent, doit être comprise comme faisant partie intégrante des plus larges conceptions occidentales du Moyen-Orient, datant d’un siècle, alors que les Arabes étaient (et restent) divisés et la Palestine était (et reste) conquise.

 

* Dr Ramzy Baroud écrit sur le Moyen-Orient depuis plus de 20 ans. Il est chroniqueur international, consultant en médias, auteur de plusieurs livres et le fondateur de PalestineChronicle.com. Son dernier livre, Résistant en Palestine – Une histoire vraie de Gaza (version française), peut être commandé à Demi-Lune. Son livre, La deuxième Intifada (version française) est disponible sur Scribest.fr. Son site personnel : http://www.ramzybaroud.net

Palestine, Nakba… 68 ans de résistance au colonialisme génocidaire

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“Après 70 ans d’excavations et de fouilles extensives sur la terre d’Israël, les archéologues ont trouvé que les actions du patriarque sont des histoires de légende ; nous n’avons pas séjourné en Egypte, ni fait un exode, nous n’avons pas conquis la terre. Il n’y a pas non plus de mention de l’empire de David et de Salomon. Ceux qui s’y intéressent savent tout cela depuis des années, mais Israël est un peuple têtu et ne veut pas en entendre parler.”
~ Professeur Ze’ev Herzog
, chef du département d’archéologie et d’études de l’ancien Proche-Orient à l’université de Tel-Aviv, dans un entretien avec le magazine Ha’aretz le 29 octobre 1999

“La conclusion acceptée par la majorité des archéologues et des érudits de la bible fut qu’il n’y eut jamais de grande monarchie et que le roi Salomon n’a jamais eu de grand palais dans lequel il hébergeait ses 700 épouses et 300 concubines. Ce furent des écrivains postérieurs qui inventèrent et glorifièrent un puissant royaume uni, établi par la grâce d’une seule déité. Leur riche et distinctive imagination a aussi produit les histoires de la création du monde, du terrible déluge, de l’errance des anciens, de la lutte de Jacob avec l’ange, l’exode d’Egypte et le passage de la Mer Rouge, la conquête des Cananéens et l’arrêt miraculeux du soleil à Gibeon.

Les mythes centraux au sujet de l’origine pure de cette merveilleuse nation qui émergea du désert, conquît une grande terre et construisit un glorieux royaume furent un bonus pour la montée du nationalisme juif et la colonisation sioniste. Pendant un siècle, ils fournirent le carburant textuel de qualité canonique qui donna grande énergie à une politique d’expansion identitaire et territoriale demandant une auto-justification et un sacrifice considérable.

Des archéologues et des érudits de la bible empêcheurs de tourner en rond, en Israël et ailleurs, mirent à mal ces mythes, qui à la fin du XXème siècle semblaient avoir été relégués aux statut de fiction ayant un fossé infranchissable entre eux et la réalité archéologique.”
~ Professeur Schlomo Sand
, universités de Tel-Aviv, Berkeley Californie et à l’École des Hautes Études de Sciences Sociales, EHESS, Paris, de son livre “The Invention of the Jewish People”, 2009 ~

 

Les 68 ans de la Nakba ou la résistance historique d’un peuple déterminé !

Ziad Medoukh

15 Mai 2016

url de l’article original:

http://www.mondialisation.ca/les-68-ans-de-la-nakba-la-resistance-historique-dun-peuple-determine/5525417

15 mai 1948 -15 mai 2016, soixante-huit ans déjà, soixante-huit ans depuis le début du drame des Palestiniens, soixante-huit ans de souffrance, de malheurs et de massacres pour un peuple digne, soixante-huit ans depuis le début de cette injustice imposée à un peuple sur sa terre, soixante-huit ans de déportation d’un peuple pour le remplacer par un autre peuple.

Mais, soixante-huit ans de résistance, de patience, de détermination, de courage, et de persévérance pour un peuple toujours debout, un peuple toujours attaché à sa terre et à sa Palestine en dépit de toutes les mesures de cette occupation illégale, une occupation aveugle, une occupation qui dure, qui dure !

Les Palestiniens commémorent les soixante-huit ans de la catastrophe dans un contexte national et régional particulier marqué notamment par la poursuite de l’occupation et de la colonisation dans les territoires palestiniens, par un soulèvement populaire spontané en Cisjordanie, par les agressions israéliennes permanentes dans la bande de Gaza qui subit un blocus inhumain, et l’absence de perspectives pour l’avenir.

Soixante-huit ans et les forces de l’occupation violent les droits les plus fondamentaux d’un peuple, soixante-huit ans de politique d’apartheid, de discrimination et du terrorisme d’un état hors la loi.

En 68 ans, Israël a appliqué toutes les mesures inhumaines illégales à l’encontre des Palestiniens, il en a emprisonné plus d’un million, il en a massacré et assassiné des milliers, il a occupé tous leurs territoires.

L’état d’occupation a créé le problème des réfugiés palestiniens qui vivent dans des conditions humanitaires épouvantables dans les pays voisins et à l’étranger, et qui souffrent en permanence.

Cet état d’apartheid est le seul Etat qui, encouragé par les grandes puissances internationales, n’a jamais appliqué aucune résolution des Nations-Unies, pas plus que les accords de paix signés.

En 68 ans, Israël a toujours été un état illégal, un état hors la loi, un état d’apartheid, un état colonial, un état qui considère les citoyens arabes des  territoires de 1948 comme des citoyens de seconde zone, un état qui a construit le mur de la honte en Cisjordanie, un état qui impose un blocus inhumain à la population civile de Gaza, un état qui érige tous les jours de nouvelles colonies dans les Territoires, un état qui vole tous les jours les ressources naturelles appartenant aux Palestiniens.

Un état qui n’a toujours pas de frontières, un état qui refuse toutes les initiatives de paix régionales et internationales.

On peut citer maints exemples de l’histoire noire de cette occupation contre les Palestiniens : agressions quotidiennes, mesures atroces, massacres, déportations, crimes contre l’humanité, crimes de guerre, la liste est longue, très longue, trop longue.

Le dernier crime israélien massif contre les Palestiniens, est la dernière offensive militaire contre la population civile de la bande de Gaza en été 2014, avec de milliers de morts et de blessés palestiniens, en majorité des enfants.

68 ans de résistance remarquable de toute une population qui poursuit son combat pour retrouver la liberté et vivre dignement sur sa terre.

Soixante-huit ans après, les Palestiniens s’interrogent : 68 ans de violation de nos droits ne suffisent-ils pas ? Le temps n’est-il pas venu de réagir et d’imposer à cet état d’apartheid l’application du droit international ? Le temps n’est-il pas venu d’instaurer la justice en Palestine ? Les Palestiniens n’ont-ils pas le droit de vivre, après tant d’années de souffrance, dans un état libre et indépendant ?

68 ans après cette catastrophe, nous, Palestiniens, et quelles que soient les mesures d’apartheid et de terrorisme d’état pratiquées, poursuivons le combat et les sacrifices pour notre liberté. Nous sommes plus que jamais déterminés et avons un message à délivrer au monde entier, un message clair et précis. Nous sommes toujours attachés aux principes suivants :

– Non, nous n’oublierons jamais l’histoire noire de cette occupation illégale et ses différents crimes contre notre population civile.

– Non, nous ne partirons pas d’ici, nous resterons attachés à notre terre. Nous ne partirons pas. Ici, notre terre, ici notre vie et ici notre Palestine !

– Oui, le droit au retour est sacré et tous les réfugiés palestiniens doivent pouvoir retrouver leurs villes et leurs villages d’origine.

– Oui, nous poursuivrons notre résistance sous toutes ses formes afin de vivre en liberté sur notre terre, cette terre appelée Palestine, et qui s’appellera toujours Palestine.

– Oui, nous avons le droit de créer notre Etat libre et indépendant, avec Jérusalem comme capitale.

– Oui, nous sommes prêts à vivre en paix, une paix durable, mais une paix qui passera avant tout par la justice, par l’application du droit international, par la fin de l’occupation illégale, et par la réalisation de toutes les revendications légitimes du peuple palestinien.

La lutte continue ! Et le combat se poursuit ! Pour une Palestine libre et pour une Palestine indépendante ! Nous sommes tous convaincus que notre liberté s’approche…

Histoire, deux poids deux mesures…. Le négationnisme d’Israël…

Posted in actualité, colonialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, média et propagande, militantisme alternatif, politique et lobbyisme, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , on 29 mai 2014 by Résistance 71

A lire impérativement sur le sujet:

« Le nettoyage ethnique de la Palestine », Ilan Pappe, Fayard, 2008

— Résistance 71 —

 

Comment Israël veut falsifier le récit de la Nakba

 

Dimi Reider

 

23 Mai 2014

 

Url de l’article:

http://www.info-palestine.net/spip.php?article14567

 

Des contre-manifestants israéliens distribuent des tracts censés prouver que l’expulsion de la moitié des habitants arabes de la Palestine en 1948, était une fiction.

La réplique israélienne aux évènements de la Journée de la Nakba de cette année, comprenait la répression des manifestants en Cisjordanie, avec un caractère plus meurtrier dans Betunia où deux adolescents palestiniens – Muhammad Abu Daher et Nadim Siam – ont été froidement abattus. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’est fendu d’un commentaire un peu vexé sur la façon dont l’Autorité Palestinienne a fait retentir les sirènes « pour pleurer la création de l’État d’Israël », et l’ancien ministre Lieberman a lancé un appel pour que soit retiré le financement de l’Université de Tel-Aviv dans le cadre de « la loi de la Nakba ».

Cette loi permet à l’État de refuser le financement des institutions publiques qui marquent la création de l’État d’Israël comme une occasion de deuil, et l’ex-ministre a fait valoir que l’université violait cette loi en envoyant des employés d’une société privée de sécurité protéger une cérémonie de commémoration de la Nakba d’une contre-manifestation d’extrême-droite. Mais son appel est resté lettre morte, et la contre-manifestation elle-même était relativement calme.

Nakba est le mot arabe pour « catastrophe ». En 1947-8, les milices sionistes ont expulsé 750 000 Palestiniens de leur patrie et construit l’État d’Israël sur des ruines. Chaque année, le 15 mai, les Palestiniens commémorent cet événement, le lendemain du jour de « l’indépendance » d’Israël.

Les contre-manifestants israéliens brandissaient des pancartes sur lesquelles on lisait : « Nakba = connerie », et ils ont distribué des tracts tendant à démontrer que l’expulsion de la moitié des résidents arabes de la Palestine en 1948 était une fiction. Quelques jours plus tôt, une « Marche du retour » au village vidé de ses habitants de Lubya était accompagnée par une autre contre-manifestation, cette fois-ci avec des bagarres occasionnelles entre les deux camps. Mais dans l’ensemble, les Israéliens semblent avoir pris l’habitude de la présence de ce mot autrefois tabou dans le discours public.

Même le quotidien pro-Netanyahu, Yisrael Hayom – qui il y a encore trois ans faisait des titres scandalisés sur les étudiants palestiniens qui osaient tenir des cérémonies de commémoration pour les événements de 1948 – s’est contenté cette année de reportages impartiaux, allant jusqu’à utiliser le mot de « déracinés » pour parler des réfugiés, un terme évocateur traditionnellement utilisé par la droite pour qualifier les Israéliens expulsés des colonies de Gaza en 2005. Les guillemets qui autrefois encadraient le mot « Nakba » comme une paire de gants isolants n’étaient plus visibles plus nulle part.

« Comme chaque année, la semaine entre le Jour de l’Indépendance d’Israël et la Journée de la Nakba palestinienne a été une semaine très intense », dit Liat Rosenberg, la directrice de l’organisation israélienne Zochrot qui vise à instruire les Israéliens sur la Nakba et encourage à penser de façon pratique au retour des réfugiés palestiniens en Israël même. « Je pense que chaque année, nous voyons une intensification du discours public sur la Nakba, et plus d’intérêt de la part des médias. Mais je peux dire que cette année 2014, le débat a été plus précis et moins polémique ; il y avait moins de volonté de nous faire passer pour des extrémistes, moins de volonté de nous utiliser comme contrepoids aux organisations d’extrême-droite. C’était moins antagoniste, même si c’était loin d’être amical. »

La semaine dernière, Rosenberg était l’invitée de l’une des principales émissions de télévision de la chaine 10 israélienne pour mettre la lumière sur cette tendance. Sur le plateau de London & Kirschenbaum, elle a parlé de iNakba, la nouvelle application lancée par Zochrot. L’application, actuellement disponible pour iOS [Apple] seulement, permet aux utilisateurs de visualiser sur une carte guidée par GPS, les villages Palestiniens dépeuplés depuis 1948, tout en permettant aux utilisateurs d’effectuer une promenade en temps réel à travers un paysage dévasté et transformé.

Les villages, dont la plupart ont été remplacés par des communautés juives, après avoir été rayés de la carte ou transformés en forêts par le Fonds National Juif, sont représentés par des épingles sur la carte. En pointant sur l’une des épingles, l’histoire d’un endroit ou d’un site s’affiche, ainsi que le jour et les circonstances qui ont conduit à l’expulsion, des témoignages des survivants et des photos archives du village tel qu’il était avant la guerre. Les utilisateurs peuvent également s’abonner à un village donné pour recevoir des notifications lorsque de nouvelles photos ou images sont ajoutées, ce qui permettra aux communautés dispersées de rétablir le contact et de renouer avec ces endroits, espère Zochrot.

Si Rosenberg avait fait cette apparition à la télévision il y a deux ou trois ans, son passage aura été « pondéré » par une voix de la droite, ses arguments auraient été contestés ou ridiculisés et son travail présenté comme une folie extrémiste. Cette année, le présentateur vétéran Yaron London a interrogé Rosenberg avec une curiosité de grand-père en faisant tout son possible pour présenter l’application comme apolitique et ne soulevant pas de controverses. Toutefois, la reconnaissance de la large véracité historique de la Nakba semble presque s’accompagner du rejet de la nécessité de faire quelque chose ou de changer quoi que ce soit pour pouvoir aujourd’hui procéder à des réparations et des dédommagements.

London évoque le passage dans l’émission d’un ancien secrétaire du cabinet qui a réveillé le spectre des « Arabes » qui effectuent le pèlerinage auprès des anciens tombeaux. « Je me suis dit : et alors ? Les Juifs vont en Espagne, » poursuit-il, ignorant apparemment que l’Espagne a récemment offert la citoyenneté aux descendants des Juifs expulsés au lendemain de la conquête chrétienne de la péninsule. « C’est toujours bon de savoir, non ? La question ne m’effraie pas, vous savez ? Vous venez, mais cela ne veut pas dire que vous retournez chez moi à Tel Aviv, mais je veux juste savoir ce qui était là avant. »

Rosenberg réagit en amenant la conversation sur la mise en œuvre du droit au retour des réfugiés Palestiniens. Et là, le ton du présentateur devient visiblement moins amical. C’est une « illusion », a-t-il protesté. « Je veux connaitre l’ histoire, tout comme l’histoire mamelouke et l’histoire ottomane du pays. L’histoire de mes ancêtres. Ça ne me dérange pas. Mais votre organisation soutient le retour réel. »

L’échange, moitié approbateur, moitié incrédule, est emblématique à la fois du début de la reconnaissance israélienne de la Nakba en tant que fait historique (avec réserves), et le revers de la médaille : la relégation de l’expulsion de 1948, dont la plupart de ses survivants sont toujours de ce monde, dans un livre d’histoire aussi lointain et irréparable que la conquête Mamelouke (de 1260 à 1517) ; ou, plus effroyablement encore, sa justification.

L’an dernier, le commentateur de centre-droite israélien Ari Shavit a été honoré dans les médias américains pour avoir abordé la question de l’expulsion de la population palestinienne de la ville de Lydda. Toutefois, il a poursuivi en exprimant sa gratitude envers les auteurs de l’expulsion (y compris le massacre qui s’en est suivi), pour avoir perpétré le sale travail du sionisme qui a permis la création de l’État juif. Ce type d’acceptation est exactement le défi que relève Zochrot, en élargissant davantage son objectif, allant de l’éducation sur le passé à la discussion projetée sur l’avenir, et particulièrement l’application du droit au retour.

La conférence annuelle de Zochrot tenue le mois d’octobre dernier a été consacrée presque exclusivement au Droit au Retour ; non pas à ses aspects moraux ou même humanitaires, mais plutôt aux défis majeurs et pratiques de sa mise en œuvre sur le terrain. Ces défis sont ardus. Dans un sondage réalisé récemment par l’Institut Israélien de Démocratie, seulement 16% des personnes interrogées ont soutenu l’idée de permettre à un nombre de réfugiés Palestiniens, aussi réduit soit-il, d’entrer en Israël, tandis que 80.5% ont immédiatement rejeté l’idée, le retour illimité tel que préconisé par Zochrot leur étant inimaginable et c’est à peine si la question est posée dans des sondages, sans oublier que toutes les institutions d’Israël, à commencer par sa loi sur l’immigration, sont préparées pour qu’un tel scénario n’ait jamais lieu.

A présent, Zochrot tente d’aller au-delà de savoir comment rendre la notion de retour populaire chez les Israéliens, une tâche presque impossible, et se concentre plus sur la démystification du concept. La conférence d’octobre a présenté des plans cadres en architecture pour la reconstruction des villages spécifiques dépeuplés, sans le déplacement catégorique des communautés juives installées sur les terres de ces villages. Zochrot a présenté également des documents sur les aspects juridiques du droit au retour en mettant un accent tout particulier sur le droit des biens et d’héritage, ainsi que les aspects éducatifs, culturels et de justice de transition pour la mise en œuvre de ce droit.

L’appel est lancé pour la réalisation de films, long métrage et documentaires, traitant du sujet du retour. L’application iNakba qui superpose les villages détruits sur la carte moderne d’Israël et des évènements rétrospectifs des auditions informelles de la « Commission de la Vérité » devant commencer ses travaux cet été, semblent transformer le discours sur la Nakba en un fait quotidien, contrairement au passé. Rosenberg conclue : « Dans un sens, il servira au gouvernement qui limite les activités liées à la Nakba à seulement dix jours dans l’année. Notre objectif est que le récit sur Nakba soit évoqué pendant les autres jours. »

Colonialisme en Palestine occupée: Lutte de libération au même titres que les nations autochtones des Amériques…

Posted in actualité, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, militantisme alternatif, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, politique et lobbyisme, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , on 5 décembre 2013 by Résistance 71

La similitude entre le colonialisme européens des Amériques et le colonialisme juif de la Palestine est de plus en plus frappante ; il puise ses racines dans un racisme et une idéologie suprémaciste profonds.

Le colonialisme et son idéologie sous-jacente est le fléau dont l’humanité doit se débarrasser… De la « doctrine de la découverte » chrétienne au fondement religieux,  au « devoir d’ingérence humanitaire » en passant par le « devoir de civilisation », la colonisation se perpétue tout en muant au fil du temps.

— Résistance 71 —

 

Entretien avec le docteur Haidar Eid : ‘La lutte palestinienne n’est pas une lutte d’indépendance, mais de libération »

 

Par Haidar Eid

 

4 Décembre 2013

 

url de l’article en français:

http://www.ism-france.org/analyses/Entretien-avec-le-docteur-Haidar-Eid-La-lutte-palestinienne-n-est-pas-une-lutte-d-independance-mais-de-liberation–article-18592

 

Le dr. Haidar Eid est professeur agrégé en Littérature anglaise à l’Université Al-Aqsa, à Gaza (Palestine ococupée). Il milite pour la société d’un seul Etat et est membre de la Campagne palestinienne pour le boycott académique et culturel d’Israël (PACBI). Il est interviewé par David Letwin, membre du mouvement des Juifs pour le droit au retour palestinien.

David Letwin : Beaucoup de militants solidaires de la Palestine dans ce pays concentrent leurs efforts sur l’opposition à l’occupation de 1967 et plus récemment au siège de Gaza par Israël. Mais vous et d’autres Palestiniens argumentez que le droit au retour des réfugiés palestiniens est au coeur de la lutte pour la justice. Pourquoi ?

 

Haidar Eid : La dépossession et l’oppression des Palestiniens n’ont pas commencé en 1967. Elles remontent à 1948, lorsque plus de 750.000 Palestiniens ont été ethniquement nettoyés des villages et villes de Palestine, et déportés vers des pays voisins : Jordanie, Liban, Syrie, Gaza et Cisjordanie, pour faire place à un « Etat juif » d’apartheid.

Puis, en 1967, Israël a occupé la Bande de Gaza, la Cisjordanie et l’est de Jérusalem, ce qui représente les 22 pour cent restants de la Palestine historique.
En conséquence de ce nettoyage ethnique systématique et permanent, les deux-tiers de la population palestinienne sont des réfugiés dont le droit au retour dans leur patrie d’origine est entériné par la résolution 194 des Nations Unies. C’est la racine de la question palestinienne.
Les soutiens qui ne font remonter la cause qu’à 1967 ignorent la source du problème, et renvoient à la gauche sioniste en Israël, qui veut une séparation entre les Palestiniens et les juifs israéliens.

Ce droit au retour central peut-il se réaliser s’il y a un Etat juif quelque part en Palestine historique ?

Non, c’est impossible. Le sionisme, par nature, est une idéologie d’exclusion qui n’accepte pas « l’autre ». Et « l’autre », dans l’idéologie sioniste, c’est le Palestinien – l’arabe sur la terre historique de Palestine. Aussi un Etat juif implique le déni des droits des non-juifs. Je viens d’une famille de réfugiés, mais parce que je ne suis pas né d’une mère juive, je n’ai pas droit à la citoyenneté dans l’Etat d’Israël ; je n’ai pas droit à mon droit au retour.

Comment cela s’inscrit-il dans votre analyse des deux-États par rapport à la solution d’un seul Etat ?

La solution de deux Etats est une solution raciste qui appelle à un « Etat juif pur » et à un « Etat palestinien pur », les deux basés sur des identités ethno-religieuses. Elle ne prend pas en compte les droits des deux-tiers du peuple palestinien. Pas plus qu’elle ne prend en considération les droits nationaux et culturels de 1,2 million de citoyens palestiniens d’Israël, qui vivent comme des citoyens de deuxième -sinon de troisième- zone de l’Etat. C’est extrêmement important.
En outre, la lutte palestinienne n’est pas une lutte d’indépendance, c’est une lutte de libération. La libération est très différente de l’indépendance, parce que notre droit à l’auto-détermination doit conduire au droit au retour et à une pleine égalité de tous les habitants de l’Etat de Palestine.
La solution de deux-Etats est un dogme raciste qui ne peut pas garantir tous les droits exigés par l’appel BDS de 2005, autour duquel nous avons un consensus palestinien : retrait des troupes israéliennes de toutes les terres arabes occupées en 1967 ; mise en oeuvre de la résolution 194 des Nations-Unies, qui reconnaît le droit au retour de tous les réfugiés palestiniens et leurs descendants ; et la fin de la politique israélienne d’apartheid contre les citoyens palestiniens de l’Etat d’Israël. Je suis désolé que des activistes de la solidarité soient tombés dans le piège du soutien à cette soi-disant solution. Des supporters des Etats-Unis d’Amérique accepteraient-ils un Etat qui discrimine officiellement les Afro-Américains ? Les supporters sud-africains ont-ils accepté la « solution bantoustan » ? Non, bien sûr. Alors pourquoi l’accepter pour les Palestiniens ?

Et la solution d’un-Etat ?

Le solution d’un-Etat est la seule qui permette d’obtenir les droits palestiniens revendiqués par le mouvement BDS. De plus, c’est un compromis très généreux de la part des colonisés opprimés aux colonialistes, qui leur offrent la citoyenneté dans un Etat avec une pleine égalité, exactement comme ce qui s’est passé en Afrique du Sud, où la population indigène a offert aux colons blancs le même compromis généreux.
Nous sommes au 21ème siècle, après tout ! Nous offrons une solution humaine, inclusive, qui n’est pas fondée sur l’identité ethno-religieuse : un Etat laÎque pour TOUS les citoyens, sans distinction de religion, origine ethnique, sexe, etc.
Si vous êtes réellement un supporter de la Palestine, vous êtes censé soutenir notre droit à l’auto-détermination, ce qui conduit finalement à un Etat démocratique laïque sur toute la Palestine historique. Sinon, vous soutenez une solution raciste ! Je ne pense pas qu’un soutien véritable à la Palestine exclut le droit au retour. Si c’est le cas, alors où sont supposés revenir les réfugiés palestiniens ? Dans un Etat d’apartheid qui se définit lui-même en terme ethno-religieux ? Un Etat qui n’est pas leur Etat puisque c’est l’Etat des juifs seulement ?!

Dans un entretien de 2009, le dirigeant BDS Omar Barghouti a dit, « Je suis complètement contre le bi-nationalisme. Un Etat laïque, démocratique, oui, mais pas bi-national. Il y a une grande différence. » Etes-vous d’accord ? Et quelle est la différence, à votre avis ?

Oui, je suis entièrement d’accord. Un Etat bi-national, par définition, est un Etat composé de deux nations. Ces deux nations ont droit à la terre d’un point de vue historique. Mais les juifs ne constituent pas une nation. Les juifs israéliens constituent une communauté coloniale de peuplement, comme les blancs d’Afrique du Sud ou les Français en Algérie. Les colons n’ont pas droit à l’auto-détermination. Par contre, les musulmans, les chrétiens et les juifs qui constituent le peuple indigène de Palestine ont tous droit à l’auto-détermination et ils constituent une nation.
En fait, le bi-nationalisme est une solution sioniste puisqu’il considère TOUS les juifs comme une nation qui a droit à la terre.

Que dites-vous aux gens qui disent, « Ok, je suis d’accord avec vous. Mais soyons honnêtes. Deux-Etats est la seule solution réaliste, et si vous voulez vraiment aider les Palestiniens, vous devriez vous concentrer sur la fin du problème immédiat de l’occupation et soutenir la solution de deux-Etats » ?

Je dirais que la solution d’un-Etat est plus pratique/réaliste que la solution de deux-Etats. L’Afrique du Sud a prouvé que la démocratie civique pour tous les habitants d’Afrique du Sud était la voie à suivre ; la terre d’Afrique du Sud, selon la Charte de la Liberté, appartient à TOUS ceux qui y vivent. C’est une leçon que nous devons apprendre de l’histoire.
Israël a tué la solution de deux-Etats en créant de nouveaux faits accomplis : en annexant Jérusalem, en voulant un « Grand Jérusalem« , en augmentant le nombre de colons et en étendant les colonies illégales (toutes les colonies sont illégales). En 1993, lorsque les Accords d’Oslo ont été signés, l’illusion de paix a prévalu malheureusement. Les gens ont cru qu’il était possible d’avoir deux Etats : un Etat palestinien sur 22 pour cent de la Palestine historique.
Cette année-là, en 1993, le nombre de colons juifs dans la Bande de Gaza et en Cisjordanie , l’est de Jérusalem compris, était de 193.000. 20 ans après, le nombre de colons en Cisjordanie est de 600.000. Les colonies israéliennes -ou plutôt les colonies exclusivement juives puisque les Palestiniens ne sont pas autorisés à y habiter- sont devenues des villes et des cités. Ce qui signifie qu’Israël n’est pas du tout en train d’envisager de quitter la Cisjordanie . Et pendant ces 20 ans, Israël a érigé un mur d’apartheid monstrueux qui sépare les Palestiniens des Israéliens, et les Palestiniens des Palestiniens.
Israël a également transformé la Bande de Gaza en un camp de concentration (ces deux mots peuvent déranger certains qui prétendent avoir le monopole du statut de victime), une prison à ciel ouvert. Il n’y a aucune communication entre la Bande de Gaza et la Cisjordanie . La question toute entière est pour moi personnelle ; elle est personnelle pour tous les Palestiniens. Par exemple, ma soeur vit à Bethléem, à une heure de route de Gaza. Mais cela fait 15 ans que je n’ai pas pu la voir. Quand nos deux parents sont morts en 2005, elle n’a pas pu venir à leurs funérailles. Cette expérience personnelle vous en dit long sur l’impossibilité d’avoir deux Etats.

Donc, juste pour clarifier, ce n’est pas parce que la solution de deux Etats a « échoué » que vous soutenez la solution à un Etat ; vous la soutenez parce qu’elle est la seule solution juste, c’est exact ?

Absolument. Même si vous mettez en oeuvre la solution de deux Etats -qui est une impossibilité- elle ne satisfait pas le droit à l’autodétermination, qui est le droit au retour, à l’égalité et à la liberté. La solution de deux Etats ne remplit pas cela.

Lors du Forum de Gauche de 2013, à New-York, Steven Shalom a argumenté que même injuste, la « solution de deux Etats » ouvre néanmoins la voie à un Etat démocratique et qu’elle doit être soutenue sur cette base. Etes-vous d’accord ?

Non, pas du tout ! Pense-t-il aussi que le mouvement anti-apartheid aurait dû accepter la solution bantoustan fondée sur la même logique ? J’ai déjà précisé dans mes réponses précédentes et mes articles pourquoi c’est une erreur. Une solution raciste ne peut pas mener à une solution juste.
L’archevêque Desmund Tutu a dit que “[ils] voulaient la totalité des droits.” Pourquoi attend-on que nous nous contentions de moins que cela ? Je n’arrive pas à comprendre.

Est-il présomptueux pour les juifs et les autres non-Palestiniens d’adhérer à l’appel pour un Etat démocratique ?



Je crois fermement que tous les soutiens solidaires doivent répondre à l’appel des Palestiniens opprimés pour un-Etat. Leur soutien doit être basé sur les principes des droits de l’homme et de la démocratie, comme exprimés dans la Déclaration universelle des Droits de l’Homme. La solution de deux-Etats souscrit-elle à cette déclaration ? Non. Alors la logique et les principes exigent qu’ils soutiennent l’appel à la solution qui le fait, la solution qui appelle à une démocratie civique et à l’égalité dans toute la Palestine historique.
Après tout, les activistes n’ont pas considéré comme présomptueux de soutenir un Etat unique démocratique en Afrique du Sud, si ? Et lorsque le « président » du Transkei a demandé à la communauté internationale de soutenir et de reconnaître sa « patrie indépendante » -sa version de la « solution de Deux-Etats », les militants anti-apartheid internationaux ne l’ont pas suivi !
Et, de fait, la plupart des militants anti-apartheid sud-africains qui ont visité la Palestine soutiennent maintenant la solution d’Un-Etat. Certains de mes amis et camarades sud-africains le disent très clairement : « La solution d’Un-Etat est la seule solution, parce que nous ne pouvons pas soutenir une solution raciste. » C’est la raison pour laquelle la ligne officielle sud-africaine de soutien à la solution de deux-Etats n’est pas très populaire parmi les soutiens sud-africains solidaires avec la Palestine -sans même parler des membres du gouvernement ! Ils s’y connaissent en matière de racisme ! La solution de cinq-Etats en Afrique du Sud était née de l’imagination des architectes de l’apartheid : l’Afrique du Sud blanche sur 88 pour cent des terres, et 4 « patries indépendantes »/bantoustans pour les indigènes ! En fait, le projet originel était d’avoir 11 bantoustans, s’ils n’avaient pas assez avec 4 !
Le mouvement de solidarité a apporté son soutien à l’appel pour une démocratie civique et un Etat laïque démocratrique en Afrique du Sud, parce que c’était la seule solution. Il ne pouvait y avoir aucun compromis, aucune négociation avec l’apartheid. La même chose doit s’appliquer au mouvement de solidarité avec la Palestine. Pourquoi est-ce si difficile à comprendre ?!



Dans un entretien récent, Noam Chomsky a dit que la solution d’un-Etat était une « illusion » parce qu’elle n’avait « aucun soutien international ». Que lui répondez-vous ?



A-t-il également ajouté que la solution de deux-Etats est devenue une façade, un fantasme dans la tête de ceux qui croient aux fantasmes ? N’a-t-il pas également écrit dans son dernier article sur Mondoweiss qu’Israël et les Etats-Unis avaient tué la solution de deux-Etats ?
Personnellement, cela me brise le coeur de voir qu’un penseur aussi intelligent que Chomsky se fourvoie et décide d’adopter la position sioniste-douce ! Avec des gens comme Chomsky et Finkelstein, on a tendance à être d’accord sur tout sauf sur la Palestine. C’est pourquoi, à juste titre, certains militants BDS et partisans de la solution d’un-Etat aux Etats-Unis les appellent les PEP (progressistes sauf sur la Palestine !)
Il existe un soutien international écrasant pour notre droit à l’auto-détermination, et ceci comprend notre droit au retour et à l’égalité. Comment la solution de deux-Etats va-t-elle gérer ces deux droits internationalement reconnus ? Chomsky ne fournit pas de réponse, à moins qu’il pense que nous n’avons pas droit à nos droits au retour et à l’égalité ! Il est assez fin pour savoir que la solution de deux-Etats est une solution raciste. Ne l’a-t-il pas pensé pour les bantoustans d’Afrique du Sud ?!



Vous avez dit récemment « A un moment donné, on demandera au mouvement BDS de prendre position » en faveur d’un seul Etat démocratique. Pourquoi la campagne BDS a-t-elle été réticente à prendre position jusqu’à maintenant, et devrait-elle le faire maintenant ?



Chaque militant sait très bien maintenant que le mouvement BDS se fonde sur les droits, des droits qui sont garantis à TOUS les êtres humains quels que soient leur origine ethnique, leur sexe, leur nationalité, leur religion, etc. BDS s’ancre dans la Déclaration universelle des Droits de l’Homme. C’est pourquoi la plupart, sinon tous les activistes BDS sont des défenseurs intransigeants des droits de l’homme.
Je suis néanmoins conscient des tensions qui ont découlé du manque de programme politique du Comité national sur le Boycott et de sa focalisation sur une approche basée sur les droits. Cette question mérite certainement d’être discutée au sein du secrétariat du BNC.
Mais il nous faut également prendre en considération que le BNC est une coalition, avec tous les compromis que les coalitions doivent faire pour pouvoir travailler ensemble. C’est pourquoi le BNC est devenu le cadre de référence des mouvements internationaux de boycott. Je crois qu’on peut faire une bonne comparaison avec l’expérience sud-africaine, dans ce contexte, qui ne doit pas négliger le rôle du Front Démocratique Uni (FDU) qui a fonctionné avec une représentation du Parti du Congrès national, ainsi que d’autres partis politiques et organisations de la société civile exactement de la même manière que le BNC. Le FDU a adopté deux de ce que les Sud-Africains ont appelé les « quatre piliers de la lutte », à savoir la mobilisation de masse et la campagne de boycott. L’histoire est témoin que cette approche a énormément contribué à venir à bout de l’apartheid. A mon avis, le BNC a retenu cette leçon historique de l’Afrique du Sud. Mais il a fallu près de 30 ans pour que le communauté internationale reprenne l’appel lancé par le mouvement anti-apartheid, et l’appel palestinien BDS n’a été lancé qu’en 2005.
C’est pourquoi je pense que viendra le temps où on demandera à BDS de prendre parti vis-à-vis de la solution à un ou deux Etats. Et je crois fermement qu’il appuiera la seconde.



Comment l’appel pour un seul Etat laïque et démocratique en Palestine historique est-il lié aux autres luttes de libération de la région ?



Quand le Printemps arabe a démarré en Tunisie et en Egypte, Israël était extrèmement inquiet parce que la lutte dans le monde arabe est une lutte pour les droits de l’homme et la démocratie. Et la démocratie est l’antithèse du sionisme, exactement comme la démocratie en Afrique du Sud était l’antithèse de l’apartheid, et qu’elle a fini par mener à la fin de l’apartheid institutionnalisé là-bas en 1994 (je continue de penser que l’apartheid économique existe en Afrique du Sud, mais c’est une question que nous pouvons aborder dans un autre contexte).
En tant que projet sioniste, Israël sait très bien qu’une véritable démocratie dans le monde arabe se propagerait jusqu’à atteindre la Palestine. La communauté internationale et le Printemps Arabe attendraient d’Israël qu’il soit réellement démocratique. Ce qui signifie une personne, un vote. Et après le droit au retour, une personne-un vote aboutirait finalement à l’effondrement de l’entreprise sioniste en Palestine.
Ceci est, à mon avis, le lien entre la lutte palestinienne pour la liberté, l’auto-détermination et la libération, et la lutte pour la démocratie et les droits de l’homme dans le monde arabe.

Parlant du BDS, Norman Finkelsteint a récemment accusé la campagne BDS d’hypocrisie parce qu’elle en appelle au droit international lorsqu’il s’agit des droits palestiniens, mais qu’elle refuse de respecter les résolutions internationales, comme celle des Nations-Unies sur la parttion en 1947 qui -selon lui- légitime l’existence de l' »Etat juif ». Que répondez-vous ?

Je suis vraiment désolé d’entendre ça d’une personne intelligente comme Norman Finkelstein. En tant que soutiens solidaires aux Etats-Unis, vous avez des principes. Vous ne pouvez pas concilier une partition injuste et un apartheid avec les droits de l’homme et la démocratie. Norman Finkelstein a-t-il oublié qu’Israël se définit comme un Etat des juifs exclusivement ? Attendez-vous de moi que je reconnaisse quelque chose comme cela, juste parce que les Nations Unies ont déclaré que ce serait ainsi ? Nous reconnaissons les lois et résolutions, comme la 194, qui sont justes et nous refusons celles, comme celle de la partition, qui sont injustes. C’est de cette manière que toutes les luttes pour les droits de l’homme ont opéré. En quoi est-ce hypocrite ?
C’était comme ça dans la lutte contre l’apartheid sud-africain. Que ce fut Norman Finkelstein ou son mentor Noam Chomsky, tout le monde a soutenu l’appel des Sud-Africains. Nous avons tous dit ; « Que voulez-vous, vous les opprimés, les Sud-Africains colonisés ? » Ils ont dit, « Nous voulons la fin de l’apartheid. » Et en ce moment, les Palestiniens disent, « Nous voulons la fin de l’apartheid israélien. »
Et j’aurais compris qu’il soutienne la solution de deux-Etats basée sur la résolution des Nations Unies 181 prise en 1947 ; elle proposait la partition de la Palestine en un Etat arabe et un Etat juif comme LA solution ! C’est une solution très injuste et problématique en cela qu’elle offrait à la minorité juive (660.000 personnes sur 2 millions) la partie de terre la plus importante (56%). Ces 56% offerts aux juifs incluaient un nombre égal de juifs et de Palestiniens. Et le fait que la plupart des sionistes, doux ou non, se sont battus pour une majorité juive en Palestine a conduit à la NAKBAH, c’est-à-dire un processus orchestré d’épuration ethnique. Les partisans de deux-Etats, comme Finkelstein, disent qu’un Etat palestinien devrait être établi sur 44% de la Palestine, sur la base des résolutions de l’ONU !
Je dirais donc que l’hypocrite, c’est Norman Finkelstein, parce qu’il ne veut pas faire pour les Palestiniens ce que lui et tous les autres activistes ont fait pour les Sud Africains. Et de fait, il est sioniste et raciste lorsqu’il espère que nous Palestiniens allons écouter ce qu’il a à dire. Non, excusez-moi – c’est lui qui est supposé écouter ce que NOUS avons à dire. A moins qu’il ait décidé d’ignorer le fait que l’appel BDS de 2005 a été signé par une majorité écrasante des forces de la société civile palestinienne, y compris les forces nationales et islamiques ! N’est-ce pas suffisant pour vous, si vous êtes un authentique supporter de la Palestine ?



Cela fait 20 ans que les Accords d’Oslo ont été signés. Quels effets ont ces accords, et le soi-disant « processus de paix » sur la lutte pour les droits palestiniens fondamentaux exigés par BDS : l’égalité, le droit au retour et la fin de l’occupation ?



Je résumerai en citant Edward Said en 1993 : les Accords d’Oslo sont une deuxième Nakba. Oslo a réduit le peuple palestinien à ceux qui ne vivent que dans la Bande de Gaza et en Cisjordanie , en excluant les réfugiés palestiniens et les citoyens palestiniens de l’Etat d’Israël. Oslo n’a jamais fait allusion au droit au retour des Palestiniens dans leurs villages et villes d’où ils ont été ethniquement nettoyés en 1948, et n’a jamais fait allusion non plus à l’égalité dans les territoires de 1948. Oslo a essentiellement codifié et légitimé l’épuration ethnique -la Nakba- de 1948.
Oslo a aussi donné à la communauté internationale la fausse impression qu’il y a « deux parties égales » -les Palestiniens d’un côté, et les Israéliens de l’autre- engagés dans un « dialogue » pour résoudre leurs problèmes. Mais il n’y a pas deux partenaires égaux. Il n’y a pas de dialogue. Il y a un régime d’apartheid qui cherche à perpétuer son pouvoir d’un côté, et un peuple indigène qui lutte pour ses droits inaliénables de l’autre.
Plutôt que de reconnaître la nécessité de démanteler ce régime d’apartheid une fois pour toutes, Oslo a fétichisé les attributs de l’Etat, c’est-à-dire que si vous offrez aux Palestiniens un drapeau et un tapis rouge pour son président et un hymne national, vous avez résolu la question palestinienne une fois pour toutes !
Pour revenir à Norman Finkelstein : vous avez la lutte des Palestiniens colonisés contre les colons – grâce au mouvement BDS, grâce à la formation du BNC, grâce à la formation de la Campagne palestinienne pour le Boycott académique et culturel d’Israël (PACBI) et grâce à la revitalisation de l’idée d’un-Etat. Il y a des intellectuels et des militants comme Edward Said, Azmi Bishara, Ali Abunimah, Omar Barghouti, Ramzy Baroud, Joesph Masaad, Ilan Pappe et beaucoup d’autres qui ont décidé de dire adieu à la solution de deux-Etats, et de prôner la solution d’un-Etat.
En tant que soutiens solidaires, vous devez soutenir la démocratie et les droits de l’homme -les mêmes principes que vous avez soutenus dans les années 80 contre l’apartheid en Afrique du Sud. Vous n’avez pas perdu votre temps à discuter des modalités pratiques sur le fait d’avoir des bantoustans en Afrique du Sud. Joignez-vous à nous pour mettre la solution de deux-Etats sur une étagère dans un musée, parce qu’elle retarde notre libération, et apportez votre soutien à notre appel pour un-Etat.



==  Cet article fait partie de « Et après ? : Un forum sur la fin du paradigme de deux-Etats. » Cette série a été lancée par « Voix juives pour la Paix » en tant qu’enquête sur l’état actuel de la réflexion sur les solutions d’un-Etat et de dux-Etats et la série a été élargie par Mondoweiss pour marquer 20 années depuis le processus d’Oslo. La série dans sa totalité se trouve ici peut être trouvé ici.


Source : Mondoweiss

Traduction : MR pour ISM

Résistance politique: Le colonialisme sioniste… Gilad Atzmon analyse Ilan Pappe…

Posted in actualité, pédagogie libération, philosophie, police politique et totalitarisme, politique et lobbyisme, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , on 2 mai 2013 by Résistance 71

Excellente analyse de G. Atzmon. Stupéfiant de constater également que les ressorts du colonialisme sont identiques partout. Remplaçons les mots « Palestine » et « Palestiniens » par « indigènes », « natifs », « indiens, « amérindiens » ou tout autre peuple colonisé, et nous nous apercevons avec effroi que les fondements racistes et suprémacistes sont identiques. Les sionistes pratiquent en Palestine les vieilles recettes coloniales de contrôle et de construction hégémonique que les autres nations coloniales ont appliquées à partir de 1492 avec l’effet génocidaire que nous connaissons…

Plus au sujet de la colonisation bientôt sur ce blog…

— Résistance 71 —

 

Suprématie judéocentrique et l’inconfort d’Ilan Pappe

 

Gilad Atzmon

 

1er Mai 2013

 

url de l’article original:

http://www.informationclearinghouse.info/article34783.htm

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Ilan Pappe est une voix importante. Un de ces historiens courageux, suffisamment brave pour ouvrir la boîte à pandore de 1948. Dans les années 1990, Pappe, parmi quelques autres Israéliens post-sionistes, ont rappelé aux Istraéliens leur pêché originel, le nettoyage ethnique orchestré et racialement motivé du peuple indigène de la Palestine: la Nakba.

Mais comme beaucoup d’historiens, Pappe, bien que familier avec les faits historiques, semble être incapable de bien saisir ou est réticent à s’intéresser à la signification idéologique et culturelle de ces faits.
Dans son article récent: , When Israeli Denial of Palestinian Existence Becomes Genocidal, Pappe tente d’expliquer le perpétuel déni israélien de la cause palestinienne. Comme Schlomo Sand, Pappe remarque que la conception du président israélien Shimon Peres de l’histoire est un “narratif fabriqué”.

Jusque là, tout va bien, mais Pappe loupe le coche. Pour une raison indéterminée, il croit que le refus de Peres de concevoir la souffrance palestinienne est le résultat d’une “dissonance cognitive”, à savoir: un inconfort dont on fait l’expérience lorsque deux ou plusieurs idées, valeurs ou croyances en conflit l’une avec l’autre sont envisagées en même temps.

Mais quelles sont ces idées ou valeurs conflictuelles retenues par les Israéliens et leur président, qui leur causent tant “d’inconfort” ? Pappe ne nous le dit pas. Il n’explique pas non plus comment Peres a supporté un tel ‘inconfort” pendant plus de six décennies. Bon, je suis d’accord pour dire que Peres, Netanyahou et beaucoup d’Israéliens montrent souvent de clairs signes psychotiques, mais une chose que je ne peux pas détecter dans les faits et gestes de Peres est un quelconque “inconfort”.

Je pense clairement que Pappe a tort sur ce point ; Expulsion, nettoyage ethnique ainsi que les perpétuels abus des droits de l’Homme en Palestine, sont en fait consistants avec la culture suprémaciste, nationaliste juive ainsi qu’avec une plus stricte interprétation de l’héritage biblique juif.

Pappe écrit: “Les perpétrateurs du nettoyage ethnique de 1948 furent les colons sionistes qui vinrent en Palestine, comme le natif de Pologne Shimon Peres, avant la seconde guerre mondiale. Ils refusèrent l’existence même des natifs qu’ils rencontrèrent et qui vivaient là depuis des centaines d’années sinon plus.” Là, Pappe a raison, mais il continue: “Les sionistes n’ont pas eu à l’époque, la force de résoudre la dissonance cognitive qu’ils expérimentaient: leur conviction que la terre était inhabitée, malgré la présence de tant de personnes natives de l’endroit.” Mais Pappe échoue à montrer quelque signe que ce soit d’une telle dissonance. Se pourrait-il que le directeur des études palestiniennes de l’université d’Exeter soit juste ignorant ?

Certainement pas, Pappe est loin d’être ignorant. Pappe connait parfaitement l’histoire du sionisme et d’Israël, bien mieux que la plupart des gens. Il sait que les “colons sionistes”, comme “le polonais Shimon Peres”, étaient motivés idéologiquement et culturellement. Mais alors, pourquoi un professeur d’histoire tente t’il de ne pas voir “l’idéologie” et la “culture” de ces sionistes du début ?

Les sionistes du début n’étaient ni aveugles ni stupides. Ils voyaient les Arabes sur la terre de Palestine, dans les champs, les villages et dans les villes, mais étant motivés par une philosophie raciste, suprémaciste et expansioniste, ils considéraient très probablement les Arabes comme des sous-hommes et ainsi réfutaient leurs droits, leur culture, leur héritage et de fait leur humanité, bien plus facilement. [1]

Mais, bien qu’une analyse culturelle et idéologique résoud la soi-disant “dissonance” et illumine la complexité historique, Ilan Pappe évite d’élaborer sur ces sujets. J’ai de bonnes raisons de croire que la vérité est bien trop crue et puissante à digérer pour l’audience de Pappe. Donc, au lieu de cela, Pappe continue avec son modèle psychologique : “Les sionistes ont presque résolus la dissonance quand ils ont expulsé autant de Palestiniens qu’ils le pouvaient en 1948 et furent laissés avec une petite minorité de Palestiniens au sein de l’État Juif.”

Toujours est-il que cela pourrait aider si Pappe nous donnait la preuve “historique” nécessaire qui prouverait que la Nakba fut en fait une tentative de “résoudre une dissonance cognitive collective sioniste”. J’anticipe que Pappe sait très bien que c’est en fait le manque d’une telle “dissonance cognitive” qui a conduit quelques israéliens comme Uri Avnery, Gideon Levy et Pappe lui-même, vers l’universalisme, l’humanisme et l’activisme pro-palestinien.

Je suppose que le nouveau modèle analytique cognitif de Pappe nous dit très peu sur le sionisme, Israël ou Shimon Peres, mais il nous en dit en fait beaucoup sur Pappe et sur l’état du discours intellectuel de la solidarité palestinienne. L’inconfort dont il parle est en fait le sien: le clash entre des faits connus et acceptés et les conclusions logiques qui s’imposent et la tâche qu’il a acceptée de résoudre la quadrature du cercle, d’envelopper un pojet suprémaciste raciste dans un emballage de babillage psychologique et en le présentant comme rien de moins qu’une pandémie de “dissonance cognitive”.

Pour quelque raison que ce soit, bon nombre d’entre nous insistent sur la production de chroniques “inoffensives” du barbarisme israélien et du nationalisme juif qui tente de masquer et de dévier du cœur du problème culturel et idéologique évident , plutôt que de le montrer du doigt.

Pourtant, la question qui me titille est de savoir comment il est possible qu’un éminent universitaire exhibe une telle compréhension problématique d’un conflit après l’avoir étudié pendant plus de trente ans.

La réponse est en fait gênante. Pappe est un érudit sérieux et une personne très agréable. Mais dans le climat actuel, Pappe, comme bien d’autres, ne peut pas explorer librement la vérité sur le sionisme et l’État Juif. La choquante vérité est que Pappe était bien plus intellectuellement provocateur et intéressant lorsqu’il enseignait à l’université de Haïfa que maintenant alors qu’il dirige l’Institut des Études Palestiniennes de l’université d’Exeter. Il est juste de supposer que de dire la vérité au sujet de la culture qui dirige l’État Juif coûterait à Pappe sa carrière académique en Grande-Bretagne et de manière évidente le soutien qu’il a de la soi-disant “gauche” juive, sans parler des collaborateurs palestiniens financés par George Soros.

Ainsi, au lieu de rechercher la vérité, Pappe et les autres finissent par chercher des modèles “innofensifs”, quoi que ce soit pour maintenir l’image de “solidarité”.

Je n’ai aucun doute que Pappe sait maintenant que les Israéliens sont loin d’être tourmentés par la cause palestinienne. Ils ne regrettent pas la Nakba non plus, ils ne versent pas de larmes sur leur assaut passé raciste sur les gens de la terre de Palestine. Comme les sondages israéliens l’ont révélé encore et toujours, la plupart des Israéliens soutiendraient aujourd’hui une seconde Nakba tout comme ils ont soutenu les tapis de bombes criminels largués sur les populations civiles au temps de l’opération plomb durci. Pappe sait tres bien que la politique raciste israélienne et les attitudes collectives sont culturelles et idéologiques, plutôt que motivées politiquement. Israël est l’État Juif et sa politique est dictée par une nouvelle interprétation hébraïque de la culture juive et de l’héritage judaïque.

Pappe est un humaniste et je veux croire que dans l’intimité, il ressent lui-même un certain inconfort. Au fond de lui-même, Pappe doit connaître la vérité. Il sait ce qui motive le sionisme et le militarisme israélien. Il le sait parfaitement, mais pour des raison évidentes, il doit se taire et envelopper le conflit avec une terminologie défaillante et des modèles cognitifs “innofensifs”.

Au lieu de s’engager dans un discours ouvert et de creuser la vérité du conflit, nous voyons nos plus éminents universitaires s’engager activement dans la dissimulation de la vérité. Ceci est en fait une tragédie, car le discours de la solidarité palestineinne est maintenant un véritable désert intellectuel. Nous avons tué et enterré nos penseurs les plus inspirationnels [2] et nos poètes. Nous les avons remplacé par des slogans rigides et une banale culture Herem [3]

De manière néanmoins intéressante, au moment où Pappe a fini d’écrire son article, il n’était plus lui-même convaincu de son propre modèle. Il écrit: “Il est assourdissant d’apprendre que les sionistes de la première heure refusaient l’existence même des Palestiniens en 1882 lorsqu’ils arrivèrent; il est même encore plus choquant d’apprendre qu’ils continuent de nier leur existence, au delà des communautés sporadiques ghettoïsées, en 2013.

La signification de ceci est très claire: Nous avons ici affaire à un déni total et catégorique d’autrui. Ceci n’est pas un signe de “dissonance cognitive”, mais plutôt un continuum historique de la condition psycho-pathologique qui est inhérente au choix de politique. Ceci est le résultat direct de la suprématie judéo-centrique, le domaine même que Pappe et bien d’autres préfèrent ne pas attaquer.

A la fin de son article, Pappe affirme que Peres est un “fou” qui ignore “que des millions et des millions de gens, bon nombre d’entre eux étant sous la coupe de son armée ou de la règle d’apartheid tandis qu’il interdit activement et sans merci le retour du reste de ces gens sur leur terre native.” Mais si Peres est un “fou”, il n’est sans doute pas rongé par l’inconfort. Si Peres est fou, il n’est pas dans un état de “dissonance”, luttant sans cesse pour intégrer des idées conflictuelles. Bien au contraire, Peres est, dans toute son ignominie, entièrement en paix avec lui-même.

Aussi loin que je sois concerné, Shimon Peres n’est pas du tout fou. Il est le mal, de manière cohérente et consistante. Il est le président de l’État Juif et il est grand temps qu’Ilan Pappe confronte ce fait et ce que cela veut dire.

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Gilad Atzmon est un des tous meilleurs musiciens de jazz international de notre époque, philosophe, penseur humaniste et écrivain, Gilad Atzmon nous a mis au défi intellectuellement  depuis plusieurs années (principalement les juifs) afin d’examiner ce que définit la politique identitaire juive, ses croyances fondamentales suprémacistes et bien des problèmes qui en surgissent: ses stratégies, les déguisements variés du racisme, l’étouffement et la suppression de la liberté de parole. More

Notes

[1] De manière intéressante, ce fut en fait le soniste d’extrême droite notoire Vladimir Jabotinsky qui fut parmi les premiers à envisager la nécessité de résoudre la complexité de la gestion de la population indigène et ce dans le contexte du rêve sioniste. Ce fut l’ultra-nationaliste cruel Jabotinsky, plutôt que la “gauche” sioniste, qui voyait les Arabes comme un peuple fier et hautement culturel, qui préconisa que les indigènes devaient être confrontés militairement. Sur ce sujet, je recommanderai la lecture de Vladimir Jabotinsky’s Iron Wall.

[2] Juste cette année passée, nous avons vu le BDS faire campagne contre le professeur Normal Finkelstein, Greta Berlin, le député George Galloway et bien d’autres.

[3] Mot hébreu pour excommunication et boycott.