Remarquons ici la similitude avec les “lois pénales de 1692” racistes et ségrégationnistes en Ulster … Un des fondements du “diviser pour mieux régner” britannique. Le “Conseil Mohawk” est une entité coloniale, gouvernementale, qui applique la recette de la division au sein de sa communauté et en même temps cherche à s’aliéner, au profit du pouvoir colonial, les non-autochtones ayant embrassé la cause anti-colonialiste. Seul moyen de renverser la vapeur: Dissoudre ces “conseils de bandes/tribus”, qui ne sont que des rouages du pouvoir colonial et retourner à la chefferie traditionnelle sans pouvoir, celui-ci étant dilué dans le peuple.
Ceci est un exemple d’abus que pousse l´état colonial au travers de ses structures afin de diviser et de détruire les communautés colonisées. Que cela se produise dans une communauté iroquoise Mohawk n’est absolument pas surprenant, car les Mohawks sont les fers de lance de toute agitation et rebellion contre le système colonial dans la région depuis le début de l’occupation coloniale. Le mot d’ordre est de simplement les détruire en les divisant et en diluant leur culture si riche.
Le temps de refuser les impositions coloniales comme les conseil de bandes élus, fabrication coloniale pour créer et maintenir la zizanie tout en diluant la tradition ancestrale, arrive à grand pas…
~ Résistance 71 ~
Il n’y a pas de contrôle ADN sous l’arbre de la paix
Dr. Kahente Horn-Miller
12 Août 2014
url de l’article original:
http://www.tworowtimes.com/opinions/there-are-no-dna-checkpoints-under-the-tree-of-peace/
~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~
Mettez-vous devant une glace. Que voyez-vous ? Que voulez-vous voir ? La couleur de vos yeux, de vos cheveux, de votre peau, les marques sur votre visage, racontent votre histoire, qui vous êtes, d’où vous venez, où vous croyez appartenir. Vous pouvez vous demander: Pourquoi mes yeux sont-ils de cette couleur ? Pourquoi ma peau est-elle de cette couleur ? Pourquoi ai-je ces caractéristiques ? Vous pourriez même vous demander: Pourquoi suis-je ici ?
Depuis le siècle dernier et au-delà, les problèmes indigènes de communautés et d’appartenance ont été colorés de rouge par la fureur qui est montée parmi les gens à cause de l’imposition d’idées telle que celle du “quota sanguin/blood quantum”, promu dans la loi canadienne sur les Indiens (Indian Act). Le quota sanguin est un mécanisme d’idées imposé pour établir la connexion des gens avec les communautés des réserves et permettre à ceux au pouvoir de déterminer qui a accès aux ressources. Ainsi, par essence, l’identité est à propos d’obtenir sa part d’un “gâteau” figuratif.
Il n’y a aucun doute que les conceptions de l’identité indigène ont été affaiblies par plus d’un siècle de politiques coloniales fédérales (NdT: la création officielle de l’entreprise “Canada” déguisée en nation, ne remonte qu’à 1867…). Ces pouvoirs ont diminué le pouvoir des groupes autochtones afin qu’ils ne puissent déterminer leur propre appartenance. L’Indian Act a créé la fiction légale d’une identité “indienne canadienne” avec des catégories ou des “degrés” “d’Indianité”. Infusées par la compréhension étrangère de ce qu’est l’identité, ces politiques ont distancié les peuples indigènes des notions traditionnelles d’appartenance.
Ces derniers jours, j’ai regardé ma communauté imploser alors que ses membres essayaient d’empêcher une femme de construire sa maison. Pourquoi ? Parce que son mari n’est pas autochtone. Ce problème ramène à la surface le pire de notre peuple et les médias sociaux sont brûlants de haine. Caractérisée par certains comme étant une “chasse aux sorcières nazies”, il est difficile de regarder cette débâcle totale et pourtant comme pour un accident, il est difficile de ne pas regarder d’autant plus que ma famille est impliquée et est affectée. Les membres de la communauté soummettent des noms sur une liste d’individus qui vivent avec des non-autochtones sur le territoire (Mohawk) et ma sœur et son partenaire sont seconds sur cette liste.
Cette liste comprend maintenant plus de 200 noms (la population totale est de 9000 habitants). Lorsqu’elle sera complète, des lettres seront envoyées à chacun de ces foyers depuis le Kahnawahke Mohawk Council (KMC) et d’un groupe de membres de la communauté, leur disant essentiellement de partir. En 2010, lorsque le problème fut mis à jour, ceux qui avaient des enfants avaient été exclus de la liste. Cete fois-ci, plus personne n’est immunisé. Les enfants seront les dégâts collatéraux et ceci inclut ma nièce et mon neveu.
Il y a eu glissement du problème. Au premier abord cela concernait le traitement inégal des sexes (en quelque sorte résolu par la loi C-31 et le moratoire sur les mariages mixtes d’avant 1981 qui pouvaient résider dans la communauté). C’est au sujet en ce moment de maintenir le sang Mohawk et la pureté raciale.
Bien que la loi de Kanahwakhe de 2003 sur l’appartenance essaya de sortir du mesurement de l’éligibilité à être membre de la communauté basée sur un quota sanguin, le problème n’a pas disparu pour autant. Il a en fait été camouflé comme “lignée et descendance”, par exemple le nombre d’arrières-grands-parents Kanien’keha:ka (Mohawk) une personne peut-elle prouver. Le concept a été prouvé difficile à appliquer.
Que veut dire le terme de “pureté raciale” ? D’où provient ce conflit actuel ? Après plus de 500 ans de colonisation, l’identité indigène a été définie extérieurement. Le statut d’Indiens a été imposé, basé sur la race et ceci est très loin des pratiques non-racistes autochtones. En ce moment, les lois d’appartenance aux bandes (tribus) tendent vers un critère ayant de forts sous-entendus raciaux. Ces pratiques dérivent des politiques coloniales qui sont ramifiées dans la législation courante d’appartenance comme la loi canadienne C-31 et la loi de Kahnawhke sur l’appartenance. Le discours politique et académique actuel et le problème actuel d’éviction mettent en lumière le conflit incessant entre les droits individuels et collectifs. L’incorporation de ce processus de classification d’appartenance diffère des pratiques d’appartenance et de citoyenneté indigènes qui sont traditionnellement flexibles et ne sont pas du tout liées à la couleur de la peau. Laissez-moi expliquer.
Traditionnellement, l’identité reposait sur l’endroit d’où vous veniez. Le peuple Mohawk était désigné comme le peuple du silex: Kanien’kehá:ka. Cela voulait dire que les gens venaient d’un endroit où on trouvait beaucoup de silex. Par contraste, certains disent que l’identité est liée au langage parlé. D’autres disent que c’est aussi au sujet des croyances et des cérémonies. Et pourtant, nous ne pouvons pas tomber d’accord. Nos ancêtres n’ont jamais eu à observer, à examiner ce problème d’identité à un tel degré qu’aujourd’hui. C’était simple. Vous étiez ou n’étiez pas Ongwehonweh (habitants de l’Île de la Grande Tortue, ce qui est aujourd’hui l’Amérique du Nord), peuple originel et ceci n’avait rien à voir avec la pureté de votre sang. La vie et l’appartenance à une communauté étaient une question de survie. Ainsi, l’appartenance aux communautés était étrangère à la couleur de la peau. Elle était daltonienne en quelque sorte.
Mais, comme l’a si bien noté Orenda Boucher-Curotte, universitaire et mère Mohawk dans sa publication sur Facebook en date du 8 Août: “Parce que nous sommes en 2014, ceci veut dire que nous sommes tous au courant que la pureté de la ligne a été recadrée essentiellement sur le quota sanguin et ceci n’est ni plus ni moins qu’une façon de penser coloniale. Il n’y a pas de “pureté raciale” à Kahnawa:ke. Nous sommes TOUS des produits de la colonisation que nous le croyons ou que nous l’ignorons. Nous n’avons fait que renommer ce que le gouvernement canadien nous a forcé à adopter et ce au nom de la protection des ressources.”
Nous nous sommes tant éloignés de ce que nous étions initialement, ce qui était une nation construisant et vivant en paix et en harmonie. La colonisation nous a appris à étiqueter si facilement les gens. Nous avons pris si littéralement les frontières humaines de la réserve que nous décrivons beaucoup de choses comme étant “dans la réserve” ou “en dehors de la réserve” et même de “nous et eux”. Et bien, nous ne sommes plus concernés par “nous”.
Il y a longtemps, nos ancêtres trouvèrent des moyens pour survivre l’afflux d’Européens. Au travers de Kaianehreko:wa, la Grande Loi de la Paix, ils autorisèrent les gens “d’autres nations” de venir rejoindre le collectif par l’adoption. Le mot “konkweh’tarakwen” désigne cette idée, ce concept. Traduit littéralement cela veut dire: “une personne qui a été choisie et gardée”. Le quota sanguin ne jouait absolument aucun rôle dans ce concept. La philosophie comprise dans la loi est représentée par un pin albino qui grandit toujours avec ses racines qui se sont disséminées dans toutes les directions.
Ces derniers jours, j’ai souvent entendu “l’histoire n’est pas importante. Nous sommes en 2014, le système de l’adoption ne marchera plus.” Et pourtant, ce sont nos ancêtres qui nous ont donnés ce moyen exceptionnel pour les autres de nous rejoindre. Notre histoire, en d’autres termes, présente l’alternative au déchirement des familles.
Ce qui est aussi important dans l’acceptance des autres est l’invention par nos précurseurs du Wampum Deux Rangées. Bien que bon nombre dans la communauté croient que le nettoyage ethnique adhère à ses principes, cela n’est pas du tout le cas. C’est plutôt au sujet du respect des différences et ce vivre bien, côte à côte.
Ce grand tableau de l’appartenance et de l’identité inclut la colonisation, l’Indian Act et les pensionnats pour Indiens, qui furent tous un danger pour notre survie même. Ce qui se passe à Kanahwa:ke en ce moment, la colère envers les non-autochtones y vivant, est un symptôme de tout ceci.
De la même manière que la colonisation est au sujet du “diviser pour mieux régner”, nous nous disputons maintenant pour savoir qui est plus “Mohawk” que l’autre. En procédant de la sorte, nous ignorons la sagesse de nos ancêtres. De par leurs règles, les gens de l’extérieur étaient adoptés avec plaisir, bien que ce privilège venait avec quelques règles à respecter: le respect et l’apprentissage de la culture Kaienerekowa et de la langue. Beaucoup le firent et restèrent. Leurs descendants sont toujours parmi nous, sous le Grand Arbre de la Paix, il n’y a pas de test ADN.
Si nous pensons notre communauté comme étant une forêt, nous devons nous rappeler que tous les arbres meurent et tombent à un moment donné et pourtant en faisant de la sorte, ils participent à la croissance et au renouveau de la forêt. La vie est cyclique en cela. La mère nature a ses manières de survivre. Et si nous apprenons de par son exemple, nous devons nous rappeler que les feuilles qui sont arrachées de notre arbre familial par ces évictions formeront leurs propres racines et ultimement renouvèleront la forêt. Les arbres auront l’air différents mais continueront de nourrir l’air que nous respirons. Avec ceci à l’esprit, je n’ai aucun doute que nous survivrons. Nous devons juste mettre nos esprits en commun et penser avec paix, gentillesse et garder une large ouverture d’esprit, comme nos ancêtres le faisaient si bien.
Dr. Kahente Horn-Miller est une mère, universitaire de la communauté Mohawk de Kanahwake, près de Montréal, Québec, Canada. Elle est en ce moment New Sun Aboriginal Visiting Scholar at Carleton University in Ottawa, Canada.