Archive pour Libye ONU et guerre impérialiste

Ingérence occidentale au Moyen-Orient… Quand le « Printemps Arabe » de la CIA mène à l’EIIL/EI

Posted in 3eme guerre mondiale, actualité, colonialisme, France et colonialisme, guerre iran, guerre Libye, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, N.O.M, neoliberalisme et fascisme, politique et lobbyisme, politique et social, politique française, résistance politique, terrorisme d'état, Union Europeenne et nouvel ordre mondial with tags , , , , , , , , , , , , , , , , , on 30 octobre 2014 by Résistance 71

L’EIIL: les terroristes mercenaires des Etats-Unis

 

Tony Cartalucci

 

28 Octobre 2014

 

url de l’article original:

http://journal-neo.org/2014/10/28/isis-america-s-terrorist-mercenaries/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

De manière générale, la révision historique prend place longtemps après que les évènements se soient passés et les vainqueurs tentent d’enterrer les vérités humiliantes ou qui ne sont pas bonnes à dire. Aujourd’hui, dans l’ère de l’information, ces vainqueurs en herbe trouvent de plus en plus nécessaire de réviser l’histoire en temps réel au travers d’une stratégie de la diffusion d’une propagande qui se veut répétitive de manière croissante, mais de plus en plus inefficace.

Phase I: La justification du chaos

Ce n’est qu’en 2007 que la politique étrangère des Etats-Unis a recherché à faire la guerre contre l’Iran, la Syrie et le Hezbollah libanais, tout en handicapant les factions pro-iraniennes en Irak que les Etats-Unis occupaient toujours. Echouant dans cette approche directe, les Etats-Unis planifièrent une guerre pas si secrète par procuration qui impliqueraient du financement, du soutien politique et même l’armement de groupes allant de militants des Frères Musulmans à d’autres alignés avec Al Qaïda.

Ceci est peut-être le mieux résumé dans ce rapport prophétique datant de 2007: “The Redirection: Is the Administration’s new policy benefiting our enemies in the war on terrorism?” , écrit par le journaliste lauréat du prix Pulitzer Seymour Hersh et publié dans le New Yorker.

Il y est dit (emphase ajoutée):

Pour diminuer l’Iran, qui est chiite de manière prédominante, le gouvernement Bush a décidé de reconfigurer ses priorités au Moyen-Orient. Au Liban, le gouvernement a coopéré avec l’Arabie Saoudite qui est sunnite dans des opérations clandestines qui ont pour but d’affaiblir le Hezbollah, l’organisation chi’ite soutenue par l’Iran. Les Etats-Unis ont aussi pris part dans des opérations clandestines visant l’Iran et son alliée la Syrie. Un résultat de ces activités a été le développement de groupes extrémistes sunnites qui épousent une vision militante de l’Islam, qui sont hostiles aux Etats-Unis et sympathisant d’Al Qaïda.

Hersh ira même jusqu’à chroniquer les soutiens politiques et financiers américains qui étaient fournis aux Frères Musulmans, même alors sous le président Bush. De ce fait, la supposée “spontanéité” des soulèvements appelés “Printemps Arabe” par les médias occidentaux de 2011, fut complètement fabriquée bien auparavant et ce pas pour tenter de promouvoir des aspirations pacifiques et pro-démocratiques, mais pour servir de couverture à des insurrections soutenues de l’étranger, qui laisseraient des trainées ensanglantées et de destruction le long de la côte nord de l’Afrique et ce jusqu’aux fromtières de l’Iran et de la Russie et même de la Chine.

Phase II: La guerre

Après avoir nié tout rôle and les émeutes du “Printemps Arabe”, les Etats-Unis supportaient bientôt non seulement les manifestants dans les rues, mais aussi des militants armés qui suivaient dans le sillage des manifestations. Ce soutien comprenait une dimension militaire avec des militants libyens bénéficiant d’une couverture aérienne et de la protection des forces spéciales commandos, pour ensuite recevoir des armes et des équipements par parachutage.

Le sénateur John McCain (R-Arizona) allait même voyager dans la capitale terroriste de la Libye, Benghazi et allait offrir en personne, le soutien des Etats-Unis. Il se tint sur les marches du tribunal de Benghazi, là où les manifestations contrôlées par Al Qaïda allaient se dérouler peu de temps après, promettant des armes aux hommes qui plus tard, massacreraient l’amabassadeur américain dans cette ville (NdT: lui même une barbouze éliminée pour qu’il n’y ait plus de témoin officiel du transfert d’armes libyennes et américaines entre la Libye et la Syrie pour les djihadistes…).

Après la destruction du gouvernement libyen avec l’aide de l’intervention de l’OTAN, Benghazi servait ensuite d’épicentre terroriste où armes, argent et combattants étaient organisés pour être transférés dans un pays membre de l’OTAN, la Turquie, pour combattre dans le nord de la Syrie contre le gouvernement Al-Assad (were being staged before being sent to NATO-member Turkey and then to fight in northern Syria.). Parmi ces terroristes se trouvaient des militants expérimentés du Groupe Combattant Islamique Libyen (GCIL), une franchise officielle d’Al Qaïda en Afrique du Nord (NdT: sans oublier qu’Al Qaïda est une création de la CIA/MI6/SIS pakistanais, mis en place à la fin des années 70 en Afghanistan, projet piloté par Zbigniew Brzezinski et Robert Gates, tous deux toujours présents en politique…). Un de leurs leaders, Abdelhakim Belhadj se retrouvera éventuellement en charge de la ville de Tripoli après la chute du gouvernement libyen et aura sa photo prise avec McCain.

De manière prévisible, alors que l’OTAN faisait glisser les ressources et l’attention d’une Libye renversée au renversement de la Syrie, le conflit visant Damas escalada. Ceci ne fut pas couronné de succès. Au lieu de cela, l’occident se retrouva enbarqué dans une guerre par procuration dans laquelle son rôle dans l’armement, l’aide, et le développement d’extrémistes sectaires, devint de plus en plus évident.

Phase III: La “montée” de l’EIIL/EI

Il est clair que la montée en puissance de l’EIIL ou “État Islamique” (Califat), ne s’est par produite du jour au lendemain. Ceci est non seulement le résultat de la stratégie continue des Etats-Unis dans sa guerre par procuration menée contre la Libye et maintenant se déroulant en Syrie, mais ce fut aussi le résultat prémédité et documenté de ce contre quoi le journaliste Seymour Hersh nous avait averti en 2007.

Ceci est une menace que non seulement la syrie comprend très bien, mais aussi ses alliés d’Irak, d’Iran et de Russie, qui comprennent d’autant mieux, qu’ils se mobilisent contre. Les Etats-Unis se sont retrouvés à réviser l’histoire à tenter d’expliquer l’existence de l’EIIL par le fait qu’ils étaient tapis dans l’ombre des militants “modérés” que les US soutenaient massivement. Les Etats-Unis ont essayé de faire croire que l’EIIL s’est construit de lui-même au gré de “dons”, en vendant du pétrole sur le marché noir et en prenant des otages pour les rançons. Si construire une force terroriste internationale était si facile, on pourrait facilemet imaginer que la Syrie, l’Iran et l’Irak pourraient également avoir de vastes armées mercenaires pour faire front à l’EIIL en une après-midi.

La réalité est, pour pouvoir expliquer comment les Etats-Unis et ses partenaires régionaux ont fourni aux “modérés” des milliards de dollars en aide, pour seulement voir l’EIIL se développer et déplacer ces soi-disants “modérés”, nous devons bien comprendre la chose suivante: Il n’y a JAMAIS eu de militants dits “modérés” pour commencer et que les Etats-Unis ont INTENTIONNELLEMENT armé et financé des terroristes, comme Hersh l’avait dit en 2007, afin de créer une armée mercenaire qui “épouse une vision militante de l’Islam” et est sympathisante d’Al Qaïda. (NdT: AQ qui était déjà une mini-armée mercenaire de l’empire, mais plus suffisante, L’EIIL/EI est en fait AQ sous stéroïdes…)

L’EIIL n’a pas “déplacé” les “modérés”, la vérité est que ce que les Etats-Unis ont fait au Moyen-Orient, a déplacé les mensonges que l’occident a commencé à dire au public dès 2011 au pic de ce qu’on a appelé le “Printemps Arabe”.

Il est essentiel que les gens autour du monde continuent de disséminer la vérité plus vite que l’occident ne dissémine le chaos.

Syrie, Irak… EIIL légion mercenaire de la CIA et de la maison des Saoud…

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Le grand retournement saoudien

 

Thierry Meyssan

 

1er Septembre 2014

 

url de l’article original;

http://www.voltairenet.org/article185123.html

 

Alors que depuis 35 ans, l’Arabie saoudite soutient tous les mouvements jihadistes jusqu’aux plus extrémistes, Riyad semble changer soudainement de politique. Menacée dans son existence même par une possible attaque de l’Émirat islamique, l’Arabie saoudite a donné le signal de la destruction de l’organisation. Mais contrairement aux apparences, l’ÉI reste soutenu par la Turquie et Israël qui recèlent le pétrole qu’il pille.

Préliminaire: L’EI est une création de l’occident

L’unanimité du Conseil de sécurité contre l’Émirat islamique (ÉI) et le vote de la résolution 2170 ne sont qu’une attitude de façade. Ils ne sauraient faire oublier le soutien étatique dont l’ÉI a disposé et dispose encore.

Pour ne prendre que les événements récents en Irak, chacun a pu observer que ses combattants sont entrés dans le pays à bord de colonnes de Humvees flambants neufs, directement sortis des usines états-uniennes d’American Motors, et armés de matériels ukrainiens, également neufs. C’est avec cet équipement qu’ils ont saisi les armes états-uniennes de l’Armée irakienne. De même chacun s’est étonné de ce que l’ÉI disposait d’administrateurs civils capables de prendre en main instantanément la gestion des territoires conquis et de spécialistes en communication aptes à promouvoir son action sur Internet et à la télévision ; un personnel clairement formé à Fort Bragg.

Bien que la censure états-unienne en ait interdit toute recension, nous savons par l’agence britannique Reuters qu’une session secrète du Congrès a voté, en janvier 2014 le financement et l’armement de l’Armée syrienne libre, du Front islamique, du Front Al-Nosra et de l’Émirat islamique jusqu’au 30 septembre 2014 [1]. Quelques jours plus tard, Al-Arabiya se vantait que le prince Abdul Rahman était le véritable chef de l’Émirat islamique [2]. Puis, le 6 février, le secrétaire à la Sécurité de la Patrie US réunissait les principaux ministres de l’Intérieur européens en Pologne pour leur demander de maintenir les jihadistes européens au Levant en leur interdisant le retour dans leurs pays d’origine, de la sorte l’ÉI serait assez nombreux pour attaquer l’Irak [3]. Enfin, à la mi-février, un séminaire de deux jours a rassemblé au Conseil de sécurité nationale US les chefs des services secrets alliés impliqués en Syrie, certainement pour préparer l’offensive de l’ÉI en Irak [4].

Il est extrêmement choquant d’observer les médias internationaux dénoncer subitement les crimes des jihadistes alors que ceux-ci se déroulent sans interruption depuis trois ans. Il n’y a rien de nouveau dans les égorgements publics et les crucifixions : à titre d’exemple, l’Émirat islamique de Baba Amr, en février 2012, s’était doté d’un « tribunal religieux » qui condamna a mort par égorgement plus de 150 personnes sans soulever la moindre réaction occidentale ni des Nations unies [5]. En mai 2013, le commandant de la Brigade Al-Farouk de l’Armée syrienne libre (les fameux « modérés ») diffusa une vidéo au cours de laquelle il découpait un soldat syrien et mangeait son cœur. À l’époque, les Occidentaux persistaient à présenter ces jihadistes comme des « opposants modérés », mais désespérés, se battant pour la « démocratie ». La BBC donnait même la parole au cannibale pour qu’il se justifie.

Il ne fait aucun doute que la différence établie par Laurent Fabius entre jihadistes « modérés » (l’Armée syrienne libre et le Front Al-Nosra —c’est-à-dire Al-Qaïda— jusqu’au début 2013) et jihadistes « extrémistes » (le Front Al-Nosra à partir de 2013 et l’ÉI) est un pur artifice de communication. Le cas du calife Ibrahim est éclairant : en mai 2013, lors de la visite de John McCain à l’ASL, il était à la fois membre de l’état-major « modéré » et leader de la faction « extrémiste » [6]. Identiquement, une lettre du général Salim Idriss, chef d’état-major de l’ASL, datée du 17 janvier 2014, atteste que la France et la Turquie livraient des munitions pour un tiers à l’ASL et pour deux tiers à Al-Qaïda via l’ASL. Présenté par l’ambassadeur syrien au Conseil de sécurité, Bachar Jaafari, l’authenticité de ce document n’a pas été contestée par la délégation française [7].

Ceci étant posé, il est clair que l’attitude de certaines puissances de l’Otan et du CCG a changé au cours du mois d’août 2014 pour passer d’un soutien secret, massif et permanent, à une franche hostilité. Pourquoi ?

La doctrine Brzezinki du jihadisme

Il faut revenir ici 35 ans en arrière pour comprendre l’importance du virage que l’Arabie saoudite —et peut-être les États-Unis— sont en train d’accomplir. Depuis 1979, Washington, à l’instigation du conseiller de sécurité nationale Zbignew Brzezinski, a décidé de soutenir l’islam politique contre l’influence soviétique, renouant avec la politique adoptée en Égypte de soutien aux Frères musulmans contre Gamal Abdel Nasser.

Brzezinski décida de lancer une vaste « révolution islamique » depuis l’Afghanistan (alors gouvernée par le régime communiste de Muhammad Taraki) et l’Iran (où il organisa lui-même le retour de l’imam Rouhollah Khomeiny). Par la suite, cette révolution islamique devait se propager dans le monde arabe et emporter avec elle les mouvements nationalistes associés à l’URSS.

L’opération en Afghanistan fut une réussite inespérée : les jihadistes de la Ligue anti-communiste mondiale (WACL) [8], recrutés au sein des Frères musulmans et dirigés par le milliardaire anti-communiste Oussama Ben Laden, lancèrent une campagne terroriste qui conduisit le gouvernement à faire appel aux Soviétiques. L’Armée rouge entra en Afghanistan et s’y enlisa durant cinq ans, accélérant la chute de l’URSS.

L’opération en Iran fut au contraire un désastre : Brzezinski fut stupéfait de constater que Khomeiny n’était pas l’homme qu’on lui avait dit —un vieil ayatollah cherchant à récupérer ses propriétés foncières confisquées par le Shah—, mais un authentique anti-impérialiste. Considérant un peu tard que le mot « islamiste » n’avait pas du tout le même sens pour les uns et les autres, il décida de distinguer les bons sunnites (collaborateurs) des mauvais chiites (anti-impérialistes) et de confier la gestion des premiers à l’Arabie saoudite.

Enfin, considérant le renouveau de l’alliance entre Washington et les Séoud, le président Carter annonça, lors de son discours sur l’état de l’Union du 23 janvier 1980 que, désormais, l’accès au pétrole du Golfe était un objectif de sécurité nationale états-unienne.

Depuis cette période, les jihadistes ont été chargés de tous les mauvais coups contre les Soviétiques (puis les Russes) et contre les régimes arabes nationalistes ou récalcitrants. La période allant de l’accusation lancée contre les jihadistes d’avoir fomenté et réalisé les attentats du 11-Septembre jusqu’à l’annonce de la prétendue mort d’Oussama Ben Laden au Pakistan (2001-11) a compliqué les choses. Il s’agissait à la fois de nier toute relation avec les jihadistes et de les utiliser comme prétexte à des interventions. Les choses sont redevenues claires en 2011 avec la collaboration officielle entre les jihadistes et l’Otan en Libye et en Syrie.

Le virage saoudien d’août 2014

Durant 35 ans, l’Arabie saoudite a financé et armé tous les courants politiques musulmans dès lors (1) qu’ils étaient sunnites, (2) qu’ils affirmaient le modèle économique des États-Unis compatible avec l’islam et (3) que —dans le cas ou leur pays aurait signé un accord avec Israël— ils ne le remettaient pas en question.

Durant 35 ans, l’immense majorité des sunnites a fermé les yeux sur la collusion entre les jihadistes et l’impérialisme. Elle s’est déclarée solidaire de tout ce qu’ils ont fait et de tout ce qu’on leur a attribué. Enfin, elle a légitimé le wahhabisme comme une forme authentique de l’islam malgré les destructions de lieux saints en Arabie saoudite.

Observant avec surprise le « printemps arabe », à la préparation duquel elle n’avait pas été conviée, l’Arabie saoudite s’inquiéta du rôle accordé par Washington au Qatar et aux Frères musulmans. Riyad ne tarda pas à entrer en compétition avec Doha pour sponsoriser les jihadistes en Libye et surtout en Syrie.

Aussi le roi Abdallah sauva-t-il l’économie égyptienne lorsque le général Abdel Fattah al-Sissi devenu président d’Égypte lui transmis ainsi qu’aux Émirats la copie complète des dossiers de police des Frères musulmans. Toutefois, dans le cadre de la lutte contre la Confrérie, le général Al-Sissi découvrit et transmit en février 2014 le plan détaillé des Frères pour s’emparer du pouvoir à Riyad et à Abou Dhabi. En quelques jours les comploteurs furent arrêtés et avouèrent, tandis que l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis menaçaient le Qatar, le parrain des Frères, de le détruire s’il ne lâchait pas immédiatement la confrérie.

Riyad n’a pas tardé à découvrir que l’Émirat islamique était lui aussi gangréné et s’apprêtait à l’attaquer après s’être emparé d’un tiers de l’Irak.

Le verrou idéologique patiemment construit durant 35 ans a été pulvérisé par les Émirats et l’Égypte. Le 11 août, le grand imam de l’université Al-Azhar, Ahmad al-Tayyeb, condamnait sévèrement l’Émirat islamique et Al-Qaïda. Il était suivi le lendemain par le grand mufti d’Égypte, Shawki Allam [9].

Le 18 août et à nouveau le 22, Abou Dhabi a bombardé, avec l’assistance du Caire, des terroristes à Tripoli (Libye). Pour la première fois, deux États sunnites s’alliaient pour attaquer des extrémistes sunnites dans un troisième État sunnite. Leur cible n’était autre qu’une alliance incluant Abdelhakim Belhaj, ancien numéro 3 d’Al-Qaïda nommé gouverneur militaire de Tripoli par l’Otan [10]. Il semble que cette action ait été entreprise sans en informer préalablement Washington.

Le 19 août, le grand mufti d’Arabie saoudite, cheik Abdul-Aziz Al al-Sheikh, se décidait —enfin— à qualifier les jihadistes de l’Émirat islamique et d’Al-Qaïda « d’ennemis numéro 1 de l’islam » [11].

Les conséquences du retournement saoudien

Le retournement de l’Arabie saoudite aura été si rapide que les acteurs régionaux n’ont pas eu le temps de s’adapter et se trouvent donc avec des positions contradictoires selon les dossiers. D’une manière générale, les alliés de Washington condamnent l’Émirat islamique en Irak, mais pas encore en Syrie.

Plus surprenant, alors que le Conseil de sécurité a condamné l’Émirat islamique dans sa déclaration présidentielle du 28 juillet et dans sa résolution 2170 du 15 août, il est clair que l’organisation jihadiste dispose encore de soutiens étatiques : en violation des principes rappelés ou édictés par ces textes, le pétrole irakien pillé par l’ÉI transite par la Turquie. Il est chargé au port de Ceyhan sur des pétroliers qui font escale en Israël, puis repartent vers l’Europe. Pour le moment, le nom des sociétés commanditaires n’est pas établi, mais la responsabilité de la Turquie et d’Israël est évidente.

De son côté, le Qatar, qui continue à abriter nombre de personnalités des Frères musulmans, nie soutenir encore l’Émirat islamique.

Lors de conférences de presse coordonnées, les ministres russe et syrien des Affaires étrangères, Sergey Lavrov et Walid Mouallem, ont appelé à constituer une coalition internationale contre le terrorisme. Cependant les États-Unis, tout en préparant des opérations au sol sur le territoire syrien avec les Britanniques (la « Force d’intervention noire » [12]), ont refusé de s’allier à la République arabe syrienne et persistent à exiger la démission du président élu Bachar el-Assad.

Le clash qui vient de mettre fin à 35 ans de politique saoudienne se transforme en affrontement entre Ryad et Ankara. D’ores et déjà, le parti kurde turc et syrien, le PKK, qui est toujours considéré par Washington et Bruxelles comme une organisation terroriste, est soutenu par le Pentagone contre l’Émirat islamique. En effet, et contrairement aux présentations équivoques de la presse atlantiste, ce sont les combattants turcs et syriens du PKK et non pas les peshmergas irakiens du Gouvernement local du Kurdistan qui ont repoussé l’Émirat islamique ces derniers jours, avec l’aide de l’aviation états-unienne.

Conclusion provisoire

Il est difficile de savoir si la situation actuelle est une mise en scène ou une réalité. Les États-Unis ont-ils réellement l’intention de détruire l’Émirat islamique qu’ils ont formé et qui leur aurait échappé ou vont-ils simplement l’affaiblir et le conserver comme outil politique régional ? Ankara et Tel-Aviv soutiennent-ils l’ÉI pour le compte de Washington ou contre Washington, ou encore jouent-ils sur des dissensions internes aux États-Unis ? Les Séoud iront-ils, pour sauver la monarchie, jusqu’à s’allier avec l’Iran et la Syrie ou parviendront-ils à un accord avec Washington sur le sort de l’ÉI ?

 

[1] « Le Congrès US vote secrètement l’envoi d’armes en Syrie », Réseau Voltaire, 29 janvier 2014.

[2] « L’ÉIIL est commandé par le prince Abdul Rahman », Réseau Voltaire, 3 février 2014.

[3] « La Syrie devient « question de sécurité intérieure » aux USA et dans l’UE », Réseau Voltaire, 8 février 2014.

[4] « Washington coordonne la guerre secrète contre la Syrie », Réseau Voltaire, 21 février 2014.

[5] « The Burial Brigade of Homs : An Executioner for Syria’s Rebels Tells His Story », par Ulrike Putz, Der Spiegel, 29 mars 2012. Version française in « Les dernières manœuvres de Washington et de ses alliés européens, turcs et arabes », par Pierre Khalaf, New Orient News, Réseau Voltaire, 10 avril 2012.

[6] « John McCain, le chef d’orchestre du « printemps arabe », et le Calife », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 18 août 2014.

[7] « Résolution 2165 et débats (aide humanitaire en Syrie) », Réseau Voltaire, 14 juillet 2014.

[8] « La Ligue anti-communiste mondiale, une internationale du crime », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 12 mai 2004.

[9] « Le grand mufti d’Égypte condamne l’État islamique en Irak », Radio Vatican, 13 août.

[10] « Comment les hommes d’Al-Qaida sont arrivés au pouvoir en Libye », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 6 septembre 2011.

[11] « Déclaration du mufti du Royaume sur l’extrémisme », Agence de presse saoudienne, 19 août 2014.

[12] « SAS and US special forces forming hunter killer unit to ’smash Islamic State’ », par Aaron Sharp, The Sunday People (The Mirror), 23 août 2014.

Nouvel Ordre Mondial et ingérence: Le « printemps arabe » création du pays du goulag levant (ex-USA)

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Cela ne fait que confirmer ce qui n’était plus qu’un secret de polichinelle depuis bien longtemps… Cela n’est sûrement pas non plus une coïncidence si cette info est révélée au travers d’organe de presse citoyenne algérienne. En effet, l’Algérie est « l’invitée officielle » au grand-cirque de la bidasserie du 14 Juillet sur les Champs Elyséees… Question toute simple: qu’est-il arrivé aux deux dernières personnes officiellement invitées au 14 Juillet à Paris (Kadhafi et Assad) ?..
C’est au tour de l’Algérie, c’est l’évidence (géopolitique) même…

— Résistance 71 —

 

Le document secret qui prouve que le “printemps arabe” a été provoqué par les Etats-Unis

 

Sonia Baker

 

13 Juin 2014

 

url de l’article:

http://algeriepatriotique.com/article/le-document-secret-qui-prouve-que-le-printemps-arabe-ete-provoque-par-les-etats-unis

 

Un document rendu public par un think tank américain révèle que le «printemps arabe» est loin d’être un mouvement spontané de populations avides de changements politiques, mais bel et bien une reconfiguration mûrement réfléchie et orchestrée par l’administration américaine. L’organisation Middle East Briefing (MEB), qui se base sur un rapport officiel du département d’Etat américain, confirme l’implication de la Maison-Blanche dans les «révolutions» ayant secoué de nombreux pays dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Le document en question, qui date du 22 octobre 2010 et intitulé «Middle East Partnership Initiative : Overview», est confidentiel et le MEB n’a réussi à le consulter que grâce à la loi Freedom of information Act.

Le pays de l’Oncle Sam a concocté dans ses officines de nombreuses stratégies pour défaire les régimes dans les pays ciblés en s’appuyant sur «la société civile» qu’il arrive à contrôler après avoir effectué un travail de fond sur les organisations non gouvernementales (ONG). L’approche américaine consiste à manipuler ces ONG pour qu’elles s’inscrivent en droite ligne de sa politique étrangère et de ses objectifs en matière de sécurité interne, note MEB. «The Middle East Partnership Initiative (MEPI) est un programme régional qui renforce les citoyens du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord afin de développer des sociétés plurielles, participatives et prospères. Comme le démontrent les chiffres fournis dans cette évaluation, le MEPI a évolué depuis son lancement en 2002 pour devenir un outil flexible dans la région pour un appui direct aux sociétés civiles autochtones, appui qui est intégré dans la diplomatie du gouvernement américain dans la région», peut-on lire dans le rapport du département d’Etat qui use et abuse du langage diplomatique pour masquer la nature hégémonique de cette initiative. Dans la section intitulée «comment le MEPI fonctionne», il y est clairement expliqué que les principaux objectifs du MEPI sont de «constituer des réseaux de réformateurs qui échangeront leurs connaissances et s’entraideront, et de catalyser le changement dans la région ».

La subversion financée par les ambassades américaines

L’administration Obama ne lésine pas sur les moyens pour réussir son ingérence dans les affaires internes des pays en point de mire. Les subventions locales «apportent un soutien direct à des groupes de citoyens autochtones, et représentent désormais plus de la moitié des projets de MEPI», note le rapport. «Des agents désignés dans les ambassades américaines gèrent le financement et sont en liaison directe avec les différentes ONG et les groupes composant la société civile» qui bénéficient de ces subventions. «Les projets spécifiques aux pays visent à répondre aux besoins locaux en matière de développement tels qu’identifiés par les ambassades, les réformateurs locaux et notre propre analyse du terrain. Les développements politiques dans un pays peuvent induire de nouvelles opportunités et de nouveaux défis pour la réalisation des objectifs de la politique du gouvernement américain, et le MEPI va transférer les fonds nécessaires pour répondre à ces besoins», souligne-t-on encore. Il va sans dire que les initiateurs de ce programme zappent les institutions locales et les gouvernements. Il y est en effet indiqué que le MEPI a pour seuls interlocuteurs les acteurs de la société civile à travers les ONG parties prenantes basées aux Etats-Unis et dans la région concernée. «Le MEPI ne fournit pas des fonds aux gouvernements étrangers et ne négocie pas des accords d’assistance bilatéraux», relève le rapport. Selon MEB, le document énumère une liste de pays ciblés en priorité par les desseins inavoués de l’establishment américain. Il s’agit du Yémen, l’Arabie Saoudite, la Tunisie, l’Egypte et le Bahreïn. La Libye et la Syrie ont été ajoutées une année après l’élaboration de ce rapport du département d’Etat. Pour ce qui est de l’Egypte, on y apprend que l’administration américaine misait sur le mouvement des Frères musulmans, jugé compatible avec la politique étrangère du gouvernement américain. L’administration d’Obama assure même «le service après-vente» de «ces révolutions» qui participent à remodeler le «Grand Moyen-Orient» selon la vision américaine. Un bureau de coordonnateur spécial des transitions dans le Moyen-Orient a été créé en septembre 2011.

William B. Taylor a été nommé à sa tête. Ce diplomate s’y connaît en révolution, puisqu’il était l’ambassadeur des Etats-Unis en Ukraine durant «la révolution orange», de 2006 à 2009. Selon le rapport du département d’Etat, le bureau du coordonnateur spécial des transitions dans le Moyen-Orient coordonne l’assistance du gouvernement américain «aux démocraties naissantes» dans la région du Moyen-Orient et en Afrique du Nord, dont l’Egypte, la Tunisie et la Libye.

Déclaration des mouvements anarchistes russe, ukrainien et moldave sur la situation en Ukraine…

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Nous l’attendions, elle est venue… Solidarité !

— Résistance 71 —

 

Déclaration anarchiste contre la guerre en Ukraine 
Guerre à la guerre ! Pas une goutte de sang pour la « nation » !

 

KRAS-AIT 
(Confédération révolutionnaire anarcho-syndicaliste, Russie), 
Fédération anarchiste de Moldavie (Moldavie), 
Fraction socialiste révolutionnaire (Ukraine), 
Internationalistes d’Ukraine, de Russie, 
de Lituanie, d’Israël et de Moldavie

 

mardi 4 mars 2014

 

url de l’article:

http://www.lavoiedujaguar.net/Declaration-anarchiste-contre-la

 

La lutte de pouvoir entre les clans de l’oligarchie en Ukraine menace de se transformer en conflit international armé. Le capitalisme russe tente d’utiliser la redistribution du pouvoir au sein de l’État ukrainien pour mettre en œuvre ses vieilles aspirations impériales et expansionnistes en Crimée et en Ukraine orientale, régions où il a d’importants intérêts économiques, financiers et politiques.

Dans le contexte de la prochaine crise imminente en Russie, le régime tente d’attiser le nationalisme russe afin de détourner l’attention de l’aggravation des problèmes socio-économiques des travailleurs : salaires et pensions de misère, démantèlement des soins accessibles, de l’éducation et d’autres services sociaux. Dans la tempête d’une rhétorique nationaliste et agressive, il est plus facile d’instaurer un État autoritaire et corporatiste fondé sur des valeurs réactionnaires et des politiques répressives.

En Ukraine, la crise politique et économique aiguë a conduit à exaspérer la confrontation entre les « nouveaux » et « vieux » clans oligarchiques, et a pour la première fois utilisé des formations ultranationalistes et ultradroitières pour réaliser un coup d’État à Kiev. L’élite politique de Crimée et d’Ukraine orientale n’a pas l’intention de partager son pouvoir et ses propriétés avec les nouveaux dirigeants de Kiev et se tourne vers le gouvernement russe pour avoir de l’aide. Des deux côtés, on a recours à l’hystérie nationaliste, respectivement ukrainien et russe. Il y a des affrontements armés et effusion de sang. Les puissances occidentales ont leurs propres intérêts et leurs propres aspirations, et leur intervention dans le conflit pourrait mener à une troisième guerre mondiale.

Ces messieurs des différentes cliques belligérantes nous poussent, comme d’habitude, nous les gens ordinaires, les travailleurs salariés, les chômeurs, les étudiants, les retraités…, à nous battre pour leurs intérêts. Ils veulent nous saouler avec leur drogue nationaliste, nous pousser les uns contre les autres, nous faire oublier nos réels besoins et intérêts. Nous n’avons que faire de leurs « nations », alors que nous avons à régler d’autres problèmes urgents et vitaux : comment joindre les deux bouts dans ce système qu’ils ont instauré pour nous opprimer et nous réduire en esclavage.

Nous ne succomberons pas à l’intoxication nationaliste ! Qu’ils aillent en enfer avec leurs États et « nations », leurs drapeaux et leurs discours ! Ce n’est pas notre guerre et nous ne devons pas y participer et payer avec notre sang leurs palais, leurs comptes en banque et leurs plaisirs de s’asseoir dans les confortables fauteuils du pouvoir. Et si les messieurs de Moscou, Kiev, Lvov, Kharkov, Donetsk et Simferopol commencent cette guerre, notre devoir est d’y résister par tous les moyens !

Pas de guerre entre les « nations » ! Pas de paix entre les classes !

KRAS-AIT 
(Confédération révolutionnaire anarcho-syndicaliste, Russie), 
Fédération anarchiste de Moldavie (Moldavie), 
Fraction socialiste révolutionnaire (Ukraine), 
Internationalistes d’Ukraine, de Russie, 
de Lituanie, d’Israël et de Moldavie

Source du texte d’origine : 
aitrus.info

 

Résistance politique: La résurgence indigène devient un phénomène intercontinental…

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, colonialisme, crise mondiale, démocratie participative, France et colonialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, philosophie, politique et social, politique française, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , on 19 février 2014 by Résistance 71

Du lien des activismes entre les peuples colonisés d’Afrique, des Amériques, d’Asie, d’Océanie et de celui des peuples occidentaux réconciliés se tenant côte à côte avec leurs frères dans l’oppression, l’inégalité et l’injustice, viendra le salut de l’humanité.

Nous en sommes plus que jamais convaincus et l’idée même que les mouvements de résistance autochtone, de résurgence indigène, y compris occidentale, liée profondément à la terre et à l’ancrage ancestral culturel, puissent s’unifier, terrifie, pétrifie les « élites oligarchiques » auto-proclamées et ce à juste titre.

Le monde est à la veille d’un très grand chambardement politique, la renverse de marée sera libératrice. L’ère étatico-entrepreneuriale touche à sa fin, cela devient de plus en plus une évidence.

— Résistance 71 —

 

DU PANAFRICANISME DE NOS PERES AU PANAFRICANISME STRATEGIQUE DE NOS PAIRS DE LA GENERATION ACTUELLE

Panafricanisme 2.0

18 février 2014

url de l’article original:

http://panafricanism2point0.com/a-la-une/du-panafricanisme-de-nos-peres-au-panafricanisme-strategique-de-nos-pairs-de-la-generation-actuelle/

 

Le panafricanisme depuis sa naissance avec Henry Sylvester WILLIAMS peut se résumer en trois étapes fondamentales, à chaque africain de se saisir lui-même de cette mission générationnelle, de la trahir ou de l’accomplir : la première étape du panafricanisme, celle de nos pères Marcus Garvey, Kwame N’Krumah, Thomas Sankara, et autres fut le « panégrisme » révolutionnaire contre l’impérialisme, la traite négrière et l’esclavage. Mais la deuxième étape, celle d’aujourd’hui fut un combat pour l’éveil des consciences, contre l’aliénation culturelle, intellectuelle et spirituelle.

L’AFRIQUE, BERCEAU DE TOUTES LES CIVILISATIONS, NUL PEUPLE ET NUL INDIVIDU NE DEVRAIT L’IGNORER

Aucun peuple ne doit ignorer son histoire, la connaissance du passé permet aux générations qui se succèdent d’orienter leur choix. Mais les dirigeants qui conduisent l’humanité dans le décor semblent ignorer volontairement l’histoire. Ils ont achevé de mettre dans les esprits de beaucoup des énormités et ont imposé la suprématie raciale blanche. Cet état de fait crée une confusion chez les masses mélanodermes, on peut tenter de manipuler l’histoire mais on ne peut l’effacer, car les preuves tangibles de son existence sont belles et bien vivantes. L’Afrique est le berceau de toutes les civilisations, nul peuple et nul individu ne devrait l’ignorer sous peine d’être fourvoyé et mené à sa perte.

LA NOUVELLE GENERATION

Une nouvelle génération se construit depuis des décennies, de la lutte contre l’esclavage à la lutte pour la libération des peuples colonisés. Mais les effets ne sautent pas aux yeux puisque la plus résistante des chaines, celle de l’esprit, reste à briser comme le disait Shaka Zulu. La mission de notre génération, est donc d’appliquer toutes les théories enseignées par nos ainés dans les écoles, universités et lieux de savoir africain. Elles ont certes, et doivent être réactualisées. Mais l’Afrique ne peut en aucun cas se développer selon le modèle occidental. Les réalités diffèrent et d’aucun peut se mettre à convoiter une civilisation qui s’effondre, minée par l’homosexualité, la pédophilie, les violations de la dignité humaine par exemple. Notre mission est de sortir de l’aliénation psychologique et de mener un combat de déstabilisation contre le mondialisme et ceux qui se prétendent les amis de l’Afrique, mais qui sont tout le contraire.

LE ROLE HISTORIQUE DE LA DIASPORA.

Les africains dispersés à travers le globe, ceux de la diaspora historique déportés au cours de l’esclavage dans la douleur de ne plus jamais revoir les leurs ; mais aussi celles et ceux partis à la recherche d’un « Eldorado » occidental illusoire pouvant prétendument résoudre les problèmes de l’africain ; devraient revenir sur le continent pour partager leur expérience avec les frères et soeurs y habitant.

Nucléaire iranien… L’Iran du capital a t’il capitulé ?…

Posted in 3eme guerre mondiale, actualité, guerre iran, guerre Libye, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, média et propagande, politique et lobbyisme, politique et social with tags , , , , , , , , on 2 décembre 2013 by Résistance 71

Excellente analyse à contre-pied de Meyssan, qui ajoute à notre méfiance justifiée de tout accord avec l’empire, prouvé historiquement fourbe, une touche inédite de capitulation de la classe du business iranienne, qui sacrifierait donc à terme l’intégrité de sa nation pour le leurre des chimères de fortunes amassées.

Thèse très intéressante, qui pourrait être validée par le concert de louages occidental, franchement trop beau pour être vraiment honnête… connaissant les sbires impliqués. Question subsidiaire: Qu’en est-il de la Russie ? Joue t’elle le jeu? A t’elle été dupée ? Surfe t’elle trop la vague du succès ?

A suivre…

— Résistance 71 —

 

L’abdication de l’Iran

 

Thierry Meyssan

 

2 Décembre 2013

 

url de l’article original:

http://www.voltairenet.org/article181267.html

 

Alors que les médias applaudissent l’accord survenu entre les 5+1 et l’Iran, Thierry Meyssan —un ami personnel de Mahmoud Ahmadinejad— y voit une abdication du nouveau gouvernement iranien. Pour lui, il est absurde de prétendre que les deux parties ont levé un quiproquo entretenu durant 8 ans par l’agressivité du président Ahmadinejad. La vérité est que l’Iran a renoncé à sa recherche nucléaire et qu’il a commencé à la démanteler, sans rien recevoir en retour sinon la levée progressive de sanctions illégitimes. En d’autres termes, le pays à genoux s’est rendu.

La signature de l’accord sur le nucléaire iranien, le 24 novembre à Genève, a été, à l’exception d’Israël, unanimement saluée comme la fin d’un quiproquo. Toutes les parties signataires ont essayé de nous persuader que cette entente aurait été trouvée beaucoup plus tôt s’il n’y avait eu les manières excessives de l’ancien président Mahmoud Ahmadinejad.

Ainsi donc, on aurait brisé le commerce international de l’Iran et frôlé la guerre mondiale par inadvertance.

La réalité est évidemment très différente : les Occidentaux n’ont rien concédé de leurs exigences, mais l’Iran a abdiqué de toutes les siennes. Même si le texte signé n’est que transitoire, il renonce à la construction de la centrale d’Arak, à son uranium enrichi à 20% et à sa technique d’enrichissement [1].

En 2005, l’élection du président Ahmadinejad allait donner un second souffle à la Révolution khomeiniste. Contrairement à ses deux prédécesseurs, les présidents Rafsandjani (1989-1997) et Khatami (1997-2005), Ahmadinejad n’était pas simplement favorable à une politique d’indépendance nationale, mais il était anti-impérialiste, dans la lignée du penseur de la Révolution, Ali Shariati. En quelques années, il fit de l’Iran un grand pays scientifique et industriel. Il développa la recherche nucléaire pour mettre au point un type de centrale qui puisse être reproduit dans le Tiers-monde et apporter à l’Humanité son indépendance énergétique, sans le charbon, le pétrole et le gaz.

On ne soulignera jamais assez l’opposition entre les partis iraniens. Rafsandjani et Katami sont des clercs, tandis qu’Ahmadinejad est un Gardien de la Révolution. Durant l’agression irakienne, ce sont les Gardiens qui sauvèrent le pays au péril de leurs vies, tandis que le clergé utilisait ses passe-droits pour ne pas envoyer ses fils au front. Le clergé gère des biens immenses, Rafsandjani est lui-même l’homme le plus riche du pays, tandis que les Gardiens sont des gens du peuple au mode de vie spartiate. Durant 8 ans, l’Occident ne s’y est pas trompé qui a considéré Ahmadinejad comme un adversaire, mais c’est bien à tort qu’il a qualifié ce leader, à la fois mystique et anti-clérical, d’« homme des mollahs ».

En réponse aux prétentions révolutionnaires d’Ahmadinejad, les Occidentaux jetèrent le doute sur le programme nucléaire iranien [2] et utilisèrent l’Onu pour lui interdire d’enrichir lui-même son uranium, dont il dispose de réserves gigantesques [3]. De la sorte, ils l’empêchaient d’utiliser ses propres ressources et l’obligeaient à vendre son précieux métal à bas prix. Ils établirent, que ce soit au Conseil de sécurité ou de manière unilatérale, une série de sanctions sans précédent historique pour étrangler le pays. En outre, ils menèrent une campagne de propagande pour faire passer Ahmadinejad pour un dangereux illuminé. Enfin, ils organisèrent, avec l’aide de Rafsandjani et de Khatami, une tentative de révolution colorée, en 2009 [4].

Chacun se souvient de la fausse traduction d’un de ses discours pour faire accroire qu’il voulait anéantir les Israéliens (Reuters lui imputa mensongèrement d’avoir déclaré qu’il voulait rayer Israël de la carte) [5]. Ou encore de la falsification du Congrès sur l’holocauste, qui visait à montrer comment les Occidentaux ont détruit toute spiritualité dans leurs sociétés et on créé une nouvelle religion autour de ce fait historique, pour laisser à penser que, malgré la présence de rabbins à ce congrès, il célébrait le négationnisme. Sans compter l’affirmation qu’il discriminerait les juifs [6].

L’équipe de cheikh Rohani représente à la fois les intérêts du clergé et de la bourgeoisie de Téhéran et d’Ispahan. Elle ambitionne la prospérité économique et ne se sent pas concernée par la lutte anti-impérialiste. La levée progressive des sanctions lui permet d’obtenir un vaste soutien populaire, les Iraniens percevant –pour le moment– l’accord comme une victoire qui va augmenter leur niveau de vie.

Les Occidentaux, quant à eux, poursuivent toujours le même but. Le plan d’attaque du président George W. Bush prévoyait qu’ils détruiraient l’Afghanistan, puis l’Irak, puis simultanément la Libye et la Syrie (via le Liban), et encore simultanément le Soudan et la Somalie, et qu’enfin ils termineraient par l’Iran. De leur point de vue, les sanctions contre Téhéran étaient, sous un prétexte douteux, un moyen simple de l’affaiblir. Pour eux, la reddition de cheikh Rohani est comparable à celle de Mouammar Kadhafi, abandonnant son programme nucléaire et se soumettant à toutes les exigences de Washington pour éviter la guerre. Mais comme pour Kadhafi, les concessions de cheikh Rohani seront utilisées plus tard contre son pays.

C’est en effet à tort que Mouammar el-Kadhafi a cru que le bellicisme états-unien à son encontre était basé sur ses convictions politiques. L’unique mobile qui emporta la décision de George W. Bush était géopolitique. En 2001, la Libye était devenue l’alliée de Washington dans la « guerre mondiale au terrorisme » et avait ouvert son marché intérieur aux multinationales US. Cela ne l’empêcha pas d’être traitée de « dictature » et d’être détruite sous les bombes. De la même manière, devenir un allié des États-Unis ne protégera pas l’Iran de la guerre.

Durant les quatre années à venir, l’Iran abandonnera à l’Histoire le rêve de Shariati et de Khomeiny pour se recentrer sur ses intérêts étatiques. Il va se désengager du monde arabe et se tourner vers les États membres de l’Organisation de coopération économique (la Turquie, l’Iran et toute l’Asie centrale) pour faire du business. Il va progressivement diminuer son soutien militaire et financier à la Syrie, au Hezbollah et aux Palestiniens. Lorsque Téhéran aura lui-même dissout sa ligne de défense extérieure, Washington entrera à nouveau en conflit avec lui.

 

[1] “Nuclear deal between Iran and six world powers (full text)”, Voltaire Network, 24 November 2013.

[2] « Propagande : CNN, pris sur le fait, s’excuse auprès de l’Iran », par Ossama Lotfy, Réseau Voltaire, 17 janvier 2006.

[3] « Qui a peur du nucléaire civil iranien ? », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 30 juin 2010.

[4] « La CIA et le laboratoire iranien », « Pourquoi devrais-je mépriser le choix des Iraniens ? », « La « révolution colorée » échoue en Iran », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 17, 21 et 24 juin 2009 ; « Iran : le bobard de l’ »élection volée » », par James Petras, Traduction Marcel Charbonnier, Réseau Voltaire, 19 juin 2009 ; « Rafsandjani acclamé au cri de « Mort à la Russie ! Mort à la Chine ! » », Réseau Voltaire, 19 juillet 2009.

[5] « Comment Reuters a participé à une campagne de propagande contre l’Iran », Réseau Voltaire, 14 novembre 2005.

[6] « Iran : les gouvernements anglo-saxons fabriquent de fausses nouvelles », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 24 mai 2006.

 

Guerre criminelle de l’OTAN en Libye: Où en est le pays depuis 2011 ?…

Posted in actualité, France et colonialisme, guerre Libye, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, N.O.M, neoliberalisme et fascisme, politique et lobbyisme, politique française, terrorisme d'état, Union Europeenne et nouvel ordre mondial with tags , , , , , , , , , , , , on 12 octobre 2013 by Résistance 71

… Il nage dans la béatitude de la démocratie apportée par les missiles de l’OTAN et les GO djihadistes à sa solde, qui le balkanise, bref que du bonheur. Merci qui ?

— Résistance 71 —

 

La désintégration de la Libye

 

Polina Lavrentieva

 

9 Octobre 2013

 

url de l’article:

http://www.voltairenet.org/article180499.html

 

À l’été 2011, Thierry Meyssan assurait qu’il n’y avait pas de printemps arabe en Libye, que la population ne se levait pas contre Mouamar el-Kadhafi, mais que les Occidentaux jouaient avec le mouvement séparatiste de la Cyrénaïque. Deux ans plus tard, c’est fait : Tripoli a perdu tout contrôle à la fois sur la Cyrénaïque et le Fezzan, comme l’ont constaté les envoyés spéciaux des Nations Unies. Les richesses du pays sont désormais aux mains des gangs et des seules multinationales US.

L’on n’arrive pas à arrêter le processus de désintégration de la Libye commencé depuis l’assassinat de Mouamar el-Kadhafi. Un nouveau rapport de l’ONU en témoigne : sur fond de séparation de provinces au sein de la Libye « libérée du dictateur », ont cours des exécutions expéditives, une oppression politique massive et des tortures.

D’après le rapport commun de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) [1] et du Haut-Commissaire de l’ONU pour les Droits de l’Homme, près de 27 personnes sont mortes en prison dans le pays pour la seule fin de l’année 2011 [2]. 8 000 personnes sont détenues dans les geôles du pays. Elles y ont été jetées en 2011 en tant que « partisans de Kadhafi ». La plupart d’entre elles n’a même pas été officiellement l’objet d’une enquête et personne ne sait combien de temps elles resteront à l’ombre, puisque le système judiciaire ne fonctionne quasiment plus.

Le New York Times indique que des gens sont arrêtés maintenant, pour des raisons religieuses ou ethniques, ou s’ils sont suspectés de ne pas être loyaux envers « la démocratie ». Les prisonniers avec lesquels les inspecteurs de l’ONU ont pu parler ont relaté qu’ils étaient battus et torturés par le feu et par la faim dans les prisons.

En avril de cette année, une loi a été votée en Libye pour interdire les tortures et condamner les enlèvements. Mais elle n’a pas de portée effective. Ce n’est qu’une partie du tableau de la désintégration de l’État libyen. Des régions se retirent peu à peu, comme nous le prévoyions il y a deux ans dans ces colonnes. Et cela ne se passe pas non plus sans effusions de sang.

Ainsi, le 27 septembre, le Fezzan a proclamé son indépendance, ou tout au moins sa complète autonomie [3] ; les chefs tribaux en ont ainsi décidé « du fait du mauvais travail du Congrès ». En juin, c’était la région [riche en pétrole] de la Cyrénaïque [4] qui reprenait sa liberté. Des trois régions historiques de la Libye, seule la Tripolitaine en fait toujours partie. Pour l’heure, il n’y a pas de force capable de réunir à nouveau ces trois États historiques qui formaient la Libye depuis 1951.

Polina Lavrentieva

 

[1] Site internet de la Manul en anglais et en arabe.

[2] “Torture and Deaths in Detention in Libya”, Unismil Report, Octobre 2013.

[3] « Libye « nouvelle » : la région de Fezzan proclame son indépendance », Irib, 27 septembre 2013.

[4] « Ливии официально больше нет. Восток объявил « нефтяное государство » » (La Libye officiellement n’est plus, l’Est se déclare en pétro-État), Odnako, 7 mars 2012.

 

Traduction 
Louis-Benoît Greffe

Source 
Odnako (Fédération de Russie)
 Hebdomadaire d’information générale. Rédacteur en chef : Mikhail Léontieff.

Nouvel Ordre Mondial: Le larbinisme des hautes fonctions au service de l’Empire…

Posted in actualité, altermondialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, média et propagande, néo-libéralisme et paupérisation, politique et lobbyisme with tags , , , , , , , on 10 octobre 2013 by Résistance 71

Kofi Annan peau noire masques blancs

 

Cameroon Voice

 

Le 9 Octobre 2013

 

url de l’article:

http://www.cameroonvoice.com/news/article-news-12814.html

 

Texte original de Thierry Meyssan Mars 2012

 

Malcolm X développait le portrait de la mentalité de ce qu’il appelle, d’une part, le « nègre des champs » et, d’autre part, le « nègre de maison », ou Oncle Tom, en référence au célèbre roman La case de l’Oncle Tom. Deux types de nègres qui existaient au temps de l’esclavage et qui perdurent de nos jours

« (…) Le nègre de maison, lui, vit, respire et se règle sur le pas de son maître et de sa famille. Il est majordome, cuisinière, servante ou mieux encore nourrice. Il aurait même la possibilité de racheter sa liberté ou de s’émanciper quand la bonne fortune le met entre les mains d’un maître « zweeen » ou éclairé, mais n’en veut pas vraiment car elle l’éloignerait de sa protection et ses bienfaits. Il voit même dans le droit de cuissage exercé par son maître ou ses fils une chance de purification de sa descendance, et accepte les châtiments corporels comme une œuvre de redressement moral salutaire pour lui ».

Le désir manifeste de quitter la Cpi qu’éprouvent les dirigeants des pays africains n’a pas été  du goût du « nègre de maison », ancien secrétaire général de l’Onu. Dans une sortie maladroite, Koffi Annan a défrayé la chronique hier en déclarant que  « Quitter la CPI serait une marque de honte pour l’Afrique ».

Cette déclaration n’est pas surprenante pour ceux qui connaissent l’individu. Pour ceux qui ne connaissent pas bien M. Annan, nous  « réchauffons» ici un texte de Thierry Meyssan, initialement publié en Mars 2012 pour le Réseau Voltaire, quelques jours après que M. Annan eût été nommé médiateur de la crise syrienne

Ne vous méprenez pas, un processus irréversible de prise de conscience gagne progressivement du terrain chez  les africains : Kofi Annan ne pourra pas l’arrêter. L’Afrique se portera mieux qu’on ne le pense, dans un proche avenir. Cette Afrique de demain ne se fera pas avec des espèces en voie de disparition de cet acabit…

___________

Si le bilan de Kofi Annan à l’ONU est une réussite incontestée en matière de management, de gestion et d’efficacité, il est extrêmement critiqué au plan politique. En tant que secrétaire général, il s’est appliqué à adapter l’Organisation au monde unipolaire et à la globalisation de l’hégémonie US. Il a remis en question les fondements idéologiques de l’ONU et l’a privée de sa capacité à prévenir les conflits. Pourtant, il est aujourd’hui chargé de résoudre la crise syrienne.

L’ancien secrétaire général des Nations Unies et Prix Nobel de la Paix, Kofi Annan, a été désigné comme envoyé spécial conjoint de Ban Ki-moon et de Nabil ElArabi pour négocier une solution pacifique à la crise syrienne. L’homme dispose d’une expérience hors du commun et d’une image de marque très positive, de sorte que cette nomination a été saluée par tous.

Que représente donc ce haut fonctionnaire international ? Qui l’a propulsé aux plus hautes fonctions ; quels furent ses choix politiques, et quels sont ses engagements actuels ? Devant toutes ces questions, la discrétion est de mise, comme si le titre qui fut le sien était un gage de neutralité.

Sélectionné et éduqué par la Fondation Ford et la CIA

Ses anciens collaborateurs louent sa prévenance, son intelligence et sa subtilité. Personnalité très charismatique, il a laissé une forte empreinte derrière lui car il ne se comporta pas simplement comme le « secrétaire » de l’ONU, mais plus encore comme son « général », prenant des initiatives qui revivifièrent une organisation enlisée dans la bureaucratie. Tout cela est connu et rabâché. Ses exceptionnelles qualités professionnelles lui ont valu le Prix Nobel de la Paix, bien que cet honneur devrait récompenser en théorie un engagement politique personnel et non une carrière de manager.

Kofi et sa sœur jumelle Efua Atta sont nés, le 8 avril 1938, dans une famille aristocratique de la colonie britannique de la Côte d’or. Son père était le chef tribal des Fantis et le gouverneur élu de la province d’Ashanti. Bien qu’opposé à la domination britannique, il fut un fidèle serviteur de la Couronne. Avec d’autres notables, il participa au premier mouvement de décolonisation, mais considéra avec suspicion et inquiétude l’agitation révolutionnaire de Kwame Nkrumah.

Quoi qu’il en soit, les efforts de Nkrumah aboutirent à l’indépendance du pays sous le nom de Ghana, en 1957. Kofi était alors âgé de 19 ans. Bien que n’ayant pas participé à la révolution, il devint vice-président de la nouvelle association nationale des étudiants. Il fut alors remarqué par un chasseur de tête de la Fondation Ford qui l’intégra dans un programme de « jeune leader ». À ce titre, il fut incité à suivre un cours d’été à l’université d’Harvard. Ayant éprouvé son enthousiasme pour les États-Unis, la Fondation Ford lui offrit des études complètes, d’abord en économie au Macalester College dans le Minnesota, puis en relations internationales à l’Institut universitaire des hautes études internationales de Genève.

La Fondation Ford, créée par le célèbre industriel Henry Ford, est devenue au lendemain de la Seconde Guerre mondiale un outil de la politique étrangère officieux des États-Unis, offrant un habillage respectable aux activités de la CIA [1].

La période des études de Kofi Annan aux outre-Atlantique (1959-1961) correspond aux moments les plus difficiles de la lutte pour les droits civiques des noirs (le début de la campagne de Martin Luther King à Birmingham). Il l’observa comme un prolongement de la décolonisation qu’il avait connu au Ghana, mais n’y participa pas non plus.

Satisfait de ses résultats académiques et de sa réserve politique, ses mentors états-uniens lui ouvrirent les portes de l’Organisation mondiale de la Santé, où il trouva son premier emploi. Après trois ans passés au siège de Genève, il fut engagé à la Commission économique pour l’Afrique, basée à Addis-Abeba. Cependant, ses diplômes étant insuffisants pour lui permettre d’ambitionner une carrière à la direction de l’ONU, il retourna aux États-Unis pour étudier le management au Massachusetts Institute of Technology (MIT) (1971-72). Il tenta un retour dans son pays d’origine comme directeur du Développement touristique, mais se trouva en conflit perpétuel avec le gouvernement militaire du général Acheampong, de sorte qu’il renonça et revint aux Nations Unies en 1976.

Une brillante carrière malgré des échecs tragiques

Il y occupa des fonctions variées, d’abord au sein de l’UNEF II (la force maintien de la paix mise en place pour séparer l’Égypte et Israël à la fin de la Guerre d’octobre 1973), puis comme directeur du personnel de l’Office des réfugiés (UNHCR). C’est à cette époque qu’il rencontra Maître Nane Lagergren qu’il épousa en seconde noces. Cette avocate suédoise est la nièce de Raoul Wallenberg, représentant spécial de la Suède en Hongrie durant la Seconde Guerre mondiale. Wallenberg est célèbre pour avoir sauvé des centaines de juifs persécutés en leur délivrant des passeports de complaisance. Il travaillait aussi pour l’OSS (prédécesseur de la CIA) comme agent de liaison des États-Unis avec la Résistance hongroise. Il disparut à la fin de la guerre ; il aurait été fait prisonnier par les Soviétiques afin de stopper l’influence US dans le pays. Quoi qu’il en soit, l’heureux mariage de Kofi Annan lui ouvrit les portes qu’il ne pouvait franchir, notamment celles des organisations juives.

Le secrétaire général Javier Perez de Cuellar choisit Kofi Annan comme assistant chargé des ressources humaines et responsable de la sécurité du personnel des Nations Unies (1987-90). Lors de l’annexion du Koweit par l’Irak, 900 employés de l’ONU se trouvèrent pris au piège. Kofi Annan réussit à négocier leur sortie avec Saddam Hussein. Il en tira un évident prestige au sein de l’Organisation. Il fut alors successivement chargé du Budget (1990-92), puis —sous le mandat de Boutros Boutros-Ghali— des Opérations de maintien de la paix (1993-96), avec une brève parenthèse comme envoyé spécial pour la Yougoslavie.

Selon le général canadien Romeo Dallaire, commandant des Casques bleus au Rwanda, Kofi Annan n’aurait pas réagi à ses très nombreuses sollicitations et porterait la responsabilité principale dans l’inaction des Nations Unies lors du génocide (800 000 morts, principalement des Tutsis, mais aussi des opposants Hutus) [2].

Un scénario identique se reproduisit en Bosnie où 400 casques bleus furent pris en otages par les forces bosno-serbes. Kofi Annan resta sourd aux appels du général Bernard Janvier et laissa perpétrer de prévisibles massacres.

Fin 1996, les États-Unis s’opposèrent à la reconduction de l’Égyptien francophile Boutros Boutros-Ghali comme secrétaire général. Ils parvinrent à imposer leur candidat : un haut fonctionnaire international issu de l’Organisation elle-même, Kofi Annan. Loin de jouer contre lui, ses échecs au Rwanda et en Bosnie devinrent ses atouts après qu’il les ait candidement confessés et promis de réformer le système pour qu’ils ne se reproduisent pas. Il fut élu sur cette base et prit ses fonctions, le 1er janvier 1997.

Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies

Immédiatement, Kofi Annan mit en place un séminaire annuel de deux jours à huis clos pour une quinzaine d’ambassadeurs à l’ONU. Cette « retraite » (sic) est généreusement accueillie par le Rockefeller Brothers Fund au Centre de conférence de Pocantico (au Nord de New York). Le secrétaire général y discute avec les représentants des États qui le soutiennent, hors instances de l’ONU, de la réforme de l’Organisation et des relations internationales.

Dans ce contexte, il réaffecta les dépenses de l’ONU en fonction des priorités politiques et réduisit significativement le budget du secrétariat général. Il réorganisa le fonctionnement administratif autour de quatre objectifs (paix et sécurité, développement, affaires économiques et sociales, affaires humanitaires). Il créa un poste de secrétaire général adjoint pour le suppléer et se dota d’un véritable cabinet apte à appliquer rapidement les décisions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.

La grande initiative de Kofi Annan fut le Global Compact, une mobilisation de la société civile pour un monde meilleur. Sur la base d’un dialogue volontaire, des entreprises, des syndicats et des ONG ont pu débattre et s’engager pour le respect des Droits de l’homme, celui des normes de travail et de l’environnement.

Dans la pratique, le Global Compact n’a pas eu les effets attendus sur le terrain. Il a par contre profondément dénaturé l’ONU, en relativisant le pouvoir des États-Nations et en reconnaissant celui de compagnies transnationales et d’associations qui n’ont de « non-gouvernementales » que le titre et sont en sous-main subventionnées par les grandes puissances. En érigeant des lobbies comme partenaires des États-Nations, Kofi Annan a enterré l’esprit de la Charte de San Francisco. Il ne s’agit plus de préserver l’humanité du fléau de la guerre en reconnaissant l’égalité en droit des États grands et petits, mais d’améliorer la condition humaine en faisant converger des intérêts privés. Le Global Compact, c’est le passage d’une logique presque unanimement acceptée selon laquelle le Droit international est au service du Bien commun, à une logique défendue par les seuls Anglo-Saxons pour qui le Bien commun est une chimère, tandis que la Bonne gouvernance consiste à coaliser le plus grand nombre d’intérêts particuliers. En définitive, le Global Compact a eu les mêmes effets que les galas de charité aux États-Unis : se donner bonne conscience avec quelques programmes médiatisés pour s’accommoder des injustices structurelles.

En ce sens, les mandats de Kofi Annan (1997-2006) reflètent la réalité de la période historique, celle d’un monde unipolaire voué à la globalisation de l’hégémonie états-unienne, au détriment des États-Nations et des peuples qu’ils représentent.

Cette stratégie emboîte le pas au dispositif mis en place par Washington dans les années 80 avec la National Endowment for Democracy, une agence qui, contrairement à son intitulé, vise à poursuivre l’action subversive de la CIA en truquant les processus démocratiques [3]. La NED subventionne, légalement ou pas, des organisations patronales, des syndicats ouvriers et des associations en tout genre. Tous participent en retour au Global Compact et infléchissent ainsi les positions des États-Nations qui n’ont pas les moyens de financer leurs propres lobbies. L’ONU ne se préoccupe plus de la Paix puisque le monde unipolaire a son gendarme, les États-Unis, mais absorbe toutes les formes de protestation pour mieux valider le désordre mondial et la globalisation progressive de l’hégémonie US.

Le discours lénifiant de Kofi Annan a atteint son apogée avec le Sommet du Millénaire.

147 chefs d’États et de gouvernements se sont engagés à éradiquer la pauvreté et à résoudre les principaux problèmes de santé dans le monde, dont le sida, sous quinze ans. Le bonheur universel ne nécessiterait aucune réforme politique, juste que chacun y mette un peu du sien en versant son obole. Que n’y avait-on pensé plus tôt ? Las ! Les Objectifs du Millénaire sont restés des vœux pieux, les injustices se poursuivent et nourrissent toujours la guerre et la misère.

Dans la même veine, lors de son discours devant l’Assemblée générale, le 20 septembre 1999, le secrétaire général exposa ce que l’on nomme la « doctrine Annan ». Arguant de sa propre impuissance au Rwanda et en Bosnie, il affirme que, dans ces cas là, les États ont failli à leur devoir de protéger leurs ressortissants. Il en conclut que la souveraineté des États, principe cardinal de la Charte de l’ONU, fait obstacle aux Droits de l’homme. Cette vision sera adoptée sous la dénomination « Responsabilité de protéger » par l’Union africaine, puis par l’ONU en 2005, lors du Sommet Mondial chargé du suivi du Sommet du Millénaire. La doctrine Annan est un avatar du devoir d’ingérence invoqué par les Britanniques pour guerroyer contre l’Empire ottoman et remis au goût du jour par Bernard Kouchner. Le concept rénové sera explicitement utilisé la première fois, en 2011, pour légaliser l’opération coloniale en Libye [4].

Par ailleurs, les mandats de Kofi Annan ont été marqués par le programme « Pétrole contre nourriture » qui fut imaginé par le Conseil de sécurité en 1991, mais ne fut effectif que de 1996 à 2003. Il s’agissait au départ de s’assurer que les revenus pétroliers de l’Irak seraient exclusivement utilisés pour satisfaire les besoins des Irakiens et pas pour financer de nouvelles aventures militaires.

Cependant, dans le contexte de l’embargo international et sous la supervision personnelle de Kofi Annan, ce programme est devenu un instrument des États-Unis et du Royaume-Uni pour saigner l’Irak tandis qu’ils occupaient la « zone de non-survol » (approximativement l’actuel Kurdistan autonome) jusqu’à ce qu’ils l’attaquent et le détruisent [5]. Durant des années, la population fut sous-alimentée et privée de médicaments. Plusieurs hauts fonctionnaires internationaux qui ont été chargés de ce programme l’ont qualifié de « crime de guerre » et ont démissionné après avoir refusé de l’appliquer. Parmi eux, le secrétaire général adjoint Hans von Sponeck et le coordinateur spécial Denis Halliday ont estimé que ce programme a provoqué le génocide d’1,5 million d’Irakiens, dont au moins 500 000 enfants [6].

Il fallut attendre l’invasion et la destruction de l’Irak pour que Kofi Annan se rebelle et dénonce le comportement de ceux qui lui avaient payé ses études, l’avaient propulsé au secrétariat général de l’ONU, et lui avaient décerné le Prix Nobel de la Paix. Il qualifia l’attaque de l’Irak d’illégale et s’inquiéta publiquement de ce que ce précédent réduise à néant le Droit international [7]. Washington répliqua brutalement en lançant une vaste opération d’espionnage à son encontre, à celle des membres de son cabinet, de sa famille et de ses amis. En définitive, Kojo Annan, le fils de Kofi, fut accusé d’avoir détourné des fonds du programme « pétrole contre nourriture » avec la bénédiction de son père. Or, techniquement, c’était impossible à l’insu des États-Unis et du Royaume-Uni. L’accusation ne parvint donc pas à convaincre les États membres de l’ONU et au contraire renforça l’autorité du secrétaire général [8]. Cependant, durant les deux dernières années de ses mandats Kofi Annan fut paralysé et contraint de rentrer dans le rang.

Retour à la case département

Après dix ans de secrétariat général, Kofi Annan poursuivit sa carrière dans des fondations plus ou moins privées.

En décembre 2007, les élections kenyanes dégénèrent. Le président Mwai Kibaki l’aurait emporté sur le candidat financé par Washington, Raila Odinga, prétendu cousin du sénateur Barack Obama. Le scrutin fut contesté par le sénateur John McCain qui appella à la révolution, tandis que des SMS anonymes dressèrent les ethnies les unes contre les autres. En quelques jours les émeutes firent plus de 1 000 morts et 300 000 déplacés. Madeleine Albright proposa la médiation de l’Oslo Center for Peace and Human Rights. Cet institut envoie deux médiateurs : l’ancien Premier ministre norvégien Kjell Magne Bondevik et l’ancien secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, tous deux administrateurs du Centre.

À l’issue de cette « médiation », le président Kibaki fut contraint de se plier aux volontés US. Il put se maintenir dans ses fonctions, mais dut d’abord accepter une réforme constitutionnelle qui le prive de ses pouvoir au profit de son Premier ministre, puis ils dut accepter de prendre Raila Odinga comme Premier ministre. Jouant au vieux sage africain, Kofi Annan contribua à donner un vernis de légalité à un changement de régime imposé par Washington [9].

Kofi Annan exerce aujourd’hui deux responsabilités principales. Il est d’abord le président de l’Africa Progress Panel, une organisation mise en place par Tony Blair à l’issue du sommet du G8 de Gleeneagles pour médiatiser les actions du Ministère britannique de la Coopération (DFID). Malheureusement les promesses du G8 n’ayant pas plus été tenues que celles du Sommet du Millénaire, l’Africa Progress Panel a une activité réduite.

Reste la présidence de l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA) qui se propose de résoudre les problèmes alimentaires du continent noir grâce aux biotechnologies. En fait, l’AGRA est un lobby financé par les Fondations Billes Gates et Rockefeller pour diffuser les OGM produits par Monsanto, DuPont, Dow, Syngenta et autres. La plupart des experts indépendants de ces multinationales s’accordent à dire que, au-delà de la question du choc environnemental, l’usage d’OGM non reproductibles rend les paysans dépendants de leurs fournisseurs et instaure une nouvelle forme d’exploitation humaine.

Cependant, le double langage de Kofi Annan, qui se déclare satisfait de son entretien avec le président el-Assad lorsqu’il est à Damas et déçu lorsqu’il est à Genève, n’a pas levé les questions sur ses intentions réelles.[1] « La Fondation Ford, paravent philanthropique de la CIA » et « Pourquoi la Fondation Ford subventionne la contestation », par Paul Labarique, Réseau Voltaire, 5 et 19 avril 2004

Kofi Annan en Syrie

Que vient donc faire l’ancien haut fonctionnaire international en Syrie ? En premier lieu, sa désignation révèle que le rôle ne pouvait pas être tenu par Ban Ki-moon dont l’image est ternie à la fois par sa soumission aux États-Unis et par des affaires ininterrompues de corruption [10]. Kofi Annan dispose, lui, d’une image positive malgré son bilan.

Deuxièmement, un médiateur n’a de chance de réussir que s’il est choisi par les protagonistes. Ce n’est pas le cas. Il représente le secrétaire général de l’ONU et son homologue de la Ligue arabe. Il défend l’honneur et la réputation de ces institutions sans avoir d’instruction politique précise.

Si la désignation de M. Annan a été approuvée de facto par les membres du Conseil de sécurité et par ceux de la Ligue, c’est qu’elle satisfait des attentes contradictoires. Pour les uns, l’envoyé spécial conjoint ne doit pas rechercher la paix, mais habiller une paix qui a déjà été négociée entre grandes puissances afin que chacun garde la tête haute. Pour d’autres, il peut au contraire rejouer le coup kenyan et réussir sans violence supplémentaire un changement de régime.

Au cours des trois dernières semaines, l’action de Kofi Annan a consisté à présenter comme son propre plan, une version amendée de celui qui avait été élaboré par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov. Ce faisant, il rend ce plan acceptable par Washington et ses alliés. En outre, M. Annan a volontairement introduit une confusion en laissant entendre qu’il avait convaincu le président el-Assad de désigner un de ses vices-présidents, Farouk al-Shara, pour négocier avec l’opposition. Il se serait agi d’une concession syrienne au Conseil de coopération du Golfe. En réalité, le vice-président al-Shara est chargé de ces négociations depuis un an et l’exigence de l’Arabie saoudite et du Qatar est tout autre : que le président el-Assad démissionne parce qu’il est alaouite et que le pouvoir échoit à ce vice-président par ce qu’il est sunnite. Il semble donc que l’envoyé spécial conjoint soit en train d’inventer une porte de sortie pour les États qui ont agressé la Syrie et inventé la fable d’une révolution démocratique réprimée dans le sang.

[1] « La Fondation Ford, paravent philanthropique de la CIA » et « Pourquoi la Fondation Ford subventionne la contestation », par Paul Labarique, Réseau Voltaire, 5 et 19 avril 2004

[2] Shake Hands with the Devil : The Failure of Humanity in Rwanda, par Roméo Dallaire, Arrow Books Ltd, 2004. Version française : J’ai serré la main du diable : La faillite de l’humanité au Rwanda, Libre expression, 2004.

[3] « La NED, vitrine légale de la CIA », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire/Однако, 6 octobre 2010.

[4] « Résolution 1973 », Réseau Voltaire, 17 mars 2011.

[5] « Annan : Génocide en Irak et Paix en Syrie ? », par Hassan Hamade, Réseau Voltaire/As-Safir, 22 mars 2012.

[6] « L’implication de l’ONU dans des crimes de guerre, entretien avec le comte Hans-Christof von Sponeck », par Silvia Cattori, Réseau Voltaire, 16 mars 2007.

[7] « Pour Kofi Annan, le droit international ne garantit plus rien », par Sandro Cruz, Réseau Voltaire, 7 juillet 2005.

[8] « Le harcèlement de Kofi Annan », Réseau Voltaire, 13 décembre 2004.

[9] « Le dessous du prix Nobel de la paix 2009 », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 13 octobre 2009.

[10] « Lettre ouverte au deshonorable Ban Ki-moon », par Hassan Hamade, Réseau Voltaire, 25 janvier 2012.

Guerre en Syrie: Le chaînon manquant…

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Israël le chaînon manquant dans le puzzle syrien

 

Adrian Salbuchi

 

2 Septembre 2013

 

url de l’article en français:

http://french.irib.ir/component/k2/item/272948-israël-le-chaînon-manquant-dans-le-puzzle-syrien,-par-adrian-salbuchi

 

 

Alors que le monde retient son souffle, se demandant quand les États-Unis et ses alliés vont attaquer la Syrie, les gouvernements occidentaux avec leurs médias traditionnels bien huilés semblent ignorer un joueur clé qui est resté étrangement silencieux durant cette crise : Israël.

Aujourd’hui, la puissance américaine repose en grande partie sur son armée terrifiante, son complexe industriel-financier – et son influence médiatique mondiale. Mais ce pouvoir s’érode rapidement parce que, à l’ère de l’Internet, le pouvoir est de plus en plus une question de prestige, de crédibilité et de confiance, un domaine où les États-Unis sont en train de tomber bien bas.

L’interventionnisme américain est devenu beaucoup trop flagrant au cours des vingt dernières années. La guerre des Balkans à la fin des années 1990, avec le bombardement de Belgrade, a déclenché des alarmes initiales, en particulier parmi les pays non-alliés, car, couplée avec la guerre du Golfe de Bush Senior en 1991, il est devenu clair que l’hégémonie américaine internationale était résolue à conquérir le monde entier, en particulier avec une ex-Union soviétique écartée.

Mais ce qui a vraiment fortement mis tous les clignotants au rouge fut l’Irak. Les fausses accusations d ’« armes de destruction massive » comme prétexte de Baby Bush [Bush Junior] pour détruire tout un pays, juste pour qu’il puisse déloger un ancien associé indésirable, Saddam Hussein, furent manifestement obscènes et prouvèrent à beaucoup que l’hégémonie américaine mondiale était officiellement hors de contrôle.

À l’époque, l’Amérique avait encore l’excuse des horribles attaques terroristes du 11 Septembre à New York et Washington pour justifier son bellicisme massif. Mais la crédibilité américaine prit un rude coup lorsque George W lui-même finit par admettre que : (a) il n’y avait aucun lien d’aucune sorte entre Saddam et le méchant Oussama, qui aurait soi-disant perpétré le 11 Septembre (hélas ! nous ne saurons jamais, parce que plus tard Obama a jeté Oussama dans l’océan…) et (b) il n’y avait incontestablement, assurément et sans équivoque aucune, pas d’armes de destruction massive en Irak… Ajoutez à cela le poids de preuves croissant selon lesquelles le 11 Septembre pourrait avoir été une attaque sous faux drapeau…

Alors, l’Amérique dut concevoir un nouveau système de guerre, ou plutôt un nouveau système pour entrer elle-même en guerre contre ses cibles, sélectionnées comme étant des « États voyous ». Il n’est plus suffisant d’aller à la télévision accuser tel ou tel pays d’être un « danger pour la paix mondiale » ou qu’il « n’a pas le genre de démocratie que nous voulons voir » comme Hillary Clinton le déclara lors d’une visite en Égypte pas plus tard que l’année dernière…

Non. Quelque chose de nouveau devait être inventé : le « printemps arabe », qui est le code pour inciter, déclencher et manigancer des troubles civils dans les pays cibles qui peuvent ensuite dégénérer, le cas échéant, en véritable guerre sociale. Et si le gouvernement du moment ne comprend toujours pas le message et insiste en s’accrochant au pouvoir, alors les agences de renseignement des États-Unis, du Royaume-Uni, d’Israël et d’autres peuvent intensifier la destruction nationale manipulée jusqu’à une totale guerre civile. Libye, Syrie, Égypte, Afghanistan, Irak…

Manigancer de telles guerres dans tout le Moyen-Orient a fondamentalement nécessité : 
(a) d’identifier qui seraient les « combattants de la liberté » – pour la plupart des voyous, des terroristes, des guérilleros, des soldats de fortune et un large assortiment de violents mercenaires ; 
(b) ensuite, de les armer avec des armes mortelles high-tech (mais pas trop « high » quand même), de les financer pour s’assurer qu’ils puissent faire ce qu’ils veulent à l’intérieur du pays cible ; 
(c) de les lâcher sur les villes d’Égypte, de Libye, de Syrie et d’ailleurs, tout comme ils l’ont fait (et le font encore) à l’intérieur de l’Irak.

Et si tout cela ne fonctionne pas, alors il suffit d’ordonner à plusieurs escadrons de chasse de l’OTAN de bombarder ce fichu lieu et de fournir des données satellites aux « combattants de la liberté » locaux afin qu’ils puissent exécuter des opérations style Hollywood – telles que l’assassinat en direct à la TV de Mouammar Kadhafi et de sa famille, accompagné des ricanements d’Hillary Clinton sur CBS TV.

Mais le cas de la Syrie est différent.

Le monde ne se laissera plus embobiner par l’Amérique. Des secteurs croissants de la communauté internationale commencent à comprendre que ces bandes d’assassins violents, de violeurs et de criminels – alias les combattants de la liberté syriens – ont été armés, entraînés, financés et ont reçu le plus total soutien des médias grâce aux États-Unis et leurs alliés.

Le département américain des sales tours est actuellement en plein délire, essayant de mettre sur le dos du gouvernement de Bachar Al-Assad les récentes attaques aux armes chimiques, mais cela ne remporte qu’un très faible taux de crédibilité. Le bon sens dicte que ce serait un suicide pour le président Bachar al-Assad de tuer ses propres citoyens – y compris les enfants – dans un quartier de Damas, quand ses vrais ennemis sont les terroristes et les délinquants soutenus par l’Occident, qui tente de conquérir son pays.

Pourquoi Assad donnerait-il à ses ennemis « le prétexte parfait » pour une attaque armée contre la Syrie ? Le bon sens nous dit que Assad est sûrement en train de dire la vérité lorsqu’il accuse ces mêmes terroristes de cette attaque « sous fausse bannière » comme moyen d’amener l’OTAN à leur côté, avec ses jets, ses bombes à fragmentation et napalm.

Chaque fois que nous entendons parler de ces attaques terroristes épouvantables nous devons comprendre deux questions fondamentales : (1) qui bénéficie de telles attaques, et (2) suivre la piste de l’argent…

Aujourd’hui, la crédibilité, la confiance et le prestige de l’Amérique sont tombés si bas que même le parlement britannique a finalement désavoué toute intervention armée par le Royaume-Uni, au moins jusqu’à ce que l’ONU ou quelque entité véritablement indépendante digne de confiance produise des preuves irréfutables de qui a perpétré ces odieuses atrocités à l’arme chimique en Syrie la semaine dernière.

Donc David Cameron ne peut pas pour l’instant suivre en mode « petit caniche » derrière Obama, comme son prédécesseur Tony Blair le fit docilement derrière George W. il y a une dizaine d’années sur l’Irak.

Mais regardons trois facteurs qui font défaut dans l’analyse en cours sur la crise syrienne :

1) Israël

Depuis les deux guerres du Golfe, l’Amérique a mené les guerres des Israéliens pour leur compte. Dans le cas de l’invasion et de la destruction de l’Irak en 2003, c’était tellement évident que les mêmes néoconservateurs qui en 1996-7 planifièrent la guerre contre l’Irak dans leur think tank « Projet pour un nouveau siècle américain » (PNAC) – Paul Wolfowitz, Richard Perle, Dick Cheney, Condoleezza Rice, Bush, Douglas Feith, David Wormser et d’autres – mettraient plus tard à exécution cette guerre en 2003 en tant que responsables de haut rang dans le régime de George W. Bush. La principale raison : Saddam Hussein était alors la plus grande menace pour « l’allié démocratique et préféré » Israël.

Plusieurs de ces néoconservateurs – Douglas Feith, David Wormser, Richard Perle et d’autres bushistes – avaient déjà été jusqu’à préparer un rapport sur la stratégie pour le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu en 1996 intitulé « A Clean Break : A New Strategy for Securing the Realm » [Rupture franche : une nouvelle stratégie pour sécuriser le royaume] qui, encore une fois, ciblait à l’époque l’Irak comme ennemi-clé d’Israël.

Donc, la guerre en Irak fut dans une large mesure une guerre par procuration qui profita seulement à Israël, devenant un énorme casse-tête pour l’Amérique, qui perdit des milliers de ses fils.

Comme l’ancien Premier ministre de Malaisie, Mahathir Bin Mohammed, le fit remarquer avec sa célèbre phrase : « Les Juifs gouvernent le monde par procuration. Ils obtiennent des autres qu’ils se battent et meurent pour eux. »

2) Israël

Le rôle excessif et dominateur que le sionisme joue dans la politique américaine, dans la finance américaine, dans les universités américaines, dans les médias traditionnels américains, y compris Hollywood, « l’industrie du divertissement », et sur la politique étrangère américaine, a pratiquement été prouvé. La question vitale aujourd’hui se situe au cœur d’un débat d’une portée de plus en plus considérable parmi l’intelligentsia américaine, qui, bien sûr, est étouffé par les médias dominants.

L’une de ses étapes a été jouée par deux de ses prestigieux professeurs – Stephen Walt, ancien doyen de la John F. Kennedy School of Government à l’université d’Harvard et son collègue John Mearsheimer, professeur de sciences politiques à l’université de Chicago – qui publièrent en 2007 leur livre révolutionnaire : Le Lobby israélien et la politique étrangère américaine.

Ils y montrent d’une manière très convaincante et bien documentée l’étendue considérable et puissante de l’influence que le lobby « Israël First » exerce sur les médias américains, les banques, le Congrès, le département d’État et le Pentagone, où ils sont capables de faire pencher la balance systématiquement en faveur d’Israël, quel qu’en soit le coût. Peu importe que ce soit bon ou mauvais.

Et le coût pour l’Amérique a été extrêmement préjudiciable à l’intérêt national. C’est là que réside l’une des racines les plus importantes du mépris, de la méfiance et même de la haine que des portions croissantes de l’opinion publique mondiale ressentent envers les États-Unis et ses principaux alliés.

3) Israël

Le problème du président Barack Obama en ce moment est que l’establishment militaire américain est très conscient des enjeux de toute « attaque préventive » contre la Syrie et, plus important encore, contre l’Iran. Une intervention contre l’un ou les deux pays conduira sans aucun doute à une guerre massive au Moyen-Orient.

Regardez une carte : la Syrie et l’Iran se situent carrément à l’intérieur de la sphère d’intérêt géopolitique vitale de la Russie, ce qui est déjà une lourde intrusion occidentale. Lisez sur leurs lèvres : la Russie dit : « Pas un pas de plus ! »

L’Amérique ferait bien de réfléchir à deux fois ou même à trois fois avant de faire quoi que ce soit d’inconsidéré…

Mais voilà le problème : depuis qu’Israël a été forcé de quitter le Sud-Liban en juillet 2006 par les forces bien armées et entraînées (par l’Iran et la Russie) du Hezbollah commandées par Nasrallah, l’État juif panse ses blessures ; fureur noire et vengeance brûlent dans le cœur du sionisme.

Depuis que Bibi Netanyahu est revenu au pouvoir en 2011, Israël est passé en mode de guerre préventive, utilisant le programme nucléaire inexistant de l’Iran comme prétexte. Depuis ces quatre ou cinq dernières années, Israël menace l’Iran d’une attaque militaire presque tous les jours, avec Washington, Londres et Paris, nerveusement complaisants…

Cependant l’armée américaine est douloureusement consciente qu’il y a une part de vérité dans les paroles de l’ancien Premier ministre Mahathir. Ils ne veulent pas encore mener une autre guerre israélienne, cette fois en Iran. Donc, ils ont agi comme frein, ce qui se reflète en la prudence croissante d’Obama en ce qui concerne l’Iran, allant même jusqu’à dépêcher ses huiles en Israël pour calmer Netanyahu, essayant de s’assurer qu’Israël ne lance pas une attaque préventive unilatérale sur l’Iran qui entraînerait les États-Unis dans un conflit massif au Moyen-Orient, dont les résultats sont loin d’être clairs.

En fait, une défaite américano-britannique au Moyen-Orient pourrait très bien signifier le début de la fin de l’Amérique en tant que superpuissance mondiale. La Russie (et la Chine) regardent d’un œil perçant le Moyen-Orient… Ils ne clignent pas des yeux…

La stratégie militaire américaine en cours indique que si la Maison Blanche doit se mesurer à l’Iran, il faut d’abord sortir la Syrie. Au moins, cela semble la promesse bateau de l’Amérique pour garder les chiens de guerre de Netanyahu à distance.

Mais les semaines se sont transformées en mois, les mois en années et les sionistes en Israël, aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en France et ailleurs sont de plus terriblement impatients.

Ils veulent leur Jour J maintenant !

Si la route de Téhéran doit passer par Damas, alors Amérique : prends Damas maintenant !

Depuis trois ans, les États-Unis manigancent la guerre civile du « printemps arabe » en Syrie mais Bachar al-Assad est toujours là. La Russie est derrière lui.

Un vote unanime du Conseil de sécurité de l’ONU contre la Syrie n’est plus une option. Le Parlement de Grande-Bretagne vient de dire non à David Cameron, et le soutien du président français François Hollande aux États-Unis manque de poids : malheureusement pour le Français, cela fait de nombreuses décennies que la France n’est plus en mesure de décider de l’issue d’une guerre, où que ce soit… Maintenant, nombreux au Congrès américain sont ceux qui rouspètent…

Alors, Monsieur le « CEO », [Chief Executive Officer, PDG] des États-Unis d’Amérique Barack Obama : la décision vous appartient maintenant !

Vous pouvez soit entrer en conflit avec la Syrie aujourd’hui – aujourd’hui, même – sous les applaudissements unanimes des sionistes en Israël, du Congrès, des banques et marchés mondiaux, des grands médias du monde entier, soit vous vous retirez et votre prestige, « M. Le Président », est anéanti.

Vous serez mis au pied du mur. Et un président menteur n’est pas président du tout.

M. Poutine ne le sait que trop bien, et c’est pourquoi il maintient une puissante flotte russe errant dans les eaux de la Méditerranée au large des côtes de la Syrie…

Encore une fois, honte à toi, Amérique !

Un autre beau pétrin dans lequel le cheval de Troie israélien t’aura mise…

 

Adrian Salbuchi (Argentine)

 

Traduction : Dana Goldstein

3ème guerre mondiale: Le deux poids deux mesures de l’empire sur la question des armes chimiques …

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Les Etats-Unis donnèrent leur accord à Saddam Hussein d’utiliser des armes chimiques contre l’Iran

 

RT

 

26 Août 2013

 

url de l’article original:

http://rt.com/news/chemical-weapons-iran-iraq-980/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Alors que Washington se casse la tête de savoir s’il faut marteler Damas militairement à propos de l’utilisation non identifiée d’agents chimiques en Syrie, des documents déclassifiés de la CIA révèlent qu’il y a 25 ans, les Etats-Unis ont permis au sanguinaire Saddam Hussein d’utiliser des armes chimiques dans sa guerre contre l’Iran.

Les documents récemment déclassifiés aux archives nationales de College Park dans le Maryland, suggèrent que les Etats-Unis suivaient de près l’utilisation d’armes chimiques par le régime de Saddam Hussein à la fois contre l’ennemi dans la guerre Irak-Iran (1980-1988) mais aussi contre la population kurde, rapporte le magazine Foreign Policy.

Malgré le fait que l’establishment américain regardait Saddam Hussein comme anathème et ses officiels comme des “voyous”, la politique du président Ronald Reagan dans les années 80 était de s’assurer que l’Irak gagnerait la guerre contre l’Iran, a écrit le magazine.
L’ancien membre de la CIA et colonel de l’armée de l’air US en retraite Rick Francona a dit en exclusivité pour Foreign Policy qu’à partir de 1983 les Etats-Unis n’avaient aucun doute sur le fait que Saddam Husein utilisait des armes prohibées comme le gaz moutarde contre ses adversaires, tandis que l’Iran manquaient de preuves solides et n’a pas pu amener le cas devant l’ONU.

Rick Francona, un linguiste arabe expérimenté, qui a travaillé pour la NSA et le renseignement militaire (DIA), a partagé le fait qu’il avait eut pour la première fois la preuve que l’Irak utilisait des armes chimiques contre les Iraniens en 1984, alors qu’il servait comme attaché de l’armée de l’air à Aman en Jordanie. Il a eu la preuve tangible que les Irakiens utilisaient le neurotoxique Tabun contre les troupes iraniennes qui avançaient dans le sud de l’Irak.

Il a aussi été révélé que le complexe industriel militaire de Saddam Hussein ne pouvait pas produire les obus contenant les substances chimiques toxiques et qu’il était lourdement dépendant d’équipement étranger, l’Italie étant mentionnée comme une des sources de cet équipement spécial.

Mais le gouvernement Reagan voulait que Baghdad gagne la guerre, alors il a détourné le regard sur l’utilisation irakienne d’agents chimiques dans sa guerre contre l’Iran, car cela pouvait renverser la marée dans la bonne direction, rapporte toujours le magazine Foreign Policy.

Durant la guerre avec son voisin, l’Iran était dans un état d’isolement international avancé après l’avènement de la révolution islamique de 1979 et l’armée iranienne était à la traîne en comparaison de l’armée irakienne.

Et pourtant, avec sa population soutenant de manière fanatique son leadership islamique, l’Iran utilisa des tactiques “inhumaines” de “vagues humaines” pour attaquer, tournant ses soldats en chair à canon et annulant ainsi la supériorité militaire de l’Irak. En 1987, les données des satellites de renseignement américains suggérèrent que l’Iran concentrait ses troupes pour une puissante offensive sur la péninsule de Fao au sud de l’Irak dans la direction de la ville clef de Bassora. Les Etats-Unis pensèrent que les Iraniens pourraient attaquer décisivement au printemps 1988, capitalisant sur des erreurs tactiques faites par l’armée irakienne qui auraient pu résulter en la défaire de l’Irak.

D’après Francona, après avoir pris connaissance des données du renseignement, le président Reagan écrivit une note de marge pour le ministre de la défense Frank Carlucci: “Une victoire iranienne est inacceptable”.

Ainsi, les Américains optèrent pour le partage de l’information avec Bagdhad, autorisant la DIA à donner des données détaillées sur l’emplacement exact des unités de combat iraniennes, des mouvements de l’armée de l’air, des systèmes de défense anti-aérienne et des renseignements logistiques clef.

Rick Francona a décrit l’imagerie satellite et le renseignement électronique fournis aux Irakiens comme des “ensembles de données de ciblage” permettant aux forces aériennes irakiennes de détruire les cibles iraniennes.

En 1988, L’Irak conduisit 4 attaques chimiques successives sur les troupes iraniennes avec du gaz sarin, tuant des centaines de combattants, si pas des milliers sur place. Les attaques furent conduites avant des tirs nourris d’artillerie classiques et furent déguisées en étant accompagnées d’obus fumigènes.

Les statistiques officielles iraniennes des morts durant ces attaques ne sont toujours pas disponibles.

A l’époque, Francona servait comme attaché militaire à Bagdhad et il fut témoin de l’après de ces attaques lui-même. Il visita Fao peu de temps après que la péninsule fut reprise par les Irakiens. Sur le champ de bataille, il vit des centaines de seringues d’atropine utilisées, que les troupes irakiennes, elles aussi gazés, avaient utilisé comme antidote contre les effets mortels du gaz sarin. Francona prit plusieurs de ces seringues comme preuve d’utilisation d’armes chimiques.

Francona a dit au magazine Foreign Policy que Washington “était très satisfait” que les Iraniens avaient été frappés préemptivement afin de les empêcher de lancer leur offensive.

Aussi, en mars 1988, L’Irak lança une attaque au gaz neurotoxique contre le village kurde séparatiste de Halabja, à 240km au nord-est de Baghdad, tuant 5000 personnes, tandis que 7000 autres souffrirent de problèmes de santé récurrents à cette attaque.
La dernière des attaques chimiques lancées par l’Irak en 1988 fut celle nommée l’Offensive du Ramadan Sacré, qui devint la plus grosse utilisation d’armes chimiques de l’histoire moderne, et ce probablement jusqu’à cette attaque récente lancée dans la banlieue de Damas, dont les morts se compteraient de l’ordre de quelques douzaines à plus de 1300.