Archive pour le temps de l'insurrection

Conjoncture politique : ras le bol, autodéfense et changement de paradigme politique… Quelques réflexions sur l’insurrection (collectifs Do or Die et Résistance 71)

Posted in 3eme guerre mondiale, actualité, altermondialisme, autogestion, crise mondiale, démocratie participative, gilets jaunes, militantisme alternatif, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, politique et social, politique française, résistance politique, société des sociétés, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , on 18 mars 2023 by Résistance 71

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Texte intéressant publié il y a 20 ans. Nous commentons sous notre traduction. Le débat est on ne peut plus d’actualité par les temps qui courent de plus en plus vite …
~ Résistance 71 ~

Quand sera t’il temps pour l’insurrection ?

Do or Die (collectif)

2003

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

J’ai une théorie : à chaque fois que le gouvernement ou quelque corporation / entreprise commet un acte de destruction envers la nature ou l’humanité, si à chaque fois qu’un pétrolier pollue une côte, ou qu’une multinationale pille et détruit un endroit sauvage, si à chaque fois qu’ils le font, je prends ma colère et la place dans un certain compartiment de mon cerveau, alors lorsque vient le temps de l’insurrection, je serai capable d’accéder à ces morceaux de colère que j’ai stockés au fil du temps.

Ainsi, je passe mes journées à tenter patiemment et continuellement d’arrêter la folie qui dirige les gouvernements et les entreprises et chaque jour qui passe, j’entends de nouvelles atrocités commises. Je vais dans une énième manif encadrée d’un point A à un point B, crie quelques slogans, puis en fin de journée, j’ouvre de nouveau ce compartiment spécial et y range la colère de ces quelques nouvelles atrocités, tout cela dans l’anticipation qu’un jour, j’aurai besoin de cette colère pour mettre à bas l’Empire.

Mais une nouvelle peur m’a submergé. Je ressens ma colère m’appelant de l’intérieur de ce compartiment. J’entends les portes se déverrouiller de l’intérieur et cette nouvelle question terrible se fait jour :

Comment vais-je savoir quand sera venu le temps de l’insurrection ?

Sera-ce la prochaine fois qu’une rivière ou un lac sont détruits après avoir été inutilement pollués ? Ou lorsque les entreprises bûcheronnes auront détruit un nouvel-écosystème et chasser les peuples natifs de la terre ancestrale ?

Est-ce le temps de l’insurrection ?

Ou sera-ce lorsqu’un gouvernement ou l’OTAN ou l’ONU bombardent un pays et assassinent des dizaines de milliers de personnes ? Ou quand une autre multinationale est complice de l’assassinat de tribus indigènes pour que de nouvelles zones de la terre puissent être sauvagement pillées ?

Est-ce alors le temps de l’insurrection ?

Quand votre usine locale exporte une autre cargaison d’armes faites et destinées à tuer des gens comme vous et moi ? Si les entreprises continuent de polluer intensément, si l’écologie est mise de côté pour le seul profit ? Si certaines personnes œuvrent de façon à mettre en péril les vies d’une multitude de superbes animaux et de plantes de notre planète ? 

Est-ce alors le temps de l’insurrection ?

Ou alors continuons-nous à simplement faire des manifs, envoyer des pétitions en espérant que le système comprenne ses fautes et change de lui-même, ou en espérant une future révolution quand nous aurons les masses de notre côté et que nous pourrons corriger les choses ? Devons-nous espérer cela alors que le système, lui, continue son entreprise de destruction de tout, nous, la planète, jusqu’à un tel niveau qui verra le monde ne plus être un bon endroit pour vivre quand nous aurons enfin décidé de faire physiquement quelque chose à ce sujet ?

Devons-nous continuer à attendre et attendre encore jusqu’à ce que les choses viennent au point critique sans doute de non-retour ? Sera-ce alors temps pour l’insurrection ?

Ou sera t’il trop tard ?…

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Zomia_geo
Zomia.. des siècles d’insurrection pacifique…

NdR71 : le 1er janvier 1994, les Zapatistes du Chiapas au Mexique tracèrent la ligne dans le sable contre les gouvernements fédéraux et provinciaux mexicains et le système étatico-marchand dans sa phase destructrice finale appelée “néo-libéralisme”. Ils crièrent au monde un ¡Ya Basta! Ou “Ça suffit !” qui résonne toujours plus encore aujourd’hui 29 ans plus tard. Les Zapatistes ont montré au monde depuis cette date historique la manière, devant être adaptée selon besoins et circonstances et pour laquelle ils s’étaient préparés dans la clandestinité pendant 10 ans, de changer le paradigme politico-social, de fonctionner de manière horizontale, décentralisée et non-coercitive, tout en se protégeant d’attaques potentielles d’un système de plus en plus aux abois. Ils ont démontré depuis près de trente ans, la qualité d’un fonctionnement social où le peuple dirige et le gouvernement obéit.

« Chiapas, feu et parole d’un peuple qui dirige et un gouvernement qui obéit » (PDF)

« La Sixta » (PDF)

Zomia existe en Asie sur un très grand territoire traversant les frontières fictives de 7 pays entre la Thaïlande, la Laos, le Vietnam la Birmanie / Myanmar, la Chine méridionale, le nord de l’Inde et une partie du Pakistan dont elle se moque bien ; une zone grande comme à peu près l’Europe et où vivent plus de 100 millions de personnes hors état et hors institutions (cf les recherches de l’anthropologue James C. Scott traduites sur R71…), non pas des gens attendant “la civilisation”, mais les descendants de gens qui ancestralement, ont fui les basses-terres étatiques du servage, de la conscription et de la taxation pour vivre libre dans les hautes terres incontrôlables par l’État, quel qu’ils soit, chinois ou autre, en plus des peuples locaux des hauts-plateaux.

ZOMIA(PDF)

« L’art de ne pas être gouverné » et « Les formes quotidiennes de la résistance paysanne » (James C. Scott)

« Insurrection et Utopie » (Dr Bones)

« Du Chiapas aux Gilets Jaunes, unification de la rébellion contre le système étatico-marchand »

Tract Gilets Jaunes « Tout le pouvoir aux ronds-points ! » (PDF)

La question demeure : quand assez est-il assez ?… L’insurrection vient quand des groupes de personnes politiquement conscientes et convergeant complémentairement vers le même but, tracent la ligne dans le sable et disent ouvertement, irrémédiablement et durablement : ¡Ya Basta! / Ça suffit !
Ceci dit, nous ne voyons pas nécessairement l’insurrection comme étant un acte de violence. L’insurrection est un acte de négation de la voie nihiliste étatico-marchande et de sa relation de domination institutionnalisée, une poussée dans un changement radical de la relation sociale, d’un retour à nos racines humaines ancestrales et naturelles de coopération et d’entraide, de la mise en place d’une relation interconnectée des associations libres à l’échelle planétaire. Une fois mise en place et fonctionnelle, l’auto-défense des zones émancipées deviendra une nécessité temporaire. Les peuples du monde sous le joug et l’agression systémiques étatico-marchands sont en état permanent de légitime défense. La légtitime défense n’est pas une action de violence, elle est un réflexe  inhérent à la survie. Il est nécessaire de bien comprendre que l’État et la relation marchande sont élitistes par nature, fondés sur un rapport de domination et d’oppression nécessitant une coercition de tous les instants, coercition induite, organisée, institutionnalisée, cela constitue la construction sociale appelée “violence”. L’inversion accusatoire systémique disant que les manifestants mécontents sont “violents” fonctionne par lavage de cerveau sémantique, elle  montre une fausse réalité, celle d’institutions victimes. La réalité est inverse : les peuples ne font que se défendre contre l’agression permanente, plus ou moins intense selon les conjectures, menée contre eux. Ceci dit, en l’état actuel des choses, organiser des zones de combats de rues contre les chiens de garde du système, c’est aller au casse-pipe sans conscience politique. L’idée est d’organiser d’abord les associations libres localement et de manière interconnectée, de court-circuiter le rapport de domination étatico-marchand, pour enfin avoir réellement quelque chose à défendre de la violence institutionnelle tout en attirant toujours plus de sympathie des foules indécises. Comme toujours, la problématique est de ne pas mettre la charrue avant les bœufs. Lâcher prise de la fange systémique et créer l’alternative émancipatrice à défendre, une ZAD régional, puis “nationale”, puis planétaire, des dizaines de milliers de “Chiapas” du monde librement associés et connectés hors rapports étatiques et marchand, hors salariat et hors de cette imbécilité sans nom de la “valeur d’échange” totalement anti-naturelle. Tout part de l’individu conscient, de son association avec ses semblables, des associations libres communicantes et du rayonnement vers le collectif. Individu et collectif ne sont pas antithétiques, ils sont complémentaires. L’État soumet coercitivement l’individu à sa puissance collective fictive pseudo-légale, anti-naturelle, l’entreprise soumet coercitivement l’individu au “marché” et ses “lois” bidouillées et fictives et nous font croire que l’individu doit servir “la ruche”. L’individualiste forcené refuse et craint le collectif qui doit la personnalité dans sa coercition sociale. L’humain est grégaire, l’individu a besoin des autres, mais dans une relation harmonieuse d’entraide et de coopération, ce que nous avons fait durent des centaines de milliers d’années jusqu’à il y a environ 5000 ans où l’humanité a pris le mauvais virage. Une fois compris cela, corriger la course des évènements, par les individus conscients, passe de la possibilité à une nouvelle réalité. Rien n’est inéluctable, sauf la mort et tout ce qui est construit peut-être déconstruit. L’État, la marchandise, l’argent, le salariat ne le sont aucunement et ne sont en aucun cas “ce qu’on peut faire de mieux pour l’humanité”, bien au contraire ! Il suffit d’en prendre conscience pleinement pour agir…
Il suffit de dire NON ! Et d’agir en conséquence. Cela passe par dire NON ! Aux petites choses imposées du quotidien, ces choses qui nous mènent directement à la mise en esclavage dans la société dystopique de la dictature technotronique tant voulue par la clique d’oligarques psychopathes dégénérés du haut de la pyramide coercitive.
La véritable question n’est pas “quand est venu le temps de l’insurrection ?” Mais plutôt “Qu’est-ce que l’insurrection ?” Nous avons posé quelques bases et jalons que nous pensons solides de réponse dans ces quelques lignes. Qu’en pensez-vous ?…
Tout commentaire bienvenu !
Vive la Commune Universelle de notre humanité enfin réalisée !

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Emiliano Zapata et le peuple en arme assumant son auto-défense

Il n’y a pas de solution au sein du système, n’y en a jamais eu et ne saurait y en avoir ! (Résistance 71)

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

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5 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

Société des sociétés organique avec Gustav Landauer

yin-yang_celeste