Archive pour inter caetera doctrine de la découverte

Continuité coloniale, doctrine chrétienne de la découverte, Trump et privatisation des « réserves » indiennes…

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A lire: « Païens en terre promise, décoder la doctrine chrétienne de la découverte », Steven Newcomb, 2008 (traduction Resistance 71)

 

Un plan foireux de privatisation des terres indiennes en marche ?

Le gouvernement Trump prévoit de “mettre les terres indiennes dans des mains privées”…

 

Steven Newcomb

 

26 décembre 2016

 

url de l’article original:

https://indiancountrymedianetwork.com/news/opinions/misguided-plan-privatize-native-nation-lands/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

“Des conseillers de Trump visent à privatiser les réserves indiennes riches en pétrole” fut la récente manchette d’une info divulguée par l’agence de presse Reuters et sa journaliste Valérie Volcovici. Son histoire cadre les terres et les ressources des nations autochtones comme appartenant aux Etats-Unis sans explication aucune de cette supposition. Mme Volcovici écrit par exemple: “les réserves des indigènes américains ne couvrent que juste 2% de la supercie des Etats-Unis, mais elles contiennent près de 20% du pétrole et du gaz naturel de la nation, ainsi que ses vastes réserves de charbon.” La “nation” à laquelle elle se réfère en utilisant la forme possessive est évidemment les Etats-Unis.

Mme Volcovici commence son article en applicant immédiatement le mot “nation” aux Etats-Unis et non pas aux nations natives indigènes. A de rares exceptions mineures près, elle utilise le plus souvent les termes “d’Américains natifs” et de “tribus” plutôt que celui de “nations”. De plus, son utilisation de la forme possessive suggère que les réserves de pétrole, le gaz et de charbon appartiennent de droit aux Etats-Unis et non pas à nos nations natives.

Le narratif de Reuters dit qu’un groupe de personnes conseille le président élu Donald Trump sur les affaires indiennes. Ils veulent “libérer ces ressources énergétiques de ce qu’ils appellent une bureaucratie fédérale suffoquante qui détient 56 millions d’acres de terre tribales.” Tandis que le narratif clairement stipule que les Etats-Unis “détiennent le titre de propriété” de ces terres, il n’explique pas le fondement sur lequel s’appuie les Etats-Unis pour affirmer un tel “droit” au titre des terres des nations natives. Nous allons y revenir dans un moment.

En tout cas, un plan a été élaboréé dans quelques quartiers de l’administration naissante Trump pour fournir l’opportunité de “mettre ces terres indiennes entre des mains privées.” Ceci, dit Mme Volcovici, est une “idée politiquememt explosive”. Si le plan réussi, “cela pour mettre un terme à plus d’un siècle de politique fabriquée pour préserver les tribus indiennes sur les réserves appartenant aux Etats-Unis et qui sont gouvernés par les leaders tribaux comme nations souveraines.

Il manque clairement qurlque chose. Quelle “nation souveraine” au monde a sa terre, son territoire “possédé” par une autre nation ? Ce point est mis en évidence lorsque Mme Volcovici dit plus avant: “Les tribus ont le droit d’utiliser la terre mais celle-ci ne leur appartient pas.”

Arrêtons nous ici et demandons-nous ceci: Sur quelle logique les Etats-Unis ont-ils déclaré que nos nations natives ont le droit d’utiliser la terre, mais que le gouvernement fédéral est le juste propriétaire de la terre ? La logique est bien évidemment, la doctrine chrétienne de la découverte et de la domination, fondée sur des bulles pontificales du Vatican datant du XVème siècle (NdT: Romanus Pontifex et Inter Caetera) et sur les chartes royales d’Angleterre. Pour une raison ignorée, ceci n’a pas été cité dans l’histoire de Mme Volovici.

Voici comment cette logique aurait pu être intégrée dans son rapport: “D’après la loi fédérale indienne, les nations natives ont le droit d’occupation et d’utilisation des sols, mais, en conséquence des bulles pontificales et des chartes royales d’Angleterre, ainsi que de la doctrine chrétienne de la découverte et de la domination intégrées dans la loi fédérale des Etats-Unis, ils ne sont pas propriétaires de la terre.” Ces 55 mots de plus aurait ajouté un certain volume à l’article de Mme Volcovici.

Où est la proposition en provenance de ceux qui ont formé La Coalition Native Américaine pour que Trump se débarrasse de la pernicieuse doctrine chrétienne de la découverte et de la domination de façon à ce que nos nations aient de plein droit la propriété du territoire ancestral et de son intégrité en tant que nations à part entière ? Pour une raison indéterminée, cette proposition ne fait pas partie du plan. Ailleurs dans son article, Mme Volcovici a déclaré: “les fondations légales pour les réserves indiennes datent des traités faits entre 1778 et 1871 pour mettre fin aux guerres entre les Indiens indigènes et les développeurs européens.

Ceci est finement écrit de sa part. Son phrasé place le point de focus sur la date des “fondations légales” des réserves indiennes, plutôt que sur les “fondations” en elles-mêmes, qui, si elle s’était donnée la peine de chercher, l’aurait ramené en boucle vers les bulles pontificales, les chartes royales d’Angleterre et la doctrine de la découverte. Si les traités étaient la base réelle pour la création des réserves, il y aurait alors aujourd’hui un grand litige entre les frontières des réserves et les frontières des traités, ; ceci n’étant pas…

L’article fait remarquer que le plan de “privatisation” est court sur les détails: “Les leaders de la coalition de Trump n’ont pas fourni de détails sur le comment ils proposent d’alouer la propriété et les droits de la terre et des ressources minières ou du comment s’assurer que cela reste sous contrôle indien.” “Cela doit être fait en maintenant la souveraineté”, déclare Ross Schwimmer, vice-président de la coalition de Trump, ancien “Chef Principal” de la nation Cherokee en Oklahoma (NdT: notons que les Cherokee ne sont pas natifs d’Oklahoma, mais on été forcés à quitter leurs terres ancestrales dans ce qui est connu sous le nom de la “piste des larmes” au XIXème siècle, pour se réétablir en Oklahoma.). Il était auparavant secrétaire d’état aux Affaires Indiennes dans l’administration Reagan, une drôle d’époque lorsque le ministre de l’intérieur de Reagan James G. Watt déclara en 1983 que les réserves indiennes étaient “un exemple d’échec du socialisme”.

L’utilisation du mot “privé” dans “privatisation”, un terme qui a essentiellement été utilisé en rapport avec la “corporatisation” de la terre et des ressources, indique que la Native American Coalition for Trump n’a pas la protection de la nationalité indigène particulièrement en tête, malgré ce que professe Schwimmer. Ainsi la question demeure: Ceci denote t’il le point de départ d’une nouvelle “ère de termination” ou d’une nouvelle période de distribution de terre à la Dawes, ce qui eut pour résultat de voir plus de 90 millions d’acres de terre être retirés du contrôle des nations indiennes ?

Doctrine chrétienne de la découverte fondement du colonialisme occidental: L’hypocrisie du « dieu sublime »

Posted in actualité, altermondialisme, colonialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, militantisme alternatif, pédagogie libération, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , on 1 juin 2016 by Résistance 71

Au sujet de la bulle pontificale “Sublimis Deus”

Steven Newcomb

23 Mai 2016

url de l’article original:

http://indiancountrytodaymedianetwork.com/2016/05/23/papal-bull-sublimis-deus

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

En 1537, le pape Paul III a émis la bulle pontificale Sublimis Deus (sublime dieu). Le pape fit cela après avoir été particulièrement influencé par un prêtre du nom d’Antonio Montesinos qui se rendit à Rome depuis l’île des Caraïbe d’Hispagnola (NdT: aujourd’hui Haïti et lieu de débarquement initial de Cristobal Colon ou Christophe Colomb, le “colonisateur porteur de la croix”…) afin de disputer le traitement horrible réservé aux Indiens. Montesinos fit cela en représentation d’un groupe particulier de prêtres de l’ordre des dominicains résidant sur l’île d’Hispagnola. L’église catholique a dit depuis plusieurs années déjà, que le document Subliminis Deus a servi à corriger un certain nombre d’édits/décrets pontificaux sur la subjugation et la colonisation qui avaient été émis par le pape Alexandre VI (Rodrigo Borgia) en 1493.

L’église prend cette position parce que le décret pontifical Sublimis Deus dit que les Indiens doivent être vus comme de véritables êtres humains (en opposition au fait qu’ils n’étaient pas considérés comme humains précédemment…). Le document Sublimis Deus dit aussi que les Indiens ne devaient pas être privés de leur liberté ou de leur propriété. Il y a cependant deux problèmes avec l’argument contemporain de l’église catholique au sujet de la bulle Sublimis Deus: d’abord, suite aux pressions politiques de l’empereur espagnol Charles V (Charles Quint), qui fit retirer de la circulation toutes les copies du document et les fit renvoyer en Espagne, le pape Paul III fit plus tard retirer toutes les pénalités ecclésiastiques (interdits et excommunication) pour toute violation des termes de la bulle Sublimis Deus. Secundo, en 1537, des millions d’Indiens avaient déjà été exterminés, privés de leur liberté et de leur propriété à cause des bulles pontificales de 1493.

La bulle Sublimis Deus n’était pas rétroactive. Elle ne pouvait pas être projetée dans le passé. Elle ne pouvait pas défaire toutes les morts, la destruction et la déshumanisation que le Saint Siège avait lâché depuis plus de 4 décennies sur la base des bulles alexandriennes de 1493. Le pape Paul III n’avait pas non plus l’intention à ce que la bulle Sublimis Deus libère les nations autochtones originellement libres du système catholique espagnol de domination qui leur avait déjà été imposé sur la base de ces mêmes bulles alexandriennes. Au mieux, les Indiens pouvaient espérer en résultat de Sublimis Deus, d’être libérés sous la domination de la couronne d’Espagne.

L’histoire de la réalité politique au XVème et subséquents siècles, révèle que l’église catholique n’a jamais eu pour intention que la bulle sublimis deus ne retire l’imposition et l’affirmation de la souveraineté et de la domination espagnols sur les nations autochtones originelles. En fait, le pape Alexandre VI avait bien stipulé dans sa bulle Inter Caetera du 4 Mai 1493 que le système de domination de l’empire chrétien (imperii Christiani) devait tenir les “barbare nationes” (en fait les nations originelles libres et souveraines) en subjection (“subjicere”) et sous domination “pour toujours” et “à perpétuité”. L’efficacité au cours des siècles de l’autorisation du pape Alexandre VI est démontrée par le fait que l’affirmation d’un droit de domination imposé dans le passé continue à être imposé à nos peuples et nations dans le présent par les gouvernements d’états. (NdT: sur le continent des Amériques)

Dans un récent entretien, l’évêque Donald Bolen du diocèse catholique de Saskatoon au Canada, a utilisé le conditionnel pour communiquer quelque chose d’hypothétique lorsqu’il a dit: “La déclaration Sublimis Deus, émise par le pape Paul III en 1537 a annulé tous les décrets précédents qui auraient nié le droit des peuples indigènes des Amériques à leur liberté et leur propriété.

Notez l’expression “auraient nié” dans le commentaire de l’évêque Bolen. Dans ce contexte, la forme conditionnelle ‘auraient” est utilisée pour une situation irréelle ou imaginée ; c’est aussi utilisé pour des situations hypothétiques ou irréelles. En d’autres termes, l’évêque Bolen affirme que le document de 1537 a annulé tout document pontifical précédent ayant eu hypothétiquement ou de manière supposée, le pouvoir de potentiellement nier aux Indiens leur droit à la liberté et à la propriété. Malheureusement, son utilisation du mot “auraient” nous empêche de nous focaliser sur le fait que l’autorisation pontificale de domination des bulles alexandriennes a été en place et appliquée pendant plus de quatre décennies contre nos nations origienlles et ce de la plus horrible des façons, la plus brutale et déshumanisante par les leaders espagnols et les conquistadores représentant la couronne de Castille.

L’évêque Bolen a échoué d’expliquer et de reconnaître que de 1493 à 1537 (44 ans), les décrets pontificaux d’Alexandre VI ont en fait été utilisés pendant plus de quatre décennies afin de dominer les peuples autochtones en les privant de leur liberté et de leur propriété et en affirmant une domination sur les territoires des nations originelles, les assujettissant comme dominions de la couronne de Castille. Si l’évêque Bolen avait reconnu cela, il aurait par là-même reconnu qu’en 1537, un fait (historique) de domination avait déjà été créé sur la vase des décrets pontificaux alexandriens. Il aurait donc reconnu, au nom de l’église catholique au Canada, que la bulle Inter Caetera avait déjà été utilisée pendant quarante ans pour refuser aux Indiens leur liberté et leur propriété.

L’utilisation du conditionnel par l’évêque Bolen ne reconnaît pas que la bulle Sublimis Deus ne pouvait rien faire pour changer plus de quarante ans de destruction et de domination institutionnalisée. Par cette simple expression du conditionnel, il a magistralement détourné l’attention du fait qu’en 1537, un système broyeur et mortel de domination chrétienne était déjà complètement en place et maintenu de manière invasive sur les nations originelles autochtones sous l’autorisation des bulles alexandriennes.

Les bulles pontificales alexandriennes servent de prototype illustrateur pour le droit de domination affirmé toujours utilisé contre nous. Une affirmation de droit de domination imposé sur tous les peuples et nations originellement libres dans le passé, continue d’être perpétré et maintenu contre nous aujourd’hui par les gouvernements d’état internationaux comme ceux du Canada, des Etats-Unis et bien d’autres. Aujourd’hui ceci est appelé la “souveraineté des états” ou le “pouvoir plénier” et de bien d’autres termes.

Par le moyen de la révocation cérémonielle de ces terribles documents pontificaux et de bien d’autres les ayant précédé commes les bulles Dum Diversas et Romanus Pontifex (NdT: pape Nicolas V en respectivement 1452 et 1455), le pape François 1er couperait ainsi avec la base même des arguemnts de domination maintenant toujours utilisés contre nous.

Longue Marche sur Rome contre le colonialisme: une délégation des nations indigènes remet une déclaration commune au Saint Siège de Rome pour la révocation officielle de la bulle Inter Caetera…

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L’évènement de la Longue Marche sur Rome s’est tenu du 30 Avril au 4 Mai 2016 entre Florence et Rome et a vu des délégations de nations indigènes du monde entier marcher sur Rome pour demander la révocation de la bulle pontificale Inter Caetera émise les 3 et 4 Mai 1493 par le pape Alexandre VI (Rodrigo Borgia), texte  d’une série fondatrice du colonialisme chrétien et occidental commencée en 1452 avec la bulle Dum Diversas puis en 1455 avec la bulle Romanus Pontifex, toutes deux du pape Nicolas V. La déclaration ci-dessous a été remise au Conseil Pontifical pour la Justice et la Paix par une délégation de nations indigènes, Une réunion de deux heures s’en est suivant. Un des portes-parole de la délégation, Steve Newcomb, a personnellement rencontré le pape François sur la place St Pierre de Rome pour en discuter.

Une fois de plus, la balle est dans le camp de la secte religieuse pour l’abrogation du décret pontifical fondateur de la Doctrine (chrétienne) de la Découverte…

— Résistance 71 —

 

Déclaration conjointe au Conseil Pontifical pour la Justice et la Paix

Déclaration remise au Saint Siège à Rome par une délégation de la manifestation de la Longue Marche sur Rome

6 Mai 2016

url de l’article original:

http://indiancountrytodaymedianetwork.com/2016/05/06/joint-statement-pontifical-council-justice-and-peace?page=0%2C0

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

La déclaration suivante fut faite depuis la réunion de la Longue Marche sur Rome et Florence en Italie du 30 Avril an 4 Mai 2016, (un exemplaire écrit fut remis à la délégation du Vatican):

Salutations au pape François et au Conseil Pontifical pour la Justice et la Paix,

Commençons si vous le voulez bien par décrire le contexte historique. En 1992, l’ Indigenous Law Institute (ILI), fondé par Birgil Kill Straight (Oglala Lakota nation) et Steven Newcomb (Shawnee, Lenape) a commencé une campagne mondiale appelant le Saint Siège, durant la papauté de Jean-Paul II, à révoquer formellement la bulle pontificale Inter Caetera du 4 Mai 1493. Cette campagne continue aujourd’hui en 2016 au cours de la papauté de François 1er.

En 1993, l’ILI a écrit une lettre ouverte au pape Jean-Paul II en regard de l’appel de l’institut pour une révocation cérémonielle de la bulle pontificale. Le Centre pour les Droits de l’Homme de l’ONU a délivré cette lettre ouverte à la Mission d’Observation Permanente du Saint Siège aux Nations-Unies. Cette mission du Saint siège envoya une lettre au centre pour les droits de l’Homme disant que la lettre de l’ILI avait été envoyée au Vatican à Rome. La confédération iroquoise Haudenausonee commença également à travailler sur le problème des bulles pontificales au début des années 1990 au sein de son Cercle Traditionnel des Anciens et de la Jeunesse.

Bien que le Saint Siège ne répondit pas à cette première lettre de l’ Indigenous Law Institute, l’ILI, l’ American Indian Law Alliance, et l’Haudenosaunee ont continué avec leur campagne appelant à la révocation de la bulle du 4 mai 1493, comme étant représentative d’une série de bulles pontificales du XVème siècle, decrets de domination et de déshumanisation. Après plus de 20 ans, cette campagne a gagné en soutien à travers le monde et l’ILI, l’Haudenosaunee, l’American Indian Law Alliance, la nation Yakama, l’Assemblée des Premières Nations, le groupe de travail Apache Nde Nnee et bien d’autres, appellent maintenant à ce que ce problème de la doctrine de la découverte soit adressé. De ce momemtum global a résulté cette Longue Marche sur Rome qui s’est réunit depuis Florence en Mai 2016 et en cette rencontre face à face avec le Conseil Pontifical pour la Justice et la Paix.

Venons-en maintenant au point de focus de notre discussion. Comme vous le savez, après le premier voyage historique de Cristobál Colón (Christophe Colomb) vers les îles qui sont maintenant appelées Caraïbes, le pape Alexandre VI a émis plusieurs bulles pontificales pour les monarchies de Castille et d’Aragon (l’Espagne) et du Portugal. Les deux premiers de ces documents sont datés des 3 et 4 Mai 1493. N’est-il donc pas ironique que ce 4 Mai 2016 soit le jour de notre réunion avec le Conseil Pontifical pour la Justice et la Paix ici au Vatican.

Le but de notre visite est de discuter, de notre perspective, la signification et l’importance de ces documents pontificaux et bien d’autres. Lorsque nous nous intéressons au phrasé très spécifique de ces décrets pontificaux (Inter Alia, Dum Diversas de 1452, Romanus Pontifex de 1455 et Inter Caetera de 1493), nous voyons qu’ils appellent tous pour que les nations non-chrétiennes, soi-disantes “païennes”, soient envahies, capturées, vaincues, subjuguées, réduites en esclavage perpétuel et que tous leurs biens et possessions soient saisis au bénéfice de la chrétienté d’Europe par son empire global et ses dominations (“imperi et dominationes”), richesses et vastes zones de terres en propriété. Un tel langage est une preuve du pari de la chrétienté d’établir un système de domination chrétienne partout sur notre Terre-Mère au moyen de la Doctrine de la Domination Chrétienne que l’on trouve dans les bulles pontificales.

Les bulles de 1493 ont appelé à “la propagation de l’empire chrétien” (imperii christiani propagationem) et pour la réduction (reducere), la subjugation (subjicere) et la domination (exemple: “sub actuali dominio temporali aliquorum dominorum Christianorum constitute non sint”) des nations non-chrétiennes (“barbare nationes”) en les réduisant et les dominant (“deprimantur”).

La recherche de l’ILI menée par Steven Newcomb, montre que les schémas de domination et de déshumanisation de la chrétienté furent et continuent d’être dirigés de manière destructrice et mortifère contre nos nations et peuples originels libres, nos territoires sur l’Île de la Grande Tortue-Abya Yala, au travers de la vaste étendue continentale typiquement appelée en anglais “l’hémisphère occidental” et “les Amériques”/las Americas. Parce que les schémas de domination et de déshumanisation exprimés dans les bulles pontificales des 3 et 4 Mai 1493 sont devenus intégrés, inculqués, routinièrement institutionnalisés dans la langue, la pensée et le comportement, Ces schémas ne sont pas devenus “ipso facto obsolètes” comme l’a affirmé l’archevêque Celestino Migliore au sujet de la bulle Inter Caetera dans une lettre à l’ILI datée du 5 Juillet 2005.

De plus, l’imbrication et l’institutionalisation de la linguistique et des schémas comportementaux de domination et de déshumanisation dont nous parlons, sont en partie une excroissance et une conséquence des décrets pontificaux du XVème siècle et d’autres documents de la chrétienté occidentale. D’autres exemples de cette tradition linguistique et comportementale incluent la charte issue par le roi Henri VII d’Angleterre, roi catholique, à John Cabot en 1496, ainsi que celle issue par un autre roi catholique, François 1er de France à Jacques Cartier en 1534, roi qui avait reçu du pape Clément VII, le droit de coloniser d’autres endroits, aussi loin que le souverain de France concentrait ses efforts sur des zones non-chrétiennes que l’Espagne ou le Portugal n’avaient pas encore clâmées ou n’y avaient pas déjà tenté d’établir la domination chrétienne.

Voici où nous voulons en venir: il n’y a eu aucune “abrogation” de ce schéma ou paradigme de domination/déshumanisation que le Saint Siège a mis en marche sur une période de plus d’un siècle et qui a perduré depuis plus de cinq siècles maintenant. Ceci est toujours dirigé contre nos nations et peuples originels libres et indépendants au travers du continent américain et contre les nations libres et originelles ailleurs, comme en Australie ou sur Aotéaroa (NdT: “Pays du long nuage blanc” connu aujourd’hui sous le nom de Nouvelle-Zélande). La bulle pontificale Sublimis Deus n’a pas, par exemple, abrogé l’établissemet d’un système de domination dans ces zones clâmées par l’Espagne sur la base des bulles de 1493, que l’Espagne a compris être un don “ganaran y conquistaron de las Indias” pour “gagner et conquérir (dominer) les Indes (occidentales)”. Nous avons vu le phrasé en espagnol au dos d’une des bulles originales archivées aux Archives Générales des Indes Occidentales à Séville en Espagne.

Permettez-nous de fournir un parfait exemple du pourquoi la déclaration du nonce apostolique Migliore était incorrecte lorsqu’il déclara à l’ILI que la “bulle Inter Caetera, comme d’autres documents de cette époque, est devenus ‘ipso facto obsolète, nulle et non avenue’ et pourquoi ceci n’est pas vrai, comme l’a signifié le nonce Migliori dans une lettre au gardien de la foi Onondaga Oren Lyons, disant que la bulle Inter Caetera avait été ‘abrogée’ par la bulle Sublimis Deus en 1537. Dans son livre “A Violent Evangelism”, 1992, le théologien Dr. Luis Rivera Pagán déclare: “Dans le domaine juridique, les bulles du pape Alexandre VI maintinrent leur caractère autorisé comme montré dans la première phrase de la première loi du premier chapitre du troisième livre de la “Compilation de la Leyes de Indias” (1680), qui les reconnaît [les documents pontificaux] comme la toute première fondation de la possession à perpétuité des Amériques par la couronne de Castille.”:

“Par donation du Saint Siège apostolique… Nous sommes roi des Indes occidentales, des îles et de la terre continentale de l’océan, découvertes et à découvrir et incorporées dans notre couronne royale de Castille… [de façon] à ce qu’elles [ces îles et terres continentales] demeurent toujours unifiées pour la plus grande perpétuité, nous interdisons qu’elles puissent nous être retirées et nous ordonnons qu’elles ne puissent jamais être séparées de notre couronne royale de Castille…” (Recopilación 1841, 3.1.1, 2: 1). (p. 32)

Le Dr. Rivera-Pagán mit fin à cette discussion sur ce point en disant: “Cette loi est fondée sur les déclarations royales consécutives des rois Charles V et Philippe II d’Espagne, qui durant le XVIème siècle martelèrent la doctrine de la domination castillane à perpétuité sur les peuples ibéro-américains. Toutes ces déclarations font allusion aux bulles alexandrienne comme point crucial de référence.” (Ibid.). Puis ceci: “Bien que nous ne puissions pas trop insister sur ce point, il est néanmoins approprié de faire remarquer qu’au début du XIXème siècle, le don pontifical à perpétuité fut utilisé comme justification pour discréditer le mouvement d’indépendance latino-américain.

Les exemples ci-dessus fournissent une illustration clef du comment les schémas qui furent promulgués dans ces anciens décrets pontificaux et dans d’autres documents de domination, sont devenus institutionnalisés dans les lois et politiques d’états variés. De notre point de vue, le Saint Siège porte la responsabilité présente de l’action prise contre nos nations et peuples pour établir un système de language de domination destructeur et mortifère (“sub actuali dominio temporali aliquorum dominorum Christianorum constitute sint”). La vérité de tout ceci se trouve dans une phrase de la bulle Inter Caetera du 4 Mai 1493 qui dit: “Nous avons toute confiance en Lui de qui les empires et les dominations et toutes bonnes choses proviennent.

De notre point de vue, le Saint siège doit fournir autant de temps, d’effort, d’énergie et d’argent pour assister à la restauration de nos langues, cultures, terres et territoires sacrés, qu’il n’en a mis à tenter à nous détruire et à nous déposséder de ces caractéristiques de notre existence pour commencer cela. De plus, ouvrez les archives du Vatican à nos universitaires et érudits, déclarez et rapatriez tous objets culturels et/ou spirtituels nous appartenant que vous détenez ainsi que les restes et vestiges ancestraux ; soutenez la nation Oglala Lakota dans le problème lié aux terres sacrées des Black Hills (Collines Noires), traitez le problème de la contamination dûe à l’extraction de l’uranium dans la partie sud-ouest des Etats-Unis, retirez votre télescope de Mont Graham en territoire de la nation Apache ; soutenez la restauration et le processus de cicatrisation de nos nations.

Nous sommes anxieux de continuer ces discussions utiles au sujet de ces problèmes importants et nous proposons entr’autres choses, une série de réunions internationales avec le Saint Siège afin de discuter de nos points de vue respectifs, les notres comme les votres et de l’importance des bulles pontificales du XVème siècle et de leur paradigme de domination et de déshumanisation.
De plus, Il est temps pour le Saint Siège de s’opposer explicitement à l’utilisation de la Doctrine de la Découverte et de domination par les gouvernements des états en relation avec nos nations et peuples originels et libres.

Sincères salutations

Barbara Dull Knife, Oglala Lakota Nation

Loretta Afraid of Bear Cook, Oglala Lakota Nation

Belinda Ayze, Dine Nation

Chi’qwax, Jode Goudy, Chairman, Yakama Nation

Keith Matthew, Shuswap Nation

David Close, Himkokapskap, Cayuse Nation

Herson Huinca-Piutrin, Mapuche Nation, Comunidad de Historia Mapuche. Wilton Littlechild, Cree Nation, International Chief for Treaties 6, 7, & 8. Kenneth Deer, Mohawk Nation, Haudenosaunee

Steven Newcomb, Shawnee, Lenape Nations, Indigenous Law Institute

Colonialisme, Vatican et l’héritage de la domination

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Rejoignez le mouvement pour la répudiation des bulles papales colonialistes, plus nous mettrons de pression sur la hiérarchie cléricale jusqu’au Vatican et plus ces diktats papaux auront de chance d’être répudiés.

— Résistance 71 ~

 

Un héritage de domination dans les décrets de l’église catholique

Steven Newcomb

12 avril 2016

url de l’article original:

http://indiancountrytodaymedianetwork.com/2016/04/12/legacy-domination-catholic-church-decrees

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

La Canadian Conference of Catholic Bishops (CCCB) ou Conférence Canadienne des Évêques Catholiques (CCEC) comprend quatre organisations catholiques du Canada. Le 19 mars 2016, la CCEC a publié “The ‘Doctrine of Discovery’ and Terra Nullius: A Catholic Response.” Ou “La doctrine de la découverte et Terra Nullius: une réponse catholique”, écrite en partie en réponse à Calls to Action #46 et #49 du rapport final de la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) ; la déclaration catholique est dite “répudier les concepts utilisés pour justifier la souveraineté européenne sur les terres et peuples autochtones, tels que ceux de la doctrine de la découverte et de terra nullius.

Il y a 24 ans, mon ami et mentor Birgil Kills Straight (Oglala Lakota Nation) et moi-même avons démarré une campagne globale contre la Doctrine de la Découverte. Nous avions commencé par appeler le pape Jean-Paul II pour qu’il révoque le décret pontifical (bulle) Inter Caetera du 4 Mai 1493. Pourquoi ? C’était un parmi plusieurs documents du Vatican qui appelait à la domination (chrétienne) des nations non-chrétiennes. Parce que nous persistons avec notre travail international à ce niveau et sur ces documents, nous avons quelque chose à dire au sujet de la déclaration récente de l’église catholique sur cette doctrine de la découverte.

Malheureusement, le rapport final de la CVR n’inclut pas le point de focus de notre campagne ; le rapport n’utilise pas une seule fois le mot “domination”. Pendant plus de deux décennies nous avons utilisé les bulles pontificales du XVème siècle comme méthode d’éducation des nations et peuples autochtones ici et ailleurs autour du monde, pour faire mieux comprendre au sujet des schémas courants de domination et de déshumanisation que l’on peut tracer aux textes mêmes de ces vieux documents du Vatican. Pendant des siècles, les schémas dominants de pensée et de comportement ont été imbriqués dans les systèmes légaux et politiques de pays tels que les Etats-Unis, le Canada (et d’autres), où ils persistent aujourd’hui. Ce qui est typiquement et quelque peu ineptement appelé la doctrine de la découverte est un système de langage et de domination perdurant, qui est toujours utilisé à ce jour contre nos peuples et nos nations autochtones et originels.

Le 24 mars 2016, l’évêque Donald Bolen, du diocèse catholique de Saskatoon, a été interviewé au sujet de la déclaration publique de la CCEC. Ceux-ci révèlent que l’église catholique ne reconnaît pas les bulles pontificales comme étant des documents de domination. Plus encore, lorsqu’il lui fut demandé: “Quelle est la relation entre la doctrine de la découverte et les déclarations pontificales remontant au XVème siècle ?” Il répondit: “Il n’y a aucune relation directe.” Puis il continua de la sorte: “Il y a eu plusieurs bulles pontificales en cette fin de XVème siècle qui effectivement accordèrent des droits aux pays européens le droit sur des territoires d’autres peuples.” L’affirmation de l’évêque Bolen qu’il n’y a “aucune relation directe” entre les bulles pontificales et la doctrine est contredite par le phrasé spécifique de ces documents même: une gratification pontificale de “découvrir” et de “dominer” les territoires d’autres nations fut un droit affirmé de domination explicitement fondé sur le fait que nos nations n’étaient pas chrétiennes.

En Mai 2013, la Dr. Debra Harry (de la nation Paiute), l’avocate Sharon Venne (de la nation Cree) et moi-même, nous sommes rendus dans la ville de Séville en Andalousie, dans le sud de l’Espagne. Là, nous avons visité les Archives Générales des Indes (occidentales). Le directeur des archives nous a très gentiment accordé la permission de voir le parchemin pontifical original datant de 1493, émis par le pape Alexandre VI (NdT: Rodrigo Borgia, père de Cesar et Lucrèce Borgia…), que nous avons examiné exactement 520 ans jour pour jour après sa date d’émission le 4 Mai 1493. Au dos d’un des deux documents, nous y avons vu une anotation écrite par le secrétaire royal d’Espagne il y a plus de cinq siècles.

L’anotation royale dit en espagnol que le décret pontifical est un don du pape Alexandre VI pour “ganaran y conquistaron de las Indias” (“pour gagner et conquérir [dominer] les Indes.” Lorsque comprise dans le contexte du texte original en latin, cette anotation nous permet de saisir l’intention du pape à savoir que les monarques catholiques partiraient à la recherche de terres non-chrétiennes “à être découvertes”, avec pour but le “dominorum Christianorum” (dominateurs chrétiens), forçant les terres des “nations barbares” sous la domination chrétienne. Nos nations vivent maintenant avec/sous l’héritage de la tradition de la chrétienté de chercher un “nouveau monde” et de nouvelles terres à envahir et à dominer.

L’affirmation de l’évêque Bolen disant “aucune relation directe” entre les décrets pontificaux du XVème siècle et la doctrine de la découverte mène à une conclusion des plus importantes: La CCEC a échoué dans la compréhension que l’utilisation par la chrétienté de la domination comme moyen de tenter de détruire les nations non-chrétiennes a mené aux problèmes actuels expérimentés par nos peuples et nations originels. (NdT: ou la CCEC feint de ne pas comprendre… c’est notre position…) Le traumatisme concourant qui a résulté de ces décrets pontificaux (ex: la déshumanisation et la mort d’enfants de nos nations originelles dans les pensionats pour Indiens aux Etats-Unis et au Canada), est un des facteurs qui ont mené à la création d’une Commission pour la Vérité et la Réconciliation au Canada. Le mot “vérité” dans le titre de cette commission doit impérativement être au sujet de dire la vérité historique et non pas de la démanteler.

L’évêque Bolen a aussi dit que les bulles pontificales “adressèrent un conflit entre l’Espagne et le Portugal pas ceux qui colonisèrent ce qui est maintenant le Canada.” Il ne semble pas réaliser que l’Angleterre était toujours catholique en 1496 lorsque le roi Henri VII imita les bulles pontificales de 1493 en émettant une charte royale à John Cabot afin qu’il “subjugue” (domine) les terres des “païens et des infidèles”. Ce document résulta en l’assomption que la “souveraineté de la couronne” (la “domination”) est toujours affirmée aujourd’hui en relation de ce qui est maintenant typiquement appelé le “Canada” et “l’Amérique du Nord”. La France était catholique lorsque le pape Clément VII donna la permission au roi François 1er de s’engager dans ses propres voyages de colonisation chrétienne (avec, par exemple, le voyage de Jacques Cartier en 1534 dans la région maintenant appelée le fleuve Saint-Laurent).

L’église catholique manque totalement d’une perspective historique du point de vue des nations originelles de la terre quant à la domination que l’on trouve exprimée (NdT: et qui fut mise en pratique directement et violemment…) dans les décrets pontificaux du XVème siècle. Il est plus que grand temps que se réunisse une conférence internationale majeure au sujet de ces documents et des conséquences qu’ils ont eu sur nos peuples et nations originels. Un tel évènement créera une opportunité pour établir un dialogue plus profond entre le Saint Siège et nos leaders spirituels indigènes, se rassemblant avec nos universitaires et érudits et ceux que le Vatican choisira lui-même.

Nous n’avons pas besoin de réconciliation, nous avons besoin de décolonisation.

Résistance au colonialisme: Quand le juge Scalia de la Cour Suprême du pays du goulag levant « ignorait » la doctrine de la découverte…

Posted in actualité, altermondialisme, colonialisme, ingérence et etats-unis, militantisme alternatif, neoliberalisme et fascisme, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , on 11 mars 2016 by Résistance 71

L’hypocrisie du ramassis de baltringues siégeant dans les plus hautes fonctions des états est incommensurable. Le mensonge et la fourberie ont été institutionnalisés dans les états-nations dont l’obsolescence ne fait qu’apparaître de plus en plus au grand jour. grand temps de mettre fin à l’ignominie du colonialisme planétaire, parce que nous sommes tous des colonisés.

— Résistance 71 —

 

Ce que le juge de la Cour Suprême Scalia prétendait ne pas savoir sur la loi fédérale indienne

Steven Newcomb

26 Février 2016

url de l’article original:

http://indiancountrytodaymedianetwork.com/2016/02/26/what-justice-scalia-said-he-didnt-know-about-us-indian-law

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

La nouvelle du décès du juge de la cour suprême des Etats-Unis Antonin Scalia le 15 Février m’a fait repenser à la brève conversation que j’avais eue avec lui à l’université de San Diego en Californie le 30 Août 2006. Son discours de cette soirée là, hébergé par la fac de droit de l’université de San Diego, fut suivi d’une réception durant laquelle je pus parler face à face avec Scalia. Du fait qu’il siégeait alors depuis plus de 20 ans à la Cour Suprême, imaginez ma surprise lorsqu’il répondit à ma question initiale qu’il n’avait jamais entendu parler de la Doctrine de la Découverte ni de la décision de la CS dans l’affaire Johnson contre M’Intosh (1823), que les facs de droit aux Etats-Unis généralement reconnaissent comme le point de départ du droit foncier et du droit de propriété, ainsi que la base de la loi fédérae indienne.

Le sujet du discours de Scalia ce jour là était “l’originalisme constitutionnel”. Pas de grosses surprise là-dessus tant il semble que ceci fut le point de focalisation de sa longue carrière. Au début de sa présentation il mentionna le livre “Commentaries on the Constitution of the United States (1833), écrit par un autre juge de la CS des Etats-Unis: Joseph Story. Quand Scalia me dit plus tard qu’il n’avait jamais entendu parler de la doctrine de la découverte ou de l’affaire Johnson contre M’Intosh, je fus très surpris parce que la première section du livre de Story qu’il mentionna intitulée “Origin and Title to the Territory of the Colonies,” ouvre sur une explication complète de la doctrine de la découverte. Dans le premier paragraphe de cette section il y est dit par exemple:

“L’ambition d’Henry le septième fut titillée par les communications de Colomb et en 1495, il [Henri VII] donna une permission à John Cabot, un entrepreneur vénitien alors établi en Angleterre, de partir à la découverte, de subjuguer et de prendre possession de toutes terres inoccupées par une puissance chrétienne au non et au bénéfice de la couronne britannique.”

D’après ce que je préfère appeler la doctrine de la domination chrétienne, il était coutumièrement compris par les monarchies de la chrétienté de cette époque que “toute puissance chrétienne”, telle que l’Angleterre, avait “le droit” de “subjuguer” (dominer) et d’affirmer la saisie en possession des terres de nos nation natives originelles. La seule condition était que ces terres ne soient pas déjà habitées ou clâmées par d’autres nations chrétiennes. Si des nations chrétiennes y vivaient déjà alors c’était “bas les pattes” ; mais si des peuples et nations non chrétiens existaient et vivaient sur place, alors la politique des puissances chrétiennes et de la chrétienté dans les grandes largeurs était de les subjuguer, de les dominer et de clâmer un droit de possession (dominium) sur ces terres non-chrétiennes. Le juge Scalia affirma n’avoir aucune connaissance de cette information qui est pourtant si clairement expliquée dans le livre que ce même Scalia avait cité lors de sa présentation ce soir là.

En résultat de la pensée que Story identifie dans ses “commentaires”, la seule question à cette époque devint de savoir si les terres qui étaient “nouvelles” pour les aventuriers et les voyageurs de la chrétienté avaient déjà été clâmées par une autre puissance chrétienne au nom du christianisme. Dans ses “commentiares” sur la question, Story lie directement la décision dans l’affaire Johnson contre M’Intosh à la bulle pontificale de 1493 (Inter Caetera) et de la distinction catégorique entre les chrétiens et les “infidèles, païens et sauvages”.

Je me demandais alors comment était-il possible que Scalia ne connaisse rien de tout ceci ? Avait-il omis de lire l’ouverture des “commentaires” de Story à ce sujet ? Avait-il une si pauvre mémoire qu’il avait oublié ce que Story avait écrit au début de son livre ? Comment avait-il pu parvenir à la CS des Etats-Unis et gérer bien des cas impliquant des affaires en relation avec la loi fédérale indienne sans connaître la fondation conceptuelle du système pour lequel il prenait des décisions ?

Choqué à ce qu’il venait de me dire, j’ai dit au juge Scalia “Je ne comprends pas [comment vous n’avez jamais entendu parler de la doctrine de la découverte], juste au printemps dernier [2005], dans l’affaire City of Sherrill contre la nation indienne Oneida de New York, la cour suprême cita la doctrine de la découverte dans une note de bas de page, la toute première.

Il ignora simplement mon incrédulité et commença à comparer les politiques des Etats-Unis et de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande en regard de leurs peuples originels. Il résuma en disant que les Etats-Unis étaient parvenus à une politique de conquête. Il dit cela comme si c’était tout à fait ordinaire “Très intéressant”, dis-je “pouvez-vous me référer aux décisions de justice disant effectivement cela.” Il me répondit simplement “Non.” Réalisant qu’il était vain de continuer plus avant cette discussion, je le remerciais pour son temps et m’effaçais pour laisser la personne suivante lui parler.

Il y a toujours la possibilité que Scalia prétendait juste ne rien savoir sur la doctrine de la découverte et sur l’affaire Johnson contre M’Intosh. En assumant que ceci ne fut pas le cas, ce que je retirais de cette brève discussion avec le juge Scalia fut qu’il était sacrément mal informé sur les conceptions fondamentales de la loi fédérale indienne et sur le droit de propriété des Etats-Unis (en considérant qu’il n’a même pas reconnu la décision de la CS dans Johnson). Cela semble peut-être axionatique de dire ceci, mais les hommes et les femmes qui siègent à la CS des Etats-Unis ne peuvent prendre des décisions qu’au sujet de ce qu’ils connaissent. Ils ne peuvent pas prendre de décision sur la base d’une information qu’ils/elles ignorent.

Quelle triste situation pour nos nations natives et originelles. Nous, qui étions originellement libres et qui sommes de mon point de vue, toujours totalement et de plein droit libres, sommes vus par la société dominante comme sujets, assujettis à des idées mentalement créées par neuf hommes et femmes qui ont une bien piètre compréhension de notre histoire et de notre existence. Quelque soit l’affaire qu’ils examinent, les neuf membres de la CS utilisent comme point de départ une présomption établie par leurs prédécesseurs à la cour ; à savoir que nos nations aujourd’hui ne sont pas autorisées à exister librement de la domination des Etats-Unis (étant sous le “pouvoir plénier”…)

Pourquoi ? Parce que nos ancêtres étaient, des propres mots de Joseph Story des “infidèles, des païens et des sauvages” et ne furent pas autorisés par les puissances chrétiennes à être reconnus comme des nations qui étaient totalement indépendantes d’un droit de domination affirmé et clâmé par les nations chrétiennes. Maintenant, cela aurait été un point de discussion fascinant avec le juge Scalia étant donné ses très fortes orientations catholiques et du fait que rien de sa façon de penser ne se trouve dans le texte original de la constitution des Etats-Unis. Il sera très intéressant de voir si son remplaçant à la CS des Etats-Unis aura une meilleure compréhension du point de départ non-constitutionnel de la loi fédérale indienne.

Au cœur du colonialisme euro-chrétien: Les 10 éléments constitutifs de la doctrine chrétienne de la découverte (Professeur de droit Robert J Miller université d’Arizona)

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“Cet état d’esprit de similarité de classe peut aussi être trouvé dans la position prise par les descendants des vieux colons britanniques en Amérique du Nord. Ceci correspond à la première apparition d’un nivellement de classe fondé sur une identité raciale fictive ; l’origine de la suprématie blanche, les projets idéologique et colonial essentiels et primordiaux en Amérique et en Afrique… L’idéologie de la suprématie blanche fut essentielle à la neutralisation des antagonismes de classe entre les sans-terre et les propriétaires et pour la distribution des terres et propriétés confisqués des Maures et des juifs en Espagne, des Irlandais en Ulster et des peuples et nations des Amériques et d’Afrique.”

~ Roxanne Dunbar-Ortiz ~

 

“Dans sa bulle Inter Caetera de 1493, la pape Alexandre VI n’a pas utilisé le terme ‘Européens’ pour exprimer le ‘droit de la découverte’, mais il a utilisé le mot ‘chrétien’. D’après ce décret pontifical, tout roi ou prince chrétien, ou toute nation chrétienne pouvaient ‘découvrir’ et assumer la domination et le contrôle sur des terres qui étaient au préalable connues de non-chrétiens mais inconnues des chrétiens… Ainsi le document fut écrit afin de protéger les droits fonciers de tout monarque chrétien, comme le roi du Portugal, mais pas les droits fonciers, de propriété des nation indigènes non-chrétiennes. Ce document appelait à ce que les non-chrétiens soient ‘subjugués’ pour le bien de la ‘propagation de l’empire chrétien’ “.

~ Steven Newcomb ~

 

Voir aussi notre traduction de larges extraits du livre de Steven Newcomb: « Païens en terre promise: Décoder la doctrine chrétienne de la découverte » (Ed, Fulcrum 2008)

 

La doctrine de la découverte: la loi internationale du colonialisme

Professor Robert J. Miller, Sandra Day O’Connor College of Law, Arizona State Univ. Chief Justice, Grand Ronde Tribe Court of Appeals

 

Johnson v. M’Intosh, 21 U.S. (8 Wheat.) 543 (1823).

 

Source:

http://www.doctrineofdiscovery.org/DiscoveryElementsOnondaga2014.pdf

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Novembre 2015

 

Voici les 10 éléments qui je pense constituent la Doctrine (chrétienne de la découverte) et qui sont utiles pour analyser et comparer comment les sociétés de colons / d’établisseurs ont utilisé cette loi internationale contre les peuples indigènes dans le monde.

Robert J. Miller, Native America, Discovered and Conquered: Thomas Jefferson, Lewis and Clark, and Manifest Destiny 3-5 (Praeger Publishers, 2006; paperback University of Nebraska Press, 2008).

 

  1. Première découverte. Le premier pays européen qui a découvert des terres inconnues des autres Européens clâme la propriété et les droits souverains sur ces terres et les peuples natifs qui les occupent. La première découverte était néanmoins considérée comme ayant créé seulement un titre incomplet.
  1. L’occupation et la possession physiques des terres. Pour faire passer la première découverte en titre de propriété reconnu, un pays européen devait physiquement occuper et posséder les terres nouvellement découvertes. Ceci était généralement fait en y construisant des forts militaires ou des colonies. La possession physique devait se faire dans un laps de temps raisonnable après la première découverte afin de créer un titre complet.
  2. La pré-emption du titre européen. Les pays européens découvrant les terres clâmaient aussi le pouvoir préemptif, c’est à dire le droit unique d’acheter la terre des peuples indigènes. Ceci est un droit de propriété très intéressant similaire à celui d’une option exclusive sur l’achat de la terre. Le gouvernement possédant ce droit préemptif empêchait tout autre gouvernement européen ou individu de pouvoir acheter la terre de ses occupants indigènes. Les Etats-Unis affirment et exercent toujours ce droit aujourd’hui sur les terres indiennes 25 U.S.C. section 177 (2006).
  3. Le titre de propriété indien ou autochtone. Après la première découverte, les systèmes légaux euro-américains ont affirmé que les peuples et nations indigènes avaient perdu leurs pleins drits de propriété et la totale propriété de leurs terres. Les Européens clâmèrent que seul demeurait le droit d’occupation des sols et de l’utilisation de leur terre pour les autochtones. Quoi qu’il en soit, ces droits pouvaient demeurer à tout jamais s’ils ne consentaient jamais à vendre au pays européen qui a affirmé sa préemption de pouvoir sur les autres. Si les nations autochtones décidaient de vendre, elles ne pouvaient le faire qu’en rapport avec le gouvernemet possédant le droit préemptif. Ainsi, le “titre de propriété indien” aux Etats-Unis (au Canada) et le “titre de propriété Maori” en Nouvelle-Zélande et tous les titres de propriété indigènes ailleurs sont soi-disants des titres de droit de propriété limitée.
  4. Les droits de souveraineté et de commerce tribaux limités. Après une première découverte, les Européens considéraient que les nations indigènes et les peuples avaient perdu certains aspects de leurs pouvoirs souverains inhérents ainsi que leurs droits au libre commerce international et aux relations diplomatiques. Ensuite, ils ne furent supposés communiquer et gérer leur relation qu’avec le gouvernement de la nation européenne qui les avait “découvert”.
  5. La contiguité. Sous la doctrine de la découverte, les Européens ont clâmé une grande partie de terre contigue et entourant leurs découvertes et colonies du nouveau monde.

La contiguité devint alors très importante lorsque des pays européens différents avaient des colonies assez proches les unes des autres. Dans cette situation chaque nation clâmait le droit sur les terres inoccupées entre leurs colonies/établissements jusqu’à un endroit à mi-chemin entre les colonies.

De plus, la contiguité déclarait que la découverte de l’embouchure d’un fleuve donnait au pays découvreur un droit sur les terres drainées par cette rivière, même si cela représentait des milliers de kilomètres de territoire. Par exemple, référez-vous aux limites territoriales du territoire de la Louisiane et de celui de l’Oregon comme étant définies par les Etats-Unis.

  1. Terra Nullius. Cette expression veut littéralement dire que la terre ou le territoire est vide, inoccupé, inhabité. Ceci stipulait que si des terres n’étaient pas possédées, occupées par une personne ou une nation et même si elle était occupée mais pas utilisée d’une manière compatible avec les systèmes légaux de propriété approuvés par les Européens, alors ces terres étaient considérées comme “vides” et “inhabitées” et disponibles pour saisie par la découverte. Les Européens furent très larges en ce qui concerne l’application de cet élément et considérèrent très souvent des terres occupées par des nations autochtones comme étant “vacantes” et disponibles à la saisie sous la doctrine de la découverte si elle n’étaient pas “utilisées” en accord avec les us-coutumes et lois euro-américaines.
  2. Le christianisme. La religion était (et est toujours) un aspect très important de la doctrine de la découverte, sous celle-ci, les non-chrétiens n’avaient aucun droit à la terre, ni à la souveraineté, ni à l’auto-détermination comme les chrétiens.
  3. Civilisation. Les idéaux européens de civilisation furent aussi une partie importante de la doctrine de la découverte ainsi que du concept de la supériorité. Les Européens pensaient (et pensent toujours) que dieu les a dirigé pour amener la civilisation, l’éducation et la religion chrétienne aux peuples indigènes ainsi que d’exercer un pouvoir paternaliste et de gardiennage sur ceux-ci.
  4. La conquête. Cet élément de la doctrine affirme que les Européens pouvaient acquérir le titre de propriété indien par victoires militaires dans des guerres “justes et nécessaires”. De plus, la conquête fut aussi utilisée comme terme artistique pour décrire les droits de propriété que les Européens “clâmèrent” avoir automatiquement acquis sur les peuples et nations indigènes par le simple fait de se montrer sur place et de faire la “première découverte”.

Pour un comparatif analytique légal sur l’utilisation de la Doctrine de la Découverte dans les différentes sociétés colonialistes européennes, voir de manière générale:

Robert J. Miller, The International Law of Colonialism: A Comparative Analysis, 15 Lewis & Clark L. Rev. 847 (2012); Robert J. Miller & Micheline D’Angelis, Brazil, Indigenous Peoples, and the International Law of Discovery, 37 Brooklyn J. Int’l Law 1 (2011); Robert J. Miller, Lisa Lesage & Sebastian Lopez Escarcena, The International Law of Discovery, Indigenous Peoples, and Chile, 89 Nebraska L. Rev. 819 (2011); Robert J. Miller, Jacinta Ruru, Larissa Behrendt & Tracey Lindberg, Discovering Indigenous Lands: The Doctrine of Discovery in the English Colonies (Oxford Univ. Press, 2010 and paperback 2012); Robert J. Miller & Jacinta Ruru, An Indigenous Lens into Comparative Law: The Doctrine of Discovery in the United States and New Zealand, 111 West Vir. L. Rev. 849 (2009); Robert J. Miller, Native America, Discovered and Conquered: Thomas Jefferson, Lewis and Clark, and Manifest Destiny (Praeger Publishers, 2006; paperback University of Nebraska Press, 2008).

The law review articles are available for free at http://ssrn.com/author=354803

Colonialisme et Vatican: Voyage du pape François 1er/Bergoglio au pays du goulag levant… Le cureton en chef devant les crimes de « l’église »…

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Rejoignez le mouvement pour la répudiation des bulles papales colonialistes, plus nous mettrons de pression sur la hiérarchie cléricale jusqu’au Vatican et plus ces diktats papaux auront de chance à être répudiés.

— Résistance 71 ~

 

« L’esprit du glorieux Alexandre fut alors porté parmi le chœur des âmes bienheureuses. Il avait auprès de lui, empressées, ses trois fidèles suivantes, ses préférées : la Cruauté, la Simonie, la Luxure.”

~ Épitaphe du pape Alexandre VI/Rodrigo Borgia écrite par Nicolo Machiaveli ~

 

“Un objectif sacré et louable”

 

Steven Newcomb

 

21 Août 2015

 

url de l’article original:

http://indiancountrytodaymedianetwork.com/2015/08/21/sacred-and-praiseworthy-purpose

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Ce mois de Septembre qui arrive, le pape François 1er vient sur l’Île de la Grande Tortue (Amérique du Nord), François est le dernier successeur en date du pape Alexandre VI, qui émit un certain nombre d’édits pontificaux en 1493, documents qui fournissent un contexte historique pour la visite du pape François sur le territoire de la nation Piskataway (Washington D.C), puis sur le territoire de la nation Lenape (les villes de New York et de Philadelphie).

Le pape François servira la messe à la cathédrale nationale. Là, il devrait finaliser la canonisation du missionnaire franciscain du XVIIIème siècle Junipero Serra, que le pape François a appelé “l’évangélisateur de l’Ouest (américain)”. Lorsqu’il finalisera cette canonisation de Serra, le pape François donnera par la même occasion un coup de brosse à reluire sur la sanctification que son prédécesseur Alexandre VI appela dans ses bulles “la propagation de l’empire chrétien” et “un objectif sacré et louable devant dieu”, objectif qui fut de subjuguer, de réduire et d’asservir les terres et les îles non-chrétiennes, ainsi que leurs habitants, à la foi de l’église catholique apostolique et romaine.

Quelques phrases du livre “The Documents of Vatican II”, publié en 1966 chez Guild Press, New York, nous donnent quelques possibles vues sur le comment le saint siège va sûrement analyser l’appel du pape Alexandre VI pour un empire et une domination catholique et chrétien. Dans cet ouvrage, nous trouvons cette déclaration: “Le christ et l’église… transcendent toute race ou nation particulières.” En conséquence, “ils ne peuvent pas être considérés comme étrangers où que ce soit ni par qui que ce soit…” (page 594). Ceci est une élaboration de ce que le pape Jean XXIII déclara dans son “Mater et Magistra”: “Par droit divin l’église appartient à toutes les nations, car elle a, de fait, transfusé son énergie dans les veines des peuples, elle n’est pas ni ne se considère elle-même comme une institution qui s’impose aux autres de l’extérieur.” (p.594-595)

D’après la ligne de pensée ci-dessus, l’église catholique préférerait que nous n’interprétions pas le désir d’Alexandre VI pour la propagation d’un empire chrétien (“imperii Christiani”) par subjugation les nations non-chrétiennes et d’imposer la foi catholique et la religion chrétienne étrangères aux autres nations. (NdT: qui, rappelons-le, faisait partie de la famille espagnole championne toutes catégories confondues de l’intrigue politique en cette époque: les Borgia… le pape Alexandre VI était Rodrigo Borgia – 1431~1503 – qui fut pape de 1492 à 1503, pape veule et politiquement connecté, il monnayait les nominations au poste de cardinal de l’église et fut lourdement soupçonné de faire empoisonner les cardinaux les plus riches pour s’emparer de leurs richesses…Alexandre VI, Rodrigo Borgia est le père des tristement célèbres César et Lucrèce Borgia…). Pourquoi ? C’est très simple. L’église se perçoit elle-même comme une entité qui a réussi à “transfuser son énergie dans les veines” des autres peuples et nations. Quand nous lisons des bulles pontificales qui appellent des nations étrangères non-chrétiennes à être “subjuguées”, “réduites” afin de les “mener” a ce que le pape Alexandre VI lui-même appelle “une profession de la foi catholique”, rien de tout cela d’après Vatican II et d’après la phrase ci-dessus mentionnée de “Mater et Magistra” de Jean XXIII, ne devrait être pensé et construit comme étant une imposition extérieure de l’église catholique sur des nations et peuples non-chrétiens.

Dans la bulle pontificale du 3 Mai 1493, Inter Caetera, le pape Alexandre VI/Borgia s’engage dans un acte qu’il appelle “pouvoir apostolique”. Il concède à la reine Isabel et au roi Ferdinand d’Espagne “le moyen par lequel vous serez capables de poursuivre un but si sacré et si louable…” Quel est donc ce but si “sacré et louable” ? Les monarques, dit le pape Alexandre-Borgia, “ont proposé de subjuguer [conquérir et dominer]… et réduire à la foi catholique, les terres et îles mentionnées ainsi que leurs habitants natifs”, que Christophe Colomb a localisé, ainsi que toutes les terres qui seront localisées de la sorte dans le futur. Plus tard, le pape loue chaudement (“commande”): “ceci… comme étant votre but sacré et louable devant dieu.

La pape Alexandre VI-Borgia continue avec une concession à la reine Isabel et au roi Ferdinand: “afin que vous puissiez accomplir cette assignation d’une si grande tâche, si généreusement pourvue par la faveur apostolique.. nous donnons.. concédons, et assignons les terres et îles sus-mentionnées en général… qui ne sont pas [mais devraient être] établies sous la souveraineté temporelle actuelle [“dominio”, domination] de quelques souverains chrétiens [“dominorum christianorum”, “dominateurs chrétiens”]. Le pape dit que c’est “par l’autorité de dieu omnipotent qui nous fut accordée par St Pierre et le vicariat de Jesus Christ que nous exerçons sur terre…” qu’il fait cette concession aux monarques de subjuguer, soumettre et réduire les Indiens à la foi catholique.

En quoi donc les concessions du pape Alexandre VI/Borgia à la reine Isabel et au roi Ferdinand d’Espagne (de Castille et d’Aragon) s’appliquent-elles à la décision du pape François 1er de canoniser le père Junipero Serra ? Considérant le désir du pape Alexandre VI/Borgia que les peuples et nations non-chrétiennes soient subjuguées et réduites à la foi catholique, il est logique pour l’église catholique que le frère Serra mérite une canonisation. Pourquoi ? Parce que le frère franciscain Serra a mis en application de manière très diligente en Haute-Californie, les efforts “sacrés et louables” de subjuguer et de réduire les nations indiennes de Californie au moyen de ce que Serra appelait lui-même “ces conquêtes spirituelles”, à savoir les évangélisations des populations. La mort et la destruction qui furent semées sur les nations premières de Californie et d’ailleurs au travers du continent ne sont justes que des dégâts collatéraux s’étant produits au gré de la propagation de l’empire chrétien.

Dans une lettre que Junipero Serra écrivit en Juin 1771, il exprimait son “espoir” que “nous verrons avant longtemps, de grands et nouveaux territoires collectés dans le sein de notre sainte mère l’église et soumises à la couronne d’Espagne.” (Writings of Junipero SerraI, ed., Antonine Tibesar, O. F. M., Vol. I, Washington, D.C.: Academy of American Franciscan History, p. 209). Dans la version originale en espagnol de la lettre de Serra, nous y trouvons le mot “dominios” (au pluriel), qui est aussi trouvé dans la bulle papale Inter Caetera du 3 Mai 1493, quelques 278 ans avant la lettre de Serra, le pape Alexandre VI/Borgia utilisait le terme “dominio” lorsqu’il se référait aux terres: “sub actuali dominio temporali aliquorum dominorum Christianorum constitute non sint” (des terres qui ne sont pas encore mais devraient être établies sous la domination temporelle actuelle du dominant chrétien). Un “tel établissement de “dominio” temporel présent devait être accompli sur ces terres et les peuples natifs y vivant “soumis” devant être mis dans le processus de “subjugation” et de domination.

Le philosophe du droit Steven Winter fait remarquer que le contexte et le but sont des caractéristiques intrinsèques des catégories et doivent de ce fait être prises en compte lorsqu’il s’agit de leur interprétation. Ceci est aussi valide que nous interprétions des symboles ou des textes écrits sous la forme de décisions légales, des décrets pontificaux, ou la vie et la correspondance d’un frère franciscain. Le point de vue de celui interprétant est un facteur additionnel. L’office du saint siège, maintenant occupé par le pape François 1er, interprète la “signification” de la vie de Serra dans la ligne d’un contexte “sacré” et dans le but de “l’évangélisation” et d’une “nouvelle évangélisation”.

Le saint siège est dans un état de déni profond. Il n’interprête pas la vie de Serra en association avec le désir exprimé du pape Alexandre VI/Borgia “de subjuguer les nations barbares” et de divulguer, de propager l’empire chrétien par le moyen de l’expansion de la domination de l’église catholique espagnole. Le saint siège évite soigneusement son propre but “sacré et louable” du “dominio” et du “dominorum christianorum” par le moyen de la subjugation des nations originelles de ce continent. Il ne veut pas admettre ni reconnaître que la conséquence des ces décrets / bulles pontificaux du XVème siècle fut la mort, la destruction et la déshumanisation des peuples et nations originels vivant en basse et haute Californie et partout ailleurs sur le continent des Amériques. En se cramponnant à un tel déni de réalité, le saint siège va sans aucun doute continuer à associer la sanctification et la sainteté avec le système de domination (“dominio”) mis en pratique par des gens comme Junipero Serra.

Doctrine chrétienne de la découverte: Vaines excuses et fourberie du pape devant les peuples indigènes en Bolivie…

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Rejoignez le mouvement pour la répudiation des bulles papales colonialistes, plus nous mettrons de pression sur la hiérarchie cléricale jusqu’au Vatican et plus ces diktats papaux auront de chance à être répudiés.

— Résistance 71 ~

 

“Les jésuites ont répandu dans l’église les ténèbres les plus épaisses qui soient jamais sorties du puit de l’abîme.”

~ Blaise Pascal ~

“Ainsi le juge [de la cour suprême de l’état du Tennessee] Catron a non seulement affirmé que les puissances chrétiennes avaient le ‘droit de forcer à l’obéissance’ les peuples et nations indigènes non-chrétiens, mais aussi que ce droit de coercition profondément enraciné dans la religon est appliqué validement par le gouvernement des Etat-Unis et est devenu en fait la ‘loi de la terre’ sur le territoire des Etats-Unis d’Amérique…”

~ Steven Newcomb ~

“Les droits des Indiens sont subordonnés à ceux des premiers découvreurs chrétiens.”

~ Juge de la Cour Suprême des US Henry Wheaton ~

 

Excuses papales aux Amérindiens… L’enfumage du Vatican continue !

 

Résistance 71

 

11 Juillet 2015

 

Ainsi donc, lors de son voyage très récent en Bolivie, l’ensoutané en chef Bergoglio (alias pape François 1er), patron des jésuites argentin acoquiné de la junte militaire fasciste du dictateur Videla et trafiquant d’enfants des familles de “disparus politiques”, comme son prédécesseur Ratzinger (alias pape Benoît XVI) ex-membre de la “Hitler Jugend”, décidément, s’est fendu des “excuses du Vatican” pour les “injustices et atrocités” commises à l’encontre des peuples et nations originelles des Amériques dès le début de la colonisation et de la mise sous contrôle du continent par les monarques chrétiens européens au nom de dieu et de son vicaire sur terre: le pape.

Le colonialisme occidental chrétien de la planète remonte officiellement au XVème siècle, lorsque deux papes: Nicolas V en 1455 et Alexandre VI (un Borgia…) en 1493 publièrent deux édits, bulles respectivement Romanus Pontifex et Inter Caetera, partagant le monde entre les royaumes du Portugal et d’Espagne au nom de dieu et de son vicaire, enjoignant les princes de la chrétienté de dominer, conquérir, asservir, occuper et confisquer tout ce qu’ils trouveraient en terres non-chrétiennes et de réduire leurs occupants païens “en esclavage perpétuel” (sic), ce qui fut fait.

Nous avons couvert sur ce blog l’hypocrisie vaticane a maintes reprises et plus récemment avec la traduction d’articles critiquant la future “canonisation” du tortionnaire missionnaire Junipero Serra par le Vatican, lors de la visite prévue du pape Bergoglio/François au Pays du Goulag Levant en Septembre prochain.

D’un côté les larmes de crocodile des “excuses”, de l’autre la canonisation d’un tortionnaire forcené de l’évangélisation des peuples indigènes dans la Californie espagnole. On reconnaît bien là la fourberie légendaire de l’ordre des jésuites.

Certains ont déjà avancé le fait que les bulles Romanus Pontifex et Inter Caetera ont été “désavouées” par l’église et que des papes dès le XVIème siècle reconnurent que les Indiens étaient humains et ne devaient pas être réduits en esclavage. Il convient aussi de constater que ces trop rares commentaires ne furent faits que dans des encycliques ou lettres de recommandation du pape à la hiérarchie de l’église. En aucun cas des encycliques peuvent-elles répudier des bulles, une encyclique recommande et commente mais n’ordonne pas. De fait, jamais aucun pape n’a émis une bulle annulant les deux bulles du XVème siècle, devenues sur le continent des Amériques, le fondement légal de l’appropriation colonialiste de la terre et de la subjugation des populations indigènes par les chrétiens dominants.

Pour faire bref, les “excuses”, certes publiques, du pape Bergoglio/François, tout comme celles de ses prédécesseurs, ne sont que des effets de manche, des opérations de relation publique pour faire pleurer dans les chaumières et redorer le blason d’une papauté en déconfiture.

Si Bergoglio alias pape François 1er, ensoutané en chef de la secte vaticane dans le monde, veut vraiment agir sans équivoque aucune sur la condition coloniale et l’oppression subies par les peuples et nations libres de droit du continent des Amériques, il n’a qu’une seule et unique solution, qui prouverait à tout jamais le repentir véritable des tortionnaires en soutane ayant sévi et sévissant encore de manière plus feutrée certes, contre les nations indigènes du monde: c’est de REVOQUER les bulles Romanus Pontifex et Inter Caetera par une BULLE écrite spécifiquement à cet effet. Seul un tel acte pourra rectifier instantanément tous les torts faits, car dans la seconde où cette bulle serait publiée, s’effondrerait tout le système légal de la Couronne/Vatican sur le “nouveau monde” et sur le reste des de facto colonies sur d’autres continents…

Tout le reste cher pape et chers frappés du missel n’est qu’hypocrisie et opération publicitaire, pour le dire plus crûment: ce n’est que pisser dans le calice.

Mais peut-on vraiment s’attendre à autre chose de la part de la secte religieuse la plus riche, la plus oppressive et la plus génocidaire de la planète ?

= = =

Bergoglio lave t’il plus blanc ?

 

Comprendre le colonialisme actuel: « Païens en Terre Promise », décoder la doctrine chrétienne de la découverte (Steven Newcomb) ~ Conclusion ~

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“Nous sommes un empire maintenant et quand nous agissons, nous créons notre propre réalité. Tandis que vous passez votre temps à étudier cette réalité, comme vous le ferez si judicieuseent, nous agirons encore, créant ainsi de nouvelles réalités, que vous pourrez étudier également. C’est de cette façon que les choses vont aller. Nous sommes les acteurs de l’histoire… et vous, vous tous, ne pourrez juste qu’étudier ce que nous faisons.”

~ Karl Rove, conseiller du président George W. Bush, 2002 ~

“… les uns sont plus grands que les autres de par le droit divin de l’inspiration ; ce qui constitue aussitôt une inégalité fixe, constante, pétrifiée. Les plus inspirés doivent être écoutés par les moins inspirés et les moins inspirés par les pas du tout inspirés. Voilà le principe de l’autorité bien établi et avec lui les deux insitutions fondamentales de l’esclavage: l’Église et l’État.”

~ Michel Bakounine ~

“Les pères fondateurs des Etats-Unis sont un gang d’esclavagistes qui a voulu être libre, pour pouvoir continuer à mettre en esclavage l’homme noir , massacrer et voler l’homme rouge.”

~ George Carlin ~

Pagans in the Promised Land, Decoding the Doctrine of Christian Discovery de Steven Newcomb ~ Conclusion ~

Éditions Fulcrum, 2008

Traduction du titre: “Païens en terre promise, décoder la doctrine de la découverte chrétienne”

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

Mars 2015

 

Introduction

1ère partie

2ème partie

3ème partie

4ème partie

Conclusion

 

Un regard sacré sur tout être vivant

Lorsque le juge de la cour suprême des Etats-Unis John Marshall a appliqué les concepts de Peuple Chrétien et de Païens au sujet de l’indépendance des Amérindiens et du titre de propriété foncier indien sur la terre, il a tissé ces catégories religieuses avec celles des idées de la découverte chrétienne et de la domination, dans le tissu conceptuel de la loi américaine.

Expliquant le concept de la “découverte”, l’érudit et universitaire respecté Hunkpapa Lakota Vine Deloria Jr dit que “avec l’approbation du pape, dans le traité de Tordesilla en 1494 (entre l’Espagne et le Portugal), la doctrine de la découverte fut élargie de façon à ce que toute nation chrétienne puisse “découvrir” des terres auparavant inconnues des Européens et ceux-ci se retrouver immédiatement investis du titre légal de propriété et ce sans aucun regard emvers les droits des habitants existant de l’endroit.” Deloria a très certainement raison avec toutefois une petite retouche nécessaire, petite mais importante: Dans la bulle papale Inter Caetera de 1493, le pape Alexandre VI n’a pas employé le terme d’Européens pour exprimer le “droit de découverte”, mais il a utilisé le terme de “chrétien”. D’après le décret du pape, tout roi, prince ou nation chrétiens peut “découvrir” et assumer la dominantion sur toutes terres auparavant inconnues des chrétiens même si connues des habitants non-chrétiens.

[…] Ainsi le document fut écrit afin de protéger les droits de propriété terrienne de tout monarque chrétien, comme par exemple le roi du Portugal, mais pas les droits de propriété terrienne des non-chrétiens qui devaient être “subjugués” afin de “propager l’empire chrétien”.

[…] La doctrine de la découverte est maintenant très bien établie et est une partie intrinsèque de la loi américaine qu’on ne peut donc pas altérer. Il serait de plus, selon l’establishment, “trop tard” pour nous, peuples indiens originels pour nous faire les avocats et partisans du retrait de ce cadre théologique de la “découverte chrétienne” de la loi fédérale indienne. Bien sûr pour la société états-unienne, avancer de tels arguments est prétendre que les nations indigènes à cette terre doivent tout simplement acquiescer à ce précédent de la cour suprême datant de 184 ans et qui a affirmé sur la base de l’histoire (la mythologie) du peuple élu sur la terre promise et sur une croyance vieille de 500 ans qui voudrait que le peuple chrétien possède le droit divin de subjuguer les “païens” et d’assumer contrôle et domination sur leurs terres.

[…] Dire que nous, en tant que peuples indigènes contemporains, ne pourront pas réussir à défier le droit de la découverte chrétienne et de domination dans la loi états-unienne sur le terrain religieux ou autre, est en fait suggérer que la loi fédérale indienne reposera toujours sur une idéologie de subjugation religieuse et que “l’État” (dans ce cas-ci le gouvernement fédéral des Etats-Unis et les États de l’Union) peuvent ainsi considérer les ténets religieux du livre de l’ancien testament biblique (ex: Génèse 1:28 et psaumes 2:8) comme partie intégrante du contexte de fond de la “loi suprême de la terre” aux Etats-Unis.

[…] Pourtant, lorsque vu d’une perspective indigène, comment pouvons-nous en tant que peuple natif, considérer les idées et les pensées appelées loi fédérale indienne avoir une signification légitime pour nous déposséder de nos terres et de nos territoires de manière légitime et de détruire les modes de vie ancestraux et traditionnels de nos peuples et nations respectifs ? Pourquoi devrions-nous accepter tout ceci comme légal ? Pourquoi devrions-nous considérer la bulle papale Inter Caetera et autres édits papaux, être des fondements légitimes de la “loi” des Etats-Unis en relation avec les nations amérindiennes, surtout en considérant l’assomption de la séparation de l’église et de l’État aux Etats-Unis et que le christianisme est supposé ne pas êtte préféré à d’autres religions dans la loi américaine ?

[..] Dans cette perspective, les nations indiennes qui ont accepté la protection des Etats-Unis (par traité) sont autorisées à conserver leur existence libre et indépendante ainsi que leur pleine intégrité territoriale […] Mais les Etats-Unis ont tacitement interprété tous les traités signés avec les Indiens comme partie intégrante du contexte de la doctrine de la découverte et du verdict de l’affaire Johnson. Ainsi la découverte chrétienne et la dominiation résultante servent de contexte dans ce que le gouvernement fédéral utilise pour interpréter les traités entre les Indiens et les Etats-Unis.

Ce livre n’a seulement traité que quelques cas parmi les milliers de décisions légales et statutaires qui ont été prises par le gouvernement fédéral en ce qui concerne les affaires indiennes. Comme Vine Deloria Jr l’a si bien noté: “Tous les efforts de réviser, de systématiser et de comprendre les cas légaux et statutaires concernant les peuples et nations indigènes des Etats-Unis, ont été passés et décidés dans l’ombre de cette doctrine de la découverte.

[…] Dans ce livre, mon but était d’utiliser des résultats de la théorie cognitive pour comprendre et interpréter la mentalité d’empire et de domination, qui a résultée de l’assomption que les peuples et nations originels libres et indépendants au départ sont maintenant sujets au pouvoir plénier et à la domination du gouvernement des Etats-Unis.

Cette même mentalité a aussi occasionné le fait que le peuple indien a perdu devant la cour suprêmes des Etats-Unis plus de 80% des affaires présentées, bien plus souvent que des criminels de droit commun condamnés et cherchant à inverser le verdict à leur encontre.

[…] Comme le dit Mark Johnson avec grande clareté dans son ouvrage “Law Incarnate”: “L’application de la science cognitive au droit repose sur l’assomption suivante: Le droit est une création humaine, de l’esprit humain vivant dans des corps humains, des sociétés humaines, opérant au sein de pratiques culturelles humaines. Et donc, pour comprendre comment fonctionne la loi, on doit savoir comment tous ces aspects de l’expérience et de la pensée humaines fonctionnent. Pour grandement simplifier l’affaire, nous devons savoir comme “l’esprit” fonctionne, et ceci est précisément l’objectif des sciences cognitives.

[…] Les Etats-Unis ont contextuellement été fondés comme “l’empire américain” en se séparant de l’empire britannique. “Nous avons creusé les fondations d’un empire” avait dit George Washington. Il déclara aussi: “Ce n’est que dans notre caractère unifié en tant qu’empire que notre indépendance est reconnue, que notre puissance peut-être reconnue ou notre crédit soutenu au sein des nations étrangères.

Comprendre que les Etats-Unis ont été fondés en tant qu’entreprise impérialiste nous permet de comprendre pourquoi la loi fédérale indienne, commençant avec le verdict de l’affaire Johnson, est plus correctement comprise en termes de modèle du conquérant et en termes des valeurs imbriquées dans des conceptions impériales romaines telles que imperium, dominatio, occupatio, domo, dominus etc…

[…] De 1783 jusqu’à la fin du XIXème siècle, l’empire américain s’est concentré sur l’extension de son contrôle territorial des nations indiennes dans les zones qu’il clâmait en Amérique du Nord. Cela ne fut qu’un amuse-gueule. Les Etats-Unis ont ensuite ardememnt travaillé à saisir une bonne partie du territoire du Mexique, puis s’est étendu dans le Pacifique pendant la guerre américano-espagnole. La politique étrangère américaine se tourna vers le désir de prendre le contrôle de Cuba, de Puerto Rico, des Philippines, de Guam, des Iles Vierges, Hawaii etc… Au cours du XXème siècle, les Etats-Unis ont étendu leur influence impérialiste autour du monde d’une telle manière, qu’il y a maintenant (NdT: en 2008 lorsque fut publié ce livre, bien plus maintenant…) quelques 725 bases militaires américaines réparties en territoires étrangers.

[…] En septembre 2000, un grand changement se fit jour quant à la doctrine avec le Project for a New American Century (PNAC), un think tank localisé à Washington D.C, qui publia un long rapport intitulé: “Rebuilding America’s Defense: Strategy, Forces and Resources for a New Century.” Le projet déclara: “Alors que le XXème siècle tire à sa fin, les Etats-Unis sont la seule super-puissance, combinant une puissance militaire prominente, un leadership technologique mondial et la plus grande économie au monde. Les Etats-Unis n’ont plus de rival et donc leur grande stratégie devrait être de préserver et d’étendre leur position avantageuse aussi loin dans le futur que possible.

[…] Le rapport notait également que “le processus de transformation, même s’il amène des changements révolutionnaires, sera sûrement très long à défaut d’un évènement catastrophique de l’ampleur d’un nouveau Pearl Harbor.” Les attaques sur le WTC et le Pentagone juste un an exactement après que le rapport du PNAC fut publié (Septembre 2000), furent l’évènement catalyseur qui mit en branle une série de changements de grande envergure. Nous en subissons toujours les effets aujourd’hui.

[…] Il y a ce vieux cliché disant que les choses deviennent noires avant l’aube et le retour de la lumière. La voie de sortie de cette sombre période dans laquelle nous nous trouvons en ce moment doit impliquer un changement positif de paradigme cognitif en s’éloignant de la mentalité et des attitudes d’empire et de domination, réflectrices du modèle du Conquérant et du modèle du peuple élu/terre promise de l’ancien testament, incluant la doctrine chrétienne de la découverte et de la domination énoncée dans le verdict de l’affaire Johnson contre McIntosh.

[…] En tant que peuples et nations originels de l’Île de la Grande Tortue, nous devons inviter le monde à marcher avec nous côte à côte sur ce merveilleux chemin de la vie en restant centré sur l’enseignement de la loi indigène: Respectez la Terre comme votre mère et portez un regard sacré sur tout être vivant.

Fin

Le livre se termine par 31 pages de notes de chapitres et 11 pages de références bibliographiques.

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Notre conclusion

L’analyse de Newcomb est unique en son genre et nous permet de réellement bien comprendre le cœur du problème colonialiste. Depuis le XVème siècle, la racine profonde de la domination eurocentrique sur le monde est d’ordre religieux même si dans le temps, essentiellement au XIXème siècle et l’expansion de l’empire français sous la IIIème république, et celui de l’empire britannique sous le règne de la reine Victoria, ont vu les objectifs de la conquête glisser du religieux à “l’humanitaire” et à l’universalisme de la culture occidentale “supérieure” s’étant octroyée un devoir de rayonner non plus sur un monde “barbare et païen” mais sur un monde “barbare et ignorant”. La belle affaire !

La notion de conquête, de domination européenne du monde prend sa source dans les bulles papales du XVème siècle qui divisèrent le monde pour sa possession par l’empire de la chrétienté. Il est effarant en effet de constater que l’empire américain actuel est fondé sur une appropriation arbitraire, un vol de terres ne lui appartenant pas, vol qui s’est vu enterriner au fil du temps par la passation de la domination fondée sur des principes fondamentalement racistes d’un empire à un autre. Toujours plus effarant de constater que cette domination ordonnée par des édits du Vatican, a été intégrée dans la loi américaine (et canadienne) par le jeu de la reconnaissance et donc de la validation soi-disant légale d’édits religieux d’un autre temps, le tout dans la logique suprématiste d’une nation qui s’auto-déclare “indispensable” et ayant une “destinée manifeste” de rayonner sur le monde dans le plus pur esprit sectaire des puritains anglicans du Mayflower s’établissant sur la côte Est du “nouveau monde”, créant en Nouvelle-Angleterre, cette “cité sur la colline destinée à rayonner sur le monde”.

La réalité, comme exposé par Newcomb dans cet ouvrage qui fera date, est que tout ceci n’est qu’un leurre, une vaste supercherie criminelle et que l’empire est fondé sur un territoire volé, usurpé au prix du plus grand génocide de l’histoire de l’humanité (les chiffres oscillant entre 50 et 100 millions de morts depuis 1492 selon les sources). Cet empire est “sans terre”, il est nécessaire de déconstruire la fabrication pseudo-légale de son existence pour le forcer à disparaître. Les nations et peuples natifs du continent peuvent le faire, mais ils ont besoin de l’aide d’occidentaux eux-mêmes émancipés de l’idéologie colonialiste qui leur est inculquée et martelée depuis des générations. Notre position est que l’avenir de l’humanité passe par la coopération des peuples occidentaux libérés de l’idéologie mortifère colonialiste se tenant la main dans la main avec leurs frères des peuples indigènes de tous les continents pour se débarrasser du paradigme politique dominant, totalitaire, inégalitaire et fondamentalement raciste actuel pour reconstruire un nouveau paradigme sociétal égalitaire, non-coercitif, non-hiérarchique, au pouvoir dissout dans le peuple, fondé sur le respect des uns pour les autres. L’humain est capable de choses merveilleuses pourvu que l’environnement soit propice. Créons ensemble cet environnment en mettant le modèle politico-économique de l’État et du capitalisme aux oubliettes de l’Histoire, leur seule place légitime et en créant la société des sociétés, l’organisme collectif égalitaire où la véritable préoccupation sera le bonheur harmonieux et partagé sur terre. Rêve, utopie ! Hurlerons certains… Non, un projet politique et social réaliste si on s’en donne VRAIMENT les moyens, ensemble !

Comprendre le colonialisme actuel: « Païens en Terre Promise », décoder la doctrine chrétienne de la découverte (Steven Newcomb) ~ 4ème partie ~

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“Pendant dix siècles, le christianisme, armé de la toute puissance de l’église et de l’État et sans concurrence aucune de la part de qui que ce fût, put dépraver, abrutir et fausser l’esprit de l’Europe.”
~ Michel Bakounine ~

“L’historien Schlomo Sand nous laisse à l’inévitable conclusion que les juifs contemporains n’ont pas d’origine commune, que leurs origines sémites sont un mythe. Les juifs n’ont absolument aucune origine en Palestine et donc leur action de soi-disant ‘retour’ doit être comprise comme prétexte à une invasion expansionniste tribale.”

~ Gilad Atzmon ~

 

Pagans in the Promised Land, Decoding the Doctrine of Christian Discovery de Steven Newcomb ~ 4ème partie ~

 

Éditions Fulcrum, 2008

 

Traduction du titre: “Païens en terre promise, décoder la doctrine de la découverte chrétienne”

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Mars 2015

 

Introduction

1ère partie

2ème partie

3ème partie

4ème partie

Conclusion

 

Chapitre 8: Convertir la découverte chrétienne en conquête du paganisme

Dans le rendu du verdict de l’affaire Johnson contre McIntosh, le juge de la Cour suprême des Etats-Unis, John Marshall, écrivit que “les différentes nations d’Europe” n’avaient pas “entièrement” ignoré les droits des nations natives, car les nations d’Europe avaient “respecté les natifs en tant qu’occupants”. Le mot “entièrement” suggère bien sûr que les nations européennes avaient essentiellement ignoré les droits des nations natives, mais simplement pas “entièrement”. Comme nous allons le voir, du point de vue de la cour suprême, les droits des Indiens furent ignorés dans la mesure nécessaire de s’assurer que les nations indiennes fussent placées dans l’incapacité de contredire l’affirmation par les Etats-Unis de leur “domination ultime” sur les terres du continent et leur “titre (de propriété) absolu”.

[…] Le juge dit aussi que les chartes royales illustraient comment le “peuple chrétien” avait assujetti un “droit de prendre possession” des terres indigènes du continent, sur la base de la “découverte”, “nonobstant l’occupation par les natifs, qui étaient des païens”. En d’autres termes, Marshall voyait les chartes royales comme preuves que les monarques chrétiens européens, qui envoyèrent des colonisateurs sur ce continent, étaient en possession d’une autorité gouvernementale (dominion) pour convoyer ou octroyer les terres des “païens”.

[…] Comment cela fut abondamment illustré dans le chapitre 4 de ce livre, en particulier avec le point de vue de Henry Summer Maine au sujet des Indiens comparés “presque universellement aux Canéens de l’ancien testament”, la toile de fond cognitive de Marshall dans l’affaire Johnson est le modèle cognitif du “peuple élu sur la terre promise”: Les monarques chrétiens ou les nations s’arrogeant la “découverte” des terres, le faisaient sous le coup d’un mandat de dieu qui leur avait été donné en tant que ‘peuple élu’, pour localiser, posséder, et occuper les terres païennes ‘promises’. D’après ce modèle mental, dieu est considéré avoir promis la terre aux chrétiens européens et ce n’est donc en conséquence qu’une question de temps avant que les peuples indigènes ne soient extirpés de ces terres. Le juge Joseph Story à son tour, colporta ce sens même d’occupation temporaire des terres par les Indiens, lorsqu’il se référa aux Indiens ayant possession de la terre pour leurs “buts temporaires et fugitifs”.

[…] Les droits des peuples indigènes ne furent donc pas totalement ignorés, mais furent “dimininués dans une grande mesure”, dans une grande mesure parce que leurs “droits à la souveraineté totale en tant que nations indépendantes, furent nécessairement diminués par le principe fondamental original, celui qui veut que la découverte ait donné le titre exclusif à ceux qui ont fait la découverte.”. Devant l’ampleur de l’existence de la domination des Amérindiens par les Etats-Unis, ceci mena à cette conception du fait de la diminution de la souveraineté des Indiens et de leur indépendance, à cet égard, le point suivant est central à l’argument du présent travail.

La découverte comme “masque” du pouvoir mental de conceptualisation

[…] Ainsi, l’assomption sous-jacente et hautement implausible suggérée par la cour est que la simple arrivée physique des Européens sur le continent des Amériques est ce qui leur a “donné le titre (de propriété) ultime” sur les terres de ce (sous) continent. Pourtant, malgré la très longue présence physique de dizaines de millions de personnes indigènes sur le continent au moment de l’arrivée des Européens, il n’y a aucune raison sensible et apparente de croire que la simple arrivée des Européens auraient pu annihiler la possession des Indiens de façon à donner aux Européens le titre ultime de propriété sur les terres indigènes du continent.

[..] La théorie cognitive nous permet de reconnaître là une affirmation sous-jacente enfouie dans le verdict de Johnson: Les Européens se sont mentalement aloués la domination sur les terres du continent et leur titre de propriété en se conceptualisant imaginairement eux-mêmes comme ayant la domination et le titre sur les terres du continent. Le concept de “découverte” réfère tacitement à la capacité des Européens d’imaginer la possibilité d’une “réalité” particulière et d’agir ensuite avec une énergie intense et répétée sur cette possibilité de l’imaginaire jusqu’à ce que la “réalité” envisionnée se “manifeste” ou “soit construite”. […] NdT: C’est le principe connu du “répéter un mensonge très souvent et il devient vérité…”

La personnification de la découverte dans le verdict de l’affaire Johnson

Un point clef exprimé dans le verdict est que le gouvernement des Etats-Unis a formellement adopté l’argument disant que le “peuple chrétien” avait “découvert” ce continent “païen” et que les “habitants civilisés” des Etats-Unis avaient donc collectivement “maintenus ce pays” sur la base du “droit à la découverte”. Marshall a dit que c’est à la base même du droit de la découverte que tous les états des Etats-Unis “tiennent et assument maintenant le titre (de propriété) par lequel ce pays fut acquis”.

]…] L’utilisation par Marshall du concept de “découverte” est même plus problématique parce que les chrétiens européens n’ont pas découvert ce continent dans le sens de découvrir un endroit qui était inconnu, il ne sont en fait apparus que sur des terres occupées et connues de dizaines de millions de personnes constituant les nations indigènes. Il est donc en cela parfaitement incorrect de dire que les européens auraient découvert des terres “jusque là inconnues”, d’un point de vue euro-centrique, cela ignore totalement la mentalité propre des peuples autochtones et leur conscience toute particulière de leurs propres terres. Il est de fait bien plus correct de dire que les Européens sont arrivés invasivement sur ce continent.
Ce qui est généralement référé à la doctrine de la découverte pourrait en fait être appelée de manière bien plus juste et précise la doctrine de l’arrivée européenne, mieux même: la doctrine de l’invasion européenne chrétienne.

[…] Le pouvoir d’octroyer des terres en possession des Indiens a déjà été exercé précédemment par les nations européennes, nous dit le juge suprême Marshall. Ainsi toutes les nations d’Europe qui ont acquises des terres sur ce continent ont reconnu pour elles-mêmes et on reconnu pour les autres, le droit exclusif des découvreurs chrétiens de s’approprier les terres occupées par les Indiens.

Les Etats-Unis ont-ils adopté la doctrine de la découverte ?

Les Etats-Unis ont-ils adopté ou rejeté le principe de la découverte ?” avait demandé Marshall. En répondant à cette question, le juge de la cour suprême des Etats-Unis suggéra qu’au traité de Paris de 1783 (qui mît fin à la guerre d’indépendance des Etats-Unis), la Grande-Bretagne avait transféré son assertion de domination ultime aux Etats-Unis et que lorsque ce transfert eut lieu, les Etats-Unis commencèrent à utiliser les mêmes arguments que ceux de la découverte chrétienne pour assumer leur propre affirmation de domination sur les territoires indiens de l’Amérique du Nord (NdT: n’oublions pas que le Canada n’existait alors pas, il fut “officiellement” créé en 1867). Ceci fut fait sur la base de cette affirmation de “dominion” ou de “droit de prendre possession”, a dit Marshall, que les Etats-Unis affirmèrent subséquemment avoir le pouvoir et le droit de donner, distribuer les terres qui étaient toujours habitées et en possession légitime des nations indiennes. De surcroît, les Etats-Unis refuseraient de reconnaître que les Indiens possédaient quelque droit que ce soit qui pourrait être en conflit et leur permettre de contrôler la terre à l’encontre des Etats-Unis.

[…] Ainsi, les institutions des Etats-Unis reconnaissaient que la “couronne” britannique avait le titre (complet) et absolu sur les terres et comme il ne peut y avoir qu’un seule titre de propriété “absolu” pour la même chose au même moment, Marshall en conclût alors que les titre des Indiens était moins qu’absolu, et donc moins que “complet”. De l’opinion de la Cour suprême, comme le titre indien n’était pas un titre de dominion/domination, il n’était “juste” qu’un droit “d’occupation des sols” sujet à la domination des premiers “découvreurs” européens chrétiens ou sujet à la “domination” du successeur politique et légal de ces premiers découvreurs, à savoir, les Etats-Unis. […]

Règles de la conquête

Le juge Marshall expliqua que la cour ne faisait qu’appliquer aux Indiens les règles coutumières de la conquête:

La conquête donne un titre que les tribunaux du conquérant ne peuvent pas nier, quelque soit l’opinion privée et spéculative des individus, respectant l’affirmation de justice originale qui a été correctement évaluée. Le gouvernement britannique qui était alors notre gouvernement et dont les droits furent passés aux Etats-Unis, avait affirmé le titre des terres occupées par les Indiens au sein des limites établies par les chartes des colonies britanniques. […] Le titre de propriété de la très vaste portion des terres que nous possédons, y a son origine. Il n’est pas du ressort des tribuanux de ce pays de mettre en question la validité de ce titre, ou d’en soutenir un autre qui lui serait incompatible.

[…] Puis Marshall se lance dans une analyse de la conquête et du rôle du conquérant donnant la fausse impression qu’il appliquait ces règles de la conquête aux Indiens:

Le titre [de propriété] par conquête est acquis et maintenu par la force. Le conquérant en prescrit les limites. […] Le plus souvent, les conquis sont assimilés et incorporés dans la nation victorieuse et deviennent sujets ou citoyens du gouvernement avec lequel ils sont connectés. […]”

Utilisant une mauvaise et fausse description des Indiens comme étant de “féroces sauvages”, Marshall poursuivit pour expliquer pourquoi il était impossible d’appliquer les règles ci-dessus à la conquête des Indiens:

Mais les tribus indiennes habitant ce pays étaient féroces et sauvages, leur occupation était la guerre et leur subsistance dépendait principalement de la forêt. Les laisser en possession de leur pays était laisser le pays à l’état sauvage ; les gouverner en tant que peuples distincts était impossible, parce qu’ils étaient aussi braves et hautement motivés qu’ils étaient féroces et étaient totalement prêts à repousser par les armes toute tentative sur leur indépendance.” […]

Ce fut Marshall lui-même qui, au nom de la cour suprême des Etats-Unis, utilisait le verdict de l’affaire Johnson comme une opportunité pour suggérer une règle nouvelle et totalement différente de la conquête, que les Etats-Unis pourraient utiliser contre les nations indiennes. Quelle fut cette nouvelle règle suggérée par Marshall ? Simplement celle-ci:

Quoi qu’extravagante puisse paraître la prétention de convertir la découverte d’un pays habité en sa conquête, si le principe a été établi en première instance, puis maintenu subséquemment, si un pays a été acquis sous ce principe, si la propriété de la vaste masse de la communauté a ce principe pour origine, alors ce principe devient la loi de la terre et ne peut pas être mis en question.

[…] Marshall reconnait librement qu’une telle prétendue conquête puisse paraître “extravagante” et même être hors du raisonnable. Et pourtant, il dit aussi qu’il peut être possible de justificer cette prétention à la conquête pour plusieurs raisons: d’abord si la conquête prétendue a été établie au préalable puis maintenue, secondo, si le pays a été acquis sur la base de cette prétention de conquête et tertio si la propriété de la vaste masse de la communauté a pour origine la prétendue conquête. Alors la conquête devient la loi et ne peut plus être questionnée.

Ainsi, les Etats-unis prétendraient que les nations indiennes sont les habitants “conquis” de ce continent et qu’elles ne possèdent pas de droit de dominion sur leur propres terres ancestrales, ainsi menant à la “conclusion” que le “titre absolu de propriété” du sol était en possession des premiers chrétiens foulant cette terre ou des successeurs politiques et légaux de ces premiers chrétiens. La théorie résultante de “l’occupation païenne” veut dire que les nations indiennes étaient vues par les Etats-Unis comme ne possédant ni la domination ni le titre absolu des terres du continent et seraient ainsi vues comme étant incapables de transférer le titre absolu à d’autres. Sur cette base, la cour suprême a décidé que les titres de propriétés de la terre détenues par des entreprises étaient nuls et non avenus, car les Indiens n’avaient que le titre d’occupation des sols a vendre dans la mesure où les achats privés de terres aux Indiens n’étaient pas considérés comme valides.. La cour considéra les titres opposés être valides, mais neeanmoins contre le don de terre des Indiens, car cela résultait d’un don des Etats-Unis, qui de manière supposée détenaient le titre de propriété absolu par droit de découverte et de domination chrétienne.

[…] Ainsi de par notre analyse du verdict de l’affaire Johnson contre M’Intosh, nous avons documenté que le concept de découverte comme il est utilisé dans le verdict de l’affaire Johnson veut dire découverte par le peuple chrétien de terres habitées par des “natifs”, qui sont des “païens”. Il s’ensuit que nous pouvons caractériser avec précision la nouvelle règle du juge Marshall comme:

  • Une affaire de prétendre qu’une simple découverte de terres habitées par des “païens” par les chrétiens, était la même chose que la “conquête” desdits “païens”.
  • Que ce prétendu évènement de la découverte a résulté dans la présomption que les Européens chrétiens possédaient automatiquement le “dominion/la domination” ultime sur les peuples indigènes et leurs terres.

Cette règle de prétendue conquête est fondée sur le pouvoir cognitif de l’assomption. Après tout, un des sens du mot “assumer” est … “prétendre”, un autre est “d’approprier ou de s’arroger” comme dans “assumer le droit de ou sur…” Ainsi le verdict de l’affaire Johnson démontre clairement la capacité des officiels du gouvernement des Etats-Unis, comme John Marshall le haut fonctionnaire magistrat, d’imaginer que les Etats-Unis possèdent le “pouvoir plénier” sur les nations indiennes et de clâmer, sur la base de la découverte (chrétienne), un droit de s’approprier les terres indiennes et les ressources naturelles de ce continent pour le bénéfice économique exclusif des Etats-Unis. Par là donc, le verdict dans l’affaire Johnson assume, sur la base d’une règle de prétendue conquête et d’une distinction entre “les peuples chrétiens” et les “païens”, que les Etats-Unis ont le droit de coloniser un continent entier. De l’opinion de la Cour Suprême des Etats-Unis, cette “nouvelle règle” établie est devenue la loi de la terre.

L’écriture de Marshall dans le rendu du verdict de la cour suprême dans l’affaire Johnson contre M’Intosh (1823) est véritablement ingénieux et d’un point de vue indigène, quelque peu diabolique. Il a utilisé la religion chrétienne et le nationalisme chrétien, combinés avec les pouvoirs cognitifs de l’imagination et de l’assomption, pour construire une réalité subjugatrice pour les Indiens d’Amérique du Nord. Plus de 180 ans après que Marshall eut écrit noir sur blanc le rendu du verdict de l’affaire Johnson au nom d’une cour suprême unanime, cette réalité subjugatrice sert toujours de pierre angulaire pour la loi et la politique fédérale indienne. Clairement, la doctrine de la prétendue conquête chrétienne de John Marshall et sa doctrine du prétendu titre chrétien absolu (titre foncier ultime des Etats-Unis) sont deux aspects brillants et néfastes de son héritage judiciaire.

Chapitre 9: Le processus mental de la négation

En catégorisant les peuples indigènes comme païens, le juge Marshall les conceptualisait en termes de ce qu’ils n’étaient pas!

Ceci est un exemple d’assigner les peuples indigènes une catégorie de négation fondée sur un MCI chrétien, qui du point de vue chrétien, suggère inconsciemment tout ce qui est positif, bon et totalement humain. Au contraire, de la même perspective, la catégorie des “païens” sert une fonction cognitive tacite d’un jugement fondé sur la négation: non chrétien, mauvais, négatif, incivilisé, pas totalement humain. A ce titre, le fait d’être “païen” » peut tout aussi bien vouloir dire “ne pas exister”, comme nous le verrons plus loin.

[…]

Res Nullus

James Truslow Adams identifia un tel processus mental de négation lorsqu’il écrivit: “Un païen était considéré comme nullus, de cette façon sa propriété n’avait pas de propriétaire, ainisi le sol américain pouvait être approprié par qui que ce soit la trouvait en premier.” Quelqu’un qui est classifié comme non-existant est, du point de vue de celui que l’a classifié de cette façon, le propriétaire de rien du tout. Ainsi la catégorie “nullus” a servi de but pour assigner mentalement les peuples indigènes dans la catégorie des politiquement inexistants sans concept de nation indépendante contre les nations chrétiennes européennes.

Le terme nullus est dérivé du latin null voulant dire “rien, aucun, invalide et nul (et non avenu)”. Le terme “vide, nul” est dérivé du latin vacuum signifiant “vide”.

[…] Ces processus mentaux étaient empruntés de la Rome antique et de la loi, du droit romains. Un des aspects du droit romain voulait qu’à la déclaration des hostilités, les terres ennemies soient déclarées “nullius” ou “sans propriétaire”. L’ennemi des Romains étaient déclaré n’être “personne” (dans le sens d’inexistant), ce qui voulait dire politiquement inexistant pour l’empire romain. Cet art mental de la guerre rendait subtilement les terres ennemies “vacantes” et donc “ouvertes” à la possession.

Le processus romain pour prendre possession des terres ennemies était connu sous le nom d’ “occupatio” dans le droit romain, ce qui voulait dire occupation de la terre.

Ceci voulait dire “prendre possession d’une terre qui n’appartient à personne et de s’en approprier le titre de propriété.” Le terme romain était “res nullius”, qui avait deux façons de voir la chose: “La propriété n’avait jamais eu de propriétaire et la propriété n’avait plus de propriétaire au moment de l’appropriation”.

[…] D’après Henry Sumner Maine, nous avons le concept romain d’occupatio référant à “l’occupant qui prit possession en premier lieu” ou de “terres nouvellement découvertes”. En accord avec Maine, l’occupatio romain incluait les droits complets de domination, alors que d’après conception de la cour suprême des Etats-Unis, le titre indien d’occupation des sols n’incluait pas la domination/dominion.

[…] Le juriste Hinsdale identifia une connexion directe entre le principe de droit romain de res nullius et le verdict de l’affaire Johnson contre M’Intosh, mais avec une connotation religieuse comme nous l’allons voir. […] Hinsdale nota que Maine ne vit pas “que l’application de la doctrine du droit romain au Nouveau Monde des XVIème et XVIIème siècles fut faite par le moyen d’une nouvelle définition de nullus.” En d’autres termes, d’après la lecture d’Hinsdale de Francis Lieber, la signification de la doctrine légale pré romano-chrétienne de nullus, fut changée pendant le soi-disant Âge de la Découverte.

Hinsdale commença son explication de la nouvelle signification de res nullius en notant que “les puissances maritimes de l’époque n’ont pas reconnu les sauvages comme leurs ennemis ni plaidé les droits du conquérant en relation avec leurs prises de terres à l’Ouest.” Hinsdale dit que le juge Marshall pensait que “les possessions anglaises en Amérique ne furent pas assumées en tant que droit de conquête mais par le droit de ‘découverte’ et que ceci fut également le fondement des prises de possession des autres puissances qui se divisèrent le Nouveau Monde.

[…] Développant sur ce point Hinsdale continua:

De manière pratique, la découverte, lorsque consommée par la prise de possession, était conquête, mais théoriquement, c’était quelque chose de très différent. Un ennemi défait dans la bataille était ‘nullus’ d’après le droit romain, mais une autre définition, une plus amène avec la mentalité de l’époque, fut alors adoptée. Cette définition fut fournie par l’église catholique apotholique et romaine.

La nouvelle définition de ‘nullus’ était, un païen, infidèle, incroyant ou une personne non-baptisée. “Le paganisme, qui voulait dire non-baptisé’, dit Dr. Lieber, “retire à l’individu ces droits qui sont une véritable moralité juridique inhérente à chaque être humain.” […] Ainsi cette définition concède que res nullius est la propriété de celui qui découvre, qu’un infidèle est nullus, que le sauvage américain est un infidèle et que l’argument est ainsi complété. Que l’église, dont un des grands devoirs et de protéger le faible et le vulnérable, ait suppléé la moitié de la logique qui a justifié de la ruine et de la mise en esclavage des païens, est une des grandes anomalies de l’histoire.

[…] Ainsi Hinsdale décrivit un processus mental dans lequel nos ancêtres natifs étaient métaphoriquement conceptualisés sur la base (exclusive) de la religion chrétienne, comme étant des païens, des infidèles ou des sauvages non-croyants.

[…] En accord avec ce cadre de réflexion, en catégorisant nos nations natives respectives comme politiquement inexistantes, soit partiellement, soit entièrement, pour manque de baptême chrétien, quelques penseurs chrétiens européens, comme l’a montré Hinsdale, ont étiqueté les terres ancestrales des nations indigènes comme étant “terra nullus”, ou terres vacantes sur lesquelles les chrétiens pouvaient dès lors légitimement affirmer leur “dominion/domination”. Et bien que Francisco de Victoria, qui est considéré comme le père fondateur de la “loi internationale” ou “loi des nations”, fut de l’opinion que les non-chrétiens étaient des humains qui avaient le droit à la liberté, la propriété et à la domination territoriale, ceci ne fut pas le chemin conceptuel suivi par la cour suprême des Etats-Unis dans son verdict de l’affaire Johnson contre McIntosh en 1823.

Occupation païenne et dominion chrétien

Marshall a dit dans le verdict de l’affaire Johnson que du point de vue de la Grande-Bretagne, “il n’y avait pas de disticntion entre les terres vacantes et les terres occupée par les Indiens.” Pourquoi ? parce que comme Francis Lieber l’avait fait remarquer, d’une perspective chrétienne européenne, les peuples qui n’étaient pas baptisés étaient vus comme manquant “ces droits qu’une véritable moralité juridique considère inhérents à chaque être humain.” Sur cette base conceptuelle et malgré quelques caractéristiques “humaines” que les chrétiens européens considéraient les peuples indigènes avoir, ceci n’empêcha pas un empire chrétien européen de “découvrir” et de clâmer une domination totale sur les nations indigènes et leurs terres.

En catégorisant nos ancêtres comme étant païens et infidèles, les chrétiens européens catégorisaient également nos ancêtres comme moins qu’humains, pareils à des monstres.

[…] Il convient ici de noter que la loi internationale est dite ne s’appliquer qu’à la catégorie unique des croyants de la chrétienté. Ainsi, la loi internationale de la chrétienté et son principe de loi d’occupatio était l’acte de chrétiens ou d’une puissance chrétienne clâmant le droit de prendre possession des terres habitées par des peuples indigènes décrétés par les Européens chrétiens comme étant des païens, des monstres ou moins qu’humains.

[…] Dans le rendu du verdict de l’affaire Johnson, un “prince ou peuple chrétien” avait “dominion” par droit de “découverte”, mais les “païens” n’avaient aucun droit.

Comme l’a également dit le juge Joseph Story dans son interprétation du verdict de l’affaire Johnson: “En bien des cas, les Indiens furent traités comme des communautés indépendantes, libres de se gouverner elles-mêmes, aussi longtemps que cela n’interférait pas avec les droits primordiaux des Européens découvreurs du continent.

Les Européens chrétiens s’approprient mentalement les nations et territoires indigènes

Avant l’invasion européenne chrétienne du continent, les nations indigènes étaient physiquement et mentalement libres et indépendantes des idées et du jugement de la chrétienté. Une autre façon de dire ceci serait de dire qu’avant la venue des Européens chrétiens sur ce continent avec leur intention de conquérir et de subjuguer, ils n’avaient absolument aucun contrôle des peuples et nations indigènes de l’endroit et ce sur tout le continent des Amériques. Ainsi donc, d’une perspective indigène, l’existence libre et indépendante des nations indigènes peut-être vue comme la base de toutes discussions sur l’existence même des Indiens des Amériques. Le système conceptuel de la loi et de la politique fédérales indiennes est fait pour nier cette réalité de base en prétendant que dès le premier moment où les Européens chrétiens ont posé les yeux sur le continent, l’esprit européen a pris possession de l’existence des peuples et nations indigènes.

[…]

Pourquoi les nations et peuples Indiens continuent d’être légalement libres

[…] Qu’est-ce qui a causé les peuples et nations indigènes de cesser d’être légalement libres et indépendants ?

La réponse est: rien ! Les peuples et nations indigènenes continuent jusqu’à ce jour d’être légalement libres et indépendants des Etats-Unis et de toute activité mentale des officiels et fonctionnaires du gouvernement fédéral. Néanmoins, la loi fédérale indienne est fondée sur l’assomption que le gouvernement des Etats-Unis possède une autorité plénière et une domination légitimes sur les nations amérindiennes sur la seule base de la “prétention extravagante” que le peuple chrétien a découvert des terres païennes pendant la période du soi-disant Âge de la Découverte.

[…] Comme ce livre l’a clairement démontré, le double modèle cognitif idéalisé (MCI) du conquérant et du peuple élu sur la terre promise ont fourni la base pour prétendre qu’une simple présence mentale et physique des Européens chrétiens sur le continent causa le fait que les peuples et nations indigènes ne sont plus libres. Ce point de vue repose sur la présomption suivante:

Dès que les Européens chrétiens eurent envahi l’espace territorial de non-chrétiens, les dits non-chrétiens cessèrent immédiatement d’avoir une “indépendance parfaite”. Pourquoi ? Parce que les païens et les nations païennes doivent respecter la volonté de dieu comme exprimée dans la Génèse 1:28 de l’Ancien Testament. En d’autres termes, c’est par la “volonté de dieu” que les chrétiens exercent et maintiennent une suprématie sur les non-chrétiens en les subjugant et en exerçant une domination sur la terre et tout autre être vivant.

En se présumant inconsciemment comme ayant un droit de pouvoir mental et de jugement sur des “païens”, les chrétiens furent capables de juger les Indiens comme n’étant plus autorisés à continuer de vivre librement et indépendamment. Sur la base d’un point de vue biblique disant qu’au peuple élu est providentiellement assigné la tâche de subjuguer la terre et d’exercer la domination sur tout être vivant, les chrétiens se considèrent comme étant un peuple choisi divinement et obligé de “sauver” les païens en les subjugant, ce qui de manière euphémiste est référé comme étant les “civiliser”. Ceci devait être accompli en scindant les nations païennes pour ensuite convertir les membres de ces nations au christianisme, pour que chaque chrétien individuellement se retrouve soit sujet d’une monarchie européenne ou citoyen d’un état chrétien européen par le biais d’une assimilation progressive. C’est de ce point de vue que les païens sont destinés par dieu à être sauvés et réduits dans la civilisation chrétienne européenne.

Chapitre 10: La théorie des nations chrétiennes: cachée à la vue de tous

[…] Dans son petit livre très utile “Les droits des Tribus Indiennes” (Illinois University Press, 1992), Stephen L. Pevar écrivit: “Bien des gens questionnent le droit du gouvernement fédéral de gouverner les Indiens et croient que les nations indiennes n’ont pas perdu leur indépendance. Le gouvernement des Etats-Unis n’est pas du tout d’accord avec ceci et ses tribunaux ont maintenus de manière consistante le pouvoir du gouvernement fédéral sur les Indiens et son droit de pouvoir intervenir dans leurs affaires.” En soutien de ses commentaires, Pevar cita le verdict de la cour suprême des Etats-Unis dans l’affaire Worcester contre l’état de Georgie en 1832 et quelques autres verdicts de cours suprêmes. Il dit alors:

Pour bien des raisons, le congrès pourrait bien avoir tort en présumant qu’il a le droit de gouverner les Indiens. Pour les personnes intéressées à suivre ce sujet, il y a pas mal de sources qui peuvent être consultées. En toute probabilité quoi qu’il en soit, le gouvernement fédéral continuera à exercer son pouvoir sur les nations et tribus indiennes et ce livre rend compte de cette assomption. Le vieil adage qui dit que ‘la force donne le droit’ contrôle la relation entre les Indiens et les Etats-Unis. Le gouvernement fédéral ne leur permettra jamais de vraiment s’auto-gouverner, il ne leur rendra pas non plus leurs terres.” … Pevar identifia également une autre théorie qu’il assure les Etats-Unis avoir utilisé pour justifier de l’assomption du contrôle fédéral sur les Indiens. Une des manières par laquelle la cour suprême a justifié d’un tel contrôle a dit Pevar “est une règle de la loi internationale qui déclare que la découverte et la conquête donnent au conquérant la souveraineté sur la propriété foncière des terres ainsi obtenues.” La citation est directement empruntée du verdict de la cour suprême des Etats-Unis dans l’affaire des Indiens Tee Hit Ton contre les Etats-Unis (1955). En d’autres termes: “Aux vainqueurs le butin”. Puis citant le verdict de Johnson contre M’Intosh, Pevar nota que la cour suprême avait décidé “Qu’en vertu de la ‘découverte’ de l’Amérique du Nord par les Européens et la ‘conquête’ de ses habitants, le gouvernement fédéral est autorisé à forcer ses lois sur les personnes et les propriétés au sein des Etats-Unis.

[…] Ce livre a déjà présenté un grand nombre de preuves démontrant la base religieuse de l’assertion par les Etats-Unis d’une autorité sur les peuples et nations indiens du sous-continent… La théorie des nations chrétiennes est une théorie cachée et pourtant officielle développée par les hauts fonctionnaires du gouvernement des Etats-Unis pour expliquer comment les nations indiennes passèrent de libres et indépendantes à être regardées comme être sujettes à l’autorité gouvernementale ultime des Etats-Unis.

En 1835, juste un an avant la publication des “Elements de la loi internationale” de Henry Wheaton, le juge John Catron (sur la base du verdict de l’affaire Johnson) déclara que les Etats-Unis avaient le droit de physiquement forcer les Indiens à être obéissants, ceci basé sur la loi internationale de la chrétienté ou “Loi des Nations”. Cent ving ans après que Catron ait publié son verdict dans l’affaire de l’Etat du Tennessee contre Foreman, le juge de la cour suprême Stanley Reid, écrivant pour une cour majoritaire, utilisa une ligne de raisonnement similaire dans le verdict de l’affaire Tee Hit Ton contre les Etats-Unis, pour affirmer que la découverte chrétienne avait donné aux nations chrétiennes la souveraineté sur la propriété de et le titre de propriété sur les terres indiennes païennes. (NdT: ceci remonte à 1955 et non pas au déluge !!…)

Nous pouvons examiner un extrait du juge Catron dans son rendu de décision de l’affaire l’État du Tennessee contre Foreman. Le juge Catron fut plus tard nommé à la cour suprême des Etats-Unis par le président Andrew Jackson (NdT: sans doute le plus ouvertement raciste de tous les présidents des Etats-Unis…):

Nous maintenons que le principe déclaré au XVème siècle comme ‘loi de la chrétienté’ disant que la découverte donnait la permission d’assumer la souveraineté sur et de gouverner les peuples natifs non convertis (au christianisme) d’Afrique, d’Asie et des Amériques du Nord et du Sud, a été reconnu comme partie de la loi internationale (ou loi des nations), depuis plus de quatre siècles et que ceci est maintenant reconnu par toutes les puissances chrétiennes dans leurs départements politique et judiciaire […] Notre assertion est fondée sur le droit de coercition. Ceci peut-être dénoncé par les moralistes. Notre réponse à cela est que ceci est la loi de la terre. Sans cette assertion et sa mise en place drastique et vigoureuse, nos ancêtres n’auraient jamais pu habiter ce continent. Abandonner ce principe maintenant, serait admettre qu’ils n’étaient que des usurpateurs injustes et que nous-mêmes, succédant à leur autorité usurpée et assertion nulle et non-avenue de posséder et de gouverner le pays, devrions en toute honnêteté l’abandonner, retourner en Europe et laisser les parties subjuguées revenir à l’état sauvage et les terres redevenir des terrains de chasse.

Ci-dessus donc, nous trouvons le juge Catron disant que, durant l’Âge de la Découverte, c’était la Loi de la Chrétienté qui donnait aux puissances chrétiennes “découvrant” de “nouvelles terres” le droit “d’assumer la souveraineté sur et de gouverner les natifs païens non-convertis, non-baptisés et non-chrétiens.” Donc Catron, pour la cour suprême de l’état du Tennessee, a non seulement affirmer que les puissances chrétiennes avaient “le droit de coercition pour l’obéissance” sur les nations indigènes non-chrétiennes, mais encore que ce droit religieux de coercition est validement exercé par le gouvernement des Etats-Unis et est en quelque sorte devenu “la loi de la terre” dans ce pays. Cette théorie au fondement religieux de ce nationalisme chrétien expliqua comment les nations indigènes passèrent de manière supposée à l’état de liberté et d’indépendance à celui d’être considérées sujets de la domination ultime par l’autorité gouvernementale des Etats-Unis et de ses hauts-fonctionnaires. Le juge Catron écrivit ceci dans son rendu du verdict de l’affaire l’état du Tennessee contre Foreman juste 12 ans après que le juge Marshalleut écrit son compte-rendu du verdict de l’affaire Johnson contre McIntosh.

[…] De plus, en 1955, le verdict de la cour suprême des États-Unis dans l’affaire Tee Hit Ton Indians contre les Etats-Unis, déclara pour la majorité de la cour qu’”un groupe identifiable d’Amérindiens appartenant à la tribu Tlingit des Indiens d’Alaska… n’était pas recevable de quelque compensation que ce soit sous le 5ème amendement de la constitution pour la prise par le gouvernement des Etats-Unis de bois sis sur les terres d’Alaska près du parc national du Tongass, forêt qui appartiendrait aux Indiens Tee Hit Ton.” Le juge Stanley Reed délivra l’opinion de la cour et écrivit ceci sous le libellé de “Titre Indien”:

“[…] Après la conquête, les Indieins furent autorisés à occuper des portions de territoire sur lesquelles ils avaient auparavant exercé une ‘souveraineté’. Ceci n’est pas un droit de propriété mais correspond à un droit d’occupation des sols que le souverain accorde et protège contre l’intrusion de tierces parties, mais ce droit d’occupation peut-être annulé et ces terres pourraient être approriées par le souverain lui-même sans aucune obligation légale et applicable de compenser les Indiens de quoi que ce soit.

Le passage ci-dessus fut écrit avec le modèle du conquérant en tête et sur la base de la présomption que les Amérindiens sont des sujets des processus mentaux des hauts-fonctionnaires du gouvernement fédéral américain. L’expression “après la conquête” est de ce fait très significative.

[…] Ainsi donc la cour suprême semblait vouloir dire qu’après la conquête du sub-continent nord-américain, les Indiens ne furent capables de continuer à occuper les sols de leurs terres ancestrales que si les blancs le leur permettaient.

[…] Ainsi ce fut la vision et l’avis de la cour suprême dans l’affaire des Indiens Tee Hit Ton en suivant les modèles du conquérant et celui du “peuple élu-terre promise”, que la “découverte chrétienne” et la “conquête chrétienne” avaient donné aux “conquérants chrétiens” la souveraineté sur et les titres des terres habitées par ce que Wheaton appelait “les nations païennes des autres quartiers du monde”. Sur cette base, comme le nota le même Wheaton, les droits indiens étaient dits être “subordonnés à ceux des premiers découvreurs chrétiens.” Ceci donc, est une explication plus complète et plus explicite de la théorie des nations chrétiennes qui est en permanence sous-jacente à la loi fédérale indienne, une théorie que la plus grande partie des universitaires et érudits d’aujourd’hui choisissent de totalement ignorer et de laisser en dehors de tout commentaire sur le sujet.

Dans la dernière partie, nous verrons quelle conclusion apporter, celle de Steven Newcomb dans son ouvrage et la notre…