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Résistance au colonialisme: Non au jour de Colomb, célébration du plus grand génocide de l’histoire de l’humanité !…

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Nous avons publié ce texte en octobre 2016 qu’il est toujours bon de rappeler en ce jour férié de “Christophe Colomb”  en Amérique, jour qui fête les actions génocidaires d’un mercenaire italien en mission pour le Vatican et la couronne d’Espagne, un massacreur patenté, ange de la mort d’un occident chrétien pilleur et génocidaire, toujours adulé dans nos livres d’histoire falsifiée.

Nous y ajoutons quelques citations de circonstance…

Ce jour est, de fait, le jour marquant la résistance des nations amérindiennes au terrorisme chrétien sur leurs terres ancestrales depuis 1492, qu’on se le dise !…

~ Résistance 71 ~

“Un des plus gros problèmes pour les peuples amérindiens est celui des missionnaires. On a souvent dit que lorsqu’ils arrivèrent sur ce continent, ils n’avaient que le livre et nous avions la terre ; maintenant nous avons le livre et ils ont la terre. […] Colomb a réussi à combiner la religion et l’immobilier dans sa proclamation de découverte, s’emparant du Nouveau Monde pour le catholicisme et l’Espagne. Depuis cette époque, les missionnaires furent toujours incapables de faire la distinction entre leur mission religieuse et leur insatiable faim de terre.
[…] L’acquisition de terres et le travail de missionnaire sont deux choses qui ont toujours marché la main dans la main au gré de l’histoire américaine.”
~ Vine Deloria Jr. ~

“J’appelle le christianisme le plus grand fléau, la grande dépravation intrinsèque, le grand instinct de vengeance, pour qui aucun moyen n’est assez venimeux, ou secret, sous-terrain et mesquin ; je l’appelle la grande immortelle immoralité de la race humaine…”
“On ne se ‘convertit’ pas au christianisme, on doit d’abord être suffisamment malade pour ce faire…”
~ Frédéric Nietzsche ~

“Puis [le juge] Marshall affirma que les monarques européens se sont convaincus eux-mêmes qu’ils étaient justifiés d’assumer “l’ultime domination” sur les terres nouvellement “découvertes” du continent parce que les Indiens seraient adéquatement compensés par la civilisation européenne et le christianisme. Comme le dit Marshall, les Indiens recevraient la civilisation et le christianisme “en échange” de “l’indépendance illumitée” pour les Européens. […]
La répétition des expressions peuple chrétien et prince ou peuple chrétiens et la distinction faite entre les deux catégories de peuple chrétien et de natifs, qui étaiet païens, nous permet de bien saisir le fondement et le contexte religieux de ce concept de découverte. Ceci est aussi pourquoi il est plus précis de se référer à la conception principale qui régit le verdict de l’affaire Johnson contre McIntosh comme étant celle de la découverte chrétienne que simplement la découverte ou découverte européenne. Le fait que [le juge] Marshall ait aussi associé le principe de découverte chrétienne avec les affirmations de domination euro-chrétiennes, est illustré par son insistance sur le fait que le roi d’Angleterre donna à John Cabot et à d’autres explorateurs anglais le “droit de prendre possession” des terres barbares et paiennes. L’expression de Marshall droit de prendre possession, dont Thomas Hobbes dit qu’il “est appelé dominion”.
C’est pourquoi la déclaration de Marshall disant que les Anglais ont assumés un “droit de prendre possession” fut une autre façon que de dire, au nom de la cour suprême des Etats-Unis, que les peuples chrétiens avaient assumé la “domination” sur toutes terres non-chrétiennes qu’ils avaient localisées sur le continent nord-américain.”
~ Steven Newcomb, “Païens en terre promise”, 2009 ~

 

Journée Christophe Colomb mythe et réalité de la célébration morbide de l’holocauste du continent américain

 

Résistance 71

 

10 octobre 2016

 

Tous les écoliers d’Amérique du Nord apprennent ce poème qui commence par ces vers devenus forcément célèbres:

“In fourteen hundred ninety-two

Colombus sailed the ocean blue,”

Poème écrit pour immortaliser auprès de la jeunesse la “découverte” du “nouveau monde” par la chrétienté occidentale au XVème siècle.

Colomb, un aventurier italien, mercenaire du roi d’Espagne, de son nom espagnol Cristobal Colón, qui veut dire “le colonisateur porteur de la croix” posa le pied sur les îles des Caraïbes le 12 octobre 1492, où il fit de suite érigé une croix et des gibets, histoire de donner d’entrée, le ton de l’aventure.

Le narratif colonial nous dit qu’il apporta les lumières de la civilisation chrétienne en ces terres païennes, le poème à sa gloire citant même le “commerce des épices” avec les locaux.

Si bon nombre connaît le narratif officiel, immortalisé par le “Gégé” national dans un film de propagande de commande réalisé par Ridley Scott en 1992, dont le but évident fut de redorer l’image de Colomb ternie par la vérité historique émergeant pas à pas et contrant le narratif propagandiste colonialiste.

Le 12 octobre fut célébré pour la première fois 300 ans après l’arrivée de Colomb, le 12 octobre 1792. Le 12 octobre fut déclaré fête nationale “Colombus Day” en 1912, puis de nouveau par le président FDR en 1934. Ce n’est que plus tard, sous la présidence de Richard Nixon, en 1971, que “Colombus Day” fut établi comme fête nationale ayant lieu tous les seconds lundis du mois d’octobre.

L’arrivée de Colomb en ce jour néfaste de 1492 marqua le début du plus grand holocauste de l’histoire de l’humanité qui vit la destruction et l’annihilation d’entre 30 et plus de 100 millions d’indigènes, selon les sources, depuis cette époque sur l’ensemble du continent des Amériques. Si les chiffres sont toujours débattus, le massacre généralisé, qui continue de nos jours alors que nous écrivons ces lignes, aux Etats-Unis, au Canada, au Brésil, dans la forêt amazonienne et là où des intérêts liés aux ressources naturelles et leur exploitation par les corporations et gouvernements sont en jeu, lui est totalement avéré par les archives.

Célébrer le jour de Colomb, célébrer le mythe de la civilisation apportée au “nouveau monde”, c’est célébrer le plus grand holocauste qui s’est tenu sur cette planète et pour l’expliquer un peu mieux, laissons la place aux historiens et à la parole historique autochtone.

Ce que nous dit l’histoire hors propagande coloniale

Dans la préface de l’incontournable ouvrage de Dee Brown “Bury my Heart at Wounded Knee” (1970, réédité en 2000 et 2007) il est fort justement dit ceci: “Si les anglo-américains ont ‘gagné’ l’Ouest du continent, alors pourquoi ne par raconter l’histoire du point de vue de ceux qui l’ont ‘perdu’: les Apaches, les Nez-Percés, les Utes, les Cheyennes, les Sioux, les Arapahos, les Navajos ?… Pour les Indiens du reste, l’Est a toujours été la direction de laquelle le trouble est venu. […] Dee Brown fut capable de montrer comment le gouvernement des Etats-Unis a employé une méthode consistante de mensonge et de tromperie ainsi que de manipulation pour arracher leurs terres ancestrales, nation autochtone après nation autochtone.

C’est aussi ce à quoi se sont attelés depuis lors, des historiens tels que Howard Zinn, David Stannard, Roxanne Dunbar-Ortiz, Charles C. Mann, ainsi que des historiens, juristes et militants autochtones tels Vine Deloria Jr, Taiaiake Alfred, Ward Churchill, Russell Means, Steven Newcomb que nous allons citer pour illustrer ce propos et éclairer l’histoire du côté des soi-disant “vaincus” et ainsi réviser les positions historiques colonialistes et eurocentristes de la doctrine officielle faisant la promotion de fêtes nationales comme le “Colombus Day” et “Thanksgiving” afin de maintenir la bonne conscience coloniale dans les esprits citoyens sous emprise.

Voyons d’abord ce que nous disent les études historiques sur le continent des Amériques avant l’arrivée de Colomb, dans la période dite pré-colombienne. L’histoire coloniale officielle fait toujours état de populations autochtones éparses, peu nombreuses, mal organisées et peu nombreuses, bref, le portrait typique d’un monde obscur et barbare ne demandant qu’à recevoir la civilisation chrétienne. Là encore, l’histoire classique parle toujours des “Européens”, du continent avant l’arrivée des “Européens”, les “Européens” qui découvrirent le “nouveau monde”, de la “civilisation européenne” et tout ce qui est utile pour occulter le fait que dans les écrits de l’époque, il n’était fait nulle mention des “Européens”, mais des Chrétiens. Les documents officiels, décrets pontificaux, chartes royales ne parlent que de “terres païennes”, “d’ennemi du Christ”, de “barbares et d’infidèles” à “réduire en esclavage perpétuel”, à “dominer”, à “subjuguer”, ce qui fut effectivement fait en respectant la lettre des décrets et chartes publiés.

D’autre part, la controverse sur les chiffres de la démographie autochtone dans la période pré-colombienne tend à se dissiper au fur et à mesure de la publication d’éudes de plus en plus approfondies sur la question. L’histoire officielle veut nous faire croire depuis des décennies que la population amérindienne pré-colombienne était de quelques centaines de milliers d’individus vivant disséminés sur le continent de manière nomade et arriérée. Cette vision d’un monde obscur et de survie extrême, servant la doxa coloniale, est balayée par les nouvelles recherches anthropologiques et archéologiques.

Ainsi nous apprenons ceci dans l’ouvrage récent de l’historienne Roxanne Dunbar-Ortiz “An Indigenous History of the United States”, 2014, p.17 que: “La population totale du continent était d’environ 100 millions à la fin du XVème siècle, les 2/5 de la population se situant en Amérique du Nord, incluant ce qui est aujourd’hui le Mexique. Le région centrale du Mexique à elle seule comportait quelques 30 millions de personnes. A la même époque, la population de l’Europe de l’Atlantique à l’Oural était de 50 millions…

L’Amérique pré-colombienne:

Charles C. Mann, journaliste au magazine “Science”, auteur de 4 ouvrages dont “1491, nouvelles révélations sur les Amériques avant Colomb”, Vintage Book, 2005 ~ Extraits traduits par Résistance 71~

Lorsque Cortez arriva, d’après les chercheurs de l’université de Berkeley, Californie, Cook et Borah, 25.2 millions de personnes vivaient dans la région centrale du Mexique seule, une zone de 125 000 km2. Après son arrivée, la démographie de toute la région s’effondra. Dans les années 1620-25, il ne restait plus que 730 000 Indiens, approximativement 3% de la population originale avant la première apparition des colons. Cook et Borah ont calculé que cette zone précise n’a pas retrouvé sa population du XVème siècle avant la fin des années 1960.

Dès l’époque de Bartolomé de Las Casas, les Européens (chrétiens) ont su que leur arrivée avait amené une catastrophe pour les populations des Américains natifs. “Nous les chrétiens, avons détruit bien des royaumes ; où l’Espagnol passa, conquît et découvrit, ce fut comme si un feu avait traversé l’endroit, détruisant tout sur son passage.” écrivit Pedro Cieza de León, le grand voyageur de l’après conquête du Pérou.”

“Il est vrai que les conquistadores ne voulaient pas la mort en masse des Indiens ; mais ce désir n’était en rien motivé par un élan humanitaire. Les Espagnols voulaient en effet que les indigènes soient utilisés comme source de travail forcé (esclavage). De fait, les morts en masse des Indiens fut un tel coup dur financier aux colonies, qu’elles menèrent, d’après Borah à une ‘dépression économique’, qui dura plus d’un siècle. Pour se repourvoir en main d’œuvre, les Espagnols commencèrent à importer des esclaves d’Afrique.

N’oublions pas non plus que lorsque les chrétiens arrivèrent sur ce continent, y vivaient déjà les grandes civilisations centralisées Inca et Maya, et plus au nord les confédérations des grandes nations des plaines centrales (Cheyennes, Sioux, Arapahos, Commanches, Apaches), au nord-est la confédération iroquoise, les nations algonquines, toutes avec un mode de gouvernance gérant, de manière centralisée (Inca, Aztèque) ou non, des millions de personnes.

La culture nord-américaine a gravé dans sa littérature l’épopée romancée des premiers explorateurs à atteindre la côte Pacifique: Meriwether Lewis et William Clark plus connus sous le vocable de Lewis & Clark, décrivant les étendues vierges et sauvages du sous-continent. Voici ce qu’en dit Charles Mann:

Incroyable d’imaginer aujourd’hui des bisons vivant de New York à l’état de Georgie. Une créature des grandes plaines, le Bison bison fut importé à l’Est par les Indiens suivant une route de feu de prairie géré et contrôlé par les indigènes, alors que cela changeait des forêts en pâturages pour que le bison puisse survivre si loin des ses terres originelles. Le feu des Indiens a eu un gros impact sur le milieu du continent que les Amérindiens transformèrent en une prodigieuse grande ferme d’élevage. Les Amérindiens ont brûlé tant de fois les prairies centrales et du Midwest, que cela a étendu leur superficie, en toute probabilité, les grands pâturages célébrés aujourd’hui par les cow-boys furent établis et entretenus par les peuples vivant là les premiers. ‘Lorsque Lewis & Clark se dirigèrent vers l’Ouest depuis St Louis, ils n’explorèrent pas une étendue sauvage mais une très vaste pâture gérée par et pour les Indiens”, écrivit l’éthnologue Dale Lott.

Roxanne Dunbar-Ortiz: Docteur ès Histoire de l’université d’UCLA, chaire d’études des nations amérindiennes de l’université d’état à Hayward, Californie, auteure de plusieurs ouvrage dont “Une histoire indigènes des Etats-Unis”, 2014

Extraits traduit par Résistance 71

Quand on lit ce qui suit, on ne peut s’empêcher de faire un parallèle avec la société celtique qui mena l’Europe de l’Irlande au Danube pendant plus de 800 ans…

“Au moment des invasions européennes chrétiennes, les peuples indigènes avaient occupé et façonné chaque parcelle des Amériques, établi des réseaux extensifs d’échange et des routes de communication et ils subvenaient à leur population en s’adaptant à des environnements naturels spécifiques, mais ils adaptaient aussi la nature à leurs besoins. […] L’universitaire David Wade Chambers écrit: “… Les Amériques pré-colombiennes étaient sillonnées et reliées par un réseau complexe de routes et de chemins qui devinrent les premiers chemins empruntés par les occupants et furent ensuite transformés en autoroutes.’ […] L’Amérique du nord en 1492 n’était pas une étendue sauvage vierge de toute civilisation mais un réseau complexe de nations indigènes, les peuples du maïs. Le lien entre les peuples du nord et du sud du continent peut être observé par la distribution du maïs depuis la Mésoamérique… Cette brève revue d’une Amérique du Nord pré-coloniale suggère la magnitude de ce qui fut perdu par l’humanité et contredit tout à fait le mythe entretenu par les occupants colons des chasseurs-cueilleurs néolithiques vadrouillant sur la terre pour juste survivre. Celles-ci étaient des civilisations fondées sur une agriculture avancée et caractérisées par un système politique de gouvernance.

L’holocauste

David Stannard:

Historien, professeur d’études américaines à l’université d’Hawaii, auteur de six ouvrages et de nombreux articles universitaires. Son livre phare est “American Holocaust: The Conquest of the New World”, publié aux éditions Oxford Press, 1992, dont nous avons traduit l’extrait ci-dessous.

Pour remettre ceci dans une perspective contemporaine, le ratio de survivants natifs sur le continent des Amériques après le premier contact avec les Européens, fut moins de la moitié de ce que serait le ratio de survie aujourd’hui aux Etats-Unis si chaque blanc ou noir mourait. La destruction des Indiens sur le continent fut et de très loin, le plus important génocide de l’histoire de l’humanité. C’est pourquoi, comme un historien l’a dit abruptement, loin du romantisme et de la chevalerie habituellement employés pour symboliser l’établissement des chrétiens d’Europe aux Amériques, le symbole le plus approprié à la réalité serait en fait une pyramide de crânes. […]

De plus, la question importante pour le futur dans ce cas n’est pas “cela peut-il encore se produire?” mais plutôt si “cela peut-il être arrêté ?” Car le génocide des Amériques et dans d’autres endroits du monde où des peuples indigènes survivent, n’a jamais vraiment cessé. Aussi récemment qu’en 1986, la Commission des Droits de l’Homme pour l’Organisation des Etats-Unis a observé que 40 000 personnes simplement “disparurent” au Guatémala durant les quinze années précédentes. 100 000 autres ont été ouvertement assassinées. Ceci représente l’équivalent aux Etats-Unis de plus de 4 000 000 de personnes qui seraient massacrées ou retirées sous décret officiel du gouvernement, un chiffre qui est presque six fois le chiffre de toutes les morts américaines durant la guerre de sécession, 1ère guerre mondiale, seconde guerre mondiale, guerres de Corée et du Vietnam, le tout combiné.

Dunbar-Ortiz cite dans son livre sus-mentionné, l’auteur de la fameuse histoire “Le merveilleux magicien d’Oz” L. Frank Baum, qui écrivit en 1890 5 jours après le massacre de Wounded Knee, le 3 janvier 1891: “Les pionniers (sic) avaient déclaré auparavant que notre seule sécurité dépend de l’extermination totale des Indiens. Les ayant trompé pendant des siècles nous ferions mieux, afin de protéger notre civilisation, de faire suivre cela par un autre méfait et de faire disparaître de la face du monde ces créatures sauvages et indomptables.”

[…]

En 1913, la cour suprême des Etats-Unis déclara dans sa décision de maintenir le peuple Pueblos comme pupille du gouvernement fédéral: ‘Ils sont essentiellement un peuple simple, non informé et inférieur’.”

Le mensonge du narratif historique va jusque dans les caractères mêmes des soi-disants héros de la longue guerre des Etats-Unis contre les Indiens. C’est ainsi que le narratif s’est enrichi des images hollywoodiennes de la cavalerie pimpante coloniale chargeant les méchants Indiens tuant les pauvres fermiers blancs qui ne leur avaient rien fait, tout comme dans les films de John Ford, qui participèrent grandement à la propagande du statu quo colonial. A ce sujet voici ce que nous dit Dunbar-Ortiz dans son livre p.148:

Comme l’a écrit l’historien amérindien Jace Weaver: “Les guerres indiennes des Etats-Unis ne furent pas combattues par la cavalerie blanche américaine comme montré dans les films de John Ford, mais par des Africains-Américains, et des immigrants irlandais et allemands enrôlés.” La chanson célèbre et envoûtante de Bob Marley “Buffalo Soldier” capture parfaitement l’expérience coloniale des Etats-Unis: “Said he was a buffalo soldier / Win the war for America.


Howard Zinn

De tous les historiens américains, Howard Zinn de l‘université de Boston, fut celui qui en 1980, jeta l’énorme pavé dans la mare coloniale lorsqu’il publia son livre choc devenu culte aujours’hui (plus de 2 millions de copies vendus pour un livre d’histoire, pas mal du tout !…) “Une histoire populaire des Etats-Unis” qui s’ouvre sur le chapitre qui frogorifia l’Amérique “Christophe Colomb, les Indiens et le progrès humain” . Il récidiva dans le chapitre 5 de son livre entretien avec Donaldo Macedo en 2005: “Christophe Colomb et la civilisation occidentale”, qui reprend tous les thèmes de son premier chapitre de 1980.

En voici quelques extraits, nous avons par ailleurs traduit et publié ce chapitre sur Résistance 71 en septembre 2012.

“Laissez-moi ici vous faire une confession: Je ne savais pas grand chose de Colomb jusqu’à il y a environ une douzaine d’années, quand j’ai commencé à écrire mon livre “Une histoire populaire des Etats-Unis”. Je possédais un doctorat en Histoire (Ph.D) de l’université de Colombia, ce qui veut dire que j’avais reçu l’entrainement adéquat d’un historien, mais ce que je savais en fait de Christophe Colomb n’était que ce que j’avais appris à l’école primaire. […]

Ainsi, comment devais-je donc raconter l’histoire de Christophe Colomb ? J’en vins à la conclusion que je devais la voir au travers des yeux des gens qui étaient là lorsqu’il arriva, les gens qu’il appelait les “indiens”, parce qu’il croyait être arrivé en Asie. Et bien, ils n’ont laissé aucun mémoire, aucune histoire. De plus, ils avaient été exterminés en quelques décennies après l’arrivée de Colomb.

[…] Oui il était concerné par Dieu, mais il l’était plus encore par l’or. Partout sur l’île d’Ispagnola (aujourd’hui Haïti) où lui, ses frères et ses hommes passèrent le plus clair de leur temps, il fit ériger des crucifix partout. Mais ils construisirent également des échafauds partout sur l’ïle, on en comptait 340 en 1500. Des crucifix et des échafauds, cette terrible juxtaposition historique.

[…] Les atrocités se multiplièrent. Las Casas témoigna d’Espagnols embrochant des indiens au fil de leurs épées pour le plaisir, fracassant la tête de nouveaux-nés sur les rochers; lorsque les indiens résistaient, les Espagnols les traquaient, équipés pour les tuer de chevaux, d’armures, de lances, d’épieux, d’arquebuses, d’arbalètes et de chiens dressés particulièrement féroces. Des indiens prirent parfois ce qui appartenait aux Espagnols, pour ce que les indiens n’avaient pas de concept de ce qu’était la possession privée et donnait eux-mêmes tout à fait librement ce qui leur appartenait, ils furent décapités ou brûlés vifs au bûcher.

Nous vous engageons à lire notre traduction complète du chapitre.

Dans le premier chapitre sur Colomb de son livre “Une histoire populaire des Etats-Unis”, Zinn dit ceci:

En deux ans [après l’arrivée de Colomb], par le meurtre, les mutilations ou le suicide, plus de la moitié des 250 000 Indiens vivant sur Ispañola (aujourd’hui Haïti) étaient morts. […] En 1550 ils n’étaient plus que 500. Un rapport datant de l’année 1650 indique qu’aucun des Indiens originels Arawaks/Tainos ou leurs descendants n’existait sur l’île.”

Puis plus loin: “lorsqu’il arriva sur Ispaõla en 1508, Bartolomé de Las Casas dit “Il y avait 60 000 personnes vivant sur l’île incluant les Indiens, ainsi entre 1494 et 1508, plus de trois millions de personnes périrent de la guerre, de l’esclavage et du travail dans les mines. Qui des générations futures croira cela ? Moi-même écrivant ceci en tant que témoin oculaire ayant connaissance de ceci, ai-je du mal à le croire…

“Ce que Colomb fit aux Indiens Arawaks aux Bahamas et à Haïti, Cortez le fit aux Aztecs du Mexique, Pizzaro aux Incas du Pérou et les occupants colons anglais en Virginie et dans la Massachussetts le firent aux Indiens Powhatans et aux Péquots.

Que nous disent les natifs sur le sujet ?

Vine Deloria Jr: Historien, théologien et ancien directeur du Congrès National Indigène, auteur de nombreux ouvrages dont le fameux “Custer est mort pour vos pêchés”, 1978.

“l’acquisition de terres et le travail des missionnaires fonctionnent toujours ensemble dans l’histoire américaine.

[…] Les premiers colons ne fuirent pas les persécutions religieuses autant qu’ils voulaient les perpétuer dans des circonstances qui leur étaient favorables.

Taiaiake Alfred: Professeur de Science Politique, responsable de la chaire de gouvernance indienne à l’université de Victoria, Colombie Britannique, Canada. Auteur de plusieurs ouvrages de référence comme “Wasase” et “Peace, Power and Rightousness”, dont nous avons traduit de larges extraits.

 “La plupart des non-indigènes ont toujours vu les peuples indigènes en termes problématiques: comme obstacles au progrès de la civilisation, comme pupilles de la couronne, des reliques des temps sauvages, la lie de la société moderne, des criminels, des terroristes… C’est toujours l’objectif des gouvernements canadien et américain de faire disparaître les Indiens ou, si cela échouait, de les empêcher de bénéficier de leurs territoires ancestraux.


Steven Newcomb

Steven Newcomb: Juriste, co-fondateur de l’Indigenous Law Institute, auteur de “Païens en terre promise, décoder la doctrine chrétienne de la découverte”, Fulcrum, 2008, dont nous avons aussi traduit et publié de larges extraits.

Newcomb a intensivement recherché et publié sur la motivation fondamentale qui envoya Colomb sur le continent du nouveau monde et tous ceux après lui: l’hégémonie coloniale, la conquête et l’extension de l’empire chrétien, de la chrétienté. Ceci a commencé à la fin du XIème siècle avec la première croisade et a atteint son point culminant avec les bulles pontificales Romanus Pontifex (1455) et Inter Caetera (1493) qui envoyèrent, justifièrent la conquête du monde “païen” par la “grâce” d’un dieu vengeur et mystificateur et pour le bénéfice de ses représentants de “droit divin” sur terre, le pape et les rois et reines, c’est à dire la chrétienté: l’empire chrétien ou “imperii christianorum”…

Quand, de la perspective aborigène, nous rejetons la fausse affirmation des chrétiens européens que “dieu” les a envoyé pour prendre possession et coloniser les terres indigènes des “Amériques”, il est évident que les chrétiens européens n’avaient aucune autorité légitime sur les nations indigènes et leurs territoires ancestraux. Ce que les chrétiens européens clâmèrent au nom de la loi, sur la base inconsciente du modèle cognitif du conquérant n’était rien d’autre que le droit d’empire et de domination, qui était intégral à la mentaité de domination de la chrétienté.

Durant le XVème et le XVIème siècles et plus tard, les monarchies et nations de la chrétienté levèrent le vieux narratif de l’ancien testament et le thème du peuple élu et de la terre promise du contexte géographique général du Moyen-Orient et commencèrent à le transférer au reste du monde. […] Ainsi, ils ont conçu que pour eux-mêmes, ils avaient reçu l’ordre de dieu de prendre possession des parties les plus importantes de la terre’. […] Les monarques et les conquistadores de la chrétienté transformèrent le ‘commandement ‘ de Yaveh aux Hébreus de prendre la terre de Canaan en une version globalisée chrétienne de la même doctrine.

Christophe Colomb fonctionna sur ce système. De fait, il était mandaté par ce système incarné par le roi d’Espagne et protégé par les bulles Dum Versitas (1452), Romanus Pontifex (1455) et Inter Caetera (1493). Le colonialisme occidental est avant tout un colonialisme religieux utilisant le bras séculier des états monarchiques de “droit divin” ne rendant compte qu’au “vicaire de dieu” sur terre: le pape.

Russel Means: Activiste Lakota de renom, membre fondateur de l’American Indian Movement (AIM), figure du siège de Wounded Knee en 1973, acteur, philosophe et sociologue, que nous avons traduit et publié également. Il la publié deux ouvrages remarquables, le premier son autobiographie “Where White Men Fear to Tread” en 1995 et le second juste avant sa mort en 2012 “Si vous avez oublié le nom des nuages vous avez perdu votre chemin”, qui est une superbe introduction à la pensée et à la philosophie amérindienne. Ce petit livre de juste 100 pages dont chaque mot est pesé, fut le testament spirituel de ce grand activiste. Nous avons traduit et publié de larges extraits de l’ouvrage sur Résistance 71.

“Pour les peuples indigènes de ce continent, la célébration du jour de Colomb est l’affirmation ultime que depuis 1492, la société occidentale nous a regardé comme négligeables et périssables. Colomb était un assassin païen qui a soi-disant ‘découvert’ le paradis sur terre, qui était la patrie de mes ancêtres et il s’est attaché à faire de cet endroit un enfer sur terre pour eux.”

[…] “Ainsi, Colomb, afin de pouvoir s’enrichir et de mettre les Indiens en esclavage, a dû convaincre l’église que nous étions des sous-hommes et que nous pouvions donc être réduits en esclavage ou massacrés en toute impunité. Afin de persuader l’église de cela, Colomb accusa les Indiens d’actions anti-naturelles comme par exemple de cannibalisme, un mensonge éhonté…”

En fait, Colomb n’avait même pas besoin de “convaincre” l’église qui était déjà convaincue de tout cela puisque les papes Nicolas V et Alexandre VI (Rodrigo Borgia) avaient déjà émis des bulles en ce sens, autorisant la mise en esclavage perpétuelle des païens et des infidèles. Et la saisie des terres non-chrétiennes dans le monde. Bulles qui n’ont non seulement toujours pas été abrogées en 2016, mais qui ont servi de fondement aux décisisons de la Cour Suprême des Etats-Unis et de celle du Canada par jurisprudence, pour maintenir la “loi de la terre” sur le continent nord-américain. La loi de la terre, coloniale, est gravée dans le marbre et repose sur des décrets pontificaux racistes et inhumains datant du XVème siècle… Qui dit mieux ?…


Vol des terres natives 1784-1895

A l’occasion de ce jour de Colomb 2016, voici ce qu’a à dire une femme de la nation Ojibwe, Tessa McLean, activiste et déléguée du forum permanent pour les peuples indigènes à l’ONU (traduction Résistance 71):

“Ma famille a survécu les tactiques des pensionnats pour Indiens utilisés durant la trisrement célèbre phase du ‘tuer l’Indien, sauver l’Homme’.
Ma famille apprend comment survivre dans la lutte contre les femmes indigènes disparues et assassinées.
Ma famille apprend à survivre aux abus d’alcool et de drogues.
Ma famille apprend comment survivre au génocide.
Je dis que Christophe Colomb nous a apporté cette destruction.
Il a le premier assassiné nos femmes.
Il nous a le premier violé et mutilé.
Il a apporté la mort et la maladie, ce qui s’est transformé avec le temps en abus d’alcool et de drogue.
Il a en premier volé nos terres et nos ressources pour remplir ses poches.
Ceci peut sembler familier jusqu’à Standing Rock aujourd’hui dans le Dakota du Nord, où nos frères et sœurs se battent toujours pour leurs droits à la terre et contre les industries d’extraction et d’exploitation et ce depuis 524 ans.

La boucle est bouclée dans le cycle sans fin du consensus du statu quo oligarchique. Nous proposons de sortir du cycle induit “évolution-révolution” pour prendre la tangente et retrouver la linéarité de la société humaine vers le véritable progrès. Depuis quelques millénaires nous avons été enfermés et leurrés à accepter comme inéluctable, le cercle vicieux de la domination du plus petit nombre. Briser les chaînes c’est RElinéariser le cycle vers le progrès infini. Nous vivons dans une société globale volontairement muselée pour le profit et la domination du plus petit nombre.

Nous laisserons le mot de la fin à l’historienne Roxanne Dunbar-Ortiz, qui en conclusion de son livre, “An Indigenous Peoples’ History of the United States” nous dit ceci (traduction Résistance 71):

“Il y a 45 ans, l’archéologue Robert Silverberg écrivit au sujet de l’appel des ‘tribus perdues’ aux Anglo-américains: ‘le rêve d’une race préhistorique perdue au cœur du continent américain était une satisfaction profonde et si les disparus avaient été des géants, ou des hommes blancs, ou des israélites, ou des Danois, ou des Toltecs ou de grands juifs blancs toltec vikings, cela aurait été encore mieux.’ Tout sauf des Indiens, car cela aurait fourni la preuve rappelant aux descendants des colons anglais que le continent avait été volé, un génocide commis et la terre repeuplée par des colons en quête d’authenticité mais qui ne la trouvèrent jamais à cause du mensonge avec lequel ils vivent, suspecant la vérité, mais ayant bien trop peur de l’affronter… (p.233)

[…] Comment donc la société américaine peut-elle venir à bout de son passé ? Comment peut-elle reconnaître sa responsabilité ? L’Historien autochtone Jack Forbes a toujours insisté sur le fait que bien que les personnes en vie actuellement ne sont pas responsables de ce que leurs ancêtres ont fait, ils n’en sont pas moins responsables de la société dans laquelle ils vivent et celle-ci est un produit du passé. Tout le monde et toute chose dans le monde est aujourd’hui affecté, le plus souvent négativement, par la domination américaine et son interventionnisme, souvent violent avec des moyens militaires directs ou par procuration. C’est un problème des plus urgent. L’historien et enseignant Juan Gomez-Quiñones écrit: ‘L’ancestrie et les héritages amérindiens devraient être une partie intégrante des curricula des collèges et lycées ainsi que des universités et ce avec une intégration complète des histoires et cultures amérindiennes dans les currucula universitaires.’
Les peuples indigènes offrent des possibilités de vie après l’empire, des possibilités qui n’effacent ni les crimes du colonialisme ni ne demandent la disparition des peuples originels colonisés sous le couvert de les inclure dans la société à titre individuel. Ce processus commence vraiment par le fait d’honorer les traités établis avec les nations indigènes, de restaurer les sites sacrés, à commencer avec les Black Hills et incluant la vaste majorité des parcs nationaux détenus fédéralement et toutes les terres et objets sacrés dérobés et de payer des réparations pour la reconstruction et l’expansion des nations autochtones. Dans le processus, le continent se trouvera radicalement reconfiguré, physiquement et psychologiquement. Pour que ce futur se réalise, cela demandera des programmes éducatifs intensifs et le plein soutien et la participation active des descendants des colons, des Africains mis en esclavage, des Mexicains colonisés ainsi que de la population immigrante.” (p.235-6)

Nous ne disons pas autre chose lorsque nous affirmons que l’avenir de l‘humanité passe par les occidentaux émancipés de l’idéologie coloniale se tenant main dans la main avec leurs frères colonisés de tous les continents pour construire ensemble, solidairement la société des sociétés.

Le temps n’est plus seulement à la critique mais à l’action, le progrès passe par l’éradication du colonialisme et de son pilote historique: l’État, qui est la négation de l’Humanité. Ceci se voit aujourd’hui comme le nez au milieu de la figure, il suffit de lâcher-prise de ce modèle politique fallacieux et arrêter d’avoir peur de notre ombre. La vérité nous libèrera.

“Dans un monde de mensonges, dire la vérité est un acte révolutionnaire.”
~ George Orwell ~

 


Résistance au terrorisme depuis 1492 !

Colombus Day aux Amériques: Fêter le colonialisme et le génocide…

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Ceux qui fêtent encore le « jour de Christophe Colomb » le 14 Octobre de chaque année, fêtent en fait le génocide, meurtre et pillage en règle d’un continent qui commença sur ce que sont aujourd’hui les Bahamas (Guahani) et Haïti et le République Dominicaine (Ispañola) en 1492.

Allons amis américains du nord et du sud… N’est-il pas plus que grand temps de réviser les « libres d’histoire » oligarchiques ? Il en va de même pour l’histoire de la colonisation européenne en Afrique et ailleurs dans les « livres d’histoire » écrit par les historiens sbires des comités d’entreprises idoines…

A lire (disponible en français): « Histoire populaire des Etats-Unis de 1492 à nos jours » d’Howard Zinn. Son chapitre sur Christophe Colomb avait secoué et secoue encore l’Amérique…

Les Indiens des Amériques luttent, véritablement eux, contre le terrorisme d’État et religieux depuis 1492 ! Il est plus que temps de leur donner enfin justice.

— Résistance 71 —

 

Mutilation et autre carnage: Les 7 pires atrocités commises par Christophe Colomb

 

ICTMN

 

14 Octobre 2013

 

url de l’article original:

http://indiancountrytodaymedianetwork.com/2013/10/14/mutilation-and-other-carnage-7-worst-atrocities-committed-columbus-151747

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Aujourd’hui, le continent américain célèbre un homme qui a commis un esclavage obscène et inhumain, le viol et le génocide à grande échelle, comparable à ce qu’après lui, fit un Adolf Hitler. Indian Country Today Media Network fait la liste de quelques unes des cruautés les plus innommabales perpétrées par Christophe Colomb, infligées aux habitants des îles Caraïbes où il arriva.

RELATED: Myths and Atrocities About Columbus

1. Il fit couper les mains d’environ 10 000 autochtones sur ce qui est aujourd’hui Haïti (Hispañola) et la république Dominicaine. Colomb obligea tout indien Taino de 14 ans et plus de lui fournir “une cloche à faucon” d’or tous les trois mois. (NdT: les cloches à faucons étaient de petites cloches utilisés dans la chasse fauconière. Colomb fit distribuer des cloches aux indiens, car ceux-ci devaient remplir une cloche de poudre d’or tous les trois mois faute de quoi…) Ceux qui ne lui fournissait pas leur quota d’or étaient punis en “ayant leurs mains coupées et laissés mourir d’hémorragie”, rapporta le fils de Colomb Fernando.

2. Colomb faisait punir les petites offenses à sa loi draconienne en faisant couper le nez et les oreilles des indiens.

3. Colombus combattit la résistance à sa tyrannie en faisant lâcher des chiens de chasse sur les Indiens, qui étaient déchiquetés vivant. Des gens furent “mangés vivants” et “20 chiens de chasse furent lâchés et commencèrent à immédiatement déchiqueter les Indiens”, écrivit l’historien espagnol et prêtre catholique Bartolomé De La Casas, qui fut le témoin direct et oculaire de ce carnage.

4. Colomb et ses hommes chassaient les Indiens pour le sport et utilisaient les cadavres comme nourriture pour chiens. Si les cheins avaient faim, “Des bébés Arawak étaient tués pour les nourrir”, rapporta De las Casas.

5. Colomb fut un précurseur de la traite d’esclaves trans-atlantique. Alors qu’il exterminait une race complète en Haïti et en République Dominicaine, il commença également à enlister les Indiens des autres îles. Il les envoyait également en Europe comme esclaves. Un grand nombre d’Indiens moururent durant les traversées, tant et si bien que les Espagnols se tournèrent vers l’Afrique pour les esclaves. Le fils de Colomb fut en charge du premier échange d’esclaves de l’Afrique vers les Caraïbes en 1505.

6. Colomb encouragea ses hommes à violer les femmes autochtones aussi jeunes que dès l’âge de 9 ou 10 ans.

Dans un évènement particulièrement bien documenté, Colomb donna une jeune indienne adolescente à son homme d’équipage Miguel Cuneo, lorsqu’ils s’en retournèrent en Espagne. Elle “résista de toutes ses forces” à ses tentatives de la posséder sexuellement, alors “il la fouetta sans pitié et la viola”.

7. Colomb ordonnait à ses hommes de “couper les jambes des enfants qui se sauvaient afin de tester l’aiguisage de leurs lames”, d’après le rapport de De Las Casas. Les envahisseurs “grillaient” aussi les enfants “à la broche” et “hâchaient les enfants et les démembraient”.

References: Phillymag.com, Washington Post, University of North CarolinaL’holocauste américain: Christophe Colomb et la conquête du Nouveau Monde: démythifier une légende.

Howard Zinn ou l’histoire sous (bonne) influence: Christophe Colomb et la civilisation occidentale, 2ème partie…

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« Un homme vivant seul répond à une frappe à sa porte. Devant lui se tient Tyrannie, armée et toute puissante qui lui demande: ‘Te soumettras-tu ?’ L’homme ne répond pas et la laisse entrer. L’homme la sert durant des années, puis Tyrannie devient malade par empoisonnement de sa nourriture. Elle finit par mourir. L’homme ouvre alors sa porte, se débarrasse du corps encore chaud, retourne dans sa maison, ferme la porte derrière lui et dit: ‘Non ! »

— Bertold Brecht —

« Je pense que le pouvoir de la tyrannie est surestimé (pas dans le court terme mais sur le long terme) et comment elle peut être surmontée par l’unification, la détermination de gens en apparence sans pouvoir et faibles, comme cela s’est passé dans le sud des Etats-Unis… La guerre n’est pas inévitable, peu importe sa persistance dans l’histoire,  elle ne vient pas de quelque besoin naturel de l’humain; elle est fabriquée par les leaders politiques des humains, qui doivent ensuite produire des efforts extrêmes de propagande, de mensonge, de coercition, pour mobiliser une population toujours réfractaire à entrer en guerre. »

— Howard Zinn —

« J’ai commencé à vraiment comprendre certaines choses sur l’anarchisme dans les années 1960, en lisant l’autobiographie d’Emma Goldman, en lisant Alexandre Berkman, Pierre Kropotkine et Michel Bakounine. L’anarchisme veut dire pour moi une société où vous avez une véritable organisation démocratique de la société, tant dans la prise de décision politique, que dans l’économie où l’autorité du capitalisme n’existe plus… Les gens auraient une véritable décision de leur destinée, dans laquelle ils ne seraient plus forcés de choisir entre deux partis politiques, qui ne représentent en rien les intérêts du peuple. Je vois donc l’anarchisme comme un moyen de démocratie politique et économique et ce dans le meilleur sens du terme. »

— Howard Zinn (2006) —

 

Christophe Colomb et la civilisation occidentale (2ème partie)

 

Par Howard Zinn

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

1ère partie

 

George H. W. Bush (NdT: le père), déclara en acceptant sa nomination présidentielle en 1988: “Ceci a été appelé le siècle américain parce que nous sommes la force dominante du bien dans le monde… Maintenant nous sommes à l’orée d’un nouveau siècle et de quel pays ce siècle à venir sera t’il ? Je dis que ce sera un nouveau siècle américain !”

Quelle arrogance d’anticiper déjà que le XXIème siècle serait aussi américain, autant que celui de n’importe quelle autre nation, alors que nous devrions nous éloigner des tendances psychopathes du XXème siècle. Bush devait sans doute se prendre pour le nouveau Colomb, “découvrant” et plantant le drapeau de son pays sur un nouveau monde, parce qu’il appela pour une base et colonie américaine sur la lune, tôt ce prochain siècle et prévisionna une mission pour Mars en 2019.

Le “patriotisme” que Chauncey Depew invoquait en célébrant Colomb, était profondément lié à la notion d’infériorité des peuples conquis. Les attaques de Colomb sur les indiens furent justifiées par le statut de sous-hommes des natifs. La prise du Texas et de la moitié du territoire mexicain juste avant la guerre civile furent faites avec le même rationnel raciste. Sam Houston, le premier gouverneur de l’état du Texas proclama: “La race anglo-saxonne doit dominer toute l’extrémité sud de ce vaste continent. Les Mexicains ne sont pas mieux que les Indiens et je ne vois aucune raison pourquoi nous ne devrions pas nous saisir de leur terre.”

Au début du XXème siècle, la violence du nouvel expansionisme américain dans les Caraïbes et dans le Pacifique fut acceptée parce que nous gérions ces situations contre des êtres inférieurs. En 1900, Depew, maintenant un sénateur au congrès, fit encore un discours au Carnegie Hall, cette fois-ci afin de soutenir Theodore Roosevelt pour la présidence. Célébrant la conquête des Philippines comme le début de l’invasion de la Chine et plus, il proclama: “Les canons de Dewey dans la baie de Manille furent entendus à travers l’Asie et l’Afrique, ils ont résonné à travers le palace à Pékin et amené aux esprits orientaux une nouvelle grosse puissance parmi les nations occidentales. Nous, ainsi que les pays d’Europe, avons à cœur d’entrer les marchés illimités de l’Orient… Ces gens ne respectent rien d’autre que la puissance. Je pense que les Philippines vont être une source potentielle de marchés et une source de richesse.”  Theodore Roosevelt qui figure en bonne place dans la liste sans fin de nos “grands présidents” et dont le visage est un de ceux qui ont été sculptés dans la roche de Mount Rushmore dans le Dakota du sud, aux côtés des visages de Washington, Jefferson et Lincoln, appela l’échec de l’anexion d’Hawaii en 1893: “un crime contre la civilisation blanche”.

Dans son livre; “A Strenuous Life”, Roosevelt écrivit: “Bien sûr que notre entière histoire nationale a été celle de l’expansionisme… Que les barbares battent en retraite ou soient conquis est seulement dû à la puissance des races civilisées qui n’ont pas perdues leur instinct de combat. “

Un officier de l’armée stationné aux Philippines le dit même de manière plus crue: “Il n’y a aucune raison de mâcher ses mots… Nous avons exterminé les indiens d’Amérique et je pense que la plupart d’entre nous en sommes fiers et nous ne devons avoir aucun scrupule quant à l’extermination d’une autre race si elle se met sur le chemin du progrès et de la lumière si cela est nécessaire…”

L’historien officiel des Indes (nouveau monde) du début du XVIème siècle, Fernandez de Oviedo, ne nia pas ce que firent les conquistadores aux natifs. Il décrivit “des morts inombrables et cruelles, aussi nombreuses que les étoiles”. Mais ceci devenait acceptable, parce que “l’utilisation de la poudre à canons contre les païens est pour faire une offrande à Dieu”… (On se rappelle également la décision du président McKinley d’envoyer l’armée et la marine prendre les Philippines en disant que cela était le devoir des Etats-Unis que de “christianiser et civiliser” les Philippins). Contre la plaidoirie de Las Casas pour sauver les indiens, le théologien Juan Gines de Sepulveda déclara: “Comment pouvons nous douter un seul instant que ces gens, si barbares, si contaminés par leurs pêchés et leurs obscénités, ont été injustement conquis.”

En 1531, Sepulveda visita son ancienne université en Espagne et fut choqué par les étudiants qui protestaient contre la guerre de l’Espagne contre la Turquie. Les étudiants scandaient: “Toutes les guerres sont en contraste avec la religion catholique.” Ceci l’inspira pour écrire une défense philosophique du traitement des indiens par les Espagnols. Il y cita Aristote qui écrivit dans “La politique”, que certaines personnes étaient “esclaves par nature”, qu’ils “seraient chassés comme des animaux sauvages afin de les amener à un mode de vie correct.” Las Casas lui répondit en ces termes: “Fi d’Aristote puisque nous avons les commandements de notre Christ: ‘Tu aimeras ton prochain comme toi-même’”.

La déshumanisation de l’ennemi a été un compagnon nécessaire des guerres de conquête. Il est plus facile d’expliquer des atrocités commises si elles sont commises contre des infidèles ou des personnes d’une “race inférieure”. L’esclavage et la ségrégation raciale dans l’impérialisme états-unien et européen en Asie et en Afrique furent justifiés de cette façon. Les bombardements américains de villages vietnamiens, les missions de recherche et de destruction et le massacre de My Lai ont été rendus agréables à leurs perpétrateurs par la simple idée que les victimes n’étaient en fait pas humaines. C’étaient des “niakoués” ou des “communistes” et ils méritaient ce qu’ils recevaient.

Durant la guerre du Golfe, la déshumanisation des Irakiens consistaient à ne même pas reconnaître leurs existences. Nous ne bombardions pas des femmes et des enfants, nous ne bombardions pas de jeunes hommes irakiens ordinaires qui s’enfuyaient ou se rendaient. Nous agissions contre un monstre à la Hitler, Saddam Hussein, bien que les gens que nous massacrions étaient en fait les victimes irakiennes de ce monstre. Lorsqu’on demanda au général Colin Powell ce qu’il pensait des pertes irakiennes, il répondit que cela “n’était pas vraiment un sujet de grand intérêt ou d’importance”. Les citoyens américains acceptèrent les violences et atrocités commises en Irak parce que les Irakiens furent rendus invisibles, parce que les Etats-Unis n’utilisaient que des “bombes intelligentes”. Les médias de masse ignorèrent complètement les pertes énormes irakiennes, ignorèrent totalement les rapports des équipes médicales de Harvard qui visitèrent l’Irak peu après la guerre et trouvèrent que des dizaines de milliers d’enfants irakiens mourraient parce que nous avions bombardé les réserves d’eau potable, résultant en une épidémie de maladies diverses.

Les célébrations entourant Christophe Colomb sont déclarées être des célébrations honorant non pas seulement ses exploits maritimes mais aussi le “progrès”, de son arrivée aux Bahamas au tout début de cette période tant adulée de 500 ans de “civilisation occidentale”. Ces concepts ont grandement besoin d’être réexaminés. On demanda un jour à Gandhi ce qu’il pensait de la civilisation occidentale, il répondit que “c’était une bonne idée”. L’objectif n’est pas de nier les bénéfices du “progrès” et de la “civilisation”, les avances dans le domaine technologique, de la connaissance, de la science, de la santé, de l’éducation et des standards de vie ; mais il y a une question qui doit être posée: Le progrès… Oui, mais à quel coût humain ? Le progrès se doit-il ne n’être mesuré qu’au moyen de statistiques sur le changement industriel et technologique achevé sans aucun égard aux conséquences de ce progrès sur les êtres humains ? Accepterions-nous une justificarion russe du règne de Staline, incluant l’énorme souffrance humaine causée, au compte qu’il fît de la Russie une grande nation industrielle ?

Je me souviens de mes cours d’histoire américaine de Lycée, quand on en arrivait à la période post-guerre civile (NdT: guerre de sécession) jusqu’à en gros la première guerre mondiale, ceci était vu comme l’âge d’or, la période de la grande révolution industrielle, lorsque les Etats-Unis sont devenus un géant économique. Je me souviens de notre excitation d’apprendre la croissance énorme de notre industrie lourde et de notre industrie du pétrole, de l’avènement des grosses fortunes, du quadrillage du pays par les chemins de fer. On ne nous a rien dit du coût humain de ce grand progrès industriel, du comment l’énorme production de coton provenait des esclaves noirs, comment l’industrie de textile fut bâtie sur le travail de jeunes filles qui commençaient à travailler dans les usines à 12 ans et mourraient à 25, comment ces vénérés chemins de fer furent construits par des immigrants irlandais et chinois, qui furent littéralement tués au travail dans les fortes chaleurs de l’été et le froid intense de l’hiver, comment les travailleurs, immigrants et natifs devaient faire grève sur grève pour obtenir la journée de huit heures de travail, comment les enfants de la classe laborieuse vivant dans les bidonvilles des grandes villes devaient boire de l’eau polluée et comment ils mourraient jeunes de malnutrition et de maladies diverses. Tout ceci au nom du “progrès”.

Bien sûr il y a de gros bénéfices a l’industrialisation, à la science, à la technologie et à la médecine. Mais jusqu’ici, dans ces 500 ans de domination de la civilisation occidentale sur le reste du monde, la vaste majorité de ces bénéfices n’ont profité qu’à une toute petite portion de la race humaine. Des milliards de gens dans le tiers et quart mondes continuent de faire face à des famines régulières, au manque de logement, aux maladies et à la mort précoce de leurs enfants.

L’expédition de Colomb a t’elle marqué la transition de la sauvagerie à la civilisation ? Qu’en est-il de la civilisation des indiens, résultant de milliers d’années d’évolution bien avant que Colomb n’arrive ? Las Casas et bien d’autres s’émerveillèrent de l’esprit de partage et de la générosité qui étaient les marques des sociétés indiennes, le bâtiment communal dans lequel ils vivaient, leurs sensibilités esthétiques, l’égalité entre les hommes et les femmes. Les colons britanniques furent plus tard estomaqués de la démocratie réelle de la nation iroquoise, dont les tribus occupaient la vaste majorité des états de New York et de Pennsylvanie. L’historien américain décrivit la culture iroquoise de la sorte: “Aucune loi ou ordonnance, aucun shériff ou officier de police, aucun juge ou jury, ou cour de justice ou prison, ne pouvaient être trouvés dans les terres boisées du nord-est avant l’arrivé des européens; et pourtant des limites de comportement acceptable étaient fermement établies. Tout en étant fier de favoriser l’individu autonome, les Iroquois maintenaient néanmoins un sens strict du bien et du mal…”

Dans le processus expansioniste vers l’Ouest de la nouvelle nation des Etats Unis d’Amérique, les terres des indiens furent volées et nous les avons tué lorsqu’ils ont résisté au pillage, nous avons détruit leur sources d’alimentation (NdT: le buffalo des plaines) et de fabrication de protection, nous les avons poussé vers des sections de plus en plus petites du pays et nous avons perpétré la destruction systématique des sociétés natives. Du temps de la guerre des Faucons Noirs (Black Hawks) dans les années 1830, une des centaines de guerres qui ont été faites contre les indiens d’Amérique du nord, Lewis Cass, le gouverneur du territoire du Michigan référa au fait de saisir des millions d’hectares de terre des indiens comme “étant le progrès de la civilisation”. Il déclara également qu’ “un peuple barbare ne peut pas vivre en contact avec une communauté civilisée.”

Nous pouvons toucher du doigt le niveau de “barbarie” auquel était les indiens, quand nous regardons les années 1880, quand le congrès des Etats-Unis prépara une législation pour briser le territoire communal sur lequel les indiens continuaient de vivre, en de toutes petites possessions privées, ce que certains appeleraient aujourd’hui avec fierté et admiration “privatisation”. Le sénateur Henry Dawes, auteur de la législation, visita la nation Cherokee et décrivit ce qu’il y trouva: “Il n’y avait pas une seule famille dans toute la nation Cherokee qui n’avait pas sa propre maison. Il n’y avait pas de pauvres dans cette nation, ni ne devait-elle un seul dollar… Elle avait bâti ses propres écoles et ses propres hôpitaux, Et pourtant le défaut du système n’était que par trop évident. Ils avaient été aussi loin qu’ils le pouvaient, parce qu’ils possédaient le terrain de manière commune… Il n’y a pas d’avantage à faire de votre maison une maison plus belle que celle votre voisin. Il n’y a pas d’égoïsme, qui est au fond du panier de la civilisation.”

Cet égoïsme au fin fond de la civilisation est connecté avec ce qui motiva Colomb et ce qui est le plus apprécié aujourd’hui, alors que les leaders politiques américains et les médias parlent du bien que ferait l’Occident à introduire la “motivation du profit” en URSS. Sûr, il y a quelques domaines pour lesquels il y a un avantage pour qu’un profit se dégage quand il aide au développement économique, mais cet avantage, dans l’histoire du “libre échange” occidental, a eu d’horribles conséquences. Il a mené au fil des siècles de “civilisation occidentale”, à un impérialisme sans scrupules et sans pitié.

Dans son roman “Au cœur des ténèbres”, écrit par Joseph Conrad dans les années 1890, après qu’il eut passé quelque temps dans le Congo supérieur en Afrique, l’auteur décrivit le travail effectué par les hommes noirs enchaînés au profit de l’homme blanc, qui n’était intéressé qu’en l’ivoire. Il écrivit: “Le mot ‘ivoire’ résonnait dans l’air, était murmuré, était soupiré. Vous auriez pu penser qu’il y avait des prières pour lui… Arracher le trésor des entrailles de la terre était leur désir profond, sans aucune raison morale derrière de plus que celle du cambrioleur fracassant un coffre-fort.”

Le fil conducteur du profit à tout va, incontrôlé, a mené à une énorme souffrance humaine, exploitation, esclavage, cruauté sur les lieux de travail, conditions de travail dangereuses, travail juvénile, destruction de la terre et de la forêt et l’empoisonnement de l’air que nous respirons, de l’eau que nous buvons et des aliments que nous mangeons. Dans son autobiography de 1933, le chef Luther Ours Debout écrivit ceci: “Il est vrai que l’homme blanc amena avec lui de grands changements. Mais les fruits variés de sa civilisation, bien que hauts en couleurs et appétissants, rendent malade et tuent. Si une part de la civilisation comprend de mutiler, de voler, et d’escroquer, alors qu’est-ce que le progrès ? Je vais oser dire que l’homme qui s’est assis sur le sol dans ce tipi, méditant sur la vie et sur sa signification, acceptant l’existence même de toutes les créatures pour elles-mêmes et reconnaissant l’unité avec l’univers des choses, infusait dans son être profond la véritable essence de toute civilisation.”

Les menaces actuelles sur l’environnement ont amené une reconsidération parmi les scientifiques et autres académiques de la valeur du “progrès” tel qu’il a été défini jusqu’ici. En Décembre 1991, il y eut une conférence de deux jours au MIT durant laquelle 50 scientifiques et historiens discutèrent de l’idée du progrès dans la pensée occidentale. Voici une petite partie du rapport de cette conférence publié par le Boston Globe:

“Dans un monde où les ressources sont gaspillées et l’environnement empoisonné, des participants à la conférence du MIT ont dit hier qu’il était grand temps que les gens repensent le problème en terme de durabilité et de stabilité plutôt qu’en termes de croissance et de progrès… Des feux d’artices verbaux et de chauds échanges qui parfois éruptèrent en joutes criardes ont ponctué les discussions entre des académiques du monde de l’économie, de la religion, de la médecine, de l’histoire et des sciences.” Un des participants, l’historien Léo Marx déclara que travailler vers une coexistence plus harmonieuse avec la nature est en soi un progrès, mais différent de celui plus traditionnel dans lequel les gens essaient de surclasser et de dominer la nature.

En revenir à Christophe Colomb de manière plus critique est en fait lever toutes ces questions à propos du progrès, de la civilisation, de notre relation les uns avec les autres et notre relation avec le monde naturel. Vous avez probablement déja entendu tout comme moi, qu’il n’est pas bien de traiter l’histoire de Colomb comme nous le faisons. Ce que ces gens disent est en fait: “Vous prenez l’histoire de Colomb en dehors de son contexte, le regardant et le jugeant avec vos yeux de personne du XXème siècle. Vous ne devez pas surimposer vos valeurs actuelles sur des évènements qui ont eu lieu il y a plus de 500 ans. Ceci est ahistorique”. Je trouve cet argument très étrange. Ceci veut-il dire que la cruauté, l’exploitation, la veûlerie, l’esclavagisme, et la violence contre des gens sans défense sont des valeurs tout à fait péculières au XV et XVI ème siècles et que nous au XXème siècle sommes au delà de tout cela ? N’y a t’il pas certaines valeurs humaines qui sont communes au temps de Christophe Colomb et au notre ? La preuve de ceci est qu’à la fois à son époque et à la notre, il y a eu des esclavagistes et des exploiteurs et que dans les deux époques, il y a eu ceux qui protestaient contre cela, contre l’esclavage, l’exploitation et en faveur des droits de l’Homme.

Il est encourageant de voir qu’en cette année du cinq centième anniversaire, il y ait une vague de protestation sans précédent. La plupart de ces protestations sont faites par les indiens il est vrai, qui organisent des conférences et des réunions, qui s’engagent dans des actes de désobéissance civile, qui essaient d’éduquer le public américain sur ce qu’il s’est vraiment passé il y a 500 ans et ce que cela nous dit sur les problèmes de notre temps.

Il est aussi très encourageant de voir qu’il y a une nouvelle génération d’enseignants dans nos écoles et que bon nombre d’entr’eux insistent pour que l’histoire de Christophe Colomb soit dite du point de vue des nations natives. A l’automne 1990, je fus appelé au téléphone par l’hôte d’une émission de télévision de Los Angeles qui voulait discuter de Colomb.. Egalement en ligne était un élève de lycée de cette ville du nom de Blake Lindsey. Qui avait insisté à prendre la parole devant la mairie de Los Angeles afin de s’opposer à la célébration du jour de Colomb. Elle leur expliqua le génocide commis par les Espagnols à l’encontre des indiens Arawak. La mairie ne répondit pas. Quelqu’un appela durant l’émission, se présentant comme une femme qui avait émigrée d’Haïti. Elle dit alors: “Cette fille a raison. Il n’y a plus de natifs à Haïti, dans notre dernier soulèvement contre notre gouvernement, les gens ont renversé la statue de C, Colomb et maintenant elle est dans la cave de la mairie de Port-au-Prince.” La correspondante finit par dire: “Pourquoi ne construisons-nous pas de statues pour les aborigènes” ?

Malgré tous les livres d’école toujours en usage, de plus en plus d’enseignants questionnent et de plus en plus d’élèves questionnent le sujet. Bill Bigelow rapporte sur la réaction de ses élèves après qu’il leur ait donné des lectures qui  contredisent les histoires traditionnelles. Un élève écrivit ceci: “En 1492, Colomb mis les voiles sur le grand océan… Toute cette histoire est aussi complète qu’un fromage suisse.”

Un autre élève écrivit une critique de son livre d’histoire et l’envoya à l’éditeur du bouquin, Allyn and Bacon, en mettant à jour bon nombre d’omissions dans ce texte publié. Elle écrivit: “Je vais prendre un seul sujet du livre pour faire simple: Christophe Colomb ?” Un autre élève écrivit: “Il me semble évident que les éditeurs ont juste imprimé une histoire faite de gloriole supposée nous rendre plus patriotique envers notre pays… Ils veulent que nous regardions notre pays comme étant grand, puissant et ayant toujours raison… On nous ment.” Quand les élèves découvrent que dans leur toute première leçon d’histoire apprise au sujet de C. Colomb, on ne leur a pas dit la vérité, ceci mène à un scepticisme sain sur leur éducation historique. Une des élève de Bigelow, Rebecca écrivit: “Qu’est-ce que cela peut bien faire de savoir qui a découvert l’Amérique, vraiment ? Mais le fait de savoir qu’on m’a menti à ce sujet toute ma vie et qui sait sur quoi d’autre encore, me met vraiment, vraiment en colère !”

Ceci est un nouveau mode de pensée critique dans les écoles et dans les universités, qui semble faire peur à ceux qui ont glorifiés ce qu’on appelle la “civilisation occidentale”.

Le secrétaire d’état à l’éducation (NdT: Ministre de l’éducation aux Etats-Unis) de Ronald Reagan William Bennett, écrivit sur la civilisation occidentale en 1984, dans son “Rapport sur les sciences sociales dans l’éducation supérieure” comme étant: “Notre culture commune… ses plus hautes idées et aspirations.” Un des plus féroces défenseurs de la civilisation occidentale est le philosophe Allan Bloom qui écrivit son “Closing of the American Mind” dans un sentiment de panique envers ce que le mouvement social des années 1960 avait fait pour changer l’atmosphère éducative des universités américaines. Il eut peur des manifestations étudiantes dont il fut témoin a Cornell et qu’il vit comme étant une terrible interférence avec l’éducation. L’idée de Bloom concernant l’éducation est celle d’un groupe d’élèves d’une élite universitaire, étudiant Platon et Aristote et refusant de se laisser distraire dans leur contemplation par le bruit de l’extérieur émanant des étudiants manifestant contre le racisme ou protestant contre la guerre du Vietnam.

Lorsque je lisais Bloom, cela me rappelait certains de mes collègues lorsque j’enseignais l’histoire dans un collège d’Atlanta en Georgie au moment du mouvement des droits civiques, ces mêmes professeurs qui dodelinaient de la tête lorsque nos étudiants quittaient leur salle de classe pour aller participer aux sit-ins en protestation de a ségrégation raciale et qui étaient arrêtés pour cela. Ces élèves négligeaient leur éducation, disaient-ils. En fait, ces élèves apprenaient plus en quelques semaines de participation aux luttes sociales en cours qu’ils ne le feraient en une ou deux années de classe. Quelle notion étriquée et mesquine de l’éducation ! Cela correspond parfaitement à cette vue de l’histoire qui insiste que la civilisation occidentale est le sommet de la réalisation humaine. Comme Bloom l’écrivit dans son livre “seulement dans les nations occidentales, celles influencées par la philosophie de la Grèce antique, y a t’il une volonté de douter de l’identification du bien avec sa propre voie et sa façon de faire.” Et bien, si cette volonté de douter est la marque de fabrique de la philosophie grecque, alors Bloom et ses amis idolâtres de la civilisation occidentale sont ignorant de cette philosophie.

Si la civilisation occidentale est considérée comme étant le pinacle de la civilisation et du progrès humains, les Etats-unis sont le meilleur exemple de cette civilisation. Allan Bloom nous le dit encore: “Ceci est le moment américain dans l’histoire du monde… L’Amérique raconte une histoire: le progrès inéluctable et sans faille de la liberté et de l’égalité. De ses premiers colons et ses fondations politiques, il n’y a eu aucune dispute que la liberté et l’égalité sont l’essence même de la justice pour nous…” Oui, racontez cela aux afro-américains, aux natifs, aux sans-logis, à tous ceux sans sécurité sociale (NdT: des millions aujourd’hui aux Etats-Unis) et à toutes les victimes à l’étranger de la politique extérieure américaine, dites leur bien que “l’Amérique ne raconte qu’une histoire… Celle de la liberté et de l’égalité.”

La civilisation est complexe. Elle représente beaucoup de choses, certaines sont décentes, d’autres horribles. Nous devrions faire une pause judicieuse avant que de célébrer sans critique quand nous notons que Duke, le membre du Ku Klux Klan de Louisianne et ex-nazi dit que les gens l’ont mal compris: “le facteur prominent de ma pensée”, a t’il dit à des journalisres, “est mon amour sans bornes pour la civilisation occidentale.”

Nous qui insistons pour regarder l’histoire de Christophe Colomb de manière critique et en fait également regarder de cette manière tout ce qui touche à nos histoires traditionnelles, sommes souvent accusés d’insister sur le politiquement correct au détriment de la liberté d’expression. Je trouve cela très ambigu. Ce sont les gardiens des vieilles histoires, de l’histoire ortodoxe, qui refusent d’élargir le spectre des idées et d’accepter les nouveaux livres, les nouvelles approches, la nouvelle information, les nouvelles vues de l’histoire. Eux, qui croient encore en la doctrine du “libre-échange”, ne croient pas du tout en un libre-échange des idées, il n’y croient pas plus qu’en ce marché des libre-échanges de biens et de services. Ils veulent que le marché à la fois des biens et des idées soit toujours dominé par ceux qui ont toujours eu le pouvoir et la richesse. Ils s’inquiètent que si de nouvelles idées entre dans le marché, les gens commencent à repenser les arrangements sociaux qui nous ont donnés tant de souffrance, tant de violence, tant de guerres, ces cinq cents dernières années de “civilisation”.

Bien sûr nous avions tout cela avant que Colomb n’arrive dans cet hémisphère, mais les ressources étaient infimes, les gens étaient isolés les uns des autres et les possibilités n’étaient pas légion. Dans les dernièrs siècles néanmoins, le monde est devenu bien plus petit, nos possibilités pour crér une société décente ont été magnifiées d’autant et maintenant les raisons ou excuses pour la faim, l’ignorance, la violence et le racisme n’existent plus.

En repensant notre histoire, nous ne faisons pas que regarder dans le passé, mais nous regardons le présent et nous essayons de le regarder du point de vue de ceux qui sont les laisser pour compte des bénéfices de cette soi-disante civilisation. Cela est très simple mais à la fois très signifiant, ce que nous essayons d’accomplir: essayer de regarder le monde d’un autre point de vue. Nous devons le faire alors que nous arrivons pas à pas dans le XXIème siècle, si nous voulons ce nouverau siècle être différent, si nous ne voulons pas qu’il soit un autre siècle américain ou siècle occidental, ou siècle blanc, ou siècle mâle, ou siècle de quelque nation ou quelque groupe que ce soit, mais simplement le siècle de la race humaine.

Fin

*  *  *

Howard Zinn ou l’histoire sous (bonne) influence: Christophe Colomb et la civilisation occidentale, 1ère partie…

Posted in actualité, documentaire, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, pédagogie libération, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , on 12 septembre 2012 by Résistance 71

 “Les indiens ont été tellement de fois déçus et trahis par les hommes blancs, que l’expression ‘homme blanc’, parmi bon nombre de natifs, est synonyme de menteur. Vraiment monsieur, je ne suis pas consentant pour faire partie de cette infâmie. Je confesse volontiers que je ne suis pas indifférent au fait d’avoir un nom propre, même parmi les indiens. De plus, ils me voient et me considèrent expressément comme “votre représentant’ et mes promesses comme les promesses du ‘destructeur de ville’. Monsieur, pour votre honneur et pour l’honneur et les intérêts des Etats-Unis, je désire leur faire savoir qu’il y a quelques hommes blancs incapables de les decevoir ou de les trahir.”

 

–   Timothy Pickering, négociateur du gouvernement américain avec les nations iroquoises, dans une lettre à George Washington du 21 Mars 1792 –

 

“La mémoire, l’Histoire sont des réminiscences de mensonges passés, de forfaitures et aussi une réminiscence que des gens en apparence impuissants peuvent vaincre ceux qui les dirigent, s’ils persistent.”

– Howard Zinn –

 

Christophe Colomb et la civilisation occidentale

Par Howard Zinn

 

Ceci est la traduction du chapitre 5 de son livre: “On Democratic Education” avec Donaldo Macedo (2005) ~ Présentation, cliquez ici ~

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

1ère partie

2ème partie

 

George Orwell, qui fut un homme très sage et avisé, écrivit: “Celui qui contrôle le passé contrôle le futur et celui qui contrôle le présent contrôle le passé.”

En d’autres termes, ceux qui dominent notre société sont dans une position d’écrire notre histoire. S’ils peuvent faire cela, ils peuvent décider de notre futur. Voilà pourquoi dire l’histoire de Christophe Colomb est important. Laissez-moi ici vous faire une confession: Je ne savais pas grand chose de Colomb jusqu’à il y a environ une douzaine d’années, quand j’ai commencé à écrire mon livre “Une histoire populaire des Etats-Unis”. Je possédais un doctorat en Histoire (Ph.D) de l’université de Colombia, ce qui veut dire que j’avais reçu l’entrainement adéquat d’un historien, mais ce que je savais en fait de Christophe Colomb n’était que ce que j’avais appris à l’école primaire.

Quand j’ai commencé à écrire l’ “Histoire populaire des Etats-Unis de 1492 à nos jours”, je décidais que je devais en savoir plus sur Colomb. J’étais déja arrivé à la conclusion que je ne voulais pas écrire encore une autre revue de l’histoire américaine, je savais que mon point de vue serait différent. J’allais écrire  a propos des Etats-Unis, vus sous l’angle des gens qui ont été largement exclus ou négligés dans les livres d’histoire: les nations natives, les esclaves noirs, les femmes et les travailleurs, qu’ils soient natifs ou immigrants.

Je voulais écrire l’histoire du progrès industriel d’une nation non pas du point de vue d’un Rockefeller, d’un Carnegie ou d’un Vanderbilt, mais du point de vue des gens qui ont travaillés pour eux dans leurs mines, leurs chemins de fer, leurs champs pétroliers, de ceux qui ont perdus leur vie ou des membres lors de la construction du chemin de fer. Je voulais raconter l’histoire des guerres non pas du point de vue des généraux et des présidents, pas du point de vue de ces héros militaires qui ont leur statue en places publiques, mais vue par les yeux du simple soldat, vue par les yeux de “l’ennemi”. Oui… Pourquoi ne pas voir la guerre contre le Mexique, ce grand triomphe militaire américain, du point de vue des Mexicains ?

Ainsi, comment devais-je donc raconter l’histoire de Christophe Colomb ? J’en vins à la conclusion que je devais la voir au travers des yeux des gens qui étaient là lorsqu’il arriva, les gens qu’il appelait les “indiens”, parce qu’il croyait être arrivé en Asie. Et bien, ils n’ont laissé aucun mémoire, aucune histoire. De plus, ils avaient été exterminés en quelques décennies après l’arrivée de Colomb. Ainsi je fus obligé de me tourner vers ce qu’il y avait de mieux après cela: les Espagnols qui étaient là au moment des faits. Colomb, lui-même, qui écrivit un journal d’activités.

Le journal de Colomb fut très révélateur. Il décrivit les gens qui l’acceuillirent lorsqu’il débarqua aux Bahamas, c’était des indiens Arawak, parfois appelés également Tainos; il décrivit comment ils vinrent à sa rencontre en mer, comment lui et ses hommes avaient dû leur paraître venir d’un autre monde, des différents cadeaux qu’ils lui apportèrent. Colomb les décrivait comme étant pacifiques, gentils et dit: “Ils ne portent pas d’armes et ne savent pas ce que c’est qu’une épée, ils l’ont pris par la lame et se sont coupés.”

Au fil des mois dans son journal, Colomb parle des natifs avec ce qui paraît être une grande admiration: “Ce sont les meilleurs gens du monde et par dessus tout les plus gentils, sans aucune connaissance de ce qu’est le mal, ils ne tuent pas, ne volent pas… Ils aiment leurs voisins comme eux-mêmes et ils parlent d’une manière la plus douce, ils sont toujours en train de rire…”

Dans une lettre, qu’il écrivit à un de ses commanditaires espagnol, Colomb déclara: “Ils sont très simples, très honnêtes et très, trop,  libéraux avec ce qu’ils possèdent.” Dans son journal, Colomb poursuit: “Ils feraient de très bons serviteurs. Avec 50 hommes nous pourrions tous les subjuguer et leur faire faire ce que nous voulons.” Ce fut ainsi que Colomb voyait les indiens, non pas comme des hôtes très hospitaliers, mais comme des serviteurs qui pourraient faire “tout ce qu’ils voulaient”.

Et que voulait Colomb ? Ceci n’est pas difficile à déterminer. Dans les deux premières semaines de ses écrits de journal, il y a un mot qui revient écrit 75 fois: l’or. Dans les récits standards à propos de Colomb, il est souvent fait référence à sa foi religieuse, son désir de convertir les natifs de l’endroit au christianisme (NdT: La découverte de l’Amérique par C. Colomb est antérieure à la réforme de l’Église…), sa révérence à la bible. Oui il était concerné par Dieu, mais il l’était plus encore par l’or. Partout sur l’île d’Hispagnola (aujourd’hui Haïti) où lui, ses frères et ses hommes passèrent le plus clair de leur temps, il fit ériger des crucifix partout. Mais ils construisirent également des échafauds partout sur l’ïle, on en comptait 340 en 1500. Des crucifix et des échafauds, cette terrible juxtaposition historique.

Dans sa quête de l’or, Colomb, voyant des morceaux du métal parmi les indiens, en concût qu’il devait y en a voir d’énormes quantités. Il ordonna aux natifs de trouver une certaine quantité d’or en un laps de temps déterminé. Si les indiens ne respectaient pas leur quota, leurs bras étaient amputés à la hâche. Les autres étaient supposés apprendre de cet exemple et de remplir leur quota en or.

Samuel Eliot Morison, l’historien de Harvard, qui fut le biographe admirateur de Colomb, le reconnait. Il écrivit: “Colomb fut responsable de l’instauration de ce dur système ayant pour seul but l’exportation de l’or… Ceux qui fuirent dans les montagnes furent traqués avec des chiens, ceux qui réussirent à s’échapper succombèrent à la faim, la maladie, tandis que des milliers de pauvre hères désespérées, prirent le poison de la cassave pour mettre fin à leur misérable existence.” Morison continue ainsi: “Ainsi, la politique et les actions de Colomb, pour lesquelles il fut le seul responsable, commencèrent la dépopulation de ce paradis terrestre qu’était Hispagnolia en 1492. Des natifs originaires, estimés par les ethnologues modernes à environ 300 000 personnes, un tiers furent tuées entre 1494 et 1496 (NdT: 100 000 morts en deux ans !…). Une énumération montra qu’il restait 60 000 natifs en 1508… En 1548, Oviedo (Morison fait ici référence à Fernandez de Oviedo, l’historien officiel de la conquête du nouverau monde) doutait qu’il en restait 50 000 vivants.”

Mais Colomb ne parvint pas à obtenir suffisamment d’or à envoyer en Europe pour impressionner le roi et la reine ainsi que leurs financiers espagnols, ainsi ils décidèrent d’envoyer en Espagne une autre sorte de pillage et de butin extorqué: des esclaves. Ils capturèrent environ 1200 natifs, en sélectionnèrent 500 et les envoyèrent entassés dans les cales, dans leur voyage transatlantique. Deux cents moururent en chemin de froid et de maladies diverses. Dans le journal de Colomb, un écrit de Septembre 1498 stipule* “D’ici, nous pouvons envoyer au nom de la sainte trinité, autant d’esclaves qui pourront être vendus…”

L’horreur que les Espagnols firent subir aux indiens est décrit en détail par Bartolomé de las Casas, dont les écrits donnent le compte-rendu le plus fidèle de la rencontre et de l’interaction entre les Espagnols et les Indiens. Las Casa était in prêtre dominicain qui arriva dans le nouveau monde quelques années après Christophe Colomb, il passa quarante années de sa vie sur Hispagnolia et les îles alentours; il devint l’avocat préminent de la cause des natifs en Espagne. Dans son livre “La dévastation des indiens”, Las Casas écrivit au sujet des Arawaks, “de leur humanité touchant à l’universel, ces gens sont les moins agressifs, les plus dénués de turpitudes et de duplicité qui soient… et pourtant, au sein de cette bergerie, débarquèrent quelques Espagnols, qui commencèrent à se comporter en bêtes sauvages et cruelles… Leur raison pour tuer et détruire… est que les chrétiens ont pour but ultime la possession de l’or…”

Les atrocités se multiplièrent. Las Casas témoigna d’Espagnols embrochant des indiens au fil de leurs épées pour le plaisir, fracassant la tête de nouveaux-nés sur les rochers; lorsque les indiens résistaient, les Espagnols les traquaient, équippés pour les tuer de chevaux, d’armures, de lances, d’épieux, d’arquebuses, d’arbalètes et de chiens dressés particulièrement féroces. Des indiens prirent parfois ce qui appartenait aux Espagnols, pour ce que les indiens n’avaient pas de concept de ce qu’était la possession privée et donnait eux-mêmes tout à fait librement ce qui leur appartenait, ils furent décapités ou brûlés vifs au bûcher.

Le témoignage de Las Casas fut étayé par d’autres récits venant d’autres témoins. Un groupe de moines dominicains, s’adressant à la monarchie espagnole en 1519 dans l’espoir que celle-ci intercèderait en la faveur des natifs, racontèrent les atrocités inommables, des chiens dévorant des enfants, bébés nés de femmes captives abandonnés en forêt pour y mourir, travaux forcés dans les mines et sur les terres qui laissèrent un nombre incalculable de mort par épuisement, famine et maladie. Beaucoup d’enfants moururent parce que leurs mères, épuisées et affamées n’avaient plus assez de lait pour les nourrir. Las Casas estima qu’à Cuba, 7000 enfants natifs moururent en trois mois.

Le plus grand nombre succomba aux maladies, parce que les Européens amenèrent avec eux des maladies auxquelles les natifs n’avaient jamais été exposés tels que la typhoïde, le typhus, la diphtérie, la petite vérole. De plus, comme dans toute conquête militaire, les femmes reçurent un traitement brutal spécial… […]

Il y a des preuves de viols à grande échelle des femmes indiennes. D’après Samuel Morison: “Aux Bahamas, Cuba et Hispagnola, ils trouvèrent de nombreuses jeunes femmes très belles, toujours nues, et consententes de manière présumée”. Qui présume cela ? Morison et bien d’autres. Morison vit cette conquête, comme beaucoup d’écrivains après lui le firent, comme étant cette sorte d’exaltation romantique de la découverte de l’histoire du monde. Il semble s’emporter et se laisser aller à minimiser ce qui pour lui représente une conquête masculine de plus. Il écrivit: “Plus jamais de simples mortels ne pourront espérer revivre l’exaltation, l’émerveillement et la satisfaction de ces jours d’Octobre 1492, lorsque le nouveau monde donna grâcieusement sa virginité aux conquérants castillans.” Le langage de Cueno et de Morison, séparé de près de 500 ans, suggère très certainement comment la mythologie moderne a préservé et rationalisé la brutalité sexuelle de la conquête en la regardant de manière “complaisante”.

Ainsi j’ai lu le journal de Colomb et j’ai lu Las Casas. J’ai également lu le travail pionnier en la matère de Hans Koning: “Christophe Colomb, son entreprise”, qui, à l’époque où j’écrivis mon “Histoire populaire des Etats-Unis”, était le seul travail contemporain qu’on trouvait et qui traitait du sujet de manière différente du traitement standard.

Lorsque mon livre fut publié, j’ai commencé à recevoir des lettres de partout dans le pays. Voilà un livre de plus de 600 pages, commençant avec Christophe Colomb et se terminant à la fin des années 1970, et toutes les lettres que je recevais ne traitaient que d’une seule question: Colomb. Comme je parle de lui au début du bouquin, j’aurai pu interprété cela comme étant le fait que c’était tout ce que les gens avaient lu du livre, mais non, en fait il semblait que la partie concernant Colomb fut la partie du livre que les gens trouvaient la plus intéressante et intrigante. Parce que chaque Américain, dès l’école primaire a appris cette histoire de la même façon: “En l’an de grâce mille quatre cents quatre-vingt douze, Christophe Colomb s’en fût sur le grand océan”. (Ndt: il convient ici de donner aux lecteurs la phrase verbatim qui est écrite dans tous les livres d’histoire nord-américains et qui est construite pour rimer dans les deux hémistiches: “In fourteen hundred and ninety-two, Colombus sailed the ocean blue”…).

Combien d’entre vous ont-ils entendu parlé de Tigard, Oregon ? Et bien, je n’avais pas non plus, jusqu’à il y a sept ans, je commençais à recevoir vingt ou trente lettres par semestre d’élèves d’un Lycée de Tigard dans l’Oregon. Il semblait que leur professeur leur demandait de lire mon livre (connaissant les lycées, je devrais presque dire, les “forçait” à le lire..). Il photocopiait des chapitres, les donnaient aux élèves et après lecture, il leur demandait de m’écrire des lettres avec des commentaires sur le livre et des questions. En gros, la moitié d’entr’eux me remerciait de leur donner des données historiques qu’ils n’avaient jamais vues auparavant. Les autres étaient en colère et se demandaient où diable avais-je eu ces informations et comment j’étais parvenu à de telles conclusions scandaleuses. Une lycéenne du nom de Béthanie écrivit: “De tous vos articles que j’ai lus, j’ai trouvé celui ‘Christophe Colomb, les indiens et le progrès humain” le plus choquant.” Un autre élève du nom de Brian, 17 ans, écrivit: “A titre d’exemple de la confusion que j’éprouve après avoir lu votre livre concerne l’arrivée de Colomb en Amérique…D’après vous, il semblerait qu’il ne soit venu que pour les femmes, les esclaves et l’or. Vous avez dit que vous avez eu un grand nombre de ces informations depuis le journal de Colomb lui-même, je me demande si un tel journal existe vraiment et si oui, pourquoi n’est-il pas partie intégrante de notre histoire ? Pourquoi rien de ce que vous dites ne figure dans mon livre d’histoire ? ou dans tous les autres livres d’histoire accessibles à tout le monde quotidiennement ?” Je méditais sur cette lettre. Car elle pouvait être interprêtée comme retraçant l’indignation d’un lecteur devant la frustration éprouvée par le fait de ne pas trouver cette information dans les autres livres, mais de manière plus probable, il disait en fait: “Je ne crois pas un mot de ce que vous avez écrit, vous avez tout inventé !”

Je ne suis pas surpris de telles réactions. Cela en dit long sur les affirmations de diversité et pluralité de la culutre américaine, la fiereté dans notre “société libre”, qu’une génération après l’autre a appris la même chose, à la virgule près sur Colomb et termine pour beaucoup des études supérieures avec les mêmes cinglant vides et omissions.

Un instituteur de Portland dans l’Oregon, Bill Bigelow, a entrepris une croisade pour changer la façon dont l’histoire de Colomb est enseignée partout en Amérique. Il explique le comment il commence souvent une nouvelle classe: il se dirige vers une fille sur le devant de la classe et lui prend son sac. Elle lui dit: Hey, vous avez pris mon sac !” et il lui répond: “Non, je l’ai découvert !…”

Bill Bigelow fit une étude sur des livres pour enfants récemment publiés au sujet de C. Colomb. Il les trouva tous remarquablement similaires et alignés sur ce qu’ils disent du personnage ainsi que sur la répétition du point de vue traditionnel. Une biographie typique réservée aux élèves de Cours Moyen (CM1-CM2) sur Colomb commence ainsi: “Il était une fois un petit garçon qui adorait la mer”. Et bien je peux facilement imaginer une biographie d’Attila le Hun commençant ainsi: “il était une fois un petit garçon qui aimait les chevaux” ! Un autre livre pour enfant analysé par Bigelow, cette fois-ci de niveau CE, commence ainsi: “Le roi et la reine regardèrent l’or et les indiens. Ils écoutèrent émerveillés le récit des aventures de C. Colomb. Ils allèrent ensemble ensuite à la messe et prièrent, des larmes de joie emplirent les yeux de Colomb.”

J’ai parlé de Colomb lors d’un atelier pédagogique avec des enseignants de primaire et de secondaire et l’un d’entr’eux suggéra que les enfants étaient trop jeunes pour pouvoir entendre les horreurs narrées par Las Casas et les autres. D’autres ne furent pas d’accord, argumentant que les histoires pour enfants sont pleines de violence, mais que les perpétrateurs de ces violences sont des sorcières et des monstres et des “méchants” et non pas des héros nationaux qui ont des jours fériés portant leur nom (NdT: Colombus Day aux Etats-Unis est fêté tous les ans le second lundi du mois d’Octobre, le même jour que le Thanksgiving canadien, jour lui aussi “dédié” à l’interaction avec les natifs. Ce qu’il s’est passé historiquement et qui est comménoré n’est pas non plus la réalité des faits…). Quelques enseignants firent des suggestions quant à savoir comment la vérité pourrait être dite sans faire nécessairement peur aux enfants et qui éviterait une falsification de l’histoire.

L’argument qui veut que les enfants ne soient pas prêts émotionnellement à recevoir la vérité n’enlève rien au fait que, dans la société américaine, quand les enfants grandissent, on ne leur dit toujours pas la vérité. (NdT: Il en va de même en ce qui concerne l’histoire de l’esclavage et de la colonisation dans la société européenne et française…). Comme je l’ai dit plus tôt, jusqu’à la complétion de mon doctorat en histoire, je n’ai jamais été mis en face des informations qui auraient pu contrer les mythes qu’on m’avait fait croire dans les classes éducatives antérieures. Il est clair que ma propre expérience est typique de la très vaste majorité des gens à en juger par les réactions choquées des lecteurs de tout âge à la lecture de mon livre et que j’ai reçues au fil du temps. Si vous jetez un œil sur un livre pour une audience adulte sur le sujet comme la “Colombus Encyclopedia” (mon édition date de 1950, mais toutes les informations importantes, incluant la biographie de Morison, étaient déjà disponibles à l’époque), il y a une longue présentation de C. Colomb d’environ 1000 mots, dans laquelle vous ne trouverez aucune mention des atrocités commises par lui et ses hommes à l’encontre des natifs. […]

[…] Les disputes académiques sont intarissables sur le sujet, mais il n’y a aucune doute sur le fait que la crauté, l’épuisement au travail et les maladies furent les résultats directs d’une dépopulation. Il y avait, d’après des estimations récentes, environ 25 millions d’indiens au Mexique en 1519, un peu plus d’un million en 1605… Malgré les différences de langage, les conclusions académiques contradictoires, les disputes sur la question insoluble, il n’y a pas vraiment de dispute sur les faits de mise en esclavage, de travail forcé, de viols, de meurtres, de prises d’otages, de ravages par les maladies amenées par les Européens et l’élimination d’un très grand nombre de natifs du continent américain. La seule dispute est sur le fait de savoir qu’elle doit être la place de ces évènements historiques dans notre narratif historique, quelle importance doit-on leur donner pour analyser les problèmes de notre temps.

Par exemple, Samuel Eliot Morison passe un certain temps à détailler les traitements réservés aux natifs par Colomb et ses hommes et utilise le mot “génocide” pour décrire les effets généraux de la “découverte” du nouveau monde. Mais il enterre ceci au sein d’une longue description admirative de Colomb et résume ses points de vue dans les paragraphes de conclusion de son livre: “Christophe Colomb le navigateur” comme suit: “Il avait ses qualités et ses défauts, mais ils furent largement ceux là même qui participèrent à sa grandeur, sa volonté indomptable, sa foi en Dieu et en sa propre mission de christianisation des terres au delà des mers, sa persistance bornée malgré la négligence de ses pairs, la pauvreté et le découragement, mais il n’y avait aucun défaut, ni mauvais côté à sa qualité première et essentielle: il fut un grand navigateur.” Oui ses qualités de marin!

Laissez-moi ici clarifier ma position. Je ne suis intéressé ni par dénoncer ni par exalter C. Colomb. Il est bien trop tard pour cela. Nous ne sommes pas en train d’écrire une lettre de recommandation pour qu’il soit capable de continuer ses conquêtes dans une autre partie de l’univers. Pour moi, l’histoire de Christophe Colomb est importante pour ce qu’elle nous dit à propos de nous-même, à propos de notre époque, à propos des décisions prises pour notre nation et pour le siècle à venir.

Pourquoi cette polémique aujourd’hui à propos de C. Colomb et la célébration du cinq centième anniversaire ? Pourquoi les natifs d’Amérique du nord sont-ils indignés de la glorification de ce conquérant ? Pourquoi cette défense passionnée de Colomb par d’autres ? L’intensité du débat est certainement le fait que ce ne soit pas à propos de 1492 mais bien de 1992.

Nous pouvons avoir un sentiment de tout cela si nous nous projettons cent en arrière, à l’époque du quatre centième anniversaire en 1892. Il y eut de grandes festivités à New York et à Chicago. A New York il y eut 5 jours de parade avec des feux d’artifices, des défilés militaires et un million de visiteurs dans la ville. Il y eut une statue commémorative dans un coin de Central Park maintenant connue maintenant sous le nom de place C. Colomb. Une grande réunion célébratrice eut lieu au Carnegie Hall et un discours de Chauncey Depew.

Vous ne connaissez peut-être pas le nom de Chauncey Depew, à moins que vous n’ayez jeté un œil récemment au travail classique de Gustavus Myer: “Une histoire des grandes fortunes américaines”. Dans ce livre, Chauncey Depew est décrit comme étant le représentant de Cornelius Vanderbilt et ses chemins de fer centraux de New York. Depew s’est rendu à Albany, la capitale de l’état de New York avec des sacs d’argent et des passes gratuits sur les chemins de fer pour les membres de la législature d’état de New York et il revint avec des souscriptions et des donations de terrains au profit des chemins de fer centraux. Depew regardait la célébration de la journée anniversaire de Colomb comme étant une célébration de la richesse et de la prospérité: “cela marque la richesse et la civilisation d’un grand peuple… cela marque les choses qui appartiennent à son confort et sa facilité de vivre, ses plaisirs et son luxe… et sa puissance.”. Nous savons qu’au moment où il déclara cela, il y avait beaucoup de souffrance parmi la population pauvre des Etats-Unis vivant dans les bidonvilles, ses enfants malades et mal nourris. Le poids sur les épaules de ceux qui vivaient de la terre, qui à cette époque représentaient un grand nombre de la population, était désespérant, menant à la colère des paysans et de leur alliance et à la monté en puissance du parti populiste le People’s Party. L’année suivante, 1893, fut une année de crise économique et de misère généralisée…

Ainsi, célébrer Colomb était patriotique, ne pas le célébrer et douter devenait anti-patriotique. Et que voulait dire “patriotisme” pour Depew ? Cela voulait dire la glorification de l’expansionisme et de la conquête, ce que représentait Christophe Colomb et ce que représentait l’Amérique. Ce ne fut que 6 ans après son discours que les Etats-Unis expropriaient l’Espagne de Cuba et y commença sa longue occupation (sporadiquement militaire, mais continuellement politique et économique) de Cuba, de Puerto Rico et de Hawaii, également commençant sa guerre sanglante contre les Philippines afin de s’emparer du pays.

Le “patriotisme” qui fut attaché à la célébration de C. Colomb et la célébration de la conquête fut encore renforcée avec la seconde guerre mondiale qui vît l’émergence des Etats-Unis comme une superpuissance avec tous les empires européens maintenant en déclin. A cette époque, Henry Luce, le multi-millionaire faiseur de président et propriétaire du Time, du magazine Life et de Fortune magazine, écrivit que le XXème siècle devenait le “siècle américain” durant lequel les Etats-Unis feraient ce qu’il voudraient dans le monde.

A suivre…

2 ème partie