Archive pour guerre à la démocratie John Pilger

Empire, propagande et esclavage numérique (John Pilger)…

Posted in 11 septembre, 3eme guerre mondiale, actualité, CIA et traffic de drogue, crise mondiale, guerre iran, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, média et propagande, N.O.M, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, police politique et totalitarisme, politique et social, presse et média, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , on 14 mars 2013 by Résistance 71

Nous avons traduit ici le dernier billet de John Pilger. Son analyse fine comme un scalpel de la propagande impérialiste ne peut que nous reconfirmer dans nos efforts de dénonciation sans relâche des turpitudes et des crimes de l’oligarchie qui a fait main basse sur le grand tout culturel ou ce qui en reste.

L’hégémonie culturelle des malfaisants aux manettes est toujours puissante mais est sur le déclin. La vitrine pseudo-intellectuelle et scientifique de leur paradigme criminel et eugéniste se fissure sous les coups de boutoir répétés des critiques et mises au grand jour d’une intelligentsia et d’un réveil populaire grandissant.

Le chemin est long, la nuit est profonde, mais dans tout tunnel… On y entre et on en sort !… John Pilger est une des rares lumières montrant la voie… Merci à lui et gardons le cap pour rester du bon côté de l’Histoire.

— Résistance 71 —

 

La nouvelle propagande est libérale, le nouvel esclavage est numérique

 

John Pilger

 

Le 14 Mars 2013

 

url de l’article original:

http://johnpilger.com/articles/the-new-propaganda-is-liberal-the-new-slavery-is-digital

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Qu’est-ce que la propagande moderne ? Pour beaucoup, elle réside dans un état totalitaire. Dans les années 70, j’ai rencontré Leni Riefenstahl et lui ai posé des questions au sujet de ses films épiques à la gloire des nazis. Utilisant une caméra et des luminosités révolutionnaires, elle produisit une forme documentaire qui hypnotisa les Allemands, son “Triomphe de la volonté” fit sortir le mauvais génie Hitler de sa lampe.

Elle m’a alors dit que les “messages” de ses films n’étaient pas dépendants des “ordres venus d’en haut”, mais du “vide de la soumission” du public allemand. Cela incluait-il la bourgeoisie libérale et éduquée ? “Tout le monde” m’a t’elle répondu.

Aujourd’hui, nous préférons croire qu’il n’y a pas de vide de soumission. Le “choix” est partout. Les téléphones sont des “tremplins” qui lancent chaque demie-idée. Il y a le Google de l’espace si vous en avez besoin. Caressés comme des rosaires, les engins précieux se portent la tête basse, ils sont regardés et mis en exergue sans arrêt. Leur thème dominant est le moi. Mes besoins. Le vide de la soumission de Riefenstahl aujourd’hui est l’esclavage numérique.

Edward Said a décrit cet état de connexion dans son “Culture et Impérialisme” comme menant l’impérialisme dans des endroits que les marines d’antant n’auraient jamais pu atteindre. C’est le contrôle social ultime car il est volontaire, addictif et enrobé des illusions de la liberté individuelle.

Le “message” d’aujourd’hui de grotesque inégalité, d’injustice sociale et de guerre est la propagande des démocraties libérales. Par tout standard du comportement humain, ceci est un extrémisme. Quand Hugo Chavez l’a défié, il fut abusé par une mauvaise foi et son successeur sera trompé par les mêmes zélotes de l’American Enterprise Institute, de l’Harvard’s Kennedy School et les organisations “des droits de l’Homme”, qui se sont appropriés le libéralisme américain et pilotent en sous-main sa propagande. L’historien Norman Pollack appelle ceci le “fascisme libéral”. Il écrivit: “Tout est étalage de normalité. Pour les adeptes du pas de l’oie, substituer pour plus de militarisation rampante de la culture totale et pour le leader qui aime bombarder, travaillant froidement (à la Maison Blanche), planifiant et mettant en œuvre des assassinats, sourire radieux aux lèvres.”

Alors qu’il y a encore une génération, la dissidence et la satire acerbe étaient autorisées dans la culture “de masse”, leurs contre-façons d’aujourd’hui sont aceptables et représentent les règles d’un faux esprit du temps (NdT: “zeitgeist” dans le texte original) moral. “L’identité” seule importe, féminisme en mutation et déclarant les classes obsolètes, de la même manière que les dégâts collatéraux couvrent pour le meurtre de masse, l’ “austérité” est devenue un mensonge tout à fait acceptable. En dessous du vernis du consumérisme, un quart de la population de la grande banlieue de Manchester vit dans “une pauvreté extrême”.

La violence militariste perpétrée contre des centaines, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants inconnus par “nos” gouvernements, n’est jamais un crime contre l’humanité. En s’entretenant avec Tony Blair il y a 10 ans sur son invasion criminelle de l’Irak, Kirsty Wark de la BBC lui offrit un moment dont il n’aurait osé rêver: Elle permit à Blair d’agoniser publiquement sur sa “décision difficile”, plutôt que de le rendre responsable des mensonges monumentaux et du bain de sang qu’il déclancha. Cela rappelait Albert Speer (NdT: Ministre de la guerre d’Hitler à partir de 1942).

Hollywood est retournée dans son rôle de la guerre froide, emmené par les libéraux. Le film gagnant des oscars de Ben Affleck “Argo” est le premier film si intégré au système de propagande, que son message subliminal d’alerte de la “menace” de l’Iran est offert alors qu’Obama se prépare, encore et toujours, à attaquer l’Iran. Que la “véritable histoire” d’Affleck des gentils contre les “méchants musulmans” soit une fabrication de la même mouture que la justification d’Obama pour ses plans de guerre, est noyé dans les applaudissements gérés par la relation publique idoine. Comme le critique indépendant Andrew O’Hehir l’a si bien noté, “Argo” est “un film de propagande dans le plus pur sens du terme, un de ceux qui affirme être innocent de toute idéologie.” A savoir, il réduit l’art cinématographique en reflet de l’image du pouvoir qu’il sert.

La véritable histoire est que, depuis 34 ans, l’élite de la politique étrangère américaine a piaffé d’impatience pour une vengeance de leur perte du Shah d’Iran, leur tyran bien-aimé et son état de la torture fait pour lui sur mesure par la CIA. Quand les étudiants iraniens ont occupé l’ambassade des Etats-Unis en 1979, ils y ont trouvé une mine de documents incriminatoires, qui révélait qu’un réseau d’espionage israélien opérait au sein même des Etats-Unis, volant des secrets scientifiques et militaires. Aujourd’hui, l’allié sioniste duplicite, et non pas l’Iran, est la seule et unique menace nucléaire au Moyen-Orient.

En 1977, Carl Bernstein, rendu célèbre pour son reportage sur le Watergate, a révélé que plus de 400 journalistes et exécutifs de bon nombre d’organisations médiatiques libérales des Etats-Unis avaient travaillé pour la CIA ces 25 dernières années. Incluant des journalistes du New York Times et des grosses chaîne de télévision. De nos jours, une telle force de travail criminelle est relativement inutile. En 2010, le New York Times n’a fait aucun secret de sa collusion avec la Maison Blanche en censurant les Wikileaks war logs. La CIA possède un “bureau de liaison de l’industrie du spectacle”, qui aide les réalisateurs et les producteurs à refaçonner son image, celle d’un groupe de mafieux hors-la-loi qui assassine, renverse des gouvernements et traffique la drogue. Alors que la CIA d’Obama multiplie les assassinats par drones, Affleck, lui, loue les “services clandestins, qui font quotidiennement des sacrifices pour les Américains.. Je désire les remercier profondément.” Le film gagnant aux Oscars 2010 “Zero Dark Thrity” de Kathryn Bigelow, qui n’est que prosélytisme et apologie de la torture, était pratiquement fait sous license du Pentagone.

La prise de marché du cinéma américain au Royaume-Uni atteint souvent 80% et la petite portion cinématographique britannique est essentiellement en co-production américaine. Les films d’Europe et du reste du monde ne sont qu’une infime fraction de ceux que nous sommes permis de visionner. Dans ma propre carrière de réalisateur, je n’ai jamais connu une époque où les voix du désaccord et de la dissidence dans les arts visuels ont été si peu nombreuses et silencieuses.

Pour toutes les poignées de main concernant l’enquête de Leveson, le “moule Murdoch” demeure intact. Les écoutes téléphoniques ont toujours été une distraction, un moindre mal, comparées aux tambours de la guerre martelés par les médias pour les guerres criminelles. D’après un sondage de Gallup, 99% des Américains croient que l’Iran constitue une menace pour eux, tout comme la majorité a cru que l’Irak était responsable des attaques du 11 Septembre.

“La propagande gagne toujours”, a dit Leni Riefenstahl, “si vous l’y autorisez.”

 

Résistance politique: Soyons ces graines sous la neige…

Posted in actualité, crise mondiale, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , on 20 janvier 2012 by Résistance 71

« C’est le refus d’abandonner que le pouvoir pourri craint par dessus tout, car il sait que c’est la graine plantée sous la neige. » ~John Pilger~

 

Nous avons traduit ici le dernier (et superbe) article en date de John Pilger. Un des tous derniers grand reporters indépendants nous démontre s’il en était encore besoin, la futilité et l’illusion d’un système politique corrompu et totalement déliquescent. Il nous sensibilise à la descente aux enfers totalitaires de l’occident dans sa folie dominatrice et hégémonique.

Au sujet de l’histoire de Lisette et des habitants expulsés des îles Chagos dans les années 1960 (afin d’établir la base militaire américaine sur l’îlede Diego Garcia), Pilger a réalisé en 2004, un superbe reportage: « The Stealing of a Nation »  (« Le vol d’une nation ») que l’on peut visionner sur son site internet, comme la quasi totalité de ses reportages du reste, disponibles gratuitement sur son site.

John Pilger est un grand monsieur du vrai journalisme documentaire, un journalisme qui n’existe plus. Son discours lors de la réception du prix de la paix dans sa ville de Sydney en 2009 est d’anthologie et devrait être traduit en toute les langues.

C’est toujours avec grand plaisir et émotion que nous traduisons ses textes simples, nobles et percutants.

Merci Mr Pilger !

— Résistance 71 —

 

La guerre mondiale contre la démocratie

 

Par John Pilger

 

Le 19 Janvier 2012,

 

url de l’article original:

http://www.johnpilger.com/articles/the-world-war-on-democracy

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

 

Lisette Talate est décédée l’autre jour. Je me rappelle d’une fine femme à l’intelligence aiguisée qui masquait sa peine avec une détermination qui était une présence en elle-même. Elle était la personnification de la résistance des peuples à la guerre contre la démocratie. Je l’ai d’abord entr’aperçu dans un film du bureau des colonies datant des années 1950, à propos des gens des îles Chagos, une petite nation créole vivant à mi-chemin entre l’Afrique et l’Asie dans l’Océan Indien. La caméra se déplaçait dans des villages fourmillant, une église, une école, un hôpital, construits dans un endroit phénoménal de beauté naturelle et de paix. Lisette se rappelle du producteur du film lui disant à elle et ses amies adolescentes: “Continuez à sourire les filles !”

Assise dans sa cuisine de l’île Maurice plusieurs années plus tard, elle dit: “On n’avait pas besoin de me demander de sourire. J’étais une enfant heureuse, parce que mes racines descendaient profondément dans ces îles, mon paradis. Mon arrière grand-mère était née là-bas, j’ai fait 6 enfants là-bas. Voilà pourquoi ils ne pouvaient pas nous jeter légalement en dehors de nos maisons; ils devaient nous terrifier pour que nous partions ou nous forcer à partir. Au début, ils ont essayé de nous affamer. Les vaisseaux de ravitaillement cessèrent de venir, ensuite ils ont répandu les rumeurs que nous serions bombardés, puis ils se sont retournés contre nos chiens.”

Au début des années 1960, le gouvernement travailliste (NdT: les “socialistes” britanniques) d’Harold Wilson acquiesça secrètement à une demande de Washington pour que l’archipel des Chagos, une colonie britannique, soit “nettoyée” et “aseptisée” de ses 2 500 habitants afin qu’une base militaire puisse être construite sur l’île principale de l’archipel, l’île de Diego Garcia. “Ils savaient que nous étions inséparables de nos animaux domestiques”, dit Lisette, “quand les soldats américains sont arrivés pour construire la base, ils firent reculer leurs gros camions jusqu’aux baraques de briques dont nous nous servions pour préparer les noix de cocos; des centaines de nos chiens avaient été emprisonnés dedans. Ils les ont gazé avec des raccords fait à leur pots d’échappement. On pouvait les entendre hurler.”

Lisette, sa famille et des centaines d’insulaires furent mis de force sur un vieux bateau à vapeur rouillé à destination de l’île Maurice, distante de 4 000 km. Ils devaient dormir dans les cales contenant du fertilisant: de la merde d’oiseaux. La météo était dure, tout le monde était malade; deux femmes firent des fausses-couches. Larguée sur les quais de Port Louis, les deux plus jeunes enfants de Lisette Jollice et Régis, moururent à une semaine d’intervalle. “Ils sont morts de tristesse”, dit-elle. “Ils avaient tout entendu et ont vu l’horreur du gazage de nos chiens. Ils savaient qu’ils quittaient leur maison pour toujours. Le médecin de Maurice nous a dit qu’il ne pouvait pas guérir la tristesse.”

Cet acte fut fait dans le plus grand des secrets. Dans un document d’archive officiel, sous le titre de “Maintenir la fiction”, le conseiller juridique du ministère des affaires étrangères exorte ses collègues de camoufler leurs actions en “reclassifiant” la population comme étant une population “flottante, nomade” et de “refaire les règles au fur et à mesure”. L’article 7 des statuts du TPI dit que “la déportation ou le transfert forcé de populations” est un crime contre l’humanité. Que la Grande-Bretagne ait commis un tel crime en échange d’une ristourne de 14 millions de dollars sur un sous-marin nucléaire américain Polaris, n’était pas dans l’agenda d’un groupe de correspondants de la “défense” qui furent envoyés aux îles Chagos par le ministère de la défense lorsque les travaux de la base américaine furent terminés. “Il n’y a rien dans nos dossiers”, dit un officiel du ministère, “à propos des habitants ou à propos d’une évacuation.”

Aujourd’hui, l’île de Diego Garcia est cruciale à la guerre contre la démocratie menée par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Les plus gros bombardements qui ont eu lieu en Afghanistan et en Irak ont été lancés de cette base, au delà de laquelle le cimetière et l’église abandonnés par les insulaires se dressent comme des ruines archéologiques. Le jardin en terrasse d’où Lisette souriait à la caméra est maintenant un dépôt pour des bombes anti-bunkers transportées sur leurs lieux de bombardements sur deux continents par des bombardiers B-2 furtifs aux allures de chauve-souris. Une attaque sur l’Iran commencera de là. Comme pour compléter le blason du pouvoir criminel omni-présent, la CIA y a ajouté une prison du style de Guantanamo pour les victimes de son programme de “rendition”, appelé “Camp Justice”.

Ce qui fut fait au paradis de Lisette a une signification forte et universelle dans la mesure où cela représente la nature violente et sans pitié d’un système entier derrière sa façade démocratique et la mesure de notre propre endoctrination avec ses suppositions messianiques, décrites par Harold Pinter comme “de brillants numéros d’hypnose, spirituels même, qui fonctionnent”. Plus longue et plus sanglante que toute guerre depuis 1945, faite avec des armes démoniaques et un gangstérisme déguisé en politique économique, parfois connu sous le nom de mondialisme, la guerre contre la démocratie n’est pas mentionable dans les cercles de l’élite. Comme l’a écrit Pinter: “Cela ne s’est jamais produit et dans le même temps cela se produisait”. En Juillet dernier, l’historien américain William Blum a publié son sommaire mis à jour des statistiques de la politique étrangère américaine. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les Etats-Unis ont:

1. Tenté de renverser plus de 50 gouvernements la plupart d’entr’eux démocratiquement élus.

2. Tenté de supprimer un mouvement populiste ou national dans 20 pays.

3. Interféré éhontement dans des élections démocratiques dans au moins 30 pays.

4. Bombardé les populations de plus de 30 pays.

5. Tenté d’assassiner plus de 50 leaders politiques étrangers.

Au total, les Etats-Unis ont commis une ou plus de ces actions dans 69 pays. Dans la plupart des cas, la Grande-Bretagne a été la complice et la collaboratrice. L’”ennemi” change de nom, de communisme à islamisme, mais le plus souvent c’est la montée de mouvement démocratique indépendant du pouvoir occidental ou une société occupant un territoire stratégiquement utile, jugée aléatoire, comme les îles Chagos.

La véritable échelle de la souffrance, sans parler de celle de la criminalité impliquée, n’est pas connue en occident, malgré la présence des systèmes de communication les plus avancés au monde, nominalement le journalisme le plus libre et l’académie la plus admirée. Que le plus grand nombre de victimes du terrorisme, du terrorisme occidental, soient les musulmans est quelque chose qu’on ne peut pas dire, si cela est seulement su. La mort d’un demi million d’enfants irakiens dans les années 90 suite à l’embargo imposé par la Grande-Bretagne et l’Amérique n’a absolument aucun intérêt. Que le djihadisme extrême, celui qui mena aux attentats du 11 Septembre, fut couvé et développé comme une arme par la politique occidentale (“Opération Cyclone”) est une information connue des spécialistes mais autrement complètement supprimée.

Alors que la culture populaire en Grande-Bretagne et en Amérique immerge la seconde guerre mondiale dans un bain éthique pour les vainqueurs, les holocaustes qui émergent de la domination anglo-américaine des régions riches en ressources naturelles sont consignés dans le tiroir de l’oubli. Sous le tyrant indonésien Suharto, adoubé “notre homme” par Thatcher, plus d’un million de personnes furent massacrées. Décrit par la CIA comme “le pire massacre de masse de la seconde partie du XXème siècle”, les estimations ne prennent même pas en compte le tiers de la population du Timor oriental qui fut affamé ou massacré avec la complicité de l’occident, des avions et des mitrailleuses britanniques.

Ces histoires vraies sont racontées dans des documents déclassifiés et archivés dans les archives publiques, néanmoins elles représentent une dimension entière de la politique et de l’exercice du pouvoir complètement exclu de la vie publique et de la considération du public. Ceci fut réalisé par un régime non-coercitif de contrôle de l’information, depuis le mantra évangélique de la publicité consumériste aux informations de la BBC en passant par les médias sociaux éphémères.

C’est comme si les écrivains faisant fonction de rempart n’étaient plus ou sont sous l’emprise d’un zeitgeist sociopathe, convaincus qu’ils sont trop intelligents pour être dupés. Voyez la ruée des sycophants en mal de déifier Christopher Hitchens (NdT: journaliste anglo-américain grand supporteur de la guerre d’Irak), un amoureux de la guerre qui s’est languit d’être autorisé à justifier les crimes du pouvoir prédateur. “Pour presque la première fois depuis deux siècles”, écrivit Terry Eagleton, “il n’y a pas de poète britannique éminent, de dramaturge ou de romancier, préparés à questionner les fondations même du mode de vie occidental”. Plus d’Orwell pour nous dire que nous ne devons pas nécessairement vivre en société totalitaire pour être corrompu par le totalitarisme. Plus de Shelley pour parler pour les pauvres, plus de Blake proférant une vision, plus d’Oscar Wilde pour nous rappeler que “la désobéissance, aux yeux de tous ceux qui ont lu l’histoire, est la vertu originelle de l’Homme.”

Et plus de Pinter rageant contre la machine de guerre comme dans American Football:

Hallelujah.

Praise the Lord for all good things … [Rendons grâce à Dieu pour toutes les bonnes choses…]

We blew their balls into shards of dust, [Nous leur avons explosé les couilles en débris de poussière,]

Into shards of fucking dust … [En débris de putain de poussière…]

En débris de putain de poussière s’en vont toutes les vies détruites là par Barack Obama l’Auguste du changement et de l’espoir de la violence occidentale. Quand un des drones d’Obama élimine une famille complète dans une région tribale lointaine du Pakistan, de Somalie, ou du Yémen, les contrôleurs du jeu américains devant leurs écrans de jeu vidéo, tapent sur leur clavier “insecte écrabouillé” (NdT: “bugsplat” en anglais). Obama aime les drones et a fait des plaisanteries à ce sujet avec les journalistes. Une de ses premières actions comme président des Etats-Unis fut d’ordonner une vague d’attaques de drones Predator sur le Pakistan, qui tua 74 personnes. Il a depuis tué des milliers de personnes, pour la plupart des civils. Les drones Predator tirent des missiles Hellfire “feu de l’enfer” qui vide les poumons des enfants de leur air et laissent des lambeaux de chair humaine sur le terrain.

Rappelez-vous des manchettes de journaux noyées de larmes lorsque la “marque” Obama fut élue: “Monumental, donne la chair de poule”, titra le Guardian. “Le futur américain”, écrivit Simon Schama “est fait de vision, sacré, léger…” Le chroniqueur du San Francisco Chronicle y vît “un éclairagiste spirituel qui peut pousser pour une nouvelle façon d’être sur la planète”. Au delà de ce radotage, comme l’avait prédit le grand lanceur d’alerte Daniel Ellsberg, un coup d’état militaire se déroulait à Washington et Obama était leur homme. Après avoir séduit le mouvement anti-guerre jusqu’à un silence virtuel, il donna à la classe des officiers militaires corrompue américaine des pouvoirs d’état et d’engagement sans précédent. Ceci inclut la possibilité de guerres en Afrique et des opportunités de provocations contre la Chine, le plus grand créditeur de l’Amérique et nouvel “ennemi” d’Asie. Sous le régime Obama, la vieille source de paranoïa officielle, la Russie, a été encerclée par un rideau de missiles ballistiques et l’opposition russe a été infiltrée. Des équipes d’assassins de la CIA et de l’armée ont été déplacées dans 120 pays, les attaques planifiées de longue date sur la Syrie et l’Iran laissent présager d’une guerre mondiale. Israël, le clone américain de la violence et de l’illégalité par proxy vient juste de recevoir son argent de poche annuel de 3 milliards de dollars avec la bénédiction d’Obama pour voler toujours plus de territoires palestiniens.

La réussite la plus “historique” d’Obama a été d’amener la guerre contre la démocratie sur le sol de l’Amérique. Au réveillon du nouvel an, il signa la loi du National Defense Authorization Act (NDAA), une loi qui donne le droit au Pentagone de kidnapper à la fois des étrangers et des citoyens américains, de les détenir de manière indéfinie, de les interroger, de les torturer et même de les tuer. Les victimes n’ont seulement besoin que d’être “associées” avec ceux qui sont en guerre contre les Etats-Unis. Il n’y aura aucune protection légale, aucun procès, aucune représentation légale. Ceci est la première législation qui abolit le Habeas Corpus (le droit a une procédure judiciaire légale) et réfute de facto les droits civiques de 1789.

Le 5 Janvier, dans un discours incroyable au Pentagone, Obama a dit que l’armée devra non seulement être prête “à sécuriser territoires et populations” à l’étranger, mais également à se battre ™à domicile” et “donner du soutien aux autorités civiles”. En d’autres termes, les troupes américaines seront déployées dans les rues des villes des Etats-Unis lorsque les troubles sociaux inévitables se déclancheront.

L’Amérique est aujourd’hui un pays de la pauvreté épidémique et de prisons barbares: la conséquence d’un extrémisme de marché, qui sous Obama, a favorisé le transfert de 14 000 milliards de dollars d’argent public aux entreprises criminelles de Wall Street. Les victimes en sont le plus souvent les jeunes chômeurs, sans abri, incarcérés afro-américains, qui ont été trahis par le premier président noir américain. Le corollaire historique d’un état de guerre perpétuel, ceci n’est pas le fascisme, pas encore du moins, mais cela n’est pas non plus la démocratie dans une forme reconnaissable, indépendemment de la politique placebo qui se déroulera juqu’à Novembre. La campagne présidentielle, dit le Washington Post va “mettre en scène le choc des philosophies enracinées dans des vues différentes de l’économie.” Ceci est faux. La tâche qui incombe au journalisme des deux côtés de l’Atlantique est de créer l’illusion d’un choix politique là où il n’y en a aucun.

La même ombre plane sur la Grande-Bretagne et la plupart de l’Europe où la social-démocratie, un article de foi il y a encore deux générations, a capitulé devant les dictateurs des banques centrales. Dans la “grande société » de David Cameron, le vol de 84 milliards de Livres en emplois et en services dépasse même le montant des impôts “légalement” évités par les entreprises pirates. Le blâme demeure non pas avec l’extrême-droite, mais avec une culture politique libérale couarde qui a permis à tout cela de se produire, ce qui, écrivit Hywel Williams juste après les attentats du 11 septembre 2001, “peut devenir en soi une forme de fanatisme de l’auto-satisfaction”. Tony Blair est un de ces fanatiques.. Dans sa gestion indifférente des libertés qu’il clame pourtant être chères, la Grande-Bretagne bourgeoise blairienne a créé un état policier avec plus de 3000 lois et actes délictuels nouveaux: plus que pour l’ensemble du siècle précédent. La police croit de manière évidente qu’elle a l’impunité totale de tuer. A la demande de la CIA, des cas juridiques comme celui de Binyam Mohamed, un citoyen britannique innocent, torturé puis emprisonné pour cinq ans à Guantanamo, seront traités dans des cours de justice spéciales et secrètes en Grande-Bretagne afin de “protéger les agences de renseignement”, les bourreaux.

L’état invisible a permis au gouvernement de Blair de lutter contre les habitants des îles Chagos alors qu’ils se levaient de désespoir depuis leur exil pour demander justice dans les rues de Port Louis et de Londres. “Seulement quand vous menez une action directe, face à face, et même que vous enfreignez la loi, alors on vous remarque”, a dit Lisette. “Et plus vous êtes petit, le plus grand est l’exemple pour les autres.” Une telle réponse éloquente donne de quoi réfléchir à ceux qui demandent toujours: “Que puis-je faire ?”

J’ai vu pour la dernière fois la fine silhouette de Lisette debout sous une pluie battante, aux côtés de ses camarades devant le parlement. Ce qui me frappa par dessus tout fut le courage endurant de leur résistance. C’est le refus d’abandonner que le pouvoir pourri craint par dessus tout, car il sait que c’est la graine plantée sous la neige.

 

For more information on John Pilger visit his website at www.johnpilger.com