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Histoire coloniale: L’origine de la Police Montée du Canada… De milice coloniale paramilitaire à la pseudo-respectabilité d’une « gendarmerie »…

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Histoire de la violence d’état et du colonialisme associés à la Gendarmerie Royale du Canada (Police Montée)

Warrior Publications

Originellement publié le 3 décembre 2011

Source: https://copwatchvancouver.wordpress.com/2011/12/03/rcmp-history-of-colonialism-state-violence/

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

Depuis sa création, la Gendarmerie Royale du Canada (NdT: La GRC ou plus connue sous le vocable de “police montée canadienne”, qui est l’équivalent canadien du FBI, une police fédérale ayant compétence sur tout le territoire contrairement aux polices locales-municipales- ou provinciales) a joué un rôle très important dans la colonisation ainsi que dans la répression des mouvements sociaux. Elle fut en premier établie comme la North West Mounted Police (NWMP ou “Police Montée du Nord-Ouest) en 1873 pour étendre le contrôle du gouvernement sur les territoires du nord-ouest canadien (Saskatchewan & Manitoba). Ceci suivît la rébellion des métis de Red River en 1870 dans ce qui est aujourd’hui la province du Manitoba.

La NWMP fut modelée suivant la Royal Irish Constabulary (RIC), une force de police coloniale utilisée par les Britanniques comme méthode de contre-insurrection en Irlande. Les Britanniques modelèrent également leurs forces de police en Afrique et en Inde sur la RIC (Celles-ci fut rebaptisée Royal Ulster Constabulary en 1920 et gagna une sérieuse réputation comme instrument de coercition britannique en Irlande). Comme la RIC, les “Mounties” ou “policiers montés” furent organisés en tant que force paramilitaire avec des grades militaires, ainsi qu’une organisation, des uniformes et des armes tout aussi militaires. Ils seront plus tard reconnus comme un régiment de Dragons (cavalerie) et permis de porter un drapeau avec leurs “faits d’arme”.

En 1874, la NWMP mena un long raid vers l’ouest à travers les grandes plaines pour établir toute une série de forts aussi loin vers l’Ouest qu’Edmonton & Calgary en 1875. Nommée “la longue marche” (très maoïste cette expression…), cette histoire est vite devenue partie intégrante de la mythologie de cette force policière, exaltant et inspirant courage et détermination contre des circonstances néfastes. Néanmoins, quelques participants décrivirent cette marche comme étant désorganisée, mal planifiée et évitant de peu un total désastre. La colonne se perdit, souffrit de famine, de gros orages et d’une infestation de moustiques.

Une autre partie de la mythologie de la GRC est que la NWMP fut déployée pour arrêter les malversations de la mafia du traffic de whisky au travers des frontières et protégea les peuples et nations autochtones de ce fléau. Une attaque en Mai 1873 par des commerçants américains sur un groupe d’Indiens Cris, appelé le massacre de Cypress Hills, fut utilisée comme prétexte pour officiellement organiser la NWMP en Août de cette année là.

Cette histoire officielle échoue néanmoins à narrer la guerre génocidaire non-stop que les Etats-Unis menait contre les nations et peuples des grandes plaines (Lakota/Dakota, Cheyennes, Arapahos), incluant la quasi extermination des bisons. Le Canada venait juste de former un état-nation en 1867 au moyen du British North America Act ou BNAA et n’était plus une colonie britannique (NdT: en apparence du moins…). Bien que des forces britanniques demeurèrent dans le pays, le Canada avait peu de capacité militaire pour mener une guerre similaire contre les peuples et nations indigènes des grandes plaines (côté canadien). Et pourtant, la décimation des hardes de bisons qui venaient des Etats-Unis ainsi que les épidémies, affaiblissaient sérieusement les nations autrefois si puissantes des grandes plaines du côté canadien de la frontière. (NdT: n’oublions pas que refusant de plier devant les diktats coloniaux, le grand chef Lakota/Humpapa Sitting Bull se refugia avec les siens au Canada avant d’accepter de partir dans une “réserve”, où il y fut assassiné comme Crazy Horse avant lui…)

Bien que le Canada n’ait pas pu se permettre de mobiliser une large force militaire, il pouvait organiser une force de police paramilitaire pour établir des lignes de communication dans la région. Si nécessaire, une plus grande force de milice pouvait aussi être déployée comme ce fut le cas en 1885. A ce moment, le gouvernement pensa imposer son contrôle sur la région en préparation d’une plus ample expansion coloniale, incluant une voie de chemin de fer à travers la plaine et plus d’établissements coloniaux fermiers. Tout ceci demandait sécurité et stabilité (loi et ordre coloniaux). En particulier, les autochtones se devaient d’être forcés à se soumettre, exploitant les effets de la guerre génocidaire des Etats-Unis contre les Indiens des Grandes Plaines. D’après ce qu’écrivirent des historiens de la GRC,

Lorsque la police montée arriva dans l’Ouest, son but était de réguler le processus d’établir les Indiens dans les réserves. Ceci fait, la force reçût pour mission de patrouiller la ligne de construction de la voie de chemin de fer de la Canadian Pacific Railway afin de protéger le projet contre toute atteinte à sa réalisation.

(Red Coats on the Prairies, p. 14)

Dans les plaines, la NWMP fut étroitement impliquée dans la fabrication des traités, incluant le traité no6 de 1877 (couvrant les prairies du nord, incluant les nations Cri, Anicinabe et Assiniboine), ainsi que le traité n07 (couvrant le sud-ouest et les nations Pied-Noir, Bloods, et Peigan) Ces traités prononcèrent l’abandon massif légal de larges portions de territoires en échange de terres de réserves et de loyers annuels payés sous forme de nourriture, d’équipement et d’argent, placé sur compte fiduciaire géré par le gouvernement fédéral…). Dans bien des endroits, des villages furent mis à la limite de la famine, condition qui persista durant de nombreuses années.

Par la loi sur le Indiens de 1876 (Indian Act 1876), les autochtones se trouvèrent sous la jurisdiction imposée du gouvernement fédéral et devaient être confinés dans des réserves et forcés d’accepter des “conseils de bande” (NdT: entités répondant aux gouvernement coloniaux et n’ayant aucun point commun avec la gouvernance traditionnelle des nations indiennes. Aujourd’hui, ces conseils de bande sont réunis par délégation au sein de l’Assemblée des Premières Nations, qui élit régulièrement son “grand-chef”, qui n’a aucun pouvoir réel mais n’est qu’un représentant du gouvernement canadien…). La NWMP fut assignée de faire respecter ce système et toutes autres provisions prévues par L’Indian Act ou loi fédérale sur les Indiens, ceci incluant le système de laisser-passer permettant la circulation de et hors des réserves (NdT: système repris et diaboliquement perfectionné par le régime sioniste pour contrôler la circulation des Palestiniens pourtant sur leurs terres à l’instar des Indiens d’Amérique du Nord…) ; ainsi que de veiller à la suppression des “sociétés de guerrier” et des cérémonies autochtones traditionnelles comme par exemple la Danse du Soleil (Sun Dance) et les potlaches, tradition de redistribution des richesses accumulées. Il était courant pour la NWMP d’incarcérer des Indiens pour non respect de ces lois et de les forcer à des travaux pénibles durant des mois et des mois, les vieilles personnes mourant souvent sous le coup de ces mesures draconiennes. La NWMP, puis plus tard la GRC, fut directement impliquée dans l’enlèvement des enfants indiens et leur placement dans le système des “pensionnats pour Indiens” (NdT: où ils moururent par dizaines de milliers…) alors même que ce système plus pénitenciaire qu’éducatif, servait à faire mourir les enfants sous les multiples abus et les maladies de promiscuité induite (tuberculose essentiellement).

En 1885, la NWMP fut utilisé pour réprimer la rébellion du Nord-Ouest des guerriers Cri et métis (Louis Riel, Poundmaker et Big Bear/Grand Ours). Après avoir été forcés de se replier et ayant observé les postes de la compagnie de l’Hudson Bay être pillés, les agents indiens, la milice et les colons tués, la NWMP fut renforcée de 5000 hommes de la milice. Ils furent transportés par le train de la Canadian Pacific et financés par le HBC durant leur campagne.

Dix ans plus tard, des conflits de basse-intensité continuaient, souvent à cause des conditions de vie dans les réserves. Voix toute puissante, un guerrier Cri, tua par arme à feu trois policiers de la NWMP après avoir été arrêté pour avoir soi-disant tué la vache d’un colon. Il s’échappa et trouva refuge dans bon nombre de villages. La police le traqua pendant plus de deux ans et il fut abattu dans une échange de coups de feu en 1897 lorsque la police finalement ouvrit le feu contre lui avec un canon de 7 livres.

En 1897, un journal régional commentait: “Ce n’est que par la présence d’un grand nombre de policiers dans la région que les Indiens se tiennent un peu tranquilles… Ils ne sont soumis que parce qu’ils savent que se rebeller contre une force bien supérieure serait désastreux pour eux.

(Macleod Gazette, June 4, 1897, quoted in Red Coats on the Prairies, p. 70)

En 1900-02, des officiers de la NWMP furent envoyés servir dans la seconde guerre des Boers en Afrique du Sud, combattant aux côtés de l’empire britannique (ainsi fut épinglé le titre de “royal” à leur dénomination). Deux unités des Canadian Mounted Rifles et des Lord Strathcona’s Horse furent remplies d’anciens policiers de la NWMP. Leur but principal fut la contre-insurrection.

Pendant la première guerre mondiale, un escadron de policiers a servi sur les champs de bataille en Europe de l’ouest et en 1918, un autre escadron fut déployé en Sibérie comme partie d’un corps expéditionnaire contre la révolution russe. En 1919, la NWMP participa à l’attaque sur la grève générale de Winnipeg, ouvrant le feu sur les ouvriers et en tuant deux. En 1920, la NWMP fusionna avec la Dominion Police pour créer la GRC. En 1924, la GRC fut utilisée pour imposer un conseil de bande dans une réserve des Six Nations iroquoises du sud de la province de l’Ontario, qui avait résisté l’Indian Act depuis sa création et sa mise en place. Durant l’entre-deux guerre, la GRC conduisit des opérations de coercition contre les ouvriers, le parti communiste et les immigrants (chinois et ukrainiens). En 1935, elle attaqua la Onto-Ottawa Trek à Regina, ce qui se termina en émeute et vit la mort d’un policier et d’un manifestant.

Pendant les années 1950, la GRC a continué sa répression des mouvements sociaux sous le prétexte de la “guerre froide” et de l’anti-communisme. Pendant les années 60 et 70, elle fut plus active à contrer les mouvements sociaux du Québec. Pendant le période des blocus autochtones des années 1970 et jusqu’à aujourd’hui, à l’exception du Québec et de l’Ontario, c’est la GRC qui est le plus souvent appelée pour leur répression. Dans certains cas, ceci implique des arrestations symboliques pendant des actes de désobéissance civile, mais dans d’autres cas, cela peut impliquer de violents assauts et l’utilisation d’équipes d’intervention d’urgence lourdement armées (NdT: genre GIGN / GIPN / RAID etc…)

En 1988, plus de 200 gendarmes de la GRC envahirent le territoire Mohawk de Kahnawake pendant un raid contre un “trafic illégal” de tabac. Pendant des actions solidaires avec le mouvement d’Oka en 1990, les gens qui bloquèrent la ligne de chemin de fer de St at’imc à Seton Portage en Colombie Britannique, furent attaqués par la GRC armée de matraques et de chiens. Des mois plus tard, 60 personnes bloquant la route de Mont Currie furent violement arrêtés par une grande force de la GRC. A Oka, la GRC renforça la Sûreté du Québec.

En 1995, environ 450 gendarmes de la GRC, incluant un bon nombre de membres des équipes d’intervention, assiégèrent la camp autochtone de Native Sundance dans la région intérieure sud de la Colombie Britannique (Gustafsen Lake/Tspeten) La police utilisa des milliers de cartouches, fit exploser une charge alors qu’un des défenseurs dans son véhicule passait dessus et utilisèrent 9 véhicules VAB “Bison” suppléés par l’armée canadienne. Ce fut la plus grande opération paramilitaire ayant eu lieu dans l’histoire du Canada.

En 1997, la GRC fut chargée de fournir la sécurité au sommet de l’Asia-Pacific Economic Cooperation (APEC) qui se tenait à Vancouver. Elle mena une large campagne de surveillance et de harcèlement contre les mouvements sociaux se terminant par une attaque non provoquée sur des étudiants qui manifestaient pendant le sommet. Des dizaines furent gazés au lacrymo et gaz au poivre (NdT: armes chimiques interdites par la convention de Genève. Il est interdit pour l’armée d’utiliser des gaz lacrymogènes sur les champs de bataille mais nos polices, elles, ont le droit de les utiliser pour gazer leurs populations civiles !!… Cherchez l’erreur…), matraqués et arrêtés, pour beaucoup simplement pour avoir tenus une pancarte contre l’APEC…

En 1998, la GRC sur la réserve Tsuu-T’ina dans la province d’Alberta abattit Connie Jacobs et son fils de 9 ans Ty, après que la mère, énervée, ait tenté d’empêcher la saisie de ses enfants en s’armant d’un fusil de chasse.

En 2000, la GRC en soutien des personnels du bureau de la pêche et des océans, harcela, et surveilla puis attaqua les pêcheurs de homards de la nation Mik’maq à Burnt Church dans la province du Nouveau Brunswick.

En 2001, la GRC fut chargée de la sécurité du sommet des Amériques dans la ville de Québec. Avant les manifestations, des gendarmes conduisirent des opérations de harcèlement et de surveillance des mouvements sociaux pendant plusieurs mois. Pendant les manifestations qui se tinrent au mois d’Avril, la GRC et les brigades anti-émeute de la Sûreté du Québec, tirèrent des milliers de grenades lacrymogènes et des centaines de balles en caoutchouc en juste 48 heures.

En 2002, la GRC partagea de l’information avec les autorités américaines, ce qui eut pour résultat l’enlèvement, l’emprisonnement (rendition program) et la torture de Maher Arar en Syrie pendant plus d’un an. Des années plus tard, le commissaire chef de la GRC fut obligé de démissionner après que le rôle de la GRC fut révélé au grand jour.

Note de R71: Il faut ici constater que la Syrie a participé au programme d’enlèvement et de sous-traitance de la torture mis en place par la CIA suite aux attentats du 11 Septembre 2001, programme connu sous le nom de “Rendition Program”, qui vit l’installation pendant plusieurs années de centres clandestins de la CIA pour faire torturer en sous-traitance les “suspects de terrorisme” enlevés au préalable contre récompenses pour la CIA. Ces centres ont été prouvés avoir existé en Syrie, en Pologne, en Lituanie, en Thaïlande, en Egypte et sur un nombre de bateaux de la marine américaine spécifiquement aménagés et ne naviguant que dans les eaux internationales…

En 2002-3, la GRC avec ses unités d’intervention, fut impliquée dans une série de raids contre les “guerriers indigènes” dans le sud de l’île de Vancouver, à Neskonlith et à Bella coola en CB.

La réputation de la GRC/Police Montée du Canada, qui fut à une époque un symbole de “fièreté nationale” pour le pays, a continué à décliner avec bien plus de controverses et de scandales, incluant des assauts et des meurtres. Un des faits les plus récents et les plus connus de ces dernières années fut le meurtre du citoyen polonais Robert Dziekanski, qui mourut après avoir été attaqué et électrifié au taser par la GRC dans l’aéroport international de Vancouver.

Red Coats on the Prairies: the Northwest Mounted Police 1886-1900, by William Beahen & Stan Horrall & Centrax Books, Print West Publication Services, Regina, Saskatchewan 1998