Archive pour gilets jaunes réflexions révolutionnaires

Gilets Jaunes 1er mai 2019: La véritable victoire du jour est celle sur le syndicalisme foie jaune !..

Posted in actualité, altermondialisme, crise mondiale, gilets jaunes, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, pédagogie libération, philosophie, politique et lobbyisme, politique et social, politique française, résistance politique, société des sociétés, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , on 4 mai 2019 by Résistance 71

 

Le syndicalisme est enfin mort !

 

Guerre de Classe

 

Mai 2019

 

url de l’article: 

http://guerredeclasse.fr/2019/05/02/le-syndicalisme-est-enfin-mort/

 

“En même temps, et tout à fait en dehors de l’asservissement général qu’implique le régime du salariat, les ouvriers ne doivent pas s’exagérer le résultat final de cette lutte quotidienne. Ils ne doivent pas oublier qu’ils luttent contre les effets et non contre les causes de ces effets, qu’ils ne peuvent que retenir le mouvement descendant, mais non en changer la direction, qu’ils n’appliquent que des palliatifs, mais sans guérir le mal. Ils ne doivent donc pas se laisser absorber exclusivement par les escarmouches inévitables que font naître sans cesse les empiétements ininterrompus du capital ou les variations du marché. Il faut qu’ils comprennent que le régime actuel, avec toutes les misères dont il les accable, engendre en même temps les conditions matérielles et les formes sociales nécessaires pour la transformation économique de la société. Au lieu du mot d’ordre conservateur: “Un salaire équitable pour une journée de travail équitable”, ils doivent inscrire sur leur drapeau le mot d’ordre révolutionnaire: “Abolition du salariat”.”
~ Karl Marx – Salaire prix et profit – 1865 ~

Le 1er mai, en tant que fête de l’aliénation salariale, c’est toujours et comme d’habitude la pitoyable parade carnavalesque du fétichisme de la marchandise et de ses clowns syndicaux…

Toutefois, ce 1er mai 2019 fut plus qu’un simple défilé grotesque du folklore habituel car il s’inscrivait en prolongation du vaste mouvement des Gilets Jaunes. Soulèvement social incendiaire et réfractaire qui dès son origine fut clairement affirmé comme anti-politique et anti-syndical…Maintenant, en ce qui concerne les gilets jaunes – comme en témoigne l’éviction instantanée du larbin Martinez – la rupture d’avec les syndicats est définitivement consommée et l’intuition de départ est confirmée ! Il n’y aura plus d’espace disponible pour les imposteurs syndicaux… Ce qui compte désormais c’est l’auto-mouvement de conscience de la masse asservie…Comme l’a rappelé Macron lui-même, en tant que parfait symbole de tout le cynisme étatique marchand, le 1er mai est une fête célébrant l’amour du travail et ses valeurs…… Elle vise à encenser et valoriser la merde qu’est le salariat afin de toujours plus nous enfermer dans l’amour répandu de la servitude volontaire… 

Le Salariat c’est pire que l’esclavage ! Loin d’être notre émancipation il est au contraire la privation absolue de notre véritable vie humaine. Il est la condition même de l’existence du capital en tant que les prolétaires participent à sa valorisation par la plus-value extorquée !

Les syndicats ont toujours oeuvré à la botte de l’Etat et ils sont d’ailleurs financés par lui… Ils sont donc parfaitement intégrés à son appareillage. Et si toutefois nous avons tendance à l’oublier, à chaque fois qu’un mouvement social radical a eu lieu dans l’histoire, les syndicats étaient là pour le neutraliser… Le syndicalisme a toujours dévoyé la lutte de classe radicale afin de l’encaserner dans la lutte réformiste, et la défense réformiste du prolétariat permet au capital de se moderniser…Nous ne voulons pas fêter le travail, nous voulons l’abolir ! Nous ne voulons pas plus d’argent, nous voulons l’abolir ! L’argent est un poison qui anéantit la vie… Il est le substrat de toutes les horreurs qui se répandent sur le monde… L’activité humaine devra un jour se trouver libérée du salariat.

Après bientôt 26 semaines consécutives de mobilisation, qu’ont obtenu les Gilets Jaunes ? Rien ! Rien à part des humiliations, du mépris, des mutilations et une répression toujours plus violente de la part de l’Etat…

Nous vivons actuellement une crise généralisée du mode de production capitaliste, qui interdit toute possibilité d’aménagement des conditions de la servitude volontaire…

Les Gilets jaunes n’obtiendront rien sur le terrain des réaménagements de l’économie politique… et c’est tant mieux ! Tant mieux, pour la simple et bonne raison qu’une prolongation de ce monde marchand infernal serait le pire des futurs envisageables…

Nous, prolétaires, esclaves du salariat, devons comprendre à travers toutes les luttes de classes passées que ce que l’humanité piétinée et asservie doit combattre, ce ne sont pas tel ou tel parti politique et leurs idées ; ce qu’elle doit exiger, ce ne sont pas une meilleure gestion ou répartition des impôts, pas plus qu’un mode de représentation démocratique direct ou indirect… Il n’existe pas d’Etat qui soit humain, et il conviendra bien lors de la revanche finale de l’abolir, ainsi que toutes les catégories aliénatoires de l’économie politique qui en découlent et sont les agents actifs de notre servitude maintenue !

Nous savons pertinemment que les souverains, les hommes d’Etat, ont de tout temps subi les conditions économiques mais que ce ne sont jamais eux qui leur ont fait la loi !
La seule chose qui compte désormais pour l’avenir du mouvement social, c’est d’aller toujours plus loin dans une absolue récusation de tous les terrains aliénés qui voudraient nous reconduire d’une manière ou d’une autre sur le terrain de l’économie politique ! 

La politique est morte, le crétinisme médiatique est mort… aujourd’hui le syndicalisme est enterré !

Vive la révolution sociale, pour une vie humaine émancipée de la pourriture marchande !

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Sept textes fondamentaux pour nous aider à  y parvenir, ensemble, à  lire, relire et diffuser sans aucune modération:

 

“L’État, c’est ainsi que s’appelle le plus froid des monstres froids et il ment froidement et le mensonge que voici sort de sa bouche: ‘Moi, l’État, je suis le peuple !’… Là où le peuple existe encore, il ne comprend pas l’État et il le hait comme un mauvais œil et comme un pêché contre les coutumes et les droits… L’État, lui, ment dans tous les idiomes du bien et du mal ; et quoi qu’il dise, il ment et ce qu’il possède il l’a volé. Tout est faux en lui, il mord avec des dents volées, lui qui mord si volontiers. Fausses sont même ses entrailles… ‘Sur Terre il n’est rien de plus grand que moi: je suis le doigt qui crée l’ordre, le doigt de dieu’, voilà ce que hurle ce monstre…”

“Là où cesse l’État, c’est là que commence l’Homme, celui qui n’est pas superflu : là commence le chant de ce qui est nécessaire, la mélodie unique et irremplaçable. Là où cesse l’État — regardez donc mes frères ! Ne les voyez-vous pas, l’arc-en-ciel et les ponts du surhumain ?”

~ Friedrich Nietzsche ~

 

 

Gilets Jaunes 21ème round… Plus que jamais tout le pouvoir aux Ronds-Points !…

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Gilets Jaunes !

Les quatre mois de lutte écoulés nous montrent on ne peut plus clairement qu’il n’y a pas de solutions au sein du système, qu’il n’y en a en fait jamais eu et qu’il ne saurait y en avoir !

Ceci se doit de devenir une évidence incontournable pour toutes et tous, membres de notre lutte organique pour une société enfin libre.

Ainsi, toute négociation avec l’État et les représentants de l’oligarchie est non seulement futile mais contre-productive. Ignorons-les !

Solidarité – Union – Persévérance – Réflexion – Action

Devenons S.U.P.R.A Gilets Jaunes !

Reprenons le pouvoir par les Assemblées Populaires et ainsi:

  • Boycottons les institutions
  • Boycottons l’élection et l’impôt absorbant l’intérêt de la dette odieuse
  • Boycottons les entreprises du CAC40 et des transnationales criminelles
  • Achetons et promouvons les produits locaux
  • Réaménageons nos campagnes et nos communautés agricoles
  • Rassemblons-nous en comités populaires de voisinage, de travail…
  • Restons incontrôlables et imprévisibles !

Tout le Pouvoir aux Ronds-Points !

Pour une société émancipée et donc libre !

Groupe Gilets Jaunes de _______________

Résistance 71

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Six textes fondamentaux pour nous aider à  y parvenir, ensemble, à  lire, relire et diffuser sans aucune modération:


… Gilets Jaunes…

Dernier PDF de Jo:

Pierre_Kropotkine_L’anarchie-dans-l’evolution-socialiste-2eme-edition-1892

Gilets Jaunes 20ème round: Neuneu Castagne interdit les Champs et Gilets…

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“Qu’est-ce que l’État ? C’est le signe achevé de la division dans la société, en tant qu’il est l’organe séparé du pouvoir politique: la société est désormais divisée entre ceux qui exercent le pouvoir et ceux qui le subissent. La société n’est plus un. Nous indivisé, une totalité une, mais un corps morcelé, un être social hétérogène… »
~ Pierre Clastres ~

« La machine de l’État est oppressive par sa nature même, ses rouages ne peuvent fonctionner sans broyer les citoyens, aucune bonne volonté ne peut en faire un instrument du bien public ; on ne peut l’empêcher d’opprimer qu’en le brisant. »
~ Simone Weil ~

 

Résistance 71

 

28 mars 2019

 

Gilets Jaunes ! A un moment donné, défiance et désobéissance civile doivent s’organiser et se généraliser devant le sectarisme et l’ineptie de l’État et de ses gouvernants. Il est de fait bien naïf d’attendre autre chose de l’État que répression, oppression, interdiction, régulation, règlementation, discrimination, division, et autre baston, mutilation, arrestation, incarcération au gré d’un totalitarisme à géométrie variable mais se durcissant invariablement pour satisfaire les intérêts de la classe dominante.

Tout ceci n’est pas le fait d’individus particuliers, en cela Micronus 1er et sa clique de demeurés incompétents n’est pas pire que les cliques de pathétiques sbires qui l’ont précédée (si, peut-être un peu quand même hein?…), ils ne sont que la continuité d’un système d’oppression inique qui ne connaîtra de repos qu’une fois la dictature élitiste planétaire sera établie et verrouillée en place pour durer.

Doit-on toujours rappeler les articles 34 et 35 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1793 (vite étouffée) qui prévoyaient:

Article 34
Il y a oppression contre le corps social, lorsqu’un seul de ses membres est opprimé. Il y a oppression contre chaque membre lorsque le corps social est opprimé.

Article 35
Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.

Or les droits du peuple sont constamment bafoués par l’État, pas seulement par le triste gugusse siégeant aujourd’hui au Palais de la gouverne usurpée et qui n’est qu’un symptôme de l’étatisme et de la gestion technocrate, mais par l’ensemble même d’un système étatique (de contrôle) dont la fonction est de maintenir la division politique initiale de la société entre ceux (une infime minorité) s’étant appropriés le pouvoir (quelque soit sa forme d’exercice institutionnalisée au fil du temps) de manière coercitive, maintenant leurs privilèges ainsi créés de la sorte et ceux (la très vaste majorité) qui subissent le pouvoir, créant ainsi et maintenant la relation dominant/dominé et donc de dominant / dominé.

“Là où cesse l’État, c’est là que commence l’Homme, celui qui n’est pas superflu : là commence le chant de ce qui est nécessaire, la mélodie unique et irremplaçable. Là où cesse l’État — regardez donc mes frères ! Ne les voyez-vous pas, l’arc-en-ciel et les ponts du surhumain ?”
~Friedrich Nietzsche ~

“Dès que l’État n’est plus à même d’imposer l’union forcée, l’union surgit d’elle-même, selon les besoins naturels. Renversez l’État, la société fédérée surgira de ses ruines, vraiment une, vraiment indivisible, mais libre et grandissant en solidarité par sa liberté même.”
~ Pierre Kropotkine ~

“Mais l’ennemi perpétuel, c’est la terreur perpétuelle, au niveau de l’État cette fois. L’État s’identifie avec “l’appareil”, c’est à dire l’ensemble des mécanismes de conquête et de répression. La conquête dirigée vers l’intérieur du pays s’appelle propagande (“premier pas vers l’enfer” selon Frank) ou répression. Dirigée vers l’extérieur elle crée l’armée. Tous les problèmes sont ainsi militarisés, posés en termes de puissance et d’efficacité.”
~ Albert Camus, “L’homme révolté”, 1951 ~

 

Paulo_Freire_La_pedagogie_des_opprimes

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

 

Gilets Jaunes: vision pour une société émancipée planétaire… 25 ans de Chiapas Zapatiste en exemple à adapter

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Gilets Jaunes !… Le monde nous observe…

Réseau de Rébellion et Résistance International

 

Vingt-cinq ans d’insurrection zapatiste : 

« C’est une forme de démocratie réelle, radicale »

 

19 mars 2019, par Jérôme Baschet

 

Source:

https://www.lavoiedujaguar.net/Vingt-cinq-ans-d-insurrection-zapatiste-C-est-une-forme-de-democratie-reelle

 

Le 1er janvier 1994, jour d’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange nord-américain (Alena), commençait le soulèvement zapatiste dans le sud du Mexique. Communes autonomes, conseils de bon gouvernement, assemblées régionales, propriété collective des terres : Jérôme Baschet revient pour Rapports de force, site d’information pour les mouvements sociaux, sur cette expérience longue de vingt-cinq ans.

Quelle est la part du Chiapas qui est contrôlée par les zapatistes, et comment cela se passe-t-il avec les structures de l’État mexicain ?

L’expérience zapatiste se déploie dans la moitié orientale du Chiapas, qui est une région où la population indienne est très largement majoritaire. Cela représente une superficie équivalente à celle d’une région comme la Bretagne, ce qui n’est pas tout à fait négligeable en termes d’extension territoriale. Il faut cependant préciser qu’il ne s’agit pas d’un territoire homogène, car des zapatistes y cohabitent avec des non-zapatistes. Il y a donc coexistence sur le même territoire de deux systèmes politiques. Les communes autonomes zapatistes et les régions zapatistes avec leurs conseils de bon gouvernement sont totalement dissociées des structures administratives et politiques de l’État mexicain. Les communes n’en reçoivent aucun financement et n’ont aucun contact avec elles. Mais ces deux systèmes politiques coexistent, le plus souvent sans trop de tensions au niveau des villages et des communes.

Cependant, depuis vingt-cinq ans, l’État fédéral mexicain a déployé contre l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) toute la batterie des politiques contre-insurrectionnelles : interventions directes de l’armée en 1994 et 1995, paramilitarisation massive avec déplacement de population et massacres dans les années 1995-2000, division des communautés et création artificielle de conflits internes, programmes assistancialistes à visée clientéliste, incitations d’autres groupes ou organisations à attaquer les zapatistes et à s’emparer de leurs terres, etc. Pour ce dernier exemple, cela a conduit à l’assassinat de Galeano à La Realidad en 2014.

Les zapatistes ont résisté à tout cela durant vingt-cinq ans, et aujourd’hui, ils ont en outre annoncé qu’ils s’opposeraient fermement aux grands projets de développement mis en place — dans un déni total des droits des peuples indiens — par le nouveau gouvernement fédéral supposément progressiste. Ils ont affirmé très clairement, lors de l’anniversaire des vingt-cinq ans du soulèvement de 1994, qu’ils résisteraient à ces projets dès lors que ceux-ci s’attaqueraient aux territoires indiens, et notamment zapatistes, comme c’est le cas du si mal nommé « Train maya », destiné au tourisme.


Société des Sociétés

Que sont et comment fonctionnent les conseils de bon gouvernement ? Est-ce une forme de démocratie directe intégrant plus ou moins de fédéralisme en plus de l’autonomie ?

Les conseils de bon gouvernement sont les instances régionales de l’autonomie zapatiste. Elles en constituent le « troisième niveau », puisque l’autonomie s’organise d’abord au sein des villages, dont l’instance principale est l’assemblée communautaire. Puis ensuite au niveau des communes, chacune rassemblant des dizaines de villages. Enfin, la région englobe de trois à sept communes. Son étendue est du même ordre que celle d’un département français. Il y a cinq conseils de bon gouvernement dans les territoires zapatistes, siégeant chacun dans un centre régional dénommé « caracol » (escargot).

Les conseils de bon gouvernement, tout comme les conseils municipaux autonomes, sont élus pour trois ans, pour des mandats non renouvelables et révocables à tout moment. Ils interagissent pour l’élaboration des décisions avec une assemblée régionale, mais les principaux projets qui ne font pas l’objet d’un ample accord au sein de l’assemblée régionale sont renvoyés en discussion dans tous les villages, pour recueillir avis, amendements, oppositions, avec mission pour l’assemblée suivante d’élaborer une synthèse de toutes les remontées rapportées par les délégués des villages. Cela implique parfois plusieurs allers-retours avant l’adoption d’un projet.

L’autonomie est donc un mode de fonctionnement politique qui se construit par en bas, à partir des villages, puis par fédération ou coordination de ceux-ci au niveau des communes, puis des communes au niveau des régions. C’est une forme de démocratie réelle, radicale, fondée sur un principe de « déspécialisation » de la politique et de participation de tous aux instances décidant des affaires communes. Elle implique cependant — et cela nécessairement dès lors que l’on dépasse un niveau strictement local — des formes de délégation. Cependant, ces formes de délégation maintiennent le primat des assemblées et s’emploient à déjouer les risques de dissociations entre ceux qui assument temporairement des charges politiques et le reste des habitants de ces territoires.

Peut-on considérer que c’est une révolution politique et sociale ? Qu’en est-il de sa dimension économique ?

Les zapatistes préfèrent le vocabulaire de la rébellion à celui de la révolution. Parce qu’ils veulent se démarquer d’une conception classique de la révolution qui était étroitement liée à la conquête du pouvoir d’État et la centralité de celui-ci comme instrument de la transformation sociale et économique. Et ils ont bien raison de s’en dissocier car cette conception-là de la révolution a montré, au cours du vingtième siècle, son tragique échec. Cela dit, si vous construisez une réalité collective qui se déploie en sécession complète vis-à-vis des structures de l’État, que vous défendez un mode de vie échappant largement aux catégories fondamentales du capitalisme, et dont l’objectif, nullement limité à la dimension locale, entend lutter contre le capitalisme pour contribuer à sa destruction, alors il ne serait pas tout à fait absurde de prétendre qu’il s’agit d’une dynamique de type révolutionnaire.

S’agissant du domaine productif, les zapatistes entendent défendre une agriculture paysanne revitalisée par les pratiques agroécologiques : rejet des pesticides chimiques, défense des semences natives, prise en compte des enjeux écologiques, etc. Cela veut dire qu’ils produisent eux-mêmes l’essentiel de leur alimentation traditionnelle, à base de maïs, haricots rouges et courges, à quoi s’ajoutent les animaux de basse-cour et divers produits comme le riz, les fruits ou le miel. Il s’agit de formes d’autosubsistance qui se développent sur des terres dont la propriété est collective et l’usage familial. À cela il faut ajouter une capacité à soutenir l’autonomie collective, grâce aux dizaines de milliers d’hectares de terres récupérées en les reprenant aux grands propriétaires, lors du soulèvement de 1994. Ces terres sont la base matérielle de l’autonomie. C’est grâce à elles et aux travaux collectifs qui y sont accomplis que peuvent être couverts les besoins du système de santé, tout comme ceux qu’entraîne l’exercice de l’autogouvernement et de la justice autonome.

La capacité de produire par soi-même se développe aussi dans le cadre de coopératives artisanales dans les domaines du textile, de la cordonnerie, la charpenterie, la ferronnerie ou les matériaux de construction. Enfin, le Chiapas est une importante zone de production de café : les familles zapatistes disposent de petites parcelles dont la production est commercialisée à travers des coopératives et, surtout, des réseaux de distribution solidaires qui se sont organisés dans plusieurs pays d’Amérique et d’Europe. C’est un soutien très important que l’on peut ainsi apporter aux familles zapatistes car, en complément des cultures d’autosubsistance, c’est ce qui leur assure de modestes apports monétaires leur permettant d’acheter les produits de première nécessité qu’elles ne produisent pas.

Quelle est la place de l’EZLN aujourd’hui dans la révolution zapatiste, sachant que tout commence par une insurrection armée le 1er janvier 1994 ?

Il faut bien comprendre que le nom même de l’EZLN (Armée zapatiste de libération nationale) est trompeur. Il y a bien une dimension militaire qui s’est manifestée lors du soulèvement armé du 1er janvier 1994, qui n’a pas disparu, et a été rappelé lors de la célébration des vingt-cinq ans. Mais la partie militaire est nettement minoritaire au sein de l’EZLN. La très large majorité de ses membres sont des civils qui vivent dans les villages rebelles du Chiapas. Plus largement, la trajectoire de l’expérience zapatiste a consisté à mettre de côté les armes au profit de formes politiques civiles. Par contre, l’absence d’un accord de paix avec le gouvernement mexicain n’a pas permis d’y renoncer complètement. L’essentiel de l’expérience zapatiste, en particulier à partir de 2003, tient à la construction de l’autonomie dans les territoires rebelles du Chiapas. Cette expérience-là est entièrement civile. Elle se développe à côté de la structure militaire de l’EZLN, au point que ceux qui ont des responsabilités au sein de celle-ci ne peuvent y prendre part.

Le zapatisme est un peu passé en dessous des radars depuis dix ans. A-t-il encore une portée en tant que source d’inspiration ou modèle ? Que représente-t-il au Mexique ?

Pour être un peu plus précis, on a surtout entendu parler du zapatisme entre 1994 et 2001, du soulèvement armé à la marche vers Mexico en passant par la Rencontre intercontinentale pour l’humanité et contre le néolibéralisme. Ensuite, entre 2001 et 2012, les médias en ont très peu parlé, avec une longue phase de silence des zapatistes eux-mêmes entre 2009 et 2012. Pourtant, le silence des médias, voire des zapatistes eux-mêmes ne signifiaient pas que cette expérience avait cessé d’exister ni que de nombreuses personnes du monde entier continuaient à s’y intéresser. Depuis 2013, on en parle davantage me semble-t-il, car les zapatistes ont multiplié les initiatives nationales et internationales.

En 2013, ils ont organisé, en guise de bilan de vingt ans de construction de l’autonomie, la « Petite École zapatiste » qui a permis à plus de cinq mille personnes de se rendre dans les villages rebelles pour mieux comprendre le fonctionnement de leur autonomie. En 2014, ils ont organisé le Festival mondial des rébellions et des résistances contre le capitalisme. En 2015, ils ont convoqué un séminaire international sur « La pensée critique face à l’hydre capitaliste », puis, en 2016 et 2017, ils ont organisé d’autres rencontres internationales consacrées aux arts et aux sciences. En 2017, ils ont contribué, conjointement avec le Congrès national indigène, à la formation d’un Conseil indien de gouvernement au niveau national, qui s’est efforcé en vain de présenter sa porte-parole comme candidate indépendante lors de l’élection présidentielle de 2018.

Donc, oui : l’expérience zapatiste représente une source d’inspiration plutôt qu’un modèle, au Mexique et au-delà. Du moins, pour tous ceux qui pensent qu’il ne peut y avoir de solution au désastre actuel qu’à partir du moment où l’on cherche à sortir du système capitaliste, et qu’un anticapitalisme conséquent doit se construire par le biais d’une autre politique qui renonce à la centralité des formes d’organisation étatiques.

Pourquoi n’y a-t-il pas eu de contagion de cette rébellion au reste du Mexique depuis vingt-cinq ans ? N’est-ce pas un échec du mouvement ?

Il faut noter que les horizons de lutte des zapatistes ne sont pas seulement nationaux, mais aussi planétaires. Il faudrait donc parler aussi d’un échec au niveau planétaire. Mais cet échec n’est pas celui des zapatistes : il est le nôtre, à tous et toutes. Tant que le capitalisme n’aura pas disparu de notre planète, les zapatistes auront en effet échoué. Et nous tous avec eux. Mais où, sur cette planète, peut-on rencontrer un ample territoire où les gens ont construit des formes d’autogouvernement populaire, parviennent à résister aux attaques des forces liées aux intérêts du capital, et maintiennent des formes de vie et d’organisation autodéterminées ? Hormis le Chiapas et le Rojava, ainsi que des expériences d’autonomie telles que les ZAD, je ne vois pas.

Il est certain que la contagion de l’autonomie que les zapatistes s’efforcent de susciter n’a pas été jusqu’à présent à la hauteur de ce qu’on pourrait, autant qu’eux, souhaiter. Il ne faudrait cependant pas minimiser les avancées. Les zapatistes ont largement incité à la création du Congrès national indigène, qui rassemble de nombreuses luttes des peuples indiens du Mexique. Leur exemple est très important pour le développement d’autres formes d’autonomie. Par exemple, celle des autorités communautaires du Guerrero, ou celle de la commune de Cherán dans l’État du Michoacán qui depuis 2011 a réussi à s’auto-organiser pour repousser les assauts des narcotrafiquants.

Les zapatistes ont montré qu’une autre voie de transformation radicale était possible. C’est celle qu’ils dénomment autonomie et qui associe autogouvernement populaire et formes de vie autodéterminées. Elle ne demande qu’à croître partout où la dévastation provoquée par l’hydre capitaliste se fait de plus en plus flagrante et où toutes les solutions traditionnelles ont montré leurs limites ou leurs impossibilités. Cet esprit de l’autonomie n’est peut-être pas si éloigné de ce qui s’exprime dans les courants les plus novateurs des gilets jaunes, tels qu’on peut les voir à l’œuvre notamment dans la récente Assemblée des assemblées convoquée, fin janvier, à Commercy.

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Six textes fondamentaux pour nous aider à  y parvenir, ensemble, à  lire, relire et diffuser sans aucune modération:

 

Gilets Jaunes: Contre les lois scélérates…le nombre… le nombre… le nombre….

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Résistance 71

 

21 mars 2019

 

L’État fasciste qu’est la république

Nous l’avons dit il y a bien des années déjà: il n’y a aucune différence entre la république française et les régimes nazi, staliniste, maoïste etc, ce n’est qu’une question de degré. Pourquoi ? Parce que l’État n’existe que par la division politique et l’imposition par la force de la domination du plus petit nombre et ce depuis sa création. L’oligarchie joue avec le thermostat de la répression au gré de ses besoins. N’oublions pas que ce sont les même personnes et entités économico-financières qui ont asservis le politique, qui ont financé et aidé Lénine, Mussolini, Hitler, Staline, Chang Kaï Chek et Mao. Ce sont les mêmes entités industrielles et financières qui actionnent les marionnettes du pouvoir aujourd’hui.


Gilets Jaunes contre dictature: l’escalade

…Devant la mesure scélérate et dictatoriale des responsables de cette république prise ce 19 mars dernier et celles à venir, il n’y a qu’une seule solution pour le Peuple de France: LE NOMBRE

La clownerie en charge a bien du mal à gérer 250 000 ou 300 000 personnes dans les rues de France, au million, les pitres se barricaderont dans leurs palais, priant pour leurs privilèges.

Gilets Jaunes ! L’heure est à l’Union et à la Solidarité !
Il n’y a qu’une seule classe opprimée, celle du 99,999% de la population qui vend sa force de travail pour subsister (à des degrés divers une fois de plus, mais identique dans le fond)

La seule chance du mouvement est dans le NOMBRE !!

Solidarité – Union – Persévérance – Réflexion – Action

Devenons des S.U.P.R.A Gilets Jaunes

Nous n’avons pas à obéir à des instances oligarchiques scélérates!
Ce sont ces instances qui doivent obéir au peuple, il est plus que grand temps pour le Peuple de remettre les pendules à l’heure ! Reprenons le pouvoir pour le rediluer là où il est le plus soluble: dans le peuple lui-même !

VIVE LA COMMUNE !

 

 

Le jour d’après le 18ème round des Gilets Jaunes, quelle suite logique pour le peuple ?…

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… La Commune et la Commune des communes, analysées ici par Pierre Kropotkine.
Dans un texte ultérieur, Kropotkine fera un compte-rendu analytique de la Commune de Paris, ce texte publié dans les pages de son journal “Le révolté” ,
dix ans après la Commune de Paris, ne parle pas de celle-ci per se, mais du principe de la “Commune” en tant qu’entité politico-sociale émancipée. Il pose là certaines bases objectives sur la méthode organisationnelle des individus dans une société redevenue organique et émancipée des obstacles oligarchiques et répressifs par essence que sont l’État, ses institutions et toute la mécanique artificielle de la société marchande imposant son diktat du privilège et de l’exploitation de l’homme par l’homme.

Un texte vieux de 138 ans que tout Gilet Jaune et sympathisant devrait lire, relire et diffuser sans aucune modération, texte qui résonne du son de la fraîcheur et de l’évidence.

Nous joindrons et publierons bientôt ce texte avec celui sur la Commune de Paris dans un PDF commun.

Il n’y a pas de solutions au sein du système, n’y en a jamais eu et ne saurait y en avoir ! Ceci devient une évidence incontournable. 

Qu’on se le dise !…

~ Résistance 71 ~
17 mars 2019

 

 

La Commune

 

Pierre Kropotkine (“Le révolté”, 1881)

I

Quand nous disons que la révolution sociale doit se faire par l’affranchissement des Communes, et que ce sont les Communes, absolument indépendantes, affranchies de la tutelle de l’État, qui pourront seules nous donner le milieu nécessaire à la révolution et le moyen de l’accomplir, on nous reproche de vouloir rappeler à la vie une forme de la société qui s’est déjà survécue, qui a fait son temps. « Mais, la Commune – nous dit-on – est un fait d’autrefois ! En cherchant à détruire l’État et à mettre à sa place les Communes libres, vous tournez vos regards vers le passé : vous voulez nous ramener en plein moyen-âge, rallumer les guerres antiques entre elles, et détruire les unités nationales, si péniblement conquises dans le cours de l’histoire ! »

Eh bien, examinons cette critique,

Constatons d’abord que cette comparaison avec le passé n’a qu’une valeur relative. Si, en effet, la Commune voulue par nous n’était réellement qu’un retour vers la Commune du moyen-âge, ne faudrait-il pas reconnaître que la Commune, aujourd’hui, ne peut revêtir les formes qu’elle prenait il y a sept siècles ? Or, n’est-il pas évident que, s’établissant de nos jours, dans notre siècle de chemins de fer et de télégraphes, de science cosmopolite et de recherche de la vérité pure, la Commune aurait eu une organisation si différente de celle qu’elle a eue au douzième siècle, que nous serions en présence d’un fait absolument nouveau, placé dans des conditions nouvelles et qui nécessairement amènerait des conséquences absolument différentes ?

En outre, nos adversaires, les défenseurs de l’État, sous des formes diverses, devraient bien se souvenir que nous pouvons leur faire une objection absolument semblable à la leur.

Nous aussi, nous pouvons leur dire, et à plus forte raison, que ce sont eux qui ont leur regard tourné vers le passé, puisque l’État est une forme tout aussi ancienne que la Commune. Seulement il y a cette différence : tandis que l’État nous représente dans l’histoire la négation de toute liberté, l’absolutisme et l’arbitraire, la ruine de ses sujets, l’échafaud et la torture, c’est précisément dans l’affranchissement des Communes contre les États que nous retrouvons les plus belles pages de l’histoire. Certes, en nous transportant vers le passé, ce ne sera pas vers un Louis XI, vers un Louis XV, ou vers Catherine II que nous porterons nos regards : ce sera plutôt sur les communes ou républiques d’Amalfi et de Florence, vers celles de Toulouse et de Laon, vers Liège et Courtray, Augsbourg et Nuremberg, vers Pskov et Novgorod.

Il ne s’agit donc pas de se payer de mots et de sophisme : il importe d’étudier, d’analyser de près et de ne pas imiter M. de Laveleye et ses élèves zélés qui se bornent à nous dire : « Mais la commune, c’est le moyen âge ! En conséquence elle est condamnée. » – « L’État, c’est tout un passé de méfaits, répondrions-nous ; donc, il est condamné à plus forte raison ! »

Entre la commune du moyen âge et celle qui peut s’établir aujourd’hui, et probablement s’établira bientôt, il y aura des différences essentielles : tout un abîme creusé par cinq ou six siècles de développement de l’humanité et de rudes expériences. Examinons les principales.

Quel est le but capital de cette « conjuration » ou « communion » que font au douzième siècle les bourgeois de telle cité ? – Certes, il est bien restreint. Le but est de s’affranchir du seigneur. Les habitants, marchands et artisans, se réunissent et jurent de ne pas permettre à « qui que ce soit de faire tort à l’un d’entre eux et de le traiter désormais en serf. » ; c’est contre ses anciens maîtres que la Commune se lève en armes. – « Commune, – dit un auteur du douzième siècle, cité par Aug. Thierry, – est un mot nouveau et détestable, et voici ce qu’on entend par ce mot : les gens taillables ne payent plus qu’une fois par an à leur seigneur la rente qu’ils lui doivent. S’ils commettent quelque délit, ils en sont quittes pour une amende légalement fixée ; et quant aux levées d’argent qu’on a coutume d’infliger aux serfs, ils en sont entièrement exempts. »

C’est donc bien réellement contre le seigneur que se soulève la Commune du moyen-âge. C’est de l’État que la Commune d’aujourd’hui cherchera à s’affranchir. Différence essentielle, puisque souvenons-nous en – ce fut bien l’État, représenté par le roi, qui, plus tard, s’apercevant que les Communes voulaient faire acte d’indépendance vis-à-vis du seigneur, envoya ses armées pour « châtier », comme dit la chronique, « la forsennerie de ces musards qui, pour la raison de la Commune, faisaient mine de rebeller et dresser contre la couronne. »

La Commune de demain saura qu’elle ne peut admettre de supérieur ; qu’au-dessus d’elle il ne peut y avoir que les intérêts de la Fédération, librement consentie par elle-même avec d’autres Communes. Elle sait qu’il ne peut y avoir de terme moyen : ou bien la Commune sera absolument libre de se donner toutes les institutions qu’elle voudra et de faire toutes les réformes et révolutions qu’elle trouvera nécessaires, ou bien elle restera ce qu’elle a été jusqu’aujourd’hui une simple succursale de l’État, enchaînée dans tous ses mouvements, toujours sur le point d’entrer en conflit avec l’État, et sûre de succomber dans la lutte qui s’en suivrait. Elle sait qu’elle doit briser l’État et le remplacer par la Fédération, et elle agira en conséquence. Plus que cela, – elle en aura les moyens. Aujourd’hui ce ne sont plus de petites villes seulement qui lèvent le drapeau de l’insurrection communale. C’est Paris, c’est Lyon, c’est Marseille, c’est Carthagène, et bientôt ce seront toutes les grandes cités qui arboreront le même drapeau. Différence essentielle, s’il en fût.

En s’affranchissant du seigneur, la Commune du moyen âge ne s’affranchissait-elle aussi de ces riches bourgeois, qui, par la vente des marchandises et des capitaux, s’étaient conquis des richesses privées au sein de la cité ? – Point du tout ! Après avoir démoli les tours de son seigneur, l’habitant de la ville vit bientôt se dresser, dans la Commune même, des citadelles de riches marchands cherchant à le subjuguer, et l’histoire intérieure des Communes du moyen âge est celle d’une lutte acharnée entre les riches et les pauvres, lutte qui nécessairement finit par l’intervention du roi. L’aristocratie se développant de plus en plus au sein même de la Commune, le peuple, retombé vis-à-vis du riche seigneur de la ville haute dans la servitude qu’il subissait déjà de la part du seigneur du dehors, comprit qu’il n’avait plus rien à défendre dans la Commune ; il déserta les remparts qu’il avait dressés, et qui, par l’effet du régime individualiste, étaient devenus les boulevards d’un nouveau servage. N’ayant rien à perdre, il laissa les riches marchands se défendre eux-mêmes, et ceux-ci furent vaincus : efféminés par le luxe et les vices, sans soutien dans le peuple, ils durent bientôt céder aux sommations des hérauts du roi et leur remirent les clefs de leurs cités. En d’autres communes, ce furent les riches eux-mêmes qui ouvrirent les portes de leurs villes aux armées impériales, royales ou ducales, pour fuir la vengeance populaire, prête à tomber sur eux.

Mais la première préoccupation de la Commune du dix-neuvième siècle ne sera-t-elle pas de mettre fin à ces inégalités sociales ? de s’emparer de tout le capital social accumulé dans son sein et de le mettre à la disposition de ceux qui veulent s’en servir pour produire et pour augmenter le bien-être général ? Son premier soin ne sera-t-il pas de briser la force du capital et de rendre à jamais impossible la création de l’aristocratie qui causa la chute des Communes du moyen âge ? Ira-t-elle prendre pour alliés l’évêque et le moine ? Enfin, imitera-t-elle des ancêtres qui ne cherchaient dans la Commune que la création d’un État dans l’État ? qui, abolissant le pouvoir du seigneur et du roi, ne savaient faire mieux que de reconstituer, jusque dans ses minimes détails, toujours le même pouvoir, oubliant que ce pouvoir, pour être limité par les murs de la ville, n’en conserverait pas moins tous les vices de son modèle ? Les prolétaires de notre siècle imiteront-ils ces Florentins qui, tout en abolissant les titres de noblesse ou en les faisant porter comme une flétrissure, laissaient naître une nouvelle aristocratie, celle de la grosse bourse ? Feront-ils enfin comme ces artisans qui, arrivés à l’Hôtel-de-ville, imitaient dévotement leurs devanciers, et reconstituaient toute cette échelle de pouvoirs qu’ils venaient de renverser ? Changeront-ils seulement les hommes, sans toucher aux institutions ?

Certainement non. La Commune du dix-neuvième siècle, forte de son expérience, fera mieux. Elle sera commune autrement que par le nom. Elle ne sera pas uniquement communaliste, elle sera communiste, révolutionnaire en politique, elle le sera aussi dans les questions de production et d’échange. Elle ne supprimera pas l’État pour le reconstituer, et bien des communes sauront prêcher d’exemple, en abolissant le gouvernement de procuration, en se gardant de confier leur souveraineté aux hasards du scrutin.

II

La commune du moyen âge, après avoir secoué le joug de son seigneur, chercha-t-elle à le frapper dans ce qui faisait sa force ? chercha-t-elle à venir en aide à la population agricole qui l’entourait et, pourvue d’armes que le serf des campagnes n’avait pas, mit-elle ces armes au service des malheureux qu’elle regardait orgueilleuse du haut de ses murs ? – Loin de là ! Guidée par un sentiment purement égoïste, la Commune du moyen âge s’enferma dans ses remparts. Que de fois n’a-t-elle pas jalousement fermé ses portes et levé ses ponts devant les esclaves qui venaient lui demander refuge, et ne les a-t-elle pas laissé massacrer par le seigneur, sous ses yeux, à la portée de ses arquebuses ? Fière de ses libertés, elle ne cherchait pas à les étendre sur ceux qui gémissaient au dehors. C’est à ce prix même, au prix de la conservation du servage chez ses voisins, que mainte commune a reçu son indépendance. Et puis, n’était-il pas aussi de l’intérêts des gros bourgeois communiers, de voir les serfs de la plaine rester toujours attachés à la glèbe, sans connaître ni l’industrie, ni le commerce, toujours forcés de recourir à la ville pour s’approvisionner de fer, de métaux et de produits industriels ? Et lorsque l’artisan voulait tendre la main par-dessus la muraille qui le séparait du serf, que pouvait-il faire contre la volonté du bourgeois qui tenait le haut du pavé, qui seul connaissait l’art de la guerre et qui payait les mercenaires aguerris ?

Maintenant, quelle différence ! La Commune de Paris victorieuse se serait-elle bornée à donner des institutions municipales plus ou moins libres ? Le prolétariat parisien brisant ses chaînes, c’eut été la révolution sociale dans Paris d’abord, puis dans les communes rurales. La Commune de Paris, lors-même qu’elle soutenait la lutte à son corps défendant, a néanmoins dit au paysan : Prends ta terre, toute la terre ! Elle ne se serait pas bornée à des paroles, et l’eût-il fallu, ses vaillants fils seraient allés en armes dans les villages lointains aider le paysan à faire sa révolution : chasser les accapareurs du sol, et s’en emparer pour la rendre à tous ceux qui veulent et qui savent en tirer les moissons.

La Commune du moyen âge cherchait à se circonscrire dans ses murs ; celle du dix-neuvième siècle* cherche à s’étendre, à s’universaliser. A la place des privilèges communaux, elle a mis la solidarité humaine.

Note de R71 (*): et a fortiori la Commune du XXIème siècle !

La Commune du moyen âge pouvait se parquer dans ses murs et, jusqu’à un certain point, s’isoler de ses voisins. Lorsqu’elle entrait en relations avec d’autres communes, ces relations se bornaient le plus souvent à un traité pour la défense des droits urbains contre les seigneurs, ou bien à un pacte de solidarité pour la protection mutuelle des ressortissants des communes dans leurs voyages lointains. Et quand de véritables ligues se formaient entre les villes, comme en Lombardie, en Espagne, en Belgique, ces ligues, trop peu homogènes, trop fragiles à cause de la diversité des privilèges, se scindaient bientôt en groupes isolés ou succombaient sous les attaques des États voisins.

Quelle différence avec les groupes qui se formeraient aujourd’hui ! Une petite Commune ne pourrait vivre huit jours sans être obligée par la force des choses de se mettre en relations suivies avec les centres industriels, commerciaux, artistiques, et ces centres, à leur tour, sentiraient le besoin d’ouvrir leurs portes toute grandes aux habitants des villages voisins, des communes environnantes et des cités lointaines.

Que telle grande ville proclame demain « la Commune », qu’elle abolisse dans son sein la propriété individuelle, qu’elle introduise chez soi le communisme complet, c’est-à-dire la jouissance collective du capital social, des instruments de travail et des produits du travail accompli, et, pourvu que la ville ne soit pas cernée par des armées ennemies, au bout de quelques jours déjà, les convois de chars arriveront aux Halles, les fournisseurs lui expédieront des ports lointains leurs cargaisons de matières premières ; les produits de l’industrie de la cité, après avoir satisfait aux besoins de la population, iront chercher des acheteurs aux quatre coins du monde ; les étrangers viendront en foule, et tous, paysans, citoyens, des villes voisines, étrangers, iront conter à leurs foyers la vie merveilleuse de la libre cité où tous travaillent, où il n’y a plus ni pauvres ni opprimés, où tous jouissent des fruits de leur labeur, sans que personne mette la main sur la part du lion. L’isolement n’est pas à craindre : si les communes des États-Unis ont à se plaindre dans leurs communautés, ce n’est pas de l’isolement, c’est plutôt de l’intrusion du monde bourgeois des alentours dans leurs affaires communales.

C’est qu’aujourd’hui le commerce et l’échange, renversant les bornes des frontières, ont détruit les murailles des anciennes cités. Ils ont déjà établi la cohésion qui manquait au moyen âge. Tous les points habités de l’Europe occidentale sont si intimement liés entre eux que l’isolement est devenu impossible pour aucun d’eux ; il n’y a pas de village si haut perché qu’il soit sur la corniche d’une montagne, qui n’ait son centre industriel et commercial vers lequel il gravite, avec lequel il ne peut plus rompre.

Le développement de grands centres industriels a fait plus.

De nos jours, l’esprit de clocher pourrait exciter bien des jalousies entre deux communes voisines, empêcher leur alliance directe, et même allumer des luttes fratricides. Mais si ces jalousies peuvent empêcher effectivement la fédération directe de ces deux communes, c’est par l’intermédiaire des grands centres que cette fédération s’établira. aujourd’hui, deux petits municipes voisins n’ont souvent rien qui les relie directement : le peu de relations qu’ils entretiennent serviraient plutôt à faire naître des conflits qu’à nouer des liens de solidarité. Mais tous deux ont déjà un centre commun avec lequel ils sont en relations fréquentes, sans lequel ils ne peuvent subsister ; et quelles que soient les jalousies de clocher, ils se verront obligés de s’unir par l’intermédiaire de la grande ville où ils s’approvisionnent, où ils portent leurs produits ; chacun d’eux devra faire partie de la même fédération, pour maintenir leurs relations avec ce foyer d’appel et se grouper autour de lui.

Et pourtant ce centre ne pourrait pas lui-même prendre une prépondérance fâcheuse sur les Communes qui l’environnent. Grâce à la variété infinie des besoins de l’industrie, du commerce, tous les lieux habités ont déjà plusieurs centres auxquels ils se rattachent, et à mesure que leurs besoins se développeront, ils se rattacheront à de nouveaux centres qui pourront subvenir à des nécessités nouvelles. Nos besoins sont si variés, ils naissent avec une telle rapidité, que bientôt une seule fédération ne suffira plus à les satisfaire tous. La Commune se sentira donc la nécessité de contracter d’autres alliances, d’entrer dans une autre fédération. Membre d’un groupe pour l’acquisition de ses denrées alimentaires, la Commune devra se faire membre d’un deuxième groupe pour obtenir d’autres objets qui lui sont nécessaires, les métaux, par exemple, et puis encore d’un troisième et d’un quatrième groupe pour les étoffes et les œuvres d’art. Prenez un atlas économique de n’importe quel pays, et vous verrez qu’il n’existe pas de frontières économiques : les zones de production et d’échange de divers produits se pénètrent mutuellement, s’enchevêtrent, se superposent. De même les fédérations de Communes, si elles suivaient leur libre développement, viendraient bientôt s’enchevêtrer, se croiser, se superposer et former ainsi un réseau bien autrement compact, « un et indivisible » que ces groupements étatistes qui ne sont que juxtaposés, comme les verges en faisceau autour de la hache du licteur.

Ainsi, répétons-le, ceux qui viennent nous dire que les Communes, une fois débarrassées de la tutelle de l’État, vont se heurter et s’entre-détruire en guerres intestines, oublient une chose : c’est la liaison intime qui existe déjà entre les diverses localités, grâce aux centres de gravitation industrielle et commerciale, grâce à la multitude de ces centres, grâce aux incessantes relations. Ils ne se rendent pas compte de ce qu’était le moyen âge avec ses cités closes et ses caravanes se traînant lentement sur des routes difficiles, surveillées par des seigneurs-brigands ; ils oublient ces courants d’hommes, de marchandises, de lettres, de télégrammes, d’idées et d’affections, qui circulent entre nos cités comme les eaux d’un fleuve qui ne tarissent jamais : ils n’ont pas l’idée nette de la différence entre deux époques qu’ils cherchent à comparer.

D’ailleurs, l’histoire n’est-elle pas là pour nous prouver que l’instinct de fédération est déjà devenu un des besoins les plus pressants de l’humanité ? Il suffit qu’un jour l’État se trouve désorganisé pour une raison ou pour une autre ; que la machine oppressive faiblisse dans ses fonctions, pour que les alliances libres naissent d’elles-mêmes. Souvenons-nous des fédérations spontanées de la bourgeoisie armée pendant la grande révolution. Souvenons-nous de ces fédérations qui surgirent spontanément en Espagne et sauvèrent l’indépendance du pays, lorsque l’État était ébranlé jusque dans ses fondements par les armées conquérantes de Napoléon. Dès que l’État n’est plus à même d’imposer l’union forcée, l’union surgit d’elle-même, selon les besoins naturels. Renversez l’État, la société fédérée surgira de ses ruines, vraiment une, vraiment indivisible, mais libre et grandissant en solidarité par sa liberté même.

Mais il y a encore autre chose. Pour le bourgeois du moyen âge la Commune était un État isolé, nettement séparé des autres par ses frontières. Pour nous, « Commune » n’est plus une agglomération territoriale ; c’est plutôt un nom générique, un synonyme de groupements d’égaux, ne connaissant ni frontières ni murailles. La Commune sociale cessera bien vite d’être un tout nettement défini. Chaque groupe de la Commune sera nécessairement attiré vers d’autres groupes similaires des autres Communes ; il se groupera, se fédérera avec eux par des liens tout au moins aussi solides que ceux qui le rattachent à ses concitadins, constituera une Commune d’intérêts dont les membres sont disséminés dans mille cités et villages. Tel individu ne trouvera la satisfaction de ses besoins qu’en se groupant avec d’autres individus ayant les mêmes goûts et habitant cent autres communes.

Aujourd’hui déjà les Sociétés libres commencent à couvrir tout l’immense champ de l’activité humaine. Ce n’est plus seulement pour satisfaire ses goûts scientifiques, littéraires ou artistiques, que l’homme ayant des loisirs constitue des sociétés. Ce n’est plus seulement pour une lutte de classe que l’on se ligue.

On trouverait difficilement une seule des manifestations multiples et variées de l’activité humaine, qui ne soit déjà représentée par des sociétés librement constituées et leur nombre augmente sans cesse, envahissant chaque jour de nouveaux champs d’action, jusqu’à ceux même qui jadis étaient considérés comme une attribution spéciale de l’État. Littérature, arts, sciences, enseignement, commerce, industrie ; trafic ; amusements, hygiène, musées, entreprises lointaines ; expéditions polaires, voire même défense du territoire, secours aux blessés, défense contre les agresseurs et les tribunaux eux-mêmes…, partout nous voyons l’initiative privée se faire jour et revêtir la forme de sociétés libres. C’est la tendance, le trait distinctif de la deuxième moitié du dix-neuvième siècle.

Cette tendance prenant son libre essor, et trouvant un nouveau champ immense d’application, servira de base à la société future. C’est par libres groupements que s’organisera la Commune sociale et ces groupements mêmes bouleverseront les murailles, les frontières. Ce seront des millions de communes non plus territoriales, mais se tendant la main à travers les fleuves, les chaînes de montagnes, les océans, unissant les individus disséminés aux quatre coins du globe et les peuples en une seule et même famille d’égaux.

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Six textes fondamentaux pour nous aider à  y parvenir, ensemble, à  lire, relire et diffuser sans aucune modération:

 

Gilets Jaunes 17ème round: Au sujet de l’organisation de la révolution sociale (Voline 1947)

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, gilets jaunes, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, politique française, résistance politique, société des sociétés, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , , , , , on 8 mars 2019 by Résistance 71

 

Organisation et imposition

 

Voline

1947

 

Extrait de son ouvrage “La révolution inconnue”

 

De façon générale, une interprétation erronée – ou, le plus souvent, sciemment inexacte – prétend que la conception libertaire signifie l’absence de toute organisation. Rien n’est plus faux. Il s’agit, non pas d’ “ organisation  » ou de  » non-organisation « , mais de deux principes différents d’organisation.

Toute révolution commence, nécessairement, d’une manière plus ou moins spontanée, donc confuse, chaotique. Il va de soi – et les libertaires le comprennent aussi bien que les autres – que si une révolution en reste là, à ce stade primitif, elle échoue. Aussitôt après l’élan spontané, le principe d’organisation doit intervenir dans une révolution, comme dans toute autre activité humaine. Et c’est alors que surgit la grave question : quels doivent être le mode et la base de cette organisation ? 

Les uns prétendent qu’un groupe dirigeant central – groupe  » d’élite  » – doit se former pour prendre en main l’œuvre entière, la mener d’après sa conception, imposer cette dernière à toute la collectivité, établir un gouvernement et organiser un Etat, dicter sa volonté à la population, imposer ses  » lois  » par la force et la violence, combattre, éliminer et même supprimer ceux qui ne sont pas d’accord avec lui. 

Les autres estiment qu’une pareille conception est absurde, contraire aux tendances fondamentales de l’évolution humaine et, en fin de compte, plus que stérile : néfaste à l’œuvre entreprise. Naturellement, disent les anarchistes, il faut que la société soit organisée. Mais cette organisation nouvelle, normale et désormais possible doit se faire librement, socialement et, avant tout, en partant de la base. Le principe d’organisation doit sortir, non d’un centre créé d’avance pour accaparer l’ensemble et s’imposer à lui, mais – ce qui est exactement le contraire – de tous les points, pour aboutir à des nœuds de coordination, centres naturels destinés à desservir tous ces points. Bien entendu, il faut que l’esprit organisateur, que les hommes capables d’organiser – les  » élites  » – interviennent. Mais, en tout lieu et en toute circonstance, toutes ces valeurs humaines doivent librement participer à l’œuvre commune, en vrais collaborateurs et non en dictateurs.

Il faut que, partout, ils donnent l’exemple et s’emploient à grouper, à coordonner, à organiser les bonnes volontés, les initiatives, les connaissances, les capacités et les aptitudes, sans les dominer, les subjuguer ou les opprimer. Pareils hommes seraient de vrais organisateurs et leur œuvre constituerait la véritable organisation, féconde et solide, parce que naturelle, humaine, effectivement progressive. Tandis que l’autre « organisation « , calquée sur celle d’une vieille société d’oppression et d’exploitation – donc adaptée à ces deux buts -serait stérile et instable parce que non conforme aux buts nouveaux, donc nullement progressive. En effet, elle ne comporterait aucun élément d’une société nouvelle ; au contraire, elle porterait à leur paroxysme toutes les tares de la vieille société, puisque n’ayant modifié que leur aspect.

Appartenant à une société périmée, dépassée sous tous les rapports, donc impossible en tant qu’institution naturelle, libre et vraiment humaine, elle ne pourrait se maintenir autrement qu’à l’aide d’un nouvel artifice, d’une nouvelle tromperie, d’une nouvelle violence, de nouvelles oppressions et exploitations. Ce qui, fatalement, détournerait, fausserait et mettrait en péril toute la révolution. Il est évident qu’une pareille organisation resterait improductive en tant que moteur de la Révolution Sociale.

Elle ne pourrait aucunement servir comme « société de transition  » (ce que prétendent les “communistes »), car une telle société devrait nécessairement posséder au moins quelques-uns des 

germes de celle vers laquelle elle évoluerait ; or, toute société autoritaire et étatiste ne posséderait que des résidus de la société déchue. 

D’après la thèse libertaire, c’étaient les masses laborieuses elles-mêmes qui, au moyen de leurs divers organismes de classe (comités d’usines, syndicats industriels et agricoles, coopératives, etc.), fédérés et centralisés selon les besoins réels, devaient s’appliquer, partout sur place, à la solution des problèmes constructifs de la Révolution. Par leur action puissante et féconde, parce que libre et consciente, elles devaient coordonner leurs efforts sur toute l’étendue du pays. Et quant aux « élites », leur rôle, tel que le concevaient les libertaires, était d’aider les masses : les éclairer, les instruire, leur donner les conseils nécessaires, les pousser vers telle ou telle initiative, leur montrer l’exemple, les soutenir dans leur action, mais non pas les diriger gouvernementalement.

D’après les libertaires, la solution heureuse des problèmes de la Révolution Sociale ne pouvait résulter que de l’œuvre librement et consciemment collective et solidaire de millions d’hommes y apportant et y harmonisant toute la variété de leurs besoins et de leurs intérêts ainsi que celle de leurs idées, de leurs forces et capacités, de leurs dons, aptitudes, dispositions, connaissances professionnelles, savoir-faire, etc. Par le jeu naturel de leurs organismes économiques, techniques et sociaux, avec l’aide des « élites » et, au besoin, sous la protection de leurs forces armées librement organisées, les masses laborieuses devaient, d’après les libertaires, pouvoir effectivement pousser en avant la Révolution Sociale et arriver progressivement à la réalisation pratique de toutes ses tâches. 

La thèse bolcheviste était diamétralement opposée. Selon les bolcheviks, c’était l’élite – leur élite – qui, formant un gouvernement (dit  » ouvrier  » et exerçant la soi-disant  » dictature du prolétariat « ), devait poursuivre la transformation sociale et résoudre ses immenses problèmes. Les masses devaient aider cette élite (thèse inverse de celle des libertaires : l’élite devant aider les masses) en exécutant fidèlement, aveuglément,  » mécaniquement « , ses desseins, ses décisions, ses ordres et ses  » lois « . Et la force armée, calquée elle aussi sur celle des pays capitalistes, devait obéir aveuglément à « l’élite ». 

Telle fut – et telle est – la différence essentielle entre les deux idées. 

Telles furent aussi les deux conceptions opposées de la Révolution Sociale au moment du bouleversement russe de 1917. 

Les bolcheviks, nous l’avons dit, ne voulurent même pas entendre les anarchistes, encore moins les laisser exposer leur thèse devant les masses. Se croyant en possession d’une vérité absolue, indiscutable, “ scientifique « , prétendant devoir l’imposer et l’appliquer d’urgence, ils combattirent et éliminèrent le mouvement libertaire par la violence, dès que celui-ci commença à intéresser les masses ; procédé habituel de tous les dominateurs, exploiteurs et inquisiteurs.

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Six textes fondamentaux pour nous aider à  y parvenir, ensemble, à  lire, relire et diffuser sans aucune modération:

 


Tout le pouvoir aux Ronds-Points !

 


Vive la Commune !

Après 3 mois de rébellion, le mouvement Gilets Jaunes à une croisée des chemins et donc… sur un nouveau rond-point à occuper fermement ! (tract en PDF)

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, démocratie participative, gilets jaunes, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, politique et social, politique française, résistance politique, société des sociétés, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , on 19 février 2019 by Résistance 71

 

Les dernières manifestations du mouvement des Gilets Jaunes et les évènements récents menant à une tentative de diabolisation accrue du peuple de France en rébellion par les instances politiques et médiatiques tout autant corrompues qu’obsolètes, nous amènent à réfléchir sur le devenir du mouvement.
Nous pensons que le temps est venu de généraliser un retour aux fondamentaux et de suivre l’exemple des Gilets Jaunes de Commercy dans la Meuse et de ceux de St Nazaire ainsi que d’autres groupes plus anonymes, qui ont mis en place les assemblées populaires, seules garantes d’un pouvoir exercé par et pour le peuple.
A cet effet, nous avons résumé notre position politique sur ce sujet sous la forme d’un pamphlet que nous soumettons aux groupes des Gilets Jaunes et à qui veut entendre. Prenez-en connaissance, réfléchissez-y, débattez, utilisez le éventuellement sous cette forme ou une autre, ou ignorez-le si telle est votre décision.
Nous arrivons à un carrefour dans la jeune histoire du mouvement et donc vers un autre rond-point, de taille, à occuper… Il devient impératif de focaliser sur les modes d’action au niveau local, de réappropriation du pouvoir par la base, localement et de son rayonnement par association libre.

Ceci représente à notre sens, la seule voie de succès possible pour une société exclusivement concernée par le bien commun, hors des rapports marchands de pouvoir et donc sur la voie de l’émancipation.
Vous trouverez ci-dessous sous forme de tract en version PDF (réalisé par Jo de JBL1960) le texte que nous vous invitons à analyser, reflétant notre vision politique de l’affaire. Nous espérons que ceci puisse contribuer à la continuation de notre marche sur le chemin de la société des sociétés.
Fraternellement à toutes et tous
Résistance 71
Février 2019

Gilets Jaunes !

Les trois mois de lutte écoulés nous montrent on ne peut plus clairement qu’il n’y a pas de solutions au sein du système, qu’il n’y en a en fait jamais eu et qu’il ne saurait y en avoir !

Ceci se doit de devenir une évidence incontournable pour toutes et tous, membres de notre lutte organique pour une société enfin libre.

Ainsi, toute négociation avec l’État et les représentants de l’oligarchie est non seulement futile mais contre-productive. Ignorons-les !

Solidarité – Union – Persévérance – Réflexion – Action

Devenons S.U.P.R.A Gilets Jaunes !

Reprenons le pouvoir par les Assemblées Populaires et ainsi:

  • Boycottons les institutions
  • Boycottons l’élection et l’impôt absorbant l’intérêt de la dette odieuse
  • Boycottons les entreprises du CAC40 et des transnationales criminelles
  • Achetons et promouvons les produits locaux
  • Réaménageons nos campagnes et nos communautés agricoles
  • Rassemblons-nous en comités populaires de voisinage, de travail…

Tout le Pouvoir aux Ronds-Points !

Pour une société émancipée et donc libre !

Groupe Gilets Jaunes de _______________

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Le texte en version tract PDF à imprimer et diffuser:

Tract_Gilets_Jaunes

 


L’orde naturel de la société des sociétés

Gilets Jaunes: L’intensification de la crise fournira la solution… (Francis Cousin)

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C’est l’intensification de la crise qui nous donnera la solution… 

 

Francis Cousin

 

13 février 2019

 

« L’émancipation en Europe, dépend donc du soulèvement victorieux de la classe ouvrière française… »
~ Charles Marx, Janvier 1849 ~

Macron sait qu’il est politiquement mort même si le corps de ses larbins politiques et médiatiques bouge encore un peu…

C’est la crise accélérée de la pourriture marchande qui sortira le mouvement des Gilets Jaunes de l’actuelle impasse réformiste …

N’en déplaise aux statistiques policières, de manifs poursuivies en colères renouvelées, la force indisciplinée des Gilets Jaunes s’obstine à persister par delà toutes les manoeuvres des appareils syndicaux moribonds du Capital totalement dépassés…

Le nombre important de véhicules qui continuent partout de circuler encore avec un gilet jaune sur le tableau de bord, démontre que la colère sociale est toujours massivement bien là et qu’elle se fout de la jacasserie nationale distractive des pauvres journaleux incultes et des séniles pédagogues, privilégiés de la mondialisation capitaliste…

La police politique des gauchistes des centres-villes de la marchandise a ses idoles ; l’immigré et l’homosexuel de la consommation moderniste du système des objets de la soumission mais elle méprise le prolétaire relégué de la périphérie qui lui renvoie d’ailleurs son image de parfait collabo du progrès de la mondialisation mercantile à mesure que la lutte des classes fait renaître l’espérance communarde d’un monde débarrassé de tous les parasitismes et chefferies de la conscience aliénée…

Le fait que le mouvement des Gilets Jaunes éclate désormais en tous sens est une très bonne chose, car à mesure que les apprentis leaders de tout poil explosent en vol en révélant leur vacuité, ils rendent impossible par là même toutes les tentatives de récupération électorale et de carriérisme politicien…Ainsi, les auto-désignations névrotiques des leaders  facebookés s’usent de plus en plus vite dans le conformisme et le ridicule de la décomposition du spectacle de la domestication…

L’anti-parlementarisme est né sur le terrain critique des luttes ouvrières les plus radicales contre toutes les maffias du  Palais Bourbon du monothéisme de l’argent… Mais les chieurs d’encre de la servilité capitaliste qui font tous dans leur froc, pour tenter de cacher leur insipidité historique, voudraient absolument nous faire oublier que bien avant le 6 février 34, les courants maximalistes prolétariens ont toujours dénoncé le crétinisme parlementaire de la démocratie totalitaire de la valeur d’échange…

Afin de saisir la panique de l’État face au mouvement des Gilets Jaunes qui décidément ne veut pas mourir, il faut bien saisir le niveau de folie montante des forces de répression et de leurs nervis obsédés à vouloir démasquer sans arrêt le « facho » sous le gilet jaune dès que ce dernier refuse de s’agenouiller devant les dogmes bobos du MEDEF et de toutes les gauches à la mode qui idolâtrent bien sûr le migrant docile et manipulable adulant le royaume de la tune mais détestant le vieux gaulois réfractaire aspirant aux  grandes contestations sociales récalcitrantes…

C’est en sortant  définitivement du marécage actuel que la tempête Gilets Jaunes pourra se revivifier et déboucher sur une authentique lutte de classe émancipatrice contre tous les pouvoirs de l’exploitation économique et de la domination politique, en se généralisant offensivement en tous lieux afin de  transformer la nature de la production pour la mettre au seul service des besoins humains et donc en liquidant la liberté despotique du profit…

Le compte à rebours de la fin du monde capitaliste a bien commencé…

Demeurons In-contrôlables…

Février 2019,

= = =

Six textes fondamentaux pour nous aider à  y parvenir, ensemble, à  lire, relire et diffuser sans aucune modération:

 

Gilets Jaunes: Au sein de l’Assemblée des assemblées de Commercy (revue Ballast)

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Tout le pouvoir aux Ronds-Points !

 

Contre le mal-vivre… Quand la Meuse se soulève

 

☰ Par Djibril Maïga et Elias Boisjean

 

11 février 2019

 

Source:

https://www.revue-ballast.fr/contre-le-mal-vivre-quand-la-meuse-se-souleve/

 

C’est l’une des deux sous-préfectures de la Meuse : Commercy, moins de 6 000 habitants. Un territoire de la « diagonale des faibles densités » frappé par l’effondrement industriel ; un taux de chômage à 24,5 %. En deux mois à peine, la petite commune lorraine s’est imposée comme un point incontournable du soulèvement national des gilets jaunes : forts d’une assemblée quotidienne, les Lorrains boudent le « grand débat » macronien pour mieux louer la démocratie directe, sans représentants ni leaders. Des messages de soutien leur arrivent sans tarder du Chiapas et du Rojava. Une Assemblée des assemblées (ou « Commune des communes ») s’est tenue les 26 et 27 janvier derniers, à leur appel, rassemblant 75 délégations de toute la France. L’horizon ? Abolir les inégalités, partager les richesses et donner le pouvoir au peuple. Nous sommes allés à leur rencontre. 

La brume encombre les plaines que les fenêtres du car déroulent. L’horloge indique 9 h 30. Un des passagers, un certain Victor, se jette dans la discussion qui va s’improvisant : « La plupart des organisations de gauche ont repris toutes les calomnies sur les gilets jaunes, justifiant quasiment la répression, ou bien ont dit qu’elles n’avaient rien à voir avec ça, que ce n’était pas une lutte de la classe ouvrière… Des puristes ! » Brun, trapu, volubile, la trentaine ; il se présente à nous comme sympathisant trotskyste. Un autre passager rebondit : « C’est une faillite intellectuelle de l’extrême gauche. Parce que ce mouvement est de l’ordre du white trash1, et les militants d’extrême gauche en sont socialement très loin. Il y a beaucoup de mépris. Il y a une déconnexion totale avec la réalité sociale. » Le véhicule stationne aux abords de la gare de Commercy ; le froid nous saisit, la neige n’a tenu que sur les toits. Les gilets jaunes, venus des quatre coins du pays — Sète, Lorient, Nice, apercevons-nous ici et là sur les chasubles fluorescentes —, convergent en direction de la navette qui nous conduira à Sorcy-Saint-Martin : c’est là, à moins de huit kilomètres de la sous-préfecture, que se déroulera l’Assemblée des assemblées. Les autochtones s’affairent, visiblement surpris par l’afflux. Il faut dire que personne, ou presque, ne connaissait le nom de Commercy il y a deux mois de cela…

« Il y a beaucoup de mépris. Il y a une déconnexion totale avec la réalité sociale. »

Nous nous dirigeons vers le centre de la commune et interpellons quelques habitants au hasard du bitume : ils ignorent que se tient en ce jour ladite Assemblée. Si la plupart soutiennent le mouvement des gilets jaunes, bien que de loin, certains se montrent indifférents, pour ne pas dire sceptiques. Nous entrons dans le premier bar venu, à deux pas d’un vieux château édifié par quelque comte friand d’opéra. Un client, le tenancier ; nous prenons des cafés. Tous deux ne savent pas bien de quoi il retourne mais s’y seraient volontiers rendus s’ils ne travaillaient pas — « Qui va tenir le comptoir ? », lance l’homme debout derrière ce dernier.

Une cabane contre « le mal-vivre »

« Aujourd’hui, les zadistes, ils ne sont plus à Notre-Dame-des-Landes mais ils sont sur les ronds-points : ce sont les gilets jaunes », nous disait un prénommé Michel lors de notre passage à la ferme de la ZAD dite des « 100 noms ». L’église de Commercy poinçonne un nuage blême. Ruelles, pierres grises, volets de bois, un snack, un fleuriste, quelques panneaux « À vendre » ou « À louer ». La cabane des gilets jaunes colore tout soudain la place Charles-de-Gaulle. « Taxes », « Retraites », « ISF », « Écologie », lit-on au trait noir sur des morceaux de bois cloutés ; un drapeau tend ses trois couleurs au petit vent. De ce modeste « Chalet de la solidarité », tout de bric et de broc bâti, Commercy devint un centre d’intérêt national puis international : des messages de soutien affluèrent d’Allemagne, du Mexique, de Syrie ou de la République dominicaine. L’emplacement ne doit rien au hasard : sa centralité a valeur d’invitation à la rencontre ordinaire, et l’occupation du domaine public tient lieu de lutte, rendant en sus visibles « les invisibles » que sont, c’est là leur mot, les gilets jaunes.

Huit d’entre eux — quatre hommes et autant de femmes — apparaissent le 30 novembre 2018 sur nos écrans, cinq minutes durant, lisant à tour de rôle un communiqué imprimé sur une feuille A4 : « Nous avons organisé des blocages de la ville, des stations-services, et des barrages filtrants. Dans la foulée, nous avons construit une cabane sur la place centrale. Nous nous y retrouvons tous les jours. » Balayant d’un revers de main toute tentative de médiation entre le mouvement et le gouvernement (garant du « système »), les Commerciens fustigent « les représentants » pour mieux louer la seule démocratie qui soit à leurs yeux : directe et populaire. Contre « tous ceux qui se gavent », contre « les puissances de l’argent », contre « les intérêts des ultra-riches », ils appellent à ériger, partout en France, des comités populaires et des assemblées générales afin de « reprendre le pouvoir ».

« Des autocollants à prix libre raillent le Premier ministre, exhortent Macron à “dégager” et dénoncent les paradis fiscaux. »

Des gilets jaunes nous prennent à bord de leur véhicule, direction l’Assemblée. L’hiver déplie la campagne de ses doigts maigres ; arbres, champs, un cygne rompt un instant la rudesse des lieux. Le parking de Sorcy-Saint-Martin, signalé par une planche posée sur une cagette, est bondé ; on entend râler. 200 personnes, à vue de nez, se trouvent déjà sur place — il n’est pas midi. Ça s’agite, se croise, se rencontre, se salue, se reconnaît, se découvre : les langues se délient sans le bois dont on fait la scène politique. Nous pénétrons dans la salle des fêtes. Une carte de France est affichée, conviant à marquer d’une punaise la commune d’où l’on vient — le pays se voit constellé de points, exception faite du Sud-Ouest. Des tracts, disposés sur une table, rappellent la « méthode pour une assemblée citoyenne et participative » : ce sont là les gestes en usage sur les occupations de place, de la Puerta del Sol à Nuit Debout. Des autocollants à prix libre raillent le Premier ministre, exhortent Macron à « dégager » et dénoncent les paradis fiscaux. Un ouvrage sur la révolution du Rojava est également proposé à la vente.

Steven, l’une des figures du Commercy réfractaire, nous dit : « Pour l’organisation de l’Assemblée des assemblées, aucune personne n’a pris de décision en disant “Moi je vais faire ça”. On a débattu et décidé au sein de notre assemblée. » Transport, accueil, point presse, cantine à prix libre (La Marmijotte), garderie : tout a été structuré en amont — plus de 250 gilets jaunes dormiront ce soir chez l’habitant. Nous apercevons des journalistes de l’AFP, de LCI, de Libération, de la chaîne RT ou du Monde. Des indépendants, aussi. Et l’« automédia » des gilets jaunes. Deux porte-parole font face, du mieux qu’ils peuvent, au roulement des questions.

Une famille en construction

Si la critique des leaders est largement partagée par les gilets jaunes réunis ce jour, il est un mot qui semble fédérer les citoyens mobilisés depuis le mois de novembre : « famille ». Celui-là même que Jérôme Rodrigues, mutilé à Paris par les troupes du gouvernement Macron lors de l’acte XI, ne cesse d’employer dans les messages qu’il adresse au mouvement. « On a fait Noël à la cabane. Moi je suis passé pour l’apéro, et après je suis rentré en famille, mais beaucoup sont restés ensemble. C’est des personnes qui n’avaient pas forcément de famille, ou qui voulaient simplement rester ensemble. C’est magnifique », nous raconte John, un boxeur amateur aux traits émaciés.

« Rompre l’isolement structurel ; apprendre à s’écouter, donc également apprendre à se taire. »

Rompre l’isolement structurel ; apprendre à s’écouter, donc également apprendre à se taire ; élaborer des espaces où la parole peut librement se déployer, sans jugements hâtifs ni railleries. Stéphanie est assistante vétérinaire en Bretagne ; leur lutte repose à ses yeux sur quatre piliers : la justice sociale, économique, environnementale et judiciaire. « On se sentait seuls, démunis, exploités. On était isolés. On est tous dans des mouvements chacun dans notre coin et, ici, cette réunion nous a permis de prendre une température nationale. On a vu que nous n’étions pas seuls à défendre ces valeurs, et qu’elles étaient communes à tout le monde. Et ça fait plaisir ! » Renz, qui affiche une barbe touffue et une chasuble poussiéreuse sur laquelle on peut lire « RIP capitalisme », complète entre deux éclats de rire : « Ce mouvement, ce qu’il a créé, c’est un sentiment familial, une fraternité. En venant ici, on réalise que la famille s’est agrandie. On a créé des liens qui sont forts et qui, j’espère, vont durer. »

Une politique des assemblées

L’autonomie, avançait en 1993 le philosophe Cornelius Castoriadis, « c’est le projet d’une société où tous les citoyens ont une égale possibilité de participer à la législation, au gouvernement, à la juridiction et finalement à l’institution de la société2 ». Nous y voilà. Une seconde vidéo — intitulée « Deuxième appel des gilets jaunes de Commercy » et postée un mois après la précédente — est à l’origine du présent rassemblement. Sous le toit de fortune de leur cabane, les habitants mobilisés défilent alors pour convier le mouvement tout entier à venir ici afin de « rassembler les cahiers de revendications et [de] les mettre en commun », de « débattre tous ensemble des suites [du] mouvement » et de « décider d’un mode d’organisation collectif des gilets jaunes, authentiquement démocratique, issu du peuple et respectant les étapes de la délégation ». L’appel s’achève ainsi : « Ensemble, créons l’Assemblée des assemblées, la Commune des communes. C’est le sens de l’Histoire, c’est notre proposition. »

Des madeleines — la spécialité locale — et des fruits sont à disposition près de la fontaine à café. Des pâtes sont au menu ; demain, du couscous. Nous discutons, en cassant la croûte, avec un gilet jaune venu de Saillans : depuis 2014, fort d’un mouvement d’opposition à la construction d’un supermarché, ce village de la Drôme est administré par un « pouvoir citoyen » — un conseil municipal collégial, des commissions participatives, un conseil des sages et le recours au tirage au sort. Il est 13 heures ; l’Assemblée, retransmise en direct sur Internet, débute dans la salle polyvalente aux murs rose et blanc. Claude, militant antinucléaire engagé à Bure, s’empare du micro, un symbole féministe tracé au dos de son gilet : « On représente une idée, un mode de fonctionnement qu’on va essayer d’expérimenter. Donc on va être humbles. […] Il s’agit de s’engager dans un processus, si tout le monde est d’accord, un processus par le bas. […] On va pouvoir attaquer, sans plus tarder ! » La délégation de Poitiers s’avance la première, sous les applaudissements.

« Un drapeau frappé des mots “municipalisme libertaire” ornait à la mi-novembre l’un des ronds-points de la sous-préfecture. »

Chaque délégation, mandatée par sa base locale — un binôme paritaire, le plus souvent —, se présente à tour de rôle ; elles sont au nombre de 75. Les porte-parole relatent, le temps d’une à cinq minutes, leur expérience, leurs difficultés, leurs avancées. Les luttes se ressemblent, se complètent. Blocage de routes, occupations, constructions, évacuations du mois de décembre, reconstructions. Ici, un discours, largement salué, contre le sexisme et le racisme ; là, un appel à articuler les communes aux régions, via l’intercommunale et le département. L’Isère invite à la démocratie directe à échelle nationale ; Paris tance « la caste des bobos » ; l’Ardèche rappelle, acclamée, que les gilets jaunes ne sont pas les « factieux » tant vomis mais les héritiers des idéaux républicains originels ; Belfort conte sa jonction à la frontière avec les gilets jaunes suisses et allemands ; Saint-Nazaire revient sur la création de leur Maison du peuple, la première du mouvement — les applaudissements sont nourris, un poing se lève, le cri de guerre des spartiates est entonné.

Bookchin en Lorraine ?

Un drapeau frappé des mots « municipalisme libertaire » ornait à la mi-novembre l’un des ronds-points de la sous-préfecture. « Commercy ouvre la voie du municipalisme », titre quelques semaines plus tard le mensuel CQFD ; « À Commercy, des Gilets jaunes pour le “communalisme libertaire” », entérine en janvier le site Arrêt sur images ; « La Meuse sera-t-elle le prochain Rojava ? », demande même Radio Parleur à la veille de l’Assemblée des assemblées. Qu’est-ce à dire ? Si la notion résonne de longue date au sein de la tradition anarchiste, c’est au penseur étatsunien Murray Bookchin, disparu en 2006, que l’on en doit la formulation la plus aboutie. « Un peuple dont la seule fonction “politique” est d’élire des délégués n’est pas en fait un peuple du tout, c’est une masse, une agglomération de monades3. La politique, contrairement au social et à l’étatique, entraîne la recorporalisation des masses en assemblées richement articulées, pour former un corps politique dans un lieu de discours, de rationalité partagée, de libre expression et de modes de prises de décision radicalement démocratiques4 », expliquait-il. Sous l’appellation « municipalisme libertaire » — ou « communalisme » —, ce militant écologiste de formation marxiste échafauda, à partir des années 1970, une « solution de rechange5 » au capitalisme : il s’agit, afin de dissoudre l’État et d’« enlever l’économie à la bourgeoisie », de créer des communes, structurées autour d’assemblées populaires et défendues par une garde civile, puis de les fédérer entre elles jusqu’à ériger « une Internationale dynamique, solidement enracinée dans une base locale ».

Si la proposition de Bookchin n’eut guère d’écho de son vivant, le Rojava — par le truchement d’Abdullah Öcalan, cofondateur du PKK — s’en inspira pour bâtir la révolution communaliste qu’il amorça en Syrie sur fond de guerre civile. Deux jours durant, nous questionnons les gilets jaunes que nous rencontrons : l’immense majorité d’entre eux ignore tout du municipalisme libertaire. Rico, originaire de l’Ariège, nous avoue : « J’ai découvert le terme hier soir, donc je vais aller me renseigner. » Adel, agent d’une filiale privée de la SNCF en Île-de-France, nous demande de répéter le mot : « Trop technique. Impossible à faire entendre dans les banlieues. » Chantal, technicienne de laboratoire retraitée dans l’Ariège, se méfie d’ailleurs de l’importation de théories extérieures au soulèvement : « C’est aux gens d’écrire eux-mêmes les façons dont ils veulent fonctionner. On peut s’inspirer des choses qui ont été proposées, par le passé, mais surtout pas de projet de société tout fait ! Il y a eu la Commune de Paris, il y a le Chiapas, les gens ne sont pas cons : ils ont su le faire, ils sauront le refaire — même sans avoir lu les livres de Bookchin ! »

« On s’en fiche des mots, on les met en pratique ! On s’en fiche que ça soit bookchinien ou non. »

Claude insiste, soucieux du respect de la parole collective : il ne nous répond qu’en son nom propre. « Le terme “municipalisme libertaire” n’est plus employé à Commercy, on préfère parler d’assemblées populaires — ce qui revient au même. On s’en fiche des mots, on les met en pratique ! On s’en fiche que ça soit bookchinien ou non, on ne veut pas plaquer des idéologies pré-existantes sur les pratiques qu’on expérimente. » Et Steven, éducateur spécialisé, d’ajouter que 12 groupes, sur 15, ont estimé qu’il était prématuré de promouvoir le modèle bookchinien dans la commune meusoise. « Sur le papier, c’est une très belle idée, mais comme les communes ont de moins en moins de pouvoir, faut y réfléchir. Mais ça pourrait être une des suites du mouvement : prendre le pouvoir au niveau local… »

Sabrina, professeure des écoles venue de Paris, a inscrit « Quartier populaire » sur le dos de son gilet ; elle nous dit : « Certains parlent d’un moment historique : quand on voit le mot de soutien de la Commune du Rojava, ça a de la valeur pour beaucoup de gens. » Au mois de décembre 2018, une jeune femme vêtue d’une chasuble jaune proclamait en effet, filmée : « Nous nous adressons à vous en tant que Commune internationaliste depuis le Rojava, le Kurdistan de l’ouest, au nord de la Syrie. Nous suivons avec attention depuis plus d’un mois la révolte populaire qui a lieu en France. Nous avons été impressionné·e·s, aussi bien par la détermination des manifestant·e·s que par le niveau de répression policière et étatique. Nous adressons notre solidarité à toutes celles et ceux qui en font les frais. Force à vous, votre résistance est populaire jusqu’ici. » Elle était entourée d’une dizaine de militants, masqués pour certains d’entre eux — dans leur dos, une banderole affichait le visage de la combattante internationaliste britannique Anna Campbell, tombée sous les tirs de l’armée fasciste turque le 15 mars 2018. Rares sont les habitants de Commercy à avoir entendu parler du Rojava, nous précise-t-on toutefois. « On va leur adresser un message de soutien en retour, qu’on a décidé collectivement en assemblée », poursuivra Claude.

Un appel à la dignité

John nous parle de René, un retraité de sa connaissance : c’est lui qui, toujours, rappelle au groupe « qu’il y a cette urgence sociale liée à la misère ». Parole nue et crue qui « ramène à la réalité ». Et de cela, John se félicite : le risque serait grand de se perdre « dans des réflexions sur la question de la démocratie, de la Constitution ». « Il y a des gens qui crèvent la dalle, qui n’ont pas de logement. C’est cette rage qui nourrit notre engagement. Il y a beaucoup de parents isolés, de personnes au RSA. Il y a peu de travail dans le coin, et pour en trouver un, il faut une voiture. Le cercle vicieux est que si tu as pas de travail, tu peux pas avoir de voiture… » Dans la salle, le micro part à droite, puis à gauche ; certains prennent des notes, d’autres invitent à plus de silence. Les quatre prochaines heures sont dévolues à l’élaboration des « suites et [des] perspectives du mouvement » ainsi qu’à l’« organisation démocratique à toutes les échelles ». Des mots se cherchent, d’autres se trouvent. Nanterre loue la multiplication des liens avec « les syndicalistes de base » ; Saint-Nazaire met sur la table l’impérieuse nécessité qu’il y a à organiser une défense collective contre les assauts de la police ; Poitiers propose de boycotter les banques. Les échanges se succèdent, dans les applaudissements et parfois les huées ; un homme grisonnant juge bon de renforcer « la jonction avec le mouvement ouvrier » ; une jeune femme exhorte l’assistance à se mobiliser contre l’infiltration de militants d’extrême droite au sein des manifestations. Le ton monte, l’écoute reprend.

« Une jeune femme exhorte l’assistance à se mobiliser contre l’infiltration de militants d’extrême droite au sein des manifestations. »

Nous parcourons la feuille de route du week-end (les rôles y sont définis — observateurs, modérateurs, délégués, animateurs, presse — et les horaires fixés) ainsi qu’un document local préparatoire intitulé « Synthèse des revendications » : démission de Macron, dissolution de l’Assemblée nationale, réduction des élus, abolition des privilèges, relaxe des gilets jaunes, sortie de l’état d’urgence, retraite à 60 ans, transition énergétique, agriculture biologique, qualité des services publics, suppression de Parcoursup, mutualisation des médias et définanciarisation de la presse — autant de thématiques mises au pot commun comme à l’ordre du jour. « Là, on encule les mouches ! », s’impatiente une déléguée ; « Faut arrêter de se prendre la tête », objecte un homme face à l’intransigeance démocratique et horizontaliste à l’œuvre : le strict respect des mandats et la légitimité des prises de décision hantent les échanges.

La journée du dimanche accouchera d’un appel collectif, ratifié par cette première Assemblée des assemblées, pour « vivre dans la dignité » : « Partageons la richesse et pas la misère ! Finissons-en avec les inégalités sociales ! Nous exigeons l’augmentation immédiate des salaires, des minimas sociaux, des allocations et des pensions, le droit inconditionnel au logement et à la santé, à l’éducation, des services publics gratuits et pour tous. » Le texte, lu face caméra et aussitôt diffusé sur Internet, invite tout un chacun à rejoindre le mouvement et, après avoir fait sien le mot d’ordre national du soulèvement (« Macron démission ! »), conclut : « Vive le pouvoir au peuple, pour le peuple et par le peuple ! »

Le retour du peuple

Les gilets jaunes de Commercy le martèlent : ils sont « apolitiques ». Entendre, en réalité, « apartisans » — l’ordure politicienne et représentative a souillé jusqu’à l’étymologie de ce grand mot, « politique », auprès du plus grand nombre : polis, la Cité. La crainte de la récupération, de la dépossession, est partout patente. Celle du phagocytage par les partis ou les syndicats, synonymes de bureaucratie ou d’arrangements avec le pouvoir, également. Aboutir à un mouvement de militants, assure ainsi Steven, impliquerait de facto son échec. Les ronds-points et les assemblées constituent dès lors autant de lieux d’apprentissage quotidien : les gilets jaunes s’informent, se forment, débattent, apprennent au contact des uns et des autres, rentrent chez eux grandis puis élèvent à leur tour. Renz, de Saint-Nazaire, nous raconte : « On a fait un gros travail d’éducation populaire au sein du mouvement : au début, on en avait gros, c’est tout, c’est ça qui a lancé le mouvement. Là, on affine. On se demande dans quelle société on veut vivre. Et ce qui ressort de presque tout le mouvement, c’est le pouvoir au peuple. » La plasticité du mouvement, originellement présenté comme une émanation de l’extrême droite et de la « peste brune6 », est telle qu’elle poussera Éric Zemmour à déplorer la mort dudit mouvement au motif que les gilets jaunes seraient finalement trop à gauche7…

« Un peuple, construit comme majorité sociale, en opposition à une oligarchie illégitime, déconnectée et spoliatrice. »

Nous croisons à Commercy un ancien électeur du Front national passé à la France insoumise, des syndicalistes engagés à SUD et quelques anarchistes percevant là une authentique dynamique autogestionnaire bien plus qu’un spectre « rouge-brun ». Un ouvrier d’usine à la retraite nous assure voter Nicolas Dupont-Aignan et l’habitant désigné pour nous héberger ne nous cache pas ses déconcertantes sympathies royalistes. Le municipalisme libertaire tel que façonné par Bookchin garantit « l’expression la plus complète de tous les points de vue8 » au sein des assemblées, par principe interclassistes. Et Commercy n’agit pas autrement : un skinhead est accepté aux réunions… Les gilets jaunes lorrains le répètent à l’envi : il importe de se rassembler sur ce qui fait commun en passant sous silence ce qui « clive » et « exclut » — d’où, notamment, l’absence manifeste des questions identitaires et migratoires. On sait pourtant que le refoulé ne manque jamais de resurgir, et ce savoir se fait urgence dans un monde en proie aux réveils nationalistes. Un prénommé Bertrand nous glisse : « Seuls les vœux pieux savent faire consensus… » Visiblement soucieux de clarifier, une fois pour toutes, les frontières éthiques et politiques de la mobilisation des gilets jaunes, l’appel des 75 délégations né de l’Assemblée des assemblées n’en tranche pas moins : « [Macron] nous présente comme une foule haineuse fascisante et xénophobe. Mais nous, nous sommes tout le contraire : ni racistes, ni sexistes, ni homophobes, nous sommes fiers d’être ensemble avec nos différences pour construire une société solidaire. »

Le découpage parlementaire dont nous usons depuis la Révolution française, entre une gauche défavorable au veto royal et une droite partisane du pouvoir monarchique, n’apparaît plus aux yeux des gilets jaunes de Commercy comme une grille de lecture efficiente. « Prenons la querelle entre la droite et la gauche. Elle a perdu son sens. Les uns et les autres disent la même chose9 », estimait Castoriadis dans les années 1990 : les deux espaces s’étreignent, la fin de l’Histoire actée et le Marché sanctuarisé, sur les ruines du communisme international. Chantal ne nous dit pas autre chose : « Gauche et droite, c’est une place à l’Assemblée nationale, ça ne veut rien dire. » C’est bien « le peuple » — et non plus « la classe ouvrière », « le prolétariat » ou « le camp anticapitaliste » — qui s’avance, dans tous les discours, comme sujet de l’émancipation. Ce peuple, qu’un des volumes de Pierre Larousse définit comme « ceux qui peinent, qui produisent, qui paient, qui souffrent et qui meurent pour les parasites », est ici construit comme une majorité sociale (« nous ») en butte à une oligarchie, illégitime, déconnectée et spoliatrice (« eux »). Chantal poursuit : « Les gilets jaunes, c’est les exploités, les humiliés, les gens à qui on vide les poches, et pas ceux qui se les remplissent. »

Le « grand débat » poursuit sa tournée, seul en scène ; la mairie de Commercy ordonne le retrait définitif de la cabane ; Saint-Nazaire annonce, le 10 février 2019, que la seconde Assemblée des assemblées se tiendra chez eux au début du mois d’avril. Les rues, comme chaque samedi, continuent de se remplir du jaune des protestataires et du sang des mutilés. « On est fiers, car avec nos petits moyens et nos petites idées Commercy a inspiré beaucoup de gens », nous confiera Claude d’une même voix modeste. « En même temps, ça nous fait peur. On incarne quelque chose qui nous dépasse. On doit garder la tête froide et continuer. On reçoit des sollicitations de partout, on nous demande des conseils ou de l’aide, mais on n’est pas détenteurs d’un savoir que les autres n’ont pas… On est en pleine expérience. La tâche devant nous est immense. Quoi qu’il arrive, même si le mouvement s’éteint, l’émotion qu’on a à vivre tout ça laissera des traces. »

1. Argot américain : population blanche pauvre.
2. Entretien paru dans le n° 10 de la revue Propos, mars 1993.
3. Conscience individuelle, individualité en tant qu’elle représente à la fois un point de vue unique sur le monde et une totalité close.
4. Murray Bookchin, Pour un municipalisme libertaire, Atelier de création libertaire, 2003-2018.
5. Janet Biehl, Le Municipalisme libertaire, Écosociété, 2013.
6. « C’est la peste brune qui a manifesté [sur les Champs-Élysées]. » Gérald Darmanin au Grand Jury RTL, Le Figaro, LCI, 25 novembre 2018.
7. Émission Zemmour & Naulleau, 6 février 2019.
8. Janet Biehl, Le Municipalisme libertaire, op. cit.
9. Cornelius Castoriadis, Post-scriptum sur l’insignifiance, L’Aube, 1998.

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Six textes fondamentaux pour nous aider à  y parvenir, ensemble, à  lire, relire et diffuser sans aucune modération: