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3 janvier 2020-3 janvier 2022, assassinat de Qassem Soleimani : deux ans après son esprit se déploie toujours (Pepe Escobar)

Posted in 3eme guerre mondiale, actualité, colonialisme, crise mondiale, guerre iran, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , on 9 janvier 2022 by Résistance 71

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Commémoration de l’assassinat du grand résistant Qassem Soleimani le 3 janvier 2020 à l’aéroport de Bagdhad par des missiles américains sur ordre de l’ordure impérialiste en chef du moment, le président yankee Donald Trump.
Soleimani était un grand penseur et stratège dont l’héritage et l’esprit perdureront indubitablement dans le temps.
~ Résistance 71 ~

Deux ans après, l’esprit de Soleimani se déploie

Pepe Escobar

6 janvier 2022

Source: https://www.mondialisation.ca/deux-ans-apres-lesprit-de-soleimani-se-deploie/5663890

Il y a deux ans, les années 2020 ont commencé par un meurtre.

Aéroport de Bagdad, 3 janvier, 00h52. L’assassinat du général de division Qassem Soleimani, commandant de la Force Quds du Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI), et d’Abu Mahdi al-Muhandes, commandant adjoint des forces irakiennes Hashd al-Shaabi, par des missiles AGM-114 Hellfire à guidage laser lancés depuis deux drones américains MQ-9 Reaper, était un acte de guerre.

Cet acte de guerre a donné le ton de la nouvelle décennie et a inspiré mon livre « Raging Twenties : Great Power Politics Meets Techno-Feudalism », publié un an plus tard.

Les frappes de drones à l’aéroport de Bagdad, directement approuvées par le président américain de l’époque, Donald Trump, étaient unilatérales, non provoquées et illégales : un acte impérial conçu comme une provocation brutale capable de déclencher une réaction iranienne qui serait ensuite contrée par la « légitime défense » américaine, présentée comme une « dissuasion ».

Appelez cela une forme perverse de double down, de false flag inversé.

Le barrage narratif impérial l’a présenté comme un « assassinat ciblé » : une opération préventive visant à écraser la planification présumée par Soleimani d’« attaques imminentes » contre des diplomates et des troupes américaines.

Aucune preuve n’a été fournie à l’appui de cette affirmation. Et le premier ministre irakien de l’époque, Adel Abdul-Mahdi, a présenté devant le Parlement le contexte ultime : Soleimani, en mission diplomatique, avait embarqué sur un vol régulier de l’Airbus A320 de Cham Wings entre Damas et Bagdad. Il était impliqué dans des négociations complexes entre Téhéran et Riyad, avec le Premier ministre irakien comme médiateur, et tout cela à la demande du président Trump.

Ainsi, la machine impériale – se moquant comme d’une guigne du droit international – a assassiné un envoyé diplomatique de facto. En fait deux envoyés, car al-Muhandis avait les mêmes qualités pour le commandement que Soleimani – promouvant activement la synergie entre le champ de bataille et la diplomatie – et était absolument irremplaçable en tant qu’articulateur politique clé en Irak.

L’assassinat de Soleimani avait été « encouragé » depuis 2007 par les néo-cons américains – qui ignorent tout de l’histoire, de la culture et de la politique de l’Asie occidentale – et par les lobbies israélien et saoudien. Les administrations Bush Jr. et Obama y avaient résisté, craignant une escalade inévitable. Trump ne pouvait pas voir la situation dans son ensemble et ses ramifications désastreuses lorsqu’il n’avait que des Israéliens de la variété de Jared-of-Arabia Kushner pour lui souffler à l’oreille, en tandem avec son proche ami le prince héritier saoudien Muhammad bin Salman (MbS).

La réponse iranienne mesurée à l’assassinat de Soleimani a été soigneusement calibrée pour éviter une surenchère impériale vengeresse et sans retenue : des frappes de missiles de précision sur la base aérienne d’Ain al-Assad en Irak, contrôlée par les Américains. Le Pentagone a été prévenu à l’avance.

Pourtant, c’est précisément cette réponse mesurée qui a changé la donne. Le message de Téhéran indiquait clairement que l’époque de l’impunité impériale était révolue : nous pouvons frapper vos ressources n’importe où dans le golfe Persique et au-delà, au moment de notre choix.

C’est donc le premier « miracle » que l’esprit de Soleimani a engendré : les frappes de missiles de précision sur Aïn al-Assad représentaient avec éclat une puissance de rang moyen, affaiblie par les sanctions et confrontée à une crise économique/financière massive, qui répondait à une attaque unilatérale en ciblant des actifs impériaux faisant partie de l’Empire aux bases tentaculaire.

C’était une première mondiale, du jamais vu depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Et cela a été clairement interprété en Asie de l’Ouest et dans de vastes pans du Sudcomme une percée fatale dans l’armure hégémonique du prestige américain, vieille de plusieurs décennies. »

Évaluer la situation dans son ensemble

Tout le monde, non seulement le long de l’Axe de la Résistance – Téhéran, Bagdad, Damas, Hezbollah – mais aussi à travers le Sud global, sait comment Soleimani a dirigé la lutte contre Daesch en Irak de 2014 à 2015, et comment il a contribué à la reprise de Tikrit en 2015.

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dans une interview extraordinaire, soulignait la « grande humilité» de Soleimani, même « avec les gens du peuple, les gens simples ». Nasrallah a raconté une histoire essentielle pour situer le modus operandi de Soleimani dans la guerre réelle – et non fictive – contre le terrorisme, qui mérite encore d’être citée intégralement deux ans après son assassinat :

« À cette époque, Hajj Qassem a voyagé de l’aéroport de Bagdad à celui de Damas, d’où il est venu (directement) à Beyrouth, dans la banlieue sud. Il est arrivé chez moi à minuit. Je me souviens très bien de ce qu’il m’a dit : « A l’aube, tu dois me fournir 120 commandants d’opérations (du Hezbollah) ». J’ai répondu : « Mais Hajj, il est minuit, comment puis-je vous fournir 120 commandants ? » Il m’a dit qu’il n’y avait pas d’autre solution si nous voulions lutter (efficacement) contre Daesch, défendre le peuple irakien, nos lieux saints [5 des 12 imams du chiisme duodécimain ont leurs mausolées en Irak], nos Hawzas [institutions éducatives islamiques], et tout ce qui existait en Irak. Nous n’avions pas le choix. Je n’ai pas besoin de combattants. J’ai besoin de commandants opérationnels [pour superviser les Unités de mobilisation populaire (UMP) irakiennes]. C’est pourquoi dans mon discours [sur l’assassinat de Soleimani], j’ai dit que pendant les quelque 22 années de notre relation avec Hajj Qassem Soleimani, il ne nous avait jamais rien demandé. Il ne nous a jamais demandé quoi que ce soit, pas même pour l’Iran. Oui, il ne nous adressé une requête qu’une seule fois, et c’était pour l’Irak, quand il nous a demandé ces (120) commandants d’opérations. Il est donc resté avec moi, et nous avons commencé à contacter nos frères (du Hezbollah) un par un. Nous avons pu faire venir près de 60 commandants d’opérations, dont certains frères qui étaient sur les lignes de front en Syrie, et que nous avons envoyés à l’aéroport de Damas [pour attendre Soleimani], et d’autres qui étaient au Liban, et que nous avons réveillés de leur sommeil et amenés [immédiatement] de leur maison, car le Hajj a dit qu’il voulait les emmener avec lui dans l’avion qui le ramènerait à Damas après la prière de l’aube. Et effectivement, après avoir prié ensemble la prière de l’aube, ils se sont envolés pour Damas avec lui, et Hajj Qassem a voyagé de Damas à Bagdad avec 50 à 60 commandants du Hezbollah libanais, avec lesquels il est allé sur les lignes de front en Irak. Il a dit qu’il n’avait pas besoin de combattants, car, Dieu merci, il y avait beaucoup de volontaires en Irak. Mais il avait besoin de commandants [aguerris] pour diriger ces combattants, les former, leur transmettre leur expérience et leur expertise, etc. Et il n’est pas parti avant d’avoir reçu ma promesse que dans les deux ou trois jours, je lui aurais envoyé les 60 commandants restants ».

Un ancien commandant sous les ordres de Soleimani que j’ai rencontré en Iran en 2018 nous avait promis, à moi et à mon collègue Sebastiano Caputo, qu’il essaierait d’organiser une interview avec le général de division – qui ne parlait jamais aux médias étrangers. Nous n’avions aucune raison de douter de notre interlocuteur – donc jusqu’à la dernière minute, pour Bagdad, nous faisions partie de cette liste d’attente sélective.

Quant à Abu Mahdi al-Muhandes, tué côte à côte avec Soleimani dans les frappes de drones de Bagdad, j’étais avec la journaliste Sharmine Narwani et un petit groupe qui ont passé un après-midi avec lui dans une maison sécurisée à l’intérieur – et non à l’extérieur – de la zone verte de Bagdad en novembre 2017. Mon rapport complet se trouve ici.

Soleimani a peut-être été une superstar révolutionnaire – beaucoup à travers le Sud global le considèrent comme le Che Guevara de l’Asie occidentale – mais derrière plusieurs couches de mythe, il était surtout un rouage assez articulé d’une machine très articulée.

Des années avant son assassinat, Soleimani avait déjà envisagé une inévitable « normalisation » entre Israël et les monarchies du golfe Persique.

Dans le même temps, il était également très conscient de la position adoptée par la Ligue arabe en 2002 – partagée, entre autres, par l’Irak, la Syrie et le Liban – selon laquelle cette « normalisation » ne peut même pas commencer à être discutée sans un État palestinien indépendant et viable dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.

Soleimani a vu la situation dans toute l’Asie occidentale, du Caire à Téhéran, du Bosphore au Bab-al-Mandeb. Il avait certainement calculé l’inévitable « normalisation » de la Syrie dans le monde arabe, ainsi que le calendrier suivi par l’Empire du Chaos pour abandonner l’Afghanistan – mais probablement pas l’ampleur de cette retraite humiliante – et la manière dont cela reconfigurerait tous les paris de l’Asie occidentale à l’Asie centrale.

Il n’est pas difficile de voir que Soleimani envisageait déjà ce qui s’est passé le mois dernier. Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, s’est rendu à Dubaï et a signé plusieurs accords commerciaux d’une grande portée politique, enterrant en quelque sorte une rivalité viscérale entre sunnites.

Mohammad bin Zayed (MbZ) d’Abu Dhabi semble parier simultanément sur un accord de libre-échange entre Israël et les Émirats et sur une détente avec l’Iran. Son conseiller en matière de sécurité, Sheikh Tahnoon, a rencontré le président iranien Raisi à Téhéran à la mi-décembre et a même discuté du Yémen.

Mais la question clé de toutes ces tractations est la percée d’un couloir de transit terrestre qui permettrait de circuler entre les EAU, l’Iran et la Turquie.

Pendant ce temps, le Qatar – interlocuteur privilégié de la Turquie et de l’Iran – participe au financement des coûts de l’administration de Gaza, dans un équilibre délicat avec Israël qui rappelle un peu le rôle similaire joué par Doha dans les négociations entre les États-Unis et les Taliban.

Ce que Soleimani n’a pas pu accomplir, aux côtés d’al-Muhandes, c’est le traçage d’une voie viable pour l’Irak après l’inévitable retraite impériale – même si leur assassinat a peut-être accéléré le mouvement populaire en faveur de l’expulsion définitive des Américains. L’Irak reste profondément divisé et otage de la petite politique provinciale.

Pourtant, l’esprit de Soleimani persiste lorsqu’il s’agit de l’Axe de la Résistance – Téhéran-Bagdad-Damas-Beyrouth – confronté à une subversion impériale massive, il survit à tous les défis possibles.

L’Iran se consolide de plus en plus comme le nœud clé des nouvelles routes de la soie en Asie du Sud-Ouest : le partenariat stratégique Iran-Chine, stimulé par l’adhésion de Téhéran à l’OCS, sera aussi fort au niveau géoéconomique que géopolitiquement.

Parallèlement, l’Iran, la Russie et la Chine seront tous impliqués dans la reconstruction de la Syrie – avec des projets BRI allant de la voie ferrée Iran-Irak-Syrie-Méditerranée orientale jusqu’au gazoduc Iran-Irak-Syrie (dans un avenir proche), sans doute le facteur clé qui a provoqué la guerre par procuration américaine contre Damas.

Non, les missiles Hellfire ne sont pas les bienvenus.

= = =

Lecture complémentaire:

« Le Hezbollah son histoire de l’intérieur » Naïm Qassem

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Assassinat du Gen. Soleimani par l’empire et son larbin Trump en janvier 2020… Hassan Nasrallah raconte Soleimani, l’homme, le stratège, l’ami

Posted in actualité, guerre iran, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, pédagogie libération, politique et social, résistance politique with tags , , , , , , , , , , on 8 janvier 2021 by Résistance 71

 

 

 

Hassan Nasrallah raconte le général Qassem Soleimani et les dessous de sa victoire contre Daesh en Irak

 

Le Cri des Peuples

 

2 janvier 2021

 

url de l’article en français:
https://lecridespeuples.fr/2021/01/02/une-legende-vivante-nasrallah-raconte-qassem-soleimani-et-sa-victoire-contre-daech-en-irak/

 

Interview du Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, consacrée au Hajj Qassem Soleimani, Commandant des Forces al-Quds (dont l’objectif officiel est la Libération de Jérusalem) des Gardiens de la Révolution, à l’occasion du 40e jour après sa mort, le 13 février 2020.

Le 3 janvier 2021 commémorera le 1er anniversaire de l’assassinat de Qassem Soleimani et d’Abu Mahdi al-Muhandis. A cette occasion, nous traduisons un nouvel extrait de cette interview.

Source : https://video.moqawama.org/details.php?cid=1&linkid=2099

Traduction : lecridespeuples.fr

Transcription:

Journaliste: […] Vous avez mentionné à plusieurs reprises le concept « École du Hajj Qassem Soleimani ». Son Éminence le Guide (Khamenei) y a également fait référence. Quel sens donnez-vous à ce concept ? Pouvez-vous nous l’exposer ? Que signifie le concept « École du Hajj Qassem » ?

Hassan Nasrallah : Bien sûr, ce concept est issu de la Voie de l’Imam Khomeini, que Dieu l’agréé, de l’École de l’Imam Khomeini. Mais nous pouvons dire qu’en pratique et sur le terrain, dans toutes les responsabilités qu’a assumées le Hajj Qassem et de tout ce qu’il a enduré, nous pouvons parler d’une Voie, au sens —et c’est peut-être quelque chose de délibéré— d’une certaine pensée, d’un ensemble de pensées, d’une culture particulière, d’une manière de faire spécifique… Je vais vous donner quelques exemples. Bien sûr, nous parlons d’une question qui mériterait une réflexion et une étude (approfondies), mais je vais avancer quelques illustrations de manière rapide.

Par exemple, le Hajj Qassem est le dirigeant d’une force des Gardiens (de la Révolution) [en persan]. Il pourrait rester en Iran, à Téhéran, et dire aux autres (forces de l’Axe de la Résistance) de venir à lui régulièrement pour un entretien, afin qu’il puisse les écouter, et suivre leurs affaires (à distance) de manière simple et routinière. Ou, s’il se rendait auprès d’eux, que ce soit au Liban, en Syrie, en Irak ou ailleurs, il pourrait par exemple (se contenter de le faire) une fois tous les 6 mois ou une fois par an, il pourrait simplement leur rendre visite de temps à autre pour s’informer et s’enquérir. En général, c’est ainsi qu’agissent certains (grands) dirigeants.

La Voie du Hajj Qassem consiste à se rendre sur le terrain d’action, sur le champ de bataille, auprès des autres. Depuis 1998 (année où Soleimani est devenu le dirigeant des Forces d’Al-Quds), depuis qu’a commencé notre connaissance et notre relation avec le Hajj Qassem, soit depuis une vingtaine d’années, 21 ou 22 ans, le nombre de fois où nous sommes allés auprès de lui (en Iran) est très restreint. Mais pour sa part, il venait toujours à nous, très souvent. Naturellement, le fait même de venir sur le terrain, sur le champ de bataille, pour rencontrer ici les frères (du Hezbollah), les rencontrer tous, le fait de se rendre directement sur le terrain, d’entendre (directement) les combattants et moudjahidines, cela a d’énormes bienfaits et avantages en ce qui concerne la direction et l’administration (des opérations, de la logistique, etc.).

Soleimani s’adressant à des combattants en première ligne. Il leur demande s’ils sont contents d’être là, s’ils ont bien obtenu l’autorisation de leurs parents et/ou épouses. Puis il leur raconte le pire épisode de la guerre Iran-Irak qu’il ait vécu, le comparant aux difficultés qu’ils traversent actuellement. Il leur dit que même si c’était les moments les plus difficiles de sa vie, aujourd’hui c’est du passé et il n’en subsiste aucun mal, et c’est sa plus belle expérience, car il n’y a rien de plus beau que de souffrir pour l’amour de l’Imam Hussein (as).

Premièrement, cela renforce ces combattants (en leur donnant le moral), et exprime le respect et l’affection qu’il a pour eux. « C’est moi qui viens toujours à vous, je suis à votre service. Ne vous dérangez pas pour venir à moi en Iran, c’est moi qui viens à vous. » Pour les responsables (du Hezbollah ou d’autres mouvements de Résistance) présents sur le terrain, (cette attitude) a des conséquences éthiques et sur le moral (des troupes). Deuxièmement, cela lui permet d’entendre tous les avis, tous les points de vue (directement), et non pas seulement l’avis des gens qui viendraient à lui (en Iran) pour exprimer leur (propre) point de vue. Cela l’aide à avoir une idée plus claire, plus globale et plus juste (de la réalité du terrain). Troisièmement, cela l’aide à accéder à tous les niveaux (hiérarchiques), jusqu’aux combattants de première ligne, et à les entendre exposer leurs problèmes, leurs manques, leurs besoins, leurs remarques, etc. Quatrièmement, cela lui apporte une idée plus profonde, plus exhaustive et plus vaste de (tous) les terrains dont il est responsable. Il ne s’appuie pas (seulement) sur la lecture des rapports rédigés par les (différents) responsables, non ! Il se rend en personne sur le terrain pour voir de ses propres yeux, pour écouter (les renseignements de première main), et discuter et débattre avec tous les échelons. C’est l’une des significations de la Voie du Hajj Qassem. C’est une manière de faire inhabituelle, surtout chez un général militaire (parmi les plus hauts gradés du pays). Certes, peut-être qu’au front de la guerre Iran-Irak, les grands dirigeants descendaient sur le terrain, auprès des combattants, mais c’est quelque chose de spécifique à l’Iran qui ne se fait pas à l’extérieur de l’Iran. Mais c’est l’un des aspects (de la Voie du Hajj Qassem).

Un autre aspect est l’absence de fatigue et de lassitude. Vous dites [Nasrallah cite une expression en persan]. Il ne se fatigue jamais. Nous sommes tous sujets à la fatigue. Parfois, nous sentons que les choses pèsent très fort sur nous, nous subissons une pression (à la limite du tolérable), mais le Hajj travaillait (inlassablement) durant de longues heures, même lorsqu’il devait être épuisé. Je me souviens que durant certaines l’une de ses visites (au Liban), il souffrait d’une rage de dents, et (il est bien connu) que cette douleur est insupportable. On lui avait proposé de faire venir un dentiste, mais il a répondu « Pas maintenant, après notre réunion. » C’est-à-dire après 6 heures pendant lesquelles il allait supporter la douleur, tout en dirigeant et participant à la réunion, en prenant des décisions (cruciales), et tout à la fin, il se rend chez le dentiste. La capacité d’endurance et de patience du Hajj Qassem face à la fatigue, aux plus âpres difficultés, est tout à fait exceptionnelle. Je n’ai jamais connu personne, et je n’exagère nullement, qui soit capable de tant supporter la fatigue, les efforts, le manque de sommeil, etc., autant que le Hajj Qassem.

Un autre aspect important de sa personnalité est sa minutie. Il était extrêmement minutieux et appliqué. Il suivait en permanence (les différents dossiers) [Nasrallah illustre ce propos par une expression en persan]. Par exemple, quelqu’un peut se mettre d’accord (sur quelque chose) avec quelqu’un d’autre, puis après une semaine, deux ou trois, s’enquérir du dossier ou pas, s’informer ou pas (de l’affaire en question), mais pas le Hajj Qassem. Dès le deuxième ou le troisième jour, il s’informait de l’avancée du dossier, il suivait (toutes les affaires) de manière précise et avec insistance. Et bien sûr, il ne le faisait pas de manière empressée (et bâclée), mais de manière précise, détaillée et réactive. C’est l’un des aspects de la Voie du Hajj Qassem.

Journaliste : On dirait qu’il a toujours gardé l’énergie d’un jeune homme.

Hassan Nasrallah : Peut-être qu’une autre personne se dirait qu’elle aura tout le temps de suivre ou de s’enquérir de tel ou tel dossier durant les mois à venir, mais pas le Hajj Qassem (qui suivait les questions presque au jour le jour). Il était très important pour lui de ne pas perdre de temps. Par exemple, ce qui pouvait être fait en cinq ans (pour d’autres) devait être bouclé en un ou deux ans (seulement avec lui), grâce à son insistance et son suivi assidu des dossiers.

Un autre aspect de sa personnalité est sa très grande humilité. Il était extrêmement humble. Et son humilité avait une très grande influence. Vous savez qu’en général, les soldats, lorsqu’ils sont au combat, se sentent forts et puissants, et peuvent être touchés par l’arrogance, la superbe, s’enorgueillir, etc. Le Hajj Qassem était quelqu’un de très humble, même avec les gens du commun, les gens simples. C’est l’un des aspects de sa Voie. Bien sûr, nous devons tous êtres humbles, mais le fait que ce commandant, avec sa position et cette responsabilité (énorme qui pèse sur lui), soit si humble avec tout le monde, c’est quelque chose de très important.

La Voie du Hajj Qassem est celle de la confrontation des dangers. Il se rendait toujours dans la gueule du loup, sur les premières lignes de front, bravant la mort. Je n’étais pas d’accord avec lui sur ce point. J’insistais toujours pour qu’il reste en retrait, prenant des dispositions en ce sens. Mais nous tous avons été incapables de l’empêcher de se rendre en première ligne. C’est l’homme qui est toujours présent dans les moments (les plus) difficiles, les jours (les plus) sombres. Par exemple, durant la guerre de juillet 2006, la guerre de 33 jours, il s’est rendu de Téhéran à Damas, puis nous a contactés pour nous dire qu’il voulait venir à nos côtés, dans la banlieue sud de Beyrouth (bastion du Hezbollah). Nous avons répondu (incrédules) : « Comment ? C’est impossible ! » Les ponts avaient été détruits, les routes coupées, les avions de guerre israéliens frappaient toutes les cibles (réelles ou supposées), etc. C’était une situation de guerre totale ! Il (nous semblait) impossible de le faire venir jusqu’à nous, dans la banlieue sud de Beyrouth. Mais il a énormément insisté, nous disant que si nous ne lui envoyions pas de voiture, il viendrait par ses propres moyens. Il a insisté, et il est venu à nous. Et il est resté avec nous pendant toute la durée de la guerre.

Voir Révélations de Qassem Soleimani sur la guerre de 2006

De même pour les événements en Syrie et en Irak, dans la lutte face à Daech, nos frères irakiens également nous racontaient qu’il était toujours en première ligne, marchait en première ligne. C’est quelque chose d’exceptionnel. Normalement, les généraux restent en retrait et dirigent les armées ou brigades (depuis l’arrière), du moins dans les armées régulières, à l’exception de la guerre Iran-Irak qui est une expérience particulière.

Quoi qu’il en soit, en vérité, tout ce qu’on peut dire sur la Voie du Hajj Qassem vient de l’Imam Khomeini et de son école, et des indications de Son Éminence le Guide (Khamenei), que Dieu le préserve, et de l’expérience de la guerre Iran-Irak. C’était une expérience grandiose quant à ses conséquences idéologiques, culturelles, spirituelles et militaires. Nous avons trouvé cette expérience grandiose incarnée dans la personnalité du Hajj Qassem.

e pourrais dire bien des choses encore sur la Voie du Hajj Qassem Soleimani, mais je me contenterai de ces éléments pour répondre à vos (autres) questions. […]

Journaliste : Pouvez-vous nous parler de souvenirs communs avec lui concernant la crise en Irak et en Syrie ? Quelle aide vous a-t-il demandée ?

Hassan Nasrallah : Nous ne parlons donc pas des derniers développements en Irak, (mais) de l’apparition de Daech. Lorsque Daech est apparu en Irak, et que cette organisation a commencé à s’emparer d’un certain nombre de provinces irakiennes, il est apparu que la situation était critique. L’armée irakienne était incapable de faire face à la situation, du fait (de son démantèlement par l’occupant américain et) des effondrements qui se sont produits. J’ai entendu dire par plusieurs responsables irakiens que de nombreux entrepôts d’armes étaient vides de munitions et d’obus utilisables. La situation morale et psychologique (était catastrophique).

Le Hajj Qassem s’est donc rendu en personne à Bagdad, accompagné d’un groupe de commandants des Gardiens de la Révolution. Il a pris contact avec les frères irakiens et avec les factions de la Résistance avec lesquels il était en contact permanent depuis longtemps. C’est lui qui s’est rendu sur le terrain pour (lancer) les premiers combats, il est allé de l’avant. Et l’événement bien connu sur la route Bagdad-Samarra a eu lieu, dans lequel le Hajj Qassem Soleimani et d’autres frères présents avec eux ont failli être tués. Quelques jours après cet incident, ou au même moment, le Grand Ayatollah Sayed Sistani, que Dieu le préserve, a édicté sa fatwa célèbre et historique (enjoignant les Irakiens au djihad contre Daech), décrétant l’état d’alerte pour que le peuple irakien et les factions combattantes affluent sur les lignes de front. Tout cela avait besoin d’organisation.

A ce moment, le Hajj Qassem s’est rendu de l’aéroport de Bagdad à l’aéroport de Damas, d’où il est venu (directement) à Beyrouth, dans la banlieue sud. Il est arrivé auprès de moi à minuit. Je me souviens très bien de ce qu’il m’a dit : « Il faut qu’à l’aube, tu m’aies fourni 120 commandants d’opération (du Hezbollah) ». Je lui ai répondu « Mais Hajj, il est minuit, comment pourrais-je te fournir 120 commandants ? » Il m’a dit qu’il n’y avait pas d’autre solution si on voulait lutter (efficacement) contre Daech, défendre le peuple irakien, nos lieux saints (5 des 12 Imams du chiisme duodécimain ont leur mausolée en Irak), nos Hawzas (séminaires islamiques), et tout ce qui existait en Irak. Il n’y avait pas le choix. « Je n’ai pas besoin de combattants. Il me faut des commandants opérationnels (pour encadrer les forces populaires irakiennes). » C’est pour cela que dans mon discours (commémorant l’assassinat de Soleimani), j’ai déclaré que durant les quelques 22 ans de notre relation avec le Hajj Qassem Soleimani, il ne nous avait jamais rien demandé. Il ne nous a jamais rien demandé, pas même pour l’Iran. Oui, il nous a demandé une seule fois (notre aide), et c’était pour l’Irak, lorsqu’il nous a demandé ces (120) commandants d’opérations. Il est donc resté avec moi, et nous nous sommes mis à contacter nos frères (du Hezbollah) un par un. Nous avons pu faire venir près de 60 commandants opérationnels, dont certains frères qui étaient présents sur les lignes de front en Syrie, et que nous avons envoyés à l’aéroport de Damas (pour y attendre Soleimani), et d’autres qui étaient au Liban, et que nous avons réveillés de leur sommeil et fait venir (immédiatement) depuis leur maison car le Hajj a dit qu’il voulait les prendre avec lui dans l’avion qui le ramènerait à Damas après la prière de l’aube. Et de fait, après avoir prié ensemble la prière de l’aube, ils se sont envolés pour Damas avec lui, et le Hajj Qassem s’est rendu de Damas à Bagdad avec 50 à 60 commandants libanais du Hezbollah, avec lesquels il s’est rendu sur les lignes de front en Irak. Il avait dit qu’il n’avait pas besoin de combattants, car Dieu merci, il y en avait abondance de volontaires en Irak. Mais il lui fallait des cadres pour diriger ces combattants, les entraîner, leur transmettre l’expérience et l’expertise, etc. Et il n’est pas parti avant de prendre mon engagement que d’ici deux ou trois jours, je lui aurais envoyé les 60 commandants restants.

Soleimani donnant des instructions aux combattants pour respecter les biens d’autrui, suivi du récit d’un syrien qui a trouvé une lettre de Soleimani dans sa maison abandonnée, dans laquelle le Hajj Qassem s’excusait d’y avoir séjourné une nuit sans pouvoir demander la permission.

Bien sûr, cette nuit-là, j’ai senti qu’aux yeux du Hajj Qassem, le monde entier était l’Irak et la bataille qui s’y déroulait. En vérité, il était complètement immergé dans cette bataille, et il la considérait comme décisive pour le destin de la région. Il n’était pas permis de la négliger. Il était prêt à y être tué. Je lui ai dit « Hajj, les frères m’ont informé que sur la route de Bagdad à Samarra, tu étais dans le convoi (qui a été attaqué), et c’est très dangereux. » Il a répondu qu’il n’avait pas d’autre choix, et qu’il devait avancer pour que les autres avancent aussi. « Le temps est compté, et nous n’avons qu’une minuscule fenêtre pour intervenir », m’a-t-il dit. Ce n’était pas le moment de la prudence et de la pondération, mais il fallait tout donner (dans cette bataille). Il était très ému par ce qui se passait en Irak et prêt à y être tué 1000 fois afin de sauver le peuple irakien, les saints mausolées, les Hawzas, et éloigner ce danger de l’Irak, de la République Islamique et de toute la région. Nous savons tous que si Daech était parvenu à s’emparer de l’Irak, cela aurait menacé l’Iran et toute la région. Mais ceux qui auraient payé le plus grand prix face au projet de Daech sont les Irakiens, le peuple irakien en premier lieu.

Journaliste : Quand est-ce que vous avez fait la connaissance du Hajj Abu Mahdi (al-Muhandis, assassiné avec Soleimani) ? Quand l’avez-vous rencontré pour la première fois ? Pouvez-vous évoquer des souvenirs de cette rencontre ?


Al-Muhandis – Nasrallah – Soleimani

Hassan Nasrallah : J’ai fait la connaissance du Hajj Abu Mahdi au début des années 1990, vers 1991-1992. Je ne le connaissais pas avant cette date, il était alors au Koweït. Je l’ai ensuite connu, et la première fois que je l’ai rencontré, c’était à Téhéran. C’était l’un des principaux commandants des Brigades Badr [troupes irakiennes ayant combattu contre Saddam durant la guerre contre l’Iran], qui sont ensuite devenues l’Organisation Badr. Rapidement, une relation d’affection, d’amitié et de respect s’est tissée entre nous. Il avait également de bonnes relations avec nos frères au Liban, avec le frère Zulfiqar en particulier (commandant du Hezbollah tué en Syrie en 2016), avec le Hajj Imad Moghniyeh et les autres frères. Et par la suite, cette relation s’est développée après que le Hajj Qassem devienne le commandant des Forces al-Quds. Depuis sa position (de responsabilité) en Irak, la relation d’Abu Mahdi avec le Hajj Qassem (s’est développée), de même que la nôtre au Liban, ce qui a augmenté les liens que nous avions avec Abu Mahdi.

Mais notre relation avec Abu Mahdi s’est véritablement renforcée durant ces dernières années, du fait des événements en Irak et de la lutte contre Daech qui a vu de nombreux membres du Hezbollah se rendre en Irak pour aider le Hachd al-Cha’bi et les factions de la Résistance. Nos frères étaient en contact permanent avec le Hajj Abu Mahdi, qui est venu plusieurs fois au Liban pour me rencontrer. A peine 3 mois environ avant son martyre, il était ici au Liban. Une fois, il est même venu avec sa famille. Durant notre dernière rencontre il y a plusieurs mois, nous nous sommes entretenus pendant des heures, évoquant la situation en Irak, évaluant les sphères sécuritaire et militaire, la manière de renforcer le Hachd al-Cha’bi comme défenseur authentique du peuple irakien, etc. Et du fait de la force de notre relation, il me disait : « Militairement, Daech est vaincu, et il ne reste que quelques cellules isolées qui seront (rapidement) éliminées avec la grâce de Dieu. Mais je redoute que la bataille contre Daech se termine et que je sois toujours en vie. » Et il a mis sa main sur sa barbe, disant « Ma barbe est grise, de même que mes cheveux, et après toutes ces longues années (de lutte), je crains vraiment de mourir dans mon lit. Je te demande donc avec insistance de prier Dieu le Très-Haut et l’Exalté de m’accorder le martyre. »

Naturellement, conformément aux édits de Son Éminence le Guide (Khamenei), que Dieu le préserve, lorsque quelqu’un demande au Guide de prier pour qu’il obtienne le martyre, il ne demande pas à Dieu d’accélérer son martyre, mais demande de lui accorder de mourir en martyr. Et il ajoute parfois en plaisantant « J’espère que tu auras passé les 80 ans (lorsque Dieu t’accordera le martyre) ! » L’important est que nous mourions en martyr, (mais le plus tard possible). C’est ce que j’ai répondu à Abu Mahdi, à savoir que je n’invoquerais pas Dieu pour qu’il accélère son martyre, mais pour que sa mort soit celle d’un martyr, et je lui ai demandé de prier lui aussi Dieu pour qu’il nous accorde la même fin. Cela s’est passé durant notre dernière rencontre.

Je tiens également à dire que notre connaissance (intime) d’Abu Mahdi nous permet d’affirmer que c’était un homme très sincère, très loyal, très pieux. Il avait un haut sens de la responsabilité, et c’était un moudjahid au vrai sens du terme. Et gloire à Dieu, il a de nombreux points communs avec le Hajj Qassem Soleimani. Et c’est l’une des raisons de la relation exceptionnelle qui les liait.

Journaliste : La guerre en Irak a contraint le Hajj Qassem à être plus présent sur le champ de bataille. En vérité, il se rendait dans tous les endroits sensibles des premières lignes. Et nous l’avons vu à plusieurs reprises durant des opérations de reconnaissance et autres. Ces conditions n’étaient-elles pas dangereuses pour sa vie ? Il surgissait par surprise en plein cœur des combats. Pourquoi ?

Hassan Nasrallah : Il était toujours en danger, en très grand danger. Sur les premières lignes de front et les champs de bataille où il s’est rendu en Irak et également en Syrie, il était en danger en permanence. Et il refusait d’être présent seulement en retrait. Il se rendait en première ligne, et voulait voir les choses de ses propres yeux pour estimer la situation directement et de première main, et échanger avec les combattants en première ligne. Il tenait à aller à leur rencontre et à se trouver parmi eux. C’était sa manière de procéder. Bien sûr, nous le lui reprochions en permanence.

(Il faut bien comprendre) qu’il ne faisait pas cela seulement parce qu’il aspirait ardemment au martyre. Certains disaient que le Hajj Qassem recherchait (seulement) le martyre et cherchait l’occasion d’être tué, et que cela expliquait sa présence en première ligne. Ce n’est pas vrai, ou du moins ce n’est pas exact. Car il savait également qu’une obligation religieuse pesait sur lui, et qu’il n’avait pas le droit de s’exposer à la mort sans nécessité. Non ! Le Hajj avait une vision, qui était vraie dans une grande mesure : il disait que cette bataille en Irak et en Syrie nécessitait une grande endurance, un grand courage, une persévérance sur les champs de bataille. Cela ne pouvait pas être obtenu par une gestion en retrait, loin des lignes de front. La présence d’un commandant du niveau du Hajj Qassem Soleimani sur les lignes de front était d’une importance capitale pour assurer cette fermeté du moral, des âmes et des cœurs. Sa présence même sur tel front suffisait à donner une force énorme aux combattants, les aidant à rester, à persévérer, à endurer, malgré tous les dangers et toutes les difficultés qu’ils affrontaient. Sans même parler de tous les autres avantages que confère à un commandant le fait d’être au plus près des données du terrain.

Mais je considère, et c’est ce que je l’entendais dire lorsque je débattais de cette question avec lui, que l’aspect moral, psychologique et émotionnel était de la plus grande importance à ses yeux. Et c’est la vérité ! Tu peux voir sur les (innombrables) vidéos de quelle manière il se comportait avec les jeunes (combattants) en première ligne, dans les tranchées, (et comment ils réagissaient) lorsque le Hajj Qassem venait à eux. Ils l’embrassent, lui embrassent la main, pleurent, le serrent dans leur bras, lui reprochent d’être venu à eux (s’exposant ainsi au danger), etc. Cette influence émotionnelle est très importante. C’est pour cela qu’est née et s’est façonnée une (véritable) relation d’amour, d’affection, de passion entre les combattants et le Hajj Qassem Soleimani. Cela ne se serait jamais produit s’il dirigeait les opérations depuis l’arrière. La cause de cette grande affection est sa présence directe sur les lignes de front.

Par ailleurs, lorsque toutes ces vidéos et toutes ces photos ont commencé à apparaître dans les médias et sur les réseaux sociaux, je lui en ai parlé, lui disant « O Hajj, c’est quelque chose de très dangereux ! » Mais il ne le faisait pas à dessein. Lorsqu’il se rendait en première ligne, il n’avait pas de caméras avec lui pour le filmer, mais ce sont les (combattants) présents sur place qui le filmaient, car comme tu le sais, ils ont tous des smartphones avec lesquels ils photographiaient ou filmaient le Hajj et diffusaient les images sur les réseaux sociaux. (Lorsque je lui reprochais cette imprudence), il me répondait « Mais ces jeunes (combattants) sont en première ligne, prêts à se sacrifier, risquant leur vie à chaque instant. Je n’ose pas leur dire de ranger ces téléphones ou leur interdire de me filmer parce que cela me met en danger. » C’est pourquoi il les laissait faire. Et en vérité, les premières images et films du Hajj Qassem à avoir été diffusées ne l’ont pas été par lui ni par les forces d’Al-Quds (Jérusalem), mais par les combattants de première ligne qui filmaient et photographiaient ses visites et sa présence parmi eux puis les diffusaient. Et c’est comme ça que ces images se sont répandues sur les réseaux sociaux. Il n’y avait pas d’autre choix. Car il se serait senti honteux d’interdire à ces jeunes combattants de le filmer sous prétexte que cela le mettrait en danger, alors qu’ils étaient eux-mêmes les plus exposés à la mort. Telle est la véritable raison de la présence du Hajj Qassem dans les médias durant ces dernières années, qui n’était nullement un acte délibéré.

Journaliste : Après la défaite du projet daechi et takfiri en Irak et en Syrie, avez-vous rencontré le Hajj Qassem et Abu Mahdi al-Muhandis ensemble ?

Hassan Nasrallah : Oui, nous nous sommes rencontrés tous les trois. Cette photo [cf. ci-dessus] a été prise chez nous, dans la banlieue sud de Beyrouth. Les frères ont fait un montage (incluant tous les martyrs tués aux côtés de Soleimani et al-Muhandis), mais sur la photo originale, ils sont assis sur un canapé dans mon bureau.

Nous étions ensemble. Et il y a également des photos de nous trois réunis, moi, le Hajj Qassem et le Hajj Abu Mahdi.

Nous avions eu une longue rencontre dont l’objectif était l’évaluation des derniers événements en Irak, de ce que nous (le Hezbollah) pourrions faire pour l’aider dans la prochaine étape, et d’un autre côté, au cas où une guerre israélienne contre le Liban ou contre la région serait déclenchée, de ce que nos frères irakiens pourraient faire pour nous aider face à cette guerre. […]

 

Lecture complémentaire :

« Le Hezbollah, son histoire de l’intérieur » (format PDF)

 

Entretien avec le General Qassem Soleimani sur la guerre de juillet 2006 contre le Hezbollah…
Les dessous de la guerre : VIDEO

 

 

Assassinat de Qassem Soleimani par Trump : L’Irak émet un mandat d’arrêt contre « Donnie mains d’enfant »…

Posted in 3eme guerre mondiale, actualité, colonialisme, guerre iran, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , on 8 janvier 2021 by Résistance 71

 

 

 

Assassinat de Soleimani : La justice irakienne lance un mandat d’arrêt contre Trump

 

Al Manar

 

7 janvier 2021

 

url de l’article en français :
https://french.almanar.com.lb/1980772

 

Un tribunal irakien a délivré, jeudi 7 janvier, un mandat d’arrêt national contre le président américain sortant Donald Trump dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat d’Abou Mehdi al-Mouhandes, numero deux du Hachd Chaabi en Irak, assassiné par un drone US l’année dernière aux côtés du général iranien Qassem Soleimani.

Le tribunal des enquêtes de Roussafa, le secteur oriental de Bagdad, « a décidé de délivrer un mandat d’arrêt contre le président sortant des États-Unis d’Amérique Donald Trump conformément à l’article 406 du Code pénal irakien », détaille un communiqué de l’Autorité judiciaire.

Cet article prévoit la peine de mort pour tout meurtre avec préméditation.

Le tribunal assure avoir conclu l’enquête préliminaire mais « les investigations se poursuivent pour démasquer les autres auteurs de ce crime, qu’ils soient Irakiens ou étrangers ».

En juin déjà, l’Iran avait émis un mandat d’arrêt et réclamé l’émission d’une « notice rouge » auprès d’Interpol contre Trump pour la mort du général Soleimani, une procédure qui n’a jusqu’ici pas abouti.

Le drone qui a pulvérisé les véhicules des deux hommes le 3 janvier 2020 à l’aéroport de Bagdad avait décollé sur ordre de M. Trump qui s’était réjoui quelques jours plus tard d’avoir assassiné « deux (hommes) pour le prix d’un ».

Cet assassinat a été qualifié d’ »illégal » et « arbitraire » par Agnès Callamard, Rapporteure spéciale sur les exécutions extrajudiciaires de l’ONU.

Le Premier ministre irakien accusé de complicité

Depuis un an, des partis irakiens ne cessent d’accuser nommément le Premier ministre irakien Moustafa al-Kazimi, alors uniquement chef du renseignement, de complicité dans ces assassinats.

Avec les commémorations du premier anniversaire de l’assassinat des deux hommes, le climat politique déjà tendu à l’approche de législatives promises en juin est devenu délétère.