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Recolonisation de l’Afrique: Le partage du Nigéria et du Cameroun par la France et le pays du goulag levant (ex-USA)

Posted in 3eme guerre mondiale, actualité, altermondialisme, colonialisme, France et colonialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, N.O.M, néo-libéralisme et paupérisation, police politique et totalitarisme, politique et lobbyisme, politique et social, politique française, résistance politique, terrorisme d'état, Union Europeenne et nouvel ordre mondial with tags , , , , , , , , , , , , , , , on 14 mars 2015 by Résistance 71

Nous l’avons dit et le redirons sans cesse: Lutter contre l’empire actuel ou tout autre empire, c’est lutter contre le colonialisme toujours bien vivace même s’il a muté depuis sa forme originelle du XVème siècle. Il faut l’éradiquer à la racine pour sauver l’humanité, la solution réside en l’alliance des peuples occidentaux émancipés de l’idéologie colonialiste qui les oppresse également, avec les peuples et nations des pays colonisés, à commencer avec ceux qui sont toujours DIRECTEMENT sous le joug colonial sur les continents des Amériques et d’Océanie.

La racine du mal est le suprématisme euro-américano-centrique, ancré dans la doctrine chrétienne de la découverte fabriquée et appliquée depuis le XVème siècles sur édits papaux du Vatican.

— Résistance 71 —

 

Le projet franco-américain de partage du Nigéria et du Cameroun se concrétise

 

Ibrahima Séne

 

11 Mars 2015

 

url de l’article:

http://www.michelcollon.info/Le-Projet-franco-americain-de.html?lang=fr

 

Le Nigéria, en Afrique de l’Ouest, et le Cameroun en Afrique centrale, sont ainsi devenus des verrous à faire sauter pour le contrôle total du Golfe de Guinée par les USA, et de la Zone sahélo-sahélienne par la France. En effet, la puissance économique du Nigéria, ainsi que les ressources pétrolières du Golfe de Guinée et la présence effective de la Chine dans la zone, dérangent les grandes puissances du monde.

En Afrique, nous vivons dans un monde d’affrontements économiques entre nations, opposant deux blocs : les nouvelles puissances planétaires que sont désormais la Chine, l’Inde, la Russie regroupés avec d’autres au sein des BRICS, d’une part, et, d’autre part, les Etats-Unis et l’Union Européenne dont la France est le fer de lance. 

Dans le contexte international morose actuel, le choc violent entre les deux blocs est aujourd’hui à l’œuvre tant en Europe de l’Est (crise Ukrainienne), qu’au Moyen Orient (crise Syrienne et Irakienne), et en Afrique, avec la crise dans la Zone Sahélo Sahélienne (Mali et Centrafrique), et la crise dans le Golfe de Guinée (Nigéria et Cameroun). 

Dans ce cadre, le Golfe de Guinée, dont les ressources naturelles sont convoitées de toutes parts, est devenu le champ de bataille où les USA ont déployé une puissante Armée d’intervention, AFRICOM, pour la maîtrise des produits de base nécessaires à leur économie, à l’exclusion des pays des BRICS, la Chine notamment.

Le Nigéria, en Afrique de l’Ouest, et le Cameroun en Afrique centrale, sont ainsi devenus des verrous à faire sauter pour le contrôle total du Golfe de Guinée par les USA, et de la Zone sahélo sahélienne par la France. 

En effet, la puissance économique du Nigéria, ainsi que les ressources pétrolières du Golfe de Guinée et la présence effective de la Chine dans la zone, dérangent les grandes puissances du monde, y compris l’Arabie Saoudite et le Qatar en tant que pays membres de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole). Pour ces deux pays de l’OPEP, l’arme de « destruction massive » contre le Nigéria, est la « spéculation à la baisse du prix du baril du pétrole ». 

De même que le Cameroun, qui a connu une diversification géographique de ses partenaires, avec l’augmentation de la part de l’Asie dans les échanges qui est passée de 9% en 2004 à 16% en 2010, contre 68% à 38% pour l’Union européenne, et qui a enregistré, ces trois dernières années, un renversement spectaculaire dans ses rapports avec les bailleurs de fonds.

C’est ainsi que la Chine est devenue, entre 2009 et 2011, le principal bailleur de fonds du Cameroun avec 34% en moyenne du total, loin devant la France qui vient en seconde position avec 17%. 

Le Nigéria et devenu récemment, la première puissance économique de l’Afrique et le pivot central de l’intégration ouest africaine dans le cadre de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest). Le Cameroun est la première puissance économique de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), et le pivot de l’intégration des Etats du Centre dans le cadre de la CEEAC (Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale). 

En outre, le Cameroun bénéficie d’une position géographique qui lui fait assurer un rôle de jonction entre le Nigeria et l’Afrique centrale, dans le positionnement géostratégique des grandes puissances autour du Golfe de Guinée.

Tous ces deux pays sont la cible directe de BOKO Haram, qui se réclame de l’Etat Islamique, et qui menace leur intégrité territoriale dans le but évident d’entrainer leur effondrement économique, et leur partition en micro Etats. 

En ciblant le Cameroun en plus du Nigéria sans aucune raison politique, Boko Haram s’avère donc être le cheval de Troie de l’offensive franco-américaine pour parachever leur contrôle stratégique dans la zone sahélo sahélienne et dans le Golfe de Guinée. 

Boko haram, ne contrôlant aucune zone pétrolifère, et évoluant dans la partie la plus défavorisée du Nigéria, étonne par sa puissante armée et sa puissance de feu, contre lesquelles l’Etat de la première puissance économique et de la plus puissante armée de la CEDEAO, peine à faire face. 

Ce paradoxe est présenté dans l’opinion internationale comme étant le résultat d’une politique désastreuse de l’Etat dans sa partie Nord, et par la corruption qui le gangrène et rend son armée impotente.

Cependant, l’on peut se demander comment le Nigéria a-t-il pu se hisser à la première place de l’économie du continent, et ses nationaux avoir le contrôle de leur économie, si la corruption y était relativement plus développée que dans les autres pays d’Afrique ? 

Ne nous a-t-on pas toujours dit que la corruption est l’élément explicatif de notre retard économique ? 

De même, l’inefficacité de l’Armée nigériane tient aussi, en grande partie, de l’épée de Damoclès que la Cour pénale Internationale(CPI) tient au-dessus des têtes des autorités gouvernementales et de l’armée, avec la procédure judiciaire qu’elle a entamée pour enquêter sur des allégations de « crimes de guerre » et de « crimes contre l’humanité », qui seraient commis dans la lutte contre Boko Haram.

En outre, l’incapacité du pouvoir et de l’opposition à se retrouver avec l’appui des organisations de la société civile, pour mettre en place un large front de défense de l’intégrité de leur territoire et de la sécurité de leurs citoyens, n’a pas manqué de jouer sur le moral des troupes qui ne sentent pas derrière elles, le soutien de leur peuple dans cette épreuve. 

Au contraire, les préoccupations électoralistes, qui divisent les forces vives de la Nation, l’emportent sur le sursaut national salvateur, même quand les observateurs prévoient une crise postélectorale majeure, de laquelle l’unité du Nigéria risque de pâtir. 

C’est dans ce contexte que les USA viennent de jeter le masque en critiquant, sous prétexte du respect nécessaire du calendrier électoral, le report des élections décidé par la Commission Electorale du Nigéria, que le principal parti de l’opposition a repris à son compte en organisant des manifestations de désapprobation dans les rues.

Cette position de l’opposition nigériane, qui refuse de voir que l’insécurité au Nord du fait de Boko Haram, transforme en vulgaire parodie de la Démocratie, toute tenue des élections avant son éradication totale, rappelle tristement celle de l’opposition du Mali, dont les conséquences désastreuses ont rendu, aujourd’hui, ce peuple et son armée nationale, impuissants devant les tentatives de matérialisation de la partition du pays. Les USA misent ainsi sur l’opposition pour la tenue de ces élections dans ce contexte d’insécurité et de division politique, qui menace d’instabilité ce pays et sa sous-région. 

De même, après avoir pris la pleine mesure des conséquences de cette crise post-électorale, combinée avec les agressions de Boko Haram, qui vont créer les conditions idéales de partition du Nigéria, avec ses répercussions inévitables sur l’intégrité territoriale du Cameroun, la France a anticipé sur cette situation en perspective. 

C’est la raison pour laquelle, elle a actionné le Tchad, son « bras armé dans la Zone sahélo sahélienne, pour prendre les devants, en occupant militairement une partie du Nigéria, sous prétexte de voler secours à ce peuple meurtri, en y entraînant le Niger, au nom de la défense de sa sécurité ! 

Mais le gouvernement du Cameroun, qui a très tôt perçu les menaces que fait peser Boko Haram sur l’intégrité de son territoire, n’a pas hésité à s’adresser à la Russie pour mieux équiper ses forces armées et de défense.

Les pays membres de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) dont le Cameroun est l’un des principaux pivots économiques et militaires, viennent de décider d’un soutien de 50 milliards de francs CFA à ce pays pour mieux faire face, alors que les membres de la CEDEAO se signalent par leur absence totale de solidarité envers le Nigéria. 

Il est vrai que l’unité des forces vives du Cameroun autour de leur gouvernement et de leurs forces armée et de sécurité, a fait cruellement défaut au Nigéria, et sert de prétexte aux Etats de la CEDEAO, dont les Chefs s’alignent derrière les USA sur la question du respect du « calendrier électoral », comme ils le firent au Mali, sans en avoir tiré les conséquences sur les graves risques de partition de ce pays qu’ils ont ainsi favorisés.

Cependant, la France ne se suffit pas de son « bras armé » pour s’assurer une présence durable sur le sol Nigérian, sans être mise à l’index. C’est la raison de son agitation actuelle pour l’envoi d’une force internationale que l’UA avait refusé lors de son dernier sommet qui a promu le Président Mugabe du Zimbabwe à sa tête, compte tenu de l’expérience de ces types d’intervention en Afrique, et récemment au Mali. L’Union africaine avait préféré une forme africaine qui devra compter 8 700 hommes issus des pays de la ligne de front : Cameroun, Tchad, Nigeria, Niger. 

Ainsi, avec ce projet Franco-américain, c’est tout le rêve, qui est investi par les panafricanistes dans la réalisation de la CEDEAO et de la CEEAC, qui risque de se briser. 

Tous ensemble pour le report des élections au Nigéria, la mise en place d’un Gouvernement de salut national, et pour l’annulation des procédures judiciaires de la CPI, pour libérer ce pays de Boko Haram et sauver la CEDEAO et la CEEAC des peuples !

Résistance au colonialisme: Thomas Sankara, un héros de l’Afrique…

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Vie et combats de Thomas Sankara

 

Saïd Bouamama

 

19 Novembre 2014

 

Url de l’article original:

http://www.michelcollon.info/Vie-et-combats-de-Thomas-Sankara.html?lang=fr

 

« Notre révolution au Burkina Faso est ouverte aux malheurs de tous les peuples. Elle s’inspire aussi de toutes les expériences des hommes depuis le premier souffle de l’humanité. Nous voulons être les héritiers de toutes les révolutions du monde, de toutes les luttes de libération des peuples du tiers monde ». Thomas SANKARA, « La liberté se conquiert par la lutte », Discours à l’Assemblée générale des Nations unies, 1984. Investig’Action offre à ses lecteurs un extrait du livre Figures de la révolution africaine de Saïd Bouamama consacré à la figure révolutionnaire de Thomas Sankara.

Au sommet de l’OUA, en juillet 1987, le président du Faso lance devant ses homologues ébahis un mémorable discours qui restera dans l’histoire comme l’un des plus marquants manifestes contre les dettes injustes et illégitimes :

La dette s’analyse d’abord de par son origine. Les origines de la dette remontent aux origines du colonialisme. Ceux qui nous ont prêté de l’argent, ce sont eux qui nous ont colonisés. Ceux sont les mêmes qui géraient nos États et nos économies […].

La dette, c’est encore le néocolonialisme où les colonialistes se sont transformés en assistants techniques (en fait, nous devrions dire en « assassins techniques »). Et ce sont eux qui nous ont proposé des sources de financement […]. On nous a présente des dossiers et des montages financiers alléchants. Nous nous sommes endettés pour cinquante ans, soixante ans et même plus. C’est-à-dire que l’on nous a amenés à compromettre nos peuples pendant cinquante ans et plus.

La dette sous sa forme actuelle est une reconquête savamment organisée de l’Afrique, pour que sa croissance et son développement obéissent à des paliers, à des normes qui nous sont totalement étrangers. Faisant en sorte que chacun de nous devienne l’esclave financier, c’est-à-dire l’esclave tout court, de ceux qui ont eu l’opportunité, la ruse, la fourberie de placer des fonds chez nous avec l’obligation de rembourser. […]

Nous ne pouvons pas rembourser la dette parce que nous n’avons pas de quoi payer. Nous ne pouvons pas payer la dette parce qu’au contraire les autres nous doivent ce que les plus grandes richesses ne pourront jamais payer, c’est-à-dire la dette de sang […].

Quand nous disons que la dette ne saura être payée, ce n’est point que nous sommes contre la morale, la dignité, le respect de la parole. [C’est parce que] nous estimons que nous n’avons pas la même morale que les autres. Entre le riche et le pauvre, il n’y a pas la même morale » .

Moins de trois mois après, Thomas Sankara est assassiné. Il avait prévu cette possibilité en soulignant à Addis-Abeba la nécessite d’un refus collectif du paiement de la dette « pour éviter que nous allions individuellement nous faire assassiner ».

Et de prophétiser : « Si le Burkina Faso tout seul refuse de payer la dette, je ne serai pas la à la prochaine conférence. »

« ON PEUT TUER UN HOMME MAIS PAS DES IDÉES »

Sankara sait de quoi il est question lorsqu’il parle de la dette. L’expérience révolutionnaire du Burkina est menacée par les remboursements de cette dette, dont le poids est devenu insupportable alors que dans le même temps l’aide internationale chute de 25 % et l’aide bilatérale française passe de 88 millions à 19 millions de dollars entre 1982 et 1985 .

Ce cadre de contrainte conduit, des 1983, à une rigueur implacable que Sankara s’applique d’abord à lui-même et à ses proches. Le président du Faso ne dispose que de deux outils pour améliorer les conditions matérielles d’existence des plus démunis et financer le développement autocentré. Le premier est la baisse des dépenses de fonctionnement des services publics. Le second est la mise à contribution des seuls contribuables qui ont un revenu stable, les salariés urbains et en particulier les fonctionnaires. La hausse des cotisations sociales et taxes diverses s’appliquant aux fonctionnaires est constante. Journaliste spécialiste du Burkina Faso, Pascal Labazée estime à 30 % la baisse du pouvoir d’achat des salaires urbains entre 1982 et 1987 .

Petit à petit, les contradictions s’exacerbent entre les fonctionnaires et le pouvoir. Elles sont en outre entretenues par l’opposition. Le Syndicat national des enseignants africains de Haute-Volta (SNEAHV), dont plusieurs dirigeants sont membres du Front patriotique voltaïque, une organisation s’opposant au CNR se fait le porte-parole du mécontentement.

L’arrestation, le 12 mars 1984, de quatre dirigeants de ce syndicat pour « complot contre la sûreté de l’État » entraîne un mot d’ordre de grève pour les 20 et 21 mars. Dès le lendemain, le ministre de la Défense annonce sur les ondes le licenciement des 1 380 enseignants grévistes. La Confédération syndicale burkinabé (CSB), proche du PAI, reste pour sa part plus longtemps fidèle au régime révolutionnaire. Mais, se montrant plus revendicative à partir de 1984, lorsque le PAI rompt avec le CNR, elle est à son tour confrontée à la répression. Son secrétaire général est arrêté, l’accusation d’« anarcho-syndicalisme » entre dans le discours officiel et le président du Faso perd ainsi un de ses alliés les plus anciens et les plus importants. Confronte à cette grave crise sociale, Sankara explique ainsi son dilemme :

« Il y a un choix à faire. Ou bien nous cherchons à contenter les fonctionnaires – ils sont à peu près 25 000, disons 0,3 % de la population –, ou bien nous cherchons à nous occuper de tous ces autres qui ne peuvent même pas avoir un comprimé de nivaquine ou d’aspirine et qui meurent simplement quand ils sont malades » .

Si l’on peut comprendre que la priorité de Sankara aille à la seconde catégorie, la question du rythme des changements est plus discutable. Pour évaluer ce rythme, il manque au président du Faso un outil de liaison politique permanent avec les différents secteurs sociaux des classes populaires. La division des organisations politiques de gauche les empêche de jouer cette fonction politique. Sankara ne ménage pas ses efforts pour les faire converger mais, comme il l’explique en 1984, il ne veut pas reproduire les erreurs d’autres expériences révolutionnaires africaines :

« Nous pourrions, bien sûr, créer un parti tout de suite […]. Mais nous ne tenons pas à calquer, à reproduire ici naïvement, et d’une manière plutôt burlesque, ce qui a pu se faire ailleurs. Ce que nous aimerions, c’est d’abord tirer profit des expériences des autres peuples. […] Nous ne voulons pas qu’elle [l’organisation] s’impose de manière dictatoriale ou bureaucratique, comme cela a pu se passer ailleurs… Il faut qu’elle soit […] l’émanation d’un désir populaire profond, d’un vœu réel, d’une exigence populaire » .

Les CDR de leur côté ne peuvent pas non plus assurer cette fonction politique. Ce sont les militaires qui héritent dès le début du secrétariat général des CDR. Le capitaine d’aviation Pierre Ouedraogo, « un des amis de Sankara issus du cercle politique de la première heure » ( ), est nommé secrétaire général national des CDR. Il impulse une logique du changement « par en haut » tendant ainsi à transformer ces structures censées être de « démocratie directe » en simple « courroie de transmission ». Plus grave, les CDR sont instrumentalisés au service de la lutte au sein du CNR.

« Ainsi, résume Bruno Jaffré, les CDR ont incontestablement joué un rôle répressif en procédant à des arrestations arbitraires souvent sur ordre du secrétariat général des CDR. Ils ont aussi participé aux différentes offensives qui ont eu lieu contre les syndicats et servi de masse de manœuvre dans la sourde bataille que se livraient les différentes factions politiques pour le contrôle du pouvoir note. »

Les interventions du président du Faso en avril 1986, lors de la première conférence nationale des CDR, soulignent son inquiétude sur les nombreuses dérives de ces organismes. Il y dénonce certains CDR qui « deviennent de véritables terreurs pour les directeurs », épingle ceux qui « arborent tout un arsenal d’armes » et utilisent la menace et condamne ceux qui « ont fait des choses exécrables » et qui « ont profité de la patrouille pour piller note ».

Dans de nombreux villages, les CDR ne jouent pas non plus le rôle prévu et leurs élus sont soit les notables traditionnels, soit des hommes à leur service. Analysant l’évolution du pouvoir local villageois dans l’Ouest burkinabé, le sociologue Alfred Schwartz conclut à la continuité réelle sous l’apparence du changement, c’est-à-dire « à une subordination de fait du pouvoir “révolutionnaire” au pouvoir coutumier note ».

L’ampleur des changements effectués, le rythme intensif avec lequel les réformes sont menées, l’importance des efforts demandes, les rancœurs que suscitent ces bouleversements et l’absence d’élections toujours inquiétante dans un pays qui se revendique du « peuple » tendent à se coaguler pour nourrir une opposition diffuse qui gagne en audience et à reléguer au second plan les améliorations pourtant palpables pour la grande majorité. Quelques mois avant son assassinat, Sankara semble pourtant avoir acquis une vision plus réaliste de la situation. Dans son discours célébrant le quatrième anniversaire de la révolution, le 4 août 1987, il appelle à une pause des reformes afin « de tirer les leçons et enseignements de notre action passée pour […] nous engager davantage dans la lutte de façon organisée, plus scientifique et plus résolue » .

Sankara semble lui-même quelque peu dépasse par les événements, comme il le reconnaît avec humilité dans une interview télévisée :

« Je me retrouve un peu comme un cycliste qui grimpe une pente raide et qui a, à gauche et à droite, deux précipices. […] Pour rester moi-même, pour me sentir moi-même, je suis obligé de continuer dans cette lancée … »

Ces contradictions internes sont attentivement scrutées par les multiples adversaires extérieurs du régime sankariste. Du pouvoir malien, secoue par des agitations lycéennes et étudiantes en décembre 1985 et qui déclenche une nouvelle guerre contre le Burkina dans cette période, à celui de la Côte-d’Ivoire qui accueille les opposants burkinabé, nombreux sont les dirigeants des pays limitrophes que gène le bouillant président du Faso. La France, ancienne puissance coloniale, craint pour sa part ce dirigeant qui condamne ouvertement le franc CFA comme « une arme de la domination française » et la Francophonie comme « une stratégie néocolonialiste » .

Et qui, en plus de boycotter le sommet franco-africain de Lomé (novembre 1986), n’hésite pas à critiquer publiquement François Mitterrand. C’est le cas notamment lors de la visite officielle de ce dernier au Burkina Faso, en novembre 1986, lorsque Sankara critique, dans un style offensif qui rappelle le « non » de Sékou Touré à de Gaulle en 1958, la récente visite du président sud-africain Pieter Botha en France :

Nous n’avons pas compris comment des bandits comme [le guérillero angolais] Jonas Savimbi [et] des tueurs comme [le président sud-africain] Pieter Botha ont eu le droit de parcourir la France si belle et si propre. Ils l’ont tachée de leurs mains et de leurs pieds couverts de sang. Et tous ceux qui leur ont permis de poser ces actes en porteront l’entière responsabilité ici et ailleurs, aujourd’hui et toujours.

Certes, personne ne peut encore dire de manière certaine qui sont les commanditaires de l’assassinat de Sankara, le 15 octobre 1987, lors du coup d’État qui permet à Blaise Compaoré de prendre le pouvoir. En revanche, la question que Sankara lui-même posait à propos de l’assassinat du président mozambicain Samora Machel, décédé en octobre 1986 dans un accident d’avion, est pertinente dans son propre cas :

« Pour savoir qui a tué Samora Machel, demandons-nous qui se réjouit et qui a intérêt à ce que Machel ait été tué. » ( ) On ne peut alors que constater que la mort de Sankara et la politique de « rectification » lancée par Compaoré ont permit au système « françafricain », qui n’a cessé de se reproduire depuis les indépendances de 1960 (voir chapitre 6), de reprendre la main sur un pays qui risquait, sous l’impulsion de son révolutionnaire chef d’État, d’emmener ses voisins sur les chemins de l’insoumission.

Les causes qui ont fait émerger la révolution sankariste, à savoir l’oppression, l’exploitation et l’injustice, n’ayant pas disparu, il est peu probable que les principes que Sankara a tenté de mettre en pratique se perdent dans l’oubli. « On peut tuer un homme mais pas des idées », aimait-il lui-même à répéter.

Extrait du livre « Figures de la libération africaine. De Kenyatta à Sankara », Saïd Bouamama, Paris Zones, 2014.

Résistance politique: Afrique et résurgence colonialiste…

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Ces frères et sœurs nègres fiers valets du Couchant

 

Léon Tuam 


 

Activiste des Droits Humains et écrivain, 


 

1er Avril 2014

 

url de l’article:

http://www.cameroonvoice.com/news/article-news-14675.html               

 

 

Ces frères et sœurs Nѐgres fiers valets du Couchant qui avec zèle vassalisent toujours l’Afrique

À l’heure où mes frères et sœurs Nègres en particulier et les Africains en général ont bu de tout ce qu’il y a comme humiliation et mal sur terre, à l’heure où ils ont tout vu, tout entendu, tout ressenti, tout subi et tout appris, il est surprenant et assez poignant que beaucoup d’entre nous embrassent encore chaudement le rôle-valet des forces extérieures qui font tout pour diviser, déstabiliser et ruiner l’Afrique.

L’exemple de ce comportement bon-Nѐgre amnésié s’est derechef exposé le 26 février 2014 lors du sommet des chefs d’Etat et du gouvernement du Marché Commun de l’Afrique Australe et de l’Est à Kinshasa.

Il est depuis 2009 reproché au président Omar El-Béchir du Soudan des « crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide » contre son peuple. Un ensemble de pays du Couchant s’est décidé (pour des raisons économiques et stratégiques) qu’il devait être arrêté et traduit devant la justice internationale, et la CPI en a fait son affaire.

Le côté blessant pour ne pas dire le côté atomisant, c’est le suivisme abject de certains Africains casés sous certaines organisations basées à Kinshasa et ailleurs.

Hormis ce machin de CPI, la FIDH et Amnesty International, et plus de six organisations locales s’étaient mobilisées pour demander l’arrestation immédiate à Kinshasa d’Omar El-Béchir pour faire face à la justice internationale.

Il me semble que ces frères et sœurs Nѐgres fiers valets et ces autres Africains habituellement rompus dans ce rôle ont la mémoire très courte. Ne savent-ils pas que les tristes événements du Darfour tiennent d’un plan savamment tissé de l’extérieur pour nuire a Béchir et pour mettre la main sur les richesses de cette partie du Soudan, et que ce sont les pyromanes qui se font par la suite pompiers ?

Quand est-ce que communément nous devons comprendre ces choses-là ? Est-ce si difficile ? Des individus et nombre de personnes morales en Afrique sont tellement attirés et liés aux miettes et promesses que leur lancent des groupes extérieurs qu’ils se trouvent amnésiés et dépêtrés de tout sens de la droiture et de toute dignité ! C’est drôle, ah oui c’est bien drôle.

Si déjà mes frères et sœurs de la RDC ne peuvent voir droit devant eux, s’ils sont incapables d’identifier à côté d’eux et sous leurs pieds les responsables directs et indirects de la grande tragédie continuelle au pays de Lumumba, et de se battre mordicus pour que les vrais criminels soient traduits devant cette boîte de l’impérialisme (CPI) eh bien, je me demande quel bon jugement et quelle compétence ont-ils à vouloir exiger l’arrestation d’El-Béchir.

Ce fut une grande distraction du peuple congolais et cette démarche continue, en attendant la partition de ce grand pays ; car pendant que les Congolais sont distraits et se font distraire, tout se met en place pour leur voler la partie la plus riche du Congo.

Mes frères et sœurs Nѐgres fiers valets du Couchant parlent de quelle « justice internationale » ? Pourquoi pouvons-nous tomber si bas, si bas au moment où la somme des malheurs, des humiliations et des douleurs qui nous ont été longtemps infligées feraient de nous les plus prudents, les plus unis, les plus déterminés, les plus entreprenants et courageux de la planète ?

De quelle « justice internationale » parle-t-on quand la justice n’est pas toujours rendue sur les nombreux morts du Congo depuis Lumumba ? De quelle « justice internationale » parle-t-on quand rien n’est toujours dit des génocides en régions Bassa et Bamiléké du Cameroun ?

De quelle « justice internationale » parle-t-on quand les victimes et parents de victimes des massacres d’Algérie attendent toujours que lumière soit faite sur les fleuves de sang que le pays connut ?

De quelle « justice internationale » parlent des Africains au moment où les mêmes criminels internationaux qui jadis tuèrent ou virent tuer en silence s’apprêtent à nouveau à s’appuyer sur d’autres Algériens-valets et étrangers pour massacrer derechef et mettre la main sur les richesses de ce pays ? De quelle « justice internationale » parle-t-on ?  De celle à naître, peut-être ?

Où est passée cette justice pour arrêter et juger les vrais criminels responsables directs des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et de génocide de Kossovo, d’Irak, d’Afghanistan, de la Libye et de la Côte d’Ivoire, etc. ? Où est-elle pendant que des familles et populations de ces nations sont inconsolables ?

La CPI, la FIDH, Amnesty International, la LE, l’ACAJ, la VSV et autres  manquent de rigueur, de consistance et d’impartialité dans leurs travaux parce qu’inféodés aux puissances économiques et financières qui leur dictent souvent la conduite à tenir. Par conséquent, ils sont mal placés pour juger ou faire juger Omar El-Béchir et d’autres Africains et feraient mieux de se taire.

Allons-nous courir le risque de dire que l’Africain est l’être sur terre le plus naïf et le mieux manipulable ? Non, ce serait une sottise quand on connaît et voit au quotidien d’autres dignes fils d’Afrique courageux, patriotes et intelligents défendre ce continent à y perdre leurs vies ; pendant que d’autres traîtres et valets africains manipulés voient par exemple en Robert Mugabe le criminel, le diable.

C’est le peu et le mieux que nous puissions brièvement dire de/à nos frères et sœurs Nègres en particulier et africains en général au sujet de leur rôle-valet qui, avec zèle, vassalisent l’Afrique et compromettent ses chances d’élévation au rang des continents puissants.

Nos armes essentielles sont le courage et la droiture, armes de choix que ni les intimidations ni les coups bas des prétendus donneurs de leçons en Droits Humains, en justice et démocratie, ne peuvent nous arracher. Que les Africains rectifient leurs conduites vis-à-vis d’eux-mêmes et du monde pour une véritable renaissance africaine.

France et colonialisme: Tout colonialisme est ethnocidaire et génocidaire, pourquoi le colonialisme français serait-il différent ?

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La France et l’esclavage, la France et le colonialisme, sont deux choses avec lesquelles peuple, politiques et intelligentsia se rejoignent souvent dans la dissonance cognitive qui les accompagne, en cela dûment induite par la propagande oligarchique.

Le colonialisme français a été aussi ignoble et meurtrier que les autres, la clef de notre futur est de le reconnaître et de nous en débarrasser, parce que nous ne l’avons toujours pas fait. L’auteure de l’article nous dit au premier paragraphe que la « la France ne possède plus de colonies à moins que vous ne désigniez par-là la Corse ; ce dont je doute. » Ceci est en fait erroné, que dire en effet des DOM-TOM ?… Des terres françaises « naturelles » par leur géographie ?… La France est toujours un pays colonial et cela doit cesser. Le grand mouvement planétaire de soutien aux peuples colonisés, bafoués, humiliés et massacrés durant plus de cinq siècles de vol, de viol, de pillage et de crimes impunis, prend une ampleur inégalée, qui verra bientôt naître une véritable résurgence humanitaire dans son universalité égalitaire.

« Aucune armée ne peut venir à bout d’une idée dont l’heure est venue » (Victor Hugo)

— Résistance 71 ~

 

Droit de Réponse à Marion Maréchal Le Pen

 

Farida Bemba Nabourema

 

5 janvier 2014

 

url de l’article:

http://www.legrandsoir.info/droit-de-reponse-a-marion-marechal-le-pen.html

 

« Dans nos colonies, nous n’avons jamais appliqué l’Apartheid. On peut en faire une fierté «  (Marion Maréchal Le Pen)
Mlle Le Pen, je peux écrire 1000 tomes d’un livre d’1 million de pages chacun pour vous relater la politique nauséabonde de votre chère France dans ses anciennes colonies… Je peux peindre avec le sang des dizaines de millions personnes que la France a bombardées, fusillées, pendues, trempées dans de l’acide, brulées vives, décapitées, enterrées vivantes, chacun des millions de murs en France, et toujours manquer de place pour y peindre les larmes qu’ont fait couler et continue à faire couler votre France dans ses anciennes colonies…

Mlle Marion Le Pen, je souhaiterais avant tout vous informer que la France ne possède plus de colonies à moins que vous ne désigniez par-là la Corse ; ce dont je doute.

Depuis de nombreuses années que je tombe à chaque fois par hasard sur les déclarations des membres de votre parti le Front National, et plus précisément de ceux de votre famille à savoir votre grand-père Jean-Marie Le Pen et votre tante Marine Le Pen, je n’ai jamais jugé bon de répondre aux multiples inepties que vos proches ont tendance à pondre. Mais cette fois, suite à votre déclaration incongrue qui sans nul doute affiche votre ignorance béante de ce pays que vous prétendez représenter à l’Assemblée Nationale, j’ai décidé de vous répondre car je n’ose pas croire que vous êtes une imbécile pour vous répondre par mon silence comme j’en ai pris l’habitude avec votre tante Marine.

Mlle Marion Le Pen, par cette déclaration « Dans nos colonies, nous n’avons jamais appliqué l’Apartheid. On peut en faire une fierté » que vous aviez faite sur BFM TV le 16 Décembre dernier lors d’une émission au cours de laquelle vous sembliez rendre hommage à Nelson Mandela, ce monsieur que votre « papy Jean Marie » traitait affectueusement de « terroriste » dans les années 80, vous ne m’avez point choquée car je sais que la France dans laquelle vous aviez grandi ne vous a jamais appris dans ses écoles, les horreurs qu’elle a commises dans ses anciennes colonies.

Vous êtes de cette génération à qui la France ment et à qui la France cache son linge sale que vous avez pourtant le devoir de laver afin de réduire le degré de haine et de dégout que ressentent ceux-là que votre pays dont vous êtes si fière a humiliés, déshumanisés, torturés, exploités, opprimés, réprimés et continue de martyriser. Comment pouvez-vous laver le linge sale de votre chère France si durant toute votre vie, les gens, comme votre grand-père, qui avaient soutenu l’Apartheid, ont passé leur temps à vous faire croire que la France n’a fait qu’aider les « autres » à se « civiliser ». Oui, la civilisation de la sauvagerie et de l’avilissement !

Mlle Le Pen, à 24 ans, vous êtes la plus jeune députée de France, et étant votre cadette de quelques mois seulement, je peux donc conclure que vous et moi sommes de la même génération et pourrai alors dire qu’à cet âge et avec le poste que vous occupez, vous devriez connaitre la vraie histoire de votre pays la France… si et seulement si vous eûtes fait preuve de moins de paresse intellectuelle en ne vous contentant pas que des histoires que vous raconte « Papy Jean-Marie » mais hélas ! Je vais donc vous rendre un très petit service en parcourant avec vous quelques-unes des politiques de la France dans ses anciennes colonies qui étaient pires que l’Apartheid en Afrique du Sud.

Avant tout, laissez-moi vous rappeler que vos ancêtres font partie de cette espèce d’êtres humains qui ont jugé noble d’acheter, de vendre d’opprimer et de massacrer d’autres êtres humains. Le Code Noir qui désigne l’ensemble de textes juridiques codifiant la vie des esclaves noires dans les anciennes colonies françaises (Indes françaises) est ordonné par le roi Louis XIV en 1685. Dans ce code, l’un des rois les plus adulés des « français de souches » comme vous Mademoiselle, a tout simplement animalisé les Noirs (pratique que des membres de votre parti telle qu’Anne-Sophie Leclère continuent) et dénigré d’autres peuples pour le simple fait que ceux-ci avaient une couleur de peau ou pratiquaient une religion différente de la vôtre.

L’article 1er du Code Noir nous dit :

« Voulons que l’Édit du feu roi de glorieuse mémoire, notre très honoré seigneur et père, du 23 avril 1615, soit exécuté dans nos îles ; se faisant, enjoignons à tous nos officiers de chasser de nos dites îles tous les juifs qui y ont établi leur résidence, auxquels, comme aux ennemis déclarés du nom chrétien, nous commandons d’en sortir dans trois mois à compter du jour de la publication des présentes, à peine de confiscation de corps et de biens. »

Le Code Noir chère Mlle Le Pen est le fondement même des systèmes de ségrégation raciale et raciste comme l’Apartheid et l’on peut dire que les Boers d’Afrique du Sud se sont inspirés de la cruauté de vos ancêtres pour établir une version beaucoup plus diluée du Code Noir en Afrique du Sud. De la même manière que les Noirs étaient interdits de se regrouper durant l’Apartheid, Le Code Noir stipule dans son article 16 :

« Défendons pareillement aux esclaves appartenant à différents maîtres de s’attrouper le jour ou la nuit sous prétexte de noces ou autrement, soit chez l’un de leurs maîtres ou ailleurs, et encore moins dans les grands chemins ou lieux écartés, à peine de punition corporelle qui ne pourra être moindre que du fouet et de la fleur de lys ; et, en cas de fréquentes récidives et autres circonstances aggravantes, pourront être punis de mort ».

En Afrique du Sud, bien que les Noirs fussent extrêmement sous-payés, ceux-ci recevaient quand même une compensation, aussi infime soit elle, pour leur travail, et avaient le droit d’exercer certaines petites activités commerciales.

Mais dans l’article 18 du Code Noir, Mlle Le Pen, il est dit ceci : « Défendons aux esclaves de vendre des cannes de sucre pour quelque cause et occasion que ce soit, même avec la permission de leurs maîtres, à peine du fouet contre les esclaves, de 10 livres tournois contre le maître qui l’aura permis et de pareille amende contre l’acheteur. » car vos ancêtres voulaient absolument éviter que les Noirs ne disposent de ressources financières qui risqueraient de leur permettre d’acheter leur liberté à leurs maitres comme c’était le cas dans certaines colonies britanniques et portugaises.

Dans les anciennes colonies françaises, les esclaves ne pouvaient même pas rêver acheter leur propre liberté. Durant la période de l’esclavage, de nombreux historiens révèlent que plus d’un million de Noirs ont été massacrés dans les colonies françaises seules. Vous me répondrez peut être que la République Française et plus précisément la 5ème République du héros Charles De Gaulle n’a rien à avoir avec cette France esclavagiste. Et bien c’est vrai ! Votre 5ème République Française est pire que la France de Louis XIV : elle est la France de la barbarie pure et simple.

Mlle Le Pen, serez-vous toujours fière de votre chère France en apprenant que celle-ci a massacré froidement et sans remords 120 mille camerounais en trois ans, de 1959 à 1962 pour le simple fait que ceux-ci ont réclamé leur droit le plus inaliénable qui est celui de l’auto-détermination ? Je n’invente pas les chiffres car c’est le journaliste du Monde André Blanchet qui le dit suite à ses enquêtes alors que les camerounais quant à eux parlent de plus de 200 mille morts.

En Algérie, il fut question de 700 mille morts durant cette guerre coloniale que la France niait jusqu’en 1999 et qu’elle désignait affectueusement par « évènements d’Algérie ». Au cours de la guerre d’Algérie, la France de De Gaulle avait créé des camps de concentration qu’elle avait rebaptisés « camp d’internement » dans lesquels elle torturait et abattait sauvagement les arabes qu’elle y emprisonnait. Des milliers de jeunes filles, pour la plupart des adolescentes, ont été arrachées à leurs parents qui furent exécutés, et réduites en esclaves sexuelles que les soldats français, que votre 5ème République a fièrement décoré plus tard, violaient passionnément et collectivement. Certaines des survivantes raconteront plus tard qu’elles étaient violées par au moins 100 soldats en une seule journée. Nombreuses furent celles qui tombèrent enceinte et eurent des « enfants sans père » qu’aujourd’hui vos camarades appellent amicalement « la racaille ».

Mlle Le Pen, comparer l’Apartheid aux bestialités de la France dans ses anciennes colonies est comme comparer une gifle à une décapitation. Loin de moi l’intention de minimiser les exactions du régime de l’Apartheid contre les Noirs d’Afrique du Sud ou encore moins de justifier l’Apartheid mais il est important que je vous apprenne que votre France, dont vous êtes si fière, fut et continue d’être l’une des puissances impérialistes les plus cruelles de l’histoire de l’humanité.

Dans mon pays le Togo, durant la conquête coloniale, les soldats français ont coupé les deux pouces à l’aide d’une hache, aux guerriers de l’ethnie Konkomba qui résistaient à l’occupation française munis de leurs arcs et flèches.

Mlle Le Pen, s’il vous est difficile d’imaginer la douleur que ces milliers d’hommes ont ressenti, je me propose de vous faire cette expérimentation mais malheureusement j’ai peur d’abimer vos maigres doigts qui n’ont surement jamais tenu une houe et un coupe-coupe de leur existence. C’est avec ces outils rudimentaires que des millions d’Africains ont cultivé des centaines de milliers d’hectares de force pour épargner la famine à votre peuple avant, pendant et après les deux guerres mondiales et la crise économique de 1929 qui ont rendu la France plus pauvre et plus féroce qu’elle ne l’était déjà .

Votre pays la France a établi après l’abolition de l’esclavage et bien entendu du Code Noir, un autre code cordialement appelé « Le Code de L’Indigénat ». Ce code qui fut adopté en Juin 1881 et imposé aux peuples des colonies françaises en 1887, « distinguait deux catégories de citoyens : les citoyens français (de souche métropolitaine) et les sujets français (les indigènes). »

Ce complexe de supériorité qui régente votre peuple et que votre parti ne cesse de témoigner à travers ses discours provocateurs vous donne le droit d’appeler les autochtones des pays que vous êtes partis piller, des « indigènes ». Ce code de l’indigénat réduisait de nouveau les Noirs à l’esclavage ; rebaptisé en « travaux forcés ». Dans les anciennes colonies françaises, les Noirs devaient travailler de force pour la France sans compensation aucune. Certains avaient le devoir de cultiver le café, le cacao, le coton et autres produits agricoles qui ne peuvent jamais germer sur votre pauvre sol français.

D’autres devraient quant à eux construire les chemins de fer et les wharfs qui devraient permettre à la France d’exporter les produits qu’elle volait aux colonies et d’autres enfin, devraient servir les administrateurs de colonies comme hommes de chambres, cuisiniers, vaguemestres, coursiers etc. La punition était les coups de fouet, l’amputation, ou la mort pour ceux qui voulait résister à la bestialité française. Entre 1908 et 1909, plus de 1500 « infractions » au Code de l’Indigénat ont été réprimées au Congo-Brazzaville seul et « en 1928, Albert Londres journaliste au Petit Parisien » découvre que la construction des voies ferrées ou les exploitations forestières provoquent un nombre effroyable de morts parmi les travailleurs africains du Sénégal au Congo et dans son article il écrira ceci : « Ce sont les nègres des nègres. Les maîtres n’ont plus le droit de les vendre. Ils les échangent. Surtout ils leur font faire des fils. L’esclave ne s’achète plus, il se reproduit. C’est la couveuse à domicile. »

La répression dans les colonies françaises était si aigüe que des millions de personnes ont fui leurs villages pour s’installer dans les colonies britanniques. Robert Delavignette haut fonctionnaire, directeur de l’École de la France d’outre-mer et spécialiste des questions coloniales a rapporté la migration de plus de 100,000 Mossis de la Haute Volta (actuelle Burkina Faso) à la Gold Coast britannique (actuel Ghana). Le journaliste Albert Londres quant à lui, révéla aussi que plus de 600,000 personnes ont fui les colonies françaises d’Afrique de l’ouest vers la Gold Coast et plus de 2 millions ont fui les colonies d’Afrique centrale et une partie de l’Ouest vers le Nigeria qui était aussi une colonie britannique. La barbarie inouïe des colonisateurs français était insupportable aux « indigènes » qui ont préféré la domination britannique à la domination française. Ne dit-on d’ailleurs pas « qu’entre deux maux il faut choisir le moindre ? »

Cependant, notez-bien Mademoiselle que la cruauté de cette France dont vous êtes si fière ne s’est pas arrêtée là. Afin de combler le vide dans ses colonies que les populations désertaient du faite de sa répression intense, la France « exportait » de force, comme des troupeaux, les Africains d’un pays à un autre pour les faire travailler dans ses plantations. Des milliers de personnes ont été parachutées de la Cote d’Ivoire à la Centre Afrique, du Sénégal au Congo et j’en passe.

Et quand ces dernières se sont décidées à obtenir leurs liberté de la France et à mettre fin à leur exploitation, domination, oppression et répression, la France les a massacré comme au Cameroun, en Algérie ou encore au Madagascar ou plus de 100,000 Malgaches ont été massacrés par les soldats français suite à leur soulèvement en 1947.

Mlle Le Pen, je peux écrire 1000 tomes d’un livre d’1 million de pages chacun pour vous relater la politique nauséabonde de votre chère France dans ses anciennes colonies. Je peux également passer des années à réciter les exactions commises par votre adorable France dans ses anciennes colonies qui surpassent de très loin ce que les Noirs d’Afrique du Sud ont connu avec les Boers. Je peux peindre avec le sang des dizaines de millions personnes que la France a bombardées, fusillées, pendues, trempées dans de l’acide, brulées vives, décapitées, enterrées vivantes, chacun des millions de murs en France, et toujours manquer de place pour y peindre les larmes qu’ont fait couler et continue à faire couler votre France dans ses anciennes colonies.

Et pour finir, notez pour votre gouverne que les Mandela de ces anciennes colonies à savoir Toussaint Louverture, Sylvanus Olympio, Ruben Um Nyobé, Barthélémy Boganda, Félix Moumié, Outel Bono, Modibo Kéita, Marien N’Gouabi, Ali Soilih, Mahamoud Harbi Farah, Germain Mba, Aline Sitoé Diatta, Thomas Sankara pour ne citer que ceux-la, ont été exécutés par cette France dont vous êtes si fière.

Ne venez surtout pas Mademoiselle remuer le couteau dans notre plaie qui refuse de guérir parce que des ignares se permettent à chaque fois de débiter des sordidités comme vous le faites.

Farida Nabourema, Washington, le 19 Décembre 2013.

 http://faridabemba.over-blog.org/article-droit-de-reponse-a-marion-mar…

 

Résistance politique: Combattre et éradiquer le fléau colonial, première nécessité ~ 2ème partie ~

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“Le grand responsable dans le domaine de la colonisation est le pédantisme chrétien pour avoir posé les équations malhonnêtes: Christianisme = Civilisation et Paganisme = Sauvagerie, d’où ne pouvait que s’ensuivre d’abominables conséquences colonialistes et racistes, dont les victimes devaient être les Indiens, les Jaunes et les Nègres.”
~ Aimé Césaire ~

*  *  *

“Au travers des années, les anthropologues ont réussi à enterrer les communautés indiennes si complètement sous une masse d’information sans aucune importance que l’impact total de la communauté universitaire sur les peuple indigène est devenu celui d’une simple autorité… Dans les grandes largeurs, les nègres étaient considérés comme des bêtes de somme, tandis que les peaux-rouges étaient considérés comme des animaux sauvages, les niakoués comme des animaux domestiques et les chicanos de marrantes bestioles fainéantes.”

~ Vine Deloria Jr. ~

 

 

Tuer le colon intérieur pour sauver l’homme

 

Résistance 71

 

1er Juillet 2013

 

Nous avons emprunté pour titre de cet exposé, en la paraphrasant, une déclaration tristement célèbre d’un capitaine de l’armée américaine, Richard Pratt, qui en 1892 déclara qu’il fallait “Kill the Indian and save the man” (“Tuer l’indien pour sauver l’homme” c’est à dire tuer l’indien à l’intérieur de lui-même pour sauver l’homme). Ceci fut le motto d’une des plus atroces campagnes de génocide culturel de l’Histoire, concernant les populations natives d’Amérique du Nord, qui vit les enfants indigènes arrachés de leur environnement pour être endoctrinés par la force dans des pensionnats où les histoires d’horreur d’abus d’autorité, de viols et de meurtres, tant sous l’égide des autorités étatiques que religieuses, sont légions. Pratt fut en charge du programme et ouvrit la première école à cet effet: la Carlisle School de sinistre renommée.

Nous avons vu dans notre précédent article sur le sujet “Tous colonisés”, que si la colonisation est le plus grand fléau de l’humanité, elle n’a pu être possible que parce que l’oligarchie qui la commandite a d’abord réussi à endoctriner les masses occidentales pour qu’elles acceptent le concept arrogant, fondamentalement raciste et criminel de la colonisation. Il a fallu que nous soyons “convaincus” du bien fondé de “l’universalisme occidental”, du “devoir de civilisation” de l’occident, si chers aux criminels tels Jules Ferry, larbins des cartels monopolistes industriels et banquiers en France et ailleurs en occident.

Si la colonisation est incontestablement plus dure dans les pays conquis, elle n’en est pas moins le résultat d’une colonisation des esprits à la maison, c’est en cela que nous sommes tous des colonisés, sous le joug de la même pensée unique doctrinaire et réactionnaire, qui écrase les peuples et annihile les consciences et les cultures.

Le devoir des peuples aujourd’hui, si nous voulons réellement échapper à l’emprise mortifère qui nous opprime tous, colonisés et colons pour la plupart involontaires, est le devoir de “décolonisation”. Nous devons décoloniser comme on dératise.

Grâce à un certain nombre de travaux ethnologiques et sociologiques, tels ceux de gens comme Aimé Césaire, Frantz Fanon pour la France ou Vine Deloria et Taiaiake Alfred pour l’Amérique du Nord (Deloria étant in Sioux, Alfred Iroquois, Mohawk, tous deux professeurs de science politique) nous avons une très bonne compréhension de ce qu’est la colonisation, ses tenants et aboutissants et certains principes pour l’éradiquer. Nous reprendrons ici en l’adaptant la méthode résultant d’une analyse de fond d’Alfred, pour permettre aux nations indigènes de rester sur le chemin de la décolonisation. Cette méthode peut et doit également être appliquée sur nous, afin que nous sortions de la transe suprémaciste factice forcée sur nous par une oligarchie avide de maintenir son pouvoir privilégié exclusif d’abord sur nous, puis sur les peuples des nations conquises, colonisées.

Les cinq points clés pour demeurer sur le chemin de la décolonisation:

(source: Taiaiake Alfred, professeur de science politique à l’université de Victoria, Colombie Britannique, Canada et directeur du programme d’étude sur la gouvernance indigène)

 

  • Langage: ne pas laisser la langue être annihilée, restaurer / maintenir le langage traditionnel
  • Territoire: connexion, relation à la terre ancestrale
  • Nourriture: retour à un régime alimentaire traditionnel
  • Peur: arrêter d’avoir peur, la peur est l’outil du contrôle
  • Pratique: mettre en pratique en groupe et étendre la sphère d’influence peu à peu

 

Ces cinq points clés ont été identifiés comme étant le meilleur moyen de garder les peuples colonisés sur le chemin de la décolonisation sans être récupérés, co-optés par les entités étatiques dont les fonctions sont de promouvoir le consensus du statu quo et la survie du pouvoir colonialiste. Ce chemin de la décolonisation est emprunté par un certain nombre de nations indigènes des Amériques, parfois avec grand succès ; citons par exemple la confédération iroquoise, qui a la particularité de se situer de part et d’autre de la frontière américano-canadienne, les nations de l’Ouest canadien en Colombie Britannique, la nation Lakota (Sioux) avec la création de la république des Lakotas après un retrait unilatéral du traité de Fort Laramie de 1868, la nation Mapuche au Chili et bien sûr les nations indigènes du Chiapas au sud du Mexique, dont nous relayons l’actualité sur ce blog le plus souvent possible et tous ceux que nous omettons qu’ils nous en excusent.

En quoi donc ceci peut-il être adapté aux peuples occidentaux, eux-mêmes colonisés par la pensée unique mortifère oligarchique, qui a historiquement forcée les peuples à accepter cette escroquerie de la “mission civilisatrice de l’occident” à des fins hégémoniques. Reprenons donc point par point le chemin de la décolonisation et voyons comment nous pourrions l’utiliser pour nous libérer nous-même de la transe maléfique dans laquelle nous avons été plongés il y a trop longtemps déjà.

1-   Le langage:

En ce qui nous concerne, nous devons faire attention à deux choses. La première est de ne pas laisser les langages dégénérer comme cela est en train de se faire avec l’ère électronique et l’avènement du code, de la convention de langage SMS et internet d’un côté et d’un autre côté de l’intégration de mots d’origines étrangères dans la langue. Si toute langue vivante évolue de manière naturelle, l’évolution d’une langue n’implique aucunement sa désintégration dans une bouillie pseudo multi-culturelle.
La seconde chose est le danger de l’imposition par la caste privilégiée d’une novlangue directement sortie du roman “1984” de George Orwell. Aujourd’hui, l’occident ne fait plus la guerre, il “intervient humanitairement pour la paix et la démocratie”, chez Orwell “la guerre est la paix”. Aujourd’hui, l’occident ne supprime pas les libertés individuelles, il “lutte contre le terrorisme”, ceci impliquant la surveillance de tout le monde et la perte des libertés individuelles (voir les lois liberticides en vigueur et le dernier scandale en date des écoutes mondiales de la NSA américaine). Aujourd’hui, comme chez Orwell, “le mensonge est vérité” et les ministères de la propagande occidentaux veillent au grain pour que le décryptage propagandiste ne puisse pas se faire à grande échelle. Ce fut vrai pendant un bon nombre de décennies, mais depuis plusieurs années, la résistance à la sémantique totalitaire a gagné pas mal de terrain.

2-   Le territoire:
Si la relation des peuples colonisés à la terre ancestrale est plus évidente, il n’en demeure pas moins vrai que chaque colons a souvent des relations dans le pays d’origine de sa famille. Prenons le cas d’une famille canadienne dont le père serait d’origine allemande (un des berceaux du Canada et de ses premiers colons est la ville de Lunenbourg en Nouvelle Ecosse, qui constituait une grosse communauté germanophone dès le XVIIème siècle) et la mère d’origine anglaise ou irlandaise ou écossaise. Il est plus que probable que ces personnes ont encore de la famille en Europe qu’elles visitent de temps en temps et réciproquement. Il en va de même avec les Québecois et la France, les Australiens, Neo-Zélandais et Etats-Uniens avec leurs racines européennes ou moyen-orientales (diaspora libanaise par exemple). Même pour les colons de la xème génération, la relation à la terre d’origine est toujours forte et s’amplifie avec l’âge semblerait-il. Beaucoup de retraités décident de “retourner aux sources”, symbolisant par là même un malaise refoulé, voire pour certains un sentiment de culpabilité assumé au delà d’une curiosité à assouvir.
Ainsi la connexion à la terre ancestrale demeure souvent réelle. Pour ceux des occidentaux qui n’ont pas physiquement participés à la colonisation mais n’en sont pas moins des colonisés de l’esprit à domicile, il est important de conserver son petit coin de terre originelle et de ne pas oublier ses racines, ni sa langue, ni ses traditions régionales.

3-   La nourriture:
Ici nous pouvons parler d’une véritable hégémonie “culinaire” du fast food et du “plat préparé”, qui nous a été imposée à des fins purement commerciales et de domination alimentaire. Si la France résiste et garde une certaine tradition culinaire, la qualité des produits agricoles est en chute libre depuis déjà un bon moment. Dans le domaine de l’agro-alimentaire, nous sommes passés de l’empoisonnement des populations par nécessités économiques (agriculture intensive, rentabilité sur des stratégies chimiques) à un empoisonnement programmé génocidaire des populations par l’oligarchie.
Reconquérir notre nourriture traditionnelle, celle faite avec des produits de qualité (connexion supplémentaire au point précédent de la terre ici…) et donnant une quantité et surtout une qualité nutritionnelle optimale, est une nécessité absolue. Le seul moyen  de reconquérir notre nourriture passe par le boycott des cartels agro-alimentaires et le patronage des petits agriculteurs, des maraichers et des éleveurs de terroir à la qualité de produits avérée. Ici, nous parlons d’une stratégie délibérée de reconquête de notre nourriture, cela est parfaitement possible dans un laps de temps relativement court, même si bon nombre de sols agricoles sont “grillés” chimiquement pour plusieurs dizaines d’années, l’espace de création existe toujours, il suffit de mieux gérer en faisant la promotion du local et de la qualité.

4-   La peur:
Essentiel ! Arrêtons d’avoir peur… Peur des représailles, peur du système en place, peur du futur, peur de l’inconnu d’un nouveau paradigme. Ceci représente souvent la plus grande des peurs: se retrouver devant l’inconnu et se décider à franchir le pas. Tout consiste en le “lâcher prise” d’avec les anciennes valeurs devenues obsolètes mais auxquelles on se rattache comme à une bouée en pleine eau. Pour vaincre la peur, le point #5 est essentiel…

5-   La pratique:
Créer de petits groupe de réflexion et de travail, appliquer ce qu’on décide à petit échelle, gardant à l’esprit que le but est d’élargir la portée de cette praxis (réflexion + action) pour déboucher sur un nouveau paradigme d’organisation de la société à bien plus vaste échelle, dans le style d’une confédération de communes libres et autogérées par exemple. La pratique et la mise en commun des idées en suivant une ligne politico-sociale déterminée par toutes et tous, aide à supprimer la peur initiale de l’inconnu, à reprendre confiance et à pratiquer et encourager la seule qualité humaine au-delà de l’intelligence qui nous a permis non seulement de survivre mais d’évoluer sur le chemin du bien commun: la solidarité faite d’entre aide mutuelle et de coopération.
C’est cela que nous devons redécouvrir, ensemble.

Nous avons vu que les points clés déterminés comme étant essentiels pour que les colonisés demeurent sur le chemin de la décolonisation et retrouve la voie identitaire, peuvent parfaitement s’appliquer à nous, peuples occidentaux. Pourquoi donc si nous étions si différents et incompatibles comme l’oligarchie nous l’assène depuis la fin du XVème siècle ? Simplement parce que nous sommes également colonisés, la colonisation de nos esprits par la pensée oligarchique qui a déployée une foule d’artifices pour générer un consentement sinon de fait du moins tacite des masses, est responsable de ce que nous n’ayons pas été suffisamment critiques des horreurs de la colonisation et de son inutilité factuelle.

Nous pensons que le monde s’émancipera définitivement de la tutelle étatique, raciste, arrogante et mortifère de l’oligarchie hégémonique, lorsque les peuples colonisés (indigènes) et les peuples colonisés de l’esprit (nous) joindront leurs forces et créeront ensemble la société du futur, une société égalitaire, fraternelle, solidaire et donc libre, où l’intérêt commun sera en permanence l’objectif de toute action intentée.

En cela les peuples colonisés et la décision des peuples occidentaux de se tenir à leurs côtés, détermineront la destinée de la planète.

 

=  =  =

 

Note:

Ceci peut bien évidemment être appliqué par tout peuple victime du néo-colonialisme occidental. Nous n’avons pas spécifiquement mentionné ici les peuples africains simplement parce qu’officiellement du moins, la colonisation “n’existe plus” et les nations anciennement colonisées sont devenues indépendantes. Nous sommes parfaitement conscients que les relations internationales dites “post-coloniales” ne sont qu’un travesti de ce qui devrait être. L’occident non seulement ne respecte pas les peuples africains devenus souverains mais s’est rendu coupable de la mise en place d’un système mafieux de contrôle des pays et des ressources naturelles et humaines par le biais de l’impositino de gouvernements fantoches. L’Afrique vit ajourd’hui et ce depuis les indépendances des nations, sous un de facto joug néo-colonial, encouragé par le clientélisme politico-financier.

Le seul peuple y subissant aujourd’hui une oppression similaire aux indigènes du continent américain étant le peuple palestinien soumis au colonialisme sioniste et dont les territoires se réduisent à une peau de chagrin depuis 1947.

 

Bibliographie:

  • Aimé Césaire, “Discours sur le colonialisme”, 1955
  • Frantz Fanon, “Peau noire, masque blanc”, 1952
  • Vine Deloria, “Custer died for your sins”, 1969
  • Taiaiake Alfred, “Heeding the Voices of our Ancestors”, 1995
  • Taiaiake Alfred, “Peace, Power, Righteousness, An Indigenous Manifesto”, 1999, 2009
  • Taiaiake Alfred, “Wasase, Indigenous Pathways of Action and Freedom”, 2005
  • Nils Anderson, “Fondements et permanence du colonialisme”, 2011
  • Saïd Bouamama, “L’espace mental colonial comme matrice du racisme contemporain”, 2013
  • Immanuel Wallerstein, “Eurocentrism and its Avatars: the Dilemmas of Social Science”, 1997