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Cameroun: Un maire dans la tourmente néo-coloniale de républiques… bananières.

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Le Maire Kingué dénonce les sociétés négrières françaises à la cour suprême

 

Paul Eric Kingué

 

22 Mai 2015

 

url de l’article original:

http://www.cameroonvoice.com/news/article-news-18919.html

 

La première décision de la cour suprême est tombé ce jeudi 21 mai 2015. L’ancien Maire de Njombé Penja, M. Paul Eric Kingué, devra encore attendre jusqu’au 18 juin 2015 pour être fixé sur son sort. Les juges statuaient sur deux recours en cassation introduits depuis cinq ans par l’ancien Maire de Njombé-Penja. Paul Eric Kingué avait auparavant quitté sa cellule de la prison centrale de Douala-New-bell à destination de la Cour suprême à Yaoundé.

Paul Eric Kingué s’est exprimé devant la cour à la demande de la présidente avec les mots suivants :  « Ce qui me fait tenir depuis 08 ans, bien qu’il y ai eu des violations ostentatoires dans mon affaire, c’est que j’ai toujours eu confiance en la cour suprême. Depuis 08 ans, nous étions 40, il y a eu 11 morts et d’autres ont eu des AVC ».

Cameroonvoice vous propose de nouveau ci-dessous, la plaidoirie de l’élu du peuple et Maire Paul Eric Kingue.

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Lettre Ouverte de Paul Eric Kingué au monde libre écrite en 201o

Mesdames et Messieurs,

Je saisis l’opportunité qui m’est divinement offerte, pour vous souhaiter mes vœux les meilleurs, en ce début d’année 2010. Je prie à cet effet le seigneur Tout- Puissant, de vous couvrir de ses grâces afin que vous et vos familles récoltiez les justes fruits de vos efforts durant ces 365 jours qui viennent de s’ouvrir. Vous accompagnent également, mes vœux de santé et de réussite.

Je suis Paul Eric KINGUE, Maire de Njombé-Penja, légitimement élu, mais incarcéré pour des raisons politiques depuis Février 2008, aux motifs que je suis l’instigateur des émeutes de la faim à Njombé-Penja, dans le Moungo au Cameroun.

A la suite d’un procès qui ressemblait à une véritable scène de théâtre mal conçue, j’ai été condamné à Nkongsamba, à 06 ans de prison ferme. Torturé, humilié, menacé dans cette prison par un groupe de responsables judiciaires et pénitentiaires caporalisés, c’est-à-dire à la solde de certains opérateurs économiques et hommes politiques, tirant les ficelles dans l’ombre, je n’avais pour seul soutien que Dieu, et vous tous qui m’avez soutenu partout dans le monde.

Jugé dans un procès pour des infractions que je connais ni d’Adam ni d’Eve, je suis écroué depuis bientôt deux ans, incapable d’encadrer mes jeunes enfants, parce que sans moyens et, coupé de ma famille.

UN PAN DE MA VERITE

Tout commence alors que j’avais 09 ans. Secoué par une révolte intérieure du fait de la misère profonde des parents, frères et sœurs de Njombé-Penja, (toutes tribus et religions confondues), je ruminais sans cesse, le rêve d’être en position un jour, d’apporter ma contribution dans l’amélioration des conditions de vie de cette grande famille devenue plus tard, mes électeurs.

Il faut dire que ma révolte s’accentuait au fil du temps avec la paupérisation grandissante de ces populations que j’ai tant aimées pour leurs efforts quotidiens. Une population en somme travailleuse qui, toutes les 04 heures du matin, est éveillée et en route pour les champs qu’elle ne quitte qu’à 22 heures, quelques fois avec des lampes tempêtes. Ce sont sans doute, ces efforts qui font de Njombé-Penja, un des multiples greniers agricoles du Cameroun.

EXPROPRIATION DES TERRES, SOURCE DE LA MISERE DES POPULATIONS DE NJOMBE-PENJA

Dès les années 1960, plusieurs exploitants agricoles venus de l’Europe et plus précisément de la France ont, par la puissance financière et par des jeux de passe-passe indescriptibles, fait main basse sur de larges étendues de terre, soit pour y cultiver de la banane, soit du poivre (prisé dans le monde), soit alors des fleurs ou des ananas … Conséquence, il ne restait plus qu’aux riverains, quelques bandes de terres parsemées de cailloux et sans grande fertilité. Ce qui n’a pas manqué d’effets sur la production traditionnelle et donc, sur l’autosatisfaction alimentaire des populations de Njombé-Penja.

Vers les années 1988, s’installent à Njombé-Penja, après la mort artificielle de l’OCB (Organisation Camerounaise de la Banane) vendue alors qu’elle dégageait des marges bénéficiaires non négligeables (environ 2 milliards de nos francs par an), le tandem SBM-PHP-SPNP, à capitaux français en majorité, avec quelques actionnaires camerounais dont je tais pour l’instant, les noms.

Choqué par cette privatisation qui ne visait qu’à satisfaire des intérêts d’un certain nombre d’individus, parfois insoupçonnés, et face à la misère quotidienne dans laquelle plongeaient chaque jour les populations locales, je n’ai pu supporter un tel drame :

LE GROUPE SBM – SPNP – PHP : DES ESCLAVAGISTES SANS CŒUR

En ce moment, s’il vous arrive de descendre à Njombé-Penja, la première des choses qui vous touchera c’est l’impraticabilité des routes et pistes rurales, jonchées de nids de poules après tous les 10 mètres. Le pire c’est la poussière enveloppante dont se nourrissent tous les jours, les populations de Njombé-Penja. Vous n’y compterez pas une trentaine de maisons passablement édifiées, faute de moyens financiers d’une population meurtrie, exploitée au quotidien par les colons de nos plantations.

La localité compte 40 000 taudis construits en planches mal rabotées. Parfois sans portes, ni fenêtres. Les salaires avant mon arrestation, tournaient autour de 37 euros (ce qui me bouleversait profondément) , qu’on gagne parfois, après avoir fait des heures supplémentaires c’est-à-dire, environ 12 à 15 heures de travail par jour. Au finish, impossible pour un ouvrier, père de deux enfants, de payer son loyer et surtout, de nourrir sa famille pour ne citer que ces devoirs.

Les conditions de travail sont telles qu’il ne faut pas y penser. Très souvent sans matériel de travail, bottes, casques et autres, les ouvriers de ces plantations épandent des produits toxiques dangereux sans protection, curent des caniveaux bras et pieds nus, parfois sous les menaces des « chefs d’équipes » toujours à la solde des « chefs blancs ». Le plus curieux ici, est qu’au terme des journées de travail exténuant, ceux-ci n’ont aucun point d’eau dans la ville pour leur bain. La commune dont j’avais la charge ne pouvait s’y investir, faute de moyens financiers. Face à ce désastre qui impose que les organisations qui financent ces entreprises s’interrogent, le Maire élu que j’étais, bien que du RDPC, ne pouvait rester insensible. Qui mieux qu’un Maire dans une localité, peut mesurer le niveau de souffrance d’une population ? Quel humain peut rester indifférent aux salaires de catéchistes que ces exploitants d’un autre genre reversent aux ouvriers de leurs plantations ?

MAIRE DU RDPC, MAIS PERE ET CHEF DE FAMILLIl peut paraître curieux que mes fonctions politiques (Président Sous-Section RDPC et Maire) donnent du tournis à tous ceux qui pensent que, militer dans le RDPC est un délit, que non ! Non parce que je pense n’avoir jamais reçu de ce parti que j’ai servi avec passion, une doctrine de destruction, de déstabilisation de l’autre. Non aussi parce qu’en réalité il existe dans ce parti, des responsables plus proches de Dieu que du diable. Seulement, les rapports des forces en son sein finissent toujours par donner raison aux serviteurs du diable, c’ est-à-dire à ceux là qui, dans la course effrénée aux pouvoirs mondains, ont volontairement vendu leurs âmes, devenant par ricochet, des serviteurs irréversibles du mal.

Quant à moi, rien, mais alors rien ne passe avant la personne humaine. Fils de veilleur de nuit, je peux apprécier la misère, pour l’avoir vécue. Parce que l’ayant vécue, je ne peux jamais être complice des malheurs d’un peuple, des malheurs d’une population travailleuse qui ne demande qu’à vivre. Aucune fonction politique, aucune fonction administrative n’est assez forte pour me couper du paysan, du peuple et c’est sans doute pourquoi, je croupis injustement aujourd’hui, au fond d’une cellule, à la prison de Douala.

AVANT LES EMEUTES DE FEVRIER 2008

Dès ma prise de fonction à la tête de la commune de Penja, je fais un constat amer. Le bâtiment abritant la commune était semblable à une usine à café abandonnée, sans entretien, sans électricité. La commune accumulait alors quatre mois d’impayés de lumière. Elle était dans le noir. Les employés, pères et mères de famille accusaient des arriérés de salaire de 03 (trois) mois (que je m’empresse d’éponger trois semaines seulement après mon installation) .

Paradoxalement, le Préfet du Moungo d’alors percevait 250 000 (Deux cent cinquante mille) FCFA par mois, à la commune de Njombé-Penja ; le Sous-préfet aussi. Ces deux administrateurs délestaient la commune de 500 000 (Cinq cent mille) FCFA tous les mois. La Secrétaire du Sous-préfet était payée par la commune, son chauffeur aussi. Curieux de comprendre les raisons de ces dépenses qui en réalité ne cadrent pas avec les missions de la commune, j’ai été sommé par le Préfet devenu Gouverneur aujourd’hui (comme si les promotions au Cameroun ne visent que des voleurs), de ne faire aucune dénonciation. Révolté parce que je considérais déjà comme des abus, j’ai décidé en ma qualité de juge d’opportunité et de gestionnaire de cette collectivité, d’arrêter cette saignée financière qui ne s’expliquait pas, tout en redéployant à la commune ces personnels, mis indûment à la disposition du Sous-préfet et payés par ma commune.

Les réactions du Préfet et du Sous-préfet n’ont pas tardé, l’un et l’autre décidés de me faire payer chère, mon audace. Pour moi en réalité, cet argent devrait être orienté dans la construction des points d’eau potable communaux pour le bien des populations locales. J’étais alors devenu la bête à abattre pour avoir osé fermer le robinet qu’était devenue cette commune au détriment des populations écrasées par la misère.

En poussant plus loin ma curiosité, je constate, non sans réunir mes collaborateurs, que les plantations PHP, SPM et SPNP ne payent ni patente, ni enregistrements sur leurs différents baux, bref, aucune taxe communale. Dans le but d’y voir clair, je saisis par téléphone Monsieur François Armel (DG PHP), Monsieur Brethes (DG SPM), Dame Caplain (DG sociétés Caplain) leur faisant tenir parallèlement, des courriers à cet effet.

Malgré mes démarches conciliatrices, aucune des sociétés n’a daigné faire le moindre pas, si ce n’est des propositions de corruption. C’est ainsi que Sieurs Brethes et François Armel me proposent des pots de vin de 20 millions de francs CFA / Trimestre au cas où j’abandonnais ma pression pour le payement par eux, des impôts locaux. Il faut dire qu’au terme d’une expertise fiscale que j’ai commandée, la commune se voyait délester 2 755 000 000 (Deux milliards sept cent cinquante cinq millions) FCFA par an, d’impôt communaux : (sur les salaires, enregistrement, patente, taxes sur la dégradation de la chaussée, taxes agricoles, différentes délibérations …).

Dans l’unique souci d’aider ma commune et ses populations, j’ai décliné l’offre de corruption qui m’a été faite par ces négriers. Pour rétablir la commune et les populations dans leurs droits, j’ai saisi le Premier Ministre d’alors, Sieur INONI Ephraim, qui a instruit le Directeur Général des Impôts (Sieur Laurent NKODO) de reverser ces entreprises au régime de droit commun, en procédant à l’annulation des différentes exonérations dont elles se targuaient et qui, en réalité, étaient illégales, conformément au Code Général des Impôts du Cameroun (Voir lettre attachée).

En effet, ces sociétés, pour bénéficier de ces exonérations, se sont fait déclasser et enregistrer par quelques zélés de l’administration fiscale et sans doute contre pots de vin, comme sociétés coopératives agricoles qui, selon le Code Général des Impôts sont exonérées d’un certain nombre de taxes. Ce qui naturellement est une tricherie, une délinquance fiscale qui ne permet pas à la commune de Njombé-Penja d’asseoir une véritable autonomie financière.

Il était désormais évident, qu’après avoir mis fin à la spoliation par le Préfet et le Sous-préfet de fonds de la commune de Penja, après avoir traqué les entreprises esclavagistes associées à ces deux administrateurs entretenus par les premiers (carburant, avantage divers), mes jours étaient comptés à la tête de cette commune où je devenais un empêcheur de « bouffer ».

L’ALLIANCE DU MAL

L’alliance entre les administrateurs aigris (Préfet et Sous-préfet) et les DG des bananeraies contre moi, était devenue palpable. C’est ainsi que le 12 février 2008, après la fête de la jeunesse, j’ai été reçu par le Gouverneur actuel, de la région du Littoral, qui m’informait qu’il lui a été rapporté (le Comité de Coordination du Moungo) que la veille, c’est-à-dire le 11 février, j’étais assis au moment où on exécutait l’hymne nationale. Grâce à la technologie occidentale, j’ai pu imprimer les CD-R de ladite fête, pour confondre les manipulateurs et initiateurs de ce rapport grossièrement mensonger.

Quelques CD-R remis au Gouverneur lui ont permis de se rendre compte de cette manipulation. C’est ce qui a fait ajourner mon arrestation, qui avait déjà été instruite pour ce 12 février 2008.

L’EVENEMENT FATAL

Alors que je croyais avoir échappé à l’arrestation ordonnée le 12 février 2008, les évènements du 25 février sont venus servir de prétexte pour régler une fois pour toute, les problèmes du Maire « empêcheur de bouffer ». Cloîtré chez moi les 25 et 26 février 2008 parce que n’ayant aucune force de l’ordre à ma disposition pour contenir les évènements, je n’ai pu sortir que le 27 février 2008 à la faveur de l’arrivée à Penja, d’un renfort de plus de 300 hommes du GMI et du BIR. Ce jour, le Sous- préfet et moi curieusement, avons associé nos forces pour nous adresser à une jeunesse en furie, qui a fini par nous comprendre, abandonnant la grève.

Ce jour même, la paix a été établie en présence du Colonel ALKASSOUM, venu de la légion du Littoral, qui, impressionné par nos interventions (le Sous-préfet et moi) m’avoue qu’il est à Penja depuis le 22 février 2008 (avant la grève), pour mon arrestation.

Que l’on veuille lier mon arrestation aux évènements de février 2008, n’est que manipulation politicienne. Pourtant je suis jugé pour ces évènements que je ne connais ni d’Adam ni d’Eve. Pendant 09 mois de simulacre de procès, aucun des 22 témoins du Ministère public pourtant préalablement préparés par le Parquet du Moungo n’a déposé contre moi, encore moins les 30 co-accusés qui m’ont été collés et que je ne suis venu connaître qu’en prison.

FUITE EN AVANT

Après une parodie de procès ne reposant sur rien, et manipulé par certains haut fonctionnaires de Yaoundé, « noyé par la banane sucrée de Njombé-Penja » (suivez mon regard) et sentant le jugement de Nkongsamba non fondé juridiquement et donc susceptible d’être qualifié de politique, un nouveau procès m’a été collé sur le dos, vide comme le premier : Accusation de détournement de la somme de 1 400 000 (Un million quatre cent mille) FCFA. Après le jugement politique rendu à Nkongsamba, l’accélérateur est mis sur une accusation non prouvée par pièce, d’un détournement de 1 400 000 FCFA. De quoi s’agit-il ?

Ici, je suis accusé de « détournement » du simple fait qu’il m’est reproché d’avoir engagé une dépense sans le visa préalable du Préfet. Le Maire est l’ordonnateur du budget de la commune, juge d’opportunité de la commune. En septembre 2007, pour installer l’exécutif communal local, les conseillers municipaux arrêtent un budget à 7 000 000 (Sept millions) FCFA. Les caisses de la commune sont vides, c’est-à-dire sans argent. La tutelle exige et instruit le Receveur Municipal de procéder aux recouvrements afin de rendre possible ladite installation, à laquelle je suis opposée parce que héritant d’une commune pauvre.

En parcourant le budget communal de 2007, je m’aperçois que la ligne prévue pour les « fêtes et cérémonies » c’est-à-dire la ligne 612-112 à la commune est épuisée. Les procédures administratives et comptables exigent que, pour engager une dépense dans une ligne, il faut se rassurer que le crédit dans cette ligne est suffisant et disponible. Je me rends compte, qu’il ne reste plus que 400 000 (Quatre cent mille) FCFA seulement, disponibilité s dans cette ligne. Je procède à un virement de crédit par arrêté que je prends, et le fait viser par la tutelle (le Préfet).

L’arrêté est bel et bien visé par la tutelle. Une fois visé, je décide d’engager les dépenses liées à l’installation projetée. Conformément à la loi, le Maire est l’unique ordonnateur du budget de la commune voir loi n°18-2004/22 Juillet 2004, et donc juge d’opportunité. Pour masquer mon arrestation afin de la dépouiller de l’estampille politique, il m’est reproché de n’avoir pas fait viser une décision que j’ai prise portant dépense de 1 400 000 FCFA par le Préfet.

Il faut dire qu’aucune loi, n’oblige le Maire à faire viser ses décisions par le Préfet et seuls certains actes, limitativement énumérés par la loi n° 18-2004/22 Juillet 2004 article 70 sont soumis à l’approbation préalable du Préfet. Par ailleurs, défini dans le cadre strict de l’article 184 du code pénal, détourner c’est obtenir ou retenir frauduleusement les biens appartenant à l’Etat, aux collectivités etc.…

Autrement dit, même s’il était arrivé que la procédure comptable eût été violée, ceci ne serait pas pénal. Pour le dire aisément, la violation d’une procédure ou d’une règle de loi relève de la pure et unique compétence du juge administratif que ne sont pas les magistrats du TGI du Moungo. Dans le cas de cette procédure, aucune violation légale ne peut être soulevée car le Maire reste l’unique ordonnateur du budget de la commune et par conséquent, le juge d’opportunité. Dans ce procès, il n’est versé aucune pièce prouvant que j’ai obtenu ou retenu frauduleusement les biens de la commune.

Pourtant, le législateur a été clair, « le Juge ne peut fonder sa décision que sur les preuves administrées au cours des débats ». Aucune preuve dans ce procès n’est apportée, ou mieux, n’est administrée pour prouver que le 1 400 000 FCFA a été perçu par le Maire que j’étais. Au contraire, les reçus des prestataires sont là, pour prouver que les destinataires finaux de cette somme sont bien, les prestataires grâce auxquels, les cérémonies d’installation ont été rendues possibles. CD-R et photos le prouvant.

HARCELEMENT JUDICIAIRE

Pas trop rassurés de retenir la culpabilité dans ce procès de 1 400 000 FCFA inventé par mes persécuteurs, le Ministère Public, a engagé un second dossier de détournement, sans me faire comparaître chez un juge d’instruction et ce, en violation de la loi, mais me renvoyant devant le juge de jugement. 2e Accusation de détournement portant sur les sommes imaginaires.

Comme un rouleau compresseur, tout est mis en branle pour me maintenir en prison. Après le 1 400 000 FCFA dont on ne peut prouver ma décharge, je suis accusé d’avoir détourné 4 960 000 FCFA donnés par la SPM et destinés à l’extension du réseau d’eau SNEC à l’hôtel de ville de Penja.

Parlant de cette somme d’argent, elle a effectivement été versée par la SPM au prestataire de service (contre décharge) pour les travaux d’installation du réseau d’eau potable à l’hôtel de ville de Penja. Seulement, conformément aux procédures comptables et administratives, pour recevoir un don, le Conseil Municipal siégeant comme organe délibérant doit l’autoriser. Or pour l’autoriser, il doit se réunir en session ordinaire ou extraordinaire. Mais, chaque fois que se réuni le Conseil Municipal de la commune de Penja, 3 000 000 (Trois millions) FCFA doivent être déboursés pour ladite session (frais de secrétariat, frais de réception, carburant, indemnités de session des conseillers municipaux).

Pour installer l’eau à l’hôtel de ville, le coût des travaux est de 4 960 555 Francs CFA (Quatre millions neuf cent cinquante cinq mille francs CFA). La SPM s’est engagée, à ma demande, à financer cette opération qui était d’ailleurs, la première pour cette entreprise. Partagé entre réunir le Conseil Municipal et dépenser 3 000 000 FCFA qui n’ont aucun rapport avec l’eau que je veux voir installer à l’hôtel de ville, je décide de faire verser cette somme aux entreprises prestataires des travaux d’installation d’eau. Ces sociétés installent de manière effective, le réseau d’eau à l’hôtel de ville pour la somme totale de 4 960 500 (Quatre millions neuf cent soixante mille cinq cent) FCFA. L’hôtel de ville est connecté depuis novembre 2007 au réseau d’eau SNEC, au grand bonheur du personnel communal.

Question : Qu’en serait-il si sur les 4 960 555 obtenus de la SPM, j’avais déboursé 3 000 000 pour le Conseil Municipal qui n’était nullement l’objet de ce don ? (Voir attaché procès verbal de réception des travaux, constat d’effectivité des travaux par Huissier de justice, autres pièces prouvant que cet argent n’a jamais été détourné).

Où est le détournement ici ? La violation d’une règle de procédure comptable est-elle un détournement ? L’eau peut-elle exister à l’hôtel de ville et que j’en sois accusé de détournement ? Qu’est ce qui donc, a été détourné ? Rigoureux dans la gestion de la chose publique, je ne pouvais, nullement réorienter cet argent vers un objet auquel il n’était pas destiné c’est-à-dire le conseil municipal ; mais plutôt pour des travaux objet du don de la SPM (chacun peut vérifier que l’eau est bel et bien installé à l’hôtel de ville de Penja).

DES RAPPORTS MENSONGERS, BASE DE MA REVOCATION

Pour obtenir ma suspension puis ma révocation, le stratagème que le Préfet, le Sous-préfet et les négriers des bananeraies ont arrêté est le suivant : Demander la descente à la commune d’un contrôle mixte MINFI (Ministère des Finances) MINATD (Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation) courant décembre 2007. Une commission mixte MINATD-MINFI descend à la commune après avoir passé la nuit dans les plantations de bananes. Arrivée à la commune le lendemain, la commission dirigée par Joseph KUETE, sans m’entendre, décide de s’en prendre à la Secrétaire Générale de la commune contre toute attente. Je leur dis qu’il m’a été rapporté qu’ils ont passé la nuit dans la bananeraie. Sans se gêner, ils sont passés aux aveux. Que sont-ils allés faire dans la bananeraie alors qu’ils venaient pour des contrôles à la commune ? Dieu seul le sait jusqu’à nos jours. Après avoir passé 48 heures à Penja, aucune question ne m’a été posée sur ma gestion, ceux-ci se bornaient à vérifier les actes administratifs de la Secrétaire Générale.

Au terme de leur séjour, le rapport manipulé déposé auprès du MINATD porte sur des supposées sommes d’argent que j’aurais prises à la PHP et à la SPM, sommes que je n’ai pas reversées à la commune selon les contrôleurs et les propriétaires des bananeraies de Njombé Penja. Ceci est confirmé dans le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune du 05 Juin 2008 page 3, sur le titre : Pourquoi le Maire de Penja a-t-il été révoqué !

DES ALLEGATIONS MENSONGERES COMME ARME DE DESTRUCTION DU MAIRE ELU

Dans un entretien accordé à Monsieur Sébastien Moreigne d’Amnesty International, Sieur Patrice O’Quin, propriétaire des bananeraies de la SPM, bourreau de LAPIRO de MBANGA et Paul Eric KINGUE, affirme ce qui suit : « Le Maire Paul Eric KINGUE, je ne le connais pas personnellement. Je sais qu’il est corrompu. Une fois élu Maire, il a été trouvé les sociétés bananières pour leur demander des financements pour la mise en eau de Penja. Les PHP lui ont donné 17 millions de francs CFA, et la SPM 7 millions de francs CFA. Il ne les a pas reversés, et la Société Nationale des Eaux du Cameroun (SNEC) a déposé plainte contre lui, voyez la SNEC à ce sujet … »

Cette déclaration qui coïncide curieusement avec l’article paru dans Cameroon Tribune, vient conforter ma conviction selon laquelle ma révocation vient des bananeraies. Pourquoi en douter quand on sait que pour motiver ma révocation, le décret Présidentiel dit ce qui suit : « … révoqué pour irrégularités constatées dans la gestion de la commune … ». Cameroon Tribune a bien titré : « Voici pourquoi le Maire de Njombé-Penja a été révoqué ».

Dans l’article incriminé, il est écrit, noir sur blanc « qu’une fois installé à la tête de la commune, j’ai été collecté des sommes d’argent dans les plantations bananières, que je n’ai pas reversées. Sous réserve qu’il me soit prouvé devant les juridictions pénales françaises que j’ai perçu des supposées sommes d’argent dans ces plantations, j’ai le devoir d’informer les communautés nationale et internationale que jamais, mais alors jamais, il n’a existé aucune promiscuité entre ces sociétés et moi. Autrement dit, je n’ai jamais traité des questions de moindres sous avec ces sociétés. Qu’il s’agisse des 17 millions dont a parlé Monsieur O’Quin, venant de la PHP, qu’il s’agisse des 7 millions supposés avoir été perçu par moi dans son entreprise. Jamais la SPM n’a versé 7 millions de francs CFA à Paul Eric KINGUE, jamais la PHP n’a versé 17 millions à Paul Eric KINGUE en tant qu’individu, ni en tant que Maire. La seule dépense effectuée par la SPM au profit de la commune, c’est celle se rapportant à l’extension du réseau d’eau SNEC installée de façon effective, visible, palpable, constatable à l’hôtel de ville et vérifiable par tous. Et cette somme était de 4 960 555 FCFA.

A la lecture de cette enquête menée par Sébastien Moreigne, il ressort clairement un gros tissu de mensonges venant d’un homme qualifié de patriarche, qui semble ne pas avoir la maîtrise de ses affaires en Afrique. Il transpire par ailleurs que les Directeurs Généraux des plantations de Njombé-Penja et Mbanga, quand ils veulent détourner, inventent n’importe quelle potion à faire avaler à Robert Fabre (Propriétaire de la PHP) et à Patrice O’Quin (Propriétaire SPM).

LA GOUTTE D’EAU QUI DEBORDE LE VASE

Le 27 février 2008, alors que le Sous-préfet et moi venions d’obtenir le calme à Njombé Penja, je reçois un appel téléphonique d’une chaîne de télévision privée de la place, qui voulait avoir des précisions sur le bilan des émeutes dans ces localités. Encerclés (le Sous-préfet, le Commandant, le Maire, le Colonel) par au moins 5 000 (cinq mille) jeunes portant encore des gourdins et menaçant de reprendre les émeutes si je ne disais pas la vérité, je suis contraint de déclarer ce qui suit : « … Njombé-Penja compte un mort, et Loum 6 victimes dont des blessés et des morts … »

Cette déclaration qui n’a pas été appréciée par la hiérarchie politique de la République est la goutte d’eau qui déborde le vase. C’est elle qui scelle mon sort. Une déclaration, une opinion. Une seule déclaration a suffi pour que je sois arbitrairement arrêté. Une déclaration faite sous la menace des assaillants, une menace telle que, nul ne pouvait faire autrement.


CONCLUSION

Cette mise au point est faite d’une part, pour permettre la compréhension de ce feuilleton qui, le 25 février prochain entrera dans sa 3e année, d’autre part, les manipulations politiciennes qui ont conduit à mon arrestation. Il était évident que ma présence à la commune de Penja hantait les opérateurs économiques propriétaires des bananes, que je mets au défi, du fond de la prison où je croupis injustement, d’apporter la moindre preuve du payement de leurs patentes, des enregistrements des baux (dont 90% de paiement reviennent aux communes), les paiements des taxes agricoles, des taxes communales fixées par délibérations approuvées pourtant par la tutelle administrative (Préfet, Gouverneur).

 Ma présence à la tête de cette commune menaçait également les intérêts financiers d’un Préfet et d’un Sous-préfet corrompus et sans hauteur, qui des années durant, ont fait mains basse sur les ressources d’une commune qui n’arrivait pas à retrouver ses repères et dont j’étais décidé de renflouer les caisses, pour le bien des populations de Njombé-Penja qui m’ont accordé leur suffrage pendant les

Quelle est cette logique qui veut qu’au Cameroun, seuls les voleurs de la fortune publique, les déstabilisateurs de l’équilibre social soient récompensés ? Ne méritais-je pas d’être soutenu dans mes nobles ambitions de redonner à une commune ce qu’elle a perdu depuis plus de 3 décennies ? Devrais-je forcement m’aligner dans la logique de corruption en acceptant les propositions faites par ces Directeurs coloniaux qui me proposaient 20 millions FCFA par trimestre. Peut être en acceptant cet argent, j’aurais été financièrement heureux, mais j’en suis sûr malheureux moralement pour avoir été complice des malheurs d’une population qui souffre au quotidien. « J’ai préféré moi, de souffrir financièrement et vraiment, je souffre dans la Prison de New Bell où je suis arbitrairement incarcéré ».

Paul Eric Kingué

Maire légitime de la Commune de Njombé-Penja,

Détenu politique des Bananeraies PHP & SPM

Le colonialisme français perdure… Total (Elf) le bras armé de la Françafrique

Posted in actualité, économie, colonialisme, France et colonialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, militantisme alternatif, N.O.M, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, politique et lobbyisme, politique et social, politique française, résistance politique, sciences et technologies, technologie et totalitarisme, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , , , on 26 octobre 2014 by Résistance 71

Total (et Elf) bras armé de la Françafrique: Un mort à Moscou des millions de morts en Afrique

 

Solidarité Internationale

 

23 Octobre 2014

 

url de l’article:

http://www.cameroonvoice.com/news/article-news-16673.html

 

En 2000, Elf-Aquitaine et Totalfina fusionnent pour donner naissance à un géant pétrolier : Total. Le but est aussi de faire oublier les affaires de corruption, les trafics d’armes, les détournements de fonds auquel a largement contribué l’ancêtre gênant de Total.

Elf hier, Total aujourd’hui sont au cœur de la « Françafrique », ce vaste système de perpétuation du colonialisme sous d’autres formes, par des réseaux semi-mafieux, maintenant le continent dans la misère, la corruption, la dépendance au profit des seuls intérêts français.

Une brève histoire des rapports d’Elf puis de Total avec le continent africain nous permettra de mesurer que la mort du PDG du groupe pétrolier cache celle de millions d’Africains depuis la création d’Elf dans les années 1960.

Elf et la naissance de la Françafrique

Dans les années 1960, le général de Gaulle est conscient de la nécessité de maintenir un lien entre l’ancienne métropole coloniale et les nouveaux pays indépendants, avec un seul objectif, après la perte du bijou algérien : défendre les intérêts des grands groupes français.

C’est ce qui motive la création d’Elf en 1966, confiée à l’ancien responsable des services secrets Pierre Guillaumat qui va s’entourer d’agents du renseignement. Il va fonctionner étroitement avec Maurice Robert, patron du service Afrique du SDECE, et Jacques Foccart, conseiller à l’Elysée pour les affaires africaines.

Acte 1 : la guerre civile du Cameroun

Total s’est officiellement retiré du Cameroun en 2010. Pendant très longtemps, le pays a été une des bases africaines pérenne – avec le Gabon – d’Elf puis Total. Un pays gouverné depuis 1960 par deux dictateurs absolus : Ahamdou Ahidjou puis Paul Biya.

Pour aller à l’essentiel, dans les années 1960, la France comme le bloc occidental est sur la défensive en Afrique, dans le Tiers-monde où tous les pays ou presque se disent « socialiste », « révolutionnaire », se tournent vers Moscou ou la Havane.

Pour la France, pas question de perdre le Cameroun qui apparaît alors comme une puissance pétrolière émergente. Le nouveau dirigeant installé par Paris, Ahamadou Ahidjou, est contesté par une rebellion marxiste. La France va alimenter une répression féroce entre 1960 et 1971.

Les troupes d’Ahidjo vont user de méthodes fascisantes de terreur et de propagande conseillées par l’école française de contre-subversion menée par Maurice Robert. Leur sévice favori : couper la tête de leurs adversaires, les exposer en public sur les places, les chemins.

Le pouvoir met en place des camps de concentration, suscite les délations, les confessions publiques dignes de l’Inquisition tandis que s’installe un régime à parti unique, le culte de la personnalité et des formes d’épuration ethnique.

En 1971, la rebellion est matée avec un coût humain exorbitant, qu’on ne sera sans doute jamais. L’ambassadeur de Grande-Bretagne parlait de 75 000 morts en 1964, le journaliste du Monde André Blanchet en évoquait 120 000 en 1962. Sans doute bien plus en 1971.

Elf a hérité de ce régime totalitaire, qui a le sang de centaines de milliers de Camerounais sur les mains. C’est le groupe pétrolier qui va faire la loi au Cameroun.

Selon Loik Le Floc’h Prigent, c’est Elf qui a choisi l’actuel président camerounais, Paul Biya, qui n’a rien changé à ce régime autocratique : il est ré-élu en 2011 avec 78 % des voix, et le silence du tuteur français.

Acte 2 : Nigeria et la guerre du Biafra

La guerre du Biafra fut une horreur médiatisée en Occident par les photos d’enfants mourant de faim, servant cyniquement les intérêts de tel camp ou d’un autre. Elle a fait entre 2 et 3 millions de morts. La sécession du Biafra n’était pas fortuite, elle abritait l’essentiel des champs pétroliers.

La France du général de Gaulle soutient alors la sécession – aussi pour rogner sur l’ancien empire colonial britannique.

Elf joue un rôle fondamental en fournissant ses réseaux pour alimenter les rebelles en armes, mercenaires, détourner l’aide humanitaire. Elf, comme Shell et BP, vont être les premiers à négocier les contrats pétroliers avec l’autorité rebelle du Biafra.

Acte 3 : le protectorat Gabonais, notre ami le dictateur Omar Bongo

Depuis 1960, le Gabon est un protectorat français, la tête de pont de l’impérialisme français en Afrique. Ce petit pays est aussi un très riche Etat pétrolier, depuis la découverte des premiers gisements off-shore en 1962.

L’action de la Françafrique au Gabon commence en 1964 quand le président Mba est renversé par un coup d’Etat. Foccart, Guillemat (président de l’ancêtre d’Elf) et Maurice Robert décident alors de le ré-installer au pouvoir.

Omar Bongo, président à partir de 1967, ancien des services secrets français, deviennt leur homme de paille. Le Gabon est alors la base arrière pour tous les mauvais coups de la France, du Nigeria au Congo.

Bongo va diriger son pays sous un régime à parti unique, est réélu régulièrement à 99 %. Il détourne des centaines de millions de $ issus des contrats avec Elf essentiellement.Il assassine ses opposants, avec l’aide des réseaux de barbouzes français.

Omar Bongo père est mort en 2009, son fils Ali Bongo a pris la succession. Tout a changé pour que rien ne change, un multi-partisme de façade, des élections trusquées masquent la domination intacte du clan Bongo.

Acte 4 : au Congo, soutenir le dictateur ‘marxiste’ Denis Sassou N’Guesso

Elf ne faisait pas de l’idéologie, mais se basait sur des réalités. Au Congo, elle a soutenu Denis Sassou Nguesso de 1979 à 1991, celui que Loic Le Floch Prigent appelait le « dictateur marxiste sous contrôle d’Elf ».

Sassou N’Guesso avait fait le pari d’une économie nationalisée, avec des réformes progressistes financée par un pétrole, non pas entièrement nationalisé mais dépendant des contrats avec Elf.

Mais à partir de 1985, confronté une situation économique difficile, Sassou N’Guesso vire sa cutie et applique les plans d’austérité du FMI.

Balayé aux élections de 1991, Sassou N’Guesso semble accepter la sucession. En réalité, il va alimenter une guerre civile fratricide avec ses milices, les « Cobras », qui sèment la terreur dans Brazzaville.

Il obtient alors le soutien de son ami Omar Bongo – qui se marie avec sa fille ! – de l’armée angolaise, des tortionnaires tchadiens d’Idriss Deby et des milices génocidaires du Rwanda : tous nos amis sont là !

Les révélations de l’affaire Elf nous apprennent que si Elf, la France préféraient Sassou N’Guesso,elle a aussi payé les armes de Lissouba, ce qui a fait dire à un député français « qu’il n’y a pas une balle qui n’ait été payée par Elf ! ».

Le régime de Sassou N’Guesso n’a plus rien de progressiste, il octroie les contrats pétroliers à Elf, se soumet à la France tandis que son peuple s’enfonce dans la pauvreté. Entre-temps, la guerre civile congolaise aura fait 500 000 morts, largement à cause du « dictateur d’Elf » Sassou Nguesso.

Acte 5 : l’ « Angolagate »

Tout le monde connaît l’ « Angolagate », ce circuit français de trafic d’armes, de détournement de fonds qui a alimenté les différents camps de la guerre civile angolaise, livrant des tonnes de véhicules blindés, d’armes lourdes et légères mais aussi d’armes anti-personnelles.

Le procès Elf nous a révélé le cynisme d’Elf qui – comme la France, ainsi que les Etats-unis, la Grande-Bretagne – soutenait ouvertement le criminel de guerre Jonas Savimbi, un chef sanguinaire appuyé notamment par Israel et le régime d’apartheid sud-africain, et le finançait via les caisses noires d’Alfred Sirven, numéro 2 du groupe pétrolier.

Mais dans le même temps, Elf finançait aussi le gouvernement dit marxiste, via les réseaux politiques d’André Tarallo, proche des dictateurs gabonais Bongo et le congolais Sassou N’Guesso.

La guerre civile angolaise fait entre 500 000 et 1 million de morts, Elf contribue largement à l’alimenter, perlant le pays de mines anti-personnelles aux conséquences dramatiques pour les civils, en particulier les petits Angolais.

Aujourd’hui, l’Angola reste une des principales sources de profit du groupe Total, dans les petits papiers du dirigeant autoritaire et corrompu Eduardo dos Santos, passé du marxisme-léninisme au libéralisme à tout crin.

TOTAL, la corruption de nouvelle génération

Du passé, faisons table rase ?

Plein de sang sur les mains, trempés dans les affaires jusqu’au cou, Elf devient Total en 2000. Pourtant, en une dizaine d’années, Total n’est jamais tout blanc dans une série de conflits qui émaille le continent. C’est un euphémisme.

Acte 6 : Elf puis Total au cœur de la guerre civile soudanaise

La guerre civile soudanaise a été une des plus meurtrières du continent, faisant plus de 2 millions de morts, avec son cortège de déportations, de nettoyages ethniques, et autres crimes contre l’Humanité.

Elf avait obtenu en 1980 la concession d’un bloc d’exploration pétrolière au sud du pays, qui se révélera ultérieurement l’un des plus prometteurs du Soudan, dans un des pays aux richesses du sous-sol sans doute les plus méconnues, donc sources de convoitise.

La guerre civile contraint la France à suspendre ses travaux d’exploration en 1985. Elle soutient d’abord, ainsi qu’Elf, le gouvernement soudanais lui fournissant armes, ravitaillements en dépit du caractère répressif du régime incarné par Al-Bachir à partir de 1989, face aux Américains soutenant les rébellions sécessionistes. L’enjeu est le même : le pétrole du Sud-Soudan.

Le conflit soudanais est particulièrement confus, au vu des intérêts contradictoires dans la région entre le Tchad d’Idriss Deby, la Libye de Kaddafi mais aussi les Etats-unis, favorable à une sécession du sud, et la Chine, traitant avec le gouvernement d’Al-Bachir.

La France ne joue plus un rôle de premier plan dans les années 2000 mais Total bénéficie toujours de ses droits d’exploitation pétrolière au sud-Soudan. Total va d’abord négocier avec le gouvernement d’Al-Bachir la reprise des travaux de forage.

Puis après 2011, Total va être le premier à s’engouffrer dans l’indépendance fantoche du sud-Soudan. Son bloc de 120 000 km 2 se révèle très intéressant, Total bénéficiant des largesses du nouveau gouvernement dépendant à 95 % du pétrole.

Sans aucune certitude, il n’est pas à exclure que Total, face à l’emprise de plus en plus forte de la Chine sur le Soudan, se soit rallié à la position américaine : la sécession du sud-Soudan. Une farce mais aussi un précédent aux conséquences potentiellement périlleuses à l’échelle mondiale.

Acte 7 : la Libye, une guerre pour un nouveau partage du gâteau

La Libye est un géant régional du pétrole. Total était présent sous la Libye de Kaddafi, exploitant 15 % du pétrole, avec de forts soupçons de corruption, réveillés par des enquêtes sollicitées par les autorités libyennes et américaines (non sans arrière-pensées)

Dans cette histoire très récente, il est difficile d’avoir des preuves irréfutables. Toutefois, il ne fait guère de doute avec le gouvernement qatari, Total a été parmi les acteurs poussant la France à intervenir militairement en Libye afin de prendre une part plus grande du gâteau pétrolier.

On se souvient que le CNT (Conseil national de transition) libyen composé de guerriers islamistes, de politiciens véreux et d’affairistes en rupture de ban,avait promis 35 % de son pétrole à Total.

Une révélation illustrant bien les intérêts de Total dans une guerre qui a fait au bas mot 60 000 morts en 2011, et qui a laissé un pays dans le chaos total à l’heure qu’il est.

Acte 8 : Mali (et Centrafrique), les intérêts de Total derrière la guerre

L’implication des grands groupes français – d’abord Areva et Total – dans la guerre au Mali ne fait guère de doute, en dépit des dénégations de certains « experts ».

Le Mali n’est pas encore un pays pétrolier. Mais le bassin de Taoudénni recèle de vastes réserves pétrolières qui ont attiré depuis le milieu des années 2000 une foule de groupes pétroliers internationaux : l’algérien Sonatrach, l’italienne ENI ou encore l’entreprise nationale chinoise.

Ces bassins pétroliers sont situés au nord du pays, Total n’en aurait obtenu qu’une petite partie, pas forcément la plus juteuse. Coincidence, la rebellion malienne est partie du nord et a légitimé une intervention française qui lui a permis de fait de sécuriser le nord riche en réserves pétrolières.

Les dernières négociations semblent laisser à Total – de la même manière qu’en Centrafrique – la plus grosse partie du gâteau, tandis que le groupe pétrolier français vient d’obtenir les contrats d’exploitation du bassin de Taoudeni, dans la Mauritanie voisine.

Acte 9 : au Nigeria, alimenter la guerre civile communautaire

On parle beaucoup du Nigeria récemment. Le pays le plus peuplé d’Afrique, la première puissance pétrolière du continent est aussi un des pays les plus pauvres, corrompus, déchirés par les conflits communautaires.

Il est difficile de dire dans quelle mesure Total alimente ce climat. Le rapport du Mr.anti-corruption du pays, Nuhu Ribadu, révèle que 75 % des revenus du pétrole, soit 35 milliards de $, échappent au budget de l’Etat. Selon le rapport, Shell, ENI et Total alimentent cette corruption.

On sait aussi que Total emploie des sociétés militaires privées au Nigeria qui sont un des acteurs meurtriers dans la guerre civile nigérianne, face aux milices islamistes, aux mercenaires locaux.

Enfin, un dernier rapport publié en 2011 par des ONG dont « Les amis de la Terre » couronne le tableau. Total connaît des relations excécrables avec les communautés locales, avec des démarches d’expulsions forcées de population en 2006.

Total soutient certaines communautés comme celle Egi (en fait une petite partie d’entre elle, celle liée au pouvoir) contre les autres. Diviser pour mieux régner, Total joue visiblement un rôle actif dans les conflits ethniques locaux, quitte à embraser le pays.

Acte 10 : collaboration avec la monarchie marocaine autoritaire dans le Sahara occidental occupé

Enfin, pour finir, en 2002 Total a signé un contrat de prospection pétrolière avec la monarchie autoritaire marocaine, ayant conclu un pacte de pouvoir avec les islamistes, au Sahara occidental.

Depuis, Total engage des opérations de prospection, dans le mépris le plus total des droits des populations locales, subissant l’occupation marocaine depuis 39 ans.

L’ONG Western Sahara Ressources Watch (WSRW) a dénoncé dans un rapport en 2013, intitulé « Injustice totale » les agissements de Total au Sahara occidental, son non-respect des populations locales, comme des prescriptions de l’ONU concernant ce territoire occupé.

Ce bref, trop bref rappel laisse de côté la collaboration de Total avec des régimes dictatoriaux hors d’Afrique, comme la sanglante junte birmane qui a permis au groupe pétrolier français d’utiliser le travail forcé pour réaliser ses profits records pour une entreprise française.

Ecrire l’histoire d’Elf, ce serait l’objet d’un livre.

Ecrire celle de Total, c’est raconter les guerres actuelles marquées par l’incertitude qu’elle nous laisse sur l’avenir de l’Humanité.

Loin de la mode stupide des « Livres noir », le bilan de Total ne se résume pas à un accident d’avion sur le tarmac de l’aéroport de Moscou : le nom de TOTAL est marqué du sang des millions d’Africains victimes des balles payées par le pétrole d’Elf, puis Total.

Le mythe du monde « post-colonial »: Le néo-colonialisme vigoureux de la Françafrique persiste et signe

Posted in actualité, altermondialisme, colonialisme, démocratie participative, France et colonialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, média et propagande, militantisme alternatif, N.O.M, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, politique et lobbyisme, politique et social, politique française, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , on 7 octobre 2014 by Résistance 71

Le néo-colonialisme occidental en général et français en particulier a mis en place des régimes marionnettes dans ses anciennes colonies pour continuer la domination oligarchique téléguidée cette fois de l’extérieur et le pillage des ressources de ces pays sous influence ; tandis que le véritable colonialisme d’occupation et d’exploitation, lui, sévit toujours au pays de goulag levant (ex-USA), au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande et dans tous les pays pseudo-indépendants sous domination de la « couronne » (City de Londres, banque d’Angleterre, Vatican) britannique.

La doctrine occidentale d’un « monde post-colonial » est une aure fumisterie à exposer au grand jour… parce que nous sommes tous des colonisés !…

— Résistance 71 ~

 

La Françafrique existe toujours et se porte bien

 

Didier Epsztajn

 

6 Octobre 2014

 

url de l’article original:

http://www.cameroonvoice.com/news/article-news-16531.html

 

« Il semble donc indispensable, une fois de plus, de décrire sur quoi reposent les accusations réitérées d’ingérence ou de soutien criminel de la France dans ses anciennes colonies et au-delà, ainsi que de perpétuation de visions néocoloniales, souvent influencées par un racisme latent, au cœur même de l’Etat et de la société française »

La Françafrique ne s’est pas dissoute dans les déclarations des uns ou des autres, mais elle n’est pas figée dans des formes « originelles ». Il importe de comprendre les évolutions, les déplacements, les abandons et les reconstructions… Sans oublier la toile de fond, le mode de production capitaliste et les formes changeantes de l’impérialisme ou « le racisme profondément ancré dans la société française et ses élites ».

Le livre est divisé en trois parties :

  1. Les recompositions politiques et institutionnelles de la Françafrique
  2. Présence militaire française : le retour aux fondamentaux ?
  3. Multinationales françaises : entre Françafrique et mondialisation

« Elles permettent au lecteur de s’intéresser successivement aux évolutions des trois pouvoirs qui la structurent :

  • le pouvoir politique qui, poussé à se saisir progressivement de cette thématique, multiplie les effets d’annonce sans pour autant modifier les fondamentaux de cette relation de domination, qu’il institutionnalise et banalise en l’habillant des justifications d’usage ;
  • l’armée qui, dans le prolongement de la « nouvelle doctrine » forgée à partir des années 1990, rationalise et relégitime sa présence en Afrique et auprès de certains des pires régimes du continent, instrumentalise « la guerre contre le terrorisme » et impose ses vues dans le jeu multilatéral que la France prétend jouer ;
  • les entreprises françaises qui, évoluant dans une économie de plus en plus mondialisée et un jeu désormais fortement concurrentiel, mobilisent leur « patrimoine françafricain » – en même temps qu’elles s’en affranchissent progressivement – au profit d’une oligarchie dans laquelle elles s’intègrent peu à peu, à des degrés divers qui permettent d’en établir une typologie. »

Voir l’introduction publiée avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse : Introduction  » Encore la Françafrique ! ?  » à l’ouvrage  » Françafrique. La famille recomposée « 

Dans la première partie, Fabrice Tarrit parle, entre autres, des recompositions politiques et institutionnelles, du tabou de la « complicité française dans le génocide » des Tutsis au Rwanda, du « soutien multiforme aux dirigeants les plus répressifs et les plus corrompus », de Sarkozy et de la «Françafrique décomplexée », des engagements et des renoncement des dirigeants socialistes, des approvisionnements et des marchés de Bolloré, Total ou Areva, des poignées de mains aux dictateurs, de la « réhabilitation de l’intervention française en Afrique et de sa présence militaire », de l’opération Serval, des accords monétaires, du Franc CFA, « pilier du néocolonialisme français en Afrique »…

Il analyse en détail l’intervention française au Mali, celle en Centrafrique, l’occultation et les dénis des dimensions historiques, politiques et économiques des conflits et des rôles de la France… L’auteur parle des relations avec les dirigeants africains, des réceptions des opposants, du « domaine réservé » du président de la République, des opérations militaires, de la recomposition des réseaux françafricains, de soutien aux dictateurs, de présence militaire, du franc CFA, d’ordre franco-africain… « Cette vision nourrie d’un racisme latent tout droit issu de notre histoire coloniale est partagée par un nombre important de personnalités, de fonctionnaires, d’experts, de droite comme de gauche, ce qui rend le travail d’information, d’interpellation et de mobilisation d’une association comme Survie d’autant plus nécessaire pour exposer et dévoiler les dessous institutionnels et diplomatiques de la relation franco-africaine ».

Dans la seconde partie, Raphaël Granvaud revient sur la présence militaire française, sur la protection des régimes et des dirigeants africains. « On comprend aisément ce que cette présence a pu avoir de politiquement criminel par l’importance décisive qu’elle a occupée dans les mécanismes de privation des droits économiques et politiques des populations africaines. Elle le fut également au plan juridique si l’on considère les répressions sanglantes dont les militaires français furent responsables ou complices ». L’auteur présente l’ingérence militaire française, sa nouvelle doctrine et ses vieilles pratiques, les accords de défense, les clauses secrètes de maintien de l’ordre, «l’approvisionnement préférentiel ». Il parle de la Somalie et de la piraterie dans le Golfe d’Aden, de la Libye, de la Cote d’Ivoire, de la rhétorique de la « guerre contre le terrorisme », de la France au Mali, de l’opération Serval, de la démonstration en action des « qualités du matériel de mort « made in France » », de son utilité « pour rester sur le podium des principaux exportateurs d’armes de la planète ». J’ajouterai, le plus souvent dans le silence complice des syndicats des travailleurs qui les fabriquent…

Il montre aussi comment « l’aide » est de fait une subvention déguisée aux entreprises. L’auteur analyse les faces cachées de l’opération Serval.

(Sur ce sujet, compléments possibles :

Jean Batou : Mali : refuser la géopolitique du « moindre mal ». Les objectifs de Serval, Mali : refuser la géopolitique du « moindre mal ». Les objectifs de Serval

Les zones d’ombre de l’intervention française au Mali : Eléments de contexte et d’explication,Les zones d’ombre de l’intervention française au Mali : Eléments de contexte et d’explication

Non à l’intervention de l’armée française (et autres textes et communiqués) Non à l’intervention de l’armée française (et autres textes et communiqués))

Raphaël Granvaud montre le lien entre cette « opération » et la relégitimation de l’ingérence militaire française en Afrique. Il souligne, entre autres, que « les crispations identitaires et religieuses ne sont pas la cause, mais le produit des affrontements en Centrafrique » ou la volonté de maintenir l’ordre dans ce que l’Etat français considère comme sa sphère d’influence. Il analyse comment le gouvernement français essaye de « parer aux accusations de néocolonialisme », dont la mobilisation de pays africains sur ce qui est « identifié comme étant ses propres priorités en matière de sécurité » et « d’instrumentaliser ou de forcer l’interprétation des résolutions obtenues au conseil de sécurité » de l’ONU.

Le dispositif militaire français est réorganisé « pour lutter contre le terrorisme », mais pas le terrorisme de large perspective du FMI, de la Banque mondiale, ni celui des grandes entreprises… L’auteur parle de « recolonisation assumée » à travers, entre autres, des accords de défense. Il analyse aussi les relations entre la France et les Etats-Unis pour relativiser « les discours sur la rivalité militaire ».

Les pages sur le « permis de tuer », les crimes commis par des militaires français sont particulièrement intéressantes.

La dernière partie sur les multinationales françaises est importante. Thomas Deltombe, Alain Deneault, Thomas Noirot et Benoît Orval parlent, entre autres, de Elf et Total, Bouygues, BNP, SCOA, CFAO, Bolloré, Geocoton ex-CFDT, Vinci, Castel, Air France, Vivendi, etc. Ils analysent les reconfigurations et mutations économiques, « bien plus qu’à un prétendu recul des « intérêts » français » face à la concurrence internationale, à une intégration progressive de l’oligarchie néocoloniale « française » (c’est à dire ayant une attache stato-nationale clairement identifiable) dans une oligarchie « globalisée », à la fois architecte et bénéficiaire des processus de « mondialisation » et de financiarisation off-shore ».

Les auteurs parlent des entreprises qui ont profité du système (néo)colonial, de la gestion des dépendances coloniales par des sociétés privées, de financement par « des fonds publics des infrastructures que requiert la grande industrie privée pour être profitable », des interconnexions public-privé omniprésentes au lendemain des indépendances, des bénéfices privés de la françafrique. Ils insistent à juste titre sur le tournant néolibéral, les désatisations, les déréglementations, la tendance à « l’intégration du cadre françafricain dans la globalisation de l’économie », la transnationalisation ou la financiarisation…

J’ai notamment apprécié le chapitre « La « nouvelle ruée vers l’Afrique » est-elle si défavorable aux intérêts privés français »

Les auteurs analysent les reconfigurations industrielles et économiques, la mise en concurrence des ouvrier-e-s du monde entier, les « avantage comparatifs » permis par le socle françafricain, le poids du franc CFA, les montages financiers… Ils indiquent, entre autres : « certes les héritières ont besoinde la Françafrique, mais elles sont la Françafrique »

Doit-on encore rappeler que « l’internationalisation et la financiarisation de ces entreprises, justement appelées transnationales, font qu’il devient aujourd’hui difficile de les associer rigoureusement à un pays spécifique, dont le gouvernement en défend exclusivement les intérêts à l’étranger ».

La Françafrique pese lourdement « dans l’évolution du positionnement stratégique des entreprises françaises en Afrique » et cette Françafrique est un « transfert de souveraineté ».

Un petit livre sur la persistance réorganisée de la Françafrique, sur les pratiques néocoloniales et sur les « activités » criminelles « nationales »…

Le mouvement syndical français me semble bien silencieux sur les processus de dépossession organisés par les entreprises « françaises » en Afrique. Peut-on défendre les intérêts des salarié-e-s ici sans défendre ceux des salarié-e-s africain-e-s, ? Et comment ne pas prôner et soutenir les nécessaires expropriations, réappropriations sociales par les salarié-e-s des autres pays des multinationales qui battent, entre autres, le pavillon français…

Par ailleurs, une fois de plus je dois regretter l’absence de prise en compte des dimensions de genre dans les différentes analyses.

En complément possible :

Rwanda : 20 ans après, la France peine à poursuivre et condamner les génocidaires et leurs complices :

Rwanda : 20 ans après, la France peine à poursuivre et condamner les génocidaires et leurs complices

 

Survie : Françafrique. La famille recomposée

Thomas Noirot et Fabrice Tarrit (coord.)

Thomas Deltombe, Alain Deneault, Raphaël Granvaud, Benoît Orval, Odile Tobner

Editions Syllepse, http://www.syllepse.net/lng_FR_srub_37_iprod_613-francafrique.html, Paris 2014, 220 pages, 12 euros

Ingérence française au Cameroun: Pan dans les dents de la Françafrique arrogante!…

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Lettre ouverte à l’ambassadeur de France au Cameroun, Madame Christine Robichon

 

Armand Roger Biloa Mballe

 

1er Mai 2014

 

url de l’article:

http://www.cameroonvoice.com/news/article-news-14990.html

 

Madame,

L’objet de cette lettre est de vous demander de cesser de vous mêler des affaires intérieures du Cameroun.
Depuis votre arrivée au  Cameroun en Décembre 2013, les Camerounais  vous observent, suivent et scrutent vos faits et gestes et  essaient de les mettre en perspective par  rapport  à la politique de votre pays  au Cameroun. 
Votre activisme, en quelques cinq mois de séjour au Cameroun confirment les analyses que nous avons faites voici trois mois.

Vous êtes chargée d’une mission spécifique et spéciale dans notre pays. Vos multiples déplacements, à travers le territoire national, qui ne sont que de simples opérations  de relations publiques, constituent le dernier fond de commerce d’un  vieux logiciel diplomatique  qu’utilise vos autorités pour masquer le rejet et le sentiment  profondément anti-français que les Africains en général, et les Camerounais en particulier éprouvent vis-à-vis de l’Impérialisme  de votre pays sur le Continent noir.

Mr  Gain  Bruno votre prédécesseur l’a utilisé durant son inutile séjour au Cameroun et cela n’a rien donné. Ce  nouveau mode de coopération, reste la dernière trouvaille  de  la France dans ses relations avec les Etats africains. Et pour cause, elle n’a plus rien à leur offrir (si elle en eut avant). La France, contrairement aux faux airs de suffisance et à son arrogance habituelle, est embourbée dans une interminable crise multidimensionnelle aggravée  il ya quelques mois par l’adoption de l’homosexualité comme nouveau mode de procréation et de renouvellement de sa population plus vieillissante que jamais.

Une  France empêtrée, pataugeant dans  d’inextricables et d’insolubles problèmes sociaux (chômage, pauvreté suicides…etc.), que vous continuez de  miroiter aux Camerounais, comme un horizon incontournable  en matière de développement et de progrès.

Vos sorties médiatiques et vos déclarations tantôt sur « les prisonniers politiques français » qui seraient  détenus au Cameroun(alors qu’ils ne sont que de simples délinquants  économiques et financiers et Camerounais au moment de leurs forfaits), tantôt sur le non respect des homosexuels sous les termes de Droits humains, tantôt sur la gouvernance et la corruption, cinq mois à peine  après votre arrivée au Cameroun, ont fait tomber les masques. Le peuple  camerounais sait  déjà quel type de Diplomate vous êtes.

Madame, sachez que les relations diplomatiques et consulaires sont codifiées, encadrées et régies par les Conventions signées  à Vienne  respectivement en 1961 et en 1963. La France doit retenir une fois pour  toutes  que nous sommes en 2014 et non en février 1944, l’année où le général  de Gaulle et son Ministre des colonies René Pleven, mettaient en place à Brazzaville (la triste et funeste Conférence Africaine Française de Brazzaville), l’architecture et les Instruments de  la domination de la France en Afrique. C’était il ya 70 ans.

Vos déclarations à l’emporte-pièce dans  certains  medias  camerounais, dont vous tentez d’orienter les lignes éditoriales en accordant de petits per diem au cours des stages de quelques jours et d’autres broutilles aux Directeurs de Publication n’aboutiront à rien. Sans prendre le parti du gouvernement camerounais, nous savons néanmoins que les agents de votre gouvernement ont remis de l’argent à certains medias locaux pour peindre négativement notre pays dans l’affaire Edzoa-Atangana.

Le peuple camerounais, en dépit des difficultés et des frustrations  accumulées, n’ignore plus où se trouve  son véritable ennemi. Arrêtez de parcourir les quartiers populaires de Douala  à  la recherche des mécontents comme vous le faites depuis votre arrivée au Cameroun. Vous recherchez une «  étincelle sociale » pour allumer les troubles comme votre  pays  a pris coutume de le faire dans de nombreux pays africains (Côte d’Ivoire, Libye, Niger, Mali, RCA,…). Nos problèmes internes sont les nôtres.

Les  Camerounais savent que  leur « ennemi  Central » c’est la France et ses réseaux. Une «  Diplomatie de bruit », tel est votre créneau. C’est ce comportement inattendu d’un diplomate qui a exaspéré les Autorités  béninoises et poussé le Président  Yayi Boni  en 2013  à expulser du Bénin l’Ambassadeur de France  en lui donnant quelques jours pour quitter son Pays. Ayez l’intelligence ou au moins la décence d’éviter d’invoquer les « Relations  Historiques » entre le Cameroun et la France  car vos propos ravivent la douleur 400.000 morts camerounais, victimes du génocide commis par la France dans l’Ouest du pays et dans la Sanaga-Maritime.

Et même du point de vue des traités notre pays n’a jamais été une colonie française en tant que telle. C’est au travers de la Société des Nations (SDN) en 1919, puis de l’ONU en 1945 que votre pays, affaibli  et ruiné par les guerres, est entré au Cameroun. Il y est donc par effraction, non par humanisme ou philanthropie, pour piller et exploiter ses richesses minières, naturelles et énergétiques. C’est cette politique de pillage  , d’extermination et de massacres de nos Nationalistes que vos « Historiens coloniaux » ont étiqueté de maquisards qui vous rattrape aujourd’hui dans toutes les régions du Continent africain, notamment au Rwanda.

Madame l’Ambassadeur, en parcourant les deux plus grandes villes du Cameroun (Douala et Yaoundé), donc de la sous-région Afrique centrale, quel est  le signe ou le symbole visible de la coopération entre «  votre grande et puissante France » et le  Cameroun ? Il n’y en a pas, faute de moyens. Cessez donc de chanter et  de citer la coopération entre la France et le Cameroun comme un exemple. Déboucher ou curer les caniveaux de certaines rues à Yaoundé ou à Douala, boucher les nids de poules ou replâtrer les  trottoirs  d’une route à Garoua financés par des fonds prélevés sur nos devises déposées autoritairement dans le Compte d’Opération au  Trésor français tient-il lieu de coopération ? Arrêtez  ce cirque; il est de mauvais goût et même  indigeste.

Depuis la destruction et l’occupation de la Côte d’Ivoire et l’assassinat du Président Kadhafi par Sarkozy et ses agents, « les Forces Profondes » à l’œuvre au sein de la Société Civile camerounaise ne  demandent qu’une seule chose : la France et  les Français doivent quitter l’Afrique. « French go home », telle est la lame de fond qui traverse les sociétés africaines. L’histoire moderne de notre pays a enregistré que l’Autoroute reliant les deux plus grandes métropoles  de l’Afrique centrale (Douala et Yaoundé),  sera l’œuvre de la Chine et non celle de la France. Un événement historique qui vient  tourner les sombres pages des relations entre le Cameroun et la France. Le mépris et l’arrogance  sur lesquels vous avez bâti « votre politique de coopération » en Afrique ont montré leurs limites. Dès lors, la confrontation  entre  les peuples africains et  une France plus impériale  que jamais, bien que décadente, paraît inévitable; l’on s’y prépare déjà. C’est la tâche que s’assigne notre génération.

Madame l’Ambassadeur, c’est l’occasion de vous rappeler que le 04 février 2014 vous vous êtes rendue à Douala dans la région du Littoral pour  parler de « la gouvernance, des élections, de la corruption, de la démocratie et des fraudes de toutes sortes au Cameroun. Etes-vous qualifiée pour  débattre de tels sujets dans notre pays ? Quand on sait que toute la classe politique  française (toutes formations politiques confondues) est cernée et rongée par les affaires de corruption, de détournements  de deniers publics et de mafia  à grande échelle. Voilà dont  une France où des Membres du gouvernement aux  anciens Présidents de la République sont quotidiennement interpellés devant les tribunaux  pour népotisme, emplois fictifs et qui prétend donner des leçons aux Africains. C’est le monde à l’envers.

Vous savez que sous d’autres cieux, les Chefs de Mission diplomatique, pour des raisons évidentes, se font très discrets dans leurs déplacements avec des véhicules banalisés. Mais au Cameroun comme en territoire conquis, vous vous  baladez  dans  les quartiers populaires  de Douala : New-Bell, Bali, Quartier Congo comme un Sous-préfet qui rend visite à ses Administrés. Retenez que le Cameroun n’est pas une Préfecture  de la France et Douala non plus une Sous-préfecture. Vous vous permettez de pénétrer dans ces quartiers  populaires, à bord de votre  voiture arborant le fanion du drapeau français comme au bon vieux temps de la Coloniale. Arrêtez  d’irriter et de provoquer  le peuple camerounais.

Après votre rencontre avec les « religieux », puis avec les homosexuels, c’est sans doute le tour des motos taximen et dans un proche avenir vous irez à la rencontre  des « prisonniers  franco-camerounais détenus arbitrairement  dans les geôles camerounaises » et dont la France estime être investie d’une mission universelle pour leur libération. Vous êtes à la recherche des foyers de mécontentement  dans  les quartiers populaires  afin d’allumer et d’alimenter  la contestation sociopolitique et de faire appel  à vos « Humanitaires » qui arriveront avec des armes cachées dans des cartons de riz et de blé génétiquement modifié(OGM), secourir «  les populations en danger ». C’est le scénario et le schéma classiques des foyers de tensions que votre pays  a allumés à travers  l’Afrique.

Si votre objectif ultime est de contrôler la transition au Cameroun pour installer au pouvoir un de vos agents, le peuple camerounais a un message pour votre gouvernement : vous échouerez, contrairement aux relatifs succès que vous avez obtenus dans d’autres pays. Le peuple camerounais est averti et éveillé.

Aux organes de presse locaux, nous disons  qu’il est  regrettable  que les Directeurs de ces publications, jusqu’à ces jours refusent de comprendre le jeu macabre que  la France joue dans notre Pays. En effet, comment comprendre que  Mr Alain Njipou du Journal le Messager ait pu titrer  le 05 février 2014 « Cameroun-Coopération : J.M  Nintcheu montre les vrais visages du Cameroun à la France ». Les journaux   camerounais  devraient plutôt se poser la question suivante : d’où la France prend- t- elle  les milliards qu’elle prétend déverser au  Cameroun  alors qu’elle-même se trouve au bord du gouffre économique et financier ? Pendant ce temps, les bouches du métro de Paris  sont envahies par des Sans Domiciles Fixes (SDF) et qui sont  nourris  aux  soupes populaires. Les Camerounais doivent le savoir.

En 15 avril dernier, vous vous êtes rendue au Siège  social des homosexuels en Afrique centrale à Douala, et qui se fait appeler « Réseau de Défenseurs des Droits Humains en Afrique Centrale(REDHAC) », où vous attendait Alice Nkom de sinistre image. Cette Mémé, qui est entrée dans les lugubres annales de notre pays comme une sataniste en rendra des comptes  devant l’impitoyable tribunal de l’histoire.   Quelques jours après, vous  vous êtes retrouvée dans la partie nord du Cameroun. Si vous  n’avez rien à faire dans votre Mission diplomatique, organisez des promenades dans cette immense propriété de plusieurs centaines d’hectares, que l’Administration  coloniale française a arrachée aux  autochtones de Yaoundé, pour  en bâtir un véritable Etat en plein cœur de la Capitale camerounaise que vous appelez abusivement  Ambassade. Le peuple camerounais le sait.

Aux Camerounais qui rêvent ou qui pensent que le salut leur viendra de la France, nous leur demandons de bien regarder  et d’analyser la situation des Etats africains qui, au nom des droits de l’homme ont été déstabilisés par la France. Le sillage de la France en Afrique  c’est  du Sang, des Pillages, la désolation et  la  misère. Visitez la Côte d’Ivoire. Vous  identifierez aisément  des symboles  encore  fumants de «  la coopération française en Afrique ». Même si  les Camerounais, comme dans tous les pays du monde, ont des problèmes  au plan interne, qu’ils évitent de faire appel à  la Communauté dite « Internationale » dont la France s’est autoproclamée le porte-parole. Attention ! Les charognards  et autres mercenaires sont à l’affût  pour leurs intérêts exclusifs. Alors Vigilance.

Veuillez prendre en considération   Madame, l’Expression et le  profond  Sentiment d’une  Société  camerounaise  qui a décidé de se libérer du joug et l’encombrante tutelle d’une France toujours arrogante malgré son irréversible décadence.

Résistance politique au colonialisme: La Françafrique du néo-colonialisme au néo-esclavagisme…

Posted in actualité, altermondialisme, documentaire, France et colonialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, pédagogie libération, politique et lobbyisme, politique et social, presse et média, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , on 16 janvier 2014 by Résistance 71

Excellente analyse qui trouve un écho également chez les nations autochtones des Amériques et d’Océanie…

L’avenir de l’humanité passe par les peuples occidentaux libérés du dogme de la pensée colonialiste se tenant aux côtés des peuples opprimés depuis plus de cinq siècles par l’occident chrétien génocidaire.

— Résistance 71 —

 

Code noir du néo-colonialisme au néo-esclavagisme

 

Dr Cheik Diabate

 

14 janvier 2014

 

url de l’article:

http://www.cameroonvoice.com/news/article-news-13842.html

 

Devoir de mémoire: à tous les patriotes africains, la rédaction de cameroonvoice recommande vivement cet article

L’Afrique, ce continent tant convoité et tant méprisé aura tout donné à l’Occident pour « deux pots et demi de farine de manioc » ! (voir article 22 du « Code Noir » de Colbert).

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Croyant ce système odieux de l’esclavage aboli, le continent noir a subi sur son propre sol  un siècle de colonisation avec son cortège de ségrégation, de travaux forcés et de discrimination (Code de l’indigénat).

Après 4 siècles d’esclavage de 1648, date de la mise en œuvre du code noir, jusqu’en 1848 date de l’abolition de l’esclavage dans les îles françaises et après encore un siècle de colonisation, les années soixante sont apparues comme les années de la libération pour une bonne partie des colonies françaises d’Afrique. Les pays colonisateurs affaiblis par deux guerres ont décidé de donner de la main droite, l’indépendance qu’ils ont reprise de la main gauche à travers des accords de coopération (charte de l’impérialisme).

50 ans après, ces anciennes puissances coloniales, connaissant une suite de crises financières aussi aiguës les unes que les autres, semblent regretter les indépendances octroyées et toutes autres formes d’autonomie. On assiste, donc, à la mise en place de nouveaux schémas d’appropriation de l’Afrique par ses anciens colons.
Tous les actes actuels des États occidentaux semblent être calqués sur le code noir et paraissent conduire le continent africain dans une spirale néo-esclavagiste avec l’appui de quelques « affranchis ». Nous entendons par « affranchis », tous ces commis placés ou cooptés à la tête des États pour satisfaire les intérêts occidentaux au détriment des besoins réels de la population.

Examinons l’essence du code noir de 60 articles et ses similitudes avec les pratiques actuelles des États occidentaux en Afrique avec l’appui de leurs « affranchis ».

Article 1

Voulons que l’édit du feu Roi de Glorieuse Mémoire, notre très honoré seigneur et père, du 23 avril 1615, soit exécuté dans nos îles; ce faisant, enjoignons à tous nos officiers de chasser de nos dites îles tous les juifs qui y ont établi leur résidence, auxquels, comme aux ennemis déclarés du nom chrétien, nous commandons d’en sortir dans trois mois à compter du jour de la publication des présentes, à peine de confiscation de corps et de biens.
Aujourd’hui en Afrique, ceux qui sont à chasser ne sont pas les Juifs mais les Chinois. Tout est mis en œuvre pour empêcher l’Afrique d’accueillir les Chinois. Pire, les partenariats stratégiques interafricains et la coopération Sud-Sud sont considérés comme une forme d’émancipation donc craints et donc à bannir.

Article 2

Tous les esclaves qui seront dans nos îles seront baptisés et instruits dans la religion catholique, apostolique et romaine. Enjoignons aux habitants qui achètent des nègres nouvellement arrivés d’en avertir dans huitaine au plus tard les gouverneurs et intendant desdites îles, à peine d’amende arbitraire, lesquels donneront les ordres nécessaires pour les faire instruire et baptiser dans le temps convenable.

Pour dépersonnaliser les Africains débarqués sur des terres inconnues d’Amérique et afin de les empêcher à recourir à leurs pratiques religieuses et culturelles de peur de se libérer de la tutelle de leur maître, les esclavagistes ont eu l’ingénieuse idée de se servir d’une interprétation de la bible faisant du Noir le descendant de « Cham » maudit par NOÉ et condamné par Dieu à l’esclavage et ne pouvant avoir son salut qu’en aliénant sa liberté à ses maîtres blancs. Le baptême était donc une adhésion au statut d’esclave et une acceptation du maître blanc. La dépersonnalisation était une condition nécessaire de l’aliénation de l’esclave.

Les articles 3 à 14 du code noir sont consacrés à la pratique religieuse de l’esclave pour éviter toute échappatoire à lui et à ses descendants.

Depuis la crise des années 80, l’Afrique est envahie par toute sorte d’églises. Le marketing religieux a remplacé l’obligation d’adhésion. Les croyances ancestrales qui sont décrites comme de l’animisme sont traduites comme des pratiques sauvages et sans fondement. Tout est mis en œuvre pour convaincre les plus incrédules ou réticents à faire le bon choix au risque de vivre l’enfer sur terre. Les salles de cinéma, les lieux de travail, les places publiques et les maisons privées se sont transformés en lieu de culte. La musique et les films religieux complètent l’arsenal de propagande. Il y a même un risque d’exclusion sociale pour ceux qui ne font pas de choix. L’objectif est clair : donner une interprétation biblique au malheur de l’Afrique dirigée par ses fils « maudits  par Dieu » et préparer les esprits à accepter le retour du maître.

Article 15 et 16

Défendons aux esclaves de porter aucune arme offensive ni de gros bâtons, à peine de fouet et de confiscation des armes au profit de celui qui les en trouvera saisis, à l’exception seulement de ceux qui sont envoyés à la chasse par leurs maîtres et qui seront porteurs de leurs billets ou marques connus.

Défendons pareillement aux esclaves appartenant à différents maîtres de s’attrouper le jour ou la nuit sous prétexte de noces ou autrement, soit chez l’un de leurs maîtres ou ailleurs, et encore moins dans les grands chemins ou lieux écartés, à peine de punition corporelle qui ne pourra être moindre que du fouet et de la fleur de lys; et, en cas de fréquentes récidives et autres circonstances aggravantes, pourront être punis de mort, ce que nous laissons à l’arbitrage des juges. Enjoignons à tous nos sujets de courir sus aux contrevenants, et de les arrêter et de les conduire en prison, bien qu’ils ne soient officiers et qu’il n’y ait contre eux encore aucun décret.
Les deux articles, ci-dessus, ont pour objectif de priver tout droit politique et civil à l’esclave et le déposséder de tout moyen de défense pour avoir comme unique protecteur le maître, sous peine de punition corporelle ou de peine de mort. La protection du maître lui sera donc accordée en contrepartie de sa soumission. L’article 17 complète l’arsenal juridique de répression.

Aujourd’hui en Afrique, les armées nationales sont progressivement remplacées par des armées des pays colonisateurs sous le couvert de l’ONU pour la défense du territoire ou la protection de la population civile. Dans un environnement d’insécurité généralisée par des conflits internes alimentés en armes et en ressources financières par le pays colonisateur. L’exercice des droits civils et politiques est devenu risqué et interdit de fait. Les contrevenants sont conduits au cimetière, en prison, en exil ou subissent des traitements inhumains et dégradants.

Article 28

Déclarons les esclaves ne pouvoir rien avoir qui ne soit à leurs maîtres; et tout ce qui leur vient par industrie, ou par la libéralité d’autres personnes, ou autrement, à quelque titre que ce soit, être acquis en pleine propriété à leurs maîtres, sans que les enfants des esclaves, leurs pères et mères, leurs parents et tous autres y puissent rien prétendre par successions, dispositions entre vifs ou à cause de mort; lesquelles dispositions nous déclarons nulles, ensemble toutes les promesses et obligations qu’ils auraient faites, comme étant faites par des gens incapables de disposer et contracter de leur chef.

Les articles 18, 19, 20, 21 interdit le droit d’exercer des activités commerciales sauf en cas de tâches commerciales confiées par le maître.

L’article 28 dépossède l’esclave de tout bien au profit de son maître même ceux obtenus par industrie ou par libéralité d’autres personnes.

Depuis les années 1990, la politique de privatisation et de libéralisation privent les peuples africains de tout bien acquis par industrie ou par libéralité. Les accords de coopération avaient déjà organisé la main mise sur les matières premières et les réserves financières. De même qu’il n’est pas permis à un esclave d’avoir un revenu, il n’est pas permis aux pays africains de disposer des revenus de leurs matières premières exportées. Ces revenus sont déclarés biens propres du maitre.

Nous assistons donc, depuis 1990 à l’exclusion des africains de l’activité du grand commerce et de l’industrie pour les orienter vers des activités de subsistance (lutte contre la pauvreté) lui permettant d’assurer les deux pots et demi de poudre de manioc. L’article 22 est éloquent à ce sujet :

Article 22

Seront tenus les maîtres de faire fournir, par chacune semaine, à leurs esclaves âgés de dix ans et au-dessus, pour leur nourriture, deux pots et demi, mesure de Paris, de farine de manioc, ou trois cassaves pesant chacune 2 livres et demie au moins, ou choses équivalentes, avec 2 livres de boeuf salé, ou 3 livres de poisson, ou autres choses à proportion : et aux enfants, depuis qu’ils sont sevrés jusqu’à l’âge de dix ans, la moitié des vivres ci-dessus.

Les maîtres doivent donc fournir la nourriture à leur esclave. Le strict minimum pour entretenir la force de travail et assurer la reproduction de cette force de travail, c’est-à-dire la descendance de l’esclave.

L’Afrique, dépouillée de ses richesses par des accords de coopération et une politique de privatisation, ne vit que de l’aide de ses maîtres pour payer des salaires de misère assurant à peine les deux pots et demi de poudre de manioc.

La masse des paysans qui produisent pour le marché international ne reçoit qu’une rémunération à peine suffisante pour assurer les deux pots et demi de poudre de manioc.

Article 31

Ne pourront aussi les esclaves être parties ni être (sic) en jugement en matière civile, tant en demandant qu’en défendant, ni être parties civiles en matière criminelle, sauf à leurs maîtres d’agir et défendre en matière civile et de poursuivre en matière criminelle la réparation des outrages et excès qui auront été contre leurs esclaves.
Comme l’esclave qui ne peut actionner la justice, les victimes des atrocités ne peuvent saisir directement la fameuse Cour Pénale Internationale (CPI). Seul leur maître a le droit de le faire pour eux. C’est pour quoi seul le conseil de sécurité, le procureur de la CPI et les États (dirigés par les affranchis) peuvent saisir la CPI. Évidemment, ces derniers n’agissent qu’au nom des intérêts du maître. Les textes de résolution pour les pays africains sont décidés, écrits et déposés au conseil de sécurité de l’ONU par le pays colonisateur en dehors de toute participation voire consultation de l’Union Africaine (UA).

Article 32 et 33

Pourront les esclaves être poursuivis criminellement, sans qu’il soit besoin de rendre leurs maîtres partie, (sinon) en cas de complicité: et seront les esclaves accusés, jugés en première instance par les juges ordinaires et par appel au Conseil souverain, sur la même instruction et avec les mêmes formalités que les personnes libres. 
L’esclave qui aura frappé son maître, sa maîtresse ou le mari de sa maîtresse, ou leurs enfants avec contusion ou effusion de sang, ou au visage, sera puni de mort.

La mise à mort politique ou physique pour ceux qui défient ou remportent des victoires démocratiques contre le gré de leur maître s’apparentent à « l’esclave qui frappe son maître ». ces transgresseurs sont jugés par le « conseil souverain » c’est-à-dire par ce qui a pris la forme de Cour Pénale Internationale ou punis par la peine de mort.

Article 38

L’esclave fugitif qui aura été en fuite pendant un mois, à compter du jour que son maître l’aura dénoncé en justice, aura les oreilles coupées et sera marqué d’une fleur de lis une épaule; s’il récidive un autre mois pareillement du jour de la dénonciation, il aura le jarret coupé, et il sera marqué d’une fleur de lys sur l’autre épaule; et, la troisième fois, il sera puni de mort.

L’exemple des massacres du Beach au Congo Brazzaville lors du retour des réfugiés de la guerre civile congolaise, le gel des avoirs des réfugiés et la tentative d’assassinat des exilés ivoiriens au Ghana en sont les meilleures illustrations.

Article 44

Déclarons les esclaves être meubles et comme tels entrer dans la communauté, n’avoir point de suite par hypothèque, se partager également entre les cohéritiers, sans préciput et droit d’aînesse, n’être sujets au douaire coutumier, au retrait féodal et lignager, aux droits féodaux et seigneuriaux, aux formalités des décrets, ni au retranchement des quatre quints, en cas de disposition à cause de mort et testamentaire.

Dans les pays militairement occupés, les Africains ont perdu tous droits civils et politiques et sont devenus des biens meubles de la communauté internationale. Leur appartenance, leur rattachement et leur tutelle dépendent de la communauté internationale. Ces pays occupés n’ont donc pas le droit de choisir les limites de leurs territoires et leurs dirigeants. Ces derniers étant choisis parmi les « affranchis » par la communauté internationale. Ce sont les maîtres qui disposent des Africains. Le maître d’un pays peut toujours changer, car les biens de la communauté connaissent une redistribution au gré des événements comme à la conférence de Berlin en 1885. Il ne faudrait donc pas être surpris de voir la Françafrique cohabiter avec l’Américafrique, puisque, depuis un moment, l’on constate le partage de l’Afrique au profit du bloc atlantiste, États-Unis en tête, qui entendent diriger les opérations et superviser progressivement l’ancien pré-carré français, la France étant maintenue à un rôle de gendarme.

Articles 56 et 57

Les esclaves qui auront été fait légataires universels par leurs maîtres ou nommés exécuteurs de leurs testaments ou tuteurs de leurs enfants, seront tenus et réputés, les tenons et réputons pour affranchis.
Déclarons leurs affranchissements faits dans nos îles, leur tenir lieu de naissance dans nosdites îles et les esclaves affranchis n’avoir besoin de nos lettres de naturalité pour jouir des avantages de nos sujets naturels de notre royauté, terres et pays de notre obéissance, encore qu’ils soient nés dans les pays étrangers.
Les « affranchis », les « boys à tout faire », sont ceux qui sont choisis par la « communauté internationale » pour tenir en laisse le peuple. Formatés dans leurs institutions, ils sont imposés à la tête de nos États par les « bombes démocratiques », par coups d’État, par des rébellions sanglantes ou encore à la suite de hold-up électoral en piétinant toute souveraineté c’est-à-dire la constitution.

CONCLUSION

En parcourant le code noir de 60 articles, l’on est frappé par l’analogie entre ce dernier et  le comportement non codifié des rapports actuels de l’occident avec l’Afrique. L’on constate que l’esprit du « Code noir » a toujours inspiré les rapports entre l’occident et l’Afrique en changeant les lettres, dans ses différentes variantes historiques (code de l’indigénat, charte de l’impérialisme, accords de coopération). Il n’y a point de doute comme le déclare les sénateurs français que « l’Afrique est l’avenir de la France ». Cet avenir est en œuvre avec comme objectif, 5 siècles après, de réchauffer encore une vieille recette en reformulant le code noir avec de nouvelles lettres mais en conservant l’esprit.

Le néo-colonialisme s’est rompu, Le néo-esclavagisme est donc en marche.

Sans une riposte intellectuelle appropriée, L’Afrique noire vivra les pages les plus sombres de son histoire. Dans une économie dite mondialisée, à l’exception de quelques « affranchis », les Africains seront dépouillés de tout et parqués dans des camps de réfugiés sans même pouvoir bénéficier de ces fameux « deux pots et demi de poudre de manioc ».

Par le Dr Cheik DIABATE ,
Enseignant Chercheur ,Université du Colorado, USA

Le fardeau colonialiste français toujours plus dur à porter…

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Guerre française au Cameroun: La France toujours dans le déni

 

Alain Batchy

 

8 Novembre 2013

 

url de l’article:

http://www.cameroonvoice.com/news/article-news-13170.html

 

Rappelons d’abord que cette guerre, qui a fait selon les rapports militaires français eux-mêmes plusieurs dizaines de milliers de morts, a eu pour fonction d’écraser le mouvement nationaliste camerounais, porté par l’UPC, pour installer un régime « ami » à Yaoundé.

Ce qu’il y a de plus troublant avec nos socialistes de gouvernement, c’est qu’on ne sait jamais exactement s’ils font de l’humour ou s’ils se vautrent simplement dans le cynisme le plus répugnant.

Tel est du moins l’état d’esprit dans lequel on se trouve en lisant la réponse que le gouvernement a apportée, le 23 juillet dernier, à une question écrite posée à l’Assemblée nationale par le député EELV Sergio Coronado.

Ce dernier se demandait si le gouvernement de Jean-Marc Ayrault partageait l’opinion exprimée par François Fillon selon laquelle la guerre féroce que la France a menée au Cameroun dans les années 1950 et 1960 relevait, comme l’affirmait crânement l’ancien Premier ministre en 2009, d’une « pure invention » [1].

Rappelons que cette guerre, qui a fait selon les rapports militaires français eux-mêmes plusieurs dizaines de milliers de morts, a eu pour fonction d’écraser le mouvement nationaliste camerounais, porté par l’Union des Populations du Cameroun (UPC), pour installer un régime « ami » à Yaoundé. Ou, comme l’écrira plus tard Pierre Messmer, Haut-Commissaire de la France à Yaoundé de 1956 à 1958 : «  La France accordera l’indépendance à ceux qui la réclamaient le moins, après avoir éliminé politiquement et militairement ceux qui la réclamaient avec la plus d’intransigeance » [2].

La question de Coronado – qui s’intéressait à un sujet déjà soulevé deux ans plus tôt par Noël Mamère – était d’autant plus légitime que les témoignages et les études s’accumulent ces dernières années, qui prouvent aujourd’hui de façon aussi précise qu’irréfutable que, pour « éliminer » leurs opposants camerounais, «  les gouvernements français de l’époque ont mené de violentes opérations de répression contre [l’UPC] et contre les populations civiles soupçonnées de [la] soutenir ». Parmi ces méthodes, le député relevait, entre autres, les bombardements intensifs auxquels les populations furent soumises, la vaste politique de regroupement forcé de villageois dans des villages militarisés, la mise en place d’une guerre psychologique de grande ampleur et d’un système de torture généralisée, les multiples exécutions extrajudiciaires recensées et les forfaits des sanguinaires milices profrançaises3. Bref, un arsenal analogue à celui qui était déployé, au même moment, en Algérie…

Réponse, donc, du ministère des Affaires Étrangères à Coronado : circulez, il n’y a rien à voir. Après avoir disserté sur les lourdes « responsabilités » de la France à l’époque coloniale et mentionné la « renégociation » des accords de défense franco-camerounais, les petits malins du Quai d’Orsay ne s’intéressent à la question posée par le député Vert que pour le renvoyer « aux historiens à qui il appartient désormais d’exploiter les archives rendues disponibles pour apporter leur éclairage sur la période. »

Plus intéressant encore : la réponse du Quai d’Orsay (version Laurent Fabius) reprend mots pour mots…celle qu’avait formulée deux ans plus tôt le même Quai d’Orsay (version Alain Juppé) à la question de Noël Mamère !

Faut-il expliquer aux services du ministère des Affaires étrangères que des dizaines de chercheurs, journalistes, militants ont déjà publié des quantités d’études et enregistré des centaines de témoignages qui, tous, confirment que la France s’est livrée à des atrocités au Cameroun dans les années qui ont précédé et suivi l’indépendance de ce pays, le 1er janvier 1960 ? Non, il faut simplement comprendre que le pouvoir socialiste, droit dans ses bottes juppéo-sarkozistes, n’a nullement l’intention de suivre le chemin de vérité et de justice auquel a par exemple consenti le Premier ministre britannique David Cameron, pourtant ultra-conservateur, qui reconnaissait en juin dernier, devant la chambre des Communes, les crimes perpétrés par les Britanniques dans les années 1950 au Kenya au cours de la répression des Mau Mau [3].

Imaginons même un instant qu’il faille encore attendre ces mystérieux « historiens » auxquels font appel les gouvernements français successifs cherchant désespérément à nier l’évidence [4].

Les déclarations des officiels français qui, à l’instar des anciens Premiers ministres Michel Debré ou Pierre Messmer ou des militaires Jean Lamberton ou Max Briand, se glorifiaient ouvertement dans leurs Mémoires ou dans leurs rapports d’avoir noyé le nationalisme camerounais dans le sang, ne justifieraient-elles pas à elles seules une enquête interne du côté, par exemple, des archives militaires de Vincennes ?

Malheureusement, et on le sait depuis longtemps, les héritiers de Guy Mollet et de François Mitterrand n’aiment pas plus que leurs homologues pétainistes ou gaullistes ces basses besognes. Outre qu’on risque de se salir les doigts sur de vieilles encres et dans des dossiers poussiéreux, cela imposerait de déroger à la règle d’or du socialisme de gouvernement. Lequel met un point d’honneur à toujours servir les puissants… en évitant soigneusement de rendre justice aux « vaincus de l’Histoire ».

Alain Batchy

www.survie.org
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[1] Conférence de presse, Yaoundé, 21 mai 2009

[2] Question au gouvernement n° 31918 du 9 juillet 2013. Pour une synthèse, voir Thomas Deltombe, Manuel Domergue et Jacob Tatsitsa, Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique (19481971), La Découverte, Paris, 2011.

[3] Et débloquait au passage une vingtaine de millions de livres sterling pour tenter de « dédommager » les survivants.

[4] Insultant au passage les travaux réalisés par Mongo Beti, Achille Mbembe, Richard Joseph, Abel Eyinga, Piet Konings, Meredith Terretta, et tant d’autres, parmi lesquels ces dizaines de jeunes historiens camerounais qui recensent depuis des années des témoignages sur les atrocités commises à cette époque par les troupes françaises et leurs supplétifs.