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Coronavirus : Communiqué de la Fédération Anarchiste sur « l’état d’urgence sanitaire ou pas » et le confinement – mars 2020

Posted in actualité, altermondialisme, coronavirus CoV19, crise mondiale, démocratie participative, militantisme alternatif, pédagogie libération, politique et social, politique française, résistance politique, science et nouvel ordre mondial, sciences et technologies, société des sociétés, société libertaire, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , on 8 avril 2020 by Résistance 71

 

 

Nous adhérons à ce communiqué de la Fédération Anarchiste sur le confinement en “état d’urgence sanitaire ou pas” et tenons à relayer la position raisonnée de la FA à ce sujet.
~ Résistance 71 ~

 

Communiqué des relations extérieures de la Fédération Anarchiste
Sanitaire ou pas, non à l’état d’urgence !

 

Le Monde Libertaire

 

Mars 2020

 

Source:

https://www.monde-libertaire.fr/?article=Sanitaire_ou_pas_non_a_letat_durgence_!

 

Comme toujours, c’est en période de crise, de guerre, de violence ou de pandémie que se révèle le fondement autoritaire des États. Et celui dirigé par Emmanuel Macron ne fait pas exception. 

C’est au moment où la population est sous pression et tente de respecter au mieux les demandes des épidémiologistes pour freiner la progression du coronavirus que le gouvernement français décide de soumettre le pays à un nouvel « état d’urgence ». L’objectif est limpide et avoué : donner plus de pouvoir à l’Exécutif !

Alors qu’il est incapable de venir en aide aux sans-logis, alors qu’il maltraite les personnes enfermées dans les prisons et les CRA [note] , alors qu’il refuse de donner des moyens pour la santé il faudrait octroyer plus de pouvoir à l’État français ? Au fond ce besoin d’autorité n’a-t-il pas pour but de nous imposer de ne pas combattre la machine capitaliste ? Travaille, consomme, confine ?

Le confinement, utile, est une épreuve en soi, isolant souvent encore plus les personnes.

Pour ceux qui se rêvent les tenants de l’ordre et du pouvoir, les mesures nécessaires pour contrer le virus sont opportunes : difficile de manifester contre cet abus de pouvoir en pleine pandémie !

Rien aujourd’hui ne nécessite la mise en place d’un état d’exception sur le territoire. Tout comme rien ne l’imposait après les attentats de 2015. Pourtant, il a duré jusqu’en 2017. Nous, anarchistes, savons pertinemment quel est le but poursuivi : comme le gouvernement l’a fait en 2017, Macron et ses acolytes rêvent de faire entrer dans la loi courante des mesures censées être exceptionnelles…

Encore une fois ils nous font le coup du « c’est pour votre bien et ces mesures seront levées dès que tout sera revenu à la normale ». Et nous devrions les croire ? Promis, juré mais surtout pas craché en ce moment ! Non, nous ne sommes pas dupes !

À la solidarité ils préfèrent la matraque, à la santé ils préfèrent le profit. Rien de neuf, les États sont pourris. Hier comme aujourd’hui, demain comme dans cent ans, mort aux États, mort aux frontières, vive l’entraide et la liberté ! 

Luttons et organisons-nous pour notre idéal !

Les relations extérieures de la Fédération Anarchiste

Pendant le confinement, Le Monde Libertaire est gratuit, lire tous les numéros gratuitement de 2011 à 2020

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Nous rajouterons à la conclusion de la FA :

A bas l’État, à bas la marchandise, à bas l’argent, à bas le salariat !
Vive la Commune dans l’avènement de la Société des Sociétés !
(Résistance 71)

Il n’y a pas de solution au sein du système, n’y en a jamais eu et ne saurait y en avoir !

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

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4 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

 


Devenons qui nous sommes…

La Commune outil politique de l’émancipation de la dictature marchande: l’exemple de Pancha Vasquez, Venezuela…

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, écologie & climat, économie, crise mondiale, démocratie participative, gilets jaunes, militantisme alternatif, pédagogie libération, politique et social, résistance politique, société des sociétés with tags , , , , , , , , , , on 20 décembre 2019 by Résistance 71


Société des Sociétés dans l’union des communes libres !

 

« La question sociale est une question agraire » disait à juste titre Gustav Landauer ; tout révolutionnaire doit manger… Gilets Jaunes, réaménageons nos campagnes en confédération de communes libres immunisée contre la dictature marchande. C’est une des clefs de l’émancipation à venir ! La commune de Pancha vasquez au Venezuela présentée ci-dessous n’est qu’un exemple viable parmi tant d’autres, même si l’émancipation de l’État n’est pas optionnelle : tout doit partir, état, marchandise, argent et salariat !
~ Résistance 71  ~

 

Commune: Pancha Vásquez Venezuela

 

Katrina Kozarek

 

17 décembre 2019

 

url de l’article: https://venezuelanalysis.com/video/14746

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Merci à “Bernardo” pour nous avoir référé cet article

 

Ce chapitre de “En commune” explore la commune venezuelienne de Pancha Vasquez dans l’état d’Apure, où des communards travaillent main dans la main avec les paysans locaux pour lutter contre la contrebande et la spéculation dans des systèmes de troc autonomes et de marchés communaux.

La municipalité de Romulo Gallegos à Apure abrite Elorza, un quartier célèbre pour son festival hétéroclite de musique et de danse traditionnelles venezueliennes. On dit que Chavez a développé ses qualités de leader et de militant à Elorza durant ses premières années de formation et d’organisation politique dans les années 80. A part la riche histoire et culture d’Elorza, les zones rurales de la municipalité de Romulo Gallegos comptent aussi parmi les terres venezueliennes les plus importantes pour la production de lait et de viande.

En 2014, quatorze conseils communaux situés le long de la rivière Arauca se sont joints pour former la commune de Pancha Vasquez. Cette communes a réuni plus de 938 familles, 900 fermes familiales et s’étend sur plus de 100 000 Ha de terre sur la municipalité de Romula Gallegos ainsi que sur la municipalité voisine de Muñoz.

Bien que cette zone soit très productive, ses habitants ont aussi besoin d’avoir accès à des produits industriels provenant d’ailleurs comme du riz, du sucre et de la farine. La proximité de cette commune de la frontière avec la Colombie a contribué à rendre les prix inabordables et induire une rareté de ces denrées nécessaires.

La vague massive de spéculation et de contrebande en 2015 a eu un impact profond sur les résidents de la commune de Pancha Vasquez. Un des premiers défis relevé par la Commune fut de confronter cette situation au travers d’un réseau de distribution contrôlé par la communauté. L’expérience du Comité Populaire à la Nourriture renforça politiquement la commune de Pancha Vasquez et mena rapidement à des expériences plus dynamiques et plus complexes de distribution.

“Un autre problème auquel la commune doit faire face est celui d’un commerce différent de celui du mode capitaliste, une activité commerciale populaire, juste et solidaire, une qui ne vole pas vos voisins, ni le peuple. Parce que le capitalisme est un commerce sauvage qui gonfle les prix de tout. Non. Vous devez mettre en place des prix justes et solidaires… un nouveau système commercial, un nouveau système de production et de nouveaux moyens de production ou la terre, la machinerie pour la matière première… la connaissance sont entre les mains de la société, dans ce cas précis entre les mains de la commune.”
~ Hugo Rafael Chávez Frías
Álo Presidente Teórico N. 1
June 11, 2009 ~


... est une question agraire » Gustav Landauer

Le manque de routes goudronnées affecte profondément les agriculteurs de la commune pour pouvoir distribuer leurs produits. Ceci les a laissé à la merci des intermédiaires qui leur paient un prix très bas pour leurs produits et qui ensuite revendent ces denrées à haut prix dans les centres urbains.

Afin de résoudre ce problème, la commue de Pancha Vasquez a créé un nouveau système combiné qui garantit la distribution directe des produits locaux en échange de produits manufacturés. La commune ne possède pas de terres collectives comme c’est le cas pour d’autres communes, mais il existe une très forte confiance et solidarité entre les agriculteurs dans ce territoire. Cette forte relation a permis l’échange de produits locaux comme la viande et les produits laitiers comme le fromage contre des produits industriels avec les autres communes ainsi qu’avec les syndicats et ouvriers dans des entreprises d’état et entreprises mixtes et ce à une échelle nationale.

Toutes les fermes de la commune de Pancha Vasquez n’ont pas la possibilité d’élever du bétail, mais elles ne sont pas laisser hors du système de distribution. Lorsque les produits sont échangés, toutes les familles dans la communauté territoriale aussi bien que les communes voisines, ont la possibilité de les acheter. Cette expression de solidarité a joué un grand rôle dans la promotion de l’esprit révolutionnaire ainsi que de l’implication de la commune et du pouvoir populaire comme modèle du développement socialiste dans le territoire.

La commune Pancha Vasquez a aussi créé d’autres solutions locales au problème des intermédiaires. Depuis 2014, la commune a mis en place un marché communal de plein-air pour les petits paysans locaux. Tous les samedis sans exception, ces paysans locaux se rendent au marché, pour la plupart en canoë le long de la rivière Arauca, pour vendre directement leurs produits aux consommateurs d’Elorza. Un conseil composé d’agriculteurs locaux de la commune de Pancha Vasquez et des territoires voisins se réunit régulièrement pour analyser collectivement les coûts afin de garantir des prix justes et uniformes pour les producteurs et les consommateurs.

La capacité de la commune de Pancha Vasquez de contrôler la distribution de la nourriture dans une zone de production agricole si importante n’est pas un petit succès. Ceci leur a valu des ennemis puissants, certains mêmes au sein de l’état, cherchant parfois à saboter ses avancées.

La commune n’a pas laissé ces obstacles amoindrir sa ferveur révolutionnaire. Un porte-parole, Juan Fernandez, se rappelle que Chavez avait prévenu que ces “mesquineries politiques” pouvaient se produire, mais que “les communes ne pouvaient pas être des excroissances des bureaux des maires ou des partis politiques… que les communes appartenaient au peuple, au pouvoir populaire organisé…

La méticuleuse transparence, la solidarité extensive et le travail sans relâche de la commune de Pancha Vasquez ont permis aux communards de continuer à grandir malgré l’adversité. Ils sont en train en ce moment de développer des projets de macadamisation des routes et de créer une banque communale, qui au lieu de prêter et d’épargner l’argent, va prêter des machines et des produits agricoles. Ils se préparent aussi à récupérer les terres non productives environnantes afin de consolider l’économie locale avec une production agricole collective.

Juste cinq ans après avoir pris forme, la commune de Pancha Vasquez a démontré être une véritable force pour l’avancée d’une économie et d’un état communaux. Elle est devenue un point de référence en ces temps de crise, montrant que la commune est un espace d’organisation et de responsabilité qui peut progresser à pas de géant en termes d’amélioration des conditions de vie de tous aussi bien que de mettre en place les pierres d’édifice du socialisme.

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Lectures complémentaires:

3ri-et-societe-des-societes-du-chiapas-zapatistes-aux-gilets-jaunes-en-passant-par-le-rojava-fevrier-2019

Paulo_Freire_La_pedagogie_des_opprimes

Pierre_Bance_Lheure_de_la_commune_des_communes_a_sonne

Chiapas-Feu-et-Parole-dun-Peuple-qui-Dirige-et-dun-Gouvernement-qui-Obeit

Ricardo_Flores_Magon_Textes_Choisis_1910-1916

James_C_Scott_L’art_de_ne_pas_être_gouverné

Louise-Michel_De-la-commune-a-la-pratique-anarchiste

Manifeste pour la Société des Sociétés

Entraide_Facteur_de_L’evolution_Kropotkine

Un monde sans argent: le communisme

6ème_déclaration_forêt.lacandon

Appel au Socialisme Gustav Landauer

 


Commune = Vie
État = Mort

Voici ce qui terrifie l’oligarchie étatique…

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, démocratie participative, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, philosophie, politique et social, politique française, résistance politique, société libertaire, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , , , on 19 juin 2014 by Résistance 71

… Et pourquoi, à chaque fois que les peuples ont fondé et entretenu ce modèle politique égalitaire et progressiste, tous les états, quelle que soit leur forme, se sont ligués pour l’anéantir. Il suffit de regarder l’histoire: La Commune de Paris (1871), les grèves générales expropriatrices italiennes de 1920, Cronstadt 1921, communes espagnoles entre 1878 et 1939, révolution espagnole 1936-39. Cette dernière est absolument édifiante dans son  unicité, puisque pour venir à bout des communes anarchistes de Catalogne, D’Aragon et d’Andalousie, il aura fallu une sainte alliance étatique des fascismes nationalistes italien et allemand sous Mussolini et Hitler, du communisme d’état (fascisme rouge du capitalisme d’état) sous Staline, de la complicité d’une république « modérée », la France et d’une monarchie constitutionnelle (La Grande-Bretagne), preuve s’il en fallait encore une, que les soi-disants « ennemis extrêmes » s’allient pour lutter contre le seul modèle politico-social qui annihilerait la société parasitique capitaliste inégalitaire et coercitive d’état: La (con)fédération des communes libres.

C’est pour cela que ce modèle, adapté au monde moderne, est LA solution au marasme de nos sociétés. Il est grand temps de se pencher dessus, d’y plancher et de commencer à développer le contre-pouvoir autogestionnaire salvateur.

Il n’y a pas, n’y a jamais eu et n’y aura jamais de solutions au sein du système. Celui-ci doit disparaître et être remplacé pour le salut de l’humanité. Ce texte de Pierre Kropotkine ci-dessous, écrit en 1895, est plus que jamais d’une actualité brûlante, comme tous les textes des grands penseurs anarchistes du reste…

— Résistance 71 —

 

La Commune

 

Pierre Kropotkine (1895)

 

I

Quand nous disons que la révolution sociale doit se faire par l’affranchissement des Communes, et que ce sont les Communes, absolument indépendantes, affranchies de la tutelle de l’État, qui pourront seules nous donner le milieu nécessaire à la révolution et le moyen de l’accomplir, on nous reproche de vouloir rappeler à la vie une forme de la société qui s’est déjà survécue, qui a fait son temps. « Mais, la Commune – nous dit-on – est un fait d’autrefois ! En cherchant à détruire l’État et à mettre à sa place les Communes libres, vous tournez vos regards vers le passé : vous voulez nous ramener en plein moyen-âge, rallumer les guerres antiques entre elles, et détruire les unités nationales, si péniblement conquises dans le cours de l’histoire ! »

Eh bien, examinons cette critique.

Constatons d’abord que cette comparaison avec le passé n’a qu’une valeur relative. Si, en effet, la Commune voulue par nous n’était réellement qu’un retour vers la Commune du moyen-âge, ne faudrait-il pas reconnaître que la Commune, aujourd’hui, ne peut revêtir les formes qu’elle prenait il y a sept siècles ? Or, n’est-il pas évident que, s’établissant de nos jours, dans notre siècle de chemins de fer et de télégraphes, de science cosmopolite et de recherche de la vérité pure, la Commune aurait eu une organisation si différente de celle qu’elle a eue au douzième siècle, que nous serions en présence d’un fait absolument nouveau, placé dans des conditions nouvelles et qui nécessairement amènerait des conséquences absolument différentes ?

En outre, nos adversaires, les défenseurs de l’État, sous des formes diverses, devraient bien se souvenir que nous pouvons leur faire une objection absolument semblable à la leur.

Nous aussi, nous pouvons leur dire, et à plus forte raison, que ce sont eux qui ont leur regard tourné vers le passé, puisque l’État est une forme tout aussi ancienne que la Commune. Seulement il y a cette différence : tandis que l’État nous représente dans l’histoire la négation de toute liberté, l’absolutisme et l’arbitraire, la ruine de ses sujets, l’échafaud et la torture, c’est précisément dans l’affranchissement des Communes contre les États que nous retrouvons les plus belles pages de l’histoire. Certes, en nous transportant vers le passé, ce ne sera pas vers un Louis XI, vers un Louis XV, ou vers Catherine II que nous porterons nos regards : ce sera plutôt sur les communes ou républiques d’Amalfi et de Florence, vers celles de Toulouse et de Laon, vers Liège et Courtray, Augsbourg et Nuremberg, vers Pskov et Novgorod.

Il ne s’agit donc pas de se payer de mots et de sophisme : il importe d’étudier, d’analyser de près et de ne pas imiter M. de Laveleye et ses élèves zélés qui se bornent à nous dire : « Mais la commune, c’est le moyen âge ! En conséquence elle est condamnée. » – « L’État, c’est tout un passé de méfaits, répondrions-nous ; donc, il est condamné à plus forte raison ! »

Entre la commune du moyen âge et celle qui peut s’établir aujourd’hui, et probablement s’établira bientôt, il y aura des différences essentielles : tout un abîme creusé par cinq ou six siècles de développement de l’humanité et de rudes expériences. Examinons les principales.

Quel est le but capital de cette « conjuration » ou « communion » que font au douzième siècle les bourgeois de telle cité ? – Certes, il est bien restreint. Le but est de s’affranchir du seigneur. Les habitants, marchands et artisans, se réunissent et jurent de ne pas permettre à « qui que ce soit de faire tort à l’un d’entre eux et de le traiter désormais en serf. » ; c’est contre ses anciens maîtres que la Commune se lève en armes. – « Commune, – dit un auteur du douzième siècle, cité par Aug. Thierry, – est un mot nouveau et détestable, et voici ce qu’on entend par ce mot : les gens taillables ne payent plus qu’une fois par an à leur seigneur la rente qu’ils lui doivent. S’ils commettent quelque délit, ils en sont quittes pour une amende légalement fixée ; et quant aux levées d’argent qu’on a coutume d’infliger aux serfs, ils en sont entièrement exempts. »

C’est donc bien réellement contre le seigneur que se soulève la Commune du moyen-âge. C’est de l’État que la Commune d’aujourd’hui cherchera à s’affranchir. Différence essentielle, puisque souvenons-nous en – ce fut bien l’État, représenté par le roi, qui, plus tard, s’apercevant que les Communes voulaient faire acte d’indépendance vis-à-vis du seigneur, envoya ses armées pour « châtier », comme dit la chronique, « la forsennerie de ces musards qui, pour la raison de la Commune, faisaient mine de rebeller et dresser contre la couronne. »

La Commune de demain saura qu’elle ne peut admettre de supérieur ; qu’au-dessus d’elle il ne peut y avoir que les intérêts de la Fédération, librement consentie par elle-même avec d’autres Communes. Elle sait qu’il ne peut y avoir de terme moyen : ou bien la Commune sera absolument libre de se donner toutes les institutions qu’elle voudra et de faire toutes les réformes et révolutions qu’elle trouvera nécessaires, ou bien elle restera ce qu’elle a été jusqu’aujourd’hui une simple succursale de l’État, enchaînée dans tous ses mouvements, toujours sur le point d’entrer en conflit avec l’État, et sûre de succomber dans la lutte qui s’en suivrait. Elle sait qu’elle doit briser l’État et le remplacer par la Fédération, et elle agira en conséquence. Plus que cela, – elle en aura les moyens. Aujourd’hui ce ne sont plus de petites villes seulement qui lèvent le drapeau de l’insurrection communale. C’est Paris, c’est Lyon, c’est Marseille, c’est Carthagène, et bientôt ce seront toutes les grandes cités qui arboreront le même drapeau. Différence essentielle, s’il en fût.

En s’affranchissant du seigneur, la Commune du moyen âge ne s’affranchissait-elle aussi de ces riches bourgeois, qui, par la vente des marchandises et des capitaux, s’étaient conquis des richesses privées au sein de la cité ? – Point du tout ! Après avoir démoli les tours de son seigneur, l’habitant de la ville vit bientôt se dresser, dans la Commune même, des citadelles de riches marchands cherchant à le subjuguer, et l’histoire intérieure des Communes du moyen âge est celle d’une lutte acharnée entre les riches et les pauvres, lutte qui nécessairement finit par l’intervention du roi. L’aristocratie se développant de plus en plus au sein même de la Commune, le peuple, retombé vis-à-vis du riche seigneur de la ville haute dans la servitude qu’il subissait déjà de la part du seigneur du dehors, comprit qu’il n’avait plus rien à défendre dans la Commune ; il déserta les remparts qu’il avait dressés, et qui, par l’effet du régime individualiste, étaient devenus les boulevards d’un nouveau servage. N’ayant rien à perdre, il laissa les riches marchands se défendre eux-mêmes, et ceux-ci furent vaincus : efféminés par le luxe et les vices, sans soutien dans le peuple, ils durent bientôt céder aux sommations des hérauts du roi et leur remirent les clefs de leurs cités. En d’autres communes, ce furent les riches eux-mêmes qui ouvrirent les portes de leurs villes aux armées impériales, royales ou ducales, pour fuir la vengeance populaire, prête à tomber sur eux.

Mais la première préoccupation de la Commune du dix-neuvième siècle ne sera-t-elle pas de mettre fin à ces inégalités sociales ? de s’emparer de tout le capital social accumulé dans son sein et de le mettre à la disposition de ceux qui veulent s’en servir pour produire et pour augmenter le bien-être général ? Son premier soin ne sera-t-il pas de briser la force du capital et de rendre à jamais impossible la création de l’aristocratie qui causa la chute des Communes du moyen âge ? Ira-t-elle prendre pour alliés l’évêque et le moine ? Enfin, imitera-t-elle des ancêtres qui ne cherchaient dans la Commune que la création d’un État dans l’État ? qui, abolissant le pouvoir du seigneur et du roi, ne savaient faire mieux que de reconstituer, jusque dans ses minimes détails, toujours le même pouvoir, oubliant que ce pouvoir, pour être limité par les murs de la ville, n’en conserverait pas moins tous les vices de son modèle ? Les prolétaires de notre siècle imiteront-ils ces Florentins qui, tout en abolissant les titres de noblesse ou en les faisant porter comme une flétrissure, laissaient naître une nouvelle aristocratie, celle de la grosse bourse ? Feront-ils enfin comme ces artisans qui, arrivés à l’Hôtel-de-ville, imitaient dévotement leurs devanciers, et reconstituaient toute cette échelle de pouvoirs qu’ils venaient de renverser ? Changeront-ils seulement les hommes, sans toucher aux institutions ?

Certainement non. La Commune du dix-neuvième siècle, forte de son expérience, fera mieux. Elle sera commune autrement que par le nom. Elle ne sera pas uniquement communaliste, elle sera communiste, révolutionnaire en politique, elle le sera aussi dans les questions de production et d’échange. Elle ne supprimera pas l’État pour le reconstituer, et bien des communes sauront prêcher d’exemple, en abolissant le gouvernement de procuration, en se gardant de confier leur souveraineté aux hasards du scrutin.

II

La commune du moyen âge, après avoir secoué le joug de son seigneur, chercha-t-elle à le frapper dans ce qui faisait sa force ? chercha-t-elle à venir en aide à la population agricole qui l’entourait et, pourvue d’armes que le serf des campagnes n’avait pas, mit-elle ces armes au service des malheureux qu’elle regardait orgueilleuse du haut de ses murs ? – Loin de là ! Guidée par un sentiment purement égoïste, la Commune du moyen âge s’enferma dans ses remparts. Que de fois n’a-t-elle pas jalousement fermé ses portes et levé ses ponts devant les esclaves qui venaient lui demander refuge, et ne les a-t-elle pas laissé massacrer par le seigneur, sous ses yeux, à la portée de ses arquebuses ? Fière de ses libertés, elle ne cherchait pas à les étendre sur ceux qui gémissaient au dehors. C’est à ce prix même, au prix de la conservation du servage chez ses voisins, que mainte commune a reçu son indépendance. Et puis, n’était-il pas aussi de l’intérêts des gros bourgeois communiers, de voir les serfs de la plaine rester toujours attachés à la glèbe, sans connaître ni l’industrie, ni le commerce, toujours forcés de recourir à la ville pour s’approvisionner de fer, de métaux et de produits industriels ? Et lorsque l’artisan voulait tendre la main par-dessus la muraille qui le séparait du serf, que pouvait-il faire contre la volonté du bourgeois qui tenait le haut du pavé, qui seul connaissait l’art de la guerre et qui payait les mercenaires aguerris ?

Maintenant, quelle différence ! La Commune de Paris victorieuse se serait-elle bornée à donner des institutions municipales plus ou moins libres ? Le prolétariat parisien brisant ses chaînes, c’eut été la révolution sociale dans Paris d’abord, puis dans les communes rurales. La Commune de Paris, lors-même qu’elle soutenait la lutte à son corps défendant, a néanmoins dit au paysan : Prends ta terre, toute la terre ! Elle ne se serait pas bornée à des paroles, et l’eût-il fallu, ses vaillants fils seraient allés en armes dans les villages lointains aider le paysan à faire sa révolution : chasser les accapareurs du sol, et s’en emparer pour la rendre à tous ceux qui veulent et qui savent en tirer les moissons.

La Commune du moyen âge cherchait à se circonscrire dans ses murs ; celle du dix-neuvième siècle cherche à s’étendre, à s’universaliser. A la place des privilèges communaux, elle a mis la solidarité humaine.

La Commune du moyen âge pouvait se parquer dans ses murs et, jusqu’à un certain point, s’isoler de ses voisins. Lorsqu’elle entrait en relations avec d’autres communes, ces relations se bornaient le plus souvent à un traité pour la défense des droits urbains contre les seigneurs, ou bien à un pacte de solidarité pour la protection mutuelle des ressortissants des communes dans leurs voyages lointains. Et quand de véritables ligues se formaient entre les villes, comme en Lombardie, en Espagne, en Belgique, ces ligues, trop peu homogènes, trop fragiles à cause de la diversité des privilèges, se scindaient bientôt en groupes isolés ou succombaient sous les attaques des États voisins.

Quelle différence avec les groupes qui se formeraient aujourd’hui ! Une petite Commune ne pourrait vivre huit jours sans être obligée par la force des choses de se mettre en relations suivies avec les centres industriels, commerciaux, artistiques, et ces centres, à leur tour, sentiraient le besoin d’ouvrir leurs portes toute grandes aux habitants des villages voisins, des communes environnantes et des cités lointaines.

Que telle grande ville proclame demain « la Commune », qu’elle abolisse dans son sein la propriété individuelle, qu’elle introduise chez soi le communisme complet, c’est-à-dire la jouissance collective du capital social, des instruments de travail et des produits du travail accompli, et, pourvu que la ville ne soit pas cernée par des armées ennemies, au bout de quelques jours déjà, les convois de chars arriveront aux Halles, les fournisseurs lui expédieront des ports lointains leurs cargaisons de matières premières ; les produits de l’industrie de la cité, après avoir satisfait aux besoins de la population, iront chercher des acheteurs aux quatre coins du monde ; les étrangers viendront en foule, et tous, paysans, citoyens, des villes voisines, étrangers, iront conter à leurs foyers la vie merveilleuse de la libre cité où tous travaillent, où il n’y a plus ni pauvres ni opprimés, où tous jouissent des fruits de leur labeur, sans que personne mette la main sur la part du lion. L’isolement n’est pas à craindre : si les communes des États-Unis ont à se plaindre dans leurs communautés, ce n’est pas de l’isolement, c’est plutôt de l’intrusion du monde bourgeois des alentours dans leurs affaires communales.

C’est qu’aujourd’hui le commerce et l’échange, renversant les bornes des frontières, ont détruit les murailles des anciennes cités. Ils ont déjà établi la cohésion qui manquait au moyen âge. Tous les points habités de l’Europe occidentale sont si intimement liés entre eux que l’isolement est devenu impossible pour aucun d’eux ; il n’y a pas de village si haut perché qu’il soit sur la corniche d’une montagne, qui n’ait son centre industriel et commercial vers lequel il gravite, avec lequel il ne peut plus rompre.

Le développement de grands centres industriels a fait plus.

De nos jours, l’esprit de clocher pourrait exciter bien des jalousies entre deux communes voisines, empêcher leur alliance directe, et même allumer des luttes fratricides. Mais si ces jalousies peuvent empêcher effectivement la fédération directe de ces deux communes, c’est par l’intermédiaire des grands centres que cette fédération s’établira. aujourd’hui, deux petits municipes voisins n’ont souvent rien qui les relie directement : le peu de relations qu’ils entretiennent serviraient plutôt à faire naître des conflits qu’à nouer des liens de solidarité. Mais tous deux ont déjà un centre commun avec lequel ils sont en relations fréquentes, sans lequel ils ne peuvent subsister ; et quelles que soient les jalousies de clocher, ils se verront obligés de s’unir par l’intermédiaire de la grande ville où ils s’approvisionnent, où ils portent leurs produits ; chacun d’eux devra faire partie de la même fédération, pour maintenir leurs relations avec ce foyer d’appel et se grouper autour de lui.

Et pourtant ce centre ne pourrait pas lui-même prendre une prépondérance fâcheuse sur les Communes qui l’environnent. Grâce à la variété infinie des besoins de l’industrie, du commerce, tous les lieux habités ont déjà plusieurs centres auxquels ils se rattachent, et à mesure que leurs besoins se développeront, ils se rattacheront à de nouveaux centres qui pourront subvenir à des nécessités nouvelles. Nos besoins sont si variés, ils naissent avec une telle rapidité, que bientôt une seule fédération ne suffira plus à les satisfaire tous. La Commune se sentira donc la nécessité de contracter d’autres alliances, d’entrer dans une autre fédération. Membre d’un groupe pour l’acquisition de ses denrées alimentaires, la Commune devra se faire membre d’un deuxième groupe pour obtenir d’autres objets qui lui sont nécessaires, les métaux, par exemple, et puis encore d’un troisième et d’un quatrième groupe pour les étoffes et les œuvres d’art. Prenez un atlas économique de n’importe quel pays, et vous verrez qu’il n’existe pas de frontières économiques : les zones de production et d’échange de divers produits se pénètrent mutuellement, s’enchevêtrent, se superposent. De même les fédérations de Communes, si elles suivaient leur libre développement, viendraient bientôt s’enchevêtrer, se croiser, se superposer et former ainsi un réseau bien autrement compact, « un et indivisible » que ces groupements étatistes qui ne sont que juxtaposés, comme les verges en faisceau autour de la hache du licteur.

Ainsi, répétons-le, ceux qui viennent nous dire que les Communes, une fois débarrassées de la tutelle de l’État, vont se heurter et s’entre-détruire en guerres intestines, oublient une chose : c’est la liaison intime qui existe déjà entre les diverses localités, grâce aux centres de gravitation industrielle et commerciale, grâce à la multitude de ces centres, grâce aux incessantes relations. Ils ne se rendent pas compte de ce qu’était le moyen âge avec ses cités closes et ses caravanes se traînant lentement sur des routes difficiles, surveillées par des seigneurs-brigands ; ils oublient ces courants d’hommes, de marchandises, de lettres, de télégrammes, d’idées et d’affections, qui circulent entre nos cités comme les eaux d’un fleuve qui ne tarissent jamais : ils n’ont pas l’idée nette de la différence entre deux époques qu’ils cherchent à comparer.

D’ailleurs, l’histoire n’est-elle pas là pour nous prouver que l’instinct de fédération est déjà devenu un des besoins les plus pressants de l’humanité ? Il suffit qu’un jour l’État se trouve désorganisé pour une raison ou pour une autre ; que la machine oppressive faiblisse dans ses fonctions, pour que les alliances libres naissent d’elles-mêmes. Souvenons-nous des fédérations spontanées de la bourgeoisie armée pendant la grande révolution. Souvenons-nous de ces fédérations qui surgirent spontanément en Espagne et sauvèrent l’indépendance du pays, lorsque l’État était ébranlé jusque dans ses fondements par les armées conquérantes de Napoléon. Dès que l’État n’est plus à même d’imposer l’union forcée, l’union surgit d’elle-même, selon les besoins naturels. Renversez l’État, la société fédérée surgira de ses ruines, vraiment une, vraiment indivisible, mais libre et grandissant en solidarité par sa liberté même.

Mais il y a encore autre chose. Pour le bourgeois du moyen âge la Commune était un État isolé, nettement séparé des autres par ses frontières. Pour nous, « Commune » n’est plus une agglomération territoriale ; c’est plutôt un nom générique, un synonyme de groupements d’égaux, ne connaissant ni frontières ni murailles. La Commune sociale cessera bien vite d’être un tout nettement défini. Chaque groupe de la Commune sera nécessairement attiré vers d’autres groupes similaires des autres Communes ; il se groupera, se fédérera avec eux par des liens tout au moins aussi solides que ceux qui le rattachent à ses concitadins, constituera une Commune d’intérêts dont les membres sont disséminés dans mille cités et villages. Tel individu ne trouvera la satisfaction de ses besoins qu’en se groupant avec d’autres individus ayant les mêmes goûts et habitant cent autres communes.

Aujourd’hui déjà les Sociétés libres commencent à couvrir tout l’immense champ de l’activité humaine. Ce n’est plus seulement pour satisfaire ses goûts scientifiques, littéraires ou artistiques, que l’homme ayant des loisirs constitue des sociétés. Ce n’est plus seulement pour une lutte de classe que l’on se ligue.

On trouverait difficilement une seule des manifestations multiples et variées de l’activité humaine, qui ne soit déjà représentée par des sociétés librement constituées et leur nombre augmente sans cesse, envahissant chaque jour de nouveaux champs d’action, jusqu’à ceux même qui jadis étaient considérés comme une attribution spéciale de l’État. Littérature, arts, sciences, enseignement, commerce, industrie ; trafic ; amusements, hygiène, musées, entreprises lointaines ; expéditions polaires, voire même défense du territoire, secours aux blessés, défense contre les agresseurs et les tribunaux eux-mêmes…, partout nous voyons l’initiative privée se faire jour et revêtir la forme de sociétés libres. C’est la tendance, le trait distinctif de la deuxième moitié du dix-neuvième siècle.

Cette tendance prenant son libre essor, et trouvant un nouveau champ immense d’application, servira de base à la société future. C’est par libres groupements que s’organisera la Commune sociale et ces groupements mêmes bouleverseront les murailles, les frontières. Ce seront des millions de communes non plus territoriales, mais se tendant la main à travers les fleuves, les chaînes de montagnes, les océans, unissant les individus disséminés aux quatre coins du globe et les peuples en une seule et même famille d’égaux.