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Résistance au colonialisme occidental: L’Asile Hiawatha (1902-1934)… Dans l’enfer du goulag pour Amérindiens…

Posted in actualité, altermondialisme, colonialisme, documentaire, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, militantisme alternatif, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, politique et lobbyisme, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , on 7 février 2016 by Résistance 71

Nous avons débaptisé il y a plusieurs années les « Etats-Unis » pour les appeler de nom plus judicieux à notre sens de « pays du goulag levant »… En voici une des raisons, parmi bien d’autres.

— Résistance 71 —

 

Le goulag amérindien du nord: Le cimetière de l’asile de Hiawatha

 

Laura Waterman Wittstock

 

3 février 2016

 

url de l’article original:

http://indiancountrytodaymedianetwork.com/2016/02/03/native-american-gulag-hiawatha-asylum-cemetery

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

L’histoire perverse des relations entre l’état et son gouvernement et la nation Lakota/Dakota (Sioux) a pris une tournure des plus sinistres lorsque l’asile d’aliénés Hiawatha (NdT: les colons choisirent pour nom de l’asile celui de l’aide du faiseur de paix Dekanawida (Huron), fondateur de Kaiane’re:kowah, la Grande Loi de la Paix: Hiawatha de la nation iroquoise Onondaga, pas un hasard non plus, mais une volonté de dégrader plus avant la culture amérindienne…) fut construit 10 ans après le massacre de Wounded Knee du 29 décembre 1890. Il fut opérationnel pendant plus de 30 ans (1902-1934) avant que d’être démoli. Les corps de ces hommes et femmes indiens qui y moururent sont enterrés sous ce qui est aujourd’hui le parcours de golf de Canton dans le Dakota du Sud.

Après les guerres contre le peuple indien, la bataille pour leur cœur et leur esprit est constamment allée de l’avant. Même morts, les 121 personnes enterrées là-bas sont toujours humiliés alors que des balles de golf passent au dessus de leurs têtes et que l’ancien président de la Canton Area Historical Society, Don Pottranz, se réferre à leurs tombes comme “étant quelque chose dont les gens ont conscience, mais c’est maintenant de l’histoire ancienne.

N’ayant absolument aucune connaissance des cultures natives, des langues, coutumes et de la vie spirituelle des peuples et nations autochtones, le sénateur du Sud-Dakota, R.F Pettigrew, introduisit en 1899 une législation du congrès afin de créer le tout premier asile psychiâtrique pour autochtone de la nation. Le congrès débloqua 45 000 US$

En 1900 la construction débuta après que le député Oscar Gifford (ancien maire de Canton) ait arrangé pour l’achat de 100 acres de terre à environ 3km à l’Est de la ville de Canton.

Les premiers patients y arrivèrent en 1902 et en 1908, Gifford fut viré lorsqu’un médecin accusa le superintendant de lui avoir refusé la permission de retirer des calculs de la vésicule bilière d’un patient, qui mourut peu de temps après. Gifford fut remplacé par Harry Hummel, un psychiâtre. La même année, Hummel fut accusé par 13 employés d’avoir maltraité des patients.

En 1926, les matronnes qui avaient jusqu’ici été employées par l’asile furent remplacées par de véritables infirmières. En 1929, Hummel fut finalement ordonné de quitter les lieux. Le député Louis Cramton intervint alors au plus haut niveau et Hummel fut maintenu dans ses fonctions. En 1933, des patients furent transférés à l’hôpital Ste Elizabeth de Washington D.C et en Avril 1934, le commissaire aux affaires indiennes John Collier ferma l’asile.

Dans l’interim, les délégués de Canton et du Sud-Dakota se battirent pour le maintenir ouvert. Hummel fut mise en accusation pur malfaisance et malpractice en 1933. Il fut finalement viré.

Avec une moyenne de 4 décès de patients par mois sur les quelques trente années plus de son existence, l’asile ne sembla pas être capable de maintenir la santé et l’intégrité physiques de ses patients de manière très efficace. Le Dr. Hummel, connu pour son mauvais tempérament, géra l’institution pendant 25 ans.

Puis, 100 ans après le massacre de Wounded Knee (1990), le journaliste d’enquête indépendant Harold Ironshield (de la nation Yankton: 1945-2008) fit une recherche sur cet ancien asile et ses pensionnaires dont les noms étaient connus et qui figuraient sur la liste de ceux enterrés sur place. Ironshield demanda aux publications indiennes de publier la liste des noms dans l’espoir que des membres encore vivant de leur famille se souviennent et s’identifient pour témoigner de ce qu’ils savaient. Ils voulaient aussi savoir ce que les familles voudraient faire au sujet des tombes et si les restes de leurs parents devaient être déplacés. Il désirait aussi plus d’information sur l’asile lui-même, surtout des explications sur ce qui était supposée être “l’insanité” qui conduisit les patients à l’asile et pourquoi ils furent sélectionnés pour y être incarcérés. D’après des rapports de ceux qui se souvenaient de l’asile, les raisons d’incarcération avaient beaucoup à faire avec le fait de ne pas suivre les règles gouvernementales ainsi que la discipline dans les écoles. Il suggéra que cet asile avait en fait bien plus à faire avec une sorte de goulag pour dissidents qu’à une réponse du gouvernement des Etats-Unis à sa préoccupation de l’état de santé mentale des Indiens.

Voici les noms des personnes décédées et enterrées au cimetière de l’asile psychiâtrique Hiawatha:

  1. Long Time Owl Woman
  2. Juanita Castildo
  3. Mary Fairchild
  4. Lucy Reed
  5. Minnie La Count
  6. Sylvia Ridley
  7. Edith Standing Bear
  8. Chur Ah Tah E Kah
  9. Ollie House
  10. Asal Tcher
  11. Alice Short
  12. Enos Pah
  13. Baby Ruth Enas Pah
  14. Agnes Sloan
  15. E We Jar
  16. Kaygwaydahsegaik
  17. Chee
  18. Emma Gregory
  19. Magwon
  20. Kay Ge Gah Aush Eak
  21. Kaz Zhe Ah Bow
  22. Blue Sky
  23. Louise McIntosh
  24. Jane Burch
  25. Dupue
  26. Maggie Snow
  27. Lupe Maria
  28. Lizzie Vipont
  29. Mary Peirre
  30. Nancy Chewie
  31. Ruth Chief on Top
  32. Mary G. Buck
  33. Cecile Comes at Night
  34. Maud Magpie
  35. Poke Ah Dab Ab
  36. Sits in it
  37. Josephine Wells
  38. A.B. Blair
  39. Josephine Pajihatakana
  40. Baby Caldwell
  41. Sallie Seabott
  42. Selina Pilon
  43. Mrs. Twoteeth
  44. Kayso
  45. Josephine De Couteau
  46. Jessie Hallock
  47. Marie Pancho
  48. Ede Siroboz
  49. Kiger
  50. Mary Bah
  51. Cynia Houle
  52. Drag Toes
  53. Charlie Brown
  54. Jacob Hayes
  55. Toby
  56. Tracha
  57. Hon Sah Sah Kah
  58. Big Day
  59. Fred Takesup
  60. Peter Greenwood
  61. Robert Brings Plenty
  62. Nadesooda
  63. Taistoto
  64. James Chief Crow
  65. Yells at Night
  66. John Woodruff
  67. George Beautiste
  68. Baptiste Gingras
  69. Lowe War
  70. Silas Hawk
  71. Red Cloud
  72. Howling Wolf
  73. Antone
  74. Arch Wolf
  75. Frank Starr
  76. Joseph Taylor
  77. Amos Brown
  78. James Crow Lightening
  79. John Martin
  80. Red Crow
  81. James Blackeye
  82. Abraham Meachern
  83. Aloysious Moore
  84. Tom Floodwood
  85. James Black Bull
  86. Benito Juan
  87. Seymour Wauketch
  88. Anselmo Lucas
  89. Chico Francisco
  90. Roy Wolfe
  91. Matt Smith
  92. Two Teeth
  93. Pugay Beel
  94. Merbert Conley
  95. Jack Root
  96. Charlie Clafflin
  97. John Hall
  98. Amos Deer
  99. Ne Bow O Sah
  100. Thomas Chasing Bear
  101. Dan Ach Onginiwa
  102. Joseph Bigname
  103. Falkkas
  104. Steve Simons
  105. James Two Crows
  106. F.C. Eagle
  107. Andrew Dancer
  108. Apolorio Moranda
  109. Harry Miller
  110. Herbert Iron
  111. Fred Collins
  112. John Coal on Fire
  113. Joseph D. Marshall
  114. Willie George
  115. James Hathorn
  116. Ira Girstean
  117. Edward Hedges
  118. Omudis
  119. Guy Crow Neck
  120. John Big
  121. A. Kennedy

Des gens appartenant à des nations autochtones en provenance de tous les Etats-Unis furent placés dans l’asile. Les archives montrent que les conditions sanitaires y étaient horribles. En plus d’être enchaînés aux lits et à la tuyauterie, les patients étaient obligés de se vautrer dans leurs propres excréments et des draps propres n’étaient que rarement distribués. De l’opinion du Dr Hummel, la folie augmentait parmi les Indiens et il avait probablement raison dans la mesure où la famine artificielle créée et bien documentée qui sévissait dans les réserves indiennes causait bien de la douleur et de la souffrance. Les Indiens arrachés à leur culture étaient poussés toujours plus avant dans les couloirs de plus en plus étroits de la “civilisation” forcée et de “l’assimilation” (toute aussi forcée…)

La pure vérité au sujet de cette chambre de l’horreur ne sera peut-être jamais vraiment connue, mais ceci fut clairement un cas de mélange particulièrement empoisonné et toxique de médecine et de politique.

Comprendre le colonialisme actuel: « Païens en Terre Promise », décoder la doctrine chrétienne de la découverte (Steven Newcomb) ~ 1ère partie ~

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« L’Amérique n’a jamais respecté un seul traité ou accord faits avec les nations Indiennes et ce malgré le fait que les Etats-Unis aient signé plus de 400 de ces traités ou accords avec nos nations indiennes… L’histoire montre que les Etats-Unis ont gaspillé plus de 100 milliards de dollars durant la guerre du Vietnam tout en justifiant cette orgie sanguinaire par son ‘devoir de respect des engagements pris’, au même moment ils furent aussi coupable de briser le plus vieux de tous les traités que ce pays colonial avait avec une nation indienne, celui signé entre les Etats-Unis et la nation iroquoise Sénéca, lors du traité de Pickering en 1794. »
~ Vine Deloria Jr. ~

 

“Pagans in the Promised Land, Decoding the Doctrine of Christian Discovery” de Steven Newcomb ~ 1ère partie ~

 

Éditions Fulcrum, 2008

 

Traduction du titre: “Païens en terre promise, décoder la doctrine de la découverte chrétienne”

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Février 2015

 

Introduction

1ère partie

2ème partie

3ème partie

4ème partie

Conclusion

 

Chapitre 2: Expérience métaphorique et la loi fédérale indienne

 

Dans son rapport de 1882 “Rapport annuel du commissaire aux affaires indiennes”, le haut commissaire aux affaires indiennes Hiram Price commentait sur le besoin pour le gouvernement fédéral de coopérer plus avant avec les sociétés religieuses afin de “civiliser” les Indiens:

“[…] La civilisation est une plante à croissance lente, à moins que ne soit mis en œuvre les enseignements chrétiens et leur influence… Il n’y a pas d’autres manières à mon avis, pour que la population indienne soit écartée définitivement de la barbarie, de l’idolâtrie et de la vie sauvage, que celles des opérations éducationnelles missionnaires de peuple chrétien de notre pays.

[…] En fait, le jugement que les Indiens étaient des “sauvages infidèles” vivant dans un “état pathologique” mena à la suggestion et l’affirmation qu’ils vivaient un mode de vie immoral. Ceci mena donc naturellement à la conclusion que les missionnaires chrétiens européens et leurs éducateurs avaient besoin de mener les Indiens vers un mode de vie moral, qui, du point de vue européen, était considéré comme un mode de vie “chrétien” et donc “civilisé”.

[…] Le terme de “colonisation” est dérivé du mot latin “colere”, qui veut dire “labourer, cultiver (la terre)”. Donc, la colonisation peut-être pensée en termes d’étapes dans un processus de culture: prendre en charge le sol indigène, déraciner les plantes existantes (les peuples indigènes), retourner la terre (le mode de vie), planter de nouvelles graines coloniales (colons nés sur place) ou transplanter des plantes coloniales (colons) venues d’un autre environnement et récolter le résultat des semis (les ressources) ou en recueillir les fruits (richesse), résultant du travail de la culture (colonisation). Ainsi ce qui est référé comme étant la “civilisation” pourrait impliquer un processus de colonisation, qui est un processus par lequel un empire s’étend sur de nouvelles terres, augmente sa population, sa richesse, son pouvoir et sa puissance.

La colonisation est un processus d’expansion impérialiste aux moyens de colons, de colonies et d’activités innombrables étendant l’empire.

[…] Une autre métaphore pour colonisation a pour racine le mot “colo”, qui veut dire “retirer des éléments solides par le processus de filtrage” et “passer, laver (l’or dans le processus de collecte)”. Du point de vue chrétien européen, les peuples indigènes sont considérés être ce type de “solides” que l’on doit filtrer, rincer, laver, de la terre afin d’obtenir ce qui a plus de valeur, comme par exemple l’or ou autres minerais et toute autre chose qui peut être transmuté en richesse pour alimenter l’économie et enrichir l’élite de l’imperium.

[..] Ainsi, la loi et la politique fédérales indiennes des Etats-Unis ont toujours reflété la façon dont la société dominante euro-américaine a projeté de manière imaginative et métaphorique un vaste champ de concepts mentaux sur les nations et peuples indigènes.

[…] Les idées connues sous le nom de loi fédérale indienne sont un produit ou un résultat d’un processus cognitif multigénérationnel. Des catégories et des concepts métaphoriques comme Indiens, tribus, primitifs, infidèles, païens, arriérés, sauvages et barbares ne sont pas plus descriptifs de qualités objectives ou de caractéristiques inhérentes des peupes indigènes du continent des Amértiques que des termes comme “devant” ou “derrière” en tant que description objective de la position par rapport à un arbre ou même de l’arbre en tant qu’être vivant (NdT: il n’y a pas de “devant” ou “derrière” un arbre, ce n’est que sujet à la position du moment, ainsi le devant peut devenir le derrière selon où on se trouve par rapport à l’arbre, aucune objectivité la dedans…).

[…] Ainsi un point clef essentiel ici est de bien comprendre que les catégories et concepts en référence dans la loi fédérale indienne, incluant des concepts comme découverte, domination, nation domestiquement dépendante, tribu, etc, ne sont que des produits culturels et cognitifs de la société dominante (NdT: fondée en fait sur une subjectivité ethno ou euro-centrique pure…). Ces termes sont la preuve des différentes manières de l’imagination humaine qu’a employées la société états-unienne pour interagir avec les peuples indigènes originels de ce continent et ce de manière dominante et subjugante. Il est donc important de réaliser que la loi fédérale indienne est le résultat de processus cognitifs non-indigènes, de pratiques et de conventions sociales et de schémas culturels, et des façons dont des membres d’une société dominante projettent de manière imaginaire, des catégories et des concepts jugés (subjectivement) valides, sur des populations indigènes (NdT: ethnocentrisme typique).

Depuis des générations, des officiels du gouvernement américain (des juges, des législateurs et des décideurs) ont inventé les idées imaginaires connues sous le nom de loi fédérale indienne dans leurs efforts incessants de contrôler, contenir, refaçonner, retirer, et à terme, d’annihiler les nations et peuples originels de ce continent.

[…] Mais parce que les idées constituant le loi et la politique fédérales indiennes sont un produit de l’imagination euro-américaine, ceci veut dire que les contraintes édictées par cette loi et politique résultante émanent de l’imagination et des conventions sociales euro-américaines. Nous en tant que peuples indiens, devenons des co-participants à ce processus dès que nous assumons inconsciemment que la loi fédérale indienne est une contrainte extérieure qui nous régit.

Après plus de deux siècles de soumission aux politiques abusives des gouvernements des Etats-Unis (NdT: ceci s’applique également au Canada et son Indian Act de 1867 et 1923…), particulièrement dû à l’incarcération et aux tourments subis par les enfants indigènes dans les pensionnats pour Indiens (NdT: aux Etats-Unis et au Canada), nous les peuples indigènes avons graduellement et inconsciemment internalisé les tenants et aboutissements de la loi fédérale indienne (et de l’Indian Act au Canada…).

[…] Ces observations donnent une perspective de l’ampleur de défi auquel nos peuples et nations indigènes doivent faire face dans un effort pour décoloniser nos vies et notre existence collective.

[…]

 

Chapitre 3: Le modèle du conquérant

 

La présomption que les Etats-Unis ont une autorité plénière sur les nations indiennes provient d’une compréhension prise pour évidente que les Etats-Unis, en tant que conquérants des nations indiennes et de par le point de vue corollaire que les “nations indiennes sont conquises et subjuguées”, possèdent cette prérogative. Ce chapitre pose le fait que le pouvoir plénier érigé en doctrine peut–être ultimement tracé vers un Modèle Cognitif Idéalisé (MCI), le modèle du conquérant, qui est imbriqué dans l’inconscient culturel de la société dominante des Etats-Unis. Tout comme les mots acheter, vendre, publiciser et crédit évoquent un MCI de transaction commerciale, ainsi les mots dans le rendu de la cour suprême de l’affaire Johnson contre M’Intosh comme conquérant, conquérir, conquête, domination, découverte, couronne et potentate, évoquent une imagerie entière, un modèle un MCI de conquérant

Un prototype de conquérant est impliqué dans le terme latin dominus (celui qui a subjugué, le subjugateur), qui provient du sanscrit domanus (celui qui subjugue)… En conquérant et en subjuguant, le conquérant prototype établit et maintient un état de domination.

[…] Du point de vue du conquérant, il se considère lui-même comme ayant le droit de subjuguer et de dominer, ce qui inclut le droit de localiser, de conquérir, de posséder et d’occuper des terres lointaines dans le sens d’une occupation militaire et coloniale.

[…] Sur cette base, la domination peut aussi vouloir dire “le droit de possession” afin de conquérir, de subjuguer et d’établir un règne de domination. Pour le conquérant, la domination est l’état optimal de l’être ; il se réjouit de la domination en gardant contact avec la métaphore de la “colonisation est manger”…

Le MCI de conquérant pose comme principe une figure centrale, comme un roi, un monarque, un empereur ou un pape, qui est considéré comme divin et dont le pouvoir est considéré comme dérivant d’une source divine. La présomption de l’origine divine du conquérant mène à la présomption additionnelle que le conquérant possède le “droit divin” d’exercer le contrôle par la force, qui est comprise comme étant le “haut”, avec la métaphore du “pouvoir d’en haut”. Ainsi les gens que le conquérant est supposé avoir subjugué, sont les gens “d’en bas” en relation de leur position vis à vis du conquérant.

[…] Ainsi, il y a une volonté d’affirmer la présomption que le conquérant a le “droit divin” de conquérir, de rechercher et de localiser de nouvelles terres afin de les conquérir et d’en subjuguer les populations, ce qui mène à la phrase utilisée dans les rendus légaux de “droit de découverte”…

Dans le même contexte, l’expression “voyage de découverte” se réfère à un voyage en quête de nouvelles terres à conquérir et de nouvelles populations à subjuguer.

[…] Le modèle du conquérant contient également un sous-modèle que nous appelerons le modèle de l’empire, ou modèle d’imperium, qui est le processus par lequel le conquérant prototype “étend son emprise” et “saisit” de nouvelles terres afin de dominer ces terres et les peuples indigènes qui y vivent. Un dominion, qui était connu dans la loi romaine comme dominium et qui peut-être pensé comme étant un état “établi” de domination.

[…] Relié de manière inextricable au concept de dominium est le terme de dominatio, qui veut dire invariablement: maîtrise, contrôle, pouvoir irresponsable, despotisme. Dominatio réfère aussi à la monarchie, la tyrannie et le gouvernement d’une seule personne, en d’autres termes, le gouvernement le conquérant prototype, le domitor: maître, gouverneur en chef, dirigeant, dominor, qui veut dire “être seigneur et maître”, règle, règne, dominant et dominatus: apprivoiseur, subjugueur, vainqueur, conquérant. Ces concepts nous permettent d’inférer que dominium et dominatio se réfèrent également à “l’activité ou le processus qui mène à étendre avec succès un état déjà existant de domination ou d’étendre la domination du conquérant (despote) sur des terres additionnelles.” Dominatio est achevée par le moyen de l’occupation armée, qui est le processus par lequel le conquérant renverse et prend en compte militairement une “nouvelle” terre afin de la conquérir, la subjuguer et la dominer.

[…] Ainsi une lettre de plénipotentiaires américains à leur contre-partie britannique au traité de Ghent en 1814 stipulait: “Les Etats-Unis clâment, de plein droit, en respect de toutes les nations européennes, et particulièrement en respect de la Grande-Bretagne, la totale souveraineté sur le territoire entier et sur toutes les personnes contenues dans les frontières de leurs dominions.

[…] Plus tard en 1823, dans son rendu de l’affaire Johnson contre M’Intosh, le juge de la cour suprême des Etats-Unis Marshall donne la preuve de son utilisation du modèle du conquérant lorsqu’il écrivit: “Le titre (de propriété) par conquête est acquis et maintenu par la force.

[…] Dans son “New Worlds for Old” William Brandon fournit une étymologue détaillée du mot dominion:

L’idée du vieux monde de propriété était bien exprimée par le mot latin dominium de “dominus”, dérivé du sanscrit “domanus” pour “celui qui subjugue”. En latin, “dominus” avait la même signification de principe “celui qui a subjugué”, par extension naturelle: le maître, le propriétaire, le seigneur, le possesseur”. Le mot “dominium” prend du terme “dominus” le sens de “propriété absolue” et celui qui a sugbjugué devient donc le “propriétaire absolu” avec un sens légal tout spécial de “propriété, de d roit de propriété”. Le mot “dominatio” étend le mot en “règle, dominium” et un second sens odieux, celui de pouvoir non restraint, de dominium absolu, de tyrannie, de seigneurie, de despotisme. Le pouvoir politique émanant de la propriété, du dominium, était de fait, la domination.

Les termes seigneur, maître, possesseur, propriétaire se réfèrent tous au modèle du conquérant, qui peut aussi être référé à un MCI de domination.

[…] Dans le système moral du modèle du conquérant, la coercition, la terreur, la peur, la crainte sont considérées comme les moyens les plus efficaces de gagner et d’assurer une obéissance absolue et continue à l’autorité du conquérant (pensez ici au moderne “choc et stupeur”…). Personne n’est complèteement libre sauf le conquérant et la liberté dans ce contexte réfère à la liberté du conquérant à conquérir, subjuguer, établir et maintenir un règne et un état de domination.

[…] D’après le vision du monde du conquérant, il est tout à fait évident que celui-ci est le plus vertueux, le plus moralement apte et obéissant à dieu lorsqu’il utilise les outils de coercition, de terreur, de peur afin d’accomplir “la volonté de dieu” en conquérant et en subjuguant de nouvelles terres et de nouveaux peuples pas encore conquis. Ceci correspond en fait à l’appel du Vatican dans un bon nombre de bulle papales ou de documents pour que des nations “barbares” non-chrétiennes soient subjuguées. Il en va de même dans ces documents au sujet des terres “pas encore découvertes par un prince ou un peuple chrétiens.”

Le Requerimiento

Le texte espagnol du Requerimiento (la Réquisition) sert d’artifice cognitif et culturel du modèle cognitif du conquérant durant ce qui a été appelé “L’âge de la découverte”. Écrit en 1514 par le juriste espagnol Palacios Rubios du Conseil de Castille, ce document démontre parfaitement la manière dont les chrétiens européens appliquaient le modèle cognitif du conquérant aux nations indigènes du soi-disant “Nouveau Monde” et illustre très bien le système de moralité du conquérant. Dès les premières lignes du document, le roi Ferdinand d’Espagne et sa fille Doña Juana sont référés comme étant “les subjugateurs des nations barbares”, ce qui pourrait aussi être phrasé en “conquérants des nations barbares”.

Adressé aux nations “barbares” non-chrétiennes qui étaient considérées comme étant destinées à être subjuguées, le Requerimiento déclare d’un point de vue chrétien: “Notre seigneur dieu, vivant et éternel, a créé la terre et les cieux et il a créé un homme et une femme, de qui vous et nous, et tous les humains du monde, sont les descendants et tous ceux qui vinrent après nous.” Des cinq mille ans qui se sont écoulés après la création comme le dit le Requerimiento “il fut nécessaire que certains hommes ailent d’un côté et d’autres d’un autre et qu’ils seraient divisés en maints royaumes et provinces, car ils ne pouvaient pas rester en un seul.” De toutes ces nations, dit le document “Dieu notre seigneur a donné la charge du monde a un homme appelé Saint Pierre pour qu’il soit le supérieur et le maître de tous les hommes du monde, que tous doivent lui obéir et qu’il soit à la tête de la race humaine, où que les hommes vivent et quelque soit la loi, la secte ou la croyance qu’ils suivent et il lui donna le monde pour royaume et jurisdiction.

Ainsi le Requerimiento pose la figure du personnage central, du modèle de conquérant, qu’il soit monarque ou pape et qui est considéré comme divin ou dont le pouvoir est considéré comme ayant une origine divine. En latin, la phrase “dieu notre seigneur” est “deus dominus” ou en d’autres termes “dieu qui a subjugué”.

[…] Puis le docuement continue à expliquer que le pape (St Pierre à l’origine) a “donné” les terres indigènes au roi Ferdinand et à sa fille Juana.

[…] Ce don des terres indigènes habitées possède le même schéma noté par le juge de la cour suprême John Marshall dans son rendu de l’affaire Jonhnson contre M’Intosh en 1823, lorsqu’il dit que les monarques d’Europe “ont assumé la domination ultime et ont affirmé et exercé en conséquence la domination ultime, un pouvoir d’assumer la terre, tandis que celle-ci était toujours en possession des natifs.

[…] Dans le système moral du conquérant, celui-ci se considère comme déjà propriétaire par droit divin des terres indigènes et possède aussi le droit de les donner à qui il le désire.

Le Requerimiento explique également aux nations indigènes l’implication totale du fait que leurs terres ont été données par le pontif de Rome au roi Ferdinand et la reine Juana.

 

[le texte donne ici de longs exemples sans le Requerimiento du choix donné aux indigènes d’accepter ou de refuser les termes de la notification qui leur est donnée…]

 

Puis le Requerimiento s’appuie sur le modèle du conquérant pour expliquer en termes non équivoques, ce que seront les conséquences de la résistance et quelles actions seront prises à l’encontre des nations indigènes insoumises:

Si vous refusez les termes, je vous certifie qu’avec l’aide de dieu, nous entrerons de force dans votre pays et nous vous ferons la guerre de toutes les manières que nous jugerons bonnes, nous vous mettrons sous le joug de l’obéissance à l’église et à leurs seigneuries et majestés, nos vous prendrons, vous, vos femmes et vos enfants et vous réduirons en esclavage et vous vendrons de la manière que leurs majestés le désireront, nous saisirons tous vos biens, et vous ferons tout le mal et la misfortune possibles, comme à tous les vassaux qui n’obéissent pas et refusent de servir leur maître (dominus dans le texte, subjugateur), lui résistent et le contredisent ; nous déclarons de plus que toutes les morts et pertes résultant de tout cela seront comptées comme étant de votre faute et non pas de celles de leurs majestés ou de la notre, ni de ces cavaliers qui viennent ici avec nous. Nous déclarons vous avoir averti de la présente réquisition, nous requérons qu’un acte notarié soit établi pour être notre témoin ainsi que tous ceux présents ayant été témoins de la réquisition.

Les prêtres avaient pris pour habitude de lire le Requerimiento en latin à l‘entrée des villages indiens avant que les conquistadores espagnols (conquérants) n’en fassent le siège. Bien entendu, les Indiens étaient incapables de comprendre le latin et furent incapables de comprendre la teneur des demandes placées sur eux-mêmes. Lisant le Requerimiento, le grand avocat des Indiens Bartolomé de Las Casas a dit: “Je ne pouvais pas décider si je devais rire ou pleurer.

Ce document du Requerimiento est un excellent exemple des méthodes chrétiennes européennes, fondées sur l’affirmation d’un droit divin, “mettant à plat” de manière formelle la “règle de la loi” pour les nations et peuples indigènes. C’est néanmoins trop euphémistique que de se référer à ce document comme un exemple de l‘explication légale tant furent brutales et vicieuses les manières génocidaires avec lesquelles il fut mis en pratique.

[…] Ainsi, d’un point de vue autochtone, lorsque nous rejetons d’emblée la fausse assertion des chrétiens européens prétendant que dieu les a envoyé sur ce continent pour coloniser les terres indigènes des “Amériques”, il est évident que les chrétiens européens n’avaient aucune autorité légitime sur les nations indigènes et leurs territoires ancestraux. Ce que les chrétiens européens ont clâmé sur la base inconsciente du modèle cognitif du conquérant n’était rien d’autre qu’un droit à un empire et à une domination, qui était intégrante à la mentalité dominatrice de la chrétienté.

 

A suivre…

 

Source:

“Pagan in the Promised Land, Decoding the Doctrine of Christian Discovery”, Steven T. Newcomb, Fulcrum, 2008

 

 

 

Résistance politique: Lutter contre le colonialisme des mots, la sémantique de la soumission (Steven Newcomb)

Posted in actualité, altermondialisme, colonialisme, démocratie participative, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, média et propagande, militantisme alternatif, pédagogie libération, philosophie, politique et lobbyisme, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , on 12 décembre 2014 by Résistance 71

Leadership et la libération de nos nations originelles

 

Steven Newcomb

 

27 novembre 2014

 

url de l’article original:

http://indiancountrytodaymedianetwork.com/2014/11/27/leadership-and-liberation-our-original-nations

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Les quelques uns d’entre nous qui se sont embarqués sur la voie du travail intellectuel ont aussi travaillé au long de leur vie avec des leaders spirituels de façon à ce que nos efforts intellectuels et notre travail demeurent ancrés dans les cérémonies et la tradition. Certains d’entre nous ont travaillé des décennies avec des leaders traditionnels des nations originelles telles la nation Oglala Lakota et ont gagné le respect de ceux-ci.

Certains d’entre nous ont passé tout leur âge adulte en tant que personne native dans un effort de rechercher et de réfléchir sur nos trouvailles avec pour but la localisation de l’information la plus adéquate et le développement des meilleurs arguments qui résulteraient en la libération de nos nations et de nos peuples du système de domination des Etats-Unis. Ce faisant, nous avons gagné en techniques de lecture, d’écriture et d’interprétation ainsi qu’avons collecté une somme énorme d’information que nous avons désiré donner en assistance des nations originellement libres des peuples de l’Île de la Grande Tortue.

Nous ne sommes pas élus du système, mais nous avons la capacité et avons depuis des décennies, donné des conseils aux leaders élus et traditionnels, conseils basés sur la collecte des informations et des arguments que nous avons développés pour la libération de nos nations et de nos peuples. En regard des positions d’élus, la légitimité d’un leader élu est une affaire qui doit être décidée au sein d’un groupe donné de personnes. Le problème de la légitimité du leadership élu a à voir avec le fait de savoir si un leader a été élu ou s’il a été choisi par son peuple.

Que la position ou le langage utilisé par un leader élu particulier fonctionne pour ou contre la liberation de nos nations et peuples est un sujet différent. Comme les lecteurs de cette colonne le savent parfaitement bien, je n’ai jamais été hésitant à attirer l’attention du leadership du National Congress of American Indians (NCAI), par exemple, qui se réfère à nous comme si nous étions tous maintenant des “Américains”, juste des “natifs”. Je n’ai jamais été hésitant à critiquer ce genre de terminologie parce qu’une telle rhétorique ne reconnaît pas le fait qu’il y a bien des nations indiennes qui refusent de cautionner une telle pensée politique assimilatrice.

Les politiciens américains du XIXème siècle ont peaufiné le plan pour la destruction future et la domestication de nos nations et notre éventuelle assimilation au sein des Etats-Unis. Nous vivons maintenant dans le futur de ce que ces politiciens avaient envisagé. Les leaders Indiens élus ne devraient-ils pas toujours résister à ce plan des Etats-Unis, plutôt que de maintenant utiliser la terminologie qui sert, au nom de “l’accommodation”, a mener à terme la politique d’assimilation de nos nations ?

Désolé, mais il est aussi juste de dire que pas tous les leaders indiens élus fonctionnent de cette manière et tous probablement nieraient qu’ils en ont un quelconque intérêt. Mais si cela est le cas, alors les leaders indiens se doivent de réfléchir sur cette façon d’utiliser les mots qu’ils utilisent et leur façon de cadrer les sujets. C’est le plus souvent par mauvaise habitude établie au fil des générations que quelques uns des leaders élus utilisent typiquement maintenant, une terminologie politiquement assimilatrice comme par exemple l’expression: “tribus états-uniennes” ; ainsi une fois qu’ils en ont été avertis, il est impératif qu’ils arrêtent d’utiliser cette terminologie spécifiquement dans le contexte des Nations-Unies.

Le fait que certains leaders indiens utillisent l’expression “tribus états-uniennes” et le fait que des avocats et autres experts travaillant avec ces leaders ne les ont pas conseillé de ne pas utiliser une telle terminologie nous en dit beaucoup sur le projet sous-jacent. Ce que cela nous dit est que ces leaders indiens élus et leurs experts n’ont pas entièrement compris les subtilités de langage et leur nature de construction de la réalité. L’expression “tribus états-uniennes”, qui en fait correspond exactement à la terminologie employée par le gouvernement, est politiquement destructrice pour nos nations et nos peuples. L’utilisation de cette terminologie construit, maintient et renforce cette forme de réalité.

Il semble y avoir une mauvaise compréhension fondamentale de la nature du langage lorsque celui-ci touche nos problèmes en tant que nations libres. Ceci est spécialement vrai dans l’arène internationale des Nations-Unies. Le langage crée la réalité. Ce que nous pensons, parlons et écrivons en combinaison de ce que nous faisons, crée la réalité.

La réalité est construite en permanence par l’interaction de nos esprits et de notre monde physique et social. La signification n’est pas dans le texte d’un document donné, comme par exemple la Déclaration des Droits des Peuples Indigènes de l’ONU. Le sens est le résultat d’une interaction, un aller-retour, entre nos esprits et ce que nous interprétons. Le sens est ce qui se passe, par exemple, lorsque nos esprits interagissent avec le texte d’un document physique donné (ou ces jours-ci, document numérique). Mais des esprits différents vont interprêter différemment ce texte et ainsi provoquer un résultat d’interprétation différent.

Les pensées des officiels du gouvernement des Etats-Unis interagissant avec le texte de l’ONU de la Déclaration des Droits des Peuples Indigènes par exemple, résultent dans une interprétation qui est faite pour servir les meilleurs intérêts des Etats-Unis. Les officiels américains utilisent l’expression “tribus états-uniennes” pour une seule raison. Celle d’interpréter ce texte de façon à reconstruire et à maintenir la loi fédérale des Etats-Unis sur les Indiens exactement comme elle est aujourd’hui et ce, sur les bases du soi-disant droit de la découverte chrétienne et de la domination en résultant. En 1996, Seth Waxman, soliciteur général pour le gouvernement fédéral a dit aux leaders Indiens au sujet de la Déclaration des Droits des Peuples Indigènes en 1996: “Ceci doit rester consistant avec la loi des Etats-Unis”…

Tout leader élu indien qui utilise l’expression “tribus états-uniennes” dans le contexte de la Déclaration des Droits des Peuples Indigènes de l’ONU endommage la libération de nos nations et de nos peuples. Pourquoi ? Parce que cette terminologie américano-centrique travaille pour soutenir les efforts du gouvernement américain pour construire, maintenir et renforcer le cadre de domination-submission de la loi fédérale sur les Indiens et la politique dominante qui en découle. Tout leader élu indien qui a utilisé cette terminologie en relation avec l’arène internationale doit immédiatement cesser de le faire et exliquer sa logique pour utiliser un tel langage auto-submissif et auto-colonisateur en première instance.

Résistance au colonialisme: Du mythe états-unien du « Thanksgiving » à la réalité coloniale d’apartheid…

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“Le véritable héritage des pélerins puritains est une trahison. La plupart des Américains pensent aujourd’hui que la fête du Thanksgiving célèbre une bonne moisson, mais il n’en est rien. En 1970, la nation Wampanoag a rendu une copie de la proclamation originale du Thanksgiving (jour d’action de grâce) faite par le gouverneur de la colonie d’alors. Le texte révéla l’horrible vérité: Après qu’une milice coloniale soit revenue d’un raid ayant massacré des hommes, des femmes et des enfants d’une communauté indienne, le gouverneur proclama un jour de congé pour fêter et et remercier (dieu) pour ce massacre. Il encourageait aussi par écrit les autres colonies à faire de même. En d’autres termes, chaque automne, après avoir bien moissonné, allez tuer des Indiens et fêtez vos assassinats.”
(Russell Means, autobiographie, 1995, p.176)

 

Pourquoi les peuples des premières nations regardent le jour du Thanksgiving ou “jour d’action de grâce”, comme une journée de deuil

Et pourquoi Alexander Ramsey doit être poursuivi à titre posthume comme criminel de guerre et être jugé pour crimes contre l’humanité…

 

Dr. Gary G. Kohls

 

25 Novembre 2014

 

url de l’article:

http://www.globalresearch.ca/why-first-nations-people-regard-thanksgiving-day-as-a-national-day-of-mourning/5416119

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

“Les Sioux (ou Lakota/Dakota), Indiens du Minnesota doivent être exterminés ou chassés au-delà des frontières de cet état.” – Governeur du Minnesota Alexander Ramsey

Nous les fêtards à la dinde, les obèses, les accrocs du sport-télé, de la flânerie en gallerie marchande jusqu’à en tomber de fatigue, les légumes de canapées historiquement illétrés, sommes tous les bénéficiaires des actions de nos ancêtres coupables, bien que parfois acteurs sans le savoir, de crimes contre l’humanité qui se sont déroulés durant ces 500 ans de la honte toujours pas terminés de l’histoire de génocide, de nettoyage ethnique, de colonisation et d’occupation de terres et de peuples qui appartienent de droit aux peuples aborigènes qui ont habités l’Amérique du nord, centrale et du sud des milliers et des milliers d’années avant que Christophe Colomb (qui ne savait absolument pas où il se trouvait) et ses matelots en manque de sexe ne désembarquèrent de leurs navires en très mauvais état et ne commencèrent le pillage de la terre et le viol des femmes autochtones en 1492. Ils se mirent à couper bientôt les mains de ceux qui ne ramenaient pas leur quota d’or de mines qui en étaient dépourvues.

Ainsi a commencé le génocide systématique contre les peuples des nations premières non-blanches qui mena éventuellement et peut-être inévitablement, à la cruauté et aux crimes contre l’humanité qui ont réduits des millions d’Africains en esclavage, dont beaucoup moururent enchaînés avant même d’atteindre cette soi-disant “terre promise”.

Dans bien des cas les conquistadores tueurs psychopathes qui suivirent Colomb, furent dans un premier temps les bienvenus, tolérés et même chéris, plutôt que tués en tant qu’envahisseurs criminels qu’ils étaient. La confiance donnée aux envahisseurs de rendre réciproque leur hospitalité, dans l’esprit de la règle d’or chrétienne, s’avéra être une énorme erreur, car le massace commença au nom du christ, avec la bénédiction des prêtres les accompagnant et dont la mission était de convertir les païens au christianisme sous menace de mort.

Un grand nombre de nos ancêtres européens s’enrichirent grandement des massacres de l’armée, de l’occupation et du vol des terres, de l’exploitation des ressources naturelles, de la colonisation et de la destruction du mode de vie indigène. Nous, la progéniture à la peau rose, avons été conditionnés pour croire bien trop de mythes au sujet de notre sombre histoire. Grâce à l’histoire habilement censurée des livres d’histoire et des mythes appris au catéchisme du dimanche au fil du temps, on nous a amené à croire cette histoire de “bons pèlerins” qui touchèrent terre à Plymouth Rock en 1620 et qui gracieusement partagèrent une fête avec leurs nouveaux voisins et amis indiens (qui seraient bientôt chassés de leurs terres et anéantis par les puritains se disant “chrétiens” et ceux qui les ont suivi).

Le processus de désinformation au sujet du Thanksgiving ou “jour d’action de grâce” (et les long week-ends qui lui succédèrent tous les ans le dernier Jeudi du mois de Novembre) a été créé pour absoudre nos ancêtres de la culpabilité de bains de sang cruels que perpétrèrent “en leurs noms” des soldats obéissants contre des aborigènes militairement inférieurs, un schéma qui s’est répété contre bien des nations plus faibles partout dans le monde au cours de notre histoire.

Les quelques histoires censurées au sujet de quelques-uns de no soi-disants “héros” doivent être dites dans le contexte de rétablir la vérité historique sur le génocide américain des premières nations, dont certains épisodes se sont déroulés ici même à River City (Minnesota). Ces “héros” incluent les deux premiers gouverneurs de l’état du Minnesota et un général humilié de la guerre de sécession.

Les citations suivantes et commentaires explicatifs renchériront sur le titre de cet essai.

“The Sioux (aka Lakota) Indians of Minnesota must be exterminated or driven forever beyond the borders of the state.” – Minnesota Governor Alexander Ramsey in a genocidal declaration made on Sept. 9, 1862. ~ Citation du début de l’article ~

Ramsey avait fait fortune dans l’immobilier avec ses affaires de ventes de propriétés aux colons blancs et aux hommes d’affaire après qu’il ait lui-même négocié les traités américano-Dakota qui volèrent les tribus Dakota (Sioux) de leur terre. (http://sites.mnhs.org/historic-sites/alexander-ramsey-house/history)

[…]

“Les 38 Indiens et métis dont vous avez ordonné l’exécution ont été pendus hier à 10 heures du matin. Tout s’est déroulé calmement.” – Henry Sibley, dans un télégramme au président Abraham Lincoln daté du 27 décembre1862. (http://law2.umkc.edu/faculty/projects/ftrials/dakota/sibley.html)

“Il n’y a aucune place dans cette région en vertu des traités et de la foi indienne. Il est de mon devoir d’exterminer les Sioux connus sous le nom de Dakota si j’en ai le pouvoir et même si cela demande une campagne d’une année. Détruire tout ce qui leur appartient et les forcer en dehors des plaines, à moins, comme je le suggère, que vous puissiez les capturer, Ils devront alors être traités comme des fous dangereux et des bêtes sauvages et en aucun cas comme des personnes avec lesquelles des traités ou des compromis puissent être atteints.” – Civil war Major General John Pope, dans une lettre au Colonel Sibley, insistant sur un effort total pour exterminer les Dakota.

[…] (http://www.civilwar.org/battlefields/secondmanassas/second-manassas-history-articles/second-battle-of-manassas.html et

http://usdakotawar.org/history/aftermath#sthash.XxnK8yhx.dpuf)

Note de Résistance 71: Il convient ici de noter que la guerre contre les nations premières des plaines: Lakota, Dakota, Brûlés, Yankton, Cheyennes s’est déroulée en plusieurs étapes. La dernière se déroula entre 1866 et 1868 qui vit la victoire militaire sans précédent des nations Sioux sur l’armée des Etats-Unis, débouchant sur le traité de Fort Laramie en 1868. Le traité de Fort Laramie est le seul traité signé par le gouvernement des Etats-unis après une défaite militaire dans toute son histoire ! Ce traité a vu le gouvernement américain accepter sans conditions toutes les revendications des nations des peuples des plaines, dont l’évacuation des forts. A cette occasion, AUCUNE CESSION DE TERRE ne fut bien évidemment concédée. Les territoires demeurèrent inchangés. Ce traité fut tronqué, falsifié pour ratification par le Congrès et fut dénoncé par les nations concernées. Il fut violé à maintes reprises et le vol, pillage des terres ancestrales continua jusqu’à aujourd’hui où le gouvernement yankee veut aussi voler les terres sacrées Lakota des Collines Noires (Black Hills), qui renferment comme par hasard, de grande quantité d’uranium…

“Alors que les Européens colonisaient la côte Est, ils déplacèrent les tribus de l’Est qui durent migrer hors de la civilisation expansionniste européenne. A leur tour, ils déplacèrent les tribus plus faibles qu’il rencontrèrent et les poussèrent plus avant hors de leur terres ancestrales, alors que ces nations migrantes s’en emparaient.”

[…]

“Vers 1750, Une bande Ojibwe de la côte Est fut poussée vers le territoire Dakota et ils utilisèrent des armes à feu et de la poudre françaises pour forcer les Dakotas hors de leur territoire des Mille Lacs.

Cette stratégie des colons européens diminua grandement le nombre de Dakotas des terres des mille lacs, ce qui encouragea et rendit possible pour une bande Ojibwe armés et manipulés par l’alcool des Français de chasser violemment les Dakotas de la région des Mille Lacs.

“…Ce qu’il s’est passé pour les Dakota en 1862 et par la suite, fut un grave crime contre l’humanité. Si cela se produisait aujourd’hui, l’ONU et la communauté internationale le condamnerait et le déclarerait ethnocide et génocide. Une mise en accusation auprès d’un tribunal des Nations-Unies serait édictée et les perpérateurs d’un tel ethnocide et génocide seraient arrêtés, traduits devant la justice et punis pour crimes contre l’humanité.” – Thomas Dahlheimer de son long essai intitulé, A History Of The Dakota People In The Mille Lacs Area (http://www.towahkon.org/Dakotahistory.html)

La proclamation de Thanksgiving ou jour d’action de grâce du gouverneur Ramsey le 3 novembre 1862:

“… Ainsi, moi, Alexander Ramsey, gouverneur de l’état du Minnesota, proclame que ce jour du vingt-sept novembre sera celui de l’action de grâce (Thanksgiving) à dieu tout puissant pour sa merveilleuse pitié de nous, pour tous les bon cadeaux de sa Providence, pour la santé et la restauration de la paix interne et de la prospérité générale dont nous bénéficions.

Reconnaissons tout spécialement sa pitié en ce qu’il a délivré nos frontières des ennemis sauvages qui se sont dressés contre nous, et les a jeté dans les fosses qu’ils avaient initialement prévues pour nous, que nos amis ont été sauvés des horreurs de la captivité et que nos maisons et trésors sont maintenant en sécurité de la violence des voleurs et assassins indiens. […]”

“Depuis 1970, les Amérindiens se sont rassemblés à midi sur la colline Cole de Plymouth, pour commémorer un jour natonal de deuil le jour de congé pour Thanksgiving. Beaucoup d’Amérindiens ne célèbrent pas l’arrivée des pèlerins et des autres colons européens. Pour eux, le jour de Thanksgiving est une commémoration du génocide de millions de personnes de leurs peuples, du vol de leurs terres ancestrales et de l’assaut incessant mené contre leur culture. Les participants à ce jour national de deuil honorent leurs ancêtres et les luttes des peuples autochtones pour survivre aujourd’hui. C’est un jour de souvenir et de connexion spirtituelle ainsi qu’une manifestation contre le racisme et l’oppression auxquels sont toujours soumis les peuples amérindiens.” – Texte inscrit sur la plaque commémorative de Cole Hill, surplombant Plymouth Rock, Plymouth, MA

Dr Kohls est un médecin de famille généraliste en retraite de Duluth dans le Minnesota, qui a été impliqué dans des évènements pour la paix, la non-violence, la justice et a souvent ´´crit au sujet du racisme, du militarisme, du fascisme, de l’impérialisme, du totalitarisme, de l’oppression économique de l’anti-environnementalisme et tous autres mouvements violents, non durables et anti-démocratiques.

Introduction à la philosophie et la pensée amérindienne (Russell Means ~ 1ère Partie)

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Si vous avez oublié les noms des nuages alors vous avez perdu votre chemin (1ère partie)

Une introduction à la pensée et à la philosophie amérindienne  

 

par Russell Means  

 

~ Extraits traduit de l’anglais par Résistance 71 ~    

 

-o-o- Résistance 71 -o-o-  

 

25 Avril 2014  

 

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La loi naturelle

 

Russell Means

 

Traduit de son livre testament “If you’ve forgotten the name of the clouds, you have lost your way”, 2013

 

par Résistance 71

 

Présentation

1ère partie

2ème partie

3ème partie

4ème partie

 

Dans la perspective matriarcale, le monde est un endroit nourricier. Un endroit où des cadeaux sont donnés gratuitement. Lorsque les conquistadores espagnols et portugais arrivèrent, les Aztecs et les Incas ne pouvaient pas comprendre pourquoi ces nouveaux arrivants étaient si atteints de la folie de l’or. Tout ce qu’ils avaient à faire étaient de le demander et les Indiens leur auraient donné.

Christophe Colomb écrivit après ses premiers contacts avec les Indiens des Caraïbes, que les natifs de l’endroit étaient si généreux et pacifiques que c’en était une faute. Une faute ? Générosité et pacifisme des fautes, des défauts ? De quel type de monde provenait-il à votre avis ? Du monde de l’inquisition, des âges sombres, de la mort noire. Les Indiens des Amériques allaient se familiariser avec ce monde très bientôt.

Si vous vivez dans un monde où tout ce dont vous avez besoin est disponible de manière gratuite, la veulerie et le goût de la possession paraissent être une forme d’insanité. Pourquoi quelqu’un voudrait-il plus que ce dont il a besoin ? La terre mère procure une abondance quasi illimitée. Tout comme une mère donne à son enfant tout ce dont il/elle a besoin, la Terre fait de même pour ses enfants, les humains comme les autres créatures. Si vous suivez la loi naturelle, vous n’avez pas peur de la mort, vous voyez les cycles naturels de la mort et de la renaissance partout autour de vous, dans vos parents et vos enfants, dans l’engourdissement de l’hiver et les nouvelles feuilles du printemps, la régénération de toute sorte de vie nouvelle. Les anciens du monde indigène ne s’accrochent pas à la vie, ils n’ont pas peur, quand ils deviennent une charge pour la société, ils s’en vont tout simplement. Dans chaque cycle de la nature, tout au long de leur vie, ils ont été les témoins de la mort, de la réincarnation, de la renaissance, la mort et la décomposition se transformer en nouvelle vie et ils savent qu’ils font partie intégrante de ce cycle.

Les détails spécifiques du comment tout ceci se passe ne sont pas importants. Les peuples indigènes ne mentent pas, ils n’inventent pas d’histoire lorsqu’ils ne connaissent pas la réponse complète à une question. Ils ne prétendent ni n’affirment qu’ils savent des choses dont ils n’ont aucun moyen de vraiment savoir. Ils n’écrivent pas les paroles de ceux qui prétendent entendre des voix et proclament ensuite que ceci sont les paroles d’une sorte de “dieu”.. parce que la vie est vécue en équilibre, le langage se développe avec des positifs, pas de négatifs. Il n’y a pas de mot pour dire “mentir” dans la langue Lakota (NdT: une des langues du groupe dit “Sioux”), dans notre langue nous ne sommes pas capables d’insulter quelqu’un ou quelque chose. Dans la loi naturelle, chaque chose a sa place, où est le mal ? Il n’y a pas de mal dans la nature. En vivant par la loi naturelle, nous percevons les choses effectivement au travers de nos sens, nous développons une appréciation pleine et essentielle du monde réel qui nous entoure, de ce que nous expérimentons au quotidien, de la réalité.

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Vivre en suivant la loi naturelle

Russell Means

 

Traduit de son livre testament “If you’ve forgotten the name of the clouds, you have lost your way”, 2012

 

par Résistance 71

 

En tant que chasseurs-cueilleurs, nous observons le renard et l’ours. Lorsqu’ils mangent des baies, ils ne mangent pas toutes les baies sur le même buisson. Lorsque des ours mangent du miel, ils ne détruisent pas les ruches, ils en prennent un peu et continuent leur chemin. Il y en a toujours suffisamment pour permettre une régénération. Nous savons donc bien mieux faire que de vider un bout de terrain de toutes ses sources nourricières. C’est ainsi que vous vivez en suivant la loi naturelle.

Les chasseurs-cueilleurs ne vident jamais leur supermarché naturel. Ils n’endommagent pas leur environnement de quelque manière que ce soit. La famine n’existe pas chez les chasseurs-cueilleurs parce que les sources de nourriture sont extrêmement variées et ne peuvent pas être épuisées en même temps. Ils savent où est l’eau (NdT: même dans le désert, les travaux de recherche de l’anthropologue américain Marshall Sahlins ont démontré que les sociétés de chasseurs/cueilleurs étaient en fait des sociétés d‘abondance contrairement au mythe perpétré par les anthropologies structuralistes évolutionistes et marxistes pour qui la fausse image du chasseur/cueilleur luttant pour sa survie toujours à la limite de la famine, est une image valorisatrice pour leur idéologie soutenant la société étatique comme étape ultime de l’évolution…). La Terre-Mère est leur corne d’abondance, avec bien des types différents d’animaux, de légumes et de fruits sont à disposition pour toutes les saisons. Les chasseurs-cueilleurs savent également comment stocker la nourriture à la fois sous une forme séchée et en utilisant des caves à racines. Ils connaissaient les plantes bonnes pour la médecine et où les trouver.

Avec si peu de temps à passer pour subvenir à leurs besoins immédiats, ils avaient la liberté de s’occuper d’eux-mêmes et de leurs familles. Ils avaient le temps de se laver, de se brosser les dents, de s’occuper de l’un l’autre, de vivre selon la loi naturelle, sans conflit. Il n’y a pas de conflit dans la loi naturelle des choses, il n’y a pas de mal.

Quand vous y réfléchissez bien, lorsqu’un enfant est né, où est le mal ? Un ours ou un cougar tuant et mangeant ce qu’ils ont l’habitiude de manger, n’est pas plus mal que ce qu’un humain tue pour manger ce qu’il a l’habitude de manger. Nous respectons tout ce qui se trouve dans le monde naturel et que nous utilisons à un moment ou un autre au cours de nos vies. Nous remercions l’arbre que nous coupons pour faire les piquets de nos tipis. Quand vous révérez une plante, les animaux, il est facile de voir qu’il n’y a aucun mal dans la nature.

Chaque bonne pensée est une prière. C’est ce que nous croyons. C’est pourquoi nous n’avons pas d’églises. La vie est une église, l’univers est notre temple. Être conscient de l’existence et du bien-être du “Petit Peuple”, le nom que nous donnons aux insectes, c’est une forme de prière.

Introduction à la philosophie et la pensée amérindienne (Russell Means ~ Présentation)

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“Nous avons besoin d’une grande vision et la personne qui l’obtient doit la suivre comme l’aigle recherche le bleu le plus profond du ciel”

~ Crazy Horse ~

 

Si vous avez oublié les noms des nuages alors vous avez perdu votre chemin (Présentation)

Une introduction à la pensée et à la philosophie amérindienne

 

par Russell Means

 

~ Extraits traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

 

-o-o- Résistance 71 -o-o-

 

21 Avril 2014

 

Qui est Russell Means ?

 

Russell Charles Means (1939-2012) était un activiste Oglagla Lakota (Sioux) qui lutta pour les droits des autochtones américains, il fut un activiste politique sous la bannière libertarienne, acteur, activiste politique, peintre et musicien. Il est devenu un membre prominent de l’American Indian Movement (AIM) après avoir rejoint l’organisation en 1968. Il aida à organiser des évènements notables de lutte pour les droits natifs, évènements qui attirèrent une couverture médiatique nationale et internationale, comme l’occupation de l’ancienne prison d’Alcatraz (sise en territoire indien) en 1969, l’occupation du Mount Rushmore en 1971 et surtout le siège par les agents fédéraux de la réserve de Wounded Knee en 1973.

Il fut nommé prermier directeur national de l’AIM en 1970. Sous son leadership, le mouvement commença des campagnes d’activisme plus soutenues et plus remarquées.

Means fut actif internationalement concernant les problèmes des droits indigènes, ceci impliqua son activisme avec des groupes Indiens d’Amérique Centrale et d’Amérique Latine. Il participa à des réunions aux Nations-Unies et au congrès des États-Unis pour la reconnaisance des droits autochtones. Il fut politiquement actif dans sa réserve de Pine Ridge (Sud-Dakota) et aussi au niveau de l’état du Dakota et au niveau national.

Il commença sa carrière d’acteur en 1992. Il apparut dans plusieurs films dont le plus célèbre: “Le dernier des Mohicans” avec Daniel Day Lewis (rôle de Chingakook). Il a produit et édité ses propres CD musicaux. Il a publié son autobiography (extraits traduits et publiés sur Résistance 71) en 1995 “Where White Men Fear to Tread”

Russell Means est décédé d’un cancer à l’âge de 72 ans dans la réserve de Pine Ridge ou “le camp de prisonnier de guerre # 334” comme il aimait à la décrire. Camp de prisonnier en l’occurence totalement hors de propos puisqu’il est à noter que de la très jeune histoire des Etats-Unis, la seule guerre perdue par ceux-ci fut celle qu’ils menèrent contre les nations Sioux et Cheyennes, qui virent la défaite de l’armée américaine et la signature du traité de Fort Laramie en 1868, traité où les Etats-Unis faisaient des concessions territoriales et de souveraineté aux nations indiennes victorieuses et non pas l’inverse. Ce traité fut bien sûr bafoué par les Américains (comme les quelques 400 autres signés entre 1776 et la fin du XIXème siècle), qui continuèrent à voler et piller les territoires des nations qui les avaient pourtant militairement vaincu dans les grandes plaines centrales et les montagnes du Dakota. il faut bien que cela soit compris.

Dans la dernière année de sa vie, Russell Means travailla (entre autre) à laisser un écrit “testamentaire” de son passage sur terre. Il ne voulait sans doute pas que l’on se rappelle de lui seulement comme d’un activiste. Il entreprît donc, malade et aidé de son épouse et d’un co-auteur Bayard Johnson, la rédaction de ce petit ouvrage de 100 pages, simple et direct, expliquant les bases de la philosophie de la vie et de la vision du monde des Indiens des plaines et à quelques variantes près, de l’ensemble des nations amérindiennes. Le résultat fut cet ouvrage à la portée universelle: « If you’ve forgotten the names of the clouds, you’ve lost your way », dont nous avons traduit quelques passages marquant et qui fut publié en 2013, peu de temps après sa mort. Traduction du titre en français: « Si vous avez oublié les noms des nuages, vous avez perdu votre chemin« .

Russell nous a laissé un superbe testament et il a réussi sa nouvelle mission, celle de montrer aux yeux de toutes et tous, qu’il n’était pas seulement un activiste, mais aussi un philosophe et un sage dont le dernier message vibrant ouvre la porte à la fraternité et au retour à la loi naturelle des choses, faite de terre/femme nourricière.

Mitakuye Oyasin (Nous sommes tous inter-reliés)

 

Nous publierons ces textes par épisodes comme suit:

 1ère partie:

  • La loi naturelle
  • Vivre en suivant la loi naturelle

2ème partie:

  • Né dans une vie de liberté
  • Le patriarcat toxique
  • La triste réalité du patriarcat
  • La réalité inversée de l’Heyoka et du patriarque

3ème partie:

  • Les mensonges proférés à notre sujet

4ème partie:

  • Il n’y a pas de peur de la mort dans le monde indigène
  • L’équilibre et la sacralité de toutes choses

Bonne lecture !